Accompagnement à la santé

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Le clip :

UN CRI

quand les gens se Mettent à nu, ça pulse !

ACCOMPAGNEMENT À LA

RÉCITS & TÉMOIGNAGES

C O L L E C T I O N

LES enquêtes

DU PROFESSEUR ZOULOUCK


C O L L E C T I O N

LES enquêtes

DU PROFESSEUR ZOULOUCK

ACCOMPAGNEMENT

À LA SANTÉ

je ne suis pas ChOChOtte Mais j’avOue que j’ai parfOis versé Ma pet ite larMe en lisant Ces téMOignages.

Livre

Enquête et entretiens : Catherine Carpentier Auteur : Luc Scheibling Illustrations : Agnès de Vinck Conseils graphiques : Patrice Lentin

Clip

Paroles et musique, montage voix : Luc Scheibling Arrangement et mixage : Jean-Bernard Hoste Scénario : Alexandre Blaire Images, Réalisation, Montage : Jean-Philippe Grédigui Lumière : Benjamin Poupel Décor : Freddy Vandamme et Valérie Hardy

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C O L L E C T I O N

LES enquêtes

DU PROFESSEUR ZOULOUCK

Présentation de l’enquête Ce document présente les résultats d’une enquête menée à la demande du Conseil Général du Nord, entre mars 2013 et mai 2014 sur le territoire de Lille et ses environs. Il se compose de trois parties principales : les témoignages des allocataires, ceux des professionnels qui les accompagnent suivis d’une réflexion sur les conditions à mettre en place pour un meilleur accompagnement. Les vingt et un témoignages des allocataires sont une véritable mine et dépassent de très loin la seule problématique santé. Les causes de cette souffrance sont multiples, une enfance souvent très difficile qui laisse des blessures profondes, le chômage, la précarité, et bien entendu les problèmes de santé qui peu à peu prennent de plus en plus de place dans la tête et dans la vie des personnes. Et peut-être par-dessus tout, l’impression de ne pas être entendu, reconnu dans sa souffrance, d’être victime d’un système aveugle, injuste, aléatoire... Ils nous dessinent en creux le portrait d’une France qui souffre moralement et physiquement. Les travailleurs sociaux interrogés confirment cette impression, eux qui sont souvent en première ligne pour écoper comme ils peuvent les flots de cette marée montante. Marée silencieuse qui, d’année en année, fait de plus en plus de dégâts... Cependant, même si le constat est rude, les possibilités de résilience existent bel et bien et les personnes, pour peu qu’on les accompagne de façon humaine, sensible, coordonnée, montrent des ressources insoupçonnées. Dans la troisième partie, allocataires et professionnels essayent de définir les quelques grands principes à respecter pour favoriser un bon accompagnement. Voilà, c’est ce voyage que nous vous proposons de faire en compagnie de son altesse sérénissime, le dénommé Professeur Zoulouck. Ce voyage se terminera en chanson avec un clip dans lequel allocataires et accompagnants se rejoignent pour faire passer un message. A bon entendeur, salut !

C’est MOi qui suis chargé de vous accompagner au cours de ce beau voyage. Vous êtes prêts ? Attachez vos ceintures et préparez vos mouchoirs !

Sommaire 1. Présentation de 9 récits de vie 2. Synthèse des 21 récits récoltés 3. Point de vue des professionnels 4. Vers un meilleur accompagnement 5. Chanson 6. Hommage

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Récits de vie

Dans ce 1 er chapitre, nous vous présentons 9 réc its représentat ifs des 21 récoltés. au départ, nous n’envisagions pas de les éditer tels quels, mais plutôt d’en choisir quelques extraits pour illustrer notre propos. Mais devant la richesse des parcours, devant les ressources insoupçonnées dont faisaient preuve les allocataires, nous avons déc idé de ne pas «sauc issonner» ces réc its pour leur garder leur substant ifique moelle. Bonne lecture !

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AUDREY Le 9 septembre, je vais commencer une cure de 2 semaines en hôpital de jour. Ce qui m’a décidée ? On m’a retiré la garde de mes enfants M., 9 ans et C., 6 ans. Une partie de moi est convaincue et l’autre est révoltée car je n’ai pas eu le choix. C’est très dur d’être séparée de ses enfants. Je leur dois tout et eux ne me doivent rien. Ils n’ont pas demandé à venir au monde ! Ils me manquent. J’ai l’étiquette d’alcoolique chronique et ça ne changera pas tant que je n’aurai pas fait mes preuves. Alors ces preuves, je vais les donner ! Pour récupérer mes enfants ! Je suis tombée dans l’alcool après la naissance de C., mon second. Il faut dire que j’ai connu le père de mes enfants très jeune. J’ai été mère, je n’avais pas 18 ans. Avec lui, je n’avais pas le droit de prendre la pilule, pas le droit de travailler, pas le droit de sortir. J’avais 5 euros pour mon dimanche. Je faisais tout et Monsieur ne faisait rien. Je me suis laissée enfermer petit à petit. Il m’a coupée du monde. Pendant 10 ans, j’ai tout accepté, son mépris, sa violence, sa méchanceté, ses humiliations. J’étais sous son emprise. Il me fallait quelque chose pour tenir, pour ne plus penser, pour anesthésier ma souffrance. 4 ans après la naissance de C., je me suis réveillée. J’ai compris que cet homme était un pervers narcissique. Ses enfants, c’était comme s’ils n’existaient pas pour lui. Il ne leur donnait rien, même pas un sourire ! C’était du vent ! Et moi, j’avais le sentiment que ma vie était finie. J’avais mes enfants, je les aimais de tout mon cœur mais je ne pouvais pas avancer. Alors le 1er décembre 2010, je suis partie en laissant tout, maison, meubles… Tout sauf mes enfants ! Je suis allée voir une assistante sociale qui m’a mise en relation avec une association. Je ne pouvais pas me tourner vers ma famille, nos rapports sont trop... compliqués. Aux yeux de tous, je suis le vilain petit canard. J’ai trahi un secret de famille et ce jour-là, j’ai tout perdu, leur sympathie et leur confiance. J’avais 16 ans et je n’en pouvais plus. Depuis mes 10 ans, j’avais pourtant essayé à de nombreuses reprises de dire à ma mère qu’il fallait que ça cesse mais elle n’a jamais rien fait. Alors un matin, au lieu de partir au lycée, je suis allée voir une assistante 8 | LTE | ACCOMPAGNEMENT À LA SANTÉ

sociale pour lui raconter ce que ma sœur aînée et moi nous subissions. Mon père était pédophile. Toute la famille a nié, même ma sœur qui pourtant a vécu pire que moi. J’ai encore des images terribles dans la tête. On m’a dit folle et lesbienne. Mon parrain m’a demandé de retirer ma plainte disant que ma mère allait se suicider. J’ai tenu bon mais depuis ce jour-là, je suis coupable. Coupable aux yeux de tous, sauf 2 personnes. Une tante du côté de mon père et une autre qui m’a dit un jour : « je n’ai pas vécu la même chose que toi mais je sais que tu dis la vérité ». Car mon père a également fait subir des attouchements à ses sœurs quand il était jeune... ça me tue d’entendre des choses pareilles !

Ma tante m’en a parlé au mariage de mon oncle. Très vite, ma mère s’est approchée de nous, elle avait peur que je fasse un scandale. Comme si j’allais foutre en l’air la fête ! C’est comme ça que je suis vue dans ma famille : celle qui fait des histoires, celle qu’il vaut mieux éviter d’inviter. J’ai l’impression d’être une pestiférée. Ma mère ne va pas bien, elle se sent coupable. Elle essaie de se rattraper en me faisant des cadeaux mais nos relations ne sont pas naturelles, on n’a pas de véritables rapports mère/fille. Elle ne me parle pas de son mal-être comme elle le fait avec mon frère et ma sœur. Je ne voudrais jamais ça avec ma fille. Je crois que j’arriverais à tourner la page si ma famille reconnaissait ce que j’ai vécu. Je ne comprends pas pourquoi il faut protéger le secret à tout prix. Mon père est mort en 2012. Pourquoi continuer à tous souffrir ? Ça protège qui ? J’ai revu mon père en 2011, il était déjà très malade (la cirrhose allait l’emporter en avril 2012, à 54 ans).


Avec les hommes, ça se passe très mal. Faut dire que je choisis des hommes violents qui boivent, se droguent et qui me renvoient une mauvaise image de moi. De mon côté, je ne suis pas honnête avec mes compagnons. Je ne peux pas être fidèle, j’ai besoin d’être désirée, aimée, attendue. J’ai besoin de sexe et en même temps, c’est comme si j’étais coupée de mes émotions, comme si j’avais mis une barrière pour ne plus souffrir... alors leur faire mal ne me fait rien. L’homme que j’aime m’a fait la misère et moi, je l’ai trompé plusieurs fois. On ne vit plus ensemble, ce n’était pas bon pour les enfants. Actuellement, il se fait soigner. Côté boulot, j’avais un contrat pro, je faisais un BEP alimentaire, ce qui est rare à 29 ans. Je me suis retrouvée en cours avec des petites jeunes… C’est le 3ème boulot que je lâche. J’avais trop de choses dans la tête. Et je ne supporte pas qu’on traite les gens comme des chiens. J’ai tellement été peu respectée que ça m’est insupportable. J’ai dit stop. C’était trop compliqué et sans doute trop tôt. J’ai déjà fait une cure de 3 semaines en juin 2011, j’ai tenu 4 mois mais j’ai replongé au moment où j’ai revu mon père malade, quand il est décédé... J’ai choisi d’être en hôpital de jour car la première fois, je me suis sentie enfermée. C’est dur de ne pas avoir de liberté, de moment à soi. C’est im-

qui m’accompagnent vont se réunir pour tout mettre à plat, trouver ensemble des solutions pour le logement, la santé, le travail... Je sais que je dois faire le tri dans ce que je porte, dans ce que j’ai vécu. D’ailleurs, je me fais aider. Il y a un lien dans tout ça : celui de me reconnaître comme quelqu’un de bien, de respectable. Il y a des choses qui m’appartiennent et d’autres non. Des éléments sur lesquels je peux agir et d’autres qui ne dépendent pas de moi, comme le regard de mes proches. Il faut que j’arrête d’espérer qu’ils me disent que je suis quelqu’un de bien. Dans ma famille, je n’ai pas le droit d’être moi-même, je dois jouer le rôle de la fille qui écoute et dit toujours oui. Et ça, ce n’est pas moi ! Depuis que mes enfants sont placés, j’ai beaucoup réfléchi. Je pense qu’on peut trouver la force d’avancer dans le bon chemin, le mien et pas celui que les personnes de mon entourage m’imposent. Enfin, je commence à m’aimer vraiment ! Je me dis que je n’ai pas à culpabiliser pour tout ce qui est arrivé. Les professionnels me le disaient, mais jusque-là, je n’étais pas tout à fait prête à les entendre. J’avance. C’est impressionnant comme mes enfants me donnent de la force. Sans eux, je n’en serais pas là. Ils me sauvent la vie. À près de 30 ans, j’ai déjà traversé beaucoup d’épreuves mais j’ai de la ressource !

un abus sexuel est gardé secret dans une famille. Celle qui en a été vict ime et qui en parle est vue comme la traîtresse. Elle écope de la double peine : vivre avec ce traumat isme et être considérée comme une pest iférée dans sa famille. un comble ! Faut dire que dans cette famille, des secrets, il y en a... en devenant adulte, ce fardeau se transforme en mal-être qu’elle anesthésie comme elle peut avec L’alcool. Comme par hasard, Elle choisit un compagnon violent, rejetant. Ensemble, ils se font la misère. et la naissance des enfants vient réact iver tout ça... Mais la belle a des ressources, elle trouve des alliés, finit par changer de regard sur elle et sur le monde. Bref, elle avance ! Elle vient même de trouver du travail !

portant de pouvoir sortir, de se retrouver chez soi. Il va falloir que je m’occupe le soir pour ne pas craquer, mais je suis motivée. Je sais que je vais y arriver ! Après, les professionnels 9

Récit de vie-1

Il n’a pas reconnu ce qu’il nous a fait, mais pour moi, il m’a demandé pardon à sa façon. Il a fait des choses qu’il n’avait jamais faites comme de me prendre dans ses bras comme un père le fait avec sa fille. A ce moment-là, j’ai eu le sentiment d’avoir un vrai père. Nous avons eu de vrais «au revoir». Nous avons pu discuter aussi des raisons pour lesquelles l’alcool faisait partie de sa vie. J’ai su qu’à 14 ans, il avait tiré sur son frère, qu’il était fou des armes à feu. La famille a tout caché. Encore un secret de famille... Mon père n’a jamais pu en reparler avec son frère, se faire pardonner. S’ils s’entendaient, il y a toujours eu une barrière entre eux. Je n’ai pas pardonné à mon père mais je peux me dire qu’il était malade, alcoolique sévère, violent verbalement et qu’il y avait de la folie en lui. Moi aussi d’ailleurs, je sais que sous alcool, je peux être un démon. Je suis méconnaissable et je me mets en danger. Mais je n’ai jamais fait ça devant mes enfants. J’ai eu des périodes très difficiles où j’avais besoin de beaucoup d’alcool pour m’assommer. J’en ai moins besoin aujourd’hui et je suis décidée à me soigner. Je me pose des questions, je cherche à comprendre d’où me vient cette dépendance. Quelle est la part d’hérédité ? Mon grand-père et mon père étaient alcooliques eux aussi…


synthèse des 21 récits la synthèse que je vous propose a été validée par le groupe d’allocataires et de professionnels. je n’en suis pas peu fier !

Une souffrance qui prend racine dès l’enfance Des parcours de vie bouleversants où la souffrance prend toujours racine dans l’enfance. Avec des problématiques familiales et sociétales rudes où il est question de maltraitance, d’abandon, de misère, de séparation difficile, d’absence, de problème d’alcool, d’isolement, de rejet, de maladie, de décès brutal... Et beaucoup de manque d’amour. Cette souffrance initiale conditionne profondément le

rapport que l’on va entretenir avec les autres, avec nous-mêmes : mauvaise image de soi, insécurité affective, méfiance vis-à-vis de l’autre, tendance à l’isolement, sentiment de ne pas être digne d’amour, difficulté à trouver sa place... Et ces caractéristiques vont à leur tour souvent se trouver confirmées durant notre jeunesse : sentiment d’être à part à l’école ou en collectivité, d’être jugé, impression de ne pas être à la hauteur, de ne pas être comme les autres. Bien sûr, l’amour parental existe mais il est rarement complet, apaisant, structurant. Il manque toujours quelque chose... Soit la présence de l’un, soit l’amour de l’autre, soit simplement la paix conjugale. Et parfois, ce climat de dispute incessant qui existe entre les parents nous oblige à devoir choisir notre camp, ce qui est forcément cause de souffrance. Il arrive aussi qu’on soit l’objet de rejet dès l’enfance de la part d’un des deux parents, voire d’une partie de la fratrie. C’est l’éternelle histoire du vilain petit canard, de celui qui se sent illégitime au sein de sa propre famille et qui revient dans bien des récits.

Ma vie en 4 étapes

Dès la naissance, je me suis senti comme un étranger dans ma famille. 38 | LTE | ACCOMPAGNEMENT À LA SANTÉ

A l’école primaire, ce sentiment d’être à part s’est largement confirmé...


synthèse Une souffrance qui se reproduit Plus tard, quand on construit sa propre vie, sa propre famille, on voit qu’il est souvent difficile de sortir du schéma dans lequel on a été élevé. On a connu une forme de chaos durant l’enfance qu’on a tendance à reproduire simplement parce qu’il est difficile d’inventer autre chose que ce que l’on a vécu. Au début, on se promet bien sûr qu’on élèvera ses enfants différemment, dans l’amour, la paix et la sécurité. Mais souvent, la vie nous amène à choisir un compagnon ou une compagne dont les caractéristiques personnelles produisent un effet détonnant sur nous. Lui aussi en général a connu un parcours de vie difficile. Et ensemble, alors qu’on ne le voulait pour rien au monde, on reproduit cette forme de chaos dans lequel se rejoue souvent les phénomènes de maltraitance, d’abandon, de «je te prends, je te jette », d’insécurité affective que l’on a connus. Climat électrique avec des hauts et des bas. Des très hauts et des très bas même... Climat qui rejaillit inévitablement sur les enfants qui connaissent à leur tour l’insécurité, la peur de l’abandon, la défiance.

Au vu des échecs constatés et souvent répétés, nous finissons par quitter ce type de compagnonnage usant. Et c’est à ce moment-là que nous commençons à nous replier sur nous-mêmes, à «tasser l’affaire» comme on dit... On garde beaucoup d’amour pour ses enfants bien sûr, mais c’est vis-à-vis de l’Autre qu’on est dans une forme de défiance généralisée*. Et vis-à-vis de soi, on tombe parfois dans le dégoût. Défiance pour l’autre, mauvaise image de soi. C’est à ce moment-là souvent que la maladie rentre en piste... La maladie arrive Dans certains cas, elle arrive brutalement, sans prévenir, mais le plus souvent, elle s’installe doucement dans notre vie, sans qu’on s’en rende toujours compte. Peu à peu, elle occupe de plus en plus d’espace. Comme si les difficultés à vivre que l’on rencontrait prenaient une forme nouvelle. La maladie se substitue à notre mal de vivre qui prend désormais cette couleur-là. Comme une métaphore de notre existence, jusqu’à occuper parfois toute la place... * L’autre est à prendre au sens large, ça va des proches, du cercle d’amis à la société dans son ensemble.

Tu sais ce qu’elle te dit la métaphore ? !

A l’adolescence, j’ai inversé la tendance, je suis devenu rebelle.

A 24 ans, à force d’être mal dans ma peau, j’ai fait une dépression de 2 ans. Moi, à l’époque je croyais que j’avais la grippe ! 39


Dans ce 2 ème chapitre, nous allons voir ce qu’en disent les professionnels interrogés. Il ne s’agit pas ic i d’être exhaust if mais plutôt de souligner ce qui ressort

POINT DE VUE DES PROFESSIONNELS

de l’ensemble de leurs témoignages.

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La souffrance des personnes semble en augmentation les téMOignages des prOfessiOnnels COnfirMent Ce qu’Ont dit les allOCataires, la sOuffranCe des persOnnes seMble plus fOrte, plus COMplexe à appréhender et il y a de plus en plus de gens qui sOuffrent...

La dimension collective de la souffrance Avec les entretiens des allocataires, nous avons vu la dimension personnelle, familiale de la souffrance. Avec les travailleurs sociaux, nous mesurons que celle-ci s’inscrit dans un contexte, une époque. De leur point de vue, il semble que la souffrance des personnes soit aujourd’hui plus complexe, plus difficile à appréhender. Il est frappant de constater que beaucoup soulignent l’ampleur des problèmes psychiques auxquels ils sont confrontés et que cela semble être nouveau. On voit apparaître des tas de maladies, certaines identifiables par le corps médical et d’autres moins, mais qui existent pourtant bel et bien dans la tête et dans le corps des gens (ex : la fibromyalgie). Des maladies où il est beaucoup question de mal-être, d’idées noires qu’on broie, d’angoisses, de manque de reconnaissance, de solitude et de repli… Des maladies qui sortent des cases, mais qui, quelle que soit leur forme, témoignent de vraies souffrances. Et il semble qu’avec la crise, les cas se multiplient comme s’ils constituaient le miroir en creux de notre société qui exclut, divise, n’entend pas... Ce que ces témoignages disent de notre société Si autant de personnes sont touchées par des problématiques de santé lourdes, complexes, c’est bien que quelque chose ne va plus en notre beau royaume. Parce qu’il y a 20 ans en arrière, les phénomènes de maltraitance ou de violence familiale existaient tout autant ! Mais malgré tout, bon an mal an, grâce à l’école, au travail, à la vie de quartier, on arrivait le plus souvent à recoller les morceaux. Or aujourd’hui, on constate que la société ne parvient plus à jouer son rôle d’amortisseur. Au contraire, il semble même qu’elle augmente les difficultés de chacun, produit une forme de délitement, de découragement, malgré les dispositifs qui s’accumulent. On a l’impression que plus personne n’est là pour l’autre. Chacun est renvoyé à sa propre solitude, sa propre détresse. Le poids du chômage de masse est sans doute une des clés d’explication puisqu’avec la perte du travail, on perd beaucoup plus que son emploi... Et à coup sûr, ça a des répercussions sur la santé des gens. La solitude du travailleur social Face à cette déferlante, le travailleur social est en première ligne. Il tente d’écoper avec les moyens du bord, gère l’urgence, et c’est déjà énorme. Mais il a l’impression d’être dépassé par l’ampleur des problèmes. Il est démuni, ne se sent pas toujours préparé, formé pour faire face. Lui aussi a peur...

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1/3 des personnes accompagnées sont en souffrance psychique, je viens de faire mes chiffres, je n’en avais pas forcément conscience. Dépression, engrenage, perte de travail, séparation, problème avec les enfants. Tout se casse la gueule. Après la personne n’a plus envie de s’inscrire à Pôle Emploi, elle a perdu goût à la vie. Il y a des personnes très abîmées qui ne retourneront pas à l’emploi à moyen terme. Elles devraient relever de la MDPH. Et même là, il n’y a pas assez de structures qui proposent des emplois adaptés. Je pense à un jeune homme qui est schizophrène. Il a été au RSA pendant 2 ans mais pour moi, il n’en relevait pas. On n’a rien à lui proposer. Rien que de recevoir un courrier c’est source d’angoisses pour lui, il s’enferme trois jours dans sa chambre. La seule accroche que j’ai trouvée, c’est l’informatique.

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Ce qui est usant, c’est quand on ne sait plus quoi faire, quand plus rien ne marche, quand on se sent impuissant...

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Par quel bout prendre les choses ? J’ai un jeune qui est très en difficulté. Avec lui, comme la santé ne peut pas être l’entrée, je pars de sa passion, de ses ressources. Mais c’est impossible de l’amener chez le psy car sa mère bloque. Faut dire que c’est suite à un entretien avec un psy qu’on a pris les enfants de sa voisine... Quand je l’ai vu, Il est venu avec un mot de sa mère, il a 26 ans... Il voulait absolument que je lui réponde par écrit. Avec lui, c’est vraiment du pas à pas. On sent qu’il est très angoissé, empêtré dans le système familial. J’avoue que je ne sais plus par quel bout prendre les choses.

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Je connais un homme qui a fait une grosse dépression, il n’a plus de CMU depuis 3 ans. Quand il a déménagé, il n’a pas fait le nécessaire pour son dossier, il a laissé filer les choses. Il s’arrange pour ne pas tomber malade. C’est quelqu’un de renfermé, angoissé à l’idée d’aller vers les autres... Qu’est-ce qu’on peut faire pour l’aider ?

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Il y a des personnes, des marginaux notamment qui cumulent : alcool, pathologie mentale, santé dégradée, précarité financière... La difficulté, c’est par quel bout prendre les choses, ce d’autant plus que leur priorité n’est pas la santé, mais avoir un toit et manger à leur faim.

Une situation où je suis sans solution et qui relève du psy. J’ai une dame qui est en incapacité de faire quoi que ce soit tellement elle est angoissée. Elle a peur de s’engager, peur de sortir, peur de tout. Comme je représente le CG, elle craint que je lui enlève sa CMU et ça la stresse encore plus fort !

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POINT DE VUE DES PROFESSIONNELS

Beaucoup de souffrance psy

franCheMent, C’est iMpressiOnnant Ce à quOi Ces prOfessiOnnels sOnt COnfrOntés !

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Difficile d’aborder certains sujets Les gens parlent assez facilement de leurs problèmes de santé physiques même graves comme le cancer. Par contre, la santé mentale demeure difficile à aborder car elle reste associée à la folie. On y arrive quand on suit les gens depuis 1 an ou 2. On ne peut aborder le CMP que quand ils sont prêts, ça reste un sujet qui fâche et le risque, c’est que les personnes ne reviennent pas.

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Difficile d’évaluer le mal-être La maladie psy, c’est difficile à diagnostiquer, je ne peux que constater et tenter d’envoyer vers le bon relais. A ces personnes qui broient du noir, qui me disent qu’elles ne vont pas bien, je propose de rencontrer quelqu’un avec qui parler ou je prends le prétexte de la démarche administrative pour les amener vers le SISAA ou le SPS. Je ne parle pas forcément de psy tout de suite car les gens se referment, se sentent agressés. Je pense que c’est important d’y aller à son rythme, de laisser le choix.

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Illustration par un exemple Pour illustrer notre propos sur la complexité de la prise en charge, j’ai demandé à Marie, assistante soc iale de mon secteur de faire une étude fict ive à part ir de mon cas. Vous allez voir, c’est grat iné !

En effet, j’ai bien voulu me prêter au pet it jeu de Monsieur Zoulouc k ! j’e l’ai interrogé sur son parcours et il m’a répondu avec beaucoup de franchise. J’ai fait de même et lui ai dit ce que je lui conseillerais en terme de prise en charge. La priorité absolue étant pour moi que Monsieur accepte d’aller voir un pSY ! Il ne semble pas totalement opposé à cette proposit ion. Ouf... En tout cas, si on veut aider Monsieur Zoulouc k, on a vraiment intérêt à coordonner notre act ion vu le nombre d’intervenants (10 !) et le profil du loust ic !

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Monsieur est angoissé, agoraphobe, claustrophobe. Il a des idées noires à la pelle et une peur panique de remplir ses papiers (mouais...), ce qui explique le fait qu’il ait été redressé fiscalement récemment. Il serait judicieux en tout cas d’aller rapidement voir la psy du CMP de son secteur sous réserve que Monsieur soit volontaire et qu’il y ait de la place. Prise en charge urgente CMP

Problèmes de santé multiples

1) Mal de dos (lombaires) et lumbago 2) Mal au foie (à cause du penchant de Monsieur pour le p’tit punch) 3) Mal aux yeux (à cause de l’ordinateur) 4) Mal aux ailes (Monsieur cache ses ailes sous son manteau, elles sont donc ankylosées puisqu’il ne s’en sert jamais) 5) Mal aux poumons car il fume la pipe. Comme Monsieur a des problèmes d’argent, il ne se fait pas soigner. Il faudra aussi traiter ce sujet. Prises en charge médicales -1 médecin traitant -1 addictologue -1 ophtalmologiste -1 rhumatologue -1 tabacologue -1 diététicienne + Psy du CMP

Problèmes familiaux

Monsieur et sa femme (Bibiche) ont 5 enfants. Les 2 aînés ont arrêté le collège prématurément et le troisième semble suivre le même chemin. Monsieur avoue qu’il est rarement à la maison à cause de son travail d’enquêteur, il rajoute que lorsqu’il rentre, ça hurle à la maison. Madame et les enfants confirment et disent qu’il y a beaucoup moins de prises de bec quand Monsieur n’est pas là... Suivi éducatif recommandé + Psy du CMP

J’aime pas cette manie qu’a Marie de m’appeler Monsieur. j’ai l’impression qu’elle parle à un ’autre...

Problèmes de transport Problèmes d’argent

Monsieur a un problème avec l’argent, il dépense plus qu’il ne gagne. Je lui ai conseillé vivement de voir une CESF pour l’aider à faire un budget réaliste. Je lui conseille aussi de parler de son problème avec la psy du CMP... et bien sûr de prendre rendez-vous avec le receveur des Impôts. Prise en charge par une CESF + Psy du CMP + Receveur des Impôts

Comme Monsieur est agoraphobe et claustro, le seul moyen de transport qu’il supporte, c’est la montgolfière ! On en voit de belles dans notre métier, mais celle-là, on ne me l’avait encore jamais faite ! Ceci-dit, il paraît que c’est vrai... Toujours est-il que ce mode de locomotion lui joue des tours car il est souvent en retard. Son employeur n’est donc pas content, ce qu’on peut comprendre. Je conseille à Monsieur de travailler avec une asso spécialisée dans les questions liées à la mobilité et de parler de son problème d’agoraphobie à la psy du CMP. Elle va avoir du boulot, celle-là ! Prise en charge par l’association Play-Mobile (qui s’occupe des problèmes de Mobilité). + Psy du CMP

TOTAL : 10 interlocuteurs potentiels pour Zoulouck + Marie, la pauvre, qui devra coordonner tout ça... 55

POINT DE VUE DES PROFESSIONNELS

Problèmes psychologiques récurrents


Après avoir entendu les uns et les autres, le temps est venu dans ce 3 ème chapitre, de réunir tout ce pet it monde pour réfléchir ensemble à ce que pourrait être un meilleur

VERS UN MEILLEUR ACCOMPAGNEMENT

accompagnement.

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Vers un meilleur accompagnement au début, je Me suis dit que je n’allais pas y arriver. il y a telleMent de façOns de faire Ce Mét ier, telleMent de sensibilités différentes et de Manières de penser sOn rôle...

Mais pet it à pet it, un COnsensus s’est fait jOur...

Vers un meilleur accompagnement De l’avis des professionnels, compte tenu du contexte tendu dans lequel ils exercent leur métier, il y a trois écueils principaux à éviter. Le premier, c’est la tentation de l’indifférence. Le fait de se blinder devant les difficultés des gens, de porter un regard détaché sur leur souffrance, frise parfois le cynisme. De même que le fait de les enfermer dans des représentations généralistes, des stéréotypes... C’est à la fois réducteur et sclérosant pour la personne, mais aussi pour le professionnel. Le deuxième c’est la surprotection. Être dans une relation fusionnelle avec la personne, penser qu’il n’y a que soi qui la comprend, empêche l’intervention d’un tiers. Certes, on joue le rôle du sauveur, du super héros, mais dans ces cas-là, gare au retour de flamme ! Sans compter qu’on ne crée pas d’émancipation mais une vraie forme de dépendance... Le troisième, c’est un peu l’inverse du second. On a peur de mal faire, peur d’entendre des choses déstabilisantes, peur d’être débordé par ses émotions, peur de toucher ses limites et du coup, on cherche très vite (trop ?) à passer le relais. Du coup, la personne peut se sentir légitimement frustrée, pas entendue, pas reconnue à sa juste valeur, mais surtout... abandonnée. Ce qui peut la ramener en arrière, à cette forme de blessure qu’elle a parfois connue toute petite... Entre ces trois écueils, il y a toute la place pour construire un bel accompagnement et trouver la bonne distance. Voyons donc maintenant quelques grands principes à respecter pour réaliser cet objectif. D’abord du point de vue des travailleurs sociaux puis des allocataires. Et voyons s’ils se rejoignent sur cette question...

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Notre rôle

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Du cas par cas Quand la personne suit son traitement, qu’il y a la famille autour, je ne me rajoute pas. Par exemple, dans le cas d’une personne invalide avec une pension qui touche le RSA, et pour qui le suivi médical est déjà important, je vérifie juste que la personne n’est pas isolée et que tout se déroule au mieux. Par contre si c’est quelqu’un d’isolé, je peux y aller une fois par mois. Je pense à un monsieur en particulier, j’allais lui chercher ses bons alimentaires, je lui rendais visite pour voir si tout allait bien. Il avait mon numéro en cas de besoin et je l’appelais de temps en temps pour vérifier que tout allait bien. C’est vraiment du cas par cas.

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Vérifier que les gens font les démarches, rester en lien. Dans la grande majorité des cas, les gens ne relisent pas ce qu’on a écrit à leur sujet. Quand on leur propose, ils disent qu’ils ont confiance. Notre rôle c’est de vérifier que chacun fait les démarches pour ses problèmes de santé. Par exemple, on leur demande une attestation pour vérifier qu’ils ont bien fait l’examen. Mais quand ils viennent avec leurs ordonnances pour nous montrer leur traitement, là on dit non, on n’est pas médecin ! Quand une personne passe en AAH, elle a plus de ressources mais n’a plus d’accompagnement régulier. Du coup, on se demande s’il faut rappeler les gens ou non. On se dit que s’ils avaient besoin, ils appelleraient...

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Laisser le choix à la personne Même si on aide, on est vu comme la personne à qui il faut rendre des comptes. Je pense à une femme qui avait quelques heures de travail. Pour moi, l’accompagnement n’était plus justifié. J’avais l’impression de lui casser les pieds. Elle a eu le choix entre être accompagnée par Pôle Emploi ou continuer avec moi. Elle a choisi de continuer avec moi, mais c’était important de lui laisser le choix.

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Informer sur les ressources Demander à quelqu’un de malade de rendre des comptes, c’est délicat. Je suis davantage dans l’information, j’explique les droits, les obligations. Je les avertis des risques : perdre le RSA... Je leur parle des ressources en santé et je termine en disant si vous avez besoin vous m’appelez. Je les aborde avec respect, c’est un principe.

Se concerter en équipe Nous, on a mis en place un groupe de concertation qui permet de prévenir les collègues si une personne que je suis vient pendant mon absence ou si elle souffre de troubles particuliers. C’est important pour le professionnel mais aussi pour la personne. On va tous dans le même sens. On échange beaucoup en équipe. Ici on pratique le secret partagé car il y a un flux important de personnes et il faut pouvoir prendre le relais quand la collègue n’est pas là.

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Susciter le désir La santé, ce n’est pas un domaine facile, il faut du temps pour créer la confiance. On accompagne, on travaille sur la volonté de la personne de faire bouger les choses. Parler avec elle pour identifier un point d’appui à actionner, trouver des choses qui peuvent l’aider dans son quotidien. Je ne pose pas de diagnostic mais j’essaie de faire comprendre que son corps est malade, que si elle m’en parle, c’est qu’elle attend une aide. Je leur dis que je ne suis qu’un outil à leur disposition, que c’est leur volonté qui compte. J’essaie d’allumer le désir, de faire comprendre qu’elle est une personne pas un numéro.

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On n’est pas des numéros, compris !

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VERS UN MEILLEUR ACCOMPAGNEMENT

Trouver la bonne distance pour accompagner Le manque de respect de certains professionnels par rapport aux usagers me révolte. Je sais bien que dans notre métier très envahissant, lourd, il faut de la dérision mais il y a des limites ! Parfois on a l’impression que c’est presque un concours, c’est à celui qui va déballer la pire situation ou la plus spectaculaire. Ça en amuse certains mais pour moi, c’est trahir les gens, ce qu’ils nous ont confié… Ce qui me semble important aussi c’est de se questionner pour ne pas se laisser entraîner vers des stéréotypes. On baigne dans des idées toutes faites de la société, c’est dangereux de ne pas s’en rendre compte, de réduire la personne à sa situation, de l’y enfermer. C’est important aussi de trouver la bonne distance. Si on est trop dans la souffrance des personnes, on ne peut pas les accompagner, on n’est pas dans le juste. Il faut garder du recul.


UN CRI

On a égaleMent éCrit une ChansOn pOur faire passer nOtre Message.

AAAAAhhhh ! Qui est-ce qui a crié ? C’est moi. Ben dis donc, ça vient de loin ! Depuis le temps que je le retenais… Moi c’est pareil, j’en ai un gros dans le fond de la gorge, mais j’arrive pas à le sortir ! RSA, CMP, CER, CMU, CAF, sécu, Pôle emploi, AAH, pff, je suis qu’un numéro de dossier. Ouh ouh y a quelqu’un ! ? On parle aux murs, oui ! J’ai l’impression d’être trop souvent, le dossier qu’on se refile ! En permanence sur liste d’attente, vu ma santé fragile... Entre mon infirmière, mon généraliste, mon cardiologue, la psy du CMP, Mon assistante sociale, je peux dire que je suis aidé ! Le seul problème, voyez-vous, c’est qu’ils ne se parlent pas. Chacun a son domaine, ses tabous, mais moi, je deviens quoi ? ! Refrain Une personne, une personne / Bien plus qu’un numéro qu’on bipe à l’interphone Je suis une personne, une personne / Qui a besoin d’amour, pas qu’on l’emprisonne Une personne… J’ai pas envie qu’on me juge, ni qu’on me fasse la leçon ! Et encore moins qu’on me plaigne, qu’on me traite comme un mouton. Je connais par cœur toutes mes fêlures, le prix de mes addictions. Sur mes erreurs, je vous assure, j’en connais un rayon. J’ai juste besoin de parler, besoin d’être écouté. Qu’on me comprenne pour une fois ! Et puis qu’on croit en moi ! Refrain Face à ce cri qui monte, comme monte la marée Je sens venir la peur, la crainte de me noyer Devant ces dossiers qui s’amassent, toutes ces priorités Comment trouver la place pour accompagner Est-ce que la souffrance se mesure aux cases qu’on doit cocher Seul entre ces 4 murs, sans pouvoir échanger Refrain C’est étonnant ce pays, ou quel que soit le statut, Chacun a l’impression étrange de ne pas être entendu. Les mots s’envolent, et puis se perdent, ne trouvant pas d’écho. On se fait des films, on se renferme, on devient parano... Mais qu’est-ce qu’il faut faire pour se faire entendre ? Ouh ouh y a quelqu’un ? Faut peut-être qu’on les réveille un bon coup !

AAAHHHHHHHH

68 | LTE | ACCOMPAGNEMENT À LA SANTÉ


Le clip :

UN CRI

ACCOMPAGNEMENT À LA

Nous sommes allés à la rencontre d’allocataires RSA et de professionnels du travail social et de la santé pour tenter de définir ensemble ce que pouvait être un bon accompagnement. Nous avons d’abord interrogé 21 allocataires sur leur parcours de vie. Leurs témoignages sont bouleversants et d’une force incroyable. Puis nous avons questionné 23 professionnels qui accompagnent au quotidien ces personnes. Au-delà des problèmes de santé et de précarité qui ont tendance à s’amplifier avec la crise, on sent une grande souffrance morale qui monte, qui monte... Avec pour les uns et les autres, cette impression de ne pas être entendu, reconnu par un système certes généreux dans ses intentions, mais souvent vécu comme aveugle, injuste, aléatoire au quotidien... Cependant, même si le constat est rude, les possibilités de résilience existent bel et bien et les personnes, pour peu qu’on les accompagne de façon humaine, sensible, coordonnée, montrent des ressources insoupçonnées. C’est ce voyage que nous vous proposons de faire en compagnie du Professeur Zoulouck. Voyage qui se terminera en chanson avec un clip dans lequel allocataires et accompagnants se rejoignent pour faire passer un message...

Le bon acc ueil amène le respect qui génère la confiance, qui à son tour

favorise

l’émergence

d’une

parole authent ique. Cette parole provoque des déc lics, des prises de consc ience mais aussi l’envie d’avancer

ensemble.

intéressant

comme effet papillon, non ?

17,50 € ISBN 978-2-918571-17-9

Laisse Ton Empreinte 85 rue Masséna -59000 Lille 00 33 (0)3.20.30.86.56 www.laissetonempreinte.fr


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