Tengmalm et Chevêchette n°16 & 17

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Photos : D. Hackel, G. Trochard © Photos : D. Hackel, G. Trochard ©

Suivi Bilan du suivi 2013-2014 Chevêchette et pic épeiche Témoignage de terrain Conservation Enquête rapaces nocturnes Bibliographie Publications récentes Sensibilisation Cahier technique et site web Actualités des réseaux Rencontre « chevêche et effraie »

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n° 16 & 17 - avril 2015 Cherchez, trouvez… communiquez ! Le suivi des « Petites chouettes de montagne » mobilise de plus en plus d’observateurs, bénévoles ou non. La connaissance sur la répartition des deux espèces progresse et les partenariats pour améliorer leur suivi et leur prise en compte se sont multipliés. Le volume et la précision des données traitées dans la synthèse le prouvent ! Au fil de ce nouveau bulletin d’information, vous pourrez découvrir le bilan du suivi 2014. La structuration du réseau permet de décupler l’effort de prospection sur le terrain : les secteurs sont répartis entre les différentes structures ou bien des opérations coordonnées sont menées ensemble, toujours pour couvrir le plus exhaustivement possible les massifs forestiers occupés ou potentiellement favorables. La découverte d’un chanteur de chouette de Tengmalm ou de chevêchette d’Europe dans un nouveau site est déjà une belle opération. Réussir à localiser le site de nidification voire la cavité relève bien souvent de l’exploit et nécessite en tout cas de longues heures de recherche ! Nous tenons ici à saluer le courage et la ténacité des nombreux observateurs, notamment dans les territoires de montagne qui ne sont pas les plus faciles d’accès durant la période printanière ! Les partenariats ne s’arrêtent pas là : les données communiquées entre les observateurs et les gestionnaires de site au cours de la saison de reproduction permettent d’intégrer la conservation des espèces dans la gestion forestière en cours. Plusieurs exemples dans ce numéro montrent que bien communiquer permet de réagir vite et de bien préserver ! Bonne lecture ! Sylvain Ducruet et Jérémie Hahn

Suivi Bilan du suivi 2013-2014 Cette huitième synthèse du suivi des performants ! Ainsi 36 nids de chevê« Petites chouettes de montagne » chette ont été trouvés au printemps concerne une vingtaine de secteurs géo2014… Un nouveau record ! Par ailleurs, graphiques de présence de l’une ou des la présence de la chevêchette dans le deux espèces. La période de suivi s’étale Massif central se confirme mais les du 1er août 2013 au 31 juillet 2014, preuves de reproduction manquent dans englobant donc l’automne 2013, l’hiver ce vaste massif... Tout cela est passionet le printemps 2014. nant ! La situation des deux espèces s’est Il reste cependant des secteurs peu counettement améliorée depuis la synthèse verts et toute proposition de collaboraprécédente : nous comptabilisons tion sera la bienvenue. au printemps 2014 un minimum de 288 chanteurs (ou couples) de chouette par Yves Muller de Tengmalm et de 237 chanteurs (ou Coordinateur LPO « Petites chouettes de montagne » couples) de chevêchette d’Europe. Si on yves.muller@lpo.fr compare ces données à celles de l’année passée (93 chanteurs ou couples de Ardennes Tengmalm et 183 à 188 chanteurs ou couples de chevêchette), on note une séNous n’avons obtenu qu’un contact avec rieuse amélioration de la situation pour la chouette de Tengmalm en 2014 : un les deux espèces mais on est encore loin mâle chanteur au sein du massif ardendes records de 2012 (422 chanteurs ou nais. Les autres prospections printanières couples de Tengmalm et 304 de chevên’ont rien donné, mais il est possible que chette). Ces fluctuations d’abondance, si nous avions eu l’occasion de la cherliées essentiellement aux ressources cher plus tard en saison, nous aurions alimentaires, sont bien connues pour pu contacter d’autres individus en raison ces deux espèces mais de nombreuses de l’abondance estivale des campagnols. questions restent sans réponse, notamNous avons également recherché en vain ment où sont les oiseaux en période de la chevêchette d’Europe, nicheuse en disette et d’où viennent les oiseaux lors Belgique proche. L’espèce est également des années plus fastes ? attendue dans les Ardennes françaises… La pression d’observation se renforce dans la plupart des régions. La collaboration entre ornithologues, naturalistes coordination : Nicolas Harter et forestiers s’améliore et notre connais- (Association ReNArd) sance de la répartition et des effectifs harter.chiro@gmail.com s’affine année après année… Nos obserObservateurs : C. Durbec, S. Garric, B. Gosselin et N. vateurs deviennent aussi plus Harter LPO Mission rapaces - n° 16 & 17 - avril 2015

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Massif vosgien

Hautes-Vosges (68 – 88)

Vosges du Nord (57 – 67) Très peu de données de chouette de Tengmalm dans les Vosges du Nord au printemps 2014 : un chanteur le 9 mars et une observation le 28 mars. Aucune preuve de reproduction malgré près de 200 loges de pic noir contrôlées par grattage dans la ZPS « Forêts, rochers et étangs du Pays de Bitche » ! L’année n’est guère meilleure pour la chevêchette d’Europe : quatre territoires en automne 2013, avec un dernier chant le 19 octobre. Au printemps suivant, trois chanteurs sont localisés. Les anciens sites bien suivis dans le Pays de Bitche sont inoccupés sans que les milieux forestiers n’aient été modifiés… Notons tout de même la présence d’un chanteur en marsavril en forêt domaniale de La PetitePierre nord et un chanteur en mars au nord-est du massif, dans le Hochwald (nouveau site). Aucune nidification n’a été trouvée ! Vosges moyennes (57 – 67) L’année 2014 est bien meilleure pour la chouette de Tengmalm dans les Vosges moyennes que l’année précédente : 10 chanteurs sont localisés dans les forêts du Donon, de Waldscheid, d’Abreschviller, d’Obernai-Bernardsviller… Mais comme dans les Vosges du Nord, aucune nidification n’a été trouvée ! La saison est aussi bien meilleure pour la chevêchette d’Europe : 12 à 13 chanteurs ont été localisés en automne 2013 dans les forêts domaniales du Donon (quatre chanteurs), de Waldscheid (un chanteur), d’Abreschviller (quatre-cinq chanteurs), SaintQuirin (un chanteur), Val de Senones (deux chanteurs). Au printemps suivant, six nids (un record !) ont été suivis dans les forêts domaniales du Donon (deux nids) et d’Abreschviller (deux nids), la forêt communale d’Heiligenberg (un nid à 460 mètres d’altitude) et la forêt communale d’Obernai-Bernardsviller (un nid à basse altitude aussi). Cinq nidifications sur six ont produit des jeunes à l’envol. En plus, deux chanteurs ont été entendus sur d’autres sites sans preuve de reproduction.

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Comme dans les Vosges moyennes, l’année 2014 est bien meilleure dans les Hautes-Vosges pour la chouette de Tengmalm. 12 chanteurs sont repérés du côté alsacien (Soultzeren, Wintzenheim, Orbey, Gunsbach, Stosswihr, Hohrod, etc.) et 29 du côté lorrain (Cornimont, Champ, Gérardmer, Ventron, Bas-sur-Meurthe, Le Ménil, Ban-sur-Meurthe, Le Valtin, etc.). Seules deux nidifications ont été suivies dans des cavités de pic noir, côté lorrain, avec jeunes à l’envol et une famille volante a été observée côté lorrain aussi. Après signalement à l’ONF, l’un des hêtres avec un nid de Tengmalm, situé dans une parcelle en régénération, a été marqué « arbre bio » et le site restera ainsi disponible pour les années suivantes. Après une saison 2013 plutôt mitigée pour la chevêchette d’Europe, l’automne n’a permis que peu de contacts : 8 chanteurs ont été localisés. A la fin de l’hiver et au printemps, 39 chanteurs ou couples ont été repérés dans les sites classiques : un seul côté alsacien (vallée de Munster), et 38 côté lorrain (Gérardmer, Ban-surMeurthe, Clefcy, Le Valtin, Le Grand Valtin, Xonrupt-Longemer, Cornimont, Ménil, Tholy, Rambervillers, Bois de Champ, La Bourgonce, La Bresse, Pfainfaing, Corcieux…). Six nidifications ont été découvertes et ont été couronnées de succès. A signaler une première nidification de chevêchette suivie dans la vallée de Munster (une première aussi pour le Haut-Rhin) ! Les autres nids sont dans le département des Vosges. Sur un autre site, les parents ont disparu alors que les jeunes avaient une quinzaine de jours. Les cinq jeunes ont été apportés au centre de soins de la LPO Alsace à Rosenwiller. Un jeune meurt au centre et les quatre autres ont été relâchés dans le massif vosgien début août. Bilan pour le massif vosgien Au final, l’année 2014 est la meilleure année pour le massif vosgien depuis le début de ces synthèses : • 53 chanteurs (ou territoires occupés) de chouette de Tengmalm avec seulement deux nids découverts et une famille volante observée ;

Tengmalm et chevêchette n° 16 & 17 - avril 2015 - LPO Mission rapaces

• 50 chanteurs (ou territoires) pour la chevêchette d’Europe avec un record de 12 nidifications suivies. Ce résultat est lié à une bonne année de présence des deux petites chouettes de montagne dans le massif mais aussi à un suivi plus important et à une meilleure collecte des données.

coordination : Yves Muller (LPO Alsace et Lorraine)

yves.muller@lpo.fr Observateurs : A. André, S. Audinot, E. Barbier, F. Batty, D. Becker, J.M. Berger ,S. Bodenrieth, C. et C. Braun, J. Chlecq, M. Courte, G. Dietrich, C. Dronneau, P. Fleux, V. Frillo, O. Frimat, J.C. Genot, Groupe Tétras Vosges, F. Guillmot, G. Haas, D. Hackel, M. Kempf, P. Lagarde, A. Laurent, V. Michel, T. Muller, Y. Muller, M. Munier, J.-J. Pfeffer, C. Pinçon, C. Pocachard, J. Poirot, F. Preiss, J.-P. Saint-Andrieux, A. Schlussel, M. Schneider, D. Staub, J.-M. Stoquert, F. Sturm, J.-M. Triboulot, A. Uhrweiler, B. Vaxelaire, M. Vincent, L Waeffler ; un merci particulier à J.-M. Berger pour la synthèse des données ONF et à F. Preiss pour celles du Groupe Tétras Vosges.

Massif jurassien Chouette de Tengmalm L’année a été meilleure que 2013. 46 observations ont été transmises pour la Franche-Comté, contre uniquement sept observations la saison précédente et 127 deux années auparavant. Le fait notable est une aire de répartition de nouveau assez étendue et une proportion plus élevée que d’habitude d’observations en dessous de 900 mètres d’altitude, soit près de 40 % des sites dans lesquels l’espèce a été contactée. Six sites se situaient même en dessous de 700 mètres d‘altitude. Notons à nouveau des données au nord de Morteau mais aucun contact n’a été fait en Haute-Saône et dans le Territoire de Belfort dans la partie franc-comtoise des Vosges. En Franche-Comté, 26 chanteurs ont été détectés (contre deux en 2013 et 112 en 2012) mais aucun cas de reproduction n’a été répertorié. Ces observations se répartissent sur 17 communes du département du Jura et sept communes du département du Doubs. Dans l’Ain, deux chanteurs sont notés. Par comparaison, le secteur du Jura suisse à l’ouest du canton de Vaud suivi de façon standardisé a montré des ef-


fectifs restant faibles et similaires à 2013 (GERNOV 2014). Chevêchette d’Europe La saison reste assez semblable à la précédente et bien inférieure à 2012. 50 observations ont été faites sur 25 sites différents. Aucune donnée n’a été collectée dans la partie franc-comtoise des Vosges. Par contre l’espèce a de nouveau été contactée sur un site au nord de Morteau, à 765 mètres d’altitude. Des individus ont été contactés dans 15 communes du département du Jura (12 la saison dernière, 26 en 2012), 7 communes du département du Doubs (3 la saison dernière, 16 en 2012). 18 des 25 sites étaient au-dessus de 950 mètres d’altitude et deux en dessous de 800 mètres. 13 mâles chanteurs ont été contactés, ce qui est légèrement supérieur à 2013 mais bien inférieur à la saison record de 2012 (minimum de 53 chanteurs) et aux années antérieures à 2012 (entre 24 et 28 chanteurs). Un accouplement a été observé le 26 mars 2014.

coordination : Michel Gauthier-Clerc (LPO Franche-Comté)

gauthierclerc.lagarenne@gmail.com observateurs : J. Ardelet, C. Arnoux, G. Aubry, J. Barlet, L. Beschet, H. Bourdin, F. Bouzendorf, M. Brignon, Y. Brouillard, É. Chaput, P. Charriere, F. Chevaldonnet, P. Cheveau, C. Clément, S. Clément, E. Cosson, E. Cretin, P. Crouzier, S. Dalloz, T. Daumal, J. David, S. Delon, N. Derry, L. Desbordes, C. Diraison, P. Durlet, L. Eloy, B. Feuvrier, A. Fonteneau, J. Francois, M. Gauthier-Clerc, M. Giroud, T. Gruson, F. Guelin, C. Guex , W. Guillet, M. Guinchard, R. Hanotel, S. Houpert, J.-B. James, N. Jeannot, O. Julian, C. Lacoste, J. Langlade, O. Laporte, D. Lecornu, I. Leducq-Giroud, P. Legay, F. Lonchampt, S. Maas, F. Maillot, D. et J.-B. Maire, A. Maradan, B. Marconot, F. Mersch, P. Michelin, D. Michelat, J.-M. Michelat, M. Montadert, T.Morel, C. Morin, A. Naal, S. Paillard, G. Pascal, J.-P. Paul, T. Petit, G. Petitjean, E. Pion, C. Piotte, J. Pitois, A. Renaud, F. Rey-Demaneuf, F. Richy, T. Riviere, C. Rolland, S. Rolland, V. Romera, O. Roquetaniere, A. Rougeron, P. Roveretto, J. Salvi, M. Sauret, C. Sénéchal, J.-L. Simon, F. Spinnler, B. Tissot, E. Vadam, P. Vincent, A. Virondeau, O.

Waille, J.-C. Weidmann, É. Wolff. Sources : LPO Franche-Comté et Réserve de la Haute-Chaîne du Jura.

Résultats du 15 août 2012 au 15 août 2013 [non publiés dans le précédent bilan paru dans Tengmalm et Chevêchette n°14 & 15 d’août 2014] Chouette de Tengmalm Uniquement sept observations ont été transmises pour la Franche-Comté, à comparer aux 127 observations transmises la saison précédente. Même si de forts enneigements tardifs ont empêché l’accès à certains sites, cela ne suffit pas à expliquer les contacts exceptionnellement faibles cette saison. Ces observations se répartissent sur une commune du département du Jura (24 en 2012) et deux communes du département du Doubs (29 en 2012). Aucun contact n’a été obtenu en HauteSaône et dans le Territoire de Belfort alors qu’en 2012, l’espèce avait été contactée dans la partie franc-comtoise des Vosges. Seuls deux chanteurs ont été contactés, à 820 et 920 mètres d’altitude, respectivement en mars et juillet. C’est l’année le plus faible depuis 2007. Par comparaison, le secteur du Jura suisse à l’ouest du canton de Vaud suivi de façon standardisé a montré également des effectifs faibles (GERNOV 2013). Chevêchette d’Europe 52 observations ont été réalisées sur 22 sites différents. Ce résultat est beaucoup plus faible que la saison précédente durant laquelle l’espèce avait été contactée sur 55 sites différents. Il n’y a eu que 15 contacts durant le premier semestre 2013, contre 37 en 2011 et 79 en 2012. Aucune donnée n’a été collectée au nord de Morteau ou dans la partie franc-comtoise des Vosges. Des individus ont été contactés dans 12 communes du département du Jura (26 la saison dernière), trois communes du département du Doubs (16 la saison dernière) et trois communes de l’Ain.

Plus des trois-quarts des sites étaient au-dessus de 950 mètres d’altitude, les autres étant audessus de 800 mètres. 10 mâles chanteurs ont été contactés, peutêtre 15 en incluant des données mal précisées. Cela reste de toute façon bien inférieur à la saison record précédente (minimum de 53 chanteurs) et aux années antérieures à 2012 (entre 24 et 28 chanteurs). Les effectifs de passereaux forestiers sédentaires ont fortement diminué en 2012 et 2013, probablement en lien avec des vagues de froid et des hivers tardifs. Ajouté aux faibles effectifs de micromammifères, ceci peut avoir eu un effet sur les effectifs de chevêchette.

coordination : Michel Gauthier-Clerc (LPO Franche-Comté) gauthierclerc.lagarenne@gmail.com

Bourgogne Côte-d’Or Comme pour 2013, les prospections habituelles n’ont pas permis de contacter la chouette de Tengmalm malgré une forte pression des écoutes notamment dans l’arrière-côte dijonnaise. 17 sorties, de janvier à avril pour environ 90 points d’écoutes ont été organisées. Les massifs explorés en Côte-d’Or étaient la forêt de Moloy, la forêt d’Is-sur-Tille, la forêt de Jugny, l’arrière-côte dijonnaise, le Val-Suzon et la forêt de Pasques. Morvan Suite à la découverte de la chevêchette d’Europe fin 2012, les recherches se sont intensifiées cette année, profitant par la même occasion à la chouette de Tengmalm qui fréquente les mêmes secteurs du Haut-Morvan montagnard. La participation de nombreux observateurs a permis de couvrir une surface importante au cours des 16 soirées d’écoute. Deux à trois chanteurs de chevê

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chette d’Europe ont été contactés dans un secteur restreint. Pour la chouette de Tengmalm, deux chanteurs ont été dénombrés sur le Haut-Folin et un chanteur sur le massif d’Anost où l’espèce n’avait pas été entendue depuis 2008. Malgré les prospections exhaustives d’arbres à cavités sur les sites fréquentés par les deux espèces, aucun nid n’a été découvert cette année.

coordination : Cécile Détroit (Société d’histoire naturelle d’Autun) et Gérard Olivier (LPO Côte-d’Or) shna.cecile@orange.fr Observateurs : J. Abel, E. Aubert, S.-P. Babski, C. Beaucour, M. Bazin, S. Bellenfant, S. Blaysat, T. Boizot, E. Bonnefoy, S. Bourgoing, A. Boutin, F. Bouzendorf, E. Burlotte, A. Cartier, L. Cournault, A. Dechaume, E. Deniaud, A. Dervin, C. Détroit, C. Dodelin, J.-M. Frolet, L. Gasser, B. Grand, B. Grand, T. Grand, C. Houde, L. Joly, L. Jouve, M. Jouve, C. Lefebvre, D. Lerat, N. Lesieur, L. Martin, S. Mezani, A. Mucher, C. Mucher, G. Olivier, F. Philibert, G. Philibert, J. Pillier, A. Pompon, A. Rougeron, F. Spinnler, J. Timmer.

Massif central Massifs forestiers de la Loire (42) Avec 19 sorties sur l’ensemble des massifs forestiers du département et neuf chanteurs de chouette de Tengmalm localisés, le printemps 2014 est nettement plus réjouissant que la saison précédente. Dans le détail, nous trouvons : un chanteur dans les monts du Forez sud le 11 janvier, deux chanteurs dans les monts du Forez nord, les 17 février et 7 mars, un chanteur dans le massif du Pilat le 14 mars et cinq chanteurs dans les monts de la Madeleine, répartis comme suit : deux le 30 mars et trois le 5 avril. Le contrôle des nichoirs à deux reprises dans les monts du Forez ainsi que le grattage de quelques loges sur plusieurs massifs forestiers restent encore infructueux. Les prospections chevêchette sont elles aussi négatives. Un grand merci aux 19 personnes qui se sont mobilisées à des degrés divers pour ces prospections et grâce à qui l’état de nos connaissances

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sur ces espèces s’étoffe année après année.

coordination : Rodolphe Genouilhac (LPO Loire) genouilhacrod@club-internet.fr Observateurs : R. Genouilhac, N. Lorenzini, B. Tranchand, J.-C. Corbel, L. Marquet, R. Diez, P. Glatz, L. Biallon, Claire et André, C. Brucy, J. Catheland, L. et P. Dubois, B. Canal, V. Palomares, C. Martin, S. Tournaud, L. Noally.

Monts du Livradois (43 – 63) Après la saison 2013 catastrophique pour la chouette de Tengmalm, 2014 a montré un revirement spectaculaire. Premier chant le 25/12/13, installation précoce de nicheurs qui ont bénéficié de conditions météorologiques clémentes et probablement d’une bonne ressource alimentaire disponible en fin d’hiver. Première femelle au nid le 23/02, déjà neuf couvaisons en cours le 12/03, puis six autres nids découverts entre le 23/03 et le 30/05. Avec 15 tentatives de reproduction, 2014 devient ainsi la seconde meilleure année depuis le début du suivi (22 en 2007). Le succès des neuf premiers nids (six avec des juvéniles proches de l’envol ou envolés, deux abandons, un prédaté) est meilleur que pour les six nids plus tardifs, dont un seul a produit au moins un juvénile proche de l’envol, les autres ayant été abandonnés. Le nombre maximum de juvéniles vus au trou de vol ou appelant après leur envol va de un à trois (premier visible le 23/04). On peut cependant dire qu’avec sept nids sur 15 ayant produit des jeunes, la saison a été bonne. Sur un site, deux nids étaient distants de 250 mètres. Au moins neuf autres mâles chanteurs ont été contactés. 14 pelotes récoltées

Jeunes chouettes de Tengmalm - photo

sur deux sites et analysées par Patrick Bayle ont révélé sept musaraignes, cinq campagnols roussâtres et 11 mulots sylvestre ou à collier. Quant au mystère entourant les « chevêchettes » au comportement si atypique, signalées depuis 2011, il est élucidé : ce sont des petits-ducs scops ! Revenus cette saison, j’ai encore pu écouter en mai le chant du mâle du petit-duc, simultanément avec celui d’un mâle de chouette de Tengmalm à quelques dizaines de mètres l’un de l’autre, en pleine sapinière. Déroutant !

coordination : Dominique Vigier nicky.vigier@gmail.com observateur : D. Vigier

Massifs forestiers de Haute-Loire (43)

Massif du Devès C’est en octobre 2013 à la recherche de la chevêchette d’Europe sur fond de brame du cerf au crépuscule qu’a commencé la saison de suivi de la chouette de Tengmalm. Effectivement, par deux fois, dans deux lieux différents, les débuts de nuits des forêts du Devès ont été marquées par des vocalises peu communes : le chant d’automne de la chouette de Tengmalm ! Lancés spontanément, moins « appuyés » qu’au printemps, seulement quelques phrases, mais il s’agissait bien de «poupou» tout de même ! Au printemps jusqu’à six chanteurs ont été entendus, les plus tardifs fin avril, sur des sites déjà connus pour cette 4e année de suivi. Au total, sept chouettes ont été vues dans des loges. On note deux abandons (une loge au fond humide), une prédation probable (martre vue dans la loge allaitant un juvénile). Puis un jeune, quatre jeunes, quatre jeunes et une reproduction tardive le 26 juillet avec cinq jeunes au nid ! Rien dans les nichoirs. Une petite caméra au bout d’une perche (cam-à-perche) a grandement facilité les contrôles de cavités. Les arbres concernés par les reproductions de chouette de Tengmalm sont entre autres des hêtres, sur les 625 hectares de forêts doma: Nicolas Vaille-Cullière © niales. L’ONF les a pointés au

Tengmalm et chevêchette n° 16 & 17 - avril 2015 - LPO Mission rapaces


GPS et marqués d’un triangle chamois. La chevêchette d’Europe est encore la grande absente de ce massif du sud Haute-Loire, malgré plusieurs prospections ciblées.

coordination : Nicolas Vaille-Cullière (LPO Auvergne)

gitelespassants@yahoo.fr Observateurs : N. Vaille-Cullière & C. Tomati

Montagne limousine (19 et 23) En 2014, trois sites ont été occupés par la chouette de Tengmalm, tous des sites « historiques » localisés sur le plateau de Millevaches. Un site (Creuse) a donné cinq jeunes à l’envol, pour six œufs éclos. L’arbre ayant servi à la reproduction a fait l’objet d’un Contrat Natura 2000 en 2013, le contrôleur, agent de la DDT, et le propriétaire ayant pu observer une jeune Tengmalm « à la loge » lors de la réception du contrat. Un site (Corrèze) a accueilli un simple chanteur, non loin d’arbres à loges anciennement utilisés

pour la reproduction (également engagés dans un contrat Natura 2000). Un autre site (Corrèze), a été occupé par un couple, qui a eu l’originalité de s’installer dans des sapins de Vancouver, une essence qui commence à être forée par le pic noir. Deux tentatives de reproduction y ont été menées, sans succès. A noter un effort particulier du gestionnaire du site, qui a renoncé à une coupe à blanc et privilégié une éclaircie pour préserver le site de reproduction. En revanche, l’irresponsabilité de vidéastes professionnels qui ont perturbé le couple en utilisant la repasse explique peut-être l’échec constaté.

coordination : Olivier Villa (PNR Millevaches en Limousin)

romain.rouaud@free.fr Observateurs : Y. Bourguignon, D. Coignoux, G. Lazzarotto, R. Rouaud, O. Villa, J. Yvernault

Gard et Lozère (30 – 48) Au cours de l’année 2014, l’effort de prospection est resté quasi inchangé avec près de 210 heures d’écoute consacrées à la détection des mâles chanteurs de chouette de Tengmalm : 28 certains ou probables en 2014. La totalité des sites occupés en 2013 le furent en 2014, Malgré des conditions météorologiques défavorables aux prospections hivernales, qui ont conduit à annuler plusieurs soirées d’écoutes collectives, le nombre de mâles chanteurs détectés est plus important en 2014 (28) qu’en 2013 (16). Aucune nouvelle colonisation n’a été observée. La pression de « grattage » a été de près de 60 arbres à proximité des écoutes positives de mâles chanteurs. 13 Tengmalm ont été observées dans leur loge. La grimpe aux arbres pour confirmer la nidification a été très faiblement réalisée. Seuls deux nids ont été découverts sur quelques arbres grimpés. L’année 2014 est caractérisée par une présence constante de l’espèce sans réelle colonisation

Tengmalm

Caractéristiques forestières (source IFN 1995)

Description

Caractéristiques des secteurs prospectés pour la chouette de Tengmalm dans le Gard et en Lozère Hautes-Cévennes

Causses (48, 30 et bordure 12)

Margeride

Aubrac

48

Plateau 48

Causse nu 48

Causse 30

Causse boisé 48

48

30

superficie (km²)

2 159

291

550

273

893

833

236

roche-mère dominante

granite

basalte

calcaire

calcaire

calcaire

granite et schiste

granite et schiste

taux de boisement (%)

44,6

11,6

26,1

29,1

49,6

52,7

77

équilibre feuillusrésineux

82 % résineux

53 % résineux

87 % résineux

23 % résineux

86 % résineux

50 % résineux

55 % résineux

essences dominantes

pin sylvestre, épicéa, hêtre, sapin, bouleau

hêtre et épicéa (équilibre feuillus résineux)

pins (sylvestre et noir), chêne pubescent

chêne pubescent

pins (sylvestre et noir), chêne pubescent

hêtre et pins (sapin, épicéa)

hêtre, pins (sylvestre et laricio), épicéa

traitements dominants

futaie régulière

futaie régulière

futaie régulière

taillis

futaie régulière

futaie régulière

futaie régulière

Nombre de mâles chanteurs

1

0

Pression d’écoute (heures)

/

10

5

(incluent mont Lozère, mont Aigoual et PNC)

1

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de nouveaux territoires, malgré des prospections plus réparties sur la zone d’étude notamment sur le massif de l’Aigoual. La présence d’un couple sur le causse Méjean (dont la reproduction a été encore avérée en 2014) et de deux chanteurs reste à noter. Des échanges avec plusieurs ornithologues ont permis de mettre en évidence la colonisation historique de ce territoire dès 1997. Nous tenons, à travers ce texte, à remercier ces spécialistes de leur vigilance. Les efforts de prospection sur l’Aubrac ne donnent toujours rien et les trois chanteurs historiques du causse de Sauveterre ne sont apparemment plus actifs. La Margeride apporte un chanteur entendu par hasard dans un nouveau secteur, les zones traditionnelles n’ayant pu être suivies.

coordination : Jimmy Grandadam (Parc national des Cévennes) et François Legendre (ALEPE)

jimmy.grandadam@cevennes-parcnational.fr et fl1973@yahoo.fr Observateurs : N Bertrand (PNC), P. Lafont, F. Ledru, J.L. Pina (LPO), V. Marsaudon (ONF), B. Guerin (ONF), J. Grandadam (PnC), P.-A. David (PNC), N. Bruce (PNC), G. Karczewski (PnC), B. Ricau (PNC), J. Séon (PNC), F. Melet (CPN Le vigan), A. Julien (FDC48), K. Martorell (Cogard), G. Monchaux (Cogard), A. Smirnoff (Com Com Causses-Aigoual-Cévennes), A. Jacamant (PNC), A. Mangin, B. Descaves (PNC), G. Costes (PNC), S. Gazel (SupAgro), A. André (SupAgro), J. Ramière (PNC), A. Sahl (PNC), G. Susong (PNC), A. Lehbel Peron (PNC), M. Milor (SupAgro), G. Torreille, J.- P. Plazza, M. Fournier (ONF), P. Gaubert, L. Jamet (PNC), C. Lecomte (PNC)

Massif alpin Haute-Savoie (74) Sur la période concernée, 85 sorties de prospection pour la chouette de Tengmalm permettent 44 contacts sur 30 sites, dont 40 contacts sur 26 sites au printemps. La reproduction est constatée trois fois, des cris de jeunes sont entendus dans une cavité le 15 juin sur la commune de Vallorcine, un couple élève au moins deux jeunes sur la commune de la Chapelled’Abondance et un jeune de l’année est retrouvé mort par un randonneur sur la commune de Chamonix-Mont

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Blanc (Réserve naturelle nationale des Aiguilles Rouges-Asters). La progression de la répartition de l’espèce sur le département se poursuit et atteint aujourd’hui 166 localités dont 129 occupées au printemps. Pendant la période concernée, les 267 sorties de prospections réalisées pour la chevêchette d’Europe ont permis des contacts avec cette espèce sur 56 sites dont 43 au printemps. L’altitude varie entre 950 et 1 780 mètres. La reproduction est constatée sur 10 sites : du 20 avril au 22 juin avec cinq jeunes à l’envol sur la commune de Vallorcine, du 6 au 23 juin avec au moins quatre jeunes à l’envol à La Chapelle d’Abondance, une nichée avec quatre jeunes à l’envol et une autre avec trois jeunes à Saint-Gervais, deux jeunes découverts le 30 juin à Allèves, deux jeunes à l’envol sur la commune de Passy, quatre jeunes à Combloux, deux jeunes sur un site et quatre jeunes sur un autre site aux Contamines-Montjoie (Réserve naturelle nationale des Contamines-Montjoie-Asters), soit un minimum de 25 jeunes à l’envol. La recherche de nouvelles localités se poursuit. Cette année, 20 nouveaux sites sont découverts dont 16 au printemps, ce qui donne un total de 169 sur le département dont 119 au printemps. La connaissance de la répartition de l’espèce progresse toujours.

coordination : Pascal Charrière (LPO HauteSavoie)

charriere.p@neuf.fr Observateurs : P. Charrière, D. Comte, G. Garcel, D. Rodrigues, O. Rumianowski, J. Calvo, E. Courcier, D. Maricau, J.-P. Matérac, C. Giacomo, C.Rochaix, A. Lathuile, B. Douteau, C. Charobert, D. Cottereau, P. Badin, M. Maire, S. Nabais, D.Ducruet, M. Boch, M. Bethmont, P. Duraffort, P. Durlet, F. Bultel, A. Guibentif, B. Sonnerat, P. Boissier, J. Guilberteau, Y. Dabry, P. Bounie, J.C. Louis, P. Mulatier, J. Bondaz, C. Pertuizet, M. Isselé, R. Adam, B. Martinez, S. Goulmy, N. Moron, P. Favet, X. Birot-Collomb, F. Bacuez, P. Coutelier, T. Vallier, J. Chaumontet, T.Goutin. Parc naturel régional du Massif des Bauges : P. Erba, M. Pantalacci (4 observateurs cumulent au moins 457 heures de prospection pour ces deux espèces).

Savoie (73) Pour la période concernée par cette synthèse, les données concernant la chouette de Tengmalm semblent

Tengmalm et chevêchette n° 16 & 17 - avril 2015 - LPO Mission rapaces

correspondent à une année moyenne au regard de la pression d’observation cumulée pour les trois structures participant à l’enquête (ONF, Parc national de la Vanoise et LPO Savoie). Celle-ci reste toutefois difficile à estimer car elle n’est pas comptabilisée par les agents du parc national. A l’automne 2013, seuls cinq contacts de l’espèce ont été enregistrés. Ce chiffre est cependant plus à mettre en relation avec une pression d’observation plus modeste qu’au printemps. Le printemps met en revanche en évidence une bonne activité vocale avec 25 individus observés ou entendus. Les massifs avec le plus de données sont les Bauges (massif régulièrement prospecté) et la Tarentaise, où l’espèce a été contactée par les agents du Parc national de la Vanoise (PNV) et des bénévoles LPO sur des secteurs connus mais également découverte sur deux nouvelles localités. La Chartreuse montre une activité printanière qui s’inscrit dans une année normale. La plupart des données pour ce massif ont été récoltées par les agents de l’ONF du secteur. Le massif de Belledonne n’a fait l’objet d’aucune prospection spécifique. Les connaissances sur la présence de l’espèce sur ce massif restent lacunaires et devraient faire l’objet d’une attention particulière dans les années à venir. Aucune preuve de reproduction n’a été récoltée sur la période de l’enquête 2013-2014. La mise en commun des connaissances (LPO, ONF, PNV) a permis de mettre en évidence la présence de 25 mâles chanteurs ou couples de chevêchette d’Europe au printemps 2014. Ce chiffre est cohérent avec les 22 contacts automnaux répartis de façon similaire sur les différents massifs ayant fait l’objet de prospections. Les deux principaux massifs de Savoie que sont la Maurienne et la Tarentaise fournissent à eux deux respectivement 14 et sept contacts au printemps, ce qui représente 84 % des données printanières. Trois nouvelles localités ont été identifiées mais aucune preuve de reproduction n’a cependant été trouvée sur ces massifs. Les autres massifs apportent peu d’observations complémentaires mais on soulignera la découverte le 22 avril d’une cavité occupée dans la forêt communale du massif des Bauges. La présence d’arbres martelés au sein de la parcelle


a amené le découvreur du nid à prendre rapidement contact avec l’agent ONF local afin d’éviter les désagréments d’une exploitation en période de reproduction. Aussi les dispositions nécessaires afin d’éviter le dérangement des oiseaux ont été prises avant la vente de l’article : délimitation d’une zone de quiétude sans intervention autour du nid et élargissement de la période d’interdiction d’exploitation de la parcelle. La transmission de l’information et la réactivité de chacun ont ainsi permis la réussite de cette nidification. La reproduction a ensuite été suivie par les bénévoles de la LPO Savoie jusqu’à l’envol réussi de quatre jeunes. Une première en Savoie qui permet de mieux cerner la biologie de l’espèce.

est connue de 85 communes de Savoie (sur 304) et la chouette de Tengmalm est connue sur 65 communes. De nombreuses découvertes restent possibles !

coordination : Jérémie Hahn (LPO Savoie) et Julien Benard (réseau avifaune ONF) jeremie_hahn@yahoo.fr Observateurs : les agents du Parc national de la Vanoise, réseau ONF (dont Sylvain Ducruet), C. Bouchut, F. Benoit, P. Bury, G. Canova, J-L. Cathala, I. Cattin-Gasser, B. Chomel, J. Clack, L. Dauverné, P. Erba (PNR des Bauges), A. Gotteland, F. Gueguen, M. et L. Ham, Y. Jorand, M. Juton, A. Kim, B. Maréchal, S. Maury, M. Mermier, N. Moulin, H. Pottiau, D. Robin, L. Rouschmeyer, O. Rumianowski, T. Sanz, D. Secondi, D. Bogey, A. Lathuille, D. Robin, J. Werner.

Nombre de contacts sur les différents massifs savoyards Massifs

Chouette de Tengmalm

Chevêchette d’Europe

Automne

Printemps été

Automne

Printemps été

Bauges

1

7

3

1

Belledonne

/*

/*

0

/*

Tarentaise

2

10

5

7

Maurienne Lauzière (dont Grand Arc)

/*

3

9

14

Beaufortain

1

1

2

1

ChartreuseEpine

1

4

3

2

Total

5

25

22

25

* pas de prospections spécifiques

Synthèse Dans l’ensemble, l’année 2014 semble correspondre à un retour à la normale pour les deux chouettes de montagne après une ou deux années médiocres. Les contacts automnaux n’ont pas été démentis par l’activité vocale de la fin d’hiver et du printemps, notamment en ce qui concerne la Tengmalm… Les connaissances progressent, notamment avec un suivi de reproduction de chevêchette très instructif dans les Bauges. L’objectif des prochains suivis sera de réussir à réaliser un suivi similaire pour la chouette de Tengmalm. A l’heure actuelle, la chevêchette

Isère (38) Pour la saison 2013-2014, le nombre de données positives est en diminution par rapport à 2012-13 (beaucoup de sorties sans contact), et très en-deçà de la saison exceptionnelle 2011-12. Cette année, nous parlerons de « territoires occupés », compilant ainsi les données d’automne et du printemps qui lui succède, car les prospections effectuées par le groupe d’observateurs, pourtant très actif, ne débouchent que très rarement sur des données de nidification (neuf preuves de nidification pour les deux espèces réunies). Il faut aussi rappeler

que les conditions climatiques du printemps 2014, avec de fortes précipitations en janvier, février puis en mai ont, sans aucun doute, eu des conséquences néfastes sur la nidification. Les contrôles et la prospection ont été très complexes en raison des accès difficiles aux zones préalpines du Vercors et de la Chartreuse très enneigées et bien fréquentées par les observateurs. Chouette de Tengmalm 2013-2014 : 82 données (+ 56 négatives*) ; trois données à l’automne, 79 au printemps ; quatre nidifications certaines (couples cantonnés) : trois dans le Vercors, une en Chartreuse. Rappel 2011-2012 : 141 données (+ 118 négatives) ; 2012-2013 : 31 données (+57 négatives). (*) Les données négatives correspondent à des sorties sans contacts. Chevêchette d’Europe 2013-2014 : 125 données (+168 négatives*) ; 50 données à l’automne, 75 au printemps ; cinq nidifications certaines (couples cantonnés) : une en Oisans, une en Belledonne, deux en Vercors et une en Chartreuse. Rappel : 2011-2012 : 295 données (+ 214 négatives) ; 20122013 : 169 données (+ 110 négatives). Comme les autres années, une grosse partie de ces données sont issues des massifs qui cernent l’agglomération grenobloise et donc faciles d’accès : Chartreuse sud, Vercors nord et Belledonne. Le sud du département (Trièves, Oisans, Grandes Rousses) est toujours assez peu prospecté. Un nouveau massif, le Valbonnais, a été rajouté. Comme chaque année, une cinquantaine d’observations provient d’agents de l’ONF. Les données altitudinales donnent une moyenne de 1 335 mètres pour la chevêchette et 1 282 mètres pour la chouette de Tengmalm. Conclusions Ce bilan permet d’avoir des

LPO Mission rapaces - n° 16 & 17 - avril 2015

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Bulletin de liaison du réseau Petites chouettes de montagne


indications sur de très « grandes tendances » mais il est difficile de tirer vraiment des conclusions sur de vraies dynamiques de populations. Ce qui est vrai à l’échelle de l’ensemble du territoire l’est encore plus au niveau de chaque secteur où, d’une année sur l’autre, les efforts de prospection peuvent être complètement différents et donc, le nombre de contacts aussi, sans que cela soit lié nécessairement à une évolution des territoires. Pour cette cinquième année d’étude, nous sommes donc toujours dans une perspective d’amélioration de nos connaissances sur la répartition et la densité des deux espèces sur tous les secteurs montagneux de l’Isère sans recherches particulières des nids.

coordination : Yvan Orecchioni (réseau avifaune ONF) et Alain Provost (LPO Isère)

yvan.orecchioni@onf.fr ; alpro38@orange.fr Observateurs (principaux) : N. Biron, A. Callec, F. Chevalier, J.-M. Coynel, J. Deschâtres, F. Frossard, M. et L. Ham, M. Jouvel,T.; Lacombe, J. Lagot, G. Le Duc, R. Maradan, C. Poirel, A. Provost, F. Renaud, S. Risser, P. Schmitt, D. Simonin, M. et R. Fonters, B. Veillet ; personnel ONF : A.-S. Ayache, A. Barnave, P. Boquerat, B. Durand, S. Ducruet, H. Glerean, G. Remillier, T. Orecchioni,Y. Orecchioni, P. Pola, F. Mandron, S. Laguet.

Vercors drômois (26) Deux cavités de chevêchette d’Europe ont été réoccupées pour la 5e année consécutive, soit une fidélité remarquable à ces deux sites. A noter que l’un des arbres à cavité était également occupé par le pic épeiche, avec une cavité à moins d’un mètre en dessous de celle occupée par la chevêchette ! A signaler aussi un nid de chouette de Tengmalm à 500 mètres d’une autre cavité occupée par la chouette hulotte, hors RBI.

coordination : Gilles Trochard gilles.trochard@wanadoo.fr

Hautes-Alpes (05) Chouette de Tengmalm Par rapport à la période précédente, la chouette de Tengmalm a bénéficié

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Nombre de territoires par massif dont nidifications certaines (compilation des données recueillies entre le 16 août 2013 et le 15 août 2014) Massifs

Chevêchette Chouette de d’Europe Tengmalm

Chartreuse nord

3

Chartreuse centre

0

1 7 (1)

Chartreuse sud

8 (1)

Belledonne nord

9

5

Belledonne sud

10 (1)

3

Vercors nord (Isère)

9 (2)

5 (3)

Vercors centre et sud (Drôme)

2

5

Grandes Rousses – Taillefer – Oisans

4 (1)

Valbonnais

1

Trièves

2

Total

48

d’une (bien modeste) recrudescence d’observations en 2013-2014. L’espèce n’a été contactée que 19 fois avec toutefois deux nouveaux sites découverts (Bochaîne et Guillestrois). L’essentiel des contacts est au chant en période de reproduction, de nuit mais parfois aussi en pleine journée. Il n’y qu’une seule mention automnale : en Vallouise, un oiseau suivi par vidéo est observé fuyant précipitamment son nichoir lors de l’intrusion d’une fouine. Le seul succès de reproduction avéré est signalé dans le Guillestrois par R. Ballestra avec quatre jeunes dans un nichoir. Dans le Champsaur enfin, deux nids occupés sont découverts sur des territoires connus mais sans confirmation du succès de reproduction. L’un des sites a été fortement perturbé par un débardage et stockage de bois à proximité immédiate du nid. Le descriptif exhaustif des trois nids actuelle-

ment connus dans le Champsaur a été réalisé conjointement entre le Parc national des Ecrins et l’ONF en vue d’une meilleure prise en compte de l’espèce dans les aménagements forestiers à venir. Enfin, l’apport d’anciennes données du Parc naturel régional du Queyras permet également de porter le nombre total de sites à 120 pour le département.

Chevêchette d’Europe Avec 102 contacts répartis sur 39 sites positifs pour la chevê1 chette, cette nouvelle période 2 2013-2014 est un peu moins fructueuse que la précédente (45 sites en 2012-2013). 29 C’est aussi la quarantième année de collecte de données naturalistes sur les petites chouettes de montagne. La dynamique départementale des observateurs continue à se structurer, notamment à travers plusieurs soirées d’information conjointes entre le Parc national des Ecrins et les trois sections locales de la LPO. L’effort de prospection selon les districts demeure toutefois encore très inégal. Il se renforce sur le Gapençais et le Dévoluy mais avec encore très peu de résultats positifs... tout au moins pour cette période. Depuis la dernière synthèse, huit nouveaux sites ont été découverts. Sur les 39 sites avérés en 2013-2014, 10 ne sont concernés que par des contacts automnaux. Parmi les 29 autres sites recensés en période de reproduction, six reproductions ont été confirmées (avec quatre nids découverts) totalisant au minimum sept jeunes à

Bilan du suivi de la chouette de Tengmalm dans les Hautes-Alpes Districts

Total Nouveaux sites 1974-2014 2013-2014

Total 2013-2014

Beauchaîne

3

1

1

Briançonnais

28

0

0

Champsaur-Valgaudemar

26

0

6 (dont 2 nids occupés)

Dévoluy

6

0

1

Embrunais

16

0

0

Gapençais

4

0

1

Guillestrois

15

1

3 (dont 1 reproduction avec 4 jeunes)

Queyras

24

0

0

Laragnais Total Hautes-Alpes

1

0

0

120

2

12

Tengmalm et chevêchette n° 16 & 17 - avril 2015 - LPO Mission rapaces


Bilan du suivi de la chevêchette d’Europe dans les Hautes-Alpes

de montagne » dans les différentes vallées du cœur et Total Nouveaux sites Total Districts de l’aire d’adhésion. Cette 1974-2014 2013-2014 2013-2014 recherche s’est effectuée sur Beauchaîne 5 1 3 des sites non prospectés en Briançonnais 29 3 8 2012 et 2013. Le protocole s’est déroulé de février à 15 (avec 6 reproductions Champsaur-Valgaudemar 23 0 avril sur les six vallées de dont 4 nids) l’espace protégé. 34 sites Dévoluy 1 0 0 ont été parcourus totalisant Embrunais 15 1 5 210 points d’écoute. Gapençais 3 1 1 Au total, 12 chevêchettes d’Europe et deux couples Guillestrois 11 1 6 (Roya-Bevera et Authion) Queyras 23 1 1 et 16 chouettes deTengTotal Hautes-Alpes 110 8 39 malm et un couple ont été contactés en 2014 dont l’envol. Le succès ne semble donc nés, d’autres rajoutés depuis les 10 chevêchettes d’Europe et pas très bon et la désertion fin dernières synthèses, d’où quelques 10 chouettes deTengmalm au mai de deux nids occupés reste un légères différences possibles dans cours du protocole d’inventaire mystère (prédation, abandon ou les totaux et sous-totaux présentés du parc national comme indiqué envol bien plus précoce que prévu par rapport aux synthèses précédans le tableau ci-dessous. C. d’un ou des rares jeunes élevés ?). dentes. Robion (AMM) et F. Adamo ont L’apport d’anciennes données du complété ces relevés. PNR du Queyras permet de porter Sauf autres données (ONF, etc.), coordination : Marc le nombre total de sites à 110 10 chevêchettes et deux couples Corail pour le département au 31 juillet nicheurs ainsi que 16 chouettes marc.corail@ecrins-parcnational.fr 2014. de Tengmalm et un couple constiObservateurs : D. Allemand, T. Anel, O. Dans le Champsaur, en 2013tuent l’inventaire 2014 pour les Ariey-Jouglard, R. Ballestra, J.-M. Bertrand, 2014, la quasi totalité des sites Alpes-Maritimes. P. Bonneau, Y. Bonneau, B. Bonvoisin, M. connus a été revisitée à l’automne Deux chevêchettes uniquement Bouvier, A. Clamens, D. Combrison, M. Corail, puis au printemps. Sur les neuf pour les Alpes de Haute-Provence. V. Corail, H. Cortot, M. Coulon, V. Gasquet, sites de nid maintenant connus, En 2015, cet inventaire sera J.-C. Gattus P. Gillot, F. Goulet, S. Guion, A. un descriptif exhaustif a été réalisé poursuivi sur de nouveaux sites Hugues, T. Joubert, T. Maillet, J.-P. Marie, J.-P. cet automne entre le Parc national forestiers. Niermont, F. Ortar, R. Papet, H. Pottiau, N. des Ecrins et l’ONF, ainsi qu’un Prévot, A. Reynaud, P. Rigaux, J.-P. Telmon, relevé GPS des arbres à cavités coordination : Daniel Traversier Charles Henri, Vigouroux Cédric, favorables sur les trois autres Villaret Jean-Charles. Demontoux(Parc sites de reproduction probable fréquentés par des jeunes fraînational du Mercantour) Parc national du Mercantour : chement envolés. Ceci devrait daniel.demontoux@mercantour-parcnational.fr Alpes-de-Haute-Provence (04) permettre une meilleure prise Observateurs : F. Adamo, P. Archimbaud, M. et Alpes-Maritimes (06) en compte de l’espèce dans les Bensa, F. Berthollet, X. Bonnet, F. Breton, H. En 2014, le parc national a pourprojets d’aménagement forestier. Brosius, J. Charron, S. Claudon, S. Combeaud, suivi la prospection « chouettes Reste à mener le même travail D. Demontoux, J.-L. Dunand, C. Girardon, C. ailleurs, en particulier dans Bilan du suivi dans le Parc national du Mercantour les districts intra-alpins Nb de sites Nb de points Nb de contacts Nb de contacts Alarmes (Embrunais, Guillestrois, Vallées prospectés d’écoute PNM de chevêchette de Tengmalm passereaux Queyras et Briançonnais) Alpes-Maritimes qui cumulent 70 % des sites connus. Citons enfin une Roya 3 41 0 3 10 observation originale et sur- Haute Tinée 4 14 0 3 0 prenante en janvier par J.-P. Moyenne Tinée 6 44 5 1 0 Niermont dans son jardin Vésubie 2 13 0 1 0 dans la ville de Briançon. Var-Cians 10 57 3 2 23 Remarque : en raison de l’intégration récentes de Alpes-de-Haute-Provence données historiques et Verdon 6 15 2 0 1 d’une meilleure connaisUbaye 3 26 0 0 0 sance des territoires, cerTOTAL 34 210 10 10 34 tains sites ont été fusion LPO Mission rapaces - n° 16 & 17 - avril 2015

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Bulletin de liaison du réseau Petites chouettes de montagne


Gorgerat, E. Icardo, L. Klein, O. Laurent, G. Lombard, T. Lebard, A. Liborio, L. Lubet, J.-P. Mandine, L. Martin-Dhermont, J.-L. Michel, O. Montigny, B. Pierrat, G. Rebattu, C. Robion, Rivière, L.Zimmermann.

Pyrénées Pyrénées-Atlantiques (64) Suite à la faînée généralisée dans les forêts des Pyrénées-Atlantiques à l’automne 2013, l’ONF, par son réseau départemental dédié à la gestion environnementale, a décidé de mettre en place une prospection de chouette de Tengmalm dans les forêts publiques du département en y associant nos partenaires habituels (LPO, Parc national des Pyrénées, ONCFS, GOPA). De janvier à mai, 114 kilomètres sur pistes et sentiers forestiers ont été parcourus sur une surface minimale de 4 217 hectares couvrant 22 forêts ; 48 personnes dont 21 de l’ONF ont participé au moins une fois aux 38 soirées dédiées à la recherche de la Tengmalm depuis les forêts basques d’Hayra, Iraty, Arbailles, puis du Baretous et d’Aspe jusqu’à celles de la vallée d’Ossau à l’est. Au moins 11 chanteurs ont été contactés dans cinq sites majeurs. Trois nids y ont été trouvés : - un en vallée de Baretous donnant quatre jeunes à l’envol entre le 2 et le 9 mai (dont un prédaté le lendemain de son envol) ;

- un en vallée d’Aspe avec échec constaté le 23 avril. Le cadavre d’un juvénile est trouvé le 14 mai dans une autre forêt aspoise où des contacts antérieurs avait été notés cet hiver (nid probable à proximité) ; - un dernier nid en vallée d’Ossau donnant au minimum deux jeunes à l’envol vers le 30 avril. C’est donc une année faste (tout est relatif) pour nous puisque des reproductions ont été suivies pour la première fois en vallée d’Aspe et de Baretous. En revanche, aucun contact n’a été enregistré dans les forêts basques, il est vrai, moins favorables (beaucoup moins de sapins). On a constaté encore cette année (14e année d’étude) que ce sont toujours les mêmes massifs qui sont fréquentés par la chouette de Tengmalm : deux en Ossau, deux en Aspe et un en Baretous. Il faut toutefois relativiser car l’accessibilité difficile en hiver de certains secteurs ne nous permet pas d’être exhaustifs dans les Pyrénées-Atlantiques.

coordination : Jean-Claude Auria (réseau avifaune ONF) jean-claude.auria@onf.fr

Aude Huit sorties ont été effectuées du 31 décembre 2013 au 5 mai 2014 sur six sites. Trois mâles chanteurs de chouette de Tengmalm ont été repérés dont un sur un nouveau site (mais massif où l’espèce est connue). Aucun suivi n’a été effectué. coordination : Christian Riols (LPO Aude)

Christian.riols-loyrette@orange.fr

Ariège Cette année encore, les inventaires de chouette de Tengmalm n’ont pas été évidents en raison de l’abondance de la neige qui limite l’accès aux zones de prospection. Bilan : les oiseaux connus Chevêchette d’Europe - photo : Yvan Orecchioni ©

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Tengmalm et chevêchette n° 16 & 17 - avril 2015 - LPO Mission rapaces

sur le secteur de Saurat n’ont pas été entendus alors qu’ils permettent en général de caler les prospections. En revanche, la présence de la chouette sur les secteurs de Comus (11) et Lercoul (09) a été confirmée. Sur la station d’Ax-les-Thermes (09), en forêt domaniale, trois oiseaux différents ont été entendus lors d’une soirée. Lors de deux autres sorties, il n’y avait qu’un seul mâle chanteur au même endroit (d’où venaient ces autres oiseaux ?). L’individu qui chantait au début est-il susceptible de suivre l’observateur à distance et de se remettre à chanter de loin en loin. Est-ce possible de comptabiliser plusieurs fois le même oiseau mais à des endroits très différents et éloignés ? La présence de la chouette sur la RBD d’Esbas (31) et le Carcanet (09) n’est pas complètement confirmée car les sorties sur ces sites se sont faites dans des conditions météorologiques difficiles (vent, mauvais temps). Sur le Carcanet, un oiseau a été entendu succinctement (il reste un doute) et sur Esbas, il me semble avoir entendu (au loin), un oiseau chanter mais le bruit du ruisseau et le vent n’étaient pas favorables à l’écoute. Aucun oiseau n’a été entendu sur le secteur de Goulierest du col de Grail-Mont d’Olmes alors que ces zones sont favorables. Par ailleurs, deux agents de l’ONF se sont investis sur cette espèce cette année (P. Lagarde et M. Kaczmar). Il en résulte que nous avons de nouvelles données sur Prades, Ascou, Ax-lesThermes dans la forêt communale et Sorgeat. Merci à eux pour leur contribution.

coordination : Quentin Giry (réseau avifaune ONF) Quentin.Giry@onf.fr Observateurs : Q.Giry, P. Lagarde, M. Kaczmar.

Pour l’Association des naturalistes de l’Ariège, cinq données de chouette de Tengmalm ont été enregistrées durant la saison 2013-14 (forêts de Bethmale, Prades, Aston et Saint-Lary).

coordination : Boris Baillat (Ariège Nature) boris.b@ariegenature.fr Observateurs : J. Estèbe, J. Ait El Mekki, S. Reyt, J. Vergne


Bilan national du suivi et de la surveillance 2013-2014 des petites chouettes de montagne Chouette de Tengmalm Nombre de chanteurs ou de couples ou de nidifications

Nombre de nids contrôlés ou de familles observées

Ardennes

1

0

Vosges du Nord (57 et 67)

2

Vosges moyennes (57 et 67)

Chevêchette d’Europe Nombre de chanteurs ou de couples ou de nidifications

Nombre de nids contrôlés ou de familles observées

0

3

0

10

0

8

6

Hautes-Vosges (68 et 88)

41

2 et 1 famille

39

6

Jura (Franche-Comté et Ain)

26

0

13

0

Bourgogne

3

0

2-3

0

Massifs forestiers de Loire (42)

9

0

Massifs forestiers de Haute-Loire (43)

7

7

1

0

0

0

Massif (départements)

3

2

Livradois (43-63)

24

15

Gard (30) et Lozère (48)

28

2

Haute-Savoie (74)

26

1 et 1 famille

43

10

Savoie (73)

25

0

25

1

Isère (38)

29

4

48

5

Montagne limousine (19 et 23)

1

1

2

2

Hautes-Alpes (05)

12

3

39

4 et 2 familles

Parc national du Mercantour (04 et 06)

17

1

14

2

Pyrénées-Atlantiques (64)

11

3

Aude (11)

3

0

Ariège (09)

10

0

288

41 nids et 2 familles

237-238

36 nids et 2 familles

Vercors drômois (26)

TOTAL 2013-2014

Jeune chevêchette - photo : Serge Risser ©

LPO Mission rapaces - n° 16 & 17 - avril 2015

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Colocataires sous très haute tension : suivi partiel de la reproduction d’un couple de chevêchette d’Europe et de pic épeiche sur un même arbre Quelque part dans la Réserve biologique intégrale (RBI) de la forêt domaniale du Vercors durant la saison de nidification 2014.

Epicéa à cavités - photo : Jacques L’huillier ©

L’arbre est un épicéa mort d’environ 45 centimètres de diamètre à 1,30 mètre de haut, pourvu de plusieurs cavités de pic épeiche. Une cavité à environ trois mètres de hauteur a été utilisée depuis 2009 par la chevêchette d’Europe. Les deux cavités occupées cette année sont situées sur la face opposée du tronc. La cavité occupée par la chevêchette se trouve à environ six mètres de haut (flèche orange), orientée à l’est, et celle utilisée par le pic épeiche se situe à moins d’un mètre en dessous (flèche jaune). C’est à partir du 2 juin 2015 que je constate la présence et la reproduction des deux espèces sur le même arbre. Je réalise plusieurs suivis de comportement des occupants de cet arbre et constate de nombreuses altercations violentes (altercations qui coïncident avec l’éclosion et donc le nourrissage des jeunes pics) de la part des deux espèces : - poursuite de la chevêchette, lors de ses rares allées et venues à la cavité, par le couple de pic épeiche. - au début, quelques attaques en piqué de la chevêchette, depuis la cavité, sur le pic venant nourrir ses jeunes. De nombreuses attitudes d’intimidation et de harcèlement par les pics sur la chevêchette ont été constatées : écartements des ailes avec tentatives d’attaques, nombreuses visites à la fenêtre de la cavité occupée par la chevêchette, surtout lorsqu’un des deux pics venait nourrir les jeunes. Les deux pics s’épau-

Attaque du pic épeiche sur la chevêchette d’Europe...

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laient lors de ces altercations alors que je n’ai observé qu’un seul individu chez la chevêchette : la femelle qui sortait de la cavité. On peut d’ailleurs constater les impacts des coups et chocs reçus à la tête, par celle-ci, sur la photo. La reproduction de la chevêchette a été très éprouvante pour la femelle. Les jeunes pics ont quitté la cavité le 22 ou 23 juin a priori sans problème. Bien que je n’ai pas assisté à leur envol, je n’ai pas observé d’indices laissant penser le contraire. Le 30 juin, une jeune chevêchette était encore à la fenêtre de la cavité et le 2 juillet, après plusieurs heures d’observation et le lendemain, avec encore des heures de présence, j’ai eu confirmation que les jeunes avaient quitté la cavité le 1er juillet. Lors de ma présence le lendemain et surlendemain de l’envol, je n’ai pas eu de « contacts » avec les jeunes ou les adultes. A noter qu’au cours de mes observations j’ai observé la visite de plusieurs autres espèces sur l’arbre, à proximité des cavités occupées : pinson des arbres, mésange huppée, grimpereau des bois, pic noir (chassé par le pic épeiche). L’utilisation d’un piège photo m’a en outre permis de constater, pendant cette période d’altercations, une certaine activité de la chevêchette (nourrissage ?) pendant la nuit.

Jacques L’huillier (ONF) jacques.lhuillier@onf.fr


Photos : Jacques L’huillier ©

Chevêchette victime d’attaques par le pic épeiche - photo : Jacques L’huillier ©

Témoignage de terrain : un jour de décembre dans la vallée du Champsaur Il y a quelque temps, Jean-Baptiste Portier, naturaliste et écologue, me fit partager sa passion pour l’ornithologie et me fit découvrir les rapaces nocturnes. Il m’a montré de nombreux clichés de différents individus notamment la chevêchette d’Europe et la chouette de Tengmalm. Ces deux espèces sont toutes petites (17 centimètres) et affectionnent principalement les « vieilles forêts de montagne ». Dimanche 7 décembre, avec des amis, nous avions décidé de randonner dans la vallée du Champ-

saur. En arrivant sur le parking, il y avait une couverture nuageuse très importante, tout était blanc (givre et neige) et la température était de zéro degré. L’objectif de la randonnée était d’atteindre un col. Plus nous avancions, plus nous nous retrouvions au-dessus de la couverture nuageuse. Puis le temps s’est découvert, la température a augmenté et le soleil était au rendez-vous. Nous étions arrivés dans une magnifique forêt de vieux mélèzes avec de nombreux arbres morts. Nous nous arrêtons un petit moment pour nous ravitailler et j’essaie de siffler le chant si caractéristique de la chevêchette. Aucune réponse et au moment où nous allions repartir, je la vis arriver. Elle

se posa sur un mélèze juste audessus de nous. Nous avons été impressionnés par sa petite taille. Elle se gonfla, on aurait dit une petite pelote de laine. Elle nous fixait avec ses gros yeux jaunes tout ronds. Quel instant magique. Elle siffla quelques strophes puis repartit aussitôt. Juste le temps de prendre quelques clichés. Superbe rencontre et moment de partage avec de bons amis. Nous avons poursuivi notre chemin jusqu’au sommet où nous avons pu apprécier une mer de nuages.

Thierry Faivre

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Conservation Enquête rapaces nocturnes : elle est lancée !

connue à l’échelle nationale. Elle est coordonnée par la LPO Mission rapaces, le Groupe ornithologique des Deux-Sèvres, et le CNRS de Chizé. Afin de couvrir l’ensemble du territoire national de façon homogène, l’échantillonnage repose sur la couverture nationale de l’IGN et son maillage de cartes au 1/25 000. Au final, 2 007 carrés centraux de 25 km² (5 x 5 kilomètres) constituent la couverture complète à réaliser. Chaque carré de 25 km² est découpé en 25 carrés d’1 km² dont les centres constituent les points d’écoute. Lors de ce recensement nocturne, deux méthodes sont combinées et utilisées simultanément sur chaque point d’écoute : l’écoute passive complétée par la méthode de la repasse. L’utilisation de la repasse a été privilégiée car elle demeure indispensable pour augmenter le taux de détection régulièrement très faible des rapaces nocturnes lors d’une écoute passive. Ainsi, par l’émission de chants territoriaux imitant un intrus, la repasse permet de stimuler les réponses vocales d’un certain nombre d’espèces de rapaces nocturnes réactives à cette méthode.

Détectables essentiellement de nuit par leurs vocalises, les rapaces nocturnes (Strigidés et Tytonidés) constituent un cortège d’espèces singulières dont le recensement est régulièrement considéré comme un véritable challenge. Leur suivi requiert la mise en place de protocoles spécifiques sans lesquels leur détection demeure, au mieux, aléatoire. De ce fait, les recensements des oiseaux nicheurs, réalisés dans le cadre d’atlas départementaux ou régionaux, ne sont guère Représentation des carrés centraux adaptés à ces espèces et nous sommes à ce jour dans l’incapacité d’évaluer la taille de leur population à l’échelle nationale, ni l’ampleur du déclin de certaines espèces qui semble pourtant avéré dans de nombreux pays d’Europe. Il devenait donc nécessaire d’établir, pour la France métropolitaine, un protocole de recensement spécifique à ces espèces et réalisable sur de larges échelles géographiques et de lancer une vaste enquête nationale. 2015 marque le lancement de cette enquête pour une durée de trois ans. Inédite en France, elle est à ce jour la première à s’intéresser aux populations d’oiseaux nocturnes dont la situation est pour l’instant très mal

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À raison d’un peu plus d’une dizaine de points par soirée en moyenne, la réalisation de la totalité des points d’écoute d’un carré demande deux à trois soirées par passage. Il est vivement recommandé, selon les conditions météorologiques, de concentrer ces soirées sur quelques jours. Deux passages seront à réaliser pour la plupart des régions accueillant les quatre, voire cinq espèces de rapaces nocturnes les plus répandues à l’échelle nationale tandis qu’un troisième passage pourra éventuellement être effectué sur les rares carrés les plus riches au niveau spécifique. Le premier passage, concernant plus particulièrement les espèces précoces, devra s’effectuer entre le 1er février et le 1er mars si la présence du grandduc d’Europe est avérée ou fortement supposée, ou entre le 15 février et le 15 mars sinon. Le second passage sera à réaliser entre le 15 mai et le 15 juin. Il concerne plus spécifiquement le petitduc scops mais également certaines espèces préalablement recherchées lors du premier passage. Là encore, une distinction est effectuée selon les deux grandes entités paysagères. La durée par point d’écoute est de huit minutes avec utilisation de la repasse pour les différents passages, correspondant alors à la durée totale de chacune des bandes son. Retrouvez toutes les informations utiles et détaillées sur le site web : http://observatoire-rapaces.lpo.fr/ ou contactez les coordinateurs (national ou local). Laurent Lavarec, Damien Chiron et Vincent Bretagnolle laurent.lavarec@lpo.fr (extrait du bulletin d’information Observatoire rapaces n°13-14)


Bibliographie Bibliographie des publications récentes (*) (*) suite des bibliographies précédentes (articles et ouvrages publiés à partir de 2007) : voir les bulletins 1 & 2 de 2008, 3 & 4 de 2009, 5 & 6 de 2010, 7 & 8 de 2011, 9 & 10 de 2012, 11 & 12 de 2013 et 14 & 15 de 2014. Chevêchette d’Europe et chouette de Tengmalm 2014

- HAHN G., 2014.- Etat des connaissances sur la chouette chevêchette en Savoie. Le Bièvre, 26 : 48-50.

- DAVID G., TRAVERSIER J., 2014.- La chouette de Tengmalm dans la Drôme. Le Bièvre, 26 : 41 42.

- HENRIOUX P. et le GERNOV, 2014.- Etude d’une population de Chouette chevêchette dans l’ouest du Jura. Synthèse après 19 années de recherches. Groupe d’étude sur les rapaces nocturnes de l’Ouest vaudois, Payerne, rapport 8 p.

- DUROURE N., 2014.- La chouette de Tengmalm en Ardèche. Le Bièvre, 26 : 40-41. - GENOUILHAC R., 2014.- La chouette de Tengmalm dans la Loire. Le Bièvre, 26 : 45-46.

- DÉTROIT C., 2014.- Les petites chouettes de montagne en Bourgogne. Rapaces de France – l’Oiseau magazine, HS N° 16 : 50-51.

- LENGAGNE T., BULLIFFON F., 2014.- La chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum) dans le département de l’Ain. Le Bièvre, 26 : 38-39.

- DRUESNE C., DOUTAU B., LOPEZ J.F., PACCARD P., PANTALACCI M., 2014.- Mobilisation du bois et maintien des petites chouettes de montagne, comment faire ? Le Bièvre, 26 : 83-92.

- MULLER Y., 2014. – Sites et loges de nidification de la Chevêchette d’Europe Glaucidium passerinum dans les Vosges du Nord. Ciconia, 38 : 53-61.

- PROVOST A., 2014.- Les petites chouettes de montagne dans le département de l’Isère. Le Bièvre, 26 : 43-45. Chevêchette d’Europe 2014 - BLACHE S., TROCHARD G., BARBARO L., 2014.- Distribution spatiale et densité de la chevêchette d’Europe sur la Réserve biologique intégrale des HautsPlateaux du Vercors. Le Bièvre, 26 : 34-37. - CHARRIÈRE P., DOUTAU B., 2014.- Suivi de la chevêchette d’Europe en Haute-Savoie. Le Bièvre, 26 : 50-52. - DAVID G., TRAVERSIER J., 2014.- La chevêchette d’Europe dans la Drôme. Le Bièvre, 26 : 4243.

- TROCHARD G. ., 2014.- Étude de la chevêchette d’Europe dans le massif du Vercors. L’Oiseau magazine, n° 114 : 82-85. - WIESNER J., 2014.- Periodische Schwankungen der Brutgrösse beim Sperlingskauz – eine 35-jährige Langzeitstudie in Thüringen. Eulen-Rundblick, n° 64 : 25-27. Chouette de Tengmalm 2014 - BULLIFFON F., 2014.- La chouette de Tengmalm (Aegolius funereus) dans l’Ain. Le Bièvre, 26 : 39.

- HAHN G., 2014.- Etat des connaissances sur la chouette de Tengmalm en Savoie. Le Bièvre, 26 : 46-48. - HENRIOUX P. et le GERNOV, 2014.- Etude d’une population de Chouette de Tengmalm dans l’ouest du Jura. Synthèse après 29 années de recherches. Groupe d’étude sur les rapaces nocturnes de l’Ouest vaudois, Payerne, rapport 6 p. - RAVUSSIN P.-A., LONGCHAMP L., TROLLIET D., DAENZER C., FREY C. et FLÜCK R., 2014. Chouette de Tengmalm. Bilan de trente années de suivi. Groupe ornithologique de Baulmes et environs (GOBE), Baulmes, rapport d’activités 3 p. Les rapports du GOBE sont disponibles à l’adresse suivante : http://www.chouettegobe.ch/php/rapports.php par Yves Muller yves.muller@lpo.fr

- CHARRIÈRE P., DOUTAU B., 2014.- La chouette de Tengmalm dans le département de la HauteSavoie. Le Bièvre, 26 : 52-53.

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Ce bulletin est le vôtre ! Pensez à nous transmettre vos articles, brèves, anecdotes de terrain. Ils sont toujours les bienvenus pour alimenter et enrichir les numéros de ce bulletin Tengmalm et Chevêchette. Continuez aussi à nous envoyer vos photos et dessins. Ils sont fort utiles pour illustrer et égayer ce bulletin. Enfin, vos remarques, critiques et suggestions sont toujours les bienvenues pour que ce bulletin s’améliore d’année en année. Merci d’avance pour vos contributions.

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Appel à textes et illustrations

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par Fabienne David LPO Mission rapaces fabienne.david@lpo.fr

Chevêchette et Tengmalm

Actualités des réseaux

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Rencontre des réseaux « chevêche et effraie » A noter dans vos agendas, la prochaine rencontre des réseaux chevêche d’Athéna et effraie des clochers aura lieu les 17 et 18 octobre 2015, à la Maison familiale rurale de l’Ouest lyonnais, à Sainte-Consorce dans le Rhône. Pour plus d’informations, contactez les organisateurs :

Site web http://rapaces.lpo.fr/ chevechette-tengmalm Pensez à l’utiliser ! C’est un moyen pratique pour partager et échanger vos connaissances et découvertes. Il vous suffit de demander un accès sécurisé auprès de la Mission rapaces de la LPO (rapaces@lpo.fr). Vous pouvez aussi vous inscrire au page 16

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Laurent Lavarec (laurent.lavarec@lpo.fr) pour la LPO Mission rapaces et Aurélien Salesse (aurelien.salesse@lpo.fr) pour la LPO Rhône.

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