LOUIS XII

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MAGAZINE

HANNI EL KHATIB SAISON 3 . SEPTEMBRE . OCTOBRE . 2013


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NEWS TÉLÉPORTATION RENAR HENRI-JEAN DEBON HANNI EL KHATIB CEZAIRE ANOTHER RECORD

COUVERTURE : NICK WALKER

Louis XII

septembre - octobre 2013 38 rue Mirabeau 37000 Tours

DIRECTION DE LA PUBLICATION DIRECTION ARTISTIQUE Cédric Neige 06 16 33 61 74 cedric@louismagazine.com RÉDACTEUR EN CHEF De Antonio ÉQUIPE RÉDACTIONNELLE louis@louismagzine.com De Antonio Viki K Jimmy Shochak Clément Poirier Julien CHRONIQUEURS Viki K Jimmy Shochak CORRECTIONS Maîtresse PUBLICITÉ / PARTENARIAT cedric@louismagazine.com 06 16 33 61 74 DIFFUSION Louis magazine et Wombat sur Paris DESIGN ET MAQUETTE Eleven - www.eleven-studio.com UN GRAND MERCI À Alexandra Collin, Martine Marzloff, Laurent Sancier, Adrien Levinger, Anicée Sedaghat, Nadia Chevalerias, Richard Gauvin, Vanessa Oberin, Kita Lantman, Jean Edouard Germain. Et Bienvenue à Antonio Louis ©2013 - France

Toute reproduction des textes et images publiés dans Louis nécessite l’accord préalable des auteurs. Louis © est une publication de l’asso Omnicube (loi 1901) Dépot légal SEPTEMBRE 2013. Numéro ISSN en cours. Imprimé sur un papier Offset 120g/m2

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ALORS, ÇA GAZE ? Je dédie ce numéro de rentrée à tous ceux qui ne sont pas partis en vacances : ceux qui n’ont pas les moyens, ceux qui n’aiment pas partir, ceux qui sont trop occupés à travailler. Ceux qui attendent un heureux évènement, ceux qui en ont connu un triste, les malades, les mourants et les déjà morts. Pour cette nouvelle rentrée, n’attendons rien et espérons tout. L’espoir n’appartient à personne. La seule chose dont nous sommes certains c’est la force que nous mettons à développer nos passions, et si celle-ci ne remplit pas toujours les poches, elle comble les cœurs. C’est pour cela que dans ce numéro nous mettons à l’honneur des personnes qui chaque jour se lèvent avec la seule envie de vivre leur passion, avec plus ou moins de réussite, mais peu importe. À nous tous de faire la même chose ou au moins de tenter. Quelque soit le but que nous nous fixons, sachons apprécier les joies et les tristesses que la route nous menant à celui-ci nous offre. Peut-être que la France est à plaindre, peut-être… mais si certains pays sont mieux lotis, d’autres connaissent le véritable enfer, comme celui qui gaze tout ce qui vit : enfants, adultes et espérances. La vie devient ce que nous en faisons… DE ANTONIO


Design graphique

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NEWS

C’EST FRAIS

LA FEMME

AGENDA

DANSE - CONCERT

BIENNALE DE LYON

CLAIRE DITERZI TURBULENCES AU CCNT À ORLÉANS

DU 12 SEPTEMBRE AU 5 JANVIER LYON

FESTIVAL SCOPITONE DU 17 AU 22 SEPTEMBRE STEREOLUX - NANTES

NIVEK

28 SEPTEMBRE LE TEMPS MACHINE - JOUÉ-LÈS-TOURS

SURVET’PRESTIGE 5 OCTOBRE CHATO’DO - BLOIS

ARCHI

Le CCNT ouvre sa saison avec un concert dansé unique avec Claire Diterzi, Seb Martel et les danseurs du CCNT, ainsi que d’autres surprises chorégraphiques ! 20 ET 21 SEPTEMBRE - CCNT www.ccntours.com

Le 14 septembre, “Turbulences“ le nouveau FRAC Centre ouvre ses portes à Orléans. Sa vocation : la diffusion de l’art contemporain et de l’architecture. LES TURBULENCES - FRAC CENTRE 88 RUE DU COLOMBIER - ORLÉANS www.frac-centre.fr

SOIRÉE

ENFILE TON SURVET’

C’est une belle séance de remise en forme que vous propose le Chato’Do pour cette première soirée, qui lancera la 19e saison du Chato’do. Au programme de cette journée marathon, du spectacle de rue décalé, des cours de gym endiablés, des DJ sets acidulés, le tout déguisé avec un seul mot d’ordre : Survet’Prestige ! SAMEDI 5 OCTOBRE - CHATO’DO - BLOIS www.chatodo.com

QUIKSILVER PRO FRANCE DU 27 SEPTEMBRE AU 7 OCTOBRE HOSSEGOR

LA FEMME

10 OCTOBRE LE TEMPS MACHINE - JOUÉ-LÈS-TOURS

BEBOP FESTIVAL

SÉRIE

DU 16 OCTOBRE AU 16 NOVEMBRE LE MANS

LAZY COMPANY

BERTRAND BELIN 19 OCTOBRE CHATO’DO - BLOIS

La saison 2 de Lazy Company a été tournée cet été en Touraine et devrait être diffusée en 2014. En attendant, le dvd de la saison 1 sortira en décembre. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Lazy Company est une comédie d’aventures drôle et décalée aux saveurs d’Inglorious Basterds, de Kaamelott et de Band of Brothers. La série est réalisée par les tourangeaux Samuel Bodin et Alexandre Philip et produite par Six Pieds sur Terre, on y retrouve dans la distribution Alexandre Philip, Antoine Lesimple, Alban Lenoir, Benoit Moret, Gilles Bouillon, Thomas VDB...

FESTIVAL ROCKOMOTIVES DU 26 OCTOBRE AU 2 NOVEMBRE VENDÔME

GIRLS IN HAWAÏ 29 OCTOBRE CHATO’DO - BLOIS

FESTIVAL SCOPITONE DU 17 AU 22 SEPTEMBRE STEREOLUX - NANTES

HANNI EL KHATIB 12 NOVEMBRE LA CIGALE - PARIS

www.sixpiedssurterreprod.com

EXPOSITIONS

ERNEST PIGNON-ERNEST JUSQU’AU 16 OCTOBRE Prieuré de Saint-Cosme La Riche www.cg37.fr

FRÉDÉRIC LE JUNTER JUSQU’AU 29 SEPTEMBRE Domaine de Candé Monts www.cg37.fr

MONSIEUR PLUME

DU 7 AU 28 SEPTEMBRE La Boîte Noire 59 rue du Grand Marché - Tours www.monsieurplume.com

9E ARCHILAB

DU 14 SEPTEMBRE AU 2 FÉVRIER Les Turbulences - Frac Centre 88 rue du Colombier - Orléans www.frac-centre.fr

12E BIENNALE DE LYON

DU 12 SEPTEMBRE AU 5 JANVIER Biennale de Lyon Lyon www.labiennaledelyon.com

www.cg37.fr

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GLISSE

RENCONTRE

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PROPOS RECUEILLIS PAR : CÉDRIC NEIGE PHOTOGRAPHIE : CLÉMENT HARPILLARD

N’essayez pas, il n’y a que Julien qui peut se téléporter de la place de la Monnaie (Tours) à la place Royale (Nantes). Ses maîtres à penser ne sont pourtant pas David Cronenberg (La Mouche) ou Spock mais plutôt Tony Hawk. Qui es-tu ? Salut, moi c’est Julien. Mais tu peux m’appeler Julz ou …Bobons !! 28 ans, même si j’en fais 12. Créateur de A La Bonne Planchette avec Alexis Jamet (…enfin j’ai fait tout le boulot, faut pas déconner !). Skater, golfer… j’aime tout ce qui touche aux “belles” choses : la créativité, les tendances. Rien à voir avec les effets de mode style Mac Miller et tout le bordel… Toujours prêt pour passer un bon moment et profiter de la vie ! Quel est ton parcours ? Orf, c’est un peu le bazar mais je dois avouer que je m’en suis pas trop mal sorti, enfin faut pas rêver, y a des heures de boulots au compteur. En gros après mon bac j’ai fait une école de commerce de bobo que j’ai arrêtée au bout de la deuxième année. J’ai fait une saison en montagne pour faire du snow et puis je me suis remis en tête de faire des études mais en alternance cette fois. J’ai donc commencé un BTS en bossant chez Neway (un shop de glisse) à Nantes et au milieu de la 2ème année, on m’a proposé un taf super à Hossegor. Je gérais un gros gros skateshop avec des employés et tout le tintouin. Ça s’est très bien passé mais au bout de 2 ans j’avais envie de nouveauté. On a donc eu l’idée de créer notre propre skateshop avec Alex, sur Tours. Apres un business-plan aux petits oignons et une présentation incroyable devant les banquiers (en retard, pas réveillés, la totale quoi) ils étaient partants pour porter notre projet! Et on a ouvert notre boardstore en août 2011. A côté de ça je reste un passionné : loin des compétitions et du game, je recherche surtout le côté créatif et original du skate, en plus de passer un bon moment avec mes amis. Je trouve que c’est ça le noyau du skate, se réunir autour d’une même passion et pratiquer ensemble. Je ne comprends pas l’intérêt d’aller au skatepark, mettre ses

écouteurs et faire l’autiste, y a tellement de trucs a partager !!!! Comment t’es venue l’idée de t’installer à Tours et de monter le boardshop « A la Bonne Planchette » ? Comme la plupart des beaux projets (oui, c’est Notre beau projet), c’est parti d’un délire en soirée. Alex, qui bossait chez Billabong à l’époque, et moi passions pas mal de temps ensemble. Un soir, il commence à me parler de Tours : plus aucun skateshop, c’est quand même fou après Skate Pistols et toute l’histoire skate de Tours. Du coup, on se dit en rigolant “ Allez, on le fait !”. On délire là-dessus pendant la soirée et ça m’est resté dans la tête. L’idée a muri, on a bossé dessus, on s’est rendu compte qu’il y avait vraiment une carte à jouer et paf !!!! Ça a fait la Planchette ! Tu t’apprêtes à te téléporter à Nantes, quelle mouche t’a piqué ? Yep. Premièrement c’est une ville qui me parle: très dynamique, jeune, beaucoup de projets culturels. C’est une grande ville… à taille humaine. J’y ai beaucoup d’amis là-bas, et ma famille aussi. Je voulais aussi me rapprocher de ma chérie, pour enfin passer plus de temps avec elle ! Et puis je me sentais prêt à passer la main. La téléportation ça fait mal, tu ressens quelque chose ? Qu’est-ce que tu racontes ? Mon télé-transporteur c’est ma Benz de gitan. Elle a 300.000 Km au compteur et marche toujours aussi bien. Elle a pris quelques coup mais bon c’est qu’une voiture, j’me vois pas encore avec ma peau de chamois pour faire briller ma 206 !!!

A La Bonne Planchette de Tours restera ouvert, qui va te remplacer ? Alors après un millier de candidatures, on a sélectionné Flo (Florian Boutin). Il skate pour le shop, on s’entend très bien et il bossait déjà dans le commerce, donc ça collait vraiment bien. Et puis Flo s’active pas mal sur la scène skate tourangelle en plus d’avoir un pop qui fait flipper les gosses à chaque contest ! Quelles sont les autres nouveautés en septembre ? (Le site, de nouvelles marques, des expos, des contests ?). Septembre va être bien remplit. Même si je suis moins souvent au shop, je reste en contact tous les jours avec Flo pour m’assurer que tout va bien. On est en train de rentrer, Volcom et Chanel ne devrait pas tarder. On souhaite organiser un vernissage pour célébrer les 2 ans du shop (fin septembre début octobre) avec des petits toasts et un chouette apéro. Et normalement si tout va bien le Sketchy Sunday (un contest organisé par l’asso Deval de Loire) devrait avoir lieu dans les mêmes dates. On est aussi en train de mettre en place un site de vente en ligne … Stay Tuned ! Un dernier mot avant que tu ne te téléportes ? Trop tard !!! Je suis déjà parti héhé ! Je souhaite tout même remercier tous les gens qui me/nous supportent depuis l’ouverture : Alice, Papa, Maman, Patou (bar du vieux château <3 ) et Flo, Alexis bien sûr, Margo, Max, Jo Dez, Luce et Nils, Flo B, Nico B, Toto, Harpi, Grenzen, Chouette, Renardo, l’équipe de Des cheval, Louis mag et notre banquier !!! www.alabonneplanchette.fr

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ART

TEXTE : DE ANTONIO VISUELS : RENAR ET JEAN BAPTISTE BARBIER

PEINTURE

J’ai croisé Renar pour la première fois il y a quelques mois à Tours dans son ancienne tanière, mi-atelier, mi-squat. J’ai alors découvert l’univers de cet artiste, une partie de ses œuvres et très rapidement, trop rapidement, l’animal. Trop rapidement car je sais aujourd’hui que l’image que j’ai gardé de lui à l’époque était fausse. Un grand gars plutôt sûr de lui et de son travail, c’est ça que j’avais comme souvenir. Mais comme il le fait lui-même dans son travail, il fallait gratter en surface pour découvrir l’homme. Ce que j’ai fait il y a quelques jours, toujours à Tours, place Plumereau.

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l fait chaud. En ce mois d’août le temps est à la détente et à la décontraction pour beaucoup de gens mais pas pour lui. Originaire de SaintAvertin, Renar, ou plutôt de son véritable prénom, Pierre, est un artiste plongé dans la recherche et dans le doute. Comme beaucoup, il est le fils de ses parents et, plus rare, frère de son jumeau. Justement, avec son jumeau ils jouent au basket et dessinent depuis qu’ils sont gamins. Ils ont le même parcours jusqu’au bac. L’un l’obtient, l’autre aussi, mais un an plus tard. L’autre c’est Renar. Après une scolarité moyenne, il rentre à l’école Brassart où il se destine à devenir graphiste publicitaire. C’est un nouveau départ pour lui, nous sommes en 2006. En 2010, à la sortie de l’école, il crée avec des potes un collectif de graphistes. C’est aussi à ce moment qu’il gagne son nom d’artiste. Ils décident tous de prendre un nom d’animal. Lui, commence à triper autour du dessin animé « Renard Chenapan ». L’aventure du collectif dure peu de temps. Il a tout de même le temps de créer lui-même tout l’aspect graphique du site Internet de l’agence de design et de communication RCP. Il se met enfin à la peinture. De son style, il en parle simplement : « Quand j’étais encore à Brassart, pendant les vacances je faisais des portraits pour les copains, pour les anniversaires ou pour d’autres occasions. Je faisais ce que j’appelais à l’époque des Kodalites améliorées, avec des pinceaux, un peu à l’arrache, pour faire des trucs assez rapides, qui rendent bien et pour que mes potes soient contents ». Un jour, après la période Brassart, il dessine le portrait de Mos Def pour l’un de ses meilleurs amis, il se loupe sur un détail et commence à gratter la peinture au cutter : « Chose qui était complètement interdite à Brassart, on se faisait taper sur les doigts quand on grattait avec le cutter. Du coup je me suis trouvé face à un truc qui n’était pas inintéressant en fait. J’ai fini le dessin, j’ai un peu gratté à d’autres endroits et j’ai trouvé le contraste assez direct ». Il travaille la technique, la développe : « J’ai commencé à dompter quelque chose qui était plutôt destructeur à la base ». Il lui faut en moyenne une trentaine d’heures pour voir naître la vie sur des formats de 1.10 x 0.75m et travaille essentiellement sur des portraits d’artistes tous azimuts. Vu comme ça, tout a l’air simple et beau, mais non. Quand je demande au Monsieur quel statut il a, il me répond sincèrement :

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« Rien du tout, j’ai été auto-entrepreneur quand je faisais encore un peu de graphisme. Il faut que je m’inscrive à la maison des artistes mais moi je ne suis pas trop papiers, alors je tarde un peu à me foutre dedans. Il faudrait que je commence à me bouger le cul un peu… ». Sur l’aspect “démarchage commercial“, et malgré le soutien de beaucoup de monde, et notamment de l’artiste Yann Couedor, il reconnait volontiers qu’il a encore du travail : « J’ai un peu de mal à vendre mon travail dans le sens où je n’ai pas trop la démarche ni le discours, du coup je suis encore confronté à ça, bosser à coté… ». À 26 ans, il sait que le chemin vers la reconnaissance est encore loin. Pour l’instant, ce qu’il veut c’est produire un maximum. S’il maîtrise parfaitement sa technique, ce qu’il veut maintenant c’est prendre du plaisir, s’amuser artistiquement et transmettre des émotions à travers ses œuvres. D’ailleurs, en ce moment il commence à détourner des visages d’artistes. Il a commencé avec Mick Jagger en zombie et Barack Obama en mode gangsta de L.A.. Mais quelle est sa technique exactement ? : « J’ai ma feuille blanche, je refais rapidement le dessin au crayon de bois avec les zones de noirs et les zones de lumières franches. Après j’utilise des pinceaux que je casse en deux. J’utilise l’envers du pinceau que je bizote avec un cutter et c’est avec ça que j’applique la peinture au fur et à mesure. Au bout d’une heure je commence déjà à gratter pour créer un peu de matière. Je ne nettoie jamais mes pinceaux, ils deviennent une sorte de bouquets de poils durcis qui seraient inutilisables pour tous les autres artistes mais moi je m’en sers comme tampons, je fais une trame avec ». Sa hantise, comme tout artiste qui se respecte, c’est de devoir tout arrêter pour trouver un “vrai boulot“, car il faut bien manger. Il a été pion dans son ancien lycée ou livreur de pizzas en scooter: « C’est un peu ma phobie en fait. J’essaie de faire confiance aux gens quand ils me disent que ça va marcher. Je me dis qu’il y a moyen d’en vivre. Vu que j’ai une nature assez pessimiste, je me dis que ce n’est pas forcément les gens qui sont bons qui sont reconnus. Il faut vraiment se battre et bosser à fond. Et puis des fois je me dis que je ne serai peutêtre pas plus mal à faire un boulot à temps plein, arrêter la peinture et avoir de la tune… ». Entre les jours où il a envie de tout arrêter et puis ceux où il retrouve l’énergie de sa passion, l’équilibre est donc

fragile : « Et puis il y a des jours où rester tout seul chez soi est un peu déprimant. Pour le moment, un jour je suis content et je me dis que c’est bien, un autre jour je me dis que ça ne sert à rien… ». A cet instant l’image que j’avais de lui s’évapore et laisse la place à un artiste tourmenté, à un mec plutôt attachant qui a autant besoin de critiques franches et constructives que de regards bienveillants : « J’ai plus tendance à voir ce qui me gêne, le petit détail, la petite subtilité. Pour un artiste c’est censé être une qualité… j’imagine. Dans ma tête c’est un peu le bordel… (Sourire) ». Renar est à un point de sa vie où il a la chance de pourvoir encore choisir son destin : la passion aventureuse et instable ou la normalité d’une vie confortable. Pouvoir aller jusqu’au bout de lui-même, toucher le fond puis remonter à la surface et apercevoir enfin la lumière. Faire définitivement de son art le média de son âme. Il faut du temps pour ça. Le futur, comment le voitil ? : « Je suis toujours flippé sinon je ne ferais plus rien de bien. Je suis dans le flou total, on avance et on verra ce que ça donne ! Moi je mets mes tripes là-dedans, je bosse la nuit et je ne dors pas. Après tout, ça ne fait que deux ans que je fais ça. Je ne suis pas croyant mais je fais confiance au destin, jusque là j’ai fait à peu près les bonnes rencontres au bon moment…». Et de belles rencontres il en a fait pas mal. Il travaille étroitement, par exemple, avec le groupe tourangeau Chill Bump pour lequel il s’occupe en partie de la communication visuelle. À propos de Tours et de ses artistes, il reconnait volontiers et avec plaisir la solidarité qui existe entre eux et affiche son respect envers Huit, Drop ou encore Monsieur Plume. Bourré de talent, riche de patience et plein de courage, peut-être qu’un jour il deviendra une marque intergalactique comme Obey (ce qu’il ne désire pas forcément…) car en ce moment, quelque chose se profile du côté des States mais chuut, c’est encore un peu prématuré pour en parler… Pour l’instant tout ce que l’on peut lui souhaiter, c’est simplement de continuer à mettre dans le regard de ses personnages cette fantastique étincelle de vie… Et comme il aime à le dire : « Bien mais nul… Rien n’est jamais bien, il y a toujours moyen de mieux faire ». www.facebook.com/renar.chenapan


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FILM

TEXTE : VIKI KEFALEA PHOTOGRAPHIE : DIDIER ROBSIS

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L’homme... pressé aimé Avec une Super-8 dans les mains dès l’âge de quatorze ans, HJD s’immerge dans sa passion : l’image. Après une longue collaboration avec Noir Désir ainsi que d’autres artistes comme Asian Dub Foundation & Sinead O’Connor, Louise Attaque, Dominique A, Dionysos, Luke, Eiffel, AS Dragon ou même les Thugs, le réalisateur se consacre désormais à son concept LCD Vidéosystem et à la fiction. Ce discret parisien exilé du côté de Marseille se confie sur une partie de sa vie, son parcours, en quelques lignes dans notre magazine. Henri-Jean, es-tu un homme aimé ? Je ne comprends pas vraiment la question. Si j’étais quelqu’un de connu, elle aurait peut-être un vague intérêt, mais ça n’est pas le cas. Sinon, en philo au bac, pourquoi pas. Avant d’entrer dans le vif du sujet, petite question. Tu as été le stagiaire d’Etienne Chatiliez et de Jean-Pierre Jeunet. La classe, non ? Non. Rien de classe là-dedans. C’était un parcours. Il se trouve que ces cinéastes-là (il y avait Beineix aussi que j’ai assisté un peu) ne sont pas des gens dont j’admire le travail aujourd’hui, alors… Jeunet, avec qui j’ai le plus longtemps travaillé à l’époque, a été particulièrement gentil, attentif, avec toujours le souci de m’apprendre quelque chose, et ce sans le moindre paternalisme. Je lui en suis vraiment reconnaissant, et j’ai de très bons souvenirs, mais je n’aime pas trop ses films. Tu as travaillé avec de nombreux artistes, lesquels t’ont le plus marqué ? (En bien ou en mal). Il y en a un qui m’a beaucoup marqué au début, quand je travaillais essentiellement pour les majors, c’est Dominique A. Il passait - et passe encore - pour quelqu’un de plutôt cérébral, mais parmi ceux que je rencontrais à l’époque, c’était celui qui se posait le moins de questions. Surtout les superflues, il savait très bien les éviter. C’est difficile de dire de quelqu’un qu’il n’a aucun ego, mais disons que Dominique a un ego… discret, et jovial. Il y avait dans le clip certains plans où il

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paraissait fatigué, ou plus vieux qu’il n’était. Le label voulait les enlever. Dominique est intervenu, mais sans grand discours, sans éclat, juste avec fermeté, et précision. Et il savait très bien que ces plans n’étaient pas comme on dit - à son avantage. Par contre il y en avait d’autres où il se plaisait, et il n’hésitait pas non plus à en parler. À propos d’un plan il m’avait dit «Wouah…! On dirait Scott Walker !», et ça le faisait rigoler. Cette simplicité-là vis-à-vis de son ego, c’est très très rare. Est-ce que c’est l’artiste qui te choisit ou bien est-ce le contraire ? Au final, c’est toujours l’artiste, ou la maison de disques. Ce sont mes employeurs. Peux-tu nous parler de ton expérience avec Noir Désir ? Il y aurait vraiment trop à dire, ça s’est quand même étalé sur une douzaine d’années, mais pour moi, très égoïstement, ça a été en tout cas une incroyable école. On me laissait faire ce que je voulais, ou presque, et j’avais les moyens pour. J’ai pu chercher, expérimenter, apprendre. On a travaillé sur tellement de formes et de formats différents… C’était aussi ce qu’appelait l’idée globale, c’était mon fil conducteur : je voulais qu’on ne puisse limiter le groupe à rien, qu’on ne puisse l’enfermer nulle part. Qu’il soit incernable. Après, il y a eu des conflits, des

incompréhensions aussi. Je pourrais développer, parce que les sujets de conflit n’étaient pas inintéressants, mais encore une fois ce serait trop long. Parmi tous les clips réalisés pour Noir Désir, tu as été nominé aux victoires de la musique en 98 pour « L’homme pressé ». La consécration ou le début d’une remise en question ? Si le clip était nominé, ça n’était évidemment pas pour ce qu’il était. C’était un peu «l’année Noir Désir», ça aurait pu être n’importe quoi, n’importe quel clip. Je dis ça, mais je n’ai rien contre les prix. On venait d’en récolter trois au Midem pour «Un jour en France» - le grand prix, le prix de la mise en scène et celui du meilleur scénario -, j’en aurais bien engrangé d’autres.


Tu as fait des clips à gros budget et des co-prod avec Canal +. Aujourd’hui tu n’es plus dans cette optique là. Est-ce un choix ou a tu été dans l’obligation de t’adapter pour survivre ? Définitivement la deuxième option. Après, on choisit sa manière de survivre. Peux-tu nous parler de LCD Videosystem ? L’idée est venue des Danielson Family, un groupe du New Jersey dont je suis fan depuis une quinzaine d’années. En 2008, pour leurs dix ans d’existence, ils ont demandé à dix réalisateurs de chacun choisir un morceau du groupe, et de le mettre en images. On avait 1000 euros et une carte blanche absolue. Ils ne voulaient rien savoir, juste recevoir le clip terminé. C’était la grande époque de Myspace, et j’étais en contact avec des groupes qui n’avaient ni label ni gros budget pour un clip. Je leur ai proposé cette formule-là, 1000 euros tout compris. Trois ans et une trentaine de clips plus tard, c’est une formule dont je ne me suis toujours pas lassé. Principalement pour deux raisons. La première, c’est qu’il n’y a ni intermédiaire ni délai. Quand l’idée est trouvée et qu’elle plaît au groupe, on tourne tout de suite, ce qui tient au frais l’énergie de l’écriture. La seconde raison concerne les moyens. J’établirai un jour la liste de tout ce qu’on pu s’offrir - parce qu’on avait rien - et qu’on n’aurait définitivement pas pu s’offrir si on avait eu des mille et des cents. C’est explicable, mais ça reste incroyable. Quel est le clip pour lequel tu as mis le plus de temps et à l’inverse, celui qui a été le plus rapide à réaliser? «Hollywood Babylon», pour Mad River, est celui qui a pris le plus de temps. Ça s’est étalé sur quatre mois, entre le travail sur la chorégraphie, la récupération d’images, le montage qui a duré presque un mois. D’autres, comme le Peter’s Project, le Love Toy, ou le Cornflakes Heroes (mon préféré de tous je crois), ne m’ont pris que deux ou trois jours, montage compris. Tu tournes aussi des courts-métrages fiction, qu’est-ce qui t’attire dans ce genre ? Je ne le considère pas comme un genre. C’est une durée, c’est tout. À mon avis, tout ce qu’il faut fuir dans le court-métrage, c’est justement le genre : la bonne idée et la concision. Dans un film de quatre heures, on peut vouloir fournir l’effort de concision, mais dans un film de dix minutes il faut qu’il y ait autre chose quand même. Quel est le « bébé » dont tu es le plus fier ? Bon, je passe vite fait sur cette analogie-là, qui me pose problème … Déjà, nos enfants - comme le disait Gibran - ne sont pas nos enfants. Mais alors les films… Bon… Jusque là, le film dont je suis le plus fier je crois s’appelle «Lunch». C’est un long documentaire sur… des filles. Le film date de 2010, mais pour des raisons compliquées à expliquer ici, il a été très peu vu, malheureusement. Il devrait être projeté à Marseille à la rentrée.

Parle-nous d’un moment inoubliable pendant un tournage. Il y en a un qui me vient là, mais un peu au hasard, parce qu’il y en a quand même sur la plupart des tournages. C’était sur «Lost», clip pour Noir Désir, sur lequel il y avait beaucoup d’argent et beaucoup de monde. On tournait de nuit, en forêt, par un froid glacial. J’étais dans un état un peu second de fatigue, à cause du projet, mais surtout à cause de mon père, qui était très malade. À un moment, tard dans la dernière nuit de tournage, je regarde vers la caméra, je vois l’assistant opérateur qui change la bobine, et je ne le reconnais pas. À côté de lui, il y avait deux machinistes, pareil, ils m’étaient totalement inconnus. Je tourne la tête vers les électriciens, je ne les avais jamais vus. Je ne reconnaissais plus personne. Je me suis dit «mon pauvre, ça y est, c’est fini, le peu de neurones qui te restait…». En fait, à cause de la longue nuit, il y avait eu une rotation de l’équipe-image, et je n’étais même pas au courant. Ça n’a pas duré très longtemps, mais j’ai vraiment eu peur. Quelles sont tes inspirations au niveau cinématographiques ? Straüb & Huillet, Bresson, Godard, Duras. Et puis Pialat, et Ford. Après la liste est trop longue. Penses-tu que, pour certains groupes, l’image a pris le pas sur la musique ? Pour absolument tous sans exception, mais ça depuis tellement longtemps, depuis toujours presque. C’est peut-être plus évident depuis une trentaine d’années, parce que l’image a pris le pas sur tout. Mais même quand il y avait moins d’images, jusque dans les années 70, le peu d’images était déterminant. Il suffisait d’une pochette, d’une photo, d’une coupe de cheveux. L’image, c’est un fantasme, quel qu’il soit, et on peut difficilement lutter. La musique, même la plus simple, demande quand même un peu d’attention. Et cette attention, dans un premier temps, elle est orientée, brouillée, faussée par l’image. Mais le sujet est compliqué, parce que l’image existe même à l’intérieur de la musique. Une voix, à la première écoute, c’est une image. Tu as été le chanteur du groupe de rock alternatif parisien Quincannon. Tu peux nous en dire quelques mots? On a sorti trois disques. Il m’arrive de retomber sur l’un ou sur l’autre de temps en temps, et j’aime bien ça, surtout quand ça fait longtemps. Quand ça fait longtemps, certaines chansons, quand elles commencent, je ne sais plus où elles vont aller. Les structures étaient comme ça, c’était l’école buissonnière. Après, ma voix me saoule vite, mais il y a de très bons morceaux, et à mon avis il y a surtout dans Quincannon les plus belles guitares - je parle des guitares lead, pas des rythmiques - de toute l’histoire du rock français. Je le pense sérieusement. Envie de remonter sur les planches ? Non, mais je n’ai jamais vraiment eu envie. J’aimais composer, jouer, chanter, travailler en

groupe, répéter, tout ça oui. Mais aller se montrer sur une estrade, non. Cette horreur-là a souvent pris le pas sur l’idée de jouer de la musique à des gens. Je n’ai vraiment pris du plaisir qu’au tout premier concert, et puis aussi au dernier, ou à l’avant-dernier je ne sais plus, un qui était très joyeux en tout cas. Quel est l’album que tu écoutes en ce moment ? «String quartets I & II» de Janacek, par l’Alban Berg Quartet. Je sais comment cela peut être perçu de dire ça, mais je n’écoute quasiment plus que du classique. J’ai entendu Janacek pour la première fois à Beyrouth l’hiver dernier grâce à Serge Yared, le chanteur des Incompetents. Et c’était ça, les «String quartet II», qui sont des lettres musicales adressées à une jeune femme dont il était amoureux, et qui avait quarante ans de moins que lui. Avant ça, presque tout l’été, j’ai écouté «Sur un chemin broussailleux», de Janacek toujours. On y entend de tout, des éléments qui semblent avoir inspiré le ragtime, d’autres choses très contemporaines, mais c’est le premier compositeur de classique qu’il m’arrive d’écouter comme on écoute de la musique populaire. Où habites-tu et que vois-tu à travers la fenêtre de chez toi ? J’habite à Marseille, à flanc de colline, dans un endroit qui m’évoque autant le Mexique que la Suisse. On se croirait sur une île aussi, en Corse ou au Japon. De la fenêtre de mon bureau je vois quelques pins, dont un gigantesque. Derrière, il y a la colline d’en face, et beaucoup de ciel. Si tu avais le pouvoir de changer une seule chose dans ton passé, laquelle serait-ce ? Je passerais mon tour. Une seule chose je ne pourrais vraiment pas. Je changerais tout, absolument tout, sans exception. Ce serait rigolo. Quel est ton prochain projet ? Un film qui s’appelle «Terre à Terre», sur les relations qu’ont entretenues les premiers colons français et des tribus indiennes du Canada. Sur ce qui aurait pu advenir de cette union, si elle avait perduré, si les Anglais n’en avaient pas décidé autrement. Mais ça se passe aujourd’hui. C’est un énième film sur les grandes utopies, mais il y est question aussi de spiritualité, notamment la spiritualité de bazar, Paulo Coelho, tout ça… Pour finir, peux-tu te résumer en quelques mots ? C’est une horrible question-piège, et c’est inextricable. Si je dis non, c’est une terrible prétention : dire qu’on n’est pas définissable comme ça, «en quelques mots», c’est sûrement faux en plus. Pour autant je vais décliner. On va dire que tu ne me demandes pas de me résumer, tu me demandes juste si j’en suis capable. Là encore, au bac philo, pourquoi pas, à la limite. http://hjdworkshop.free.fr www.facebook.com/lcdvideosystem

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EN COUV

MUSIQUE

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PROPOS RECUEILLIS PAR : JIMMY SHOCHAK PHOTOGRAPHIE : NICK WALKER


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amedi 1er juin, début officiel des vacances pour certains. D’accord, début officiel de mes vacances. Le réveil est compliqué, finalement elles ont commencé plutôt que prévu et se sont transformées en traquenard. La première bière, servie à l’origine pour finaliser le départ et l’interview prévu pour le lendemain, débouche sur un mal de crâne pré estival déclenché plus rapidement que prévu par les lueurs d’un soleil que nous n’attendions plus. Pas le choix, un Doliprane en guise de jus, un double brossage de dents, l’obligatoire café-clope et nous voilà partis pour Nantes. Pour la quatrième fois, Nantes accueillait le festival Indigènes. Cette édition avait particulièrement retenu l’attention de la rédaction. La soirée du samedi avait pour tête d’affiche : Hanni El Khatib. Un nom que beaucoup associent à notre Jojo National depuis qu’il s’est produit en première partie de son 27ème concert d’adieu. Passons. Hanni El Khatib, nous l’avions découvert en 2011. Avec «Will the Guns Come Out», ses riffs crasseux et son doux coté d’Amérique des années 50, 60 tout au plus, l’américain d’origine palestinienne avait pondu un premier album très complet. De ces 30 minutes d’un rock garage qu’il a remit sur le devant de la scène, on retient encore «You Rascal You» ou Fuck it You Win». Le 22 Avril dernier sortait son deuxième album, intitulé «Head in The Dirt», avec comme surprise la patte de Dan Auerbach à la production. Inutile de cacher que, lors de la soirée dont je vous ai parlé un peu plus tôt, l’album n’a pas cessé de tourner. Si l’on excepte un «Penny», chaud mais un peu trop moelleux, les 10 autres chansons sont validées. Mention spéciale à «Singing in The Sand» qui nous a littéralement explosé à la tête ou encore à «Pay no Mind» qui rappelle que Dan Auerbach est le producteur de cet album. C’est donc satisfaits qu’on nous nous dirigeons vers Nantes. Prêts, plus ou moins, à mettre au défi de la scène ce Hanni El Khatib. Au terme d’un concert électrique, et d’une rencontre, l’homme nous a définitivement convaincu. Entretien…

Peux-tu te présenter pour les gens qui ne te connaissent pas encore ? Je m’appelle Hanni El Khatib, musicien en provenance de Los Angeles en Californie. Je chante et joue de la guitare. C’est un bon résumé. Tu reviens en France avec ton second album «Head in the Dirt». Gardes-tu de bons souvenirs de ton dernier passage ? Oui, carrément. C’est la 8ème fois que je tourne en France maintenant. Je suis venu pour la dernière fois il y a quatre, voire cinq mois. Nous avons joué dans une émission pour Canal +. L’expérience était vraiment intéressante et nous a permis de faire découvrir les premiers titres de Head in The Dirt au public français. Tu as d’ailleurs rencontré Dan Auberbach binôme des Black Keys - dans un bar parisien et vous avez décidé de travailler ensemble. Tu peux nous en dire un peu plus ? J’étais dans le bar d’un ami à Pigalle, dans le Xème arrondissent. Le Pompon, voilà le nom du bar. Je mixais des disques lorsque le patron m’a présenté Dan. Nous avons commencé par parler de musique autour d’un verre. Au final nous avons parlés toute la nuit . Le lendemain on s’est revu, et on a gardé contact jusqu’à ce que je rentre au Etats Unis. Le Pompon est aujourd’hui fermé, c’est vraiment dommage, putain. Tu as décidé d’enregistrer cet album à Nashville, pourquoi ? Tout simplement parce que c’est là que se trouve le studio de Dan. Avant même de le rencontrer j’ai toujours eu envi d’enregistrer dans son studio, le Easy Eye Sound Studio. Je pensais le louer, et finalement une fois sur place on s’est dit « Pourquoi ne pas faire ce disque ensemble ? «

Et donc pourquoi «Head in the Dirt» ? A vrai dire je ne sais pas. Peut-être parce que c’est la première chanson de cet album. J’ai fait exactement la même chose pour «Will the Guns Come Out». L’idée de survie est présente avec Head in The Dirt. C’est l’humeur qui correspondaient le mieux à l’ensemble du disque. Justement, après le succès de ton premier album, est-ce que tu as ressenti de la pression lors de l’écriture de Head in The Dirt ? Non pas vraiment en réalité. Non pas du tout finalement. J’avais l’envi de faire de nouvelles choses, me faire plaisir. J’ai enregistré mon premier album tout seul, cette fois j’étais entouré de trois nouvelles personnes qui m’accompagnent pendant mes concerts également. Leur présence, celle de Dan, et l’ambiance lors de l’enregistrement ont beaucoup aidés également. Tu joues beaucoup aux Etats Unis. Y a t-il une différence entre tes concerts là bas et dans les autres pays ? Humm… Je dois avouer que oui. Aux Etats-Unis les concerts sont plus gros, il y a beaucoup de monde. Même dans les petites villes tu peux te retrouver à jouer devant 4 000 personnes, ou plus. Dans les autres pays, et plus particulièrement en France, je me produis dans des salles plus petites. Je peux vraiment ressentir l’énergie du public. Je ne suis qu’à quelques pas sur scène, c’est vraiment génial. Bon maintenant parle nous un peu de ton passé. Explique nous comment un directeur artistique d’une marque de skate devient chanteur ? Franchement je ne sais pas. Je dirais, peut être, grâce à la chance. J’ai toujours fait de la musique comme hobbies. J’enregistrais déjà des EP’s avant

Will the Guns Come Out (Bullfighter’s Heart par exemple). J’ai vraiment adoré mes années chez HUF, designé des tee-shirts, des skates, etc. Mais aujourd’hui je m’éclate vraiment dans la musique, j’adore faire des concerts, des tournées. Je ne considère même pas ça comme un travail à vrai dire. Aujourd’hui j’ai la chance de pouvoir en vivre. Travailles tu encore pour HUF ? Non je ne travaille plus du tout avec eux. Je ne suis plus vraiment dans le même univers qu’eux aujourd’hui. Les chaussettes avec des feuilles de cannabis… “fuck it“… Comment décrirais-tu ton style ? Vraiment simple. Je mets ce qui me passe sous la main. Une chemise en jean, un tee-shirt, et une vieille paire de bottines, c’est un peu ma tenue favorite. Je me produis sur scène comme je suis dans la vie de tous les jours. Comment tu décrirais ton style ? Vraiment simple. Je met ce qu’il me passe sous la main. Une chemise en jean, un tee shirt, et une vieilles paires de bottines, c’est un peu ma tenue favorite. Je me produit sur scène comme je suis dans la vie de tout les jours. Et sinon, San Francisco ou Los Angeles ? C’est difficile… Mais je choisirais quand même Los Angeles. C’est l’endroit parfait pour faire de la musique entre potes, chiller dans les bars ou la plage. Merci beaucoup Hanni. Pour finir, est ce que tu pourrais nous dire quelque chose en français ? « Wesh wesh je te kiff » www.hannielkhatib.com

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RENCONTRE MUSIQUE

PROPOS RECUEILLIS PAR : CLÉMENT POIRIER PHOTOGRAPHIE : CÉDRIC NEIGE

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Pour commencer, parles nous de tes débuts, comment t’es venue ta vocation ? J’ai rencontré mes amis de « Boule à facette » au lycée, c’était un blog de musique, d’échange musical, on faisait de la promotion. On était parmi les premiers blogs à faire ce genre de système et du coup des labels se sont intéressés à nous. Là j’ai commencé à voir une partie de la musique que je ne connaissais pas, c’était un peu l’envers du décor, c’est là que j’ai commencé à apprécier ce milieu et vouloir m’investir de plus en plus

vraiment de les aider à ce que ça marche pour eux, et qu’ils puissent en vivre. C’est ce qui est important. Comment as tu appris à faire ça ? J’ai appris sur le tas, à force de faire, de voir comment les gens faisaient, moi je ne savais pas faire, je recevais des mails et je regardais de quoi ils parlaient, je me suis renseigné. Pareil pour créer mon entreprise. Avec les gars de « Boule à facette » on a monté un label, on était sept dessus,

Posé sur son petit caillou au milieu de l’océan immense et hostile, ses millions de poissons et ses dangereux requins, Cézaire observe l’industrie musicale du bout de sa longue vue, et ne rêve plus d’y plonger. Il construit sa propre embarcation pour y naviguer en self-made man, accompagné de ses acolytes, prenant d’assaut le monde de la Nuit parisienne d’abord, le monde ensuite. dedans. Dès que s’est terminé « Boule à facette », chacun avait son truc à faire de son côté, l’un est graphiste l’autre juriste, chacun a pris sa voie. Moi je voulais rester dans la musique donc j’ai dû trouver un moyen de rester dedans, et ce qui m’intéressais vraiment c’est de pouvoir exprimer mes goûts musicaux. Le label pour moi était la meilleure solution, j’ai créé Roche Musique pour pouvoir mieux cerner ce que j’aime en musique, je sors des sons qui me plaisent ça me permet de mieux comprendre la musique après. Voilà comment j’ai commencé le label, c’est vraiment par passion, en fait. Quelles sont tes activités principales au sein de ce label ? Premièrement on vend de la musique, je fais de la direction artistique, je choisis les artistes qui nous correspondent musicalement. Je suis en relation avec des personnes du milieu pour la distribution, la promotion, parce que j’ai une petite structure, je suis tout seul donc j’ai des intermédiaires qui font les choses pour moi. Ca c’est le label, le côté vente de musique. A côté de ça, je fais des événements, je trouve un flyer, une image à la soirée, un teaser etc. Je trouve des artistes qui me plaisent pour les faire jouer.Ensuite je fais du management d’artistes, je manage Kartell et FKJ, je les aide à faire ce qu’ils ne veulent pas faire, c’est à dire les papiers, les relations de presse etc. Le but est de gérer un petit peu tout pour faire en sorte que ces artistes là fonctionnent bien mieux. Si tu pars tout seul et que tu n’es pas suivi par un manager qui va te faire tourner c’est le bordel ! Les artistes arrivent dans le label et ils sont coachés, ils sont suivis. On a signé Kartell et FKJ en booking avec une entreprise qui s’appelle Savoir-Faire et qui le fait à notre place, ça c’était mon rôle en tant que manager : leur trouver un très bon bookeur qui va gérer les dates parfaitement. C’est quelque chose qu’on offre aux artistes avec le label, c’est ce qui leur permet de mieux marcher au final. Y a plein d’artistes qui sont très bons, mais qui ne tournent pas parce qu’ils ne sont pas suivis, c’est ce que j’ai envie de faire avec les artistes que j’aime, c’est

je regardais comment ça se passait, j’ai pris des notes, après j’y suis allé tout seul pour Roche Musique. Pour le management, j’ai quand même lu des bouquins, tu ne peux pas arriver comme ça et dire je vais monter un label, y a plein de petits trucs à comprendre pour que ça marche. Mais je découvre tout le temps des nouveaux trucs, tous les jours ! Par exemple j’ai découvert les comptables, à la base j’avais acheté « La comptabilité pour les nuls » et je me retrouve avec un comptable, ma vie est sauvée ! J’apprends sur le tas et il me manque des petits éléments, pas comme un mec qui aurait fait des études qui sait tout de A à Z, mais moi je trouve ça plus intéressant de le faire quand j’ai besoin de le faire et quand ça m’intéresse, donc voilà pour l’instant ça roule, j’essaye de faire les choses de façon réglo. J’ai ce petit défaut là du mec qui l’a fait sans études sans rien et qui a des petites lacunes des fois, défaut qui se transforme en qualité au final, parce que je le fais par plaisir. J’ai une vraie volonté de faire marché ma boîte je ne le fais pas pour gagner de l’argent, je le fais pour être heureux vraiment. C’était évident de trouver le spot ou tu es avec le label ? Alors le Mila, c’est une pépinière avec pleins d’intervenants de la musique, il y a des distributeurs, des labels, beaucoup de labels, même des fabricants de vinyles. Une connaissance m’a proposé une place libre au Mila, je cherchais des bureaux donc j’ai sauté sur l’occasion. C’est rare qu’il y ait des places, j’ai eu de la chance sur ce coup ! Là j’ai un petit bureau entier, on peut être deux/trois c’est parfait. En mai/juin, j’ai eu un stagiaire qui m’a fait un travail de fou, il s’appelle Closed Colar, maintenant je peux avoir des gens qui bossent avec moi, ce genre de lieu c’est du pain béni, les pépinières c’est génial. Peux-tu nous présenter les artistes que tu manages ? Le premier c’est Kartell, que j’ai rencontré à Tours, on a fait nos premières armes ensembles, on a essayé de percer, de trouver et rencontrer

des gens. Il a fait un premier EP chez nous qui a marché du tonnerre, il a beaucoup tourné, il a fait une tournée américaine, et là il fait une tournée au Mexique. Donc ça marche vraiment bien pour lui. Après on a proposé à Vincent de faire FKJ, ça peut être intéressant, parce qu’avant il faisait de la House, du Blues, au fond de lui il kiffe la Funk les trucs come ça, donc il s’est mis à faire ça, je lui ai dit « ça te dit que je te manage comme Kartell ?! ». Et là on est passé à un autre stade, ce sont des gars en or, avoir des personnes comme ça autour de moi c’est parfait, parce qu’ils font monter la sauce y a pas de concurrence, ce sont juste des gens bons qui se disent « on va bosser ensemble et on va faire des trucs ». C’est vraiment une bonne camaraderie, ça me plait d’être dans cet environnement. Être avec des gens aussi bons m’a poussé à prendre des bureaux, m’a forcé à changer ma façon de travailler, de m’organiser, c’est bien d’avoir des gars qui te poussent comme ça. Ton autre activité ? DJ ? DJ c’est ça, moi j’ai toujours aimé faire de la musique, le DJing c’est la possibilité de passer des sons que j’aime en soirée, après moi ce qui m’intéresse c’est la production. Cette année j’ai vraiment envie de m’améliorer, de prendre des cours de musique. C’est un plaisir, je ne le ferais pas en mode travail, pas comme FKJ qui se lève le matin et fait de la musique, moi je le ferais en loisir. Je ne veux pas être forcé de faire de la musique, je veux que ce soit plaisant et progresser là dedans. Ton actualité de la rentrée ? A la rentrée, le 14 septembre on fait venir Todd Terje, qui a sorti un track qui s’appelle « Inspector Norse », qui a fait un gros buzz, avec lui il y aura toute l’équipe du label et ce sera au Social Club. Kartell est en tournée au Mexique, FKJ qui va faire une tournée en Angleterre. Pour les sorties d’EP, Kartell sort un EP pour la rentrée en septembre/ octobre, ensuite on aura Darius, que j’ai rencontré un soir de 30 décembre dans les rues désertes de Tours, et maintenant il sort un EP sur mon label. Après on verra, on a le temps. Je ne vois pas trop loin en fait, sur trois ou quatre mois, des fois ça me laisse du répit quand il y a deux EPs qui tournent, ça peut se vendre sur un an. Quand tu reviens à Tours quels sont tes spots ? Chez ma mère en haut de la Tranchée, tranquille, posé dans le jardin, retour aux sources ! La Guinguette bien sûr, c’est vraiment un endroit où tu es bien, loin de la chaleur du Vieux Tours. En hiver j’aime beaucoup le Vieux Tours, j’adore, même la rue Colbert. Mais ce que je préfère c’est vraiment la campagne ici, quand je reviens de Paris j’ai envie de faire ça, me balader à la campagne, aller chez des potes qui ont des piscines ! Normal ! http://www.rochemusique.com http://soundcloud.com/c-zaire

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LABEL

PROPOS RECUEILLIS PAR : JULIEN

MUSIQUE

Rencontre avec Clément, membre actif du label tourangeau Another Record. Pour ceux qui ne connaissent pas Another Record, peux-tu nous présenter le label et revenir un peu sur son histoire ? Another Record est un label indépendant et une micro structure associative (on n’est que 3 membres, tous bénévoles auxquels il faut ajouter nos conjoints, amis, et souvent les musiciens du label). Il est assez difficile de résumer dix ans et 47 sorties en quelques lignes. Au tout début, c’était le projet de Dana Hilliot, même si ce n’était pas sous ce pseudonyme là à l’époque. Même si on a sorti des trucs chouettes, cette première période a été assez calamiteuse. Sur les trois premiers disques qu’on a sortis, deux groupes avaient splitté avant que les disques nous soient revenus de l’usine. Heureusement le seul groupe encore en place était Gâtechien qui a fait une jolie carrière, ça n’a pas suffit à équilibrer les comptes mais ça a probablement évité qu’on soit trop désespérés. Après ça il y a eu des années de débrouille, où on faisait vraiment avec les moyens du bord, parfois même un peu par dessus bord. L’équipe actuelle s’est mise en place peu à peu ; Adeline (la présidente) était ma meilleure amie depuis le lycée et l’une des plus grandes mélomanes que je connaisse. On a rencontré Franck la première fois que je suis venu jouer à Tours, au Donald’s pub, il faisait une émission sur Radio Béton et nous avait invité le lendemain du concert, il y avait donc Wedding Soundtrack, Luis Francesco Arena, et Ludmila. Grâce à eux deux, les choses tournent aujourd’hui plutôt bien, on arrive à faire beaucoup de choses passionnantes, probablement parce qu’on est avant tout des passionnés. Lorsque l’on va sur le site internet d’Another Record, on peut lire la devise suivante : « Télécharger pour découvrir, acheter pour soutenir ! ». Cela signifie que les œuvres présentées sur le site sont légalement téléchargeables et que la plupart des morceaux sont sous licence libre. Il y a une véritable

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philosophie derrière cela n’est-ce pas ? Aujourd’hui, je pense que ça va plus ou moins de soi pour tout le monde, on peut trouver à peu près toute la musique qu’on peut souhaiter gratuitement en ligne donc acheter un disque c’est un geste de soutien aux musiciens ou à la structure qui les promeut et plus un simple acte de consommation (enfin peut-être pas pour les gens qui achètent leurs disques au supermarché ceci-dit). Mais il faut se souvenir qu’il y a eu une sorte de guerre des tranchées il y a quelques années, d’un coté on stigmatisait les mélomanes en les accusant d’être des voleurs en pratiquant la « pendaison pour l’exemple » ; de l’autre les grosses cylindrées étaient paranoïaques et voyaient l’arrivée de structures comme la notre comme une concurrence déloyale qu’il fallait à tout prix décrédibiliser. Il y avait quelque chose de particulièrement grotesque à voir des grosses pointures de la chanson française nous traiter de « musiciens du dimanche », ou nous accuser de « tuer l’art ». Là-dessus, les footballeurs ont plus de dignité, on imagine mal les milliardaires genre Benzema venir dans les médias se plaindre de la concurrence des « footballeurs du dimanche » et les accuser de « tuer le sport ». Heureusement tout ça s’est tassé, les professionnels ont, je crois, arrêté de nous voir comme nécessairement illégitimes et reconnaissent notre travail en signant certains groupes qui ont débuté chez nous, même si la HADOPI est très critiquable, on ne menace plus les téléchargeurs de 10 ans de prison pour deux mp3 et demi.

François et Luc, ils avaient envoyé une démo conjointe, et très bonne d’ailleurs, des années avant qu’on les sorte. Ils n’avaient pas mis leur contact sur la démo mais dans une lettre perdue à l’occasion d’un déménagement. Comme ça correspondait par ailleurs au moment où l’un partait à Bristol et l’autre en Nouvelle-Zélande, il a fallu presque un hasard pour que les choses se fassent finalement peut être 5 ans plus tard. Mais globalement ça se passe bien, c’est l’avantage qu’il y a à être une toute petite équipe.

Peux-tu nous raconter comment l’équipe prend la décision de collaborer avec un artiste ? Je suppose que ça relève du coup de cœur, de rencontres et d’une concertation entre vous... On est un peu dans le mystère de la décision collective, il n’y a pas de processus, on ne vote pas. Si l’un de nous veut sortir un nouveau groupe, il doit convaincre les deux autres, il faut le reconnaître, il y a des ratés. Par exemple pour

Vous venez de sortir le nouvel EP de Bajram Bili «Sequenced Fog», peux-tu nous en dire un peu plus ? Un album est-il prévu ? C’est le deuxième EP de Bajram Bili qu’on sort en deux ans, un mélange de musiques rêveuses, d’electronica et de shoegaze essentiellement. Je ne dis pas qu’il n’y aura pas d’album mais il faut voir les EP comme des disques en eux-mêmes, pas juste comme des outils de promo ou pour

Quelles ont été les sorties les plus marquantes du Label ou celles qui t’ont le plus touchées ? Les sorties les plus marquantes ont étés celles de Gâtechien, dans les circonstances déjà évoquées de sauve-qui-peut, des Finkielkrauts qui ont marqué l’ancrage du label dans sa terre d’adoption tourangelle et de François and the atlas Mountains dont le rayonnement a bénéficié à tout le label. Personnellement je reste très attaché à un vieux disque qui a eu moins de succès, l’album de Dana Hilliot and his friends. Il avait réuni la quasi totalité des musiciens du label de l’époque pour retravailler et enregistrer ses chansons, ça fait peut être un peu hippie, ce n’est peut-être pas le meilleur disque qu’on a sorti mais il y avait quelque chose de magique dans ces sessions et c’est sans aucun doute le vieux disque que je réécoute le plus souvent. J’ai souvent rêvé de reproduire ce genre d’expérience mais j’ai bien peur de ne pas avoir le coté chef de meute ni le sens de l’organisation nécessaires.


tester le marché comme le font les grosses maisons de disque. Pondre un album entier ça peut prendre longtemps et tous les groupes n’ont pas envie d’attendre et de compiler sur un album des sessions qui risqueraient de manquer de cohérence. En tant que label il fut un temps où on n’était pas très chaud pour sortir des EP, parce que ça nous coûte aussi cher que de sortir un album. Ceci dit, il suffit d’écouter bout à bout par exemple les deux EP de Bajram Bili ou des Finkielkrauts pour se rendre compte que ce sont de bons disques en l’état mais que ça ne ferait pas des albums. L’EP, ça permet aussi d’avoir un rapport plus direct, plus proche entre le moment de la création et le moment de la sortie. Ça permet aussi pour les groupes qui veulent tourner de trouver plus facilement des dates. C’est plus simple de dire à un programmateur qu’on vient de sortir un EP et qu’on a de la presse que de lui dire qu’on a sorti un album il y a deux ans dont plus personne ne parle et qu’on aimerait bien écouler. Quelles sont les prochaines sorties du Label ? Pour la rentrée, on va faire du neuf avec des vieux. On va sortir notre troisième album de Misophone, ce sera leur huitième en tout puisque c’est le duo le plus productif musicalement que j’ai jamais connu. La face pop de leur musique m’avait fait penser à du bon Eels à la première écoute mais avec leur touche gipsy bricoleur, ils tiennent vraiment un truc à eux. Ensuite on reste en Angleterre avec un tourangeau exilé à Londres, et le troisième album d’Odran Trummel. Connaissant assez bien les oiseaux (pour avoir joué une année avec Fab, le batteur), ça devrait encore être un joyeux bordel construit sur papier millimétré, le genre de rock matriochka bien giboyeux qu’on n’arrive à décrire qu’avec des métaphores. Enfin avec The Wedding Soundtrack (mon groupe) on va garder la ceinture du groupe le plus prolifique du label puisqu’on va enfin sortir notre quatrième album. Bon je vais pas me jeter des bégonias à la truelle mais si on a décidé de sortir enfin de notre trou c’est pas juste pour reprendre un album d’avance sur Odran et Misophone, c’est pas non plus pour le fric ou la gloire (nos poignées de fans ont dû passer à autre chose), donc on croit vraiment en ces chansons, enfin c’est couillon à dire mais j’ai le sentiment que c’est ce qu’on a fait de mieux. D’ailleurs je crois que si un jour j’ai le sentiment de ne plus progresser je fermerai ma petite boutique. Aurais-tu une anecdote insolite à raconter concernant un groupe du Label ? Il y en a deux qui me viennent en tête. La première est l’incroyable concert de sortie du premier album de Luis Francesco Arena. Déjà, je me suis retrouvé à faire les balances au violoncelle, la seule et unique fois de ma vie où j’en ai touché un. Laurent (Paradot) était à l’hosto et n’a pu arriver que limite limite pour le début du concert, il fallait bien faire les niveaux alors Simon (qui jouait à l’époque avec LFA, aujourd’hui dans Wedding) m’a fait une formation express pour qu’à défaut de véritablement jouer je fasse sonner correctement le truc. Les gars ont fait un concert très impressionnant et dans la demi heure qui suivit le concert Luis Francesco Arena n’était plus sur Another Record, deux labels plus importants lui avaient fait des offres pour racheter l’album, ça restera la sortie la plus furtive de l’histoire du label. (Pour éviter tout malentendu, j’ajoute qu’on était ravis pour eux, en tant que label, on est là pour aider les groupes, en aucun cas pour être un obstacle à leurs opportunités.) La deuxième anecdote est plus intime, j’ai rencontré ma femme à un concert de Gâtechien, le jour de l’enregistrement du live à la nef, et ils ont eu la gentillesse de venir jouer à notre mariage, ce que tout le monde dans nos familles n’a pas forcément apprécié mais que personne n’a oublié j’en suis sûr. Le label tiendra un stand aux Rockomotives, peux-tu nous en dire un peu plus sur votre présence régulière sur le Festival ? Que penses-tu de la programmation de l’édition 2013 ? Y-a-t-il un groupe que tu conseillerais en particulier ? Tous les ans on fait deux festivals, la route du rock et les Rockos. Je crois que pour ma part c’est à la route du rock que j’ai rencontré les gens de figures libres, en distribuant leurs flyers sur mon stand ou à l’entrée. C’est un festival que j’aime beaucoup même s’il est très éclectique et qu’il y a chaque année des choses que je n’aime pas du tout. Pour la prochaine édition il y a trois groupes que j’ai très envie de voir. Fordamage, qui vient de sortir son troisième album, qui est mon groupe de rock favori du moment et que d’ailleurs j’avais vu pour la première fois aux Rockos, il y a quelques années. Il y a quelque chose de the ex chez eux. Samba de la muerte qui est un groupe de pop assez fabuleux, qui emporte dans les nuages qui m’avait complètement chamboulé en live et puis la régionale Mesparrow dont je suis et apprécie le travail depuis longtemps mais que curieusement je n’ai encore jamais eu l’occasion de voir en concert. Et puis bien sûr Bajram Bili, mais ça va de soi. www.another-record.com


SELECTION LA PLAYLIST

ALBUMS

PETIT FANTÔME

SHANNON WRIGHT

NICOLAS PINAULT

Stave

In Film Sound

Animal Factory - En téléchargement gratuit

Vicious Circle

https://soundcloud.com/zappruder

www.petitfantomestave.com

http://macdemarco.bandcamp.com

C’est en roulant sur les routes d’une région appelée Trás-osMontes (Derrière les monts) qu’elle a découvert la musique de Petit Fantôme. Elle avait rendez-vous avec ce garçon et quelques amis. Pascal et Adão l’accompagnaient aussi. Puis, au détour d’un virage, la chanson disait : « Sans toi je commence à mourir ». Ça lui a fait un choc. Elle a été projetée dans l’univers musical et poétique de Petit Fantôme, musicien talentueux saisissant le temps et l’espace à la manière d’un Bradford Cox et d’un Jason Lytle. Un univers pop non conventionnel qui se joue des styles, des langues et des étiquettes. Un univers introspectif qui évolue entre rêve et lucidité. Chacune de ses chansons est une tranche de vie, de la sienne, de ses proches et quelque part de la nôtre... Elle a écouté ces quelques mots « Sans toi je commence à mourir » puis, quelques instants après, elle s’est unie à ce garçon, dans une région appelée Trás-os-Montes.

Depuis le début de l’année le label Vicious Circle enchaîne les bonnes sorties et ce n’est pas Dadou qui va s’en plaindre ! Après la pop classieuse de Louis Francesco Arena et son superbe « Stars and Stones » (laisse tomber cette chronique et écoute plutôt sa chanson Ninety Days), après le très joli « The Mainland » de Pollyanna, c’est au tour de l’insaisissable Shannon Wright de faire l’actualité du Label bordelais. Deux ans après « Secret Blood » qui n’a toujours pas décollé de notre platine, Shannon Wright vient souffler sur les braises de notre addiction. « In film Sound », son 10ème album, nous fait (re) vivre une expérience émotionnelle rock intense, sombre, introspective et bouleversante. Shannon est une artiste unique et entière. Sa voix, ses riffs distordus, sa façon de jouer de la gratte ou du piano ont quelque chose de troublant qui reste gravé en toi, qui te déséquilibre autant qui te rassure, la musique idéale pour demander la main de ta bien aimée...

1

MODERAT Let in The Light

2

GUI BORATTO Too Late

3

JESPER RYOM Ghostly

4

PARADIS La Balade de Jim

5

ROOSVELT Sea

6

MOUNT KIMBIE Made to Stray

7

HERR VOGEL & STRASSNMAJOR Maker

8

NICOLAS JAAR Wouh

9

SANTIGOLD Disparate Youth

10 JOHN TALABOT feat PIONAL So Will Be Now

Wizi, I miss you

Dadou

22e édition

ÉDITION

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ARNO (bel) KERY JAMES GIRLS IN HAWAII (bel) FAUVE POPOF SUUNS (ca) MESPARROW NO AGE (usa) RANGLEKLODS (dk) HEYMOONSHAKER (uk) GABLE MONEY (uk) PSYKICK LYRIKAH BIGOTT (sp) SAMBA DE LA MUERTE FORDAMAGE LOUIS-JEAN CORMIER (ca) H-BURNS MADBEN LA TERRE TREMBLE !!! CAMILLA SPARKSSS (ch) THE HEALTHY BOY BOMBAY SHOW PIG (nl) FLORIAN MONA CHAUSSE TRAPPE VAN BEUREN'S TOM ET JERRY (ciné concert) JOHN PARISH (uk) KING SALAMI & THE CUMBERLAND 3 (uk) AWARDS (fr/ca) SIEUR & DAME FAT SUPPER MAGNETICS & FRIENDS MONSTROMERY PIANO CHAT BAJRAM BILI PEROX MANAST NIVEK DJ FAN COMIX DEL BIAGIO MILVER SO CHIEN VITRINE EN COURS ...

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Photo : LASSO ; Graphisme : StekProd.

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2013

Du 26 octobre au 2 novembre VENDôme (41)

ARCHI

IDENTITÉ

SOCIÉTÉ

WORK SCAPE

A LOGO FOR LONDON

PAYE TA SHNEK

Gestalten

Laurence King

Auto-édité

En vente : 39,90 €

En vente : 23,53 €

En vente : 14 €

Workscape révèle comment les entreprises pionnières du monde entier sont en train de redéfinir les espaces de trabvail. Le livre met en valeur les bureaux innovateurs tels que Facebook, Google, YouTube, Monocle, KPMG, Red Bull, et Urban Outfitters qui favorisent de nouvelles formes de travail, la créativité et la collaboration.

Un livre sur l’histoire et le développement du logo du début du 20ème siècle à nos jours, et explore son utilisation dans de nombreuses activités de l’entreprise, ainsi que son influence culturelle. Richement illustré avec des œuvres d’affiches, de photographies et autres documents graphiques.

Au départ c’est un blog participatif qui regroupe un florilège de citations de techniques de dragues plus ou moins vulgaires. Le livre dénonce avec humour le harcellement que subissent régulièrement les femmes. Les citations sont mises en valeur par sa belle mise en page et son graphisme.



EXPOSITION 6 JUILLET 6 OCTOBRE 2013

Demeure de Ronsard Prieuré de St-Cosme La Riche

Photographie Michel Nguyen — Conception graphique Alexis Pierre — DIRCOM CG37

EX TA S E S


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