RPT No. 8

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NEWSLETTER DE L’OLSC - FRENCH BRANCH

SOMMAIRE

NO.8

OCT. 2010

1 - Editorial, par Rodo................................................................................ p. 2 - Liverpool France’s talking to You, par Ant............................................ p. 3 - Actualité 3a - Les Reds au Mondial, par Bugsy........................................................ p. 3b - Roy Hodgson : une histoire suisse, par Candy................................... p. 3c - Liverpool sera-t-il le nouveau Leeds ?, par Rafa la Bamba................. p. 4 - Le débat 4a - Rafa !, par Crazy Horse..................................................................... p. 4b - Les années Benitez, par M’sieur le Marquis....................................... p. 4c - Garder Rafa, par Rafa la Bamba........................................................ p. 4d - Rafa ou le faiseur de miracles, par Rodo........................................... p. 5 - Au coin du feu, par Rafa la Bamba......................................................... p. 6 - Le squad actuel, par Bugsy.................................................................... p. 7 - Quelle histoire ! 7a - Shankly, que reste-t-il 50 ans après ?, par Crazy Horse..................... p. 7b - Ray Clemence, par Chicken Matt....................................................... p. 7c - Conversations avec Paco de Miguel, par Juan Moran........................ p. 8 - Rouges on Tour, par Isa........................................................................ p. 9 - Bières du monde, par Kilkenny.............................................................. p.

ÉDITORIAL

PAR

RODO

Ca y est, Ici Anfield m’a donné la main sur cette merveilleuse Newsletter, organe de communication de tous les membres de la French Branch. Si vous voulez de ses nouvelles, il risque de ne pas répondre tout de suite car il profite de ses très méritées vacances en tant que Rédacteur en Chef. Je sais que vous êtes avides de ses articles poignants et pleins de bon sens, d’humour et d’ironie. Pour vous tous, il sera de retour dès la prochaine édition. Mes hommages et remerciements pour son travail, qui laisse des traces.

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passées cet été : après avoir fini notre pire saison depuis bien longtemps la Coupe du Monde a eu lieu en Afrique du Sud, et 17 de nos Reds s'y sont illustrés ; Hicks and Gillett ont perdu de leur grandeur (si grandeur ils avaient depuis leur arrivée chez nous) et de nouvelles offres sont apparues pour le rachat de Liverpool suite à la constante pression des banques ; Aurelio est parti pour revenir, Joe Cole est arrivé, Torres est resté, Mascherano est parti par la fenêtre... Mais je

Mais attention : Arnaud m’a donné la responsabilité de l’édition mais il faut avouer que je compte toujours sur l’œil graphique de Damien. Cette Newsletter a un visage plus agréable grâce à lui. Thanks a lot, mate ! _________ Nous publions de très intéressants articles dans cette nouvelle édition. Plusieurs choses se sont LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

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pense que le fait le plus marquant pour tout Red fan est que Roy Hodgson a pris la place de Rafa, qui a été remercié et a retrouvé sa voie à l'Inter de Milan. Certains membres ont largement participé à cette édition, plus que ce que je n’aurais imaginé, et je les en remercie chaleureusement. Je compte d’ailleurs sur vous tous pour continuer sur la même lignée pour les éditions à venir.

Ces membres très actifs ont envoyé des éléments d’une qualité supérieure. Des points de vue tellement justes, pertinents, que j’ai dû faire le choix de laisser de côté certaines rubriques courantes chez nous, comme la présentation d’une autre branche internationale amie ou l’interview avec un Kopite. Et malgré cela, vous trouverez une NL très fournie, très étoffée. J’espère qu’elle ne vous étouffera pas…

On aura de bons articles, comme promis, car il faut parler de cet été riche en émotions. On va donc parler de Rafa sous forme de débat dans lequel plusieurs contributeurs ont leur mot à dire, de la Coupe du Monde très « Red », de Joe Cole et de la situation économique et financière du club. On fera un passage obligé par l’histoire de LFC avec une légende comme Ray Clemence et une analyse de la période Shankly 50 ans après. Et j’ai trouvé une perle que je dois à Juan Moran, membre actif des Madrid Reds et auteur du blog LiverpoolMadrid.com : une interview avec Paco de Miguel qu’il a réalisée lors de la rencontre Liverpool-Villarreal, en 2008. Et pour continuer sur des perles : un intense récit d’Isa sur le déplacement away à Mönchengladbach, qui a «dû valoir des points», comme dirait un membre reconnu de notre assoce.

Tout ça pour dire que cette tâche de Rédacteur en Chef de la Newsletter, qui avait l’air si compliquée, a été largement facilitée par des apports hauts en qualité et en couleurs. Pour cela, je remercie Bugsy, Candy, Rafa la Bamba, Crazyhorse, M Le Marquis, Chicken Matt, Isa et Kilkenny encore et encore. _________ LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

On vit une époque charnière. Il est aujourd'hui difficile de savoir avec certitude quelle sera l'issue de ce moment clé dans l'histoire du club. L’argent est plus que jamais le nerf de la guerre, et au moment où j’écris ces lignes, aucun repreneur ne s’est présenté pour acheter le club. La logique implacable de l’économie et du commerce indiquerait qu’ils attendent la date limite que la RBS a fixée au 6 octobre pour essayer de mettre la main sur une marque historique et lourde dans l’histoire du football européen. Entre-temps, les propriétaires actuels du club multiplient les manœuvres pour rester à la barre de ce navire qui ne permet malheureusement pas aujourd’hui de contredire les déclarations faites la saison dernière par un certain Albert.

Et sportivement ce n’est pas mieux : l’équipe fait une entame de championnat catastrophique sur le plan comptable : au bout de la cinquième journée, 16ème place du classement, 5 points sur 15 possibles, seulement 1 point de plus que le premier relégable, à 10 points de distance de la tête du championnat (Chelsea) mais à seulement 3 de la quatrième place (Manchester City) ; l’équipe n’arrive pas à trouver une vitesse de croisière, elle n’arrive pas non plus à trouver des automatismes, à cause d’une Coupe du Monde qui a vu plusieurs de nos joueurs arriver avec plusieurs semaines de retard ; à cause aussi de l’arrivée tardive de nouvelles recrues tout de suite reparties faire des matchs internationaux qui se sont succédé et à cause de blessures qui frappent encore un squad affaibli pour les mêmes raisons. La saison vient de commencer, mais elle donne déjà l’impression qu’elle sera longue. Très longue. Beaucoup de changements sportifs, de tactique, de façon de penser le football. Beaucoup d’incertitudes managériales qui n’aideront pas à trouver le calme dont Roy Hodgson a besoin pour bâtir une équipe stable, compétitive, capable de redorer le blason d’un club aujourd’hui bafoué par une réalité financière, économique et, en conséquence, sportive très difficile et que nous espérons du fond de notre cœur voir changer dans les prochains mois. Seul l’avenir nous le dira. Vivement le 6 octobre. YNWA \ \ \ RODO

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LIVERPOOL FRANCE’S TALKING TO YOU PAR

ANT

Avec la parution de cette 8e édition de Red pour toujours, j'en profite pour vous écrire le premier mot du président dans la première newsletter gérée par notre 3e rédacteur en chef, Rodo aka rodofromparis pour les intimes. En effet, Rodo est le 3e rédacteur en chef après Georges Baccus et Arnaud, et j'espère bien que vous allez aimer la «touch latino» qu’il va nous apporter. C'est marrant car je suis moi-même le 3e président de la French Branch après sa fondation par George et l'année de transition présidée par Ken du Rush Bar. Je suis fier de faire partie de ce groupe de Reds depuis bientôt 6 ans maintenant, et votre président depuis 4 ans.

Depuis la dernière Red pour toujours, la vie de la French Branch a pas mal bougé tout comme celle de LFC à Anfield. Nos membres ont notamment pris la route pour suivre les Redmen avec notre nouveau manager Roy Hodgson qui a rejoint les Reds suite au départ de Rafa avant la Coupe du Monde en juin. Je remercie Rafa pour les souvenirs inoubliables vécus avec vous et souhaite à Roy la bienvenue dans la grande famille des Reds !

la tombola organisée le même week-end vont servir directement pour la suite des projets du Serge Saint-Jean - Spirit & Dreams de la French Branch et cet événement montre notre engagement envers les enfants défavorisés de Liverpool et notre amitié avec les Bordelais.

Un autre bon exemple de notre amitié et solidarité entre fans a été notre déplacement à Mönchengladbach début août, organisé par P-F, responsable de la région Rhône-Alpes, pour le match auquel Liverpool a été invité par BMG pour célébrer leur 110e anniversaire. Grâce à ce déplacement avec les membres d’Ile-de-France, Lorraine et Rhône-Alpes présents, nous avons pu améliorer nos liens avec les German Reds, la branche de Liège et la branche d'Aslin aux PaysBas. Notre équipe de football à terminé 2e dans le tournoi organisé la veille des célébrations et nous comptons y retourner en 2011 pour d’autres rencontres aussi sympas…

Les rencontres sympas étaient au rendez-vous cet été pour les membres qui ont pu voir les Reds pendant la pré-saison et les premiers matchs à Anfield en Premier League.

La famille French Branch compte pour ce début de saison très mouvementé 265 membres, presque 100 d’entre eux ont pris l'option d'adhérer au «All Red» membership proposé par LFC récemment. Nous comptons 179 renouvellements, donc je remercie ces membres pour leur fidélité et je souhaite la bienvenue aux 95 nouveaux membres parmi nous et espère vous voir participer pleinement à nos diverses activités pendant la saison et au-delà…

Une activité que nos membres ont pu effectuer, a été de rendre un très bel hommage à notre cher «Ontour» avec le match organisé par Mathilde et nos amis de Bordeaux au centre d'entraînement des Girondins le 24 juillet. Toutes les recettes de LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

17 membres ont fait des déplacements en solo pour voir les Reds faire match nul contre Arsenal le 15 août sous un soleil rayonnant à Anfield, et la rencontre contre WBA également avec le but de Torres pour la victoire en plus ! Nous avions 4 membres présents pour le match contre Sunderland et, pour l'ensemble de ces rencontres, 11 membres ont fait leus baptême à Anfield et 6 d'entre eux étaient dans le fameux Kop. Ça fait toujours plaisir d'aider à réaliser les rêves d'enfance des membres suite à leurs implications dans les déplacements en solo ou groupés.

Les Redmen rêvent toujours de jouer en Europe et ils ont cette chance avec la reprise de la compétition en Europa League récemment. Nous serons là avec eux quand ce sera possible, en away ou à la maison. Donc si vous avez envie de

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suivre les Reds sur la «Route de Dublin», n'hésitez pas à nous contacter pour savoir comment se réunir avec la French Branch et ses membres chevronnés.

Les 7 membres du bureau de la French Branch ont pu se réunir en début septembre après les vacances pour discuter de nos projets en cours et à venir. Notamment en projet, le nouveau forum qui va voir le jour prochainement suite au travail de notre Responsable Internet, Nico aka Ryo_Saeba, Jean-Luc et les modérateurs du forum actuel qui était temporairement mis en place par Benjamin aka Electro' suite à la fermeture de l’ancien forum par son créateur. Restez connectés pour les nouvelles sur le lancement du tout nouveau, tout beau forum de Liverpool France… Liverpool France se développe et se rapproche de ses membres avec la mise en place de responsables des régions pilotés par Franck aka Gate21, notre Responsable Relations Internes. Ces régions sont gérées par les membres responsables pour créer une ambiance conviviale dans les endroits sympas pour fédérer les fans et membres dans leurs régions. Et ça commence pour nous tous par le week-end organisé par la section Rhône-Alpes à Saint-Étienne les 18 et 19 septembre avec le tournoi «Fair Play» de nos amis là-bas qui nous invitent chez eux suite à leur participation au Kop Cup 2010 à Paris. On compte sur vous pour votre support lors de ce rassemblement entre membres. Un autre tournoi où la French B r a n c h était prés e n t e récemment était la CMB ( C o u p e Marine et B l a n c ) organisée par nos amis de la MB - IDF à Choisy-leRoi le 5 septembre. Liverpool France a fini 7e sur 8 en battant l’équipe monégasque de Paris sur le score de 6-1, j'ai pu jouer moi-même avec les autres membres présents pour représenter la French Branch et je les félicite pour leur implication et talents de footballeur, car franchement je suis loin derrière eux à ce niveau-là, mais je suis 100% derrière eux dans toutes leurs démarches pour porter haut nos LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

couleurs et valeurs en tant que «Kopites». Au passage, bravo à Esprit Canari de Nantes pour avoir remporté ce premier CMB et rendez-vous bientôt pour d'autres matchs ensemble. Je souhaiterais terminer ce mot du Président avec le mot «ensemble». C’est celui-là qui me motive dans mon travail au sein de la French Branch et avec vous, en tant que fan passionné de Reds comme nous tous. Je vois de belles perspectives pour les Reds et la French Branch vers de nouveaux horizons et j'espère bien vous aider pour que l’on puisse les atteindre ENSEMBLE !

Come on Redmen, Come on !

PS : Suivre ces liens vers notre forum pour plus d'informations sur les sujets évoqués dans mon article :

All Red - http://liverpool-france.forumactif.com/ news-en-direct-de-lfc-et-la-french-branchf25/all-red-avec-le-french-branch-fin-septembret880.htm SSJ–S&D: http://liverpool-france.forumactif.com/ news-en-direct-de-lfc-et-la-french-branchf25/match-amical-fcgb-lfc-les-amis-de-serget761.htm

BMG - http://liverpool-france.forumactif.com/ deplacements-a-anfield-et-en-europe-f8/amicalborussia-m-gladbach-lfc-le-31-07-2010-t653.htm Déplacements - http://liverpool-france.forumactif.com/deplacements-a-anfield-et-en-europe-f8/ Régions - http://liverpool-france.forumactif.com/ les-sections-regionales-f20/

CMB - http://liverpool-france.forumactif.com/lafrench-branch-football-club-f12/cmb-cup-5-septembre-2010-t834.htm

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\ \ \ ANT

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LES

ACTUALITÉ REDS AU MONDIAL PAR

Les huitièmes de finales seront le théâtre de l’élimination de notre « cyborg slovaque » Martin Škrtel, et de nos « Lions ».

BUGSY

Une fois encore, la Coupe du Monde FIFA a permis à plusieurs joueurs de Liverpool de s’exprimer au sein de leurs équipes nationales respectives. Nos Reds auront tous fait preuve d’une vaillance sans borne, ce qui a d’ailleurs souvent été souligné par les commentateurs, mais ils auront aussi connu des fortunes diverses.

Dès le premier tour, le Danemark de Danny Agger, la Grèce de Sotirios et la Kyrgiakos Serbie de Milan Jovanovic se font éliminer. Daniel Agger aura fait une coupe du monde tout à fait honorable avec le Danemark, malgré la malchance dont il a souffert lors du match contre les Pays-Bas, lors duquel il dévie un ballon du latéral Poulsen dans ses buts, ce qui permet aux Bataves d’ouvrir le score. Mais il est resté solide en défense durant toute la compétition, qu’il soit associé à Kjær ou à Krøldrup, et n’a rien pu faire lors du match décisif contre des Japonais extrêmement réalistes, notamment sur les coups-francs.

Avec la Grèce, «Soto» Kyrgiakos joue le deuxième et le troisième match dans une position inhabituelle d’arrière-gauche, à la place de Seitaridis qui n’avait pas retrouvé la forme après une saison jalonnée de blessures. Malgré une victoire intéressante contre des Nigérians réduits à 10, Soto et ses co-équipiers ne pourront rien faire contre une Argentine en confiance qui les éliminera froidement. Lors des trois matchs de la Serbie, Milan Jovanović fait partie des titulaires choisis par Milovan Rajevac. Malgré une victoire stupéfiante contre l’Allemagne, les défaites contre le Ghana et l’Australie ont privé les serbes de la qualification pour les huitièmes de finale. Mais les Kopites pouvaient être rassurés : la future recrue Red avait fait preuve d’une grande aisance technique et d’une adaptabilité remarquable pendant la campagne serbe. LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Pour sa première participation à un «Mondial», la Slovaquie s’est bravement hissée en huitièmes de finale, avec à la clé un match de folie gagné sur le fil contre l’Italie. Martin Škrtel a dignement représenté la maison rouge lors de l’épopée slovaque, étant impérial en défense, et sauvant même une balle de but contre l’Italie, à un moment où les Italiens lançaient un assaut terrible sur les buts slovaques pour revenir au score. Malgré leur élimination contre des Hollandais réalistes, Marty aura donc fait très bonne impression, ce qui s’avère rassurant après une saison horrible lors de laquelle il a connu de nombreux pépins physiques. Si une sélection était attendue, c’était bien celle des «Three Lions». Les Reds y étaient plutôt bien représentés, avec trois joueurs – Jamie Carragher, Glen Johnson et Steven Gerrard, sans compter Joe Cole qui nous a rejoints après la compétition, et ce malgré la saison catastrophique que nous avons connue. Nombre de Kopites imputaient d’ailleurs les compétences moyennes de nos internationaux à un souci de s’économiser en vue du «Mondial». La présence de Capello sur le banc laissait aussi présager un parcours victorieux à l’équipe nationale d’Angleterre.

Mais les «Lions» n’auront malheureusement pas montré le visage d’un futur champion du monde lors des phases de groupe, malgré leur qualification en huitièmes de finale. Steven Gerrard, en capitaine courage, avait pourtant montré l’exemple à ses camarades en ouvrant le score dès la quatrième minute du premier match de groupe, et a fait preuve d’une abnégation rappelant certains matchs de 2005, défendant sans relâche, taclant hargneusement et haranguant sans cesse ses coéquipiers. Mais son but s’annula après une regrettable faute de main du gardien Robert Green. Lors des matches suivants, il souffrit encore de sa polyvalence, comme d’habitude en sélection, bascula à gauche pour suppléer un James Milner blessé, et fut remplacé dans l’axe par un Gareth Barry diminué par une longue blessure, et nettement moins tranchant. Là, ses performances, pourtant loin d’être mauvaises, chutèrent notablement en qualité. Comme ses prédécesseurs, Capello, présenté pourtant comme un tacticien maître, n’aura pas su résoudre l’équation Gerrard en équipe nationale. Jamie, lui, jouera dès la deuxième mi-temps de la première rencontre, en lieu et place d’un Ledley King souffrant toujours de son genou ; et il ne tarda pas à se faire remarquer en taclant très dangereusement l’Américain Robbie Findley. Il n’écopa que d’un carton jaune. Il en récolta un deuxième lors du match très fade disputé contre

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l’Algérie, et fut suspendu et remplacé par un Upson plutôt approximatif dans son placement. Notre Jamie, qui n’est sûrement pas un adepte de la langue de bois, se sera aussi fait remarquer en affirmant que le ballon de la coupe du monde, Jabulani, avantageait les Allemands qui avaient déjà joué avec pendant toute la saison.

Glen Johnson a, lui, joué les quatre matches de l’équipe. D’abord excellent lors du premier match contre les Américains, il a peu à peu sombré avec l’ensemble de l’équipe. Joe Cole, lui, n’a joué que deux bouts de matches, rentrant dans le dernier quart d’heure contre la Slovénie pour le dernier match de groupe, puis à l’heure de jeu contre les Allemands. Nos Reds sont éliminés dès les huitièmes par l’Allemagne, complètement désorganisés et fatalistes après que l’arbitre eut refusé injustement un ballon d’égalisation à Frank Lampard, alors qu’ils étaient menés deux buts à un.

laire pendant la compétition, il a su apporter, en tant que milieu sur l’aile droite, un certain liant entre la défense limitée de la sélection argentine et l’attaque, soulageant ainsi son arrière latéral – surtout quand il s’est agi de Jonás Gutiérrez qui n’est pas défenseur de formation.

Enfin, la finale de la compétition s’est jouée entre le Pays-Bas et l’Espagne, qui comptent dans leur rang quatre joueurs de Liverpool. Pour la Hollande, un «adopted scouser» s’est particulièrement illustré durant ce «Mondial» : il s’agit de Dirk Kuyt. Dans une équipe loin de pratiquer le beau «football total» cher à Rinus Michels, notre ailier a été fidèle à lui-même, exerçant un pressing constant sur le porteur du ballon, et compliquant ainsi la relance adverse. Les Hollandais ont gagné plusieurs matchs de façon efficace, sans particulièrement briller, et Kuyt y a largement contribué, avec trois passes décisives et un but. Il aura quelques fois été remplacé par le jeune joueur de Hambourg, Eljero Elia, ce même Elia qui a barré la route à Ryan Babel, qui n’aura pas joué un seul match du tournoi.

Quant à l’Espagne, l’équipe championne du monde, elle ne comptait que deux joueurs majeurs de Liverpool dans ses rangs : Pépé Reina et Fernando Torrès, alors que jusque dans un passé récent, il arrivait que la «Roja» comptât jusqu’à six «Reds» dans son effectif.

L’Argentine, elle, comptait deux joueurs de Liverpool dans ses rangs : Javier Mascherano et Maximiliano Rodriguez. Masché « El Jefecito », capitaine de la sélection depuis l’arrivée du fantasque Maradona, a parfaitement joué son rôle défensif, dans une équipe dotée d’une redoutable force d’attaque, et dans laquelle il n’est pas évident de trouver un bon équilibre entre les lignes. Jusqu’en quarts de finale, il aura réussi à faire oublier la non-sélection de Cambiasso, l’équipe n’encaissant que deux buts, plutôt imputables à des errances de la défense qu’à notre milieu argentin. Mais lors de leur dernier match, frileusement disputé contre des Allemands portés vers l’attaque, Masch, en dépit de toute sa hargne, ne put empêcher l’effondrement de la défense argentine. Ils perdirent donc le match en encaissant quatre buts, sans en marquer aucun.

Quant à Maxi Rodriguez, de retour en sélection nationale après une deuxième partie de saison très satisfaisante à Liverpool, il se met en évidence dès les matches de préparation, trouvant deux fois les filets contre le Canada. Plusieurs fois tituLFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Fernando Torrès, opéré du genou un mois avant le début du tournoi, était rentré en cours de jeu et avait montré une combativité prometteuse lors du premier match des Espagnols, perdu contre des Suisses soudés et agressifs. Mais il était clairement en manque de rythme, et, au fil de la compétition, cela s’est peu à peu vu : «El Kid» avait énormément de mal à éliminer les défenseurs en un-contre-un, et n’avait pas réussi à trouver le chemin des filets. Pourtant, le sélectionneur national, Vicente Del Bosque, lui renouvela toujours sa confiance, et le maintint comme joueur titulaire jusqu’aux quarts de finale disputés contre le Paraguay. «Niño» restait en effet intéressant sur le terrain : il permettait quand même d’aspirer les défenseurs dans l’axe, ce qui permettait à un David Villa souvent excentré d’utiliser l’espace ainsi créé et trouver le chemin des filets.

Mais Del Bosque céda à la pression des médias et du peuple espagnols, déçus des performances de Torrès, et le mit sur le banc des remplaçants lors des deux derniers matchs de l’Espagne. Entré en finale à la 106ème minute en lieu et place de David Villa dans l’axe, il ne joua que quelques minutes puis, sur une accélération intéressante, seul vers le but, il s’effondra, et dut sortir sur une civière : un claquage des adducteurs fut plus tard diagnostiqué. L’horrible saison de Torrès s’acheva en larmes, avec une certaine réserve, tandis que ses coéquipiers fêtaient l’événement en soulevant

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le trophée si chèrement acquis.

ses qualificatives se solda par une élimination «honorable». Les sélectionneurs se succèdèrent les uns aux autres sans pour autant que cela ne change quoi que ce soit.

A la fin des années 1980, certaines stars internationales arrivèrent en Suisse pour terminer leur carrière. La première division suisse accueillit Karl-Heinze Rummenigge (Servette, 1987-89), Marco Tardelli (Saint-Gall, 1987-88), Giancarlo Antognoni (Lausanne-Sport, 1987-89) et Ueli Stielike (Neuchatel Xamax, 1985-87).

Pépé Reina, lui, n’aura pas joué une seule seconde de la compétition, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas été utile à la victoire finale des Espagnols, ses qualités d’homme de vestiaire n’étant pas à prouver. Il participa même activement, filant un tuyau à Casillas sur la façon dont le Paraguayen Cardozo tirait les coups de pied de réparation, ce qui permit à San Iker d’arrêter facilement le tir adverse. Le gardien du Réal dira plus tard en salle d’interview que Pépé Reina «était un phénomène». Un phénomène qui a nous fait le même show qu’à l’Euro 2008, lors de la présentation du trophée au peuple espagnol, présentant ses coéquipiers, et faisant danser ses compatriotes. Les joueurs de Liverpool auront connu des fortunes diverses lors de ce «Mondial» sud-africain. Mais ils ont tous fait unanimement preuve d’une vaillance sans bornes au sein de leurs sélections respectives, faisant honneur à leurs maillots, et laissant présager un avenir positif, du point de vue sportif, à Anfield pour la saison à venir.

ROY HODGSON :

\ \ \ BUGSY

UNE HISTOIRE SUISSE PAR

CANDY

L’équipe de Suisse de football n’a jamais été une équipe de football très médiatisée. Et pourtant, l’équipe nationale helvète a tout de même participé à 3 quarts-de-finale de Coupe du monde (1934, 1938 et 1954). Lors des premières phases finales de Coupe du Monde, la Suisse a régulièrement participé à cet événement majeur (6 participations aux 8 premières Coupes du Monde), ce qui n’est pas mal du tout pour un «petit» comme la Suisse. Mais depuis 1966, la Nati (surnom de l’équipe nationale suisse) traversa une période de disette sans qualification. Chaque participation aux phaLFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Ce même Stielike, à la fin de sa carrière de joueur à Neuchatel, décida de s’orienter vers la profession d’entraineur. Et il prit en main la sélection nationale suisse pour les qualification de l’Euro 1992. Dès l’arrivée de Stielike, il mit en place sa rigueur toute germanique et décomplexa les joueurs suisses. Il façonna un groupe comme il le souhaitait en évincant quelques anciens et en misant ainsi sur une nouvelle équipe un peu plus jeune. Lors de ces élminatoires, la Suisse échoua à la deuxième place (à un point des Ecossais) tout en y croyant jusqu’au bout. A la même période, certains jeunes joueurs suisses commencèrent justement à émerger. En effet, des joueurs comme Stéphane Chapuisat (à Borussia Dormund) montrèrent qu’ils pouvaient aller à l’étranger et s’y imposer. D’autres suivirent (Hottiger, Sutter, Ohrel, etc.) Après l’échec à la course à l’Euro 1992, il fallait trouver un nouveau sélectionneur capable d’amener la Nati (enfin) vers une qualification pour un événement majeur (aucune qualification depuis la World Cup 1966). De 1990 à 1992, un certain Roy H o d g s o n entraîna le club suisse de Neuchatel Xamax, club qu’il amena à la troisième place en championnat en 1990-91, puis à la deuxième place en championnat en 1991-92. Durant ces 2 a n s , Neuchatel Xamax eut quelques résultats probants notamment en Coupe d’Europe (victoires 5-1 contre le Celtic et 1-0 contre le Real, les 2 fois à domicile). Hodgson fut naturellement un candidat possible

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pour succéder à Stielike et il obtint le job (Stielike faisant le chemin inverse et devint entraîneur de Neuchatel Xamax). Et pourtant, certains étaient sceptiques quant à la nomination de Roy Hodgson. La Nati étant dans une phase positive et ascendante, Roy Hodgson continua donc le job de Stielike avec une équipe solide et composée de joueurs prometteurs entourés de quelques anciens (Bregy et Geiger). Pour les qualifications à la World Cup américaine (1994), la Suisse tomba dans un groupe très ouvert avec l’Italie, le Portugal, l’Ecosse, Malte et l’Estonie.

Roy Hodgson continua donc sur la lancée de Stielike, mais en ajoutant plusieurs touches personnelles, surtout sur le plan tactique. Hodgson réalisa un bon amalgame entre jeunes et anciens. De plus, la Suisse pouvait compter sur plusieurs attaquants de renom, dont Chapuisat, Türkyilmaz, Knup, Subiat, Bonvim ou Grassi qui pouvaient marquer à n’importe quel moment.

La Suisse débuta sa campagne par un lointain voyage en Estonie et l’emporta 6-0 (notamment avec 2 buts de Chapuisat et 2 de Knup). Puis vint le premier match à domicile contre l’Ecosse avec une victoire précieuse (3-1 avec notamment 2 nouveaux buts de Knup). La campagne débutait bien. Mais la troisième rencontre s’annonça ardue. En effet, la Suisse se déplaça en Italie. On était toujours dans cette phase où la Suisse se voyait «toute petite» et l’Italie se voyait «très grande». C’était d’autant plus vrai que l’Italie décida d’aller jouer en province, à Cagliari. Roy Hodgson prépara son équipe de main de maître et aligna un 4-42 très solide.

L’équipe semblait solidaire et prometteuse. Tellement prometteuse que la Suisse ouvrit le score grâce à Christophe Ohrel (ex-Rennes et exSaint-Etienne) à la 17ème minute, puis aggrava le score à la 20ème minute grâce à notre attaquant vedette, Stéphane Chapuisat. La Suisse menait 20 en Italie après 20 minutes, face à une équipe transalpine composée de joueurs comme Costacurta, Donadoni, Vialli et Roberto Baggio. C’était incroyable ! Oui, oui, incroyable ! La Suisse parvint à garder ce score jusqu’à la mi-temps. Puis en deuxième mi-temps, le score resta en faveur des Helvètes pendant de longues minutes, jusqu’aux 10 dernières minutes. Malheureusement, le rêve était trop beau. Roberto Baggio réduisit le score à la 83ème minute et Eranio égalisa à la 90ème minute. Mais ce match nul permit aux Suisses de se rendre compte qu’ils pouvaient réalistiquement tenir tête à de grandes nations et tenter sérieusement de se qualifier. LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Toute la campagne de qualification se poursuivit quasiment sans faux pas (matchs nuls à domicile contre le Portugal, match nul à l’extérieur en Ecosse et défaite au Portugal), mais surtout grâce à une victoire à domicile face à l’Italie (1-0, but de Marc Hottiger), la Suisse se présenta à la dernière journée en ayant son destin en mains. En sachant qu’à l’époque, la victoire ne valait «que» 2 points, le classement était le suivant avant la dernière journée : 1 Italie 14pts (diff. de buts +14) 2 Portugal 14pts (diff. de buts +14) 3 Suisse 13 pts (diff. de buts +13) Sachant que l’Italie recevait le Portugal et la Suisse recevait l’Estonie, quelque soit le résultat entre l’Italie et le Portugal, la Suisse savait qu’en cas de victoire (peu importe le score), la qualification allait tomber comme un fruit mur.

Ce match décisif se joua à Zurich dans une ambiance de folie. Hodgson aligna de nouveau un 4-4-2 classique. La Suisse l’emporta 4-0 sans trop de soucis (premier but peu après la demi-heure).

La fête pouvait commencer. Roy Hodgson devint le «Roy» de Suisse (ou presque). Les joueurs et le sélectionneur firent un tour d’honneur et devinrent des héros en qualifiant la Suisse pour une première compétition internationale depuis 28 ans.

Durant cette World Cup américaine, la Suisse fit bonne figure en faisant match nul contre les Etats-Unis (1-1), en gagnant contre la Roumanie (4-1) et en perdant contre la Colombie (0-2). Ces résultats permirent à la Suisse de se qualifier pour les 8èmes de finale (défaite contre l’Espagne 03). Mais l’essentiel était la qualification et de garder la tête haute lors de la phase finale. Mission accomplie par Roy Hodgson et ses joueurs.

L’aventure continua pendant plus d’une année. Roy Hodgson mena la Suisse pour la campagne qualificative pour l’Euro 1996. La qualification quasi-acquise, l’Inter de Milan vint offrir un contrat en or à Hodgson. L’ASF accepta à contrecœur de libérer son «Roy».

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La Suisse se présenta en Angleterre avec Arthur Jorge comme sélectionneur. La magie n’était plus là. Un match nul (contre l’Angleterre) et 2 défaites (contre l’Ecosse et les Pays-Bas) obligèrent les Suisses à rentrer au pays après seulement 3 matchs. Mais les très bons moments qu’Hodgson laissa aux fans suisses ont continué pendant plusieurs années. Thank you, Roy!

LIVERPOOL

\ \ \ CANDY

SERA-T-IL LE

NOUVEAU

LEEDS ?

PAR

RAFA

LA

BAMBA

A l’heure où les rumeurs autour d’un éventuel repreneur s’accélèrent pour prendre la suite de l’épisode tragico-comique de Hicks-Gillett, la question de la réelle santé économique du club reste prégnante.

Les chiffres, suivant les sources et également les devises utilisées, varient d’une manière plus ou moins importante, une fois entendu que le club est fortement pénalisé par une dette conséquente, alimentée principalement par la technique d’achat du Leverage Buy-Out (LBO) utilisée par nos deux Américains préférés, qui, miracle du capitalisme, entendaient financer leur investissement en le mettant sur le compte du club pour ensuite en tirer une solide plus-value…

Le dernier rapport financier de Kop Holdings, la structure détenant les parts du club, pour la période annuelle s’achevant en juillet 2009, révèle une perte-record de 67 M € (en comparaison, le précédent exercice avait vu un profit de 12 M €), portant le montant total de la dette à 577 M €. Le paiement annuel des intérêts s’élève, quant à lui, à 49 M €… Concernant la dette, même si les estimations sur son montant peuvent varier entre 450 et 580 M € suivant les sources journalistiques, elle est principalement détenue par la Royal Bank of Scotland, une banque britannique nationalisée, et Wachovia (284 M €) et Kop Cayman, la société-mère immatriculée aux îles Caïman par Hicks et Gillett (175 M €), à laquelle LFC rembourse ses emprunts à un taux d’intérêt de 10%. Le club perdrait ainsi 134.000 € par jour… Liverpool a jusqu’au début du mois d’octobre pour rembourser sa dette (ou en grande partie) à RBS et Wachovia, d’autant que RBS, en pleine restructuration sous le contrôle notamment des autorités communautaires suite à la crise éconoLFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

mique, risque d’être moins conciliante quant à la possibilité d’un éventuel réaménagement de la dette… La nomination de Martin Broughton à la présidence du club, fortement suggérée par ses créanciers, vise donc prioritairement à trouver un nouveau repreneur, en mesure d'assurer le remboursement de la dette. Quelle est donc la réelle valeur du club ? En avril 2008, le magazine Forbes classait Liverpool comme le quatrième club de football le plus cher du monde, estimant sa valeur à 738 M €, mais en excluant toutefois sa dette.

A l’occasion des récentes rumeurs de rachat, il ressort que Hicks et Gillett évaluent Liverpool à un minimum de 732, voire 976 M €, tandis que les offres les plus abouties, dont celle menée un moment par le Chinois Huang, se situaient plutôt à 390 M €.

Concernant les revenus du club, l’étude annuelle du cabinet Deloitte «Football Money League» constitue une source d’information pertinente. Pour 2010, ces derniers s’élèvent à 217 M€ et classent LFC à la 7ème place européenne (soit le gain d’une place par rapport à l’année précédente avec un revenu de 207 M€). Liverpool n'est cependant que le quatrième club anglais dans cette «money league». Ses revenus se répartissent de la façon suivante : - 40% pour les droits TV avec 87,6 M€ (50 M € venant de la Premier League, 23,2 M€ de la ligue des champions), - 37% pour le merchandising avec 79,5 M € (dont sponsor maillot et partenaires), - 23% pour la billetterie avec 50 M € grâce à une assistance moyenne de 43.600 spectateurs (ce qui est moitié moins en terme de recettes qu'Arsenal ou Manchester United).

On en déduit logiquement que l’année 2010 risque d’être plus difficile sur le plan des droits TV avec la mauvaise saison en championnat et la non-qualification en Ligue des champions tandis que le nouveau contrat de sponsoring maillot avec Standard Chartered permettra de consolider le

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DÉBAT RAFA OR NOT RAFA ? ________ RAFA !

volet merchandising et que le poste billetterie restera stagnant dans l’attente de la construction d’un nouveau stade.

PAR

CRAZYHORSE

Six ans à la tête des REDS. Pas de titre de champion. Mais Istanbul. Que retiendra-t-on de Rafael BENITEZ ? Et qu’a-t-il laissé ? Rafa est parti, et vive Roy !

Au niveau des dépenses, la masse salariale des joueurs et de l’encadrement constitue évidemment le premier poste. En 2009, la totalité des salaires payés par Liverpool s’élevait à 123 M €, soit plus de la moitié du revenu dégagé.

Le nombre de salariés a fortement augmenté, passant de 251 en 1998/99 à 369 en 2007/08. Il accompagne néanmoins la hausse des ressources puisque la part des salaires rapportée au chiffre d’affaires est passée simultanément de 66% à 56%, le chiffre d'affaires augmentant de 55 M € à 194 M € en moins de dix ans... La politique des transferts n’apparaît pas non plus nécessairement dispendieuse puisque sur les six années de l’ère Benitez, le différentiel entre achat et vente de joueurs s’élève à 103 M €, soit moins de 20 M € par année.

Une 7e place a eu raison de lui, fruit d’une cassure avec la plupart de ses joueurs dont les 2 plus emblématiques, Steven Gerrard et Jamie Carragher. Pourtant il serait injuste de ne se souvenir de lui que par cette fin. Le club a pris la décision qu’il fallait pour que l’équipe rebondisse, en arrivant à la conclusion que Benitez n’était plus l’homme de la situation. Plus aucun trophée depuis 2006, la perte du titre en 2009 au détriment de l’ennemi juré Man U qui égalise, mais surtout le fait de s’être «débarrassé» de Xabi Alonso, longtemps la clé de voûte de son jeu alors que ses équipiers demandaient à ce qu’il reste, et des relations tendues avec les propriétaires américains qui ont eu peur que les meilleurs joueurs s’exilent, précipitèrent la sortie du manager espagnol.

Plus surprenante constitue la mention dans les comptes du club d'une dépense de 55 M € déjà engagée pour la construction du nouveau stade… Comme dans les années Moores, le club pouvait prétendre structurellement à maintenir un relatif équilibre financier mais le fardeau de la dette, imputable au rachat par Hicks et Gillett, l'entraîne dans une spirale infernale...

Il ne reste plus qu'à espérer qu'un richissime repreneur empêche que le choix désastreux de 2006 condamne Liverpool à suivre le chemin de Leeds ou Portsmouth… \ \ \ RAFA

LA

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BAMBA

Six ans, le même temps que son prédécesseur Gérard Houllier (qui au passage l’a sévèrement critiqué jusqu’à s’attribuer la victoire en Ligue des Champions 2005…), et qui a failli à l’objectif n°1 : ramener un titre de Champion d’Angleterre qui fuit le club depuis 1990. On a souvent loué sa brillance tactique mais aussi sa frilosité offensive. On retiendra Istanbul, Cardiff, les deux fameux 44 contre Chelsea et Arsenal, les corrections infligés au Real et SUR le terrain d’Old Trafford, mais aussi les matchs nuls à répétitions en 2009 et son incapacité à comprendre le championnat anglais. Mais à y regarder de plus près, Rafa a permis à Liverpool de retrouver un standing, surtout dans les compétitions européennes. Le LFC de Benitez

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était craint car pouvant faire déjouer n’importe quelle équipe. Le Barça, le Real, le Milan, l’Inter, la Juve, Chelsea, Arsenal, le PSV, l’OM, Bordeaux, Monaco, le Deportivo la Corogne, Porto, Benfica... et bien d’autres ont subi la loi des REDS.

LES

ANNÉES PAR

BENITEZ

M’SIEUR

LE

MARQUIS

Que reste-t-il des années Benítez ? N’étant pas au cœur du sérail, nous devons nous contenter d’informations plus ou moins fiables, de ragots, de rumeurs, mais aussi et surtout d’impressions et de résultats, laissant à chacun sa propre interprétation. Voici la mienne.

Question de culture : je n’aime pas le football, j’aime le football anglais ; nuance. Voilà pourquoi, le football de Benítez ne m’a pas enthousiasmé davantage que celui de Gérard Houllier.

2011, la saison du rachat par les joueurs ?

Roy Hodgson hérite d’un groupe mature, ayant des automatismes tactiques. Car c’est en cela l’héritage de Benitez. Certes, Roy y amènera sa touche comme l’abandon de la zone sur corners, mais peut et doit s’appuyer sur le travail de son prédécesseur pour atteindre de nouveaux les sommets. Et pourquoi pas cette saison ? D’abord les cadres vieillissent, StevieG et Carra en tête, mais surtout se doivent de «se racheter une conduite après avoir lâché» l’Espagnol la saison dernière. Ils ont une préparation peu perturbée car faite en Europe. Il y a un nouveau discours, l’expérience et la gestion humaine de Hodgson, loué par beaucoup d’observateurs. Et des matchs en Europa Ligue de moindre exigence à la différence de la Ligue de Champions. Le seul hic reste le cas de Mascherano, et on connaît tous la valeur du joueur, l’un des meilleurs milieux défensifs du monde.

Il y a aussi une nouvelle distribution des cartes avec l’arrivée de Joe Cole, et notamment pour Gerrard. Il redescend d’un cran en se positionnant devant la défense. Il a parfois montré quelques baisses dans l’expression de ses qualités athlétiques et plus particulièrement la vitesse. Cela s’illustre par plus de fautes commises en lieu et place de ballons récupérés. Mais sa vision du jeu et sa qualité technique reste la même, à lui d’évoluer et de s’adapter en prenant exemple sur Gary McAllister. Gerrard sait surtout que le temps court, lui qui veut accrocher un titre de Champion à son palmarès et la concurrence se fait de plus en plus rude avec l’émergence d’équipes comme ManCity ou Tottenham, sans oublier les habituels cadors que sont Chelsea, ManU et Arsenal. Alors si Liverpool arriverait à décrocher un titre, on pourra penser légitimement que Rafa y sera pour quelque chose… même s’il aura l’humilité de ne pas le dire. \ \ \ CRAZYHORSE LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Je me souviens de la demi-finale de la coupe de l’UEFA en 1997 entre Paris et Liverpool, quand, avant le match, on vit les Spice Boys, Mc Manaman, Fowler, etc., entrer avec leur portable, s’allonger sur la pelouse et rire entre eux en toute décontraction. Résultat : 3-0 pour Paris et élimination à la clé pour les Reds. Cette image avait marqué les commentateurs et je pense qu’ils n’étaient pas les seuls. Quand Parry est allé chercher Houiller puis Benítez, c’était pour importer une culture continentale dans un club sans doute un peu trop marqué du sceau de l’isolement britannique. Adieu insouciance, décontraction, enthousiasme ; bienvenue rigueur, calcul et attentisme. Gérard Houllier a donc posé les bases d’un changement dès 2004, Benítez a conforté. On peut reconnaître une similitude entre ces deux hommes et particulièrement dans leur approche professorale et méthodique du football. Cela nous a donné quelques inoubliables heures de gloire… mais aussi beaucoup d’ennui !

En repensant à 2004 et à la recherche d’un nouveau manager, j’espérais que le board privilégierait le retour de la «boot room». Cela ne fut pas le cas, mais j’étais néanmoins satisfait de l’arrivée de l’Espagnol ! Je gardais un souvenir impressionné de la correction que son Valence avait infligé au LFC d’Houllier. Ce soir là, il avait démontré son immense talent de tacticien.

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Première saison, premier triomphe. Il ne faudrait pas attendre longtemps pour découvrir Benítez : l’Europe serait son jardin d’Eden et l’Angleterre une perpétuelle incomprise. D’un côté, l’énorme, l’invraisemblable, l’impensable victoire d’Istanbul, dont la réussite lui revient presque entièrement, et de l’autre la triste gestion lapidaire de la FA Cup avec l’élimination pitoyable au premier tour contre Barnsley. C’est peut-être un peu simpliste, mais cette saison 2004-2005 résume assez bien ce qu’allaient être les années Bénitez : un football marqué par une finesse tactique si proche de l’obsession qu’elle en devint sœur du vice, mais aussi, caché derrière, un mur d’incompréhension qui, en PL, allait vite devenir le mur des lamentations. Dés son arrivée, le pédigrée de Benítez ne pouvait que séduire et le moindre de ses talents n’a pas été de sublimer les joueurs moyens, pour les élever au niveau des meilleurs. En ajoutant à cela une connaissance parfaite du football européen, la route d’Istanbul s’est entrouverte. Notre formidable parcours lui doit presque tout, avec en apothéose des qualifications à suspens. Héroïsme et progression : Europe, nous voilà !

Les affres de la FA Cup, Rafa allait les effacer l’année suivante avec un succès et un retournement de situation qui, une fois encore, entrait dans la légende. L’histoire se déroulait devant nos yeux et une nouvelle page allait s’écrire à Athènes.

Deux saisons et autant de victoires ! Et pour couronner le tout, une nouvelle finale en League des Champions à l’issue de la troisième ! Que demande le peuple rouge ? Il demande, il réclame, il hurle, de régner en Angleterre. Et là, cela a quand même coincé. En réalité, cela a coincé dans presque toutes les compétitions insulaires. En tenant compte de cette FA Cup 2006, dont je me réjouis encore, Rafa nous a guidé 6 saisons en Premier League, 6 saisons en FA Cup et 6 saisons en League Cup. Résultat : une victoire, une finale perdue (League Cup perdue contre Chelsea en 2005) et une deuxième place. Le tout en 18 compétitions ! Doit-on considérer ce bilan comme positif ? Chacun est libre de penser ce qu’il veut, mais pour moi, la réponse est non ; pas pour un club comme Liverpool. Alors à qui la faute ? A la direction, aux joueurs? Au staff technique ? Sans doute un peu tout le monde, car cela est tellement complexe qu’il serait possible d’en écrire un mauvais livre. Mais le sujet du jour, c’est Rafa, avec son expérience, son talent, son intelligence, sa culture footballistique inégalable et son «we work hard», l’ardeur au travail. Offrir à un tel technicien le mythe Liverpool ne pouvait qu’exciter joueurs et supporters. Mais quand ce technicien se bat pour avoir les pleins pouvoirs et qu’il les obtient enfin LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

en 2009 pour vivre sa saison la plus calamiteuse, son égo surdimensionné ne peut qu'intriguer. Il est facile alors de se remémorer la litanie de ses fâcheries qui ont parsemé ses 6 années : les détestables relations avec Rick Parry, qu’il parvient finalement à faire virer, la mise à pied d’un grand nombre d’employés du club (environ 150 années de présences, renvoyés pour cause de restructuration benítezienne), l’élimination de Steve Heighway, la saga Gerrard en 2005, où l’on ne m’empêchera pas de penser que si le club n’a pas proposé ce fameux nouveau contrat à Gerrard après la finale d'Istanbul, c'était davantage du fait de Rafa que de celui de Parry.

Oui, je suis convaincu que Benítez voyait en cette vente une énorme perspective de cash additionnel, et surtout qu’il se protégeait ainsi de l’ombre que cet électron libre pouvait poser à l’équilibre de l’équipe. Il y eut aussi le surprenant départ pour incompatibilité d’humeur de son fidèle premier adjoint, Pako Ayesterán (après onze années communes) en septembre 2007, puis le traitement pour le moins honteux d’Alonso lié à la saga Barry la même année. A ce sujet, je me rappelle de la finale de la CL 2007 et je me souviens parfaitement qu’Alonso fait une faute incroyable, grossière, presque inexplicable, qui donne le premier but du Milan AC. Je pense qu’aux yeux de l’entraîneur, cela a pu être jugé comme faute professionnelle et a marqué la rupture des relations entre les deux hommes. Aurait-il du mal à pardonner, le Rafa ?

Cette finale, parlons-en. Elle est emblématique du management de Bénitez. Cela aurait pu être non, cela aurait dû être - notre 6ème triomphe en Champions League. Nous étions bien plus forts qu’une équipe du Milan fatiguée, dont la défense était si âgée qu’elle paraissait s’effriter à chaque coup de boutoir. Sauf que les coups de boutoir, il y en eut trop peu pour gagner ce match. Rafa alignait un seul attaquant et sa frilosité explosait au grand jour.

Les années qui suivirent ne prouvèrent pas autre chose. Sa science et sa compétence nous amenèrent au bord du triomphe, mais pas au-delà. Pour cela, il aurait fallu qu’il se fasse violence et, comme la Premier League l’impose, qu’il accepte parfois de prendre des risques.

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La saison 2008-2009 aurait dû être la nôtre. Pendant quelques semaines, nous avons pratiqué un football exceptionnel, le meilleur depuis de nombreuses années. Et comme pour la finale d’Athènes, le titre nous tendait les bras – Man Utd n’était plus l’équipe flamboyante qui venait de faire le doublé Championnat-League des Champions, Chelsea accusait le coup, Arsenal se cherchait et aucune autre équipe ne parvenait à s’immiscer dans ce combat. Pourtant, ce fut aussi l’année d’une série de matchs nuls qui nous coûtèrent des points décisifs. Vraiment nuls ! Trop d’attentisme, trop de réflexion. Il a toujours manqué à Rafa cet instinct du joueur, pour ne pas dire du tueur. Peut-être qu’avec le temps il aurait fini par l’acquérir, mais au bout de combien de saisons ? Toujours imperturbable, contrôlant ses émotions, Benítez est un ascète sans fantaisie et il est probable que cela l’aida à surmonter l’énorme pression à laquelle il dut faire face. Passionné par le jeu d’échec, chacune de ses décisions de terrain nous est apparue mûrement réfléchie et malheureusement presque programmée. Mais dans le football, et particulièrement dans le football anglais, les choses vont vite et, souvent, il faut savoir réagir durant le cours d’un match et bousculer les idées reçues. N’est-ce pas cela, que l’on appelle «la glorieuse incertitude du sport» ?

Mais «incertitude» étant un mot banni du langage de Rafa, son football était devenu trop méthodique et trop prévisible, un peu comme à la fin de l’époque Houllier.

Les choses se sont donc terminées amèrement, avec un sentiment de dérive et surtout l’impression que le club était devenu incontrôlable à tous les niveaux. En parvenant à une mainmise totale sur le club, Rafael Benítez a surestimé ses capacités mais surtout a cassé la légendaire image familiale du club.

J’ai toujours respecté les entraîneurs de Liverpool, et c’est dans un signe de respect que je n’étais pas opposé à ce qu’il reste une année de plus pour conjurer le mauvais sort qui s’était acharné sur nous pendant toute une saison. Oui, il aurait mérité une dernière chance, mais à la condition qu’il accepte de moduler son intransigeance. Je maintiens que si Benítez avait concédé un peu de désordre dans sa gestion des matchs et avait accordé un peu plus de liberté à ses joueurs, nous aurions presque tout, voire tout, gagné. Il nous a emmené très haut, mais pas au sommet. Aujourd’hui, le football qui me plaît est celui de Tottenham. Et comme par hasard, son entraîneur est anglais. Qu’a gagné Tottenham ? Pour l’instant \ \ \ M’SIEUR LE MARQUIS pas grand chose : misère… LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

GARDER RAFA PAR

RAFA

LA

BAMBA

Voici dix bonnes raisons (rétrospectives) de garder Rafa...

. Un palmarès suffisant pour compenser l’année blanche de 2010 Sans entrer dans un débat statistique cher à Tomkins, Rafael Benitez aura été le manager qui aura connu le plus de réussite depuis Kenny Dalglish à Liverpool. Il est notamment parvenu à positionner Liverpool comme n°1 européen suivant les critères retenus par l’UEFA.

. Des résultats très satisfaisants pour un entraîneur qui n’aurait jamais compris le football anglais En six ans, sous sa conduite, Liverpool a connu ses deux meilleurs totaux, en terme de points, de l’ère de la Premier League. Pour la première fois (en 2001-2002, la dernière équipe à pouvoir jouer le titre avec Arsenal était MU et non LFC), Liverpool a été réellement présent dans la course au titre lors de la saison 2008-2009. . Des résultats supérieurs à notre potentiel économique En terme d’envergure financière (budget, masse salariale, capacité d’accueil du stade), Liverpool est plutôt calibré pour jouer la quatrième ou cinquième place du championnat d'Angleterre.

. Un souci de continuité, gage de résultats Les deux clubs, qui ont obtenu sur la longueur les meilleurs résultats en Angleterre, sont ceux qui ont conservé leur entraîneur. La réussite est fondée sur la stabilité. Ce constat est valable tant pour l’équipe première que pour les équipes de jeunes. . Un manager de haut niveau difficile à remplacer Rafael Benitez, au regard de ses résultats obtenus dans différentes ligues, fait partie du cercle fermé des dix meilleurs entraîneurs d’Europe. Le trio de successeurs potentiels (Hodgson, Pellegrini, Dalglish) semble s’inscrire un cran endessous. D’une certaine manière, on passe de l’Inter Milan, champion d’Europe en titre, à Fulham, équipe valeureuse mais située dans le ventre mou du championnat anglais...

. Un soutien populaire continu Même à la suite d’une année difficile, Benitez a conservé un réel soutien d’une part conséquente des fans, qui a pu ainsi s’exprimer à l'occasion de différentes manifestations. Istanbul restera vraisemblablement aussi dans le cœur de tous les supporters des Reds…

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. Un élément de stabilité dans la gouvernance de LFC Même si ce rôle n'est pas forcément souhaitable dans le cadre d'un fonctionnement normal de club, Rafael Benitez a été un point d’ancrage face à des «présidents» incompétents et un encadrement administratif sans réelle légitimité sportive.

LE FAISEUR DE MIRACLES PAR

RODO

J’aimais bien Rafa. Cela m’a fait mal de le voir partir. Je me disais qu’il avait mal fini sa carrière chez nous, fâché avec le management et les journalistes, mais cette histoire avec les joueurs qui ne l’appréciaient pas, je n’y croyais pas trop. Et c’est en lançant l’idée sur un débat que j’ai exploré mes sentiments, mes images, mes souvenirs et j’ai cherché des faits. Des faits avérés. Et j’ai réalisé que l’exercice de parler de Rafa était délicat.

Parce que parler de Rafael Benítez Maudes peut être vite polémique entre les supporters de Liverpool. Il a commencé son histoire chez nous avec une énorme joie pour finir dans la plus grande tristesse. Nos plus grandes joies ? Istanbul 2005, Cardiff 2006, Champions League 2007, Premier League 2008-2009… Mais que s’est-il passé après ? . Une tactique défensive certes, mais depuis 2004… Reprocher à Rafael Benitez sa tactique plutôt défensive, basée sur un schéma strict d’organisation, est tout à fait acceptable, mais la critique pouvait poindre dès son intronisation en 2004. Quand le Real Madrid recrute Mourinho, il sait que son équipe risque d’être moins spectaculaire mais mieux organisée et victorieuse à terme.

. Une colonne vertébrale solide en héritage L’équipe, laissée en 2010, paraît autrement plus consistante que celle trouvée en 2004, avec deux ou trois joueurs de classe mondiale et une dizaine d’internationaux qui viennent de participer à la dernière coupe du monde.

. Une faculté à attirer de grands joueurs Si tout manager fait nécessairement des erreurs de recrutement, Rafael Benitez a su attirer des joueurs de classe internationale surtout hispanophones (Torres, Alonso, Mascherano, Reina…) même s'il a montré moins de flair au cours des deux dernières années et pour les «squad players». «Rafa à LFC est mort, vive Roy !!!»

Il restera cependant, comme le classait Tomkins dans Dynasty, sur le podium des entraîneurs de LFC derrière les intouchables Shankly et Paisley, conjointement avec «King Kenny».

On souhaite évidemment à Roy Hodgson de le détrôner grâce à un dix-neuvième titre de champion d'Angleterre. \ \ \ RAFA

LA

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BAMBA

«Rafa’s cracking up», nous chantaient les mancuniens en 2009 quand notre manager a ouvertement critiqué le traitement que la presse et la FA réservaient à Alex Ferguson (on a chanté nousmêmes cette chanson à OT lors du 1-4 pour le venger). Il n’avait pas tort car le sir a des droits que personne d’autre n’a dans le Royaume : celui de critiquer les arbitres, celui de critiquer les autres entraîneurs, celui de mettre la pression sur les arbitres de touche, et même de traiter les journalistes de «fucking idiots» sans qu’on lui tombe dessus… Mais cela indique aussi que notre manager avait complètement coupé les ponts avec les médias qui le critiquaient ouvertement depuis un moment. Parce qu’il n’était pas médiatique, parce qu’il ne produisait pas le même football qu’ailleurs en Premier League, parce qu’il faisait trop tourner l’équipe… Cela est rentré dans la tête des supporters, mais si on analyse plus loin, ce n’était pas tout à fait vrai. Moi, j’ai comme l’impression qu’il était un faiseur de miracles. Un malchanceux faiseur de miracles. Parce que, soyons réalistes : comment faire ce qu’il a fait avec les moyens qu’il avait à sa disposition ? Vous ne vous souvenez pas ce qu’il a réussi ? Voyons voir…

En 2005 et 2006, ce n’était pas son équipe. Ce n’était pas lui qui l’avait formée, qui avait choisi ces joueurs. Il avait hérité de quelques perles : Cissé, El-Hadji Diouf, Diao, Cheyrou… et même s’il avait ramené quelques-uns de ses joueurs, l’équipe n’avait pas encore la touche Rafa (ok, Xabi Alonso et Luis Garcia ont été très influents pendant ces premières années). Et néanmoins, une

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Champions League et une FA Cup. Pas mal, je trouve.

Il ne faut pas oublier que depuis 1992, Liverpool ne s’était qualifié que 3 fois pour la CL. Depuis l’arrivée de l’Espagnol, les Reds se sont qualifiés 5 fois d’affilée. Et il a même décroché le record de présences en Europe sur le banc pour un entraineur de Liverpool avec 66 présences. Qui avait le record avant ? Un certain Bill Shankly… Au nom d’une certaine tradition britannique, on a critiqué (à savoir la presse, les pundits, Andy Gray, Jamie Redknapp, vous voyez ce que je veux dire...) le «zonal marking» ; résultat : 3 années avec notre Pepe préféré en Golden Glove (le gardien qui s’est pris le moins de buts du championnat).

Il paraît qu’il faisait trop tourner l’équipe. Tomkins (ma lecture favorite depuis un moment) a prouvé avec de belles statistiques que sir Alex Ferguson changeait l’équipe plus souvent (entre 2006 et 2009, 364 pour Benítez et 376 pour Ferguson). Même si, quand on a moins tourné (2008/2009, 115 changements pour l’Espagnol comparés aux 141 pour l’écossais), les dernières journées ont été difficiles, les joueurs ont fini sur les rotules et on a loupé le dernier élan pour rattraper ManU.

Pour rappel, même si on garde tous cette horrible image de cette 7ème place en 2009/2010 (sans compter une plus que respectable demifinale d’Europa League), il faut aussi dire qu’on a fini 4èmes pendant sa première saison, 3èmes en 2005/2006, 3èmes en 2006/2007, 4èmes en 2007/2008 jusqu’à cette merveilleuse 2ème place en 2009/2010, la meilleure saison du club depuis 18 ans, avec le record de points pour un runnerup en Premier League. Ah, et la meilleure différence de buts du championnat. Pas mal pour une équipe défensive, hein… ! Maintenant, parlons moyens : Liverpool était monté comme une équipe de 5ème place : 5ème masse salariale de la PL (Chelsea, United, City et Arsenal nous devançaient), 5ème équipe la plus chère (50m£ de moins que les Spurs et encore plus loin de United, Chelsea et City). Sans oublier le stade : Anfield était le 5ème stade en capacité de la Premier League, après United, City, Arsenal et Sunderland. Aujourd’hui, on est même 6ème suite à la remontée de Newcastle.

L’argent est l’arme la plus importante pour gagner ce précieux titre. Et en termes de recrutement, vous remarquerez que Rafa Benitez a toujours dû vendre pour financer ses achats, en attendant un mécène qui apporterait le cash suffisant pour renforcer le squad. Oui, celui qui n’est jamais arrivé... Entre temps, le net dépensé par LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Rafa pendant ses 5 années à la tété de Liverpool, en % des dépenses nettes de la Premier League, est loin derrière Chelsea, par exemple.

Pour parler chiffres (merci Tomkins encore), pour ses premières années il reste à 13,9% du net total de la Premier (ceci en incluant Cissé à 14,2 m£, signé par Houllier), 6,9%, 6,3%, 12,5% (arrivée de Torres) et 1,6% avec une dernière saison à… 0,2%. Pour la concurrence, disons simplement que depuis 18 saisons, ManU a dépassé 6 fois le 15%, dont deux fois pendant l’ère Benitez. Ferguson est même arrivé à 26,8% en 1998/99 avec comme résultat… un triplé ! (Chelsea a fait un affolant 67,9% en 2003, pour suivre avec un joli 49,5% en 2004. En 2005 ils ont réduit leurs dépenses pour arriver à un respectable 19,6% et augmenté à nouveau en 2006 pour atteindre un sérieux 23,4%).

Sinon on peut dire qu’il n’aimait pas les joueurs anglais. Mais il n’aimait surtout pas leur prix. En 2004, il a voulu signer Woodgate, puis Barry en 2008. Les proprios n’avaient pas suffisamment de cash à dépenser, malheureusement… Sans oublier Crouch, Keane, Johnson, et les éternels Gerrard & Carragher. Et s’il aimait les joueurs espagnols, ça n’avait certainement rien à voir avec le fait qu’ils avaient un meilleur rapport qualité/prix ou que la Liga était l’un des meilleurs championnats européens. Rien à voir. Et les jeunes aussi ! Moi, pour l’instant, il n’y en a aucun qui m’a convaincu de mériter sa place dans l’équipe première. Exception faite de Ngog, formé par le PSG…

Après on peut me dire que les joueurs étaient fâchés avec lui. Mais Torres est venu grâce à lui, Mascherano est resté une saison de plus pour lui, Babel a toujours été reboosté par son soutien et notre manager a toujours donné sa confiance à Lucas malgré les critiques. Un malchanceux faiseur de miracles parce que justement la chance qui lui manquait ne coûtait pas grande chose de plus que quelques millions. Impossible pour Liverpool dans cette période.

Il a dû partir parce que sa place était devenue intenable après ses critiques envers les propriétaires. Mes craintes pour son départ étaient basées sur le fait qu’aucun entraîneur de son niveau n’était disponible ou intéressé par le poste à cause des problèmes financiers. Hodgson a pris le flambeau, souhaitons-lui bonne chance. Il va en avoir besoin. Et pour finir, je garde une phrase de mon respecté Paul Tomkins : «If you do not have your facts straight, you don’t have an opinion; you just have hot air. An opinion without the facts is like a pop song without the words and music.» \ \ \ RODO

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AU COIN

DU

PAR

FEU

RAFA

LA

et les Rangers sans la bigoterie».

BAMBA

You’ll never talk alone – The book of Liverpool quotations, par Eugene Weber

Pour un club aussi riche en histoire et en tradition que Liverpool, la pratique des «petites phrases» ou «bons mots» paraît un exercice incontournable.

Si les citations les plus connues, souvent de Bill Shankly («Si Everton jouait dans mon jardin, je fermerais les volets», «Certaines personnes pensent que le football est une affaire de vie ou de mort. Je suis très déçu par cette attitude car cela va bien au-delà»…), ont longtemps été reprises sur le site officiel du club, le livre de compilations d’Eugène Weber You’ll never talk alone, certes un peu ancien puisque sorti en 2006, a le mérite d’en rappeler certaines et d’en faire découvrir d'autres. Un petit florilège de ces dernières est présenté ci-dessous, traduit du mieux possible en français.

Pour commencer, évidemment le «maître» de la citation qu’a été Bill Shankly, dont Gérard Houllier dira, à juste titre, «il est à Liverpool ce que De Gaulle est à la France» : «Le mot fantastique a été utilisé trop souvent. Aussi, j’inventerai un nouveau mot pour décrire les spectateurs à Anfield. C’est plus que du fanatisme, c’est une religion. Pour les milliers qui viennent communier, Anfield n’est pas un terrain de foot mais un temple. Ces personnes ne sont pas de simples fans. Ce sont plus des membres d’une gigantesque famille». Ou encore : «Si vous avez trois Ecossais dans votre équipe, vous avez des chances de gagner quelque chose. Si vous en avez plus, vous aurez des problèmes…». Nicol, Hansen, Souness et Dalglish n’ont-ils pas joué ensemble dans les grandes équipes de Liverpool du début des années 1980 ? Sinon, Gary Mac reste, à ce jour, notre dernier «grand» Ecossais et aurait sûrement dû être associé à deux de ses compatriotes pour améliorer les performances de l’équipe de la fin de l’ère Houllier… Petite taquinerie de Shankly à propos d'Alan Ball, après que ce dernier a refusé de rejoindre Liverpool et préféré revêtir le maillot bleu d’Everton : «Congratulations, fiston. Tu joueras près d’une grande équipe». Dans la même veine de la part de Shanks après que Lou Macari ait préféré Manchester United à Liverpool… : «Je trouverai quelqu’un d’autre pour l’équipe réserve.»

Toujours sur Everton : «La rivalité entre Everton et Liverpool est comparable à celle entre le Celtic LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Ses successeurs seront moins prolixes en «petites phrases» et «bons mots». Kenny Dalglish dira suite à la tragédie d’Hillsborough : «J’ai réalisé que durant toutes ces années comme manager et joueur que j’avais sous-estimé l’importance du club pour ces gens. C’était une erreur. Je n’avais pas apprécié à sa juste valeur l’importance que nous avons dans leur vie. Ce n’est pas eux et les joueurs, c’est nous». Dans un registre plus tactique, Rafael Benitez résumera sa philosophie d’entraîneur : «Vous ne pouvez pas gagner des matchs uniquement avec la passion et pour moi il est important d’être calme et d’analyser chaque situation».

Certaines petites phrases datant de vingt ou trente ans conservent néanmoins une certaine actualité. Le légendaire secrétaire (directeur administratif de nos jours) du club dans les années 70 et 80, Peter Robinson, disait : «Nous avons une règle de conduite à Anfield : si vous ne pouvez pas signer le joueur que vous souhaitez, ne jamais signer votre second choix.» Cette saine règle de conduite aurait sûrement évité quelques catastrophes récentes (à venir ?) en matière de transferts…

En matière de «bon conseil», David Moores, l’ancien président de LFC, était aussi affirmatif : «Je ne vois pas pourquoi nous aurions besoin de financiers de la City, qui n’ont aucune passion pour Liverpool, pour nous dire quoi faire avec notre club». A priori, les avis de «requins financiers» américains lui ont paru plus pertinents… Sur les liens avec les médias, Alan Hansen reste assez lucide : «Je n’ai jamais aimé les commentateurs sportifs jusqu’à ce que j’en devienne un…»

Quelques paroles de fans pour conclure : « J’aime tant Liverpool que si je surprenais chez moi un des joueurs en galante compagnie avec ma femme, je me précipiterais dans les escaliers pour lui faire une tasse de thé… » «Pour ceux qui regardent la télé en noir et blanc, Liverpool est l’équipe avec la balle». Enfin, une citation particulièrement visionnaire du roi Pelé, en 2004 : «Mon joueur favori à Manchester United est \ \ \ RAFA LA BAMBA Michael Owen».

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JOE COLE : L’HISTOIRE D’UN SURDOUÉ PAR

BUGSY

Le 19 juillet 2010, la presse internationale sportive annonce l’arrivée imminente de l’international anglais de Chelsea Joe Cole à Liverpool. Cette nouvelle paraît surprenante, car, lors de la période précédant le transfert, les journaux dirigeaient plutôt le joueur vers Arsenal, Manchester United, Tottenham, voire même son club formateur West Ham, l’intérêt du Liverpool F.C. n’étant que mollement évoqué. Par le recrutement de l’international anglais, le nouvel entraîneur, Roy Hodgson, semble vouloir montrer que le club, malgré une saison 2009/2010 extrêmement décevante et un micmac administratif innommable qui dure depuis plusieurs saisons déjà, a toujours un pouvoir d’attraction conséquent. Il semble ainsi souhaiter prouver aux stars locales, Fernando Torres et Steven Gerrard, présentées sur le départ, que les ambitions du club restent élevées, et que le recrutement permettra à l’équipe de gagner en compétitivité. D’autre part, Roy n’a jamais caché sa volonté de redonner à Liverpool une âme «british», après que deux managers étrangers se sont succédé à la tête du club. Joe Cole paraît donc un bon compromis à tout cela car il rejoint Liverpool gratuitement, en fin de contrat avec Chelsea. Pour Roy, il vaut bien les 90000 £ qui lui seront versées chaque semaine. Mais au vu de sa carrière, et des multiples pépins physiques dont il a souffert, le pari était-il à prendre ?

qu’ils sont présentés comme «des Latins dans un corps d’Anglais». Logiquement, dans sa 16ème année, West Ham reçoit une offre de 10 millions de livres de Manchester United pour s’attacher les services du prodige. Conscients de la pépite qu’ils détiennent, les Londoniens rejettent l’offre, et c’est ainsi que Joe Cole accède à l’équipe première de West Ham, à seulement 17 ans. En 1999, il fait partie de l’équipe qui remporte la FA Youth Cup, massacrant les jeunes de Coventry City avec un score de 9 buts à 0. Joe Cole ouvre son compteur de buts avec les Hammers en Premier League lors d’un match fou contre Bradford City, qu’ils gagneront par 5 buts à 4, au terme d’un incroyable retournement de situation. Il disputera 126 rencontres avec West Ham, et, en janvier 2003, à seulement 21 ans, fut choisi par l’entraîneur d’alors, Glenn Roeder, pour porter le brassard de capitaine. Il inscrira 10 buts lors de sa carrière à West Ham, qu’il quitta après que le club eut été relégué en Championship au terme de la même saison 2002/2003, lors de laquelle Joe Cole décrocha pourtant le «Hammer of the Year award». Il rejoint alors le club qu’il a toujours supporté, le Chelsea F.C., fraîchement racheté par le milliardaire russe Roman Abramovitch, pour 6,6 millions de livres. Le temps est à présent venu de franchir un palier supérieur.

Early Days & West Ham Story

Hauts et Bas

Fan absolu de Paul Gascoigne – qu’il voit inscrire son but légendaire contre l’Ecosse, lors de l’Euro 96, en tant que spectateur dans les tribunes du Wembley Stadium, il adopte le style de jeu de son illustre aîné, présente la même polyvalence et la même palette technique d’exception, à tel point

Il finit par s’imposer comme un titulaire indiscutable, marquant huit buts en Premier League. L’équipe effectuera, à la fin de cette saison, le doublé «championnat–coupe de la ligue», et Joe décroche ainsi le premier trophée majeur de son parcours. Mais tout n’est pas rose, et Mourinho lui reproche son manque de rigueur défensive. Le Portugais considère que Joe Cole n’était cantonné

Joseph John Cole naît le 8 novembre 1981 à Paddington, à Londres, et grandit à Camden. Très jeune, il fait preuve d’un talent hors du commun pour le football, et est sélectionné en équipe nationale «scolaire». Il s’illustre particulièrement lors d’un match contre l’Espagne, remporté par les Anglais sur le score de 8 buts à 1, avec… 7 buts de Joe Cole. À partir de là, les observateurs le présentent comme le phénomène du football «british», et il rejoint le centre de formation de West Ham. Le club est une excellente pépinière, la meilleure école de formation qui aura produit une bonne partie des stars contemporaines du football anglais, notamment Frank Lampard Jr, Rio Ferdinand, Michael Carrick ou encore Glen Johnson.

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À son arrivée à Chelsea en 2003, Joe Cole ne gagne pas tout de suite la confiance de Claudio Ranieri et n’est titulaire que rarement, barré par Damien Duff, puis par le néo-international anglais Scott Parker qui rejoint le club en janvier 2004. Mais, à la fin de la saison, Ranieri est débarqué de son poste de «manager» du Chelsea F.C. au profit du récent vainqueur de la Ligue de Champions avec le FC Porto, José Mourinho. Malgré le changement, Joe Cole n’a pas pour autant sa place au sein de l’équipe-type de Chelsea, mais il travaille dur. Et la chance finit par lui sourire avec les blessures récurrentes de Parker, Duff ou encore Robben.

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qu’à un rôle offensif à West Ham, et qu’une équipe évoluant dans la Premier League et les compétitions européennes ne pouvait se permettre d’avoir un tel joueur dans ses rangs, surtout dans un positionnement axial. Lors du match de championnat contre Liverpool en janvier 2005, Joe Cole marque, et Mourinho le remplace tout de suite peu de temps après son but, expliquant cette décision en déclarant qu’après le but de Cole, «sa partie était terminée», et qu’ils «jouaient à 10 puisqu’[il] a arrêté de courir et de jouer». Malgré tout, Cole accède au statut de «star» en marquant une série de buts en fin de saison, dont une superbe frappe de loin du pied gauche contre Norwich City qui sera choisie pour figurer parmi les dix plus beaux buts de la saison. Il continue, la saison suivante, sur la même lancée, et reste titulaire malgré la rude concurrence

l’opposant à Robben, Duff et une nouvelle recrue, Shaun Wright-Phillips. Cole marque à nouveau huit buts en championnats, et pas des moindres. Il marque contre Liverpool à Anfield, contre Arsenal à Highbury, et aussi à Stamford Bridge contre Manchester United, après avoir ridiculisé Vidic et Ferdinand, lors du match à l’issue duquel les «Blues» seront sacrés champions d’Angleterre pour la deuxième fois consécutive. Pourtant, en demi-finale de FA Cup contre Liverpool, José Mourinho choisit de se passer de lui, souhaitant une approche plus défensive. Chelsea se fait éliminer, et la presse imputera ce fait justement à l’absence de Joe Cole. Mais le Londonien trouve son expérience à Chelsea plutôt positive, et il choisit de prolonger son contrat pour quatre années supplémentaires. Mais ces quatre ans ne seront qu’une succession de blessures plus ou moins longues qui le tiendront éloigné des terLFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

rains. D’ailleurs, après un match nul frustrant à domicile contre Fulham lors du «New Year Eve» de la saison 2006/2007, Mourinho le qualifie de «blessé éternel». Pourtant, ses apparitions sont souvent marquantes, voire décisives. Lors de la Coupe du Monde 2006, il inscrit l’un des plus beaux buts de la compétition contre la Suède, lors du dernier match de groupe de l’Angleterre, et est unanimement salué par la presse, et par les fans des deux cotés. En avril 2007, en demi-finales de Ligue des champions contre le Liverpool F.C., il marque le seul but du match «aller», mais n’empêchera l’élimination de son équipe au match retour.

À la fin de la saison 2009/2010, son contrat arrive à expiration, et Chelsea ne veut le prolonger qu’à condition qu’il accepte un salaire moins important. Cole refuse, et la presse s’emballe : il est fortement pressenti à Arsenal, même si Manchester United, Tottenham et le Liverpool F.C. sont cités comme intéressés. À son retour de la Coupe du Monde 2010 disputée en Afrique du Sud, Joe Cole envoie un message à Purslow, puis à Steven Gerrard pour leur annoncer qu’il décide de rejoindre le club de la Mersey, et il est présenté aux fans et à la presse le 28 juillet 2010, en même temps que deux autres nouvelles recrues : Danny Wilson et Milan Jovanovic. Lors de l’interview qui s’ensuit, Joe déclare avoir mis de coté toute considération financière et géographique, ne prenant en compte que l’aspect sportif de la décision, et qu’il a été séduit par la perspective de jouer pour le «plus grand club d’Angleterre».

Il dit aussi avoir été convaincu par le projet présenté par Roy Hodgson, avec qui il s’est longuement entretenu à son arrivée. Néanmoins, on ne peut ignorer le fait que le salaire de Cole reste quand même très important pour un joueur qui se blesse autant. Mais une exploitation plus intelligente des capacités et de la polyvalence pourrait le prévenir des blessures. En effet, Cole sait qu’il n’a pas entièrement répondu aux attentes qui avaient été placées en lui à ses débuts, il sait que le bridage offensif qu’il a subi de la part de Mourinho, qui l’a beaucoup limité, et qui l’a exposé aux blessures en exigeant qu’il aille au charbon, l’a empêché de pleinement s’exprimer : il agit, en conséquence, comme un mort de faim sur le terrain, comme en témoigne le match contre Stoke City de la fin de saison dernière, où il continuait de courir infatigablement, exerçant un pressing constant. Quelque temps après le match, il déclare d’ailleurs à un journaliste du site «timesonline» : «Les gens se disaient que j’étais fou, et se demandaient ce que je faisais. Nous menions par 7 buts à 0, je

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continuais à courir, et à essayer de sauver des ballons, jusqu’au poteau de corner opposé. Nous avions déjà gagné le championnat, mais je devais montrer que j’étais toujours en parfait état de forme, malgré le peu de fois que j’ai joué de la saison». «Ce dont j’ai besoin, poursuit-il, c’est d’un manager qui va me faire comprendre que je fais partie de ses plans et que je vais jouer, qui va m’accorder cette confiance. Je suis sûr que cela résoudra tous mes problèmes».

Son envie de plaire et de montrer qu’il reste à 100% acquis à sa tâche lui a d’ailleurs joué de mauvais tours, pour ses débuts à Liverpool : il se fait expulser au bout de 44 minutes de jeu, dès son premier match de championnat disputé contre Arsenal, pour un tacle un peu trop appuyé sur le défenseur d’Arsenal Laurent Koscielny, dans le camp adverse. De même, très volontaire, il manque un coup de pied de réparation contre les Turcs du Trabzonspor AŞ, au troisième tour de l’Europa Ligue. Mais après une saison catastrophique, où les joueurs, déçus de ne pouvoir réitérer leurs performances de 2008/2009, et pris en otage dans une guerre opposant Rafael Benitez aux dirigeants américains, semblaient avoir complètement perdu toute envie et toute détermination, un coup de fouet était nécessaire. Ce coup de fouet pourrait tout à fait être symbolisé par Joe

QUELLE HISTOIRE ! ________ SHANKLY : QUE RESTET-IL 50 ANS APRÈS ? PAR

CRAZYHORSE

Décembre 2009 a coïncidé avec le cinquantenaire de l’arrivée de l’homme qui allait marquer l’histoire du club et en faire un des plus grands du Monde, William «Bill» Shankly. Au-delà des succès, il s’était surtout évertué à y léguer une philosophie de club… et une philosophie de vie. Mais qu’en reste-t-il donc 50 ans après ?

Buste droit, regard loin, écharpe au cou, les bras ouverts, voilà comment la statue de Bill Shankly, qui trône au pied du Kop, accueille chacun d’entre nous à l’entrée d’Anfield. Chaque nouveau visiteur s’y arrête un long moment pour lui rendre hommage, les habitués n’oublient jamais de le saluer (tout comme les 96, Justice !). Et personne ne manque de lire et relire cette épitaphe sur le socle de la statue : «He made people happy».

Beaucoup de choses ont été écrites sur le 10e manager du club, ses équipes, ses victoires, sa légende, sa Boot Room, ses célèbres citations et chaque Red de par le monde en a été bercé. Aussi cet article n’a pas vocation à retracer son parcours, mais de voir ce qu’il en reste. J’invite tout de même chaque lecteur à se replonger en Shanks aussi pour se ressourcer, car pour savoir où l’on va, il faut se souvenir d’où l’on vient. Pourtant, s’il fallait en ressortir une qui résume ce qu’il a voulu nous léguer, ce serait celle de l’homme : «Le socialisme, je crois n’est pas vraiment de la politique. C'est une façon de vivre. C’est l'humanité. Je crois que la seule façon de vivre et d'être réellement efficace est l'effort collectif, avec tous ceux qui travaillent pour l'autre, chacun aidant les uns les autres, et tout le monde ayant une part de la récompense à la fin de la journée.»

Cole, qui doit juste s’atteler à transformer sa soif de reconnaissance en énergie positive. Roy Hodgson a pris le pari de l’enrôler, pour le plus grand plaisir des fans qui voulaient un retour aux racines britanniques du club, il se devra donc de l’aider à y parvenir : ce pourrait enfin être, pour le club comme pour le joueur, «the end of the storm». \ \ \ BUGSY

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L’effort collectif, le club au-dessus de tout, chacun y prend part et amène sa pierre à l’édifice : joueurs, entraineurs, dirigeant, supporters… surtout supporters pour lui. Il disait d’eux qu’ils étaient loyaux, ils disaient de lui qu’il était honnête. Shanks avait réussi à capter l’essence même de l’esprit et l’humour scouse, les a toujours encensés et défendus, comptant sur leur ferveur pour soulever les montagnes. Herrara, entraineur du Grande Inter des 60’s, n’avait-il pas été impressionné par le bruit assourdissant du Kop lors de la demi-finale aller de la Coupe d’Europe des clubs champions ? Cette première campagne

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européenne du club se finira 15 jours plus tard sur le terrain du futur vainqueur, mais vit l’éclosion d’une équipe vêtue de rouge du haut en bas, encouragés par des fans uniques.

Cette philosophie se perpétua et Liverpool amassa les titres grâce à la force collective qu’elle dégageait, l’union, la fusion avec ses supporters, toujours là pour soutenir, et aucun joueur ne fut plus important que le club. Celui que l’on considère comme le meilleur joueur de l’histoire de LFC, King Kenny Dalglish of course, en est la parfaite illustration, humble, humain et au service des autres, mais ô combien talentueux. Il en va de même pour Bob Paisley, fidèle bras droit du Boss avant de lui succéder, et de faire de Liverpool une machine à tout gagner en Angleterre et en Europe.

Ant, notre chairman, en est le moteur. Baigné depuis sa plus tendre enfance dans l’histoire de LFC, il a su nous transmettre les valeurs du club. Toujours disponible et attentionné, il accueille à bras ouverts chaque nouveau membre. Il est aidé en cela par des membres de bureau dévoués, de l’Old School témoignant de sagesse à des jeunes et moins jeunes faisant preuve de belles initiatives, comme Julien avec la Kop Cup, où la dernière en date de la part de Mathilde aka Grease Novia. Il s’agit du lancement du «Serge Saint-Jean Spirit & Dreams» au sein de la French Branch, dans le but d’aider, dans un premier temps, les enfants défavorisés de Liverpool à accéder à Anfield pour réaliser leur rêve comme nous avons pu le faire nous-mêmes. Elle avait précisé lors de l’AGM que ce projet était né à Liverpool au lendemain de la tragédie, comme une évidence, en hommage à notre ami à tous, Serge, parti trop tôt, trop vite, entre 2 stades, ce maudit jour du 15 avril. Serge était la générosité même et adorait les enfants. Il avait même 2 amours avec les Girondins de Bordeaux, donc un grand cœur et de la place pour chacun d’entre nous. Shankly peut se monter fier de ce qu’il a construit et qui dure 50 ans après, une Famille. Et lorsqu’il croise Serge là-haut, il aura ces mots justes : «il est important de se rappeler comment les personnes ont vécu, pas comment elles sont mortes». Le «You’ll never walk alone» de la Shankly Gate nous le rappelle chaque jour. \ \ \ CRAZYHORSE

RAY CLEMENCE

De Shanks à Serge !

Aujourd’hui encore, cette philosophie est respectée. Chaque joueur se met au service de l’équipe, est respectueux de ses supporters, Nous. Les tragédies qui ont frappé le club ont renforcé ce lien. Il arrive pourtant dans cette ère de mondialisation et du foot-business que des joueurs, très peu nombreux heureusement, manquent à leur devoir et soient priés de partir. Nous ne les citerons pas car ils n’en sont pas dignes mais nous les connaissons. En contrepartie, chaque fan a le devoir de soutenir ses favoris, surtout dans les moments difficiles. La critique est permise, mais constructive et en prenant du recul, sans brûler ce qu’on a aimé, sans se lancer dans une chasse aux sorcières. Il n’en a pas été toujours le cas. Non, on ne supporte pas Liverpool comme un autre club, on se doit d’être loyal simplement, comme selon Shanks. Je profite de l’occasion pour saluer la chance que l’on a d’appartenir à la French Branch. Nous pouvons vivre notre passion intensément, avoir le privilège de suivre notre club, en Angleterre ou à travers l’Europe, faire connaissance avec d’autres supporters, se revoir à l’autre bout du continent… et s’en faire des amis pour la vie. LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

PAR

CHICKEN MATT

Lorsqu’il s’agit d’évoquer le poste de gardien de but à Livepool, 3 ou 4 noms reviennent irrémédiablement : Jerzy Dudek en grande partie grâce à la finale inoubliable d’Istanbul contre le Milan AC, Bruce Grobbelar et Elisha Scott pour les plus «anciens». Pour cet article, nous allons donc nous attarder sur l’un des plus grands gardiens anglais de tous les temps, de la trempe des Shilton et autre Banks, j’ai nommé Ray Clemence.

Raymond Neal «Ray» Clemence est né à Skegness (Lincolnshire) le 5 août 1948. Il fit ses débuts avec le club de Scunthorpe United en 1966

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(à 18 ans) puis fut rapidement signé par Shankly le 24 juin 1967 pour 18.000 £.

Son premier match pour Liverpool fut un match de League Cup contre Swansea City le 25 septembre 1968. Liverpool l’emporta 2-0. Puis Clemence partit en réserve pendant les 2 années qui suivirent. A partir de la saison 1970-1971, Clemence devint enfin titulaire.

A la fin de sa première saison, Liverpool atteint la finale de la FA Cup contre Arsenal et perd 2-1. Deux ans plus tard, Liverpool remporte le championnat et la Coupe de l'UEFA contre le Borussia Mönchengladbach. Clemence a sa part de mérite dans ce titre. En effet, au match aller, Clemence stoppe un pénalty de Jupp Heynckes et Liverpool l’emporte à Anfield 3-0. Au retour, Liverpool perd 2-0. Sans ce penalty arrêté à l’aller, le score cumulé aurait été de 3-3 et Gladbach aurait gagné grâce à la loi des buts à l’extérieur. En 1977, Liverpool remporte sa première Coupe d’Europe, encore une fois contre Gladbach 2 à 1 avec un Clemence décisif réalisant lors de ce match un nombre important d’arrêts, notamment lorsque le score était toujours de 1 à 1.

En 1973, le penalty arrêté face à Dresde est probablement l’un de ses plus beaux arrêts sous le maillot rouge (enfin vert pour lui).

Chelsea qui n’a concédé que 15 buts, mais seulement en 38 matchs. Il a également joué 337 matchs consécutifs de septembre 1972 à mars 1978. Respect !

La finale de la Coupe d’Europe et la victoire contre le Real Madrid en 1981 au Parc des Princes fut le dernier match de Clemence avec Liverpool. Le sentiment d’avoir fini un cycle, l’émergence du nouveau gardien Bruce Grobbelaar, une sombre histoire de relation avec une baby-sitter, quoi qu’il en soit, il était temps pour Ray de partir. Il signa donc pour Tottenham pour un transfert de 300.000 £. Sur le plan national, Ray atteignit le total de 61 sélections. Il fut pendant de nombreuses années en concurrence avec Peter Shilton et les différents sélectionneurs ont joué le jeu de l’alternance. L’Angleterre manqua les Coupes du Monde de 74 et 78, mais se qualifia pour l’Euro 80 et la Coupe du Monde 82. Clemence se retira peu après. Shilton fut définitivement le numéro un, se qualifia pour deux autres Coupes du Monde et atteignit le total de 125 sélections. Ray partit donc pour Tottenham et joua de 1981 à 1988 pour un total de 330 apparitions, glanant ici et là quelques autres trophées.

Juste après sa carrière, il fut nommé dans le «coaching staff» de Tottenham, puis fut coach de Barnett pendant 2 ans (de 1994 à 1996). En août 1996, il fut recruté par Glenn Hoddle pour devenir le coach des gardiens de l’équipe d’Angleterre, poste qu’il occupa également avec Keegan, Eriksson et McLaren. Avec l’arrivée de Fabio Cappello, il fut remplacé par Franco Tancredi en décembre 2007. Malgré tout, Ray est resté dans le staff de l’équipe d’Angleterre, tout en étant chef de l'équipe de développement de la Fédération d'Angleterre de football : son rôle est de superviser les matchs des équipes d'Angleterre de jeunes et de travailler avec l'entraîneur Stuart Pearce, entraîneur de l'équipe espoirs. RÉCOMPENSES

Clemence reçut le MBE, «Members of the Order of the British Empire», pour services rendus au football.

En 1979 et 1980, Liverpool remporte le titre de champion. Durant la saison 1978-1979, Clemence établit un record qui n’a jamais été battu durant le système de la victoire à 2 points, concédant seulement 16 buts en 42 matchs (et tout juste 4 à Anfield), réalisant par la même occasion 28 «clean sheets». Le record est tombé récemment avec LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Il obtint la 11ème position dans le sondage «100 Players Who Shook the Kop» réalisé par le site officiel de Liverpool.

Le 2 février 2005, Clemence annonça qu’il avait un cancer de la prostate. La nouvelle fut brutale et toutes les légendes du Liverpool F.C. lui ont apporté leur soutien. Après cette terrible annonce, Ian Callaghan a déclaré : «Clem' est naturellement une personne très positive. C'est quelque chose qui m'a frappé dès que je l'ai rencontré il y a bien

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des années et il est toujours le même aujourd'hui. Il vous suffit de voir la façon dont il jouait pour réaliser à quel point c'est une personne positive. C'est probablement cet aspect du caractère de Ray qui l'a aidé à devenir le meilleur gardien que Liverpool ait jamais eu.»

Depuis, il semble que son combat contre la maladie fut une réussite et que Ray a vaincu le cancer. C'est tout le mal qu'on lui souhaite. PALMARES

Avec LIVERPOOL : - 5 fois Champion d’Angleterre en 1973, 1976, 1977, 1979 et 1980 Vainqueur de la FA Cup en 1974 Vainqueur de la League Cup en 1981 5 fois vainqueur du Charity Shield en 1974, 1976, 1977, 1979 et 1980 - 3 fois Vainqueur de la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1977, 1978 et 1981 Vainqueur de la Supercoupe d’Europe en 1977 2 fois vainqueur de la Coupe de l’UEFA en 1973 et 1976 - 2 fois Second du championnat d’Angleterre en 1974 et 1978 2 fois Finaliste de la FA Cup en 1971 et 1977 Finaliste de la Coupe de la Ligue en 1978 Finaliste du Charity Shield en 1971 Finaliste de la Super Coupe d’Europe en 1978 Avec TOTTENHAM : Vainqueur de la FA Cup en 1982 Vainqueur du Charity Shield en 1981 Vainqueur de la Coupe UEFA en 1984 Finaliste de la FA Cup en 1987 Finaliste de la League Cup en 1982 Finaliste du Charity Shield en 1982 \ \ \ CHICKEN MATT

CONVERSATIONS AVEC... PACO DE MIGUEL PAR

JUAN MORAN

En profitant de la visite de Liverpool à Castellon pour un match contre le Villarreal, Liverpool Madrid a eu l’énorme honneur de discuter pendant plus de deux heures avec Paco de Miguel, le préparateur physique de notre équipe. Pas envie d’attendre plus longtemps la séquence des textes qui révèlent certains secrets de la cuisine de Melwood, mais ce ne serait pas juste de commencer sans remercie Kily et José qui ont fait que la rencontre ait lieu. «Merci» ne sera jamais suffisant, mais merci encore une fois. Et maintenant, avec vous, Paco de Miguel. Juan Moran : Tout d’abord, on aimerait bien que tu expliques à nos lecteurs ta relation avec la préLFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

paration physique, parce que ton nom, Paco de Miguel, fait plus penser à un chanteur de flamenco qu’à autre chose… Paco de Miguel : (Rires) Pour le flamenco, ma mère est andalouse alors… bien, j’ai commencé la préparation physique un peu par hasard parce que j’ai toujours voulu suivre une carrière militaire. C’était quelque chose qui m’avait toujours plu et il y a des militaires dans ma famille, mais on m’avait dit qu’il y avait une carrière appelée INEF (Instituto Nacional de Educación Física – Institut National d’Education Physique) qui était très liée à l’activité physique. A l’époque j’étais un athlète et j’ai finalement dû prendre une décision. On m’avait peint un tableau très noir de la marine alors que je ce que je voulais, c’était aller à l’école de San Fernando. On m’avait dit que les places étaient limitées, que c’était très compliqué et comme l’infanterie ne me disait rien, eh bien j’ai fait l’INEF .

Et le football vient d’où ? Quand j’ai fini mes études, j’ai connu le milieu au travers de ma famille et de personnes qui étaient dans le football, et j’ai commencé à entraîner une équipe de troisième division… et on a été relégués (rires). Je suis parti au San Fernando de Henares et la même année, quand la pré-saison allait débuter, on m’a appelé de l’Atlético de Madrid, pour la deuxième équipe. J’y suis resté trois saisons. Nous avons passé des très bonnes années et je garde un excellent souvenir de l’Atleti. Ensuite je suis parti à l’Universidad de Las Palmas, de là au Getafe pour trois ans, nous avons remonté avec le Getafe, ensuite le Valencia et finalement l’année dernière le Liverpool.

Parle-nous un peu de ton histoire en tant que supporteur. J’ai toujours aimé le football, depuis tout petit. J’ai passé toute mon enfance à Barcelone pour le travail de mon père et j’ai toujours été fan du Real Madrid, mais à mon retour j’ai commencé à m’intéresser de plus en plus à l’Atlético de Madrid. Et quand j’habitais à Barcelone, j’adorais Schuster. Il était la référence de l’époque et j’avais en plus la

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même coupe de cheveux. Après, je l’ai vu à l’Atlético de Madrid et c’est là que mon histoire avec l’Atléti a commencé.

Moi je suis particulièrement surpris par le physique de Pepe Reina. Pepe Reina a une génétique fabuleuse ! Ce qui se passe, c’est que c’est un amoureux du travail de force, mais surtout du train inférieur, des jambes. Ça lui plait beaucoup parce qu’il croit à ce travail et qu’il se sent très à l’aise quand il le fait. Mais c’est vrai que c’est un footballeur qui, sans beaucoup travailler le train supérieur, est très bien défini et bien évidemment, ça c’est la génétique. Il a un biotype plus africain que caucasien. C’est curieux, mais c’est comme ça.

Le travail à Melwood

Quel est le joueur qui t’a physiquement le plus impressionné ? Pfff !! C’est difficile à dire parce que sincèrement il y en a eu beaucoup, beaucoup. A Valencia, j’ai été impressionné par Miguel Angel Angulo, un footballeur très complet. Parce qu’il arrive qu’il y ait des joueurs qui ont une qualité plus prononcée que d’autres. Mais Angulo, par exemple, était équilibré. A Getafe j’ai été bluffé par plusieurs. Gica Craioveanu à trente-six ans continuait à être le plus rapide du groupe, ce qui était admirable. Il était endessous des quatre secondes pour les trente mètres à chaque fois ! Et à Liverpool, c’est difficile parce que chacun a sa particularité mais c’est vrai que, peut-être pour la façon spectaculaire qu’il a, le déploiement physique qu’il montre, je choisirais Javier Mascherano. Je crois que c’est un footballeur physiquement très complet. Les autres aussi, mais chez lui ça se voit plus. S’il perd un ballon il part le récupérer très vite, il met beaucoup d’énergie et depuis l’extérieur c’est très voyant. Mais à Liverpool tout le monde met le paquet. C’est beau à voir, les envies physiques qu’ils mettent, du premier jusqu’au dernier, et ça, c’est quelque chose qui me fait flipper depuis le premier jour. Ça se voit beaucoup quand Mascherano ne joue pas au moment de récupérer des joueurs ? Pas dans notre cas, mais tu sais pourquoi ? Parce qu’on est une équipe où chacun dans sa ligne rend énormément. Si Javier n’est pas là, un autre va rentrer qui est plus ou moins du même niveau. Ça ne se voit pas beaucoup. D’ailleurs, nous contrôlons l’intensité, le volume des matchs et autres aspects, et franchement, l’un dans l’autre, les moyennes sont très bonnes. LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Quel est le footballeur qui, quand tu l’envoies faire quinze abdos en fait dix, en se défilant clairement et qui en plus croit que tu ne l’as pas vu ? Normalement, ils font tous ce que je leur demande. A Liverpool il n’y a personne qui essaie de se défiler. Dans d’autres équipes où je suis passé, il y en a eu plus d’un (rires)… mais à Liverpool je ne pourrai pas vous donner un nom parce qu’il y en a pas. C’est vrai qu’il y a des gens qui se plaignent plus que d’autres, mais à l’arrivée tout le monde fait ce qu’on lui demande. Il n’y a pas de problème. C’est une bénédiction pour un préparateur physique.

Est-ce que tu as dans ton contrat une prime au cas où Liverpool engagerait un joueur avec les mêmes caractéristiques physiques de Jan Molby ? (Rires) Le contrat est le même. En tout cas, je me ferais gronder si je n’arrivais pas à en tirer un rendement physique. De temps en temps, tu as la «malchance», entre guillemets, de lutter avec un joueur parce qu’il a plus de mal… Il y a des personnes qui travaillent bien mais qui, en fin de compte, en essayant de faire attention à leur poids, n’arrivent pas à le stabiliser et c’est compliqué, plus compliqué que ça en a l’air… mais franchement, dans le football actuel, il y a très peu de cas comme celui-ci. Et à Liverpool par exemple, tout le monde a un très bon niveau. Nous n’avons pas de petit gros, heureusement…

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Parlons Shakespeare…

On sait bien que Rafa vous a interdit de parler en espagnol pendant les entrainements. Est-ce qu’il t’a déjà attrapé entrain de parler espagnol ? Mon niveau d’anglais est plutôt moyen, donc quand il faut que je dise quelque chose à un joueur espagnol, je le lui dis en espagnol parce que c’est plus rapide et plus facile, et je me suis jamais fait engueuler. Mais on sait bien qu’il n’aime pas ça et c’est pour ça qu’on travaille notre anglais pour l’améliorer le plus vite possible. Ça aide beaucoup. En fin de compte, il faut survivre.

J’ai lu dans le livre de Balague, « A Season on the Brink » qu’une fois Rafa a voulu prévenir un joueur qui frappait au but qu’il fasse attention au vent, mais que dû à une erreur de prononciation celui-ci a compris qu’il devait boire moins de vin («wind», vent ; «wine», vin ; «Be careful with the wind» et «Be careful with the wine»). As-tu une anecdote semblable? Oui, j’en ai plusieurs, parce qu’au départ le plus difficile c’était la prononciation, et que les joueurs sont très moqueurs. Il y en a une très bonne : j’insiste beaucoup sur le fait qu’ils doivent garder le dos droit pendant les exercices ; je me suis donc mis à dire «back straight» et j’ai ajouté «boys». «Back straight, boys !». Et ils ont tous commencé à rigoler avec le groupe «Backstreet Boys». D’ailleurs, j’ai dû changer la façon de le dire parce que si je dis «back straight», j’entends tout de suite «Backstreet Boys». J’ai dû laisser tomber parce qu’ils deviennent impossibles. Surtout Kuyt. Il se moque beaucoup de ça. Mais des fois, quand je suis pressé, ben, je le dis…

d’avant à Almeria, j’avais eu un entretien avec Unai Emery parce qu’ils avaient pensé à moi pour travailler à Almeria et, à 9h30 du matin, le téléphone sonne, numéro privé, je ne l’oublierai jamais, j’ai décroché et il me dit «Paco de Miguel ?», «oui», «Soy Rafa Benitez, peux-tu prendre un avion d’ici une semaine ? Je voudrais te rencontrer», j’ai dit «ok», mais s’il avait fallu que j’y aille à la nage, je l’aurais fait. Ca s’est passé comme ça. Quand j’ai raccroché ma femme m’a dit «on dirait que t’as vu un fantôme, c’était qui ?», j’ai répondu «Rafa Benitez», «et qu’est-ce qu’il voulait », « qu’est-ce qu’il peut bien vouloir ? Que je lui repeigne sa maison ? Qu’est-ce qu’il peut bien vouloir !».

Je vais te demander d’associer une expérience à Liverpool avec les qualités physiques de base. Commençons par la force. La force, ce serait les tribunes d’Anfield. Anfield. Anfield, c’est de la force à l’état brut. Ce qu’on y vit… je ne sais pas, après quatorze ans dans le football, c’est difficile à expliquer. Je crois qu’il n’y a pas de supporters avec plus de force. C’est de la force pure, admirable. Endurance Endurance… le volume de travail, l’implication de tout le monde… il faut avoir une bonne endurance pour tenir ce rythme et, après, être suffisamment adroit et frais pour ne laisser échapper aucun détail et que tout roule.

Vitesse La vitesse avec laquelle tous ceux qui travaillent à Melwood te font te sentir comme à la maison. C’est un processus très rapide. J’ai été très surpris. Arriver dans un environnement de travail et voir que rapidement tout le monde te soutient, tu te dis «ceci a été plus facile que je ne l’aurais cru». D’habitude, c’est plus difficile quand tu arrives dans un nouvel environnement. Du premier au dernier. Du jardinier jusqu’à n’importe quelle personne qui travaille dans les bureaux. C’est une grande famille.

Une saison à Liverpool

Quand le Real Madrid a appelé Joan Plaza pour lui confirmer qu’il serait entraineur de l’équipe de basketball, celui-ci a demandé à sa femme de le prendre en photo à l’endroit même où il se trouvait quand il a répondu à l’appel. Est-ce que tu t’es immortalisé de la même façon quand tu as eu ta première conversation avec Rafa ? Dans mon cas ça a été un peu curieux. J’étais chez moi à Madrid (bon, pas exactement à Madrid, mais entre Madrid et Guadalajara, à la campagne). J’avais passé la journée

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Souplesse L’attitude si réceptive qu’ont les joueurs envers le travail qu’ils font. Je crois qu’ils sont très souples. J’ai travaillé avec d’autres groupes et, dans celui-ci, j’ai trouvé quelque chose de spécial : ils s’accommodent parfaitement de ce qui est demandé. Je suis convaincu que beaucoup des tâches que nous avons la chance de faire sans aucun problème à Liverpool seraient beaucoup plus compliquées dans d’autres équipes. C’est un groupe très souple. Guide touristique de Liverpool

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Beaucoup de ceux qui lisent «Liverpool Madrid» ont envie d’aller à Liverpool, Octobre 2010 - n°8


pas seulement pour le football mais aussi pour la ville. Fais-nous un tour rapide de la ville en nous indiquant chez quel membre du squad ou de l’équipe managériale on pourrait aller manger... Je n’ai pas eu cet honneur, parce que nous avons assez peu de relation avec les joueurs en dehors de Melwood… à ce que j’en ai vu et ce qu’on m’a dit, Torres ramène beaucoup de produits d’Espagne et de bonne qualité. Je ne sais pas comment il se débrouille, mais il trouve des fruits de mer, des choses qu’on ne trouve même pas ici. Je crois donc qu’aller manger chez Torres doit être une bonne adresse. Et pour une bière ? Chez Xavi Valero. C’est un grand amateur de bières, un type qui a beaucoup voyagé et qui te sort toujours une bière différente et te dit «tiens, goûte celle-ci…». Et moi, qui n’avais aucun intérêt pour la bière, eh bien il va me ruiner. Et c’est un bon endroit. Il crée un environnement agréable, il a une bonne conversation. Là-bas, sans doute.

Et pour voir un bon match de football ? C’est difficile. Je te dirais chez Rafa mais au lieu de le regarder comme des simples supporters, on passerait son temps à faire une analyse exhaustive de ce qui se passe. J’écarte presque cette option. Tu sais ce qui se passe ? Le concept de supporter de football… ça ne se vit pas pareil. On est tous des professionnels et je pense qu’on intériorise beaucoup. On essaie tous de garder son calme. Si vous regardez, je ne fête pas trop les buts, mais pourquoi ? Parce que sur le coup, tu es heureux (bien sûr, j’ai déjà fêté des buts…) mais entre le moment où tu marques et celui où le match se finit, il peut se passer tellement de choses. Je crois que comme on est tous très concentrés, tu ne trouveras pas quelqu’un qui… bon, peut-être si : David Bygroves. C’est la personne qui a à sa charge le staff de Melwood. C’est un gars anglais, il parle très bien espagnol et place les familles et tout. C’est un bon élément à Melwood, d’une grande aide. Lui de temps en temps parle comme un vrai supporteur. «Je vais mettre mon maillot et je vais prendre une bière», «David, tu bosses chez Liverpool, garde les formes». Pour moi, c’est ça un vrai supporter.

manies. Maintenant, la seule qui me reste est que j’utilise toujours la même montre pour les matchs de Premier, FA Cup et Carling. Et pour la Champions, je change de montre. Je le faisais déjà à Valence et je continue à le faire ici.

Qu’est-ce que tu peux nous dire sur ton musée ? Nous avons à peu près cinquante maillots de Liverpool. Tu en as combien ? As-tu un objet, maillot, photo, etc., que tu gardes avec une tendresse particulière ? Sans mentir, j’ai une grande maison pour mettre beaucoup d’objets, mais ce n’est pas quelque chose qui m’attire. Je n’ai jamais très bien compris et j’en parle avec des collègues et d’autres personnes. Je ne sais pas pourquoi. Tous les collègues qui travaillent dans le même métier ont une collection, mais ça ne m’a jamais préoccupé. J’ai des maillots des joueurs qui volontairement me disent «hé, ça c’est pour toi» et je les garde avec affection, mais je ne les ai jamais exposés. Et ce que je n’ai jamais fait dans aucun club, c’est demander son maillot à un joueur. Et tes amis te demandent de leur récupérer le maillot de quelques joueurs ? Enormément… c’est incroyable. Mais je ne le fais pas pour moi, donc je ne le fais pas pour les autres et je réponds toujours la même chose. Ils ont leurs engagements et le joueur aussi… tu imagines si on leur demandait des maillots ? Ils ont seulement un maillot par match et s’il faut qu’ils en fassent cadeau, il faut qu’ils les payent.

Et pour aller dormir ? J’ai cru comprendre que Xabi Alonso vit du côté de l’Albert Dock. Ça peut être une bonne option ? Oui, mais ce n’est pas une zone très calme… franchement je ne saurais pas vous dire.

L’année dernière j’ai fait la première année du cours d’entraineurs de football, mais pour avoir le diplôme, il faut que je présente un mémoire qui décrive des séances d’entraînement réalisées comme entraineur d’un club. A cause de mes obligations professionnelles, il m’est impossible de travailler pour une équipe. Pourrais-tu me donner un mémoire pour le copier et dépasser définitivement cette phase d’initiation ? Mec, je peux seulement te laisser, si tu veux, les séances d’entraînement qu’on fait pour ton mémoire. Et après, il faudra que je parte parce qu’on m’aura viré.

Moi, à chaque fois que l’équipe joue, pour le petitdéjeuner, je prends mes céréales dans l’un des mugs de Liverpool. As-tu toi aussi un rituel similaire ? Je crois que dans le football presque tout le monde est superstitieux. Avant, j’avais beaucoup de

Merci beaucoup. Ça a été un plaisir. Nous avons passé un excellent moment. De rien. \ \ \ JUAN MORAN (AVEC RODO)

Le dénouement

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Pour finir, j’aimerais que tu me signes mon livre de préparation physique. Sans aucun problème.

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ROUGES ON TOUR MON PREMIER AWAY PAR

ISA

Vendredi 30 Juillet, debout assez tôt. Le départ pour mon premier Away est ce matin et j’ai du mal à dormir devant l’excitation d’un week-end qui s’annonce plus qu’exceptionnel.

Le temps de finir les bagages et faire un brin de toilette, il est déjà temps de se rendre à la gare de Vienne pour prendre le train jusqu’à Lyon. Niveau d’excitation (et de stress) qui monte encore d’un cran… Train à l’heure, c’est déjà ça. Direction Perrache en avance, je ne trouve personne sur les parkings extérieurs… Pas grave, direction la gare pour essayer de retrouver Christophe. Le voilà, c’est parti, mission «trouver PF» : on tente d’humer l’air à la recherche d’une quelconque odeur de bière mais rien. On trouve un parking qui semble pas mal et on décide d’en faire le tour, histoire de voir s’ils ne sont pas là. On se tâte à lancer un «Oh when the reds…» quand retentit un coup de klaxon : la «Anfield & rock’n’roll mobile» est là avec PF et Pierrot ! Courte (re)présentation et Loïc arrive ! Allez feu pour l’away ! Premiers délires dans la voiture et les bouteilles se débouchent.

Petit arrêt pétanque, ça promet, 4 ans que je n’y ai pas joué mais tant pis ! On est là pour se marrer ! PF nous trouve un endroit sympa sous les arbres et sur la «route». Le terrain est un peu penché mais on s’en fout. Les groupes sont PF, Pierre et Christophe vs Loic et moi. Après les interruptions à cause des voitures, du Belge fan du corps de Loïc et de sympathique Roannais qui nous proposent gentiment leur aide, on reprend la voiture direction chez l’tonton Gregos ! Le rock va bientôt commencer ! La route est longue, mais on y arrive. L’appart’ de Gregos est un véritable temple dédié à la gloire de Liverpool, je chope des idées décos au passage. Quelques bières et discussions, c’est déjà l’heure de partir, on est attendus en Lorraine ! On chante quelques chants, pas trop fort, mais on s’aperçoit que les voisins sont tous au balcon à notre sortie, histoire de voir ce qui se passe. Gregos m’appelle du balcon et demande à voir PF. Une passation de pouvoir s’ensuit : Gregos qui donne son mythique blouson en cuir à PF, pour qu’il le fasse rocker un peu en Allemagne. Premier moment émouvant du week-end et fierté à l’idée que c’est notre responsable régional qui assure la succession de Gregos. LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

On repart et roule jusque chez papy Fred d’une traite, un peu long mais avec la glacière (rouge et blanche) et quelques CDs «spirit», on arrive assez vite en Lorraine (qui est rouge et blanche aussi) ! Sur place, on fait la connaissance de la présidente de la section américaine, Amber, retrouve Fred et sa femme, Fanfan et Mat. On pose les valises, découvre les lieux, prend quelques photos... et bières.

Allez, 19h30, c’est l’heure d’aller au concert des Pogues ! Après un cafouillage sur les gens qui doivent prendre leur voiture, la Anfield & Rock’n’roll mobile se retrouve à nouveau sollicitée. Passage à Auchan pour récupérer Barbara et go !

Du concert, que dire ? On a bien bu, rien mangé, dansé sur de la musique mythique, fait des connaissances assez sympa (Saarbrücken, va falloir aller y faire un tour ! Y a du lourd là-bas !). Plus vraiment de souvenirs, à part un putain de cafard qui me prend… pas trop compris mais on s’en fout ! On prend la voiture, Chris est mort de chez mort. On s’arrête dans un Quick, PF commence son entrainement en vue du tournoi de foot du lendemain : on est «gentiment» priés de s’arrêter. Chris laisse son «empreinte» à côté du Mc Drive et on repart !

Passage dans un english pub en Belgique. Le serveur est un gros con, surement un f***ing Manc encore. On décide de partir, il nous regarde de haut à travers la vitre, PF qui commence à s’énerver… Heureusement que le Tonton Gregos n’est pas là ! A la voiture, on retrouve Chris, Pierrot se purge un coup contre une voiture (ouais il vomit quoi) et tous le monde rentre à la maison !

Au passage, merci à Barbara d’avoir assuré la conduite au retour, permettant ainsi à notre cher responsable de rattraper le retard qu’il pouvait avoir sur nous et ainsi faire une préparation optimale pour le tournoi. Samedi 6h30, c’est l’heure. Debout tout le monde.

La nuit à été courte, mais pour certains plus que pour d’autres. On retrouve Loïc dans la salle de bain. Il a bien sympathisé avec les toilettes cette nuit…

On s’envoie quelques cafés dans le gosier, on se prépare et plie bagages. William nous rejoint et c’est parti pour l’Allemagne ! L’away commence pour de «vrai» !

Le chemin est long et le GPS se la joue guide touristique. Il nous fait sortir de l’autoroute pour visiter un peu les Ardennes belges. On n’est pas

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loin de Spa Francorchamps, mythique circuit de F1 et, évidement, il se met à pleuvoir. On visite un village magnifique, on passe au milieu d’un mariage en klaxonnant. Les gens ont l’air d’avoir encore quelques grammes de la veille… Comme nous. Et on reprend l’autoroute. A l’arrière, Chris et Loïc se remettent doucement de leurs exploits de la veille. On a perdu Pierrot qui a préféré partir dans la voiture de la section Lorraine/Américaine.

Ca y est, on arrive, des vigiles allemands extrêmement sympas nous laissent entrer dans le parking du Borussia Park. Le stade est magnifique. Des frissons me prennent. Deuxième émotion du week-end, mais on ne sait pas où sont les autres. On appelle Ben qui est déjà sur place avec Chris l’Anglais, arf, on n’est pas au bon endroit !

On ressort sous les yeux des vigiles, qui nous regardent avec un grand sourire. Première expérience de la gentillesse avec laquelle nous ont accueillis les Allemands ce week-end. Première expérience aussi du profond respect et de la grande amitié qui peut régner entre supporters et habitants de Mönchengladbach et de Liverpool. Woa, c’est énorme.

On se rend au FanHaus où on retrouve tous le monde, le tournoi peut commencer ! On croise les supporters du Borussia et les German Reds. On chante un coup, les gars se changent, on accroche les différents drapeaux et c’est parti ! Au passage, les German Reds nous regardent un peu bizarrement… Barf, on ne va pas s’en faire pour si peu ! Les gars défendent brillamment nos couleurs et on débouche le «pink wine» à midi. Ralf, membre de la confrérie du Borussia, un des arbitres et organisateurs du tournoi, est mort de rire. Les German Reds nous regardent toujours un peu bizarre mais ca va mieux.

Le dernier match arrive, contre les German Reds ! Les gars sont morts, on me demande gentiment si je ne veux pas jouer… Je me tâte, ça me tente à mort mais j’ai peur de paraître ridicule… Allez on s’en fout ! C’est ça le spirit !

Je rentre sur le terrain sous les yeux encore un peu plus éberlués des German Reds. Les gars, PF en tête, font le Kop. Un gros boulot défensif de ma part et on ne perd même pas ! Ben oui, les gars jouent tellement bien qu’ils peuvent se handicaper avec moi, c’est pas un problème ! Le match terminé, on gagne 4-3, belle performance de Pierrot dans les cages au passage. Décidément, rocker la veille d’un tournoi est le meilleur des entrainements pour la team folklo !

Le résultat tombe : on est deuxième ! Ant va être fier de nous ! Mais comme la cavalerie, ils n’arriveront qu’après la remise des trophées. Remise des trophées justement : on va chercher le trophée en chantant, on met un peu d’ambiance. Je regarde les German Reds… Ils nous regardent encore d’un air un peu circonspect, mais je crois voir une lueur de respect briller dans leurs yeux. Pas le temps d’analyser, c’est l’heure des photos ! De groupe, avec les German Reds, tous le monde et puis encore une de groupe et encore une et encore une… Décidément ils aiment prendre la French Branch en photo ! Le tournoi terminé, les German Reds ramènent des fûts et nous invitent gentiment à trinquer avec eux. On commence à faire connaissance, mais je ne suis pas encore assez bourrée pour parler anglais.

Petit passage à la boutique pour acheter quelques souvenirs, la vendeuse ne comprend pas un mot d’anglais et un supporter du Borussia traLFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

duit gentiment mes propos. Allons bon, encore un supporter du Borussia sympa ! Pas croisé un seul con depuis le début de la journée : ça change de la France ! Allez, quelques badges et une écharpe symbolisant notre amitié en poche, je retourne visiter un peu le FanHaus. Un mur est dédié à Liverpool. Putain, qu’est ce que je peux aimer cet endroit et ces supporters : ils sont magnifiques !

Ant, Naima, Corleone et sa copine arrivent pile à l’heure pour l’apéro (ben tiens !). Le temps pour Ant de boire dans le trophée remporté et de prendre une dernière photo de la team folklo, il est l’heure d’aller à l’hôtel dormir un peu et prendre une douche avant la grosse soirée que nous ont préparée les Allemands !

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On leur demande si on peut embarquer un fût. Réponse positive et nous en prenons deux. Les Allemands nous regardent partir hilares, cette fois c’est sûr, on les a impressionnés.

Encore de la route. Je commence à avoir ras le bol de la voiture, je n’imagine même pas ce que c’est pour PF ! Au passage, on échange sur nos impressions. Je fais part des miennes sur les German Reds à PF, il me confirme ce que je soupçonnais : on les a bluffés ! Putain, je suis super fière de la French Branch, on aura réussi à impressionner les Allemands par notre spirit ; c’est quand même fort ! Faut dire qu’il y a du lourd qui a fait le déplacement !

L’hôtel est magnifique, les réceptionnistes nous voient arriver en maillot de Liverpool avec les fûts sous les bras. Ca n’a pas l’air de les impressionner, sympas et souriants, ils nous donnent les clés de nos chambres. Après un bref cafouillage, j’arrive aussi à avoir les miennes. Welcome to Germany ! Décidément, ce que je peux aimer ce pays !

Découverte de l’hôtel, on dort un coup, avant une soirée qui s’annonce énorme ! Au Borussia Park cette fois ! On apprend que le train est gratuit pour les supporters de Liverpool : allez, je me répète, j’adore cette ville et ce pays ! Rien n’est laissé au hasard ! Hop, on prend le train, puis un taxi, puis on arrive enfin ! Sur place, grosse surprise, un groupe de musiciens nous balance en pleine poire du gros rock allemand ! Ils ne sont pas mauvais et les supporters du Borussia ont l’air d’apprécier. Je fais marcher mon cerveau, écoute les paroles et comprends que toute les chansons parlent du VFL Borussia : c’est donc leur groupe de musique. Bien ! On n’a pas ça à Liverpool, dommage ! Allez, en quête de LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

quelque chose à manger avant d’entamer «l’apéro» ! Une saucisse dans du pain ? Bouerf, pas trop le choix en même temps. Le pire c’est que ce n’est pas mauvais ! Bon allez, une ptite bière pour faire descendre le tout et on va foutre le feu avec les German Reds. Echanges de maillot entre Fred et un supporter du Borussia. Magnifique, c’est ce qu’on aime voir dans le foot ! Je comprends mieux maintenant quand je lis : amitié exceptionnelle entre supporters du Borussia et de Liverpool qui dure depuis plus de 40 ans. Le même spirit, des clubs aux passés glorieux, des villes pas si différentes que ça…

La fin du concert approche, BO (le groupe de musique) nous lance son dernier morceau. Les German Reds nous font signe d’approcher de la scène. Les lads se placent contre la scène et là, bam ! Un You’ll Never Walk Alone magnifique, version rock !

Puis il est temps de partir à l’Irish Pub, je ne me souviens pas de grand chose de cette partie-là… On a galéré pour y arriver, PF demandant à des gars encore plus bourrés que lui le chemin, mais on y est arrivés ! Sur place, les gars ont bien enquillé. Moi je trouve un petit endroit où me poser et je m’endors.

On me réveille, les gars sont dans une boîte un peu plus loin. En boîte ? Oh non, pourquoi tout le monde veut finir les soirées en boîte ? On est plusieurs à être morts, on décide de rentrer se coucher ! Demain y a match ! Dimanche debout 8h30, aujourd’hui, c’est le jour du match ! Petit déjeuner à l’hôtel, petit tour à la piscine et go au FanHaus avant le match ! Sur place on retrouve Olaf, notre contact German Reds, qui nous transmet les places.

On boit un coup, discute un peu et Ant s’approche de moi en disant : «Veuxtu venir avec moi et les German Reds sur la pelouse pour tenir la bannière ?» Sur le coup, je comprends pas tout, mais je dit oui, fatiguée mais pas complètement abrutie !

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Hop, on va au stade. Fanfan à mes côtés, j’apprends qu’elle fait partie des heureux «élus» elle aussi. Son excitation commence à me faire mesurer l’ampleur du truc qui s’annonce. N’y croyant pas, j’avance comme dans un rêve. Devant le stade, on se sépare des autres pour suivre les German Reds et rentrer dans le stade. On est quatre de la French Branch : Ant, PF, Fanfan et moi-même. Après avoir fait le tour du stade presque en entier, on entre enfin. Attente devant des grilles qui doivent mener à la pelouse. Les larmes commencent à monter, c’est donc vrai !

Après une attente assez courte et interminable à la fois, on se retrouve au bord de la pelouse, à côté du Kop. Les joueurs s’échauffent en face de nous. Dans les tribunes, les spectateurs nous regardent, des frissons s’emparent de moi, impossible à contrôler, je tremble, pleure… Trop d’émotions, trop de fatigue, une chaleur d’enfer… J’ai du mal… mais interdit de tomber dans les vapes, impossible de manquer ça. Personne ne s’occupe encore de nous, l’heure tourne. Si ca continue, on sera sur le terrain quand les joueurs rentreront ! Avec Fanfan on se tient par la main, pour ne pas tomber, pour être sûres que tout ceci est réel… Et les joueurs arrivent, Steven en premier, le reste suit. Putain c’est bien réel, ce n’est pas un rêve !

mon premier YNWA en stade. Le premier, certainement pas le dernier, mais à jamais le plus beau.

Toutes ces pensées m’assaillent tandis que les larmes apparaissent, impossibles à retenir, de plus en plus dur à chanter… En face de moi, Jamie Carragher avec les larmes, Steven qui est assailli par l’émotion, Joe Cole les yeux fermés la tête vers le ciel qui s’imprègne de ce chant, de notre chant. J’aurais aimé que cela dure toute une vie, mais déjà c’est terminé et on doit partir. Je retrouve tout le monde, en tremblant je prends la main de Fanfan. Cette fois, je peux m’écrouler mais cela ferait mauvais genre.

On rejoint les autres dans les tribunes. Le match se déroule, pas du grand art. Assez ennuyant même mais on s’en fout, le week-end était tellement merveilleux ! Le match se termine, on traîne encore un peu, prend des photos devant notre fameuse bannière et c’est parti pour un dernier verre au FanHaus avant de prendre la route. Et là, c’est le temps des «au revoir» avec les German Reds. On échange les numéros, noms et autres adresses mails, on se promet de rocker de nouveau ensemble, sûrement à Anfield cette fois. Au revoir aussi avec la section Parisienne, Ben et Chris l’Anglais et c’est parti : section Lorraine et section Rhône Alpes en route pour rentrer ! Musique, klaxon, fumigène, rien n’est laissé au hasard. On se tape un trip monstrueux sur l’autoroute, histoire de se dire au revoir dignement, de mettre fin à un Away qui restera gravé dans la mémoire de tous ses participants, Away qui sera pendant longtemps le meilleur jamais fait pour plusieurs d’entre nous. Histoire de se dire au revoir dignement, mais en sachant que l’on se reverra pour encore rocker avec tous le Spirit requis.

Les joueurs s’alignent, je prends quelques photos et perds le groupe au passage. Je me dépêche, m’attendant à ce qu’on me prie gentiment de vider les lieux. Que nenni, le You’ll Never Walk Alone commence à retentir dans les enceintes. Je range fébrilement mon portable et chante LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Histoire de se dire au revoir dignement et de se retrouver tous ensemble, German Reds, Fanprojekt Mönchengladbach et French Branch le plus vite possible car une chose est sure : en ce week-end, de belles amitiés sont nées, un profond respect à été gagné et une union entre deux clubs s’est renforcée. \ \ \ ISA

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THURSTY REDS FANS _________ LA CAINS PAR

Assez onctueuse, elle est encore majoritairement servie avec des pompes à bière à l'ancienne.

KILKENNY

De l'aveu même de son créateur, la Cains n'est rien moins que «Liverpool in a pint». La rubrique bière d'une publication destinée aux Reds ne pouvaient donc décemment passer plus longtemps à côté d'une telle invitation.

Mais la plupart d'entre nous ont failli ne jamais connaître ce plaisir. Car si l'entreprise bâtie par Robert Cain a longtemps été prospère, elle a néanmoins connu quelques soubresauts. Elle fut d'abord vendue par la famille Cain dans les années 1960 à la famille Higson qui détenait déjà la brasserie Boddington's à... Manchester, avant que le groupe de cette dernière ne fut racheté par un groupe brassicole danois. Groupe danois qui, lui-même, menaça la brasserie de fermeture en 2002 avant qu'elle ne soit revendue aux frères Ajmail et Sudarghara Dusanj. Elle a, depuis, notamment sorti des cannettes spéciales pour l'année de la culture en 2008.

Pour ce faire, remontons un peu le cours de l'histoire. Nous sommes en 1844 quand Robert Cain, un jeune émigrant irlandais de 18 ans originaire du comté de Cork, s'installe dans la capitale de la Merseyside. Après six années passées à Liverpool, qui est à l'époque une cité prospère grâce à son activité portuaire, il achète un pub à Limekiln Lane et commence à brasser ses propres bières. Il ne lui faudra pas plus de huit années pour racheter une usine brassicole sur Stanhope Street. La Cains était née, et est toujours, à l'heure actuelle, brassée en ce lieu. Il est difficile de sortir une bière du lot, la Cains se déclinant dans diverses variétés : lager (blonde), bitter (ambrée amère), IPA (indian pale ale, ambrée), stout (brune amère, type Guinness). Néanmoins, c'est surtout la bitter qui est célèbre et la plus vendue dans les pubs (avis personnel : c'est mon péché mignon quand je vais à L'pool).

Comme la majorité des bières britanniques, elle a un taux d'alcool assez faible, 4% tout rond. LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Bref après avoir été oubliée et au fond du trou, la Cains est revenue. Ça ne vous rappelle pas un certain club de foot ? \ \ \ KILKENNY

RED POUR TOUJOURS

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Octobre 2010 - n°8


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