RPT No. 5

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NEWSLETTER DE L’OLSC - FRENCH BRANCH

SOMMAIRE

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NO.5

AOÛT 2009

Editorial, par Ici Anfield....................................................................... p. Le kopite du n°5 : Vince & Billy........................................................... p. Au coin du feu : Entretien avec Paul Tomkins...................................... p. L’école des fans : «The Fields of Anfield Road»................................... p. Débat : C’est quoi, pour toi, le Liverpool Way ?.................................... p. Quelle Histoire ! : Emlyn Hughes.......................................................... p. Aux âmes bien nés : Gerardo Bruna..................................................... p. Le dossier : Le jeu offensif du Liverpool de Benitez............................. p.

ÉDITORIAL

PAR

ICI ANFIELD

“Better late than never, isn’t it ?”

A défaut de régularité, «Red pour toujours», la newsletter/fanzine de la French Branch, a le mérite de l’originalité. Après une version papier HD, envoyée à tous les adhérents en décembre, voici le numéro 5… Dans le dernier numéro, l’éditorial pointait les inconnues et les difficultés qui se dressent sur la route d’une telle publication. Cela n’a pas raté, l’ambition de 5 numéros sur la saison 2008-09 s’est écrasée sur la cruelle réalité du bénévolat, du manque de temps et des agendas contraints ! Pourtant, les contributeurs sont là, spontanés ou sollicités, pour des articles de qualité.

La question qui se pose est celle de la pérennité de cette publication. Un nouvel élan est sûrement nécessaire, ainsi que peut-être une formule allégée. La French Branch n’est pas encore suffisamment mûre et étendue pour accueillir en son sein une newsletter au contenu plus proche d’un fanzine. Il y a notamment un besoin urgent en matière de mise en forme : Ant a dépanné cette année, on peut toujours compter sur lui, mais il ne peut pas tout faire.

Lors de l’AGM, vous avez été plusieurs à proposer de l’aide. Alors, c’est le moment d’envoyer vos candidatures. J’assurerai la transition, et les repreneurs auront pour chantier de repenser le périmètre de cette newsletter et d’essayer, enfin, de lui donner une certaine régularité. ________ LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

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L’intersaison est toujours une période calamiteuse pour les fans. Pour ma part, la frustration est toujours trop forte et se conclut généralement par un déplacement durant la phase préparatoire. Ce sera à Anfield cette fois-ci, pour les retrouvailles avec l’Atletico Madrid.

Pour l’instant, le marché des transferts est calme. L’arrivée, onéreuse, de Glen Johnson est une bonne chose, il est devenu un bon joueur, mais surtout le club a besoin de joueurs anglais pour respecter la réglementation mise en place en Ligue des Champions. Comme probablement tout le monde, je regrette vivement le départ de Xabi Alonso et je suis particulièrement attentif à la situation de Javier Mascherano. Pour gagner le titre, il faut savoir recruter, mais surtout il convient de garder ses meilleurs joueurs. De ce point de vue, l’été est encore long.

On attend tous aussi l’arrivée d’un ailier gauche (Silva ?) et d’un back-up pour Torrès afin de remporter enfin n°19. ManU a égalé notre record de titres de champion, Ferguson s’attend à nous passer devant, c’est pourquoi être champion d’Angleterre cette saison serait tellement savoureux : repousser le plus longtemps possible le vieux rêve de Fergie qui voulait nous faire tomber de notre perche de plus grand club d’Angleterre !

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Liverpool FC a sans nul doute raté le coche en 2008-09, le titre était à prendre, et le défi sera encore plus ardu cette saison. Pourtant, je fais partir de ceux qui pensent que l’on ne peut pas dire qu’on a perdu le titre. Quand on atteint un total de 86 points, il y a matière à fierté. Pour être champion, il aurait fallu 91 points, c’est complètement irréel. On a perdu des points, comme tout le monde, et probablement que les absences répétées de Gerrard et Torres ont coûté cher. La saison fut bonne, marquée par des résultats, des performances de très haut niveau, des matchs insensés. En tout cas, Rafa est plus que jamais aux commandes. Il a fait taire les critiques avec une équipe qui n’a jamais été aussi forte, solide et attrayante. Il a les pleins pouvoirs. Parry et Moores sont partis par la petite porte, la postérité sera terrible avec eux. Les griefs sont nombreux, le plus important restera d’avoir complètement foiré la vente du club en le confiant à ces deux zozos d’Amérique... Personne ne doit douter que le club est en danger, compte tenu des incertitudes financières et de leur irresponsabilité avérée dans la conduite du club. «Yankees Go Home» est un leitmotiv qui doit continuer de résonner dans Anfield.

Pour ce qui concerne Michael Owen et son transfert à Man United, c'est un sujet qui est particulièrement important car les passages entre les deux clubs sont rares, même via les chemins de traverse. Owen a presque seul porté le club au début des années 2000, on ne peut donc oublier sa contribution à cette époque, notamment lors des finales de Cup en 2001 et de League Cup en 2003.

Mais il sut aussi jouer de mauvais tours au club qui l’a formé, d'abord en 2004 en ne prolongeant pas son contrat et en forçant le club à le vendre pour une bouchée de pain, puis en 2005 quand il a finalement signé à Newcastle alors que Liverpool l'attendait... Il lui suffisait de prolonger le bras de fer avec le Real !

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Sa carrière est tellement contrastée qu'on ne savait pas encore la trace qu'il laisserait dans l’histoire du club, c'est désormais connu : une étoile filante qui aura enchaîné les mauvais choix. Cela fait longtemps que j’ai fait le deuil de Mickey Owen, du jour où je l’ai vu jouer pour le Real. La seule chose qui compte pour lui, c’est Michael Owen. Signer comme il le fait pour ManU n’est pas neutre, c’est la pire chose à faire pour un exRed (pire que signer pour Everton car il aurait eu l’excuse d’avoir été un young bluenose). Le choix de Ferguson est assez bizarre, je crois qu’il s’agit surtout d’emmerder les Reds, car Owen est devenu un joueur anonyme. Sa vitesse perdue et ses blessures à répétition l’ont brisé, et il n’a jamais eu un sens du but à la Rush ou à la Fowler.

Chelsea et Arsenal seront des adversaires redoutables, Man City le sera peut-être aussi, mais c’est encore du côté de ManU qu’il faut chercher le plus coriace des concurrents. Ils ont perdu beaucoup avec les départs de Ronaldo et Tevez, deux de leurs trois match-winners ne sont plus là, le troisième, Rooney, étant de son côté de plus en plus souvent blessé. Il faudra faire un début de saison canon pour les distancer, avant que leur collectif ne se mette en place. Le premier match à White Hart Lane est un piège, il a une importance capitale dans la route vers le titre. Et encore une fois, c’est une saison qui commencera loin d’Anfield. Vous avez dit bizarre… ________ Dans le cadre de ce nouveau numéro de «Red pour toujours», vous pourrez donc lire et ensuite débattre sur le forum de nombreux articles que nos rédacteurs ont peaufinés passionnément.

Pour commencer, l’interview rock’n roll avec Vince et Billy. Ensuite l’entretien passionnant réalisé avec Paul Tomkins, accompagné du petit opus de l’école des fans consacré à Fields of Anfield Road par Gate. Puis le débat autour du Liverpool Way entre M’sieur le Marquis, Kilkenny et Brittanyred. Enfin, des fiches indispensables sur les anciens, Emlyn Hughes par Candy, et les nouveaux, Gerardo Bruna par Redman. Et pour finir, une analyse remarquable par Crazy Horse du système de jeu du Liverpool de Rafa Benitez ! Bonne lecture, bonnes vacances et que l’année soit rouge ! \ \ \ ICI ANFIELD

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Le kopite du n°5 Reiterska : Vince & Billy, les Kopites Rock& Roll !

Deux heures de retard, normal, c’est Rock & Roll. Vince et Billy me retrouvent au bar de l’hôtel pour «15 mn», ils disent… Finalement, trois heures plus tard, Ken nous met à la porte du Rush Bar… De toute manière, à Panam, Nantes, LA ou Liverpool, ils ne sont jamais dehors après une heure du mat’, ou parce qu’il y a un avion à prendre, ou peutêtre parce qu’il y a aussi des groupies à satisfaire…

match pour lequel j’étais dans le Kop. Je n’aurais jamais cru pouvoir un jour mettre les pieds à Anfield et c’est chose faite aujourd’hui ; un grand merci à la FB et à ceux qui la font vivre à bout de bras. B : Pareil, la seconde fois en octobre 2008 contre Wigan (3-2), quel match à rebondissements, avec un retour des Reds et la victoire au finish grâce a Kuyt ! Et le bonus : j'ai eu la chance de suivre la rencontre depuis la célèbre tribune «The Kop», inoubliable surtout pour le ynwa, j'en ai encore des frissons!

Fan depuis quand ? Vince : Difficile à dire. Objectivement, le souvenir de 77 est trop diffus pour pouvoir affirmer que cela a été l’événement déclencheur pour moi, je n’avais que 5 ans. Je dirais donc 1984 avec les grandes enjambées de Ian Rush. Billy : je suis fan depuis 1977. Comment cela a commencé ? V : J’ai le souvenir des résumés de match européens dans Stade 2 et très tôt le foot anglais m’a attiré. Et puis ma soeur est allée bosser en Angleterre et j’ai eu la chance de voir un match, Nottingham Forrest v Notts County (3-1 si mes souvenirs sont bons). Ce jour-là, j’ai compris que le foot anglais était tout ce que j’aime. B : Le match contre St Etienne, et c'est surtout lors du match retour avec l'ambiance bouillante d'Anfield que j'ai eu mon coup de coeur (et j'avais à peine 7 ans).

Déjà été à Anfield ? V : Oui, 2 fois. L’an dernier pour la venue des Spurs (2-2) et d’un certain Robbie Keane, et cette année pour la réception de Wigan,

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Houllier ou Rafa ? V : Rafa. Malgré la pression populaire autour de l’absence de titre national depuis 1990, il ne déroge pas à ses choix et s’avère être un des techniciens les plus reconnus au monde. Et puis il est celui dont l’équipe m’a fait pleurer un soir de mai 2005, ce qui restera un souvenir exceptionnel. Soit dit en passant, j’aime plutôt bien Houiller mais malgré une année 2001 exceptionnelle, il ne m’a pas procuré autant d’émotions. B : Je respecte beaucoup Gérard Houllier, mais ma préférence va à Rafa. Je trouve que depuis qu'il est à la tête de l'équipe, il a fait du très bon travail, surtout en Coupe d'Europe. C'est vrai que le titre tant attendu à Liverpool est la PL et j'espère bien que l'on pourra fêter ça en mai prochain. Stevie ou Carra ? V : Un petit avantage pour Carra quand même, qui aboie et rameute ses joueurs quand l’équipe est à la peine défensivement. Il incarne peut-être plus l’esprit scouser que Stevie dans son attitude ; enfin là, c’est très subjectif quand même. B : Steven Gerrard, il sait tout faire sur un terrain, meneur d'équipe (surtout quand ça ne tourne pas trop), passeur, buteur, ça peut venir à n'importe quel moment, et il représente bien l'esprit du club… tout comme Jamie Carragher car je les respecte tous les deux pour leur amour du maillot et la fidélité au club, chose rare de nos jours.

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Fowler ou Owen ? V : Définitivement Fowler pour son côté écorché vif. Et puis ça choquera peut-être mais le jour où il a été lynché pour avoir sniffé la ligne, il a acquis à mes yeux le statut de type hors du commun. Ce n’était pas qu’un joueur de foot formaté, mais aussi un homme qui exprimait là une forme de détresse malgré la provocation légitime qu’on a pu y voir. B : Robbie Fowler, quel buteur, certainement un des joueurs qui aura le plus marqué les esprits de son passage à Liverpool, et adoré des fans. Question la plus dure, Diouf ou Diao ? V : La peste ou le choléra ? Je passe. B : Diouf, même s’il n'aura pas donné ce que l'on pouvait attendre de lui, peut-être aussi à cause du talent des autres joueurs de l'équipe a l'époque.

Le plus grand match des Reds ? V : La finale de CL 2005 contre le Milan AC. On en a eus, des grands matchs (contre Alavès en 2001 notamment), mais contre Milan, il y avait une dimension irréelle. Franchement 0-3 à la mi-temps et un niveau de jeu médiocre, qui aurait pu imaginer la suite ? Et les mighty Reds l’ont fait. Ce soirlà, j’ai pleuré comme un môme. B : Plus grand souvenir, la folle soirée d'Istanbul 2005, et là je me suis dis que le football pouvait apporter les plus grandes émotions, tristesse, joie, bonheur... je n'oublierai jamais ce soir de mai 2005. Le meilleur moment associé aux Reds ? V : Quand je me suis rendu à Anfield pour la 1ère fois ; je me suis dis : «Vince, tu es là dans le stade, à moins de 50 mètres de Carra, Stevie et les autres. Tu vas partager un moment de ta vie et au même endroit que les joueurs de ton club favori». B : Tout simplement, mon association quand je suis un de leurs matchs au pub, pour l'ambiance, tout y est la pression, la tenue du fan et le stress qui monte avant chaque match. Comment as-tu découvert la French Branch ? V : C’est con mais un peu à la glory hunter dans le sens où je n’imaginais pas qu’il pût y avoir autant de fans déclarés de Liverpool en France. Du coup avec l’émotion de la finale 2005, dès le lendemain j’ai voulu partager mes émotions avec le plus grand monde et j’ai recherché au hasard sur Google. Bingo ! B : J'ai connu la branche avec Vince, qui connaissait ma passion pour les Reds. Il m'en a parlé, on est montés à Paris a l'assemblée générale en 2006, et depuis...

Joueurs préférés des Reds : actuel, et de tout temps ? autres qu’à Liverpool ? V : A Liverpool, ça reste Ian Rush et en ce moment, je dirais Carra qui est toujours là dans les grands matchs. En dehors de Liverpool, désolé les gars, j’aime beaucoup Paul Scholes [NDLR : Vince, ça sent la commission de discipline de la French Branch !] même s’il est moins en vue aujourd’hui. C’est un gars sobre, efficace et déterminant, et qui a fait sa carrière dans son club. Aussi détesté soit-il, c’est respectable. B : Gerrard pour les joueurs actuels, il représente tout, mais pour moi le meilleur joueur restera Kenny Dalglish, un des plus grands joueurs que le club aura connus, si ce n'est le plus grand joueur d'ailleurs. Ce n'est pas King Kenny pour rien ! LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Babel va t-il percer ? V : J’y crois encore car on sent chez lui une grosse qualité de percussion, mais pour l’instant il manque de lucidité. Je crois qu’il faut

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que Rafa lui trouve sa place sur le terrain, il a le potentiel pour réussir chez nous. B : Pour le cas Babel, j'ai beaucoup d'espoir en lui, il est encore jeune, mais oui, je pense qu'il va percer. D'ailleurs en match, j'attends toujours avec impatience son entrée sur le terrain, car sa vitesse peut à elle seule changer le cours d'un match. Pour ou contre la venue de Barry ? V : Pour. C’est un très bon joueur qui en est déjà à quelques passes décisives avec les Villains mais l’affaire Barry lors du mercato m’a sérieusement gonflé. On ne va pas se coucher non plus pour avoir un joueur. B : C'est vrai que j'étais pour la venue de Barry, même si Xabi a très bien commencé sa saison. Je pense que l'Anglais se serait vite adapté a l'équipe et le duo Gerrard/Barry aurait fait des merveilles. Le film n'est peutêtre pas encore fini... Le plus méchant c’est Hicks, Parry, Gillett, Moores ou Dr No ? V : Autour du Dr No gravitait un sacré paquet de belles demoiselles, donc je lui accorde des circonstances atténuantes. Si on enlève Parry et Moores qui ont plus agi par naïveté ou incompétence, je dirais donc nos deux amis yankees qui en peu de temps ont réussi quand même à stigmatiser pas mal de haine par leur façon de croire que LFC est un produit comme un autre. Ne parlons même pas de leur envie de s’accaparer le Liverbird qui est d’une stupidité rare. B : Gillett et Hicks, qui n'ont pas du tout l'amour pour le club, mais là je ne suis pas tout seul à le penser… Plutôt John, Paul, George ou Ringo ? V : Bon je ne suis pas un inconditionnel des Beatles, mais je dirais John pour Imagine. B : John Lennon pour son propre talent, et son coté solitaire aussi.... Quelle musique tu mettrais sur ton montage de la finale d'Istanbul ? V : Le Carmina Burana de Carl Orff en 1ère mi-temps pour l'aspect dramatique, et un Never mind the bollocks en seconde pour le côté enragé et subversif. B : Je mettrais sur la finale d'Istanbul le I can't stop loving you de Ray Charles. Même question sur le but CSC de Riise contre Chelsea ? V : Je dirais la musique finale de Benny Hill ; objectivement il n'y a pas mieux. B : Les histoires d'amours finissent mal en général, des Rita Mitsouko. Et le triplé championnat/Cup/CL, tu y crois ? V : Non. Gagner la PL cette saison serait

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extraordinaire, donc ne soyons pas trop gourmands et soyons concentrés sur cet objectif. B : Bien sûr que je crois au triplé, ça fait longtemps que je supporte cette équipe maintenant, et je croirai toujours en elle. Elle m'a fait vivre de grands moments, et il y en aura beaucoup d'autres, c'est pour ça que j'aime ce club. Si Billy/Vince était un joueur de Liverpool, qui serait-il ? V : Le Tallec, peut-être, pour un ancien joueur ; son grand talent présumé, c'était un peu l'Arlésienne quoi. Sinon Agger pour le côté grand tatoué au coeur tendre… hé hé…

B : Je verrais bien Vince en Robbie Keane, le don d'attirer les défenseurs et de pouvoir marquer à n'importe quel moment. Elvis est steward à Anfield depuis le milieu des années 70 ? Pourquoi cacher sa passion en faisant croire qu’il est mort ? V : Eh, ne va pas dire à Billy que Wanda Jackson est dame-pipi sur Main Stand, il ne s’en remettrait pas. Sinon pour répondre à ta question, je crois que pour Elvis, le foot est plus important que le rock maintenant. Dommage, parce que Liverpool et le rock ne font qu’un, non ? B : Elvis, pour ceux qui ne le savent pas, a chanté le You'll never walk alone, et il adore l'entendre par d'autres (quelque 45 000 fans). Du coup, il se dit «purée que ça aurait bien rendu à un de mes concerts»… et puis si Elvis fait croire qu'il n'est plus, c'est uniquement qu'il en avait marre d'être demandé pour jouer 2 à 3 concerts par jour, ça ne lui laissait même pas le temps de suivre son équipe favorite...hi ! hi ! hi !

Allez, on parle, on parle, forcément ça donne soif, allez, Ken, une tourn’, on mettra ça sur l’ardoise d’Ant !!! \ \ \ ICI ANFIELD

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AU

COIN DU FEU

Paul Tomkins, c’est aujourd’hui un site, un blog, de nombreux articles, notamment pour le site officiel et RAWK, et c’est surtout plusieurs livres. Le dernier, «Above Us, Sky Only», est épuisé, et compte tenu de l’ambiance morose sur Anfield, Paul ne prévoit pas une réédition, qui l’aurait entraîné à devoir l’actualiser et donc traiter des tristes épisodes en court sur la « guerre civile » d’Anfield.

En revanche, «An Anfield Anthology», un florilège de ses meilleurs articles plus des inédits, est de nouveau disponible ! Et ses autres livres peuvent être achetés sur Amazon ou Ebay !

L’entretien suivant avec Paul Tomkins a été mené voici plusieurs mois, mais tout est toujours d’actualité. Compte tenu de l’accélération des événements à Anfield, il y a toujours forcément un peu de décalage entre ses réponses et l’actualité (ne seront pas abordées par exemple les questions de DIC ou de la mobilisation organisée des fans…).

Pour en savoir plus : - Le blog : http://tomkins-blogs.typepad.com/ paul_tomkins_blog/ - Le site : http://www.paultomkins.com

Son nouveau livre, «Red race, a new bastion», est sorti en juillet 2009.

A son habitude, Paul se livre en toute transparence, puisque pour lui, sa vie personnelle est intimement liée à sa passion de Liverpool ! Sérieusement malade, il ne cache pas non plus que le climat déprimant autour du club l’incite aussi à se replier sur lui-même !

J’ai fait des études pour devenir «designer», puisque de toute manière les seules choses pour lesquelles j’étais un peu doué (ou plus simplement intéressé) étaient le foot et les arts. J’ai travaillé comme graphiste pour le Guardian, avant de devoir démissionner pour raisons médicales. Le diagnostic est tombé en 2000 après des années de dégradation de ma santé. Je suis atteint de myalgic encephalomyelitis (connu sous le nom de Syndrome d'épuisement chronique).

J’ai joué en club pendant longtemps, mais j’ai arrêté entre 15 et 19 ans car j’étais asthmatique, tout en continuant à jouer du foot à 5 (NDLR : très populaire au Royaume Uni). J’ai recommencé à l’université, j’ai même joué ailier gauche contre Crewe, en inscrivant le seul quadruplé de ma carrière. Une fois j’ai fini aux urgences, à deux doigts d’y passer ! Le fils d’Howard Wilkinson, qui était dans mon équipe de fac, m’aida à obtenir un essai à Leeds, mais j’avais bien conscience de mes limites. J’ai fini par jouer semi-pro quelques années plus tard, même si ma santé ne s’améliorait pas…

C’est à cette époque qu’enfin j’ai reçu mon abonnement à Anfield, donc la décision d’arrêter le foot à ce niveau ne fut pas trop douloureuse à prendre. Comme semi-pro, j’ai joué à tous les postes, hormis gardien ou en défense centrale avant de me stabiliser en attaque. Quand j’écris mes papiers maintenant, je me rappelle toujours comment j’ai eu du mal à trouver mes marques, voire combien j’étais inutile, ou encore la différence que cela fait quand on est en forme et en pleine confiance. Ca m’aide à être compréhensif à l’égard des joueurs qui traversent une période difficile. Comment as-tu commencé à aller à Anfield ?

Ici Anfield : Paul, tes nombreux articles puis tes livres nous permettent depuis plusieurs années de lire et commenter tes analyses. Mais peux-tu nous dire aussi qui tu es ?

Paut Tomkins : J’ai grandi au sein d’une famille ouvrière, dans la grande banlieue ouest de Londres, dans ces endroits déracinés ou désincarnés, dans lesquels il est impossible de nouer des racines.

Assez logiquement, je n’ai jamais eu d’équipe locale à supporter dans une région où il y a telle-

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ment d’équipes, mais aucune à moins de 30 km ! Je suis tombé amoureux de Liverpool quand j’ai eu 7 ou 8 ans, après les avoir vus à la télé. A cette époque, Souness était à la tête de l’équipe, ça jouait très très mal, mais c’était mon apprentissage avant de devenir un habitué d’Anfield.

Mon premier match à Anfield, c’est contre Derby en octobre 1990, une victoire 2 à 0. A partir de 1993, je partageais un abonnement avec un ami de mon père, ce qui veut dire qu’à cette époque je voyais un match sur deux. Je pense que d’avoir été un habitué d’Anfield dans les années 1990 me permet d’avoir un peu de recul, et c’est aussi peut-être ce qui explique que dans l’ensemble je suis assez content de la situation actuelle (d’un point de vue sportif évidemment). C’est quoi ton meilleur souvenir de fan ?

Mon meilleur moment, c’est le soir de la victoire contre Milan en 2005, quand je me suis retrouvé

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assis dans le bus sur le chemin du retour vers l’aéroport. Il devait être 2 heures du matin, je me passais en boucle de la bonne musique qui maintenait mon euphorie, j’avais la tête à travers la fenêtre, et j’essayais simplement de réaliser ce que je venais de vivre, sans pouvoir m’arrêter de sourire…

La journée fut magique d’un bout à l’autre, certainement aussi parce que j’y suis allé avec mes deux amis avec qui j’ai assisté à tant de matchs dans les années 1990 et début 2000. Nous n’étions pas assis ensemble, donc les retrouvailles à la sortie du stade furent fantastiques. La récompense de toutes ces années de supports et de kms d’autoroutes…

A l’heure actuelle, ce qui est bien, c’est que ce sont les meilleurs étrangers qui jouent en PL, et pas des inconnus en fin de carrière. Ils ont apporté une qualité nouvelle à notre football, tout en faisant preuve d’un professionnalisme supérieur aux joueurs anglais. Du coup, désormais, seuls les meilleurs Anglais peuvent réussir dans les clubs de haut du tableau. Des joueurs comme Harkness, Babb, Thomas et Ruddock n’auraient absolument aucune chance de s’imposer dans un club du top 4 de nos jours, au contraire d’un Fowler au meilleur de sa forme, et bien entendu de Gerrard ou Owen.

Bien évidemment, il y a beaucoup de choses qui ne me plaisent pas dans le football d’aujourd’hui, mais en même temps, je refuse de croire à une sorte d’âge d’or du foot. Cinq mois après notre dernier titre (1990), j’étais à Anfield pour la première fois. Voir le kop d’Annie Road m’a enthousiasmé, mais l’ambiance n’était pas toujours extraordinaire, et pour certains matchs, inférieure à ce que l’on connaît depuis la fin du Kop debout. Avant les livres, il y a eu beaucoup d’articles sur les sites, notamment sur RAWK. Comment tout cela a-t-il commencé ?

Et le plus mauvais ?

Mon plus mauvais souvenir est sans nul doute la finale de la Cup en 1996. J’étais convaincu qu’on allait battre les «Mancs» après les avoir surclassés deux fois en championnat cette saison-là, mais on s’est ratés… Un match de merde, un résultat de merde, des costumes de merde… Et puis, j’ai à peu près tout détesté des deux dernières années du règne de Houllier, qui coïncidaient il faut dire avec une époque personnelle aussi très difficile (divorce avec un enfant en bas âge, maladie…). La situation actuelle, avec ce qui passe dans les coulisses, c’est ce qu’il y a de pire, avec le risque de vraiment devenir l’épisode le plus déprimant du club ! L’univers actuel du foot est parfois effrayant : des joueurs millionnaires, dont une grosse majorité d’étrangers dans un championnat aux horaires parfois grotesques imposés par les groupes de télé. Du coup, en quoi être un Red de nos jours diffère des années 1980 ou 1990 ?

Avant toute chose, je dois dire que j’aime bien les joueurs étrangers, enfin la majorité d’entre eux, même si certains d’entre eux ont tendance à tomber un peu facilement, mais honnêtement quand on voit Joe Cole, on sait bien que ce n’est pas juste une affaire d’étrangers… LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

J’ai commencé à écrire des comptes-rendus de match dans les années 1990 pour différents sites. Et puis, en 2000, j’ai eu ma colonne pour un site indépendant. Dès 2001, je contribuais à pas mal de sites, j’ai dû écrire bénévolement plus de 500 articles !

Pendant l’hiver 2004/05, j’ai commencé à écrire «Golden past, Red future», chronique portant sur la transition entre deux époques, l’ère Houllier et l’ère Benitez. A la fin de saison, ô miracle, c’est devenu la chronique d’une victoire en Ligue des Champions. J’avais déjà pré-vendu près de 500 exemplaires avant même que nous soyons en quart de finale, soit des mois avant la publication prévue ! Un vrai succès de librairie, alors, et qui a débouché sur d’autres opportunités ?

Je savais donc que cela se vendrait bien, mais il est certain que la victoire à Istanbul a énormément contribué au succès du livre, bien au-delà de mes espérances ! Dans la foulée du livre, j’ai été approche par le site officiel, et on m’a proposé la tribune du mercredi. Il est vrai que mes articles nombreux et réguliers au cours des ans m’avaient donné une certaine crédibilité et légitimité. Tu as la réputation d’être un incorrigible optimiste, et du coup de toujours voir le verre à moitié plein plutôt que le verre à moitié vide. Tu l’assumes ? Je ne suis pas d’accord, je ne me vois pas du tout

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comme quelqu’un d’optimiste. Je dirais plutôt que je suis mesuré et posé dans mes jugements, et c’est ce que les gens apprécient dans mes analyses. En tout cas, c’est ce qu’ils me disent dans leurs mails. J’essaie toujours de voir les deux côtés d’une situation, et d’accorder le bénéfice du doute aux différents acteurs, quand c’est possible ! Justement, avec ce regard critique et équilibré, comment vois-tu les prochaines années ?

Je ne pense pas que l’on va remporter des trophées tout le temps, donc je ne suis pas trop déçu de la situation actuelle. Par exemple, en juin 2005, j’avais écrit que la saison suivante allait se traduire par de meilleurs résultats en championnat et de moins bons en C1. C’était un regard avec du recul, et j’avais raison. J’ai moi-même connu la dépression, j’ai pris des leçons de vie, et je connais la valeur de la patience.

De plus, je pense vraiment que Rafa est un excellent manager, et je crois qu’il est sur la bonne voie. Il a connu des périodes difficiles, mais au final, le club s’est amélioré. Il faut arrêter de paniquer à la première difficulté, sinon on va finir comme Newcastle United, à se plaindre sans cesse du manager et demander au Board de le virer. Au final, cela devient grotesque !!

club et qu’ils étaient tombés amoureux du «soccer». D’un certain côté, cela m’inquiète d’avoir été aussi aveugle… Peut-être vont-ils rétablir la situation, mais pour ce qui concerne les fans, c’est trop tard, il n’y a aucune chance qu’ils puissent regagner la confiance du Kop. Que va-t-il se passer ?

Le danger maintenant est qu’ils soient dans une logique unilatérale, celle du profit, se disant «que les fans aillent se faire foutre»… Il est clair qu’ils n’ont pas tenu leurs promesses. Que ce soit la conséquence de la crise du crédit aux Etats-Unis ou parce que plus simplement ce n’était que des promesses sans lendemain, je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est qu’assurer leur emprunt pour acheter le club sur le club lui-même, c’est manifestement le contraire ce qu’ils avaient dit, et je ne suis même pas critique en le disant, ce ne sont que les faits !

Quelle est ton analyse de ceux que certains appellent déjà la «guerre civile» d’Anfield ?

La question du nouveau stade est devenu une farce qui semble ne jamais se finir, et encore cela n’est rien au regard de ce qui trame sur la propriété du club. Je ne connais personnellement ni Hicks ni Gillett, donc je ne sais pas quelles étaient leurs vraies intentions quand ils ont pris le contrôle du club et ce qu’elles sont maintenant.

Ce qu’il est important de savoir, c’est si le club signifie quelque chose pour eux et jusqu’où sontils prêts à aller pour trouver une solution. Je ne peux rien faire d’autre que d’espérer qu’ils ne soient pas finalement ces capitalistes douteux, calculateurs et cupides qu’ils semblent être.

Je suis époustouflé de la force du rejet dont ils sont l’objet. Pour ma part, j’ai longtemps cru qu’ils portaient un intérêt authentique pour notre LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Que vont-ils faire désormais ? Depuis que tout a été révélé, ils n’ont pas beaucoup communiqué, ni donné beaucoup d’explication. Ils semblent qu’ils ne se fassent plus beaucoup d’illusions sur leurs relations avec les fans. Ils vont rester assez distants, un peu comme les Glazers à Man United, à la grosse différence qu’entre temps, ils ont fortement déstabilisé le manager. Sans oublier qu’à Manchester, ils ont déjà leur stade de 70 000 personnes, et avec une puissance financière sans commune mesure !

Je suis très très inquiet. C’est impossible pour n’importe quelle équipe de réussir dans une telle situation, c’est pourquoi on ne peut mesurer avec validité les performances de l’équipe cette saison. Ce ne serait pas juste. Pour ma part, je suis assez confiant sur le groupe qu’il a construit, ce n’est pas parfait, mais tout se mettait en place, notamment avec une ossature assez jeune. Dans la situation présente, je suis très pessimiste sur notre avenir. Cela me fait de la peine et me déprime, c’est un peu la grande illusion.

Quand vous avez les fans en guerre contre les propriétaires du club et ces derniers en guerre contre le manager, il y a vraiment matière à inquiétude !

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Sur la situation actuelle, les leaders d’opinions jouent un grand rôle, on voit notamment comment les sites importants ou encore les fanzines ont un rôle pour diffuser l’information et organiser la contestation. D’ailleurs que penses-tu de ces fanzines ? Tu t’y reconnais ?

J’avais l’habitude lire les fanzines quand j’allais régulièrement au match. C’est un peu différent de ce que je fais, ils sont plus impertinents, plus dans le passionnel que dans l’analytique. Il y a à prendre et à laisser, ils sont chacun leur intérêt, et tous défendent les fans. Avec la fin assez misérable de la période Houllier, faut-il mieux se cacher quand on est français et Red ?

GH fut très bon les premières années, il était le bon manager au bon moment, celui qui nous a fait quitter la culture bière pour nous faire entrer dans une culture, plus scientifique, à la continentale. Les trois premières saisons, il a recruté de très bons joueurs comme Hyypia, Hamann, Babbel, ou encore Gary Mc Allister.

les gens du coin devraient respecter l’OOT qui est un supporteur loyal et fervent du club, et que ces derniers devraient respecter la tradition et la culture du club, en connaissant le plus possible l’histoire du club, c’est le moins que l’on puisse faire ! Un autre sujet qui passionne les foules, et encore plus les journalistes et Sky, concerne Rafa et la rotation ?

Les faits parlent d’eux-mêmes, on gagne beaucoup de matchs quand Rafa fait tourner, au même rythme que quand Paisley était à la tête de l’équipe. Et en plus, on gagne des trophées ! Cela ne veut pas dire qu’il a toujours raison dans ses choix de turn-over, mais on peut dire la même chose que ceux qui ne font pas rotation. Plus le groupe sera de qualité, plus la rotation sera féconde ! Quand on parle de Liverpool, on est obligé d’ouvrir un chapitre histoire ? Ce serait qui, ton n°1 des joueurs qui ont subjugué le kop ?

Probablement John Barnes, même si c’est dur de choisir, avec d’autres comme Dalglish ou Rush. Et puis il y a aussi certains joueurs pour qui j’ai une affection particulière comme Mike Marsh ou Vladimir Smicer, bien que je sois incapable d’expliquer pourquoi. Et ton meilleur match à Anfield ?

Mais, par la suite, il a perdu les pédales, peut-être en raison de son accident cardiaque. Je pense qu’il faut donner du temps au manager pour qu’il puisse mener à bien son projet. Le problème de Houllier, c’est qu’au bout d’un moment, les fans n’ont plus cru en lui, tout comme certains joueurs clés comme Owen et Gerrard, et il était temps de changer.

Il manquait de savoir-faire tactique, et contrairement à Rafa, il n’avait pas cette envie du terrain, qui lui permet de faire progresser les joueurs et l’équipe. Il a acheté de bons joueurs, mais rarement après 2001, alors que Rafa, et cela inclut les jeunes joueurs, a réussi à signer pas mal de joueurs qui se sont bonifiés à Liverpool. Un autre sujet très controversé est la présence de plus en plus forte de fans non originaires de Liverpool, les fameux OOT (outof-towners). Qu’en penses-tu ?

Etant un OOT moi-même, je suis pour ! J’en parle pas mal dans mon dernier livre (voir la présentation de PT par ailleurs). C’est un sujet très complexe et très explosif. En deux mots, je pense que LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Il y en a un paquet qui me viennent à l’esprit, je dirai le premier 4-3 contre Newcastle en 1996, c’était un match fabuleux. En plus, j’avais gagné le droit de participer à une séance de penaltys face au kop, avec l’hospitalité du club avant et après le match !!! A l’extérieur ?

Mon premier déplacement était une victoire 7 à 1 à Derby en 1991, de beaux débuts n’est-ce pas ? Barcelone en 2007 fut aussi un grand moment, mais je choisirais quand même Rome en 2001. Pour finir, des questions courtes pour des réponses courtes ?

Ca commence mal, moi, faire des réponses courtes, impossible !

Houllier ou Rafa ? Rafa Stevie ou Jamie ? Stevie pour le talent, Jamie pour le sens de l’effort et son pragmatisme Keegan ou Dalglish ? Dalglish Qualification en Ligue des Champions ou victoire en FA Cup ? De nos jours, les grands clubs se doivent d’être en LdC. En plus avec Rafa, on a toujours une petite chance de la gagner.

Paul, un grand merci, et peut-être un jour en France en guest star au Rush Bar ! \ \ \ ICI ANFIELD

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L’ÉCOLE

DES FANS PAR

GATE21

“The Fields of Anfield Road”

Kopites, cette rubrik est pour vous, qui êtes «The Twelfth Man».

Nous continuons notre voyage initiatique au coeur des chants cultes qui font notre gloire et notre renommée... Attardons-nous cette fois-ci sur «The Fields of Anfield Road».

Allez, tous en choeur !

Outside the Shankly Gates I heard a Kopite calling: "Shankly they have taken you away But you left a great eleven Before you went to heaven Now it's glory round the Fields of Anfield Road" Chorus

All 'round the fields of Anfield Road, Where once we watched the King Kenny play (and could he play!), Stevie Heighway on the wing, We had dreams and songs to sing, Of the glory 'round the fields of Anfield Road Outside the Paisley Gates I heard a Kopite calling: "Paisley they have taken you away You led the great 11 Back in Rome in 77 And the redmen (they) are still playing the same way" Chorus

La version originale «The Fields of Athenry» est une chanson folk relatant la grande famine en Irlande. Composée en 1979 par Peter St John d'Inchicore, dans la banlieue de Dublin, cette chanson très populaire est associée aux équipes de rugby du Comté de Munster, à l'équipe des Irish London, et à l'équipe de rugby de la République d'Irlande, mais aussi à l'équipe de football du Celtic.

Les loyalistes en ont même adapté une version en remplaçant le vers principal par «Low lie the fields of Ballynafeigh». «The Fields of Anfield Road» est chantée par les supporters du Liverpool F.C depuis les années 1980 sur la même musique, mais avec des paroles adaptées à notre histoire et à notre stade.

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Beside the Hillsborough flame I heard a Kopite mourning : "Why so many taken on that day ? Justice has never been done But their memory will carry on There'll be glory round the Fields of Anfield Road". Chorus

Pour l’écouter sur internet : http://www.youtube.com/watch?v=S1ADuaiFE0Q

Vous n’aurez plus aucune d’excuse pour ne pas la chanter dans Anfield la prochaine fois où vous viendrez supporter les mighty Reds...

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«THE

LE DÉBAT : LIVERPOOL WAY»

M’SIEUR LE MARQUIS

Il y a quelques années, lors d’un match de Champions League contre Galatasaray, nos fans ont été accueillis (comme tous les autres adversaires) par une grande bannière qui clamait : «Bienvenue en enfer». Pour le match retour, les Kopites avaient préparé en réponse un immense drapeau sur lequel était écrit : «Bienvenue au paradis». Il y avait dans cette réponse tout ce que l’on peut attendre de l’esprit de Liverpool : respect, implication, culture du football, générosité et humour.

Avant de connaître la French Branch et de partager avec vous tous mon amour pour Liverpool (je dis Liverpool et pas LFC volontairement), trop peu autour de moi revendiquaient cet attachement devenu viscéral parce qu’essentiel à ma (notre) vie. On ne supporte pas le Liverpool Football Club comme on supporte n’importe quel autre club. Est-ce parce que nous faisons tout en mieux et même en beaucoup mieux que nos adversaires ? Sommes-nous tout simplement les meilleurs sur le terrain et dans les tribunes ?

Non ! Ce qui fait la différence avec les autres clubs, ce sont les valeurs que diffuse le LFC. Et notre affection pour ces valeurs a pour nom : «The Liverpool way».

Pour un supporter, être fan des Reds, c’est appartenir à une famille merveilleuse où tout le monde s‘aime et comme le disait la banderole : c’est un peu le paradis. Tout ce dont vous avez rêvé dans une vie de supporter, le LFC peut vous l‘offrir : une équipe et des fans respectés, mais surtout respectables. Ce palmarès inégalé et cette respectabilité nous rendent forts et joyeux. Qui n’a pas vécu un avant match «away» ne peut pas comprendre ce sentiment de bonheur et de puissance qui se dégage de la reds army quand elle prend possession d’une ville (et de ses bars).

Soyons honnêtes (et le supporter du LFC se doit de l’être) : c’est une version naïve et très idylLFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

lique, que viennent malheureusement entacher les souvenirs douloureux du drame du Heysel, de la catastrophe de Hillsborough, mais aussi le comportement récent et épouvantable de certains fans qui attaquent l’ambulance transportant le joueur de ManU, Alan Smith, alors qu’il vient de se fracturer la jambe, etc.

Oui, mais voilà : pendant des années nos équipes ont tout gagné et nos fans ont «en-chanté» tous les stades d’Europe. Et pourtant, si nous sommes souvent cités en exemple, nos joueurs courent après le titre depuis 19 ans et nos fans, à l’exception des matchs de CL, ont bien du mal à se faire entendre dans un stade d’Anfield désespérément calme et atone depuis déjà quelques années.

Alors il nous reste la légende entretenue par des journalistes menteurs qui essaient de vendre leur soupe froide en faisant croire que dès le coup d’envoi du match, l’équipe attaque ses matchs à cent à l’heure et que le YNWA est chanté à gorges déployées dans toutes les travées d’Anfield. Alors qu’il l’est mille fois mieux dans une seule tribune de Celtic Park. Les stades étaient-ils toujours pleins dans les années 60, 70 et 80 ? Les Kopites chantaient-ils avant, pendant et après les matchs ? Peu importe, le LFC et ses indissociables fans ne seraient pas ce qu’ils sont sans cette légende. Et comme l’a si bien écrit John Ford : «Quand la légende dépasse la réalité : imprimez la légende !»

Alors pardonnons aux marchands du temple d’exagérer un peu en essayant de nous faire croire au sublime quand il ne s’agit que du simple quotidien. Après tout, ces ratés sympathiques n’abusent que ceux qui les écoutent encore et puis, reconnaissons qu’ils sont un peu comme nous tous, à la recherche d’un absolu auquel ils n‘ont vraisemblablement jamais goûté.

Pourtant, ce rêve de fan après lequel nous courons tous, n’est pas un inaccessible rêve… Cette légende, comme pour certains d’entre nous, il m’est arrivé de la croiser et, croyez-moi, quand le LFC et ses fans décident de sortir leurs habits de lumière, vous êtes vite réchauffés ! Une merveilleuse famille vous tend les bras et vous montez au paradis.

Et mon paradis, ce fut le soir du 27 mai 1981 au Parc des Princes ! J’avais la chance d’habiter non loin du stade et depuis des années je ne manquais pas un seul grand match se déroulant au Parc (je dis «grand match» pour différencier volontairement ceux du PSG auxquels j’assistais également à l’époque !) Tous les matchs des Bleus de Platini et tous les matchs du tournoi de Spanghero à Rives, toutes les finales de Coupe de France et d’Europe. En 1975, j’avais déjà eu la chance d’assister à la finale de la Ligue des Champions entre

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Leeds et le Bayern. Il faut dire qu’à l’époque, en rôdant autour du stade un peu avant le match, c’était relativement facile de se procurer un ticket.

Mais pour le match de Liverpool contre le grand Real Madrid, l’affaire s’est rapidement annonçée très épineuse. Les Scousers avaient pris Paris d’assaut et comme d’habitude, ils étaient très nombreux à s’être déplacés sans ticket. Dès mon arrivée vers 15 heures aux abords du stade, ils étaient alors des centaines à faire la chasse aux revendeurs et les prix avaient déjà atteint des tarifs inaccessibles pour mes propres moyens.

qui n’allaient pas se rasseoir de tout le match.

L’issue de la rencontre, nous la connaissons tous, avec ce but d’Alan Kennedy à la 82ème minute offrant au LFC sa troisième coupe d’Europe. Pour moi et mes amis d’un soir, ce fut une soirée inoubliable dans un café du 15ème où nous avons passé la nuit à boire (ils ne me laissèrent pas payer une seule fois) et à chanter des chansons des Beatles. Nous échangeâmes nos adresses comme on le fait après une soirée trop arrosée et puis… il ne se passa rien.

Un merveilleux hasard m’a fait sympathiser avec un groupe de fans, chacun (détenteur d’un) season ticket, mais cette fois-ci sans billet et tous disposés à payer un bon prix sans pour autant faire n’importe quoi. Comme ils ne parlaient pas un mot de français et que les revendeurs ne comprenaient rien à l’anglais, je suis intervenu, j’ai négocié pour eux à plusieurs reprises et tous ont obtenu le précieux sésame.

Le moment du match approchant à grands pas, je commençais à désespérer de trouver une place à un prix raisonnable. À un quart d’heure du coup d’envoi, à contre-coeur, je me suis résolu à abandonner les recherches et à rentrer chez moi. Je suis monté dans le métro et quand la sonnerie annonçant la fermeture des portes a retenti, je n’ai pas pu résister. Je me suis senti aspiré par le quai sur lequel j’ai sauté et j’ai couru vers le stade habité d’une folle espérance.

Des cordons de CRS bloquaient alors complètement l’accès aux abords même du stade. Je perdais à nouveau espoir quand je les aperçus : ils étaient là juste devant moi à tourner en rond. Quand ils me virent, ils s’approchèrent, sourire aux lèvres, sans se presser (les Scousers ne sont jamais pressés) et me tendirent un billet ! Je n’en croyais pas mes yeux ! Ils m’avaient acheté une place pour me remercier de les avoir aidés. Ce n’était pas une simple place pour un match de football. C’était l’entrée dans un nouveau monde dont je ne soupçonnais même pas l’existence : le Liverpool Football Club allait bouleverser ma vie.

La place était dans la tribune Auteuil, tout en haut. Et quand je suis arrivé à l’intérieur de l’enceinte que je connaissais pourtant si bien, je ne l’ai pas reconnue : le match allait commencer dans 2 minutes, il y avait du rouge partout, tous étaient debout et chantaient d’une seule voix. Ce n’était pas les slogans «Allez les bleus» ou «Allez Paris» que j’avais l’habitude d’entendre, c’était un hymne dont personne ne m’avait jamais parlé : le YNWA chanté à l‘unisson. Ce que j’ai ressenti était tellement bouleversant que je l’ai perçu comme une atmosphère religieuse. Franchement, c‘était incroyable de me retrouver au milieu de ces choeurs de supporters chantant magnifiquement (et ça aussi, c’est un exploit au Parc des Princes) LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Jusqu’au samedi 15 avril 1989. Ce soir là, j’ai vraiment eu envie de pleurer en découvrant les épouvantables images du drame d’Hillsborough. Liverpool était en deuil, et moi qui les magnifiais depuis 8 ans, je l’étais un peu aussi.

Il faut comprendre qu’il n’y avait que le journal L’Equipe pour donner des informations sur le football anglais, et seulement de manière épisodique. Il n’y avait pratiquement pas de foot à la TV, sauf pour les finales, et encore moins d’internet.

J’ai alors recherché mon petit carnet et j’ai retrouvé un nom, Jimmy Nicholson, et une adresse, Newman Street. Le lendemain, je lui ai envoyé un petit mot de soutien très simple et deux jours après, le téléphone sonnait… Il y a eu depuis des mariages, des naissances, des décès et un divorce, mais nous sommes restés très proches l’un de l’autre, et de son beau-frère John qui était aussi à Paris.

Nous avons vécu ensemble Anfield, Cardiff, Dortmund, Monaco, Istanbul, Athènes, Marseille et espérons nous retrouver à Rome peut-être en 2009 où il retournera pour la 3ème fois avec la reds army.

Je raconte cette histoire toujours avec beaucoup de plaisir car pour moi, depuis le 27 mai 1981, «The Liverpool Way», c’est ça !

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KILKENNY Et par delà même, qu'est-ce que le «Liverpool Way» ? Des quantités probablement innommables de sociologues, d'historiens, de journalistes et d'autres intellectuels en tous genres se sont déjà cassé les dents sur cette épineuse question. Pourtant, aujourd'hui, malgré les risques encourus, j'essaie d'y répondre à mon tour - «Mais qu'allait-il faire dans cette galère ?», avait un jour écrit Molière !

Comme une majorité de mon lectorat, j'ai découvert Liverpool par la grâce des images cathodiques. Moi, little frenchie, nourri, tant d'années durant, aux stades où les chants se limitent aux tribunes derrière les buts, je découvrais un endroit magique où tout le monde poussait à l'unisson, et de surcroît un chant durant plus d'une minute. Je me suis alors dit que ce peuple avait forcément quelques chose de spécial, qu'on ne trouvait pas ailleurs. Et ce quelque chose, j'essaie aujourd'hui de le définir, une petite dizaine d'années, un treble et une Ligue des Champions plus tard. Mais j'avais, malgré tout, retenu une des facettes de ce qu'est le Liverpool way : la ferveur.

Le dernier élément (le quatrième, il n'y en aura pas de cinquième, désolé), c'est la fierté. Cependant, de prime abord, Liverpool est une ville qui ne donne pas de fierté particulière. Et pourtant...

Daniel Herrero, grand poète lyrique du ballon ovale avait dit au sujet d'un autre peuple rouge de légende : « Dans un pays où il n'y a rien, la fierté est pourtant la seule chose dont les Gallois ne manquent pas.» (Dictionnaire amoureux du Rugby) C'est donc là ce qu'il manquait à l'équation. Cette fierté d'être unique (Not English, Scouse), qui fait que les supporters des Reds aiment leur ville et leur club par dessus tout et les soutiennent encore plus. C'est donc ça qui fait débouler des hordes pacifiques rouges sur toutes les grandes villes d'Europe.

Générosité, Fierté, Foi, Ferveur. Le tout assaisonné d'un peu de bière (juste un peu !) et de beaucoup d'amour... \ \ \ KILKENNY

BRITTANYRED

Le troisième élément du Liverpool Way trouve son illustration parfaite sur les rives du Bosphore. Je pense que tout le monde remet la scène : nous sommes à Istanbul, le 25 mai 2005. Après avoir, contre toute attente, éliminé coup sur coup la Juventus et Chelsea, Liverpool joue contre le Milan AC sa première finale européenne depuis le Heysel. Lorsque l'arbitre siffle la mi-temps, même le plus bourré des parieurs du pub du coin n’aurait plus misé un malheureux penny sur les Reds qui se sont fait balayer par la tornade rossonera pour être menés 3-0. Là où dans des circonstances analogues, n'importe qui aurait l'idée de se dire qu'après tout, un tel parcours était déjà inespéré et qu'on s'en contenterait, le peuple rouge ne rendit pas les armes et entonna ses plus belles paroles, sans abandonner l'idée d'un miracle qui, fatalement, finit par arriver.

En regardant le match Wales-New Zealand fin novembre, j’ai eu un «flash», une association qui s’est opérée naturellement entre les Reds et l’équipe de Galles –le match se déroulant à Anfield South, cela explique bien des choses. Au moment de l’entrée des joueurs, le stade est électrique. La passion et l’adrénaline transpirent à travers l’écran. Des chants variés dévalent des gradins tandis que l’équipe au maillot rouge se saisit du ballon avec rage pour essayer de gravir l’obstacle black avec une foi qui déplace les montagnes (ou essaie, tout au moins). Peine perdue, mais, vraiment, un parfum de Liverpool dans tout ça. Quelques jours plus tard, début décembre, un autre «flash». Je pensais me calmer et pouvoir échapper au match contre Marseille, et voilà que, quelques heures avant le match, je n’en peux plus. Il me faut ma dose ! Et me voilà parti pour un pub quimpérois équipé en Foot+, avec une sono dans ma voiture qui hurle l’avant match des rencontres contre Chelsea en 2005 et 2007, avec des «Oh when the Reds» qui me portent à ébullition. Pourquoi une telle réaction ? Qu’y a-t-il de si particulier qui puisse expliquer cette dépendance au maillot rouge ?

On pourrait donc dire que le Liverpool way, c'est de la foi, de la ferveur et de la générosité. Mais non, c'est insuffisant. Car ce sont là les composantes du caractère de nombreux supporters de foot. On a donc sauté un détail. Pourquoi à Liverpool et pas ailleurs ?

Une ferveur incroyable A l’origine, je crois qu’il y a d’abord un état d’esprit préexistant dans les îles britanniques, et particulièrement développé à Liverpool (mais aussi en Irlande, au Munster, au Celtic, dans la Tartan Army…). Les fans font preuve d’un enthousiasme incroyable. Une passion électrique. Une rage de vaincre débordante. Au bas mot, j’appellerais cela de la ferveur. Peut-être même un goût peu commun pour l’adrénaline d’avant match.

Lors de mon premier voyage en Merseyside, j'eus la surprise de découvrir une terre où le supporter adverse (ce que j'étais ce jour-là) était accueilli en ami. Je commençais à appréhender une autre des composantes du caractère des Merseysiders : la générosité.

Cette foi inaltérable que seul le peuple rouge peut manifester est une des plus belles illustrations du Liverpool Way.

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Mais appelons les choses par leur nom : ne s’agitil pas, parfois, d’une véritable transe ? Une rugissante vibration du corps et de l’esprit à 12 sur l’échelle de Richter. Un tsunami rouge ! L’école des fans Avant même que le match ne commence se produit une alchimie particulière portée par une vraie spécificité britannique, et poussée à son paroxysme à Liverpool, plus que n’importe où ailleurs : je veux parler du chant. A Liverpool, le tifo est sonore et particulièrement «timbré». Non content d’être particulièrement bruyants, les fans des Reds sont aussi d’une diversité sans égale. S’entrainent-ils pour un opéra foot en plusieurs actes ? Je crois que les Reds ont le répertoire le plus étoffé que je connaisse. Peut-être un record mondial, qui sait. Même mes chers Gallois du rugby, qui ont une culture du chant époustouflante, ne dépassent pas les Reds. Si l’esprit des fans s’exprime dans la créativité du répertoire, il faut aussi souligner que la créativité des bannières n’est pas mal non plus ! Esprit collectif Une des particularités du Liverpool FC consiste en la tradition, développée par Saint Shankly, de toujours considérer le football comme un sport simple et collectif. D’où la fameuse formule du «pass and move» et l’idée que seul le maillot rouge compte. A une époque ou l’individualisme fait des ravages et où les transformations de la société se voient aussi sur le terrain, il me plaît à penser que Liverpool est un club qui ne perd pas de vue les vraies valeurs traditionnelles du football, faites de solidarité et d’abnégation. La présence d’un Dirk Kuyt, entre autre, ne peut que renforcer ce constat. Morale et éthique exemplaire Le club de Liverpool n’est pas parfait. La nature humaine étant ce qu’elle est, il y a aussi des brebis égarées chez les Reds, comme en témoigne quelques actes malheureux, sans parler de la tragédie du Heysel. Malgré tout, l’éthique de la majorité des fans est assez exceptionnelle. Pour qui observe les après-matchs à Anfield, il est fréquent d’assister à des échanges d’écharpes avec les fans adverses (Auxerre, Betis…), quand ce n’est pas une expression «vocale» en respect de l’adversaire («Barca, Barca, Barca…»). Je crois que la culture footbalistique des fans est portée vers la curiosité en faveur de l’adversaire. C’est ainsi que les fans de Liverpool entretiennent une relation étroite avec ceux du Borussia Moenchengladbach, et cela depuis la finale jouée contre ce club en… 1977 ! LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

J’ai toujours eu le sentiment que, dans ce club, on restait concentré sur l’essentiel : le football. Michael Owen admettait d’ailleurs en 2002 : «Moi, je suis amoureux du football, pas du style de vie qui va avec». Je trouve que cette formule correspond bien au Liverpool FC. Pas de frasques, pas de caprices, juste un ballon et 11 morts de faim pour lui courir derrière. Liverpool, c’est aussi un club qui, dans l’ensemble, a le respect des anciens et de l’histoire, de son histoire. Comme l’a dit Gérard Houllier du temps ou il était manager du club : «We don't destroy our heroes today when we worshipped them yesterday».

Culte du dépassement de soi et de l’effort «I've got a drive and a hunger to match Istanbul, if not beat it», a dit Steven Gerrard récemment. Cette phrase n’est pas anecdotique. Elle résume bien la culture du club, d’aller toujours plus loin. La devise olympique, «plus loin, plus haut, plus fort», aurait également convenu aux Reds. Là encore, l’apport de Shankly fut déterminant pour forger un culte de la sublimation. «Si vous visez le ciel, vous toucherez le plafond. Si vous visez le plafond, vous resterez sur le sol», disait Shankly. De quoi parle-t-il ? Tout simplement du fait qu’il faut toujours viser plus haut, avoir faim, croire en sa chance et se donner les moyens d’atteindre les objectifs les plus élevés. La capacité de Benitez à exiger un progrès constant des joueurs n’est pas sans rappeler ce précepte du club.

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Cette association entre un état d’esprit particulier des fans et une attitude exemplaire de l’équipe, voilà The Liverpool Way. Un état d’esprit revivifié, mis en valeur, couvé en son temps par Bill Shankly, célèbre accélérateur de particules rouges, et depuis transmis de génération en génération. \ \ \ BRITTANYRED Août 2009 - n°5


QUELLE

HISTOIRE

“Emlyn Hughes”

PAR

!

CANDY

Le 10 mai 1978, Wembley accueille la finale de l’ancienne Coupe d’Europe des Clubs Champions opposant les Anglais de Liverpool FC aux Belges du FC Bruges. Les Reds sont les tenants du titre et sont favoris à plus d’un titre à leur propre succession. Tout d’abord, la finale se déroule dans le stade de Wembley au nord-ouest de Londres, le public sera donc composé en grande majorité de fans venant de la Mersey. Ensuite, le FC Bruges ne semble pas avoir les armes nécessaires pour rivaliser avec Liverpool FC (le club belge est privé de deux de ses meilleurs joueurs, Paul Courant au milieu et Raoul Lambert en attaque). Finalement, depuis le départ de Kevin Keegan 12 mois auparavant, les Reds se sont aussi renforcés avec des joueurs prometteurs et confirmés au talent indéniable, à commencer par l’Écossais Kenny Dalglish sans oublier ses concitoyens Alan Hansen et Graeme Souness (arrivé quant à lui en janvier 1978).

Au final, Liverpool FC gagne par la plus petite des marges, 1-0 (but de Dalglish sur service de Souness), mais l’étroitesse du score ne reflète pas la physionomie de la rencontre tant les Anglais ont dominé le match. À l’issue du match, les joueurs du club de la Mersey se préparent à recevoir la Coupe aux grandes oreilles pour la deuxième fois consécutive (une première pour un club anglais !). Et c’est Emlyn Hughes, le vaillant capitaine des Reds, qui s’apprête à recevoir ce trophée pour la deuxième fois consécutive des mains d’Artemio Franchi, le président de l’UEFA. Hughes et tous ses camarades vont pouvoir célébrer ce nouveau triomphe européen.

Emlyn Hughes, justement, est une des figures marquantes du club. Grâce à son travail sur le terrain et en tant que capitaine, il représente Liverpool FC. Et les fans se souviennent encore aujourd’hui de lui comme de l’un des grands capitaines des Reds (celui qui souleva notamment les deux premières coupes aux grandes oreilles de LFC) et aussi de son grand et généreux sourire. Hughes est né le 28 août 1947 à Barrow In Furness (nord-ouest de l’Angleterre). Sa famille est composée de sportifs de haut niveau ; en LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

effet, son père, son frère et son oncle étaient rugbymen professionnels et sa tante faisait partie de l’équipe nationale de hockey sur gazon. S’intéressant aussi au sport, Emlyn opte plutôt pour le football dès son plus jeune âge. Il débute sa carrière dans les équipes de jeunes de son club local avant de rejoindre en 1964 le club de Blackpool (ville située au sud de Barrow), qui jouait à l’époque en première division anglaise.

Le séjour d’Emlyn Hughes à Blackpool se prolonge jusqu’au début de l’année 1967 (il totalise une trentaine d’apparitions sous le maillot de Blackpool). À ce moment-là, Bill Shankly était le manager de Liverpool FC et il cherchait à renouveler son effectif qui était quelque peu vieillissant. Le staff des Reds (y compris Shankly) était à la recherche de jeunes espoirs pouvant apporter du sang neuf dans l’effectif. Parmi les jeunes des environs, Hughes était dans les papiers de plusieurs membres du staff de LFC, venus plusieurs fois le superviser avant de le proposer au manager des Reds. Âgé de 19 ans, Shankly propose dans un premier temps 25 000 livres sterling pour le jeune espoir anglais. Finalement, c’est pour quelque 65 000 livres sterling (grosse somme pour l’époque) qu’Hughes signe pour Liverpool FC. Le mythique manager écossais sait qu’il ne prend aucun risque avec ce joueur. D’ailleurs une anecdote veut que, quand Bill Shankly amène Emlyn Hughes à Liverpool pour la première fois, un policier arrête la voiture et Shankly dit au policier : «Vous ne savez pas qui est dans cette voiture ? Le futur capitaine de l’Angleterre ! » Typique de la part du manager écossais ! Le 4 mars 1967 est une date importante pour Emlyn Hughes ! C’est en effet ce jour-là qu’il revêt la célèbre tunique rouge pour la première fois, alors que Liverpool FC joue contre Stoke City pour le compte du championnat à Anfield. 50 000 spectateurs sont au rendez-vous pour soutenir les Reds et voir Liverpool FC gagner 2-1. Durant cette période de transition (aucun trophée remporté durant les premières saisons d’Hughes à Liverpool), sa polyvalence lui permet de rendre des services en défense centrale ou comme latéral, mais c’est au milieu de terrain que Hughes s’installe dans les rangs des Reds de manière durable. Ses longues courses folles, son énergie débordante, son enthousiasme sur le terrain lui

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valent le surnom de ‘Crazy Horse’ (cheval fou, en français).

La polyvalence dont Emlyn Hughes fait preuve à Liverpool ne passe pas inaperçue du côté du staff de l’équipe nationale. En effet, Sir Alf Ramsey a suivi les progrès du joueur à Anfield et, fin 1969, le joueur connaît sa première sélection dans un match amical contre la Hollande au poste d’arrière gauche, match que les Anglais gagnent 1-0 à Amsterdam. En fait, le sélectionneur anglais cherchait surtout un back up pour Terry Cooper, l’arrière gauche normalement titulaire à ce poste. En 1970, durant la Coupe du Monde au Mexique, Emlyn Hughes est sélectionné et il est même le plus jeune joueur de la sélection anglaise.

Juste avant la Coupe du Monde 1970, rien ne va plus à Liverpool FC. En effet, suite à une défaite en quart de finale face à Watford, Shankly décide de mettre de côté certains cadres vieillissants en les remplaçant de manière quasi-définitive par des jeunes comme Hughes, mais aussi Ian Callaghan et Tommy Smith. À eux trois, ces joueurs vont être la base de la future équipe que Shankly était en train de construire pour les années 70.

Liverpool FC atteint la finale de la FA Cup en mai 1971. Malheureusement, les Reds tombent contre plus forts qu’eux ce jour-là (défaite face à Arsenal 2-1 après prolongations). Malgré tout, cette défaite augure d’un futur meilleur pour les jeunes pousses de Shankly.

Dès 1971, la persévérance et la polyvalence de ‘Crazy Horse’ vont enfin payer en équipe nationale et Hughes s’installe définitivement comme un régulier dans un rôle qui lui convient mieux, à savoir au poste de milieu récupérateur, dans lequel il est responsable de tenir la baraque au milieu de terrain, rôle qu’il tient par ailleurs à merveille à Anfield.

Maintenant qu’il est installé tant en club qu’en équipe nationale, Hughes n’attend qu’une chose : gagner des trophées ! C’est bientôt chose faite. En effet, dès 1973, il gagne son premier titre national, ainsi que la Coupe de l’UEFA. Durant cette saison, il marque notamment un fameux doublé à Goodison Park face à Everton et, surtout, il devient capitaine de Liverpool FC. En fait, il profite surtout LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

du fait que Bill Shankly et Tommy Smith (capitaine jusque-là) se soient brouillés. Le manager écossais donne donc le brassard de capitaine à Emlyn Hughes. Malgré leur «brouille», Shankly garde sa confiance (si on peut dire) à Smith en continuant à l’aligner dans le 11 de base.

La saison 1973/74 est mitigée pour ‘Crazy Horse’. Autant il va connaître le succès avec son club en remportant la FA Cup, de l’autre côté, il va connaître une grande déception avec l’équipe nationale. En effet, avec l’Angleterre, il joue un match décisif à Wembley contre la Pologne qui compte pour les qualifications en vue de la Coupe du Monde 1974. Une victoire est nécessaire pour les Anglais s’ils veulent se qualifier. Tout autre résultat envoie les Polonais en Allemagne. Malheureusement, le score final est de 1-1 et les Anglais restent chez eux durant l’été 1974. Cet échec coûte sa place à Sir Alf Ramsey, qui est viré quelques mois après ce match. Heureusement, la saison 1973/74 se termine avec un nouveau sourire pour Hughes. À Wembley, les Reds remportent la fameuse FA Cup en laminant Newcastle 3-0. En tant que capitaine, Hughes reçoit le trophée des mains de la princesse Anne. L’été 1974 est rempli de bouleversements pour ‘Crazy Horse’. Tout d’abord, Bill Shankly, le manager écossais qui l’avait engagé quelques années auparavant, annonce sa retraite, que le club accepte avec beaucoup de réticence. Shankly est remplacé par un membre de la ‘Boot Room’, Bob Paisley. Dans le même temps, Emlyn Hughes reçoit le brassard de capitaine de l’équipe nationale. Billy Shankly avait raison quand il avait prévu que le joueur qu’il engagea quelques années plus tôt allait devenir capitaine pour son pays.

Entre 1975 et 1976, le parcours d’Hughes avec la sélection nationale est chaotique. En effet, un sélectionneur «intermédiaire» (Joe Mercer) succéde à Sir Alf Ramsey avant qu’un nouveau sélectionneur fixe arrive en la personne de Don Revie. Ce dernier décide de ne plus sélectionner Hughes pendant un moment (seulement 2 sélections en 1975). Mise à part cette période mitigée avec l’Angleterre, Hughes se refait une santé avec son club de toujours, Liverpool FC. Il ne gagne aucun trophée durant la saison 1974/75, mais l’année 1975/76 est une nouvelle fois couronnée de succès. Les Reds gagnent à nouveau le titre national et la Coupe de l’UEFA.

La saison suivante va être une saison de rêve pour Liverpool FC et pour Emlyn Hughes en particulier. Tout d’abord, Don Revie rappelle le joueur en équipe nationale pour les qualifications de la Coupe du Monde 1978. Même s’il ne reprend pas le brassard de capitaine (son coéquipier à LFC, Kevin Keegan, en avait hérité en équipe nationale), il redevint un régulier dans l’équipe des Trois Lions. Dans le même temps, Liverpool FC accomplit une saison de rêve tant en en championnat

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anglais qu’au niveau européen. Dans les derniers matchs de la saison, les Reds finissent par gagner un nouveau titre national (le 3ème pour Hughes) et se qualifient pour la finale de la FA Cup face à leurs rivaux de Manchester Utd. À noter que, lors de la demi-finale de la FA Cup cette saison-là, les Reds ont éliminé leurs rivaux locaux Everton. Suite à cette victoire, Hughes eut cette phrase célèbre : «Liverpool are magic, Everton are tragic». Malheureusement, le club de la Mersey allait perdre cette finale 2-1 face à Manchester. C’est un moment très difficile, surtout pour les joueurs britanniques pour qui la FA Cup est une institution.

Heureusement, la saison européenne des Reds va remettre du baume au cour des supporters et des joueurs. Durant ce parcours européen, Liverpool FC va notamment éliminer les Verts de Saint-Etienne en quart de finales, dont le match retour à Anfield restera à jamais dans les annales comme un des meilleurs matchs et surtout une des meilleures ambiances jamais rencontrées à Liverpool. Après ce succès face au club français, les Reds éliminent facilement le FC Zürich en demi-finales, permettant au LFC de se qualifier pour sa première finale de C1. Pour le dernier match de la saison (et certainement un des plus importants), Hughes mène donc ses camarades au Stade Olympique de Rome où les Reds affrontent le club allemand de Borussia Mönchengladbach. Finalement, Liverpool FC montre une emprise certaine sur cette finale et l’emporte 3-1. L’histoire d’amour entre le club anglais et la coupe aux grandes oreilles peut enfin commencer. Et Hughes peut donc aussi continuer à garnir sa collection de médailles.

aujourd’hui encore) et unique titre national. Forrest rivalisera avec Liverpool en Coupe d’Europe la saison suivante, mais avant cela, durant cette même saison 1977/78, Emlyn Hughes est aussi dans l’équipe finaliste de la Coupe de la League face à cette équipe de Nottingham Forrest (LFC & Forrest étaient devenus quasi-inséparables durant plusieurs mois). En mai 1978, c’est l’épisode décrit plus haut : les Reds remportent leur 2ème coupe aux grandes oreilles à Wembley face aux Belges du FC Bruges. Emlyn Hughes a donc le droit de soulever une deuxième fois consécutive ce trophée européen tant convoité.

‘Crazy Horse’ est sur la fin de sa carrière. Durant les dernières saisons, il s’est rabattu en défense centrale. Maintenant, c’est lui qui est menacé par les jeunes pousses trouvées par Bob Paisley, notamment un certain Alan Hansen, un jeune Écossais qui allait devenir un pilier de la défense des années 1980. Durant la saison 1978/79, il ne fait «que» 16 apparitions pour le club de la Mersey, lui permettant de gagner une nouvelle médaille de champion d’Angleterre.

Sentant qu’il peut continuer à faire profiter les jeunes de son expérience tout en continuant à jouer au plus haut niveau, Paisley l’autorise à quitter Anfield. Hughes opte pour Wolverhampton en août 1979. En 12 ans de carrière à Anfield, il a porté 665 fois le maillot de Liverpool FC et marqué 49 buts pour les Reds. Durant son temps du côté de Liverpool, ‘Crazy Horse’ porta 59 fois le maillot de l’équipe nationale (il portera encore 3 fois le maillot national durant la saison 1979/80), ce qui en fait le joueur anglais le plus capé en tant que joueur de Liverpool FC.

Hughes continue (et termine) sa carrière dans des clubs «mineurs» en tant que joueur, puis joueur/manager à Rotherham Utd, Hull City, Mansfield Town & Swansea City. Il espérait secrètement poursuivre sa carrière d’entraîneur (à Liverpool FC notamment), mais cela ne s’est jamais fait.

À l’issue de cette magnifique saison 1976/77, Emlyn Hughes gagne encore un trophée. Cette fois-ci, c’est un trophée individuel : ‘Crazy Horse’ reçoit le titre de «Joueur de l’année» voté par les journalistes.

Par la suite, il y eut pas mal de petits soucis avec l’équipe nationale (notamment un nouveau changement de sélectionneur et une non-qualification pour la Coupe du Monde 1978). Au niveau de son club, en 1978, Liverpool FC «perd» son titre national face à un club «émergent», Nottingham Forrest, club qui remporte son seul (et jusqu’à LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Il fait quelques apparitions dans des jeux télévisés («A Question of Sport» sur la BBC). Étant toujours discret sur sa vie privée, on apprend avec tristesse en 2003 qu’il souffre d’une tumeur au cerveau. Même durant cette période triste, il garde son sourire légendaire. Il lutte contre cette maladie pendant plus d’une année et demie, sans succès. Le 9 novembre 2004, il s’éteint à Sheffield à l’âge de 57 ans. Liverpool FC perd un de ses joueurs favoris. Le 24 juillet 2008, Emlyn Hughes reçoit une récompense à titre posthume : il est intronisé au Hall of Fame (liste des footballeurs célèbres) au Musée du Football National (National Football Museum). Juste récompense pour celui qui restera comme une des meilleures recrues de Bill Shankly. \ \ \ CANDY

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AUX

ÂMES BIEN NÉES PAR

d'ici la fin de la saison.

REDMAN

“Gerardo Bruna”

né le 21 Janvier 1991 à Mendoza

Style de jeu

La meilleure façon de parler de son style de jeu est de lire les avis de fans regardant les matchs de la réserve.

Anfield's Shervin : «On a tous entendu parler du ‘nouveau Messi’. Le parallèle était facile au vu de leurs parcours qui se ressemblent un peu. Mais après avoir vu jouer Bruna, je dirais qu'il ressemble plus à David Silva. Il élimine plus facilement par une passe bien sentie que par des longues courses comme Messi.»

Club formateur : Real Madrid position : milieu offensif

Historique

Gerardo Alfredo Bruna Blanco est né il y a 17 ans à Mendoza en Argentine. La saison dernière, il a rejoint Liverpool en provenance de la cantera madrilène où il avait la réputation d'être «la réponse du Real à Messi».

Mooki3 : «Avec son ‘héritage’ argentin et espagnol, Bruna dispose d'une très grande technique naturelle. Il a un très bon toucher de balle, est très bon dans le jeu court. C'est aussi un tireur de coup-franc assez habile. Physiquement, il est encore trop tendre, mais s’il se renforce dans ce secteur, il aura tout pour devenir un grand joueur.»

En 2007, le magazine World Soccer Magazine le classe 10ème d'un classement des meilleurs jeunes footballeurs du monde. Une vraie performance quand on sait qu'on trouvait dans le top 10 des joueurs comme Agüero, Pato ou Krkic.

Une fois à Liverpool, Bruna commença par jouer avec l'équipe des jeunes, mais il s'avéra très vite «trop fort» pour ce niveau et qu'il y perdrait son temps. Il fut donc surclassé et se retrouva en équipe réserve sous les ordres de Gary Ablett. Les premiers mois à ce niveau furent assez durs pour le jeune homme. Il se contentait de quelques fins de matchs et ses prestations étaient globalement décevantes. C'était surtout au niveau physique où il pêchait, même si on sentait déjà un talent certain. Mais en 2ème partie de saison, Bruna prit la mesure de cette division et il signa un doublé pour sa première titularisation. Il se mit en valeur le reste de la saison et éclaboussa la fin de la saison de son talent. Bruna mit aussi un joli coup-franc face à Wigan dans une victoire au 4ème tour de FA Cup Senior (4-0).

Dès le début de la saison suivante (2008-2009), Bruna réitéra ses belles performances. Il commença par marquer l'unique but de la réserve des Reds face à Peterborough (défaite 4-1) et remit ça la semaine suivante face à Stockport County (1-1).

Néanmoins, le parcours menant Bruna à l'équipe première n'est pas encore terminé. Malgré un talent évident, il a toujours le physique d'un adolescent et il n'est pas encore prêt à tenir physiquement l'intensité d'un match de Premier League. C'est sur quoi il va travailler cette année avec Ablett et il serait surprenant de ne pas le voir apparaître au moins une fois dans le groupe pro LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Guillem Balague, journaliste espagnol proche de Rafa, y va aussi de son avis : «Je rigole quand j'entends parler de nouveau Messi. Là, on parle quand même du meilleur joueur du monde qui fait des gestes qu'on n’avait pas vu depuis des années. J'ai vu quelques vidéos de Bruna. Il est très rapide, très habile techniquement et, en étant plus réaliste, pourrait ressembler à un joueur comme Luis Garcia dans le futur.» Conclusion

Qu’il soit le nouveau Messi ou le nouveau Luis Garcia, il est indéniable que Liverpool tient avec Bruna un futur très grand joueur. S’il continue à bien travailler avec la réserve, nul doute qu'on en entendra très prochainement parler au plus haut niveau. \ \ \ REDMAN [Remerciements au site This Is Anfield pour l'aide à la rédaction de cet article.]

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LE

JEU OFFENSIF DU

LIVERPOOL

DE

PAR

BENITEZ

CRAZY HORSE

Depuis maintenant août 2004 et l’installation de Rafael Benitez sur les bords de la Mersey, Liverpool est souvent présenté sur sa force défensive. Mais quid de l’offensive ?

Nous allons essayer de présenter le jeu offensif selon Benitez en essayant de comprendre «la personnalité» de Rafa, grandement influencé par Arrigo Sacchi dans son cheminement d’entraineur. L’influence de la méthode Sacchi

Arrigo Sacchi fut l’entraîneur du Milan A.C. à la fin des années 80, période durant laquelle il redonna ses lettres de noblesse au club lombard. Le Milan gagna successivement le Scudetto en 87/88, deux Coupes d’Europe des clubs champions en 89 et 90, deux Supercoupes d’Europe en 89 et 90, deux Coupes intercontinentales 90 et 91, une Coupe d’Italie en 89 et une Supercoupe d’Italie en 89. Mais au-delà des résultats,

Sa force aura cependant été de faire entrer dans un schéma de jeu des hommes qui n’y étaient pas adaptés à l’origine. On dira d’ailleurs longtemps que Sacchi préférait les schémas aux joueurs parce qu’il n’avait pas été vraiment joueur lui-même. En fait, la réalité est plus complexe : son football et la zone qu’il impliquait donnaient une grande importance à chaque joueur et à son imagination, mais toujours en rapport au schéma initial. C’est-à-dire qu’un latéral gauche pouvait faire tout ce qui l’inspirait sur sa bande de terrain, à condition de ne pas le faire dans une autre partie du champ de jeu. Il ne s’agit pas d’un principe qui limite l’imagination, mais qui limite l’anarchie. Selon Sacchi, un joueur devait suivre son propre instinct, mais son instinct ne pouvait pas tenir lieu d’idéologie ou de tactique. Ce sont les hommes qui font la réussite d’un schéma, mais un schéma doit être conçu pour tous. Le football n’est pas un jeu que l’on peut jouer seulement à l’instinct, parce qu’on joue avec onze individus, c’est-à-dire avec onze instincts. On ne progresse pas sans imagination, mais on ne progresse pas non plus dans la confusion. Les différentes formes d’attaque

Rafael Benitez se déplaça pour le voir travailler au début de sa carrière d’entraîneur, lorsqu’il s’occupait des jeunes pouces du Real Madrid. Aussi fut-il marqué par le travail mis en place par Arrigo Sacchi comme toute une génération d’entraîneurs, tels que Capello, Lippi, Zaccheroni, tous les anciens joueurs du Milan et, plus près de chez nous, Christian Gourcuff qui sévit à Lorient.

On note, dans chacun des articles consacrés au technicien espagnol ou à des joueurs sous ses ordres ou l’ayant côtoyé, son gros travail tactique, la rigueur qu’il inculque à ses joueurs ou encore son souci du détail. c’est la manière qui marqua les esprits, comme ce fut le cas pour le grand Ajax des années 70 de Rinus Michels et de Stephan Kovacs. Arrigo Sacchi applique un 4-4-2 en zone. Il n’est ni le premier à jouer en zone, ni le premier à jouer en 4-4-2. Pourtant, il invente une nouvelle approche : il ne s’agit plus seulement de jouer la défense de zone, mais de faire jouer chaque joueur dans une zone prédéfinie, y compris offensivement. Bien sûr, cette manière de jouer est aujourd’hui très répandue, mais lorsque Sacchi décide de la mettre en place, il s’agit d’une véritable révolution. LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

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Benitez est auréolé d’un premier titre de champion d’Espagne en 2002 avec Valence – qui mit fin à 31 ans d’attente - et d’un doublé en 2004, champion d’Espagne / coupe de l’UEFA. Voilà pourquoi le Liverpool FC est allé le chercher pour prendre la succession de Gérard Houllier, avec l’idée de mettre sa méthode en place et ramener le titre de champion d’Angleterre, qui les fuit depuis 1990, du côté d’Anfield. Pourtant, après 4 saisons, son Liverpool, s’il a eu des résultats probants en Europe, n’a pas encore réussi à se mêler à la course au titre jusqu’au bout. Les critiques les plus entendues étaient un turn-over trop important et un jeu offensif trop «stéréotypé».

Une des obsessions de Rafa Benitez est la maîtrise des événements lors d’un match de football. Pour cela, son équipe doit donc avoir la maîtrise de 2 facteurs : le ballon et les espaces. Mais il y a toujours l’incertitude du déroulement du match, c'est-à-dire de la succession des actions, donc de la nature de l’animation défensive (essayer de reprendre le ballon dans son camp ou le camp adverse) et offensive (développer une attaque placée ou une attaque rapide en fonction de l’endroit où le ballon est récupéré et si la défense adverse est en place ou pas).

Autrement dit, le choix du type d’attaque repose sur 2 éventualités extrêmes qui peuvent se présenter :

- bloc équipe adverse équilibré, regroupé dans son camp;

L’équipe en possession du ballon doit donc jouer en ayant intégré ces 2 intentions : conserver le ballon pour avoir la maîtrise du jeu sans oublier de profiter de toute situation d’attaque rapide.

Ceci démontre l’importance de la phase de transition, c'est-à-dire le temps de latence entre la perte du ballon jusqu’au replacement défensif qui est un temps précieux pour l’équipe qui récupère le ballon et qui va déclencher l’action offensive. D’où le rôle de l’entraîneur d’augmenter les certitudes de son équipe et le tissu des relations entre joueurs (les cheminements de passes, les déplacements dans l’animation offensive). La «philosophie de jeu» de Rafael Benitez

Il privilégie comme organisation un 4-2-3-1 avec un rôle de 9 ½ pour Gerrard. Mais avec l’achat de Robbie Keane, il alterne aussi avec un 4-4-2. Pourtant le 1er système a ses faveurs pour les gros matchs du championnat et en Europe. Mais en regardant de plus près, sa structure offensive reste souvent la même. Car comme vu précédemment, Rafa prédéfinit une zone à chacun de ses joueurs au moment où son équipe a le ballon. Elle diffère légèrement selon l’organisation choisie (voir figures 1 et 2), c’est surtout Gerrard qui voit ses prérogatives changées : placement et surtout replacement plus ou moins bas et tâche d’organisateur et/ou d’accélérateur.

- équipe adverse jouant haut en laissant des espaces entre ses lignes, en déséquilibre dû à de mauvais placements ou commettant une erreur (mauvaise passe, dribble contré). Donc l’équipe qui entre en possession du ballon va, en fonction de cette situation, mener :

- soit une attaque placée par une montée assurée du ballon, puis à l’approche du but créer des actions de pénétration ou de contournement du bloc équipe adverse pour ouvrir des espaces et se mettre en position de tir ;

- soit une attaque rapide, à base de passes longues ou courtes, pour exploiter immédiatement le déséquilibre adverse et les espaces libres. LFC French Branch - www.liverpoolfrance.com

Organisation en 4-2-3-1

Ce sont les positionnements «moyens» par poste et les déplacements préférentiels. Bien entendu, ce n’est pas figé et chaque joueur a sa manière de jouer qui lui est propre. (Nous éviterons de parler du choix de tel ou tel joueur même si cela influence bien sûr le rendement de l’équipe.)

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Organisation en 4-4-2

Lorsque Liverpool a le ballon, elle se trouve très (trop) souvent confrontée à des équipes regroupées dans leur camp. Peu d’équipes jouent avec un bloc haut, redoutant l’organisation défensive et la capacité de Liverpool de se projeter vers l’avant en 2 ou 3 passes. Voilà pourquoi Benitez, comme tout entraîneur, travaille aussi, et surtout, sur l’animation offensive en attaque placée.

Dans cette situation, en 4-2-3-1, sa défense occupe toute la largeur. Les centraux assurent les premières relances et servent de relais par un jeu court vers leurs milieux défensifs (le jeu long est plus utilisé vers les offensifs lorsqu’il faut forcer la décision en misant sur la récupération des seconds ballons par les milieux pour «acculer» la défense adverse dans sa surface). Les milieux de terrain organisent le jeu et assurent l’équilibre de l’équipe, c'est-à-dire qu’ils permettent la transition entre phase défensive (en ralentissant la progression adverse dès la perte de balle) et phase offensive (maîtrise collective en sécurisant le jeu) sans mettre en danger leur équipe (quel que soit le système, il faut un milieu défensif et 3 défenseurs : les 2 centraux et le latéral à l’opposé du jeu, mais toujours en alerte pour prendre lui aussi le couloir et participer au jeu offensif pour assurer l’équilibre). Ils s’appuient sur 3 appuis ou pivots devant, qui ont chacun une zone prédéfinie. Deux appuis sur les côtés rentrent dans l’axe pour libérer les couloirs et permettre la montée des latéraux. Ces derniers sont recherchés après une phase de fixation axiale pour les faire déborder et les mettre en position de centre, sinon ils rejouent vers l’axe avec les milieux pour pouvoir renverser vers l’autre latéral à l’opposé ou chercher une solution dans l’axe.

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Il est à souligner la qualité du jeu court/long, avec des passes souvent au sol de 30/40m pour renverser (Alonso/Gerrard). Dès lors, ces 3 appuis servent à fixer la défense adverse et combiner des redoublements de passes pour se mettre en position de tir ou encore, trouver des situations de centres et installer une présence devant le but adverse. Gerrard a le rôle d’un accélérateur, c'est-à-dire qu’il se trouve plus proche des ses attaquants pour profiter de leurs remises et donc du but pour perforer et marquer, ou décaler pour un 3e. En 4-4-2, Gerrard recule d’un cran et participe à la préparation, la construction des attaques. Il peut aussi profiter de situations pour conclure les actions offensives, plus par des frappes de 25-30m que des percées dans la surface adverse, mais moins nombreuses car il répond à des tâches défensives, de replacement. Il s’approprie le jeu lorsqu’il évolue sans Alonso dans cette organisation. En la présence du Basque, les rôles sont également répartis car pendant que l’un oriente le jeu, l’autre assure l’équilibre. Il y a aussi un des deux milieux excentrés qui vient participer à cette phase de préparation, celui côté ballon, l’autre se place sur l’aile opposée pour étirer la défense adverse.

Toujours en 4-4-2, le « pivot gauche » est, quant à lui, dévolu à Keane. Après une demisaison, il ne s’est pas encore adapté. Il avait, en effet, pour habitude, de tourner autour d’un appui, «a target-man» comme avec Berbatov chez les Spurs. Il aimait ainsi s’intercaler dans les intervalles sur toute la largeur pour plonger dans le dos des défenseurs en profitant des appels de ses coéquipiers. Aujourd’hui, Rafa lui demande de jouer dos au but, en déviation dans un 1er temps et dans une zone définie. Enfin, en permutant avec Torres, il doit aussi et surtout permettre à l’Espagnol de se démarquer. Des automatismes qui furent difficiles à mettre en place avec les blessures à répétition de Torres et la prudence du staff médico-technique. On constate dès lors que son association avec Kuyt porte plus ses fruits car comme le Néerlandais, il a un abattage défensif et est donc plus mobile. Enfin la sphère psychologique – manque de confiance car manque de repères - entre en jeu.

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Les atouts et les limites

Les atouts de Liverpool sont un jeu «bien huilé» et une équipe qui joue ensemble, qui se comprend. On retrouve également un certain contrôle du ballon, c'est-à-dire des phases de conservation où les joueurs sont disponibles avec des redoublements de passes, un mouvement continuel tout en gardant la structure, pour sécuriser le jeu, une qualité dans la circulation (Alonso/Gerrard).

Dans les phases de progression pour chercher à déséquilibrer l’adversaire, surtout face à une équipe regroupée, c’est l’utilisation de jeu court pour fixer (jeu entre deux, dans les intervalles, jeu à 2, à 3) et décaler, mais surtout renverser (appui et soutien – souvent faits par Alonso ou Gerrard – pour un 3e, qui renversent par des passes de 30-40m, généralement au sol) dans le but de contourner une défense regroupée. Ensuite, c’est la mise en place d’un jeu sur les ailes, passer et enchaîner avec un jeu au sol (qualité et rapidité des enchaînements) pour des latéraux qui s’appuient et dédoublent. Cela permet une présence de 2 à 4 joueurs devant le but adverse pour se mettre en position de tir et conclure.

part des autres joueurs une prépondérance à sécuriser le jeu au détriment de prises de risque individuelles, surtout si le score est acquis (où l’équipe se laisse dominée, abandonnant le ballon à l’adversaire et procédant par contre avec 1 à 2 joueurs). On en arrive parfois à un jeu prévisible qui ne surprend pas, une construction lente, peu de projection vers l’avant, de jeu direct, de percussion en conduite ; le joueur privilégiant plus le choix de la passe, on en arrive parfois à un jeu stérile. Cela débouche sur peu de mises en situation ou d’occasions de buts, un manque de spontanéité, d’efficacité face au but et le geste de trop.

Il y a aussi une grosse débauche d’énergie, une dimension athlétique importante dans le jeu de Liverpool. Et dès qu’il y a un «coup de mou», on sent que l’équipe est incapable de faire la décision dans le jeu, d’accélérer, de changer de rythme.

Pour conclure, nous estimons que les joueurs font aussi l’animation. Il doit y avoir un cadre mais chaque joueur doit aussi pouvoir s’exprimer, créer.

Il n’en demeure pas moins que depuis l’arrivée de Benitez aux commandes, son Liverpool a toujours progressé de saison en saison. Il a construit son équipe avec «moins» de moyens que ses concurrents directs. L’objectif est de se mêler à la course au titre jusqu’au bout et, pourquoi pas, de gagner, car ces Reds sont dotés d’un fort mental et d’un désir, d’une soif de victoire en Premier League.

Liverpool fait ceci pour marquer son premier but, car après, si elle mène, il y a plus de situations d’attaques rapides où elle excelle. En effet, les Reds sont toujours très bons dans les attaques rapides, avec la relation Alonso et/ou Gerrard pour Torres (ou Babel lorsqu’il est sur le terrain) et sur coups de pied arrêtés. Phases qui ont leur importance pour débloquer des situations. Une des principales limites que l’on peut ressentir concerne le fait que des joueurs soient prisonniers des consignes. En effet, comme évoqué précédemment, Rafa aime tout contrôler, ce qui parfois limite la spontanéité des joueurs. Il ne faut certes pas laisser l’anarchie s’installer, mais on voit peu d’initiatives personnelles, peu de variétés des mouvements, peu de joueurs capables de dribbler, de faire des différences individuelles, peu de «dézonage», de courses croisées, de permutations offensives, etc. Car hormis Gerrard et Torres, on sent de la

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Alors 19 years for the 19th ? We hope, and In Rafa we trust. \ \ \ CRAZY HORSE

RED POUR TOUJOURS

LIVERPOOL FRANCE 10 rue Jules Verne, 93400 St Ouen - France Email : lfcfrance@gmail.com Directeur de la publication : Ant Directeur de la rédaction : Ici Anfield Mise en page : Fencerdam

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