Kraken

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KRAKEN

Le journal Verbatem

POINTS DE VUES SUR L’ACTUALITE CHRONIQUES TRIBUNES LIBRES

Le mensuel etudiant pour parler du monde fevrier 2012

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EDITORIAL LAMOUREUX MARION Rédactrice en chef

Editorial : Déf : « article de fond qui présente l’orientation politique, la ligne éditorial et introduit les articles d’un journal » Ah ouais … Quand même… Voyons, orientation politique ? Hum bon, en gros, le journal est-il de droite ou de gauche… Donc… euh… Oui. Bon, ça c’est fait. La ligne éditoriale. Fine ? Naaan, pas gringalet. Disons qu’il est petit pour sa taille. Il a les muscles fins, c’est pour ça. Il s’épaissit, au fil des lignes, tranquillou et avec quelques bouchons lyonnais, ça ira mieux. Jusque là, j’ai bon ? On pourrait passer aux trucs que je sais ? Ah. Introduire les articles. Facile. Le Kraken se veut le support des plumes de l’EMLYON, légères ou acérées, distraites ou engagées. Vous y trouverez le produit de grandes réflexions, ou de belles imaginations, sous forme de revue de presse internationale, de points de vue politiques, de récits filés, d’analyses sportives et scientifiques, de reportages de l’extrême (au moins), de petits encarts historiques ou culturels, d’envolées lyriques ou humoristiques. Quant au choix du titre … Wikipédia vous apprendra que le Kraken est un animal maritime issu de légendes scandinaves, mais pour la génération Pirates des Caraibes, c’est surtout la menace qui pèse sur notre héros préféré. Pour nous, Le Kraken évoque la créature qui remuera pour vous les bas fonds et fait remonter les vieilles épaves. Et ce sont vous, les vieilles épaves, des talents en puissance qui ne se l’avouent pas. Parce qu’on a choisit de publier toutes les belles plumes de l’école, vous aurez tous les points de vue, tous les styles, pourtant, il y a bien une logique : ce sont des articles d’EMlyens pour les Emlyens. Et bien sûr, retrouvez toute l’actualité de Verbat’EM sur son blog: verbablog.wordpress.com


RETOURS SUR L’ACTUALITÉ

La croisière barbotte Nicolas Soummer L’histoire, vous la connaissez tous. C’est celle d’un gros paquebot qui heurte un iceberg, qui coule comme un plomb et puis à la fin il y a Leonardo nous fait tous verser de chaudes larmes… Oups, au temps pour moi, ça c’était la version américaine de 1912. En fait, je voulais vous parler de celle de 2012 spécialement réalisée par la société Costa en hommage au Titanic. Dans cette tragi-comédie italienne, saluons tout d’abord la performance du capitaine du Costa Commedia, le fier et brillant Francesco Schettino (prononcez « Cretino »). Ce brave homme, le coeur sur la main, a voulu honorer un membre d’équipage originaire de l’île avoisinante en effectuant la manoeuvre de la « révérence », aussi périlleuse qu’inutile. Mais étant trop occupé à se taper la cloche au banquet lors de la manoeuvre, il n’a pu anticiper que la coque allait embrasser les terres, si fort que le rafiot s’est senti obligé de se coucher à tribord. Mais ce fiasco n’aurait pas été triomphal si l’équipage n’avait pas enfilé leurs gilets de sauvetage illico presto pour filer en chaloupe dare-dare. Au vu de l’engouement lors du dernier acte, des ruées et bousculades, le public était conquis.

La peur de l’islamisme Adrien Peignault Syrie, Tunisie, Lybie, Egypte, Yémen… Tous ces pays qui disent adieu à leurs anciens régimes, leurs citoyens manifestant, chaussures à la main, (injure dans tout pays musulman, vous le saurez pour vos prochains entretiens dans le monde arabe ou en finance islamique, on ne montre jamais ses semelles) à ceux qui furent leurs dirigeants pendant des décennies. L’islamisme (en voilà un vilain mot qui fait peur) est l’application politique de la religion musulmane, et l’on oublie trop souvent que celle-ci est une religion de tolérance et d’ouverture (primo) et partage ne

serait-ce que par ce fait de nombreuses valeurs avec le christianisme et d’autres religions (secundo). Ce qui fait peur ce n’est ainsi pas tant l’islamisme, mais l’extrémisme. Extrémisme qui s’exprime dans le cas de l’islamisme via une application plus ou moins virulente de la charia (la loi coranique). Extrémisme qui depuis cet été touche aussi les blonds aux yeux bleus « bien de chez nous », ne l’oublions pas. Il faut de surcroit souligner que les régimes islamiques récemment élus, l’ont été démocratiquement dans un contexte pluraliste, notamment en Egypte avec l’élection des frères musulmans, plébiscités (avec 38% des suffrages) par le peuple après avoir été un parti interdit (mais toléré, comprenne qui pourra). En Syrie, ce n’est pas l’islam (le mot n’apparaît même pas sur la page française de Wikipédia) qui est remis en question, mais le caractère autoritaire du régime. En Iran ce n’est pas fondamentalement l’islam qui inquiète, mais la bombe nucléaire (même s’il faut resituer cela dans le cadre des tensions irano-israéliennes, qui, elles, ont des fondements religieux mais que l’on peut aussi observer comme inhérentes à des différentiels de développements). Alors bien sûr, on voit la charia prendre de l’importance, mais il faut bien trouver une source d’inspiration pour vendre des codes civils… et dans des pays musulmans à plus de 75%, c’est nécessairement populaire (et démocratique. Et puis, allez à Dubaï ou Abu Dhabi, vous verrez que la Charia n’empêche pas les femmes de conduire ni de porter des mini jupes, tout comme (pour qui veut) de déguster quelques délicieux breuvages alcoolisés. Ne nous enivrons tout de même pas trop et veillons à ce que ces régimes récemment élus restent démocratiques et respectueux des autres cultures et différences. Mais si cela advenait, ce serait à mon sens principalement inhérent à des difficultés de développement et non des raisons religieuses. Laissons du temps et n’oublions pas que ces pays ont besoin d’unité et que la religion musulmane dans ses différents courants constitue un ciment très solide pour un jeune pays.

Allemagne, je t’aime ! Susie Druez M. Sarkozy ferait-il des infidélités à notre Carla nationale ? On pourrait le croire aux vues de ses rencontres hebdomadaires avec la chancelière Angela Merkel. Tous les prétextes sont bons, finalement : il faut sauver l’Europe, il faut sauver l’euro ; il faut taper sur les marchés financiers, il faut taper sur les mauvais élèves de la BCE ; aidons la Grèce, aidons l’Espagne et au passage l’Italie… Il apparaît manifeste que notre cher président ne peut plus se passer de la compagnie, ô combien stimulante, de Mme Merkel. Ou peutêtre essaie-t-il tout simplement de s’accrocher au canot des puissants quand le bateau coule plutôt que de se noyer avec les passagers de seconde classe. Pas si fou… comme disait ce bon vieux Coluche : mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et malade ! Ou à défaut de l’être, le paraître.


Free, il a pas tout compris Susie Druez Les porte-monnaie bavent d’envie depuis des mois devant les offres téléphoniques de Free. Problème : trop de portemonnaie ont été à l’affut… Lors de sa mise en service en janvier dernier, Free avait quelques peu sous-estimé les infrastructures requises pour la mise en route du réseau. Piquer celui des méchants opérateurs en place, c’était facile. Faire en sorte de bien l’utiliser, c’est une autre histoire… Depuis, les consommateurs déchantent et pestent contre le petit jeunot de la téléphonie qui a vu les choses en trop petit. Y’a pas à dire, l’expérience ne remplace rien : c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.

La Hongrie est-elle encore un État de droit ? Susie Druez La réforme de la constitution hongroise par le premier ministre Viktor Orban soulève de nombreuses polémiques ces dernières semaines. Les âmes les plus hâtives se sont littéralement insurgées quand la « République Hongroise » s’est rebaptisée « Hongrie », accusant rapidement le gouvernement libéral en place de tendances fascistes et nationalistes. C’est aller, à mon sens, un peu vite en besogne. La nouvelle constitution hongroise ne se contente pas de rebaptiser le pays : elle pose officiellement les fondements du nouvel Etat hongrois issu de la sortie du communisme en 1989. Aucune constitution n’avait été depuis lors adoptée, et c’est en parfait respect de la constitution européenne et dans la plus grande logique qu’Orban s’est décidé à la définir. Quiconque crie à la dictature fait un mauvais amalgame entre la montée de l’extrême droite dans le pays depuis quelques années et le gouvernement d’Orban. Car c’est bien Viktor Orban qui est un rempart à l’extrême droite, en ayant redonné un espoir politique à une Hongrie qui ne voyait son salut que dans le choix de l’extrémisme.

Le show des primaires Susie Druez C’est incontestable : nos amis américains sont les rois du show. Quand on compare les primaires du PS et celles de l’oncle Sam… on se sent légèrement honteux. Eh bien oui, aux US, les primaires, ça en jette, ça claque, ça pète : on discourt, on applaudit, on chante, on crie, c’est une vraie folie. Il n’y a qu’un problème : on y a oublié les idées. Les primaires aux Etats-Unis, c’est finalement à qui aura la famille la mieux pensante et la femme la plus sympa. Et c’est pourquoi depuis 2 semaines on tourne en boucle sur la coupe de cheveux de Callista, la femme du favori républicain, et qu’on s’extasie sur les robes de Michelle Obama dans les talk-shows. Vive les States !

Sans AAA, la France est-elle perdue ? Adrien Peignault Je vais vous épargner les blagues diverses et variées avec les trois initiales, pour simplement vous signaler par pur égocentrisme que ces trois initiales sont également les miennes : AAA, Adrien, Aimé, André. Tout le monde s’en fout, mais je reste dans le sujet car les marchés eux aussi n’en ont rien eu à faire qu’une des trois agences de notation (principales car il en existe d’autres plus petites) dégrade la France. Notons que Standard&Poor’s, puisqu’il s’agit d’elle, a eu le bon goût de dégrader la France un vendredi 13 (également le jour de mon anniversaire, décidément). Car oui, la France est maudite ! Mais bon au final, le lundi 16 janvier, premier jour de cotation après ce jour funèbre, la bourse de Paris a terminé en hausse (+0,89%) et nous n’avons eu aucun mal à emprunter, excusez du peu, 8,59 milliards d’euros. Finalement, on peut se demander si ce vendredi 13 ne nous a pas porté chance (une cagnotte de ce montant là tout de même !) Je m’explique : maintenant que nous avons ce triple A dont personne ne semble au final vraiment se soucier (les mauvaises langues diront que cette perte avait été anticipée par les marchés), nous pouvons enfin aller de l’avant, à la reconquête de ce triple A, conquête de l’inutile ? Ce qui pourrait apparaître comme une malédiction est peut être bien une véritable bénédiction. Nous pouvons ainsi nous consacrer aux problèmes structurels de financement à long terme et non plus sur des mesures de financement d’urgences visant à conserver le «précieux » sésame (dont personne ne se soucie donc). Il ne faut jamais dépenser plus que ce que l’on gagne m’a toujours dit ma maman…


SOCIÉTÉ

Hitler et que personne ne réagit alors on insulte l’histoire, on insulte nos mémoires et nos souffrances. Pour le pouvoir, pour gagner des voix ils seraient prêts à tout, même à en oublier les simples règles d’une république qu’ils veulent pourtant « irréprochable ».

Tout augmente ma brave dame ! Adrien Tarascon

“Il est moins grave de perdre que de se perdre” Romain Gary Hadrien Nighoghossian « Casse-toipauv’ con », « ça a débuté comme ça » aurait dit Céline. Sarkozy a été l’incarnation d’un parler mal. Il a légitimé l’insulte, la diatribe. Il a désacralisé la fonction de président, il est descendu de son piédestal pour rejoindre le peuple, et descendre dans l’arène se livrer aux jeux du cirque. « Descend un peu si t’es un homme » avait-il lancé à un pêcheur. Le président a ouvert les hostilités. Depuis, les coups fusent. En effet, l’injure, l’insulte, le lynchage, la diffamation font de plus en plus partie de la rhétorique des hommes politiques. Devedjian parle de « salope » quand il désigne une de ses collègues, Hollande voit Sarkozy comme un « sale mec » ou un « anormal », Jack Lang veut « gifler » l’impétrant Montebourg, Rocard traite DSK de « malade mental » et tout ça fait pleurer Ségolène. Marianne traite Sarkozy de « fou » en une de son édition, Ferry traite des ministres de « pédophiles » ; comme aurait dit en son temps le policé Balladur : « je vous demande de vous arrêter ». Ils n’y arrivent pas. Surtout en pleine campagne. Chaque parti a son armada de petits lieutenants zélés, de porte-flingues qui a coup de tweets, vocifèrent sur la toile. Ils ne pensent qu’à une chose, faire le « buzz », chaque like ou follower de plus les enivre de plaisir et d’orgueil. Ils répondent du nom de Valls, Morano, Hamon, Lefebvre… on atteint là le paroxysme de la société du spectacle. Société du « tout à l’égo », dans laquelle ils se vautrent. Ils font du bruit. Le problème est que dans ce tumulte quotidien on amalgame, on calomnie, on diffame sans état d’âme. Personne ne s’offusque, ça fait partie du show. Et bien sûr « the show must go on ». Ainsi quand dans un talk-show on peut traiter n’importe lequel de ses interlocuteurs de fasciste sans en être inquiété, quand Mélenchon intitule son livre « qu’ils s’en aillent tous » en visant les journalistes, et que personne ne s’émeut, alors même qu’il s’attaque à l’un des piliers de la démocratie – la liberté de la presse –quand le mouvement des jeunes socialistes compare ouvertement sur une de ses affiches Sarkozy à

Le français moyen, son doctorat d’économie en poche, s’est très vite rendu compte que les prix avaient augmenté en France. En faisant du lèche-vitrine un jeudi soir à deux heures du matin au Bois de Boulogne, il a constaté que mettre Svetlana à genoux lui couterait vingt euros de plus que la semaine dernière. J’entends ceux qui me disent que si l’essence augmente c’est une bonne chose, puisqu’on arrêtera d’en mettre dans les prothèses mammaires low-cost. Mais si s’immoler devient un luxe et que le gaz est trop cher comment allonsnous nous suicider ? Heureusement que France Telecom recrute… Alléluia, depuis peu Free propose un abonnement social. Deux euros pour une heure de communication, de quoi patienter sur la hotline de GDF lorsque vous appelez pour que l’on vous remette le gaz. Oui en France nous sommes tous fauchés, d’ailleurs on prend nos billets d’avion en charters. On ne fait plus Paris-New York mais BeauvaisAugusta, les sièges ne sont plus relookés par Christian Lacroix mais par Javel La Croix. Que ceux qui ne peuvent plus se payer un repas chez Mac Donald se rassurent, à en croire certains parlementaires de l’UMP le Fouquet’s serait une brasserie populaire.

Nucléaire, pour le meilleur et pour le pire Adrien Tarascon Je peux certifier que le nucléaire est sûr à 100%, mon oncle s’occupe de la sécurité d’une centrale. Il n’oublie jamais d’éteindre la centrale en partant le soir. J’espère qu’il est moins étourdi qu’avec son téléphone portable, en oubliant de l’éteindre sa femme a pu découvrir son don d’équilibriste. Ça l’a fait exploser. Pour donner du sérieux à mon article, j’ai fait un peu de terrain. Je me suis rendu en Iran pour visiter une installation nucléaire. Vu le nombre de militaires armés qui gardaient le bâtiment je peux vous assurer qu’il n’y a rien à craindre. Ensuite nous avons parlé des plans, j’ai compris que s’ils m’avaient ligoté à une chaise c’est parce qu’ils voulaient les plans d’une centrale nucléaire française. Je leur ai expliqué que même si je voulais coopérer trois militants de Greenpeace en civil les avaient dérobés deux semaines auparavant. Par quoi remplacer le nucléaire, par du charbon ? Quelle entreprise prendrait le risque d’être poursuivie pour crime contre l’humanité en faisant travailler des gens


dans des lieux aussi vétustes que Saint-Etienne ou Beauvais ? Les anti-nucléaires doivent cesser d’être pessimiste. Les changements corporels liés aux radiations ne sont pas tous négatifs. Un an après le passage du nuage de Fukushima le poste le plus demandé aux Career Forum était celui de testeur d’élasticité chez Reckitt pour la marque Durex. La faune se diversifie et l’on a pu voir apparaître au sein de la campagne EMlyenne des nouveaux animaux comme le bossu à cornes ou le pingouin SteevyBoulay. Je finirai par une anecdote véridique. Lorsque j’ai demandé à la gent masculine de l’école ce qu’évoquait chez eux le nucléaire presque tous l’ont associé au mot bombe et un nom est ressorti presque unanimement. Par respect pour la demoiselle de MSC1 en question je ne l’écrirai pas ici. Preuve que pour beaucoup, notre indépendance énergétique n’est pas encore une préoccupation au quotidien.

LE POINT ÉLECTION

Quelle stratégie pour Sarkozy ? Clara Lebret C’est la crise, on l’aura compris. Alors que l’alternance s’invite dans d’autres pays européens et que le gouvernement doit défendre son bilan que beaucoup jugent

chaotique, quel est le choix stratégique de l’UMP et de son équipe de communication pour amener les Français à réélire Sarkozy ? Il semble qu’ils aient choisi de mener une non-campagne plutôt qu’une véritable campagne, ou en tout cas de rentrer le plus tard possible dans l’arène. Au lieu d’aller à contrecourant, de redonner de l’espoir en promettant des jours meilleurs et d’expliquer que tout va bien dans le meilleur des mondes, on amplifie La Crise, on l’instrumentalise pour qu’elle paraisse encore plus dramatique aux yeux des électeurs. C’est à n’y rien comprendre… Mais ne nous y trompons pas, il y a là une logique implacable et la campagne dans le camp UMP est très bien pensée et même savamment orchestrée. En clair : la France traverse un des épisodes les plus graves de son Histoire, qui dépasse les mesquines visées électoralistes et personnelles, ne perdons pas notre temps avec des débats stériles qui ne feraient qu’ennuyer les Français alors que la situation est grave, très grave même. Ainsi on fait passer des mesures impopulaires comme la hausse de la TVA. Du suicide ? Absolument pas, il faut même saluer cette décision, ô combien stratégique. Justifiée au niveau économique (il faudra bien réduire notre dette un jour), elle sert une visée électorale et montre que le Président n’hésite pas à mettre en jeu sa réélection pour l’avenir du pays. A situation exceptionnelle, mesures et homme exceptionnels nous font-ils comprendre : Sarkozy est l’Homme de la situation. De même, en repoussant son annonce de candidature le plus tard possible, il vient non seulement confirmer que c’est bien La Crise qui le préoccupe, mais là encore ses communicants jouent un coup de maître. Pourtant, on l’imagine bien trépigner d’impatience et sauter à pieds joints à l’idée d’être candidat notre Petit Nicolas. Nous savons que le plus dur dans la guerre contre le terrorisme, c’est que l’ennemi n’est pas précisément défini. Ici c’est pareil, pour l’opposition, la menace est floue. Le candidat n’étant pas déclaré, on ne peut pas l’attaquer directement, ou tout du moins ces attaques ne sont-elles pas aussi virulentes. Au lieu de partir au front, Sarkozy y envoie ses mercenaires éclairés, Juppé, Kosciusko-Morizet, Fillon… Grâce à cette stratégie, l’UMP profite de beaucoup plus de temps de parole. Le Président intervient pour répondre aux questions des journalistes et aux « inquiétudes » des Français, présentant au passage des mesures qui ne seront appliquées –comme c’est étrange – que l’année prochaine, pendant que sa garde rapprochée va débattre avec l’opposition. En outre, ses principaux défauts n’étaient-ils pas son « omni-présidence/présence » et parfois même son arrogance ? En se plaçant en retrait, non seulement il se protège mais il gomme ce reproche et se montre entouré de son gouvernement. Gouvernement qu’il associe désormais beaucoup plus à ses décisions lors de ses allocutions : « le premier ministre et moi-même », « le gouvernement », « le chef du gouvernement »… A ceux qui soulignent cette métamorphose, il explique humblement – après avoir protesté avec véhémence que cela n’intéresse pas les Français et que sa petite personne pèse peu au regard de La Crise – qu’il a changé, qu’il a fait des erreurs mais qu’il les a comprises, bref qu’il n’est qu’un Homme parmi tant d’autres. Authentique, blessé et sincère, voici la nouvelle image de notre Président qui ne manque pas de la souligner. Côté politique, on accentue cette fois encore la ligne de conduite « sécuritaire » certes, mais sécuritaire économ-


iquement parlant. On décrédibilise ainsi au passage le programme Bisounours du Parti Socialiste qui semble de fait bien irréaliste. Un acte social concret réussi – Lejaby – bien médiatisé, vaut mieux que de grandes promesses électoralistes jamais tenues dont on pourrait reprocher au gouvernement de ne pas s’en être inquiété plus tôt. Sans oublier une petite phrase bien placée de temps en temps par Claude Guéant – qui reste en place peu importe la tempête qu’il déclenche – pour flatter l’électorat du Front National. Sur la forme, l’UMP est plus soudée qu’une équipe de rugby à la veille d’une finale de Coupe du Monde. Surentrainés par cinq années de médiatisation, Juppé, Fillon et les autres s’illustrent dans les débats, sans fausses notes. Rodés, tous haranguent les journalistes directement : Mr David Pujadas, Mme Chazal, M. Longuet… Unanimes sur les mesures prises et à prendre, on se compare à l’Allemagne quand on excelle et à l’Espagne, au Portugal ou à l’Italie lorsqu’on est à la traine. Costume sombre de rigueur, c’est La Crise, je vous le rappelle. Cependant on n’a quand même pas trop mauvaise mine, histoire de montrer qu’on tient la barque et qu’on sait où on va. Quelle sera la prochaine étape de cette stratégie ? L’annonce tant attendue de la candidature de Nicolas Sarkozy y sera sans doute un élément clef. Carla Bruni – on l’avait presque oubliée – atout incontestable du président, très en retrait elle aussi, entrera-t-elle en scène à ce moment-là ? A quels événements impromptus l’UMP devra-telle faire face avant les élections ? N’oublions pas que lors d’une élection présidentielle rien n’est jamais joué et que les coups d’avance d’aujourd’hui peuvent se retourner en coup de poignard demain. Reste à voir si cette stratégie,ô combien rusée, sera efficace jusqu’au bout.

cision prise par S&P n’est pas une bonne nouvelle pour Sarkozy. Cependant, les socialistes feraient mieux de ne pas crier victoire trop tôt : ils auraient tort d’oublier que ce sont eux qui ont critiqué les plans Fillon, que ce sont eux qui veulent revenir sur la réforme des retraites et que ce sont eux qui font de la politique politicienne en refusant de voter la règle d’or... Alors s’il vous plait, Monsieur Hollande, ne vous fourvoyez pas la prochaine fois que vous parlerez de la dégradation de la note française… Moody’s et Fitch, eux, ne s’y sont pas trompés, tout comme les marchés d’ailleurs, en témoigne la dernière émission de dette française ou la demande a été supérieure à l’offre de deux fois, ce qui nous a permis d’emprunter à un taux plus faible qu’il n’était avant cette fameuse dégradation…

Face à face

Les socialistes sont parfois bien hâtifs Loïc Blanc

Le 13 janvier, Standard &Poors a jeté un froid sur l’économie européenne en dégradant la note française. Alors à qui la faute ? Pour l’ensemble de la gauche bien-pensante, il n’y a aucun doute : le seul responsable n’est autre que Nicolas Sarkozy. Tous les dirigeants socialistes ont sauté dans la brèche, François Hollande disant même que « c’est la politique de Nicolas Sarkozy qui est dégradée ». Cette récupération politique me parait douteuse. D’abord parce qu’elle est immorale. Ensuite parce qu’elle est de mauvaise foi. En effet, les socialistes veulent faire de cette dégradation un « coup politique » pour accabler la droite et pour charger Nicolas Sarkozy, qui a d’ailleurs été qualifié « d’homme à 500 milliards ». Je crois qu’il faut ici clarifier les choses. Tout d’abord, cette dégradation est le fruit de trente années de dépenses infondées entreprises par des gouvernements de droite comme de gauche, les torts sont donc, et il faut le rappeler, partagés. Ensuite, il y a eu une crise, une crise si forte qu’elle a poussé tous les gouvernements européens à se tourner vers la rigueur, tous, y compris les gouvernements socialistes… Enfin, il y a eu des réformes pour améliorer notre compétitivité – Oséo, crédit impôt-recherche… – ou pour moderniser le pays – réforme des retraites. Alors oui, je le reconnais, cette dé-

Nicolas Sarkozy sera-t-il réelu ? Loïc Blanc

On aura tout entendu… TOUT ! Président bling-bling, président des riches… Tout d’abord, il faut démêler le vrai de faux. Je le concède, Nicolas Sarkozy a fait des erreurs de communication au début de son mandat… Est-ce une raison valable pour le critiquer de cette manière comme l’on fait certains socialistes –je pense ici à une affiche des MJS comparant Sarkozy à Hitler. L’anti-sarkozysme latent que l’on peut déceler chez certains est-il justifié ? Bien sûr que non, et je vais m’en expliquer ! Tout d’abord, personne ne peut nier que Nicolas Sarkozy est un personnage porteur d’une énergie incroy-


able, il est l’homme qui a osé. Oui, il a pu faire des erreurs politiques. Cependant, il faut rappeler que l’actuel président reste l’homme qui a défendu des réformes difficiles et nécessaires, que personne n’a osé mener depuis 30ans. Je pense bien entendu à la réforme des retraites, à la réforme des universités, que personne, et je dis bien personne, malgré les promesses de certains candidats, ne remettra en cause. Ensuite, et je vais aller volontairement à contrecourant du discours socialiste, le bilan de Nicolas Sarkozy est bon. Un président sortant ne gagne pas une élection sur son bilan, mais il peut en perdre une de cette manière, et inutile de rappeler que la crise financière qui a frappé le monde en 2008 a été d’une violence inouïe… Et malgré cette crise, les traitements des fonctionnaires n’ont pas baissé et les décisions, parfois difficiles, ont été prises par le biais des réformes de modernisation du pays et des deux plans Fillon. Alors oui, pour le moment, Nicolas Sarkozy peine à décoller dans les sondages… Cependant, il n’est toujours pas entré en campagne, ce qu’il fera surement au mois de février. Le mois et demi qu’il lui restera sera décisif car rien n’est joué. Pourquoi ? Tout d’abord parce que Nicolas Sarkozy maitrise à la perfection l’exercice de la campagne politique. Ensuite parce que malgré tous ses défauts, Nicolas Sarkozy est quelqu’un qui a au moins essayé de mouiller le maillot quand le bateau tanguait tout en faisant preuve de responsabilité, quand d’autres proposent allègrement de « réenchanter le rêve français », quitte à nier la réalité… Or, après trente années de laxisme budgétaire, les français ont besoin d’un président qui comprend la gravité de cette réalité pour prendre, avec courage, les décisions qui s’imposent.

Pourquoi François Hollande sera-t-il élu ? Raphaël Cadoret

Ce n’est pas l’anti-sarkozysme qui donne aujourd’hui à François Hollande la faveur des sondages. Certes, le bilan de la droite, depuis 10 ans au pouvoir, justifie le besoin d’alternance, une certaine envie, même parmi certains conservateurs tel Luc Ferry, de donner sa chance à la gauche. Cependant c’est sur son projet que François Hollande assoit aujourd’hui sa crédibilité, fort de 60 propositions détaillées et financées. Sa priorité? La jeunesse. Son idée forte ? Réenchanter le rêve français, celui qui permet à la génération qui arrive de mieux vivre que la génération précédente. Pour notre génération, mieux vivre c’est avoir accès à l’éducation, c’est-à-dire en finir avec la règle inique du non remplacement d’un professeur sur deux partant à la retraite. Mieux vivre c’est aussi favoriser notre insertion dans le monde du travail en proposant, sous le terme de contrat de génération, d’exonérer de charges sur les deux emplois pendant 3 ans les entreprises qui embaucheraient un jeune tout en maintenant dans l’emploi un senior qui l’accompagnerait. Mieux vivre, c’est enfin prendre en compte le péril écologique qui nous guette si nous ne

faisons pas l’effort de développer les énergies renouvelables et d’en faire un « créneau » pour l’économie française. Bien sûr, il faudra aller chercher la croissance et ne pas se cantonner à des politiques d’austérité que même Standard &Poor’s et le FMI récusent aujourd’hui. Sans croissance, nos recettes publiques baisseront et notre endettement augmentera automatiquement sans compter que le chômage ne pourra alors qu’augmenter. A cette fin, le candidat socialiste entend renégocier le traité européen de janvier pour y insérer des mesures de relance mais surtout, il souhaite soutenir massivement l’investissement des PME en créant une banque publique d’investissement et en réduisant leur impôt sur les sociétés. Pour le PS, le problème français n’est pas un problème de cout du travail mais de spécialisation industrielle. La hausse de la TVA, c’est croire que notre commerce extérieur se portera mieux dès lors qu’on améliorera notre compétitivité prix alors que tout l’enjeu du programme socialiste, par le soutien à la recherche et à l’investissement, est de donner à la France une compétitivité hors-prix. Toutes ces mesures, et il y en a beaucoup d’autres que je vous laisserai le soin d’aller consulter, ont évidemment un coût. Mais François Hollande, énarque et ancien auditeur à la cour des comptes connaît la situation d’endettement de la France et propose, en sus d’un contrôle rigoureux des dépenses de l’Etat, une véritable révolution fiscale qui alignerait les revenus du capital, aujourd’hui soumis au prélèvement libératoire, et les revenus du travail soumis à l’impôt sur le revenu et de facto plus imposés. La gauche ne diabolise pas les possédants mais croit en la supériorité du travail. Le patrimoine et ses revenus, les successions, les rentes, les plus-values mobilières et immobilières doivent être imposées autant que le travail. La justice fiscale, ce n’est pas favoriser ceux qui « gagnent de l’argent en dormant ». L’égalité des chances, c’est permettre à tous de s’émanciper et de réussir par le travail, héritier ou non héritier. Pour la jeunesse, pour la croissance et pour l’égalité, je choisis François Hollande ! Et vous ? Chiche ?


POINT FORUM

Patrick Artus Vous n’étiez pas à la conférence de Patrick Artus ? Alix Roure de Forum vous a concocté un résumé de son analyse de l’économie française.

La crise actuelle n’est pas due aux banques

Aux vues des prochaines élections, il était intéressant d’avoir son point de vue sur la crise européenne Tout d’abord, il faut savoir que la crise actuelle n’est pas due aux banques car nous ne sommes pas en situation de manque de liquidités. Les problèmes de l’Euro viennent de la circulation monétaire au sein même de l’UE. Dans le cas de la Grèce, Patrick Artus nous a alors expliqué que l’UE avait très mal réagi à la faillite de ce pays. L’UE aurait dû investir dans l’économie grecque au lieu de la finance, car l’investissement aurait permis à la Grèce de se relever et de renouer avec la croissance. Au contraire, les entreprises en manque de financement se retrouvent asphyxiées et ne peuvent pas créer la croissance essentielle au rétablissement de la Grèce. Mais quid de l’économie Française ? Selon lui, la France n’a absolument pas intérêt à continuer sur le modèle actuel dans le secteur industriel, car elle ne pourra jamais faire le poids face à l’Allemagne. Au contraire, elle doit se concentrer sur une montée en gamme des produits français vers le luxe qui doit être accompagnée d’un renforcement des investissements dans les nouvelles technologies, clé de la future croissance française. En effet, la France est en retard sur les énergies nouvelles. Elle développe les panneaux solaires beaucoup moins rapidement que les Etats-Unis ; et ses éoliennes passent derrière celles de Norvège. La solution économique pour sortir de la crise et renouer avec la croissance est l’investissement dans les technologies d’avenir comme la biomasse 3ème génération. Un certain Schumpeter aurait sûrement été ravi d’entendre ce discours…Mais le dernier sujet brûlant reste celui de la politique à avoir pour combattre la crise : une politique de l’offre.

Une politique de la demande n’avait pas de sens et serait inflationniste. Par exemple : quel est l’intérêt de pousser les gens à acheter des appartements si il n’y en a pas assez de disponible ? Il faut aider l’offre, la soutenir et la renouveler. Cela permettra de relancer la production même si une petite dizaine d’années de morosité économique restent un passage obligé de la résolution de la crise. Même la gauche se met à envisager une politique de l’offre (cf discours de Hollande), ce qui montre un réel changement des mentalités nécessaire eu retour de la croissance. Enfin, en tant qu’étudiants d’EMLYON Business School, la création d’entreprise est au coeur de notre formation. Le discours pessimiste de Patrick Artus sur les patrons-fondateur de PME illustre un phénomène aujourd’hui beaucoup trop présent : les entrepreneurs ne créent des entreprises que dans le but de les revendre à un prix élevé par la suite. Les entrepreneurs finissent souvent pas par céder sous la pression des grands groupes et face au manque de soutien de l’administration Le vrai courage de l’entrepreneur qui défend son entreprise bec et ongles est rare en France, tandis qu’aux USA c’est une fierté nationale.


Licence to Krill Euphausia superba, vous connaissez ? Pourtant, il y en a un sacré paquet dans les eaux glaciales du pôle Sud. Ce petit crustacé transparent aussi nommé « krill », à mi-chemin entre le plancton et la crevette et menu favori des baleines, représenterait à lui seul 400 à 500 millions de tonnes de matière vivante, c’est-à-dire cinq fois la masse de tout ce qui est pêché chaque année sur le globe. Entre potentiel économique et équilibre de l’écosystème antarctique, l’enjeu est colossal. Etablissons un portrait en quelques traits de notre bestiole. Le krill est délicat. En effet, les filets de pêche des chalutiers traditionnels n’ont jamais permis de ramasser correctement ce crustacé car lorsque les filets sont hissés, le krill est réduit en bouillie tellement sa carapace est fragile. Les ingénieurs ont dû inventer une véritable pompe à krill, pour aspirer et filtrer les crustacés à raison de 250 tonnes par jour, rendement qui sera rapidement doublé grâce au progrès technique. Le krill est pudique. Des caméras ont surpris certains individus de l’espèce en plein accouplement à 3,5 km de profondeur. Alors que l’on pensait que le krill barbotait seulement en surface, l’existence d’une large population en eau profonde remettrait alors en question les estimations de cette biomasse considérable. Le krill est mondain, voire people. Et oui, nombreux sont les pays qui lui tournent autour et convoitent cette manne alléchante depuis deux ans. Les flottes norvégiennes, russes, polonaises, coréennes ou japonaises sont en train d’être dépassées par les Chinois qui ont lancé un programme de « développement et utilisation des bio-ressources antarctiques » pour cibler le krill. Mais à quoi peut bien servir ce krill, cette mini crevette tant zieutée par les industries maritimes ? La première utilisation du krill est la transformation en farines pour nourrir les aquacultures. En effet, les farines de poissons habituelles devenant de plus en plus chères, c’est le prix du poisson des fermes aquacoles qui augmente en conséquence. En plus d’être un investissement rentable, la farine de krill possède certains avantages. Pour qu’un poisson d’élevage ait le goût

Elle a beau faire trois centimètres en moyenne, cette bestiole va très certainement aider des millions de gens. Comme quoi, ce n’est pas forcément la taille qui compte.

Ce n’est pas la taille qui compte

Votre reporter planète Nicolas Soummer a revêtu son plus beau K-way pour affronter le froid polaire de l’Antarctique. C’est que les crevettes ont du souci à se faire là où les chasses d’eau tournent du mauvais côté.

REPORTAGE EXTRÊME

du poisson, il ne s’agit pas de le nourrir qu’au soja et à la protéine végétale. Et pour qu’il n’ait pas une chaire blanchâtre peu ragoûtante, les pigments orangés contenus dans le krill sont les bienvenus. Un deuxième facteur plus récent aiguise l’intérêt que l’on accorde au krill. C’est la mode des compléments alimentaires pharmaceutiques et notamment ceux à base des célèbres oméga-3 qui à eux seuls représentent 1,5 milliard de dollars dans le monde. Les riches qualités nutritionnelles de notre Euphausia superba sont déjà exploitées et commercialisées, mais le coût reste plutôt élevé : 60 euros les 50 gélules. Ce segment à haute valeur ajoutée dépassera très certainement l’industrie moins lucrative des farines. On utilise donc le krill pour gaver des poissons d’élevage ou alors en extraire des protéines et autres antioxydants pour pharmacies… Mais à terme, ne vous leurrez pas, on vous en fera manger à vous aussi, du krill. Et le pire, c’est que cette fausse crevette, dont la carapace n’est même pas comestible, vous en raffolerez ! Et oui, comme le rappelle le biologiste franco-canadien Daniel Pauly, « les professionnels de la pêche sont devenus experts dans l’art de nous faire consommer des produits de la mer qui culturellement nous étaient étrangers. Depuis les poissons panés qui cachent l’apparence peu ragoûtante de certaine espèces, jusqu’au surimi qui n’est qu’un agrégat de déchets de poissons et de crustacé… leur inventivité a fait ses preuves ». On anticipe déjà les « steaks de krill » sur les rayonnages de nos supermarchés préférés. On le perçoit donc, la pêche du krill est une industrie très juteuse. Mais n’expose-t-elle pas l’océan Austral à un potentiel pillage maritime ? Naturellement, cette question rend les écologistes verts de trouille. En effet, même si des mesures sont prises pour réguler cette pêche, comme l’instauration de Totaux Autorisés de Capture (TAC), les scientifiques qui fixent ces quotas ne seront-ils pas sommés de les augmenter ? Les Etats ne s’affranchiront-ils pas rapidement de ces règles facultatives ? Néanmoins, ne vaudraitil pas mieux pêcher du krill plutôt que certaines autres espèces déjà surexploitées comme le cabillaud ? Et rassurez-vous, le krill est robuste et vigoureux. Robuste car il est capable de résister à des différences de température d’eau allant de -2°C (possible pour de l’eau salée) à 18°C, alors que l’océan austral ne dépasse rarement les 5°C. Et il est vigoureux car il lui a suffit de deux années de bonnes conditions pour carrément doubler sa population ! Donc pas de panique, ce petit crustacé en verra d’autres. Nous n’enlèverons pas le krill de la bouche de nos baleines.


SCIENCE

ment des gènes. Mieux encore, on peut demander de tester la compatibilité génétique d’un couple. Mais que signifie être « génétiquement compatible » ? Sommes-nous des molécules sur pattes ayant besoin d’une attirance et d’une complémentarité chimique ? L’ADN étant une microscopique chaîne de bases azotées, peut-elle déterminer les relations humaines ? Et doit-on se regrouper par affinités d’origines génétiques ? Car appelons un chat un chat, c’est clairement de l’eugénisme. Et en plus d’être commercialisables, ces analyses sont partageables. En effet, les laboratoires peuvent proposer de croiser leur banque de données avec d’autres instituts pour permettre éventuellement de retrouver des parents éloignés. Mais si la publication d’une photo sur son profil Facebook n’engage que la personne elle-même, la publication de son arbre généalogique implique aussi le dévoilement de toute l’intimité génétique de la famille, avec toutes les données médicales que cela représente. On pressent donc le potentiel danger étant donné que les futures utilisations de ces infos circulantes ne sont pas contrôlées. Pour conclure, comme le souligne Patrick Gaudray, généticien du CNRS et membre du Comité consultatif national d’éthique, l’ADN « on le reçoit, on le transmet, mais il ne nous appartient pas ». Donc même si on en fait des promos pour Noël, l’ADN n’en est pas pour autant un jouet.

Un scientifique en herbe vous fait un petit compte rendu des derniers gadgets, breaking news dans le domaine des sciences et technologies.

Une tendance est montante parmi les Français : effectuer des tests d’ADN pour retrouver des liens de parenté, découvrir ses ancêtres ou son appartenance à un peuple d’origine (Celtes, Vikings, Juifs…). Bien sûr, tout test génétique dans un but non médical, judiciaire ou scientifique est interdit en France. C’est pourquoi des laboratoires américains, suisses ou allemands sont ainsi sollicités pour cette « génomique récréative ». Ces tests ADN généalogiques, coûtant entre 100 et 1000 €, constituent un vrai marché juteux pour ces laboratoires qui effectuent même des promos pour Noël : « Commandez votre analyse d’origine, un cadeau idéal pour les fêtes ! ». Or s’il est vrai que l’ADN ne ment jamais, l’enrobage commercial des laboratoires livre facilement des interprétations erronées sur les origines, les migrations, ou la signification des gènes, un peu à la manière d’un horoscope énonçant de belles généralités et autres stéréotypes. Que dira ma bien-aimée si elle découvre que je n’ai pas le « gène du guerrier », censé être enclin à la prise de risques, mais plutôt le gène du pantouflard ? Notons donc que même si notre génome restera immuable toute notre vie, notre caractère, lui, évoluera tout à fait indépendam-

Tests ADN de généalogie : des analyses qui « gênent »

L’ADN n’est pas un jouet


SPORT

Suite aux fiascos des potentiels transferts de Beckham et Pato au PSG, orchestré par le manageur du club Leonardo et par l’entraineur Carlo Ancelotti, notre reporter sportif Adrien Tarascon nous livre ses impressions désabusées.

Femmes, je vous aime Feux de l’amour, épisode 1 : Ambiance romantique, la lumière est tamisée et comme un murmure le piano joue l’air des feux de l’amour. SantaMonica, Californie. Bienvenue chez les Beckham. David est beau, David est musclé et David est la seule raison pour laquelle ma copine regarde les magazines de foot…. David aime Paris. David a rencontré Léo. Léo a la crinière du beach boy et le sourire ravageur. David aime bien Léo. David et Léo se rapprochent, ils se téléphonent de plus en plus souvent. Ils parlent livres, euros et parfois dollar. David est magnifique, mais pour conquérir cet éphèbe dans son harem Léo sait qu’il devra y mettre le prix. Heureusement, Léo est riche. Grâce à son ami Nasser, Léo a une nouvelle devise « certaines choses ne s’achètent pas, pour le reste il y a le Qatar ». David est impressionné mais Victoria veut rester à Los Angeles. Bien sûr, elle adore faire des réunions Tuperware avec Teri Hatcher mais surtout elle aime aller aux défilés de Victoria’s Secret. David veut venir à Paris (où il a quelques maitresses d’ailleurs), il tente de convaincre Victoria. Il lui dit qu’il n’y a de plus belle ville au monde pour un couple que Tom Cruise y a demandé la main de Katie Holmes. Victoria est d’accord pour laisser une chance à David. Victoria a visité Paris. Que le lieu de rencontre des stars ne soit plus Hollywood Boulevard mais l’avenue de Clichy, passe encore. Mais Victoria a découvert qu’à Paris, Long Beach s’appelait Paris Plage et elle a dit stop. Malheureusement pour Léo, le point G des femmes se trouve à la dernière lettre du mot shopping.

Feux de l’amour épisode 2 : Ambiance romantique, une piscine éclairée dans la verdure des pinèdes de Toscane. Ambiance Le Guépard. La résidence de Silvio Berlusconi fait rêver mais Alexandre Pato fait grise mine. Barbara Berlusconi allongée à côté de lui essaye en vain de le consoler. Alexandre est le joueur de football le plus rapide du monde mais Zlatan (c’est qui ?) ne l’aime pas. Barbara est la fille de Silvio, si coucher c’est aimer alors Silvio a déjà aimé la moitié de la planète. Silvio est désormais un homme d’âge avancé qui prend la peine de se ménager. « J’avais onze filles devant ma porte mais je ne m’en suis fait que huit » avouera t-il un soir les joues rougies par la honte. Barbara a hérité de la libido de Silvio. Oui, Barbara est plus âgée qu’Alexandre mais Barbara n’en est plus au stade de la Cougar, à son niveau c’est déjà un hangar. Alexandre a eu peur d’arrêter la promotion canapé pour être vendu comme un canapé en promotion à Léo (c’est qui ?). Alors, même si Barbara n’est plus une première jeunesse et que le déodorant fraicheur océane a viré plateau de fruit de mer, Alexandre veut rester à Milan. En France il n’y a plus que des magasins Ikea y compris dans les relations amoureuses, il faut passer par le restaurant avant de pouvoir monter. Malheureusement pour Léo, si un transfert est un voyage de noces, venir en Ligue 1 c’est un peu comme allez faire sa lune de miel à Fribourg. Léo est seul, fatigué, personne ne veut de lui. Pour patienter il prend un café. Maxwell bien entendu…


J’AI LU (donc je suis)

Norwegian Wood: La ballade de l’impossible” de Haruki Murakami

des rencontres d’une nuit, mais aussi d’un monde empli de désillusions, de malheurs face auxquels on est impuissant. Bref, Haruki Murakami nous conte dans ce livre le passage aussi difficile que fascinant de l’adolescence à l’âge adulte. D’une écriture simple mais à la fois juste et poétique, la grâce avec laquelle nous est contée l’histoire du jeune Toru Watanabe n’a d’égale que celle de ses personnages, dont en premier lieu Naoko, jeune femme au passé trop lourd à porter et au destin tragique. Assurément, Haruki Murakami a un don pour créer des héros aussi complexes et secrets qu’envoûtants et authentiques, et sait parfaitement les mettre en scène qu’il s’agisse d’un roman fantastique ou, comme dans « Norwegian Wood : La ballade de l’impossible », d’une oeuvre plus intimiste et bien plus réaliste. Si, sait-on jamais, vous avez la folle envie de vous évader quelques heures le temps d’une lecture, sautez donc sur l’occasion pour découvrir ce trésor de la littérature nippone, il y a bien des chances pour que ce « Norwegian Wood : La ballade de l’impossible » devienne pour vous l’un de ces classiques dont on prend plaisir à relire quelques pages de temps à autre, parce qu’on les a aimés, parce qu’ils nous ont parlé, parce qu’ils nous ont changés.

Pierre Paqueton Toru Watanabe a 37 ans alors qu’il atterrit une nouvelle fois à l’aéroport de Hambourg, en Allemagne. Cependant, cette fois, c’est l’air de « Norwegian Wood » qui résonne dans l’avion, un air des Beatles qu’il connaît bien et qui va le ramener 20 ans en arrière pour un voyage dans le temps où se mêlent à la fois une certaine nostalgie et la mélancolie du temps passé. À cette époque, Toru a 17 ans. Son meilleur ami Kizuki vient de mettre fin à ses jours. Pour la première fois, il se retrouve seul face aux mystères de la mort. Kizuki a laissé derrière lui sa petite amie d’alors, Naoko, une jeune femme aussi belle à l’extérieur que fragile à l’intérieur. Tout deux enfermés dans l’incommunicabilité de leurs sentiments quant à la mort de Kizuki, Toru et Naoko finissent par tomber amoureux l’un de l’autre. Pour son vingtième anniversaire, la jeune femme décide d’offrir sa virginité à celui qu’elle croit aimer, pour disparaître subitement le lendemain sans laisser de traces. Ce n’est que bien plus tard que Toru reçoit de celle qu’il aime une lettre dans laquelle cette dernière lui explique s’être réfugiée dans un centre de repos caché quelque part au fin fond des collines environnant Kyoto. Norwegian Wood , est l’un des romans les plus atypiques de l’écrivain qui délaisse là le style fantastique qui l’a fait connaître pour une écriture plus dépouillée, plus solennelle, sans pour autant perdre de sa poésie, donnant à ce roman une atmosphère à la fois pesante et aérienne. En effet, cette fois-ci, pas de monde parallèle, pas de Tokyo des bas-fonds comme dans « La fin des temps», mais simplement le récit d’un jeune homme de 17 ans, de sa première rencontre avec la mort, de ses premiers émois, de sa découverte d’un monde à la fois exaltant, celui des révoltes étudiantes qui secouèrent le Japon vers la fin des années 60 et

Immense succès lors de sa sortie au Japon en 1987, à tel point que l’auteur, Haruki Murakami, s’exila en Europe puis aux EtatsUnis pour fuir une soudaine célébrité qui l’effrayait.


HUNGER GAMES par Suzanne Collins Survivre ou mourir Audrey Denis

Le nouveau best-seller ne parle ni de vampire, ni de sorciers et n’est pas écrit par une mormone. Hunger Games est simplement une bataille pour la survie contre l’oppression, contre la faim pour sauver ce en quoi nous croyons au plus profond de nous : la liberté.

Quel est l’intérêt de lire une version américanisée et plus bisounours de Battle Royale ?

J’ai lu pour vous Hunger Games, une trilogie de Suzanne Collins, et je n’ai tout simplement pas pu en décrocher avant d’en avoir dévoré chaque ligne. Le pitch est pourtant plutôt simple, ce qui n’est pas anormal pour un Pocket jeunesse. Dans un avenir plus ou moins proche, la sécheresse et des catastrophes climatiques ont entrainé la ruine et la famine en Amérique du Nord. Le « Capitole », ce pouvoir en place, qui les a tous « sauvé », a instauré treize districts pour mieux les contrôler et les apprivoiser. Après une révolte sanglante contre le Capitole et l’extermination du 13e district, les Hunger Games ont été instauré chaque année. Deux jeunes entre 12 et 18 ans, un garçon et une fille, de chaque district sont envoyés dans une immense arène pour combattre et survivre jusqu’à ce qu’il en reste plus qu’un. Katniss, une chasseuse hors pair du 12e district, se porte volontaire pour sauver sa jeune soeur. Cela vous rappelle quelque chose non ? Battle royale, ce film coréen tiré d’un manga hyper violent et très réussi, où une classe de japonais devait s’entretuer jusqu’au dernier. Vous allez alors me demander quel est l’intérêt de lire une version américanisée et plus bisounours de Battle Royale à part l’envie de pleurnicher sur le sort d’une pauvre tribu. Selon moi, et ce n’est que mon humble avis, Hunger games n’a rien à voir avec Battle Royale, qui s’attarde plus sur le sanglant, le sexuel et le glauque que sur le fond, sur les personnages et le bien fondé de cette opération. A l’inverse, Hunger Games est un livre sur la survie à l’état pur. Katniss est une survivante, elle a su se débrouiller pour faire manger sa famille pendant des années, grâce au braconnage et à son courage. A la manière de Man VS Wild, elle nous impressionne d’ingéniosité pour survivre face à tous ces méchants gamins armés, aux manigances du Capitole et surtout au public. Car il ne faut pas oublier que ces jeux sont retransmis à la télévision, et chaque tribut doit trouver des sponsors pour survivre, comme le présentait déjà l’amère roman d’Amélie Nothomb « Acide Sulfurique ». Cet aspect médiatisé et surtout commercial, où l’esthétique et les histoires d’amour un peu niaises sont bien plus importantes que l’envie de se battre, nous fait réfléchir sur notre propre société et la superficialité de nos vies. Certains diront que je cherche des interprétations là où il n’y en a pas, que la mormone s’était déjà emparée de mon esprit critique. A ceux là je répondrai que le plus beau dans la lecture, c’est la possibilité de réinventer l’histoire, de se l’approprier et de tout simplement faire survivre notre âme d’enfant. C’est ce que J.K Rowling avait fait dix années auparavant et quand les aventures d’Harry s’achève, Katniss lui met un bon coup de pied aux fesses. En tout cas, j’attends les films avec impatience, en espérant ne pas être déçue.


KAK’EM Le gagnant du Kakem est Adrien Tarascon! Voici le texte du gagnant de notre Kak’EM express, un grand habitué de nos pages que l’on ne se lasse jamais de lire. Bravo à Adrien, qui gagne prix d’une valeur de 50€ !

Sujet : Parce que pour résoudre le problème du triple A, il aurait fallu demander une consonne

Les chiffres et la lettre. Passer de AAA à AA+ qu’est-ce que ça change ? Pour le quotidien de millions de français comme moi c’est un drame, une abomination. Personnellement, je vais probablement perdre deux beignets de crevette à la vapeur. Chez Wei, petit traiteur chinois du 16ème, le menu AA+ comprend le canard laqué, une soupe, un bol de riz et même du thé, au cas où notre économie boirait la tasse. Mais pas les beignets de crevette. Je précise pour les non-initiés que le + est simplement l’indicateur pour la quantité de sauce piquante dans le canard. Dans mon désespoir profond, je constate avec satisfaction que Verbatem est extrêmement renseigné sur la gastronomie chinoise et la carte de Chez Wei puisque comme l’indique le sujet, une consonne -en l’occurrence le choix G dans la colonne suppléments de la carte- permet de commander deux beignets vapeur et donc de retrouver son menu AAA. J’ai essayé d’expliquer la perte du triple A à mon petit frère. Les agences de notation sont très didactiques. La notation va de A à D de sorte que même des ministres avec un alphabet limité comme David Douillet ou Nadine Morano puissent comprendre quelques principes financiers. Je lui ai ensuite fait une analogie avec les groupes sanguins. L’Allemagne est receveur universel, elle peut avoir de l’argent de la part de n’importe qui. La France, quand à elle est AA+. Lorsque l’on est AA+ on ne peut recevoir de l’argent que de la part des banques en difficultés. C’est un peu comme si seuls les donneurs porteurs du sida pouvaient vous donner du sang. Enlevez un A dans un pays et les conversations deviennent tout de suite absurdes. Illustration de la nouvelle France, je rencontre un mec alors que je me baladais dans la rue et on engage la conversation. « Salut moi c’est Adrien et toi ? Salut Franck, tu fais quoi dans la vie ? Rien. Et moi ? Bah rien non plus. C’est cool ça. Et si on aller manger un bout au restaurant ? Ah c’est vrai on a rien pour payer je suis con. On se rappelle ? Ah oui c’est vrai, on ne peut pas, on nous a coupé le téléphone. Et juste comme ça t’habites où ? Dans ta voiture ? Ah moi aussi.» La France AA+… Ne sombrons pas dans le pessimisme, nous restons malgré tout un pays riche. J’ai eu l’occasion de visiter l’Italie et ce qui devrait être l’un des endroits les plus luxueux du pays, la villa de Silvio Berlusconi. Je peux affirmer que l’Italie est devenue un pays du tiers-monde. Les invités de la soirée étaient tellement pauvres qu’ils n’avaient pas de vêtements. Il n’y avait même plus d’électricité, tout se passait dans le noir et les femmes avaient tellement froid qu’elles se frottaient contre tout les hommes qui passaient devant elles. En Grèce depuis la dégradation, une nouvelle île est apparue, la province des agios. Il n’y a que l’Espagne qui garde sa bonne note. Au contrôle sanguin de tous leurs sportifs ont un triple A : Amphétamines-Analgésiques-Anabolisants. Finalement, pour retrouver le triple A le B-A-B-A c’est le système D. Il suffit de trouver le point G du grand déficit. Ensuite on met les points sur les I de l’inflation, un N come « nada » pour le PIB. On crie SOS pour la TVA et on arrive tranquillement à Z comme croissance zéro. Pas sûr que le compte soit bon…



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