Thierry Gervais. L’Illustration photographique

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Le choix de la photographie

registre l’autobus dans une perspective plongeante qu’aucun photographe ne s’est autorisé (fig. 225 à 227). Lorsqu’il arrive rue Saint-Georges à la rédaction de L’Illustration, « le rédacteur en chef leva les bras au ciel en s’écriant : “Mais vous êtes en retard ! Il y a longtemps qu’on m’a apporté des documents”. Je montrais [sic] le mien [et…] à sa vue, le rédacteur en chef téléphona immédiatement à la photogravure pour arrêter l’exécution du cliché en cours et le remplacer par le mien175. » Gimpel s’emporte un peu dans son récit. L’Illustration ne remplace pas le cliché de l’agence Meurisse par le sien. Elle le recadre verticalement pour pouvoir glisser la vue en plongée à ses côtés176 (fig. 228 et 229). Néanmoins, l’expérience demeure symptomatique du processus de sélection des images pour illustrer le journal. La rapidité de communication des clichés est un critère important, mais la qualité iconographique et esthétique peut être déterminante en cas de retard. La vitesse de transmission des images est un élément d’explication des choix illustratifs opérés par L’Illustration, mais il se conjugue toujours avec celui de l’esthétique qui doit soutenir l’actualité diffusée par l’hebdomadaire. La photographie s’impose face à la gravure et les photographes deviennent les principaux vecteurs de transmission de l’actualité, mais leurs clichés n’en demeurent pas moins un matériau illustratif plié aux exigences esthétiques de l’information visuelle. 175.

Ibid., p. 61-61bis.

176. La consultation des images conservées dans les archives du journal m’a permis de faire ce constat. Cf. L’Illustration, n° 3 579, 30 septembre 1911, p. 252

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