let'smotiv nord et belgique n° 69

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n°69 / dÊcembre 2011 / GRATUIT

nord & belgique Cultures et tendances urbaines



Sommaire

Jamie Woon © DR // Indignés sans frontière © William Daniels // Monica Lewinsky © Charles Burns

Let’smotiv - décembre 2011 - #69

06 News Obey vs Obama, l’Almanache du Groland, Le 19e Marché des

10 Rencontre Sorj Chalandon : Retour à Killybegs

Modes, Spotify, une Villa Medicis en Seine St Denis, Underbelly Project...

16 Reportage Indignés sans frontière 24 Portfolio Zeloot : La Haye Parano

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Musique The Horrors, Magazine Club, JoeyStarr, Das Racist, Black Lips, H-F Thiéfaine, Mansfield TYA, Jamie Woon, Femi Kuti

46 Cinéma A Dangerous Method, Le Cheval De Turin, Soudain Le 22 Mai,

52 Évènement Charles Burns brûle les planches

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Broadway Jukebox

Expositions Braderie de l’Art, Le Temps des Cerises, Véronique Hubert, Yto Barrada, Dubuffet Architecte, Paysage Mental… Agenda Théâtre Les Multipistes, Nono, Spoken World, December Dance, Sophia Aram, Arnaud Tsamère, La Fabuleuse et Grande Histoire du commerce, Le Grand C… Agenda

88 Livres Robert Crumb, Nelly Arcan, Roland Gori 90 D isques Justice, Benjamin Biolay, Roots Manuva, The Fall, Mickey Moonlight 92 Agenda concerts 98 Le mot de la fin Mark Jenkins : un dernier scotch pour la route


Let’smotiv Nord & Belgique 114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07

redaction.nord@letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Thibaut Allemand redaction.nord@letsmotiv.com GraphisME : Cécile Fauré - Christophe Gentillon Publicité: pub.nord@letsmotiv.com

Ont collaboré à ce n° :

François Annycke, François-Xavier Béague, Marc Bertin, Clémence Casses, Pascal Cebulski, William Daniels, Mathieu Dauchy, Maxime Delcourt, Florent Delval, Cédric Delvallez, Mark Jenkins, Carole Lafontan, Vincent Lançon, Bertrand Latour, Hakima Lounas, Alex Masson, Elisa Mignot, Raphaël Nieuwjaer, Polka, Capucine Saez, Nicolas Trespallé, Alex Widendaele, Zeloot

Couverture : Zeloot, www.zeloot.nl diffusion : C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)

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En bref… Touche d’espoir Ah ! l’Obama-mania, Yes we can… c’est loin, hein ? Pas plus mal. Ça permet à certains artistes de retrouver leur verve. Prenez Shepard Fairey, alias Obey, « fabriquant de contestation de qualité depuis 1989 ». La fameuse affiche Hope, c’était lui. Un joli succès. Mais le graphiste a relifté ce poster pop art en remplaçant le visage du célèbre Barack par un illustre Anonymous, en soutien aux militants d’Occupy Wall Street. Le sous-titre ? « Monsieur le président, on espère que vous êtes de notre côté ». Naïf, mais direct. Pour l’heure, Obama n’a pas répondu…

Banzaï ! Vous espériez du changement en 2012, mais le Jour de l’An tombe un Vendredi 13... Ça promet. Alors filez au Groland ! Le bon président Salengro nous présente son gouvernement : Joeystarr (minist’ des dents et du fil dentaire) Miossec (minist’ des relations grolando-bretonnes) ou encore Denis Robert (minist’ de l’argent qui dort). En sus, plein de bon tuyaux : adopter un enfant en échange de quelques VHS, la recette de saumon à « l’huile Catherine Deneuve », et quelques dictons pleins de bon sens grolandais. Un Almanache pour l’année ? Un compagnon pour la vie ! ❥ Éd. de l’amphore, 120p., 15€

Télex

Cet été, les plus de 35 ans ont porté le deuil lorsque Bernard Lenoir a lâché le micro de France Inter. On le comparait abusivement à John Peel alors qu’il feuilletait souvent le sommaire des Inrocks à l’antenne. Qu’importe, ça fait plaisir d’apprendre que le papa des Black Sessions revient sur Le Mouv’ en janvier 2012 !

© Obey, Occupy Wall Street

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Back dans les bacs !

© David Maire, Vive La Pub

238 labels quittent Spotify ! « Notre musique perd toute sa spécificité en étant exploitée comme une marchandise qui a très peu, ou aucune valeur ». Pas de quoi briser le moral du site suédois de musique en ligne : souvent minuscules, ces labels ne sont pas de gros vendeurs. Mais à l’heure ou Coldplay boycotte également Spotify (alignant toute de même des chiffres de ventes impressionnants), c’est l’occasion de rappeler que non, toute la musique n’est pas disponible sur Spotify ou Deezer. Et c’est tant mieux : restons curieux et à l’affût. À bon auditeur…

Sucre et glaces Caramels, sucettes et chamallows… Le 19e Marché des Modes s’offre à nous telle une énorme sucrerie. Dans un décor rose-bonbon digne de Charlie et la Chocolaterie, 100 stylistes venus de toute la France – dont 25 du Label Maisons de Mode – étalent vêtements, accessoires, bijoux… Certainement l’occasion de découvrir les créateurs de demain. Et de faire quelques bonne affaires. ❥ 9>11.12, Roubaix, ENSAIT, Vestiaire, 16h>21h (9.12), 11h>22h (10.12) & 11h>19h (11.12), entrée libre, +33 (0)3 20 99 91 20

© Jennifer Hale

Parle à mon c..., ma tête est malade Fourchette, iPod, paire de lunettes, cassette audio… C’est étonnant, tout ce qu’un toubib peut découvrir dans un rectum (si, si, vous avez bien lu). Quatre d’entre eux, dont le psychiatre américain Marty A. Sindhian, viennent de publier Stuck Up !. Ce livre illustré d’une centaine de scanners recense tous les objets perdus, oubliés (par exemple lors d’une opération), ou volontairement insérés dans le corps humain. Reste à espérer qu’aucun cinglé n’essaiera, pour la beauté du geste, de se l’introduire où vous savez… ❥ 224 p., 14,99€

Après Radio Nova le mois dernier, c’est une autre radio libre, comme on disait dans le temps, qui fête son 30e anniversaire. La lilloise Galaxie, pourvoyeuse historique de musiques électroniques, déploie pour l’occasion ses DJ’s résidents au Magazine Club. Pour « une soirée joyeuse entre gens joyeux » ! 10.12, 23h, Lille, 5€


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Banksy ou banquier… Pour vivre heureux, vivons cachés ! Ce vieux principe a fait florès chez certains graffeurs. Regroupés dans le collectif Underbelly Project, ils sont descendus dans des stations désaffectées du métro new-yorkais pour créer. Parfois inaccessibles, ces lieux sont parfaits pour conserver les œuvres à l’abri du regard… et de la spéculation. À Paris, d’autres street-artists tels Workhorse ont fait de même. L’ennui, c’est qu’Underbelly Project est annoncé à la foire d’art contemporain Art Basel de Miami. L’art pour l’art, ça va bien cinq minutes…

© DR

© Mc Bess

Villa Médicis bis

La French Touche

Promise à la démolition, une tour sise à Clichy-Sous-Bois vient d’être rachetée par l’Etat. Le Ministère de la Culture souhaite transformer ce bâtiment en Villa Medicis du 93. Pourquoi pas ? Si quelques réacs s’indignent - les sauvageons ne s’intéressent pas à la Culture, ma bonne dame ! - on peut faire confiance à l’initiateur du projet, Jérôme Bouvier, concepteur du recueil de photos « Clichy Sans Clichés » (2005). Reste à espérer que l’Etat ne s’arrêtera pas là. Ces cités ne cracheraient pas sur bien d’autres services publics.

Après avoir invité le légendaire Mode2, la boutique/galerie parisienne Sergeant Paper fait encore des siennes. À l’occasion de son premier anniversaire, elle convie la crème de la sérigraphie française pour une nouvelle expo. En vue, l’édition d’une vingtaine d’œuvres en tirage limité, signées Alëxone, Jean Jullien, Miss Van, Niark1, Poch, Tin-tin... Mais aussi des collaborations inédites avec des éditeurs de talent (Hey !, Arts Factory...) et des marques inspirées (QhuitTM, Bagapart). Rendez-vous du 6.12 au 17.01 au 38 rue Quincampoix (dans le 4e).

Télex

❥ www.sergeantpaper.com

Pour conclure 2011, le Channel organise un grand rendez-vous familial : Faim d’année. Goûters, animations, bal de la St-Sylvestre… Programme complet à découvrir dans le numéro de décembre de Sillage, le mensuel du Channel. 30&31.12, Calais, Le Channel, +33 (0)3 21 46 77 00




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Sorj Chalandon Change d’Eire propos recueillis par ¬ François Annycke photo ¬ Roberto Frankenberg

Le plus irlandais des journalistes français ? Sorj Chalandon fut marqué par cette île, sa culture, ses habitants, son combat. Cette plume historique de Libération (entre 1974 et 2007) fut le porte-voix des revendications irlandaises, au travers d’articles légendaires et enflammés, décrivant les conditions de vie et le combat des indépendantistes. En 2006, Chalandon fut meurtri d’apprendre que l’un de ses meilleurs amis, Denis Donaldson, un héros de l’IRA, était depuis 30 ans un agent de la Couronne. Une douleur exorcisée dans Mon traître (2008). Trois ans plus tard, la souffrance est toujours présente. Et le désormais journaliste au Canard Enchaîné se met à la place du traître, dans Retour à Killybegs, primé par l’Académie Française. Qu’apprend-on lorsque l’on écrit du point de vue d’un traître ? Toute la complexité était là. Dans Mon traître, ma douleur me servait de matériau puisque j’étais le trahi. Avec Retour à Killybegs, je me suis glissé dans la peau du traître. J’ai donc créé un personnage. Tout cela m’a obligé à rechercher une forme de traître qui dort en chacun de nous.

Pensez-vous vraiment que « Le salaud, c’est parfois un gars formidable qui renonce », un type qui fait le mauvais choix ? J’ai beaucoup lu sur le sujet, entendu d’autres traîtres encore en vie car ils avaient avoué à temps. Je m’intéresse beaucoup à ces zones grises, ces moments où l’on décide ou pas de longer les murs, où l’on bascule d’un côté ou de l’autre. Je craignais que les lecteurs >


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se disent : « Moi, à sa place, j’aurais fait ceci ou cela ». Heureusement, la réaction fut plutôt : « je ne sais vraiment pas ce que je ferais ». J’ai rencontré des ados de 17-18 ans, membres des jurys du Goncourt des lycéens. Ils baissaient aussi les yeux quand je leur demandais leur avis. C’est vraiment une victoire qu’ils ne jugent pas le personnage.

présent dans notre communauté était un ennemi. En fait, il n’a pas été tué le 4 avril 2006. Il est mort le premier jour de sa trahison. Avant même que le meurtre ne soit revendiqué par les Républicains, lorsque je demandais qui avait tué Denis Donaldson, on me répondait : « Lui-même ». Cet homme était déjà mort.

Comment votre entourage et vos amis ont-ils réagi ? Ici et là-bas, en Irlande ? Ce livre a jeté le trouble parce que des amis, des militants, y compris irlandais, dont certains ont pris des risques physiquement, m’ont dit : « Tu nous fais aimer un traître ». Ce n’est pas si simple. Je n’ai pas imaginé un traître drapé dans une cape noire. J’ai raconté le personnage que je connaissais riant, chantant, chaleureux, buvant dans les pubs. Et comprendre aussi la stupeur de tous, en découvrant que l’homme si

Ce livre vient-il clore votre histoire avec l’Irlande ? L’Irlande est redevenue ma sphère privée. J’y ai mes amis, mes habitudes en tant qu’individu. En tant que journaliste, je suis de loin ce qu’il s’y passe, je n’y ai pas fait de reportage depuis longtemps. Avec la trahison de mon ami, c’était devenu un lieu de douleur, d’obsession. Il était important que j’écrive dessus, comme il était important que j’adopte les deux positions, celle du trahi et celle du traître. Ce livre vient plutôt clore


Tomboy’ Loudon, Gerry Roche, Denis Donaldson et Bobby Sands à Belfast. © DR

l’épisode de la trahison. Le tombeau de mon ami est maintenant refermé. Ce roman très sensible a été récompensé par le prix de l’Académie française. Quelle fut votre première réaction ? J’ai pensé : « Les grévistes de la faim sont devenus immortels ! ». Excusez-moi, je suis ému mais ce livre scelle la tombe de cette guerre d’Irlande. Et qu’un texte sur la rébellion, la résistance, voire le terrorisme comme l’appelait le gouvernement à l’époque, que ce texte âpre et dur soit récompensé par l’Académie française, je me suis dit qu’un peu de poussière d’immortalité s’était posée sur leur tombeau ! Je ne m’attendais pas à une chose aussi belle. J’ai raté le Goncourt des lycéens à une voix. Me dire que ce livre a été porté par des aca❥

démiciens et des jeunes me donne des frissons. Ce côté universel, je trouve ça magique. Cela vous porte-t-il ou cela vous freinet-il dans votre écriture ? Ce livre m’a pris deux ans de ma vie. Depuis que je l’ai rendu, je suis comme vidé, exsangue. Je l’ai écrit avec tout ce qu’il me restait de force. Je n’ai plus de mots, ils ont tous été employés. C’est un peu le même sentiment qu’à la lecture des lettres des condamnés à mort. Comment a-t-on pu écrire après eux ? Quand ils écrivent « Au revoir ma petite maman », il faudrait que ces mots soient les derniers. J’ai du mal à remettre en route quelque chose. Je ne suis pas encore revenu de Killybegs, en fait. Mais il le faut. /

À lire / Retour à Kyllibegs, Éd. Grasset, 336p., 20 e et Mon traître, Éd. Le Livre de Poche, 224p. 6 e


Manifestation d'IndignĂŠs Ă Paris.


Photos : William Daniels - Panos Picture ¬ Texte : Elisa Mignot (Polka Magazine)

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Indignés sans frontière 15


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Né en Espagne au printemps dernier, le Mouvement des Indignés a essaimé jusqu'aux USA. Mais la consécration de la droite dans la Péninsule ibérique et l'éviction manu militari du mouvement Occupy Wall Street peturbent ce rassemblement hors-norme. Chronique d'un échec annoncé, les Indignés ? Pas sûr, comme en témoignent ces militants rencontrés sur la route cet automne, conscients du long chemin à parcourir.

P

artis à pied de Madrid deux mois plus tôt pour gagner Bruxelles, les marcheurs indignés sont arrivés à la mi-septembre aux portes de Paris. Ils ont parcouru trente kilomètres aujourd’hui et ce soir, comme chaque soir, ils sont une cinquantaine, un tiers de Français et deux autres d’Espagnols, à camper et convier les habitants à échanger. Sous les lampadaires, le « modérateur », garant d’un protocole d’assemblée élaboré en Espagne en mai dernier au début du mouvement, demande à la vingtaine de personnes assises en cercle ses motifs d’indignation. « Je suis Clara, je suis indignée parce que j’ai l’impression d’être esclave de ma vie plutôt que de la vivre. À 25 ans, je ne peux pas envisager l’avenir ». « Je m’appelle Lise, j’ai 28 ans et je suis indignée car j’ai un travail et pourtant,

financièrement, je ne m’en sors pas ». Au fil des interventions, chacun raconte avec ses mots une société, un métier, des services publics, des banques, des lois dans lesquels il ne se reconnaît pas et qui engendrent mal-être et frustrations. Avec ces assemblées quotidiennes, les Indignés veulent redonner à tous une parole qu’ils estiment niée par les pouvoirs économiques et politiques, mais aussi constituer des cahiers de doléances qu’ils portent à Bruxelles, au Parlement européen. Une étincelle. Les Indignés ne sont pas un parti politique. Cet été, un peu partout dans le monde, ils ont pris possession de places de marché et de mairie pour protester contre des conditions de vie de plus en plus difficiles, pour éveiller un sens critique, une conscience politique, dans >


 Durant la manifestation, une banque est symboliquement transformée en centre social.  La marche vers Paris.


 Des indignés tournent les CRS en ridicule devant la banque de France.

 Les Indignés originaires d'Espagne et du sud de la France rejoignent d'autres marcheurs à Paris.


 Une assemblée populaire Place de la Bastille à Paris.

« Une forme de lutte qui refuse le jeu politique » l’espoir d’être plus nombreux à forcer ces pouvoirs à les écouter. Plus qu’ils ne revendiquent, ils appellent. Leurs slogans simples, parfois simplistes, n’ont pas vocation à dessiner un programme politique mais à réunir, au-delà des appartenances. Brandir des expressions telles que « dictature de l’argent », « capitalisme = corruption », « démocratie réelle maintenant » en laisse plus d’un sceptique : ces termes galvaudés et cette forme de lutte qui refuse le jeu politique peuvent dérouter. Mais les Indignés

confirment que leurs demandes sont plus que jamais d’actualité depuis la crise économique. Olivier, trentenaire franco-espagnol et directeur artistique dans l’audiovisuel, est un Indigné de la première heure. Il est ici membre de la « commission internationale de Barcelone », créée au début du mouvement pour entrer en relation avec les Indignés d’autres pays. À une heure du matin, Olivier a un rendez-vous Skype avec le « media center », une petite équipe basée en ce moment à Paris dans >


 Le media center parisien.  Des manifestants face aux CRS, place de la Bastille à Paris.


« Ils misent sur une évolution de la société d’ici cinq à dix ans »

un laboratoire de hackers. À cette tablée d’ordinateurs, connectés à toute heure du jour et de la nuit, ils fument des clopes et coordonnent les différentes marches vers Bruxelles depuis toute l’Europe. Lutte prolongée. En France, même si quelques centaines de personnes se sont agrégées au mouvement, la venue des Indignés espagnols n’a pas entraîné de soulèvement. Dans les médias de l’Hexagone comme dans les discours des politiques, pourtant en campagne présidentielle, leur voix n’a pas porté. L’indignation des Français se serait-elle cantonnée à l’achat d’Indignez-vous, de Stéphane Hessel ? Peu d’Indignés espagnols l’ont lu. D’ailleurs, précisent-ils souvent, ils se sont appropriés le nom d’Indignés uniquement parce que la presse les avait baptisés ainsi. À Bruxelles, les Indignés apportent des cahiers de doléances noircis dans tous les pays d’Europe mais, surtout, ils viennent défier un pouvoir

politique lointain. Plus que la constitution d’une génération européenne voire mondiale, ils marquent la naissance d’une nouvelle génération de mouvements sociaux. « Indignés » devient une étiquette que chaque société peut reprendre au service de sa problématique socio-économique. Devant Wall Street à New York ou sur la place Syntagma à Athènes. « Bruxelles n’est pas un aboutissement mais un commencement, ajoute l’un d’eux. L’intention est de créer une conscience collective pour les années à venir ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les Indignés sont plutôt réalistes. Leur mouvement ne va pas changer la donne politique ou économique d’ici à demain, pour la plupart, ils le savent. Ils misent plutôt sur une évolution de la société d’ici cinq à dix ans. Sur leur banderole de tête de marche, peinte à Madrid et acheminée, à pied, jusqu’à Bruxelles, on lit : « Vamos despacio porque vamos lejos », « Nous allons lentement parce que nous allons loin ». /

❥ À lire / Polka #15 (nov.-déc. 2011), 162 p., 5 e, www.polkamagazine.com À voir / William Daniels, www.williamdaniels.net

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Zeloot

La Haye Parano Illustration, design graphique // Hollande // www.zeloot.nl texte ¬ Carole Lafontan

Ah, La Haye… Le siège de la Cour internationale de justice, la Cour pénale internationale, les bureaux d’Europol… Oui, ça fait rêver. Et c’est dans cette riante bourgade que Zeloot a étudié la peinture… avant de tout lâcher pour aller travailler dans une ferme ! Revenue à La Haye après en avoir taillé quelques-unes, la jeune femme (Eline Van Dam pour l’état-civil) découvre sur le tard la bande dessinée. Enfant, Zeelot était privée de comics. Ceci est donc plus qu’une révélation : une épiphanie. Crumb, Mœbius, Chris Ware, Daniel Clowes… Autant de grands noms qui poussent l’artiste à reprendre illico les pinceaux. Couleurs acidulées, lettrages biscornus et créatures fantastiques, l’imagination débridée de la jeune Hollandaise s’imprime en sérigraphie sur des tracts, affiches, tee-shirts... Située quelque part entre l’épouvante dérangeante de Shining et le meilleur du design psychédélique des années 60, cette production sauvage et undergound conquiert d’abord un public d’initiés. Mais peu à peu, celle qui « préfère la rue aux galeries » signe des posters pour des groupes de taille (Sonic Youth, The Decemberists) et aligne quelques références balèzes (le label Sub Pop, mais aussi MTV ou Heineken). Ses illustrations, qui marient avec talent humour grinçant et sensualité mélancoliques, nous ont rendus zélés de Zeloot. /








texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ L. Perstowsky

Troisième peau Changeant radicalement de style à chaque disque, The Horrors n’a pas su convaincre avec le rock atmosphérique de Skying. Passé plutôt inaperçu à sa sortie l’été dernier, ce troisième LP marque pourtant un nouveau renouveau dans la musique des cinq Anglais. Avec Strange House (2007), The Horrors n’était qu’une nouvelle bande de petits mecs sapés comme The Cramps et coiffés comme Robert Smith. Difficile alors de les distinguer du reste de la scène indie-rock britannique. Mais en 2009 parait dans un tonnerre d’applaudissements Primary Colours, produit par Monsieur Geoff Barrow (Portishead). À la fois proche du krautrock, du post-punk et du shoegazing, ce deuxième album met à peu près tout le monde d’accord sur deux points : sous les mèches de cheveux et le fard à paupières, The Horrors possède une vraie vision, et il sera difficile de faire mieux au prochain disque.

New Age. Si Skying est effectivement moins immédiat que son prédécesseur, ce troisième album totalement autoproduit s’inscrit tout de même dans une continuité : après le psychobilly et la Kosmische Musik façon seventies, The Horrors cultive un son new wave tendance eighties. Comme s’il respectait une certaine chronologie… On peut donc espérer un concert aussi disparate que la discographie. Et s’amuser à les observer adapter au live une oeuvre aussi chiadée que Skying. Notez également qu’à l’Ancienne Belgique, le groupe est précédé de Cerebral Ballzy, de jeunes punks de Brooklyn férus de The Dead Boys et donc totalement barjos. /

the horrors 8.12, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique, 23/20€, +32 (0)2 548 24 00 // 10.12, 20h, Tourcoing, le Grand Mix, 17/14€, +33 (0)3 20 70 10 00


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texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ Erol Alkan © DR

Magazine illustré Jusqu’ici, on avait peine à situer le Magazine Club : boîte branchouille ou haut lieu des musiques électroniques ? Aujourd’hui tout devient clair. En conviant Andy Fletcher et The Glimmers pour son premier anniversaire, puis Erol Alkan pour le nouvel an, le Club prouve que l’un n’empêche pas l’autre. Et puis… Vu le mauvais vent qui souffle sur le clubbing à Lille (le Kiosk et l'Etik Club apparemment en stand-by et le premier qui mentionne la Fabrik s’en prend une), le Magazine est le seul endroit qui sauve l'honneur en cette fin d’année. Parmi la dizaine de soirées organisées sur les quatre week-ends, notons à l’encre noire le passage d’Andy Fletcher. Un set d'un membre de Depeche Mode (même si personne n'a jamais trop su ce qu'il y faisait concrètement) ne se refuse pas, et un peu de nostalgie new wave ne fait jamais de mal à personne. Au rayon electro-pop hallucinée, citons l'Anglais Erol Alkan, capable d’épuiser le plus endurant des clubbers en quelques heures. Pour une fois, les Lillois n'auront pas besoin d'aller à Bruxelles ou à Gand, et on se demande presque ce que le Londonien vient faire dans le coin. Mais on préfère se dire que cette année, c’est dans la capitale des Flandres qu’il faudra passer la St-Sylvestre. Et les premiers jours de janvier aussi, car on attend Kavinsky, Danton Eeprom et Breakbot ! Alors un conseil : couvrez-vous, il fait froid l’hiver dans la file d’attente du Magazine. / ❥

23h, Lille, Magazine Club, 5€, +33 (0)3 20 90 88 62 Prog : Andy Fletcher DJ Set (2.12) // The Glimmers, Peo Watson (3.12) // Matt Walsh, Remain, Monoblok & Pussyselektor… (9.12) // Soirée Radio Galaxie (10.12) // Surkin , L-Vis 1990… (17.12) // So Tasty… (23.12) // Erol Alkan, La Mèche… (31.12)



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texte ¬ Maxime Delcourt - photo ¬ © Dimitri Coste

texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ © Das Racist

Joeystarr

Das Racist

On n’attend pas d’un animal qu’il se calme ! Après Polisse, film sombre et éruptif, Joeystarr revient palper l’infini sur son terrain de jeu : la musique. Egomaniac, son deuxième album solo, prouve que l’ex-NTM sait comment marier les opposés. Il fustige ceux qui confondent le hip-hop avec l’haltérophilie, en embrassant avec humour et méchanceté une large palette d’émotions. Plus autobiographiques qu’ils n’y paraissent, ses textes, au-delà des nombreuses allusions politiques, jouent de l’esprit et des épaules. Intime et instinctif, le « Jaguar Gorgone » y fume le rap français jusqu’au mégot. C’est certain, là où passe Joeystarr, l’herbe ne repousse pas. Pas de doute, ses concerts demeurent une expérience hautement physique. « Le hip-hop il est où, où là ? Pas ailleurs ! ». /

Non, rien à voir avec un quelconque combo bas du front venu d’Allemagne de l’Est. Das Racist relève plus du trio hip-hop œcuménique façon De La Soul. Surtout, ces proches de Diplo partagent avec Beastie Boys un sens du fun potache érigé en art - au point d’assurer un show en total playback, diffusant un album des Beastie en fond sonore. A l’instar du collectif Odd Future, Das Racist a un pied dans le rap et l’autre dans la pop moderne (collaborant avec des membres de Chairlift et Yeasayer). Mais tout tient à des morceaux sacrément accrocheurs, portés par un flow à la coule. Entre argot mâchouillé et références typiquement US, on ne va pas vous faire croire qu’on a tout saisi. En revanche, pas de doute : enfumés et arrosés, leurs shows sont l’occasion de quelques comas éthyliques et autres asphyxies hilarantes. /

03.12, 20h, Lille, Aéronef, 22/18€, + 33 (0)3 20 13 50 00

04.12, 20h, Courtrai, De Kreun, 7 à 13€ +32 (0)5 637 06 44 // 07.12, 19h30, Anvers, Trix Bar, 11,50€, +32 (0)3 670 09 00



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texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ © DR

L’Âge déraison Aux abris, les darons : les faux crétins de Black Lips sont de retour. Réputé pour sa sauvagerie, le quatuor d’Atlanta entretient une certaine idée du rock, selon laquelle chaque concert est une petite révolution. Les jeunes hommes ont grandi, mais se sont-ils pour autant assagis ? En allant toquer à la porte de Mark Ronson, producteur du Back To Black (2006) d’Amy Winehouse, pour lui proposer les commandes de leur sixième album, les Black Lips avaient semé le trouble. Cherchaient-ils à se placer dans les charts ? Convoitaient-ils un Grammy ? Quitte à abandonner leurs idéaux punk pour rejoindre la cohorte des groupes pop à écouter pendant la communion de la petite soeur ? Bon sang ne saurait mentir. Ronson a travaillé le son des Américains sans le dénaturer. Leur garage rock a été réarrangé - sans être rangé - dans Arabia Mountain (2011). Et si le coup de balai passé dans le studio des Black Lips a chagriné les adeptes du croisement mélodies pop et bordel punk, les dernières rumeurs ont de quoi nous rassurer. Les Black Lips sont toujours prêts à (dans le désordre) : cracher sur le public, montrer leurs fesses, convier trop de spectateurs sur scène, vider des extincteurs sur ce même public, et plus si la bière est bonne. Ni Mark Ronson ni l’âge n’ont donc eu raison de ces voyous. A Tourcoing comme à Bruxelles, l’envie de mettre à sac la scène reste intacte. On dit même qu’ils préparent un concert en Antarctique. Comme si la fonte des glaces avait besoin de ça. / ❥

BLACK LIPS 9.12, 20h, Tourcoing, Le Grand Mix, 13/10€, + 33 (0)3 20 70 10 00 www.legrandmix.com // 17.12, 19h30, Bruxelles, VK, + 32 (0)2 414 29 07, www.vkconcerts.be



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texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ © Yann Orhan

texte ¬ Capucine Saez - photo ¬ © Rico Forhan

Hubert-Félix Thiéfaine

Mansfield Tya

Ce papier s’adresse à tous ceux que ce nom terrifie : Hubert-Félix Thiéfaine ! De sa longue carrière, on ne sauvait pas grand’chose : la belle ballade Je T’en Remets Au Vent, sûrement. Et c’est tout. Mêlant punk rock, folk baba et élucubrations apocalyptiques, ces chansons hybrides aux intitulés souvent cryptiques et chiffrés faisaient fuir. Quand soudain, parut Suppléments De Mensonges. Entouré de musiciens hors-pair, dont JP Nataf, le Franc-Comtois est méconnaissable. Grâce aux ex-Valentins, déjà à l’œuvre chez Daho ou Bashung, on pense plus d’une fois au grand Alain - même si on se fiche de chercher un héritier. Simple, acoustique et lumineux, Thiéfaine bouleverse. Réellement. Pas de quoi se replonger dans les vieux albums (on a essayé, hein), mais l’occasion de découvrir ce musicien sous un nouveau jour. Ça ne fait parfois pas de mal de changer d’avis. /

Pour prolonger les effets de NYX, leur troisième album sorti en octobre dernier, les Nantaises déclinent leur formule en tournée. Elles règnent sur un univers onirique où poésie rime avec dérision. Troubadours des temps modernes, Julia Lanoë et Carla Pallone évoluent gracieusement dans ce monde avec une complicité rare. Mené à la pointe de l’archet, un duel en prose sublime la voix écorchée de Julia. Touchantes et mélancoliques, les jeunes femmes troquent également violon et synthé contre guitare et batterie, déployant une énergie primitive folle et contagieuse. La noirceur de leurs textes et l’humour « vulgaire mais beau » de Julia (plus sage que dans Sexy Sushi) invitent au rire et aux larmes puisque « tous les moyens sont bons, surtout les plus dérisoires » pour nous ensorceler. /

06.12, 20h, Lille, Zénith, 43/37€, +33 (0)3 20 14 15 16 // 31.03.12, 20h30 et 1.04.12, 18h, Béthune, Théâtre Municipal, 33/29€, +33 (0)321 64 37 37

08.12, 20h, Bruxelles, Botanique, 12/15€ + 32 (0)2 218 37 32



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texte ¬ Hakima Lounas photo ¬ © DR

Sur le fil Entre minimale entraînante et R’n’B élégant, Jamie Woon n’a pas choisi la facilité. Né d’un père Sino-Malaisien et d’une mère Ecossaise, élevé dans la banlieue londonienne, il était sans doute prédestiné aux métissages. Gros plan sur un artiste contorsionniste, allergique aux compromis. Ce rejeton de la BRIT School (fac musicale ayant vu défiler Amy Winehouse, Adele, The Kooks et tant d’autres) aurait pu mettre sa voix délicate au service d’une soul pop lucrative. Mais il a préféré produire dans la plus grande discrétion, un délicieux mélange de nu-soul, de minimale relevé d’un chant R’n’B. À l’heure où toute référence au R’n’B évoque instantanément une ribambelle de clichés racoleurs ce Londonien réconcilie ce genre galvaudé avec la scène indé. Après des débuts confidentiels (son premier EP, Wayfaring Stranger, remonte à 2007), Woon éclate enfin en pleine lumière, encensé par la BBC (en la personne de Gilles Peterson) et une presse déboussolée par un premier album bluffant. Au point de laisser libre cours à quelques malentendus : ainsi, une collaboration avec Burial lui colle l’étiquette post-dubstep (comme James Blake ou SBTRKT). Or, Woon s’avère pourtant plus proche de chercheurs tels The Weeknd. Ce qu’il prouve sur scène : une ambiance intimiste et un charisme vocal transcendent les quelques maladresses techniques de cet artiste aussi timide que prometteur. / ❥

Jamie Woon 21.12, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique, Complet !



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texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ © DR

La majorité révolue Tenter d’écrire quoique ce soit sur Femi Kuti sans évoquer son ascendance relève de la gageure. À presque 50 ans, Femi est toujours perçu comme le fils aîné de l’afrobeat. Depuis ce concert en 1985 à l’Hollywood Bowl où il remplaça au pied levé son père retenu au Nigeria, le rejeton a pourtant tracé avec fureur sa propre voie. Comme pour se délester du poids gigantesque de la figure tutélaire et s’inscrire dans le présent, Femi se mit à parcourir le monde en s’abritant à l’ombre d’icônes actuelles. En 1998, l’album Shoki Shoki marque le passage de relais, seulement un an après la mort du « Black President ». Entre Lagos, Paris et les Etats-Unis, il s’attache les services d’artistes aussi différents que Camille, Common, Sebastien Martel ou Mos Def. Toutefois bon sang ne saurait mentir : Femi est la nouvelle figure de l’afrobeat ! La question africaine irrigue chacune de ses compositions. Il défend un style moderne, repousse les influences mystiques ou psychotropes et renonce à la polygamie. Ses morceaux, teintés d’influences électroniques ou hip-hop, dépassent rarement les six minutes. Alors qu’il fallait jadis fouiller des bacs de jazz pour dénicher un disque d’afrobeat, on retrouve Femi au rayon pop. Cette année est sorti Africa For Africa, un retour aux sources enregistré à Lagos. Il est donc temps de commencer à écrire sur Femi sans pour autant citer le nom de... Fela. / ❥

Femi Kuti 13.12, Lille, L'Aéronef, 19h30, 30€, +33 (0)3 20 13 50 00, www.aeronef-spectacles.com




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texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ © DR

A dangerous method Après A History of violence (2005) et Les Promesses de l'ombre (2007), Cronenberg retrouve Viggo Mortensen pour un thriller psychanalytique et une nouvelle variation sur la figure du père. A dangerous method revient sur la naissance de la psychanalyse. À travers un duel théorique entre Freud et son disciple Carl Gustav Jung, contrariés par une intrigante patiente-maîtresse. Freud, gardien du dogme et père tout-puissant de la psychanalyse ? C’est le portrait qu’en dessine Cronenberg (comme avant lui le dramaturge Christopher Hampton, dont le film adapte une pièce). Un Freud stratège, aussi, puisqu’il se veut défenseur de la cause psychanalytique contre l’antisémitisme, la morale bourgeoise et le scientisme. Quitte à censurer les inventions conceptuelles de son « fils spirituel », Jung (M. Fassbender), jugées trop aventureuses. Rigoureux sur le plan historique, le film évite la lourdeur du didactisme, ou de la reconstitution. Cronenberg épure au maximum : la Vienne et le Zurich de 1900 reposent sur des costumes et des lieux baignés d’une superbe et continuelle lumière de printemps. SM. Les acteurs font preuve d’une sobriété remarquable (notamment Keira Knightley en Sabina Spielrein, dont les crises d’«hystérie » ne versent jamais dans la performance). Comme souvent chez Cronenberg, l’austérité de la mise en scène et l’apparente tranquillité des personnages annoncent des abîmes charnels et spirituels. Ici, c’est la relation sado-masochiste entre Jung et Spielrein, qui amènera celle-ci à formuler l’idée de « pulsion destructive et sadique », dont Freud déduira la « pulsion de mort ». Avec, hors-champ, un monde qui finit. Dans quelques mois, l’Europe va sombrer dans la guerre de 1914. / ❥

a dangerous method De David Cronenberg. Avec Michael Fassbender, Viggo Mortensen, Keira Knightley, Vincent Cassel,... Sortie le 21.12


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texte ¬ Marc Bertin photo ¬ © DR

Le cheval de Turin Annoncé par le maître hongrois comme son adieu au cinéma, Le cheval de Turin prolonge jusqu’à la déraison les obsessions de Béla Tarr. Ours d’argent au dernier festival de Berlin, cette possible épitaphe d’un des plus grands metteurs en scène sauve l’année du désastre. Éblouissement avant l’éclipse. Le 3 janvier 1889, sur la piazza Alberto de Turin, Friedrich Nietzsche se jeta, en pleurant, au cou d’un cheval de fiacre brutalisé par son cocher. Puis, il perdit connaissance. Après cet événement, il n’écrivit plus jamais et sombra dans la folie. Prologue de l’œuvre au noir à suivre dans laquelle le philosophe allemand sera écarté au profit de l’histoire du cheval, de son maître et de la fille de celui-ci, vivant tous trois dans une ferme reculée. Dès lors, qu’advienne l’Apocalypse dans une succession de plans-séquences réinventant la grammaire du cinéma. Cette étrange trinité attend résignée la fin du monde dans un paysage crépusculaire, balayé par le vent, abandonné de toute civilisation. Cinéaste profondément mystique, auteur d’une filmographie à nulle autre pareille, dominée par nombre de monuments (Le tango du diable, Les harmonies Werckmeister), Béla Tarr sera certainement le dernier des purs, capable de saisir toutes les nuances de l’univers sur un visage à la façon de Murnau ou de Dreyer. Tout à la fois moderne et expérimental, baroque et organique, vertigineux dans son geste romantique, visuellement époustouflant, ce conte en six jours, hypnotique et désespéré, résume la tragédie de la condition humaine. / ❥

LE CHEVAL DE TURIN De Béla Tarr. Avec Erika Bok, Mihály Kormos, Janos Derzsi… Sortie le 30.11



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texte ¬ Alex Masson - photo ¬ © Blaq Out

texte ¬ R.Nieuwjaer - photo ¬ Yellow submarine © Dunning

Soudain le 22 mai

Broadway Jukebox

Confirmation : le cinéma belge flamand est le plus excitant du moment. Après Oxygène, en attendant le génial Bullhead (sortie prévue début 2012), Soudain le 22 mai est un nouvel exemple d’une production qui n’a pas peur de s’attaquer aux sujets les plus épineux. Dans le film de Koen Mortier, un vigile qui n’a pas pu empêcher un attentat dans une galerie commerciale a la possibilité de revivre les événements aux côtés du kamikaze. Soudain le 22 mai parle donc de terrorrisme mais se focalise sur l’élément humain, plus dévastateur que la bombe qui a explosé. La réalisation élégiaque rend encore plus troublant ce regard biaisé. Pas éloigné de sa vision esthétique, romantique et polémique, Mortier s’impose avec Soudain le 22 Mai, comme rien moins qu’un égal belge (voire en un peu plus punk) de Lars Von Trier. /

Dans l’industrie culturelle, rien ne se perd, tout se transforme. Dès ses balbutiements électrisés, le rock aura fourni de la matière aux comédies musicales de Broadway, qu’Hollywood s’empressera à son tour d’adapter. Passé ce raisonnement de producteur, on se réjouit de redécouvrir Elvis en rebelle au cœur tendre (Le Rock Du Bagne, 1957). Ou les Beatles, dans leur saisissante (et très colorée) évolution (de Help !, 1965, à Yellow Submarine, 1968). Dans les années 70, des films comme Tommy (1975) et Quadrophenia (1979), des Who, contribuent même à amener dans les salles les dispositifs de spatialisation du son devenus depuis banals (en gros, le Dolby). Un regret, l’absence du plus beau des films rock : Sailor Et Lula, de David Lynch. /

De Koen Mortier. Avec Sam Louwyck, Jan Hammenacker... Sortie le 7.12

À voir aussi Rock Around The Clock, King Creole, Evita, Yellow Submarine, The Blues Brothers, Tenacious D In The Pick Of Destiny… Jusqu’au 31.12. Bruxelles, Cinemateek, +32 (0)2 551 19 19


D

A N IO

N GA

IT S O XP

Persona © 1966 AB Svensk Filmindustri / photo: Bo A. Vibenius

E

Ingmar Bergman vérité & mensonge

14-10-2011 > 15-01-2012 Provinciaal Cultuurcentrum

B-Excursion: Train + Tram + Entrée En vente dans les gares SNCB

Caermersklooster

www.caermersklooster.be / www.filmfestival.be


Brick by Brick, Iggy Pop, LP-CD cover, 1990

Br没le les planches


exposition |

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Monica Lewinsky, illustration for Entertainment Weekly, number 477, 1999

texte ¬ Thibaut Allemand

A l’occasion de… de rien du tout, en fait, Charles Burns est à l’honneur d’une rétrospective au M Museum de Louvain la Neuve. Histoire de revenir sur le parcours, à la fois cohérent et pluriel, d’un des plus grands auteurs de bande dessinée américaine. Evidemment, impossible de résumer les trente ans de carrière de Charles Burns en quelques mots, façon Pyramide. Essayons tout de même : noir et blanc. Mal-être. Adolescence. Mutations physiques. Contrastes. Culture pop américaine. Et Hergé, aussi. >


Dog Boy, drawing for silkscreen print, 2001

"

Je suis l’un des seuls dessinateurs américains à avoir grandi avec Tintin. Il y en a peut-être d’autres, mais je ne les ai jamais rencontrés ”, a coutume de préciser le maître. Cette rétrospective tombe sous le sens, puisque sise en Belgique, patrie d’Hergé. Surtout, elle est absolument gigantesque : plus de 300 œuvres exposées, dont une majorité de planches originales (depuis ses premiers essais jusqu’au récent Toxic), des couvertures de magazines, des publicités… Last but not least, il s’agit de la première exposition dans laquelle Burns s’implique totalement, réalisant une immense fresque (de près de 20 mètres sur 3), ainsi qu’un tableau résumant toutes ses influences littéraires. Et elles sont nombreuses. Longtemps durant, ce camarade de fac de Matt Groening a tracé son propre sillon, tout en clair-obscur. En contrastes. Fasciné par Tintin et Burroughs, un pied dans l’underground (flyers pour le label Sub Pop, la revue RAW),

Cover from Johnny 23, Le Dernier Cri, 2010

l’autre dans la pub (Coca-Cola, Levi’s). Dix ans pour finir une bande dessinée (Black Hole), mais un job régulier au mensuel The Believer (dont il illustre toutes les couvertures).

Contraste des totems Marqué par la Ligne Claire européenne, Burns revendique également l’influence de dessinateurs profondément américains - les élucubrations de Robert Crumb, la gravité d’Art Spiegelman (Maus), ou d’auteurs plus potaches tel Harvey Kurtzman, des revues Mad et Playboy. Enfin, contraste dans son œuvre, qui porte le noir & blanc vers des sommets inconnus, grâce à des hachures et des aplats de noir profond n’ayant d’égal que l’aridité du blanc. Avec ces armes en poche, Burns imagine les aventures d’un catcheur justicier (El Borbah), dessine quelques pochettes de disques (pour Iggy Pop, entre autres), ou le désarroi d’adolescents touchés par un mal étrange (Black Hole). >


Cover from Black Hole, number 12, Fantagraphics Books, 2004


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Lorsque je m'installe a mon bureau, j'ai avec moi des carnets remplis de notes et d'esquisses "

Et toujours, un sens de l’allégorie dark : « Beaucoup ont vu en Black Hole une réflexion sur le SIDA ou une critique politique des USA. Pourtant, je ne parlais que d’une période de ma vie, l’adolescence » corrige le dessinateur.

Photographies

Backcover for Raw Magazine, volume 2, number 1, 1989 Page from Pixie Meat with Gary Panter and Tom De Haven, Water Row Press, limited edition, 1990

Ce genre de confusion est le fruit de lectures en filigrane de cases aux mille détails : une ombre ici, un magazine ou une bouteille dans le fond… Charles Burns ne travaille pas à la légère, comme on peut en juger au vu des nombreux croquis exposés : « Lorsque je m’installe à mon bureau, j’ai avec moi des carnets remplis de notes et d’esquisses. Ce travail préparatoire me permet de suivre le fil de mon histoire ». Une histoire loin d’être finie : Toxic, étrange hommage à Hergé et en couleurs (!), va enfin bénéficier d’un deuxième tome, dont quelques planches sont présentées ici, en exclusivité. Enfin, chose étrange pour un dessinateur, c’est la centaine de photographies prises par Burns et alignées ici qui constituent, selon lui, « un véritable autoportrait ». De quoi raccrocher les pinceaux ? /

Charles Burns 08.12 > 11.03.12, Louvain La Neuve, M Museum, mar>vend, 9h>18h, sam & dim, 11h>18h, (sf 24 & 25.12, 01 & 02.01), 3 à 9€, +32 (0)16 27 29 29, www.beeldbeeld.be


Ilke Christiaens

(L'interview)

Membre du collectif Beelde Beelde, déjà responsable d’expos consacrées à Chris Ware et Daniel Clowes ou Dupuy & Berbérian, Ilke Christiaens a imaginé cette rétrospective avec la complicité de Charles Burns. Qu’est-ce qui différencie Charles Burns des autres auteurs de comics de sa génération ? C’est l’un des pionniers de la bande dessinée actuelle, et sa collaboration avec un autre géant du genre, Art Spiegelman, est une preuve supplémentaire de sa stature. Son œuvre est le reflet d’un travail acharné et méticuleux tant dans le dessin que dans l’élaboration des scenarii. Ces histoires dérangent parfois, mais elles ne sont pas créées dans le but de choquer - elles se suffisent à elles-mêmes. Charles est un artiste qui n’a pas de limites : son travail touche autant aux romans graphiques qu’aux pochettes d’albums. Et malgré tout, il conserve un style très particulier, reconnaissable entre mille. Cette expo est-elle une manière de légitimer la bande dessinée ? Durant plus d’un siècle, la BD a été sous-estimée, vue comme un divertissement pour enfants ou, au mieux, un hobby pour les adultes, sous forme de collectors introuvables. Certains auteurs se cont contentés de cette petite case, qui leur offrait finalement une grande liberté artistique. Mais ceux qui nous intéressent, comme Charles Burns, ont saisi tout le potentiel offert par la BD, et voient même plus loin. Nous voulons toucher un public bien plus large que les seuls connaisseurs, et lui montrer les trésors artistiques que contient ce support. Ce que nous souhaitons avant tout, c’est abattre les barrières entre la BD et les « beaux-arts ». /

le saviez-vous

?

Montgomery Burns Oui, c’est bien en pensant à son vieux copain de fac que Matt Groening, le papa des Simpsons, a baptisé l’impitoyable patron de la centrale nucléaire de Springfield.

Coca & Cie OK Soda est une boisson lancée par Coca-Cola en 1993. En faisant appel à des graphistes alternatifs en vogue, dont Burns, la marque espérait draguer la (supposée) Génération X. Un échec aussi cuisant que légendaire !

Fever Ray Non, contrairement à ce que beaucoup ont cru, ce n’est pas Burns qui a dessiné la pochette de l’album de Fever Ray, mais l’un de ces disciples (plagiaires ?), le Suédois Martin Ander.


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1 - Kieffer Julien 2 - Gueuning Éric

3 - Anouchka 4 - Two Designers


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texte ¬ Thibaut Allemand photos ¬ © DR

Puces Savantes Désœuvrés en goguette, acheteurs connaisseurs, familles en balade… C’est un peu tout le monde, le public de la Braderie de l’Art. 150 sculpteurs, graffeurs, designers et autres bricoleurs enfermés durant 24 heures pour réaliser des objets avec les moyens du bord et des matériaux récupérés. Et les revendre de 1 à 300 €. À débattre, évidemment. « Que voulez-vous faire ? » est la question posée par Sabine Duthoit et ses complices aux créateurs tentés par ce sacré défi. « On n’est jamais à l’abri d’une déception, concède Sabine. C’est pourquoi on travaille avec les artistes en amont ». D’autant que ces loulous sont plus habitués à la solitude de l’atelier qu’au brouhaha et aux regards du public. Art.M tient avant tout à « casser l’image de l’œuvre d’art confinée dans les galeries, la rendre accessible et créer un workshop géant ». Le tout en « évitant l’écueil du marché de Noël ou de la foire-expo conceptuelle. On veut maintenir le côté populaire dans le bon sens du terme ». L’art est dans la rue. Refusant de s’en tenir à des week-ends éphémères, Art.M convie cette année cinq designers en résidence. Durant cinq jours, ces créateurs doivent imaginer « le banc du XXIe siècle ». Avec du matériau de récup’, bien sûr. Et le projet élu pourrait être produit à plus grande échelle. Reste à savoir si l’affaire, soutenue par la Ville de Tourcoing et la Communauté Urbaine de Lille Métropole, se pérennisera, la tendance étant plus au mobilier anti-SDF (accoudoir au milieu du banc, ce genre), qu’aux installations accueillantes… En attendant, on salue une telle initiative, inscrite dans la durée - et dans le macadam. / ❥

Braderie de l’Art 21e édition Les 10 & 11.12, Roubaix, Condition Publique, de 19h à 5h30, puis de 8h30 à 19h, entrée libre, www.labraderiedelartcom


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texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ © DR

Drapeaux rouges en noir et blanc La Commune de Paris ? Une expérience concrète de démocratie directe, réprimée dans le sang par Adolphe Thiers. À Charleroi, le Musée de la Photographie se penche sur le versant visuel de ces quelques semaines qui ont marqué l’histoire du mouvement ouvrier. Et celle de l’image, aussi. Souvent occultée, la Commune est (au mieux) vue comme une conséquence de la défaite de Sedan, en 1870. Une confusion savamment entretenue par le pouvoir de l’époque : juxtaposées ici, les images de la France ravagée par la guerre et celles de Paris, éventrée par les combats entre Communards et Versaillais (l’armée régulière, aux ordres de Thiers), se répondent de manière troublante. Prises sous tous les angles, ces ruines fascinent le public de l’époque (de l’édition de livres, présentés ici, aux visites organisées jadis !). Dans la seconde partie, la question principale est la façon dont les photographes ont capté l’insurrection sur plaques de verre. Ou plutôt l’ombre du conflit : extrêmement long, le temps de prise de vue empêchait l’immortalisation des combats. Alors, on devine la violence, mais on voit surtout des insurgés posant fièrement à côté de leurs barricades. Ou quelques reconstitutions, tels ces deux enfants « morts » aux poings fermés. A cette centaine de photos originales, en petit format et présentées sous une douce lumière, s’ajoutent quelques reliques, tels un laisser-passer ou des images stéréoscopiques. Les premiers pas du photo-reportage, mais aussi les premières manipulations sur pellicule, dans un accrochage qui confronte l’image au regard des faits. / ❥

Le temps des cerises Jusqu’au 15.01.12, Charleroi, Musée de la Photographie, mar>dim, 6/4/3€, +32 (0)714 358 10



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texte ¬ Clémence Casses - photo ¬ "You know Josephine Baker, I use your Energie", Palais J. Cœur/Bourges 2008

texte ¬ Florent Delval - photo ¬ Briques © Galerie Sfeir-Semler

Véronique Hubert

Yto Barrada, Riffs

« Je suis petite mais pleine d’espoir », chantonne la fée Utopia, ambassadrice de Spotniavie. Incarné par l’artiste Véronique Hubert, ce personnage haut en couleurs, aux voiles bleus et aux ailes de fée, déambule entre Rennes et Belfort. Armée de son cube blanc, protection ou carapace, elle se cogne aux murs comme on se frotte à la réalité. Cette chorégraphie-performance provoque la rencontre avec des passants ou des artistes pour des collaborations inattendues. S’appuyant sur la photo, la vidéo, le dessin, Véronique Hubert se situe à mi-chemin entre une critique acerbe du monde contemporain et une innocence enfantine. Le parcours se déroule entre trois espaces vidéo, où l’image, le texte et le son ont la même importance. Chaque salle présente un trait de caractère, une humeur, une obsession de son alter-égo. Pessimiste, têtue, bavarde : le ton est donné ! /

Il y a quelque chose de profondément nostalgique dans les photographies d’Yto Barrada. Elle dépeint un monde arabe, qui s’étend au delà du Maroc de son enfance, sans frontière claire mais toujours teinté de ce mélange de ruines et de naïveté. Parallèlement aux photographies dont on ne sait si elles déplorent la disparition du passé ou l’absence d’avenir, quelques installations servent de contrepoint formel, tel ce jeu de construction géant, ou ce palmier électrique qui n’est pas sans évoquer l’Américain Jack Pierson. Avec la vidéo Hand-Me-Downs, Yto Barrada s’aventure dans un registre plus ouvertement autobiographique, tout en conservant cette dualité, sans doute enfantine, entre douceur et cruauté. Loin des images attendues, elle participe à ce courant d’artistes arabes qui veulent donner une autre vision de leur culture. /

Jusqu’au 18.12.11, Roubaix, l’Espace Croisé, mar>dim 14h-18h, entrée libre, +33 (0)3 20 73 90 71

Jusqu’au 31.12, Bruxelles, Wiels, 7/5/3€, +32 (0)2 340 00 50



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texte ¬ Florent Delval - photo ¬ © Fondation Dubuffet,Paris Photo : Kurt Wyss, SABAM Bruxelles 2011

texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ © Mamadou Cisse

Dubuffet architecte

Paysage Mental

Le titre se veut un brin provocateur, car celui qui a inventé le terme « art brut » semble à mille lieux de la rigueur et de la géométrie architecturales. Pourtant, on associe à Dubuffet ces sculptures monumentales en résine, aux arrêtes soulignées de noir. A-t-il fait un pas de plus dans la démesure ou a-t-il poussé plus loin sa vision de l’art comme mode de vie ? Le musée d’Ixelles revient sur cette partie moins connue de son œuvre, au travers d’une exposition de maquettes d’époque (à la taille imposante), de documents retraçant les rêves de l’artiste (des projets d’hôtels particuliers en plein Paris), les polémiques restées célèbres (le procès l’opposant à son commanditaire frileux, la régie Renault) et des projets dont on s’étonne encore qu’ils aient été menés à bien comme la Closerie Falbala, une immense villa en banlieue parisienne. /

Parmi les nombreuses manifestations proposées par le MUba en cette fin d’année (Julien Boucq, Herve Kerlidou, Collector…), l’une d’entre elles retient particulièrement l’attention. L’exposition temporaire Paysage Mental explore en trois parties (Espace saturé, Fabuleux & Affabulés et Temps/ennuis/expériences) les origines mentales de l’art pictural. Dessins automatiques, esquisses, fantasmes… Plus de 200 œuvres sondent l’âme de dessinateurs contemporains. Corps-objets d’Elmar Trenkwalder, mégalopoles utopistes de Mamadou Cissé, gribouillis abstraits de Robert Delporte… Ces « dessins sans dessein » rappellent que derrière toute œuvre, il y a d’abord les « rêveries intérieures » d’un créateur. /

Jusqu’au 22.01.12, Bruxelles, Musée d’Ixelles, 7/5€, +32 (0)2 515 64 21

Jusqu’au 30.01, Tourcoing, MUba, tous les jours sauf mar, 13h>18h, 5/3€, +33 (0)3 20 28 91 60



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agenda Walter Van Beirendonck, 2011–12, Hand on Heart, Photo : Ronald Stoops

Louvre a Bethune, Les Trois Graces de Lucas Cranach dit l'Ancien, 1531 © Musée du Louvre, Martine Beck-Coppola

Walter Van Beiredonck

Art in Brazil (1950-2011)

L’ironie et l’autodérision sont les deux piliers du travail de Walter Van Beiredonck. Fluo et baroque, l’univers du couturier belge remet en question le concept même d’élégance. Cette distance ironique vis-à-vis de l’image de soi, et par là, de la société, fait rimer esthétique et politique. Dans cette exposition en forme de collage, la chronologie s’efface pour mettre en avant les idées, et les faire dialoguer avec des œuvres de Mike Kelley ou d’Orlan.

Art in Brazil décrit d’abord l’effervescence des années 1950 avec Helio Oiticica. Ce pionnier de l’art concret, influencé par Malévitch, place le spectateur dans des environnements tridimensionnels. Suivront des talents plus organiques, tels Lygia Clarke ou Tunga. L’accrochage revisite ces ruptures et ces transformations de manière très documentée et chronologique. Les œuvres d’une cinquantaine d’artistes retracent plus d’un demi-siècle d’une scène trop méconnue.

❥ Anvers, jusqu’au 19.02.12, MoMu, mar>dim 10h>18h, +32 (0)3 470 27 70

❥ Bruxelles, jusqu’au 15.01.12, Bozar, mar>dim, 10h>18h, +32 (0)2 507 82 00

Le Louvre à Béthune

Bauhaus XX-XXI : un héritage vivant

En attendant l’ouverture de son antenne lensoise, le Louvre s’associe à la Capitale Régionale de la Culture 2011 à travers une exposition en deux volets. Outre une déclinaison du thème des Trois Grâces à partir du tableau de Cranach l’Ancien, des artistes contemporains (Jan Fabre, Louise Bourgeois...) revisitent des collections du Louvre. Ou comment révéler l’influence des maîtres du passé sur les artistes de notre temps.

Né dans la République de Weimar, le Bauhaus révolutionna l’architecture et le design, entre autres. Un siècle plus tard, qu’en reste-t-il ? S’appuyant sur des clichés de bâtiments d’époque, le photographe Gordon Watkinson ouvre un dialogue avec leurs pendants contemporains, et enrichit l’ensemble de textes théoriques, de dessins, mais aussi de luminaires ou de meubles qui ont traversé le temps. Belle façon de faire le tour du propriétaire.

❥ Béthune, jusqu’au 31.12, Lab-Labanque, Chapelle Saint-Pry, 12>19h (sauf sam & dim, 10>19h), +33 (0)3 21 63 00 00

❥ Bruxelles, jusqu’au 05.02.2012 , CIVA, mar>dim 10h30>18h (sauf mer 10h30>21h), +32 (0)2 642 24 50



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agenda Chromos, Lu © DR

Les années 68, Robert Malaval, Rolling Stones Rock Prints - Dick Taylor, 1974, Galerie Lebon, Paris © ADAGP, Paris 2011, Emmanuel Watteau

Chromos, l’enfance de la publicité

Les années 68

Au XIXe siècle, la publicité utilisait un procédé d’impression en couleurs appelé chromolithographie. Prospectus, cartes porcelaine, tickets de tramway… les chromos deviennent le principal support de la réclame. Ici classés par marques (Liebig) ou par thèmes (le chocolat, la parfumerie), ces « témoins imprimés de notre passé » illustrent le quotidien d’autrefois et l’évolution des mentalités populaires.

Le Lieu d’Art et d’Action Contemporaine voit grand, consacrant douze mois au Moment 68. Explosive, politique et artistique, cette période est abordée en trois parties. Visible jusqu’en février, cette exposition mêle arts picturaux et souvent psychédéliques (Ladislas Kijno, Robert Malaval, Bernard Rancillac, Peter Saul…) aux envolées musicales free jazz ou pop. Cette recontextualisation sonique permet de retrouver Pink Floyd ou l’incendiaire Jimi Hendrix. Pour une fois, il y a le feu au LAAC !

❥ Bruxelles, jusqu’au 05.02.12, Centre d’Art de Rouge-Cloître, tlj sauf lun & ven, 14h>17h, +32 (0)2 660 55 97

Europunk Faisant fi des querelles byzantines (New York ou Londres ? 1975 ou 76 ?), Europunk ne bloque pas non plus sur trois accords de guitare. On interroge ici la culture visuelle punk : affiches, fanzines, vêtements... 500 pièces témoins d’un mouvement disparate et éclaté. De Jamie Reid (la pochette des Sex Pistols) aux pirates de Libération (le collectif Bazooka), toute l’Europe est touchée par cet art qui refusait de s’assumer ainsi. En vain. ❥ Charleroi, 22.10>22.01.12, B.P.S.22, mer>dim, 12h>18h, +32 (0)7 127 29 71

❥ Dunkerque, jusqu’au 09.04.2012, LAAC, tlj sauf lun, 10h>12h, 14h>18h, +33 (0)3 28 29 56 00

Ingmar Bergman : Vérités et mensonges Du cinéma (le fondateur Un Eté Avec Monika, 1953) au petit écran (Sarabande, 2003), Ingmar Bergman fut un pionnier - et un passeur. Le festival du film de Gand investit un ancien couvent pour un accrochage exceptionnel : pages de scénario, lettres, costumes… et un fascinant dispositif central, qui brouille les repères et redessine une autre histoire, à travers des fragments de films projetés directement sur le spectateur. ❥ Gand, jusqu’au 15.01, Caermersklooster, mar>dim, 10h>17h ,+32 (0)9 269 29 10



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agenda Manfred Pernice © DR

Manfred Pernice Hybrides et colorées, les œuvres du sculpteur allemand sont des « constructions » relevant aussi bien du chantier que du design. Pour preuve, l’installation « Tutti », à mi-chemin entre la maison-témoin et le manège. À visiter comme un mini-musée où s’insèrent cadres, meubles et objets trouvés sur place. Dans les salles attenantes, d’autres œuvres récentes déclinent ces assemblages très graphiques, marqués par l’inachèvement et la désuétude. ❥ Gand, jusqu’au 15.01.12, SMAK, mar>dim, 10h>18h, +32 (0)9 240 76 01

Michel François 45.000 affiches. 1994-2011 Sous l’objectif de Michel François, sculptures et installations prennent une nouvelle dimension. Surtout lorsque ces clichés sont imprimés en très grand format (180 x 120 cm). Entre 1994 et 2001, le photographe a réalisé une grande affiche à chacune de ses 45 expositions. Les voici réunies. Mieux : les voici offertes, car ces 45 affiches, éditées à 1 000 exemplaires, sont laissées à la libre disposition des visiteurs. De quoi offrir une seconde vie à ces images intrigantes. ❥ Grand-Hornu, jusqu’au 29.01.12, Mac’s, mar>dim 10h>18h, +32 (0)6 565 21 21

Henri-Jean Closon © DR

Henri-Jean Closon, peintre belge à Montparnasse Après René Guiette ou Edmond Van Dooren, le musée Magritte poursuit son voyage au coeur de la peinture abstraite du XXe siècle. Consacrée à Henri-Jean Closon, cette exposition présente des œuvres significatives et des documents personnels du peintre belge. En s’arrêtant particulièrement sur ses recherches sur la couleur, ainsi que sa traversée du Paris des années 1950, aux côtés de Picasso, Man Ray, Cocteau et bien d’autres. ❥ Jette, Musée Magritte, jusqu’au 22.01.12, mer>dim, 10>18h, +32 (0)2 428 26 26

Collector Le Centre National des Arts Plastiques, ce sont 90 000 peintures, sculptures, photos, vidéos et meubles design. Collector adresse des clins d’œil aux segments historiques (une Venus de Milo, quelques Matisse ou Man Ray...). Mais se concentre sur ces 40 dernières années en près de 200 oeuvres. Un parcours cohérent qui présente la postérité du pop art et du ready-made, avant de retracer l’effacement progressif de la figure au profit de l’épure. ❥ Lille, jusqu’au 1.01.12, Tripostal, mer>dim, 10h>19h (sauf ven & sam, 22h), www.lille3000.com



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agenda Inlandsis © Jean-Louis Hess

Lanskoy, Autoportrait au chapeau melon © Lanskoy

Le modèle a bougé

Let’s Dance

L’effet de flou nimbant un portrait signé Eugène Carrière étonnait Edgar Degas, qui lança : « Le modèle a bougé ? ». Cette célèbre boutade donne lieu à une exposition ambitieuse. Avec quelques grands noms (Degas, Cartier-Bresson, Duchamp...), et de nombreux supports (peinture, photo, sculpture, vidéo...), le BAM répond à de grandes questions. Sur l’effet de flou, le travail sur le mouvement ou encore l’atelier. Mais aussi sur le rapport entre l’artiste et son modèle, ou la recherche de la muse.

Au commencement étaient le jazz, la danse et le cinéma. De leur association, Jo Milgram a gardé un témoignage unique que le Fresnoy, en collaboration avec la Cinémathèque de la Danse, propose aujourd’hui de redécouvrir – de Duke Ellington dans Cabin In The Sky à Cab Calloway dans Stormy Weather en passant par les fameux tap-dancers de Sur un air de Charleston de Jean Renoir... Chaussez donc vos claquettes et enfilez vos Zoot suits, cette expo va faire du bruit !

❥ Mons, jusqu’au 05.02.12, BAM, mar>dim, 12h>18h, +32 (0)6 540 53 30

❥ Tourcoing, du 15.10 au 21.12, le Fresnoy, mer>dim, 14>19h, sauf ven & sam, 14>21h, +33 (0)3 20 28 38 04

Inlandsis Signifiant littéralement « calotte polaire », Inlandsis prend pour thème l’Arctique. Conçues en résidence à l’atelier départemental du verre, cinq installations témoignent de la fascination de Michèle Perozeni pour cette région. Bois de cerfs ou de caribous (Péril en la demeure), boqueteau miniature (Forêt improbable), ossements suspendus (Bois en souffrance)… Ces sculptures en verre ultra-minutieuses ne laissent aucun public de glace. ❥ Sars Poteries, jusqu’au 04.03.12, MuséeAtelier du verre, tlj sauf mar, 10h>12h30, 13h30>18h, +33 (0)3 21 6 161 44

Lanskoy, un peintre russe à Paris Russe blanc émigré à Paris, André Lanskoy (1902-1976) s’est confronté aux diverses innovations formelles du XXe siècle. Rompant avec la figuration, le peintre s’est plongé dans les recherches sur la couleur, la géométrie, la démultiplication des points de vue. Aux côtés de plus de cent cinquante œuvres de l’intéressé, cette rétrospective accroche celles de ses contemporains et maîtres, et permet de saisir avec nuances le cheminement de l’artiste. ❥ Villeneuve-d’Ascq, jusqu’au 15.01.12, LAM, mar>dim, 10h>18h, +33 (0)3 20 19 68 68




texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ Babafish © DR

Quels cirques ! Pas besoin de préciser que Les Multipistes n’ont rien à voir avec La Piste Aux Etoiles. Suffisamment installé dans le Paysage Spectaculaire Français, le cirque contemporain ne se développe plus contre, mais en parallèle de la tradition. Héritiers de la dextérité des anciens, ces acrobates, comédiens, magiciens, vidéastes - et parfois tout cela à la fois - poussent les arts circassiens un peu plus loin. Ce festival en est une éclatante démonstration. Transdisciplinaires et indisciplinés, les invités ne se plient à aucune contrainte sinon celle, implacable, de la gravité, au vu des nombreux trapézistes présents ici. Une liberté acquise en partie par la scénographie, la scène frontale offrant bien plus de latitudes dans l’éclairage ou la projection d’images. Danse, trapèze, magie, acrobatie, vidéo ou comédie se marient dans des créations relevant moins du numéro que de l’équation. Les rois de l’arène Aux nombreux acrobates (la Cie XY, voir p.80, ou Vole et tais-toi, filles de l’air en balançoires), s’ajoutent des spectacles tenant autant du cirque que de la musique, tel L’Art De La Fugue, variation autour de JS Bach. Pour notre part, on a beau demeurer dubitatif sur le mentalisme, on attend de pied ferme L’Homme Cornu de Kurt Demey, dont l’univers évoque fortement l’ambiance bucolique et païenne de The Wicker Man (1973). Mais c'est surtout la manipulation de cartes de Bébel qui nous titille. Retransmis sur grand écran, les tours de passe-passe de l’illusionniste ouvrent et clôturent le festival. Véritablement mis en scène et dialogués, ils sont l’occasion pour la figure cabossée du close-up de revenir sur son parcours. / ❥

Les Multipistes 03>17.12, Douai, L’Hippodrome, 8 à 23€ (sauf Bébel, gratuit), +33 (0)3 27 99 66 66

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texte ¬ F-X Béague photo ¬ © DR

Guitry, Acte I Un vaudeville, selon les canons du genre : des amants, des maîtresses, les affres du choix. Et un argument propre à laisser son auteur déverser l’ironie acide qui fera sa renommée : Nono, jeune femme légère et inculte subjugue le meilleur ami de l’homme qui l’entretient, le poussant à la trahison … Si Nono est la première pièce d’un jeune homme de dix-neuf ans, Guitry en fait déjà le manifeste d’un théâtre de l’épigramme assassine. Il n’est pas dit cependant que les femmes fassent d’abord les frais de cette première salve : Guitry s’y montre plus misanthrope que misogyne, et seuls les hommes sont vraiment pathétiques dans ce jeu qui doit moins à l’amour et au hasard qu’au désir et à l’intérêt. Du reste, si ce petit monde s’agite, ce n’est en somme que par la grâce - et la gouaille charmante - de Nono, responsable sans doute de ses manœuvres, mais pas d’être devenue un fantasme masculin. Malice et légèreté, donc : un registre dans lequel Julie Depardieu s’est imposée sans peine en reprenant le rôle-titre l’an dernier. À ses côtés, Michel Fau, qui assure également la mise en scène, et dont les options scénographiques n’obéissent à aucun plan d’austérité : collaborateur régulier d’Olivier Py, il en partage l’éclectisme (il s’affaire au théâtre et à l’opéra, peut enchaîner Ibsen, Racine et Guitry). Ainsi qu’une tendance à l’effusion baroque, exprimée par la richesse des costumes, des décors et dans une direction d’acteurs où l’exubérance a toute sa part. Ou comment prouver que Sacha Guitry n’est pas seulement un inépuisable répertoire de citations. / ❥

Nono 6.12, 20h30, Roubaix, Le Colisée, 39>27€ (8€ : dernière minute) +33 (0)3 20 24 07 07, www.coliseeroubaix.com



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texte ¬ Florent Delval photo ¬ Mapa Teatro, Pablo Escobar © DR

Mythologie moderne Un temps l’un des hommes les plus riches du monde, le baron de la drogue Pablo Escobar (1949-1993) se rêvait président et reste aussi célèbre pour sa barbarie que pour ses œuvres sociales. Il demeure une icône pour les couches les plus défavorisées d’Amérique Latine. À Bogotà, la compagnie Mapa Teatro s’est emparée de ce sujet toujours prégnant dans la vie de nombreux Colombiens. Ce personnage historique est l’occasion d’inventer une forme qui flirte avec la conférence et le débat sur fond musical. Pourtant, si la pièce s’inspire de la réalité, Rolf Abderhalden, co-directeur du Mapa Teatro, récuse l’étiquette documentaire, trop restrictive : « Nous essayons de mettre en scène des questions, des contradictions et des fables impossibles. Pas des affirmations ou des narrations fermées. Nous utilisons pour cela les moyens qui nous semblent les plus adéquats : les arts vivants ». Ce groupe si particulier dans le paysage colombien accorde aussi une place à la fiction : « La figure d’Escobar est un mythe : un homme construit par les medias et par les récits populaires. Nous privilégions son discours politique, entre fiction et réalité. » Cependant ces détours imaginaires ne les éloignent pas de leur but principal, bien ancré dans le concret : créer un espace de parole et de débat. Dans le cadre du festival Spoken Worlds, ce spectacle s’accompagne d’une partie plus littérale où le public est invité à discuter de la légalisation des drogues. « La lutte contre la drogue est aussi absurde et difficile à appréhender que ce personnage ». / ❥

Discurso de un hombre Decente (Mapa Teatro) 07 & 08.12, 20h, Bruxelles, Kaaitheater, 12/10€, Première mondiale dans le cadre du Spoken World festival (en espagnol surtitré Fr & Nl), + 32 (0)2 201 59 59; www.kaaitheater.be


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texte ¬ Pascal Cebulski - photo ¬ PINA © Wim Wenders

texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ © DR

December Dance

Sophia Aram Arnaud Tsamère

En confiant chaque édition à un chorégraphe de renom, les organisateurs de December Dance interrogent toutes les tendances. Le programmateur de cette année, l’Anglo-bengali Akram Khan, dresse des ponts entre Orient et Occident. Il fait la part belle aux danses indiennes classiques : kathak, bharata natyam et odissi. Et pour mieux éclairer certaines créations contemporaines, comme le mondialement applaudi Confluence, il se place comme l’héritier des danses ancestrales sus-citées, en revisitant ses propres créations avec le musicien Nitin Sawhney (Kaash, Zero Degrees…). Egalement convié, le Sud-Africain Gregory Maqoma sonde ses origines africaines avec une chorégraphie conjuguant à la perfection tradition et modernité (EXIT/EXIST). Ce performer hors pair revendique le même credo qu’Akram Khan : « la vie, un aller-retour incessant vers ses racines ». /

Accordant toujours une large place aux humoristes français(es), le Théâtre de Béthune et le Sébastopol reçoivent successivement Sophia Aram et Arnaud Tsamère. En pleine Crise de Foi, la jolie chroniqueuse de la Matinale de France Inter passe à la moulinette les trois grandes religions monothéistes. Et se pose quelques questions existentielles : du Da Vinci Code et de la Bible, lequel est le plus crédible ? Tandis que dans Chose Promise, Arnaud Tsamère (On n’demande qu’à en rire, On va s'gêner…) incarne un modeste professeur d’économie ayant promis à un ami de monter sur scène. Deux stand-ups décapants pour finir l’année dans et la joie et la bonne humeur ! /

Du 1 au 11.12, Bruges, Cultuurcentrum et Concertgebouw, de 4 à 30€, +32 (0)7 022 33 02, www.decemberdance.be

Crise de Foi : 2.12, 20h, Lille, Sébastopol, 33/31€, +33 (0)3 20 54 44 50 / 3.12, 20h30, Béthune, Théâtre Municipal, 19/16€, +33 (0)3 21 64 37 37 // Chose Promise : 16&17.12, 20h30, Béthune, Théâtre Municipal, 14/10€ (complet) / 25.01, 20h30, Lille, Sébastopol, 30€ / 04.02. 20h30, Bruxelles, Centre culturel de Woluwe-St-Pierre, 27 à 32€



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texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ © DR

texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ © Ch. Raynaud de Lage

et Fabuleuse Histoire du Commerce

La Grande

Le Grand C

Une fois encore, Joël Pommerat s’attaque au monde du travail et à notre rapport à la soumission (Les Marchands, Cercle/Fiction…). Pour sa dernière création, l’auteur-metteur en scène s’est appuyé sur des entretiens réalisés dans le Béthunois, notamment auprès de vendeurs au porte-à-porte. Cinq représentants de commerce aguerris aux techniques du marketing se retrouvent après une dure journée de labeur. Leur conversation nourrit une réflexion aiguë sur la relation aux clients et les conflits entre employés. Avec le sens du détail et du suspense qu’on lui connaît, Pommerat interroge le monde réel, le quotidien des petits gens, les rapports de force en entreprise et le mensonge d'une façon générale (Ma Chambre Froide, 2011). Du social, en somme, avec l’art et la manière. /

C comme Collectif ! La Cie XY délaisse les duos (Laisser-Porter, 2005) pour un spectacle de portés acrobatiques à dix-huit gymnastes ! Toujours autour d’Abdel Senhadji – mais sans Mahmoud Louertani, parti pour des raisons personnelles – la troupe nordiste unit ses forces et passe au niveau supérieur : pyramides et colonnes en troisième hauteur, lancers croisés des poids plumes, puis réception par un tapis de porteurs… Une combinaison de volumes reposant exclusivement sur le langage des corps. « Le Grand C parle du groupe, d’entraide, du fait qu’on est plus fort à plusieurs », explique Airelle Caen, acrobate cofondatrice de la Cie. Aussi, malgré l’absence de décor et la sobriété des costumes, cette impressionnante performance ne manquera pas de faire planer le public. /

12>15.12, 20h, Béthune, Comédie, de 7 à 18€, +33 (0)3 21 63 29 00

16&17.12, 20h, Douai, Hippodrome, de 9 à 23€, +33 (0)3 27 99 66 66 / 10&11.01.12, 20h30, Roubaix, Colisée, de 8 à 32€, +33 (0)3 20 24 07 07



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agenda Dom Juan © Franck Beloncle

Nuda Vita © Laurent Philippe

Baal

Nuda vita

3>10.12 B. Brecht/ R. Ruëll et J. Verbist

6>7.12

Quand il écrit Baal au sortir de la Première Guerre Mondiale, Bertolt Brecht a 19 ans. À l’instar du personnage principal, il navigue entre poésie et débauche, fréquentant prostituées, joueurs et autres noctambules dans une quête de liberté absolue. Ici reprise par deux grands metteurs en scène du Théâtre Antigone, la pièce insiste sur l’aspect sulfureux du personnage, sans délaisser son incroyable dimension poétique. ❥ 20h30, sauf dim 15h, mer 19h30 & jeu

Depuis leurs débuts dans le tutu de leur mère jusqu’à la fondation de leur propre Cie, la danse est une véritable histoire de famille pour les sœurs Sagna. Ici encore, il est question de quatre frères et sœurs qui tentent d’échapper à l’exclusion. Avec un petit carré blanc au sol pour seul élément de décor, la fratrie s’embarque dans une chorégraphie burlesque et, sur un montage sonore d’Arnaud Sallé, se met progressivement à nu. ❥ 20h, Villeneuve d’Ascq, la Rose des Vents,

19h, mar>dim, Bruxelles, KVS, 19/15/10€, +32 (0)2 210 11 00

20/5€, +33 (0)3 20 61 96 90

Dom Juan 3>14.12

Molière/J. Brochen

La directrice du Théâtre National de Strasbourg réinvente le personnage de Dom Juan. Plus féministe et protecteur que misogyne et destructeur, « l’abuseur de Séville » prend un tout autre visage et la pièce, une nouvelle couleur. Dans une esthétique baroque d’inspiration hispanique, se côtoient une grosse dizaine d’acteurs confirmés et d’élèves sortant de l’École du TNS. Un dépoussiérage habile et forcément séduisant de ce grand classique. ❥ 20h, sauf dim 16h & jeu 19h, mar>dim, Lille, Théâtre du Nord, 23/3€, +33 (0)3 20 14 24 00

Cie Caterina & Carlotta Sagna

Les Monologues de la marijuana 6>31.12

A. Barker, D. Benson & T. Camin/Tilly

Créés Off-Broadway, Les Monologues de la marijuana ont traversé l’Amérique de part en part. Pour la toute première fois traduit en français, ce stand up inspiré des célèbres Monologues du vagin réduit clichés et préjugés dans un grand éclat de rire. James Deano, Stéphane Fenocchi et Riton Liebman – tous trois fumeurs expérimentés – balancent des anecdotes hilarantes à tour de bras… Mais sans vous enfumer ! ❥ 20h30, mar>sam, Bruxelles, Théâtre de Poche, 11/8€, +32 (0)2 649 17 27



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agenda Revue 2012 © DR

Eloge du Poil © Christophe Raynaud de Lage

Revue 2012

Parallèles et bipèdes

7.12>5.02.12 B. Lefrancq, R. Ruben, A. Leleux, M.-P. Kumps, D. Michels

09.12

Humour et glamour… C’est la traditionnelle Revue des fêtes de fin d’année au Théâtre des Galeries. Sur un lit d’actualité, dix humoristes, imitateurs et chanteurs belges partent en guerre contre la sinistrose ambiante et le politiquement correct. Endossant de multiples personnages, ils reviennent sur les petits et grands événements de l’année. Un zapping vraiment pas banal ! ❥ 20h15, sauf dim 15h, mar>dim, Bruxelles, Théâtre des Galeries, de 11 à 24€, +32 (0)2 512 04 07

Eloge du poil 8>10.12

J. Mordoj/P. Meunier

Dans son tailleur classique, Jeanne Mordoj a l’air tout ce qu’il y a de plus normal. À un détail près : une barbe fournie et généreuse recouvre son doux visage. Profitant de cette singularité, la circassienne invite le public à se libérer des conventions et brouille nos repères : discussions ventriloques entre deux crânes d’animaux, étrange numéro d’équilibre avec un jaune d’œuf… L’univers créé par cette intrigante femme à barbe renvoie le spectateur tout droit en enfance. Au poil ! ❥ 20h, Lille, le Grand Bleu, 12/6€, +33 (0)3 20 09 88 44

Cie Maboul Distorsion

Emballages, boîtes vides et autres résidus constituent le décor mouvant et fluctuant dans lequel s’ébattent quatre personnages, sous l’œil impassible d’un étrange maître des lieux. La vacuité de notre société de consommation, représenté par… du carton. Quelque part entre Kafka, Fantasia et Beckett, Parallèle et bipèdes est un réquisitoire féroce, burlesque et poétique contre notre économie du gâchis. ❥ 20h30, Vieux-Condé, Le Boulon, 9/6€, +33 (0)3 27 20 35 40

Cendrillon 9>29.12

J. Massenet / L. Pelly/A. Altinoglu

C’est sur une fameuse partition de Jules Massenet que Laurent Pelly et Alain Altinoglu mettent respectivement en scène et musique les malheurs de Cendrillon au sein d’une famille recomposée. Cette opéra-féerie carambole les émotions («Je ris! Je pleure et je ris!» chante Cendrillon), et la distribution, alternant un soprano et un mezzo (Cendrillon) et un mezzo et un tenor (le Prince). ❥ 20h, mar>dim sauf dim, 15h, relâche le 25.12, Bruxelles, Théâtre de la Monnaie, 10 à 115€, +32 (0)2 229 12 00



théâtre & danse |

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agenda Tartuffe © Mario del Curto

Pénombre © Sara Judice De Menezes

Les Cendres et les lampions

Tartuffe

12>16.12 N. Renaude/Peuplum Cactus Cie

13>15.12

Ici, on brasse pas mal de questions existentielles, donc universelles. Quels souvenirs de notre première vie pourrions-nous raconter, s’il nous était donné de ressusciter, juste un instant ? Qu’est-ce que la furtivité d’une rencontre ou un amour naissant sur fond de guerre ? C’est avec poésie et humanité que ces marionnettes nous renvoient à nos propres tourments, entourant un narrateur et manipulateur, seul vivant parmi ces morts. ❥ 20h30, sauf mer, 19h, Roubaix, Le Garage,

Mnouchkine ou Sobel ont déjà visité le monument, mais Lacascade s’approprie pleinement ce pilier du répertoire. Soutenu par de fidèles complices (Daria Lippi ou Norah Krief ), le Lillois incarne le rôle-titre et propose une mise en scène originale (la scène du bain d’Orgon). Une création servie par une scénographie magistrale, aussi asphyxiante qu’époustouflante. Bref, un classique que l’on ne saurait pas ne pas aller (re)voir. ❥ 20h, Valenciennes, Le Phénix, 17 à 22€,

6 à 12€, +33 (0)3 20 65 96 50

Le Tour d’écrou 13&15.12

B. Britten/O. Bénézech

Adaptation par Benjamin Britten de la nouvelle fantastique d’Henry James, Le Tour d’écrou demeure un opéra méconnu mais un sommet de suspense tenace. Habitué aux paranormal (on se souvient de Médium de Menotti en 2007), le metteur en scène Olivier Bénézech dirige six chanteurs américains et français, quand le chef d’orchestre Jean-Luc Tingaud fait honneur aux chœurs d’enfants et aux chants des sirènes typiques de Britten. Un moment d’angoisse gracile. Ou l’inverse. ❥ 20h, Lille, Opéra, 5 à 31€, +33 (0)8 20 48 90 00

Molière/E.Lacascade

+33 (0)3 27 32 32 32

Pénombre 15>17.12

R. Torres Guerrero

Sur scène, une unique danseuse, Rosalba Torres Guerrero. Seule ? La voici pourtant confrontée à un autre corps, virtuel celui-là : un écran où se meut Uiko Watanabe, souhaitant parfois sortir de l’écran. Est-ce son âme damnée ? Un mauvais démon ? Ses angoisses ou ses pulsions ? Un peu de tout cela. Imaginé par Torres Guerrero et le vidéaste Lucas Racasse, ce moment trouble met en mouvement les tourments d’une jeune femme. Une éblouissante obscurité. ❥ 20h30, Gand, Nieuwpoort Theater, 12/9€, +32 (0)9 223 00 00



livres |

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chroniques PARLE-MOI D’AMOUR Aline & Robert Crumb Denoël Graphic Au début des années 1970, le pape de la BD underground est tombé raide dingue d’une juive baba obsédée par la gym et la macrobiotique mais dotée d’ahurissantes formes crumbiennes, Aline Kominski. Depuis, le couple d’insubmersibles amoureux expose son quotidien de freaks dans des comics à quatre mains où l’on parle de jalousie, de peur de vieillir, d’ego, mais surtout de sexe et de fesses ultra-rebondies. Sorte de sitcom familiale déjantée et impudique, l’album préfigure la vague de la « BD réalité » assumant son côté exhib’ grâce à l’autodérision incessante des auteurs. Avec son dessin d’enfant névrosé de 4 ans, Aline Kominski minaude génialement en Yoko Ono de service tandis que notre binoclard obsédé préféré geint décidément toujours aussi bien. 262 p., 35 e. Nicolas Trespallé

BURQA DE CHAIR Nelly Arcan | Éd. Seuil Nelly Arcan ne s’est donné aucune chance de survivre à son intelligence. Impitoyable, elle l’aura été envers elle-même autant qu’avec les déterminations de l’existence, refusant avec une égale intransigeance les sorts de « larve » ou de « putain » où elle s’est délibérément abîmée, seules directions possibles de la condition de femme, selon elle. Ce recueil d’articles, d’essais et fragments posthumes traitent entre autres du suicide, du speed-dating ou du pouvoir révélateur d’un décolleté. Tous démontrent à nouveau un sens aigu et terriblement dévastateur de l’image et de la figure de style. A défaut d’avoir été une issue, c’est aussi la propre puissance littéraire de l’auteure qui s’est retournée contre elle. 167 p., 16,50 €. F-X Béague

La Dignité de penser Roland Gori | Éd. Les Liens qui Libèrent Cet essai se penche sur la crise de civilisation qui traverse de nombreux pays, notamment occidentaux. Roland Gori* l’associe à la montée en puissance d’un capitalisme financier concentré sur la vitesse, les technologies d’informations et la tyrannie des nouveautés. Un univers qui nous empêche de prendre le temps de la réflexion et favorise l’aliénation. La solution ? Se ménager du temps pour créer. Autrement dit, se donner les capacités à penser et imaginer le monde, à retrouver le sens du récit. Une réflexion salutaire en ces temps d’indignation. 192p., 16 €. Bertrand Latour * est aussi l’initiateur de l’Appel des appels : collectif national pour résister à la destruction systématique de tout ce qui tisse le lien social.



disques |

90

JUSTICE Audio Video Disco | Ed Banger / Because C’était quoi, Justice, au fait ? Un hymne nickel (Never Be Alone), une paire d’EP’s façon Daft Punk after-rave, un album plutôt cheesy (†, 2007) et une polémique (la vidéo bleu marine Stress) qui conférait au tandem bardé de cuir une image de pimpins dépassés par les évènements. Cependant, Justice faisait le tour du monde, exportait une certaine idée de l’electro et ouvrait la porte à une armée de clones - on appelait ça la French Touch 2.0, c’était il y a une éternité. Fin de l’histoire ? Même pas. À force de vanter les mérites de Michel Berger, Todd Rundgren, Julien Clerc ou Goblin, quelque chose allait bien en rester. Pas de trace de variété française, cela dit. Mais un album prog’ joliment outrancier, nourri au disco et au hard-rock. Un disque archi-travaillé, over-produit, über-léché. On y croise AC/DC (New Lands), Led Zep dansant sur Cerrone (On’n’On), et l’on pense souvent aux (très) sous-estimés Supertramp. Attention ! Cette œuvre totalement vide, superficielle et ostentatoire est à déguster sans ironie, au premier degré. Au second, on passe à côté. Thibaut Allemand

BENJAMIN BIOLAY Best Of | EMI « À mesure que le temps passe, je mesure le temps qui passe… » 10 ans après Rose Kennedy, une première compilation en forme de bilan pour celui qui a traversé la décennie 00 tel le sauveur incompris d’une certaine chanson française. Long est le chemin qui mène aux lauriers amplement mérités : 5 albums studio, 2 b.o., un projet domestique et plus de collaborations que de saints dans le calendrier. Rien à redire, l’œuvre est là, dans sa cohérence et son foisonnement, sa volonté d’être pop(ulaire) et sans concession. 19 titres comme une évidence, celle d’un parcours pour le moins exemplaire à l’écart des écoles et des modes. Introduction rêvée pour néophytes, florilège parfait à l’usage du fan club et L’eau claire des fontaines pour mieux se noyer. Rendez-vous qui sait en 2021 ? Marc Bertin


chroniques ROOTS MANUVA

THE FALL

4everevolution | Big Dada / PIAS

Ersatz G.B. | Cherry Red / Differ-Ant)

Dizzee Rascal à l’ouest et The Streets rangé des voitures, à quoi ressemble le hip-hop anglais en 2011 ? Réponse avec le patron, Roots Manuva. On l’avait un peu perdu de vue depuis quelques années, mais la figure de proue de Big Dada vient remettre les pendules à l’heure : ouvrant avec l’éclatant First Growth, l’Anglais abat tranquillement l’éventail de son talent, de l’electrosoul subsonique (Here We Go Again), au flow de patron sur samples épiques (Skid Valley, Revelation) en passant par quelques regains de tension caribéens (Go Champ). À bientôt quarante piges, Rodney Smith n’a plus grand’chose à prouver et rivalise tranquillement avec LKJ (Who Goes There?, Wha’ Mek ?). Alors, ce brithop ? Il se porte bien, merci. Et s’avère plus métissé, malin et intéressant que son cousin US. Vincent Lançon

The Fall ? « An acquired taste », disent les Anglais - un goût acquis. Pas inné : on n’a pas spontanément envie, dans l’absolu, de se faire bombarder de remontées acides, sur des rythmiques garage ou métal d’un genre qui inspire à Mark E. Smith ce joyeux bras d’honneur musical : « It’s good enough for me : it’s good enough for you ! » (Greenway). Ersatz GB nous offre bien quelques moments d’apaisement, le temps d’une aimable ballade (Happy Song), mais c’est Madame – Elena Poulou - qui s’en acquitte. Où est le plaisir, alors ? Dans le simple constat qu’à l’heure de sa 29e livraison annuelle, Mark E. Smith reste le meilleur représentant du genre qu’il s’est inventé, et que ses humeurs ont encore quelque chose à voir avec la vie, la vraie. F-X Béague

MICKEY MOONLIGHT And The Time Axis Manipulation Corporation | Ed Banger / Because On a découvert Mickey Moonlight en 2008 avec la sortie de son premier EP Interplanetary Music sur Ed Banger. Depuis, très peu de nouvelles du producteur anglais, hormis un second EP passé inaperçu. On s’apprêtait à passer un coup de fil à Jacques Pradel quand on a appris l’heureuse nouvelle : Mickey Moonlight sort un album ! Et que les détracteurs d’Ed Banger prennent garde : le trublion ne joue pas sur le même terrain que ses copains de label. D’ailleurs, évolue-t-il vraiment sur un seul terrain ? Doté d’une culture musicale redoutable, il zigzague entre electronica languide (Changalaxy), techno minimale (Close to Everything) ou pop tropicale (This Sun is Coming Up). Toutefois, si la production est irréprochable et les compositions variées, l’ensemble reste peu captivant. Hakima Lounas


agenda |

92

concerts Jeu 01.12 Vampillia + Ruins Alone Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Tour De Chauffe 2011 : Eclectek + Senser Roubaix, La Condition Publique, 19h, 6,7e Manouch’K Lille, La Rumeur, 20h, grat Noel Gallagher’s High Flying Birds Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, Complet ! Les Happy Loosers Lille, La Péniche, 20h, 14e Bruce Bherman Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 10e High Places + Holloys Courtrai, De Kreun, 20h, 10/7e Ben L’Oncle Soul Bruxelles, Forest National, 20h, 36e GDERWS + Mayo Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 8/6e Channel Zero + After All Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 25/23,5e Festival Crimcrum : Daunik Lazro + Infra Lille, La Malterie, 20h, 7/5e

Ven 02.12 Emergenza : Ap Band + Hepburn + Wild Widow Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 13/10e Demi Portion + Convok Bruxelles, Magasin 4, 19h, 12/10e Michael Kiwanuka Gand, Le Charlatan, 20h, 14/11e Great Mountain Fire Bruxelles, Le Botanique, 20h, 16/13/10e

Debout sur le Zinc + Jali Lille, L’Aéronef, 20h, 17/13e Concrete Knives Lille, La Péniche, 20h, 8e Jean Louis Aubert Lille, Zénith Arena, 20h, 43/37e

Talamasca + Cosmosis + U-Recken + Silicon Sound Bruxelles, Fuse, 23h, 15/10e

Sam 03.12

Channel Zero Anvers, Trix, 20h, 25/22e

Mady + Soul Collector + Ledback + Maybesonic?! Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 13/10e

Bruce Bherman Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12/10e

Waila Hénin-Beaumont, L’Escapade, 20h, grat

Cross Damage Lille, La Rumeur, 20h, nc

Jean Louis Aubert Bruxelles, Forest National, 20h, 43e

Intergalactic Lovers Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, Complet ! Rackham Ixelles, Flagey Studio, 20h, 12/8e The Gladiators + Jah Inspiration Sound Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 15/13/11e Thorbjorn Risager Saint-Saulve, MJC Espace Athena, 20h, 13/10e Hyeyoon Park + ONL Béthune, Théâtre Municipal, 20h, 20/17e Pedro Luis e a Parede Bruxelles, Théâtre 140, 20h, 15/11/8e Pneu + Le Singe Blanc Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 9/6e Beljam Cup Clash Gand, Culturell Centrum Vooruit, 21h, 13/11,5e Magazine 1st Anniversary Part I : Andy Fletcher Lille, Magazine Club, 22h, 10e Maya Jane Coles Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 12e Andy Butler + Jeremy Glenn + Maxim Lany Gand, Culturell Centrum Vooruit, 23h, 14/12,5e

December Jazz : Lomia Orchestra Béthune, Le Palace, 20h, grat The Devil’s Blood Bruxelles, Magasin 4, 20h, 25/20e Mister Heavenly Lille, La Péniche, 20h, 9e JoeyStarr Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e Peter Fengler Bruxelles, Ateliers Claus, 20h, 8e Big D and the Kids Table Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 8/5e Radio A Gogo : Westhell 5 + Pedallo Kollektiv Anvers, Petrol, 22h, 18/8e Jerome + Kenny Raw Gand, Culture Club, 23h, 10/5e Goldie Gand, Culturell Centrum Vooruit, 23h, 16,5/15,5e ItaloJohnson + Rick Shiver + Mustang + Mickey Bruxelles, K-nal, 23h, 12/5e Vicuna Party : Cpt. Starlight + Aguila Bruxelles, Recyclart, 23h, 10/7e Magazine 1st Anniversary


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Part II : The Glimmers + Peo Watson Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Bruxelles, Magasin 4, 19h, 7e

Prinz + Bartholomeo + Smos + 2winz Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 7e

Smith & Burrows Gand, NTGent, 19h, 29/25e

Cougars In America Etterbeek, Atelier 210, 21h, 3e

Little Dragon Bruxelles, Le Botanique, 20h, Complet !

Jeu 08.12

Ben Klock + Marcel Fengler + Pierre + Deg Bruxelles, Fuse, 23h, 12/8e

Dim 04.12

Cynic + Chimp Spanner Anvers, Trix, 19h, 15/12e

Wolf Gang + Willow Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

The Ocean + The Link Bruxelles, Magasin 4, 17h, 11e

Vetiver Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 13/9e

Charles Aznavour Lille, Zénith Arena, 17h, 100/60e

Keren Ann Bruxelles, Théâtre 140, 20h, 30e

Exodus + Sepultura Anvers, Trix, 18h, nc

Hubert Félix Thiefaine Lille, Zénith Arena, 20h, 43/37e

Cœur de pirate Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 19h, 27/24e Das Racist + Speed Dial 7 Courtrai, De Kreun, 20h, 10/7e Roberto Alagna Bruxelles, Forest National, 20h, 159/44e BISON BISOU Lille, La Péniche, 20h, 6e

Lun 05.12 Bitch Magnet Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 19h, 12e Cœur de pirate + Mina Tindle Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e Wu Lyf Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 17/14e Cansei De Ser Sexy Bruxelles, Le Botanique, 20h, 17/14/11e Keren Ann Mons, Lotto Club, 20h, 25/18e

Mar 06.12 Zoft + Talk Normal

Biga Ranx + General Levy Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 16e

Mer 07.12 Folksongs : Jonathan McGovern + Simon Lepper Lille, Opéra, 18h, 8/5e Samba Chula de Sao Braz Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Ben Mazué Lille, La Péniche, 20h, 11e Brigitte + Antoine Henaut Bruxelles, Le Botanique, 20h, nc emmanuelle haïm + Chœur et Orchestre du Concert d’Astrée Lille, Opéra, 20h, 31/23/19/9/5e

les Weissmuller Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/8/6e

Showcase : Hospital Ships Lille, Minor Place, 18h, grat Channel Zero Leuven, Het Depot, 19h, Complet ! Hospital Ships Lille, La Péniche, 20h, 7e The Horrors Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 23/20e Battles + The Sedan Vault Courtrai, De Kreun, 20h, 21/18e Mansfield Tya Bruxelles, Le Botanique, 20h, 15/12/9e Emmanuelle Haïm + Chœur et Orchestre du Concert d’Astrée Lille, Opéra, 20h, 31/23/19/9/5e Grant Hart Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Hello Hurricane + Wind’s Last Blow Lille, La Rumeur, 20h, 2e Gregory Privat Tourcoing, Hospice d’Havré, 20h, 15/10e Sylvain Beuf Dunkerque, Jazz Club, 20h, 16/8e DJ Nim + Super Guachin Bruxelles, Recyclart, 21h, grat

Crystal Fighters Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 19/16e

Caribou Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 24/20e

Angelite Ixelles, Flagey Studio, 20h, 20/15e

Ven 09.12

Kid Congo and the Pink Monkey Birds + Sheetah et

Closure + Suicide Of Demons Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e


agenda |

94

concerts Melissa Nkonda Lille, La Péniche, 20h, 11e Plush Fish Lille, La Rumeur, 20h, 3e

10/7e Dj Wallace Lille, L’Amul Solo, 22h, nc

Sinsemilia Lille, L’Aéronef, 20h, 26e

Radio Modern Deluxe Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 16/14e

Austra Gand, Le Charlatan, 20h, 13/10e

Alex Flatner + Hermanez Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 12e

Elvis Black Stars + Rones Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Supertrump Liège, InsideOut, 23h, 5e

Véronique Sanson Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 52/47/41e

Matt Walsh + Remain + Monoblok + PussySelektor + Czeski Lille, Magazine Club, 23h, 5e

The Ex Courtrai, De Kreun, 20h, 12/9e

Sam 10.12

Le Pere Noël est un rocker : Malibu Stacy + Pale Grey + Larko Mons, On Air Studio, 20h, jouet d’une valeur de 7e

DJ Fletch + DJ 2000 Lille, Maison Folie Moulins, 17h, 3e

Black Lips Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e

Le Père Noël est un rocker : Yew + Las Buenas Ondas + The Black Hat Thuilles, Salle du Patro, 17h, Jouet d’une valeur de 7e

Sylvain Beuf Dunkerque, Jazz Club, 20h, 16/8e

8 Ans de La Rumeur : Le vrai terrien Lille, La Rumeur, 19h, grat

A Winged Victory For The Sullen + Stranded Horse Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/8/6e

The Branco Heist Bruxelles, VK* Concerts, 19h, grat

Jeanne + La Goutte Lille, Maison Folie Moulins, 20h, 3e Sylvain Beuf Dunkerque, Jazz Club, 20h, 16/8e As de Trèfle Wattrelos, La Boîte à Musique, 20h, nc Les Blaireaux Hénin-Beaumont, L’Escapade, 20h, 10/8e Nguzunguzu + SoulForce + Nadiem Shah + Sebski Anvers, Petrol, 22h, 10/8e CODE DE NUIT #2 Lille, Tripostal, 22h, 7/5e/grat 30 ans de Radio Galaxie : Radio Galaxie residents Dj’s Lille, Magazine Club, 23h, 5e Joachim + Patrick Schmidt Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 12/9e

Dim 11.12 DJ 2000 + DJ Fletch Lille, Maison Folie Moulins, 14h, 3e Elodie + Cédric Lerouley Bruxelles, Ateliers Claus, 15h, 8e

Alexxx & The Moonshiners Saint-Saulve, MJC Espace Athena, 20h, 13/10e

The Names + In Broken English + Object + Guests Bruxelles, Magasin 4, 20h, 10/8e

Les Tit’ Nassels Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 7/3e

The Japanese Pop Stars Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Zion Train Gand, Culturell Centrum Vooruit, 21h, 17/15,5e

Lucy Lucy! Etterbeek, Atelier 210, 20h, 13/10e

Cocoa Tea & Frankie Paul Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 26/23,5e

Mamady Keita Boulogne-sur-Mer, Espace Faiencerie, 21h, 10/8e

The Horrors Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 17/14e

Fruit Bats + Gold Leaves Anvers, Trix, 19h, 13/10e

Lefto + L-Fetes + Gratts Bruxelles, Recyclart, 21h, 5e

100 Monkeys Lille, Splendid, 20h, 22e

Customs Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 16/14,5e

As de Trèfle + La Familya Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h,

Crashdiet Anvers, Trix, 20h, 16/13e

Glenn Branca Ensemble Diksmuide, Muziekclub 4AD,

Aldebert Lens, Colisée, 16h, 6/4e Kataklysm + Triptykon Anvers, Trix, 17h, 28/25e Now Freeture Lille, La Malterie, 17h, 9/7e


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

20h, 24/22/20e

Lun 12.12 Shantel & Bucovina Club Orkestar Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25/22e

Dunkerque, Jazz Club, 20h, 15/7e

Muzzix Lille, La Malterie, 20h, 7/5e

Pedro Kouyate Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 6/5e

Mr Lexx + Refugee All Star Anvers, Petrol, 22h, 13/10e

Jeu 15.12

INXS Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 35e

Music for Life : Absynthe Minded + Discobar Galaxie Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 17h, 22e

Mar 13.12

Duchess Says + Pilot Bruxelles, Magasin 4, 19h, 10e

Yellowcard + Saves The Day + Defeater Anvers, Trix, 19h, 18/15e

ONL + Romain Leleu Maubeuge, La Luna, 20h, 18e

Winter Family Bruxelles, Ateliers Claus, 20h, 8e

Stromae Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 30/26e

Geike Bruxelles, Le Botanique, 20h, 19/16/13e

Les Ogres de Barback Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e

The Dodos + BRNS Courtrai, De Kreun, 20h, 10/7e Femi Kuti & The Positive Force Lille, L’Aéronef, 20h, 30e Thurston Moore Gand, Culturell Centrum Vooruit, 21h, 29/26,5e

Le Père Noël est un rocker : Montevideo + Great Mountain Fire + Von Durden + Vegas Dour, Dour Sports, 13h, Jouet d’une valeur de 7e

Black Lips Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 19/16e

Front 242 + Severed Heads Anvers, Trix, 19h, 30/28e Soprano Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 35/32e

Malibu Stacy Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10/7e

Geike Leuven, Het Depot, 19h, 19/16/14e

Mariachi El Bronx Anvers, Trix, 20h, 16/13e

Christophe Wallemme

Sam 17.12

Ven 16.12

Musique Vocale : Solistes du Concert d’Astrée Lille, Opéra, 18h, 8/5e

The Felice Brothers Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 19/16e

Sasha Funke + Prinz Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 10e

Clock DVA + Suicide Commando Anvers, Trix, 13h, 40/38e

Mer 14.12

Les Fatals Picards Lille, Splendid, 20h, 25e

Schlachthofbronx Bruxelles, Recyclart, 23h, 10/7e

Doux Juillet Lille, La Rumeur, 20h, nc

Voodoo Glow Skulls Bruxelles, Magasin 4, 20h, 14/10e

Cascadeur Bruxelles, Le Botanique, 20h, 19/16/13e

APM001 + Fantome Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Daan Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 30/24e Hurtmold + UTZ Bruxelles, Le Botanique, 20h, 15/12/9e Projet Bankal Lille, La Rumeur, 20h, 2e dEUS Bruxelles, Forest National, 20h, 36e

Blindhorses Lille, La Rumeur, 20h, 5e

Geike Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 18/15e

Radio Modern Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 16/13e

Värttinä Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 21/18e

The Starliners Lille, Splendid, 20h, 20e

Liz Mc Comb Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 28/25e

Bill Carrothers Trio Ixelles, Flagey Studio, 20h, 12/8e

Rustie + Nosedrip Anvers, Petrol, 22h, 12/8e


agenda |

96

concerts

Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Henrik Schwarz Anvers, Le Café d’Anvers, 23h, 10e

Bruxelles, Magasin 4, 19h, 12/10e

Surkin + L-Vis 1990 Lille, Magazine Club, 23h, 8e

Reverend Horton Heat Anvers, Trix, 19h, 23/20e

Dim 18.12

Lamb Bruxelles, Le Botanique, 20h, 19/16/13e

SWXMS 2011 : 2manydjs live + Soulwax + Fake Blood + Erol Alkan + Mixhell + Brodinski + Mickey Moonlight + Ego Troopers Hasselt, Ethias Arena, 19h30, 37e

RinneRadio + Kalle Kalima Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Arid Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 30/27e

Brussels Jazz Orchestra Ixelles, Flagey Studio, 20h, 23/18e

Dyn-O-Mite Xmas Party : James Taylor Quartet Gand, Culturell Centrum Vooruit, 23h, 12/10,5e

Ivan Scheldeman… Gand, Culturell Centrum Vooruit, 13h, 5e Mondayitis + The Show So Far + Movoco + Les Chefs… Diksmuide, Muziekclub 4AD, 15h, 3e Drums Are For Parades Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 16h, 19/16e Sabaton Anvers, Trix, 19h, nc La Pegatina Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 10/7e Tribute to Otis Redding & James Brown : Michel Jonasz + Johnny Logan + Laam + Gibson Brothers + Ahmed Mouici + Joniece Jamison + Yvan Cevic Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 47/42/35e

Mer 21.12 Brussels Jazz Orchestra + Gourmet + Kalle Kalima & K-18 Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 20/18/16e Jamie Woon Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, Complet ! Lamb Bruxelles, Le Botanique, 20h, 19/16/13e Applause La Louvière, Le Palace, 20h, grat

The Boxer Rebellion Bruxelles, Le Botanique, 20h, 16/13/10e

Jeu 22.12

Lun 19.12

Ian Siegal Bruxelles, VK* Concerts, 20h, 18/15e

Stereo MC’s Anvers, Trix, 19h, 24/21e The Vaccines Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 24/21e Lamb Bruxelles, Le Botanique, 20h, 19/16/13e ONL + Romain Leleu Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 30/24/12/8e

Mar 20.12 New York Ska Jazz Ensemble

Smith & Burrows Bruxelles, L’Ancienne Belgique/ AB Théâtre, 20h, 32/29e Brussels Jazz Orchestra Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 29/26/22e Chilly Gonzales Bruxelles, Le Botanique, 20h, 22/19/16e

Ven 23.12 Geike Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 19/17e

So Tasty + Guests Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Ven 30.12 Girls Make Music Better : Dance Machine Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Sam 31.12 Star Warz vs Daily Dubstep : Camo & Krooked + Logistics + Brookes Brothers + Icicle b2b Nymfo + Sigma b2b Murdock + One87 + Hookerz + Tito & Echo Virus + Foxy & Mc Elvee + Vicelord + N Type + Emalkay + The Others b2b Trolley Snatcha + NGA Sound + Science + Kastor & Dice + Mate and Fudge Gand, ICC - International Convention Center, 23h, 25/19e Bal Populaire Diksmuide, Muziekclub 4AD, 23h, grat NYE : Erol Alkan + La Mèche + Peo Watson Lille, Magazine Club, 23h, 15e Petrol Count Down : Sheridan + Guy-Ohm + Afroman + Hey Mickey + Chubbee Bee + TineZ... Anvers, Petrol, 23h, 10/8e


LM vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année ! Rendez-vous en 2012, avec un numéro à déguster sans modération. Illustration : Alex Widendaele


le mot de la fin |

98

Mark Jenkins manie l'adhésif comme personne, et il est loin d'être au bout du rouleau. Depuis 2003, le Street Artist américain pertube notre quotidien avec ses « Tape Men » – des moulages grandeur nature laissés dans des lieux ou postures improbables. Scotchant ! à visiter / www.xmarkjenkinsx.com/




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