Pharmacien de France 1242 complet

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L’interview

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

la consommation médicamenteuse en Europe, cela marque-t-il un tournant ?

Oui mais la rupture se serait faite quel que soit le gouvernement. Cette baisse de consommation de médicament en France devait avoir lieu. Nous avons des taux de mortalité équivalents à d’autres pays européens et une prise médicamenteuse bien plus élevée… Notre addiction au médicament fait que toute réponse thérapeutique passe par lui : ce ne doit plus être le cas. Tant qu’on est à neuf consultations sur dix qui aboutissent à une ordonnance de médicaments, même si les volumes ont diminué, on ne peut pas dire que nous sommes tirés d’affaire. On est donc en train de sortir du tout médicament ? En ce cas, comment les pharmacies vont-elles s’en sortir ?

Le tout médicament arrangeait tout le monde. Les médecins, payés à l’acte, qui avaient une réponse toute trouvée pour leurs patients, comme les industriels payés au volume. Il faut accélérer le processus pour sortir de cette situation. Les pharmaciens l’avaient quelque part déjà anticipé avec la marge dégressive lissée qui modulait leur rémunération pour les produits chers. Continuons dans cette voie en respectant les pharmacies en difficulté. Attention, je ne dis pas que toutes les pharmacies sont en difficulté : les revenus fiscaux déclarés sont dans la moyenne haute. Mais cela cache des disparités : certaines personnes gagnent très bien leur vie, tandis que d’autres non. Ce sont ces professionnels qu’il faudra accompagner, surtout dans les territoires qui manquent de médecins. Les pharmaciens observent toujours avec intérêt les discussions sur la répartition des médecins et la fin de la liberté totale d’installation. Vous disiez en 2009 que la dernière chance des médecins était arrivée ; est-ce réellement le cas ?

© RAPHAëL DAUTIGNY

Je creuse le même sillon que François Hollande et Marisol Touraine. Au départ, j’étais plutôt partisane de la solution suivante : pourquoi ne pas faire chez les médecins comme chez les pharmaciens ? Il ne faut pas oublier que la santé est un service public et que nous sommes tous des pseudo professions libérales, solvabilisées par la solidarité nationale. Cela donne des droits mais impose aussi des devoirs. On m’a répondu qu’il fallait continuer dans la voie incitative pour les médecins. Dont acte. Il faut donc une meilleure lisibilité des aides proposées, une modulation du cursus universitaire pour amener les étudiants à faire des stages en rural ou dans des zones désertifiées…

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D’autres gouvernements l’ont dit… Le PLFSS 2013 n’est-il pas le moment de prendre des mesures, comme la restriction à l’installation en secteur 2 ?

Non, ce n’est pas le moment et ce n’est pas III Juillet - Août 2012 I No 1242 I 5

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