Pharmacien de France 1242 complet

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L’interview

Le PHaRMaCIeN DEFRANCE

Catherine Lemorton, pharmacien à Toulouse, est la nouvelle présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Redoutée des industriels pour son franc-parler, elle défend pour sa profession l’évolution vers les nouvelles missions. Propos recueillis par Laurent Simon

Catherine Lemorton

« Sortons du tout médicament » Vous êtes l’auteur d’un rapport (voir Nota bene p.6) qui avait été remarqué au moment de sa sortie en 2009. Votre nouvelle position à la tête de la commission des Affaires sociales vous permettra-t-elle d’appliquer certaines de ses propositions, par exemple les essais cliniques contre comparateurs ?

valorisant des actes qui aujourd’hui ne le sont pas. En changeant de modèle économique, il ne s’agit pas de mettre tout le maillage territorial par terre. Y aura-t-il une action particulière sur les génériques dans le prochain PLFSS ?

Le scandale du Mediator a permis que certaines C’est également en réflexion avec Jérôme Cahuzac des mesures que je proposais soient intégrées dans [ministre délégué chargé du Budget, NDLR]. Mais, paralla loi Médicament. Mais si l’on prend l’exemple des lèlement, il va falloir les promouvoir : on a installé une essais cliniques contre compaaversion pour les génériques en rateurs [le fait de devoir comparer France, qui ne se retrouve dans une molécule en développement Le refus de soins, aucun autre pays. Il y a une telle à la molécule de référence dans cela n’existe pas prégnance des industries de prinla même indication, NDLR], en ceps, de si nombreuses tactiques regardant le texte de la loi, on se en pharmacie. de contournement… Il faut faire rend compte que la deuxième des émissions grand public, faire phrase de l’article annule la preappel à l’Inpes [Institut national mière, puisque l’industrie est dispensée de ces pour la prévention l’éducation à la santé, NDLR]. Pouressais cliniques à condition de fournir une explica- quoi une Allemande supporterait très bien un générique tion. Ce n’est pas suffisant. Jean-Luc Harousseau d’antiostéoporotique et pas une Française ? Leurs [président de la Haute Autorité de santé, NDLR] s’est constitutions sont-elles différentes ? exprimé dans ce sens : service médical rendu, stratégie thérapeutique, prix du médicament, tout est à revoir en fonction de ces essais cliniques contre François Hollande, dans son discours de campagne comparateurs. sur la santé, avait évoqué des baisses de prix et une

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2013 est en pleine préparation. Quelles mesures concerneront les médicaments ?

Nous sommes en train d’y réfléchir. Nous allons certainement vers une baisse de prix sur les médicaments et les génériques mais, passée cette constatation, il faudra mettre ces baisses de prix face à la Convention des pharmaciens, faite pour que la profession prenne un rôle de santé publique. Les prochaines années nous mettront devant la difficulté d’accorder ces baisses de revenus liées aux baisses de prix tout en

diminution des volumes remboursés… Vous êtes donc dans la droite ligne de ces propos.

Oui à ceci près qu’on avait oublié de lui signaler qu’une convention entre les pharmaciens et l’Assurance maladie allait amener une autre forme de rémunération. Cela a donc pu faire peur à certains, qui sont dans une mauvaise situation économique. Il manquait cet élément rassurant envers la profession. Une étude récente, provenant des Laboratoires internationaux de recherche (Lir), tend à prouver que les Français ne sont plus à la première place de

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