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NO WORRIES

Qui contacter ? Par qui se faire suivre ? Quelle préparation à l’accouchement choisir ? Pauline Mothie, sage-femme libérale répond avec bienveillance à nos milliers de questions, et partage avec nous son expérience personnelle.

Textes Pauline Mothie Illustrations Cathy Angleraud

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Quelle est votre mission auprès des futures mamans ? En tant que sage-femme libérale, mon travail consiste à accompagner les femmes et assurer un suivi médical de grossesse, du projet à l’accouchement, mais aussi au retour de maternité et tout au long de leur vie génitale (suivi médical gynécologique de prévention: frottis, prescription de contraception, pose et retrait de DIU et ou implant, examen des seins).

À quel moment doit-on entamer un suivi médical ? Une femme peut rencontrer un professionnel de santé (sage-femme, médecin ou gynécologue) dès que le projet de bébé se fait sentir dans son couple, avant l’arrêt de la contraception, afin de mettre en place une prévention du « spina-bifida » par la prise d’acide folique en cure répétée avant et jusqu’à la fin du premier trimestre de grossesse. Ensuite c’est ce professionnel qu’elle aura choisi qui effectuera le suivi tout au long de la grossesse à raison d’une consultation par mois, au cours de laquelle elle répondra à un interrogatoire, aura un examen clinique prise de poids, de tension artérielle, mesure de la hauteur utérine, écoute des bruits du cœur du fœtus et exceptionnellement un toucher vaginal à la recherche de modifications du col, puis recevra une prescription d’examens sanguins et échographiques à faire. Qu’est-ce que la préparation à l’accouchement ? Est-elle indispensable ? La Sécurité sociale prend en charge le premier entretien et sept cours de préparation à l’accouchement. Le premier entretien est un échange autour de l’organisation de l’arrivée du bébé: contexte, assistance possible, informations sur les droits de la patiente, discussion sur les modes de garde, etc. La future maman pourra choisir les options de préparation suivantes : classique, haptonomie, sophrologie, Bonapace, piscine, yoga, ballon, chant. La préparation est vraiment importante pour moi, elle prépare en douceur les parents à l’arrivée d’un bébé, et limite l’anxiété ce qui a pour conséquence la diminution de recours au forceps, ventouse, épisiotomie et césarienne.

Quand s’inscrire à la maternité ? Dès le premier rendez-vous, la future maman choisit la maternité où elle souhaite accoucher, prend contact avec l’établissement pour connaître les démarches d’inscription. Une première échographie sera programmée, vers 12 semaines d’aménorrhée (12 semaines sans règles) au décours de laquelle suivra la déclaration de grossesse. Les 2 dernières consultations, à savoir celle du 8 e et 9 e mois auront lieu dans la maternité choisie ainsi que la consultation d’anesthésie.

Pourquoi s’adresser à une sagefemme ? Quelles sont les particularités de votre profession ? La sage-femme est spécialiste de la physiologie, elle adresse la patiente à un médecin lorsqu’elle décèle une pathologie. Elle assure en toute autonomie la surveillance du travail et de l’accouchement, dans certaines maternités ce sont souvent les gynécologues qui accouchent les patientes, dans le soucis d’une prise en charge globalisée qui est souhaitée par les patientes. Après l’accouchement, la sage-femme rend visite aux parents pour assurer un suivi médical à la maman et au jeune bébé. C’est un vrai rôle d’accompagnante : je valorise leurs actions, je les rassure. Lors des visites, si la prise de poids du nourrisson est satisfaisante je ne change rien sinon j’apporte des conseils sur les quantités, la fréquence des prises. Elles sont souvent, stressées, fatiguées, sensibles… On échange sans verticalité…

Qu’appelle-t-on un projet de naissance ? C’est un document que les parents prennent soin de rédiger à l’intention de l’équipe qui les recevra le jour de l’accouchement, cela permet ainsi d’informer le corps médical de leurs souhaits spécifiques.

La plupart des femmes ne savent pas ce qu’est le périnée, pouvez-vous nous expliquer à quoi il sert, et pourquoi il est au centre des attentions après l’accouchement ? Le périnée c’est le panier de muscles que nous avons entre le pubis et l’anus, il est lésé par le poids de la grossesse et le passage du bébé. Il faut faire des exercices pour renforcer le tonus et ainsi éviter la survenue de fuites urinaires. Je préfère parler d’«éducation périnéale» plutôt que de rééducation, car très peu de femmes le sollicitent lors d’efforts. Les séances proposées après l’accouchement sont des exercices enseignant aux femmes comment intégrer dans leur quotidien des réflexes permettant de le maintenir tonique. L’objectif étant de diminuer les risques d’incontinence à la ménopause ou de descente d’organes, reprendre le sport, meilleur tonus pour les grossesses suivantes, etc. Quand on est enceinte, on entend un peu tout et son contraire sur l’alimentation, les risques infectieux, la prise de poids. Histoire de rassurer un peu les futures mamans, pouvez-vous nous donner vos conseils pour rester prudente mais relax ? Si vous n’êtes pas immunisée contre la toxoplasmose il faut laver vos crudités et bien cuire la viande. Une séroconversion (contamination) peut entraîner une fausse couche si elle survient en début de grossesse ou une cécité de l’enfant si elle survient en fin de grossesse. Pour éviter une contamination par la listériose il faut choisir des fromages au lait pasteurisé et éviter les fruits de mer. Cependant vous pouvez manger des crevettes chaudes, des moules, de la tartiflette ou de la raclette! On ne peut pas être immunisée contre la listériose. Une contamination par la listériose entraîne un tableau de septicémie provoquant l’accouchement prématuré et engageant le pronostic vital du bébé (infection généralisée). Quant à la prise de poids, on recommande en général une moyenne de 9 à 12kg. C’est le rôle des professionnelles de suivre cette prise de poids, les futures mamans sont pesées à chaque rendez-vous, afin de s’assurer de leur bonne santé et de celle de leur bébé (hypertension, diabète gestationnel, problèmes circulatoires, etc.). Je recommande aux patientes de manger équilibré, sans sucre ajouté, et de composer leur assiette ainsi: ½ de légumes, ¼ de féculents, ¼ de protéines. Trois repas de poisson par semaine pour les Oméga 3, et beaucoup de laitage!

Pour les fumeuses et les fêtardes, quelle bonne conduite adopter pendant la grossesse ? Pour le tabac, nous proposons qu’elles soient accompagnées pour arrêter ou diminuer la consommation, ne pas entreprendre seule cette initiative. Fumer pendant sa grossesse peut induire un retard de croissance chez le fœtus, une fragilisation des membranes (poche des eaux) avec possiblement un accouchement prématuré et une dépendance chez le fœtus. Quant à l’alcool, il est impératif de ne pas en consommer durant toute la grossesse. Le foie du fœtus n’est pas mature, il ne dégrade pas l’alcool qui passe la barrière placentaire. Le fœtus reçoit des doses d’alcool en continu entraînant possiblement chez le nouveau-né un retard mental.

Entre les restrictions alimentaires, l’arrêt d’activité physique, le repos forcé, on a parfois l’impression d’une confusion entre grossesse et maladie ! Effectivement être enceinte ne signifie pas être malade ! C’est important de garder une activité sociale et physique pour son bon déroulement. Un défaut d’activité peut entraîner (du fait de l’hypercoagulabilité de la grossesse) phlébite (un caillot) puis une embolie pulmonaire. Mon rôle est tout de même de veiller à ce qu’aucune femme ne dépasse ses limites, il faut accepter aussi quand son corps ne suit plus la cadence ! Nous ne maîtrisons pas tout ! On a tout à fait le droit de poursuivre son activité physique (hors compétition) ! La limite, les sports à risque de chute, et bien sûr la survenue d’une pathologie la contre-indiquant.

Auriez-vous un petit conseil que nos lectrices pourraient emporter avec elles tout au long de leur grossesse ou de leur vie de jeune maman ? Ce serait plutôt un message pour les personnes qui entourent les femmes enceintes ! S’abstenir absolument de tout jugement. La détresse morale n’est pas toujours visible et pourtant elle est bien réelle, je la constate au quotidien. Et si je devais vous donner un petit conseil pratique, pensez à classer vos résultats sanguins, rapports de visites médicales et échographies, on vous les redemandera à l’accouchement ! Gardez également avec vous votre carte de groupe sanguin et le résultat de votre frottis. Et surtout, bonne aventure!

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