Le Bonbon Nuit 48

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DÊcembre 2014 - n° 48 - lebonbon.fr



ÉDITO Décembre 2014

© Jacob Khrist

Paris. 31 décembre 2014. 23h59min50s 10, 9, 8… Et voilà, ça y est, ils sont tous en train de brailler comme des veaux et de faire le décompte pour enterrer l’année. Enfin bon, je ne vais pas me plaindre, je ne suis pas trop mal dans cet appart’ d’amidamidami, j’ai bien pillé toutes les huîtres et sifflé la moitié du Ruinart. Ouais. On est beaucoup mieux ici qu’en enfer. Tu t’imagines, là, à cet instant précis, le cul au beau milieu des Champs ? Plutôt sucer un cactus. Non vraiment, j’suis coolos chez ces jeanfoutres, j’ai pris mes aises et il reste encore la poire à torpiller. 7, 6, 5… C’est ça, on va faire comme tout le monde, on va lever son verre avec un sourire niais. Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à être contents que 2014 se finisse ? Moi, elle m’a plutôt fait pisser de rire cette année : Sarkozy persuadé qu’il va nous remettre un fist, j’ai ri ; des trouducs qui bousillent un sapin de Noël/plug anal, j’ai ri ; la French touch catapultée courant musical du siècle, j’ai ri ; David Guettouze en guest star du journal de 20h, j’ai ri aussi… 4, 3, 2… Bon, c’était un rire jaune, j’avoue. 2, 1… 0 Ça y est, c’est le carnaval de Rio. Tout le monde s’embrasse et se congratule. « Bonne année ! », oui, oui, bonne année. J’ai des cotillons plein la gueule et mon voisin m’arrache l’oreille avec son serpentin dans le bec. 2015 commence bien. Direction l’armoire normande avec les digeos, je sens que la nuit va être longue. Et puis on s’en fout. Demain est un jour férié… Belles fêtes à tous. MPK Rédacteur en chef

Rédacteur en chef — Michaël Pécot-Kleiner michael@lebonbon.fr | Directeur artistique — Tom Gordonovitch tom@lebonbon.fr Directeur de la publication — Jacques de la Chaise | Photo couverture — Nina Kraviz par Nicola Delorme Secrétaire

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Nuit


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Le choix de L’ouverture GroLsch vu par Le BonBon

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SOMMAIRE Le Bonbon Nuit

à la une

Nina Kraviz

p. 7

roadtrip

5 afters crapuleux

p. 11

musique

The Hacker

p. 15

Nuits blanches et encre noire

p. 17

Maxence Cyrin

p. 21

cinéma

Y’a quoi au ciné ?

p. 23

tumblr

Buffalo Bill Gates

p. 25

Repeins la Nuit

p. 27

Raph La Rage

p. 29

4e dimension

Le Gatofar

p. 33

label du mois

Rue de Plaisance

p. 35

Le Yeah! Burger

p. 37

Moscow Mule

p. 43

sexe

Conseil d’une pro

p. 45

playlist

Thomas Murphy

p. 47

littérature musique

rencontre gonzo

casse-dalle cocktail

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Nuit



AGENDA Les événements à ne pas manquer

Scratch Massive, on aime. On attend vraiment de pied ferme leur nouvel album parce qu’on était tombés très fort en amour de Nuit De Rêve en 2011. Histoire de patienter, on ira donc les voir en Dj set chez Moune, dont la DA vient tout juste d’être rafraichie par l’excellent Philippe Monthaye. Samedi 13 décembre. Chez Moune

HB Sonotown. Les mecs de Sonotown sont maintenant quasi partout dans la nuit parisienne alors tu vas sagement aller fêter leur anniversaire. DA de la Machine, organisateurs d’afters, patrons du Monseigneur, partout t’sais quoi, ils sont partout. Et quelque chose me dit que leur ascension n’est pas finie. C’est beau la réussite, non ? Vendredi 19 décembre. Le Monseigneur.

Sexy Chic. Le collectif Carbone XIV lance son Cabaret Chic World Tour chez Maxim’s. Ce concept original et inédit est destiné à une clientèle cosmopolite, ouverte d’esprit et amatrice de soirées décalées. C’est tout toi quoi. Au programme : performances, show culinaire, clubbing… Bien, bien. Samedi 20 décembre chez Maxim’s.

Voir Koons et se gratter le front. C’est la première grande rétrospective majeure de l’artiste en Europe. Et ça a lieu à Pompidou, bande de chatteux. Vous pourrez y contempler ses peinDR/ DR/ DR/ DR

tures et ses sculptures, et surtout vous demander si le mec est un escroc ou un génie. Ça vous fera du bien de réfléchir un peu entre deux afters, tiens. Tout le mois de décembre. Centre Pompidou.

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À LA UNE T/ Elsa Anikinow P/ DR

NINA KRAVIZ “CELA PEUT PARAÎTRE ÉTRANGE, MAIS J’AIME BEAUCOUP LE FAIT QUE COHABITENT EN MOI PLUSIEURS NINA À LA FOIS.” Ces dernières années, Nina Kraviz s’est clairement imposée comme l’une des super stars de la scène électro. À la fois chanteuse, productrice et Dj, cette fleur sauvage de Sibérie compose des morceaux hypnotiques et réalise des sets troublants qui font chavirer les dance floors du monde entier.

Consécration amplement méritée, elle a été choisie pour réaliser la première compilation DJ Kicks 2015, qui sortira le 26 janvier prochain. Excusez du peu, elle succède à des pointures telles que Carl Craig, Henrik Schwarz, Tiga, ou encore Four Tet, pour ne citer qu’eux… Déjà encensé par tous ceux qui ont eu le bonheur de l’écouter, ce mix réalise le tour de force de faire la part belle aux classiques, de mettre en avant de nouveaux talents, tout en restant extrêmement personnel, sachant que Nina a elle-même composé une grande partie des morceaux. Rencontre et explication.

resser à la musique électronique, et à collectionner les vinyles de house music (surtout acid house), de techno, surtout celle de Detroit et Chicago. À peu près au même moment, je me suis passionnée pour le funk et la disco des années 60 et 70. C’est à partir de là que j’ai commencé à passer des disques, et à co-organiser une soirée funk. Parallèlement à cela, je me suis mise à craquer pour la scène néerlandaise électro underground. Tu vois, ce n’est pas une question de passer d’un style a l’autre, mais plutôt de trouver mon équilibre dans plusieurs styles de musique à la fois. Et les morceaux que je crée sont nourris de cet éclectisme, de cette constante évolution. Je joue, je compose ce que je ressens. Actuellement je traverse une phase remplie de grooves très acides, baladeurs, propices à des voyages qui peuvent t’emmener jusqu’au bout de la nuit… Quels sont tes moments de prédilection, en ce qui

Nina, à quel moment as-tu commencé à t’intéresser

concerne la création ?

à la musique ?

J’ai développé très tôt une réelle fascination pour la musique, et une oreille plutôt éclectique. Je passais beaucoup de temps avec mon père, au beau milieu de ses vinyles, et nous écoutions beaucoup de bon rock psychédélique ensemble. C’est à l’adolescence que j’ai commencé à m’inté7—

Je me sens toujours inspirée quand je me sens en phase d’évolution, de changement… ou que j’aspire au changement. Quant à mon inspiration… C’est comme un courant qui me porte. Je me laisse porter, et j’adore voir ou cela va bien pouvoir m’emmener !

Nuit


Nina Kraviz

“J’AI BESOIN DE QUELQUES SECONDES POUR ME RAPPELER QUE AH OUI, JE SUIS AUSSI CETTE NINA-LÀ, CETTE FIGURE PUBLIQUE. ELLE EST TOUT À LA FOIS MOI, ET QUELQU’UN D’AUTRE.” 8—

Est-ce que tu aimes te lancer dans des collaborations avec d’autres artistes ?

Même si j’aime vraiment travailler seule en studio, et y construire mes propres créations, certaines collaborations peuvent se révéler extrêmement fructueuses. J’ai travaillé avec Jesse Ware récemment, et j’ai adoré jouer avec sa voix. Je veux renouveler cette expérience, travailler avec d’autres chanteurs. Cela t’ouvre énormément d’horizons créatifs. Cela peut donner des morceaux épatants, comme par exemple, celui que j’ai sélectionné pour mon tout dernier mix qui sort en janvier prochain : Goldie feat. David Bowie. Je rêve de collaborer avec quelqu’un qui me bouleverserait, qui agirait comme un catalyseur, qui libèrerait en moi une cascade d’émotions et d’énergie. Les plus belles collaborations entre artistes sont celles qui selon moi, te poussent à penser, et créer différemment. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ce nouvel album ?

C’est un mix réalisé pour la série d’albums DJ Kicks. C’est un honneur pour moi d’avoir été sélectionnée pour réaliser cette compilation. Sur les 29 titres qui la composent, environ la moitié sont mes propres morceaux, sortis sur le label Trip, et les autres titres ont tous représenté quelque chose de spécial pour moi, à une période ou une autre de ma vie. Cet album est un voyage très personnel, onirique, un peu mystérieux. J’ai pris beaucoup de plaisir à mêler des mots chuchotés, des samples de voix, des sons qui apparaissent et s’évanouissent un peu à la manière de fantômes. Quand j’étais enfant, j’écoutais la radio avec émerveillement. Pour moi, les sons et mélodies qui sortaient de l’appareil ne pouvaient venir que d’autres mondes lointains, d’étoiles distantes et magiques. Cela m’a beaucoup inspirée lorsque j’ai composé ce mix. J’ai voulu retranscrire cette fascination que j’avais resNuit


Nina Kraviz

sentie toute petite, pour la musique, et donner à cette œuvre une dimension un peu cosmique. Tu voyages énormément, tu es bookée dans tous les plus grands clubs et festivals du monde : quel est l’endroit ou tu te sens chez toi ?

Je n’ai pas vraiment de maison. Je suis une sorte de gitane moderne, qui sillonne la planète, avec sa musique, et deux valises sous le bras. Mais ce style de vie me convient bien. Comment parviens-tu à te ressourcer, avec ce rythme de vie effréné ?

Je me lance régulièrement dans de longues promenades urbaines solitaires. Je regarde ce qui m’entoure. J’écoute les gens, les bruits de la ville. En quelque sorte, c’est aussi une forme d’expérience musicale. Chaque ville possède son propre rythme, sa propre respiration, sa propre façon de bouger également. En me baladant dans les rues de New York, Berlin ou Paris, j’ai l’impression de regarder un spectacle de danse, à la chorégraphie unique. Et pour moi, danse et musique sont intrinsèquement liées. D’ailleurs, si je n’avais pas été Dj et compositrice, j’aurais aimé devenir danseuse. Et lors de chacun de mes sets, je ne peux m’empêcher de danser, de prolonger le plaisir de l’écoute, par celui du mouvement.

rappeler que ah oui, je suis aussi cette Nina-là, cette figure publique. Elle est tout à la fois moi, et quelqu’un d’autre. C’est étrange mais aussi touchant que de se faire arrêter dans la rue parce que les gens apprécient ce que tu fais. Mais bon. Je ne suis pas Beyoncé ou Madonna non plus ! Mis à part jouer et composer de la musique, qu’estce qui te passionne ? Aurais-tu voulu suivre un autre chemin, faire une autre carrière ?

J’aime me sentir bien dans mon corps, exprimer mes sentiments à travers le mouvement quand je danse. J’aime aussi jouer à ne plus être vraiment moi-même devant un objectif. Il y a quelque chose de fascinant dans cette capacité à pouvoir devenir quelqu’un d’autre l’espace d’un instant. Alors je suppose que j’aimerais aussi être actrice. Parce que j’aime jouer, encore et toujours : avec les sons, les images, les émotions. Tout se recoupe. Mais tu sais quoi ? Je me dis que peut-être, un jour, j’en aurai marre de tout cela et alors peut-être, je redeviendrai dentiste. C’était ce que je voulais devenir, avant de me lancer dans la musique. Et oui, je suis aussi une dentiste diplômée ! Cela peut paraître étrange, mais j’aime beaucoup le fait que cohabitent en moi plusieurs Nina à la fois.

On se connaît depuis un moment, et ces derniers temps, quand on marche ensemble dans la rue, les gens t’arrêtent régulièrement pour te demander un autographe, ou se prendre en photo avec toi. Comment tu te sens, par rapport à cela ?

Ha ha ha ! Hé bien je dois t’avouer qu’à chaque fois que cela se produit, je me sens un peu paumée. Je me demande un peu ce qu’il se passe. « Ils veulent prendre une photo avec moi ? Mais pourquoi ? » J’ai besoin de quelques secondes pour me 9—

Nina Kraviz DJ KICKS / !K7 disponible le 26 janvier

Nuit


ROADTRIP T/ www.lebonbon.fr/night

5 AFTERS CRAPULEUX Oui, oui, on sait et ça fait

1 — LE REXY

longtemps qu’on vous le dit, les

9, rue de La-Grande-Truanderie 75001

afters, c’est en banlieue que ça

Le plus Crapulo-Infernal

se passe… Mais bon, il existe

Le spot : Surnommé « l’antre de l’enfer » par les noctambules avertis, le Rexy est l’endroit idéal pour perdre un bon paquet de neurones et faire connaissance avec des travelos en folie, des bimbos défraîchies, des mecs qui sortent de zonz, des gossbos à la masse… Clairement, le Rexy est le royaume du nimp’ et n’est pas fait pour les petits joueurs. Musique : On va dire techno Quand y aller : Ouvert à partir de 7h, on vous conseille d’y passer toute la matinée, histoire de.

aussi de quoi se taper une bonne barre dans la capitale à partir d’une certaine heure, surtout si on aime « le crapuleux ». Rien de péjoratif derrière ce terme, juste une réalité : est qualifié de « crapuleux » un endroit où l’on trouve des oiseaux de nuit de haut vol, une faune extra-terrestre, des envies

2 — LE PIGALLE COUNTRY CLUB

libidineuses assez franches, une

59, rue Jean-Baptiste-Pigalle 75009

esthétique issue de la 4e dimen-

Le plus Crapulo-Rock’n’roll

sion et la possibilité de discuter

Le spot : La semaine, le Pigalle Country Club (ou PCC pour les intimes) est l’un des bars les plus pointus musicalement et sympathiques humainement de la région pigallienne. Depuis la rentrée, Lolo, le boss du PCC, a décidé pour le plus grand bien de notre système lymphatique d’ouvrir son boui-boui le dimanche matin. Suffit d’avoir un mot de passe pour rentrer (en général sur le fb du bar), et hop, nous v’là avec tous les rockers et autres épaves pleines d’amour du quartier. Musique : Rooooock’n’roool Quand y aller : Le dimanche matin, entre 7h et 8h, parce qu’après, tout le monde n’est vraiment plus très frais.

de choses absolument vides de sens pendant des heures. On vous a donc sélectionné 4 spots (choix non exhaustif) pour que vous puissiez vous finir en beauté.

10 —

Nuit


5 afters crapuleux

3 — LE PIGALLION 11, place Pigalle 75009 Le plus Crapulo-Évident Le spot : Le Pigallion, c’est quasiment sûr que tu connaisses… Dans

les locaux des Folie’s Pigalle, Le Pigallion renaît tel le phoenix de ses cendres à partir de 5 heures du mat’ (poésie, quand tu nous tiens…). À l’intérieur, c’est toujours la fête du slip. Pas mal de djeun’s et de mecs qui serrent les mâchoires, bref, de l’after comme on aime. Conseil : allez faire de temps en temps un petit tour au fumoir… Musique : grosse tech’ autoroute Quand y aller : Idéal pour ton after du samedi matin 4 — LE ZORBA (encore et toujours…) 137, rue du Faubourg-du-Temple 75010 Le plus Crapulo-Classique

: Bon, le Zorba, on en parle souvent parce que c’est tout simplement une légende parisienne. Le Zorba a eu la bonne idée il y a quelques années déjà d’ouvrir ses portes tôt le matin à une époque où les afters étaient très rares. On y trouve aussi bien une faune très « queer » en provenance de la Java que des déspérados nocturnes ou des pépés venus jouer au tiercé. Et c’est tout ce mélange improbable qui fait le charme de l’endroit. Malheureusement, suite à de nombreux différends avec les keufs, les matinées y sont un peu moins folles. On se rabattra dans ce cas au bar du Faubourg, quelques dizaines de mètres plus pas. Musique : Néant. Le brouhaha des oiseaux de nuit. Quand y aller : Surtout en after de la House of Moda ou de la Trou aux biches. Le spot

5 — CHEZ CARMEN 53, rue Vivienne 75002 Le plus Crapulo-Nimp’

: Chez Carmen est aussi une sacré institution, puisque cela fait désormais un bon paquet d’années que les oiseaux de nuit en tout genre viennent s’échouer dans ce petit club de poche. Ambiance surréaliste, mélange de genres, physio sorti d’ailleurs, patronne un brin radine mais pleine d’amour… Chez Carmen reste une expérience à absolument tenter pour avoir ses galons de noctambule averti. Musique : Mets ta pièce dans le juke box, jeune ! Quand y aller : Du jeudi au dimanche, à partir de 5h. Le spot

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MUSIQUE T/ Hillel Schlegel P/ Flavien Prioreau

THE HACKER “ JE RECHERCHE À EXPLOITER LE CÔTÉ FONCTIONNEL DE LA TECHNO.” Les fans vont être contents de l’apprendre : la veille

Est-ce que toi aussi comme beaucoup de monde en

de cette interview, Michel Amato aka The Hac-

ce moment, tu es un peu obnubilé par les « nou-

ker buvait de la téquila avec « Caro », c’est-à-dire

veaux formats », vu que le CD est en fin de vie et

Miss Kittin. Leur amitié ne s’est donc pas canton-

que les modes de consommation de la musique ont

née à sortir un tube il y a 15 ans avec Frank Sinatra.

énormément changé ces dernières années ?

D’autre part, The Hacker est bien entouré - fonda-

Pour moi, Love/Kraft est un album particulier : je l’ai recommencé plein de fois, il a failli ne jamais sortir… et puis il y a 3-4 ans, j’ai eu un peu une période de passage à vide, où je me disais que ma zique, c’est de la merde, que j’allais arrêter, etc… enfin bref, n’importe quoi. En fait, c’est un album particulier pour plein de raisons, donc je voulais le présenter de manière particulière. Déjà, il y a le concept : la partie Kraft représente le côté agressif et club de l’album, puis, logiquement, Love représente son côté plus soft. Après, il y avait une volonté toute bête de vouloir l’inscrire un peu dans la durée. Aujourd’hui, tu sors ton skeud’ après avoir mis un an à le bosser, tu fais deux semaines de promo… et deux semaines après, le machin est oublié et c’est fini, en gros. Durée de vie d’un disque actuel : un mois à tout casser. Donc je me demandais comment rallonger un peu la vie du projet, l’étaler dans le temps. C’est un peu ce que fait Garnier aussi - il a sorti plein de maxis, et puis il y a aussi la façon dont les gens écoutent la musique aujourd’hui, surtout les jeunes… Avec SoundCloud etc., le côté « j’achète un disque et je l’écoute en entier » n’existe plus, j’ai l’impression. Et

teur avec « Mike » (Gesaffelstein) du label Zone, il a largement contribué à lancer la carrière planétaire du jeune tombeur avec qui il collabore encore régulièrement, parce que « Mike, on ne le remerciera jamais assez pour un truc : il nous a quand même débarrassés de la turbine ». En pleine promo pour son dernier album Love/Kraft, c’est entre deux trains pour Grenoble qu’on a chopé cet homme pressé. Et malgré toute l’admiration qu’on porte à ce ponte de la dark tech frenchie, on a quand même réussi à lui faire avouer un truc : « mais The Hacker, c’est un nom de merde tellement geek, putain ! Dire qu’à l’époque j’hésitais à m’appeler simplement Amato… C’était cool autrefois, mais aujourd’hui, je paye tous les jours le prix de ce pseudo : un tiers des likes sur ma page Facebook, c’est des Indonésiens ne sachant pas lire qui me demandent de leur cracker des programmes. Bordel. » Tu as choisi de sortir ton dernier album, Love/Kraft - ou plutôt Kraft puis Love si l’on respecte son ordre de parution - en deux parties, espacées de quelques mois et sous la forme de deux gros EP’s. Pourquoi ? 13 —

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The Hacker

“UN TIERS DES LIKES SUR MA PAGE FACEBOOK, C’EST DES INDONÉSIENS NE SACHANT PAS LIRE QUI ME DEMANDENT DE LEUR CRACKER DES PROGRAMMES.” puis le format CD est absurde pour de la techno, en fait. Il y a un truc que je cite souvent en interview - mais qui est toujours d’actualité, il me semble, c’est la question que se posait Thom Yorke dès 2007, qui se demandait si le format CD était encore viable (ce qui correspond à l’époque où, de manière expérimentale, l’album In Rainbows fut mis gratuitement à disposition du public sur le site officiel de Radiohead, ndlr). Cette question se pose d’autant plus pour la musique électronique, qui est une musique ultra-fonctionnelle. Genre les 14 —

Pixies, dont je suis fan, hé bien je vais aller acheter leur CD ; mais un truc techno, je vais acheter le morceau que j’aime bien sur iTunes ou Beatport, mais je ne vais pas non plus me cogner des albums en entier de Marcel Dettmann ou Ben Klock, tu vois ? (rires) À la limite, tu te les écoutes en playlist sur internet quand t’es ché-per en after avec tes potes, mais tu ne vas pas acheter l’album, quoi ! (rires) Et l’autre raison principale expliquant ce format en deux parties, c’est que pour moi, Love/ Kraft symbolise la fin d’une période. On y trouve des morceaux assez anciens qui ont 4-5 ans ; l’album est donc une sorte de résumé de ces dernières années. Maintenant, il faut que je bouge vers autre chose. Alors évidemment, je ne vais pas partir radicalement dans un autre truc, mais clairement, Love/Kraft marque la fin de quelque chose, donc je cherchais à marquer un peu le coup. Et pour la suite d’ailleurs, je suis partagé entre partir dans un délire pure techno, ou faire un album vraiment électro-pop new-wave comme les deux chansons qui comportent de la voix sur Love/Kraft, Tenebra et A Thousand Times. Je n’ai pas encore décidé. Tu as 42 ans et es toujours catalogué comme un artiste techno, ce qui est une musique consommée aujourd’hui par des gens très jeunes. Toutes proportions gardées, tu n’as pas un peu le sentiment de faire une « musique pour enfants » ?

(Rires) Il y a un peu de ça, mais je dirais surtout que je recherche à exploiter le côté fonctionnel de la techno. C’est-à-dire que si tu veux avoir des prétentions un peu intellectuelles ou artistiques dans la techno, 0,2% du public va les capter. Ce qui est compréhensible, car pour la plupart des gens, la techno, c’est la zique du samedi soir, ils sont là pour danser, se défoncer… C’est une musique qui peut être intello, mais en même temps, il faut voir le réel contexte dans lequel elle existe : le club, la teuf… Du coup, le message artistique passe souvent inaperçu. À part pour les vrais puristes peutêtre, c’est-à-dire les gens qui vont écouter ton Nuit


The Hacker

skeud’ tout seuls chez eux, 80% du public techno est sous MD. Je n’ai rien contre ça hein, mais… C’est avant tout une musique fonctionnelle. D’ailleurs, « les jeunes » consomment de plus en plus ou je rêve ? Quel est ton sentiment, toi qui depuis plus de 20 ans es présent dans cette scène

moi, je continue à sortir avec mes potes et faire le con en boîte… J’ai une vie de mec qui a la petite trentaine, quoi. Du coup, évidemment, tu réfléchis. Après, je n’ai pas l’impression d’avoir cet âge-là, c’est bien ça le problème. Parce que tu l’as quand même. Mais en tout cas, si c’était à refaire, je referais exactement la même chose.

originellement plutôt rave ?

Oui, j’ai l’impression que les kids fantasment les années 90 et une idée de défonce qui va avec. Alors je veux dire un truc : à l’époque, on était moins ché-per qu’aujourd’hui, c’est sûr et certain. C’était moins vulgarisé, moins commun. Déjà, ça coûtait cher : un ecsta, c’était pas 5 euros, on était en France, c’était 250 balles. Ce qui, de base, rendait la surenchère de défonce financièrement inabordable. Ce n’était pas la même démarche, c’est évident. Alors aujourd’hui, s’il y a une vulgarisation et une banalisation de la défonce, c’est quand même parce qu’il y a une envie de la part du public. Pourquoi les gens font-ils ça ? Sans faire de sociologie à deux francs, je pense simplement que c’est en partie dû au fait que la vie n’est pas hyper facile en ce moment, il y a un désir de se lâcher, un peu comme les Anglais dans les années 80-90… le week-end, c’est la soupape de la semaine, on se met la race, on oublie tout. À ton âge, pas mal de Dj’s disent qu’au contraire, pour tenir le coup, ils tournent plutôt à la verveinecamomille. C’est ton cas ?

(Rires) Non, mais c’est surtout que je n’ai pas vu le temps passer ! Ça me rappelle ce que disait David Blot, des soirées Respect : « un jour, on s’est réveillés, on avait 40 ans ». Je ressens exactement la même chose. J’ai 42 ans dans un mois et demi, je ne regrette absolument rien, mais je ne suis pas marié, je n’ai pas d’enfants, donc j’ai choisi un style de vie au détriment de plein d’autres choses. À 40 ans, mathématiquement, t’as fait la moitié de ta vie. Quand je vois mes potes de Grenoble, ils sont tous mariés, ils ont des enfants, tandis que 15 —

Pour finir, on ne peut quand même pas passer à côté du jeu de mots entre Love / Kraft et l’écrivain H. P. Lovecraft. Je suppose que l’idée va un peu plus loin qu’un simple jeu de mots, non ?

Oui, alors c’est vrai que Lovecraft, c’est souvent une lecture d’ado, mais c’est vraiment un écrivain qui m’a marqué de manière durable, contrairement à d’autres trucs dans le fantastique ou la sciencefiction - par exemple, Stephen King, ça m’a toujours fait chier, je trouve ça naze. Donc je n’ai pas choisi de me référer à lui par hasard. Ce qui me fascine chez lui, c’est qu’il était une sorte d’ermite complètement taré à Providence, à Boston, et le mec, il écrit des trucs mais dingues ! Bon, tout chez lui n’est pas forcément magnifique et génial, mais il a inventé des mondes, des dieux et une mythologie foisonnante avec quasiment aucune matière préexistante dans le domaine. À l’époque, la science-fiction n’était pas encore constituée en tant que genre, il n’y avait pas la télé… Lovecraft, il a lu quoi ? De l’Edgar Poe, les premiers romans gothiques anglais peut-être ? Il a dû voir quelques tableaux aussi, mais c’est tout. Patrick Eudeline a dit qu’il était « habité », et je trouve qu’il a raison. Habité aussi par une paranoïa qui allait jusqu’au délire - le mec était un facho au final - mais qui a nourri une imagination transfigurant son réel. Et puis Kraft, ça se réfère aussi à Kraftwerk, que j’adore, donc je trouve que Love/Kraft, ça fonctionnait à plein de niveaux.

Love/Kraft, disponible chez Zone

Nuit


LITTÉRATURE T/ Tara Lennart

NUITS BLANCHES ET ENCRE NOIRE Blanche comme une page, la nuit

L’Ours est un écrivain comme les autres de William Kotzwinkle

s’inscrit aux abonnés absents.

votre lit, c’est encore mieux !

Un ours vole son manuscrit à un écrivain en devenir et se fait passer pour son auteur. Résultat ? Un succès fracassant, les honneurs, la reconnaissance de l’intelligentsia américaine et l’ours devient une star qui passe pour un original. Surréaliste ? Pas tant que ça, en fait. Très fin, surtout très acide et hilarant, un « must read ». Prenez garde aux endroits où vous laissez traîner vos manuscrits…

Vous aurez une bonne raison de

Éditions Cambourakis

Pas de marchand de sable à l’horizon ni de pilules magiques pour baver dans les bras de Morphée. Ne cherchez plus, lisez. Et dans

ne pas dormir… Petite Louve de Marie Van Moere

S’il y a un livre qui empêche de dormir, qui rend totalement hermétique au monde réel, c’est bien ce thriller hybride à l’effet « baffe dans ta face ». Une jeune ado violée, une mère vengeresse (et pas à moitié), des règlements de comptes à la gitane et le destin, implacable. On ne sort pas indemne de ce mélange d’écriture rock et littéraire made in France et ça fait un bien fou ! Éditions La Manufacture des Livres Glaneurs de Rêves de Patti Smith

Notre « Godmother of Punk » délaisse les crachats et autres « fuck the clock » pour la rêverie. Dans ces poèmes en prose publiés à l’origine pour son 45e anniversaire, Patti Smith nous parle de son enfance, reliée à la nature, de ses souvenirs. On rêve avec elle, bercé par cette douce mélancolie inspirée par Rimbaud, Keats, Yeats, Thoreau… Éditions Gallimard White Trash de John King

Bienvenue dans l’Angleterre contemporaine, entre satire sociale et 16 —

Nuit


roman naturaliste trash, entre les vrais gens du quotidien et ceux qui décident de leur destin. Une infirmière working class hero affronte son supérieur, certes. Mais ce qui compte, ce sont toutes ces histoires personnelles, autour, que King décrit avec la même hargne qu’un Welsh. Trash, on vous a dit ! Édtions le Diable Vauvert Déchirés de Peter Stenson

Imaginez. Vous êtes un gros défoncé à la meth et vous émergez. Dehors, c’est l’apocalypse, les gens se mangent entre eux, une gamine dévore un chien sous vos yeux. Une solution, la fuite, la recherche de survivants… et de votre putain de dose quotidienne. Walking Dead rencontre Breaking Bad et ça explose dans tous les sens comme une bonne série B avec de la jugeote. Éditions Super 8 À Corps Perdus de Yann Legendre

Des dessins d’inspiration Art nouveau fantastique futuriste… On ne saurait qualifier sans tomber à côté les illustrations de Yann Legendre, entre couleurs pop et noir et blanc graphique. Rêver éveillé, avec ces Corps Perdus, que demander de plus quand tombe la nuit ?

A TOUT

Éditions Textuel

PRIX

journal d ’un écrivain

ROGER RUDIGOZ Tous ces gens qui ont raison me fatiguent un peu.

« Je me sens HEUREUX. Cela m’arrive de plus en plus souvent. Je devrais me méfier. » Si j’étais riche, je sais bien ce que je ferais : j’achèterais la forêt de Compiègne, je ferais bâtir un mur autour, et alors je pourrais enfin pisser tranquille. FINITUDE

À Tout Prix de Roger Rudigoz

Si vous ouvrez le journal de ce type un peu ronchon, un peu misanthrope et très lucide, vous vous sentirez autorisé à, vous aussi, râler quand bon vous semble. Parce qu’il a souvent raison, ce cher Roger qui voudrait qu’on l’oublie un peu et le laisse écrire. Sa vision acérée du monde et sa tendresse latente sont contagieuses. Éditions Finitude Demain jour de marché où les femmes vont seules de Thibault de Vivies

Une femme parle de sa relation complexe à la gent masculine, entre amour et pornographie. Sa narration hallucinée va vous porter loin dans la nuit, vous perdre dans un esprit tortueux et profondément humain. Amies féministes, sachez que ce monsieur de Vivies, un des meilleurs écrivains de sa génération, décrit à merveille la psyché féminine. On ne naît pas femme, on l’est ou on ne l’est pas. Même quand on est un homme ! E-Fractions Éditions - La Collection du Zaporogue

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MUSIQUE T/ MPK P/ Martin Garbeau & Loup Garcin

MAXENCE CYRIN “J’AI CE CÔTÉ XIXE, JE M’HABILLE TOUT LE TEMPS EN NOIR, J’ADORE SCHOPENHAUER.” Il y a chez Maxence Cyrin cette classieuse mélancolie que les poètes du XIXe siècle parisien versifiaient sous le nom de « spleen ». Il y a aussi chez Maxence Cyrin cette noirceur contemporaine de

Du coup, j’ai dit ok, vous allez être servis : je vais me remettre seul au piano, mais en plus je vais vous faire des compos. Je veux désormais être identifié comme un compositeur à part entière.

jeune homme moderne que l’on retrouve dans ses diverses expériences électroniques et new-wave. Le

En musique classique, quelles sont les caractéris-

front ceint des lauriers de la gloire après la parution

tiques d’un nocturne ?

de ces deux premiers albums (Modern Rhapsodies

Un nocturne, c’est une pièce plutôt mélancolique mais ça n’a pas de forme précise. C’est pour ça que je me suis autorisé à appeler mes morceaux des nocturnes. Disons que la caractéristique commune des nocturnes, c’est que ce sont des pièces plutôt lentes. C’est surtout une atmosphère. Mélancolique. Ça permet aussi une certaine liberté. Ce que je voulais, c’était reprendre une forme qui appartient au passé et l’actualiser.

et Novö Piano, où il reprenait des hymnes pop et techno au piano), ce prince ténébreux à la tour abolie revient avec Nocturnes, une invitation au voyage sub-lunaire sur les pavés de la capitale. Maxence, peux-tu nous expliquer quel a été le contexte de création de Nocturnes ? Tu étais dans quel état d’esprit à ce moment-là ?

Le précédent album, The Fantaisist, était une B.O. imaginaire, un album concept. C’était un album très ambitieux artistiquement mais les gens ne l’ont pas trop compris. Je l’ai mal vécu. Mon public, qui aimait mes reprises (les deux premiers albums de Maxence, ndlr) et notamment celle de Where Is My Mind qui en est à presque 4 millions de vues sur Youtube, est passé à côté. J’ai eu pas mal de violentes critiques sur Youtube dont un commentaire qui disait : « Maxence, go back to piano solo ! » Je n’étais pas prêt à tout sacrifier pour les exigences de mon auditoire, mais ça reste un mètre-étalon, je pense qu’il faut savoir l’écouter. 19 —

Nocturnes. On ne peut s’empêcher de penser à Chopin…

Oui, bien sûr, cette forme a été popularisée par lui. Ses Nocturnes sont très connues mais il y a aussi d’autres compositeurs qui ont fait de très belles choses comme Francis Poulenc, Gabriel Fauré et aussi un certain John Field. Ce dernier en a d’ailleurs fait sa spécialité au XIXe siècle. Je te conseille d’écouter son nocturne Numéro 5 qui est vraiment très très beau.

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Maxence Cyrin

“EXPRIMER LA SOUFFRANCE N’IMPLIQUE PAS QU’ON LA TRANSMETTE TELLE QUELLE. LE PUBLIC VA PLUTÔT LE RECEVOIR COMME UNE CONSOLATION.”

On peut écouter ton album comme une déambulation noctambule dans la capitale. J’aimerais désormais déambuler avec toi au travers de ton Nocturnes en faisant un tracklisting commenté. Commençons donc par le début avec A Tale From The Past.

A Tale From The Past renvoie à une rupture. Je résume cette histoire passée comme un conte. C’est quelque chose que j’ai vécu et que j’évoque à l’imparfait. Il y a des accords très « moyenâgeux » qui renvoient musicalement à cette idée-là. Venons-en à Arc de Triomphe. Les Champs, c’est pourtant hyper pourri la nuit, non ?

(Rires) Oui mais l’Arc de Triomphe, c’est beau ! Bon, ok, les Champs-Élysées, je n’aime pas trop non plus. Mais l’idée d’Arc de Triomphe, c’est majestueux, c’est très expressif. Et en rapport avec le morceau précédent, la rupture est consommée, il y a le retour en force, le « you know, i’m back in the game »… De quel pont parisien parles-tu en particulier pour Dream Over The Bridge ?

Ça, c’est un cliché, un cliché un peu à la Woody Allen avec son Midnight in Paris. J’aime bien utiliser les clichés avec humour. Dans ce morceau par exemple, j’imagine deux personnes qui sont sur un pont, le Pont-Neuf ou le Pont des Arts… J’aime bien fonctionner à l’imaginaire. Du coup, là, on rentre vraiment dans le voyage parisien. Velours poussière ?

Pour moi, c’est vraiment Lapérouse, j’aime beaucoup ce lieu. C’est un bar-restaurant chargé d’histoire où Gainsbourg amenait ses filles pour prendre le thé. C’est un vieil endroit, très rococo, je sais que Mitterrand venait également y dîner. Le bar est d’ailleurs maintenant géré par La Clique. Et China Club et La Bellevilloise ? Ce sont bien entendu deux clubs parisiens mais je suis surpris que tu n’aies nullement évoqué des bars pigalliens… On

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Maxence Cyrin

te croise pourtant TRÈS souvent dans ce quartier….

C’est vrai, en plus je ne vais pas souvent dans ces endroits. Je les ai choisis pour la beauté des noms. China Club, je trouvais ça beau, que ça sonnait bien. C’est plus beau que le Pile ou Face, le Sanssouci, le Dirty Dick ou le Mansart. La Bellevilloise, c’est aussi poétique. Ça peut être aussi bien l’endroit qu’une femme vivant à Belleville. Il n’y a pas d’anecdotes sur ces lieux ? Tu sais que tu leur fais un sacré coup de pub…

Non, c’était vraiment pour les noms. J’espère qu’ils vont me payer des coups gratuits pendant quelques années. (rires) In The Grey Of The Sky ?

C’est un morceau très mélancolique qui ne parle pas de Paris spécialement. Ce morceau est dans la structure assez proche d’un nocturne de Chopin. J’aime beaucoup Chopin, c’était quelqu’un dans la musique classique qui avait un rôle à part. C’était un grand mélodiste, il faisait quasi des chansons que l’on peut chanter. Ce morceau, je l’ai aussi écrit après cette fameuse rupture amoureuse. Pour le coup, cela m’évoque plus un ciel de campagne, un ciel noir et bas. Il y a de la souffrance. Moi, j’aime bien la souffrance. Quand on écoute Chopin, il y a beaucoup de souffrance. Cette souffrance, paradoxalement, ne me rend pas triste. Elle me fait même du bien. Exprimer la souffrance n’implique pas qu’on la transmette telle quelle. Le public va plutôt le recevoir comme une consolation. Voilà, c’est une musique qui peut consoler. Moi, quand j’ai écrit ce morceau, il m’a fait vraiment du bien. Ça a été un remède.

majeur très fort : c’est comme si j’avais enfin réussi à percer la glace. Aucune référence donc avec Le Palace, ce bel endroit du mythe parisien. Paris Spleen ?

La référence au Spleen de Paris de Baudelaire est très claire. Ce morceau est l’avant dernier de l’album, c’est presque une pré-conclusion qui rappelle que cet album parle de Paris et de son spleen. Certes, Paris est une belle ville mais c’est une ville qui pousse à la mélancolie. Pour revenir sur Baudelaire, j’ai aussi ce côté XIXe, je m’habille tout le temps en noir, j’adore Schopenhauer, je suis resté un bon gros gothique de merde ! Plus largement, dans cet album, il y a plein de références directes au Paris du XIXe siècle. En plus, j’habite dans le quartier de la Nouvelle-Athènes dans le 9e, là où ont vécu Chopin et George Sand. It Was A Very Good Night, c’est ce que tu dis à tes amantes après une nuit d’amour ?

C’est plutôt un message adressé au public. Une conclusion pour dire : « j’espère que vous avez passé un bon moment en ma compagnie. » Je termine sur une note joyeuse avec une inspiration swing. Pour conclure, tes projets à venir ?

Je suis en train de produire un projet disco psychédélique qui s’appelle Gods of Venus avec Jay-Jay Johansson à la voix. On va bientôt sortir un EP de 4 titres. Et puis je travaille sur Novö Piano 2, un nouvel album de reprises. Les adaptations sont presque finies, et j’en ai choisi des moins évidentes. Il y aura par exemple Hyperballad de Björk, Eyes Without A Face de Billy Idol ou encore le Courage des oiseaux de Dominique A…

The Frozen Palace ?

C’est surtout la métaphore d’une femme qui est inaccessible, qui est un palais glacé. Le morceau est très mystérieux, très cristallin. Il y a un tourment mais la dernière partie est très positive et se termine par une sorte d’orgasme avec un accord 21 —

Nocturnes/Evidence — sortie le 13 janvier

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CINÉMA T/ Pierig Leray P/ DR

Y’A QUOI AU CINÉ ? 1 mois, 4 films, 4 avis. Le pro-

La French de C. Jimenez –

blème ? On ne les a pas vus.

Je veux bien croire qu’au Montana, la paire Dujardin-Lellouche ça fonctionne pour choper d’la gamine de 20 ans, mais enchaîner derrière l’autobiographique Infidèles même pas drôle cette course-poursuite du gentil juge contre le méchant trafiquant d’héro, c’est une mise à mort d’un duo qui a trop duré. Qu’on se le dise, la French Connection, c’est vraiment pas deux quadras à court de libido.

Critiques abusives et totalement infondées des meilleurs/pires films du mois.

Le Père Noël de A. Coffre –

Mais que fout Tahar Rahim ? Menant sa carrière comme un chef (comprendre des choix « couv’ des Inrocks »), le voilà dérapant dans le rôle du rebeu de service. D’abord en laveur de vitres dans la daube pour mégère Samba et maintenant en voleur du 9.3 déguisé en père Noël pour chourave l’or des bourges, « t’as vu ». La vraie question désormais : à quand son film « coup de poing » sur l’embrasement des banlieues, jogging et Air max au pieds ? Dumb & Dumber De des frères Farrelly –

Mais aussi : Mr Turner de M. Leigh, Queudver de Hary Potter (Timothy Spall) a bien décroché la palme, brillant (4/5), Le Hobbit 3 de P. Jackson, des nains, des pieds poilus, des méchants trisos (orcs ?), un rom à chapeau (Gandalf ?) (2/5), Charlie’s Country de R. De Heer, un aborigène alcolo et mal traité, forcément réussi (4/5), Comment tuer son boss 2 de S. Anders, qui était déjà au courant d’un 1 ? (0/5).

Parce qu’on a envie d’y croire. Parce que Dumb & Dumber est la référence humoristique des années 90 avec les Wayne’s World et leurs traductions par les Nuls avec la Cité de la peur qui en découle. Parce que l’humour gras under the belt des Farrelly n’est jamais aussi bon qu’avec un Jim Carrey psychotique. Des vannes identiques et une chasse d’eau qui ne marche pas, pur bonheur. Exodus de R. Scott –

Christian Bale en Moïse sans déconner ? Le playboy mégalomane en sauveur des peuples qui tape la causette à un arbuste en feu ? Non. La bande-annonce dure 3 min et balance ce que l’esprit simpliste d’un curieux idiot souhaiterait voir. Donc, ne vous déplacez pas, matez la BA, ouvrez l’Ancien testament et évitez-vous la torture américanisante d’un conte biblique, très 25 décembre pour le coup. 22 —

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buffalobillgates.tumblr.com 25 —

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RENCONTRE T/ Paul Owen Briaud P/ Rote Child

REPEINS LA NUIT Notre interlocuteur a cartonné Paris et sa banlieue dans les années 2000, exporté son Ghetto Blaster à San Francisco, Londres, Amsterdam et Berlin et toutes les villes où il a posé ses adidas et son Eastpack. Il nous explique comment faire le délinquant

pas trop tard parce qu’après tu te retrouves tout seul dans la rue et là tu es facilement sujet à des contrôles. Sinon pour les plans train, métro, c’est souvent vers 3h-4h du mat’ quand les mecs ne travaillent pas, ou même au petit matin.

comme un boss. Les vigiles. L’école du crime.

J’ai commencé à faire des grafs, du tag, dans les rues de ma ville vers 96, à 15-16 ans. J’ai fait mon premier train en gare de Garches avec un style copié dans Style Wars et des bombes achetées à Père-Lachaise, avant de faire les voies. Avec des potes on faisait des trains à Saint-Laz’, puis les voies jusqu’à La Défense, Puteaux, par là. On allait souvent faire les intérieurs de trains la nuit dans la gare de Saint-Cloud, jusqu’à ce qu’on crée le fameux Ghetto B. en 2000, et je n’ai plus fait que ça. Le lieu et l’heure du forfait. Quand il s’agit de la rue, tu te balades, tu regardes les places en hauteur, il n’y a pas vraiment de règle. Après, dans les dépôts, il faut un max de repérage pour savoir où tu vas aller quand il faut filer. Moi, j’étais souvent bien entouré par des mecs qui connaissaient par cœur, donc je me faisais souvent guider. Pour tagger, la journée, ça passe mieux, les gens croient que tu fais une commande légale. De nuit, je dirais 26 —

Il faut jeter des coups d’œil réguliers pour voir si quelque chose bouge et surtout bien évaluer le type d’individu qui s’approche : j’ai déjà eu à faire à des types perdus dans les dépôts de trains. Parfois ça peut être des conducteurs, travailleurs, nettoyeurs, un simple maître-chien en ronde tout seul... donc jamais faire de bruit, juste se cacher et attendre si tu n’as pas été repéré. Il ne faut pas partir en courant et en faisant du bruit si tu ne sais pas ce qui arrive. Une ronde de brigade GPSR ne veut pas dire que t’as été vu. Mieux vaut garder son sang-froid, trouver une bonne cachette et y rester plusieurs heures s’il le faut jusqu’à voir qu’il n’y a plus personne.

Les complices.

J’ai souvent peint seul car je préférais l’ambiance, j’avais l’impression de mieux contrôler ce qu’il se passait : personne à attendre, moins de bruit. Me promener tout seul dans les tunnels de métro, sur les voies, j’ai toujours adoré ce calme. Après, être entre potos c’est toujours plus marrant donc je faisais aussi des missions Nuit


en équipe. Pas de guetteurs ou autre ; on y allait direct quand on savait que c’était bon, que la voie était libre. La police. J’ai des potes qui connaissaient des maîtres-chiens, j’ai déjà entendu parler d’eux filant un petit billet pour que le gars reste à dormir dans sa cabine, mais perso je l’ai jamais fait. J’ai connu plusieurs arrestations, plusieurs coursades. Si tu te fais courir après, pas la peine de négocier, le mieux c’est fuir. Inventer une histoire béton et nier jusque au bout, ça m’a sorti de pas mal d’histoires, mais souvent, de ce fait, les gardes à vue étaient prolongées. Comme la fois où on peignait un pont 27 —

du RER A sur le parking de la préfecture de police à Nanterre : serrage musclé, 3 voitures qui arrivent en dérapage et finalement on est ressortis après 24h de garde à vue sans aucune plainte. Vivre de son art. J’ai jamais trouvé que le tag, le graff étaient de l’art (c’est un crime !), donc ma seule motivation là-dedans c’était d’écrire mon nom partout et de rentrer dans des endroits interdits. Ca m’arrive encore d’aller voler des bombes, faire quelques tags dans la rue quand je suis chaud, faire quelques trains, enfin rien de bien méchant, juste pour le fun.

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GONZO T/ Raph la Rage P/ Jacques Daniel

LA SOIRÉE D’ENTREPRISE « AFIN QUE JE SOIS REMPLACÉ DÈS LE MOIS DE JANVIER PAR UNE INTERVIEW DE DJ À LA CON… » Si il y a une chose que je préfère au monde, ce sont les soirées ratées. Vous savez les événements où ceux qui se sentent plus mal que les invités sont les organisateurs. La fête où tu n’avais rien à faire et à laquelle tu assistes comme une petite souris.

Celle où tu te sens comme avec tatie Monique quand vous regardez le patinage artistique et qu’un couple rate un triple lutz avec en prime une grosse gamelle lors de la réception sur la glace. Parmi ces soirées ratées, on peut distinguer plusieurs types et sous-catégories. Mes favorites sont définitivement les teufs d’entreprise ratées. C’est un mardi pluvieux de début d’hiver que je me rends à la soirée des 2 ans de Conconbini, un concept web magazine/store parisien qui parle et vend tout et n’importe quoi du moment que ça buzz. La marque, qui a le vent en poupe, lance son nouveau site web, son e-shop, son appli, son jeu vidéo, et sa marque de tablette. L’occasion est rêvée pour me glisser parmi les invités de cet événement parisien incontournable, afin de guêter làbas un plan pige ou deux, pour que ce Gonzo soit le dernier, et que je sois remplacé dès le mois de janvier par une interview de Dj à la con. On croise les doigts. Le problème des petites boites qui montent, c’est qu’elles ne sont pas encore montées justement, 29 —

donc paradoxalement, c’est toi qui montes à sa place. Tournure lourde dont je n’arrive pas à me dépatouiller, juste pour vous expliquer que les bureaux sont au 7e sans ascenseur. On se rassure tout de suite, l’espace est néanmoins assez grand, car Conconbini partage les locaux avec un autre concept web magazine / store parisien qui a le vent en poupe aux sujets tout aussi palpitant : Cockito. Heureusement que la pièce est grande, parce qu’on se marche dessus. Le tout Vésinay est venu ici ce soir. Oui, le Vézinay… Parce que les deux fondateurs, les Mark Zuckerberg et Steve Jobs français, nommons les Marc Montagne de Sucre et Stéphane Boulots, sont nés et ont grandi dans cette lointaine et vilaine banlieue, où ils espèrent plus tard fonder la grande vallée du silicone. Il est difficile de se frayer un chemin dans ce champ de pique-assiettes. On remarque déjà trois différences notables entre les convives. Les sans-dents, mal habillés, souriants et admiratifs : ce sont les gens du Vésinay. Les mal (bien) habillés : des gens au regard de vautours, qui espèrent gratter du blé pour de futures opé avec la marque. Et les autres : un peu moins bien (mal) habillés, qui ont aidé l’entreprise à se lancer, et qui viennent manger du saucisson et boire de la piquette et des Heineken gratos. On dit bonjour à tout le monde. Evitez les gens en haut de costard / jeans, ils vont essayer de vous vendre un truc ou vous parler de la dernière Nuit


Gonzo

opé qu’ils ont vendue à Saint Morêt. Bon, j’avoue que moi-même, j’arrive intéressé, je cherche des plans piges. Je suis venu avec mon petit book dans lequel se trouve le dossier reporting sur l’event gigantesque qu’a organisé les cassoulets William Saurin dans un lieu trop insolite. L’opé devait réconcilier les jeunes avec le cassoulet, on a eu du monde, la soirée a été un succès, heureusement que Rebotini, ivre, avait accepté de mixer pour 70 balles. Bref. Niveau bouffe, c’est assez cheapos… Saucisson / cahuettes / piémontaise / mauvais vin. Heureusement que j’ai ramené ma kéta. C’est alors que Jean-Alain vient me casser les couilles. Parmi tout le gratin de concons, c’est à moi que le co-fondateur de la célèbre boite de nuit de jour la Discrete vient casser les couilles. Il me suce les coudes pour me parler de la création de Wotzefeuk Records, un petit label indépendant qui sort des Maxi EP 5 titres de remix de remix faits par des Dj’s prometteurs de province de Leipzig, the place to be before everyone is there. C’est énorme. On parle pendant des heures (1m30 en réalité), tout ça pour qu’il m’ajoute sur Facebook pour m’envoyer par la suite 15 invitations par jour pour des events à la con. Heureusement, nous sommes interrompus par Marc et Stéphane qui veulent nous faire un petit pestacle. Moitié discours d’entreprise boring / moitié one-man-show foireux. Un mélange d’un discours du Medef et du tournage de la pub LCL de Gad Elmaleh. Si marc est à l’aise, Stéphane, lui, sue dans son froc, et ça se sent. Il a donc ingurgité plus de 7 vodka Red Bull avant de monter sur scène. On aurait dit Anne Roumanoff chez Drucker… en plus drôle tout de même pour les gens dotés de sarcasme. Chaque gag avait son bide. Si j’avais perdu un kilo à chaque fois que quelqu’un riait, je pourrais rentrer dans le pantalon de Guy Carlier. Tout ce déluge de fange se floute à l’instant où j’aperçois Karine, mon amour de toujours, la community manageuse de la page Facebook de Saint 30 —

Morêt. Un amour de petit fromage. Je traverse la pièce comme à la fin de Cocodile Dundee, vous savez j’avais l’impression de marcher sur des têtes comme le héros pour rejoindre sa zouz. Sauf que c’était un parquet normal donc j’avais l’air un peu con. J’arrive devant ma future monture, lui tenant à peu près ce langage : « Salut toi, Kétarine ! Kétu d’viens ? T’as pu venir finalement ? Kéta fait depuis tout ce temps ? Je suis trop kétan de te voir ! ». Je pose des questions sans réponses pendant 5 minutes puis je me rends compte que nous avons échangé nos verres en fumant une clope à l’envers, du côté du filtre. Mais le temps de lui dire, elle était déjà partie aux chiottes pour sucer Norman fait des vidéos. Je me mets à la chercher partout. Je demande à Jean-Jacques, le rédacteur en chef de Tsugi s’il a vu la meuf de Saint Morêt. Il me dit « Non, c’est un peu galvaudé Saint Morêt. » Pas plus de chance avec Daniel, le rédac chef sénior adjoint de Vice France « Non désolé… Non mais c’est vrai quoi, ce film est imbuvable, mais on doit reconnaître qu’il y a un scénar ! » . Je me concentre, réfléchissons, où peutelle être ?… Si elle est défoncée, les gens vont voir que quelqu’un a osé ramener de la drogue dans le monde de l’entreprise, ce qui ne se fait guère. Ce sera la fin de mon existence de pigiste. Je serai catalogué de la Redoute et après je ne pourrai que pondre des daubes chez Dilighted ou encore Open Minded, ces blogs de merde qui plagient les autres pour pouvoir faire 4 pauvres clics chez des post-pubères à barbes rousses en mal d’endroits insolites pour faire la fête. Je suis perdu. C’est à ce moment-là que Get Lucky qui passait seulement pour la 4e fois se fait couper brutalement. « Oh la musique là oh ! » crie un con au loin. À ce moment, une voix chevaline d’une personne que je semble reconnaître hue : « Ké ta min’ comme musique de merde là oh, je vais mettre Paula Abdul bande de fils de pute. » C’était Karine… Encore un plan pige de foutu… Du coup je vous dis à l’année prochaine ! Nuit


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4e DIMENSION T/ Vincent Kreyder P/ Hillel Schlegel

LE GATOFAR Il est de ces drames dans la vie d’un être humain qui bouleversent à jamais votre rapport au monde. Celui de voir éclore une génération postérieure à la nôtre, glissement tragique jusqu’alors impensable vers l’Âge de Sapin, en fait partie.

Mais ne nous laissons pas abattre et confrontonsnous à cette clique pourrave qui semble bien partie pour nous confire dans notre aigreur. Quoi de mieux pour aller à sa rencontre que d’en explorer l’un des repaires de prédilection ? Direction Le Batofar pour une étude sociologique approfondie et imbibée de seum. Rendez-vous donc au 1, quai François Mauriac, dans le 13e arrondissement de Paris, juste à côté de la BnF pour investir le joli tas de ferraille rouge surmonté d’un phare parfaitement disproportionné. Dès les premières minutes, un constat s’impose : ces petits cons sont arrogants et n’ont aucun respect pour les anciens ; j’ai vraiment le sentiment d’être Frédéric François perdu au milieu du Hellfest. Si ces formidables baltringues dont la mâchoire fait déjà le mouvement d’une machine à laver à 23h avaient ne serait-ce qu’une petite idée des faits d’armes du gonze qu’ils reluquent avec dédain, ils ramasseraient sûrement leurs zygomatiques par terre. Remarque, ce serait sûrement dans leur intérêt, vu qu’ils auraient une bonne chance de trouver, à côté d’une rangée de dents de lait un énième para qui, avec un peu d’espoir, finirait de ronger les quelques neurones qui leur permettent encore 32 —

d’ouvrir leurs gueules. Loin de moi l’idée de laisser ma rancoeur, toute tenace soit-elle, submerger mon impartialité, et ainsi m’empêcher de reconnaître que, comme disait Didier Super : « y’en a des biens ». Notamment ceux qui sont prêts à acheter du sucre de canne Starbucks dans une feuille à rouler. Eux, on ne peut pas nier leur profonde gentillesse. Mais cette clientèle à la mouille qui grince dure n’est pas la seule faune que vous croiserez au Bato. En effet, l’endroit a le mérite de proposer un programme suffisamment hétéroclyte pour qu’une soirée vous convienne de temps à autres ; de la basique soirée électro à l’évènementiel (comme récemment le lancement de l’excellent collectif XVIIIp) jusqu’au bon vieux concert de metal à kids impeccablement brushés. Car oui, vous pouvez trouver votre bonheur au Bato et ce à une fréquence suffisante pour ne pas oublier ses couloirs à géométrie aléatoire qui font vite passer une déambulation quelconque pour une course-poursuite dans les rues des San Francisco. Le tout est de bien choisir sa soirée et de savoir renifler les plans qui craignent, typiquement ceux qui voient débarquer vers 5h le fond de cubi de la nuit parisienne, le genre de cotorep à veste en cuir qui va demander sous tes yeux à ta femme si elle habite toujours chez ses parents, inconscient que le contrat tacite de sa démarche implique la privation de l’usage d’une ou deux de ses rotules pour les mois à venir. MD(R) Nuit


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LE LABEL DU MOIS : RUE DE PLAISANCE

Taking It Back Novio Dub Tribe

Catalog#: R2P015 Format: Vinyl – 12”

Rue de Plaisance aime les sons éclectiques. Ce mois-ci, leur sortie nous amène dans des grooves profonds et dubby. Ils ont invité pour ce nouveau projet Novio Dub Tribe qui livre ici des sonorités lentes et chaudes dans la veine Old School Dream. Et l’homme derrière ce projet n’est autre que Roger Gerressen and friends, qui a déjà convaincu un bon nombre d’auditeurs ces dernières années.

A1 : Taking it back A2 : Taking it back Varoslav’s remix B1 : Taking it back Beat Tool B2 : Taking it back Boundary dub

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FAM5+ Skipson

Catalog#: R2P014 Format: Vinyl – 12”

Skipson signe avec FAM5+ son premier EP sur le label. Comme vous le savez, Skipson n’est pas un nouveau venu : vous avez sûrement vu ses sorties sur des labels comme Deep vibes, Raum music, Tender park ou Quentessentails… En samplant, creusant et travaillant le MPC, ses tracks sont chaudes et physiques.

A1 - Samthing A2 - Franksy B1 - Bo’s dance B2 - Maoman´s house

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CASSE-DALLE T+P/ Agathe Suarez

LE YEAH ! BURGER Au mois d’avril dernier, j’ai sauté dans ma caisse direction Lourmarin, un bled dont je n’avais jamais entendu parler. En me renseignant un peu, on m’a expliqué que c’était un spot héliotropique pour Anglais à la retraite qui retapent des maisons.

Enfin, la raison de ma venue là-bas ne devait rien au hasard : il s’y déroulait le festival YEAH de Laurent Garnier. Laurent Garnier, LE PAPE, tu vois de qui je parle ? Aussitôt arrivée, je me suis pris une bonne claque car la festival se déroule dans la cour ouverte d’un château de toute beauté. On y trouve plusieurs scènes, et j’y ai croisé des gens cool en tongues, ou des gosses qui courent avec des casques antibasses sur les oreilles… Souvenirs d’un printemps méridional, il fait beau, ça sent bon, l’amitié et la bière légère coulent à flot. Avec mes potes Marie et Karuna, on s’est donc retrouvées le samedi soir devant Laurent. Lui derrière les platines, nous, hystériques en train de crier son nom. Il nous a fait un set pêchu et éclectique dont il a le secret. Et puis, comme toutes les bonnes choses, ça s’est fini trop tôt. En rentrant chez la vieille dame à l’accent anglais qui me louait la chambre, je me suis tapé une grosse dalle. Un coup d’œil dans son frigo d’Anglo-Saxonne un peu bab’ m’a permis de préparer un Vegan Burger, un burger parfait pour le caler dans son estomac tout en restant léger. En l’honneur de ce festoche, je l’ai appelé le YEAH ! Burger. 36 —

Ingrédients : 7 cuillères à soupe de quinoa rouge 2 pommes de terre Oignon Curcuma Curry Piment Noix de cajou Jus d’un citron vert Farine (à l’œil) 1 Bun de chez Julhès 1/2 oignon rouge 1 tomate jaune 2 feuilles de romaine Guacamole Ketchup au Jack Daniel Préparation du steak végan

Faire cuire à l’eau quinoa et pommes de terre. Mélanger les deux avec les noix de cajou, les épices et la farine. Le faire sécher tranquille au four 5/6 min de chaque côté à 180. Assembler les couches du burger avec le reste des ingédients.

Vous pouvez déguster ce Vegan Burger que j’ai mis à la carte du Havanita, 11, rue de Lappe 75011.

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COCKTAIL T/ Roger de Lille P/ Arno Chayou

MOSCOW MULE Le Moscow Mule est un cocktail inventé par le manque de succès initial de ses deux principaux ingrédients…

À la suite de la prohibition américaine, l’entrepreneur Rudolph Kunett décida d’implanter aux États-Unis la vodka Smirnoff, dépensa une somme folle en publicité et essuya un échec retentissant. Là-bas, on buvait du whisky, du gin, de la tequila et du rhum et la vodka était au mieux un bon débouche-évier. En 1939, Kunett désespère et vend la marque à Martin. Comme vous devez sans doutes vous en rendre compte, la vodka à un goût assez passe-partout pour ne pas dire aucun – et se marie assez bien dans la majorité des cocktails. John Martin savait que les américains n’aimaient pas la vodka, mais que ceux-ci aimaient les cocktails. C’est alors qu’un troisième personnage entre en scène. Jack Morgan, vieil ami de Martin, qui, de son côté, voulait populariser la ginger ale anglaise, lui aussi en vain. En 1947 la solution à leurs problèmes respectifs apparut alors en mélangeant leurs deux problèmes ensemble. La ginger ale était à l’époque servie avec du jus de citron. Ainsi, versez dans un verre à mélange garni de glace 6 centilitres de vodka auquel vous rajouterez un centilitre de jus de citron, on rajoute le ginger ale pour compléter. On peut remplacer le ginger 39 —

ale par de la ginger beer si on préfère l’aspect gingembre de la boisson. On verse le tout dans un tumblr et on décore d’une feuille de menthe et d’une rondelle de citron. Certains aiment rajouter un trait d’Angostura pour relever l’affaire. D’autres mettent une tranche de concombre dedans. Quelques originaux remplacent la ginger ale par du tonic, et il existe une variante appelée Gin-Gin Mule qui se fait avec du gin, du jus de citron, du sucre, de la menthe, de l’angostura et du ginger beer. Astuce : si vous vous mélangez l’affaire et que vous pensez faire un Moscow Mule en mélangeant vodka et tonic avec une rondelle de concombre, vous obtiendrez… Un Vodka-Tonic, bande de gros malins. Donc on se recentre. Les variantes c’est joli et original mais c’est souvent n’importe quoi : l’âme de la boisson c’est ginger beer, citron, vodka. Les mecs qui mettent de l’angostura ont tendance à en mettre partout. Et comme l’exprime si bien mon excellent professeur « ça donne un goût de merde ». Le tonic n’est pas du ginger ale, le gin n’est pas de la vodka - c’est bien meilleur - et le concombre, c’est dégoûtant. Aussi, ne croyez pas les escrocs, pourfendez les salopards, affirmez votre goût pour le vrai, le bon, l’authentique, apprenez la vérité et aimez-moi. La vérité est rétablie.

Nuit


SEXE T/ Julien Bouisset P/ DR

CONSEILS D’UNE PRO Anna Polina n’a jamais eu froid aux yeux. Déjà parce que jusqu’à ses 10 ans, elle vivait à Saint-Pétersbourg, en Russie. Ensuite, parce qu’elle est rapidement devenue, une fois sa majorité consommée, l’une des pornstars les plus influentes de France, avec plusieurs dizaines de scènes à son actif et autant de partenaires à l’écran. En guise de cadeaux

drement un peu autour. Il faut être à l’écoute de votre partenaire : vous avez le droit de lui parler et lui demander si cela lui plait. Un petit conseil pour comprendre si votre technique fonctionne : plus elle sécrétera, plus son excitation sera en train de monter. Donc ne vous arrêtez pas en plein milieu si c’est le cas.

de Noël, la jeune femme de 25 ans nous donne ses trucs et astuces pour passer des moments torrides au pied du sapin. Caresse : Messieurs, je le répète : l’organe sexuel d’une femme, ses fesses ou ses seins ne sont pas une manette de jeu vidéo ! Inutile donc de faire comme lorsque vous jouez à Fifa 15 ou à Call of Duty. Cela fait mal ! De plus, il existe d’autres zones érogènes que celles que je viens de citer. En bas du dos, par exemple, cela peut-être très agréable, tout comme la nuque, les épaules qui sont aussi des zones très relaxantes. J’encourage les personnes à commencer par la nuque lorsque l’on commence les caresses. Avec un seul mot d’ordre : y aller crescendo. Après, libre à vous de découvrir les zones que votre partenaire affectionne particulièrement. Car toutes les femmes sont différentes.

: Il ne faut jamais négliger le clitoris. Vous pouvez le toucher avec des va-et-vient plus ou moins rapides. Il ne faut pas, non plus, hésiter à mettre des doigts dans le vagin ou bien lécher ten-

Cunnilingus

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: C’est la pratique phare dans l’industrie du porno. Tout rapport commence ou se termine souvent par une fellation. La fellation, vous l’aurez compris, est donc un très bon préliminaire. Et puisqu’un vieil adage outre-atlantique dit qu’« une pornstar doit faire une fellation avec son cœur et pas avec sa bouche », il faut vraiment y aller à fond. Certains hommes vont être très sensibles. Voilà pourquoi il faut toujours commencer doucement, avec la langue, en caressant le pénis. On comprend à ce moment-là si le garçon veut qu’on aille plus vite. Il faut savoir que se concentrer sur le gland fonctionne aussi à tous les coups. Et ne pas oublier les testicules ou de caresser son partenaire pendant que l’on pratique une fellation. L’effet est garanti !

Fellation

Gorge profonde : On se rappelle tous du film réalisé par Gérard Damiano et qui met en scène Linda Lovelace. Depuis 1972, cette pratique a tendance à beaucoup plaire aux hommes. Après certaines femmes ne vont pas aimer du tout. C’est vrai qu’il existe un sentiment de domination dans Nuit


Conseils d’une pro

cette pratique. Mais pour moi, cela rend la chose terriblement excitante. Alors, pour celles qui veulent tenter l’expérience, sachez qu’il y a des positions qui s’y prêtent mieux : lorsque votre mec est allongé ou bien lorsqu’il est debout car c’est vous qui maîtrisez le rythme de la pénétration. Il faut quoi qu’il en soit ouvrir bien grand la bouche et faire le plein de salive car sinon votre gosier risque de se retrouver en feu. Si ce n’est pas le cas, utilisez un bon lubrifiant, de préférence à base de silicone. Il va vous permettre de faire glisser la verge doucement dans votre gorge et de rendre fou votre partenaire. Levrette : Une position qui permet de stimuler le point G de manière très efficace. Je la pratique souvent à la maison car elle a un côté très animal, où le cavalier peut, par exemple, s’amuser à tirer un peu les cheveux de sa monture. C’est très excitant. La femme est à l’aise pour bouger donc il ne faut pas hésiter à ce qu’elle prenne le dessus sur l’homme pendant l’acte. Le petit plus ? Si la femme est réceptive, une fessée bien dosée ne pourra que renforcer votre plaisir. Commencez doucement, donc, pour tâter le terrain. Missionnaire : C’est incontestablement ma position préférée. Elle permet de stimuler le plaisir car on peut véritablement voir son partenaire et ne faire qu’un avec lui. Elle est également, en théorie, la 41 —

moins douloureuse pour les couples et laisse beaucoup de liberté de mouvement. Certes on la voit de moins en moins aujourd’hui dans le X. Mais c’est principalement dû au fait qu’elle n’est pas visuelle pour les caméras. Sachez une chose : entre les scènes, souvent les acteurs poursuivent l’acte entre eux dans cette position. Et si en plus vous plongez dans les yeux de votre partenaire pendant l’acte, ce n’est que du bonheur. : Cette pratique a beaucoup évolué dans l’industrie du X, notamment avec Internet qui met en avant des pratiques de plus en plus extrêmes. Avant l’anal était une spécialité. Aujourd’hui elle est monnaie courante. Je n’aurai qu’un seul conseil : parlez-en avant avec votre partenaire et n’y allez pas en traître pendant l’acte ! C’est le meilleur moyen de bloquer votre partenaire. De plus, allez-y DOU-CE-MENT et utiliser un lubrifiant. Vous ne pouvez pas y échapper. Détendez votre partenaire en insérant un ou deux doigts tout en la caressant et l’embrassant. Mais sachez que vous pouvez réellement prendre du plaisir avec cette position. Pour moi, d’ailleurs, un orgasme anal est 10 fois supérieur à un orgasme vaginal. C’est un plaisir intense et profond. Et puis ce petit côté cérébral vis-à-vis de l’interdit est terriblement excitant.

Sodomie

Nuit


EXPO T/ Mélanie Wanga P/ Peter Whitehead

NIKI DE SAINT PHALLE Avant les Femen, Lena Dunham et Beyoncé, il y avait déjà une féministe déjantée qui imposait ses créations dans l’espace public. Elle, c’est Niki de Saint Phalle, l’une des artistes les plus joyeusement engagées du XXe siècle. Tour à tour mannequin, peintre, sculptrice et réalisatrice, la Franco-Américaine n’a jamais cessé, à travers son art, d’exprimer une vie intérieure foisonnante et une conscience politique absolue.

Niki de Saint Phalle, c’est avant tout les Nanas, des sculptures monumentales et colorées de femmes aux proportions épiques. Rondes, maternelles, vivantes et ouvertes au public, ces Nanas éphémères représentaient une féminité joyeuse et chaleureuse à laquelle tout le monde pouvait participer. Pour en arriver là, il aura pourtant fallu du temps à Saint Phalle. Issue d’une famille de banquiers vivant entre Paris et New York, mariée dès l’âge de 16 ans, elle avait tout pour devenir une parfaite bourgeoise. Le destin en décidera autrement : malgré un début de carrière conventionnel de mannequin pour Vogue et Elle, Niki démontre vite une sensibilité et un regard différent et sombre, qui l’empêchent de se mouler dans les attentes. C’est lors d’un séjour en hôpital psychiatrique qu’elle découvre le pouvoir de la peinture. Niki décide de devenir artiste autodidacte, « héroïne » comme elle dit elle-même. Et pour ça, 42 —

pas besoin d’école d’art : elle fera son apprentissage à travers voyages, musées et lectures. Ses premières peintures évoquent Pollock, mais déjà, elle s’attèle à une recherche du féminin, avec des sculptures de mariées, de prostituées ou d’accouchements. Puis, au début des années 1960, viennent les tirs : Niki shoote à la carabine sur des tableaux constitués de sacs de couleur recouverts de plâtre, lors de performances effrénées qui invitent les badauds et lui apportent le soutien des Nouveaux Réalistes. Mais le vrai point d’ancrage du travail de Saint Phalle, c’est le féminisme : influencée par Simone de Beauvoir, l’artiste jette un regard sans concession sur la condition féminine, le corps, et le pouvoir. Il faut la voir remettre à leur place certains critiques d’art n’hésitant pas à lui demander si elle ne serait pas plus à l’aise en cuisine plutôt qu’à sculpter… L’œuvre de Niki de Saint Phalle n’a peur de rien et s’étend sur de multiples terrains d’exploration : peinture, sculpture, et même film (Daddy, 1973). À sa mort, l’artiste laisse derrière elle une œuvre prolifique et toujours d’actualité. Raison de plus pour foncer voir cette expo, la plus grande qui lui ait été consacrée depuis 20 ans ! Niki de Saint Phalle Au Grand Palais jusqu’au 2 février 2015 Fermé le mardi et le 25 décembre Nuit


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Nuit


LES NUITS DE JACOB P/ Jacob Khrist

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Nuit


Pipi Caca Poney Club — fb.com/poney.club.1

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Nuit


TROUSSE DE SECOURS Ouvert toute la nuit !

Pharmacies de garde

Épicerie Shell

Chez Tina

84, av. des Champs-Élysées - 8e

6, boulevard Raspail - 7e

1, rue Lepic - 18e

≥ 01 45 62 02 41

≥ 7/7 — 24/24

≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

6, place de Clichy - 9e

Minimarket fruits et légumes

Boulangerie Salem

≥ 01 48 74 65 18

11, boulevard de Clichy - 9e

20, boulevard de Clichy - 18e ≥ 7/7 — 24/24

6, place Félix-Éboué - 12

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ 01 43 43 19 03

Alimentation 8 à Huit

Livraison médicaments 24/24

151, rue de la Convention - 15e

Fleuristes

≥ 01 42 42 42 50

≥ 7/7 — 24/24

Chez Violette, au Pot de fer fleuri

Supérette 77

78, rue Monge - 5e

Urgences

77, boulevard Barbès - 18e

≥ 01 45 35 17 42

SOS dépression

≥ mardi au dimanche jusqu'à 5h

Relais Fleury

e

≥ 08 92 70 12 38

114, rue Caulaincourt - 18e

Urgences psychiatrie

Resto

Se déplace sur région parisienne

L’Endroit, 67, place du Docteur-

≥ 01 46 06 63 97

≥ 01 40 47 04 47

Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00

Carwash

Drogue, alcool, tabac info service

≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,

Paris Autolavage 7/7 — 24/24

≥ 08 00 23 13 13 / 01 70 23 13 13

samedi de 10h à 5h

Porte de Clichy - 17e

Livraison sextoys

Tabac

Shopping

Commande en ligne

Tabac du Châtelet

Librairie Boulinier

www.sweet-delivery.fr

4, rue Saint-Denis - 1er

20, boulevard Saint-Michel - 6e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

≥ 7/7 — jusqu'à 3h

≥ jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

Tabac Saint-Paul

Monoprix (Champs-Élysées)

Livraison alcool + food

127, rue Saint-Antoine - 4e

52 av. des Champs-Élysées - 8e

Nemo 01 47 03 33 84

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

≥ du l. au s. jusqu’à 00h

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Le Pigalle

Faim de Nuit 01 43 44 04 88

22, boulevard de Clichy - 18e

Kiosques à journaux 24/24

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ vendredi et samedi jusqu'à 5h

38, av. des Champs-Élysées - 8e

Allô Hector 01 43 07 70 70

16, boulevard de la Madeleine - 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Poste de nuit

2, boulevard Montmartre - 9e

Apéritissimo 01 48 74 34 66

52, rue du Louvre - 1er M° Louvre-

Place de Clichy - 18e

≥ 7/7 — jusqu'à 4h

Rivoli / Étienne-Marcel

Allô Glaçons

Boulangeries

53, rue de la Harpe - 5e

01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

Snac Time

≥ 01 44 07 38 89

97, boulevard Saint-Germain - 6e

20, rue du Fb Saint-Antoine - 12e

Épiceries

≥ 7/7 — 24/24

≥ 01 43 40 03 00

L'Épicerie de nuit

Boulangerie-pâtisserie

35, rue Claude-Bernard - 5e

99, avenue de Clichy - 17e

Envoyez-nous vos bons plans

≥ vendredi et samedi jusqu'à 3h30

≥ 7/7 — 24/24

ouverts la nuit  : nuit@lebonbon.fr

Internet 24/24

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Nuit


LA PLAYLIST DU MOIS P/ DR

THOMAS MURPHY

Seb Casanova - Cloudy Others

Un morceau magnifique qui me donne la chair de poule à chaque fois que je l’écoute… Nous sommes très fiers de pouvoir le sortir courant 2015. Sierra Manhattan - Elsa

Une bande de jeunes brillants de Annecy qui n’ont rien à envier aux meilleurs groupes de rock de Brooklyn. Brett Longman - All Night

Morceau choisi très progressif de son nouvel EP sur Platon, à mon avis un très bon tool pour ceux qui savent l’utiliser. Shackleton - Blood On My Hands (Ricardo Villalobos Mix) Thomas est le label manager

Morceau de techno sans concession mais tout en finesse. Un morceau à jouer avec précaution.

de Platon Records, label festif qui trouve sa force dans une

Praymond - Huguette

niche esthétique montante, une

Un morceau hommage à une grande dame fait par mes amis Pierre et Seb, un bel exemple de techno avec des sons acoustiques, tout dans la retenue.

techno contemporaine avec un parti-pris acoustique qui n’a pas peur d’aller explorer la sensualité et la mélancolie. Cette techno

Feathered Sun - Keep It Warm

lyrique et lascive constitue le

Un morceau lyrique avec une montée vers un climax que seuls Feathered Sun savent faire aussi bien.

lien entre nos artistes. Dans un monde conventionné, Platon est un label intemporel et libre,

Chloé - Karat 11

chanceux d’avoir pu compter

Un morceau que j’ai redécouvert il n’y pas longtemps, électro techno, du grand Chloé !

sur des nomades des temps modernes —

Jason Edwards - Holy Doom

soundcloud.com/platon-records

Garance (ma petite amie), me fait constamment découvrir de la musique, cette chanson en fait partie et j’adore, de la folk mystique pour vous servir. Fat Withe family - Leather

3 minutes 30 de pur bonheur… un vrai délice ! Nutia - From Outside

Jeune talent montant de l’écurie Laut&Luis. Une techno lente et moderne. Un dub contemporain et mélodique.

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AGENDA La sélection du Bonbon Nuit

Vendredi 5 décembre 23h30 Zig Zag 20€

00h

Pan-Pot , Marco Resmann

Pacific w/ The Martinez Brothers, The Mekanism,

00H00

Batofar 15€

Showcase 16.80€

Dactylo La Machine du Moulin Rouge 20€

Nevil Watson, Dj TLR, Sumerian Fleet, Novamen, Dj

23h

Overdose

Tresor.Berlin w/ Scion, Jonas Kopp, Peter Van Hoesen, Zadig

Samedi 6 décembre 23h30 Showcase 15€

23h30

Shine doe, Kiki, Nicol, Marion

Dubbyman, Fulbert, Gunnter + more

00h00

Rex club 15€

23h30

Lawrence, Chloe, Marc Pinol Jeudi 11 décembre

La Java 5€

Concrete 15€

Milton Bradley, Kobosil, Edit Select

Gary Martin, Pawn Heart 22h

Batofar 14€

S. Olbricht, DJ Flush, Panoptique, Anouar 20h

00h00

Djoon 15€

23h

Batofar 7€

Pigallion 15€

Peak & Swift, Samanta Fox, Axel Maffert

Woodporn avec Eric Cloutier, Spazio Tempo Samedi 20 décembre 00h Rex Club 15€ Vendredi 12 décembre 23h30 Showcase 20€

FunkinEven, Clement Meyer + more

Seth Troxler, Ibelini

20h

23h30

Zig Zag 15€

+ more

Joseph Capriati, Marcelocura 23h30

Secret Place 20€

Horizon Opening w/ Sebo K, Timid Boy, Sucré salé

Batofar 12€

23h30

La Machine du Moulin Rouge 18€

Taron Trekka, Rennie Royma + more

Gorgon City, Huxley, Mike Mago, Lxury + more

Samedi 13 décembre 23h Lieu Secret 27€

Ivan Smagghe, Tim Paris, Boot @ Tax, Remain

23h30

Zig Zag 20€

Matthiew Herbert, Ben Ufo 23h30

Zig Zag 20€

Vendredi 26 décembre 20h Concrete 15€

Olivier Huntemann, Thomas Shumacher, Maxime Iko

Late Christmas Night w/ Petre Inspirescu, Steevio + more

Jeudi 18 décembre 00h Rex Club 8€

23h

Hello w/ Dana Ruh, XDB, Tom Joyce, Pepperpot

ME.Club.004 w/ Marcel Fengler, Antigone + more

00h

Le Malibv 8€ Samedi 27 décembre 00h Rex Club 15€

Baise Line #2 w/ Jacq, Snowball, DBR + more 00h

La Machine du Moulin Rouge 18€

La Java 5€

Lies Records Night w/ Ron Morelli, Steve Summers

(RE)sources w/ Tommy Kid, Kodh, Douster, Madam

(live) + more

X, She’s Drunk 19h

Batofar Entrée libre

Dimanche 28 décembre 7h Concrete 15€

Aperoboat Nu Colorz w/ Jake Scully, Polar, Wal10 +

Len Faki, The Driver + more

more Mercredi 31 décembre 21h La Java 20€ Vendredi 19 décembre 00h Zig Zag 20€

Réveillon Electro Swing w/ The Sweet Life Society,

Drumcode w/ Adam Beyer, Alan Fitzpatrick

Onyx + 13 more

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15h ou 23h ?

TOUS LES CHEMINS MÈNENT AU BONBON ! le Bonbon.fr



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