Le Bonbon Nuit 4

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Nuit

Décembre 2010 - n° 4


L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

PERNOD S.A. Capital 40 000 000 euros - 120 avenue du Maréchal Foch 94015 Créteil cedex - 302 208 301 RCS CRETEIL


édito Bonne Nuit

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En couverture Chloé par Nicola Delorme

Régie Publicitaire pubnuit@lebonbon.fr

« Dans les villes mortes. Les jeunes gens agonisent. Trop grave pour voir Venise. Et préfèrent les ventres ouverts à des dentelles portées par les vents du désert » ; « Les rues sont vides. Aucune girafe dorée en vue. Même les spadassins ont le cafard et traînent leurs meurtres avec désespoir. En ces temps troublés même les statues revendiquent » écrivait Richard Bohringer dans le toujours poignant C'est beau une ville la nuit, il y a plusieurs années. Aujourd'hui, alors que 2010 se couche, le bilan n'est pas (non plus) flamboyant. L'année fut rude. Pour les fauchés, les vieux, les jeunes… Et les manifestations, justifiées. Reste à espérer que la nuit, on puisse oublier les mauvaises journées.

06 69 12 09 90

Hypernuit, c'était la jolie hyperbole qui sert de nom au troisième album attachant du chanteur français Bertrand Belin, sorti il y a quelques mois déjà. Même si ses chansons ne parlent en rien de clubbing ou de nuit, on reprendrait bien l'expression à notre compte comme idéal. Hyper, ce préfixe qui vient du grec et signifie « supérieur » ou « au-dessus » comme dans hypertension, « hyper » bien (et hypermarché aussi, certes) irait bien aux nuits extra larges qu'on imagine dans ces pages. L'hypernuit, ça sonne comme une promesse, des marches nocturnes sans ombre au tableau, mais pleines de couleurs et de lumières au bout du tunnel. Dans ce numéro 4, on les passera nos nuits blanches rêvées avec Larry Clark, Chloé, Yvette Neliaz, Sexy Sushi, Luchini, Arnaud-Fleurent Didier, Artus, JB de Born Bad Records, ToulouseLautrec et bien d'autres encore, dont le seul point commun est de nous redonner espoir dans des nuits (et jours) meilleurs. Violaine Schütz Rédactrice en chef

Président — Jacques de la Chaise | Directeur de la publication — Ghislain de La Chaise | Rédactrice en chef — Violaine Schütz

violaine@lebonbon.fr

| Design original — Tom Hat

tom@lebonbon.fr

| Secrétaire de rédaction — Anne-

Charlotte Anris | Contributeurs — Artus de Lavilléon, Cassandre Beauregard, Côme de Bouchony, Geoffrey Benoit, Camille Clance, DeKoon & Malsoute, Gilb'r, Marine Goutal, Jseb Deligny, Mathilde Didier, Mirah Houdon, Marie-Eve Lacasse, Xavier Magot, Maman Records, Michael Pecot-Kleiner, Eva Peel, Jill Pelletier, Jonathan Ralaisomay, Manon Troppo | Chef de publicité — Arno Laborey | Régie publicitaire — pubnuit@lebonbon.fr 06 69 12 09 90 | Contactez-nous — nuit@lebonbon.fr | Siret — 510 580 301 00016 | Dépôt légal — à parution | OJD — en cours | Siège social — 31 bis, rue Victor-Massé, 75009 Paris. Nuit

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Party tous les vendredis au Bus Palladium

Pour être sur la liste (entrée gratuite et prioritaire) ≥ Envoyez un mail à : party@lebonbon.fr 6, rue Fontaine 75009 Paris / M° Pigalle


sommaire Miam Miam !

Chloé

p. 06

La Fièvre Burlesque

p. 10

le bon art

Larry Clark

p. 12

les bonnes nuits de

Sexy Sushi

p. 16

Fabrice Luchini

p. 20

le bon DJ

le bon spot

la bonne pièce

p.21

la bonne séance

le bon en arrière

la playlist de

Toulouse-Lautrec

p. 22

Maman Records

p. 24

p. 25

trousse de secours

Bonbon Nuit party

p. 26

Arnaud Fleurent-Didier

p. 28

La Tour & Le 4 Eléments

p. 33

la bonne ombre

Yvette Neliaz

p. 34

le casse bonbon

Vélos & Garde à vue

p. 36

JB Wizz

p. 38

Artus de Lavilléon

p. 44

Zoé & Jullia

p. 46

les bons snapshots

le bon musicien

les bons plans

le bon homme de nuit

la bonne histoire

les rencontres de jseb

le bon agenda

p. 48

Nuit

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programmation novembre 03/12 22H BSMS / 23H MONDRIAN 00H Soirée Bonbon 04/12 22H TRAVEL AGENCY (U.K) / 23H ULLMANN KARAROCKÉ 10/12 22H CANNIBAL KISS / 23H BLACK CHERRY (U.K) / 00H Soirée Bonbon

11/12 00H Club (dj) 17/12 22H CLAK / 23H MRS GOOD 00H Soirée Bonbon 18/12 22H VALLEY / 23H JÉROME ATTAL 25/12 00H Club (dj)


le Bon Timing Les événements à ne pas manquer Disque

Daft Punk - Tron : l'Héritage Le nouveau disque d'inédits du duo casqué sera la bande originale de Tron : L’Héritage, le remake Walt Disney du film de SF culte de 1982 (qui ne sortira lui sur les écrans qu'en février). Le dernier vrai album des Daft datant de 2005, la sortie fait office d'événement. À ne pas manquer non plus, le clip qui tourne sur Youtube. Le 6 décembre en disque & digital

soirée

On Stage With On Stage With, l'émission live de la chaîne de télévision online Konbini.com, produira sa troisième saison au Social Club. Pour ce nouvel opus, des invités de marque sont attendus : Fatboy Slim le 9 décembre et Brodinski le 10 décembre (interviewé dans le Bonbon Nuit 2). Pour vivre l'expérience, vue des backstage ! Le 9 et le 10 décembre au Social Club, dès 23h

soirée

Fête Serge Le nouveau magazine Serge (dédié à la chanson française) fera sa deuxième soirée à la Flèche d'Or, avec des concerts et DJ sets d'artistes d'ici comme Cali, Jolie Chérie, Jérôme Van Den Hole, Pom Pom Boy ou encore Arnaud Fleurent-Didier, en interview dans ce numéro du Bonbon. Le 7 décembre à la Flèche d'Or dès 19h30, 8€

Das Racist (Mad Decent)

soirée

Projet initié en 2008, Das Racist n’a sorti encore aucun album. Et pourtant, en deux mixtapes, dont la dernière “Sit Down Man” qui vient tout juste de DR / DR / DR / DR

paraître sur Mad Decent, le trio a enflammé la blogosphère. Free Your Funk vous propose une soirée qui mixera live et DJs sets. Le 9 décembre au Nouveau Casino, dès 23h Préventes : 12€ / Sur place : 14€ Nuit

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Nuit


le bon DJ ® Violaine Schütz Ω Gilb'r

Chloé

Demoiselle d'honneur

Son talent n'a d'égal que sa discrétion. En quinze ans, Chloé Thévenin se sera fait un prénom sans

Elle écoutait des disques de la Motown et de la musique black 80’s.

forcer sur les mini-jupes ni la provoc bling-bling, mais en privilégiant toujours le fond. De DJ sets

Quel genre d'ado étais-tu ?

impeccables en albums de grande classe, Chloé est

Plutôt discrète, voire sage mais j'avais ce besoin de créer tout un monde en moi. Je m'intéressais beaucoup aux films, collectionnant les VHS de vieux films que j'aimais, dont beaucoup dataient des années 40. J'adorais Ava Gardner, James Mason et plus tard j'ai collectionné les vinyles des groupes des années 60-70 (Velvet Underground, Beatles, Bowie, Franck Zappa, Pink Floyd) et de la fin des années 70- 80 (Brian Eno, Talking Heads). Dans la continuité je me suis mise à la guitare, j'adorais rejouer des morceaux que j'aimais sur la guitare de mon père, retrouver des accords à l'oreille, c'était loin d'être parfait, mais je sentais que j'avais cette envie de créer de la musique. Plus tard, j’ai fait de belles rencontres au lycée. J’ai rencontré des personnes avec qui je partageais cette passion de la musique, mais aussi du cinéma et de la musique dans les films. J’ai eu envie d’aller plus loin, j’avais cette envie de créer des mélodies, je les enregistrais sur un 4 pistes analogique. J'ai alors commencé à faire des prod sur 4 pistes avec un copain en mélangeant guitare et sons divers.

devenue l'une des perles rares du clubbing parisien. Entretien fleuve. Ton dernier single qui a été clippé s'intitule Distant, ça reflète ton attitude par rapport au milieu de la nuit parisienne ou au monde dans lequel tu évolues ?

J’évolue dans le milieu de la musique électronique et de la nuit depuis une quinzaine d’années en tant que DJ, et bien avant même je sortais en clubs, raves, etc… je n’ai aucune distance à avoir face à la nuit parisienne puisque j’ai grandi avec elle. Malgré tout, je garde une certaine distance par rapport aux situations, aux personnes, d’une façon générale. Tu as grandi en écoutant quoi à la maison ?

Mes parents sont des passionnés de musique chacun à leur façon : mon père a une collection de vinyles qui va du classique au rock 70’s, en passant par la chanson française. Quand nous étions plus jeunes avec mes frères et sœurs, il nous faisait écouter des disques en nous racontant les histoires de ces groupes, chanteurs… ça nous faisait rêver. Ma mère, elle, mettait tout le temps de la musique à la maison, nous réveillait avec de la musique le matin, adorait danser dessus, bloquait sur les mêmes groupes, morceaux, c’était par période.

Comment es-tu passée du rock que tu écoutais ado à la musique électronique ?

J’ai découvert la musique électronique à une époque où elle était peu médiatisée. Cette musique est liée à mes premières sorties. J’étais Nuit

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Chloé assez jeune, j’ai commencé à beaucoup sortir en clubs, en rave, à découvrir cette musique qu’on ne trouvait qu’en vinyle chez les disquaires spécialisés ou qu'on n'entendait que dans les raves ou à Paris dans quelques clubs comme le Palace, le Folie's Pigalle, le Queen, le Rex Club. J’ai donc commencé à collectionner les vinyles et naturellement j’ai eu envie de me mettre à mixer, comme avec la guitare. J’avais envie de jouer les morceaux que j’avais trouvés, qui me faisaient vibrer, j’aimais l’idée de construire un set, et j’avais envie de le communiquer, de le partager. En parallèle je suis rentrée à la fac de droit, j’ai également fait de belles rencontres, comme Simon Says (du label Dialect) et Vincent Dargent (Silvervince qui vient de sortir un album sur le label Dialect). Malgré tout ce temps passé à faire de la musique avec eux, à mixer et à sortir, je suis restée en fac de droit jusqu’à obtenir une licence de droit pénal spécial, et « une moitié » de maîtrise de droit public. Je précise moitié puisque j’ai validé les oraux mais je n’ai même pas eu la force d’aller jusqu’à l’écrit tellement je sortais.

Je n’ai jamais cherché à rentrer dans une catégorie particulière, l’idée est de garder cette forme d’indépendance pour moi, pour préserver cette liberté artistique propre à la musique électronique. J’ai eu la chance au début des années 2000 de rencontrer Alex & Laetitia, boss du label Karat. Et du magasin de disques specialisé Katapult. Ils m’ont fait confiance en sortant mes deux premiers maxis (Erosoft en 2002 et The forgotten EP en 2003). En même temps je n’étais pas attirée par un label en particulier à ce moment-là, et ils nous faisaient découvrir des nouveaux sons venus d’Allemagne (label Kompakt, Playhouse). Je fais toujours en sorte que mon travail de DJ, de productrice (morceaux clubs ou pas, et collaborations) ou de live se répondent, cela me permet de garder de la spontanéité dans ma façon de travailler. Je reprends des textures inutilisées dans des projets que je réinjecte dans d’autres, j’essaie de recycler dès que je peux.

Comment passe-t-on du droit au DJing ?

Il y a beaucoup de contrastes dans ta musique, et une

J'ai acheté des disques pour avoir cette musique dans ma vie, sans faire de plan de carrière je suis devenue DJ un peu par hasard, j'étais déjà DJ tout en étant en fac de droit, en même temps on bidouillait avec un ami des compo folks.

certaine mélancolie, est-ce que c'est quelque chose

Qu'est-ce qui t'a plu dans la musique électronique ?

L’idée de pouvoir être totalement indépendante, donc libre, d’être ma propre chef d’orchestre. Je me suis tout de suite dit qu’il y avait plein de choses possibles à faire en musique électronique, trouver des sonorités, des ambiances, des textures mélangées à des sons plus organiques. J'étais aussi attirée par l'état d'esprit qu'il y avait autour de cette musique, peut-être aussi parce que je ne comprenais pas que cette musique ne soit pas plus populaire.

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Nuit

Dans ton nouvel album One in Other, tu sembles vouloir te défaire d'une certaine étiquette “minimale”. Te réinventer, c'est essentiel ?

de conscient : essayer de rester dans les nuances ?

Je construis un album dans son ensemble en terme de dynamique avec une évolution, comme dans un mix en quelque sorte. On peut très bien retrouver l’énergie ‘club’ dans un morceau plus lent, après c’est une question de point de vue. C’est de cette façon que je joue avec les contrastes (fermé/ ouvert, chaos/cosmos, sens apparent/sens caché etc.) C’est mon unique motivation dans chacune de mes performances. Tu as pris des cours au Conservatoire, est-ce que ça a une influence encore aujourd'hui ?

Ça a été une période passionnante qui m’a fait beaucoup de bien, à une période où je cherchais à aller plus loin dans mes prods. J’ai découvert des


Chloé compositeurs, des courants, j’ai travaillé sur des nouveaux logiciels entre autres ceux développés par l’Ircam (Max/msp…). J’ai appris à écouter autrement une composition, et à parfois construire autrement mes morceaux. Tu as récemment posé en couv de Télérama Sortir avec Uffie, que penses-tu de sa musique, de la scène ED Banger et globalement de la musique électronique actuelle ?

En général j’écoute tous les styles de musique électronique, et un label comme Ed Banger sait aussi se diversifier, j’ai adoré le maxi de Squarepusher, et l’album de Cassius plus récemment. Le gros problème aujourd’hui, est qu’il y a de véritables changements structurels qui sont en train de se faire. Le tout numérique s’impose, les bons disquaires spécialisés (tels que Katapult ou Daphonics) qui nous faisaient une pré-sélection qualitative ont disparu. Aujourd’hui il est difficile parfois de s’y retrouver. Tu vois toujours ton acolyte Ivan Smagghe ? Est-ce que vous vous faites écouter vos morceaux ?

On se voit quand on joue ensemble lors des soirées Kill the DJ, au Robert Johnson à Francfort et d’autres. On s’envoie les morceaux qu’on reçoit pour le label avec Ivan et les autres associés du label, on s’échange nos avis, nos envies, nos prod, nos remixes (à sortir sur le label Kill the DJ ou ailleurs).

d'endroit comme ça vraiment, de nombreuses soirées sont nées de l'impulsion du Pulp, mais petit à petit elles se sont arrêtées. La loi anti-tabac est passée, mais comme dans d'autres pays européens, ça n'a pas empêché Berlin, Londres, ou d'autres villes de continuer d'étendre leurs soirées. On nous assure bien notre tranquillité c'est sûr, mais faire une soirée aujourd'hui est presque devenu un acte militant, c'est pas normal pour une ville comme Paris, c'est démotivant pour les promoteurs, les établissements, je comprends pourquoi de nombreux artistes bougent à l'étranger, mais c'est inquiétant pour Paris. Quels sont tes projets pour 2011 ?

On termine quelques remixes avec Krikor sous le pseudo « Plein Soleil ». Aussi, je prépare actuellement une création radiophonique qui m’a été proposée par l’émission l’Atelier de création radiophonique. J’ai choisi le thème du surréalisme : je collecte des voix, des interviews d’époques etc… et vais les mélanger à des ambiances entre autres. Cette création radio paraîtra en CD avec un livre dans la collection Dis Voir en avril/mai 2011

Chloé en quelques dates 1976

Naissance à Paris

1998

Résidence au Pulp

2002

Premier maxi I hate dancing (label karat) - rési-

dence au club WMF à Berlin. Invitée pour la 1ère fois Quel regard jettes-tu sur l'époque du Pulp, qu'y

aux soirées Kompakt à Cologne.

as-tu appris et comment vois-tu la nuit aujourd'hui

2003

Résidente aux Panik, Élysée-Montmartre.

à Paris ?

2004

Conservatoire électroacoustique

Depuis l'époque du Pulp, la nuit à Paris, et en province d'ailleurs, est moins bouillonnante. À l'époque du Pulp encore, il y avait toujours une soirée le mercredi, le jeudi, … des soirées rock, électro, des concerts, des lives, des DJ, tout le monde venait, tous les genres, on avait un sentiment de liberté. Aujourd'hui on ne retrouve plus

2005

Compilation mixée I hate dancing

2007

Premier album The Waiting Room

2010

Deuxième album One in Other

— http://www.dj-chloe.com/ ≥ En DJ set au Nouveau Casino le 18 décembre

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le bon spot ® Mathilde Didier Ω Geoffrey Benoît

La Fièvre Burlesque rent le genre en 1995 et y ajoutent une modernité rock'n'roll plus décalée. Il y a donc deux écoles, la classique et rétro avec Dita en chef de file, et ladite « new burlesque » second degré et moins lisse, représentée par le Cabaret New Burlesque, les filles du film Tournée d'Amalric ! Vous voyez ? Alors vous vous demandez maintenant, mais où voir du burlesque de qualité dans la capitale?

Paillettes, plumes, talons aiguilles et bas couture, assurément le cocktail glamour de cet hiver à Paris ! Remis au goût du jour depuis quinze ans aux ÉtatsUnis, il a fallu attendre un peu plus de temps en France pour voir le strip-tease burlesque évoluer du milieu underground à un public plus large. Depuis quelques mois le strip chic cartonne, avec des spectateurs de plus en plus nombreux et fidèles.

Flashback : le burlesque est un divertissement inspiré des cabarets français de la belle époque, qui a finalement peu existé chez nous, mais qui a été surtout important aux États-Unis des années 1920 à 1950. Il disparaît au début des sixties car on lui préfère des strip teaseuses moins cheesy, en string et compensées en plexi. Ce sont les américaines de la troupe Velvet Hammer qui dépoussiè10 —

Nuit

Dans la branche classique, plusieurs soirées filles glamour, bouches en cœur, et coiffures soignées sortent du lot. D'abord la Paname Burlesque Revue qui a lieu une fois par mois au mythique Balajo. Elle est menée par la pétillante Lady Flo. « Je présente et raconte l'histoire pour créer l'interaction entre les artistes, le public et la scène. Les performers renouent avec l'esprit du music-hall, du cabaret à ses origines, du café-concert ou encore du freakshow. » Il y a aussi la mystérieuse Ema Montès et sa troupe La Petite Cour des Astres vous donne rendez-vous mensuellement au China. « Nous sommes cinq personnalités variées et extravagantes toutes muées par un intérêt commun : un goût pour le burlesque chic et raffiné ! Notre principal moteur est une recherche esthétique reprenant en partie les codes des revues d'époque des années 1800 à 1950. » Enfin la voluptueuse Chloé van Paris, également DJette, réunit sur scène des artistes confirmées et internationales avec de nouvelles recrues qu'elle forme et


La Fièvre Burlesque

met en scène. Son truc à elle c'est la musique, de la comédie musicale, en passant par le rock 50's, la new wave ou encore l'électro ! Elle officie régulièrement à la Nouvelle Ève et au Comedy Club. La scène « new burlesque » n'est pas en reste avec ses performeuses félines, sensuelles et maîtresses de l'auto-dérision ! La reine du cabaret moderne c'est Juliette Dragon qui organise ses événements, dont le Festival Burlesque de Paris, à la Bellevilloise. « Notre style c'est du cabaret new burlesque avec souvent un orchestre live et des numéros de cirque, des chorégraphies de danses jazz, orientale, french cancan, comédies musicales et bien sûr des numéros d'effeuillages ! » L'exubérante Miss Glitter Painkiller est aussi effeuilleuse et organise une fois par mois dans un lieu différent La Glitter Fever. « Je veux surprendre le public à chaque fois en proposant des numéros originaux et décalés. J'aime qu'il y ait beaucoup de filles sur scène, de la bonne musique et que le spectacle soit aussi dans la salle. Mon credo : rock, paillettes, humour et glamour ! ». Enfin, la petite dernière à se mettre à l'organisation c'est Valentina del Pearls qui dans son spectacle Deuxième étage porte gauche, raconte l'histoire d'un vieil immeuble parisien, de sa propriétaire acariâtre et de ses locataires aux mœurs douteuses, en mixant l'effeuillage, avec la danse, le théâtre et le chant. Rafraîchissant !

— La Glitter Fever V le 9 déc. au O'Sullivans — Chez Gentry : Le Bal Blanc d’Hiver le samedi 11 déc. à l’Elysée Biarritz — Le Cabaret des Filles de Joie les 18 et 19 déc. à la Bellevilloise — Deuxième étage porte gauche Passage vers les étoiles le 19 déc. — La Petite Cour des Astres le 31 déc. au China — Ladies of love tous les dimanches au Comedy Club

Nuit

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Larry Clark

Untitled, 1971

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Dead 1970, 1968

Nuit


le bon art ® Marie-Eve Lacasse Ω Larry Clark ≥ Courtesy of the artist, Luhring Augustine, New York and Simon Lee Gallery, London

Larry Clark un ami qui vous veut du bien

Las des interviews et de la censure dont a été

C’est le traumatisme engendré par le procès de l’expo

affublée son exposition présentée au Musée d’Art

Présumés Innocents (CAPC de Bordeaux, 2000) qui

Moderne, Kiss the past hello, Larry Clark est retourné

rend tout le monde aussi frileux ?

chez lui aux États-Unis. Qu’à cela ne tienne : Le Bon-

cette affaire au clair.

Bien sûr. On nous fait pleurer sur le sort de ces commissaires qui sont poursuivis par la justice ; quand arrive notre tour, on n’a pas envie qu’il nous arrive la même chose.

Comment expliquez-vous la prudence des politiques

Qu’en pensez-vous personnellement ?

d’interdire cette exposition aux moins de dix-huit

En préparant l’exposition, par naïveté, je ne me suis pas trop posé la question. On avait fait de vagues consultations et a priori ça ne posait pas de problèmes. Mais quand on est rentré dans les détails avec la Mairie de Paris, le Musée, un cabinet d’avocats... on s’est rendu compte qu’il valait mieux imposer cette limite d’âge. Après il ne s’agit pas de censure ; la censure c’est quand on vous empêche de regarder des photos. Là, il suffit d’aller sur Google Images et vous y avez accès ; seuls les moins de 18 ans ne pourront pas voir les tirages originaux.

bon Nuit est allé à la rencontre du fringant conservateur de l’exposition, Sébastien Gokalp, pour tirer

ans, sachant que les photos de Larry Clark avaient été exposées sans limite d’âge au Forum des Halles en 1992 et à la Maison Européenne de la Photographie en 2007 ?

Je n’étais pas là au moment du Forum des Halles ; cependant, pour l’expo de la MEP, on avait retiré de la série Tulsa la photo des trois adolescents où l’on en voit un avec un sexe au repos et un autre en train de se shooter, et de la série Teenage Lust, celles de la 42e rue, avec les prostitués. J’en avais parlé avec Monterosso (directeur de la MEP, NDLR) qui m’avait dit qu’il avait préféré ne pas montrer ces photos étant donné qu’il en avait suffisamment pour l’accrochage de cette exposition.

Au-delà du sexe, est-ce le rapport extrêmement décontracté à la drogue, montré de manière presque pédagogique, qui a déclenché la censure ?

Il y avait deux éléments qui ont été pris en Nuit

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Larry Clark Untitled, 1971

Jack & Lynn Johnson, Oklahoma City, 1973

Billy Mann, 1963

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Nuit


Larry Clark compte : le sexe et la violence. La femme enceinte qui se shoote, c’est très marquant alors que l’image est très calme. Ce n’est vraiment pas l’apologie de la drogue parce que juste après, on voit son bébé dans un cercueil. À l’époque, la drogue était tabou dans ce bled de Tulsa, pas comme à New York où tout le monde se défonçait et ça se savait ; là c’était beaucoup plus caché et personne ne voulait en parler. Vous avez vu Easy Rider ; il y en a quelquesuns qui se défoncent mais le reste de l’Amérique ferme les yeux. C’était l’Amérique d’Eisenhower ; tout allait bien dans la bonne société américaine... À Tulsa, ils se shootaient avec une amphétamine vendue en pharmacie qui s’appellait Walo et qui coûtait 99 cents. La dimension mortelle de la drogue était beaucoup moins présente aux esprits qu’aujourd’hui.

en pleine forme physique, le monde est ouvert, on peut se défoncer tous les jours et être avec toutes les nanas qu’on veut. On sent qu’il est aussi plus globalement sensible à toutes les périodes de passage ; je pense notamment à cette photo de Jonathan Velasquez dans sa couette Winnie The Pooh…

L’adolescence, c’est l’angoisse de devenir adulte ; c’est quand vous refusez de grandir et que vous luttez, comme un cheval qui se câbre. Pour moi, Clark est un ethnologue qui photographie les rites de passage : la drogue, le sexe, la violence. Ce sont toutes les épreuves que l’on traverse et qui vont faire de vous un être humain abouti. Il y a effectivement quelque chose d’anthropologique dans son travail.

Lui-même a-t-il toujours pris de la drogue ?

Oui, mais il a fini par se sevrer à 58 ans. Quand il était à Tulsa il se défonçait, quand il était dans Teenage Lust il traînait avec les toxicos et les prostituées donc il en prenait, et il a fait plusieurs overdoses. Le miracle c’est qu’il soit resté vivant. Pourquoi est-il resté si obsédé par l’adolescence ?

Clark raconte qu’il n’a pas vraiment vécu son adolescence parce que son père le traitait comme une merde, qu’à 12 ou 13 ans il n’avait pas de poils et qu’il était à la traîne, qu’il était timide, qu’il avait un petit bégaiement... C’est une période marquante parce qu’il a commencé à prendre des amphétamines à 14 ans. À 15 ans, il se défonçait tous les jours et a commencé à vivre une existence délirante ; mais ses parents ne le savaient pas, ce qui a probablement constitué son véritable traumatisme. Mais si Clark veut revenir à cette période, c’est parce que c’est un moment où l’on se constitue son identité. Au-delà de l’anecdote biographique, ce qui est important pour lui c’est que c’est un âge très fragile et en même temps, un âge de surpuissance : tout est possible, vous êtes

Il dit d’ailleurs : « I am a visual anthropologist ». Aujourd’hui, Larry Clark est starifié parce qu’il a fait des films, mais il a quand même zoné toute sa vie, allant là où les gens ne vont pas. Les drogués, les skateurs... Ce ne sont pas des minorités rebelles, mais juste des gens qui ne sont pas mis en avant. Là, il photographie des Latinos de South Central qui est plutôt un quartier black. Il a inspiré plein de photographes, et il y a plein d’enfants de Larry Clark, que ce soit Harmony Korine, Dash Snow ou Nan Goldin, et ce bien malgré lui. Après tout, Larry Clark se dit artiste avant d’être photographe.

Larry Clark — Kiss The Past Hello ≥ Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris 11, avenue du Président Wilson 16 e Jusqu’au 2 janvier 2011

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Nuit


les bonnes nuits de ® Violaine Schütz Ω Rico Forhan & Paskal Larsen

Sexy Sushi C'est lors de prestations live volcaniques que le duo électro trash Sexy Sushi a répandu la rumeur de sa bonne fréquentation. À la veille de leur date à la

M : Samedi à Limoges j’étais seul sur scène car Rebeka avait le nez sectionné mais heureusement elle est revenue.

Cigale (le 3 décembre), Rebeka Warrior et Mitch Silver nous racontent leurs nuits agitées.

La ville de Paris est-elle une source d'inspiration?

R : Je suis blonde, 1m85, forte poitrine, j’ai une très belle tête de boxeur suisse. M : Je suis l’enfant roi, celui qui descend de ton cousin.

R : Autant qu’un cheval, autant qu’une estafette, autant qu’une pétasse vraiment classe, autant en emporte le vent. M : Je préfère la ville de Gouvieux avec tous ces petits Châteaux de Prince, j’aimerais en posséder un d’ailleurs un jour avec une bibliothèque en bois et des passages secrets.

Comment-vous êtes vous rencontrés ?

Que pensez-vous du milieu de la nuit à Paris et la

R : Nous nous sommes rencontrés à l’asile de Sainte-Gemmes-sur-Loire en 1898, lors de ma deuxième séance de sismothérapie. M : À la messe de René Farge de l’obédience des Frères Siffleurs.

théorie selon laquelle ce serait une ville fantôme ?

Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore ?

Premier souvenir de soirée ?

R : Premiers baisers, échangés sur une plage en été. Premier amour, un beau jour qui vient nous emporter. Ça ne s'oublie pas quand c'est la première fois. Et pourtant si ça s’oublie, tout s’oublie en fait, Annette. M : J’étais avec Adrien, on fumait des Marlboro sur sa terrasse à Gesvrine. Pire souvenir ?

R : Hier, je me suis mangée une chaise dans la gueule. J’ai le nez cassé et mon visage ne sera plus jamais le même.

R : Une ville fantôme ? C’est-à-dire ? Une ville avec des petits cris très aigus et des manifestations paranormales ? J’aime Paris. C’est la plus belle ville du monde avec Saint-Nazaire. Nous avons organisé une grande soirée sous le signe du sang au printemps, beaucoup de gens détraqués sont venus mais aucun fantôme. Nous allons aussi organiser dans quelques mois des nuits entre confrères, avec des rîtes de passage et un Mille Bornes, ce sera assez fantomatique pour être parisien pensez-vous ? M : J’aime beaucoup le milieu de la nuit parisienne et particulièrement, Christophe (qui se reconnaîtra) Xavier, Charles, Gwendo, Marc et Sophie et tous ces gens qui organisent des soirées sympas qui me permettent d’acheter des ramens en bas de chez moi et de découvrir encore plus la cuisine asiatique que je trouve délicieuse. Nuit

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Sexy Sushi Écrivez-vous mieux vos chansons la nuit?

Quels sont vos projets ?

R : Oui très chère. La nuit tous les chats sont gris, je suis plus au calme. Vous avez raison. M : Non, moi le soir je vais dormir pour bien être en forme.

R : Nous voulons sculpter un chien aux abois et le mettre dans une flaque d’eau bleue, éteindre la lumière, mettre des lasers et contre un mur mettre une vitrine pleine de dents de lait. Nous allons jouer à la Cigale pour la soirée Renard fourré / fidélité / avenir et puis nous allons organiser la confrérie et inviter de nouveaux gens dedans. Ensuite nous pourrons changer le monde et grâce à nos prières nous pourrons aussi changer de têtes. M : Nous serons bientôt à Brest, Caen, Orléans et enfin la Cigale pour une grande messe spectaculaire. Des hommes froids mais chauds à l’intérieur serviront l’assemblée. Venez nombreux nous offrir des petits pains délicieux. Le champ des possibles vous ouvrira ses portes et le chemin céleste couvrira vos enfants d’or et de pierres précieuses.

Un rituel avant de sortir ?

M : Bien vérifier que la porte de l’appartement est fermée. Est-elle fermée ? Tu en es sûre ? On ouvre! On vérifie car trois je claque, c’est trois fois plus de chance, qu’elle soit fermée, bon sang ! Cette porte, tu la vois et oui, oui, elle est bien fermée. Un truc contre la gueule de bois ?

R : Brûler une serpillière en récitant du Baudelaire à l’envers. Je bois du Champagne ou de la Heineken et rien entre les deux. M : Blanc sur Rouge et de la Vodka en goutte.

Meilleure musique pour faire la fête ? La plus belle rencontre faite la nuit ? Et la pire ?

R : J’ai rencontré Michel Boujenah pour le meilleur et pour le pire ! M : Ma plus belle rencontre est certainement celle de ce 8 juin 1992. Ce soir-là je me tenais près de cette petite balustrade bleue dans le port de Saint-Malo. Le vent et les embruns inondaient mon visage d’une fraicheur agréable. Ce délicieux Kebab et ce regard furtif au bout du quai, je ne les oublierai jamais c’était bien lui : Michel Boujenah.

Salem et Vive la fête. DJ's préférés ?

Mitch Silver le selecta-sectaire, Bob Sinclar. Dernier CD acheté ?

R : Ah Ah Ah ! Ça ne se fait plus d’acheter des CD Madame. C’est le passé. La playlist idéale de disques à écouter la nuit ? Le film à voir la nuit, un livre à lire la nuit ?

Votre meilleur souvenir de soirée?

R : Je ne garde pas beaucoup de souvenirs, cela m’encombre. M : La nuit des étoiles filantes à Sainte-Mariede-Jonsac.

Aguirre ou la colère des dieux, Théo Mercier, la Chatte, Glamorama, These new puritans, Cyprien Koudlam Gaillard, Notre jour viendra, White ring, Bonjour Tristesse, Le troisième œil, rrritualzzz etc…

Un resto de sushis à Paris à nous conseiller ? Un lieu sexy ?

R : Tous les restaurants japonais qui ne servent pas de chou râpé en entrée sont bien. Ma chambre est sexy. M : Sexy Sushi hahaha Fabien Dupont. 18 —

Nuit

Sexy Sushi — Cyril Label Maison / L'Autre Distribution ≥ Concert à la Cigale le 3 décembre


Nuit

— 19


la bonne pièce ® Xavier Magot

Fabrice Luchini lit Philippe Muray

Comment avez-vous découvert Philippe Muray ?

Yasmina Reza, Michel Houellebecq et Alain Finkielkraut m’avaient déjà parlé du travail de Philippe Muray mais c’est Anne, sa femme, qui m’a fait découvrir son œuvre en me demandant de venir faire une lecture à la Société des gens de lettres. Immédiatement le déclic s’est opéré. Devant l’efficacité comique du texte, ça m’a tout de suite parlé. Pour faire bref, on pourrait situer le travail de Muray entre Desproges et Heigel. Pour le spectacle, c’est également sa femme qui a eu le génie de choisir les textes. Et quand on découvre Tombeau pour une touriste innocente ou Martine Aubry fait concurrence à l’état civil, le texte sur les emplois jeunes, il n’y a plus aucun doute sur le génie de l’auteur. Muray c’est du rire féroce, du rire qui fait réfléchir…

Après La Fontaine et Céline,

Le texte est hilarant mais également très politique. Considérez-vous ce

Fabrice

spectacle comme un acte citoyen ?

Luchini

s’attaque

au

génial Philippe Muray et nous en dit un peu plus sur cet irrésistible penseur aujourd’hui disparu.

Oui bien sûr, Muray développe une pensée minoritaire qui se bat contre les puissants, contre la doxa du bien, le tout festif, ParisPlage, le Velib’, bref sur l’époque. Muray était un écrivain résistant. Comme disait Paul Valéry, il incarnait « le réel dans l’opposition ». Nous n’avions plus aucune pensée forte depuis Debord ou Bourdieu, alors découvrir un auteur aussi énorme aujourd’hui, ça fait du bien. Muray, malgré ses textes mordants et hilarants sur Aubry ou Ségolène Royal n’était pas pour autant quelqu’un de droite. Aujourd’hui la droite fait du sous Jack Lang, c’est toute cette culture du festif que Muray vomissait, ce politiquement correct permanent. Alors oui, on peut le qualifier de réactionnaire, mais c’était surtout un homme qui repoussait les choses habituellement données comme acquises. Quel est le public et comment réagit-il ?

Ce qui est intéressant chez Muray comme chez Molière d’ailleurs, c’est qu’il peut s’adresser sans problème au public qu’il pointe du doigt. Certains soirs, il n’ose pas rire, il hésite devant la violence de certains textes. C’est ça qui est génial chez Muray, il n’y a pas de mécanisation du rire et c’est ce qui plait je crois. Le spectacle qui devait durer initialement quelques mois ne cesse d’être prolongé. Il y a beaucoup de bobos et d’étudiants qui viennent puisque j’ai sacrifié à l’empire du bien en faisant des places très abordables. Hier Michel Rocard est même venu avec sa femme, il m’a dit avoir beaucoup ri. Vous imaginez la tête qu’aurait faite Muray ! ≥ jusqu’au 24 déc. au Théâtre de l’Atelier, 1 place Charles Dullin, 18e

20 —

Nuit


la bonne séance ® Xavier Magot Ω DR

Scott Pilgrim VS The World d’Edgar Wright avec Michael Cera et Mary Elizabeth Winstead : 7/10

Après la parodie zombiesque Shaun of the dead et le buddy movie revisité Hot Fuzz, Edgar Wright revient avec Scott Pilgrim VS The World, adaptation du roman (très) graphique du même nom. Relecture personnelle et très geek de la culture des 90’s, ce teen movie 2.0 nous plonge dans l’univers de Scott, bassiste obnubilé par les jeux vidéos qui, pour reconquérir le cœur de sa belle, va devoir affronter un à un ses sept ex diaboliques. Pop corn movie hilarant et comédie romantique assumée, Pilgrim réjouit autant par son style coup de poing que par sa tendresse absolue. Un film généreux, frais et populaire comme il ne s’en fait malheureusement plus assez. — sortie le 3 décembre Faites le mur de et avec Bansky, Thierry Guetta, Shepard Fairey : 9/10

Ne vous y fiez pas, Faites le mur n’est pas un documentaire de plus sur le Street Art mais bel et bien un des essais les plus aboutis sur l’imposture dans le monde de l’art contemporain. Véritable charge caustique contre son propre milieu, le film de Bansky tire le portrait d’un business dans lequel la communication et le marketing ont désormais remplacé le talent. Mettant en scène un looser français exilé à L.A, Faites le mur montre comment, avec un peu de bagout et de bonnes connexions, un arriviste réussit à se tailler une réputation bâtie sur du vent pour finir par s’imposer comme le Warhol du graffiti. Avec ce mockumentary aussi drôle que glaçant, Bansky met les points sur les I avec tous les suckaz d’aujourd’hui. Respect. — sortie le 15 décembre We are four lions de Chris Morris avec Riz Ahmed et Arsher Ali : 5/10

On le sait, le studio Warp (division ciné du mythique label anglais) adore la controverse. Déjà responsable de l’imagerie déviante d’Aphex Twin, il propose aujourd’hui un film prétendument sulfureux en suivant le destin tragicomique d’un petit groupe d’apprentis terroristes pakistanais. Évidemment traité sur le mode de la dérision, le film dépeint ces djihadistes amateurs prêts à tout pour perpétrer l’Intifada qui les fera exploser. Peu importe la cible pourvu qu’ils aient l’ivresse. Loin de la critique du fanatisme, c’est surtout de la perte des repères d’une jeunesse en manque d’idéaux qui est ici abordée. Une thématique passionnante pour un résultat malheureusement inégal qui, s’il réussit parfois à faire réfléchir, ne provoque jamais vraiment l’hilarité. Dommage. — sorti le 8 décembre Nuit

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le bon en arrière ® Marine Goutal Ω Côme de Bouchony

ToulouseLautrec noceur de la vie moderne

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901), en bon

Brûler son existence par les deux bouts.

rentier, appartient à cette catégorie de personnes

Séduit, Toulouse-Lautrec plonge alors à corps perdu dans la fournaise de Montmartre, notamment au Moulin-Rouge (1889), qu'il gratifie d'une fréquentation assidue et pour lequel il réalise l'affiche La Goulue (1891), ce qui lui assure une renommée précoce. Il faut dire que le vaste hangar à la charpente apparente propose à ses clients « la fête de nuit », le mercredi et le samedi. Jouissant de sa table attitrée, le personnel du lieu donne au peintre du « Monsieur le Comte ». À partir des années 1880, une identification mythique se crée même entre le peintre et l'établissement, le peintre et la ville. Relevant les noms des danseuses, Nini Patte en l'air, la Môme Fromage, la Sauterelle, Rayon d'Or et Jane Avril, Alfred Simon commente le processus d'identification : « Les danseuses du Moulin-Rouge deviennent les danseuses de Lautrec. Les femmes de Lautrec deviennent les petites femmes de Paris. » À partir de 1892, Toulouse-Lautrec ne peint presque plus de bals. Atteint de syphilis, alcoolique et affaibli, il est interné et quitte Paris en 1899. Les caf ' conc' comme la Scala, l'Eldorado, l'Olympia, les Folies-Bergère rivalisent avec le nord de Paris. Le crépuscule de Lautrec sera aussi celui de Montmartre.

délivrées du poids du travail et c'est grâce à son emploi du temps aristocratique qu'il plonge dans la fournaise de la vie nocturne parisienne, suivant un parcours que son œuvre documente.

Si depuis le début du XIXe siècle la rive droite - des Grands boulevards à la Nouvelle Athènes - a la faveur des cafés, c'est sur cette ancienne butte champêtre que se développent les “cabarets artistiques”, ces enseignes d'un nouveau genre. Les toiles que peint Toulouse-Lautrec donnent à voir les mutations produites en matière de vie nocturne, advenues dans des lieux, qui sur le modèle du Chat-Noir (1881), offrent des activités inédites : music-hall, spectacles de French Cancan, ombres chinoises. L'apparition de telles “nouveautés”, associée à des divertissements plus classiques (boisson, danse) n'était pas étrangère à l'attrait de l'Élysée Montmartre, du Lapin-Agile, ou encore du Mirliton, des établissements produisant ainsi un « moderne » spectaculaire et total. Montmartre passe des « Élysées champêtres » de Nerval à la nuit électrique art nouveau.

22 —

Nuit


Nuit

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la playlist de Ω Maman Records

1

The Box Tops - The Letter

Dire qu'il y a des gens qui disent que la musique c'était mieux avant. 2

Gesaffelstein - Variations (Original Mix)

De la techno pour des mecs qui ont perdu leurs neurones en chemin. 3

Le label parisien Maman est

Vanessa Carlton - A Thousand Miles

Vous vous rappelez du clip ? Une pute mal baisée qui se faisait trimballer partout avec son piano.

le bébé de trois passionnés de musique, tous trois sélectors :

4

Hervé, Bruno et Arthur. Les trois

Quelqu'un peut me dire à quel moment c'est de la musique, ce truc ?

garçons aiment la pop, plutôt

Girl Unit - Wut

pointue respectant « l’illusion selon laquelle à chaque bonne

5

chanson, le monde recommence

(Dye remix) Après

à zéro, l’ardoise est effacée, tous

Kisses - People Can Do The Most Amazing Things

les fringues de merde Kooples, voici le couple de merde.

les triomphes sont pour tout de suite, toutes les défaites pour

6

demain » (comme le dit Greil Mar-

Ce mec est une pub pour arrêter de boire.

Chad Valley - Up and Down (Collateral Remix)

cus dans une préface pour Nik Cohn). Pour le Bonbon Nuit, ils ont concocté une playlist nocturne

7

inversée. « Parler de la musique,

Une belle évocation de 2010 : l'année où les nerds ont enfin pu choper des meufs.

c'est comme regarder du porno.

Magnetic Man - Perfect Stranger (Feat. Katy B)

La meilleure manière de créer de la frustration. Du coup, pourquoi

8

ne pas dire du mal de ces disques

Aussi glauque et inutile que Paranormal Activity 2.

qu'on adore passionnément, voire

Salem - Redlights

qu'on sort ? » —

9

www.mamanrecords.com

Il faut vraiment être con pour penser que croiser R.Kelly avec Salem puisse avoir une quelconque utilité.

How to Dress Well - Ready For The World

Dernières sorties Kisses - The Heart Of The Nightlife

10

Chad Valley - EP

Dire qu'il y a des gens qui disent que la musique c'est mieux maintenant.

24 —

Nuit

Style Of Eye & Magnus - Antidote


Les Trois Baudets

Bonbon Party @ Bus Palladium

Entrée gratuite aux 1 entrée gratuite tous les mardis et mercredis*

soirées Bonbon tous les vendredis

Bar, restaurant, salle de concerts 64, boulevard de Clichy Paris 18e / 01 42 62 33 33

Entrée gratuite et prioritaire

Mardi au samedi 18h30 – 01h30

03/12 — 10/12 — 17/12 — 24/12

lestroisbaudets.com / M° Blanche ou Pigalle

6, rue Fontaine Paris 9 e

* dans la limite des places disponibles

01 45 26 80 35

La Machine du Moulin Rouge

Élysée Montmartre

22 décembre

22h-5h

15€ sur place

ROBOTS IN DISGUISE (dj set) + SARAH BLACKWOOD

Samedi 18 décembre & Samedi 22 janvier 2010 2011 de 23h30 à l’aub e

72 Blvd de Rochechouart - Paris 18 - M° Anve rs

Robots In Disguise (Dj Set) + Sarah Blackwood (Client / Uk) + … / 22h-5h / 10€ en prévente — 15€ Résa. : Digitick.com et points de vente habituels

Résa. : Digitick.com et points de vente habituels

90, boulevard de Clichy, Paris 18e, M° Blanche

72, boulevard de Rochechouart, Paris18e

01 53 41 88 89 / www.lamachinedumoulinrouge.com

01 44 92 45 36 / www.elyseemontmartre.com


Offres non cumulables valables du 1er décembre au 5 janvier 2011 — La direction se réserve le droit d'entrée


Rex Club

Elegangz VS Trust The Buzz

1 entrée gratuite sur

1 entrée

présentation de

gratuite valable

ce bon

avant 1h*

Le 18 décembre à la Machine du Moulin Rouge, à partir de 23h30 : Don Rimini + Naughty J + R-Ash + 5, boulevard Poissonnière Paris 2e

Mass + Kiss The Girl + Fowatile

01 40 26 22 92 / www.rexclub.com

90, boulevard de Clichy, Paris 18e, M° Blanche

*sauf les 11, 18, 19 et 31 décembre

01 53 41 88 89 / www.lamachinedumoulinrouge.com

Le Divan du Monde

4 elements

Un shooter ou un verre de vin offert avant 21h Bar Electro "Mix & Live" 149, rue Amelot Paris 11e / 01 47 00 34 11 Du mercredi au jeudi : 18h ≥ 2h vendredi : 18h ≥ 4h / samedi : 21h ≥ 4h 75, rue des Martyrs Paris 18e

Prog & infos : www.bar4elements.com

01 40 05 06 99

Happy hour du mercredi au vendredi de 18h à 21h


Offres non cumulables valables du 1er décembre au 5 janvier 2011 — La direction se réserve le droit d'entrée


trousse de secours Ouvert toute la nuit ! Pharmacies de garde

Épicerie Shell

Chez Tina

84, av. des Champs-Élysées 8e

6, bd Raspail 7e

1, rue Lepic 18e

≥ 01 45 62 02 41

≥ 7/7 — 24/24

d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

6, place de Clichy 9 e

Minimarket fruits et légumes

Boulangerie Salem

≥ 01 48 74 65 18

11, bd de Clichy 9 e

20, boulevard de Clichy 18e ≥ 7/7 — 24/24

6, place Félix-Éboué 12

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ 01 43 43 19 03

Alimentation Huit à 8

Livraison médicaments 24/24

151, rue de la Convention 15e

Fleuristes

≥ 01 42 42 42 50

≥ 7/7 — 24/24

Chez Violette, au Pot de Fer Fleuri

Supérette 77

78, rue Monge 5e

Urgences

77, bd Barbès 18e

≥ 01 45 35 17 42

SOS dépression

≥ Mardi au dimanche jusqu'à 5h

Relais Fleury

e

≥ 08 92 70 12 38

114, rue Caulaincourt 18e

Urgences psychiatrie

Resto

Se déplace sur région parisienne

L’Endroit 67, place du Docteur-

≥ 01 46 06 63 97

≥ 01 40 47 04 47

Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00

Carwash

Drogue, alcool, tabac info service

≥ tlj de 11h à 1h00 jeudi,

Paris Autolavage 7/7 — 24/24

≥ 0800 23 13 13 / 01 70 23 13 13

vendredi, samedi 10h00 à 5h00

Porte de Clichy 17e

Livraison sextoys

Tabac

Shopping

Commande en ligne

Tabac du Châtelet

Virgin Megastore

www.sweet-delivery.fr/

4, rue Saint-Denis 1er

52, av. Champs-Élysées 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

≥ 7/7 — jusqu'à 3h

≥ jusqu'à minuit

Tabac Saint-Paul

Librairie Boulinier

Livraison alcool + food

127, rue Saint-Antoine 4e

20, bd Saint-Michel 6 e

Nemo 01 47 03 33 84

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Le Pigalle

Faim de Nuit 01 43 44 04 88

22, boulevard de Clichy 18e

Kiosques à journaux 24/24

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ Vendredi et samedi jusqu'à 5h

38, av. Champs-Élysées 8e

Allô Hector 01 43 07 70 70

16, bd de la Madeleine 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Poste de nuit

2, bd Montmartre 9 e

Apéritissimo 01 48 74 34 66

52, rue du Louvre 1er

Place de Clichy 18e

≥ 7/7 — jusqu'a 4h

M° Louvre Rivoli / Étienne Marcel

Allô Glaçons

Boulangeries

01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

Snac Time

Internet 24/24

97, bd St-Germain 6

Milk Internet 31, bd de Sébastopol 1er e

≥ 01 40 13 06 51

Épiceries

≥ 7/7 — 24/24

53, rue de la Harpe 5e

L'Épicerie de nuit

Boulangerie pâtisserie

≥ 01 44 07 38 89

35, rue Claude-Bernard 5e

99, avenue de Clichy 17e

20, rue du Fg-St-Antoine 12e

≥ Vendredi et samedi jusqu'à 3h30

≥ 7/7 — 24/24

≥ 01 43 40 03 00

Nuit

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Bonbon Nuit party | Tous les vendredis au Bus Palladium â„Ś Jonathan Ralaisomay


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Nuit


le Bon musicien ® Camille Clance Ω DeKoon & Malsoute

Arnaud Fleurent-Didier Qui c’est celui-là ?

La presse est dithyrambique, le Tout-Paris ébloui, le public sous le charme. La chanson française aurait trouvé en AFD un nouveau souffle de noblesse, un messie hors-champs, entre conteur naïf et musicien éclairé. Rencontre avec un type à part.

Arnaud Fleurent-Didier est plus français que chanteur. Bercé par une démarche artistique et une conscience esthétique richement brodées, où s’entrecroisent Kechiche, Perec, Proust ou Ravel, La Reproduction, premier opus solo du frêle dandy à la voix enjôleuse, raconte les tribulations d’un trentenaire obsessionnel, rationnel, sensible, réaliste, compliqué. Un trentenaire, quoi. Un album fabriqué comme un film intimiste, où les titres s’enchainent comme autant de courtmétrages mettant en scène l’amour, les doutes, les questionnements de celui à qui on aurait volontiers confié la BO d’un Demy. « Tout est parti de la dernière chanson Si on se dit pas tout, qui raconte les non-dits entre un père et un fils, les zones d’ombre et finalement la tendresse qui s’en dégage. Puis, j’ai commencé à réfléchir à tout ce qui en découle : la transmission, l’héritage, la filiation, le couple… la reproduction, en fait. » Sujet banal pour un trentenaire, me direz-vous ? Oui, mais. AFD, en adepte de contrastes et de reliefs, traite le fond avec un souci du détail bien à lui,

entre modernité et nostalgie, désarroi et humour, luxe et simplicité. « J’ai écrit cet album dans mon coin, et j’étais effrayé par la maladresse de mes mots, j’ai pensé que ce coté naïf était loin de flatter la production. J’avais hâte de voir mes morceaux naître, je voulais du chiadé, du rond, du beau. Le name-dropping, les allures fêlées de ma voix, parfois, les syllabes qu’on ne comprend pas… J’avais des doutes. C’est Alf – Stéphane Briat de son vrai nom – qui a assuré le mixage et m’a convaincu d’assumer cette touche. J’avais besoin d’un avis extérieur pour légitimiser ma différence, il a été ce déclencheur. » Charmeur charmant, contradictoire à l’humour franchement noir, carrément sexy, parfois même cru, Arnaud Fleurent-Didier n’a rien du type conventionnel auquel il pourrait ressembler… de loin. Ce personnage intemporel, ambigü, élégant, étoffé par les années 70, bricole sa musique au gré de ses envies « Ça commence souvent pareil. J’enchaîne quelques accords, ils me plaisent, je me dis que ca ressemble à du Michel Berger, du Battisti, ou même à un vague remake du Grand Bleu. Excité par la basse, chauffé par une note, un son, une envie, un souvenir, c’est comme ça que je compose un morceau. Un jeu de Légo. » La Reproduction est un voyage au cœur des inconstances de ce jeune homme qui n’a « ni le nom, ni la Nuit

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Arnaud Fleurent-Didier

“Quand tu écris une chanson, et que tu réalises que tu es en train de reprendre Rachmaninov, c’est l’angoisse.”

voix » de Fleurent-Didier mais qui lui ressemble un peu, engagé par le titre France Culture, inventaire allumé et poétique des flips et des flops de son éducation. Ce générique, sur fond d’envolées mélancoliques, s’ouvre sur le parcours pittoresque de ce personnage touchant et désabusé. L’Origine du Monde raconte l’amour grave que l’on fait à 30 ans, et toutes les promesses qu’il implique. S’en suit un slalom entre sourire et existentiel : « Mais mon amour, redis pourquoi c’est pas possible l’amour à trois ? », « Je ne m’habitues pas aux choses qui finissent ». Erreurs, ruptures, rencontres, prises de conscience s’imbriquent, cadencées par des morceaux venus d’ailleurs. Comme par exemple le truculent Mémé 68 - Pépé 44, diptyque déstructuré, coloré, dont les progressions rythmiques sont parfois incohérentes, souvent incontrolées. Ou encore le joli Rizotto aux courgettes, dans lequel notre héros reprend goût à l’amour, pour finalement admettre que non, il n’aura pas de réponses à ses questions, et que ce n’est peut-être pas plus mal. Arnaud Fleurent-Didier, qui cite volontiers Céline « Il me donne envie de chanter », s’avoue phobique de la rime facile « qui tue l’émotion » et confesse son angoisse du plagiat « Quand tu écris une chanson, et que tu réalises que tu es en train de reprendre Rachmaninov, c’est l’angoisse », nous sert ici un album aux allures de parcours initiatique. Plus on l’écoute, plus on l’aime. Son univers — Un livre

A la Recherche du Temps Perdu de Marcel

Proust A Wizard, a True Star de Todd Rundgren

Un disque

le bassin des Tuileries

Un endroit à Paris

Mon Oncle d’Amérique d’Alain Resnais

Un film

— Arnaud Fleurent-Didier — La Reproduction ≥ En concert le 6 décembre à la Cigale.

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les Bons plans ® Mirah Houdon & Cassandre Beauregard Ω Yz & Fassih Belmokhtar

La Tour

Le 4 Éléments

Galerie street art.

le repaire électro de la rue Amelot.

L'agence Elegangz, créateur de contenus et d’expériences, fête ses cinq ans et devient durant toute l’année 2011, « curator » en lançant « une nouvelle adresse dédiée à l’art et la culture sous toutes ses formes ». Dès le 3 décembre, une nouvelle galerie dénommée La Tour, s'ouvrira ainsi au cœur du 1er arrondissement, entre le Louvre et l’Hôtel de Ville. Autrefois château d’eau du Palais Royal ce lieu pluridisciplinaire se veut à la fois concept store, showroom, boutique, lieu de création, club, salon de thé rock et laboratoire d'expérimentation, et réunira (entre autres) les artistes street art du collectif E.T.A.T. Belni, Thomas Canto, YZ, Monsta, No rules corp, Stew, Doze, Kashink, tels sont quelques-uns des noms annoncés pour décembre, avec des expositions qui changeront tous les mois en privilégiant les artistes émergents dans les domaines du graphisme, de la vidéo, de l’image ou de la musique. Et le soir, quelques vernissages auront lieu avec des animations sous forme de performances ou de soirées happening. À surveiller de près !

Dur dur de s’imposer du côté de la rue Amelot, idéalement située entre République et Bastille, quartier animé regorgeant de bars aussi fréquentés et incontournables les uns que les autres : Le Pop In, le Zéro Zéro, le Panic Room… Sans oublier le 4 Éléments. Inauguré il y a un peu moins de deux ans, ce mini club hybride a su rapidement séduire un public large mais au goût sûr : les amateurs d’électro, de house et de techno s’y donnent rendez-vous régulièrement pour vibrer sur le dance floor. Oui, le dance floor. Le 4 Éléments a beau être un bar, il dispose également d’une vraie piste de danse (et d’un sound system de qualité) où les plus motivés peuvent se déhancher (Alex Kid, Jee ou encore Ron Miller se sont déjà relayés derrière les platines), pendant que les plus timides se contentent de siroter un des nombreux cocktails maison (happy hours de 18h à 21h.) Les plus stressés pourront quant à eux se détendre dans le coin lounge, avec déco zen et stylée, banquettes confortables et même massage (comptez 1 euro la minute) sur demande !

149, rue Amelot Paris 11e – 01 47 00 34 11 111, rue Saint Honoré, Paris 1

Ouvert le mercredi et jeudi de 18h à 2h, le vendredi

Du mardi au vendredi : 12h -19h / Samedi : 10h-18h

et samedi de 18h à 4h

Vernissage le 2 décembre à 19h

http://bar4elements.com

er

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galerie librairie boutique

Des cadeaux pas comme les autres museedufumeur.net

le musée du fumeur - 7 rue Pache 75011 Paris - tél. 01 46 59 05 51 - 01 43 71 95 51 métro Voltaire (ligne 9, sortie 1) - bus 46, 56, 61, 69 ouVert du mardi au samedi de 12h30 à 19h00


La bonne ombre ® Michael Pecot-Kleiner Ω Yvette Neliaz

Yvette Neliaz

Tout sauf une pisse-froide

Si tu as plus de la trentaine et que tu traînais tes pompes au Pulp, tu as sûrement du croiser Madame Yvette Neliaz… Oui, rappelle-toi, c’est à elle que tu filais tes centimes après t’être fait goutter la sardine. Ex-dame pipi excentrique de ce mythique club

sillonne dès lors l’Europe et expérimente ces nouveaux Eldorado que sont Mozinor, les May Day, ou les premières Techno Parade… S’en suivra une décennie un peu dingue faite de voyages et de teufs en tout genre…

lesbos, Yvette s’est ensuite échappée des waters pour devenir à sa manière une mémoire des soirées

Une héro-urine des temps modernes…

parigotes.

Le nouveau millénaire commence et c’est un sacré bordel dans la vie d’Yvette. Suite à une histoire à la con – elle paume ses papiers à New York ­– et à quelques imbroglios, elle n’est plus personne aux yeux de l’administration française… Sans identité, au propre comme au figuré, elle descend en enfer et devient S.D.F dans les rues de Paris. Son salut, elle le doit à Jennifer Cardini et Juliette Dragon qui l’hébergent chez elles et lui trouvent du taf : ce sera dame pipi, au Pulp. Pas facile pour l’ego mais rien à foutre, Yvette va révolutionner pendant 21 mois la profession en devenant une star des pissotières. En photographiant les habitués dans les toilettes du club, elle se constitue peu à peu une collection de tronches de noctambules. Et puis les gens vont se prendre au jeu, être pris en tof par Yvette sera une hype décalée dont elle gardera les traces sur son site Internet, Damepipi.com.

Hey jeune, t’ as connu les vraies rave-party ?

« Moi, j’ai toujours adoré la nuit, j’ai toujours été faite pour vivre la nuit… Tout simplement parce que quand le soleil se couche, les gens sont plus vrais… » Cliché ou pas, Yvette a 66 piges mais pourrait coucher n’importe lequel des baby-clubbers. Faut dire aussi qu’elle a de l’entraînement, que son organisme au fil des années s’est adapté aux conditions extrêmes de la vie nocturne. Déjà dans les années 80, Yvette se démonte sur de l’EBM, et découvre avec joie les balbutiements de la musique électronique. Ce qui la conduit tout naturellement aux premières raves début 90. Un véritable coup de foudre, sur lequel elle est intarissable : « Les raves à cette époque, tu en sortais différent. C’étaient de grandes aventures collectives, apolitisées et créatives. Rien à voir avec les free party qui ont ensuite fait dégénérer le mouvement. » Accompagnant sa femme, la célèbre Djette Lisa N’Eliaz, Yvette 34 —

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Un herbier rempli d’herbes folles

L’idée est là. Après l’épisode du Pulp, elle conti-


La Bonne Ombre

nue sur sa lancée et explore les clubs, les bars, les vernissages, les soirées crades ou mondaines et accumule au fil des années des tonnes de photos, bandes sonores, textes et vidéos. « J’aime interviewer les gens lorsqu’ils sont un peu pétés » me confie-t-elle, « ils se lâchent plus et font moins dans le compromis. » Ainsi, Yvette élabore toute une cartographie spatio-temporelle de ceux qui font les nuits parisiennes, qu’ils soient célèbres ou anonymes. Et ce travail ne laisse pas indifférent car elle est invitée à exposer ses images au ministère de la culture en 2007 et est désormais courtisée par de grandes galeries d’art… En fait, Madame Yvette Neliaz est un peu une femme unique en son genre : elle est la seule personne que j’ai rencontrée capable de transformer les eaux sales en Ruinard…

Ses cinq lieux de nuit préférés Les Souffleurs, 7, rue de la Verrerie 4e « J’y commence mes soirées. Le bar est très cool et la musique toujours bonne. » Le Duplex, 25, rue Michel-le-Comte 3e « Après les Souffleurs, c’est en général là que je vais. L’un des plus vieux bars gays du Marais. Emblématique ! » Le Cud, 12, rue des Haudriettes 3e « C’est souvent ici que je me termine ! Ambiance pas prise de tête et dancefloor déluré… » Le Pick-Clops, 16, rue Vieille du Temple 4e « Je vous conseille leurs hamburgers. Délicieux ! » Le Bar du Marché, 9, place du Marché, Montreuil « Tout simplement mon Q.G… » — ≥ www.damepipi.tv — www.damepipi.com

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le casse bonbon ® Manon Troppo

Vélos & Garde à vue Moi qui m’étais promis de ne plus sortir le samedi, j’aurais tout de même pu avoir assez de jugeote pour pousser l’interdiction jusqu’aux veilles de jours fériés. J’avais déjà constaté la recrudescence de mal baisées et de mauvais baiseurs, ces soirs-là. Envahisseurs de comptoirs qui transforment mes bars en de vulgaires arènes de foire où tout le monde se jauge et où personne ne s’amuse. Pourtant, en ce 31 octobre, Paris semblait assez calme, presque voluptueuse. J’étais restée cloîtrée la veille. En tout logique, 24 heures plus tard, je sentais l’appel de la nuit tambouriner dans mes tempes et mes veines et, bêtement, je cédais et partais retrouver les affreux jojos à la Fourmi. Après le changement de saison cinglant, la météo nous offrait ce dimanche soir ce qu’ils appellent “une accalmie”, dans le poste de télévision. J’avais connu beaucoup de belles soirées, j’aurais juré que celle-ci en ferait partie. Au bar, un habitué m’expliquait qu’ici, on servait de la vraie bonne Guinness, ce que je m’empressais de goûter et m’empressais plus encore de critiquer. -Une bière sans bulles, désolée, c’est pas une bière. -Mais pas du tout, c’est tout l'intérêt ; de toutes façons, à la fin de ta bière, t’en as plus, des bulles. Ben voilà, là, t’en as plus dès le début, comme ça t’es pas déçu. Est-ce cet argument imparable qui attira soudainement tous les touristes, les brutes et les aigris ? D’un coup d’un seul, ça s’était rempli et, encore une fois, grâce à mon vénérable mètre 60, mon 36 —

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horizon était obscurci par des dos hostiles et mes escarpins étaient souillés de grands panards malhabiles qui atterrissaient inévitablement sur mon petit doigt. Celui-là même qui s’était cogné contre un coin de table, au réveil. Et puis personne ne semblait plus connaître l’existence du mot “pardon”. Je décidais de prendre la tangente, n’emportant avec moi que les plus fous de mes amis, ceux qui avaient déjà usé leurs fonds de caleçons chez Carmen. Ceux qui aimaient le sordide hybride de ce troquet. Ceux qui s’amusaient de la clientèle interlope agglomérée autour du jukebox branlant. Ceux qui mourraient d’envie d’un croque monsieur-vodka tonic, comme moi. Au lever du jour, après avoir cherché “les paumés du petit matin” de Brel pendant 240 minutes dans la boîte à musique en n’ouvrant qu’un seul oeil pour pouvoir lire, après 5 vodka tonic et une assiette de frites, nous décidions enfin d’aller mettre la viande dans le torchon, en passant par une station Velib’, pour un retour au grand air. À l’heure des bilans, nous jugions notre sortie réussie et lui attribuions même un 12/12, nous trouvant incroyablement drôles de noter sur 12 et pas sur 10 ou sur 20 comme le commun des mortels. C’était sans compter avec une autre sortie, plus rude : celle des policiers municipaux, moins satisfaits de leur quota que nous, manifestement. Prêts à tout pour faire grimper les bons points, ils nous


Vélos & Garde à vue

arrêtaient et nous demandaient de souffler dans le ballon, nous, pauvres petites brebis égarées dans la noirceur de la Toussaint. Aucun argument n’a trouvé grâce à leurs yeux. Du plus civique « c’est justement parce que j‘ai bu que je n’ai pas pris mon scooter » au plus misérabiliste « de toute façon, mon scooter je me le suis fait voler, c’est ma défunte grand-mère qui me l’avait offert et je pouvais pas rentrer en rampant quand même, heu, en volant, heu non merde, en MARCHANT, j’veux dire, monsieur l’agent. Ha, Madame l’agent, pardon ». Nous avons soufflé, donc, et nous avons été déclarés coupable de conduite en état d’ivresse. Sans blague, quel scoop. Direction le poste de police pour une garde à vue, une nuit en cellule et un réveil en panique avec la marque du banc sur la joue. Les yeux encore bouffis d’un sommeil contrarié, nous apprenions que nous allions recevoir une convocation au tribunal et que notre “petite bourde” pourrait nous valoir une amende 100 à 400 euros. Je rétorquais qu’il y avait sûrement un zéro en trop. En guise de réponse, on me conseilla de commencer à économiser tout de suite et on s’inquiéta de savoir si « je faisais toujours la maligne ».Et tout ça sans même la présence d’un café pour faire avaler la pilule. On sait tous ce que les chats font la nuit, mais on oublie trop souvent de préciser qu’au petit matin, ils dégrisent foutrement. Mais le vrai problème de la nuit à Paris, c’est qu’elle est toujours trop courte.

“La police est sur les dents, celle des autres évidemment.” boris vian

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le Bon homme de nuit ® Eva Peel & Violaine Schütz Ω Yan de Morvan

JB Wizz SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZ !

Directeur artistique d’un label lié à un shop de disques éponyme, Born Bad Records, Jean-Baptiste Guillot alias JB Wizz est aussi tourneur occasion-

lite, Magnetix par sa capacité à fédérer le milieu garage ou encore Yussuf Jerusalem parce qu’il ne ressemble à rien d’autre…

nel et organisateur de soirées : les Born Bad On Ice, dont c'est cet hiver la troisième saison. Une expo lui est également consacrée à la Galerie 12 mail. Rencontre.

En marge des petites maisons de disques parisiennes (presque toutes concentrées sur l'électronique), Born Bad Records est un label résolument rock'n'roll, et ça fait du bien. D'abord JB Wizz s’est offert le luxe de rééditer des artistes français n’ayant pas forcément bénéficié d’une exposition nécessaire à leur époque, avec des compilations permettant de mettre en lumière des talents qui échappaient au mainstream. Dans le catalogue Born Bad, on compte de multiples rééditions d'obscurités du patrimoine français toutes époques confondues avec des projets comme BIPPP, les Jeunes Gens Modernes, IVG qui exploraient la scène synthétique et minimale des années 80. Mais l'activité et ambition principales du label est le développement de groupes français actuels comme Cheveu, Frustration ou Magnetix. Quand on lui demande ce qui continue de le faire avancer, Jean-Baptiste Guillot répond que c’est avant-tout l’envie d’insuffler de l’ambition à des groupes amateurs amenés à rapidement dépasser ce statut. Chaque signature apporte sa pierre à l’édifice, Cheveu, par son aspect singulier et inso38 —

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Loin de s’arrêter à cette activité de DA, JB travaille aussi des rendez-vous comme les Born Bad On Ice à la Patinoire Pailleron dans le 19e à Paris, où l'on peut enchaîner les triples axels sur de la bonne musique. On retrouvera ainsi Kill the Dj, Ed Banger et les Cavaliers cet hiver sur la glace. Côté sorties, en janvier 2011, le nouvel album du groupe Cheveu ou encore la réédition de l’intégrale d’Olivenstein. Et, last but not least, Jean-Baptiste a récemment été sollicité par l’Espace Parisien 12Mail pour organiser Désordres une manifestation artistique qui se tiendra du 17 Novembre au 4 Janvier, 12 rue du Mail 75002 Paris. Bref, cet hiver sera wizz ! Comment est né Born Bad Records ?

J’ai passé 7 ans dans les majors, j’y ai appris un métier, mais la façon dont les choses se passaient à la fin des 90’s m’ont laissé un goût amer dans la bouche, j’ai voulu rompre ce cycle en étant plus en accord avec moi-même, raison pour laquelle j’ai décidé de fonder Born Bad en m’inspirant de modèles comme New Rose ou Rough Trade. Quelle en était l'idée ?

Dès mes premières signatures avec des artistes comme Bip ou Frustration, j’ai tenté de me dif-


JB Wizz

férencier de l’image rock’n’roll et rockabilly que véhiculait le shop en optant pour des projets un peu différents. L’idée était avant tout de renouveler le genre en suscitant de l’intérêt pour une scène française parfois laissée à l’écart. Ces projets synth-minimal wave plus éclectiques et à l’aspect plus mental m’excitaient. Un des grands problèmes de la pop et du rock hexagonal c’est, d’un côté, l’écueil Noir Désir, Téléphone qui a enfermé beaucoup d’artistes dans un genre franco-français et de l’autre, la complaisance par rapport à tout ce qui est anglo-saxon : pour schématiser, on va dire qu’un band anglais même foireux aura plus de résonance que n’importe quel groupe français. J’ai eu beaucoup de chance car mon travail avec le label a imposé une image de marque hexagonale positive à l’étranger pour des artistes qui, grâce à cette renommée ont pu s’exprimer hors de nos frontières. Cheveu et Frustration sont allés jouer au Moma à New York, grâce aux circuits alterna-

tifs, Born Bad bénéficie d’une résonance internationale : c’est une vraie force. D'où sont venus les Born Bad On Ice ?

En allant à la piscine qui jouxte la patinoire, je réalise que j'ai oublié mon maillot de bain et me replie sans enthousiasme sur la patinoire. Je me suis vraiment bien amusé à part la musique que j'ai trouvé pourrie au possible (Les gamins fréquentent le lieu, alors c'est varietoche R'n'B en boucle). Il devenait évident qu'en mettant de la bonne musique, il y avait matière à faire des soirées vraiment ludiques. Comment définirais-tu les playlists, la musique qui passe?

La musique qu'on y joue est très sélective, très pointue à l'image des labels qui sont invités. Pas de kistcherie, pas de second degré alors ne vous attendez surtout pas à y entendre des tubes 80 Nuit

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JB Wizz

“j'ai l'impression qu'il n'y a jamais eu autant de choses que maintenant.” ringards, ou les daubes commerciales du moment. Il y a aussi quelques lives (les cavaliers, la chatte, etc.) selon les demandes des labels. Les groupes et DJ's jouent alors au milieu de la glace, et les gens virevoltent autour d'eux... c'est assez improbable mais évidemment très visuel et amusant.

Parle-moi un peu de la patinoire Pailleron ?

C'est un complexe sportif des années 30 qui a entièrement été réhabilité il y a quelques années. C'est la plus grosse piscine de France grâce à une amplitude d'horaires folle, et la qualité de ses aménagements. Si ce n'est la patinoire à Bercy, c'est l'unique patinoire intra-muros de Paris. C'est amusant car au même titre que le billard ou le bowling, la patinoire est une activité de banlieusards et de provinciaux. C'est vraiment très drôle de voir tous ces parisiens s'initier ainsi aussi tardivement aux joies du patinage. L'apprentissage du patin à glace à la différence du roller, est vraiment très simple, et les gens sont surpris de pouvoir évoluer avec une certaine aisance très rapidement. Peux-tu nous raconter des anecdotes sur les précédentes éditions ?

Une journaliste d'un grand quotidien national s'est cassé le poignet, et puis il y a toujours des patineurs qui nous font la surprise de venir déguisés (on a déjà eu une pute, un schtroumpf, un corbeau, et quelques costumes bizarres non identifiés). Sinon l'alcool est interdit. De prime abord cela pourrait paraître une bonne idée de venir patiner bourré, mais en réalité, ça ne serait pas très malin car le patinage peut s'avérer dangereux. Par ailleurs, beaucoup de gens viennent avec leurs enfants. Que penses-tu globalement de la nuit à Paris?

Comment choisis-tu les labels invités?

Ce sont des labels vraiment représentatifs de ce qu'il se fait de mieux en France sur la scène indépendante que ce soit Tigersushi (Poni Hoax, Joakim), Recordmakers (Turzi, Sebastien Tellier), les Dirty (Pilooski, Discodeine) ou Kill the DJ (Ivan Smagghe, Chloé, Battant), il ont tous une résonance internationale. Je me sens proche d'eux alors même que les genres musicaux qu'ils défendent sont souvent très éloignés des miens. C'est le dessus du panier, et le choix s'est imposé de lui-même.

La culture club s'est essoufflée avec l'essoufflement de la musique électronique. Il semblerait que les gens préfèrent désormais aller voir des concerts ou aller au bar. Que la musique électro revienne, ce qui semble déjà se profiler, et les clubs renaîtront. Pour moi qui évolue dans le milieu rock and roll, j'ai au contraire l'impression qu'il n'y a jamais eu autant de choses que maintenant. Trop même... www.myspace.com/bornbadrecords

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le bon look Photographe : Jill Pelletier / Styliste : Yohanna Todd-Morel / Maquilleuse : Dina Bergeron

Nicolas Ullmann / Comédien, entertainer, FB : Niklaus Ullmann — Costume 3 pièces et chemise Vivienne Westwood | Nœud papillon Noir Kennedy | Chapeau Old England | Chaussures Gérard Sené | Bagues de droite à gauche Thomas Sabo, personnelle, Soul Fetish, Aurèle pour Agnès b., Thomas Sabo, personnelle.

Mélanie Marcel — Robe et leggings Molly Bracken | Escarpins vintage. 42 —

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Le Bon Look

Mélanie Marcel — Robe Jus d'Orange | Chaussures Carvela. Nicolas Ullmann — Costume et chemise Vivienne Westwood | Pull Lacoste | Foulard Paul Smith | chaussures Gérard Sené | Bague Thomas Sabo | Bracelet Maria Rudman.

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la bonne histoire ® + Ω Artus de Lavilléon

A chaque apparition Suze se distingue Dans la nuit du sept au huit août deux mille quatre, un cambrioleur s’introduit par la fenêtre dans l’appartement de Maryse Lucas, soixante-seize ans : une loge de concierge sise rue Portefoin, dans le troisième arrondissement de Paris.

Madame Lucas, réveillée par des « grattements », se lève pour aller aux toilettes, « sans se douter de rien ». Heureuse à l’idée « d’avoir un rongeur à domicile ». Selon ses propres dires, madame Lucas s’imagine déjà, dans son demi-sommeil, « un nouvel ami ». Quelle surprise de découvrir à son retour, un homme d’environ un mètre quatre-vingt, le teint sombre, d’une trentaine d’années, en train de dévaliser l’unique meuble qui occupe le minuscule vingt mètres carrés qu’elle habite seule. L’homme la menace « de la suriner », et tandis qu’elle s’assoit, madame Lucas lui répond que « rien ne lui ferait plus plaisir, n’ayant jamais eu le courage de mettre elle-même fin à ses jours », avant « de lui offrir des fraises, puis une prune », et de lui raconter la maladie grave qui la cloue au lit depuis quelques semaines. « Pas celle-là, l’autre », réplique l’homme, déjà très déstabilisé par le comportement de la vielle dame, qui va même jusqu’à l’engueuler lorsqu’il déplace son éléphant rose préféré, « derrière lequel il ne 44 —

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trouvera nul argent ». Continuant sa fouille, l’homme se saisit alors des cent Euros qui traînent sur la chaise qui fait office à madame Lucas de table de nuit, et où ils sont rituellement posés « à côté des fruits, des bouteilles d’alcool, et de son dentier ». Au moment où l’homme s’apprête à repasser par la fenêtre, madame Lucas, très digne, s’offre de le raccompagner jusqu’à la porte, « ce qui est quand même plus simple ». L’homme salue madame Lucas d’un « au revoir madame » avant de partir… médusé. Le lendemain, après une courte nuit de sommeil ponctuée par la visite des policiers et de l’infirmière chargée de ses piqûres, Maryse Lucas écrit sur le journal télévisé hebdomadaire, qui lui sert depuis des années de journal intime la phrase : « Pour une fois, ça bouge ». Son comportement est très Art posthume.

Ce texte est issu de l'exposition : Papiers importants divers et variés Artus chez Les Néréides Jusqu’au 9 décembre 5, rue du Bourg l’Abbé, 3e ≥ artusdelavilleon.com/blog


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les rencontres de jseb ® + Ω Jseb Deligny ≥ www.lastnightpeople.com

Zoé & Jullia

Zoé est une petite peste, Jullia est un ange, essayez de trouver laquelle est laquelle. Ne dites rien à leurs parents, ils ne savent pas qu’elles fument sous la douche. — Jullia et Zoé cumulent 984 amis sur facebook

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Les rencontres de Jseb

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le bon agenda Sélection subjective des soirées à Paris

Jeudi 2 19h La Tour gratuit

Samedi 11 22h Bus Palladium gratuit

≥ Vernissage des -8- : Thomas Canto + Yz + no rules

≥ Non stop party

corp. + Belni + Stew + Kashink + Doze + Monsta

23h

L'Elysée Biarritz 10€

≥ Chez Gentry : Le Bal Blanc d’Hiver Vendredi 3 22h Bus Palladium gratuit

00h

≥ Bsms + Mondrian

≥ What the funk ? avec Quantic

00h

La Maroquinerie

Bonbon Party

≥ Violaine Schütz DJ set 23h30

Culture Hall 22€

≥ République of Kittin : Miss Kittin vs Loco Dice

Mardi 14 19h30 La Flèche d’Or ≥ Concert Fnac Attention Talents Live : Sly Johnson + Madjo + The Bewitched Hands + Jamaica + Cocoon

Samedi 4 22h Bus Palladium gratuit ≥ Travel Agncey + Penguin Prison 23h

Vendredi 17 22h Bus Palladium gratuit ≥ Clak + Mrs Good

La Java 7€

≥ Electro bubble pop : Flash Cocotte + Grum +

00h

Pretes A Tout + Pipi De Freche + Dactylo + Numéro

≥ DJ Freddy

Six + Nizar

00h

Bonbon Party Rex Club 10€/15€

≥ Skryptöm Spécial Dark Grooves : Gary Beck (Soma Mardi 7 19h30 La Flèche d’Or 8€

/ M_nus ) + Danton Eeprom (Fondation / Infiné /

≥ Soirée Serge Avec Cali + Jolie Cherie + Jerome

Rekids) + Electric Rescue (Cocoon / Skryptöm /

Van Den Hole + Arnaud Fleurent-Didier + Pom Pom

Boysnoize)

Boy + Violaine Schütz 20h

La Boule Noire 15€

Samedi 18 22h Bus Palladium gratuit

≥ Selah Sue

≥ Valley + Jerome Attal

Jeudi 9 19h30 Le Café de la Danse 19€

≥ Elegangz VS Trust The Buzz : Don Rimini +

≥ Les Doigts de L’homme + Juan de Lerida - jazz

Naughty J (Feat Joey Starr) + R.Ash + Maf + Kiss

manouche

The Girl + Gilan Lc + Numinots + Debruit + Peter

23h30

20h

La Machine du Moulin Rouge 40€/50€

La Machine 15€/20€

Digital Orchestra

≥ Nuit Démonia / www.nuitdemonia.com 00h

Nouveau Casino 12€/14€

≥ Free Your Funk : Das Racist (Live) + Arthur King

Jeudi 22 22h La Machine du Moulin Rouge 10€/15€ ≥ Robots In Disguise Dj Set (Uk) + Sarah Blackwood (Client / Uk) + Sylvanie De Lutèce (Fr) + Dactylo

Vendredi 10 22h Bus Palladium gratuit

Furie (Fr) + Emma Tome

≥ Cannibal Kiss + Black Cherry 00h

Bonbon Party

≥ Wedding Killers DJ Set 00h

Jeudi 30 23h Social Club 10€ ≥ Tiga & Das Glow

Rex Club 10€/15€

≥ Mini Rendez Vous + Matthew Dear (Ghostly

Vous aussi envoyez votre programmation à :

/ Spectral – US) + Gaiser (Minus – DE) + Manjas (FR)

prognuit@lebonbon.fr

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www.agnesb.fr


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