Le Réveil des combattants - Mai / Juin 2020

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VOUS AVEZ DIT « SOUVERAINETÉ ÉCONOMIQUE » ?

BARBUSSE ET L’AMÉRIQUE LATINE

OBSÉDÉ PAR SA RÉÉLECTION, VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL TRUMP ATTISE LE FEU

Mai / Juin 2020 - N° 863 - 5 €

Manifestation du 16 juin 2020, Paris

La colère est justifiée face aux profits pour une France souveraine, républicaine, sociale

Ensemble, défendons les valeurs de la République


LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Réflexion pour l’action de l’ARAC Du combat pour soi au combat avec les autres Une très grande partie de la population de notre pays vit très mal, résultat de l’accaparement de 95 % des richesses produites par le travail au profit des propriétaires des grands moyens de production et de vente, de leurs actionnaires, tandis que les autres citoyens et citoyennes sont contraints de vivre dans l’insuffisance ou l’absence de l’essentiel. Dans ces circonstances, les populations sont appelées à être des machines à acheter, à suivre la mode, à acheter des fruits et des légumes originaires de l’étranger pendant que nos maraîchers, que nos paysans ne peuvent plus arriver à vivre de leurs productions. Elles sont appelées à regarder la télévision et ses nombreuses publicités avec leurs habiles suggestions pour des aliments, des produits pour maigrir, des vêtements, des maisons avec des appartements inabordables, etc. Toute cette façon de faire rend les gens insatisfaits et les conduit à déprimer car non seulement ils n’ont pas besoin de tout ce qui lui leur est suggéré pour vivre, mais ils n’ont pas les moyens d’acheter le juste nécessaire, le produit de leur travail n’étant pas suffisant pour leur procurer les moyens d’assurer leurs besoins vitaux. Certains médecins, certains spécialistes des sciences humaines, des militants associatifs, en nombre, invitent les gens à réagir par eux-mêmes contre cette société aliénante en faisant des choix leur permettant de retrouver leur intégrité dans cette situation : refuser par eux-mêmes d’accepter des produits qui ne servent que les grandes surfaces de vente. Et par ailleurs, refuser les sollicitations inutiles : sonneries, sms, mails, tweet, au total les sollicitations numériques car elles posent problème. En fait changer par soi-même son mode de vie. C’est valable mais ça n’est pas suffisant car on le voit bien, c’est l’ensemble de la société actuelle qui met en cause les êtres vivants, humains et animaux. Il faut aussi entrer en action contre les grosses sociétés, leurs actionnaires et les pouvoirs qui les servent. Il faut comprendre que se changer soi-même et agir pour changer le monde ne sont pas des actions qui s’opposent mais deux processus qui se nourrissent et se renforcent mutuellement. Plus précisément, il n’y a pas d’opposition entre agir sur soi et agir contre ces forces capitalistes déchaînées ne voulant que s’assurer des profits maximums au détriment de la grande majorité des gens. Sur ces deux aspects, des actions complémentaires nécessaires, avec l’ARAC, Henri Barbusse nous a ouvert la réflexion dans son texte qu’il a intitulé « Pourquoi te bats-tu ? »(1). Ses réflexions sont claires : « Recommence-toi, s’il le faut, avec une magnifique honnêteté ». En fait Barbusse nous suggère d’agir sur soi et sur les autres. « Pensées, impulsions, sentiments, croyances, foi prend chacun de ces ressorts moraux, examine-le, contrôle-le, vérifie son authenticité. Remonte par tes seules forces des faits aux causes et, de principe en principe, jusqu’à ce qui n’est pas discutable et s’impose. Fais une révision de toi et des autres. » Et plus précisément, Barbusse indique quel adversaire il faut combattre : « l’obscurantisme néolibéral qui brouille la réalité, au libre choix des hommes il oppose l’idée que les lois de l’économie et des marchés sont des lois naturelles »(1) et Barbusse souligne que cet obscurantisme est responsable de la situation des populations en difficultés dans la vie courante, d’où la nécessité de le combattre. Et plus précisément d’engager le processus d’action contre les grandes sociétés du secteur alimentaire qui « détiennent 25 % de tous les aliments négociés sur la planète et maximalisant le profit, et décident chaque jour, en toute légalité, qui sur cette planète va manger et vivre, qui va avoir faim et mourir… Aujourd’hui un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné »(2). En mettant en évidence ce double combat nécessaire pour soi et pour les autres, l’ARAC joue un rôle essentiel dans la société du 21e siècle. Elle appelle tous ceux et celles qui se battent seuls et les autres, à la rejoindre pour mener un combat complet sur les deux terrains essentiels : le combat pour soi et le combat avec les autres dans la fraternité. Pour le Secrétariat National, Paul MARKIDES Vice-président de l’ARAC (1) Henri Barbusse – Parole d’un combattant – Editions Delga (2) Jean Ziegler, vice-président du comité consultatif des droits de l’homme des Nations Unies

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LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020


ÉDITO LE RÉVEIL NOTRE AVENIR PASSE PAR LA LUTTE

SOMMAIRE Actualités Réflexion pour l’action de l’ARAC Du combat pour soi au combat avec les autres ..... 2 Ordonnances : une décision du conseil constitutionnel vue comme une “bombe à retardement” ........................................................................................ 4 Le recul des services publics provoque un “sentiment d’abandon”............................. 5 Comment Total, Sanofi et Consorts bénéficient d’une discrète aide publique malgré leurs profits ................................................................................................................... 5 Vous avez dit « souveraineté économique » ?.............................................................. 6 Le tsunami social qui vient ........................................................................................... 7

International En Corée du Sud livraison de matériel destiné à améliorer les capacités du bouclier antimissile américain (THAAD) ...................................................................................... 9 Un rapport des Nations unies confirme que le Pakistan reste l’épicentre du terrorisme international, selon l’Inde ...................................................................... 9 « Nous n’offrons pas ce qui nous reste : nous partageons ce que nous avons » ......... 9 Obsédé par sa réélection, Trump attise le feu ............................................................ 10 Comment l’Allemagne lorgne sur le monde méditerranéen ....................................... 11

Vie de l’ARAC Le camp d’internement de Voves vandalisé pendant le confinement ....................... 21 La demande d’un Prix Nobel de la paix pour les brigades médicales cubaines se multiplie ...................................................................................................................... 22 Le Vietnam face au Covid-19....................................................................................... 22 L’ARAC du Vaucluse… en résistance ........................................................................... 23 Vie de l'ARAC ...................................................................................................... 26 à 31

Vos droits Souscription avril-mai-juin 2020 ......................................................................... 24 à 25

P. 13 . D O S S I E R

Barbusse et l’Amérique latine www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier. Mensuel de l’Association républicaine des combattants pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix. Commission paritaire n° 0723-A06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

• Tirage : 60 000 exemplaires • Directeur-gérant : Raphaël Vahé • Directeur : Patrick Staat • Rédactrice en chef adjointe : Brigitte Canévêt • Comité de Rédaction : Hervé Corzani, JeanPierre Delahaye, Laurence Gorain • Régie Publiciatire : HSP - Tél. 01 55 69 31 00 contact@hsp-publicité.fr • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24, rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

L

a situation est dramatique à l’issue du confinement, familles, travailleurs pauvres, retraités, étudiants, petits entrepreneurs… basculent dans la précarité. Pas un jour ne se passe sans que la liste des licenciements ne s’allonge (Conforama, Carrefour, Airbus,…). Des centaines de milliers de salariés vont subir un véritable tsunami social. Dans le même temps, Air France et Renault bénéficient de milliards de prêts et vont licencier. Il est grand temps de changer la donne. L’Etat doit préserver la souveraineté de notre pays et engager des nationalisations. Les « Trente Glorieuses » ont été possibles parce que le programme du CNR a nationalisé des pans entiers de l’économie (énergie, production et distribution, télécommunications, transports, banques et assurances, production de matières premières stratégiques, automobile…) afin de faciliter la reconstruction du pays. Malgré les envolées lyriques du Président Macron pour nous faire croire qu’il nous a compris, il ne faut pas se laisser duper. Il n’a aucune intention de changer sa feuille de route. La réforme des retraites, la casse de l’Hôpital… continuent. Il faut aller chercher l’argent là où il est pour la revalorisation des salaires et des pensions, pour réindustrialiser notre pays… Il faut arrêter de verser des dividendes indécents aux actionnaires, de donner de l’argent à ceux qui ruinent la France en délocalisant les entreprises et en demandant sans cesse des réductions de charges pour augmenter leurs profits qu’ils défiscalisent ensuite des paradis fiscaux. Nos aînés ont su, en quelques mois, dans un pays ruiné par la guerre, imposer un programme ambitieux. Cet héritage, le programme du CNR, a été attaqué et vidé de son contenu par les gouvernements successifs ces 4 dernières décennies, toujours au nom de la rentabilité, toujours pour le profit de quelques-uns au détriment du plus grand nombre. Si nous ne nous mobilisons pas, si nous restons passifs, nous serons complices de laisser un avenir désastreux à nos enfants et petits enfants. Il y a donc nécessité de se mobiliser devant la casse de notre économie, de nos services publics, pour répondre aux besoins d’aujourd’hui. « La France est résolue à de profondes transformations, elle veut faire en sorte que demain la souveraineté nationale puisse s’exercer entièrement sans les pressions corruptrices d’aucune coalition d’intérêt privé » (C. de Gaulle, 3/11/43) La connaissance de l’Histoire ne sert pas qu’à célébrer le passé, mais surtout à écrire l’avenir. L’ARAC est et sera à côté de celles et ceux qui luttent pour une république sociale.

Patrick STAAT LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Ordonnances : une décision du conseil constitutionnel vue comme une “bombe à retardement” Quelques lignes d’une décision rendue le 28 mai dernier par le Conseil constitutionnel passionnent et questionnent les plus éminents juristes. Au détour de cette décision concernant une installation éolienne, les sages de la rue de Montpensier spécifient qu’en « des termes inédits », une ordonnance qui n’a pas été ratifiée par le Parlement pourrait avoir rétroactivement force de loi une fois passé le délai d’habilitation, à la seule condition que le projet de loi de ratification de l’ordonnance ait été déposé dans le temps imparti. En d’autres termes, passé leur date limite, les ordonnances « doivent être regardées comme des dispositions législatives » à part entière selon le Conseil constitutionnel. Pour bien comprendre le problème, il faut décortiquer le mécanisme des ordonnances. Celles-ci sont consacrées par l’article 38 de notre Constitution qui dispose que « le Gouvernement peut, pour l'exécution de son programme, demander au Parlement l'autorisation de prendre par ordonnances, pendant un

délai limité, des mesures qui sont normalement du domaine de la loi. » Une ordonnance permet donc à l’exécutif d’enjamber le Parlement et d’intervenir de manière limitée, un temps donné, et à la condition d’obtenir son autorisation au préalable, dans le domaine législatif. On appelle cette « autorisation », une habilitation. Mais pour éviter le « fait du prince » et que les ordonnances n’échappent totalement au contrôle du Parlement, elles doivent être ratifiées par le Parlement dans un délai fixé au moment de l’habilitation. Selon la Constitution, passé ce délai, « les ordonnances deviennent caduques si le projet de loi de ratification n'est pas déposé devant le Parlement avant la date fixée par la loi d’habilitation. » Et pour justement éviter tout risque de « ratification implicite », la révision constitutionnelle de 2008 a permis d’ajouter dans l’article 38, que les ordonnances « ne peuvent être ratifiées que de manière expresse. » Or, la décision du 28 mai du Conseil

constitutionnel pourrait créer un précédent en bafouant le principe de ratification des ordonnances. Ce que confirme Julien Padovani : « Le Conseil constitutionnel vient de dire que si le Parlement ne ratifie pas expressément l’ordonnance, ne lui donne pas le sceau de la légalité, elle devient quand même une loi et ce, même après le délai d’habilitation » relève le chercheur. « Ce serait un affaissement considérable des prérogatives du Parlement » poursuit-il. En d’autres termes, le gouvernement n’aurait plus l’obligation de faire ratifier ses ordonnances et le parlement se verrait amputé d’une prérogative majeure de contrôle. Les chambres seraient donc dans une impasse, puisque ratification ou non, les ordonnances deviendraient automatiquement de la loi. Mécaniquement, cela reviendrait à renforcer les pouvoirs du gouvernement sur le parlement, lui permettant d’intervenir plus largement dans le domaine de la loi. Aussi, l’équilibre entre le pouvoir exécutif et législatif s’en trouverait bouleversé. Pour contourner ce problème, le parlement pourrait être tenté de restreindre au maximum les délais d’habilitations, ou simplement d’en limiter drastiquement le nombre accordé afin de se protéger. S’il est résolument technique, le sujet est loin d’être anecdotique à l’heure où le gouvernement a déjà pris une soixantaine d’ordonnances depuis la loi du 23 mars 2020, instaurant l’état d’urgence sanitaire. « Le fait que ça arrive maintenant, et au vu du caractère très particulier de la période, et du caractère difficilement soutenable en des termes constitutionnels de cette prise de position, ça apparaît bizarre » remarque Benjamin Morel. Source : Public Sénat – Jonathan Dupriez – extraits – 03/03/20

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ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Le recul des services publics provoque un “sentiment d’abandon” Dans son dernier rapport annuel en tant que défenseur des droits, Jacques Toubon alerte de nouveau sur l’état des services publics et leur accessibilité. Le rapport dresse un bilan peu reluisant de l’année : précarité administrative, droits sociaux contestés, inégalités territoriales, effet négatif de la dématérialisation de l’administration… « Une personne sur cinq éprouve des difficultés à accomplir les démarches administratives courantes et plus de la moitié de la population a été confrontée à des difficultés pour résoudre un problème avec une administration ou un service public dans les cinq années précédant l’enquête» de 2020, constate le document. Parmi les causes expliquant ce recul de la qualité, le rapport cite notamment la fermeture de guichets, la dématérialisation ou encore «la diminution des moyens financiers ». Pour le défenseur, l’exigence d’égalité que doivent assurer les services publics est « de moins en moins satisfaite ». « De nombreux témoignages font état de problèmes d’horaires des guichets

ou des plateformes téléphoniques, de délais d’attente, de délais de traitement de dossier ou d’erreurs commises par les services administratifs », souligne le rapport, qui pointe également la faible couverture du réseau internet dans ces territoires alors que la dématérialisation prend son essor. Résultat : les services éprouvent de plus en plus de difficultés à répondre aux demandes des usagers, même pour les « plus simples » d’entre elles. Le recul des services publics est pointé depuis de nombreuses années par le défenseur des droits. Dans le même temps, un autre document revient sur les réclamations reçues durant la crise sanitaire de ces derniers mois. Durant cette période, le défenseur et ses délégués ont recensé 870 saisines « mettant en cause les droits et libertés dans les relations avec les services publics en lien avec la crise sanitaire ». Durant cette période, la fermeture des bureaux de poste, notamment, a posé des problèmes « pour les personnes précaires et vulnérables demandant le versement

des aides sociales auxquelles elles peuvent prétendre par mandat, pour les personnes majeures sous tutelle qui sont contraintes, faute de carte bancaire, de retirer les prestations qu’elles reçoivent au guichet et pour les personnes qui, en raison de leur handicap, ne peuvent pas y accéder », souligne l’étude. Source : LE FIGARO – 08/06/20 – extraits – Wladimir Garcin-Berson

Comment Total, Sanofi et Consorts bénéficient d’une discrète aide publique malgré leurs profits Les dirigeants de Total ont justifié le maintien de leur dividende, malgré l’épidémie du Covid-19, en assurant ne bénéficier d’aucune forme de soutien financier de la part des pouvoirs publics. Une posture trompeuse, car le groupe pétrolier bénéficie bien, en toute discrétion, d’aides financières indirectes. Renoncer à verser des dividendes ? Hors de question pour Total. Fin mars,

le groupe pétrolier annonçait solennellement qu’il « ne sollicitera[it] pas le soutien de l’État pour faire face aux difficultés économiques créées par le Covid-19 que ce soit sous forme de soutien de trésorerie (prêts bancaires garantis, report de paiement des charges sociales ou fiscales) ou de recours au dispositif exceptionnel de chômage partiel ». Une décision que l’entreprise n’a pas

hésité à présenter comme une « contribution à la solidarité nationale », mais qui permettait surtout de couper court à la controverse. Beaucoup réclaLE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS maient en effet une suspension du versement de dividendes pour faire face à la crise, a fortiori pour les entreprises bénéficiant d’aides publiques. Il existe plusieurs formes de soutien financier public, et celles qui sont en apparence les plus techniques et les plus absconses ne sont pas les moins importantes. Fin mars, alors que l’épidémie s’étendait en Europe, la B.C.E, présidée par Christine Lagarde, a annoncé une forte extension de son programme de soutien à la trésorerie des entreprises via l’achat de leur dette sur les marchés. Depuis cette annonce, selon les données rendues publiques, elle a acheté des obligations de plusieurs dizaines de multinationales européennes, dont quatre émises par Total. D’autres grandes entreprises trico-

lores, qui ont maintenu leurs dividendes malgré la pandémie, ont également bénéficié de ce soutien discret des pouvoirs publics, comme Sanofi, Schneider Electric, ou Air Liquide. Les dirigeants de cette dernière entreprise avaient avancé le même argument que Total, se prévalant hypocritement de ne pas avoir « recours au chômage partiel, ni à des aides publiques (délais de paiement…) ». D’autres firmes du CAC 40 qui n’ont fait que réduire leur dividende, comme Veolia, Orange, LVMH, Carrefour ou Capgemini, se trouvent aussi sur la liste. La BCE ne divulgue pas les montants investis, mais seulement le nom de l’entreprise et l’échéance de l’obligation.

de prêts directs de l’État, ou de prêts garantis par lui auprès de grandes banques commerciales : 7 milliards d’euros pour Air France, et 5 pour Renault. On a aussi évoqué à cette occasion les contreparties auxquelles ces entreprises devaient être tenues, sur le plan écologique et en termes de suspension du versement de dividendes. Finalement, il n’y aura aucune condition véritablement contraignante, le gouvernement se contentant de demander aux firmes concernées des “engagements” environnementaux (par exemple, pour Air France, la fermeture de certaines lignes intérieures) dont on ne voit pas bien le statut juridique.

On parle beaucoup du soutien apporté par le gouvernement français à Air France et à Renault. Il prend la forme

Source : l’Observatoire des multinationales – O. Petitjean – 28/05/20 - extraits

Vous avez dit « souveraineté économique » ? Qu’est-ce qui se cache exactement derrière cette unanimité ? Le choix du terme de « souveraineté » vise à satisfaire en apparence les aspirations à davantage d’indépendance et de maîtrise face aux fragilités exposées par la crise du coronavirus. En réalité, il est surtout remarquable par ce à quoi il se substitue : à toute référence au « public » (le secteur public, les services publics, l’action publique). Tout le monde aujourd’hui en France semble avoir à la bouche le mot d’ordre de la « souveraineté économique ». Il est incessamment invoqué, depuis les débuts de la crise du coronavirus, par Emmanuel Macron et le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Il l’est aussi, de manière plus inattendue, par le président du Medef et d’autres porte-parole du patronat, par la FNSEA, et même par le patron de Sanofi (oui, celui-là même qui a défrayé la chronique en laissant entendre qu’il réserverait en priorité un hypothétique futur vaccin aux États-Unis). 6-

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On fait comme si l’unique source des problèmes rencontrés dans la gestion de l’épidémie était l’internationalisation des chaînes d’approvisionnement et en particulier (pour ne pas la nommer) la Chine. Certes. Mais d’autres facteurs encore plus importants sont oubliés au passage : l’affaiblissement de l’expertise publique, le manque de ressources de notre système de santé, la soumission de l’État à une logique managériale à petite vue, la dépendance envers un petit nombre de firmes en situation d’oligopole, l’absence d’alternatives pour la production

d’équipements et de biens essentiels, ou encore le refus d’utiliser des outils juridiques (pourtant clairement associés à la « souveraineté ») comme la réquisition… Tout ceci suggère que sous prétexte de souveraineté, il pourrait surtout s’agir de donner davantage de soutien et d’argent à des grandes entreprises privées drapées de tricolore (ou des couleurs de l’Union européenne), soit pour relocaliser certaines activités, soit pour être « compétitives » face à leurs concurrents chinois et américains. Et c’est effectivement ce que l’on voit avec Sanofi ou encore dans le secteur automobile. D’autres industries, comme celle de la défense, sont également en embuscade. Bref, le mot d’ordre de la souveraineté justifie surtout un degré supplémentaire de collusion et de confusion entre intérêts publics et intérêts privés. Source : L’observatoire des multinationales – 03/06/20


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Le tsunami social qui vient Projets de licenciements en cascade, recours facilité aux CDD et à l’intérim… laissent craindre un choc historique. (…) Raymond Soubie, l’éminence grise du monde des affaires, dit tout haut ce que le patronat dit de manière emberlificotée. Il résume, sans langue de bois, l’état d’esprit de nombreux grands patrons, mais qui est aussi visiblement celui du gouvernement. (…) Des millions de salariés « se vivent toujours comme appartenant à leur entreprise ». Sous-entendu : ils vont bientôt découvrir, en réalité, qu’ils ne sont plus salariés de leur entreprise, qu’ils ont même été… Licenciés ! R. Soubie met d’ailleurs vite les points sur les « i » : « …. Il est clair qu’un nombre élevé d’entreprises ne pourra pas conserver tous les chômeurs partiels. La crise de l’emploi va être très forte et le climat social va être très dégradé ». (…) Il faut prendre l’alerte au sérieux, car ce sont effectivement des milliers, et même plutôt des centaines et des centaines de milliers de salariés qui vont perdre leur emploi, tandis que d’autres vont plonger dans une précarité accrue. Tout laisse à penser dans l’immédiat que le gouvernement entend faire peser le poids de la crise d’abord sur les salariés, et notamment sur les salariés les plus modestes. C’est donc une nouvelle guerre sociale qui se prépare. Et le gouvernement, tout comme le patronat, se met en ordre de marche pour la gagner, même s’il a de bonnes raisons de craindre que la crise sanitaire

s’éloignera, plus la conjoncture sociale risque de devenir explosive.

de figure, c’est un tsunami social qui se prépare.

Selon les dernières statistiques disponibles, publiées le 12 mai par le service des études du ministère du travail, 12,4 millions de salariés étaient concernés par le chômage partiel. Près de 6 salariés sur 10 reçoivent une rémunération financée sur des fonds publics, près de 47 % des salariés concernés travaillant dans des entreprises de moins de 50 salariés.

(…) Le tsunami social fait, malheureusement, d’autant moins de doute que les annonces de plans sociaux commencent à se multiplier.

(…) Mais qui dit que les entreprises vont prendre le relais ? (…) Beaucoup d’entreprises risquent, au contraire, de considérer que les conditions de la reprise ne sont pas du tout réunies et pourraient préférer licencier en masse, plutôt que de préserver l’emploi, et de payer les salaires afférents. (…) Brutalement dit, les entreprises ont déjà commencé à licencier à tout-va ! Le chômage a connu une envolée historique en mars 2020. Le nombre de demandeurs d’emploi se rapproche de la barre terrible des 6 millions de personnes. (…) Le choc social en un seul petit mois au début de la crise sanitaire a déjà été beaucoup plus violent que celui subi au cours des six mois les plus graves d’une crise financière sans précédent depuis celle de 1929. Qu’adviendra-t-il quand Bercy commencera à débrancher les tuyaux ? La réponse coule de source : ce sont bel et bien des centaines de milliers d’emplois, sinon même des millions qui pourraient être menacés. Et dans tous les cas

Menace d’un vaste plan social chez Derichebourg, sous-traitant d’Airbus ; accélération des licenciements chez General Electric à Belfort ; annonce d’une hémorragie sociale chez Air France-KLM : il ne se passe désormais plus un jour sans que la liste des coupes claires dans les effectifs des grandes entreprises ne s’allonge. Mais en plus de ces annonces, dont on parle, il y a aussi toutes les réductions d’effectif qui passent inaperçues, car elles interviennent dans des entreprises moyennes ou petites. C’est dire si le pays doit se préparer à des jours difficiles sur le front du chômage. (…) En parallèle à une envolée spectaculaire du chômage, la France va aussi connaître une progression tout aussi terrible de pauvreté… 9,3 millions de personnes vivaient en France avec moins de 1 065 euros mensuels (après impôts)… alors avec les pertes de revenu liées au chômage partiel ou intégral, quel bond franchira la pauvreté en 2020 ? On devine malheureusement qu’il sera spectaculaire. … le climat social peut être même explosif

Source : L. Mauduit – Médiapart – (extraits) 16/05/2020

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Le monde d’avant continue à enrichir patrons et actionnaires Titré « Des profits sans lendemain ? » le rapport d’Oxfam France montre comment, depuis la crise financière de 2009, « la richesse générée par les entreprises du CAC 40 n’a pas été équitablement répartie entre leurs parties prenantes [PDG, salariés, actionnaires, etc.]…». Entre 2009 et 2018, «les versements aux actionnaires du CAC 40 ont ainsi augmenté de 70 %, la rémunération des PDG du CAC 40 de 60 %, alors que le salaire moyen au sein de ces entreprises n’a augmenté que de 20 % et le smic de 12 % sur la même période ». « A la veille de la crise du coronavirus, les quatre familles Arnault, Bettencourt, Hermès et Pinault détenaient à elles seules plus de 10 % du CAC 40, soit quatre fois plus que l’Etat Français » et au total, ce nouveau « comité

des forges » possédait près d’un septième du CAC 40. Oxfam plaide pour une limitation des rémunérations des dirigeants sur le modèle de ce qui se fait dans les entreprises publiques (rapport maximum de 1 à 20). Ce qui permettrait de revaloriser les salaires et de rétribuer plus justement toute la chaîne de valeur, comme par exemple les agriculteurs. En 2018, l’écart moyen entre la rémunération des PDG du CAC 40 et le salaire moyen était de 107, en augmentation de 30 % depuis 2009. Mais comme le note Q. Parrinello, porte-parole d’Oxfam France et coauteur du rapport, « les entreprises du CAC 40 ont choisi jusqu’ici de dédier une part de plus en plus forte de la richesse créée à verser des dividendes à leurs actionnaires plutôt qu’à revalori-

ser les bas salaires et financer la transition écologique ». Dans son allocution du 14 juin, Emmanuel Macron a, lui, fermé la porte à tout retour de l’impôt sur la fortune et à l’idée même d’un « grenelle des salaires », tout en appelant de ses vœux « une croissance écologique et solidaire ». Le monde d’avant a décidément la vie dure. Source : Libération – JC Féraud – extraits – 22/06/20

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INTERNATIONAL LE RÉVEIL

En Corée du Sud livraison de matériel destiné à améliorer les capacités du bouclier antimissile américain (THAAD) Le département américain de la Défense a expliqué que l’entrée des équipements supplémentaires du bouclier antimissile américain (THAAS) dans la base de GI’s située à Seongju avait pour objectif d’améliorer la capacité à faire face à toute sorte de menace envers Washington et ses alliés. C’est ce qu’a apporté aujourd’hui Radio Free Asia. D’après le porte- parole du Pentagone, Dave Eastburn, les Etats-Unis souhaitent se tenir prêts, aux côtés de ses alliés, à répondre à toute offensive étrangère. Il n’a cependant pas précisé le type de matériels dernièrement transportés dans le camp en question. Toujours selon la radio américaine, Tom Karako, directeur du projet de défense antimissile du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), a décrit cette opération comme une affaire qui aurait dû être accomplie depuis longtemps. Il a également affirmé que chacun sait que l’intégration du Patriot et du système THAAD améliore manifestement la capacité de défense contre des missiles. Sans pour autant préciser que le transport des équipements a été effectué dans cette optique, Karako a souligné que cette nécessité prenait de l’ampleur ˘ dans le contexte de la menace croissante de P’yongyang. (KBS World Radio, le 02-06-2020)

Un rapport des Nations unies confirme que le Pakistan reste l’épicentre du terrorisme international, selon l’Inde L’Inde a déclaré que le récent rapport du Conseil de sécurité des Nations unies confirmait la position de longue date de l’Inde selon laquelle le Pakistan restait l’épicentre du terrorisme international. Le porte-parole du ministère des Affaires extérieures, Anurag Srivastava a déclaré cela en réponse aux questions des médias concernant le rapport soumis par l’équipe de soutien analytique et de surveillance des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies concernant des individus et des entités constituant une menace pour la paix, la stabilité et la sécurité de l’Afghanistan. M. Srivastava a déclaré que le Pakistan n’avait pas respecté ses obligations internationales de mettre fin au soutien au terrorisme émanant des territoires sous son contrôle. Il a déclaré que l’Inde continuera de contribuer et d’appuyer tous les efforts visant à garantir la paix, la sécurité et la stabilité en Afghanistan. (All India Radio, le 03-06-2020)

« Nous n’offrons pas ce qui nous reste : nous partageons ce que nous avons » A une vitesse inattendue, le COVID-19 s’est répandu dans les populations, trouvant souvent des systèmes de santé non préparés, notamment ceux d’Europe et d’Amérique du Nord. Pour réagir à cette urgence sanitaire, dès le début et dans plus de 20 pays, Cuba a envoyé des contingents de ses « Brigades Accueil médecins cubains Médicales Internationales Henry retour le 8 juin en Italie. Reeve », offrant une assistance médicale gratuite par solidarité, sans demander aucun « échange politique » concernant le dur embargo que l’île subit depuis des années. Dans certains cas, comme en Italie, ce sont les administrations locales qui ont demandé l’aide des brigades médicales cubaines qui sont rapidement arrivées avec des médecins, du personnel de soin, de l’équipement et des fournitures. « Nous n’offrons pas ce qui nous reste : nous partageons ce que nous avons » est leur slogan. Un slogan qui correspond à un idéal d’engagement qui place la vie humaine en premier, quelles que soient les conditions politiques, sociales ou économiques. Le nombre de vies qu’ils ont sauvées est inestimable, tant dans la lutte contre COVID-19 que dans toutes leurs autres missions : mais la tangibilité de leur solidarité profonde, humaine et internationale est le plus bel exemple pouvant inspirer tous les peuples du monde à faire face à la lutte contre le virus et aux difficultés de la « reconstruction ». Source : Haitiliberté.com –extraits -

La mort du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique annoncée par la ministre française des armées Le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique a été tué au Mali par l’armée française. C’est une annonce faite hier par la ministre des Armées. Abdelmalek Droukdal mentor de plusieurs groupes djihadistes sahéliens a trouvé la mort au cours d’une opération militaire menée le 3 juin près de la frontière avec l’Algérie. (Radio Vatican, 06-06-2020)

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Obsédé par sa réélection, Trump attise le feu À cinq mois de l’élection présidentielle du 3 novembre, le locataire de la Maison-Blanche se montre prêt à tout pour aviver les dissensions entre Américains. Mais cette stratégie pourrait ne pas porter ses fruits, estime le Financial Times. adopté leur “stratégie du Sud” pour séduire les démocrates blancs en colère. Une approche qui a connu son apothéose avec la campagne électorale de Trump en 2016. L’histoire ne nous offre guère de moyens de savoir si un président en exercice pourrait tirer profit d’une manipulation du même type.

Le romancier William Faulkner a dit : “Le passé ne meurt jamais. Ce n’est même pas le passé.” Ces dernières semaines, les images de villes américaines en flammes ont évoqué des comparaisons avec 1968. Cette année-là, qui avait vu les Blancs fuir les villes pour les banlieues, s’était conclue par l’élection du président républicain Richard Nixon. Il l’avait emporté avec un programme promettant de rétablir la loi et l’ordre et qui jouait implicitement sur les peurs de la population blanche.

Instrumentalisation Donald Trump, lui, ne fait pas dans l’implicite. En réaction aux manifestations à Minneapolis après la mort de George Floyd, un Noir de 46 ans étouffé par des policiers, Trump a tweeté : “Quand les pillages commenceront, on commencera à tirer.” Cette phrase est attribuée à George Wallace, candidat ségrégationniste de l’American Independent Party en 1968. Après la révolution des droits civiques, les républicains avaient 10 - LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020

Du fait de la pure brutalité du meurtre de George Floyd – et parce que son agonie de huit minutes a été filmée –, Trump a eu du mal à présenter les policiers comme des victimes. Il a oscillé entre la menace de déployer l’armée pour écraser les manifestants et les appels au calme. Ça lui a déjà réussi auparavant. Le mouvement Black Lives Matter a pris son élan pendant le second mandat de Barack Obama, au moment précis où Trump envisageait de se présenter. Durant ses meetings, ses partisans brandissaient des calicots affirmant “White lives matter” [“Les vies des Blancs comptent”] et “Blue lives matter” [“Les vies des Bleus (allusion à l’uniforme des policiers) comptent”)]. Mais Trump est-il capable de réaliser le même exploit depuis la Maison-Blanche ? Cela va dépendre de la perception qu’aura l’Amérique des manifestations. Deux visions des manifestations À partir des images que l’on voit depuis des semaines, il est possible de bâtir des récits totalement divergents. Certains montrent des policiers blancs qui attaquent violemment des manifestants pacifiques noirs et blancs.

D’autres des policiers qui défilent à leurs côtés en signe de solidarité. Et il y a eu les scènes de pillage et les incendies. Trump prétend que la plupart des manifestants de Minneapolis sont des radicaux d’extrême gauche. Des mèmes antisémites circulent, affirmant que le financier George Soros financerait une armée d’antifas (militants antifascistes). Les bots russes contribuent à diffuser des théories du complot. Le gouvernement Trump s’en fait l’écho. Dans une déclaration à la télévision, William Barr, le ministre de la Justice des États-Unis, a assuré que la contestation était “planifiée, organisée et orchestrée par des groupes anarchistes et d’extrême gauche qui utilisent les tactiques des antifas”. Sans aucune preuve, Trump a lancé que 80 % des manifestants de Minneapolis venaient d’autres États que le Minnesota. Dans un tweet, il a annoncé son intention de traiter les antifas comme une “organisation terroriste”. L’Amérique est confrontée au spectre d’un long été de troubles, avec un président qui va attiser les dissensions. L’agitation a éclaté au beau milieu d’une pandémie qui a causé des ravages disproportionnés chez les Africains-Américains et les minorités dans les zones les plus densément peuplées de l’Amérique urbaine. Les derniers mots de George Floyd – “Je n’arrive plus à respirer” – sont comme la métaphore d’une société que sa vie politique, de plus en plus toxique, asphyxie. Selon

l’autre

version

des

faits


INTERNATIONAL LE RÉVEIL soit élu – une société multiculturelle avec son premier président non blanc. Trump, lui, ne fait pas mystère de son rêve d’une Amérique d’avant la lutte pour les droits civiques, dominée sans partage par l’homme blanc. Il rejettera la faute des malheurs de l’Amérique sur Obama, la Chine, l’extrême gauche et autres “voyous” — autrement dit, tout le monde sauf lui.

qu’avance le candidat démocrate Joe Biden, l’adversaire de Trump pour l’élection du 3 novembre, l’Amérique réclame des soins d’urgence. Biden promet de lui “redonner son âme”.

“Les nations n’ont pas d’âme” Invoquant les anges mieux intentionnés de notre passé, tel Abraham Lincoln, le message de Joe Biden est animé d’une certaine force historique. Mais les nations n’ont pas d’âme. Elles se font d’elles-mêmes des idées concurrentes. Biden veut ramener les États-Unis à ce qu’ils étaient avant que Trump ne

Difficile d’imaginer un arrière-plan plus sombre alors que la démocratie la plus puissante du monde se prépare à décider de son avenir. Source : Financial Times – E. Luce – 10/06/20

Comment l’Allemagne lorgne sur le monde méditerranéen D'après Cyril Garcia, l'Allemagne déploie beaucoup d'énergie afin de conquérir le monde arabo-musulman, au détriment de l'Union européenne. Seuls les naïfs peuvent réellement penser qu’une puissance telle que l’Allemagne aurait cessé toute volonté de puissance après l’écroulement de la machine nazie, en construisant gentiment des appareils ménagers et des pots d’échappements dans leur coin. Un nombre très important d’essayistes et d’économistes aujourd’hui analysent et critiquent l’influence allemande en Europe via les institutions européennes. Ce système d’auto colonisation, pour reprendre le néologisme de Marc Ferro au moment de la crise grecque, a atteint son paroxysme et a révélé l’arrogance berlinoise.

LE JEU ALLEMAND Mais cela fait très longtemps que Berlin joue sa carte personnelle au niveau géopolitique sans que Paris ne pipe mot. En soutenant l’indépendance des Croates, l’élargissement

à l’Est de 2007 puis l’Ukraine, elle a simplement prêté main-forte à ses vieilles alliances et joué ses intérêts. Plus personne ne parle bien entendu d’occuper la Rive-gauche du Rhin. Cette manipulation ne tient plus. Et cependant, il faut dire explicitement les faits, ne plus se cacher derrière une quelconque “pax europaea”. L’Allemagne n’a pas seulement un œil sur l’est ou le nord, elle n’a pas oublié ses velléités en Orient. Frustrée de ne jamais avoir eu sa place en mer Méditerranée, elle a systématiquement souhaité par le passé mettre des bâtons dans les roues des autres puissances comme la France au Maroc en 1905 et en 1911. En vain. Elle n’a jamais pu s’appuyer sur des minorités au sein de l’Empire ottoman, elle a donc choisi d’armer et de former les troupes de Constantinople. Mauvais cheval.

Angela Merkel.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l’Abwehr s’implante dans la majorité des villes d’Afrique du nord, d’Alexandrie à Alger en passant par Casablanca. Radio-Berlin passe ses émissions en arabe et en berbère. L’objectif est bien sûr d’étendre leur influence sur la mer Méditerranée et de tenter de soulever les populations LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020 - 11


LE RÉVEIL LA MÉDITERRANÉE COMME OBJECTIF

Angela Merkel et Erdogan.

musulmanes contre les occupants français et britanniques. Globalement ce fut un échec. Une littérature abondante existe sur les liens entre l'Allemagne et le monde islamique, que ce soit pendant la guerre ou dans l’accueil qu’ont pu fournir ces territoires à d’anciens dignitaires allemands devenus conseillers militaires. Alois Brunner, conseiller spécial des Assad a été un interlocuteur constant de la BND, les services secrets ouest-allemands, dont les cadres protégés par les Américains en période de Guerre froide avaient servi à ses côtés durant la dernière guerre. Idem lorsque certains nationalistes “arabes” comme le futur président égyptien Anouar el-Sadate ou l’Algérien Saîd Mohammedi avaient servi sous l’uniforme allemand ou comme espion. L’Allemagne a également aidé le Front de Libération Nationale à la barbe de Paris. Derrière les clichés très “IV République” de réconciliation franco-allemande, il y a la Realpolitik. Tout cela crée inévitablement des liens qui ne disparaissent pas comme cela. Sans rentrer dans ces considérations idéologiques, l’Allemagne a une vraie connaissance de ces territoires. Elle possède des universitaires parmi les plus fins en Europe sur le monde musulman notamment en matière de théologie politique tels que feu Anton Spitaler et surtout Reinhart Schulze ou encore Udo Steinbach. 12 - LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020

Berlin souhaite raffermir un rôle de puissance mondiale, sans gesticulation péremptoire, mais avec cynisme. Comme si de rien n’était. Les Allemands ont compris que la mer Méditerranée était la frontière la plus importante de l'Europe et pas uniquement pour l'Italie, la France ou l'Espagne. Après l’accueil de réfugiés syriens, les Allemands ont eu un sursaut de réalisme sur un espace géographique où elle n’a pourtant pas pied. Elle a joué sa carte en solitaire en fonction d’une démographie vieillissante. Cependant si elle ne voit pas son intérêt, Berlin sait exprimer son mécontentement et le faire savoir. Lorsque Nicolas Sarkozy avait souhaité créer l’Union pour la Méditerranée, avec l’espoir inconscient de contrebalancer une ouverture à l’Est qui n’a servi que les intérêts économiques allemands, Berlin avait déposé son véto. Une fois encore, nous nous étions couchés. Pragmatique, la chancelière Angela Merkel a fait une grosse erreur à propos de l'ouverture des frontières de son pays en 2015. Elle s'est très vite ravisée au bout de quelques semaines sous la forte pression de ses services de sécurité. Malgré une caricaturale communication sur l’accueil d’ingénieurs syriens dans les aéroports, cette émigration choisie a été très mal vécue par l'opinion, puisque la délinquance a explosé. Les chiffres furent même interdits diffusion à un certain moment pour calmer l’opinion. Ce flux démographique eut pourtant un énorme impact sur les élections et la montée des extrêmes et des populistes. Le chercheur Roland Lombardi rappelait à juste titre que l’ensemble des attentats sur le sol allemand étaient dus aux réfugiés. C'est la raison pour laquelle, les services allemands, mais également les autorités ont été très vite saisis d'un sursaut de réalisme.

A présent, même s'il y a encore des résistances dans les milieux de gauche et économique, ils veulent tout faire pour empêcher une nouvelle vague de migrants. On le voit avec la Turquie, où des sommes énormes sont données à Erdogan afin qu'il ne mette pas à exécution ses menaces d'ouvrir les vannes. L’axe Berlin-Ankara est toujours bien relié par l’intermédiaire d’une diaspora très forte. Peu importe les différents entre “le nouveau Sultan” et les pays membres que sont la Grèce ou Chypre. Au niveau politique plus particulièrement, les services allemands ont très vite repris le dialogue, de manière très discrète certes, avec Damas. Idem avec Haftar en Libye alors que l’Union européenne soutient Tripoli ! Les Allemands sont très actifs en Méditerranée avec leur propre politique. Ils financent énormément des ONG et des centres de recherches sur les relations internationales, transméditerranéennes ou sur le terrorisme. A chaque colloque, des universitaires d’Outre-Rhin prennent place. Nous sommes nous encore trop souvent absents. A jouer solo sur des dossiers aussi stratégiques, l’Allemagne persiste à décapiter cette hydre bruxelloise qu’elle a en grande partie créée. Seulement, l’absence de frontières entre les états changent la donne. L’arrogance qu’elle affirme lorsqu’il s’agit de donner des leçons d’Europe aux voisins grecs ou italiens, est conforme à sa volonté d’hégémonie de plus en plus forte. En réalité elle n’a cessé d’être une puissance loin des images très "bisounours" qu’on nous sert depuis des dizaines d’années. Il serait temps, enfin, à Paris de se réveiller en reprenant notre indépendance diplomatique, alors que nos prétendus alliés ont depuis longtemps repris leur chemin de Damas…et d’ailleurs.

Source : MARIANNE – 02/06/20 – C. Garcia


LE CAHIER MÉMOIRE N° 863 MAI / JUIN 2020

ÉDITO Barbusse et l’Amérique latine Augusto C Sandino

C’est d’abord à sa secrétaire Annette Vidal que nous devons les informations que nous présentons sur les rapports de Barbusse avec les peuples d’Amérique du Sud. En septembre 1935, Annette Vidal constatait : « Barbusse était très connu, très lu, très aimé en Amérique latine. Toute son œuvre était traduite en espagnol et en portugais. Beaucoup de ses livres avaient été édités plusieurs fois, avec des traductions différentes, dans les divers pays de l’Amérique latine Il écri-

Annette Vidal et Henri Barbusse

vait régulièrement des articles dans les journaux hispano-américains et il entreprenait une nombreuse et active correspondance avec les intellectuels et les milieux avancés de l’Amérique du Sud et du Centre » (1) Son intérêt pour l’Amérique latine était tel qu’il prévoyait de s’embarquer le 21 septembre 1935 pour s’y rendre et y effectuer une série de conférences tout en collectant assez d’informations pour ramener les éléments d’un reportage. Mais déjà, en 1928, le général Augusto C. Sandino qui, à la tête de l’armée nationale du Nicaragua, luttait pour l’indépendance de son pays contre la maison blanche et Wall Street, s’était adressé à Barbusse pour lui demander de faire connaitre en Europe la vérité sur la lutte anti-impérialiste menée au Nicaragua. Nous reviendrons plus loin sur ce combattant courageux que Barbusse a qualifié en lui répondant de « général des hommes libres ». En 1934, le congrès de lutte contre la guerre, organisé sous l’égide du Comité mondial issu du Mouvement Amsterdam-Pleyel, qui s’est tenu à Montevideo, avait été une retentissante manifestation de la volonté de lutte contre les guerres impérialistes, de la

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

part des classes ouvrières et paysannes eux s’étaient joints un grand nombre d’intellectuels d’Amérique latine. Malheureusement, le travail amorcé par ce congrès ne peut être développé par suite des persécutions auxquelles furent en lutte la plupart des participants. (1) Anette Vidal, Henri Barbusse, soldat de la paix – page 350 – Les Editions Français réunis - 1958


LE RÉVEIL DOSSIER

Barbusse et Sandino unis pour l’éternité Pour anodine qu’elle soit, la phrase écrite au détour d’une lettre, comme un hommage rendu à Sandino est la trace la plus durable de l’influence qu’a eu alors Henri Barbusse en Amérique latine. « Aucun des autres penseurs qui le précèdent ont eu comme lui une présence aussi intense, régulière et prolongée dans les circuits intellectuels de la région » affirme Rogelio de la Mora Valencia, un éminent intellectuel latino-américain. Ce coup de chapeau au chef de l’Armée sandiniste le rattache à un trait fondamental de l’histoire continentale, celle de la lutte séculaire que mène le sud contre l’hégémonie du nord. L’écrivain français a eu cette intuition fondamentale qu’une guerre n’est jamais menée pour les raisons officiellement proclamées.

Barbusse dénonce dans la première guerre mondiale deux impérialismes aux prises contre l’intérêt des peuples là où Sandino fustige « les pirates nord-américains sbires des banquiers de Wall-Street. » Aux guerres de conquête, coloniales, néocoloniales s’impose aujourd’hui le terme de « compétition internationale », nouveau paradigme tout en pudeur de la guerre économique. Si la syntaxe évolue subtilement, le fait – la tentation impérialiste – demeure derrière les faux-semblants du langage dit moderne. Barbusse et Sandino conduisent chacun dans leur registre, des luttes à caractère universel. Sans s’être jamais rencontré, aux antipodes culturelles l’un de l’autre, ces deux hommes sont pourtant en phase. A leur époque, tous deux ont été à la fois haïs et admirés. S’ils n’ont pas pu développer de liens étroits, Barbusse est probablement grâce à ces mots, le plus éminent soutien européen à Sandino. Et, ils partagent tous deux une même aspiration à la paix. Pour la postérité, l’un porte la dénonciation de la guerre impérialiste, l’autre en caractérise alors la lutte héroïque. L’auteur du Feu par un trait de plume inventif aura fait de Sandino le « Général des hommes libres » et les aura unis pour la postérité.

Action internationale pour la paix Durant ces années d’action de solidarité internationale au combat anti-impérialiste, Barbusse a mené une action d’envergure pour la paix avec l’appui de nombreuses personnalités de tous bords et notamment avec le concours de Romain Rolland. Ce fut le rassemblement d’Amsterdam en 1932 et l’année suivante celui de la salle Pleyel à Paris. Ces deux rassemblements pour développer la lutte pour la paix 14 - LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020

conduisirent à la création du Mouvement Amsterdam-Pleyel qui prit une ampleur internationale d’où le congrès de Montevideo qui fut un succès. En plusieurs occasions Barbusse s’était déjà engagé auparavant dans une action importante pour la paix en donnant à un journal japonais en 1926 un article éclairant sur le fascisme. Il voulut faire plus en 1928 pour contribuer à éclairer les combattants antifascistes par un article qu’il publia dans le journal qu’il avait fondé et dirigeait à l’époque : « MONDE ». Il était bien justifié au moment où le fascisme réussissait à s’emparer du pouvoir sur la nécessité d’une action argumentée sur les ambitions de l’extrême droite, cet appel de Barbusse à un congrès antifasciste(1) constitue un outil riche de réflexion pour mener cette action nécessaire. (1) Article dans « Monde » du 21 juillet 1928


DOSSIER LE RÉVEIL

L’Appel du « Chevalier de l’Espérance » En juillet 1934, Barbusse reçut une longue lettre de Luis Carlos Prestes à qui son action et ses interventions lui avaient valu, pour les classes ouvrières et paysannes sud-américaines d’être surnommé « Chevalier de l’Espérance ». Sa lettre commençait par ces termes : « Au nom de millions de travailleurs de tous les pays de l’Amérique du Sud, je m’adresse à toi, champion ardent, ferme et dévoué de la lutte contre la guerre et l’impérialisme pour te demander de prêter attention aux foyers croissants de guerre et de conflits militaires sur le continent sud-américain. » Dans le corps de ce document, Prestes exposait ensuite les situations des divers pays sud-américains sous la domination des impérialismes des EtatsUnis, de l’Angleterre et du Japon et

demandait ensuite à Barbusse une aide concrète en ces termes : « L’envoi d’une déflagration du comité mondial dans les pays de l’Amérique du Sud et notamment en Bolivie et en Paraguay, en vue d’une enquête sur la situation des masses travailleuses et tout particulièrement au sujet de la situation sur le front. » Et face à un appel de cette nature, Barbusse ne pouvait rester sans réagir. Annette Vidal dans sa biographie sur Barbusse explique cette réaction : « Malgré la perturbation qu’un séjour en Amérique du Sud devait apporter dans son travail. Barbusse envisageait ce voyage avec joie. Il aimait beaucoup la langue espagnole qu’il lisait couramment, il l’aimait comme il avait aimé le latin dans

Olga et Luis Carlos Preste

son adolescence. Il voulait s’adresser à ses auditoires en espagnol et, pour cela, non seulement il s’habituait en entendre parler espagnol à l’aide de disques, mais il parlait espagnol pendant les repas et devenait ainsi mon professeur à table, dans le métro, pendant les trajets Paris-Aumont.(2) Et Barbusse avait aussi un autre partenaire dans ses rapports avec l’Amérique latine, l’insurgé nicaraguayen Auguste César Sandino contre la présence des troupes américaine dans son pays. (2) Idem

Henri Barbusse et Augusto C. Sandino, histoire d’une expression devenue universelle Il y avait peu de chance pour que le Français Henri Barbusse et le Nicara-

Augusto C Sandino

guayen Augusto Sandino se voient un jour. Si, de fait ils ne se sont jamais rencontrés, les destins de l’écrivain français et de l’insurgé nicaraguayen vont pourtant se croiser. Henri Barbusse accède à la notoriété plus tôt qu’Augusto Sandino. C’est la publication de son livre, le feu en 1916, premier grand témoignage sur les réalités vécues au front par les soldats de la première Guerre mondiale qui le fait connaitre. Réformé, engagé, blessé puis évacué, cette expérience est un choc qui en fera tout le reste de sa vie, un militant révolutionnaire et un ardent « soldat de la paix ». Augusto Sandino, né en 1895, enfant naturel d’une ouvrière agricole et de

son patron, métissé d’indien et issu d’un milieu très pauvre, va s’engager en s’insurgeant contre l’occupation de son pays par les troupes américaines et la trahison des élites politiques. C’est par ses faits d’armes qu’il devient célèbre sur le plan international. Malgré leur éloignement géographique et intellectuel, leur histoire respective et leur sensibilité anti-impérialiste vont les rapprocher. Une formule va même les associer définitivement pour la postérité, une formule dont l’origine est souvent méconnue par les Barbussiens(1) eux-mêmes. (1) Par « Barbussiens », il faut entendre lecteurs ou spécialistes d’Henri Barbusse LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020 - 15


LE RÉVEIL DOSSIER Depuis 1926, Sandino s’est joint aux forces libérales pour combattre la présence des troupes américaines dans son pays qui font et défont les gouvernements. Puis en mai 1927, n’acceptant pas la trahison de leur général en chef, José Maria Moncada qui rend les armes contre la promesse d’un soutien américain à la prochaine élection présidentielle, il se lance dans l’action pratiquement seul jusque, dit-il, au départ du dernier des soldats américains de son pays. Après quelques échecs au début, Sandino va mettre en œuvre les techniques les plus classiques de la guérilla : attaquer et fuir comme les moustiques pour saper le moral de l’envahisseur. Premier succès, l’attaque de nuit le 19 septembre à Telpaneca, une petite ville de 2000 habitants. Les mots de Sandino à l’égard des envahisseurs, chargés d’ironie, sont savoureux : « Ces derniers avaient une série de tranchées entourées de fil de fer barbelés copiant le système de tranchées pendant la guerre en Europe. Les pauvres idiots ! De cette façon, certes, ils pouvaient circuler dans une grande partie de la ville sans risquer leur peau. Mais j’ai pu, du coup, placer mes soldats dans des endroits peu retranchés et j’ai occupé la ville en prenant les hauteurs où je plaçais mes mitrailleuses et dès qu’une tête de gringo dépassait des tranchées, je balayai de telle sorte que, pendant que les envahisseurs restaient à l’abri, j’ai quant à moi laissé le petit peuple

16 - LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020

prendre tout ce qu’il voulait dans la ville… La situation dura toute la nuit jusqu’au lendemain matin quand les avions yankees commencèrent à bombarder les hauteurs occupées par mon armée et j’ai alors décidé le repli dans l’ordre vers les forêts(2) ». A l’automne 1927, fort des quelques sérieux revers qu’il a infligé aux Marines US, Sandino commence à faire parler de lui sur le plan international. C’est un événement qui n’échappe pas à l’attention d’Henri Barbusse.

La lettre d’Henri Barbusse

La lettre qu’Henri Barbusse adresse à Sandino en janvier 1928 va être écrite dans la continuité de ses premiers succès. La cause de Sandino va devenir commune à un groupe d’intellectuels par-delà l’océan atlantique. En Europe, Barbusse est en quelque sort la chef de file de ceux-ci. Mais en Amérique latine Sandino rallie tous les progressistes en lutte contre l’hégémonie étatsunienne sur le sous-continent : la poétesse chilienne Gabriela Mistral, le jeune Pablo Neruda, le péruvien José Carlos Mariatégui, directeur de la revue Amauta, le directeur hondurien de la revue Ariel Froylan Turcios… Au Mexique, au début de l’année 1928 un comité est créé

à l’initiative du Parti Communiste mexicain et de la Ligue anti-impérialiste de l’Amérique latine (LADA). Il répond au nom de « Manufuenic » qui est une contraction de « manos fuera de Nicaragua » et signifie littéralement « les mains hors du Nicaragua ». La nouvelle revue d’Henri Barbusse monde est créée depuis peu lorsqu’elle publie en juillet 1928 dans son numéro 6, en première page, l’interview de Sandino réalisée par un poète colombien, Max Grillo. Son titre, « Figures d’épopée : Sandino », révèle l’impact que provoquent ses succès sur le plan international. Il fait surgir dans l’actualité le chef jusqu’alors inconnu d’une petite armée rebelle d’un petit pays oublié d’Amérique centrale. Monde publiera encore le 2 février 1929 un texte du rebelle nicaraguayen : « Sandino continue la lutte ». Il s’adresse aux dirigeants du continent américain les appelant à ne pas se soumettre à l’empire, à lui résister, à la solidarité du sous-continent. Mais auparavant, en janvier 1928, Henri Barbusse est le premier intellectuel occidental à témoigner de son soutien public à travers cette lettre mentionnée ou reproduite dans les revues progressistes d’Amérique latine. Il lui attribue un titre moral : « vous, général des hommes libres » et ajoute en guise de conclusion « vous êtes en train de jouer un rôle historique indélébile par votre exemple lumineux et vos sacrifices ». Il ne peut pas soupçonner l’étonnante pérennité que va connaître cette expression.

Une formule qui fait mouche Cette formule, écrite au terme d’une lettre qui laisse entrevoir une évidente communauté de pensée et d’élan anti-impérialiste, va pénétrer dans le langage courant au point de rester par la suite quasi systématiquement acculé au nom du général rebelle. (2) La pensée vivante de Sandino, présentation de Jean Ziegler, introduction de Sergio Ramirez, La Brèche, Montreuil, 1984, p100.


DOSSIER LE RÉVEIL dino fait brutalement irruption dans l’actualité internationale. Nul doute qu’en s’adressant personnellement à lui, Barbusse a voulu rendre un hommage appuyé au petit poucet, à David contre Goliath. En pacifiste conscient, il condamne la guerre impériale, celle du puissant imposée au faible, et appuie moralement la résistance à l’agresseur.

Augusto Cesar Sandino

On ne connaît pas la motivation qui pousse Barbusse à écrire cette lettre. Des facteurs combinés d’engagement politique, de sensibilité internationaliste, d’enthousiasme… Les exploits de Sandino suscitent une vague de sympathie dont Barbusse est partie prenante. Sa résistance avec des moyens dérisoires est regardée avec une armée ridicule de gueux et de manants. Les officiers nord-américains le traitent encore de « bandit ». Il faudra attendre encore un peu pour qu’ils lui concèdent le titre de « guérillero » puis de général. A la même période, en janvier 1928, un télégramme de solidarité avec Sandino est adressé à la VIe conférence panaméricaine de La Havane, réunion des dirigeants du continent, dominée par les Etats-Unis. Henri Barbusse, Albert Einstein, Manuel Ugarte sont parmi les signataires, au nom de la Ligue contre l’impérialisme et l’oppression coloniale. San-

Ce courrier est aujourd’hui connu grâce à sa version espagnole largement reproduite dans les travaux ou biographies qui ont été consacrées au général nicaraguayen. A l’époque, les journaux latino-américains qui participent de près ou de loin au mouvement de pensée impulsé par Clarté et Monde la traduisent, la publient ou y font référence. La présence des forces américaines au Nicaragua est alors un sujet d’une brûlante actualité en Amérique latine et fait insulte à la dignité de tous les pays hispano-américains. Le Nicaragua est l’exemple d’une souveraineté bafouée, de ces Républiques qu’on appelle bananières. Ce geste de soutien fait écho à leur préoccupation. Hormis les versions espagnoles, on ne pas grand-chose aujourd’hui sur l’original de cette lettre. Reste à savoir si elle a définitivement disparu ou si une copie se trouve encore quelque part ou dans des archives non dépouillées. Nul doute pourtant, que ce courrier a été écrit en français. Barbusse, de notoriété publique, entretenait une abondante correspondance et ne connaissait pas suffisamment l’espagnol pour la rédiger dans la langue de son destinataire. Mais de toute évidence la lettre vise juste. Et Sandino répond. Bien évidemment le rôle du Monde n’est pas de publier en fac-similé intégralement dans son numéro 44 (6 avril 1929) en espagnol ! Une légende rappelle qu’il s’agit là d’une réponse à une lettre que lui avait adressée le directeur du journal. Mais rien ne propose un renvoi ou la référence à une quelconque publication du courrier original. Sandino ne cache pas sa satisfaction

d’avoir reçu le soutien moral d’Henri Barbusse avec tout ce qu’il représente, c’est-à-dire comme l’écrit dans sa réponse « le prolétariat et les intellectuels révolutionnaires de France et d’Europe ». Il écrira une seconde lettre à Barbusse, du Mexique deux ans plus tard. Cet échange épistolaire fugace, pour ce qu’on en connaît jusqu’à maintenant, procède entre ces deux hommes qui ne se connaissent que de réputation, d’une manifeste proximité d’idéaux et de combats anti-impérialistes. L’un opère sur les tribunes, l’autre sur les champs de bataille.

Henri Barbusse - carte postale 1935 du Comité mondial contre la guerre et le fascisme LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020 - 17


LE RÉVEIL DOSSIER

Il faut faire un congrès antifasciste Par Henri Barbusse bat qui s’ajoute aux forces officielles et « légales » de conservation sociale. Le fascisme permet de déclencher, en s’appuyant en partie sur certains éléments de la grande bourgeoisie, sur certaines masses petites bourgeoises menacées dans leur vie économique par les difficultés présentes et par les crises (et auxquels s’ajoute un ramassis de gens à tout faire), une offensive violente contre les progrès effectifs et les progrès éventuels de la classe ouvrière. C’est, en marge de la police et de l’armée, une police et une armée complémentaires destinées à faire rentrer les masses dans l’ordre. Cette avant-garde déréglée de la contre-révolution tend à l’accaparement du pouvoir d’Etat. En Italie, elle y est pleinement arrivée. Elle a fait reculer la classe ouvrière et lui a arraché ses conquêtes si chèrement gagnées. Ailleurs, son pouvoir occulte n’en est pas moins un pouvoir souverain, et il n’est pas douteux que, dans tous les milieux où il sévit, le fascisme n’exerce une poussée grandissante sur les autorités constituées et les institutions. Cette gendarmerie impérialiste multiforme, des condottieri organisés des vieux régimes et qui arrivent à introduire l’intégralité dans la légalité, ont un rôle d’autant plus accentué et affectif quelles forces populaires sont plus cohérentes, disciplinées et redoutables.

Régulièrement, automatiquement, le fascisme, depuis qu’il est né, s’étend sur le monde entier. Il s’y cramponne, il gagne des pays non encore contaminés. Il envenime toute la civilisation moderne.

d’attribuer à l’audace dû à la chance de quelques aventuriers à la mainmise du fascisme sur des populations entières. Des causes plus positives font sortir de terre tout armé le système du brigandage organisé.

Cette lugubre extension du fléau est un phénomène logique. Il faut se garder

Qu’est-ce que le fascisme ? C’est essentiellement, une formation de com-

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Quoi qu’il en soit, cette grande organisation paramilitaire du fascisme, dernier recours d’une formule politique et sociale, ébranlée par les revendications des masses profondes, a mené dans l’univers des séries indicibles de massacres et de crimes. Elle a employé vis-à-vis de l’adversaire politique des raffinements de persécution et des méthodes sauvages qui aggravent encore l’hécatombe formidable dont notre époque de soi-disant progrès a été


DOSSIER LE RÉVEIL rité morale et par son énergie, un frein aux extravagances sanguinaires du fascisme mondial. Mais ce n’est pas assez. L’heure est venue d’envisager une grandiose manifestation, une concentration solennelle des forces d’opposition au fascisme, en réunissant un congrès antifasciste international. C’est une idée que j’expose pour la première fois dans MONDE, qui soutient le Comité International, c’est-àdire des comités des hommes de cœur et de conscience dressés contre des attentats, des ignominies, des crimes et des excès qui ont dépassé les bornes et qu’aucun citoyen probe du monde ne peut admettre.

ensanglantée par elle. Cette cruauté bestiale et méthodique, ces procédés plus révoltants que ceux de la vieille inquisition, on les retrouve partout les mêmes sur tous les champs d’action du fascisme, que ce soit en Italie, dans les Balkans, dans les pays baltes, en Finlande, en Espagne (où la dictature militaire n’est qu’une forme du fascisme), au Portugal, au Venezuela, au Chili et même dans les orgueilleux et pompeux Etats-Unis où la brutalité de la réaction sociale est plus hypocrite et peut-être plus barbare que partout ailleurs. Au reste, on ne saura contester qu’il y a une connivence, une collision entre tous les différents fascismes internationaux : on peut dire que le fascisme est un phénomène unique et universel qui se diversifie et se ramifie, mais représente une terrible unité foncière. Que doivent faire les esprits libres, que doivent faire les honnêtes gens, devant le renforcement, chaque jour intensifié, de ce réseau de massacreurs politiques, aux desseins réfléchis et calculés, alimentés par le grand capital et poussés par les théories de droit divin de l’impérialisme ? S’irriter, crier, maudire, montrer les plaies, compter les victimes, réperto-

rier les cimetières ? Oui, sans doute. Mais ce ne sont pas les plaintes, si déchirantes qu’elles soient, sorties du cœur des braves gens, ce ne sont pas les invectives lyriques, qui arrêteront la marche d’une machine lancée, dans les foules pour empêcher physiquement l’ordre nouveau de remanier la collectivité humaine. Il faut opposer l’organisation à l’organisation, le nombre au nombre. Il faut agir par des moyens d’ensemble, si je peux m’exprimer ainsi, et susciter un mouvement de réprobation, un cri de colère assez universel et assez cohérent, un refus assez étendu et assez lourd, pour arrêter cette catastrophe artificielle.

Ce Congrès doit être assemblé sur les plus larges bases, et il est inutile d’insister sur ce point ; rester en dehors de toute agitation politique proprement dite, et au-dessus des partis. Ce sera une tribune où de tous les points du monde, les représentants des victimes, des suppliciés, des persécutés, viendront citer des faits que le monde entier entendra. Ce sera aussi une organisation de travail qui étudiera tous les moyens qu’il y a lieu d’employer pour dresser contre le fascisme déchaîné, fort de sa force cynique, un barrage qu’il ne pourra pas surmonter, un barrage immense et compact où doivent se masser les grandes organisations prolétariennes du travail, le peuple lui-même.

Il y a deux ans, j’ai fondé, avec le concours de Romain Rolland et de quelques autres personnalités, un Comité Antifasciste International auquel ont adhéré tous les hommes les plus importants de gauche, depuis les idéalistes et les démocrates, jusqu’aux révolutionnaires. Depuis deux ans ce Comité a agi. Il est intervenu toutes les fois qu’un scandale meurtrier était en préparation, et dans une certaine mesure, il a fait œuvre efficace et a mis en quelques circonstances, par son autoLE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020 - 19


LE RÉVEIL DOSSIER

Texte de la préface à l’opuscule

Barbusse intellectuel universel Barbusse et Sandino ! Barbusse et l’Amérique latine Qui aurait pu s’y attendre ? Certainement pas ceux qui méconnaissent l’éventail de ses engagements l’étendue de sa curiosité et l’ampleur de sa pensée. Pour tous les autres, cartes moins nombreux, l’intérêt d’Henri Barbusse pour ce continent n’est pas une surprise mais simplement une confirmation supplémentaire sur son activité intellectuelle et militante. Aucun recoin du monde ne pouvait lui échapper. Henri Barbusse aura contribué le premier et mieux que personne à la notoriété internationale d’Augusto C. Sandino. En quatre mots, son expression pour caractériser le héros nicaraguayen respire l’universalisme de sa lutte contre l’impérialisme et pour la paix. Cette formule légendaire est devenue un véritable surnom en Amérique latine et au-delà. Cet opuscule sort de l’ombre une facette méconnue de l’auteur du « Feu » : son influence en Amérique latine. Preuve que 85 ans après sa disparition, l’écrivain n’a pas encore dit son dernier mot. Paul Markidès Président des Amis d’Henri Barbusse 20 - LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020

Au centre Augusto Sandino


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Le camp d’internement de Voves vandalisé pendant le confinement Le camp de Voves (Eure-et-Loir), où étaient emprisonnés en majorité des résistants pendant la Seconde Guerre mondiale, a été vandalisé pendant le confinement, a priori le 2 avril, il s’agit du second acte depuis début 2020. Etienne Egret, secrétaire du comité du souvenir du camp de Voves, a constaté que les 9/10e des piquets servant à protéger les rosiers dédiés à la déportation ont été arrachés avant d’être mystérieusement alignés. Il a également découvert plusieurs tas d’excréments. Les portes de la baraque ont par ailleurs été forcées et le vasistas du wagon de déportation ouvert. « Il faut le faire, c’est dur, c’est pas un gamin de dix ans qui a fait ça ». Un autre acte de vandalisme qui scandalise concerne un tunnel qui

a permis à 42 détenus de s’évader en mai 1944 pour rejoindre ensuite les rangs de la Résistance : « On a reconstitué le départ du souterrain de la grande évasion. Pour le protéger, on a remis la dalle de l’époque. La dalle est fêlée d’un bout à l’autre. Il va falloir qu’on la retire, en refaire une autre, et garder l’originale précieusement parce qu’au niveau historique elle a quand même de la valeur ». Un premier acte de vandalisme avait été constaté au mois de janvier, sans parler de dégradations précédentes qui ont conduit les membres de l’association à protéger les collections chez eux quand le camp est fermé. « On fait tout ce qu’on peut pour que ce souvenir reste, entretenir la mémoire de ces gens qui se sont battus

et ont souffert pour qu’on vive dans un pays libre, et maintenant des abrutis profitent de cette liberté pour faire n’importe quoi », déplore-t-il. Extrait Journal des Combattants – mai 2020

NOS PEINES MARS 2020 ■ 01 – AIN Bourg en Bresse : Mme Georgette SEIGNEMARTIN

■ 02 – AISNE Soissons : André VELU, 99 ans, AC 39-45, Résistant, Maquis SS4, vice-président de la section. Mme Marie VOSNIAC, 93 ans.

■ 03 – ALLIER Commentry : Marcel AUBERGER, 85 ans, AC ATM. Gérard BONNET, 81 ans, AC ATM. Jean BOUILLET, 85 ans, AC ATM. Gabriel PRIEUR, 79 ans, AC ATM.

■ 31 – HAUTE-GARONNE Launaguet : Jean LARRIEU, 81 ans, AC ATM. Gabriel LE BEHEREC, 82 ans, AC ATM Aérospatiale : Aimé GAJAN, 80 ans, AC ATM

Vertou : André DOUGUET, 86 ans. Marcel LAFOND, 80 ans, AC ATM.

St-Vallier : Julien LEBLANC, 98 ans, AC 39-45. Marcel REPY, 88 ans, AC ATM.

■ 57 – MOSELLE Yutz : Louis GREATTI, 88 ans, AC ATM

■ 74 – HAUTE-SAVOIE Thonon-les-Bains : Marcel COMTE, AC 39-45

■ 58 – NIEVRE Fourchambault : Charles VOYOT La Machine : Bruno REBACZ, 92 ans, AC Indochine.

■ 76 – SEINE-MARITIME Le Mans : Claude CANCHEL, AC ATM

■ 59 – NORD Solre le Château : René GRAINDORGE, 82 ans, AC ATM. Mme Lucie WAXIN, 80 ans, Présidente de l’Union des Femmes Françaises, trésorière de la section. ■ 65 – HAUTES-PYRENEES Soues : Henri KNOPF, 94 ans, Résistant du groupe Murat (65). ■ 68 – HAUT-RHIN

■ 33 – GIRONDE

Mulhouse : René METENIER, 86 ans, AC ATM.

Blaye : Jean Christian DUBOIS, AC ATM. 3B/PdM : Jean CAMBET-GABARRA, 84 ans, AC 39-45

■ 69 – RHONE Villefranche-sur-Saone : Emile FAYARD, AC ATM

■ 44 – LOIRE ATLANTIQUE

■ 71 – SAONE-ET-LOIRE

Isolés : Etienne CROCHARD, AC ATM. Orvault : Jean BARBERET, 80 ans, AC ATM

Montceau-les-Mines : Marcel MERLIAUD, AC ATM, trésorier de la section

■ 80 – SOMME St-Blimont : Josse HENOCQUE, AC ATM. Mme Madeleine HENOCQUE, veuve. ■ 83 – VAR Gonfaron : René CLAIRIAN, AC 39-45 ■ 89 – YONNE Sens : Pierre VINCENT, 80 ans, AC ATM ■ 91 – ESSONNE Ste-Genevieve-des-Bois : Jacques DEFRENE, 85 ans, président de la section. ■ 92 – HAUTS- DE-SEINE Antony : Robert FRANGEUL, 86 ans, AC ATM ■ 94 – VAL-DE-MARNE Villejuif : Mme Eléonore DEL MASCHIO, 92 ans. Serge DOZORTZ, 93 ans. Jacqueline PLAUDFRANCHINI, 97 ans.

LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020 - 21


LE RÉVEIL INTERNATIONAL

La demande d’un Prix Nobel de la paix pour les brigades médicales cubaines se multiplie

En 2020, ce sont plus de 1 000 médecins et professionnels de santé cubains qui sont partis combattre le terrible coronavirus aux quatre coins de la planète. Une centaine d’organisations en

Europe et en Amérique Latine soutiennent aujourd’hui une initiative lancée en France en faveur de l’octroi du Prix Nobel de la Paix aux brigades médicales cubaines qui contribuent, un peu partout dans le monde, à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Des associations de solidarité, des partis politiques et des organisations syndicales ont signé la pétition adressée au comité d’admission des candidats au Prix Nobel de la Paix. Des intellectuels, des parlementaires, des journalistes ont également apporté leur soutien à la campagne lancée fin avril. Signez la pétition sur : www.mesopinions.com. – « Appel attribution prix nobel de la paix »

Patrick STAAT – Secrétaire Général de l’ARAC - a signé cet appel au nom de l’ARAC Nationale et de ARAC Cuba Solidarité.

Le Vietnam face au Covid-19

Les témoignages et articles de presse sont unanimes : le Vietnam a pleinement réussi à contenir la propagation du corona grâce à une stratégie efficace de lutte contre la pandémie du Covid-19 ; 268 cas positifs au coronavirus, 222 guérisons et aucun décès. Les chiffres reflètent la manière dont le Vietnam a pris le problème à bras le corps. Dès les premiers signes de présence du virus, le gouvernement a anticipé en fermant les frontières avec la Chine, en suspendant les vols le 1er février. Les écoles n’ont pas rouvert après les vacances du Têt. Le port du masque a été rendu obligatoire pour 22 - LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020

les 94 millions d’habitants et un confinement a été mis en place malgré le faible nombre de cas. N’ayant pas les moyens de tester massivement la population, le gouvernement a privilégié une stratégie de ciblage, une réactivité certainement tirée de l’expérience du Stras. L’OMS a félicité le Vietnam pour avoir su juguler à ce point la propagation du Covid-19. Non seulement le Vietnam a protégé sa population, mais il a aussi offert des masques à d’autres pays, dont la France. Pour notre pays : - 51 000 masques sont arrivés à l’Ambassade du Vietnam et répartis par l’AAFV et l’UGVF aux associations d’amitié avec le Vietnam, à l’hôpital Henri Mondor et à l’IGR de Villejuif. - 50 000 masques ont été remis au département du Val de Marne jumelé depuis 20 ans à la Province de Yen Baï. - 30 000 sont arrivés au comité de l’AAFV de Choisy Le Roi jumelé avec

l’arrondissement de Dong Da à Hanoï. La solidarité a fonctionné à plein et nous pouvons remercier le Vietnam pour ce geste d’amitié envers la France. Le Village de l’Amitié a de son côté pris toutes les mesures de protection préconisées par le gouvernement vietnamien. Les enfants et les Vétérans ont rejoint leurs familles et ne sont pas rentrés au Village depuis les vacances du Têt (fin janvier). La direction du Village de l’Amitié s’est engagée à prendre en charge les dépenses de nourriture faites par les familles des enfants pendant la période de confinement due au Covid-19. Les responsables du Village de l’Amitié et tout le personnel préparent activement leur retour et s’apprêtent à recevoir un nouveau groupe de vétérans. Toutes les mesures et gestes barrière sont strictement appliqués : désinfection complète du Village, fourniture quotidienne de masques et de gels hydroalcooliques, et ce, en attendant un retour à une situation normale.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

L’ARAC du vaucluse… en résistance Nous ferons le point de l’ensemble de nos objectifs régulièrement. Le Secrétariat Départemental prévoit dès que possible une Assemblée Générale Extraordinaire de tous les adhérents. es du 84 avec à son ordre du jour : « aujourd’hui ? Une ARAC pour demain, ses projets » et « point sur l’organisation, trésorerie, communication, actions ». Profitons du lien éducatif et chaleureux qu’est notre « Réveil des Combattants » et du bulletin de liaison, pour remercier de son apport et du dévouement, du bénévolat, du militantisme de sa direction, du personnel et de ses collaborateurs. Sans oublier nos salutations chaleureuses et fraternelles à tous les adhérents.es de notre indispensable ARAC. Alors, ensemble positivons et agissons pour l’Egalité, la Fraternité, la Liberté.

Secrétariat départemental du 19 février dernier avant l’arrivée du COVID-19 et l’annonce du Président Macron : « nous sommes en guerre… » L’ARAC depuis plus de 100 ans, a décidé de programmer « la guerre à la guerre » contre tout ce qui est nuisible à l’humain et à la sauvegarde de la planète. Contre le virus de l’exploitation financière, et pour la Paix. Le Secrétariat Départemental de l’ARAC reste sur « le pied de guerre » en tenant compte des objectifs de la Direction Nationale avec notamment une présence numérique sur le plan local, ensuite dans le fonctionnement de l’association à savoir : l’organisation, la trésorerie, la communication. Trois points stratégiques incontournables à la sauvegarde de nos comités et la préservation de nos adhérents.es. L’ARAC du Vaucluse a donc décidé de veiller au bon fonctionnement de

ses comités avec un contact permanent (par téléphone, internet, courrier) entre adhérents.es. fraternel, solidaire, comité par comité. Veiller au placement des dernières cartes. Aucun adhérent.e. ne doit être à l’abandon. Nous allons atteindre les 100 %. Pour 100 % de cartes placées, nous recensons 11 adhésions 2020 (c’est encourageant). Le Secrétariat Départemental devant l’urgence a décidé à l’unanimité de verser 500 euros notamment pour sauver la parution de notre journal « Le réveil des combattants », moyen indispensable de notre communication publique, d’échanges avec les adhérents. Nous appelons chaque section à participer, en fonction de ses possibilités, à cet effort et à répondre à cet appel y compris en téléphonant à tous nos adhérents.es, à nos amis.es. pour cette souscription exceptionnelle de combat.

Gradignan (33)

Essonne (91) – 18 juin 2020 – Vigneux et Evry

Pour le Secrétariat du Vaucluse, Jacques Goutorbe

lieu historique de l'appel de Charles Tillon Très belle mobilisation et participation pour ce 80ème anniversaire de l'Appel de Charles TILLON, appelant le peuple de France à la lutte, au combat contre l'envahisseur nazi et à la résistance. 60 personnes présentes, de nombreux adhérents de l'Arac. A noter également la présence de l’Amicale du Souvenir de Gradignan, de l'Association du souvenir de Fusillés de Souge (33), l’Amicale des Martyrs des Fusillés de l'Aéronautique, des Ais de la Paix, de l'ANACR et de trois drapeaux dont celui de l'ARAC-33. Présence également d'élus et responsables communistes de Gradignan et du Bouscat (33).

Villejuif (94) - 18 juin

Bassens (33) – 8 mai

Lanton (33) – 8 mai

Régis Saphores

L’ARAC et les Communistes du Bassin d’Arcachon LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020 - 23


LE RÉVEIL VOS DROITS

SOUSCRIPTION AVRIL-MAI-JUIN 2020 (02) Mme BOCQUET NICOLE : 100 ; (03) M. ROUX ANDRE : 50 - M. DESPRELES : 20 ; (06) M. PESCE LUDOVIC : 50 – M. CASAMASSIMA RAYMOND : 50 - SECTION LOCALE DE ST MARTIN DU VAR : 100 – (07) M. ROCHE DANIEL : 100 – M. RIGAUD JEAN PIERRE : 15 - M. et Mme ROCHE : 200 - M. LAURENT : 100 - COMITE DEPARTEMENTAL DE L’ARDECHE : 150 – M. RIGAUD J.-P. : 10 - SECTION LOCALE DE VILLENEUVE DE BERG : 100 - SECTION DE VILLENEUVE DE BERG : 150 - COMITE DEPARTEMENTAL DE L’ARDECHE : 150 - Mme LAVILLE MARTHE : 20 – M. TERRASSE : 50 ; (11) M. PAGES : 100 - COMITE DEPARTEMENTAL DE L'AUDE : 100 - M. et Mme PAGES : 100 – M. DESGUERRE ROLAND : 40 ; – (13) : M. GIMENO MARCEL : 50 – M. DUMONT ANDRE : 100 – (15) M. CAUQUOT MICHEL : 40 ; (18) COMITE DEPARTEMENTAL DU CHER : 700 – (17) M. DANIEL JEAN CLAUDE : 100 – (17) COMITE DEPARTEMENTAL DE LA CHARENTE MARITIME : 100 – M. LAGARDE J.-C. : 30 ; (18) M. J.-P. CHAUBARD : 35 - M. RENAUDAT : 100 – (20) M. BIADELLI PAUL : 10 – (21) M. PORRINI : 50 - SECTION LOCALE DE DIJON : 100 - COMITE DEPARTEMENTAL DE LA COTE D’OR : 100 - M. COPIN RAYMOND : 50 - SECTION LOCALE DE CHENOVE : 200 – (22) SECTION DE ST QUAY PORTRIEUX : 500 - COMITE DEPARTEMENTAL DES COTES D’ARMOR : 1 000 – (29) SECTION DE FOUESNANT : 300 ; (23) M. LENOIR JEAN : 500 ; (24) Mme MICHEL IRENE : 20 - COMITE DEPARTEMENTAL DE LA DORDOGNE : 1 000 ; (25) M. TOURNERET CHRISTIAN : 50 ; (26) M. BAUME GUY : 10 - COMITE DEPARTEMENTAL DE LA DROME : 100 ; (29) M. DERRIEN YVES : 50 – M. LE MEN LUCIEN : 20 – M. PRONONCE PIERRE : 30 - Mme JAFFRY LAURENCE : 30 – M. PRIMA JOSEPH : 100 - COMITE DEPARTEMENTAL DU FINISTERE : 300 ; (30) COMITE DEPARTEMENTAL DU GARD : 100 – M. CLEC’H PIERRE : 100 – M. GOUNELLE CYRIL : 30 - COMITE DEPARTEMENTAL DU GARD : 600 ; (31) M. JL DENIS (abandon de frais) : 120 - DON ABANDON FRAIS DENIS J.-L. : 110 - COMITE DEPARTEMENTAL DE LA HAUTE GARONNE : 500 – M. FRECHE RENE : 200 – M. LARRIEU JEAN : 200 ; (33) M. REGIS SAPHORES (abandon de frais) : 200 – M. GUERY CLAUDE : 30 - Mme GARCIA : 50 - SECTION LOCALE DE PUJOLS : 150 - Section de CAVIGNAC : 500 – M. JUILLERAT GUY : 20 - COMITE DEPARTEMENTAL DE LA GIRONDE : 518 - SECTION DE PESSAC : 150 - SECTION PORTE DU MEDOC : 50 - SECTION DE BORDEAUX : 200 – M. GARCIA JO : 80 ; (34) M. PAUZES RENE : 50 – Mme GUIRAUD ELIANE : 50 - M. TALI MICHEL : 150 - SECTION LOCALE DE MONTPELLIER : 300 - COMITE DEPATEMENTAL DE L’HERAULT : 500 - SECTION LOCALE DE VIAS : 100 ; (35) M. PLOTEAU Georges : 100 - COMITE DEPARTEMENTAL DE L'ILE ET VILAINE : 200 ; (36) SECTION DE DEOLS : 150 – M. MAUDUIT : 20 - SECTION LOCALE DE POULAINES : 50 - COMITE DEPARTEMENTAL DE L'INDRE : 1 000 - SECTION LOCALE DE CHATEAUROUX : 500 ; (38) Mme MOREAU JANINE : 10 – M. LINOSSIER PAUL : 20 ; (42) COMITE DEPARTEMENTAL DE LA LOIRE : 40 - M. FABRE BERTRAND : 20 – M. VACHER JEAN : 30 – M. ET Mme VACHER JEAN : 100 ; (44) M. MOYON LUC : 20 – M. AUGMARD PIERRE : 200 – M. DUFOUR : 40 - COMITE DEPARTEMENTAL DE LOIRE ATLANTIQUE : 200 - M. ET Mme SALOMON : 100 - SECTION DE SAINTE LUCE : 100 ; (45) M. HELIE JEAN CLAUDE : 50 – M. ROSQUIN : 30 – M. GALICIER MARCEL : 50 - SECTION LOCALE DE FLEURY SARAN : 250 - COMITE DEPARTEMENTAL DU LOIRET : 250 - SECTION LOCALE DE MONTARGIS : 250 – M. HELIE JEAN CLAUDE : 100 ; (47) M. JIMENEZ JACQUES : 50 - DUVAL MARCEL : 50 - COMITE DEPARTEMENTAL DU LOT ET GARONNE : 500 – M. CHANTRE JACQUES : 80 - SECTION LOCALE D’AIGUILLON : 150 ; (51) M. ROY JEAN : 10 – M. Mme MAIREAUX CLAUDE : 50 – M. RAGOUILLIAUX BERNARD : 20 ; (54) M. GAULTIER : 60 ; (56) Mme CAUDAN MARGUERITE : 100 – (57) SECTION LOCALE D'OTTANGE : 100 – M. J.M. BAZELA : 100 ; (58) M. ET Mme AUBEY : 30 ; (59) SECTION LOCALE DE FENAIN : 1 000 ; (60) M. FAUVEL BERNARD : 30 ; (62) M. WOJCIK HIPPOLYTE : 50 ; (63) M. BUCHARLES PAUL : 20 - COMITE DEPARTEMENTAL DU PUY DE DOME : 1 000 ; (64) M. DELHOUME J.-M. : 50 ; (65) Mme SCOLASTIE DAUZERE : 30 ; (66) M. UBEDA ALBERT : 5 € x 12 = 60 – M. MENCHON Manuel : 100 ; (67) M. ET Mme SCHOETTEL : 50 ; (68) M. MEYER GILBERT : 300 - COMITE DEPARTEMENTAL DU 68 : 400 ; (69) M. PILLON : 500 – M. PILLON ROBERT : 500 - Mme CERNY JACQUELINE : 20 ; (71) Mme MARSOT GISELE : 10 - COMITE DEPARTEMENTAL DE SAONE ET LOIRE : 500 - SECTION LOCALE DE GUEGNON : 300 – COMITE DEPARTEMENTAL DE SAONE ET LOIRE : 500 - SECTION LOCALE DE CHAGNY : 300 - Mme SURREL MARCELLE : 50 - SECTION LOCALE DE SAINT VALLIER : 200 ; (72) M. PETIT GUY : 100 – M. LETHIELLEUX GASTON : 50 – M. GENTILHOMME MARCEL : 50 - COMITE DEPARTEMENTAL DE LA SARTHE : 600 - M. TOURNERET : 50 - M. LETHIELLEUX : 100 - Mme HORNYAK CAROLINE : 30

24 - LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

- M. REVERSAT : 100 – M. CUCY : 50 ; (73) M. ETIENNE ALBERT : 20 – SECTION LOCALE DE CHAMBERY : 300 - Mme EVRARD Emmanuelle : 100 - M. ET Mme PAVY : 50 – M. PAVY MARC : 50 – M. ZANELLA JOSEPH : 40 ; (74) M. NEPLAZ BERNARD : 50 - COMITE DEPARTEMENTAL DE SAVOIE : 700 ; (75) MELLE NOGRET ANGELE : 40 - Mme BECHTEL M. F. : 50 - Mme THABEAULT ALCANDRE : 150 - COMITE DEPARTEMENTAL DE PARIS : 800 - Mme THABEAULT-ALCANDRE : 50 – M. VINCENT CLAUDE : 80 – M. BEAUDEAU EMILIEN : 50 - MELLE SIONNEAU EMMA : 20 ; (76) COMITE DEPARTEMENTAL DE SEINE MARITIME : 100 – SECTION LOCALE DU HAVRE : 150 – M. DRARDJA TALHI : 30 ; (77) M. CLAUSS DANIEL : 50 - M. ET Mme LONGUET : 300 - M. BUNLE J.-L : 10 ; (78) M. POUILLOT : 150 – M. TANGUY 15 € x 36 = 640 – M. POUILLOT HENRI : 50 ; (80) COMITE DEPARTEMENTAL DE LA SOMME : 150 ; (81) M. ENTRAYGUES : 60 ; (83) COMITE DEPARTEMENTAL DU VAR : 100 – SECTION LOCALE DE ST RAPHAEL : 200 - M. et Mme REYMONDON : 100 - M. Gérard VALLEE : 100 - M. et Mme BOUTON : 50 - DOCTEUR REYMONDON LOUIS : 100 – M. BOUCHIHA MAHRI : 25 – M. AMENDOLA PIERRE : 10 - SECTION LOCALE DE PUGET VILLE : 50 - SECTION LOCALE DE GONFARON : 50 - SECTION LOCALE DE FREJUS : 300 ; (84) COMITE DEPARTEMENTAL VAUCLUSE : 500 - M. et Mme GOUTORBE : 200 - SECTION LOCALE DE LAGNES : 150 - COMITE DEPARTEMENTAL DU VAUCLUSE : 500 – M. ET Mme GOUTORBE JACQUES : 300 - M. GRAND GASTON : 30 ; (85) M. SEILLET RAYMOND : 50 ; (86) M. TERRASSON MICHEL : 120 - COMITE DEPARTEMENTAL DE LA VIENNE : 600 ; (87) M. RIGAUD J.-P. : 10 ; (88) COMITE DEPARTEMENTAL DES VOSGES : 500 ; (91) SECTION LOCALE DE GRIGNY : 1 000 - COMITE DEPARTEMENTAL DE L’ESSONNE : 500 – M. LAUNAY BERNARD : 200 – M. FILLERE : 100 - COMITE DEPARTEMENTAL DE L’ESSONNE : 100 – M. GINGOLD MARCEL : 40 – M. BARY

Merci à tous les lecteurs, lectrices, adhérents, adhérentes qui continuent à être solidaires de l’ARAC et de son journal dans leurs actions pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix. Merci à tous ceux qui nous permette de jouer un rôle important dans le débat démocratique malmené par le confinement et le gouvernement. Depuis 1917, l’ARAC créée par H. Barbusse, P. Vaillant-Couturier, G. Bruyère et R. Lefebvre continue sans relâche à défendre les valeurs de la République, à se battre contre l’extrême droite, à préserver la souveraineté de la France, à s’attaquer aux causes des guerres. Déjà nous sommes, comités, adhérents, amis, nombreux à avoir décidé de préserver l’ARAC et son journal.

RAYMOND : 100 - Mme TRUHE : 50 - SECTION LOCALE DE BRETIGNY : 100 – M. ET Mme GOULIER J.-P. : 100 - M. ET Mme SIMONIN ROBERT : 30 ; (92) MELLE FARDEAU CHRISTINE : 182 - SECTION LOCALE ANTONY MONSIEUR ARSENE : 20 - M. RIGAUX JACK : 100 ; 92 ; M. RENAUDAT J.-P. : 200 - Mme MILTON : 100 M. DRWESKI BRUNO : 50 ; (93) – M. MULLER GERARD : 20 - Mme CHABAN HUGUETTE : 10 – M. DEBAILLY MICHEL : 100 - SECTION LOCALE DE NOISY LE SEC : 300 - M. et Mme GUICHE Gabriel : 500 - COMITE DEPARTEMENTAL DE SEINE ST DENIS : 2 000 – SECTION LOCALE DE DRANCY : 200 - Mme CHABAN : 20 – SECTION LOCALE DE ROMAINVILLE : 100 – M. CATAYEE : 100 - SECTION LOCALE DE DRANCY : 200 – M. DERIAT DANIEL : 12x6 = 72 – M. MOITRIER GEORGES : 30 - M. MARKIDES PAUL : 100 - M. MULLER JEAN : 100 - M. DAVID J.-P. : 30 – M. PILI RAPHAEL : 200 ; (94) ALAIN BONNET : 60 x 12 = 720 - SECTION LOCALE DE CHEVILLY LA RUE : 250 – M. VERRIER : 100 - COMITE DEPARTEMENTAL DU VAL DE MARNE : 2 000 - Mme TRANCHESSEC Denise : 100 – M. SIMOENS ROBERT : 10 - Mme CHEVALIER ANNICK et PATRICK STAAT : 150 - SECTION LOCALE DE CHOISY LE ROI : 500 - SECTION LOCALE ALFORTVILLE : 200 - SECTION LOCALE DE VILLEJUIF : 300 - Les AMIS D'HENRI BARBUSSE : 2 000 - COMITE DU VILLAGE DE L’AMITIE : 1 000 ; (95) Mme MARIE-CLAUDE BARBIER : 50 - COMITE DEPARTEMENTAL DU VAL D’OISE : 200 - M. ET Mme BATTON : 100 - MELLE VISTICOT HORTENSE : 30 – M. HOFFMANN JEAN PIERRE : 100. Liste arrêtée au 10 juin 2020.

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Aisne (02)

Gerardmer (88)

Dépôt d’une composition florale au nom de l’ARAC par P. Pesant au square du 19 mars 1962 à Montescourt-Lizerolles pour le 58e anniversaire du cessez-le-feu en Algérie.

Alain Morel est le nouveau président de l’ARAC de Gérardmer, élu lors de l’Assemblée Générale de l’ARAC qui s’est déroulée à la salle des armes de l’Hôtel de Ville, il succède à Michel Grüner. Enseignant d’histoire-géographie à la retraite, il est également un ancien conseiller municipal de 1989 à 2001. Pour sa première assemblée générale avec ses nouvelles fonctions, il a eu le plaisir de dévoiler le calendrier de l’ARAC qui sera une fois de plus rythmée par les cérémonies commémoratives, toujours aussi essentielle pour l’association et ses membres. Le 1er Mai, l’ARAC avait dû tenir un stand pour la Paix, la Solidarité des peuples en lutte pour les droits sociaux pour reprendre les mots d’Alain Morel. Pour en revenir à la vie de l’association, l’ARAC a eu le plaisir d’élire Marcel CLAUDE comme vice-président.

Loire-Atlantique 44 Hommage à Pierre Carré Né dans les Côtes-d’Armor en 1926, Pierre nous a quittés le 25 mars. Pierre avait une quinzaine d’années quand il a rejoint la résistance qui avait table ouverte chez son père. Ces hommes et ces femmes qui ont refusé l’occupation étrangère, menaient la lutte dans la clandestinité, pour la liberté. Le 3 août 1944, il se fait piéger par les allemands, blessé à la cuisse, il fait le mort, il aurait dû mourir, achevé par un soldat allemand. Pierre n’a jamais été dans la haine de l’autre. Pierre s'est engagé, syndicalement, politiquement pour continuer, faire vivre le programme du CNR. La Résistance avait été une école de la vie. Pierre avait tiré de la Résistance les certitudes qui lui ont donné la boussole de tous ses engagements sociaux, républicains, politiques parce qu’il était de ceux qui ont la conviction que la Terre peut apporter la nourriture, le bien-être à tous les hommes qui l’habitent pour peu qu’une minorité ne vole pas les richesses. Pierre a choisi d’adhérer au Parti communiste dès 1944, en toute logique à l'ARAC aussi. Lui qui a consacré toute sa vie de citoyen aux grandes causes de l’humanisme républicain où l’amour de la patrie ne saurait se dissocier de la solidarité internationale nécessaire pour la survie et le bonheur de l’humanité. Nous honorons aujourd’hui un combattant authentique de toutes les causes républicaines. Pierre, fidèle à tes engagements nous continuerons ta lutte. Jean-Claude Salomon pour l’ARAC 44 26 - LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020

Rennes (35) 19 mars 1962. Malgré le confinement, une commémoration partagée Rennes, ville jumelée avec Sétif (Algérie) la mémoire et la solidarité demeurent toujours. Un courriel qui avait été envoyé aux adhérents et à nos correspondants locaux et accompagnait de la Déclaration de l’ARAC Nationale. « Chaque année, l’ARAC tient tout particulièrement à participer le 19 mars au souvenir et au recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la Guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. Pour nous, cette date marquant le cessez-le-feu en Algérie après les accords signés la veille (18 mars 1962) à Evian demeure très importante pour la paix, l’amitié entre les peuples, la solidarité ». Parmi, les réponses de solidarité ou retours, nous avons retenu tout particulièrement trois messages d’algérienne et algériens habitant notre ville. - « Je trouve la déclaration de l'ARAC nationale très belle, empreinte de solidarité et de respect avec une belle vision du futur entre les peuples français et algérien. Bien à vous. » - « Merci Georges. Evidemment, on ne peut courir le risque de s'exposer sans défenses face à une bête féroce. On aura d'autres occasions de se retrouver inch'Allah. Salam à toi et à toute la famille. » - « Bien évidemment il est dommage que cette commémoration ne puisse se tenir. « Je tenais, à féliciter et remercier le travail de l'ARAC, s'agissant d'un travail de mémoire nécessaire pour renforcer la paix et la fraternité entre les nations en ces temps de déréliction et d'instabilité. Amicalement. » Ces messages sur ce 19 mars se rejoignent pour l’amitié et la solidarité entre les peuples. Georges Ploteau


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Cérémonies du 8 mai 2020 Nos comités, nos sections ont participé aux cérémonies officielles ou « non officielles » ce 8 mai. La déclaration de l’ARAC, où nous étions représentés par Frédéric Viandon, a été lue lors de la cérémonie de Pujols sur Dordogne. Petit retour en images (Chevilly-Larue, Villejuif, Bassens, Le Bouscat, Malakoff, Robion, St Blimont, Bordeaux, Labouheyre, Ruelle, Chalette sur Loing, Douchy les Mines, Vigneux…) Vigneux

Photo Yves Legoué (66)

Bordeaux Labouheyre

Robion

Ruelle Charente (16)

Villejuif

En ce 8 mai 2020 à 11 h, cérémonie restreinte au monument aux morts. Jean-Pierre COLAS Président de l’UNION LOCALE et Président de l’ARAC, cérémonie, en présence d’un seul drapeau. La gerbe du Conseil Municipal et UNION L’OCALE Anciens Combattants par Monsieur le Maire Michel TRICOCHE.

Chevilly-Larue

Malakoff Chalette sur Loing

Saint-Blimont

LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020 - 27


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Bouches-du-Rhône (13)

L’ARAC 13 en deuil, Laurence Praire 99 ans, ancienne résistante vient de nous quitter. Présidente pendant des décennies de la section ARAC de Roquefort la Bédoule. Secrétaire de Lucien Molino de la CGT clandestine, agent de liaison du Colonel Fabien pendant la résistance, elle fût arrêtée après trahison et dénonciation le 1er décembre 1941, internée à Toulon à la prison de St-Roch pendant 2 ans et 18 jours, elle reprit ensuite son combat meurtrie, blessée dans la résistance au sein de l’organisation secrète dirigée par Pierre Georges allias Fredo, le futur Colonel Fabien. Grande Invalide de Guerre, chevalier de la Légion d’Honneur, Croix du Combattant, Croix du combattant volontaire de la résistance, médaille de la déportation et de l’internement. En raison de la situation particulière que nous subissons, l’Arac 13 lui rendra hommage par la suite tout comme Michel Caciotti.

Finistère (29) Le Monument à la mémoire des fusillés des dunes de la Pointe de Mousterlin des maquis, entre-autres de Pen ar Pont de Châteaulin, a été fleuri.

28 - LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020

Côte d’Or (21) Bien qu'annoncé avec beaucoup de restriction par les autorités préfectorales, la Commémoration de ce 27 mai 2020 a pu se tenir en deux temps, et s'est conclue sur un certain succès. Le protocole initialement retenu par le Préfet de Côte d'Or se limitait à une dimension spartiate : aucune présence d'Anciens Déportés, Combattants, Victimes de Guerre, Aucune présence d'Association, ni de leur représentant, Aucun porte-drapeau. Un seul drapeau "neutre", porté par un adolescent. Dépôt d'une gerbe unique. Ces mesures n'ont pas manqué de provoquer remous et interpellations. Pour sa part l'ARAC s'est impliquée à sensibiliser et à fédérer une démarche s'appuyant sur les fondements des valeurs portées par nos anciens à l'origine du CNR. Après tergiversations, il s'avéra que la cérémonie se ferait avec la présence d'un représentant des associations, en l'occurrence le Président Départemental de l'ARAC, ainsi qu'une jeune fille, qui lirons chacun un texte retenu par les associations proches des valeurs républicaines. Le Dépôt de la gerbe nous étant dévolus.

La présence du drapeau départemental de l'ARAC. Le Directeur du Cabinet ayant lu le message de la Secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, le Chant des partisans fut entonné puis la Marseillaise. Les différentes personnes présentes furent saluées ET SURTOUT LA QUINZAINE DE REPRESENTANTS DES ASSOCIATIONS VENUES SE RASSEMBLEES "spontanément". De sorte que cette première partie terminée, nous pûmes ainsi commémorer avec toutes nos convictions respectives la Mémoire de Jean MOULIN et des héros de la Résistance et des fondateurs du CNR, par la lecture de l'Appel du Bureau National du 19 mai. Ainsi avons-nous conclu une bien belle rencontre forte en symboles, mais aussi de solidarité et de fraternité partagées. Bernard Porrini

Vaucluse (84)

L’ARAC du Vaucluse n’oublie pas En effet, commémorer le 27 Mai 1943, le programme du Conseil National de la Résistance (C.N.R.) reste un devoir, un honneur. Cette commémoration ainsi que le dépôt de gerbes ont eu lieu à Vedène en accord et avec la présence de Monsieur Joël GUIN, maire de Vedène ainsi que l'ARAC du Vaucluse, représentée par René Berbezier trésorier et porte drapeau et Mireille Berbezier, trésorière adjointe, Jacques Goutorbe président départemental ainsi que son épouse, Frédéric Blaha trésorier ARAC Vedène. Nous étions en comité restreint vu le covid 19. En clôture, Jacques Goutorbe remet à Monsieur le Maire la déclaration de

l'ARAC nationale du 27 mai 2020 en lui rappelant qu'aujourd'hui, comme hier, nous ne cesserons pas notre combat pour la souveraineté des peuples, pour nos valeurs républicaines à l'exemple du C.N.R. et de nos 102 années de combat. Jacques Goutorbe, Président départemental


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Allier (03) L’ARAC de l’ALLIER a commémoré dignement la Journée Nationale de la Résistance en respectant les règles sanitaires MOULINS : Devant la Mal Coiffée (Prison où étaient enfermés les déportés avant leur départ dans les camps de concentration). Dépôts de gerbes de l’ARAC, du PCF, de la CGT, du député PCF Jean Paul Dufrègne. Discours de l’ARAC lu par le président départemental Claude Guillemin.

LAFELINE Sur la stèle des déportés, dépôt de gerbe du collectif ARAC-ANACR en présence du maire Yves Sanvoisin. Discours de l’ARAC lu par Christian Bertrand secrétaire départemental.

Cérémonie au Mont Valérien en présence du président de l’association des Familles de Fusillés du Mont Valérien et de l’Ile de France, drapeau de l’ARAC 92 et ARAC Gennevilliers. Une gerbe de la municipalité de Gennevilliers et une de l’association de Georges Epstein, 7 membres de l’ARAC, 15 personnes en tout.

6 juin 2020 Mont Valerien

SAINT-POURCAIN-SUR-SIOULE Sur la Stèle Jean Moulin, dépôt de gerbe du collectif ARAC -ANACR en présence de deux conseillers municipaux d’opposition. Discours de l’ARAC lu par Gustave Burlaud.

S A I N T- G E R M A I N - D E S - F O S SES : Dépôt de gerbes de l’ARAC et du député PCF Jean Paul Dufrègne sur la tombe de Suzanne Terret, grande résistante, en présence des élus municipaux d’opposition. Discours de l’ARAC lu par Alexis Mayet.

Fenain (59) 27 mai Journée nationale de la Résistance À cette occasion l’ARAC a déposé une gerbe au monument aux morts à la mémoire des 26 Fenainois fusillés ou morts en déportation.

Chartres (28) Commémoration du 77e anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance. A l’appel de l’ARAC, du PCF, de la CGT, du Comité du souvenir du camp de Voves, 30 personnes devant le monument de Jean Moulin à Chartres ville dont il a été Préfet.

27 mai 2020 Nîmes (30) - Devant le monument des Martyrs de la Résistance.

Vauvert (30) - Devant le Mémorial Jean Moulin.

Seuls les membres du bureau de l’association étaient présents ainsi que le maire, Arlette Dupilet. Dominique Sarna a lu une déclaration de l’ARAC et Arlette Dupilet, le message de la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées. Dominique SARNA, Trésorière de la section Fenain-Somain

Vigneux-sur-Seine (91) 27 mai en comité restreint

LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020 - 29


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Marc Garanger, Le photographe Marc Garanger, très connu pour ses portraits de femmes algériennes prises pendant la Guerre de Libération de l’Algérie est décédé le 27 avril 2020 à Lamblore (Eure-etLoir) dans sa 85e année. Ses portraits de femmes algériennes, il les réalise pendant la guerre d’Algérie, entre mars 1960 et février 1962. A 25 ans, après avoir épuisé tous les sursis possibles, il est intégré au 2e régiment d’infanterie stationné dans le secteur d’Aumale, aujourd’hui Sour El

Marc Garanger

Ghozlane. Photographe professionnel depuis 1957, anti colonialiste, il est embarqué dans une guerre qui n’est pas la sienne. Devenu photographe officiel du régiment, la photographie va d’abord s’avérer une soupape pour lui, ensuite une arme qu’il compte bien utiliser à un moment ou un autre. « Je photographiais tout ce que je pouvais de la vie de ces gens que nous, Français, détruisions en prétendant agir pour le bien des populations ». Or mon respect allait à ceux qui subissent cela, pas à ceux qui le leur imposaient » déclarait-il. Envoyé à Aïn Terzine, pendant dix jours, il tire le portrait de plus de deux mille femmes algériennes qui doivent se dévoiler pour répondre aux exigences d’identification ordonnées par le commandant. Les photographies serviront pour des papiers d’identité. Se souvenant du travail d’Edward Curtis sur les Indiens décimés par les Américains, il réalise des portraits qui témoignent de « la rébellion de ces femmes » et se jure de faire connaître leur dignité et leur combat. Ces témoignages illustrent bien l’un

Un de ces portraits qui montrent la crainte de ces femmes.

des aspects peu connus de cette période : la considération des femmes musulmanes et l’utilisation par l’armée française de cette culture en les contraignant à subir des actes, des gestes mettant en cause leur féminité. J’avais eu l’occasion de le rencontrer et de croiser nos témoignages au sujet justement imposé aux femmes algériennes dans cette période de la Guerre de Libération de l’Algérie. Henri Pouillot

Hérault (34) La section de Balaruc-les-Bains est en ordre de marche

L’Assemblée Générale du 28 février 2020, a été l’occasion pour le nouveau bureau de présenter le compte rendu 30 - LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020

du premier exercice (bonnes relations avec les élus et services municipaux, participations aux cérémonies patriotiques et manifestations locales, foire aux associations…) mais également l’implication pour rechercher de nouveaux adhérents et développer nos actions. Nous avons également mis en avant l’appui fort apprécié de l’ancienne équipe et notre participation au niveau de la direction départementale. Nous n’avons pas oublié nos trop nombreux disparus des derniers mois et avons eu une pensée particulière pour ceux que nous n’avons pu accompagner.

Après la remise des cartes, une petite collation fut l’occasion de clôturer cet après-midi bien amical.

Stand.


VIE DE L'ARAC LE RÉVEIL

Villejuif perd ces résistants et combattants, membres de l’ARAC Jacqueline PlaudFranchini, 97 ans, nous a quittés. En 1932, les Plaud devenaient concierges à la mairie de Villejuif, logeaient sur place. Paul Vaillant-Couturier était maire depuis 1929. La guerre éclata : les Plaud ne furent pas épargnés : dénoncé comme militant actif, Auguste le père, fut arrêté, en septembre 1941. Son fils René fut arrêté en décembre et exécuté dans la clairière de Clairvaux, le 14 avril 1942. Auguste mourut au camp de Bergen-Belsen. Leur nom est gravé, à Villejuif. Jacqueline, n’a cessé de revivre ces jours de malheur, ce qui l’a amenée à être cette militante que nous avons connue. Elle est à l’image des dizaines de milliers de femmes qui ont fait et conti-

nuent de faire la force de l’engagement et de l’action à l’ARAC. Serge Dozortz. Figure de Villejuif. Né

nité parue le 22 décembre 1992, j’ai toujours vu l’Humanité chez nous. Mon grand-père la lisait, puis, plus tard, je la lisais à mon père cordonnier pendant qu’il travaillait. Je savais tout gamin que le fondateur en était Jean Jaurès et Paul Vaillant-Couturier, le maire de notre ville, le rédacteur en chef. » Serge avait 18 ans lors du retour de la paix, en mai 1945. Il se syndiqua à la CGT adhéra aux Jeunesses communistes, puis au PCF et à l’ARAC. A 26 ans, en 1953 jusqu’en 1959, il figurait sur la liste de Louis Dolly, maire de Villejuif.

en 1927, d’une famille juive originaire de Pologne. L’inauguration, en juillet 1933, de l’école Karl-Marx, la « plus belle école de France », aujourd’hui bâtiment classé mais toujours un collège. Aussi loin que je remonte dans le temps, écrira Serge dans une lettre à l’Huma-

Il devait à toutes les victimes de la Shoah et aux résistants tombés parmi lesquels des amis d’enfance ce travail de mémoire où l’on vit wSerge parcourir les rues menant aux écoles et aux collèges de Villejuif. Sa parole était acceptée parce qu’authentique, il était respecté parce qu’on le savait fidèle à ses idéaux de sa jeunesse.

Bouches-du-Rhône (13) Michel CACIOTTI, dirigeant national et départemental de l’ARAC n’est plus Né le 30 juillet 1926 à Marseille, Il entre en Résistance en 1942, entre en clandestinité, prend les armes, organise le plasticage du central téléphonique TOOD, des voies de chemins de fer au Rove, libère les 40 marins pompiers résistants retranchés au château de Montolivet, braque les policiers à leur relève pour prendre leurs armes. Dévalise le commissariat de St Barnabé de toutes leurs armes, etc. Michel chef de groupe de ce que les Allemands et la milice appelaient des Terroristes. Lors du débarquement en Provence le 15 août 1944, ils libèrent la préfecture, toute la Résistance est là, victorieuse. Le 26 août 1944 Marseille est libérée, il décide de continuer jusqu’à Berlin. Le 13 avril 1945 en Italie il est blessé sous le feu Al-

lemand, un aumônier vient lui donner l’extrême-onction un certain vendredi 13 avril 1945. Michel a été un de ces jeunes héros de la Résistance qui ont affronté tous les périls pour rendre aux générations qui ont suivi leur liberté où les Résistants ont permis d’instaurer les mesures du programme du Conseil National de la Résistance. Michel a su dans les moments les plus sombres de notre histoire transcender les différences pour vaincre le Nazisme, le fascisme et rétablir la République bafouée par ses élites. Décoré des 3 Ordres Nationaux, Officier de la Légion d’Honneur, Médaille Militaire, Officier de l’Ordre National du Mérite, Croix de guerre avec palme. Président d’Honneur de notre association l’ARAC, dirigeant de l’ANACR, an-

cien administrateur de la Sécurité Sociale. Rappelons cet immense travail de mémoire réalisé dans les collèges et lycées du département. Michel mon ami, mon camarade ce fût un honneur et un grand bonheur de t’avoir côtoyé de si nombreuses années. Pour tes combats, tes luttes sans trêve, sans relâche, sans jamais aucun compromis, sans repos jusqu’a ton dernier souffle. Merci Michel. Patrick Saintenoy (extraits) LE RÉVEIL - N° 863 - MAI / JUIN 2020 - 31


Les États-Unis menacent les magistrats de la cour pénale internationale Donald Trump a signé un décret autorisant les États-Unis à empêcher les employés de la Cour Pénale Internationale (CPI) d’entrer dans le pays ainsi qu’à les pénaliser financièrement. L’administration Trump, qui critique depuis des mois la CPI, s’oppose à l’ouverture d’une enquête pour crimes de guerre en Afghanistan. Pour El País, c’est un nouveau “coup” porté à la Cour pénale internationale, qui s’ajoute “à l’obstruction constante” de Washington. Le Guardian parle, lui, d’une “offensive juridique et économique” contre la CPI en réponse à l’ouverture d’une enquête pour crimes de guerre en Afghanistan. Jeudi 11 juin, Donald Trump a signé un décret autorisant les États-Unis à geler les avoirs des magistrats participant aux investigations mais aussi à “imposer des restrictions de visa aux familles de ces officiels”, précise le quotidien britannique. Politico note que le 45e président américain a également déclaré une urgence nationale face à la “menace” que poserait selon lui la CPI. “Une action qui pose les bases légales pour de futures sanctions”, commente le site. Le secrétaire d’État Mike Pompeo, le ministre de la Défense Mark Esper et le ministre de la Justice Bill Barr ont justifié lors d’une conférence de presse commune cette décision “dans une démonstration sans précédent de la puissance de feu de l’administration” constate le Washington Post. “Nous ne pouvons pas et ne resterons pas sans rien faire quand nos concitoyens sont menacés par un tribunal fantoche”, a prévenu M.

Pompeo. M. Esper, cité par The Hill, a rappelé que son pays “pouvait mener les actions appropriées comme nous l’avons régulièrement fait dans le passé”, suggérant qu’un tribunal international n’était pas nécessaire pour condamner des actes répréhensibles commis par un Américain. La BBC souligne toutefois que le président Trump a “pardonné des soldats poursuivis aux ÉtatsUnis pour des crimes de guerre en Afghanistan”.

Benyamin Nétanyahou se félicite de l’initiative américaine De son côté, M. Barr a reproché à la CPI “une longue histoire de corruption au plus haut niveau”, assurant avoir reçu des “informations crédibles”. Le ministre de la Justice n’a toutefois pas donné de détails sur ces allégations, relève The Hill. Il a également affirmé que des puissances étrangères manipulaient la cour, mettant en cause la Russie. Moscou, signale Politico, s’est désengagé du tribunal en 2016 après un rapport qualifiant son intervention en Crimée d’occupation. Benyamin Nétanyahou “a fait l’éloge” de Donald Trump pour son action, rapporte le Times of Israel. Le dirigeant a qualifié jeudi la CPI de “cour politisée”, “corrompue”, “partisane” et “obsédée par des chasses aux sorcières contre Israël, les États-Unis et d’autres démocraties qui respectent les droits de l’homme”. Comme Washington, Tel-Aviv est dans le viseur de la procureure Fatou Bensouda pour de potentiels crimes de guerre contre des Palestiniens. Il faut dire que, selon Axios, l’initiative de l’administration Trump a été “coordon-

née” avec Israël. Il s’agirait même de “l’une des principales raisons” de la visite de Mike Pompeo à Jérusalem le mois dernier. Des organisations de défense de droits de l’homme ont “rapidement critiqué” le décret, insiste la BBC. “Les pays soutenant la justice internationale devraient publiquement s’opposer à cette tentative manifeste d’obstruction”, dénonce Humans Rights Watch. L’Union américaine pour les libertés civiles (Aclu) estime que le chef d’État américain “emploie des méthodes de régimes autoritaires en intimidant juges et procureurs”. El País voit là un exemple supplémentaire du rejet du multilatéralisme démontré par Donald Trump et son gouvernement depuis janvier 2017. Le quotidien espagnol évoque notamment le retrait des accords de Paris sur le climat, de l’accord nucléaire iranien ou plus récemment la fin des subventions américaines à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Alors que des millions d’Américains manifestent à travers le pays contre les violences policières, l’initiative du locataire de la Maison-Blanche a incité Slate à ironiser : « Après des semaines de tourmente nationale et d’introspection, l’administration Trump agit enfin pour contrôler des figures d’autorité hors de contrôle, accusant ces officiels d’utiliser leurs vastes pouvoirs de manière capricieuse et discriminatoire, à l’abri de toute responsabilité, forçant des citoyens américains innocents à vivre dans la peur ». Source : COURRIER INTERNATIONAL – 12/06/20


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