Le réveil des combattants - Avril 2019

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LA SNCF POURRAIT VOIR DÉBARQUER DEUX CONCURRENTS SUR LES TGV FIN 2020

EUROPE : INFLUENCE ÉTATSUNIENNE ET LE CHOIX DES ÉLITES

VENEZUELA LE COMBAT DE LA VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL SOUVERAINETÉ

Avril 2019 - N° 853 - 5 €

Se loger Se chauffer !

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Ê tre Respecté.e !

L'ÉG

ALIT É SA LES ENTRE LARIAL ET L FEM E ES H MES OM MES

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ON VEUT

VIVRE ! Se nour rir c o r re c t ement

Un avenir pour nos enfants ir Po u vo lacer p é d se

Vivre de son travail !

Partir en vacances

retraite e n u r i o v A digne

Ensemble, défendons les valeurs de la République


LE RÉVEIL ACTUALITÉS

8 MAI 1945 Il y a 74 ans, la barbarie fasciste, la barbarie nazie tombait. Les peuples d’Europe opprimés retrouvent leur liberté, leur souveraineté. Une victoire de la paix, le début d’un nouvel espoir. Rendons hommage à ces femmes et ces hommes qui ont souvent payé de leur vie, la lutte contre la barbarie, l’occupant, pour la liberté et la souveraineté de la France. Rendons hommage à ces combattants de l’ombre, à ceux qui ont résisté, combattu. Rendons hommage à ceux qui ont permis la libération de la France. A l’épreuve des tragédies des deux guerres mondiales, les puissances s’étaient accordées pour instituer une légalité internationale qui mette la guerre hors la loi. C’est la Charte des Nations Unies adoptée en 1945 au motif magnifiquement énoncé dans son préambule : « Nous peuples des Nations Unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui par deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’Humanité d’indicibles souffrances… » Aujourd’hui, dans le monde grandit le risque de guerre, de tensions entre pays. Dans plusieurs pays d’Europe, se renforcent l’extrême-droite, le fascisme. Mesurons le travail du Conseil National de la Résistance qui, tout en menant le combat clandestin, a conduit des femmes et des hommes, de toutes obédiences politiques, attachés au retour de la souveraineté de la Nation, à élaborer un programme de reconstruction économique et sociale du pays, unique au monde : le programme du C.N.R. Les choix économiques et sociaux de cette période, nous en profitons encore. Il s’agit de la Sécurité Sociale, de la retraite par partition, des 40 heures, des nationalisations des banques, du statut de la Fonction Publique, de la loi sur les prestations sociales, la création de la SNCF… L’ARAC invite toutes les citoyennes et citoyens à s’inspirer de l’esprit de résistance, qui a permis la libération de la France et l’écrasement du fascisme, pour aujourd’hui préserver le programme du CNR mais surtout le réactualiser pour répondre aux attentes et besoins de notre époque. L’ARAC appelle le gouvernement à défendre la souveraineté de chaque peuple et le droit international comme nous y invite le Charte des Nations Unies. Notre pays s’en honorerait dans l’action pour la paix et le respect des peuples, et ferait rayonner l’image de la France, pays des droits de l’Homme et du citoyen. Ne laissons pas brader notre héritage, celui construit au fil des générations, avec des femmes et des hommes courageux et déterminés. Villejuif, 12 avril 2019

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ÉDITO LE RÉVEIL UN PAYS A DEFENDRE

SOMMAIRE Actualités Allemagne : Les lois Hartz ont réduit les salaires… et l’emploi ....................... 4 Le scénario d’une privatisation de certaines routes nationales poussé par les sociétés d’autoroutes.......................................................................... 5 La SNCF pourrait voir débarquer deux concurrents sur les TGV fin 2020 ....... 6 GM & S : les ex-salariés n’ont pas obtenu le prolongement de la cellule de reclassement au-delà du 30 mars .............................................................. 7 Projet de base militaire américano-australienne en Papouasie Nouvelle Guinée pour contrecarrer l’influence chinoise… ........................................... 8 Facebook soupçonné d’avoir transmis les données de ses utilisateurs à près de 150 entreprises ............................................................................... 8 Un croiseur de l’US Navy en mer de Chine méridionale pour contrer la présence accrue de la Chine dans la région ................................................... 8

International Israël : A droite toute...................................................................................... 9 Venezuela : Le combat de la souveraineté ................................................... 11

Vos Droits « Le projet de loi sur la fonction publique tourne le dos à la conception française républicaine » ................................................................................ 21 Compte rendu de la 1re réunion du groupe 3 : blessés invalides et veuves . 23 2e réunion du groupe 1 - 14 mars 2019 ....................................................... 24 Il faut mettre un terme à la marchandisation des drapeaux des associations d’anciens combattants ................................................................................. 25

Vie de l’ARAC Vie de l’ARAC .......................................................................................... 26-31

P. 13 . D O S S I E R Europe : influence étatsunienne et le choix des élites ◗ Dans ce numéro : Programme CNR + Lettre

www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0723-A06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires

• Gérant : Raphaël Vahé • Rédacteur en chef : Patrick Staat • Rédactrice en chef adjointe : Brigitte Canévêt • Comité de Rédaction : Hervé Corzani, JeanPierre Delahaye, Laurence Gorain • Régie Publiciatire : HSP - Tél. 01 55 69 31 00 contact@hsp-publicité.fr • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24, rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

L

a colère, le mécontentement continueront à s’exprimer avec force. Reste à souhaiter que se rassemblent et s’engagent tous ceux qui ont intérêt à ce que cesse la politique de casse des valeurs sociales, de solidarités que sont les valeurs républicaines, celles issues du C.N.R. En France, des dizaines de milliers de familles sont en souffrance en termes de pouvoir d’achat et sont obligées de compter à l’euro près. Beaucoup sont dans le « rouge » à la banque. A cela s’ajoute, avec la fin de la trêve hivernale, les milliers de familles qui ont la peur au ventre d’être expulsées de leur logement. La Fondation Abbé Pierre souligne que le travail trop précaire et trop mal payé « ne protège plus du risque de perdre son logement ». Les retraités ont manifesté 5 fois depuis l’élection du Président de la République. Eux qui ont travaillé toute leur vie au service du pays, qui ont cotisé, ne peuvent supporter les hausses de la CSG et le blocage de la revalorisation des retraites. La réalité de la France aujourd’hui, c’est une société où il est de plus en plus difficile de vivre dignement pour le plus grand nombre pendant qu’une minorité continue à s’enrichir. Alors que depuis plusieurs mois s’exprime majoritairement l’exigence d’un meilleur pouvoir d’achat, le président tergiverse. Pire, il utilise un évènement qui a touché notre pays pour appeler à supporter les mesures qu’il annoncera demain ou après-demain… ou peut-être jamais. C’est du mépris. Comment s’étonner que le patron du MEDEF, J. Roux de Bézieux, soutienne avec tant de ferveur la ligne suivie par M. Macron. On apprend, on nous dit, ce qu’aurait pu déclarer le Président : pas de remise en cause de l’ISF, suppression des services publics. Quant au pouvoir d’achat des retraités, on verra en 2020. De l’argent il y en a comme le montre l’actualité, mais aussi le montant des dividendes versés aux actionnaires, le montant de la fraude fiscale. Les choix politiques, ceux qui comme le disait Kessler : « défaire méthodiquement le programme du CNR », visent à casser l’identité républicaine française et la devise « liberté, égalité, fraternité ». Notre pays depuis 1789 a été marqué par la lutte de classe. C’est encore de cette lutte dont il s’agit. Ne laissons pas casser l’Histoire de notre pays, ne laissons pas la France devenir la propriété des possédants. Défendons avec force les valeurs de notre République. Engageons l’action. Patrick STAAT LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Allemagne

Les lois Hartz ont réduit les salaires… et l’emploi Souvent citées en exemple, les réformes du marché du travail allemand présentent pourtant un bilan très négatif pour les salariés, selon une récente étude.

Peter Hartz et manifestants.

L’Allemagne, en raison notamment des très importantes réformes de son marché du travail au cours de la décennie 2000, sert de modèle à suivre pour la majorité des économistes, ainsi que pour le chef de l’Etat Emmanuel Macron et sa ministre du Travail Muriel Pénicaud, après, comme eux, François Hollande et Myriam El Khomri. Pourtant, il apparaît que les mesures adoptées par le chancelier social-démocrate Gerhard Schroeder entre 2003 et 2005, sur les conseils de la commission dirigée par Peter Hartz, ancien directeur des ressources humaines de Volkswagen, ont été négatives en matière d’emploi et de salaires. Un résultat qui remet en cause la justification de l’ensemble des politiques de réforme de marché du travail intervenues en Europe au cours des dernières décennies. Quatre lois Hartz ont été adoptées. Les deux premières visaient à encourager 4-

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les employeurs à embaucher ; la troisième à améliorer le fonctionnement de l’Agence fédérale de l’emploi ; et la dernière à « inciter » les chômeurs à retrouver plus rapidement du travail. Ainsi, la loi Hartz I a assoupli les règles relatives au travail intérimaire. Elle a, de plus, fortement limité les possibilités pour un chômeur de refuser un emploi, notamment en abaissant les seuils en matière de salaires (au-delà de six mois de chômage, toute offre d’emploi proposant un salaire supérieur à l’allocation chômage doit être acceptée). En cas de refus, l’allocation chômage est réduite (de 30 % la première fois, puis de 60 %), puis suspendue. La loi Hartz II a quant à elle encouragé le développement de sous-emplois, les « euro-jobs » et « mini-jobs », dont le salaire maximum est respectivement de 400 et 800 euros, en diminuant les cotisations sociales auxquelles ces emplois sont soumis. Aujourd’hui, on estime à environ 4 millions le nombre de personnes n’ayant qu’un mini-job comme source de revenus salariés (à laquelle s’ajoutent éventuellement des allocations chômage). La loi Hartz III avait pour but de rendre plus efficace le placement des chômeurs, en mettant en place un système de mesure de performances des agences de l’emploi, qui peuvent désormais bénéficier de primes pour chaque placement de chômeur réussi. La loi Hartz IV a conduit à une forte baisse des revenus des chômeurs. En Allemagne, les allocations chômage ne représentent que 60 % de l’ancien salaire (67 % pour une personne avec un enfant). De plus, au-delà d’un an de chômage, les personnes basculent dans

un autre système, d’assistance, où elles ne perçoivent que 370 euros par mois. Il y a aussi les « Ein-Euro-Job », les « emplois à un euro de l’heure », réservés au secteur public ou caritatif, que les chômeurs de longue durée ne peuvent pas refuser, sous peine de perdre leurs allocations. Evidemment, en acceptant ces emplois, ils sortent des statistiques du chômage. En apparence, les lois Hartz ont été une réussite : tandis que l’Allemagne était « l’homme malade de l’Europe » dans les années 2000, avec un taux de chômage supérieur à 10 % de la population active, celui-ci a depuis fortement chuté, étant aujourd’hui inférieur à 4 %. Comme le disent Tom Krebs (université de Mannheim, Allemagne) et Martin Scheffel (université de Cologne, Allemagne), « la plupart des économistes ne sont probablement pas surpris d’apprendre que des réformes qui réduisent de manière spectaculaire les allocations chômage et qui facilitent la rencontre entre les demandeurs d’emploi et les entreprises conduisent à une nette baisse du taux de chômage ». La stagnation salariale en Allemagne ces dernières années est invraisemblable dans un pays aussi riche, qui accumule des dizaines de milliards d’euros d’excédents commerciaux chaque année. De plus, remarquent Krebs et Scheffel, les chômeurs constituent une autre classe de perdants, puisque leurs allocations ont été réduites, les exigences à leur endroit ont été accrues et les sanctions durcies. Ainsi, selon cette analyse, les réformes Hartz auraient créé des emplois, mais au prix d’une baisse du niveau de vie.


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

On serait dans le cas d’école où plus d’emplois nécessiteraient moins de salaire. Une situation que les économistes, parce qu’ils donnent la priorité à la baisse du taux de chômage, jugeraient préférable, tandis que la population, dont le niveau de vie se dégrade, rejetterait.

(…) le bilan des réformes Hartz est donc intégralement négatif pour les salariés. Et la situation est particulièrement grave pour les personnes les moins qualifiées, dont l’emploi a diminué de 0,6 %, et le salaire moyen de… 10 %. Comme le remarque Guillaume Duval, ce n’est pas parce que le taux de chômage a fortement baissé en Allemagne, tandis qu’il stagnait en France, que les créations d’emplois ont été beaucoup plus nombreuses en Allemagne. De plus, il est beaucoup plus facile

de réduire le taux de chômage dans un pays où la population active diminue (comme l’Allemagne), que dans un pays où elle augmente (comme la France). Aujourd’hui, l’Allemagne connaît un excédent budgétaire et un excédent commercial. Mais cette richesse, pour certains, est obtenue par l’exploitation – il n’y a pas d’autre mot – de millions de travailleurs pauvres, et par la précarisation des personnes au chômage. Et on voudrait que ces personnes disent « Danke schön » à Gerhard Schroeder et à Peter Hartz ?

Source : Alternatives Economiques (extraits) – 12/03/19 – G. Raveaud

Le scénario d’une privatisation de certaines routes nationales poussé par les sociétés d’autoroutes Treize ans après la privatisation, 2 600 kilomètres d’autoroutes n’ont pas encore été concédés au privé. Ces portions intéressent forcément le secteur autoroutier. « Il y a toujours eu la volonté de travailler sur des extensions de réseau, témoigne Lionel Leullier. C’est ce qu’on appelait la politique des petits bouts. Avoir du réseau à gérer en plus, avec de petits morceaux de réseaux non concédés qui peuvent être adossés au réseau concédé, soit par une extension de la durée des concessions, soit par un péage complémentaire. » Faute de crédit, l’état du réseau non concédé se dégrade. « Les responsables de sociétés d’autoroutes que j’ai rencontrés m’ont clairement dit qu’elles étaient intéressées par l’idée d’élargir le champ de leurs concessions (autoroutes ou transversales), confirme le sénateur Hervey Maurey. Elles partent du constat qu’aujourd’hui l’état des voiries non

concédées n’est pas satisfaisant. Du coup, les sociétés d’autoroutes disent qu’elles veulent bien récupérer ces sections, en échange d’une prolongation de la durée des concessions. » « Ce qui nous intéresse, c’est de répondre au défi des nouvelles mobilités, explique le président de l’Association des sociétés françaises d’autoroutes

(ASFA), Arnaud Hary. Nous proposons de moderniser l’accès aux grandes métropoles, d’aménager les sections des autoroutes non concédées, comme nous le faisons déjà pour les sections concédées, afin de les remettre à niveau. » Mais la stratégie des sociétés d’autoroutes ne s’arrête pas là. Selon les inLE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

La privatisation des autoroutes les chiffres parlent c'etait une bonne affaire.

formations de la cellule investigation de Radio France, les sociétés d’autoroutes ont également un œil sur le réseau routier national qui représente près de 10 000 kilomètres. Une note interne de l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (ASFA) datée du 17 avril 2014 que nous nous sommes procurée explique que « ce modèle vertueux [des concessions] pourrait s’élargir à l’ensemble du réseau routier national, dans sa configuration resserrée aux seuls grands itinéraires qui est devenue la sienne suite aux décentralisations ». « Il semble pertinent aujourd’hui de s’appuyer sur ce modèle pour continuer à développer et moderniser les infrastructures routières indispensables à la mobilité durable et au développement économique de notre pays, tout en contribuant de façon po-

sitive à la relance économique », explique ce document. « Cela peut – et même doit – se faire sans peser sur les finances publiques, comme le permet les vertus de ce modèle “made in France”. Le transfert de tout ou partie du réseau routier national est de nature à provoquer un choc budgétaire très significatif, soulageant le budget de l’État et pérennisant les capacités d’entretien du réseau. » Interrogé sur ce point, le président de l’Association des sociétés françaises d’autoroutes, Arnaud Hary, confirme que le réseau national intéresse le secteur, mais uniquement les portions qui pourraient à terme être transformées en autoroutes. « Chaque fois que l’État décidera d’aménager son réseau de routes nationales et de le transformer en autoroutes concédées, les sociétés d’autoroutes répondront présent, as-

sure Arnaud Hary. Prenons l’exemple de la route Centre-Europe Atlantique (RCEA), entre Mâcon, Limoges et Poitiers : l’État a décidé de transformer 100 kilomètres de routes nationales en autoroutes. Les sociétés d’autoroutes répondent toujours à l’appel d’offres pour moderniser. » Une réflexion est actuellement en cours sur le sujet. Le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, et la ministre des Transports, Elisabeth Borne, ont mis en place un groupe de travail sur “l’évolution de la gestion” du réseau routier national non concédé. Lorsque j’étais secrétaire d’État aux Transports, je voyais déjà arriver sur mon bureau des notes de la haute administration m’expliquant que le budget de l’État n’avait plus les moyens d’entretenir le réseau routier national, témoigne l’ancien élu, Alain Vidalies. Il y avait un schéma préconisant la privatisation. On me demandait de recommencer avec les routes nationales ce qu’on avait fait par le passé pour les autoroutes. » Contacté, la ministre des Transports dit rester “prudente” sur le sujet. Le rapport sur l’évolution de la gestion du réseau routier national non concédé devrait être rendu d’ici l’été 2019. Source : France INFO – 30/03/2019

La SNCF pourrait voir débarquer deux concurrents sur les TGV fin 2020 La fin du monopole de la SNCF sur le marché intérieur de transport de passagers arrive à grands pas. Va-t-elle se traduire par une ouverture à la concurrence ? Peut-être. En tout cas, dès la fin de l’année prochaine, à partir de décembre 2020, les lignes à grande vitesse seront potentiellement ouvertes à la concurrence. Et ce, en “open access”, c’est-à-dire que n’importe quel opérateur pourra se lancer sur les LGV de son choix. Dans la foulée, à partir 6-

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de la fin 2021, certaines lignes régionales et Intercités seront elles aussi potentiellement ouvertes à la concurrence de manière anticipée par rapport à la date obligatoire de 2023 fixée par Bruxelles. Le schéma d’ouverture du marché ferroviaire français est différent entre les lignes dites “conventionnées” du fait qu’elles relèvent d’un contrat entre la SNCF et les autorités organisatrices des transports concernées (l’État, dans

le cadre des lignes dites intercités, et les Régions, dans le cas des TER), et les lignes “en open access”. Contrairement aux LGV où la bataille entre les opérateurs sera quotidienne, la concurrence entre les opérateurs sur les marchés des TER et des trains intercités se fera pour l’attribution des marchés, dans la mesure où les autorités organisatrices de transport devront lancer des appels d’offres pour l’exploitation de tout ou partie de leur réseau. Les vain-


ACTUALITÉS LE RÉVEIL queurs seront donc les seuls à exploiter le réseau pour lequel ils ont été choisis. (…) Sur les trains intercités, l’État a en effet lancé en début d’année un appel à candidatures sur les lignes Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon. La SNCF entend se battre pour les conserver. Mais, pour beaucoup, y compris à la SNCF, on estime que l’État ne pourra faire autrement que d’accorder

ces lignes à de nouveaux entrants, sous peine de donner un donner un mauvais signal pour la suite de l’ouverture du marché. Pour les TER, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), va également enclencher rapidement le processus d’appel à candidatures pour exploiter son réseau, et devrait être suivie par d’autres comme la région Grand Est ou Pays de la Loire. Contrairement à ce qu’avançaient de nombreux spécialistes au regard du coût du ticket d’entrée, le marché de la grande vitesse pourrait également voir débarquer des concurrents au TGV. Il y a en effet des candidats. Jean Ghédira, directeur général Clients et Services à SNCF Réseau, le gestionnaire du réseau ferroviaire français, a fait état de

“deux touches sérieuses” intéressées pour ouvrir en 2021 “trois ou quatre lignes”. Si tous les yeux se tournent vers l’opérateur Trenitalia, qui n’a pas caché son ambition de venir ferrailler avec la SNCF en France, c’est plutôt le jeu des devinettes pour trouver l’autre aventurier. Pour rappel, Trenitalia fait déjà rouler des trains classiques sous la marque Thello entre la France et l’Italie. Tout va se jouer au cours des prochaines semaines. Car tous les candidats pour exploiter des lignes à grande vitesse à partir de décembre 2020 doivent déposer leur programme de circulations en septembre. (…) Source : La tribune – 25/03/19 – F. Gliszczynski – Extraits -

GM & S : les ex-salariés n’ont pas obtenu le prolongement de la cellule de reclassement au-delà du 30 mars Malgré la mobilisation, la cellule de reclassement des licenciés de GM & S s’arrête. Une cinquantaine de personnes n’a toujours pas retrouvé d’emploi. L’Association de soutien et de défense des salariés et ex-salariés GM & S a organisé un rassemblement devant les locaux de la Mefboc, place Joachim-du-Chalard. A l’intérieur de ces locaux se tenait une réunion sur le devenir de la cellule de reclassement des licenciés de GM & S (aujourd’hui LSI). Cette cellule mise en place il y a un an et demi s’arrête le 30 mars. Les salariés licenciés et l’Association de soutien demandent que la cellule d’accompagnement puisse perdurer au-delà de cette date pour accompagner la cinquantaine de personnes qui sont toujours sans solution pour un retour à l’emploi et les quelque trente autres personnes qui se trouvent dans une situation assez fragile. C’est avec peu d’espoir sur leur demande, mais avec l’envie de se battre,

que les représentants des salariés et les ex-salariés se sont rendus à cette réunion qui a duré près de trois heures. Finalement, la cellule de reclassement ne sera pas prolongée. « Il n’y a pas de budget du tout… C’est zéro euro ! L’État propose que maintenant, ce soit le dispositif Pôle emploi qui prenne en charge les salariés licenciés, ce qui ne correspond pas du tout à nos attentes, explique Vincent Labrousse, responsable syndical (CGT). Chacun devra monter un nouveau dossier et expliquer encore et encore sa situation, et psychologiquement, c’est très très dur. De plus, pour certains, les indemnités Assedic vont s’arrêter au mois de septembre ». Lors de cette réunion, les représentants des salariés ont demandé qu’un courrier soit envoyé à chaque ex-salarié concerné pour recueillir son ressenti et ainsi décider de la suite à donner à l’abandon ou à la poursuite de la cellule de reclassement. Ils ont aussi sollicité qu’un dispo-

sitif d’aide à la mobilité, suite à la situation subie, soit activé ou réactivé, tel une aide au déménagement, la possibilité d’être aidé sur une double résidence : aides sociales, fiscales, APL, aides au transport pour se rendre à un entretien d’embauche… « Les problématiques de fond ne sont pas traitées, expliquent les représentants. Pourtant, Bruno Le Maire et Benjamin Griveaux avaient promis que personne ne resterait sur le bord du chemin lors de leur venue en Creuse, ajoute Vincent Labrousse. Et aujourd’hui, Bruno Le Maire ne veut même pas nous recevoir lui-même, il nous propose simplement que l’on soit reçu par un de ses collaborateurs, mais nous, on ne veut pas ». « La décision de ne pas prolonger la durée de la cellule de reclassement est définitive » explique Vincent Labrousse. Nous n’avons pas de possibilité d’appel ». Source : Le Populaire du Centre

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Pékin renforce sa présence maritime en mer de Chine méridionale Réagissant à la présence des navires américains dans les eaux disputées de la mer de Chine méridionale, les navires chinois ont levé l’ancre en direction de cette région en vue de répondre à cette provocation. La Chine a pris cette décision après que la flotte américaine de l’Océanie a fait part de l’envoi du

croiseur lance-missiles américain USS Chancellorsville dans les eaux de la mer de Chine méridionale à proximité des ilots dont la souveraineté est disputée par la Chine et les Philippines. « Les navires américains ont pénétré sans autorisation dans les eaux territoriales de la Chine, et Pékin a fermement énoncé sa prise de

position » a déclaré le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères Geng Shuang. « Pékin a explicitement demandé aux Etats-Unis de mettre fin à la violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Chine » a-t-il poursuivi. (Press TV, le 01-12-2018)

Projet de base militaire américano-australienne en Papouasie Nouvelle Guinée pour contrecarrer l’influence chinoise…

Facebook soupçonné d’avoir transmis les données de ses utilisateurs à près de 150 entreprises

Coopération entre les Etats-Unis et l’Australie pour développer une nouvelle base navale en Papouasie Nouvelle Guinée, cette annonce a été faite par le vice-président américain Mike Pence lors du sommet Asie-Pacifique de l’APEC. « Ce projet vise à protéger la souveraineté des droits maritimes des iles du Pacifique » a-t-il affirmé. C’est surtout un moyen de contrecarrer l’influence grandissante de la Chine dans la région.

Le New York Times a révélé que le réseau social Facebook a partagé les données de ses utilisateurs avec des géants du Web comme Amazon, Spotify, Microsoft et Netflix. Il aurait communiqué à quelque 150 entreprises les messageries privées, les noms des amis ou certaines de leurs publications. Facebook s’est efforcé de minimiser ses dernières accusations affirmant que les utilisateurs ont dû au préalable donner explicitement leur accord.

(Radio Vatican, le 17-11-2018)

(La voix de l’Amérique, le 20-12-2018)

Wiki, c’est qui ? Wikipédia, cette encyclopédie en ligne qui fait et défait les réputations grâce à des contributions bénévoles de M. et Mme Tout le monde. Sur Wikipédia, un individu aura aussi vite fait de passer pour un complotiste, un révisionniste, un extrémiste – de droite, de préférence s’il est un empêcheur de tourner en rond. Sans chance aucune de rectifier sur la toile s’il n’appartient pas au courant idéologique qui régit le monde. Il arrive

par contre que des artistes ou des intellectuels totalement dignes de figurer dans Wikipédia s’en voient bannis pour d’obscures raisons. Wikipédia a la prétention d’expliquer le monde au monde mais reste parfaitement opaque quant à son fonctionnement. Une recherche un peu poussée permet malgré tout de déceler que certains membres du conseil de Wikimédia, la fondation qui régit le dictionnaire en ligne, en-

tretiennent des liens étroits avec le spéculateur américain George Soros, partenaire notamment du groupe Carlyle, ténor de l’industrie d’armement. Soros arrose en outre de ses millions une partie importante des médias A l’avenir quand vous consultez Wikipédia, ne prenez pas ses biographies pour de l’argent comptant, méfiez-vous des étiquettes attribuées aux protagonistes de l’histoire. Source : La Méduse. Journal en ligne suisse.

Un croiseur de l’US Navy en mer de Chine méridionale pour contrer la présence accrue de la Chine dans la région La Flotte américaine du Pacifique a indiqué à la NHK qu’un croiseur équipé de missiles guidés avait navigué lundi près des îles Paracels. Les îles sont contrôlées par la Chine et Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale. Le navire américain a navigué 8-

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dans la zone lors d’une opération connue sous le nom de liberté de navigation. Les Etats-Unis effectuent de tels exercices pour contrer la présence accrue de la Chine dans la région. Selon les responsables américains, l’opération avait pour but de défier les revendications

excessives de la Chine dans la zone et de préserver un accès aux routes maritimes. Cette opération souligne la position américaine consistant à endiguer les revendications unilatérales de la Chine et sa militarisation de la zone. (Radio Japon international, le 30-11-2018)


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Israël

A droite toute Netanyahou sort vainqueur des élections législatives. La société israélienne glisse vers la droite. Et de cinq ! Benyamin Netanyahou a une fois de plus réussi son pari. Bien qu’il fasse quasiment jeu égal avec ses adversaires du nouveau parti Blanc/Bleu, emmené par l’ancien chef d’état-major des armées, Benny Gantz, qui dirigea l’opération militaire à Gaza il y a quelques années et fit plus de 2 000 morts, femmes enfants, vieillards… il n’empêche, Netanyahou est le seul, à l’issue du scrutin, à pouvoir réunir un socle solide d’au moins 61 députés, la majorité à la Knesset (le parlement israélien). Il faut dire qu’il ne s’est pas embarrassé dans le choix de ses alliances. Evidemment, les traditionnels partis religieux et orthodoxes, mais au-delà les pires fascistes israéliens du parti suprémaciste Kach qui prônent entre autres préceptes l’expulsion des palestiniens, l’interdiction des relations sexuelles avec des nonjuifs, la destruction de la mosquée AlAqsa de Jérusalem etc. Le Conseil des colonies, le Yesha, qui représente l’ensemble des colons, ne s’y est pas trompé. Quelques heures à peine après l’annonce des résultats portant sur 97 % des votes, il a publié

un communiqué on ne peut plus clair, se félicitant que « le peuple a exprimé sa loyauté à la terre d’Israël et a choisi l’application de la souveraineté israélienne sur la Judée, la Samarie (la Cisjordanie – NDLR) et la vallée du Jourdain », ajoutant : « A la prochaine Knesset, nous aussi, nous continuerons à construire, à agrandir, à légaliser et à développer conjointement les communautés israéliennes dans la région. »

Les extrêmes applaudissent Donald Trump s’est félicité du résultat obtenu par son ami « Bibi » mais aussi l’italien Mattéo Salvini, le nouveau Duché de la péninsule et le chancelier autrichien qui gouverne avec l’extrême droite. Les autres Etats européens sont restés plus que discrets… eux qui régulièrement déroulent le tapis rouge au premier ministre israélien et soutiennent sa politique ségrégationniste L’heure est désormais aux tractations pour former le nouveau gouvernement. Netanyahou et ses partenaires probables, les deux partis ultraorthodoxes, Shas et Judaïsme unifié de la Torah ; Israël Beytenou, d’Avigdor Lieber-

Netanyahou Lieberman.

man ; Koulanou, de Moshe Kahlon ; l’Union des partis de droite vont se répartir les portefeuilles avec comme dénominateur commun la colonisation à outrance, la surenchère sécuritaire, anti-palestinienne et une logique d’annexion des territoires occupés comme l’a promis le chef du Likoud pendant la campagne électorale mais aussi comme l’ont choisi une grande partie des électeurs israéliens. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Comme nous l’écrivions dans notre dernier numéro c’est toute la société israélienne qui opère un véritable glissement à droite remettant en cause l’existence d’un Etat palestinien et la paix dans la Région. JP Delahaye

Soudan

Espoir Le soulèvement populaire met fin à trente ans de pouvoir du dictateur sanguinaire Omar el-Béchir. Au terme de quatre mois de contestation ponctués de dizaines de morts et d’arrestations dans le pays et plus récemment de six jours et nuits de pression populaire directe sur le quartier général des forces armées à Khartoum, le président Omar el-Béchir a

été poussé à la démission. La décision du gouvernement le 19 décembre de tripler le prix du pain dans ce pays en plein marasme économique avait déclenché les manifestations. Des scènes de liesse ont accueilli cette

Soudan manifestations.

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL décision mais la douche froide n’a pas tardé. Très rapidement, les militaires ont tenté de s’emparer du pouvoir. Comme pour assurer un changement dans la continuité du système en place. « J’annonce, en tant que ministre de la Défense, la chute du régime et le placement en détention dans un lieu sûr de son chef », a déclaré le ministre de la Défense Awad Ahmed Benawf. Il a annoncé la création d’un « conseil militaire de transition » qui assurera l’intérim pendant deux ans. Jusqu’à nouvel ordre, les frontières et l’espace aérien ont été fermés et un cessez-le-feu décrété sur tout le territoire. Les manifestants ont maintenu la pression refusant de se faire voler leur victoire et considérant qu’il s’agissait d’un coup d’état militaire. Finalement l’armée a cédé devant la foule. « Ce n’est pas un coup d’Etat militaire, mais une prise de partie en faveur du peuple. Le chef du conseil militaire de transition désormais aux commandes du pays a renoncé au pouvoir et nommé un autre militaire pour lui succéder. La décision a été accueillie par des scènes de joie des manifestants à Khartoum. Awad Ibn Ouf, le chef du Conseil militaire de transition, a annoncé dans un discours à la nation avoir renoncé à son poste, et nommé à sa place Abdel Fattah al-Burhan Abdelrahmane, inspecteur général des forces armées. « Le rôle du conseil militaire est de protéger la sécurité et la stabilité du pays », a déclaré le général Omar Zinelabidine, membre du Conseil militaire, qui s’exprimait devant des diplomates arabes et africains. « Nous ouvrirons un dialogue avec les partis politiques pour examiner comment gérer le Soudan. Il y aura un gouvernement civil et nous n’interviendrons pas dans sa composition », a-t-il promis. Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur du Soudan à l’ONU, Yasir Abdelsalam, a aussi essayé de dissiper les craintes de la communauté internationale. Le Conseil militaire « se contentera d’être le garant d’un gouvernement civil », a-t-il dit. Il a en outre ajouté que la 10 - LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019

période de transition « pourra être réduite en fonction des développements sur le terrain et l’accord des parties prenantes ». Le général Zinelabidine a affirmé que le Conseil militaire était prêt à travailler « main dans la main » avec les manifestants « pour trouver des solutions aux problèmes des Soudanais ». Il a également réclamé à la communauté internationale des fonds pour régler la crise économique. Depuis 2009, Omar el-Béchir est visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité », des faits remontants à la violente répression d’une rébellion au Darfour, en 2003, un conflit qui a fait plus de 300 000 morts selon les Nations unies. En 2010, l’accusation de « génocide » a été ajoutée, n’empêchant pas sa réélection la même année puis en 2015. En 2011, l’indépendance proclamée du Soudan du Sud a entraîné la perte des trois quarts des réserves pétrolières du Soudan. En décembre dernier, le triplement des prix du pain a déclenché d’importantes manifestations dans différentes villes du pays. La proclamation de l’état d’urgence, le 22 février dernier, avait ralenti le rythme des protestations. Mais ces dernières ont repris en intensité débouchant sur cette destitution d’Omar el-Béchir par l’armée. Aujourd’hui, l’issue du mouvement est

très incertaine. Devant la détermination des manifestants les geôles s’ouvrent libérant des opposants au régime… mais les militaires sont omniprésents dans tous les rouages de la société. Pour l’opposant, Rashid Saeed, interrogé par le quotidien « l’Humanité », les manifestations qui secouent le Soudan depuis un mois, démontrent une volonté de changement profond. Pour lui « les Soudanais rêvent d’une sortie de crise par le haut. Pour ce faire, il faudrait qu’un gouvernement de transition puisse reprendre les rênes du pays. Une période de quatre années serait nécessaire pour bien faire et relancer un processus démocratique sérieux et solide. Nous aurions besoin aussi de partenaires internationaux impliqués. Car la déstabilisation du Soudan est un danger pour toute la région (…) l’armée d’aujourd’hui n’est plus celle qui était intervenue notamment en 1985, et qui avait provoqué la chute du général Nimeyri. L’armée actuelle est complètement islamisée. En cas de putsch, ses chefs devront nécessairement composer avec la rue, mais s’ils ne le faisaient pas, cela pourrait conduire à un chaos similaire à ce que la Libye, la Syrie ou le Yémen connaissent aujourd’hui. Un danger que la communauté internationale ne semble guère prendre au sérieux. »

JPD


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Venezuela

Le combat de la souveraineté Depuis plusieurs années le Venezuela est en proie à une grave crise politique téléguidée et attisée par Washington. Les conséquences sur l’économie et la population sont catastrophiques. Nous avons rencontré Michel Mujica Ambassadeur de la République Bolivarienne du Venezuela en France. Entretien…

JP Delahaye, B. Contant, P. Staat et M. l'ambassadeur Michel Mujica.

L’élection de Donald Trump a accéléré la déstabilisation du Venezuela. Cette opération n’a-t-elle pas commencé bien en amont ? Michel Mujica : Le plus important est de ne pas oublier l’application du principe d’extraterritorialité mis en place par Obama à partir de 2015. La déstabilisation des gouvernements progressistes et démocratiques en Amérique Latine a commencé par le Honduras, le Paraguay, ensuite la défaite de Cristina Kirchner en Argentine a conforté les américains dans l’idée que « le moment était propice ». L’offensive contre le Brésil a alors démarré ? Michel Mujica : La démolition du parti des travailleurs (PT) au Brésil avec la mise en cause et les accusations contre le Président Lula, jusqu’au limogeage de Dilma Rousseff, totalement innocente des accusations de corruption dont elle a fait l’objet, a été une pièce maîtresse du dispositif de Washington. Il s’agit là d’un véritable coup d’état parlementaire et institutionnel. Cela a été un coup très dur porté aux processus démocratiques dans les pays d’Amérique Latine. Faut-il y voir une volonté de domination Nord-américaine sur l’ensemble

du continent ? Michel Mujica : C’est la poursuite de la doctrine Monroe qui vise à faire de l’Amérique Latine et Centrale l’arrière-cour des USA. Washington n’a jamais abandonné l’idée d’imposer sa politique au peuple latino-américain en intervenant dans leurs affaires sur les décisions de leur gouvernement et jusque dans le choix de leur dirigeant. Ils ont également profité de la mort du Président Chavez pour « récupérer le temps perdu ». Dans les faits, les actions punitives contre le Venezuela supposent l’application du même modèle interventionniste appliqué avec une particulière intensité contre Cuba en 1962 ; contre le Chili entre 1970 et 1973 ; contre le Nicaragua à partir de 1979 ; contre l’Iran et l’Irak depuis les années 1980, contre plusieurs pays d’Afrique pendant plusieurs décennies et, plus récemment, contre la Syrie, la Libye et la République démocratique de Corée, parmi d’autres nations. Une stratégie de chaos et d’étouffement économique ? Michel Mujica : Dans le cas du Venezuela, comme l’ont affirmé dans diverses déclarations les plus hautes autorités des Etats-Unis, il s’agit de refuser des ressources économiques, de perturber les activités financières et d’empêcher le libre exercice des activités commerciales, y compris l’accès aux aliments, à des médicaments et des produits de base, jusqu’à provoquer un chaos de nature humanitaire. Permettez-moi de citer l’ex ambassadeur américain en Colombie puis au Venezuela, William Brownfield. Le 12 octobre 2018, il a déclaré : « Nous devons envisager ceci comme une agonie, comme une tragédie qui va se poursuivre jusqu’au dénouement final (…) et si nous pouvons faire quelque chose

pour l’accélérer, nous devons le faire, mais nous devons le faire en sachant que ceci aura un impact sur des millions de personnes qui ont déjà des difficultés pour trouver des aliments et des médicaments (…). Nous ne pouvons pas le faire et prétendre qu’il n’y aura pas d’impact, nous avons une décision à prendre qui est dure, la fin souhaitée justifie cette sévère punition. » Cette situation d’asphyxie a provoqué un chaos de l’économie, l’exaspération maximum de la population confrontée à la pénurie de tous les produits. Cela a conduit en partie à la défaite des forces bolivariennes et la victoire de l’opposition, en décembre 2015 grâce notamment à un taux d’abstention record ! La droite réactionnaire a gagné par défaut ! Un coup très dur. A quoi peut-on attribuer cette déconvenue politique majeure, ce rejet d’une partie de la population ? Michel Mujica : Cela commence par la pénurie, l’augmentation des prix, le développement du marché noir, le mécontentement… C’est pour ces différentes raisons que près de 10 % de la population n’a pas voté pour l’opposition mais s’est abstenue. A partir de 2015, la situation s’est considérablement aggravée pour la population sous l’effet de l’offensive économique de Washington relayée par les milieux d’affaires vénézuéliens. Au total, depuis mars 2015 les Etats-Unis ont émis six décrets exécutifs qui pénalisent et punissent le Venezuela, notamment sur les aspects financiers et pétroliers. C’est une pénurie bien organisée par les secteurs du patronat vénézuéliens et les Etats-Unis, comme ce fut le cas avec la grève des camionneurs au Chili. La (Suite p. 12)

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS panne d’électricité est la résultante de ce blocus. Les pressions financières nous ont empêchés d’acheter des pièces de rechange et d’assurer de la bonne maintenance. Mais cela peut également prendre d’autres formes : par exemple, l’organisation des médecins de droite a refusé de travailler dans les quartiers populaires. Nous avons dû faire appel à l’aide des médecins cubains… Tous les moyens sont bons pourvu qu’on vienne à bout du « chavisme ». Des milliards de dollars manquent aujourd’hui au Venezuela ? Michel Mujica : La perte globale pour l’économie entre le mois d’août 2017 et décembre 2018 est de plus de 23 milliards de dollars et les valeurs des actifs gelés aux Etats-Unis à peu près 30 milliards de dollars. Le 24 août 2017, l’administration Trump a émis un Ordre exécutif par lequel il a imposé un ensemble de mesures coercitives et unilatérales contre l’économie et les finances de la République Bolivarienne du Venezuela. Elles visaient des opérations financières depuis ou vers le Venezuela et interdisent au système financier mondial de participer à toute opération d’achat, de vente, de négociation ou de renégociation de la dette souveraine du Venezuela, ainsi qu’à toute opération concernant la dette de la compagnie pétrolière nationale PDVSA. Le décret refuse également à des filiales de la PDVSA – comme l’entreprise CITGO, dont le siège est aux Etats-Unis – de rapatrier des bénéfices vers l’Etat vénézuélien. C’est une véritable atteinte à notre souveraineté nationale ! Le Rapporteur des Nations Unies pour un ordre démocratique durable, Alfred de Zayas, l’écrit dans son rapport au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU. Le document indique : Par ses terribles effets sur la population, par les pénuries économiques qu’il produit et pas son impact sur la vie sociale et sur la santé du peuple vénézuélien, le blocus est un acte conscient de violation massive des droits de l’homme du peuple vénézuélien et doit être considéré un délit de lèse humanité. 12 - LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019

Où en sommes-nous dans les rapports de forces et y’a-t-il une sortie de crise envisageable ? Michel Mujica : La plupart des vénézuéliens sont pour le rétablissement d’un dialogue et le gouvernement du Président Maduro est disposé à ce dialogue dans le respect du droit international public et de la constitution de 1999. Nous sommes disposés à dialoguer… Il y a des secteurs de l’opposition farouchement opposés à cette démarche. Le 26 mars dernier dans un discours à l’Assemblée nationale, l’auto-proclamé, Juan Guaido, a de nouveau menacé les vénézuéliens de pénurie d’eau et d’électricité « tant que l’usurpateur Maduro sera là » Ils veulent éradiquer de la mémoire du peuple tous les atouts et tous les béné-

fices obtenus pendant le chavisme où le Venezuela avait atteint le niveau de vie le plus élevé de l’histoire républicaine. Et du point de vue de Washington ce n’est pas un bon exemple pour les autres pays. En tous les cas, c’est une affaire à résoudre entre vénézuéliens. Je crois que nous pouvons nous en sortir, mais le coût social et économique sera très difficile. Si le Venezuela tombe ce sera pour tous les mouvements populaires, progressistes, démocratiques et qui se battent pour la justice sociale, pour tous les peuples d’Amérique Latine et des Caraïbes un véritable recul et ce sera aussi un coup très dur pour le mouvement démocratique en Europe Propos recueillis par JP Delahaye et P Staat


LE CAHIER MÉMOIRE N° 853 AVRIL 2019

Europe : influence étatsunienne et le choix des élites Depuis les années 1920, la constitution d’une Union Européenne à base franco-allemande a fait l’objet d’une considérable propagande des élites dirigeantes de la France, étatique et patronales. Cette propagande ne fut pas favorisée par les deux guerres mondiales et l’occupation période peu propices à l’idylle entre ces deux nations et ce jusqu’à une période avancée du 20e siècle il fallut entonner l’Hymne de l’indispensable « réconciliation franco-allemande ». Les Etats-Unis ont été très présent et ont joué dans la propagande en faveur de cette « réconciliation » un rôle important et occupé une place imminente. Il fallait effacer les traces où sous l’égide du Reich l’objectif Europe apparaissait strictement franco-allemande et tourné contre les Etats-Unis. Dès l’immédiat après-guerre de 14-18, l’intervention de Washington grand maître des questions financières devint une constante Europe-Etats-Unis (réparations et dommages de guerre, dettes interalliées) s’érigea en protecteur et défenseur de la malheureuse Allemagne, accablée, ruinée, désarmée par le traité de Versailles et surtout par la France. Leur propagande en faveur de « la réconciliation franco-allemande » et de l’égalité des nations

servit de couverture à la liquidation des « réparations » (dont l’Allemagne paya finalement moins de 13 % du montant fixé en 1920-1921) et à l’abdication française de toute politique de « sécurité » envers la Revanche allemande. Pendant cet inexpiable conflit (14-18), les groupes financiers et industriels franco-allemands avaient maintenu leurs habituelles relations. Parmi ces alliances clandestines, assurées de la complicité de l’Etat français, la plus notoire fut « l’affaire de Briey » : les maîtres de forges français, dont François de Wendel, obtinrent de leur gouvernement le non bombardement de

leurs établissements sidérurgiques occupés par la Reichswehr ; leur minerai de fer alimenta donc l’économie allemande pendant quatre ans.

Europe les grandes étapes de l’unification européenne une guerre de 100 ans du grand capital contre les peuples Les grandes étapes de l’unification européenne Annie Lacroix-Ritz le rappelait dans la construction de l’Union européenne : L’histoire de l’unification européenne se confond avec celle de l’impérialisme né de la crise capitaliste mondiale de 1873, doté de cinq caractères fondamentaux : 1. Concentration de la production et du capital parvenue à un degré de développement si élevé qu’elle a créé les monopoles dont le rôle est décisif dans la vie économique ; 2. Fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création sur la base du “capital financier”, d’une oligarchie financière ; 3. L’exportation des capitaux, à la différence de l’exportation des marchandises, prend une importance particulière ; 4. Formation d’unions internationales monopoleuses [cartels] se partageant le monde, et 5. Achèvement du partage territorial du globe entre les plus grandes puissances capitalistes. De ces caractères stables, y compris le « repartage » entre impérialismes dominants, « l’achèvement du partage territorial du globe » n’étant pas définitif, je retiendrai les traits les plus marquants entre les prémices « européens » du début du 20e siècle et les réalisations officielles des années 1950.

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11


LE RÉVEIL DOSSIER

De l’entre-deux-guerres à la deuxième guerre mondiale Le grand capital français mit en œuvre « la réconciliation franco-allemande » avec autant d’allant que le grand capital américain le prônait en dénonçant la vindicte française contre la pauvre Allemagne désarmée. Nul décideur n’ignorait cependant le rythme effréné, depuis 1919, du réarmement clandestin du Reich dont les services français suivaient le quotidien. La « Collaboration » de 1940 à 1944 puisa ses racines dans les accords et les pratiques du grand capital français de 1914-1918.

Délégation allemande au traité de Versailles.

Cette « réconciliation » fit fleurir les « unions internationales de concentrations monopolistes » dans lesquelles les impérialismes allemand et américain se taillaient la part du lion, contre l’impérialisme français ou britannique amoindri. Parmi elles, les créations à forte base franco-allemande, du cartel international de l’acier de septembre 1926 et du cartel de la chimie de 1927, liant Kuhlmann au géant IG Farben définitivement fondé en septembre 1925. Ce premier cartel (France, Sarre bientôt à nouveau allemande), Allemagne, Belgique, Luxembourg), acte de naissance de la CECA à venir, promit au Reich de contrôler le marché de l’acier européen : 50 % au début, avec assurance d’aller très au-delà, ce qui se produisit systématiquement dans la décennie suivante. L’événement s’accompagna de la création d’une association patronale, le « comité franco-allemand d’information et de documentation » (CFAID en 1926), au Luxembourg au nom insignifiant mais au rôle majeur : c’est le prédécesseur, avec le même siège social, du célèbre Comité France-Allemagne que Ribbentrop inaugura à Paris 14 - LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019

en novembre 1935 aux côtés de l’hôte permanent des élites française à Paris, Otto Abetz, futur « ambassadeur » de l’Occupation. S’y joignirent au fil des ans nombre de délégués du grand capital français, du Comité des Forges à la chimie lourde en passant par la haute banque qui fut un club de Synarchie (groupe d’influences) que douze d’entre eux avaient fondé en 1922 pour tordre le cou à la République jugée trop généreuse envers les détenteurs de revenus non monopolistes. Les « unions internationales monopolistes » furent renouvelées. L’énorme débiteur allemand (non pas des « réparations » définitivement tuées par le « moratoire Hoover » de juillet 1931, mais la dette privée, honorée) fut cajolé par toutes les banques créancières, européennes et américaines. Les gros acheteurs allemands de matières premières, textiles, etc., indispensables à la guerre de Revanche fut béni par les « marchands de canons » (et autres produits) français, que les conditions de productions Françaises décourageaient de produire au service de la Nation et pour la défense des frontières nationales : car avant 1936, on ne pouvait faire travailler seize heures par jour les ouvriers français, ni interdire totalement leurs syndicats, partis, etc. prodige réalisé par l’Allemagne hitlérienne. Le « modèle social » allemand compta en effet beaucoup dans la séduction qu’exerçait la « collaboration » d’avant-guerre sur les décideurs français. Cette précieuse « collaboration » poussa la France d’en haut à ne pas se préparer à la guerre que lui ferait le Reich, il ne s’en cachait point. Annie

Lacroiz-Riz affirme « On comprend pourquoi un pays qui avait “tenu” quatre ans de 1914 à 1918 fut vaincu en quatre jours » et insiste avec preuves à l’appui – Livre De Munich à Vichy – Armand Colin 2008. Dans l’attente de ce règlement de comptes, les rivaux français et britanniques de l’impérialisme allemand avaient laissé, avec la bénédiction américaine , l’ancien vaincu s’attribuer de premiers gages européens (Autriche puis Tchécoslovaquie) Ils l’avaient aussi laissé assaillir l’Espagne républicaine pour piller ses minerais et amorcer la conquête coloniale via la Méditerranée sous prétexte de chasser ses « rouges » ; et d’acquérir la supériorité militaire qui assurerait enfin la liquidation des Soviets. Ainsi l’Europe continua à se construire sous les influences allemandes et américaine et des tenants du grand capital. La violence de la crise de la décennie 1930 en durcissant les exigences commerciales et le protectionnisme américain amena le grand capital allemand à revendiquer une solution « continentale » sans partage : son contrôle sur l’ensemble de l’Europe, tant à l’Ouest qu’à l’Est. Les chefs de la synarchie (groupe

Signature des accords de Munich.


DOSSIER LE RÉVEIL d’influences) financière et coloniale, naguère si « atlantique » prônaient désormais une « union continentale » franco-allemande exclusive des influences délétères de « la Russie » haïe et des Etats-Unis, ils appellent à faire face aux réalités et à tourner « un regard jeune et franc » vers la nouvelle Allemagne et la nouvelle Italie qui demandent leur place au soleil, dimension coloniale incluse avait écrit en février 1938 Paul Baudouin, directeur de la banque d’Indochine, un des 46 « principaux affiliés » de la synarchie dont sa banque était cofondatrice. Il sera ministre des Affaires étrangères du 17 juin au 26 octobre 1940 dans le gouvernement du maréchal Pétain, puis dans celui de Pierre Laval. Il signe la loi en date du 3 octobre 1940 portant « statut des Juifs », publiée au Journal officiel du 18 du même mois, aux

côtés de Pétain, Pierre Laval, Raphaël Alibert, Marcel Peyrouton, Charles Huntziger, Yves Bouthillier et François Darlan. Il joue un grand rôle dans la politique de Vichy pour la jeunesse et sa formation, notamment par les Chantiers de la jeunesse française à la libération il entre dans la clandestinité et essaie de fuir en Espagne. Le 3 mars 1947, il est condamné à la dégradation nationale à vie. Mais les mêmes milieux qui revendiquaient une solution continentale perçurent dès l’été 1940 que les Etats-Unis ne laisseraient pas leur chère alliée-rivale allemande conquérir seule toute l’Europe, réalité qui s’imposa à eux quand le Blitzkrieg « guerre éclair » se fracassa dans les plaines russes. Dès lors se dessina l’avenir atlantique ou germano-atlantique qui placerait l’impérialisme français à la double tu-

La construction de l’Europe.

telle, établie avant même la signature du traité de Paris sur la Communauté européenne du charbon et de l’acier (1951), œuvre apparente des « pères [politiques] de l’Europe ». Avant de faire mieux connaissance avec ses « pères de l’Europe » de Jean Monnet à Robert Schuman, leur place et leurs actions qui imprègnent l’Europe d’aujourd’hui, Conférences, Traités, parcourons les étapes de la construction Européenne, de l’Union Européenne.

8 mai 1945, jour de la victoire, la deuxième guerre mondiale est terminée Il est difficile de se rappeler ce qu’était le monde de 1939 : la marche conquérante du fascisme, entreprenant de liquider le mouvement révolutionnaire, la démocratie politique, les nations et, plus généralement les conquêtes progressistes de l’humanité En Europe, l’Allemagne hitlérienne, anéantie, doit être transformée selon les accords de Postdam (août 1945), en une Allemagne démilitarisée et dénazifiée. Sur le devant de la scène historique paraissent les vainqueurs, Etats et peuples, qui ont combattu au nom de la liberté des peuples et des nations. La place prise par l’U.R.S.S. sur l’échiquier mondial est l’un des changements les plus frappants. Le premier Etat socialiste, réduit avant la guerre à l’isolement et à la défensive, n’a pas seulement sauvé son existence, il s’est imposé au monde capitaliste, par le rôle essentiel joué dans la défaite hitlérienne : c’est avec lui que doivent être élaborés les règlements territoriaux et politiques d’après-guerre, dont les accords de

Yalta viennent de jeter les bases. En outre, l’effort de guerre considérable du peuple soviétique, l’admiration et la reconnaissance qu’il suscite alors, rejaillissent sur le régime, renforçant le pouvoir attractif du socialisme. Là ne se bornent pas les transformations du monde. Dans la plupart des pays européens sous le joug fasciste, le phénomène de la Résistance a donné une ampleur et un contenu nouveau au mouvement populaire. Le rôle de la classe ouvrière et de ses organisations, en premier lieu les partis communistes, y a souvent été essentiel. Comme en France la lutte libératrice débouche donc sur l’exigence de transformations profondes garantissant le développement de la démocratie et du progrès social La guerre en outre, a été mondiale, au plein sens du terme, directement ou non, tous les continents, tous les pays y ont été ; la coalition antifasciste a défini, haut et clair, ses objectifs libérateurs. Comment tout cela n’aurait-il

pas d’écho dans les pays coloniaux et semi-coloniaux ? La lutte menée contre l’agresseur s’élargit parfois en un combat populaire pour l’indépendance : ainsi en Chine, et en Indochine. Dans nombre de colonies, bases traditionnelles des impérialismes européens, en Asie (Inde, Indonésie), en Afrique (Afrique du Nord et même Afrique noire), les exigences d’indépendance, de réforme du statut colonial s’affirment.

Yalta.

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LE RÉVEIL DOSSIER

La suprématie américaine - 1945 Début des années 60

L’Europe au 8 mai 1945.

Les Etats-Unis se sont enrichis pendant ces guerres (14-18/39-45). Ils n’ont connu ni destruction sur leur sol ni pertes civiles. En revanche, ils ont doublé leur potentiel de production et pris une avance technologique considérable. Leur revenu national a doublé. Ils possèdent les deux tiers des réserves mondiales d’or. Leurs exportations sont deux fois plus importantes qu’avant la guerre. Les Accords de Bretton Wods, sont des accords économiques ayant dessiné les grandes lignes du système financier international mis en place en 1944. Ils donnent naissance à deux organismes toujours en activité : la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et le Fonds monétaire international (FMI) le dollar est devenu la seule monnaie internationale. Les capitaux placés à l’étranger rapportent de gros dividendes La fin de la Guerre Mondiale (mai 1945 capitulation allemande, août 1945 Japon) consacre l’apogée de deux grandes puissances : Les EtatsUnis et l’URSS. L’impérialisme et le capitalisme Etats-uniens ne pouvaient accepter la naissance de ce nouveau 16 - LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019

monde. La reconstruction d’un Ouest européen unifié passait par celle de l’Allemagne occidentale, « locomotive » à laquelle les autres pays « occidentaux », moins efficaces devaient se river. Bien qu’ayant signé la Charte de l’Organisation des Nations Unies le 26 juin 1945 à San-Francisco avec 50 autres peuples. Depuis 1946, Washington clame qu’il fallait au plus tôt la libérer des insupportables accords de Yalta (février 1945) et Postdam (juillet 1945). Le « discours au congrès » où doctrine Truman du 12 mars 1947, ouvertement dirigé contre l’URSS lança solennellement la « Guerre froide », qui en réalité n’avait jamais cessé depuis 1917. Le 5 juin 1947 le secrétaire d'État, le général Marshall, exprimant la volonté du gouvernement des États-Unis propose une aide économique pour contribuer « sans conditions politiques » au redressement de l’économie européenne. En réalité ce plan était un véritable « Cheval de Troie » créant une dépendance économique entraînant la subordination politique de ces pays où les Etats-Unis n’hésitent pas à intervenir directement pour protéger leurs intérêts ou soutenir des gouvernements sympathisants. Cette aide économique « sans conditions politiques » j’insiste permit à Washington d’exiger le départ des ministres communistes des gouvernements en France, en Belgique, en Italie. L’impérialisme Etats-unien ne pouvait se satisfaire de cette situation relativement fragile. Pour renforcer son contrôle de l’Europe « le discours du 12 mars 1947 de Truman relayé par la propagande d’un « soi-disant danger représenté pour l’Europe par le communisme n’avait fait qu’augmenter les tensions » « on a toujours besoin d’un ennemi pour justifier ses actes, sa violence » les Etats-Unis avaient

réussi à mettre en place un adversaire cela aboutit à la signature du « pacte Atlantique » OTAN le 4 avril 1949 (organisation illégale fondée en violation du Droit international représenté par la Charte des Nations Unies et signé par les Etats-Unis.) (L’OTAN n’est pas seulement illégitime, mais contraire au droit international) permettant ainsi à Washington de renforcer son emprise sur l’Europe. En effet si la Charte admet les organisations régionales, l’Atlantique Nord n’a jamais été une région, et la plupart des pays membres n’en sont pas riverains, mais surtout, étant un groupe d’Etats organisés pour des interventions militaires, elle viole l’interdiction définie par l’article 2.4 de la Charte du recours à la force ou à la menace de force, qui ne peuvent relever que du Conseil de sécurité et seulement pour le maintien ou le rétablissement de la paix. Elle doit donc être considérée simplement comme le serait dans un pays un groupe armé faisant sa propre police. C’est dire combien sa dissolution s’impose. Le

Le CECA 1952.


DOSSIER LE RÉVEIL 4 janvier 1963 de Gaulle déclarait « L’Europe occidentale est devenue, sans même s’en apercevoir, un protectorat des Américains, il s’agit maintenant de s’en débarrasser… » Tout le sens de ce “Pacte Atlantique” est

donné par l’article 2 qui écrit : « renforçant leurs, les institutions, en assurant meilleure compréhension des principes sur lesquels ces institutions sont fondées en développant les conditions propres à assurer la stabilité (…)

elles s’efforceront d’éliminer toute opposition dans leurs politiques économiques … ». En clair, empêcher les bouleversements sociaux et garantir les principes du libéralisme et de l’économie de marché.

De traités en traités la France phagocytée de la réduction au rang de pouvoirs locaux subordonnés des assemblées et gouvernements porteurs aujourd’hui de la souveraineté nationale, populaire, inaliénable et indivisible. Le principe placé par Jacques Delors « au fronton du traité » est le principe médiéval de « subsidiarité » c’est-à-dire un pouvoir absolu au-dessus des parlements et des Etats nationaux.

Maastricht un modèle impérial : Le traité européen du 7 février 1992 communément appelé traité de Maastricht explicite encore d’avantage cette dépendance de « l’union européenne » vis-à-vis du système politico-militaro-américain. La future « défense commune » relèvera de l’UEO (Union Europe Occidentale) à qui dit le traité, « l’union demande de mettre en œuvre les décisions et les actions de l’union qui ont des implications dans le domaine de la défense » (article J-4). Et l’UEO qui depuis 1954 dépend étroitement de l’OTAN « agira en conformité avec les positions adoptées dans l’Alliance Atlantique » Le traité de Maastricht prévoyait et c’est toujours d’actualité la constitution d’un pouvoir supra national européen c’est-à-dire

Le 19 juin 2004 les chefs d’Etats de l’Union Européenne adopte le « traité établissant une constitution pour l’Europe » son éventuelle entrée en vigueur est conditionnée par la ratification des 27 membres de l’Union. Le président Jacques Chirac choisit la voix du référendum qui a lieu le 29 mai 2005. Suite à la victoire du NON ce Traité sera suivi par le traité de Lisbonne re-

prenant les thèmes en grande partie de ce qui avait été rejeté par la levée des peuples Le Conseil européen des 24 et 25 mars 2011 a adopté un pacte, au mépris des Parlements nationaux et du Parlement européen, dont les dispositions vont encore plus loin que le traité de Lisbonne en matière d’austérité et de destruction des droits sociaux. C’est l’ensemble de ces traités qui ont lancé le processus de dérèglementation et l’interdiction des « monopoles publics », autrement dit la mise en cause d’entreprises telles EDF, Gaz de France, SNCF, France Télécom et d’une façon générale, les services publics de notre pays issus des luttes citoyennes.

Quand l'ancien président de la commission José Manuel Barroso est embauché par Goldman Sachs à l'origine de la crise de 2008 LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019 - 17


LE RÉVEIL DOSSIER

Où en sommes-nous aujourd’hui,

La commission Européenne qui siège à Bruxelles, composée de commissaires – non élus mais désignés par les gouvernements – décide de la politique a menée par les Etats en négation de tout caractère démocratique. Elle publie en juin 2014 dans la plus grande discrétion les Recommandations du Conseil concernant le programme national de réforme de la France pour 2014. Ces « recommandations » constituent la feuille de route fixée à la France pour les mois à venir. C’est aussi le moment où Emmanuel Macron devient en 2014 ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique. Le projet de loi porté par Arnaud Montebourg « loi sur la croissance et le pouvoir d'achat ». Devient : La loi no 2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, dite « loi Macron », loi française portée par le ministre de l'Économie Emmanuel Macron au nom du gouvernement. Alors même que beaucoup de sujets concernent les ministres du Transport, du Travail, du Logement, de la Justice, du Commerce ou de l’Écologie. Le texte vise selon le gouvernement à « libérer » l'activité économique dans un grand nombre de secteurs économiques. En clair c’est l’application accélérée et renforcée des Recommandations du Conseil concernant le programme national de réforme de la France : • Réduction des dépenses publiques 18 - LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019

• Importantes économies sur les dépenses de sécurité sociale • Limitation des dépenses de santé • Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi de 20 milliards d’euros allégement des cotisations patronales de 10 milliards supplémentaires • Remettre en cause le SMIC en arrêtant les revalorisations et mettre en œuvre sa suppression ce qui permettrait de « libérer les énergies » • Etc.

Le dernier traité en date Le 22 janvier 2019 à Aix-la-Chapelle (Allemagne) la chancelière Angéla Merkel et le président Emmanuel Macron ont signé un nouveau traité

Le couple Franco Allemand.

bilatéral franco-allemand sans avoir consulté les Parlements nationaux. Ce nouveau traité est quasiment muet sur les questions les plus brûlantes qui se posent à nous en 2019. Crise sociale, environnementale, accueil des migrants : le document n’affiche aucune ambition progressiste sur ces sujets cruciaux qui sont pourtant au cœur de l’actualité et qui agitent les peuples. En revanche, dans son article 4, loin des priorités des Français, il encourage les coopérations militaires et de défense. Quelle ironie. Les dirigeants franco-allemands s’avèrent incapables de taper du poing sur la table ensemble pour mettre fin à la crise économique et sociale, mais ils sont capables d’organiser une coopération de tous les instants en matière militaire, au sein d’un « Conseil franco-allemand de défense et de sécurité ». L’article 20 quant à lui créé un Conseil franco-allemand d’experts économiques composé de dix experts indépendants « afin de présenter aux deux gouvernements des recommandations sur leur action économique » sans aucune légitimité démocratique, comme s’il fallait accepter que nous soit imposée une convergence avec les politiques austéritaires allemandes… .


DOSSIER LE RÉVEIL

L’Europe, d’où vient cette Europe ? Quelle place pour les nations et les peuples

Nous avons suivi les péripéties de l’émergence de cette Europe dans laquelle nous sommes aujourd’hui, les grandes étapes de la guerre de 14-18 à aujourd’hui. De la fin de la guerre de 14-18 à celle de 39-45 les manœuvres des Etats-Unis et de leurs complices européens pour remettre en selle l’Allemagne, de la placer en position prédominante. Dans le cadre du traité signé le 22 janvier 2019 la chancelière allemande demande au président français, sans réelle contrepartie, l’engagement de soutenir l’admission de l’Allemagne au rang de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-unies et d’en « faire une priorité de la diplomatie franco-allemande ». Les deux pays s’engagent par ailleurs à « coordonner » leurs positions au sein de l’ONU et à faciliter des « positions unifiées » de l’Union européenne au sein de l’instance mondiale. Annie Lacroix-Riz a livré à notre information les manœuvres, les décisions, leurs conséquences qui nous ont conduit à aujourd’hui. Ainsi que les noms des deux principaux acteurs de cette “saga” les « pères politique de l’Europe » Jean Monnet et Robert Schuman Jean Monnet : Dès 1950, des rapports signalaient que l'Allemagne se relève beaucoup plus vite que la France, certains craignent que les vaincus soient à nouveau tentés par une revanche. De plus il faut définitivement intégrer l'Allemagne dans le camp occidental alors que la guerre froide débute et que

le centre de l'Europe risque de devenir un espace d'instabilité et de guerre EstOuest. La France se doit de prendre l'initiative, de tendre la main à l'ennemi d'hier et de proposer de lier les destins des deux principaux pays de l'Europe continentale. Jean Monnet travaille en secret sur un projet de mise en commun du charbon et de l'acier, principales sources d'une possible industrie de guerre. Au printemps 1950, il propose son projet à Robert Schuman, celui-ci après s'être assuré de l'accord du chancelier Konrad Adenauer, fait le 9 mai 1950, une déclaration solennelle pour inviter tous les pays intéressés à poser « les premières bases concrètes d'une fédération européenne ». Il prône une fédération européenne et propose de placer le siège des institutions communautaires dans un « district fédéral » échappant aux souverainetés nationales. Jean Monnet l'anime jusqu'en 1975, et travaille sur les projets de traité pour le Marché Commun et d'Euratom, qui aboutissent au traité de Rome, le 25 mars 1957, et sur le projet d'élargissement de la Communauté au Royaume-Uni. Pour lui, cette Europe des six en devenir, est le moyen de lier l'Allemagne et la France et de désamorcer la renaissance d'une rivalité séculaire, en plaçant les productions de l'acier et du charbon, dans le cadre d'une délégation de souveraineté. Mais il veut aller plus loin, car dès cette époque il est envisagé une armée nationale allemande, ce qui semble être un dangereux retour en arrière. Il propose donc la création d'une armée européenne, présentée par René Pleven dans le cadre d'un Plan de Communauté européenne de défense (CED). Un premier traité sera signé mais sous le gouvernement Mendès France, le Parlement français le rejette en 1954. Robert Schuman : Un gros dossier

de l’Action catholique (AC) de Moselle entre 1933 et 1938 montre que le Comité des Forges ne jouait pas au grand écart en finançant ses partis et les ligues. L’AC était le fief des de Wendel, des Seillières et de leurs délégués politiques, tel le député de Metz Robert Schuman. François Roth en fait un « modéré », mais sans citer la prose de l’ultra-clérical et germanophile « parlementaire catholique mosellan » partisan ouvert ou dissimulé, selon la conjoncture, de l’autonomisme alsacien, « très discret sur ses amis et contacts allemands » d’avant et « après 1933 », membre des très fascistes DRAC et FNC, féal des de Wendel (ce que nie l’auteur) et du Vatican (ce qu’il ne nie pas) ». Cet avocat inconditionnel des Etats « révisionnistes » (Hongrie) et des séparatistes croates, qui procéda à « la destruction volontaire de ses papiers en septembre 1940 », avait fait depuis les années 1920 « de la lutte antimaçonnique un des premiers points de son programme » avec la croisade contre l’école laïque : il fallait « abolir certaines lois infâmes, puis […] rétablir en droit les libertés religieuses [seulement…] tolérées en marge de la loi », clama-t-il le 10 mars 1935 à l’assemblée générale annuelle dont il était l’assesseur avec Guy de Wendel et que présidait l’évêque de Metz Jean-Baptiste Pelt.

Quand la Suisse dit non à l'Europe.

LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019 - 19


LE RÉVEIL DOSSIER Qui était vraiment Robert SHUMAN • En 1938, il vante les Accords de Munich • En 1940, il vote les pleins pouvoirs à Pétain puis devient secrétaire d’Etat sous Vichy • En 1944, il est condamné à la dégradation Nationale • Entre 1950 et 60, il est l’Homme de main de l’American Committee on United Europe Cet homme devenu un des « pères de l’Europe » avait fait le choix de la défaite en 1940 la déclaration prêtée par un publiciste au général Reicheneau : « Nous n’avons pas vaincu la France, elle nous fut donnée ». Cette revendication inouïe semble moins auda-

cieuse après lecture des fonds relatifs à une décennie d’actions des élites de la France – militaires, politiciens, journalistes, hommes d’affaires – que Marc Bloch soupçonnait de s’être livrées, avec leurs hommes de mains, à une « vaste entreprise de trahison ». Les hommes d’affaires – avec au sommet la Banque de France et le Comité des Forges, dirigé par un de ses régents, François de Wendel – régnaient sur tous les autres. La France était gouvernée par la Banque de France et les groupes qu’elle représentait. Ce grand capital dicta ses conditions à Herriot. Le gouvernement financier tenta simultanément, via ses obligés, la solution « fasciste ». Il sembla la délaisser quand la victoire contre Herriot du « Mur d’argent » fit triompher, avec Poincaré, l’assainissement financier

par décrets. Il ne l’abandonna point : les préparatifs du putsch Lyautey accompagnèrent, de 1926 à 1928, le soutien à Poincaré, son favori historique avec Pétain et Schuman. “Pour l’Europe”, seul ouvrage publié de Robert Schuman, permet de retrouver la pensée et la vision européennes qui ont guidé son œuvre. « Le lecteur se convaincra vite, que les analyses et les intuitions de ce grand homme d’État, bien qu’écrites dans le contexte des années 50 et 60, demeurent d’une grande actualité. Contrairement à ce que pensent certains, les idées avancées et mises en œuvre par les Pères de l’Europe ne sont pas dépassées par les évolutions, parfois radicales, que nous connaissons en ce début de siècle. » disait Jacques Delors.

Cette Europe d’aujourd’hui n’est pas notre Europe, et de la violence, les mouvements sociaux actuels en sont les révélateurs Une Europe forteresse, une Europe au service des multinationales qui développent et s’enrichissent avec le néocolonialisme

Face à la Grèce.

Une Europe militairement dépendante de l’OTAN qui nous entraîne dans toutes les guerres et les projets de cette organisation illégale, bras armé des Etats-Unis qui agit en violation de la Charte des Nations Unies dont nous sommes signataires. Cette dépendance est une entrave à la paix et un danger pour la paix. Une Europe des inégalités, de l’injustice sociale, livrée à l’appétit du capital, faisant fi de l’humain et des peuples, une Europe de la répression 20 - LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019

L’avenir de l’Europe que nous voulons passe par la souveraineté des nations et des peuples seuls garants de la Paix. Une Europe de la justice fiscale et sociale. Une Europe où la révolution informationnelle et les nouvelles technologies seraient au service des peuples et participeraient au développement des capacités humaines. Une Europe sociale et fraternelle dans le respect de chacun, une Europe des gens où l’humain serait au centre des actions et projets de vie.

L’Europe en question.

Cahier Mémoire réalisé par Jean-Claude Salomon, membre du Bureau National en s’appuyant sur le travail d'Annie Lacroix-Ritz, entre autre.


« Le projet de loi sur la fonction publique tourne le dos à la conception française républicaine » En échec sur sa réforme des institutions, Emmanuel Macron a entrepris de passer en force sur celle de la fonction publique, baptisée en la circonstance « réforme de l’État ». Le projet de loi que vient d’adopter, le 27 mars, le conseil des ministres n’est pourtant que l’aboutissement provisoire d’une démarche particulièrement chaotique. Les difficultés rencontrées par le gouvernement depuis un an l’ont contraint à réduire ses ambitions. Mais s’il proclame ne pas vouloir supprimer le statut général des fonctionnaires, son projet le dénature gravement en prévoyant, notamment, un recrutement massif de contractuels, des plans de départs volontaires de fonctionnaires, des ruptures conventionnelles dans des conditions incertaines, la réduction des compétences des organismes de concertation et la rémunération dite « au mérite ». Par ailleurs, outre la réduction de 120 000 emplois durant le quinquennat, les fonctionnaires seront concernés par les réformes à venir de l’assurance-chômage et des retraites. A l’origine, le gouvernement avait vu plus grand : dans un discours du 13 octobre 2017, le premier ministre Edouard Philippe avait mis en place une opération baptisée « CAP22 » autour d’un Comité action publique 2022 qui devait remettre un rapport avant la fin mars 2018. Or, celui-ci, simple décalque du management privé, s’est révélé incommunicable aux fonctionnaires et le premier ministre a dû reprendre la main pour aboutir au projet actuel. Depuis sa mise en place en 1983 sous la forme d’une fonction publique « à trois versants » (Etat, collectivités territoriales, établissements publics hospitaliers), le statut des fonctionnaires a subi de multiples attaques, soit frontales soit sous forme de centaines de mesures ponctuelles entraînant un véritable « mitage » du statut. Mais l’offensive actuelle est nouvelle en ce qu’elle tend à l’alignement du public sur le privé par la généralisation des techniques du new public management (nouvelle gestion publique).

Ce projet est d’abord une atteinte au service public dont la neutralité est menacée par le recours massif à des contractuels à tous les niveaux. Selon l’exposé des motifs du projet, pour lequel aucune étude d’impact préalable n’a été présentée, il s’agit de « responsabiliser les manageurs publics en développant les leviers qui leur permettront d’être de vrais chefs d’équipe », formule qui laisse poindre une version autoritaire du pouvoir hiérarchique. Ce projet est d’abord une atteinte au service public dont la neutralité est menacée par le recours massif à des contractuels à tous les niveaux, permettant ainsi à des dirigeants d’entreprises privées d’occuper des postes de direction d’administrations, de s’y constituer des réseaux d’influence avant de retourner à leurs affaires. Plus généralement, l’accès aux emplois publics étant statutairement conditionné par la réussite à un concours, cette exigence de capacité, d’attachement au service public et d’intégrité sera inévitablement réduite par la conclusion de simples contrats de droit privé n’engageant les parties que sur projet ou pour un temps limité. La formation et la gestion des agents publics seront rendues plus complexes et plus aléatoires, alors que la fonction publique appelle une gestion prévisionnelle des effectifs et des compétences à long terme. Cela explique sans doute la référence incantatoire des promoteurs du projet de loi à la déontologie, peu normative. Les allers-retours entre le public et le privé sont encouragés. Des « rétro-pantouflages » de hauts fonctionnaires – revenant dans les services de l’Etat après avoir passé quelques années dans le privé dont ils auront épousé l’idéolo-

gie managériale – entraîneront ainsi la confusion des finalités du privé et du public, un risque accru de conflits d’intérêts, la captation de l’action publique par l’oligarchie financière. Il s’agit avant tout, est-il annoncé, de « doter les manageurs des leviers de ressources humaines nécessaires à leur action », avec les risques d’arbitraire et d’autoritarisme subséquents. Le dialogue social est alors d’autant plus invoqué qu’il est inexistant dans la pratique, comme l’ont déploré toutes les organisations syndicales. Ce projet tourne le dos à la conception française républicaine de la fonction publique. Celle-ci s’est forgée au cours d’une histoire qui a d’abord vu la Révolution française supprimer les privilèges, dont la vénalité des charges publiques. Puis, après un XIXe siècle et une première moitié du XXe siècle dominés par l’autoritarisme hiérarchique et la conception du fonctionnaire sujet, LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019 - 21


LE RÉVEIL VOS DROITS vernement de remettre en cause durablement.

s’est affirmée à la Libération, par le statut fondateur de 1946, la conception du fonctionnaire citoyen. Enfin, le statut fédérateur instauré en 1983 a largement prouvé depuis trente-six ans sa solidité et son adaptabilité, érigeant la mobilité en garantie fondamentale des fonctionnaires. Cette histoire est portée par des tendances lourdes (sécularisation du pouvoir politique, socialisation des financements de besoins sociaux fondamentaux, maturation des concepts et des principes du service public) qu’il n’est au pouvoir d’aucun gou-

Le projet de loi est également contraire à la rationalité d’une action publique finalisée par l’intérêt général. La théorie économique libérale au stade du néolibéralisme, fut-elle hypermathématisée, ne saurait être l’inspiratrice d’une démarche scientifique pour une administration aujourd’hui dépourvue des moyens d’expertise indispensables. Au demeurant, l’empirisme d’une économie de marché placée sous les dogmes de la libre concurrence et de la réduction de la dépense publique, n’a que faire de la science économique. Ce projet est contraire à la morale républicaine. Sans qu’il soit besoin de revenir sur les affaires judiciaires et administratives de la garde rapprochée du président, celui-ci s’est affirmé en deux ans comme le représentant d’une classe et d’une caste. La primauté de l’intérêt général, l’affirmation du principe d’égalité, l’éthique d’une citoyenneté responsable sont des valeurs qu’il ne

donne pas l’impression de tenir pour essentielles. Ce projet de réforme de la fonction publique doit donc être récusé. Le grand débat n’en a pas fait une priorité. La population française est attachée au service public et elle estime les fonctionnaires. Toutes les organisations syndicales s’opposent au projet. Les associations d’élus font aujourd’hui front contre l’exécutif. De fortes réserves s’expriment au Parlement, dans la majorité présidentielle et jusqu’au sein même du gouvernement. Emmanuel Macron s’étant montré soucieux de recueillir les avis des grands intellectuels de notre pays, il serait temps que se manifestent dans la haute fonction publique assez d’esprits vigiles pour que l’on ne puisse pas parler dans quelque temps d’une nouvelle « trahison des clercs » Anicet Le Pors (Ancien ministre de la fonction publique et des réformes administratives (1981-1984), conseiller d’Etat honoraire)

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22 - LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019


VOS DROITS LE RÉVEIL

Groupe 1 - réunion du 5 mars 2019 Présidence de M. Lucas, directeur du cabinet de la Secrétaire d’Etat. Au cours de cette réunion plusieurs problèmes furent énoncés mais sans ni les aborder réellement et ni les résoudre. 1- Point PMI – Le principe d’une commission tripartite est admis, mais aucune réunion n’est prévue avant 2020. 2- Prévision d’une meilleure information à tous les soldats quittant l’armée, sur les demandes de carte d’ancien combattant. 3- ONAC : On fait le point sur la délivrance de la carte 1962-1964. Simplification de l’opération avec délivrance d’un imprimé unique pour la demande de la carte et la demande de la retraite d’ancien combattant. L’évaluation faite est sensiblement 50 000 dossiers. La demande initiale se fait au niveau local, puis passage pour avis devant une commission et enfin la décision finale est prise par la directrice générale de l’ONAC. Lors de la séance du 22 janvier 2019, 8 254 cartes ont été validées. Pour la prochaine réunion du 20 mars, 4 500 dossiers sont prévus. Une fois la carte attribuée et la retraite

réglée l’intéressé devra se rapprocher de son centre des impôts pour réclamer le bénéfice de la demi-part fiscale s’il est âgé de 74 ans. Le paiement de la retraite du combattant ne sera effectué qu’à partir du 1er février 2020. 4- Pour la prochaine réunion il faudra prévoir l’étude de la jurisprudence Brugnot et son inscription éventuelle dans le code des PMI. Ensuite différentes questions ont été posées par des associations. - combattants d’Indochine restés après les combats entre 1954 et 1957, ne pourraient-ils pas bénéficier des mêmes droits que les anciens d’Algérie. Ils sont âgés de 84 à 95 ans !!! - quid de l’attribution du titre de reconnaissance de la nation après un certain nombre de jours de présence ? La réponse serait pour bientôt.

Action sociale de l’ONAC année 2018 Les services départementaux ont traité 41 101 dossiers pour un budget de 29 millions d’euros avec report des fonds de l’année précédente et la collecte des bleuets très réussie. A l’étranger, 1 000 dossiers ont été traités par 21 ambassades.

En Afrique du Nord, 93 400 dossiers pour 856 000 euros. Aide en faveur de 2 444 blessés en OPEX et accompagnement en reconversion : 510.000 €. Victimes du terrorisme : 3 500 victimes dont 80 % en difficultés financières. Pupilles de la nation : 182 jugements d’adoption par l’Etat dont 80 adoptions d’enfants des OPEX. L’ONAC accompagne près de 900 pupilles. Solidarité entre les enfants de harkis et ceux des forces supplétives. 12 dossiers ont été examinés et quatre ont fait l’objet d’un rejet. Une question posée par une association Mission militaire de Potsdam – soldats envoyés en RDA par la DGSE : 1 mort pour la France et plusieurs blessés ? JTA

Compte rendu de la 1re réunion du groupe 3 : blessés invalides et veuves Sous la présidence de Monsieur Lucas, directeur de cabinet de madame la Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants et Victimes de Guerre. M. Lucas début la réunion en rappelant les sujets qui seront traités dans ce groupe 3. Réforme du contentieux des PMI : RAPO - traitements des PMI - névrose traumatique - reconversion des blessés

- conjoints survivants - veuves des grands invalides de guerre A cette liste, il y aura lieu d’ajouter, à la demande de plusieurs associations les sujets suivants : - blessés de la moelle épinière - centre de traitement des grands brûlés - définition précise des « blessés » - que doivent faire les associations ou surtout ne pas faire - typologie des veuves en vertu de leurs revenus ?

- quel supplément social donné aux veuves non imposable - problème des orphelins et pupilles de la Nation (sur demande de l’ARAC) Observation : Il est peu probable que tous ces nouveaux sujets seront traités. Lors de cette réunion du 12 mars 2019 furent développés le problème quant au nouveau contentieux des PMI et le problème de stationnements à Paris des grands invalides de guerre. LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019 - 23


LE RÉVEIL VOS DROITS

1- Contentieux des PMI Désormais les juridictions administratives seront compétentes pour connaître de ce contentieux : Tribunal administratif, cour administrative d’appel, Conseil d’Etat. Relative proximité des plaideurs au tribunal administratif territorialement compétent car ceux-ci sont au nombre de 42. La jurisprudence sera disponible sur plusieurs sites. L’aide juridictionnelle sera de droit.

Les intéressés disposeront bien d’un délai de 6 mois pour saisir le RAPO en cas de décision ministérielle de rejet. Là où les séances du RAPO ne seront pas ouvertes au public. L’administration devra recruter un personnel spécialisé et siégeront entre autres deux pensionnés « sélectionnés par l’administration » sur ce point la représentante de l’ARAC a fait observer qu’il serait de loin préférable que les associations proposent ces membres pensionnés plutôt qu’une « sélection faite » par l’administration. Les membres pensionnés seront considérés comme des collaborateurs occasionnels et ne seront pas rémunérés. L’administration a promis de préparer un véritable guide. Attendons !!!

2- Stationnement à Paris des grands invalides de guerre Le 1er janvier 2018 le stationnement à Paris était confié à une société privée

que méconnaît totalement le problème des anciens combattants et victimes de guerre et les cartes allouées aux handicapés. Le résultat est que de nombreux procès-verbaux de stationnement interdit ont été adressés aux personnes handicapées alors qu’elles avaient parfaitement fait le nécessaire en posant le macaron sur le pare-brise de leur voiture automobile. La société privée se contentait d’enregistrer sur l’arrière de la voiture le numéro d’immatriculation de celle-ci… sans s’occuper du pare-brise. Un rappel a été fait par l’ONAC à la mairie de Paris. L’ONAC a indiqué surveiller depuis ce problème afin qu’un terme soit mis rapidement à cette situation. Compte-tenu des délais trop brefs pour certains problèmes, la réunion du 27 mars a été annulée.

2e réunion du groupe 1 - 14 mars 2019 Présidence de Monsieur Lucas, directeur de cabinet Réparation : 3 discussions La demi-fiscale la campagne double le TRN pour les sentinelles

I – La demi-part fiscale Cette demi-part fiscale fut accordée en 1982 à l’ancien combattant. Les représentants des associations présentes ont tous soutenu qu’il fallait se reporter à l’intention du législateur en 1982, lequel souhaiterait apporter un droit à réparation à l’ancien combattant et à sa veuve. C’est l’ONAC qui par la suite a remis en cause ce droit pour la veuve au motif qu’il s’agirait d’un droit dérivé. Observations : Hors ce droit dérivé n’existe pas en droit français… c’est une notion communautaire. En second lieu l’égalité des droits entre les dif24 - LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019

férentes veuves (conjoints survivants) est violée. M. Florent RODE intervient : conseiller fiscalité. La demi-part est essentiellement et seulement pour les anciens combattants et non pour la veuve. Les associations demandent alors un nouveau texte de loi réformatrice. M. Lucas directeur de cabinet souhaite une étude du nombre de la population touchée.

III – TRN pour les sentinelles réservistes

II – Campagne double

Il s’agit des militaires blessés ou tués sur le territoire national.

D’après l’avis du conseil d’état de 2006 la seule présence sur le territoire ne suffit pas, il faut également la présence sur les lieux de combat. Le ministère exige des actions de feu et de combat. Une directive va être prise pour aider l’administré à retrouver les archives militaires à Pau et les états signalétiques et des services.

Le TRN a été créé en 1968 : code des PMI D331 et suivants. Exigence de 90 jours de service, sauf en cas de blessure. Le TRN ouvre droit à une rente mutualiste et le titulaire sera ressortissant de l’ONAC. L’attribution du TRN est le premier pas à l’obtention de la carte du combattant.

Le TRN est prévu pour les anciens combattants possédant la carte « à cheval ». La médaille de reconnaissance de la nation est prévue pour les réservistes. La réunion du 2 avril 2019 à 14 h 30 s e penchera sur le problème de la Tunisie et du Maroc ainsi que sur Potsdam.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Il faut mettre un terme à la marchandisation des drapeaux des associations d’anciens combattants Ci-dessous quelques extraits de l’intervention de Mme Laurence Cohen - sénatrice communiste du Val-deMarne - que vous pouvez retrouver dans son intégralité (https://senateurscrce.fr/auteur/laurence-cohen) « …interpellée à plusieurs reprises par les associations d’anciens combattants exprimant leurs inquiétudes devant la dispersion de leurs drapeaux. Après ceux de la Grande Guerre, les anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, d’Afrique du Nord et d’Indochine disparaissent à leur tour. Avec eux, c’est évidemment la mémoire des terribles conflits du XXe siècle qui disparaît, ainsi que les symboles de ces guerres…

(…) Ainsi, si un particulier possède un drapeau d’une association d’anciens combattants, il pourra lui être demandé à tout moment de le remettre à cette association. Désormais, dès lors qu’un drapeau portera les signes distinctifs d’une association d’anciens combattants, il sera présumé appartenir à cette association.... Les associations pourront récupérer gratuitement leurs drapeaux qui viendraient à être vendus indument.

Les ventes de drapeaux d’associations d’anciens combattants dans les brocantes ou sur internet mettent en péril notre patrimoine mémoriel. Il est donc indispensable d’en finir avec cette marchandisation et cette liquidation des emblèmes des conflits passés.

(…) Je profite de l’examen de ce texte pour rappeler au Gouvernement, qui a diminué les crédits alloués à la politique de mémoire de 2,79 millions d’euros en 2019, soit de plus de 20 % par rapport à 2018, que la protection de notre mémoire passe également par l’arrêt des réductions de budgets.

Pour aider l’ARAC à pérenniser son action pour la paix, pour le respect de la souveraineté des peuples et du droit international Pour contribuer à défendre les valeurs de la République, aujourd’hui menacées, et les droits acquis par l’action des hommes et des femmes de notre pays tout au long de l’histoire. Pour donner les moyens à l’ARAC de poursuivre son combat antifasciste avec détermination.

(…) Je pense, en particulier, à l’Association Républicaine des Anciens Combattants, l’ARAC, dont l’État a supprimé la subvention d’action sociale de 70 000 euros. Le libéralisme économique promu par le Président de la République et le Premier ministre est contraire au respect et à la préservation du patrimoine mémoriel. Celui-ci joue pourtant un rôle essentiel pour convaincre les jeunes générations de la nécessité de l’engagement contre la guerre, pour la paix, pour l’amitié et la solidarité entre tous les peuples, seule voie pour construire l’avenir auquel aspirent toutes les femmes et tous les hommes conscients de leur fraternité. Par les temps qui courent, il n’est pas inutile de le rappeler ici…

Pensez aux dons ou aux legs à l’ARAC Pour tous renseignements, toutes documentations Prendre contact avec Annick par téléphone le lundi, mercredi ou jeudi au 01 42 11 11 18 ou par mail arac.nationale@orange.fr ou encore par courrier à l’adresse de l’ARAC 2 Place du Méridien 94800 VILLEJUIF

LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019 - 25


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC Monsieur Daniel LEJEUNE photographe d’art a réalisé une série de photos dont l’ensemble est intitulé « Que maudite soit la guerre » à la mémoire des soldats, des infirmières, des « fusillés pour l’exemple », des travailleurs et des civils – de toutes nationalités – morts en 1914-1918, victimes innocentes d’une « guerre infâme » (« La chanson de Craonne », initialement « Chanson de Lorette », chantée dès 1915 sur le front de l’Artois) provoquée par les ambitions territoriales et coloniales des classes dominantes et des dirigeants des pays belligérants. Et le pire était à venir. Plus jamais tant de morts, de souffrances et d’injustices. Les pertes humaines de la Première Guerre mondiale sont estimées à 18,6 millions de morts, dont 9,7 millions de militaires et 8,9 millions de civils. Monsieur Daniel LEJEUNE a cédé à l’A.R.A.C les originaux et les droits cette collection. La remise a eu lieu officiellement au mois de janvier en présence de Patrick Staat, Secrétaire Général.

Nos peines ■ 03 - ALLIER

« La Butte rouge » « La butte rouge, c’est son nom, l’baptême s’fit un matin Où tous ceux qui grimpaient roulaient dans le ravin. Aujourd’hui y’a des vignes, il y pousse du raisin, Mais moi j’y vois des croix portant l’nom des copains » (Gaston Montéhus, sur une musique de Georges Krier).

Gannat : Jean CANTE, AC ATM. ■ 06 - ALPES MARITIMES Nice Trinité : René BEZET, 83 ans, AC ATM. ■ 24 - DORDOGNE Montrem : Christian CRABANAC. ■ 30 - GARD Nimes : Marius FOISSAC. ■ 44 - LOIRE ATLANTIQUE Orvault : Henri PINEL, 79 ans, AC ATM. ■ 63 - PUY DE DOME

Carré musulman-Négropole nationale d’Amiens (Somme, France)

Aubière : Georges DEGIRONDE. Roland SAUVADET Cournon d’Auvergne : Mme Marie-Thérèse MARCHADIER, 91 ans, veuve de guerre, porte-drapeau . ■ 76 - SEINE MARITIME Le Havre : Jean-Pierre MAGUET, AC ATM. ■ 80 - SOMME Cayeux sur Mer : André PERROTTE, AC ATM. Gérard STRAVIUS. ■ 83 - VAR Puget Ville : Michel VEYS, AC ATM. ■ 91 - ESSONNE Savigny sur Orge : Jean-Claude DAVE, combattant pour la Paix. José DELEU, AC ATM. ■ 94 - VAL DE MARNE

Fontenay-sous-Bois : Georges CHAYRAMY, AC 39-45

26 - LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019

Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil (Pas-de-Calais, France) Entre 1915 à 1919, en moyenne jusqu’à 1 000 civils belges de la région d’Ypres, réfugiés en France, étaient soignés chaque année à la Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil, transformée en hôpital civil à leur intention. Décimés par les maladies, au moins 599 d’entre-eux ont été inhumés dans un pré et oubliés pendant cent ans.

Entre 550 000 et 600 000 “indigènes”, issus des colonies françaises, ont été mobilisés de 1914 à 1918. 450 000 d’entre eux ont combattu sur le front en Europe. Ils représentaient environ 7 % des mobilisés et 15 % des combattants. La nécropole nationale d’Amiens/Saint-Auchel regroupe 2 739 tombes de soldats décédés dans les hôpitaux militaires d’Amiens, dont 220 sépultures dans le carré musulman. « Que maudite soit la guerre » Ce montage photographique représente le monument de Riom (63) à la mémoire des “fusillés pour l’exemple” de 1914/1918 et des maquisards de 1939/1945, et le monument au morts d’equeurdreville (50), sur lequel est inscrit “Que maudite soit la guerre”.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Charente (16) Assemblée générale le 24 janvier 2019 de la section de Ruelle l’Isle d’Espagnac. Après avoir souhaité la bienvenue aux participants. Le président a demandé un instant de recueillement pour nos camarades qui nous ont quittés, notamment Yves Livert. Un budget 2019 des AC en baisse sur 2018 de 5,13 %, la campagne double.

Deux-Sèvres (79) La politique actuelle en France au seul profit de la finance, casser chaque droit acquis, et surtout la case du CNR etc. Discussions sur le fonctionnement des sections, sur l’avenir de l’ARAC. Le bureau élu : Président d’honneur : Michel Tricoche, Membre honoraire : Albéric Vallade. Président de section : Jean-Pierre Colas, secrétaire : Annette Colas, Trésorier et porte-drapeau : Jean-Claude Rapaud, membres : Michel Combeau, Guy Morellet, Serge Gignac. Tout cela en présence du maire-adjoint responsable des anciens combattants. Annette Colas

Nous avons appris le décès de François MICHEL, camarade de l’ARAC 79, pupille de la Nation, des suites d’une longue maladie. Toutes nos condoléances attristées à Guy Michel, membre du CN, président départemental et à la famille. Jean-Claude VOBORE, membre du Conseil National d’Honneur de l’ARAC est décédé. Nous présentons nos condoléances à ses camarades de l’ARAC 79 et à son fils Bruno.

Seine-Saint-Denis (93) Notre ami Serge Lamothe de Bagnolet est décédé à la suite d’une difficile maladie. Fils de Guy LAMOTHE, ancien vice-président de l’ARAC et de Jacqueline, collaboratrice du journal. Toute notre amitié et affection à sa famille et tout particulièrement à Jacqueline, sa maman.

Saône-et-Loire (71) A l’initiative de l’ARAC, en présence de Liliane Rehby, Raymond Renaud déporté au camp de Buchenwald, devant les CM2 de l’école Pasteur de Gueugnon. M. Jacky Comte, professeur accueillait Raymond Renaud. À l’aube de ses 96 ans, doté d’une mémoire infaillible, il a témoigné durant deux heures de sa terrible expérience. Né à Montceau les mines dans une famille très modeste. Son père, un communiste a été arrêté par la police de Vichy et déporté à Auschwitz pour activités de propagande. Raymond ignorait les activités de son père et à la demande du groupe, il décide de poursuivre son action. En 1942, il est arrêté, emprisonné à Compiègne. En 1943 Il part au camp de Buchenwald près de Weimar, entassés dans des wagons à bestiaux, manquant d’eau et de nourriture. Il intégrera le block 40 qu’il a reproduit en maquette. Réalisée par ses soins, une maquette détaillée du camp est accrochée au tableau. « Il y avait là des Allemands, des Tchèques, des Yougoslaves, des Russes et j’en passe. Nous n’étions que 10 % de Français. »

Lucie a une question : « Avez-vous connu mon arrière-grand-père Pierre qui était au même camp que vous »? Raymond Renaud ne s’en souvient pas : « Il devait être dans un autre block. Nous étions entassés à 800 dans des baraquements, nous dormions sur des paillasses superposées et nous n’avions absolument pas le droit de changer de lit, il fallait que les Kapos puissent nous reconnaître, un par un. « Y avait-il des rats dans vos chambrées » ? demande Néhémie. Le vieil homme répond que la seule fois où il avait vu des rats c’était sur les corps de cadavres entassés devant un mur. Paul s’interroge sur l’état d’esprit qui animait les déportés au camp : « Malgré la barrière de la langue, nous arrivions à nous comprendre et commencions déjà à résister et s’entraider. Nous gardions l’espoir de sortir de ce camp, vivants. En cachette, nous élaborions le jour où nous pourrions nous libérer. »

Durant les trois ans d’internement, Raymond Renaud a travaillé dur. D’abord aux carrières, abattage d’arbres, transport de troncs de 20 mètres à mains nues, travaux de menuiserie pour construire les villas des officiers nazis. Il finira au chaud en intégrant un atelier d’usinage. La solidarité du bloc 40 était exemplaire ainsi que la résistance passive dans le travail, apprend que la résistance clandestine était organisée dans le camp. Ils avaient réussi à dérober 83 fusils. Il est également important de préciser que la libération du camp a été effectuée par les déportés eux-mêmes. Le 11 avril 1945 – bien après le débarquement des alliés – c’était la délivrance, armes à la main. D’où son message final de solidarité « Mes petits, une simple main sur l’épaule réconforte. Alors apprenez à rester solidaires. Plus jamais ça ! » LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019 - 27


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Message UFAC – 8 mai 2019 Soixante-quatorze années nous séparent du 8 mai 1945 qui a vu la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie. Ce moment déterminant mettait un terme à la guerre en Europe et annonçait la fin proche de la Seconde Guerre mondiale. En ce jour anniversaire, rendons hommage aux soldats de toutes conditions et de tous grades des Forces Françaises Libres, des Forces Françaises de l’Intérieur, des Armées alliées, aux Résistants de tous les pays qui formaient la coalition antihitlérienne, ainsi qu’aux victimes civiles et aux martyrs des camps de concentration et d’extermination nazis. Honorons la mémoire de toutes celles et tous ceux qui ont été victimes de l’atroce réalité des événements de la Seconde Guerre mondiale : victimes civiles, prisonniers, résistants, déportés, torturés, fusillés, massacrés, pour leur courage, leur esprit de sacrifice et leur sens du devoir. En cette année du 75e anniversaire des premiers combats de la Libération, rendons hommage à toutes celles et tous

Côte d’Or (21) Le 16 mars 2019, s’est tenue l’Assemblée Générale de Chenove en présence de Bernard Porrini, président départemental. Après l’énoncé des commémorations auxquelles nous avons participé ainsi que l’évolution politique de l’année 2018. La trésorière MaDe gauche à droite: Jean-Dominique BA- rie-Claire DORCY a présenté le GNARD conseiller municipal au monde bilan financier, le quitus a été donné combattant de Chenôve, Raymond COPPIN par les vérificateurs bénévoles. président de l’ARAC Chenôve, Thierry FALCONNET maire PS de Chenôve et Bernard Les rapports ont été approuvés à l’unanimité. Election du bureau PORRINI président de l’ARAC Côte d’Or. avec une nouvelle élue secrétaire adjointe Sabrina JACQUEL. Nous avons clos l’AG par un apéritif, puis un mâchon convivial.

Pessac (33) L’ARAC de Pessac a tenu son AG avec Régis Saphores, président départemental et secrétaire national de l’ARAC. Une adhésion a été réalisée à l’occasion. Alain Ardiley, Président a remercié chaleureusement les présents à cette AG, moment véritable de dialogue entre nous tous. Permettez-moi également de souligner que, par votre nombre, vous témoignez de l’intérêt à nos activités et au développement de notre ARAC, ce dont je me réjouis. En effet, notre association, c’est vous et vous seuls ! 28 - LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019

ceux qui ont consenti le sacrifice suprême pour rendre à la France son “Honneur et sa Liberté”. Ces combats, préludes à la Victoire contre les tentatives d’hégémonie nazie, annonçaient une ère nouvelle, laissant espérer à tous les peuples des jours meilleurs et la fin de tous les conflits armés. Conscients que la Paix et les valeurs humanistes qui sont les leurs sont particulièrement fragiles, les Françaises et les Français regrettent que les espérances nées de cette victoire historique du 8 Mai 1945 soient bafouées, le monde connaissant encore aujourd’hui, des situations de guerre, de violence, de racisme et de haine. L’Union Française des Associations de Combattants et de Victimes de Guerre (UFAC), invite donc chacune et chacun, particulièrement les jeunes, à œuvrer pour un monde de Liberté, de Fraternité, de Solidarité et de Paix. Vive la République ! Vive la France ! Après ces mots de bienvenue et les vœux, il a poursuivi. En espérant qu’ensemble nous pourrons contribuer à une société empreinte de plus de justice sociale, d’égalité, de fraternité, de solidarité et de paix. 2019 s’annonce exigeante, soyons à la hauteur de notre histoire, de nos valeurs, de la démocratie et des besoins de notre société, plus que jamais soyons les porteurs déterminés du droit de tous pour tous ! Un hommage a été rendu à Jean Simone et Gilbert Bizié le doyen d’âge de notre section. Notre pays souffre du creusement des inégalités et des fins de mois de plus en plus difficiles.les réponses du gouvernement ne sont pas à la hauteur des exigences du moment. Après avoir débattu de l’augmentation dérisoire de la valeur du point d’indice ont été abordés, la laïcité, la loi de 1905, la loi Debré de 1959 qui donne des milliards pour financer l’enseignement privé, au détriment de l’école de la République. Santé, financée par les ménages et les mutuelles avec la Sécurité Sociale qui ne prend plus en charge tous les remboursements. Alain Ardiley


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Alpes-Maritimes (06)

Havre (76)

La commémoration de la fin de la guerre d’Algérie a eu lieu ce mardi 19 mars au mémorial AFN (Algérie, Tunisie, Maroc) du département des Alpes Maritimes et Monaco de Valbonne. La cérémonie s’est déroulée en présence de Mme la Sous-Préfète de Nice-montagne, du maire de Valbonne, du directeur de l’ONAC 06. L’ARAC 06 était représentée par une délégation menée par la présidente départementale Chantal PIPART. Les porte-drapeaux étaient Roger Gillosi et

Cérémonie du 19 mars

Gilbert Lucazeau (Tunisie) de l’ARAC du Morvan. La gerbe de l’association a été déposée par la présidente, sa petite fille Matilda (9 ans) et Michel Aubert. Francis Pipart

Rassemblement avec l’ARAC, le Mouvement de la Paix, la CGT, le PCF… pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie et recueillement des présents devant la plaque, en place depuis 1964, où figurent les 47 noms de jeunes havrais morts durant la guerre Algérie, victimes du colonialisme.

Ruelle-sur-Touvre (16)

Saint-Martin-du-Var Cérémonie à la stèle du (06) 19 mars 2019

Saint-Raphaël (83) L’ARAC a célébré avec son Président, le 57e Anniversaire du cessez-le-feu de la Guerre d’Algérie devant la stèle inaugurée le 28 février 2015. Une participation nombreuse a assisté à la cérémonie. Le Président de l’ARAC maître de cérémonie, en présence du Maire Monsieur Michel TRICOCHE, des Adjoints et de nombreux Ruellois, quatre porte-drapeaux et la musique qui nous a accompagnés tout le long de la cérémonie. Le Maire a déposé la gerbe ARACFNACA. Appel aux morts des cantons de RUELLE par Madame Madeleine FAVRE. Lecture par le Maire du message de la Secrétaire d’Etat. Annette COLAS

Villejuif (94) - 19 Mars La gerbe de l’ARAC est déposée par Jacqueline Deiss, dirigeante locale de l’ARAC et Patrick Staat, Secrétaire général national. Patrick Staat et Jacqueline Deiss.

Rendez-vous pris incontournable comme chaque année, le 57e anniversaire de la signature des Accords d'Evian a été commémoré avec ferveur au monument aux morts par un dépôt de gerbes. Un apéritif d’honneur offert par la municipalité a clôturé cette partie de la journée. Un banquet fraternel a rassemblé une cinquantaine de personnes. Invités d'honneur à notre repas nos deux appelés du contingent Christian Deniort et Joseph Audibert ont obtenu leur carte d’Anciens Combattants de la guerre d’Algérie, enfin, la lutte des anciens combattants toutes associations confondues a payé, bienvenu chez vous et merci pour votre adhésion à l’ARAC. Le président Alain SCHIAZZA

Dépôt de gerbes.

L’ARAC avec la FNACA, l’ANCAC, l’ANACR était présente à Saint-Raphaël ce 19 mars, le fleurissement du monument a été effectué, Louis REYMONDON avec l’ANACR et l’ANCAC déposa la gerbe, enfin une sono avait été prêtée par la ville et la Présence de l’ancien premier Adjoint. Lecture des noms des 19 militaires morts pour la France en Algérie. Le matin deux adhérents de l’arac de TOULON assistaient à la cérémonie officielle préfectorale. A la GARDE FREINET cérémonie pour les 246 soldats du var décédés en Algérie. LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019 - 29


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Assemblée interdépartementale du 8 mars 2019 à Gonfaron (Var) Sous la Présidence de Régis SAPHORES, secrétaire national, Jacques GOUTORBE de la commission nationale à l’organisation, Gérard VALLEE (secrétaire arac du Var), tous deux membres du Bureau National. Objectifs : aborder les défis et les enjeux de notre association des Combattants pour la PAIX. Madame la Première adjointe avait été invitée par la section de Gonfaron. Nous avons pu débattre des grands sujets qui nous préoccupent, Régis SAPHORES a rappelé que notre association est la seule qui affirme ses

ambitions républicaines depuis cent ans, cela figure dans le titre de l’association portant ainsi les valeurs républicaines indissociables des valeurs de Paix. Jacques GOUTORBE a rappelé les moyens pour mettre en œuvre nos actions indispensables pour faire connaître l’Arac, faire des adhésions et organiser des conférences ou mini conférence. Une première réunion spécifique du conseil départemental du Var avait eu lieu afin de renforcer le bureau départemental suite au retrait de Marcel BRULEFERT pour raisons de santé

qui devient Président d’honneur de l’Arac départementale, Merci à la municipalité et à la section de Gonfaron d’avoir assuré la logistique nécessaire au bon déroulement de ces réunions.

Finistère (29)

Pyrénées Orientales (66)

Le 30 mars 2019 – Association républicaine des anciens combattants du Finistère Une volonté d’ouverture

Rajeunissement et innovation aux Amis du Maquis Henri Barbusse

L’Assemblée générale du comité départemental de l’ARAC du Finistère s’est tenue le 30 mars. Après la présentation des différents, les participants ont échangé sur la situation actuelle au niveau national et international. Le comité départemental a par ailleurs décidé d’axer sa politique sur plusieurs points : travail de contact auprès des OPEX (opérations militaires extérieures de la France) pour la défense et la reconnaissance de leurs droits, lancement d’une campagne « faire la guerre n’est pas un métier comme un autre » pour promouvoir la paix, un désarmement nucléaire en particulier.

Rajeunissement souhaité « L’ARAC n’est pas réservée seulement aux anciens combattants, mais aussi aux pacifistes. C’est pourquoi notre comité tient à s’ouvrir davantage aux combattants de la paix, à renouveler, à rajeunir notre association. A la demande des adhérents de Concarneau, un communiqué concernant l’hôpital de cette ville – dont le maintien du service des urgences est sur la sellette – a été rédigé.

Les adhérents du comité départemental de l'Arac se sont retrouvés samedi matin à Kergoat.

30 - LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019

Permanence le mercredi aprèsmidi au local de l’ARAC situé au 41 rue Général-Borgnis-Desbordes à Kergoat.

L’assemblée générale des Amis du Maquis le 30 mars à Millas avec la participation de l’ARAC 66 a remarquablement fait ressortir de nombreux points positifs : L’enrichissement de l’exposition du Maquis au Château de Caladroy de nouveaux éléments ayant été apportés ; l’aménagement du « chemin de la mémoire » du Col de la Bataille au Mas Pleus ; organisation d’une randonnée au mois de mai ; la commémoration au monument en juillet. D’autres projets ont surgis impulsés par des femmes apportant un rajeunissement dans le bureau. Le président Etienne Mas a rappelé la mémoire de Adrien Vidal dernier résistant du Maquis, accueilli une délégation de l’Amicale des guérilleros espagnols et la présence du président de l’ARAC Daniel Baillette. Avant la réunion un film reportage sur la naissance du Maquis réalisé par l’association « Arobase » de Saint Estève (p o) a été très apprécié par les participants. Membres du bureau : Président Etienne Mas, vice-présidente Valérie Maurin, secrétaire Angélique Palmade, secrétaire adjointe Chantal Richard, trésorier André Gazé, relation information presse Josef Almodovar Jacques Knecht ; autres membres actifs : Gilbert Gendre, Daniel Baillette, Yves Legoué, Raymond Perez Amis maquis Henri Barbusse


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Roland Weyl, une vie d’engagements et de luttes au service des autres Roland WEYL a 100 ans dont 80 ans comme avocat. Militant, résistant, combattant du droit et de la justice sociale, il est le défenseur des opprimés. Son grand-père, profondément laïque, avait soutenu le Capitaine Dreyfus. Son père lui récitait la Déclaration de l’Homme et du Citoyen de 1798 à l’heure du coucher. Sa mère, profondément marquée par la Grande Guerre, lui a donné une éducation pacifiste. C’est avec un trait d’humour que Roland Weyl nous retrace son parcours : « L’année de ma naissance, 1919, a été celle de la fondation de l’Internationale Communiste, et surtout ma mère m’a fait naître un 18 mars, anniversaire de la Commune de Paris. Alors c’est tout naturellement qu’à l’expérience successive du Front Populaire et de la Libération, je suis devenu communiste. Je l’ai aussitôt payé : il y avait au barreau de Paris pour les jeunes avocats un concours de la Conférence où on passait 3 trois éliminatoires devant un jury de 12 prédécesseurs qui élisaient leurs successeurs pour le jury de l’année suivante… Parce que j’étais communiste, j’ai été 2 fois 13e et comme en cas de départ en cours d’année d’un des 12e, le 13e venait prendre sa place, la troisième année, j’ai été classé 14e pour en éviter le risque. Mais je ne m’en plains pas car le 28 janvier 1949, dans une des galeries du Palais, il y avait un groupe de 4 à 5 jeunes avocats parmi lesquels l’une d’eux tempêtait contre le scandale qu’était mon élimination. J’ai ainsi fait sa connaissance et six semaines plus tard Monique Picard et moi étions mariés pour 60 ans de bonheur inégalable et de combats communs sans lesquels je n’aurais pas fait le millième de ce que j’ai fait » Membre fondateur du Mouvement de la Paix Français, créé au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale par des

Roland Weyl.

grands courants de Résistance, notamment ceux communiste, chrétienne. 1er Vice-président de l’Association Internationale des Juristes Démocrates, qu’il a rejoint dès sa création en 1946. Il a contribué à la rédaction de la Charte des Nations Unies en 1945, évoque les causes qu’il a défendues, sans pouvoir les rappeler toutes : défense des mineurs grévistes de 1948, défense au Tribunal Militaire des Pacifistes ayant déchargé un train d’armes en partance pour l’Indochine, défense des Fils de Fusillés ayant refusé de servir à l’OTAN sous les ordres de Speidel, défense des Algériens devant les Tribunaux Militaires, défense des Victimes de Charonne… Pour Roland Weyl : « La justice et le droit ne doivent pas être des domaines confisqués par les juristes, dont le devoir est de se mettre au service de leur défense et de leur promotion citoyennes. C’est plus vrai que jamais de nos jours quand des réformes menacent et déjà atteignent les valeurs judiciaires que sont le principe contradictoire, de la proximité, de la publi-

cité et de la déontologie. Le droit est aussi un combat citoyen à condition de ne pas le voir comme un instrument d’autorité mais d’organisation… c’est dire combien ce 80e ne peut être qu’une étape et qu’il va falloir beaucoup de temps devant soi… » Voilà pourquoi l’ARAC lui rend hommage, lui qui est membre de son Conseil National d’Honneur. Il participe avec nous aux initiatives sur les questions internationales, la connaissance de la Charte des Nations Unies, sur le respect de la souveraineté des peuples. Voilà pourquoi nous lui souhaitons un bon anniversaire. Nous étions à ses côtés lors de la cérémonie organisée par l’ordre des avocats de Paris où Mme Marie-Aimée Peyron – bâtonnier de Paris- a salué son parcours et ses nombreux engagements. Etaient présents à cette cérémonie M. F. Wurtz, M. J. Fremont, Mme M. Santos, Mme J. Mirer, M. M. Bentoumi,… Brigitte Canévêt LE RÉVEIL - N° 853 - AVRIL 2019 - 31


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