Le journal des combattants - Mars 2019

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CES USINES MENACÉES DE FERMETURE

LA RÉSISTANCE : CONFIANCE AU PEUPLE

ISRAËL : NETANYAHOU VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL PRÊT À TOUT

Mars 2019 - N° 852 - 5 €

Ce qui a été possible, il y a 75 ans pour le bien de tous

I U ’H D R U O J U ’A D T N E M E N R E V U O G LE LE DÉTRUIT

Ensemble, défendons les valeurs de la République


LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Privations : Le gouvernement brade des biens publics français rentables et indispensables à la souveraineté nationale En pleine période de tensions politiques et des décisions gouvernementales qui ne font qu’accroître la violence « voulue », le gouvernement a fait valider à l’Assemblée Nationale une série de projets de loi contraires à l’intérêt national. Au terme de trois longues journées de débats et une nuit complète, les députés ont voté, samedi 16 mars, à 06 h 15 par 27 voix contre 15 et 3 abstentions le projet de loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) porté par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Les élus LREM, MoDem et UDI-Agir ont voté pour, l'ensemble de la gauche contre, tandis que LR et Libertés et territoires se sont partagés. Le texte prévoit notamment de supprimer pour l’Etat l’obligation de détenir la majorité du capital du groupe Aéroports de Paris, de privatiser la Française des Jeux ou encore d’autoriser l’Etat à descendre sous le tiers des parts dans le capital d’Engie (anciennement GDF Suez). Il s’agit donc de la remise en cause du modèle social français et de la souveraineté nationale, sur des sujets importants (ADP, suppression du tarif réglementé du gaz). Le texte va maintenant faire une ultime navette avec le Sénat avant son retour et son adoption définitive par l’Assemblée Nationale qui a le dernier mot. Une autre logique politique et économique est possible Nous devons multiplier les initiatives avant que le vote définitif n’ait lieu. Ces nationalisations avaient été décidées en 1944-1945 dans la foulée de la mise en place du C.N.R., tout comme la Sécurité Sociale, le droit des comités d’entreprise, la nationalisation de Renault, etc. ARAC - 19/03//2019 Offrez un abonnement au Réveil des Combattants à un ami, un proche, un de vos enfants. Ainsi, c’est contribuer à transmettre la mémoire, aider à s’appuyer sur l’histoire pour construire l’avenir. C’est permettre de connaître les enjeux républicains, c’est tenter de comprendre le monde. C’est œuvrer pour la paix, l’amitié, la solidarité, l’antifascisme. C’est donner tout son sens à l’idée de la souveraineté des nations, pour construire un monde en paix. 10 numéros par an : 28 € – Soit par chèque 28 € à l’ordre du Réveil des combattants – Soit par prélèvement automatique (nous faire parvenir un RIB) Contact : Térésa GORAIN – 01 42 11 11 11– reveil-des-combattants@wanadoo.fr

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ÉDITO LE RÉVEIL QUEL MEPRIS MONSIEUR MACRON !

SOMMAIRE Actualités Le gouvernement brade des biens publics français rentables et indispensables à la souveraineté nationale ................................................... 2 Gouvernement : parole non tenue GM&S : un an et demi après le plan social, la gueule de bois des salariés ............................................................. 4 Il ne faut surtout pas privatiser ADP .............................................................. 5 Les services publics « s’effacent peu à peu » alerte le défenseur des droits ...................................................................................................... 6 Ces usines menacées de fermeture .............................................................. 7 Les députés donnent leur feu vert à la création d'une assemblée parlementaire franco-allemande.................................................................... 8

International Iran : Deux poids, deux mesures ! ................................................................. 8 Loi El Khomri : l’Europe condamne la France Aménagement des 35 heures ............................................................................................... 9 Israël : Netanyahou prêt à toutl .................................................................. 10 Algérie ........................................................................................................ 11 USA/Corée : Un sommet en Trump l’œil ...................................................... 12

Vos Droits Que faire en cas de refus de soins aux bénéficiaires de la CMU-C, de l’ACS et de l’AME ? .................................................................................. 22 Demi-part fiscale supplémentaire ! ............................................................... 22 Conférence à la Mutuelle Familiale sur la Première Guerre Mondiale en partenariat avec l’ARAC ................................................................................ 23 1919-2019 : Ne laissons pas disparaître nos droits ..................................... 24 La Mutuelle Familiale à vos côtés ................................................................. 24

Vie de l’ARAC Vie de l’ARAC .......................................................................................... 25-31

P. 13 . D O S S I E R Résistance : Confiance au peuple

www.le-reveil-des-combattants.frr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0723-A06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires

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ersonne ne peut accepter la violence, mais personne ne peut accepter, surtout quand la majorité de la population soutient les revendications, de se heurter à un tel mur de dédain de la part du gouvernement. Tout est fait pour tendre la situation, faire porter à ceux qui s’expriment la responsabilité de la violence, pour mettre en place des mesures répressives inacceptables. La surdité aux revendications marque le mépris du pouvoir vis-à-vis des besoins d’une large part de la société française. Quand on parle de salaire médian à 1 700 euros, cela veut dire que la grande majorité des français ont un salaire inférieur à cette moyenne, que beaucoup survivent. Il est temps d’entendre les aspirations, plutôt que de détruire chaque jour un peu plus la conception de la République Sociale de notre pays construite depuis 230 années et qui ont connu : 1936 et le Front populaire ; le programme du CNR qui dans un pays ravagé par la guerre a permis des avancées sociales et démocratiques décisives ; 1968 et l’augmentation du pouvoir d’achat et des droits des salariés. Vouloir justifier en permanence « la concurrence libre et non faussée » chère à l’Union européenne, c’est marginaliser des millions de familles, c’est augmenter la pauvreté, c’est aggraver la précarité. On le voit le CICE, l’ISF, l’évasion fiscale pour ceux qui possèdent déjà presque tout, les dividendes versés aux actionnaires, ce sont près de 200 milliards de cadeaux décidés ou acceptés par le gouvernement. Il y a une attente très forte dans le pays à la fois d'é d'égalité, de justice sociale et fiscale, de lutte contre les inégalités. At Attention la colère existe, elle gronde, elle peut regr grouper tous ceux qui aujourd’hui n’attendent plus rie rien de votre politique : salariés, retraités, jeunes, gil gilets jaunes, fonctionnaires, chômeurs… tous ce ceux qui sont touchés depuis 30 ans par la politique d’ d’une austérité. Ce Cette situation doit donner lieu à un rassemblement qu qui peut marquer un pas en avant pour une politique sociale dans notre pays, la lutte contre les inégalités, une plus juste répartition des richesses, une avancée de la démocratie et du respect de chacun. Un tel rassemblement peut constituer une chance pour chacun d’entre nous dans la construction d’une vie meilleure. Prenons nos responsabilités. Le temps est venu, M. Macron d’entendre cette souffrance, ces attentes, sauf si vous avez décidé que derrière les apparences, l’image, vous ne changerez rien. Patrick STAAT LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Gouvernement : parole non tenue GM&S : un an et demi après le plan social, la gueule de bois des salariés Menacé de liquidation en 2017 puis finalement repris avec l’aide de l’État, l’équipementier automobile est toujours vivant. Mais son avenir reste incertain et la moitié des salariés licenciés n’ont pas retrouvé de travail.

Un an et demi après le plan social dans l’usine de l’équipementier automobile GM&S de La Souterraine (Creuse) et l’arrivée d’un repreneur que reste-t-il ? « Plus de 80 salariés sont toujours sans emplois et PSA et Renault n’ont pas respecté leurs engagements », résume, amer, Yann Augras, délégué CGT. Au printemps 2017, cette usine de 277 salariés, menacée de liquidation, avait agité les premiers pas d’Emmanuel Macron à la tête de l’État. Dans un département malmené par le chômage, GM&S devient l’un des multiples visages de cette France qui peine à conserver ses sites industriels. En juillet de la même année, Bruno Le Maire, nouveau ministre de l’Économie en visite surprise sur le site industriel, lâche, offensif, aux salariés : « Je suis venu vous dire que nous n’abandonnerons personne et que ce site restera ouvert. » La promesse sera tenue… Enfin presque.

PSA et Renault n’ont pas tenu parole En septembre, un industriel français, GMD reprend effectivement le site, dépouillé de 157 salariés. « Trente-six ont 4-

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retrouvé un emploi en CDI, 20 sont partis à la retraite, 3 ou 4 sont en création d’entreprise, 6 font des formations longues et les autres, environ 80, n’ont rien, énumère Vincent Labrousse, ancien délégué CGT de GM&S, lui-même licencié. Moi j’ai mis douze mois et envoyé 40 CV pour retrouver un travail. Pour ceux qui n’ont rien, c’est d’autant plus dur qu’en septembre l’indemnisation chômage s’arrête. » Pour les 120 salariés conservés chez GM&S, rebaptisé LSI (La Souterraine Industry), le moral n’est pas meilleur. « Nous avons eu deux directeurs différents sur les huit premiers mois et depuis sept mois, nous n’en avons plus du tout, ni même de DRH, constate Yann Augras. Comment voulez-vous qu’on envisage l’avenir sereinement ? » Une interrogation d’autant plus légitime que PSA et Renault, qui s’étaient engagés à assurer à son sous-traitant GM&S pour plus de 22 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, n’ont pas respecté leur promesse. « En 2018, à eux deux, ils ont à peine commandé pour 10 millions d’euros, lâche, en colère, Yann Augras. Et derrière, l’État ne fait rien pour faire respecter l’engagement. Nous sommes écœurés. » En septembre dernier, au micro de France Info, Bruno Le Maire avait pourtant assuré : « Ils m’avaient promis un volume de commandes et ils n’ont pas tenu leurs promesses,

donc l’État sera là pour rappeler aux constructeurs automobiles, Peugeot comme Renault, ces promesses. »

Les salariés ont rédigé une proposition de loi « Mais on ne voit rien venir, s’agace Vincent Labrousse. Entre les lignes, le ministère de l’Économie nous fait comprendre qu’on doit se contenter de ce que nous avons. » Inacceptable pour les salariés. « Même si moralement c’est dur, on va continuer à se battre, préviennent les syndicalistes. On ne lâchera rien. » Ils demandent notamment le prolongement pour six mois de la cellule de reclassement qui doit s’arrêter en mars. Dans le même temps, ils ont assigné PSA et Renault devant le tribunal d’instance pour abus de position dominante. « Nous avons récupéré des accords secrets entre les constructeurs automobiles et les précédents actionnaires qui montrent qu’ils avaient la mainmise sur GM&S, confie Vincent Labrousse. C’est illégal. Un donneur d’ordre ne peut pas diriger son sous-traitant. » Enfin, les salariés ont rédigé une proposition de loi pour obliger les donneurs d’ordres à assurer financièrement les conséquences de leur désengagement chez leurs sous-traitants. « Fin janvier, plusieurs groupes parlementaires se sont montrés intéressés, assure le syndicaliste. Après ce que nous avons vécu, nous les salariés de GM&S, on veut dire stop. Plus jamais ça pour aucune autre entreprise en France. » Source : Le Parisien – 23/02/2019


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Il ne faut surtout pas privatiser ADP À l’occasion de la loi Pacte, le gouvernement souhaite privatiser ADP, l'entreprise qui construit aménage et exploite des plates-formes aéroportuaires en région parisienne. Pourquoi privatiser ? Normalement, il y a l’idée que le privé gérera mieux l’entreprise que le public. Soit avec un management plus efficace et moins soumis aux syndicats, soit grâce à des synergies. Et donc, si un actionnaire privé pense pouvoir dégager de gros bénéfices, il sera prêt à payer cher pour racheter l’entreprise. Mais Aéroport de Paris n’apparaît pas particulièrement mal géré aujourd’hui. Réinvestir les profits dans un fonds dont seuls les intérêts seront utilisés. En somme, l’État va vendre un actif dont le rendement oscille entre 5 et 10 % par an, pour investir dans un fonds qui rapportera 2 à 3 % annuels : c’est remplacer une Ferrari par une Lada. Et est-ce la bonne façon d’investir dans l’innovation de rupture ? Avant de saupoudrer des subventions privées, rappelons que la recherche publique française, un des cœurs de métier de l’État, crie famine. Revenons sur les synergies verticales. Une synergie verticale, c’est quand une entreprise fusionne avec un ou plusieurs de ses sous-traitants (ici par exemple, le concessionnaire de l’aéroport et une entreprise de services, ou une entreprise de BTP). Normalement, cela permet de faire des économies : le concessionnaire et le sous-traitant collaboreront mieux en faisant partie d’un même groupe. Cela peut aussi être bénéfique au client : quand l’entreprise et le sous-traitant sont séparés, ils ont tendance à se cannibaliser en appliquant chacun une marge élevée ; les prix sont alors trop élevés et les volumes trop bas. Alors qu’unies, elles n’auront plus intérêt à se cannibaliser. Appliquer une seule marge peut leur permettre d’augmenter les volumes et d’avoir in fine des revenus plus élevés.

Mais ici, le concessionnaire est en monopole avec un prix régulé par l’État, et ce prix dépendra de ses coûts. Donc si la partie services ou BTP du groupe augmente ses prix, la partie concession aéroportuaire pourra simplement répercuter cette hausse des coûts sur le prix final pour l’utilisateur. Dans ce cas, la synergie verticale peut servir à siphonner les profits de la concession vers les sous-traitants. Rentable pour le concessionnaire, mais moins pour l’utilisateur. L’Autorité de la concurrence pourra toujours enquêter, mais tant que le hors-jeu n’est pas trop flagrant, on ne pourra rien prouver. De plus, ADP, même privatisé, restera forcément dépendant des choix publics. Durant les 70 ans de la concession, il n’est pas inconcevable qu’il faille construire une nouvelle piste, un nouveau terminal. Si l’État autorise ces travaux et finalement les interdits à cause des riverains, il faudra indemniser ADP. Sur quelle base ? Les coûts engagés, ou les espérances de profits non réalisés ? Cela coûte vite très cher. Il n’est pas inconcevable non plus dans les 70 ans à venir que le gouvernement taxe un jour le carburant des avions, ou impose une taxe carbone, ou une taxe spéciale sur les vols vers Paris pour financer le métro du Grand Paris. Dans ce cas, ADP demanderait logiquement une indemnisation pour cette baisse du trafic de voyageurs. Et même si l’im-

pact est difficile à chiffrer, l’indemnité réclamée sera élevée. En fait, une concession n’a de sens que si les règles du jeu restent stables pendant la durée de la concession. Si l’État doit demander régulièrement des avenants au contrat, il sera en position de faiblesse face au concessionnaire, qui pourra à chaque fois obtenir des contreparties conséquentes. On peut mentionner l’aéroport londonien de Heathrow (privatisé) et sa troisième piste. Après des années de tergiversations et d’opposition des riverains, le parlement a validé ce projet à 14 milliards de livres, financé par l’aéroport lui-même. Même le « Financial Times » s’est interrogé sur la viabilité financière du projet, et le risque pour l’État de devoir renflouer le consortium en cas de dérapage des coûts. Et si un gouvernement futur changeait d’avis, le dédommagement du consortium pourrait être considérable. En somme, il faut se rappeler un principe de bon sens. Si l’on veut pouvoir faire régulièrement des travaux chez soi, il vaut bien mieux être propriétaire que locataire. Car le locataire devra à chaque fois obtenir l’accord du propriétaire, et payer cet accord au prix fort, car il est en situation de faiblesse. A fortiori si le propriétaire est aussi l’entrepreneur en travaux publics à qui les travaux seront confiés. Charles Dennery, chercheur en économie Source : LES ECHOS – 8/03/2019

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Les services publics « s’effacent peu à peu » alerte le défenseur des droits Dans son rapport annuel, le défenseur des droits pointe un repli des services publics, et une « banalisation de la « non-réponse ». Parallèlement, Jacques Toubon note un renforcement de la sécurité et de la répression face à la menace terroriste, aux troubles sociaux et à la crise migratoire. « Dans de nombreux cas, les difficultés que doivent surmonter les usagères et usagers pour accéder à leurs droits de manière effective s’apparentent moins à des défaillances qu’à des obstacles mis en place plus ou moins délibérément par les pouvoirs publics » souligne Jacques Toubon dans son rapport annuel. En 2018, le défenseur des droits et ses 501 délégués présents dans toute la France ont constaté « les effets néfastes de l’évanescence croissante des services publics ». Avec un total de 96 000 dossiers en 2018, le Défenseur des droits a vu les réclamations augmenter de 6,1 % sur l'année et de 13 % sur deux ans. L’année dernière, les réclamations liées aux services publics ont, dans une très large part (93 %), le plus occupé le Défenseur des droits : retards dans le versement de certaines retraites, suppression du guichet dans les préfectures pour délivrer le permis de conduire, déserts médicaux, réorganisation des juridictions.

Jacques Toubon.

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La pression budgétaire sur les administrations et leur dématérialisation « à marche forcée » prônée par l’exécutif, inquiète le Défenseur des Droits. Il alerte particulièrement sur « l'exclusion numérique ». Environ 7,5 millions de personnes restent « privées d'une couverture internet de qualité », rappelle-t-il. En guise d’exemple, l’institution souligne l’impossibilité d’obtenir un certificat d’immatriculation (car les pièces jointes exigées dépassent 1 mégaoctet), entraînant l’abandon des démarches. « C’est plus qu’une fracture numérique. C’est en fait une organisation des services publics, des procédures, des effectifs, qui font qu’il y a de moins en moins de présence humaine dans les administrations en face des usagers, des prestataires, des justifiables… Toutes les personnes qui ont besoin des services publics » a pointé Jacques Toubon. Il ajoute : « Il existe entre 20 et 25 % de la population qui ne peut pas accéder aux services publics et donc à ses droits au travers des demandes en ligne ». Le rapport annuel observe également « un repli » des services publics considérés comme « de plus en plus distants ». « Confrontés à l’essor de la pau-

vreté, les services publics, en particulier sociaux, ont tenté de faire face à l’afflux des demandes en développant le traitement de masse des dossiers (…) Or, les situations individuelles des personnes les plus précaires, qui constituent des cas d’urgence majeure, sont souvent complexes. Elles exigent à la fois du temps et des capacités d’adaptation, ainsi que des contacts humains avec des interlocuteurs » note le rapport. Un tableau noir que Jacques Toubon relie également au ras-le-bol fiscal exprimé par les « gilets jaunes ». Selon lui, « en s'effaçant peu à peu, les services publics qui, en France, constituent un élément essentiel du consentement à l'impôt, hypothèquent la redistribution des richesses et le sentiment de solidarité, sapant progressivement la cohésion sociale ». « La banalisation de la non-réponse, le repli des services publics, obstacles dans l’accès aux droits : les transformations du service public, présentées comme porteuses d’amélioration pour tous les usagers, peuvent donner le sentiment de faire disparaître la protection qu’apportait jusqu’à présent la puissance publique ». Source : Public Sénat – 12/03/2019


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Ces usines menacées de fermeture

Les Employés de l’usine Ford Blanquefort manifestent contre la fermeture le 22 septembre 2018 à Bordeaux.

Dans l’automobile ou l’imprimerie les clignotants s’allument avec les menaces ou velléités de fermetures d’usines. Le risque de cessation de l’activité de ces sites menace l’emploi en régions comme l’usine Ford près de Bordeaux ou celles du papetier Arjowiggins près du Mans. Automobile, imprimerie, métallurgie: les clignotants s’allument dans plusieurs secteurs industriels avec son cortège de menaces de fermetures de sites de production et de plans sociaux. GIRONDE : Usine Ford de Blanquefort : 850 emplois Le constructeur automobile américain a annoncé début 2018 son intention de se désengager de l’usine de boîtes de vitesse, implantée en 1972 et qui emploie quelque 850 personnes près de Bordeaux. Il a refusé une offre de reprise, début décembre 2018, de la société franco-belge basée à Strasbourg Punch-Powerglide, pourtant appuyée par l’Etat et les syndicats. Ford a présenté un plan social entérinant et accompagnant la fermeture du site. Une première mouture de ce plan, rejetée par le CE le 18 décembre dernier, avait été ensuite retoquée le 28 janvier par la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte). Et pendant ce temps, le compte à rebours tourne, avec la fin de production à Blanquefort -déjà au ralentie- programmée pour fin août 2019…

SARTHE et AISNE : Trois usines Arjowiggins : 950 emplois Trois usines d’Arjowiggins ont été placées en redressement judiciaire et mises à l’arrêt début janvier 2019 par la maison-mère Sequana, après l’échec en décembre de la vente de ces activités à un groupe néerlandais, Fineska. Ces usines sont pénalisées par une trésorerie suffisante, dans un contexte de très forte augmentation des coûts de la pâte à papier. Les deux principaux sites menacés du groupe papetier sont situés dans la Sarthe : une usine de papiers couchés localisée à Bessé-sur-Braye (648 salariés) et une usine est située à SaintMars-La-Brière (293 salariés). Un troisième site de papier recyclé situé à Chateaux-Thierry dans l’Aisne emploie 76 salariés. SEINE ET MARNE : L’usine d’Arjowiggins Security : 240 emplois Les salariés occupent le site de Jouysur-Morin (Seine-et-Marne) depuis la liquidation judiciaire le 16 janvier 2019 de l’entreprise d’Arjowiggins Security. Cette ancienne filiale du groupe papetier Sequana avait été vendue en 2018 à un fonds d’investissement suisse, Blue Motion Technologies Holding. Les salariés du site, quasiment condamné à la fermeture, n’espèrent plus la reprise de l’activité, mais une prime de licenciement “extralégale” de 50 000 euros pour chacun des 240 salariés. Ce site fabrique des papiers spéciaux sécurisés pour cartes grises, passeports, billets et chèques de banque. En guise de protestation, pour interpeller le gouvernement, les salariés avaient déjà brûlé une partie de leur stock de papiers. Ils ont aussi jeté au feu du papier pour billets de banque destiné à leurs clients étrangers, parmi lesquels figurent la Belgique, la Chine, l’Allemagne, l’Inde ou le Royaume-Uni.

son usine de filtres à particules pour véhicules diesel située à Courtenay (Loiret), qui emploie plus de 300 personnes. En novembre 2018, le groupe avait déjà exprimé son intention de fermer le site en raison de la baisse des ventes de voitures de diesel. L’entreprise, qui produit des filtres à basse porosité, avait expliqué que ce produit ne correspondait plus aux nouvelles normes anti-pollution. Reste qu’il est toujours possible à d’éventuels candidats de déposer des offres durant les trois mois que durera la procédure préalable au licenciement des salariés. Il y a deux ans, l’usine de Courtenay avait échappé à une délocalisation de sa production vers la Hongrie. Le personnel avait obtenu le report du projet jusqu’en 2020. SARTHE : L’usine de CKB Connectivity : 162 emplois. En janvier 2019, les employés de cette usine installée à Allones dans la Sarthe près du Mans (72) qui fabrique des connecteurs pour l’industrie ferroviaire (40 %) et l’offshore pétrolier (60 %), ont appris que l’activité serait délocalisée en Pologne et au Texas. Le site doit fermer d’ici l’été 2020 et les premiers licenciements pourraient intervenir d’ici fin 2019. En signe de protestation, plus d’une centaine de salariés ont érigé, vendredi 7 février, 162 croix formant un cimetière où l’on pouvait voir déambuler un manifestant déguisé en faucheuse. CBK-TE Connectivity est implanté depuis 53 ans dans l’agglomération du Mans et depuis 8 ans à Allonnes.

LOIRET : L’usine du Japonais Ibiden : 300 emplois Le groupe japonais Ibiden a confirmé mi-janvier aux salariés la fermeture de LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS Mans pour "réclamer le remboursement de 750 000 euros d’aides publiques à l’actionnaire", si celui-ci ne revoit pas sa position.

Marche de soutien pour les salariés de CKB avec le maire d'Allonnes.

Le maire d’Allones veut réunir les présidents de région et de la métropole du

DOUBS : Le site historique de Peugeot : 200 emplois Le constructeur automobile PSA a présenté aux syndicats un projet de fermeture du site de Hérimoncourt (Doubs), dont les 200 salariés se verront proposer un reclassement sur d’autres sites de la région. L’activité principale de ce site PSA est le reconditionnement de moteurs usagers destinés à être revendus et réemployés dans des automobiles. Cette

activité sera transférée vers le site de Vesoul (Haute-Saône), à environ 80 km. L’atelier assemble aussi des moteurs neufs en toute petite série, une production cependant insuffisante pour assurer sa pérennité. La direction reconnaît que tous les salariés ne voudront probablement pas aller à Vesoul mais assure qu’il y aura des possibilités de reclassement en interne pour tout le monde sur le bassin d’emploi. L’usine PSA de Sochaux est située à une dizaine de km de Hérimoncourt, celle de Mulhouse à une soixantaine de km. Les salariés auront le choix d’aller à Sochaux, Vesoul ou Mulhouse.

Conséquences et suites de l’accord d’Aix la Chapelle, quand le gouvernement rogne sans cesse la souveraineté nationale

Les députés donnent leur feu vert à la création d'une assemblée parlementaire franco-allemande Cette future assemblée commune, qui sera composée de cinquante députés français et autant d'élus allemands, vise à “approfondir la coopération” entre les deux pays. L'Assemblée nationale a donné, lundi 11 mars, son feu vert pour la naissance d'une assemblée parlementaire franco-allemande afin “d'approfondir la coopération” entre les deux pays, une initiative soutenue par les groupes d'opposition sauf la gauche de la gauche. La création de cette E. Macron au future assemblée commune, qui sera composée de cinquante députés mai 2018. français et autant d'élus allemands, doit maintenant être approuvée par le Bundestag.

côte d’A. Merkel à Aix-la-chapelle le 10

Une assemblée “unique en son genre” Elle siégera au moins deux fois par an publiquement sous la direction des présidents des deux assemblées et les séances auront lieu en principe alternativement en France et outre-Rhin. La première réunion de cette future assemblée doit se tenir à Paris le 25 mars, a indiqué le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand. Devant les députés français – et une délégation d'élus du Bundestag présents dans les gradins –, le titulaire du perchoir a salué une initiative “unique en son genre” qui permettra “d'approfondir notre coopération pour travailler à l'harmonisation de nos droits”. Parmi les autres missions de cette future institution : veiller à l'application des décisions prises dans le cadre des sommets ou des conseils des ministres franco-allemands, mais aussi travailler pour voir comment faciliter la vie des populations vivant en zone transfrontalière, qui résident en France et travaillent outre-Rhin ou l'inverse.

“En Europe, les choses ne doivent pas se décider à deux” La présidente du groupe socialiste, Valérie Rabault, a salué “une nouvelle étape” dans les relations entre les deux pays, plaidant pour que soient abordés, lors de la première réunion de la future assemblée, “les sujets qui fâchent”, comme le niveau de la dette française et le niveau d'investissement pour l'Allemagne. Son homologue au sein du groupe communiste, André Chassaigne, a dénoncé un “optimisme aveugle” et un “accord interparlementaire corseté”. Source : France Info – 11/03/2019

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INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Iran

Deux poids, deux mesures !

Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie-atomique Yukiya Amano rencontre le président iranien Hassan Rouhani le 29 octobre 2017

Alors que sont engagées des négociations importantes, même difficiles et compliqués, entre les USA et la Corée du Nord, Trump s’acharne contre l’Iran. Dans le viseur du flingueur de la Maison-Blanche, le texte encadrant les activités nucléaires de l’Iran, signé en 2015 à Vienne par les membres permanents du Conseil de sécurité plus l’Alle-

magne. Depuis la campagne électorale, Trump est obnubilé parce qu’il qualifie de « pire accord jamais conclu », et n’a de cesse d’imposer des sanctions contre Téhéran, n’hésitant pas à menacer ses propres alliés ou quiconque aurait l’intention de coopérer avec l’Iran. Or rien ne permet d’affirmer que les autorités iraniennes ne respectent pas l’accord signé il y bientôt 4 ans, bien au contraire ! Fin février, dans son rapport trimestriel, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), mandatée pour procéder aux vérifications, en a de nouveau attesté. Le document indique que l’Iran n’a pas dépassé la quantité de matières fissiles autorisée sur son sol, ni enrichi son uranium à des degrés prohibés. L’agence révèle avoir procédé à des visites inopinées dans toutes les installations nucléaires. Les services de renseignement améri-

cains partagent également ce constat. Selon le quotidien, Libération, « dans leur bible publique annuelle, diffusée fin janvier, l’Evaluation des menaces dans le monde, rédigée par le Directeur du renseignement national (DNI), affirme : « L’Iran ne mène pas, en ce moment, les activités de développement d’armes nucléaires que nous jugeons nécessaires pour produire un engin nucléaire. » JPD

Le directeur général de AIEA Yukiya Amano qui confirme le respect par l'Iran des accords.

Loi El Khomri : l’Europe condamne la France

Aménagement des 35 heures Le Comité européen des droits sociaux (CEDS), organe du Conseil de l'Europe, a jugé contraire à la charte sociale européenne la possibilité offerte aux entreprises de moduler le temps de travail au-delà d'un an. Une décision non contraignante à laquelle les juges pourront à l'avenir se référer. La possibilité offerte aux entreprises de moduler le temps de travail pendant

Manuel Vals et Emmanuel Macron entourent Myriam El Khomri

une période pouvant atteindre trois ans est « contraire à la charte sociale européenne », estime le Conseil de l'Europe dans une décision. C'est plus spécifiquement le Comité européen des droits sociaux (CEDS), organe chargé d'interpréter la charte, qui a retoqué cette mesure de la loi El Khomri adoptée en août 2016 qui permet aux entreprises de s'adapter aux variations de la charge de travail tout en limitant le recours aux heures supplémentaires. Dans sa décision, le CEDS estime qu'aménager la durée du temps travail sur une période de référence qui peut atteindre trois ans n'est pas « raisonnable » et donc contraire à la charte sociale européenne. Et ce pour une raison simple : « cette disposition prive les travailleurs de leurs droits à une rémunération équitable et, en particulier, à une majoration des heures supplémentaires ».

Une victoire pour la CGT qui est à l'origine de la saisine et un coup dur pour le gouvernement qui aurait préféré s'en passer. Si cette décision n'est pas juridiquement contraignante, elle pèse politiquement et les juges français pourront désormais s'appuyer dessus pour retoquer à leur tour la mesure controversée. D’autres décisions du CEDS sont attendues sur un sujet ultra-chaud qui vise cette fois les ordonnances Pénicaud. La CGT et FO ont saisi l'organe du Conseil de l'Europe contre le plafonnement des indemnités prud'homales que les salariés peuvent réclamées en cas de licenciement non justifié. Comme certains conseillers prud'homaux, ils estiment cette disposition contraire à la charte sociale européenne. Le verdict est attendu au cours de l'année prochaine. LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Israël

Netanyahou prêt à tout Le premier ministre israélien s’allie avec les pires extrémistes fascistes pour s’assurer la victoire aux législatives d’Avril.

Netanyahou visé par 3 procédures d'inculpation corruption.

On le savait sans scrupule et prêt à tout pour se maintenir lui et son parti, le Likoud, au pouvoir. Là, le premier ministre israélien fait encore plus fort ! À quelques semaines des législatives qui pourraient lui ouvrir la voie à un cinquième mandat et alors qu’il risque une mise en examen par la justice de son pays, Benjamin Netanyahou fait le constat que « la partie n’est pas gagnée ». Lundi 4 mars, lors du lancement de sa campagne à Ramat Gan, près de Tel Aviv, il a alerté ses partisans, soulignant que le scrutin à venir n’était « pas dans la poche ». En dix ans, Benjamin Netanyahou n’a jamais été en aussi mauvaise posture dans les sondages. Selon The Times of Israël, l’alliance centriste, très proche de la droite quand même, « Bleu et blanc », dirigée par l'ancien général Benny Gantz, remporterait davantage de sièges à la Knesset que le Likoud si le scrutin avait lieu aujourd’hui. Le résultat pourrait être encore pire si Netanyahou était mis en examen avant le vote. Dans ce cas, il pourrait se trouver dans l’impossibilité de former une coalition majoritaire. 10 - LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019

Alors, pour s’assurer coûte radicaux de ses potentiels électeurs, le que coûte une majorité Premier ministre en campagne s’est enà la Knesset, le parle- gagé à ne jamais évacuer les colonies ment israélien, le chef de juives. « Nous sommes opposés totalela droite, a fait un pacte ment à tout démantèlement de localités avec le diable en scellant juives », en Cisjordanie, a-t-il déclaré. un accord avec l’extrême Pour mémoire, l’occupation de la Cisjordroite israélienne la plus danie depuis plus de 50 ans et la coloniradicale, considérée par les sation sont considérées comme illégales observateurs du monde en- par la communauté internationale. tier comme néo-fascistes. La droite des disciples de Netanyahou est coutumier du fait et ce Meir Kahane, décédé au- n’est pas la première fois qu’il s’exhibe jourd’hui, un rabbin de avec les éléments les plus fascisants Brooklyn fondateur de du monde politique israélien. Déjà il la Ligue de défense juive gouverne avec les ultras-religieux. On notamment pour puis du parti suprémaciste peut rappeler également son rôle actif Kach en Israël qui prône au moment des accords d’Oslo. Le déentre autres précepte l’ex- ferlement de violence et de haine avait pulsion des Palestiniens, l’interdiction alors conduit à l’assassinat d’Yitzhak des relations sexuelles avec des non- Rabin. Les démocraties occidentales si juifs, la destruction de la mosquée Al- promptes à accorder leur soutien au gouAqsa de Jérusalem etc. De son vivant, vernement de Tel-Aviv dirigé par un tel le Premier ministre, Menahem Begin, homme, feraient bien de regarder plus fondateur de l’historique formation de loin que le bout de leurs intérêts dans la droite (Likoud), voyait en lui un « fou, Région. Il y a un grave danger pour l’enun homme dangereux, qui aurait pu nous semble de la société israélienne. conduire au désastre ». J.-P. Delahaye Selon le correspondant du quotidien Libération à Tel-Aviv la presse israélienne aurait écrit à propos de l’initiative de Netanyahou : « Promesses de ministères à la clé, il a forcé la fusion du Foyer juif avec le groupuscule « kahaniste » Otzma Yehudit (Puissance juive). Objectif ? Faire l’appoint avec les voix des « judéo-fascistes » et ouvrir grand les portes du Parlement au « Ku Klux Klan juif. » Tout un programme ! Pour faire bonne mesure et donner des gages aux plus Bolsonaro et Netanyahou le 28 decembre 2018.


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Algérie Sous la pression du peuple le clan Bouteflika est contraint de reculer…Pour mieux sauter ? La société algérienne réclame d’autres choix. Il renonce ! Après plusieurs semaines de manifestations inédites contre sa 5e candidature à l'élection présidentielle, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a annoncé, lundi 11 mars, qu'il renonçait à se présenter et le report du scrutin présidentiel, prévu le 18 avril. Un remaniement gouvernemental a également eu lieu. Dans un message à la Nation, le vieillard impotent, affaibli par la maladie au point de ne pouvoir quasiment plus s’exprimer, a précisé, dans sa lettre, que la présidentielle aura lieu « dans le prolongement d'une conférence nationale » chargée de réformer le système politique et d'élaborer un projet de Constitution d'ici fin 2019. Le pouvoir a craqué sous la pression pacifique et responsable de la rue et alors que l’armée, après plusieurs jours de valse-hésitation, se tient, pour le moment, par la voix de son commandant en chef, dans une bienveillante attitude. Résultat de plusieurs semaines de mobilisation des jeunes et des anciens, des hommes et des femmes -voilées et non voilées- unis dans les mêmes cortèges, des ouvriers, des cadres et des journalistes, des avocats, la nouvelle du recul provisoire du clan Bouteflika, s’est très

vite répandue. Les rues d’Alger et des grandes villes du pays se sont remplies d’une foule hétéroclite en liesse mais également consciente du chemin qu’il reste à parcourir. D’ailleurs, à l’heure où nous écrivons ces lignes des manifestations se poursuivent. Beaucoup craignent une tentative de reprise en main du pouvoir. Les étudiants sont de nouveau dans la rue pour dénoncer une « ruse » de Bouteflika… Reculer pour mieux sauter en quelque sorte. Car l'expiration de son mandat, n’interviendra que le 28 avril 2019. « En reportant l’élection, Bouteflika prolonge son mandat le temps d’organiser sa sortie et la préservation du pouvoir de son clan » accusent les algériens. L’opposition, quant à elle, semble toujours aussi divisée et incapable d’apporter des solutions. Si le boycott de la conférence nationale est envisagé par certains, aucune stratégie ne se dégage pour mener l’Algérie sur le chemin d’un quelconque renouveau. D’ailleurs, les principaux opposants sont tous d’anciens caciques du pouvoir, ministres ou ex qui cherchent à se recycler ! Alors attention, l’histoire récente à montrer que les printemps arabes pouvaient conduire

Manifestation Alger 8 mars 2019.

à l’installation ou au renforcement de pouvoir religieux radicaux. Abderrazak Makri, l’actuel président du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), un parti islamiste, qui se voit déjà en « Erdogan algérien », cherche à fédérer tous les courants islamistes en jouant sur la carte nationaliste…Tout un programme !! Certes, les algériens ont déjà été échaudés par dix ans « d’années de plomb » avec le Front islamique du Salut (FIS) au pouvoir, mais l’heure est à la vigilance et après cette première victoire le plus dur commence. Les algériens doivent rester maître de leur destin J.-P. Delahaye

États-Unis

Viols en série sur des enfants migrants Depuis 2014, plusieurs milliers d’agressions sexuelles ont été commises sur des enfants migrants non accompagnés. Une situation aggravée par la politique de séparation de Trump. Le gouvernement fédéral américain a reçu 4 556 plaintes entre 2014 et 2018 concernant des abus sexuels commis sur des mineurs non-accompagnés dans des

centres de détention pour migrants aux États-Unis, a révélé mardi 26 février, le député démocrate de Floride, Ted Deutch, documents du HHS (Health and

Human services, le département de la santé et services sociaux) à l'appui. Les chiffres montrent une augmentation de LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019 - 11


LE RÉVEIL ACTUALITÉS ces abus depuis la mise en place par l'administration Trump d'une politique de séparation stricte des familles d'immigrants lorsqu'elles demandent l'asile à la frontière. « Ce comportement, est méprisable, dégoûtant, et ce n'est que le début des questions auxquelles le HHS devra répondre sur la manière dont ils gèrent ce qui se passe dans ces centres », a affirmé Ted Deutch à Axios, site d'informations américain ayant été le premier à publier les documents.

Sur la totalité, 1 303 plaintes jugées les plus sérieuses, ont été adressées au ministère de la Justice. Les cas d'abus sexuels énumérés par le rapport prennent plusieurs formes : baisers inappropriés, exposition à des images pornographiques, caresses ou encore viols. La majorité de ces actes ont été perpétrés par des mineurs sur d'autres mineurs. Cependant, dans 197 affaires, il s'agirait d'adultes. Le HHS s’est défendu de tout manquement.

Ted Deutch a fait le lien entre la politique de Donald Trump de « tolérance-zéro » à la frontière entre mars et juillet 2018 et ces abus. Cette politique migratoire impliquait la séparation quasi-systématique des familles d'immigrants demandant l'asile. Au total, près de 3 000 enfants ont ainsi été séparés de leurs parents.

JPD

USA/Corée

Un sommet en Trump l’œil

Donald Trump et Kim Jung Un 2019.

La montagne a accouché d’une souris. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le locataire de la Maison-Blanche, Donald Trump, ont quitté, Hanoï au Vietnam, où ils étaient réunis, mi-février, pour un sommet sur la dénucléarisation de la Corée du Nord, sans cérémonie publique de signature d’un accord. Au cours de leur première rencontre, historique, en juin 2018 à Singapour, les deux dirigeants avaient paraphé une déclaration commune « sur la dénucléarisation de la péninsule » sans véritables engagements concrets. Huit mois après, des avancées étaient attendues notamment du côté américain, au-delà des paroles chaleureuses et en dépit du maintien de sanctions écono12 - LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019

miques importantes de Washington visà-vis de Pyongyang. Depuis des mois, le fantasque Trump manie la carotte et le bâton envers la Corée du Nord, mettant en exergue son potentiel économique tout en refusant l'allègement des sanctions. Les Etats-Unis ont maintes fois réclamé que Pyongyang se débarrasse de ses armes nucléaires de manière « complète, vérifiable et irréversible ». Mais, pour la Corée du Nord, la dénucléarisation a un prix et les efforts ne peuvent être à sens unique ! Elle veut la levée des sanctions internationales qui l’étranglent et la fin de ce qu’elle perçoit comme les menaces américaines, à savoir une présence militaire en Corée du Sud et dans la région en général. La rencontre qui se voulait pleine de bonnes intentions n’aura débouché sur rien de bien concret si ce n’est le vague projet d’ouverture d’une représentation américaine dans la capitale nord-coréenne. « Un bureau de liaison américain à Pyongyang serait le bienvenu », a estimé le leader nord-coréen, répondant pour la première fois à des questions de journalistes étrangers. S’il ne s’agit pas d’une ambassade à proprement parler, cette représentation constituerait une première étape dans la normalisation des relations diplomatique

entre deux pays. Donald Trump a déclaré qu’il s’agissait « d’une bonne idée ». En fait ce sommet aura été bénéfique à Trump, lui permettant de peaufiner l’image d’un dirigeant d’envergure internationale, qu’il a du mal à faire admettre, alors même qu’il traverse une grave crise de confiance au sein de l’administration américaine… De son côté, le président sud-coréen, Moon Jae in, tout en rendant des comptes et sans froisser Washington poursuit les tentatives pour régulariser la situation et trouver des solutions. A l’occasion du centenaire du soulèvement d’indépendance du 1er mars, il a dessiné un « nouveau système pour la péninsule », une « communauté de paix et de coopération », un nouvel ordre mettant fin à « l’ère de l’antagonisme et des conflits, des idéologies et des camps ». Point de départ d’une normalisation avec Washington et Tokyo, la coopération comprend une réouverture au tourisme du mont Kumgang et du complexe industriel intercoréen de Kaesong (Nord). Il souhaite également créer un comité économique mixte à mesure que progresseraient la dénucléarisation et un libre accès à la zone démilitarisée. J.-P. Delahaye


LE CAHIER MÉMOIRE N° 852 MARS 2019

ÉDITO Par Paul Markidès

Résistance : Confiance au peuple Dans les interventions publiques officielles, il est de moins en moins question de la Résistance, voire pas du tout. Lorsque c’est le cas, c’est le plus souvent par une évocation succincte sans mise en valeur approfondie. Et ne parlons pas du Conseil National de la Résistance dont nous vivons toujours quelques-unes des dispositions mises en œuvre à partir de son programme, dans notre vie politique et sociale, après de nombreuses mises en cause par les gouvernements successifs, depuis la libération et encore aujourd’hui contestés pour ce qu’il en reste. Quant à la Résistance elle-même, comment peut-on accepter qu’elle soit autant négligée, elle qui constitua l’apport décisif aux forces libé-

A l’appel des étudiants communistes le 11 novembre 1940 bravant l'interdit, nombreux ils manifestent pour commémorer la victoire contre l’Allemagne en 1918.

ratrices, françaises (Forces Françaises Libres, FFL) ou alliés occidentaux. La Résistance, a reconnu le général Eisenhower, représentait la puissante de 15 divisions. Elle a été décisive pour assurer aux armées de libération les moyens de maîtriser les armées nazies et de les chasser. Ainsi ce fut le peuple de France en armes qui assuma l’une des tâches déterminantes de la libération. Si bien qu’à Paris, c’est lui qui libéra la capitale, consolidé dans sa victoire par l’arrivée de la 2e division blindée commandée par le général Leclerc et derrière elle, l’armée américaine.

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

Depuis qu’elle est devenue la force déterminante au pouvoir, la bourgeoisie française s’est toujours, non seulement méfiée du peuple, mais l’a toujours combattue d’une manière ou d’une autre. Et pourtant c’est avec l’appui si ce n’est pas l’action populaire ellemême que les grandes questions posées au pays se sont réglées. Aujourd’hui alors que nous nous trouvions, à nouveau, devant de grandes questions posées à la Nation, c’est encore par l’intervention populaire qu’elles finiront par se résoudre. Faisons confiance à notre peuple, il a toujours été à la hauteur de sa tâche.


LE RÉVEIL DOSSIER

« Vivre debout, la Résistance » Dans les faits, qu’est-ce que la Résistance ? Au début, c’est surtout un état d’esprit et il faut dire que dans la France abasourdie de 1940, cet état d’esprit dont nous avons donné des exemples dans un chapitre précédent, est encore fort peu partagé. Il faut comprendre qu’un peuple dans son ensemble ne se remet pas en quelques jours d’une défaite aussi catastrophique que celle qu’il vient de subir sans comprendre grand-chose à ce qui lui est arrivé.

Manifestation des étudiants 11 novembre 1940. Un dessinateur a représenté la scène en 1944 d'après les récits des témoins.

Aussi, les premiers actes de Résistance sont-ils surtout des appels, des tentatives de regroupement, de réorganisation. Et c’est déjà beaucoup dans cette France occupée, divisée, coupée en tronçons, surveillée, dispersée encore par les suites de l’exode du mois de mai et de juin. Mais la Résistance, c’est aussi, dès les premiers jours de l’occupation, la diffusion de tracts, le collage de « papillons » sur les murs, la récupération d’armes et de munitions, un peu à « tout hasard », parce que « ça pourrait servir un jour ». Il en existe de multiples exemples dans toutes les régions de France. C’est aussi, mais plus rarement, des sabotages visant les installations de l’armée allemande, tel celui effectué par un bûcheron de l’Oise, dénommé Hérault, qui sera fusillé le 20 octobre 1940 (il s’agit du premier civil fusillé par les Allemands que l’on connaisse, du moins pour acte de sabotage. D’autres avaient été fusillés lors de l’attaque du mois de mai et en juin, notamment dans la région parisienne, non pour leurs actes personnels, mais 14 - LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019

parce que des soldats français, avaient résisté les armes à la main dans les localités où ils se trouvaient). Ce sont aussi des manifestations, encore sporadiques, qui mettent l’occupant en fureur. Ainsi, à Rennes, dès le début de juillet, la projection des actualités allemandes dans les cinémas donne lieu à des huées et des coups de sifflets que signale le journal OuestEclair du 9. Le major Kruger, commandant de la place, fait fermer les cinémas pour trois jours… Dès juillet aussi, des militants communistes qui entendent poursuivre une Résistance qu’ils considéraient avoir commencée depuis des années, sont arrêtés. Deux cents d’entre eux sont enfermés à la prison de Fresnes, deux cent quarante au camp de Chibron (Var), etc. Leurs premières activités à ce moment ont consisté à mettre sur pied des Comités dans les quartiers et les usines, à organiser des manifestations, à distribuer des tracts pour demander un meilleur ravitaillement, du travail, le retour des prisonniers. Les Allemands et leurs complices de Vichy voient cela d’un très mauvais œil. Ils sentent bien que c’est un début de Résistance contre eux. En août 1940, le journal « collaborateur » et très pro-nazi La France au Travail, signale qu’un coup de feu a été tiré sur un poste allemand au Bois de Boulogne, le 14 août 1940. Le Bois est interdit aux Parisiens par ordre de la Kommandantur. La France de Bordeaux et du Sud-Ouest annonce le 6 septembre 1940 : « On sait que le 14 août dernier le matelot allemand Heinrich Conrad fut tué nuitamment à coups de revolver par un inconnu. L’auteur de cet attentat n’a pu jusqu’ici être dé-

couvert… Les autorités d’occupation viennent d’infliger une amende de trois millions à la ville de Royan. » Le journal L’Humanité – clandestin, bien entendu – écrit le 12 octobre : « Le gouvernement (de Vichy) qui n’est pas un gouvernement français mais un gouvernement de marionnettes entre des mains étrangères, sait bien que sa politique n’est pas appuyée par le peuple. » Le 20 octobre, le Préfet de police de Paris, Langeron, prend un arrêté aux termes duquel « toute découverte de tracts clandestins sur le territoire d’une commune de la Seine entraînera l’internement administratif d’un ou plusieurs militants communistes notoirement connus résidant sur le territoire de cette commune ». Entre le 19 et le 26 juin 1940, tous les hommes de l’ile de Sein, au large de la Bretagne, ont quitté leur famille pour gagner l’Angleterre où ils veulent poursuivre la lutte dans les rangs des « Forces Navales Françaises Libres » que l’amiral Muselier va mettre sur pied. Au cours du mois de juillet, les savants du Musée de l’Homme, avec le professeur Rivet et l’avocat socia-

Carte de la France occupée en 1940.


DOSSIER LE RÉVEIL

Charles De Gaulle lors de l'appel du 18 juin.

liste Léon-Maurice Nordmann (qui sera fusillé au Mont Valérien), s’organisent en groupe de Résistance. Au mois d’août, l’officier Henri Frenay met sur pied de petits groupes de patriotes décidés « à faire quelque chose » contre l’ennemi. Ils donneront naissance au mouvement « Combat ». Au même moment, d’autres officiers réorganisent le Deuxième Bureau de l’Armée pour lui permettre de poursuivre la lutte anti-allemande dans la clandestinité. En octobre, des journaux illégaux, de faible diffusion, mais bien accueillis dans les milieux universitaires, font leur apparition. Ils se nomment : Pantagruel, Arc… C’est la jeunesse qui va donner le premier exemple d’une action de masse contre l’occupant. Cela se passe le 11 novembre 1940. L’Université de Paris est restée ouverte pour éviter l’occupation des locaux par les Allemands. A cette époque, il n’y a qu’une seule université à Paris, celle de la Sorbonne. Les étudiants s’y sont retrouvés peu à peu à partir de juillet. Quelques-uns d’entre eux – pas nombreux – vont assister aux conférences données dans le grand amphithéâtre par un certain Dr Epting, chargé par l’occupant de patronner les « activités intellectuelles » dans la zone Nord. Dans la salle, il y a des officiers nazis, des policiers, quelques « personnalités » collaboratrices françaises et… plusieurs étudiants communistes, dont Bob Kirchen, Tony Bloncourt et quelques autres. Au moment où l’on vient d’éteindre les lumières pour une projection, ils bombardent le Herr

Doctor d’œufs pourris. Mais cela n’est qu’un prélude… Le 30 octobre, les nazis arrêtent le professeur Paul Langevin, savant mondialement connu, ami d’Einstein, combattant depuis avant la première guerre mondiale de toutes les causes où les libertés et la justice sont menacées. Il a alors 68 ans. L’arrestation de cette personnalité unanimement respectée met le feu aux poudres. Les étudiants communistes qui ont pu se regrouper – ils sont une soixantaine -, dont les dirigeants de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF), François Lescure, Francis Cohen et Suzanne Dijian – organisent le 8 novembre une manifestation dans les rues du quartier latin aux cris de « Libérez Langevin ! ». Ils distribuent des tracts appelant à manifester le 11, anniversaire de l’Armistice de 1918. La radio de Londres avait demandé aux Parisiens d’aller fleurir la tombe du Soldat Inconnu ce jour-là. Les étudiants décident de se rendre, eux aussi, à l’Etoile. La France au Travail du 9 novembre menace les patriotes en termes à peine voilés et dans le langage de l’occupant : « Au moment où le maréchal Pétain précise clairement la politique de collaboration franco-allemande, des rumeurs et une agitation sournoise se manifestent au Quartier Latin où des influences judéo-maçonniques agissent depuis quelque temps. Nous ne doutons pas des sentiments nationaux qui poussent nos jeunes étudiants à vouloir manifester leur patriotisme, mais nous les mettons en garde contre leur extériorisation qui ferait le jeu de provocateurs juifs ». A 17 heures, le 11 novembre, les jeunes commencent à arriver aux alentours de l’Arc de Triomphe. Le terre-plein devant la tombe du Soldat Inconnu est bientôt noir de monde. Un cortège de lycéens, drapeaux en tête, débouche de l’avenue Victor-Hugo. Il y a là aussi des étudiants de gauche, de droite, sans parti, tous patriotes. Un cortège nombreux commence à remonter les Champs-Elysées au chant

de la Marseillaise, du Chant du Départ et aux cris de « A bas Pétain ! », « A bas Hitler ! ». Très rapidement, les soldats allemands interviennent, balayant les Champs-Elysées, assommant à coups de crosse, tirant même au fusil et à la mitraillette. Des dizaines de personnes, des jeunes en majorité, sont blessées, arrêtées, brutalisées, jetées dans des camions qui les emmènent vers les prisons. Cette « Marche à l’Etoile » reste l’un des grands actes de la Résistance à ses débuts et c’est la jeunesse qui en porte la gloire. En mai 1941 (avant même l’entrée en guerre de l’URSS), le parti communiste avant lancé un appel à la constitution d’un « Front National » groupant tous les hommes, toutes les femmes, quelles que fussent leurs opinions politiques ou philosophiques, qui aurait pour but exclusif la libération de la France et le rétablissement de la démocratie. On y trouve des hommes et des femmes aussi différents par leurs opinions politiques que Pierre Villon, le Révérend Père Philippe, Francis Jourdain, René Maublanc, Françoise Leclerc, etc. L’« Organisation spéciale » que le Parti communiste a mise sur pied dès 1940 et qui a effectué de nombreuses attaques contre les Allemands (notamment dans le Nord, sous la direction de Charles Debarge, qui tombera les armes à la main, et où les mineurs se sont mis en grève contre

Groupe de résistants Français.

LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019 - 15


LE RÉVEIL DOSSIER l’occupant, cette action devant avoir un immense retentissement) va devenir la puissante armée des Francs-Tireurs et Partisans Français, F.T.P.F.). D’autres groupes de Résistance se sont constitués : Libération-Nord, fondé par les socialistes Christian Pineau et Jean Texier ; Libération (en zone sud) créé par des progressistes, des chrétiens et des communistes ; l’OCM (Organisation Civile et Militaire), fondée par le colonel Touny ; le mouvement Franc-Tireur dirigé par l’ingénieur J-P Lévy, etc. Il s’y rajoute les « réseaux » de renseignements, rattachés les uns au B.R.A. (Bureau de Renseignements et d’Action de la France Libre), ou au S.O.E. (Spécial Operative Executive), organisme créé par Churchill pour l’action

en Europe occupée. Citons parmi les réseaux, le réseau « Alliance » de Marie-Madeleine Fourcade, la « Confrérie Notre-Dame » du colonel Rémy, les réseaux franco-belges « Zéro », franco-polonais « F.2 », les réseaux « Phalanx » rattachés à « Libé-Nord », « Fana » aux FTPF, « Cohors – Asturies », au Parti socialiste clandestin que dirige Daniel Mayer, etc. L’attaque de l’Allemagne contre l’URSS, le 22 juin 1941, va donner à la Résistance – en France et dans les autres pays occupés par l’Allemagne et l’Italie – un élan nouveau et décisif. Un commissaire de police note dans son rapport du 5 juillet que « la population considère qu’il s’agit là d’une nouvelle épreuve imposée aux troupes allemandes » et qu’elle s’en

réjouit. Qu’ils aiment ou qu’ils n’aiment pas les communistes et le régime de l’URSS, les patriotes français se rendent tout de suite compte que Hitler vient de s’attaquer à un très gros morceau. Les souvenirs napoléoniens jouent leur rôle : la retraite de la Grande Armée n’a pas disparu de la mémoire des Français. Dès juillet 1941, les transports ferroviaires allemands subissent vingt et une attaques officiellement enregistrées. Des circuits téléphoniques, sont coupés, des officines de collaboration détruites. C’est alors que, pour populariser la lutte armée et élever son niveau, l’ordre fut donné de frapper en plein jour et d’attaquer les forces militaires occupantes dans leurs œuvres vives.

Le coup de feu de Fabien La manifestation la plus spectaculaire de cette nouvelle tactique fut le « coup de feu de Fabien » au métro Barbès. Fabien était un jeune ouvrier parisien qui avait lutté dans les Brigades Internationales aux côtés des Républicains espagnols. Il avait été placé à la tête des premiers groupes de FTP de Paris. Son nom de guerre était alors « Frédo ». Voici comment Gilbert Brustlein, un autre jeune qui parviendra plus tard à rejoindre l’Algérie, raconte ce qui s’est passé : « En ce temps-là, en 1941, ce n’était pas si facile de se battre. Nous n’étions pas nombreux. Les premiers combattants, ceux des premiers sabotages et

De nombreux ouvriers du rail se sont engagés dans la résistance avec courage.

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des actions armées de 1940, il n’en restait plus ou presque. Tous morts. « Passe pour faire un déraillement ou pour placer une bombe, mais s’attaquer à un nazi, en plein Paris, avec de vieilles pétoires qui s’enrayaient une fois sur deux, ce n’était pas commode. (…) « Une difficulté subsiste : tous nos camarades, pourtant courageux, n’ont pas compris que la guerre consiste d’abord à exterminer l’ennemi et qu’avant de l’exterminer par bataillons entiers, il faut le détruire en détail ». Il s’agit, en effet, de passer à un nouveau stade de la lutte, de préparer la participation active du peuple français à la lutte pour la libération. A cette époque, la haine de l’occupant est devenue générale. Ce qui n’était pas possible encore quelques mois auparavant l’est devenu. Ce qui ne signifie pas que c’est facile. « Nous retrouvons Frédo vers 8 heures, à la station de métro Barbès-Rochechouart, poursuit Brustlein. Il nous fixe nos missions. Un camarade

doit faire le guet sur le quai, mêlé à la foule des voyageurs. Il me charge d’assurer sa protection. Lui, il tirera. « Tout à coup, un officier de la Kriegsmarine (marine de guerre), dé- Les femmes dans la résistance. bouche du couloir de correspondance et s’apprête à monter dans la prochaine rame. Frédo murmure : « Attention, c’est celui-là ! » « Au moment où l’officier s’apprête à monter en première classe, Fabien l’abat de deux balles, fait demi-tour et s’engouffre dans l’escalier conduisant à la sortie ». Ajoutons que Fabien crie alors : « Arrêtez-le ! » comme s’il poursuivait lui-même celui qui vient de tirer. Cette ruse détourne l’attention et lui permet de s’enfuir sans difficulté. Tandis que la Résistance française entre ainsi dans une période d’activité grandissante, la guerre s’est étendue au monde entier.


DOSSIER LE RÉVEIL

Comment Paris s’est libéré Les cloches, on n’avait plus l’habitude de les entendre. Dans Paris presque privé d’électricité et de transports, il n’y avait pas assez de courant pour les mettre en branle. Et les Allemands n’aimaient pas leurs carillons. On aurait bien pu les faire battre à la force des bras. Mais qui s’en souciait ? Et puis, tout à coup, vers 23 heures, dans la nuit chaude du 24 août 1944, le gros bourdon de Notre-Dame se met à sonner follement. Les cloches de Saint-Gervais lui répondent. Et toutes les cloches de Paris entrent dans la danse. Sous les étoiles qui brillent, dans la ville sans lumière, c’est un fantastique concert de joie. La foule envahit les boulevards, les rues, chantant, criant. Libres ! Nous

sommes libres ! C’est aller un tout petit peu trop vite. Les hitlériens, déjà sévèrement étrillés, sont toujours là, embusqués dans des points d’appui solidement fortifiés. Le bonheur du peuple les rend furieux. De partout, ils ouvrent le feu et les gens se couchent le long des trottoirs ou se réfugient sous les portes cochères. A la Préfecture où l’on donne une réception en l’honneur des premiers soldats et officiers de la 2e Division Blindée du général Leclerc qui ont franchi la Seine à 21 h 17 et assuré la liaison avec les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) qui se battent dans Paris insurgé, une balle pénètre par une fenêtre et écorche la statue de Louis XIV enfant piétinant les drapeaux de la Fronde.

Oui, l’ennemi est toujours là. Mais plus pour longtemps. Le lendemain 25 août, le colonel FTPF (Francs-Tireurs et Partisans Français) Fabien, appuyé par les chars de Leclerc s’empare du Luxembourg que tenaient les Allemands. Leur résistance est également brisée au ministère de la Marine, rue du Faubourg du Temple, le long du canal Saint-Martin, à la caserne du Prince-Eugène. Le dernier bastion est enlevé par les FFI de la compagnie Saint-Just et du groupe PH35. Une des dernières victimes de la journée est le lieutenant FTPF Barbier, un étudiant en Lettres qui a été promu à ce grade le jour même…

mandant des FFI de l’Ile-de-France, représentant les insurgés parisiens. Les FFI poursuivent cependant l’ennemi en déroute. Le 25 août, le fort de Nogent est pris. On se bat à Joinville où les allemands veulent faire sauter le pont d’importance stratégique de la Marne. Le 26, la lutte se poursuit à Boissy-St-Léger, Sucy-en-Brie, Champigny, Nogent, Le Perreux. Des combats continuent le 28 à Neuillysur-Marne. Mais Paris, capitale d’une France encore en partie occupée par l’ennemi, est cette fois-ci bien libre. Le général de Gaulle y a fait son entrée. Avec les dirigeants de la Résistance intérieure (Conseil National de la Résistance – CNR), il est acclamé par le peuple lors de manifestations enthousiastes à l’Hôtel de Ville et sur les Champs-Elysées.

Entre-temps, le général nazi von Choltitz, qui avait été nommé commandant militaire des troupes allemandes du « Grand Paris » (Paris et banlieue) après l’attentat qui a failli coûter la vie à Hitler le 20 juillet, a été fait prisonnier. Cela s’est passé vers 14 heures. A 15 heures, on le conduit à la gare Montparnasse où il signe sa capitulation entre les mains du général Leclerc et du colonel Rol-Tanguy, com-

Comme l’a écrit l’un des membres du Conseil National de la Résistance, Jacques Debû-Bridel, « la libération de Paris, par Paris avec tous les risques que comporterait cette levée en masse du peuple, devait être tentée. Paris, livré en 1940, pour la première

Une partie du groupe des 27 qui furent fusillés à Chateaubriant 22 octobre 1941 dont Guy Moquet.

Extraits de “Vivre debout, la Résistance” Pierre Durand Editions de la Farandole

fois de son histoire sans combat, Paris vendu, ne pouvait pas, sans se renier, attendre sa délivrance de l’extérieur ». 1 481 FFI trouvèrent la mort dans cette bataille et 3 477 y furent blessés. Mais les parisiens soulevés avaient mis hors de combat près de trente mille soldats et officiers allemands en dépit de l’infériorité de leur armement (2 788 tués, 4 911 blessés, plus de 20 000 prisonniers). Ils avaient détruit 57 chars et en avaient capturé 35 ainsi que 29 canons. La bataille pour la libération de Paris n’avait pas été déclenchée au hasard. La décision en fut prise le 17 août. Ce jour-là, le Comité parisien de Libération (CPL), qui coordonnait l’action de toutes les forces de Résistance, tint une longue réunion au Petit-Clamart. Après une intervention du colonel Rol-Tanguy, il fut décidé à l’unanimité d’informer le Conseil National de la Résistance (CNR) qu’un appel à l’insurrection serait lancé incessamment dans la région parisienne. Le lendemain 18, le texte de l’appel est rédigé rue de Bellechasse où siéLE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019 - 17


LE RÉVEIL DOSSIER geait le CNR. Le soir même, il est placardé sur les murs de Paris. Il dit notamment : « Le devoir simple et sacré pour tous les parisiens est de se battre. L’heure de l’insurrection nationale a sonné. C’est Paris, capitale de la liberté, c’est Paris fier de son passé de lutte et d’héroïsme, c’est Paris libéré par les parisiens eux-mêmes qui accueillera les alliés ». Si le CPL a pris cette décision, c’est qu’il sait deux choses : d’abord que les parisiens sont prêts à se battre, qu’ils veulent se battre, ensuite que les armées alliées et notamment la 2e DB du général Leclerc sont arrivées du côté du Mans. Or des troupes hitlériennes en nombre, fuyant devant l’avance américano-française, sont obligées de passer par Paris. Il faut les en empêcher pour une double raison : d’abord afin qu’elles ne puissent pas se regrouper au nord de la Seine pour

lancer, plus tard, une contre-attaque ; ensuite pour qu’elles ne détruisent pas Paris comme Hitler en a donné l’ordre à von Choltitz. Sur le plan militaire et patriotique, l’insurrection est donc nécessaire. On comprend qu’il était dès lors d’une très grande importance de coordonner l’action des troupes alliées et celles des FFI. Or le CPL savait que les Américains ne comptaient pas prendre Paris à la suite d’une bataille frontale, mais qu’ils prévoyaient de déborder la capitale et de n’y entrer qu’après le 1er septembre. C’était laisser le temps aux nazis de réaliser leurs plans de destruction. Pour parer à cette menace, le colonel Rol-Tanguy, dès le 18 août envoie le commandement de Varreux, dit Brécy, à la rencontre des alliés. Mais la voiture de celui-ci est mitraillée près

d’Etampes et il meurt sous les balles. Le 20 août, à 17 h, Rol-Tanguy décide de renouveler la tentative. Il dépêche vers les alliés le commandant Cocteau – Gallois qui parvient à franchir les lignes allemandes et prend contact avec les Américains à Pussay (Seine-et-Oise). On le conduit auprès du commandant de la IIIe Armée, le général américain Patton, qui lui dit : « Les plans que j’applique ne passent pas par Paris ». Cocteau-Gallois insiste et se fait conduire à Laval où se trouve l’Etat-Major du général Bradley, commandant le groupe d’armées, qui en réfère au général Eisenhower, commandant suprême. Le 22, le général Leclerc obtient le feu vert. Le 24 août, l’Etat-Major des FFI de l’Ile de France reçoit un message lancé d’un avion d’observation de la 2e DB : « Tenez bon, nous arrivons ».

14 juillet 1944, journée décisive Paris tient bon. On peut dire que tout avait commencé le 14 juillet. Ce jour-là il était interdit par l’occupant et les autorités de Vichy de célébrer la fête nationale. Boulevard de Belleville et rue de Belleville, des milliers de manifestants, à l’appel des organisations patriotiques, sont sur le pavé. Un aveugle joue La Marseillaise sur son vieil accordéon. Des cars de police apparaissent. Les gens crient : « La police avec nous ! » Les gardiens interviennent mollement, font monter quelques personnes dans leurs cars. Elles entrent par une porte et ressortent de l’autre côté. On sent que quelque chose est en train de changer.

Estienne d’Orves fusillé le 29 aout 1941 au Mont-Valérien.

18 - LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019

Place Maubert et rue Monge, la manifestation groupe près de dix mille personnes, drapeaux en tête. La police intervient et procède à quelques arrestations. Des FTP en armes tirent dans les pneus des cars. Les prisonniers sont libérés. Les policiers s’en-

Paris sous l’occupation allemande, métro la MADELEINE.

fuient. Rue de Vanves il y a cinquante arrestations à quinze heures. A vingtdeux heures, dix mille manifestants encerclent le commissariat où l’on garde les prisonniers. Ils sont libérés. Un peu partout dans Paris et dans les banlieues des manifestations du même genre ont lieu. Elles montrent aux dirigeants de la Résistance que la population est prête à l’action et que la police est en train de basculer dans le camp


DOSSIER LE RÉVEIL

Ferme lieu de rassemblement de la résistance.

des patriotes. Le 15 août, les policiers se mettront en grève et ils se battront ensuite contre l’occupant. La seconde étape décisive sur la voie de l’insurrection, après celle du 14 juillet, peut être fixée à la date du 2 août. Ce jour-là, quatre dirigeants de la Résistance, le colonel Fabien, le colonel André (Ouzoulias), le colonel Rochet (Young) rédigent le texte d’une affiche appelant à la mobilisation générale. Cette affiche est prête le 6 août, avec ses deux drapeaux tricolores, comme sur les ordres de mobilisation officiels. Le 10 août, 5 000 exemplaires en sont collés sur tous les murs de Paris et des environs. Par milliers, les patriotes rejoignent les rangs de la Résistance. Le général von Choltitz est furieux. Il donne l’ordre d’arracher les affiches. La population les défend. Il y renonce alors et se contente de les faire barrer d’une banderole sur laquelle on lit : « Nous vous avertissons. Songez au sort de Paris ! » Pendant ce temps, les attaques des FTP dans la région parisienne ont atteint une intensité jamais encore égalée. Les détachements et les installations allemands sont attaqués partout, de jour et de nuit. Les soldats ennemis se rendent en masse. Malheureusement, les patriotes subissent eux aussi des pertes et la cruauté des hommes de Hitler se manifeste à de nombreuses reprises.

C’est ainsi que dans la nuit du 16 au 17 août, trente-cinq jeunes sont massacrés à la cascade du Bois de Boulogne et sept autres devant le siège de la police nazie, la Gestapo, 10 rue Leroux, à Paris. Ces jeunes appartenaient à l’Union des forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP). Les uns étaient des FTP qui se battaient depuis 1943, d’autres de nouveaux combattants des FFI, venant de la jeunesse chrétienne combattante ou de l’Organisation Civile et Militaire (OCM). Croyant qu’on allait leur distribuer des armes, ils tombèrent dans un piège tendu par la police hitlérienne qui les arrêta, les tortura abominablement et les fusilla sur ordre de von Choltitz. D’autres atrocités du même genre eurent lieu dans ces jours de fièvre. Au château de Vincennes, à la gare de Lyon, à la gare de l’Est, rue de Bourgogne, à Chatou et Domont (Seine-etOise), au fort de Romainville et dans des dizaines d’autres endroits, les nazis torturèrent et tuèrent des jeunes hommes et des femmes qui n’avaient commis d’autre crime que celui d’aimer leur patrie et de se battre en soldats pour sa libération.

grande capitale, cœur de la France, l’insurrection populaire, la grève générale insurrectionnelle, qui contribueront puissamment à nous faire gagner dans le minimum de temps la bataille de Paris et à hâter l’heure de la délivrance totale de la patrie ». La bataille commence le 16 août. Elle a été précédée par la grève générale des cheminots qui, devenue effective le 10, paralyse l’ennemi et sera décisive pour développer le mouvement insurrectionnel. Dans de nombreuses usines encore en activité, la grève est également totale. Les 16, 17 et 18 plusieurs mairies de la banlieue Est sont occupées par les FFI et les représentants des organisations de la Résistance. C’est le cas à Montreuil, aux Lilas, à Bondy… A la mairie de Montreuil, les allemands ont contre-attaqué le 18 avec des chars « Tigre » et repris la mairie. Les FFI les en chassent dans la soirée. Le 19, les gardiens de la paix en grève et arborant le brassard marqué des trois lettres FFI occupent la préfecture de Police. L’Hôtel de Ville est occupé à son tour. Les drapeaux tricolores flottent sur les deux édifices. A sept heures du matin, les soldats sans uniforme prennent la mairie du 1er arrondissement. Les allemands réussissent à s’en emparer dans l’après-midi. Mais, dans la soirée, ils doivent à nouveau l’abandonner. Le bataillon « Bara » des Milices patriotiques (qui ont été mises sur pied par la Résistance dans les usines et les quartiers) occupe le quartier des Halles. Peu à peu, toutes les mairies sont occupées. Dans le quartier de la Chapelle, la bataille fait rage et se poursuit rue par rue. Le camp de Drancy est pris d’assaut et trois mille juifs qui y attendaient la

Le 15 août, le journal clandestin L’Humanité lance l’appel suivant sous la signature de Jacques Duclos : « Parisiens, Parisiennes, jeunes et vieux, tous au combat par tous les moyens, en vue de faire surgir de notre

Exécution de résistants.

LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019 - 19


LE RÉVEIL DOSSIER de Libération lance l’appel suivant : « Abattez les arbres, creusez des fossés antichars, dressez des barricades ! C’est un peuple vainqueur qui recevra les alliés ». L’Etat-Major FFI déclare : « Que toute la population parisienne : hommes, femmes, enfants, construisent des barricades, que tous abattent des arbres sur les avenues, les boulevards et la grandes rues ».

Etat-major de Rol-Tanguy lors de la libération de Paris.

mort retrouvent la liberté. Sur les barricades barrant rues et carrefours, partout hommes, femmes, enfants même, luttent les armes à la main. A Neuilly, à Saint-Denis, dans le XIIIe arrondissement, les affrontements sont incessants. Au Quartier Latin, le grand savant Joliot-Curie a installé des ateliers où l’on fabrique des bombes et des bouteilles incendiaires. A Levallois, les ouvriers de l’usine Hotchkiss livrent aux FFI deux cent cinquante mitrailleuses et même un tank ! Médecin et infirmières mobilisés dans les services de santé des FFI se dévouent pour secourir les blessés.

Malgré la tentative de von Choltitz en vue de gagner du temps en instituant une « trêve » - que le Conseil National de la Résistance rejette – la bataille se poursuit de plus en plus violente. Les trente-cinq mille hommes environ que comptent les FFI, très mal armés mais d’un indomptable courage, finissent par acculer les Allemands dans quelques réduits puissamment défendus, le Luxembourg, le Grand Palais, la caserne Prince-Eugène. Le 22 août, tandis que les journaux de la Résistance sont pour la première fois mis en vente ouvertement, souvent au prix de la vie de leurs diffuseurs, le Comité Parisien

Les membres du groupe manouchian arrêtés en novembre 1943 fusillés le 21 fevrier 1944.

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L’ennemi est ainsi traqué, enfermé, prisonnier. Malgré ses moyens matériels et ses effectifs, il n’est plus en sûreté nulle part. Lorsque les premiers éléments de la 2e DB atteignent Paris, il est déjà vaincu. Il ne reste plus qu’à liquider ses derniers bastions. Cette libération de Paris, à jamais glorieuse, venait après quatre années de malheurs. La France avait été battue en 1940 dans des conditions que la plupart de ses habitants n’arrivaient pas à comprendre. La capitale avait été livrée sans combat. L’armée avait été faite prisonnière dans son entier, malgré le courage de bien des soldats et officiers. L’Allemagne nazie avait occupé l’ensemble de la France, pillé ses richesses, déporté des centaines de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, tué les meilleurs de ses fils. Lorsque cette terrible défaite avait frappé les Français, en juin 1940, tout le monde se demandait : « Mais comment a-t-on pu en arriver là ? ».


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Conception graphique : collectif Au fond à gauche - B. Charzat & G. Lanneau 2018

Expositioen s


LE RÉVEIL VOS DROITS

Que faire en cas de refus de soins aux bénéficiaires de la CMU-C, de l’ACS et de l’AME ? Le Défenseur des droits publie un dépliant pour aider les bénéficiaires victimes d'un refus d'accès aux soins à faire valoir leurs droits et une fiche pratique à destination des professionnels de santé leur rappelant leurs obligations. En décembre 2016, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a ouvert une enquête sur les difficultés d’accès aux soins pour les bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), de l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS) et de l’aide médicale de l’État (AME) en raison de mentions discriminatoires sur des sites de prise de rendez-vous médicaux en ligne. Observées sur les profils de professionnels de santé, ces mentions imposaient pour ces bénéficiaires des conditions spécifiques pour la prise de rendez-vous et pour la consultation (horaires limités, demande d’un nombre plus important de justificatifs administratifs, etc.) ou exprimaient un refus direct de prise en charge. Au terme de son enquête menée auprès de plusieurs médecins et de deux exploitants de plateformes de prise de rendez-vous en ligne, le Défenseur des droits a constaté un encadrement légal insuffisant du fonctionnement de ces plateformes. Il souligne le caractère discriminatoire et/ou stigmatisant de toutes les mentions visant expressément les bénéficiaires de la CMU-C, de l’ACS et de l’AME et condamne les refus de soins dont ils sont victimes. Le Défenseur des droits recommande aux plateformes de respecter le principe de non-discrimination afin d’éviter les refus de soins discriminatoires directs ou indirects via les profils des professionnels de santé. Il recommande aussi la mise en place d’un contrôle des informations mises en ligne et une possibilité de signalement pour les utilisateurs en cas de refus de soins. Enfin, 22 - LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019

il souligne que la responsabilité des plateformes peut être engagée sous certaines conditions. Indépendamment de cette enquête, le Défenseur des droits a créé deux outils d’information pour prévenir les refus de soins en collaboration avec différents acteurs dont trois ordres de professionnels de la santé (CNOM, ONCD et ordres des sages-femmes), des associations (FAS, Aides, APF, UNAF, etc.), la Direction de la conciliation de l’Assurance maladie, la métropole Lilloise, etc. ✔ Le premier outil est un dépliant qui s’adresse aux bénéficiaires d’une prestation santé susceptibles d’être

victimes de refus de soins afin de les aider à faire valoir leurs droits. ✔ Le second outil est une fiche à destination des professionnels de santé leur rappelant leurs obligations légales tout en faisant des recommandations pour l’amélioration de leurs pratiques. Contactez : ✔ La Direction et/ou la commission de conciliation de votre caisse locale d'Assurance maladie (CPAM), ✔ Le Conseil départemental de l'Ordre du professionnel de santé concerné ✔ ou la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF)

Demi-part fiscale supplémentaire ➜ Pour un ancien combattant La carte du combattant vous permet de bénéficier d’une demi-part supplémentaire si vous avez plus de 74 ans au 31 décembre de l’année d’imposition. Pour cela, vous devez cocher la case S, ou W (selon votre situation matrimoniale) du cadre relatif à la situation du foyer fiscal de la déclaration de revenus. Si votre conjoint, âgé de plus de 74 ans, est également titulaire de la carte du combattant, seule une demi-part est accordée au couple. ➜ Pour la veuve d’un ancien combattant Si vous avez plus de 74 ans au 31 décembre et si votre conjoint, décédé, bénéficiait de la demi-part supplémentaire, vous pouvez bénéficier d’une demi-part supplémentaire. Pour cela cochez la case W du cadre relatif à la situation du foyer fiscal de la déclaration de revenus. ➜ Dispositions communes Vous ne pouvez pas cumuler plusieurs demi-parts lorsque vous bénéficiez d’une demi-part supplémentaire au titre de la carte du combattant (notamment si vous avez cochez les cases P, L, G ou W de la déclaration de revenus).


VOS DROITS LE RÉVEIL

Carte du combattant Algérie 1962-1964

4 droits immédiats dont la retraite du combattant et la ½ part fiscale supplémentaire Carte du combattant Algérie 1962-1964 Cette décision de la Loi de Finances pour 2019 entraîne 5 mesures immédiates : 1/ L’attribution de la carte du combattant pour les militaires présents au moins 120 jours en Algérie entre le 2 juillet 1962 et le 1er juillet 1964 et le TRN (Titre de Reconnaissance de la Nation) aux intéressés ci-dessus qui ne le détiennent pas. 2/ Le droit au port officiel de la Croix du Combattant (et à la médaille du TRN pour ceux qui n’avaient pas le diplôme). 3/ Le droit de percevoir la retraite du combattant (751,40 € non imposables) 4/ Le bénéfice d’une demi-part fiscale supplémentaire (octroyée aux titulaires de la carte du combattant ayant 74 ans révolus). 5/ La possibilité de se constituer une rente mutualiste Anciens Combattants, subventionnée par l’Etat, non imposable en effectuant des versements déductibles du revenu net imposable. La Mutuelle Familiale – Groupe de l’ARAC est à votre disposition pour vous renseigner, vous aider à constituer votre dossier et vous accompagner dans vos démarches. Réception et accueil uniquement sur rendez-vous : 52 rue d’Hautevile – 75487 PARIS CEDEX 10 - Tél : 09 888 100 16 courriel : mutuarac@mutuelle-familiale.fr

Conférence à la Mutuelle Familiale sur la Première Guerre Mondiale en partenariat avec l’ARAC Sans la paix, les droits sociaux n’ont pas de sens : ce pourrait être la conclusion de la conférence-débat sur la Première guerre mondiale qui a réuni le 29 novembre dernier une quarantaine de personnes au siège parisien de La Mutuelle Familiale. Co-organisée avec l’ARAC, l’initiative entendait célébrer, en ce centenaire de l’armistice, la mémoire d’Henri Barbusse. Prix Goncourt 1916 pour Le Feu, Journal d’une escouade tiré de son expérience des tranchées, l’écrivain a fondé l’ARAC qui lança en novembre 1917, le cri de « Guerre à la Guerre »… Pour Léonora Tréhel, présidente d’une mutuelle qu’elle a qualifiée de « résistante », les mêmes sentiments humanistes habitent les deux organisations, partenaires de longue date. Elle a évoqué les hommes à l’origine de La Mutuelle Familiale en 1937, les mé-

tallos Ambroise Croizat, Jean-Pierre Timbaud, Marcel Paul et leurs compagnons, marqués par 14-18 et eux aussi imprégnés des valeurs sociales et républicaines qui allaient s’engager plus tard dans la lutte antifasciste. Patrick Staat, le secrétaire général de l’ARAC, a de son côté insisté sur l’importance de comprendre les causes et les conséquences de la guerre. A chaque moment du développement du capital, à chaque crise depuis la fin du 19e siècle, le capitalisme a réorganisé le monde au travers de conflits meurtriers, a-t-il expliqué, s’inquiétant des menaces actuelles sur la paix avec notamment l’augmentation des budgets de la Défense. Selon Bruno Drweski, maître de conférences à l’INALCO et membre du Bureau nation de l’ARAC, « La guerre ne s’est pas terminée en 1918 ». L’historien a donné des clés

Sous la présidence de Nora Tréhel, présidente Mutuelle Familiale, à sa gauche Bruno Drweski et à sa droite Patrick Staat Secrétaire général de l’ARAC.

de compréhension pour l’ensemble du 20e siècle et jusqu’à nos jours. Dans cette passionnante conférence, suivie de discussion avec la salle, il a été question de la mobilisation qui en 1913 était à son apogée – il faudra attendre les années 1980 pour retrouver ce niveau d’échanges financiers et commerciaux -, des progrès techniques, des peuples coloniaux, du rôle des femmes, des Bolchéviques, du LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019 - 23


LE RÉVEIL VOS DROITS « charcutage » de l’empire ottoman qui éclaire les conflits aujourd’hui au Proche Orient, de la baisse tendanciel du taux de profit, etc. Reste une question : pourquoi tout le monde a-t-il voté les crédits militaires ? A part quelques rares personnalités comme Jaurès qui a été assassiné, personne ne s’est opposé à la guerre et l’internationalisme dans

le mouvement ouvrier a fait long feu. Pour Patrick Staat, c’est la preuve que le combat pour la paix doit être mené partout inlassablement, notamment en faisant connaître la Charte de l’ONU, adoptée en 1945 avec l’objectif de « préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à

l’humanité d’indicibles souffrances ». Une exposition sur la Grande guerre, composée de panneaux réalisés par l’ARAC, était accessible au public les 29 et 30 novembre dans les locaux de la mutuelle. André Fillère Espoir Mutualiste octobre, novembre, décembre 2018

1919-2019 : Ne laissons pas disparaître nos droits e budget 2019 a enfin attribué la carte du combattant aux militaires stationnés en Algérie entre le 1er juillet 1962 et le 1er juillet 1964. Ils doivent en faire la demande sur un formulaire spécial comportant l’attribution de la retraite du combattant (751,40 euros par an non imposables). Laquelle carte leur permettra également de se constituer une rente mutualiste Ancien Combattant non imposable (versements constitutifs déductibles des revenus imposables, rente non imposable et subventionnée par l’Etat, revalorisation annuelle, etc.). Sur tous ces sujets, la Mutuelle Familiale-groupe ARAC est à votre disposition pour plus d’information.

Si le point de pension vient d’être revalorisé (5 centimes), celui de la Fonction Publique (sur lequel nous sommes alignés) sera encore gelé en 2019. C’est d’autant plus insupportable que le budget et la cour des comptes veulent s’en prendre à la retraite du combattant et aux pensions PMI au prétexte que le droit à réparation issu de la loi du 31 mars 1919 (il y a 100 ans !) serait « obsolète », les militaires OPEX étant professionnels. Que restera-t-il demain de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONAC) qui ne verra en 2019 aucun remplacement de départ à la retraite ni de mutations ? Que restera-t-il du droit à réparation

alors que, officiellement, sur 26 questions référencées par le gouvernement, 14 (+ de 50 %) sont rejetées et 10 repoussées à plus tard ? Plus que jamais, pour les Anciens Combattants et Victimes de Guerre (OOPEX comprises), les victimes d’attentats et les familles, l’action pour la permanence et l’amélioration du droit à réparation, loin d’être obsolète ou dépassée, est un enjeu capital, vital pour leur présent et pour leur avenir. Avec la Mutuelle Familiale groupe ARAC, soutenez l’action revendicative pour un 100e anniversaire fidèle aux valeurs de la loi du 31 mars 1919. André Fillère – Espoir Mutualiste octobre-novembre-décembre 2018

La Mutuelle Familiale à vos côtés Vous êtes adhérents de la Mutuelle Familiale-Groupe ARAC ? Alors vous faites partie de l’une des 30 premières mutuelles de France, qui compte près de 250 000 bénéficiaires et un réseau d’une quarantaine d’agences. Vous y bénéficiez de couvertures santé pour les jeunes, familles, les seniors ou les entreprises, ainsi que des services élargis. Car la Mutuelle Familiale est plus qu’une complémentaire santé… c’est une complémentaire de vie ! Elle accompagne ses adhérents au quotidien avec ses offres en prévoyance, perte d’autonomie, de multiples initiatives de prévention et des solutions bien24 - LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019

être, avec ses site internet mutuelle-familiale.fr et mapreventionsante.fr, son appli mobile La Mutuelle Familiale, le magazine VIva… Le soutien solidaire qu’elle procure à ses membres peut s’exercer à travers l’aide sociale, l’Assistance à domicile ou la protection juridique, inclus dans tous les contrats. 8 raisons de nous faire confiance 1/ Nous partageons des valeurs et les projets qui vont avec. 2/ Nous défendons vos intérêts avec davantage de moyens économiques et techniques.

3/ Nous proposons une diversité d’offres et de services plus performants et mutualisés. 4/ Nous avons la solidité et l’enthousiasme pour vous accompagner tout au long de la vie. 5/ Nous développons un réseau national avec une présence à vos côtés, où que vous soyez. 6/ Nous pouvons innover pour protéger mieux votre santé. 7/ Nous ferons face aux nouveaux enjeux de santé, par le développement de la prévention. 8/ Nous sommes capables de répondre avec la même exigence aux besoins des particuliers et des entreprises.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Drancy (93) Maison des Combattants Drancy - 16 février 2019 Une initiative conjointe de la communauté scolaire du Lycée Technique Paul LE ROLLAND, de la Municipalité. Dans le cadre des commémorations du centenaire les élèves du Lycée Technique Paul Le ROLLAND de DRANCY encadrés par leurs enseignants, ont réalisé des objets de mémoire dont une plaque commémorative reprenant le texte « LE FEU « d’Henri BARBUSSE. Cette création dévoilée au sein de l’établissement, a été reproduite à l’initiative de madame LAGARDE Maire de DRANCY. Posée et inaugurée le 16 février dernier dans les locaux de la Maison des Combattants DEL BARRIO, en présence des res-

Michel Debailly avec des lycéens

ponsables des dix associations regroupées dans l’ULAC et l’ensemble des porte-drapeaux la délégation des élèves (Baccalauréat TU) et leurs professeurs ont été accueillis par madame le Maire. Participaient également les jeunes du Conseil Consultatif Jeune et diverses personnalités associatives dont Raphael VAHE président de l’ARAC Nationale, Françoise GATY présidente de l’Association de Mémoire PAPYRUS, des services municipaux dont le responsable de la jeunesse, des Elus municipaux. La municipalité a également fait réaliser par les mêmes élèves, des Anneaux de la Mémoire, gravés au nom de chaque association symbolisant le lien entre les générations. La plaque commémorative a été dévoilée conjointement par madame LAGARDE Maire de DRANCY, le président local de l’ARAC Michel DEBAILLY et Jean Claude PICAUD (ULAC). Puis ce sont les élèves qui ont remis l’anneau gravé à chacune des Associations tout en levant le verre de l’amitié offert par la ville. La section ARAC a félicité les créateurs et remis aux représentants des élèves et

Madame Lagarde maire de Drancy

leurs professeurs le livre collection reliée « Le FEU d’Henri BARBUSSE » ainsi qu’une copie lithographique du portrait de H. Barbusse 1934 et de l’affiche éditée à l’occasion du prix Goncourt remporté par l’écrivain en 1916. Puis furent remis également deux ouvrages du centenaire de l’ARAC, qui montrent la lutte inlassable de l’association pour la Paix, l’antifascisme, la dignité humaine ainsi que le plan d’exposition consacrée à H. Barbusse pour poursuivre dans les deux établissements scolaires contigus la transmission de la Mémoire « de Guerre à la Guerre ». Ce sont 3500 élèves et professeurs qui fréquentent les deux lycées Drancéens. La publication municipale LE MEDIA, éditée en 30 000 exemplaires a rendu compte de cette initiative mémorielle, originale, de promotion de la culture de Paix. Pour le bureau ARAC : M. DEBAILLY

Nos peines ■ 02 - AISNE Soissons : Claude LESTARQUIT, 78 ans ■ 03 - ALLIER Bourbon l’Archambault : Marc JUGE, AC ATM. ■ 04 – ALPES HAUTE PROVENCE Les Mées : Michel KOTULA, 78 ans. ■ 13 - BOUCHES DU RHONE Vellutini St-Just : Roger IMBERT, AC ATM. Septemes les Vallons : Louis MICHEL, AC ATM. Velaux : José BANO, 95 ans, AC 39-45. Pierre MULET, 93 ans, AC 39-45. Robert TODDE, 86 ans, AC ATM. ■ 19 – CORREZE Clergoux : Serge BASSALER ■ 29 - FINISTERE Fouesnant : Paul LE BERRE, AC ATM. ■ 30 – GARD Nimes : Michel DAVID, 78 ans, AC ATM, porte-drapeau départemental. ■ 31 – HAUTE GARONNE Lévignac : Eugène DANIZAN, 84 ans, AC ATM, président de la section et ancien président départemental.

■ 34 – HERAULT Lodève : Gérard SINIER, 79 ans, AC ATM, président de la section. Montpellier : Germain ALOGUES, AC ATM. ■ 35 – ILLE ET VILAINE Rennes : Guy FAISANT, 93 ans, AC 39-45. ■ 44 – LOIRE ATLANTIQUE Orvault : Robert FONTENEAU, 85 ans, AC ATM ■ 47 - LOT ET GARONNE Casteljaloux : Marc ABDOU, 94 ans, AC Indochine. Marmande : Roland BOSCO, 78 ans, AC ATM. ■ 57 - MOSELLE Yutz-Sarrable : Robert KLEIN, 94 ans, AC 39-45 ■ 58 – NIEVRE Nevers : Pierre LIOT, AC ATM. ■ 59 – NORD Feignies : Emile MONIER. Solre le Chateau : Gaston BOULANGER, 85 ans, AC ATM. Marceau DUFOSSET, 79 ans, combattant pour la paix. ■ 66 – PYRENEES ORIENTALES Prades : Narcisse FALGUERA

■ 72 – SARTHE Allonnes : Michel BOUTELOUP, 83 ans, AC ATM. René LOYANT, 78 ans, AC ATM. ■ 76 - SEINE MARITIME Le Havre : Jean-Claude LESIMPLE, 83 ans, AC ATM et Indochine. ■ 77 - SEINE ET MARNE Dammarie les Lys : Robert TRUCHON, AC ATM ■ 83 – VAR St Raphaël : Jean DREHER. Severin MILLANELLO ■ 84 - VAUCLUSE Montfavet : Régis LAMOUROUX, 80 ans. ■ 91 – ESSONNE Brétigny : Roger LEBLANC, 92 ans, AC 39-45. Chilly Mazarin : Gérard CARCENAC. Limours : Loganadane SARANGA, 85 ans, AC Indochine et ATM, porte drapeau de la section. Henri RIO, 88 ans, AC ATM. ■ 93 – SEINE ST DENIS St Denis : Michel ALLARD, combattant pour la Paix ■ 99 – CONSEIL NATIONAL Verdelot : Guy PIERRONNET.

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Ivry-sur-Seine (94)

Lot (46)

Le 13 mars ont eu lieu les obsèques du regretté Roger Gilbert qui fut président pendant plusieurs années de la section d'Ivry-sur-Seine, membre du conseil national, responsable départemental. Jacques verrier Secrétaire national et Président départemental du Val de Marne a retracé le parcours riche et dense de Roger, porteur inlassable des valeurs républicaines de notre association.

Vendredi 1er mars, des camarades et amis du Lot ont décidé de créer un comité départemental dans le département 46. Ils ont constitué leur bureau : Claude Baissin président d’honneur, Jean-Claude Souliée président, Michel Raffanel secrétaire général, Monique Kefti trésorier. Contact : jc.souliee@orange.fr ou 06.71.91.96.09.

Vitry-sur-Seine (94)

LOTO

Inauguration mail TCHAKARIAN

ARAC VILLEJUIF (94)

Le 21 février 2019, pour ne jamais oublier, un vibrant hommage était rendu à Arsène Tchakarian, disparu il

y a quelques mois, et au groupe Manouchian, 75 ans après leur fusillade au Mont-Valérien. Le mail à l’angle des avenues Manouchian et Jaurès porte désormais le nom d’Arsène Tchakarian, largement honoré à travers sa famille par les jeunes des centres de quartier et les élus. L'arac était bien présente avec Patrick Staat secrétaire général, Brigitte Contant et Jacques Verrier membres du Secrétariat National.

Beaucoup de monde au loto organisé par l’ARAC de Villejuif. De nombreux lots ont été gagnés et notamment des carte-cadeau d’une valeur de 300 euros

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26 - LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Charente (16)

ALLIER (03) Hommage à Pierre Sémard

Le 7 mars 2019 le comité Charente a tenu sa 71e Assemblée Générale, de nombreux délégués avaient fait le déplacement. Après la lecture des rapports approuvés à l’unanimité ainsi que le renouvellement du Conseil d’Administration des conseillers Nationaux et vérificateurs aux comptes. Notre vœu pour 2019 c’est rassemblons-nous, résistons à cette politique qui défigure ce que nos aînés ont mis 230 ans à construire. Tout mettre en œuvre pour le grand mouvement International de la Paix. A la fin de nos travaux nous avons déposé une gerbe à la Stèle Gontran Labrégère.

Comme chaque année, les syndicats cheminots CGT actifs et retraités de SAINT-GERMAIN organisaient la cérémonie d'hommage à PIERRE SEMARD syndicaliste cheminot fusillé à Évreux le 7 mars 1942 par l'occupant nazi, dont la rue principale de la commune porte le nom. Nous avons déposé des fleurs en mémoire de ce grand militant progressiste, victime du fascisme. Les portes drapeaux de l'Association Républicaine des Anciens Com-

Mine du syndicat de Tiercelet à Thil (54)

Le Président Jean-Pierre COLAS

Var (83) La Section ANACR de St Raphaël à Roquebrune S/Argens, adhérente à l’ARAC, fait parler d'elle. André né en 1942, et passionné de la Seconde Guerre Mondiale, et Jeannine née en 1944, fille du Résistant Jean Carrara FTP M.0.1, mort lors d'une attaque d'un convoi Allemand au Col des Lecques (H.A.P) a l'âge de 19 ans et 3 mois, font depuis plus de 10 ans un travail remarquable de transmission mémorielle, sur la deuxième Guerre Mondiale, dans les Etablissements scolaires du Var, en particulier sur les actions importantes de la Résistance dans notre Département face à l'occupant Allemand, et à la milice pétainiste. Il consacre également un temps de parole sur la Déportation. Les élèves des Ets scolaires, Lycées, Collèges, Ecoles primaires sont à l’écoute, car beaucoup d'entre eux ignorent cette douloureuse période. Le devoir de transmettre cette histoire est indispensable car on travaille les causes et les conséquences de cette résistance et dans une période actuelle où la résurgence des vieux démons s'affirme. Gérard VALLEE

1885-1945 et inauguration en 2016 des plaques commémoratives en l'honneur des prisonnières russes ensevelies lors d'un éboulement dans la mine en 1944 et en l'honneur d'autres prisonnières russes qui se sont évadées et ont constituées le commando Rodina avec les FFI. Ces événements étaient tombés dans les oubliettes pendant plus de 60 ans. La mine a été complètement murée en 1958.jusqu'à peu personne ne l'a exploré si ce n'est la Drir il y a une dizaine d'année lors des mouvements de terrain au cités Sors. C'est grâce à René Barch, historien natif de Thil qui a exhumé l'histoire des prisonnières russes et l'histoire de Rodina qu'on a commencé à s'intéresser à la mine du syndicat de Tiercelet. Depuis la municipalité de Thil en collaboration avec L'amicale d'histoire industrielle d'Hussigny ont commencé à explorer et réhabiliter la mine en faisant d'importantes découvertes comme la bétonnière allemande et les cellules de travail de l'usine souterraine servant à la fabrication et au montage des V1.

battants de SAINT-GERMAIN et SAINT-POURÇAIN étaient également là. Le représentant du syndicat a notamment appelé à poursuivre l'œuvre de PIERRE SEMARD de défense et de développement du service public, pour le rail et dans tous les secteurs.

Ivry-sur-Seine (94) La cérémonie annuelle en l'honneur du groupe Manouchian tenue en février a vu une participation remarquée de notre association, avec la présence de plusieurs responsables de l'Arac : Patrick Staat secrétaire général, Brigitte Contant secrétaire nationale, Jean-Luc Colin membre du bureau national. Cette cérémonie fut la première depuis la disparition l'an dernier du dernier membre du groupe Manouchian Arsène Tchakarian. Dépôt de la gerbe de l'Arac par Patrick Staat avec deux élèves du lycée Paul Valéry de Paris. Les drapeaux de 6 sections de l’ARAC ainsi des drapeaux de l’ANACR et de la FNDIRP étaient présents.

P. Staat et les lycéens de Paul Valéry de Paris LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019 - 27


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Chilly-Mazarin (91) Assemblée générale annuelle - 5 fevrier 2019 L’Assemblée Générale Ordinaire Annuelle de l’A.R.A.C de Chilly-Mazarin s’est tenue le mardi 5 février 2019. Participation importante dans une ambiance fraternelle et de travail. Le bilan d’activité de l’année 2018 a été présenté par son Président Lucien Duverger-Chatelet dans son introduction qui avait également valeur de rapport moral, puis par le Secrétaire Général Gabriel L’hospitalier dans son rapport d’activité. L’Assemblée Générale a arrêté ses axes d’action pour l’année 2019, année du 75e anniversaire du Programme du C.N.R. et de la Libération de la Ville de Chilly-Mazarin et de la libération de Paris.

Les rapports d’activité et financier ont été adoptés à l’unanimité. L’Assemblée Générale a également élu à l’unanimité sa Direction pour l’année à venir. 2 adhésions à l’A.R.A.C. ont été réalisées, ce qui constitue un encouragement à la poursuite et au développement des activités de cette belle association républicaine. Le Maire de la Ville, Monsieur Jean Paul Benytou et la Conseillère départementale, Madame Rafika REZGUI étaient présents. L’Assemblée s’est terminée par un Vin d’honneur convivial très apprécié de tous. » Lucien Duverger-Chatellet Président

Assemblée générale de la section de l’Arac De Noisy-le-Grand (93) le 24 février 2019 - MOTION Suite aux États Généraux de la Paix tenus le 21 avril 2018 à Paris, l’Assemblée Générale de la section de l’ARAC de Noisy-le-Grand réunie le dimanche 24 février 2019 a adopté le principe d’une motion adressée au Bureau national de l’ARAC : La paix est gravement menacée dans le monde. Alors que la Charte des Nations Unies avait comme principes fondateurs en 1945 le respect de la souveraineté des nations et des peuples et l’interdiction du recours à la force, les principales puissances militaires de l’OTAN, la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne, s’affranchissent du droit international et de la légitimité de l’ONU. Les budgets militaires explosent. Emmanuel Macron veut construire une armée européenne pour contrer la Chine, la Russie, les USA et accepte que l’Allemagne se réarme. La prolifération nucléaire, la course aux armements, la remise en cause d’accords internationaux, renforcent les conflits meurtriers partout dans le monde. Un ordre économique et social, fondé sur le pillage des ressources et l’exploitation du plus grand nombre au profit d’une minorité, sont vecteurs de risques de guerre. Des régimes populistes et autoritaires, des partis nationalistes à caractère fasciste sont désormais au pouvoir dans plusieurs pays. Le combat pour la paix est décisif : la France doit retrouver son indépendance en matière de politique internationale et de défense nationale pour promouvoir une culture de paix. Il est impératif qu’elle sorte de l’OTAN, se prononce pour sa dissolution, signe et ratifie le Traité d’interdiction des armes nucléaires adopté par 122 pays en assemblée générale de l’ONU.

28 - LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019

L’Assemblée générale de l’ARAC de Noisy-le-Grand réaffirme le rôle majeur de l’ONU dans le combat pour la paix. Elle est l’instance la plus universelle, la plus à même de réunir tous les acteurs de la scène mondiale et le seul lieu où peut se construire un monde de valeurs communes basées sur les droits de l’homme et les libertés fondamentales. Alors que les grandes puissances créent des lieux de rencontres en marge, comme le G20, pour échapper aux exigences de la charte de l’ONU et ainsi maintenir leur place dans le monde, l’Assemblée générale de l’ARAC de Noisy-le-Grand considère impératif de redonner à l’ONU tout son rôle, son autorité et son fonctionnement pour solutionner les conflits et redevenir l’outil essentiel du maintien de la paix. Ses militants se déclarent déterminés à prendre toute leur place aux côtés des citoyens pour se mobiliser afin de rétablir et renforcer les valeurs initiales de l’ONU : la négociation et le droit international humanitaire contre la force.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Bouches-du-Rhône (13) tions posées par les élèves sur les poilus, de leurs conditions de vie, de leurs distractions, des armes utilisées, leurs tenues, le bilan de la guerre, les monuments aux morts, l’armistice du 11 novembre, etc. et au final ça sert à quoi de se souvenir, autant de questions pertinentes dans le cadre de l’opération et de leur inscription au concours National “Les Enfants pour la Paix”, dont nous attendons avec impatience le résultat. Jeudi 28 février 2019, le secteur mémoire de l’ARAC des Bouches du Rhône s’est rendu dans une école élémentaire, classe de CM2 de la Figone aux Caillols de Marseille à la demande de l’institutrice Madame Aude Galli. Rencontre placée dans le cadre du devoir de mémoire sur la première guerre mondiale. Film-Vidéo-Images-Documents-Matériels d’époque et 20 ques-

Loiret (45) L'ARAC a rendu hommage à Pierre Sémard, assassiné par les nazis le 7 mars 1942 à Évreux. L'ANCAC, la FNACA ainsi que le PCF assistaient à la cérémonie organisée par la CGT cheminots d'Orléans les Aubrais. Gilbert Lemoine

Merci à Jean-Pierre Molière pour son matériel et sa projection d’images concernant les questions, à Paul Roubin vice-président départemental délégué à la mémoire de l’ARAC 13 pour la projection du petit film sur 14/18 et de ses interventions, de Patrick Saintenoy président départemental qui a répondu aux questions. Bravo aux élèves et merci à Madame Aude Galli l’enseignante.

Millas (66) Les amis du maquis Henri Barbusse exposent à la Retirada Cette année du 80e anniversaire, il est particulièrement important de commémorer l’entrée des Républicains chassés par Franco en 1939 en France. Les amis du maquis Henri Barbusse de Millas exposent au Château de Caladroy (col de La Bataille à Bélesta) cette histoire tragique qu’a vécue le département des Pyrénées Orientales. L’expo montre également l’engagement de nombreux républicains dans les combats pour la libération de la France.

Vosges (88)

L’assemblée générale de l’ARAC 88 s’est déroulée le dimanche 10 mars en mairie de Gérardmer devant une vingtaine de d’adhérents. Le président, Mi-

Un tiers de la population du département est issu de la Retirada. Nombre d’entre eux, se sont engagés, se sont organisé dans la lutte armée contre les nazis. L’hommage est rendu aux guérilleros qui, aux côtés du maquis Henri Barbusse, ont délivré le département par de nombreuses actions de feu autour du Canigou. L’exposition du Château de Caladroy, visible toute l’année du lundi au vendredi de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h. chel Grüner pour raison de santé, est remplacé par Alain Morel. Le nouveau secrétaire général Pierre Olivier Poyard. Le rapport d’activités, le rapport financier, le rapport des commissaires aux comptes sont adoptés par l’assemblée. Francis Bretenoux, pour les activités qu’il a menées au sein de l’Arac 88 depuis sa création, reçoit des mains de notre camarade du Haut-Rhin Auguste Bechler, la médaille du centenaire de L’ARAC. Cette matinée se termine autour d’un repas convivial et collectif.

Auguste Bechler remet la médaille du centenaire de l’ARAC à Francis Bretenoux.

LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019 - 29


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

1919-2019 L’ARAC des Bouches-du-Rhône a 100 ans C’est en Mars 1919, après plusieurs visites dans notre département de Jean DUCLOS et de Paul VAILLANT-COUTURIER, que des anciens poilus de 14/18 décidèrent de créer l’ARAC des Bouches du Rhône. Ils s’appelaient PRADEILLES, GUILLY, ROUSTAND, MARTIN, REYNAUD, COULOMNIER, CHATARD, PIZZIO rescapés de cette immonde boucherie. Ils se réunissaient dans le local de la S.F.I.O situé Cours Saint-Louis à Marseille à côté du bureau de Gabriel PERI mais durent en changer après la scission du congrès de Tours. Les années vingt, d’une folle intensité de par les combats à mener contre le fascisme qui naît en Italie, l’occupation de la Ruhr, la guerre du RIF au Maroc pour dénoncer le colonialisme, les manifestations pour la défense de la loi à réparation de 1919, c’est également le temps des grands meetings à Marseille avec Raymond LEFEBVRE, Paul VAILLANT-COUTURIER. Les années 30 où notre pays subit les premiers effets de la crise économique de 1929, l’éternel combat contre le fascisme après l’arrivée d’Adolphe HITLER. 1934 : construction du Front Populaire contre la misère, le fascisme et la guerre et pour la liberté, le travail et le pain. 1936 : la victoire du Front Populaire. C’est la convocation des camarades de l’ARAC de Marseille à la mairie où le maire leur demande de participer au Conseil Municipal, mais les exigences étaient telles que nos camarades ont répondu que l’ARAC n’était pas une “Association de prostituées”. 1936-1938 c’est la Guerre civile en Espagne et des centaines de camarades des Bouches du Rhône s’engagent dans les Brigades Internationales, 30 - LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019

la 14e Brigade “La Marseillaise” et les Bataillons BARBUSSE et VAILLANT-COUTURIER. 1939-1945 comme l’ARAC Nationale, notre département est déclaré dissout. Apprenant que notre siège allait être perquisitionné, Madame PRADEILLES met le feu à toutes nos archives évitant ainsi l’arrestation de nombreux camarades. Malheureusement plusieurs furent arrêtés, déportés, internés, tels PRADEILLES, PIZZIO dirigés au camp de Saint-Sulpice dans le Tarn. BEROUD quand à lui fût fusillé le 31 mars 1942 au Mont-Valérien au côté de René SAHORS et de nombreux camarades engagés dans la résistance. Le 18 août 1944, à l’appel de la CGT clandestine menée par notre camarade Lucien MOLINO, c’est la grève insurrectionnelle à Marseille avec prise de la préfecture et la libération de la ville fin août 1944. Raymond AUBRAC est nommé Commissaire de la République par le général De GAULLE. Commence alors les réquisitions d’entreprises pour poursuivre l’effort de guerre. Plusieurs dirigeants d’entreprises sont arrêtés pour collaboration avec l’ennemi dont les Aciéries du Nord de la CAPELETTE à Marseille. Mais AUBRAC jugé trop proche de Lucien MOLINO, des communistes et son amitié avec HO CHI MINH seront les éléments déclencheurs de son départ. 1945, victoire sur le fascisme et le nazisme. L’ARAC des Bouches du Rhône réapparaît au grand jour et nos camarades engagés dans la résistance défilent sur la CANEBIERE avec toutes les forces libératrices au côté des femmes de l’Union des Femmes de France. Notre camarade PIZZIO déclare à

nouveau l’ARAC de notre département à la préfecture. Le communiste Jean CRISTOFOL est élu maire de Marseille. Les sections ARAC renaissent dans tout le département. Sont même créées des sections d’entreprises : Douanes, Tabacs, Cheminots, Marins, etc. Une section d’Arméniens voit le jour dans ce département industriel avec les tuileries, les savonneries, cimenteries, minoteries, l’aéronautique, les mines, la construction et réparation navale, l’activité portuaire avec dockers et marins, la pétrochimie à Berre l’Étang, les vignes et les oliveraies. De ces multiples activités en sort une classe ouvrière importante et combative composée aussi d’immigrés ayant fui et combattu le fascisme. 1946-1954 L’Indochine et le début des guerres coloniales : Notre ARAC départementale manifeste et agit avec les portuaires marins et dockers mais aussi avec la population qui scande assez de morts, assez de sang. Lucien MOLINO et de nombreux camarades sont arrêtés et emprisonnés. 1952-1962 c’est la guerre en Afrique du Nord avec Marseille et son port comme plaque tournante. C’est à nouveau l’ARAC qui, dans la lutte contre la guerre et pour la paix, manifeste devant le camp de Sainte Marthe mais également sur les quais d’où partent les navires. Puis, par la suite, ce sont jusqu’à aujourd’hui des décennies où l’ARAC est impliquée dans les combats de notre société, mais aussi de solidarité avec les peuples avec notamment l’acheminement de matériels transitant par le port au peuple Vietnamien. Combats pour défendre sans relâche ce merveilleux Programme du Conseil National de la Résistance qui est le cœur de nos valeurs.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL Malheureusement, force est de constater que nombres d’entreprises, disparues après les 30 glorieuses, laissent derrière elles des friches industrielles aujourd’hui entre les mains de promoteurs et requins de la finance, faisant de notre département le bronze-culs de l’Europe. L’ARAC des Bouches du Rhône a 100 ans. Que de pleurs, que de larmes, que de sang, que de luttes et de combats mais aussi que de rires et de joies ont jalonné ces décennies. Oui nous avons aujourd’hui une centenaire mais une Centenaire encore pleine de vie. Bien sûr, ici comme ailleurs l’horloge biologique du temps poursuit son interminable fauchage mais notre association a eu cette intelligente décision, en 2003 au 51e Congrès de St-Quentin, de s’ouvrir au monde non Anciens Combattants réussissant un judicieux mariage entre l’expérience et la sagesse avec l’intelligence de la jeunesse. Pour notre département l’application fut immédiate et bon nombre de Présidents voire Présidentes ou responsables départementaux en font partie. Aujourd’hui il nous revient l’immense honneur de poursuivre leurs com-

bats d’hier. C’est à nous de continuer de donner du sens à nos combats, à nos valeurs pour ainsi marquer, comme cela a été fait avant nous, les enjeux pour demain. Continuer à avancer et de temps en temps regarder dans le rétroviseur et là, camarades des Bouches du Rhône, vous y verrez vos dirigeants, créateurs de vos sections, nos anciens poilus que j’ai nommé en tout début d’article mais aussi d’autres dirigeants comme un certain Sylvestre CERMOLACCE dans les années 1920, oncle de Paul ancien député qui s’occupait des finances, cet éternel PIZZIO également responsable de notre presse départementale, Adrien MOUTON ancien député du front populaire, Lucien MOLINO, VELLUTINI, SENATORE, GUIGAL l’un des artisans de la création du village de l’amitié, Pierre PELISSIER, Jean-Paul MARCADET, Michel CACIOTTI cet éternel résistant aujourd’hui encore président d’honneur de notre Comité Départemental et le docteur Jacques DELAUBIER qui

vient de nous quitter après 22 années de présidence. Certains d’entre-eux ayant également assumé des responsabilités Nationales. Et puis un grand merci aujourd’hui à tous nos adhérentes et adhérents, ces femmes et ces hommes qui fidèlement continuent bénévolement avec altruisme et conviction le chemin tracé par nos anciens. L’ARAC, héritière du passé et résolument tournée vers l’avenir. Les Bouches du Rhône continueront à s’en montrer dignes. Patrick SAINTENOY Président Départemental ARAC 13

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LE RÉVEIL - N° 852 - MARS 2019 - 31


Note de l’ARAC nationale concernant la propriété des drapeaux associatifs Concerne la propriété des drapeaux (officiels) de l’ARAC pour la libre expression de la diversité mémorielle, un des éléments fondamentaux des valeurs républicaines, selon elle. A son 56e Congrès National du « Centenaire », tenu à Créteil, les 17, 18, 19 novembre 2017, l’ARAC a réaffirmé à l’unanimité, sa décision de poursuivre son action, pour assurer sa pérennité et son organisation du type Association loi 1901, à trois niveaux : section locale, comité départemental, comité national. Elle a ouvert, à tous les niveaux, ses rangs, aux combattants des guerres contemporaines, mais aussi aux citoyennes et citoyens, non ACVG qui ont la motivation profonde de militer et d’agir pour défendre les valeurs républicaines, les droits, le travail de mémoire, les actions pour le respect de la souveraineté des nations, pour la Paix, la Solidarité, l’antifascisme. Pour tenir sa place dans les événements mémoriels et les cérémonies officielles, les sections de l’ARAC et les comités départementaux ont financé les drapeaux « officiels » de leur organisation comme toutes les associations. L’ARAC estime que tout drapeau existant depuis la date de sa création (en novembre 1917) ou fabriqué depuis et sur lequel figure expressément son logo, son nom, lui ap-

neux (91)

Nouveau drapeau de Vig

partient, totalement : au plan local, au plan départemental, au plan national. Quant un échelon disparaît ou s’éteint, le ou les drapeaux doivent être remis à l’échelon supérieur hiérarchiquement. Il n’est pas concevable qu’un drapeau de l’ARAC ou d’une quelconque association, soit ou devienne la propriété individuelle de quiconque, fut-ce le (la) porte-drapeau ou de ses descendants. Si les circonstances l’obligent, le drapeau de l’ARAC doit être remis temporairement à la municipalité en attente de la prise en charge définitive et effective par l’échelon national de l’association ARAC propriétaire par défaut et qu’il faut prévenir. L’ARAC a mis dans son document d’orientation issu du 56e Congrès National du Centenaire, sa volonté d’agir partout pour défendre le principe de l’expression imprescriptible d’une mémoire diversifiée et non contribuer à un regroupement dans une mémoire officielle animée par telle ou telle organisation fut-ce-t-elle patriotique. C’est selon l’ARAC, l’un des garants pour une mémoire s’appuyant sur les causes et les conséquences des événements et ainsi défendre et protéger les valeurs républicaines de la Nation en lien avec le respect de sa souveraineté. Direction Nationale de l’ARAC le 11/03/2019

Ancien drapeau de Villeneuve-Saint-Georges (94). Drapeau de Roanne (42).

Drapeau de l’arac de la Marne (51). Drapeau de 1919 de l’ARAC.

Drapeaux porteurs de la mémoire, des combats menés, rappelant les causes et conséquences des conflits.


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