Le réveil des combattants - Décembre 2018 / Janvier 2019

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DE QUEL DÉBAT S’AGIT-IL SI LES PRINCIPALES QUESTIONS DES FRANÇAIS SONT REFUSÉES ?

SCHUMAN ET L’'EUROPE 3E PARTIE

ISRAËL RECOMPOSITION

VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Décembre 2018 - Janvier 2019 - N° 850- 5 €

Devant un Président sourd aux attentes des Français

LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Pour un nouveau programme du CNR (Conseil National de la Résistance)

RASSEMBLEMENT, ACTION, RESISTANCE Que cache les mots du Président de la République, alors qu’il réaffirme : « nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises [...] afin d'encourager l'investissement et faire que le travail paie davantage. ». Mais les faits sont les faits et ils sont têtus : suppression de l’I.S.F. (5 milliards d’euros), le C.I.C.E. et les baisses de charges (40 milliards), dividendes versés aux actionnaires (57 milliards) sans pour autant créer les emplois annoncés à grand renfort de communication par le gouvernement. Au total, 100 milliards donnés aux plus riches et aux grandes entreprises sans contrepartie auxquels il faut ajouter les 100 milliards d’évasion et de fraude fiscale. Au total 200 milliards pour 1 % de la population. Dans sa lettre, le Président de la République montre qu’il ne traitera que les sujets que lui-même choisit. Il liste 35 questions, une manière peut soucieuse d’être à l’écoute des Français. Rester sur ces seules questions, c’est accepter le diktat de la commission européenne. Il est temps que la France retrouve toute sa souveraineté pour répondre aux besoins de son peuple. La consultation nationale n’en a que le nom car passer par les Maires sans répondre aux questions du peuple, sans vouloir répondre aux justes revendications de ceux qui souffrent, c’est vouloir faire porter aux élus de proximité la responsabilité des non-réponses du gouvernement. C’est cette politique profondément injuste et inhumaine qui nourrit la colère, le désespoir et le chaos dans le pays. Ne plus vivre de son salaire, craindre pour son avenir, pour celui de ses enfants, quand une minorité de privilégiés s’accapare l’essentiel des fruits du travail collectif est devenu intolérable pour la majorité de nos concitoyen.ne.s Sous cette forme, le Président oppose une fin de non-recevoir aux demandes de justice sociale et fiscale. Le pouvoir d’achat n’est même pas présent dans sa lettre. Aucune remise en cause de sa politique ultralibérale n’est à l’ordre du jour. C’est pourtant d’un projet politique cohérent et porteur de mieux vivre dont les Français ont besoin. Pour sortir de l’impasse dans laquelle la politique du gouvernement a mené le pays, il faut des mesures simples : l’augmentation du SMIC, des salaires, des pensions, retraites et prestations sociales, le déploiement des services publics pour réduire la fracture sociale et territoriale… Pour cela, il suffit de rétablir l’ISF, de taxer les transactions financières, de mettre fin au CICE (Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi), et lutter contre l’évasion et la fraude fiscale. Nous faisons appel à l’intelligence de chacun.e, à l’intelligence des Français pour prendre les initiatives nécessaires engageant la discussion sur tous les sujets afin que la devise de la République, « Liberté, Egalité, Fraternité » retrouve en France toutes ses lettres de noblesse. De tous temps, notre pays, celui des droits de l’Homme et du Citoyen, celui de la lutte contre l’occupant, de la création et de la mise en œuvre du programme du Conseil National de la Résistance qui a su par le rassemblement et l’action, faire triompher la république sociale l’ADN de la Nation. La France est riche, elle a les moyens de répondre aux exigences portées par les citoyens. D’autres choix sont possibles, ensemble faisons les vivre. L’ARAC vous invite à utiliser chaque espace, chaque possibilité pour faire entendre votre voix. Villejuif, le 16/01/2019

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ÉDITO LE RÉVEIL 2019 : RASSEMBLEMENTS, ACTIONS, RÉSISTANCE

SOMMAIRE Actualités Déclaration de l'ARAC .................................................................................... 2 Retraites : La réforme à nouveau retardée .................................................... 4 Les groupes du CAC 40 ont versé 57,4 milliards d’euros à leurs actionnaires ....................................................................................... 6 FORD Blanquefort (Gironde) : Passe-passe et la casse prédatrice du capital financier : Arrêtons le massacre ! ................................................. 7 De quel débat s’agit-il si les principales questions des français sont refusées ? .............................................................................................. 8

International Retrait de l’armée américaine en Syrie : Les kurdes sacrifiés ? ...................... 9 Tensions palestiniennes ................................................................................ 10 Israël : Recomposition ................................................................................... 11 Conseil européen : Manipulations autour de la nécessaire lutte contre l’antisémitisme .............................................................................................. 12 La paix : un combat permanent .................................................................. 21 Conseil de Sécurité ................................................................................ 21-22

Vos Droits Ce qui change au 1er janvier 2019 en matière d’inscription sur les listes électorales .............................................................................................. 22-23 L’ONAC… viable à 5 ans ? ............................................................................ 24 Encore un décret qui pose des problèmes ! . ............................................. 25

Vie de l’ARAC Vie des Comités........................................................................................ ............................................ 26-31

P. 13 . D O S S I E R Schuman et l’Europe 3e partie

www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0723-A06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires

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019, une année décisive pour chacun d’entre nous, pour nos familles, nos enfants, pour les générations futures. Si l’on peut avec plaisir souhaiter les meilleurs vœux à chacun d’entre vous, on ne peut avoir une telle empathie pour ceux qui avec M. Macron dirigent notre pays. 2019, année décisive car au-delà des mots du Président et de ses ministres, la volonté qu’exprime le gouvernement, c’est de poursuivre la même politique, une fuite en avant isolant, précarisant de plus en plus une grande partie de la population. Politique qui rend plus riches chaque jour une minorité de Français mais qui jette dans la pauvreté et l’inquiétude du lendemain le plus grand nombre. On nous dit, il faut faire des économies et choisir ses services publics. Mais pourquoi supprimer l’ISF, multiplier par deux le CICE, ne rien dire quand les dividendes des actionnaires atteignent en 2018 un chiffre record de 57,3 milliards ? ISF, CICE, dividende, c’est l’équivalent de 100 milliards auxquels il faut ajouter les 100 milliards d’évasions et de fraudes fiscales. Le Président doit inverser cette logique, arrêter cette politique dite du « ruissellement » pour prendre l’argent là où il est et développer une réelle politique sociale. Le pouvoir d’achat ne fait que baisser depuis 20 ans. Les exclus de la société se multiplient, près de 10 millions de pauvres en France, 1 enfant sur 5 qui ne mange pas à sa faim,… Est-ce cela la fraternité, l’égalité, devise de notre République ? 2019 devient au-delà des mots qui se veulent rassurant, l’année de tous les dangers, l’année de toutes les inégalités, des casses de notre politique sociale, casse des hôpitaux, de la santé, des assurances chômage, des services publics, des retraites, du blocage du SMIC, des salaires, des pensions et retraites… Fière de son histoire, la patrie de la Révolution Française, des droits de l’Homme et du Citoyen, la France et son peuple se doivent de réagir s’ils veulent préserver la conception sociale de la République, s’ils veulent conserver la souveraineté du pays. Il est naturel que depuis des mois s’exprime parfois avec colère, ce ras-le-bol, cette marginalisation d’une partie de la population qui veut simplement vivre. Devant la casse annoncée de l’industrie française, des services publics, etc. d’autres colères vont s’exprimer et c’est légitime. Alors, si un vœu doit être fait pour 2019, c’est rassemblons-nous, menons l’action, résistons à cette politique qui défigure ce que nos ainés ont mis 230 ans à construire. Patrick STAAT LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019

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Retraites : La réforme à nouveau retardée

La concertation avec les partenaires sociaux reprendra le 21 janvier. Officiellement, il s'agit de laisser la priorité au grand débat national souhaité par Emmanuel Macron. Les ambitions et le calendrier sont maintenus même si les sujets explosifs demeurent. « Tout reste à faire, nous en sommes à peine à l’apéro » ironise un haut responsable syndical. Pour l'instant en effet, seuls les grands principes ont été arrêtés : les 42 régimes actuels vont bien être fusionnés dans un seul régime à point et les pensions seront désormais calculées sur l’ensemble

de la carrière. Reste à concrétiser ces grands principes et ce n’est que maintenant que Jean-Paul Delevoye, le Haut-Commissaire, va réellement entrer dans le vif du sujet avec les partenaires sociaux. Des sujets tous plus explosifs les uns que les autres, à commencer par les conditions d'ouverture des droits, qui vont être abordées dès la reprise des discussions. Autrement dit : à quel âge pourra-t-on partir en retraite et surtout à quelles conditions ? Si l'exécutif a promis de ne pas toucher à l’âge légal de départ, qui reste fixé à 62 ans, rien ne garantit en revanche qu'il n'instaurera pas un système de décote, pour inciter les salariés à retarder leur départ afin de toucher leur pension à taux plein. Ce qui dans les faits revient bel et bien à repousser l’âge légal, une ligne rouge pourtant pour les partenaires sociaux, y compris ceux qui sont favorables à cette réforme. Autre question sensible, sur lequel là encore l'exécutif est resté très flou : que deviendront les pensions de réversion ? Un seul engagement a été pris : “les futurs veufs et veuves, retraités actuels garderont les règles de leur réversion” a assuré Jean-Paul De-

levoye, le Haut-Commissaire à la réforme des retraites. En clair, il n'y aura pas de changement de règle pour ceux qui sont actuellement à la retraite. L'exécutif en revanche réfléchit bel et bien à harmoniser les règles pour les futurs retraités. Jean-Paul Delevoye d'ailleurs ne s'en cache pas : « la mise en place du système universel nous donne l'opportunité d'appliquer des règles identiques aux treize systèmes de réversion actuels » dit-il. Certains syndicats d’ailleurs plaident eux aussi pour une remise à plat. « C’est vrai qu’il y a aujourd’hui à peu près autant de règles que de régime ce qui donne lieu à des situations ubuesques : une femme divorcée par exemple perd ou non ses droits en fonction du régime auquel elle appartient », explique un haut responsable syndical, qui est donc favorable à une harmonisation à une condition toutefois qu’il ne s’agisse pas de faire des économies. Or, assure cette même source, « à Bercy, la tentation est grande de tailler dans ces pensions de réversion qui représentent au total 36 milliards d'euros, soit 12 % de l'ensemble des dépenses liées aux retraites. Source : BFM Business – 7/01/2019 (extraits)

Au fond, l’ISF c’est quoi ? Payer l’impôt est la marque d’un monde civilisé L’impôt de solidarité sur la fortune a fait beaucoup causer sur les rondspoints et lors des manifestations des gilets jaunes en fin d’année dernière. Chacun sait-il bien, cependant, ce que recouvre cet impôt ? Voyons un peu. Un peu moins de 350 000 foyers fiscaux y étaient assujettis sur un total de près de 38 millions, soit moins de 1 %. Qui paye ? Toute personne dont le patrimoine net dépasse le 1,3 million 4-

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d’euros (ce seuil avait été ramené à 800 000 euros jusqu’à ce que M. Sarkozy le relève à 1,3 million, M. Hollande l’a maintenu à ce niveau). Combien rapporte-t-il ? Environ 5,2 milliards d’euros, soit à peu près la somme des budgets de l’Agriculture, de la Ville de la Jeunesse et des Sports. C’est quoi le patrimoine ? Valeur des immeubles, avoirs financiers, actions, la valeur de la résidence principale est

diminuée de 30 %, les œuvres d’art sont exclues et la valeur des parts des entreprises dirigées par un membre du foyer fiscal sont, elles aussi, exclues au titre de l’outil de travail. Quel est le taux de l’ISF ? Les 800 000 premiers euros sont taxés à 0 %, audelà, le taux est progressif et varie de 0,5 % jusqu’à 1,5 % pour la partie excédant 10 millions d’euros. En 2015, la moyenne de l’IF payé par


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1er de Cordée.

les foyers fiscaux assujettis était de 15 000 euros environ. Le patrimoine

cumulé des payeurs d’ISF s’établit à un total de 1 028 milliards d’euros. Y a-t-il des réductions possibles ? Enormément. Des investissements Outre-Mer, des dons, investissements dans des fonds, dans des PME. Sans compter les innombrables niches fiscales et puis, évidemment, les fortunes planquées offshore de par le monde… Voilà la réalité. M. Macron et d’autres avant lui nous expliquaient que l’ISF faisait « fuir les riches ». Regardons-y d’un peu plus près. Un rapport de la Direction générale des finances publiques a recensé les assujettis à l’ISF quittant la France de 2002 à 2012. Ses résultats sont édifiants : 383 grandes fortunes sont parties

en 2002, 697 en 2005 puis 908 en 2007 (année d’élection de N. Sarkozy !) date de la mise en place du bouclier fiscal ! Et encore 896 l’année suivante, puis 903 en 2009. Les redevables de l’ISF sont des amants très difficiles à séduire. Enfin, en 2018, près de 260 000 Français sont devenus millionnaires en dollars, l’équivalent d’une ville comme Bordeaux. Avec une telle progression la France est le deuxième pays au monde le plus attractif pour les millionnaires, devant l’Allemagne ou le RoyaumeUni, mais loin derrière les États-Unis. Non, payer l’impôt n’est pas un mal absolu, c’est la marque d’un monde civilisé ! Éric Bocquet

Optimisation fiscale : Google évite des milliards d’impôts en déplaçant toujours plus de profits aux Bermudes Alors que les Européens ne parviennent toujours pas à se mettre d’accord sur la fiscalité des multinationales du numérique, Google en profite. Le moteur de recherche a poursuivi tranquillement sa stratégie d’optimisation fiscale en 2017, en déplaçant artificiellement 19,9 milliards d’euros de profits vers les Bermudes, un paradis fiscal où il bénéficie d’une fiscalité quasi nulle. Ces chiffres sont issus des comptes annuels de la société sise aux Pays-Bas, Google Netherlands Holding, déposés à la Chambre de commerce néerlandaise à la fin de l’année 2018 et rendus publics par le quotidien financier néerlandais FD mercredi 2 janvier. La multinationale américaine utilise depuis des années un montage fiscal complexe connu sous le nom de « double sandwich irlandais-néerlandais ». En recourant à des sociétés-écrans sans employés domiciliées en Irlande, à Singapour, aux Bermudes et aux Pays-Bas, Google « aspire » une partie substantielle des profits qu’il réalise à travers le monde (y compris en France) et les déverse aux Bermudes, où il n’est soumis à aucun impôt sur les bénéfices.

Si ces 19,9 milliards de profits avaient été imposés au taux normal de 12,5 % en vigueur en Irlande, Google aurait dû payer 2,5 milliards d’impôts supplémentaires. Et encore plus si ces bénéfices avaient été fiscalisés dans les pays où ils ont été réalisés. Le tour de magie est d’autant plus impressionnant qu’il est réalisé en toute légalité, comme le rappelle Google à chaque interpellation publique sur sa stratégie fiscale : « Nous payons toutes les taxes que nous devons et nous conformons aux règles fiscales de tous les pays dans lesquels nous opérons à travers le monde. ». Le montage repose toutefois sur une faille volontairement introduite par l’Irlande dans sa législation, que Dublin a été contraint de « réparer », sous la pression de l’Union européenne et des Etats-Unis… à compter de 2020. Google dispose donc encore d’un an pour rentrer dans le rang, ou trouver une nouvelle stratégie fiscale. Il est impossible de savoir combien Google aurait dû payer d’impôts en France s’il n’avait pas recouru à ce stratagème, car la multinationale ne publie

pas le détail de ses résultats pays par pays. Il est toutefois indéniable que la France est touchée de plein fouet par les pratiques d’optimisation fiscale des géants du numérique. Malgré un chiffre d’affaires substantiel réalisé grâce au marché français, Google paie en France un impôt sur les bénéfices ridicule, compris chaque année entre 7 millions et 14 millions. L’administration fiscale a bien tenté en 2014 de lui infliger un redressement fiscal record de 1,1 milliard d’euros, mais Google a réussi à faire annuler la sanction en justice. Source : Le Monde – M. Vaudano – 05/01/2019

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Les groupes du CAC 40 ont versé 57,4 milliards d’euros à leurs actionnaires Fort de leurs bons résultats, les entreprises du CAC 40 ont augmenté de plus de 12 % les dividendes et les rachats d'actions en 2018. Elles n'ont pas été aussi généreuses avec leurs actionnaires depuis 10 ans. Les géants du CAC 40 ont enfin tourné la page de la crise financière. Ils auront mis onze ans pour retrouver leurs marges, mais aussi leur niveau de dividendes et de rachat d’actions. Car 2018 a été une année record en matière de redistribution aux actionnaires, avec un total de 57,4 milliards d'euros (dont 10,9 milliards de rachat d'actions). Cela représente une hausse de 12,8 % sur un an et de 62 % par rapport au plus bas de 2009. « Ce n'est pas surprenant car les résultats de ces entreprises sont très bons à ce moment du cycle », souligne Pascal Quiry, professeur à HEC et auteur de la lettre spécialisée en finance avec Yann Le Fur. En 2017, année de référence pour les versements de dividendes en 2018, le CAC 40 avait en effet réalisé sa meilleure année depuis 10 ans avec 92 milliards d’euros de bénéfices.

Les entreprises du CAC 40 ont beaucoup utilisé le levier des rachats d'actions. Ils ont crû, en un an, de 4,3 milliards, à 10,9 milliards (+65 %), un record depuis 2009, mais un niveau qui reste inférieur à celui d'avant crise. Ces rachats sont discrétionnaires et n'impliquent « contrairement aux dividendes aucun engagement implicite de récurrence », rappelle Pascal Quiry. Si Total reste le principal contributeur (3,77 milliards), 17 sociétés sur 40 ont procédé à des rachats d'actions significatifs (au moins 100 millions) et 7 groupes y ont consacré chacun autour de 500 millions : L'Oréal, Vinci, Schneider, Safran, Cap Gemini, Saint-Gobain, TechnipFMC. Si les entreprises se sont montrées plus généreuses dans leurs retours aux actionnaires, cela doit aussi beaucoup à trois entreprises, qui contribuent à hau-

spectacles, débats, cinéma, expositions Tout le programme sur le site de la ville www.ville-bonneuil.fr

teur de 33 % du volume global : Total (10,1 milliards), Sanofi (4,8 milliards) et BNP Paribas (3,8 milliards). « Ce sont toutes des entreprises à maturité qui génèrent des capitaux propres importants, que leur faible croissance rend inutile en leur sein et qu'il est plus sain de reverser à leurs actionnaires, plutôt que de le gaspiller en surinvestissements ou en placements oisifs de trésorerie », juge Pascal Quiry. En ajoutant AXA, LVMH, L'Oréal et Schneider, il ressort donc que 7 entreprises contribuent à hauteur de 51 % des fonds redistribués, alors que la dernière moitié du CAC 40 ne verse que 18 % du total… « Même au sein du CAC, les inégalités sont criantes ! », notent les auteurs de la lettre Vernimmen.net qui jugent « probable que l'an prochain les chiffres soient encore meilleurs, compte tenu de la progression des résultats 2018 que l'on peut entrevoir ». Au premier semestre, le CAC 40 avait dégagé 48 milliards de profits. Source : LES ECHOS – P. FAY – 09/01/2019

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FORD Blanquefort (Gironde)

Passe-passe et la casse prédatrice du capital financier : Arrêtons le massacre ! FORD Blanquefort en Gironde a rayonné pendant 45 ans en Gironde et employé jusqu’à 4 000 emplois en 2 usines de fabrication de boîtes de vitesse mécaniques et automatiques. Inauguré par Henri FORD II et Jacques CHABAN-DELMAS, Maire de Bordeaux depuis 1947 (et jusqu’en 1995 !), député gaulliste, ancien Premier Ministre, le site FORD Blanquefort fait figure de sauveur de toute l’économie girondine et aquitaine. Un combat/rivalité avec un député de Lorraine (JJSS), et CHABAN a remporté la bataille, lui le résistant ! C’est oublier un peu vite les conditions de travail très dures, pour ne pas dire moyenâgeuses, des salariés et la création de la CFT-CSL, le « syndicat » facho- : celui des « truands du pa tronat » et de « l’assassin était chez Citroën ». C’est oublier aussi l’avalanche de fonds publics déversés sans limite et sans contrôle dans l’escarcelle de Henri FORD II, sans compter les aménagements, les terrains, le foncier gracieusement offert. Au total, depuis 45 ans, c’est 100 M€ qui ont été dilapidés, au seul profit de la multinationale et de son capital financier. Rien que dans la dernière période, ce sont 45 M€ (dont 15 depuis deux ans) et 8 millions au titre du CICE ! N’en jetez plus… Mais la voracité, la rapacité du capital n’a pas de limite. Sentant depuis longtemps dans sa stratégie et rentabilité qu’il lui faut se déployer pour gaver ses actionnaires(*), FORD veut fermer, liquider Blanquefort et son site industriel. Sa durée de vie n’est due qu’à la clairvoyance et aux luttes des salariés et de leurs syndicats, notamment la CGT,

faisant preuve de responsabilité de tous les instants, multipliant les propositions de reconversions industrielles et techniques. Mais aujourd’hui, le capital FORD veut aller jusqu’au bout de sa logique : abandonner et liquider son site industriel pour aller sous d’autres cieux plus cléments : il annonce en février 2018 cette liquidation aux 846 personnels restants, sans autre forme de procès. Pourtant, un accord a été trouvé pour le maintien et le développement du site avec l’offre de reprise du groupe Belge PUNCH, déjà repreneur de l’usine Général MOTORS de Strasbourg ! Et ce, au prix du départ volontaire et à la retraite de 400 ouvriers, gel des salaires et modulation du temps de travail. Quel sacrifice après 45 ans de luttes ! Pourtant, le 12 décembre 2018 à l’issue du PSE, FORD refuse de céder l’usine au repreneur pressenti ! Cris et révoltes des salariés et des syndicats, cris d’orfraie des politiques et des ministres qui crient à la trahison, le Président s’en émeut. Mais quoi, que peut-on faire, questionnent-ils ? Réquisitionner ? Faire payer FORD pour

Manifestation de soutien aux salariés de l’usine ford Blanquefort Bordeaux.

qu’il rembourse les aides publiques ? C’est possible ! La presse s’en fait l’écho. En tout cas, une chose est sûre : le capital n’a pas de patrie et n’a qu’une seule devise : « prends le fric et tire toi ! ». Pour nous, citoyens, raisons de plus d’être exigeants. L’ARAC mène ce combat, de progrès, de justice et de souveraineté. Régis Saphores (*) Ford Motor Company a réalisé 8,4 milliards $ de bénéfices en 2017. Dont 234 millions en Europe ! Les entreprises du CAC40, elles, ont versé en 2018, 57,4 milliards d’Euros de dividendes à leurs actionnaires.

Ford va supprimer des milliers de postes en Europe FRANCFORT (Reuters) - Ford a annoncé jeudi la suppression de milliers d’emplois, d’éventuelles fermetures d’usines et l’arrêt de la production de véhicules non rentables dans le cadre du redressement de ses activités en Europe, où le constructeur américain veut atteindre une marge opérationnelle de 6 %. par Edward Taylor 10/01/2019

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De quel débat s’agit-il si les principales questions des français sont refusées ? Bruno Le Maire : « Il ne s'agit pas que le grand débat national conduise à détricoter ce qui a été fait » INTERVIEW : Bruno Le Maire le martèle : « il faut écouter les Français, entendre les cris des minorités et leur soif de justice sociale. » Et pour le ministre de l’Economie, le grand débat national, décidé par l’exécutif en réponse au mouvement des “gilets jaunes”, est le parfait écrin pour recueillir les idées du peuple. « Les Français ont des choses à nous dire ». « Je crois profondément que le grand débat, c’est la meilleure manière de réconcilier les Français, de les ramener à la table des discussions. Les Français ont des choses à nous dire », a-t-il plusieurs fois assuré dans Le Grand Rendez-vous Europe 1/Cnews/ Les Echos. Mais alors qu’un nouveau

sondage (Ifop pour le JDD) indique qu’une large majorité de Français souhaite le rétablissement de l’Impôt sur la fortune, Bruno Le Maire montre qu’il n’est pas prêt à tous les sacrifices pour prouver qu’il écoute le peuple. « Je ne souhaite pas que nous revenions sur l’ISF ». « Que les Français veuillent le rétablissement de l’ISF, on le sait, ce n’est pas une grande nouveauté. Il se trouve qu’Emmanuel Macron a été élu président de la République sur la base d’un projet qui comprend une transformation fiscale en profondeur, votée par une majorité de Français. Donc je ne souhaite pas que nous revenions sur l’ISF, sur le prélèvement forfaitaire unique ou sur

2019, Les réformes à venir Assurance-chômage, APL, retraites, fonction publique,… Officiellement, sur l’assurance chômage, c’est aux partenaires sociaux - patronat et syndicats - de s’entendre sur les mesures à prendre. Pour le gouvernement il faut revoir les règles de calcul dans le cadre du cumul d’indemnité chômage et d’un emploi. Cette mesure qui permet la survie des salariés les plus précaires coûterait trop cher pour le gouvernement. D’ailleurs il a déjà fixé les objectifs d’économies à réaliser. Les aides au logement (APL) sont censées être radicalement réformées. Premier grand changement le mode de calcul. Cette mesure à elle seule pourrait priver d’aides près de 1.2 millions de foyers. Cette nouvelle attaque fait suite à l’abaissement de 5 € par mois des APL l’an passé. Le gouvernement espère économiser 920 millions d’euros en 2019, puis 1,3 milliard en 2020. Si l’on rajoute à cela le fait que l’augmentation des APL sera plafonnée à 0,3 %. Une baisse jamais enregistrée depuis la création des APL à la fin des années 70. Finie la retraite par répartition, place à la retraite par points. L’objectif cette fois est clair, il s’agit de la fin de l’ensemble des régimes spéciaux qui bénéficiaient jusque-là à certaines catégories de travailleurs. Avec cette réforme, la pension de retraite sera calculée sur l’ensemble de la carrière et non, comme dans le système actuel, sur les meilleurs trimestres de la vie active. La réforme de la fonction publique prévoit un recours accru aux contractuels, à la rémunération au mérite, au plan de départ volontaire. Le gouvernement entend réduire de 120 000 le nombre de fonctionnaires.

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Edouard Philippe, Emmanuel Macron et Bruno Le Maire, le 11 décembre 2018.

la baisse de l’impôt sur les sociétés qui doit permettre à nos entreprises de se développer », balaye le ministre de l’Economie. « Il ne s’agit pas que le débat conduise à détricoter tout ce qui a été voulu par les Français au moment de l’élection présidentielle, et tout ce qui a été voté depuis. Sinon qu’est-ce qu’on va faire ? On va avancer en reculant. En règle générale, ça ne mène pas très loin. » Laisser le temps aux réformes de montrer leurs effets. Depuis janvier 2018, l’ISF a été supprimé et remplacé par l’impôt sur la fortune immobilière, qui frappe les particuliers ayant des biens et droits immobiliers dépassant 1,3 million d’euros après abattement. Si le président Emmanuel Macron a fermé la porte début décembre à un rétablissement de l’ISF, l’exécutif a maintenu sa promesse d’évaluer les effets de cette réforme. « S’il faut améliorer certains dispositifs fiscaux que nous avons adopté, nous le ferons sur la base des recommandations de ce comité », concède Bruno Le Maire. Tout en priant : « Laissons aux mesures que nous avons adoptées le temps de donner toute leur ampleur et d’apporter des résultats aux Français. » Source : EUROPE1, le 06/01/19


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Retrait de l’armée américaine en Syrie :

Les kurdes sacrifiés ? Avec le retrait surprise américain de la région, annoncé par Trump, les combattants kurdes, en première ligne face à Daech, se retrouvent seuls au monde. En annonçant le 19 décembre, à la surprise générale, le retrait rapide des 2 000 soldats américains stationnés au nord de la Syrie – même s’il a depuis assoupli le calendrier –, Donald Trump a bouleversé l’échiquier militaire et politique dans cette région pour la plus grande satisfaction de la Turquie. Principaux perdants ? Les Kurdes, sur lesquels s’était appuyée la coalition occidentale dirigée par les États-Unis pour combattre Daech. Depuis l’affaiblissement du régime de Damas en 2011, les Kurdes, dont la population est globalement majoritaire dans le nord de la Syrie, avaient organisé une autonomie de fait (avec leurs propres institutions paritaires, écoles et forces de sécurité) sur ces territoires rebaptisés par eux le Rojava qui longent les frontières de la Turquie et de l’Irak. Ils ont été la principale force au sol qui a permis (au prix de plusieurs milliers de morts) de réduire comme peau de chagrin l’État islamique (EI). Mais le PYD (Parti de l’Union démocratique), principale organisation politique des Kurdes en Syrie – majoritaire au sein de l’alliance arabo-kurde des FDS (Forces démocratiques syriennes) – et sa branche militaire YPG (Unité de protection du peuple), sont tous deux liés au PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), la bête noire d’Ankara. Aujourd’hui, profitant de la décision de Trump, Erdogan menace d’envahir le nord de la Syrie pour repousser les Kurdes qu’il considère comme des « terroristes ». En mars dernier, la Turquie s’était emparée, avec l’aide de milices islamistes arabes, de l’enclave d’Afrine, au nordest de la Syrie. Le régime de Bachar al-Assad espère également profiter de

l’affaiblissement des Kurdes pour réaffirmer sa souveraineté sur le nord du pays. « Avec la trahison de Trump, les Kurdes ont le choix entre la peste ou le choléra », résume Patrice Franceschi, écrivain engagé au côté des Kurdes et auteur de « Mourir pour Kobané ». Pour l‘heure les FDS kurdes contrôlent encore près d’un tiers du territoire syrien… en partie composé de déserts.

Erdogan prêt à frapper ? L’armée turque vise désormais la ville voisine de Manbij où sont retranchés les FDS et les forces spéciales américaines. « Malgré leur vaillance, les Kurdes ont conscience de leur infériorité militaire par rapport à l’armée turque », explique néanmoins Didier Billion, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et auteur de « Géopolitiques des mondes arabes » (Ed Eyrolles). Ce spécialiste du Proche Orient doute cependant d’une grande offensive de l’armée turque dans le nord de la Syrie : « Le retrait des Américains a replacé la Turquie au centre du jeu. Erdogan, qui cherche à constituer une zone de sécurité suffisamment large sur la bande turco-syrienne, va tenter d’utiliser ces cartes plutôt que de se lancer dans une grande offensive hasardeuse. Ce qui ne veut pas dire que les Turcs ne mèneront pas des opérations ponctuelles pour peser dans une négociation ». Pris à la gorge par le retrait américain et la menace turque, les Kurdes ont entamé des discussions avec des représentants d’Assad. Damas a annoncé la semaine dernière que quelque 400 combattants kurdes se seraient retirés de Manbij au profit de l’armée syrienne. « Les combattants kurdes ne se

sont pas retirés de Manbij, mais seulement de la zone tampon qui l’entoure où se sont, en effet, avancées les forces de Damas », rectifie Franceschi qui était sur la zone, il y a encore quelques semaines. Après avoir pris de court son propre entourage (au point de provoquer la démission du secrétaire d’État à la Défense Jim Mattis), mais aussi ses alliés, mis devant le fait accompli, Donald Trump a assoupli sa position. Plus question de faire décamper les 2 000 boys immédiatement. Le retrait sera « lent et coordonné » notamment avec la Turquie, indique Washington. « L’important est de faire en sorte que les Turcs ne massacrent pas les Kurdes », a justifié Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine. Est-ce si sûr ? Le chef de la diplomatie turque a averti qu’Ankara lancerait une offensive dans le nord de la Syrie… si le retrait américain devait être retardé ! « Les pressions sur Washington des Israéliens qui ont compris que le départ non programmé des soldats américains laissera aussi le champ libre aux Russes et surtout aux Iraniens, leurs ennemis jurés, explique sans doute en LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL partie ce rétropédalage de Trump », analyse Didier Billion. « Cela laisse du temps à la diplomatie occidentale pour tenter de limiter les dégâts », ajoute Patrice Franceschi. Le ministre des Affaires étrangères JeanYves Le Drian devrait prochainement se rendre dans la région. Franceschi juge Emmanuel Macron « très coupable d’être resté aussi silencieux :

si on laisse faire les Turcs, le nord de la Syrie sera à nouveau infesté d’islamistes qui reviendront faire du terrorisme en Europe. » Pris en étau entre les Turcs d’Erdogan et les forces d’Assad, les Kurdes de Syrie vont avoir bien du mal à préserver leur Rojava. D’autant que leur entente avec leurs « frères » d’Irak, dirigés par Massoud Barzani, est no-

toirement mauvaise. « Les Kurdes ne sont pas une catégorie politique homogène, il n’a pas d’unité territoriale et ils n’ont pas du tout la même idéologie d’un pays à l’autre », souligne Didier Billion. Seront-ils encore oubliés (sacrifiés) dans la recherche d’une solution politique globale dans la région ? Le Parisien – Philippe Martinat 11/1/2019 - Extraits

Tensions palestiniennes Le président Mahmoud Abbas se prépare à prendre contre le Hamas des mesures de rétorsion qui font craindre des tensions dans la bande de Gaza, sous contrôle du mouvement islamiste. aux commandes côté gazaoui. Pour l’instant, l’Egypte laisse seulement passer les Palestiniens dans un sens celui du retour vers Gaza.

Mahmoud Abbas de l'autorité palestinienne et Ismail Haniyeh du Hamas.

Le Hamas et le Fatah, parti qui domine l’Autorité palestinienne établie en Cisjordanie occupée et présidée par M. Abbas, ont tenté à plusieurs reprises de se réconcilier après que le mouvement islamiste eut pris le pouvoir à Gaza au prix d’une quasi guerre civile en 2007. La dernière tentative de raccommodage, sous l’égide de l’Egypte, date de fin 2017. Les deux camps avaient alors accepté de partager le pouvoir et le Hamas consentait à céder à l’Autorité le contrôle des points de passage séparant Gaza de l’Egypte et d’Israël. Mais l’accord a fait long feu, les deux parties se rejetant la responsabilité de l’échec. Or, l’Autorité palestinienne a annoncé, récemment, son retrait du poste-frontière avec l’Egypte, créant un dilemme pour le Caire quant à l’opportunité de laisser la voie ouverte avec le Hamas 10 - LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019

Depuis des mois, M. Abbas a infligé de sévères mesures de rétorsion au Hamas, notamment pour l’épuiser financièrement. « Des décisions très importantes contre le Hamas sont en cours de discussion », dit à l’AFP un haut responsable sous couvert d’anonymat. Selon ce responsable, l’Autorité palestinienne dépense environ 100 millions de dollars par mois à Gaza, notamment pour subventionner l’approvisionnement en électricité, et envisage de réduire considérablement ses dépenses. « Ceux qui veulent gouverner Gaza doivent assumer la responsabilité de le gouverner », déclare-t-il. L’Autorité pourrait aussi, après la frontière avec l’Egypte, retirer son personnel des points de passage avec Israël, affirment des proches de M. Abbas. Israël serait alors confronté à la difficile décision de fermer les points de passage, au risque de la suffocation de Gaza, ou de les faire fonctionner avec le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Tel Aviv, les Etats-Unis et l’Union européenne. Les mesures contre le Hamas pourraient aussi inclure la réduction des salaires des familles des prisonniers du Hamas ou l’annulation des passeports palestiniens des employés du Hamas,

selon les mêmes sources. M. Abbas a déjà annoncé son intention de dissoudre le Parlement palestinien dominé par le Hamas. Cette assemblée ne s’est pas réunie depuis la scission de 2007, mais représente toujours formellement le lieu de l’activité législative Les Palestiniens sont soumis à rude épreuve par les politiques du président américain Donald Trump qui présente lui-même son administration comme la plus pro-israélienne de l’histoire du pays. Pour sa part, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu poursuit la colonisation en Cisjordanie. Le dialogue en vue d’un règlement politique israélo-palestinien est rompu depuis 2014. « La division croissante entre les organisations palestiniennes affaiblit encore leurs positions face à de telles pressions », estime Hugh Lovatt, du European Council on Foreign Relations. Le retrait de l’Autorité palestinienne des points de passage « n’est pas irréversible, mais c’est certainement une mesure très négative. C’est une stratégie à court terme qui triomphe d’une stratégie à plus long terme", juge-t-il. Pour Nadia Hijab, présidente du groupe de réflexion palestinien Al-Shabaka, les Palestiniens craignent que cette décision "ne renforce la division et ne mène à une rupture complète entre Gaza et la Cisjordanie, ce que recherche Israël ». J.-P. Delahaye


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Israël

Recomposition Les députés israéliens ont voté la dissolution du Parlement, ouvrant la voie à la tenue d’élections anticipées le 17 mars. Quatre-vingt-treize députés ont voté en faveur de la dissolution, et aucun contre. La Knesset compte 120 parlementaires. Celle-ci a été provoquée par un coup de force du Premier ministre Benjamin Netanyahou, qui a limogé la semaine dernière deux ministres centristes, Yaïr Lapid (Finances) et Tzipi Livni (Justice), les accusant d’avoir ourdi un “putsch” contre lui. Trois ans avant la fin de la législature, il a réclamé des élections en affirmant qu’il ne pouvait "plus diriger le pays". En fait, le chef du gouvernement israélien souhaite procéder à une recomposition des forces politiques en présence pour poursuivre et accentuer sa politique du pire. Il a d’ores et déjà indiqué qu’il souhaitait renouer son alliance avec les partis ultra-orthodoxes, ac-

tuellement dans l’opposition mais qu’il considère comme ses “alliés naturels”. Il entend aussi maintenir l’accord avec deux partis de la droite dure, Israël Beiteinou, du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, et le Foyer Juif, de Naftali Bennett, le ministre de l’Economie, favorables à une colonisation tous azimuts dans les territoires palestiniens. De leur côté, les dirigeants de deux partis d’opposition - le parti travailliste et le parti de centre gauche HaTnuah

Tombola de Noël – Réveil Merci à tous ceux qui ont participé à la tombola du Réveil. Jusqu'à la fin janvier pour ceux qui ne l’ont pas fait, vous pouvez encore renvoyer votre chèque et vos souches avec l'enveloppe T. Nous publierons le gagnant de la voiture dans le Réveil de février. Bonne chance à tous et merci à vous de l’aide que vous apportez au Réveil, le mensuel créé en 1931 par P. Vaillant-Couturier.

- ont laissé entendre qu’ils pourraient former un bloc de centre-gauche pour contrer Benjamin Netanyahou et remettre les négociations avec les Palestiniens en tête des priorités. Selon un sondage publié par le quotidien économique Globes, une liste commune composée du parti travailliste et de HaTnuah dépasserait le Likoud avec 24 sièges, contre 23 au parti de droite de Benjamin Netanyahou. D’où l’urgence de recomposer… J.-P. D.

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Conseil européen Manipulations autour de la nécessaire lutte contre l’antisémitisme nécessaire, encore faut-il introduire les définitions juridiques permettant effectivement d’éradiquer ou de punir l’antisémitisme. Il s’agit là malheureusement d’autre chose.

Sous couvert de lutte contre l’antisémitisme, la déclaration présentée devant le Conseil européen vise en réalité à criminaliser toute critique d’Israël. Benyamin Netanyahou ne cesse de courtiser l’extrême droite européenne. Il a rendu visite à Viktor Orban, en Hongrie, entretient les meilleures relations avec le FPÖ en Autriche et vient de recevoir, en Israël, Matteo Salvini, le très souverainiste, populiste et identitaire vice-président du Conseil italien, qui se plaît à considérer que la politique de l’Union européenne est « déséquilibrée (…) dans sa gestion du conflit du Proche-Orient, condamnant et sanctionnant Israël toutes les quinze minutes » (sic). Parallèlement, le Conseil européen, qui réunit aujourd’hui et demain les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, s’apprête à donner son aval à une « déclaration pour renforcer la lutte contre l’antisémitisme et la protection des communautés juives en Europe ». La lutte contre l’antisémitisme est bien évidemment 12 - LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019

La campagne Boycott, désinvestissement, sanctions dans le collimateur. Depuis plusieurs années maintenant, le Jerusalem Center for Public Affairs (JCPA), proche des colons israéliens, essaie de faire adopter sa définition de l’antisémitisme afin de faire taire les critiques d’Israël. N’y parvenant pas, ils se sont alors tournés vers l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance) – organisme intergouvernemental chargé de promouvoir la mémoire de l’Holocauste, dont ce n’est pas la mission – avec deux cibles : les États membres et l’Union européenne. Or, cette définition – à la base du texte présenté devant le Conseil européen – est plus que floue. Certes, elle indique : « L’antisémitisme est une certaine perception des juifs, qui peut s’exprimer par la haine envers les juifs. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme sont dirigées contre des personnes juives ou non juives et/ou leur propriété, contre les institutions de la communauté juive ou les lieux religieux. » Mais, en réalité, elle ne sert qu’à introduire des exemples qui, bien que présentés comme non contraignants, cadrent le propos réel. L’introduction à ces exemples affirme ainsi que « les manifestations de l’antisémitisme peuvent inclure le ciblage de l’État d’Israël ». « C’est une définition contre laquelle, en France, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), dans son rapport annuel

publié en mai 2018, a pris clairement position », rappelle l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), qui s’adresse par ailleurs à Emmanuel Macron pour que le Conseil européen précise « clairement que les “exemples” très controversés associés à la “définition IHRA” de l’antisémitisme ne font pas partie de la déclaration ». En juin 2017, au Parlement européen, les députées et députés de la GUE et les Verts-ALE ont été les seuls à voter contre la résolution présentée, alors que des dizaines de personnalités en France (parmi lesquelles Rony Brauman, Shlomo Sand ou Dominique Vidal) signaient un appel intitulé « Non à l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme ». Si cette déclaration était adoptée en l’état au Conseil européen, toute critique d’Israël pourrait tomber sous le coup de la loi. Au Royaume-Uni, qui a déjà fait sien cette définition, de nombreuses conférences universitaires ont été ainsi annulées. La campagne Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) est évidemment dans le collimateur des promoteurs de cette offensive qui, sous couvert de lutte contre l’antisémitisme, n’a qu’un but : criminaliser ceux qui dénoncent l’occupation et la colonisation israéliennes. Pour mémoire, la « note interprétative » de la Commission européenne sur l’étiquetage des produits des colonies de novembre 2015 a été qualifiée d’antisémite par Benyamin Netanyahou !

Pierre Barbancey Le 13/12/2018 Humanité


LE CAHIER MÉMOIRE N° 850 DÉCEMBRE 2018 JANVIER 2019

3e partie : Annie Lacroix-Riz Ce long article d’Annie Lacroix-Riz publié en plusieurs fois dans un cahier mémoire sur « Union européenne de la légende aux réalités historiques » a pour objectif de fournir des éléments de réflexions, d’analyses et donc les origines de la fondation de l’Union européenne et par conséquent de livrer à notre réflexion les informations sur les contacts maintenus depuis la fin de la guerre 14-18 et jusqu’à notre époque, notamment entre les USA, l’Allemagne le Royaume-Uni, la France et les chefs, les responsables politiques de la synarchie financière et coloniale menée, y compris durant l’occupation allemande en Europe et ailleurs. De la fin de la guerre 1914-1918 au début de la guerre de 1939-1945, les manœuvres se sont succédé par les USA et leurs complices européens pour remettre en selle l’Allemagne dans le but de la placer en tête des Nations européennes. Et cette démarche fut suivie dans les années d’après la guerre 19391945 ces contacts pour ces mêmes objectifs politiques ayant été maintenus durant ce deuxième conflit. L’auteur de l’article livre avec précision les noms de toutes les personnalités concernées par ces pratiques. Et malheureusement les Français qui se sont engagés dans cette voie savaient bien ce qu’ils faisaient, devenant consciemment l’avancée des citoyens et citoyennes sans d’aucune manière avoir pris réellement leur avis en leur cachant les dé-

cisions qu’ils prenaient et leurs conséquences. L’article d’Annie Lacroix-Riz livre à notre information les noms et les actions des personnages en question. Deux d’entre eux retiennent particulièrement l’attention : Jean Monnet et Robert Schuman. Le premier s’est notamment distingué par des fréquentations suivies avec les dirigeants des Etats Unis et leurs actes et allant jusqu’à se mettre complètement à leur service. Le second est le produit de ses origines et de sa formation allemande, ce qui l’a conduit à mener une politique entièrement conçue avec l’objectif de mettre sur pied une union européenne faisant une place prépondérante à l’Allemagne. Et durant les 50 dernières années jusqu’à nos jours nos gouvernements héritiers de ces hommes et de leurs politiques ont construit sur les mêmes démarches en suivant les mêmes objectifs engageant la dérive européenne en l’aggravant mettant l’Allemagne en situation prédominante à même de diriger l’Europe. Cette politique est évidemment pour nous inacceptable car elle consiste à obliger contre leur volonté en les contraignant à accepter d’être administrés par un seul d’entre eux, tous les peuples d’Europe, alors que ceux-ci ont besoin de décider par eux-mêmes des conditions de leurs vies et des termes de coopérations qu’ils considèrent comme leur étant utiles et nécessaires pour assumer

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

Une du journal humanité le 25 octobre 1950

leur souveraineté. Elle est d’autant plus inacceptable que dans les conditions voulues par les « héritiers des pères de l’Europe (J. Monet, R. Schuman) l’Europe se retrouve à terme à la remorque des USA et dirigée par l’Allemagne. Ce qui ferait obstacle à son indépendance et donc à son autorité dans le monde. On ne peut donc que souhaiter que les peuples d’Europe et particulièrement le nôtre prennent conscience des conditions dans lesquelles l’union européenne fut mise en place et des conséquences de la politique qu’elle mène et entend mener à l’avenir. Et qu’ils fassent connaître leurs volontés, notre France en premier lieu. C’est pour cela que nous sommes pour une Europe qui respecte la souveraineté des peuples, des Nations et qu’elle soit le fruit de coopérations d’intérêts mutuels. Paul Markidès


LE RÉVEIL DOSSIER

L’ère du “père de l’Europe” Robert Schuman dynastie Wendel, conformément à la norme régissant la droite lorraine – condition sine qua non pour briguer avec succès les coûteux suffrages des électeurs1. Il dirigea avant-guerre leur « Action catholique lorraine » (ACL), antimaçonnique, anti-laïque, antisémite, anticommuniste et, depuis 1936, franquiste, aussi virulente que les ligues officiellement fascistes également financées par les Wendel et leurs pairs. Il avait d’ailleurs adhéré à deux des ligues de la « Première vague » du fascisme français décrite par l’historien américain Robert Soucy2 dès leur création, en 1924 : la Ligue des droits du religieux ancien combattant (DRAC) et la Fédération nationale catholique du général de Castelnau (FNC).

R. Schuman tend la main à Konrad Adenauer en octobre 1959 à Paris le 9 mai 1950 il annonce la mise en commun des productin de charbon et de l’acier Allemagne France base de l’Europe actuelle.

À l’ancien président du CNR, auquel les Américains et le Vatican qui le détestait déjà avant-guerre comme rédacteur de L’Aube, jugée insuffisamment franquiste et germanophile – ne pardonnèrent jamais d’avoir servi de Gaulle, succéda fin juillet 1948 une personnalité de rêve. L’Assemblée nationale de la « Troisième Force » ayant englouti comme prévu le boa des accords de Londres, la place était libre pour le « père de l’Europe », idole des « européistes ». L’image d’Épinal de celui qui peut concourir pour le record des noms des rues de France mérite examen (comme ses pairs allemand et italien, 14 - LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019

durablement compromis avec le nazisme et le fascisme, négligés ici).

Robert Schuman avant son accession aux Affaires étrangères Né en 1886 à Luxembourg et élevé dans la Moselle annexée par le Reich par une famille ultra-cléricale, Robert Schuman fut très marqué par sa « formation de juriste » et ses fonctions officielles dans la Metz allemande jusqu’en 1918, comme le concèdent ses empathiques biographes. Il devint dans l’entre-deuxguerres un homme politique-clé de la

Clérical de choc, il assuma pleinement le rôle d’auxiliaire du Vatican en toutes besognes, notamment alsacienne et extérieure, au service des ambitions du Reich. Il se compromit à peine discrètement avec les « autonomistes » (pro-allemands et financés par Berlin) de Rossé. Il se « couvrit », précaution élémentaire, en affichant son soutien aux catholiques « alsaciens-lorrains » prétendument persécutés et menacés par l’extension aux « départements recouvrés » du « régime scolaire » français : avec succès, parmi tant d’autres de ses amis, puisque la fin du concordat 1 - Bibliographie de https://fr.wikipedia.org/ wiki/Robert_Schuman, muette sur les rapports entre droite lorraine et les Wendel. 2 - Sur Soucy, persécuté par « les historiens du consensus » français (l’Institut d’études politiques), Choix, index, et « Apparences et réalités de la commémoration de Charles Maurras », 15-17 mai 2018, https://www.les-crises.fr/decharles-maurras-a-son-biographe-olivier-dard/


DOSSIER LE RÉVEIL promise par le Cartel des Gauches en 1924 n’a, en 2018, pas encore eu lieu. Schuman avait, au service du Saint-Siège, appuyé depuis 19181919 le « révisionnisme » territorial des vaincus et celui des groupes (séparatistes croates, Allemands des Sudètes, etc.) qui condamnaient à mort les « États successeurs » alliés de la France œuvre que le Vatican conduisit depuis 1918-1919, ayant formellement promis au Reich l’héritage de la totalité du très catholique empire austro-hongrois. Franquiste et munichois actif, associé aux plans contre la République et aux premiers pas de Vichy, comme secrétaire d’État aux Réfugiés dans le cabinet Paul Reynaud du 21 mars 1940, poste conservé dans le cabinet Pétain du 16 juin 1940, il vota les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940, mais fut à son grand regret débarqué du cabinet Laval du 13 juillet. Rappelons que c’est le 16 juin 1940 qui, à la Libération, définit juridiquement le début de la haute trahison et de la Collaboration, source de très brefs tracas pour le « père de l’Europe ». Son ère germanique, longue et décisive, comme le concèdent avec gêne ses hagiographes universitaires, a quasiment disparu. François Roth ne s’est pas acharné à percer le « grand mystère [de] la destruction volontaire de ses papiers en septembre 1940 », juste après son significatif retour d’août en Moselle réannexée. Raymond Poidevin a été lapidaire sur sa « résidence surveillée en Allemagne en 1940-1942 » (et non prison, comme il fut prétendu fin 1944), et sur les serments que Schuman prodigua aux chefs hitlériens de la Moselle réannexée de n’avoir jamais « rien fait contre l’Allemagne ou le Deutschtum en Alsace-Lorraine avant ou après 1933 ». Plusieurs grands nazis, dont le Gauleiter de Moselle Josef Bürckel, appuyèrent

sa demande de « libération » en certifiant ses dispositions collaborationnistes3. On imagine ce que signifiait pour eux le fait de n’avoir rien « fait contre » les intérêts allemands de 1918 à 1940. Le mystère règne aussi sur les circonstances exactes du retour à Lyon en août 1942 de cet « évadé » ou « réfugié », mais on a une idée plus précise des activités qu’il y reprit au service des affaires franco-allemandes des Wendel : il œuvra dans un « centre d’études et de documentation » fondé là-bas par le « groupement des chambres de commerce d’Alsace et de Lorraine », pour « défendre les intérêts [… des] entreprises alsaciennes et lorraines ayant repris leur activité en France », laquelle ne travaillait que pour le Reich. Humbert de Wendel, « président de la chambre de commerce de Metz » symbole public de l’active et précoce collaboration des Wendel, en était le vice-président. Schuman fut sauvé de l’épuration dès l’automne 1944, encore plus vite que Jean Prouvost (tous deux ministres du premier cabinet Pétain), comme le trio des gérants du groupe Wendel, « MM. François de Wendel, Humbert de Wendel, et Maurice de Wendel »4 et grâce à leur solide appui. Il lui restait à sauter l’obstacle juridique de son inéligibilité pour vote des pleins pouvoirs à Pétain du 10 juillet 1940 : le préfet de la Moselle ayant, le 3 septembre 1945, signalé qu’elle le disqualifiait pour les élections générales imminentes (21 octobre), la difficulté fut levée le 5 septembre par un « arrêt de non-lieu » de la Haute Cour de Justice. Rétabli dans ses droits civiques et électoraux, le favori des Wendel put se présenter aux électeurs mosellans, prélude à une fulgurante ascension ministérielle.

Robert Schuman jeune avocat à Metz en 1912.

Elle ne cessa plus de sa promotion aux Finances de juin 1946, après des élections donnant l’avantage au MRP sur le PCF, à son poste aux Affaires étrangères, exceptionnellement long sous la IVe République. Il s’y fit apprécier plus que jamais du Vatican et des milieux cléricaux français, organisant dès sa nomination à la demande de Rome la fuite des capitaux et la fraude fiscale des congrégations : avec sa « complicité », celles-ci « transform[èrent] 3 - Respectivement François Roth, Robert Schuman. 1886-1963. Du Lorrain des frontières au père de l’Europe, Paris, Fayard, 2008, p. 97, et Raymond Poidevin, Robert Schuman, homme d’État 1886-1963, Paris, Imprimerie nationale, 1986, p. 135-138; fonds squelettique 34 J, 6-11, des AD Moselle et leur commentaire, 16 octobre 2002, en ligne. 4 - Signataires de la lettre du 3 juillet 1940 à « M. le Ministerialrat [conseiller ministériel] Westphal » offrant à l’occupant leur collaboration (W3, 213 Laval), déterrée en avril 1945 par le PCF lorrain, mais à nouveau aussitôt enterrée, BB/18/7171, 8 BL 3519/R, Wendel (protestation de la section de Moyeuvre-Grande), AN. LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 - 15


LE RÉVEIL DOSSIER avec le maximum de “discrétion” les valeurs françaises en valeurs étrangères, principalement américaines » sans « touch[er leur] actif ».

Schuman aux Affaires étrangères : vers la CECA Hissé aux Affaires étrangères après la fuite de Bidault, Schuman y fut maintenu sur l’exigence express de Washington jusqu’en décembre 1952, date où l’Assemblée nationale manifesta quelque courroux à l’égard de la soumission à Washington et à Bonn que personnifiait ce modèle de passage triomphal de l’ère allemande à la Pax Americana : Henri Bonnet alarma Paris, à chaque chute de cabinet, sur le fait que les États-Unis ne supporteraient pas le débarquement de ce ministre qu’ils appréciaient tant5. Le ministre poussa d’ailleurs le loyalisme américain jusqu’à devenir, comme tous les « Européens » de haut rang, de Spaak à Monnet, un instrument, non seulement du Département d’État, mais aussi de son annexe, la CIA. Au Quai d’Orsay d’abord puis lorsqu’il devint, voie gouvernementale bouchée, « pè-

Robert Schuman à l’ambassade de France à Washington en 1949 après la signature du traité de l’Atlantique Nord qui crée l'OTAN.

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lerin de l’Europe »6, notamment, depuis 1955, comme « président […du] Mouvement pour l’unité de l’Europe ». C’est Washington qui finançait toutes les initiatives « européennes », avec, en tête, le « Comité pour l’unité de l’Europe » (American Committee on United Europe (ACUE). Ses présidents et vice-président respectifs, anciens chefs de l’Office of Strategic Services (OSS), l’étaient restés sous son successeur fondé en juillet 1947, la Central Intelligence Agency (CIA) : le catholique intégriste William Joseph Donovan et le protestant ultra-droitier Allen Dulles, délégué de Roosevelt à Berne et modeleur, de novembre 1942 à mai 1945, de la future Allemagne occidentale. Ils veillaient depuis la guerre au respect du statu quo socio-économique et sociopolitique dans toute leur sphère d’influence européenne et préparaient l’expansion américaine illimitée, y compris dans la zone appelée à y être momentanément soustraite (l’Europe orientale). Allen était le frère cadet de Foster – républicain mais conseiller politique majeur des démocrates (sous Roosevelt et Truman) avant de devenir le secrétaire d’État d’Eisenhower. Les deux Dulles, chefs du plus gros cabinet d’avocats d’affaires américain engagé en Allemagne, Sullivan et Cromwell, incarnaient depuis l’avant-guerre les intérêts américains dans le Reich7. La CIA ès-qualités assura jusqu’en « 1953 la moitié du budget » de l’ACUE, le solde du financement provenant de « fondations » prétendument « privées », filiales stricto sensu de la Centrale. L’historiographie anglophone, non traduite en français, a donné depuis les années 1990-2000, autant que la presse anglophone, des détails effarants sur l’obéissance des intéressés, « Saint » Schuman compris, aux ordres américains et sur le traitement à la

hussarde réservé à ces éminences « européennes » transformées en « stipendiés (hired hands) ». L’article impitoyable de septembre 2000 du journaliste britannique Ambrose Evans-Pritchard sur « les dirigeants du Mouvement européen » est largement complété par une série de travaux parmi lesquels se distingue l’historien britannique Richard Aldrich8. Au silence sur le Schuman de l’entredeux-guerres et de l’Occupation a succédé la légende du démiurge de cette Europe « sociale », « démocratique » et « pacifique » de la réconciliation franco-allemande qui aurait malencontreusement dévié de son excellence initiale dans ces dernières décennies. Il trône désormais, tant dans les médias que dans notre histoire officielle, dans le panthéon des hommes des « marges » (des frontières), catholiques fervents épris de paix : tels l’Italien de Gasperi et l’Allemand Adenauer, chef ultra-droitier du Zentrum, champion de l’Anschluss (« pacifique ») tôt rallié de fait à la solution hitlérienne : leur passé avait été aussi peu « pacifique » que le sien, et leurs liens 5- Réalité du saint - « père de l’Europe », Vatican, Choix, Élites, Carcan (dont p. 105-111)), index; Wendel, Industriels et Élites, index; La non-épuration, ouvrage en cours (index des deux noms). 6 - « Pèlerin », Poidevin, Schuman, chap. 19. 7 - Choix, Industriels, Élites et Carcan, index. 8 - Evans-Pritchard, « Euro-federalists financed by US spy chiefs », Daily Telegraph, 19 septembre 2000 (Internet) (cité, Carcan, p. 110-111) ; Scott Lucas, Freedom’s war. The American crusade against the Soviet Union, 1945-56, Manchester, Manchester UP, 1999, p. 112 ; Dorril Stephen, MI6. Inside the covert world of Her Majesty’s Secret Intelligence Service, New York, The Free Press, 2000, index, dont p. 464-467 ; Aldrich, « OSS, CIA and European unity: The American Committee on United Europe, 1948–60 », Diplomacy & Statecraft, 8/1, 1997, p. 184-227 (en ligne), et The hidden hand : Britain, America, and Cold War secret intelligence, London, John Murray, 2000, index.


DOSSIER LE RÉVEIL aussi étroits avec le grand capital (notamment l’industrie lourde) et laphase fasciste ou nazie de leurs pays respectifs9. Malgré son loyalisme américain, mieux connu désormais que son vieux loyalisme germanique ou (germano-)vatican, Robert Schuman n’avança guère sur le chemin de « l’union douanière » avec l’Allemagne jusqu’au début de 1950 : Bonnet dut lui rappeler souvent que la passion « européenne » et la glorification des « unions douanières » demeuraient « nos atouts » majeurs à « ne pas lâcher » auprès du prêteur américain10. Les réalisations tardaient, de plan cosmétique de libération totale des paiements en fausse union douanière. La dernière en date avant les choses sérieuses eut lieu après un sévère rappel à l’ordre de Paul Hoffmann, administrateur de l’ECA (Economic Cooperation Administration, administration du Plan Marshall à Washington), président de la firme automobile Studebaker : cet ancien de l’OSS transféré à la CIA et futur chef de l’ACUE fut mandaté à Paris pour menacer, le 31 octobre 1949, les membres de l’OECE de couper les fonds Marshall et de ne pouvoir « garantir l’avenir économique de l’Europe occidentale si celle-ci était désunie »11. Le 5 novembre 1949, Paris présenta un projet d’union douanière et monétaire à cinq, France, Benelux, Italie, surnommé Fritalux, nom grotesque (vu la participation belge) qui fit ricaner les Anglais : toujours pleins d’allant politique, même après la conclusion du Pacte atlantique d’avril 1949, qui consacrait la quasi-disparition de leur influence sur leur ancien fief européen, ils l’étaient moins dans leur tentative de se ménager quelque autonomie économique internationale, tant dans ce qui leur restait d’empire colonial

que dans leurs anciens fiefs continentaux (dont les pays scandinaves). Il fallut aller plus loin que le changement de nom de cet ectoplasme en Finebel, alors que les effets ravageurs des premières « libérations » des paiements et du commerce avaient, conjugués à la dévaluation de septembre 1949, gravement dégradé le commerce extérieur français. Washington ne souffrait plus le moindre délai à l’intégration de la RFA dans les unions européennes douanière et « des paiements ». Et son chantage à l’arrêt immédiat des « fonds Marshall » (emprunts en dollars) menaçait la poursuite de la guerre d’Indochine, exclue de cette étude mais chère aux grands intérêts coloniaux français. Le 10 février 1950, un haut fonctionnaire du Service de Coopération économique du Quai d’Orsay (SCE) annonça les effets dévastateurs de l’intégration européenne que Washington voulait imposer à ses « pays Marshall » dans des termes qu’on comparera à la fable de l’Europe socialement bienveillante à son berceau. « Il n’est pas possible actuellement à l’économie française d’affronter sans grave péril la concurrence internationale » dans laquelle la plongerait « la méthode dangereuse, ou en tous cas prématurée », de la suppression des contingents. « La libération des échanges », ajoutée « à la pénétration des capitaux américains », serait aussi fatale à « l’Union française », lorgnée on le sait, comme toutes les colonies des Européens, par les États-Unis. « Si [ceux-ci] exercent une pression sévère sur les pays européens pour que ceux-ci libèrent leurs échanges, c’est que l’intégration économique de l’Europe correspond aux intérêts américains, tout comme […] la dévaluation des monnaies européennes [de…] septembre 1949. Or, ce précé-

dent devrait faire réfléchir car il est difficilement niable es Américains eux-mêmes le proclament hautement que cette dévaluation a été pour l’Europe un échec. La libération des échanges doit normalement aboutir à un contrôle sur l’économie européenne par les grosses sociétés américaines. En effet : • Ne survivront que les entreprises à haute productivité, c’est-à-dire celles qui auront pu se rééquiper, en général grâce aux crédits du Plan Marshall. L’expérience prouve, en France par exemple, que seules bénéficient de ces crédits les firmes qui ont des liens étroits avec des sociétés américaines. • Dans les conditions actuelles du marché des capitaux en Europe, l’Amérique est seule assez puissante pour financer les investissements nécessaires à la transformation de la production en une production de masse. » Ces réorganisations intervenues sur fond de stagnation intensifiant « la lutte pour les débouchés » augmenteraient non la production mais le 9 - Vatican, index. Sur ce qui suit, sauf précision, Carcan (et tous art. cit. sur 1948-années 1950). 10 - Lettre de Bonnet à Chauvel, 15 décembre 1948, papiers Bonnet, MAE. 11 - Lettre 140 de Bonnet, Washington, 10 janvier 1950, États-Unis 1944-1960, 166, MAE. 12 - Note SCE, 10 février 1950, Coopération économique, Direction des Affaires économiques et financières 1945-1960 (CE-DAFE), 56, MAE, et infra. LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 - 17


LE RÉVEIL DOSSIER chômage. La hausse de la productivité et la baisse des coûts de production élimineraient les entreprises non rentables. « Mais le caractère monopoliste que revêtir[ait] alors la production empêcher[ait] toute baisse des prix. » La libération des changes aggraverait « la vocation débitrice » de la France, déjà affligée avantguerre d’une balance commerciale « chroniquement déficitaire ». La création d’une union régionale, qui « devrait à bref délai englober » l’Allemagne où le nombre de chômeurs augmentait de 80 000 par semaine, « présenterait des dangers plus grands encore qu’une libération des échanges. [...] Bien entendu, c’est parce que l’Allemagne devrait être intégrée à bref délai dans toute union régionale continentale que l’opinion publique en France est hostile à la création d’une telle entité économique. Le gouvernement, qui l’a compris, semble pour le moment, à la suite de l’euthanasie de Finebel, décidé à écarter l’idée d’une union régionale comprenant l’Allemagne et excluant l’Angleterre (ou étant même dirigée contre celle-ci). […] Les partisans de la libération des échanges telle qu’elle est pratiquée maintenant dans le cadre de l’OECE ne se fondent pas sur des raisons techniques spécifiquement inhérentes à la situation européenne »,

Déclaration dite Schuman 9 mai 1950.

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était-il conclu. « Ce n’est pas en désintégrant les atomes européens que l’on libérera l’énergie européenne. En réalité, les protagonistes de la politique actuelle craignent que l’aide Marshall soit interrompue si la libération des échanges réclamée par l’Administration américaine en vue d’aboutir à l’intégration de l’Europe occidentale n’est pas réalisée. La France doit selon eux prendre la tête du mouvement afin d’obtenir une part plus importante de l’aide Marshall (réservée aux pays qui font des progrès particulièrement importants dans la voie de la libération). »12 Robert Schuman passa à l’étape suivante dans les trois mois, sous la poigne américaine, avec son fameux discours du 9 mai 1950, concocté non pas en la seule secrète compagnie de Monnet, mais avec le Quai d’Orsay. Lequel, le texte de février cité l’atteste comme toute la documentation 1949-1950, était logiquement associé à cette étape décisive de l’américanisation de la France. C’est dire le sérieux des mémoires de Monnet ou d’Acheson, et autres articles de presse que l’hagiographie historique crédite, sur l’« initiative révolutionnaire » de Schuman qui aurait sidéré jusqu’aux diplomates français. Il faut y ajouter une autre fable, démontrée, non seulement par le contenu réel des dispositions de la CECA, rendant officiellement à la jeune RFA (presque) tout ce dont la défaite de mai 1945 l’avait privée, mais aussi par le choix de la date du discours. Il ne s’explique que par la conjoncture politico-militaire, exclue de cet article, mais qui exige mention, car elle pulvérise l’autre volet de l’initiative prétendument « révolutionnaire », son caractère « pacifique ». Le discours du « père de l’Europe » appelant à créer une Communauté européenne du charbon et de l’acier

sur la base de « l’égalité des droits » (de la Ruhr) balayant définitivement toute limitation de l’industrie lourde allemande fut en effet lié à une autre étape de la reconstruction prioritaire du Reich : la reconstitution stricto sensu de la Wehrmacht, ou, pour citer la formule de mars 1949 de Bonnet, le recours au « potentiel militaire que représent[ai]ent en Allemagne de nombreuses générations bien aguerries » contre les « armées russes »13 (auquel la guerre de Corée fournit le prétexte dès le 25 juin 1950). Schuman, invité le 10 mai 1950 à la conférence atlantique de Londres savait, comme tout le Quai d’Orsay, que les Américains, Britanniques à leurs côtés, comptaient y arracher son consentement formel à ce réarmement stricto sensu très délicat, vu la vivacité des souvenirs français de l’Occupation. Il ne s’agissait pas en fait de rendre à l’industrie de la Ruhr reconstituée, base des armements allemands, « l’égalité des droits » acquise de longue date mais de lui concéder au plus tôt l’égalité militaire (adaptée aux desiderata américains) et l’entrée dans le Pacte atlantique et son imminente organisation, l’OTAN. Le Quai d’Orsay réfléchissait donc depuis plusieurs semaines à une « intégration de l’Allemagne dans l’Europe occidentale » qui lui rendrait, ce qu’exigeait Washington (comme dans l’entre-deux-guerres), « l’égalité des droits, mais », glosait-il comme à l’ère de l’Apaisement – cette « égalité ne porterait que sur des droits limités. Un pareil programme permettrait de gagner du temps ; il lierait l’Allemagne ; il

12 - Note SCE, 10 février 1950, Coopération économique, Direction des Affaires économiques et financières 1945-1960 (CE-DAFE), 56, MAE, et infra. 13 - Tél. 1212 Bonnet, Washington, 19 mars 1949, Europe Généralités 1944-1960 (Europe Généralités), 26, MAE.


DOSSIER LE RÉVEIL la RFA comme au Japon de renouer pleinement avec leur économie de guerre. Mais elles avaient également eu pour fondement, essentiel, le retour des milieux financiers, comme après l’autre guerre, à la conviction qu’il fallait « s’arranger » avec l’Allemagne. Non seulement parce que la RFA disposait du soutien résolu des États-Unis, mais parce que les liens financiers franco-allemands, renforcés par l’Occupation et jamais dissous, y poussaient. Le rôle dirigeant dans l’opération, évidemment dissimulé par la fermeture des archives de l’organisation patronale, CNPF puis MEDEF, est éclairé par les archives du Quai d’Orsay et par les recherches de John Gillingham, historien européiste de plus en plus débridé au fil du temps mais que cet allant n’avait pas détourné des archives au début des années 199015.

R. Schuman.

correspondrait à la préoccupation des États-Unis de voir l’Europe accentuer “son intégration” ; il faciliterait [...] l’étude de la question d’un certain réarmement allemand ; il nous donnerait des possibilités de manœuvre »14.

Les motifs profonds du soutien du grand patronat au « marché commun du charbon et de l’acier » et du reste Toute la période qui suivit fut marquée par ces tentatives dérisoires de limiter des droits économiques et militaires allemands que la fin de la décennie 1950 et la suivante proclameraient. Les choses se firent certes, sous l’écrasante pression américaine, encore accentuée pendant la guerre de Corée, qui permit à

« L’égalité des droits » de la RFA signifiait, le grand patronat le savait dans les années 1950 comme après la guerre précédente, une supériorité écrasante sur la France, mais il y avait des compensations, dont l’État-berger se chargerait. Le porte-parole d’avant-guerre du Comité des Forges, André François-Poncet, chef de sa presse et son député dans les années 1920, avait ensuite été son truchement à Berlin même, comme ambassadeur et maître de l’Apaisement (conférence de Munich comprise) de septembre 1931 à novembre 1938. Conseiller national de Vichy, aussi pro-allemand sous l’Occupation qu’avant, quoique plus discrètement (d’autant plus que Berlin repoussa ses avances), aussi peu « épuré » que Schuman, il joua un rôle équivalent dans la grande phase réconciliatrice d’après-guerre. « Principal conseiller économique » du général Koenig en « zone française » d’Occupation, il déclarait

le projet de « Statut d’occupation » bien trop contraignant pour l’Allemagne occidentale : cela lui valut en juin 1949 le poste de Haut-commissaire (civil), où il vanta les alliances sidérurgiques franco-allemandes que les Américains ne cessaient de célébrer depuis 1946. Son collaborateur Armand Bérard, nommé auprès de lui après quelques années (pénibles) à Washington, détestait visiblement ce germanophile déclaré, et se prête, dans ses mémoires publiés, ce commentaire euphémique en octobre 1949 : « Le peuple allemand lui paraît trop actif, trop entreprenant pour que nous puissions lui résister. Comme il y a dix ans, il cherche à s’entendre »16. Véritable acte de naissance de la Communauté européenne, la CECA, décrite avec précision avant même la signature du traité de Paris qui la créa officiellement (18 avril 1951), ressuscitait le cartel de l’acier de 1926, en mieux et plus approfondi, vu l’intégration du charbon, déficitaire, partout pris en charge par l’État plus directement que naguère. Ses protagonistes d’avant-guerre avouèrent aussitôt, en petit comité, en France et ailleurs, leur joie qu’on en revînt enfin aux si utiles « cartels[d’]avant la guerre » protecteurs des groupes monopolistes : « Le Plan Schuman lui-même a d’ailleurs le caractère d’un cartel international fondé sur la protection. La Haute Autorité » bientôt confiée à l’inévitable Jean Monnet – « qu’il prévoit veillera plutôt à la défense de cer14 - Note Direction d’Europe (DE), 7 avril 1950, Europe Généralités, 133, MAE. 15 - Gillingham, Coal, steel and the rebirth of Europe 1945-1955 : the Germans and French from Ruhr conflict to economic community, Cambridge, Cambridge UP, 1991; comparer à son lyrique European Integration, 1950-2003, Cambridge UP, 2003, sans archives. 16 - Bérard, Un Ambassadeur se souvient. Washington et Bonn 1945-1955, Paris, Plon, 1978, p. 229 et passim. LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 - 19


LE RÉVEIL DOSSIER tains intérêts industriels qu’à celle des intérêts de la collectivité européenne. »17 Il coûterait en effet fort cher à « la collectivité européenne », comme tous les cartels qui faisaient exploser les prix de vente et les empêchaient de baisser, même en phase de crise aiguë. Certes, l’infériorité économique française générale par rapport à une RFA à l’appareil industriel intact, renforcé par l’économie de guerre18 et rénové à marches forcées en liaison avec l’occupant (et investisseur) américain, créerait à la « collectivité européenne » ou « nationale » des problèmes ardus. Comme naguère, l’État berger parerait cependant aux rudes conséquences de cette infériorité en évitant à l’industrie lourde privée « [l]es risques d’une catastrophe », prévue au lendemain de la guerre et avec une grande précision chiffrée dès mai 1950 : le charbon français mourrait de la concurrence de la Ruhr (et des achats forcés aux États-Unis) ; la minette lorraine de celle des minerais à haute teneur de Guinée (puis d’ailleurs)19. Ce n’est pas par hasard si, tonnant à l’occasion contre le « marché commun » et l’affreux « dirigisme » d’État, le Comité des Forges loua publiquement dès janvier 1951 « le grand Lorrain » Schuman20, le hissant au même rang, dans le panthéon de ces grands hommes politiques du 20e siècle, que Raymond Poincaré, héraut de l’« assainissement financier » (1926-1928), et Pétain, héros des conseils d’administration de 1940-1941 : deux « hommes des Wendel » encadrant le dictateur militaire formellement choisi par le chef de la dynastie dès 1934-193521. Protection illimitée du capital financier, casse des revenus de tout le reste de la société, salariés au premier chef, comme l’avait en décembre 1949 requis Roger Auboin, 20 - LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019

toujours directeur général de la Banque des règlements internationaux onze ans après son extase germanophile. Il estimait que, de tous les secteurs européens (budgétaires, commerciaux, fiscaux, monétaires) à « unifier » et « harmoniser » par les signataires des unions douanières, il n’en était qu’un d’urgent : « éliminer toutes les méthodes de financement inflationniste, aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public, et […] renoncer absolument à ces méthodes pour l’avenir. » La Cassandre de février 1950 traduisit en langage plus clair, démontrant que la seule mauvaise « inflation » (comme avant-guerre et pendant) restait celle des salaires. L’union douanière faciliterait leur casse, via notamment la libre circulation de la main-d’œuvre chômeuse à très bas salaires (Italie et colonies d’alors22). Le coût de la main-d’œuvre des pays à fort chômage sera réduit par « la pression du chômage sur le niveau des salaires. Or, il ne peut y avoir harmonisation des salaires et des charges sociales [...] que par le jeu de l’offre et de la demande et elle se fera au niveau le plus bas. C’est bien là une des raisons pour lesquelles le Conseil national du patronat français se prononce en faveur de la libération des échanges et des Unions régionales : il y voit un moyen de réduire les prétentions des salariés lors des prochaines négociations des conventions collectives. »23 On trouvera ailleurs le descriptif de la mise en œuvre de la CECA qui ouvrit sur le « marché commun » de 1958 et remilitarisa la RFA, suite logique de la renaissance solennelle de la Ruhr, officiellement rendue depuis l’automne 1948 par l’occupant américain à ses maîtres allemands, tous grands criminels de guerre – souvent présents dès 1945 à tous ses niveaux de direction, sous gestion anglaise puis anglo-améri-

caine24. L’une et l’autre institution furent marquées par un chantage américain permanent, qui ne parvint évidemment jamais à abolir les insurmontables rivalités inter-impérialistes qui éclatent dans les diatribes protectionnistes anti-européennes du président des États-Unis actuellement en poste. Mais quel historien-citoyen peut sérieusement, à la lecture des sources des années préparatoires au « marché commun du charbon et de l’acier », soutenir la thèse d’une « dérive » récente de « l’Union européenne » par rapport aux nobles intentions des « pères de l’Europe »?

17 - Discours du professeur et journaliste néerlandais Jitta à un banquet de leaders économiques et politiques, tél. 361 de JeanPierre Garnier, ambassadeur de France à La Haye, 23 février 1951, Europe généralités, 112, MAE 18 - Le très « européo-américain » Alfred Grosser admit dès les années 1950 que 80% du potentiel industriel ouest-allemand était intact en 1945, soit un niveau supérieur à celui de 1936. 19 - Prévisions d’après-guerre et la réunion du 10 mai 1950 au Quai d’Orsay, Carcan, p. 137138. 20 - Citation, Jacques Laurent, président de Sidélor, 9 janvier 1951, in « Opinions des milieux sidérurgistes et patronaux français », Communiqué à l’AFP, Commentaires 1951, CE-DAFE, 502, MAE 21 - Le choix de la défaite, passim, dont p. 117. 22 - Suivraient, dans les années 1990 de la « libération » de l’Europe orientale, la maind’œuvre hautement qualifiée payée comme les manœuvres polonais, yougoslaves, etc., de l’entre-deux-guerres. 23 - Notes d’Auboin, Bâle, 14 décembre 1949, 1397/199404/94, ABDF, et du SCE, 10 février 1950, CE, 56, MAE. 24 - Développements, Carcan, chap. 6 et épilogue.


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

La paix : un combat permanent Le refus de réaffirmer les principes fondamentaux de la souveraineté des peuples, principes érigés en 1945 avec la charte des Nations Unies, fini toujours par être rattrapé de façon dramatique par l’histoire. Que ce soit en 1914-1918, en 19391945, à chaque fois les causes sont les mêmes, la volonté impérialiste de s’accaparer des territoires, des richesses d’autres nations. Aujourd’hui encore les conflits qui se multiplient reposent sur cette volonté d’accaparation ou de zone d’influence par l’impérialisme. Les Etats-Unis et l’Amérique du Sud, la France, l’Angleterre et les USA au Proche et MoyenOrient, la Chine en Afrique, etc. Ils ont ce besoin face à leur crise économique mondiale de se réorganiser, de réorganiser le monde, de se redistribuer les territoires, les richesses de la planète, cette démarche est lourde de risques pour la paix, la souveraineté des peuples. Cette réorganisation du monde impérialiste conduit à la relance de la course aux armements. Les USA créent une armée de l’espace et font exploser leur budget militaire, l’OTAN organise d’immenses manœuvres au Nord de l’Europe sur la frontière russe, la France augmente son budget militaire de presque 300 milliards d’euros de crédits cumulés sur 7 ans, veut de plus partager la force de dissuasion nucléaire avec l’Allemagne. M. Macron veut construire une armée européenne avec comme argument faire face à la Chine, la Russie,

les USA et accepter que l’Allemagne se réarme. Or l’histoire nous rappelle que par deux fois l’Allemagne s’est remilitarisée et par deux fois cela a conduit à une guerre mondiale. Dans ce même mouvement avec le soutien du président français, Mme Merkel fait voter un budget supplémentaire garantissant 43 milliards d’euros par an sur 10 ans pour la Bundeswehr et ainsi faire de l’armée allemande une force offensive. Et l’Allemagne pousse encore plus loin, elle réclame aujourd’hui, le siège de la France au Conseil de Sécurité de l’ONU. La situation est sérieuse, la nouvelle crise du capitalisme mondial qui se profile si elle se résout par la guerre, peut détruire la planète. Alors oui, notre responsabilité est grande. Alors oui, le combat pour la paix est décisif pour l’avenir des générations futures. Malheureusement l’histoire si elle ne se répète pas à l’identique peut produire sans la vigilance de tous les mêmes conséquences. Nous devons œuvrer pour un désarmement universel, faire en sorte que le gouvernement français comme toutes les grandes puissances nucléaires signent le traité du 7 juillet 2017. Nous devons respecter la charte de l’ONU « l’égalité des nations grandes et petites », respecter leurs souverainetés et rétablir le fonctionnement de l’ONU. C’est pour cela que l’esprit de la charte est important.

Elle correspond à un engagement commun des peuples et des nations du monde à travers des règles de fonctionnement, de rapport garantissant la collaboration, et l’intérêt mutuel, garantissant la paix. Certes, il faut du courage politique. Il ne faut pas se renier dans le débat d’aujourd’hui. C’est pour cela que nous devons œuvrer, avec tous ceux qui en sont conscients, à donner toute sa place à la Charte en tant que droit et moyen d’œuvrer à la bonne marche du monde. Rappeler ces principes, c’est œuvrer à la conscience, à l’intelligence collective. C’est travailler à l’avenir de l’humanité. 29/11/2018 Patrick Staat Secrétaire Général de l’ARAC pour la revue Cause Commune de janvier 2018

Conseil de Sécurité Les Echos.fr du 28.11.2018 Conseil de Sécurité de l’ONU « Berlin propose de transformer le siège de la France au conseil de sécurité, en siège de l’Union européenne ». C’est la proposition faite par le vice-président allemand à l’occasion d’un discours sur l’avenir de l’Europe. Démarche également défendue par

la chancelière Angela Merkel. Le 13/11/2018, Mme Merkel qui appellera une véritable armée européenne. Source Revue Europe - Laurent Lagneau le 06/07/2018. L’Allemagne qui augmente son budget militaire de 4 milliards d’euros en 2019. Madame Merkel devant la Bundeswehr

a assuré que les dépenses militaires allemandes seraient équivalentes à 1,5 % du PIB Allemand d’ici 2025. Le Secrétaire général de l’OTAN Jens Staltenberg s’en était félicité « je me réjouis du fait que l’Allemagne commence à augmenter (ses dépenses militaires) et annonce une augmentation de 80 % de ses dépenses sur une décennie. LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 - 21


LE RÉVEIL VOS DROITS En 2019, ses dépenses militaires représentent 42,90 milliards d’euros. Pour Ursula Von der Leyen, la ministre allemande de la défense « c’est un bon budget » car « les forces armées ont

besoin de ces investissements et il est donc bon que nous ayons à nouveau une augmentation significatives en 2019. » Nous ne devons pas oublier d’où vient

l’Allemagne, les inversions de tendance se sont installées, la Bundeswehr se développe à nouveau, elle est en cours de modernisation « a rappelé Mme Von de Leyen ».

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Ce qui change au 1er janvier 2019 en matière d’inscription sur les listes électorales A l’approche des élections européennes en mai 2019, les modalités de gestion des listes électorales évoluent au 1er janvier 2019 : les démarches d’inscription des électeurs seront simplifiées, la fiabilité des listes électorales améliorée et la tâche des mairies allégée.

A partir de cette date, les électeurs pourront : s’inscrire au plus proche du scrutin, au lieu du 31 décembre de l’année précédente, actuellement. Ainsi, pour

22 - LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019

voter aux prochaines élections européennes du 26 mai 2019, les électeurs pourront s’inscrire jusqu’au 31 mars 2019 ; ● déposer leurs demandes d’inscription en ligne, sur les sites

Cette évolution est associée à la mise en place d’un répertoire électoral unique (REU) et permanent dont la tenue est confiée à l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE).

www.demarches.interieur.gouv.fr, www.service-public.fr,

Désormais, les communes n’auront plus à :

quelle que soit leur commune de résidence. Le dépôt au guichet de la commune ou la transmission des demandes d’inscription à la commune par courrier restent possibles.

inscrire les jeunes majeurs, inscrits désormais sur le REU suite au recensement citoyen opéré par les communes, et mis à jour le cas échéant lors de la journée de défense et citoyenneté ;


VOS DROITS LE RÉVEIL inscrire les personnes naturalisées ou les personnes dont l’inscription est ordonnée par le juge ;

radier les personnes décédées, les personnes inscrites dans une autre commune ou les personnes privées de leur droit de vote par le juge.

Les élections européennes du 26 mai 2019 seront les premières élections

générales se déroulant avec des listes électorales extraites du REU. Pour voter à ces élections, les électeurs pourront déposer leurs demandes d’inscription sur les listes électorales jusqu’au 31 mars 2019.

Chaque électeur devra alors : être âgé de 18 ans, au plus tard le 25 mai 2019 ;

être de nationalité française ou ressortissant d’un autre État membre de l’Union européenne ;

jouir de son droit de vote en France ou dans son pays d’origine, pour les ressortissants d’un autre État membre de l’Union européenne ;

apporter la preuve de son attache avec la commune d’inscription.

L’ONAC… viable à 5 ans ? Le 29 janvier prochain aura lieu – aux Invalides, à Paris – la présentation des vœux du personnel de l’ONAC. Santé, bonheur, réussite bien sûr ; mais quel avenir pour ces personnels et leurs missions ? Demain ne s’annonce pas aussi rose que les autorités l’affirment. L’HEURE EST A L’AUSTERITE Avec le budget 2019, l’heure est plus que jamais à l’austérité renforcée. ●

Aucune embauche de personnels titulaires

Aucun remplacement de départ en retraite ou de mutation

Abaissement de -5 du plafond Emploi Temps plein (et sans doute beaucoup plus en 2020).

Réduction de 400 000 euros de crédits de fonctionnement

Crédits mémoire en forte baisse (ils avaient même été supprimés/oubliés dans le projet de budget initial !).

Pour l’heure, seuls les crédits de solidarité demeurent stables.

… ALORS QU’AUGMENTENT LES MISSIONS ! Le budget 2019 prévoit en effet différentes mesures en faveur des harkis et de leurs enfants, mais aussi l’attribution de la carte du combattant aux militaires ayant séjourné en Algérie entre le 3 juillet 1962 et le 1er juillet 1964. De plus, l’âge de ces bénéficiaires potentiels les range obligatoirement au rang des attributaires de la retraite du combattant, voire de la demi-part fiscale supplémentaire dès 74 ans.

● Les statistiques officielles estiment à 50 000 le nombre de cartes du combattant 62-64 possibles, dont 35 000 dès cette année. Evaluation à manier avec prudence : il avait été avancé officiellement le nombre de 8 000 cartes pour la mesure « à cheval » sur le 2 juillet 1962… On en est déjà à plus de 12 000 dans la réalité des faits.

35 000 cartes 62-64 en 2019… et autant de retraites du combattant à traiter et à délivrer. Avec quels personnels, puisque aucune embauche de titulaires n’aura lieu ? Et dans quelles conditions matérielles puisque, déjà, les « pôles retraites du combattant » mis en place « volent en éclats » face aux réalités du terrain. Ainsi, le pôle 68 (Haut-Rhin et départements avoisinants) a été transféré au service de Caen, le 1er septembre 2018. En ce début 2019, c’est le pôle de l’Essonne (faute de personnels suffisants) qui va rejoindre Caen. Et que va devenir ce service de Caen devant faire face – en plus ! à l’attribution des cartes 62-64 Algérie et aux retraites du Combattants y afférant ?

QUEL PLAN et QUELLE REALITE A VENIR ? L’ONAC doit mettre en œuvre un nouveau COP (Contrat d’objectifs

et de performances) pour 2019-2023. Théoriquement, il aurait dû être présenté à l’approbation du Conseil d’Administration de l’ONAC fin 2018. Mais le CA n’a pu se prononcer, la directrice générale de l’ONAC n’ayant pas été mise en possession, par le gouvernement, de l’ensemble des dossiers. C’est donc à une navigation « à vue » que doit se livrer l’ONAC jusqu’au CA de mars prochain, dans des domaines aussi majeurs que la solidarité, la reconnaissance et la réparation, la valorisation de la mémoire, la poursuite de la modernisation de son organisation, le renouvellement de l’esprit paritaire et de la gouvernance face aux enjeux qu’a à affronter l’établissement. ● Tout cela en renouvelant ses instances à tous les niveaux. Le mandat des administrateurs tant départementaux que nationaux se terminera en novembre 2019. Nouveau dilemme… que vont faire le gouvernement et la directrice générale, dont l’actuelle directrice – Mme Rose-Marie Antoine – devrait partir en retraite en 2019 ? Deux options sont actuellement à l’étude :

1/ proroger d’une année supplémentaire les conseils départementaux et le Conseil National actuels, puis renouveLE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 - 23


LE RÉVEIL VOS DROITS ler sur la base de la nouvelle composition issue du COP 2019-2023 (pas encore bouclé ni adopté !) 2/ renouveler pour 4 ans, les conseils sur la base de leur composition actuelle, le conseil d’administration national étant élu lui sur la base d’une nouvelle composition modifiée (comment) ? Une usine à gaz en perspective… Dans tous les cas, un surplus de besogne à tous les niveaux s’ajoutant aux missions nouvelles avec des personnels en baisse.

MAIS TOUT VA BIEN… Car, un document du syndicat CFDTONAC avance que « selon la directrice générale, l’existence de l’ONAC n’est pas menacée dans les 5 ans à venir. Mais elle s’inquiète des moyens donnés à l’Etablis-

sement pour faire face aux charges supplémentaires telles que la transformation numérique, la modernisation notamment, car – à partir de 2020 – nous n’aurons plus de réserve de trésorerie. La plus grande partie de nos recettes provenaient des établissements et de la vente de biens immobiliers. Dorénavant, nous ne pouvons compter pour le fonctionnement, que sur la subvention pour charges du service public ». Laquelle est déjà en baisse pour 2019. En clair, encore un COP et en 2024 on ferme… l’ONAC est nu, ses établissements bradés – et à quel prix ! – il n’a plus qu’à pleurer misère… ● Voilà qui inaugure bien du centenaire de la loi sur le droit à réparation du 31 mars 1919, au moment même où la Cour des Comptes et la

direction du budget déclarent que ce droit est obsolète puisque les OPEX actuels sont professionnels. De la blessure de guerre assimilée à l’accident du travail, de la remise en cause des pensions militaires d’invalidité, des pensions PMI et des rentes mutualistes AC… il y a moins d’un pas. ● Mais rassurez-vous, voyons « l’ONAC n’est pas menacée dans les 5 ans à venir »… Après, OPEX, familles, victimes d’attentats, etc., n’auront qu’à se débrouiller. A moins que le Mouvement Anciens Combattants, fidèle à sa vocation, ne « mettent les pieds dans le plat » avec ou sans « gilet jaune ». Car c’est le droit républicain, la mémoire et la reconnaissance de la Nation qui sont remis en cause à travers le devenir de l’ONAC.

1919-2019, même combat !

Encore un décret qui pose des problèmes ! Ce décret du 28 décembre 2018 n° 2018-1292 pour l’application de la loi n° 2018-607 du 13.07.2018, concerne les demandeurs d’une pension servie au titre du code des pensions militaires d’invalidité et son objet l’organisation de la procédure du recours administratif préalable obligatoire (RAPO) en matière de pensions militaires d’invalidité (voir Réveil des combattants du mois d’octobre 2018). Ce texte entrera en vigueur le 1er novembre 2019. La commission consultative médicale est maintenue malgré les réserves, voire les critiques faites au cours des années par les différentes associations d’anciens combattants. Ensuite ce décret (article R 151-18) du code des PMI concerne l’attribution ou le rejet d’une demande de pension. Une fois l’instruction de la demande de PMI terminée, le service désigné par le ministre des anciens combattants et victimes de guerre prend une décision de rejet de la demande ou notifie 24 - LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019

au demandeur la transmission de son dossier de pension au service désigné par le ministre chargé du budget pour liquider et concéder la pension. ATTENTION : l’absence de décision notifiée par le service désigné par le ministre chargé des anciens combattants et victimes de guerre à l’expiration d’un délai de 4 mois à compter de la date de réception de la demande de pension vaut décision de rejet de cette demande. Ce délai de 4 mois est interrompu à compter du jour où le demandeur a été informé par l’Administration qu’une expertise médicale sera réalisée. Le nouveau délai commence à courir à compter de la date à laquelle le demandeur est informé que le service désigné par le ministre des anciens combattants a reçu l’ensemble des conclusions des expertises médicales, ou au plus tard 6 mois à compter de la date à laquelle le demandeur a été informé de la décision de diligenter une expertise médicale.

OBSERVATIONS : Pourquoi faire plus simple, quand on peut faire plus compliqué ? Si ces nouveaux textes ont été réalisés pour simplifier les procédures… l’administration a complément manqué son coup d’essai ! Ensuite viennent des dispositions concernant le recours administratif préalable (RAPO) (article 711-1) : – délégation d’un RAPO préalable à peine d’irrecevabilité de la demande – ce « RAPO » est formé auprès de la commission de recours d’invalidité placée conjointement auprès du ministre de la défense et ministre chargé du budget – ce recours conserve les délais de recours contentieux jusqu’à la notification de la décision prise – A compter de la notification ou de la décision contestée, le requérant dispose d’un délai de 6 mois pour


VOS DROITS LE RÉVEIL saisir la commission par tout moyen permettant d’en établir la date de réception. Ce délai est augmenté d’un mois pour les personnes demeurant dans les départements ou territoires d’Outre-mer, et de deux mois pour les personnes demeurant à l’étranger. La saisine de cette commission doit être accompagnée d’une copie de la décision contestée et doit mentionner les griefs invoqués. Si la copie de la décision, ou dans le cas d’une décision implicite de rejet, la copie de la demande, ne sont pas jointes à l’envoi, le secrétariat de la commission met l’intéressé en demeure de la produire dans le délai de 2 semaines. En l’absence de production dans ce délai, l’intéressé est réputé avoir renoncé à son recours. Le Président de la commission en adresse le constat et en informe l’intéressé par tout moyen conférant date certaine (rejet). OBSERVATIONS : Il est très inquiétant de constater que tout est fait pour que les demandeurs de pension « se noient dans les méandres de la procédure » et que toutes les difficultés aboutissent obligatoirement à un rejet des demandes. Composition et nomination des membres de la commission de recours Président : un officier général ou un contrôleur des armées Composition : – le directeur des ressources humaines du ministère de la défense ou son représentant – le directeur du service de retraites de l’Etat ou son représentant – un médecin-chef des services de pension ou son représentant – un officier supérieur ou son suppléant – deux personnes qualifiées membres d’une association de pensionnés au titre du présent code ou leurs suppléants.

OBSERVATIONS : Cette dernière formulation appelle des explications. Suffit-il d’être membre d’une association d’anciens combattants pour siéger dans cette commission ? Que veut signifier le terme : « d’une association de pensionnés au titre du présent code ». L’administration ferait bien de revoir rapidement le libellé de ce dernier alinéa de l’article 711-3. La durée du mandat du Président et des membres de la commission est de deux ans renouvelable deux fois. Un rapporteur général et un rapporteur général adjoint seront choisis parmi les fonctionnaires de catégorie A. La commission ne siégera valablement que si quatre au moins des sept membres, dont le résident, sont présents. En cas de partage des voix, celle du président ou de son remplaçant le cas échéant, est prépondérante. Les frais de déplacement des membres de la commission représentant les associations de pensionnés sont pris en charge par l’Etat. Dès réception du recours, le Président de la commission informe l’autorité dont émane la décision contestée, ainsi que le demandeur. Ce dernier est averti qu’il peut être auditionné s’il en formule la demande dans le délai d’un mois après avoir été averti de cette possibilité. Passé ce délai, sans réponse du demandeur, la commission rend sa décision sur le fondement des pièces du dossier. Si le demandeur souhaite être auditionné une convocation lui est adressée au moins un mois avant la séance. L’exercice d’un recours devant la commission ne suspend pas l’exécution de la décision contestée (article 711-11). OBSERVATIONS : quelques précisions sont indispensables concernant cet article. Le recours préalable est obligatoire, alors pourquoi ne pas suspendre l’exécution de la décision contestée ? ou alors cela ne signifie-t-il

pas que ce recours obligatoire n’est qu’un leurre et que de toutes les façons la décision attaquée sera confirmée ? Les frais de transport du demandeur qui souhaite être auditionnée sont pris en charge par l’Etat ainsi que les frais de son accompagnateur, si besoin est. Les expertises médicales ne peuvent être diligentées qu’avec l’accord du président. OBSERVATIONS : Une fois encore prépondérance du président de la commission. Celui-ci n’est pas médecin, n’a en apparence pas plus de compétence dans ce domaine que les autres membres de la commission, excepté en ce qui concerne le juge médecin. Encore une invraisemblance… ou surtout un moyen détourné de rejeter toutes les demandes. Dans un délai de 4 mois à compter des saisines, la commission notifie au demandeur la décision prise sur le recours. L’absence de décision dans un délai de 4 mois vaut décision de rejet du recours formé devant ladite décision. Ce délai de 4 mois est suspendu à compter du jour où le Président a informé le demandeur qu’une expertise médicale était diligentée. Le délai recommence à courir à compter de la transmission au demandeur des conclusions de l’expertise médicale. CONCLUSIONS : on ne peut que demeurer très pessimiste quant à l’utilité de ce « RAPO » et au fonctionnement de cette commission. Tout est fait pour « noyer » le demandeur dans toutes ces procédures, pour allonger les délais de procédure et pour faire « tomber » le demandeur dans des pièges que sont les délais de forclusion grâce au rejet implicite. La défense des droits des anciens combattants et victimes de guerre est une nouvelle fois bafouée !!! JTA LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 - 25


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Obsèques le 19 décembre 2018 de Michel Tran Van, membre du Bureau National de l’ARAC Extraits : Michel né en 1955 au moment des luttes des mineurs et des sidérurgistes des Hauts de France, rejoint l’association de Paul Vaillant-Couturier, Henri Barbusse, Georges Bruyère et Raymond Lefebvre. 4 combattants pour la paix, comme Michel, président départemental et dirigeant national qui a consacré sa vie militante à la défense des idéaux de l’ARAC, à la défense des droits des

Il était de la trempe de ceux qui puisent leurs forces dans leurs convictions profondes, liées à leur histoire, à leur famille.

C’est le courage de dire non qu’il faut rappeler sans cesse. C’est ce courage-là qu’il faut mettre en avant à un moment où la société se délite et où le repli sur soi rend difficile toute forme de conscience, de révolte, c’était la démarche de Michel.

Michel n’a jamais oublié ses origines, ses racines politiques dans l’action qu’il a menée à l’ARAC.

L’ARAC de 2018 fait comme en 1917 du « guerre à la guerre », sa principale raison d’être.

Je sais qu’il partageait sur le fond, en donnant son opinion comme toujours, la volonté de faire du centenaire de 14/18 un moment du combat pour la paix et l’émancipation humaine.

Cette détermination était celle de Michel et je pense qu’il aurait été fier de participer, de prendre sa place si le temps lui avait été donné, dans la construction de ce nouveau centenaire de l’ARAC.

Anciens Combattants, des valeurs de la République, au cœur de l’actualité aujourd’hui.

L’ARAC a eu 100 ans en 2017, cent ans de luttes pour les droits ceux des ouvriers et paysans envoyés par la République dans une guerre qui dura 4 ans. Cent ans de luttes aussi pour les droits issus des luttes sociales, du combat de la résistance en 1940, du programme du CNR, de 1968 aujourd’hui menacés. Il s’agit de notre vie, celle de nos enfants, celles des générations futures. Michel Tran Van (à droite) lors du dernier congrès en novembre 2017 avec des membres du Conseil national

L’ARAC lie l’histoire et le travail de mémoire à la réflexion sur le monde actuel, où la crise met en concurrence les peuples, les nations et les régions.

Alors, Cher Michel, au nom de notre organisation, de notre direction nationale, je te le dis, nous continuerons à tirer les leçons de l’Histoire, nous continuerons à construire le rassemblement nécessaire pour une société où « la liberté, l’égalité, la fraternité » sortiront du fronton des mairies pour rentrer réellement dans notre vie. Ce combat porte l’avenir de l’humanité. Merci Michel de ton travail acharné, merci à sa famille de l’avoir accompagné dans ce labeur quotidien.

Hommage à Jacques Delaubier Extrait intervention Patrick Saintenoy L’ARAC nationale et des Bouches du Rhône ont rendu hommage à notre camarade Jacques Delaubier le 27/12/2018. Une échéance douloureuse, avant tout pour sa famille, à laquelle ses amis et camarades de l’ARAC apportent leur profond respect. Jacques nous l'avons tous apprécié pour sa modestie, sa gentillesse, son dévouement, son altruisme et sa fidélité à notre association. Jacques capitaine en Indochine comme médecin de bataillon, de par les années 26 - LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019

que tu devais à l'armée après avoir fait Santé Navale et ensuite médecin d’unité en Algérie, de 1955 à 1956 au milieu des soldats du contingent. Tu rencontras l’ARAC, cette association, créée en 1917. Président Départemental pendant 22 années de 1993 à 2015, succédant à ces hommes d'exception. Vous m'excuserez de devoir parler de mes rapports personnels avec Jacques, moi qui fus son Président délégué pendant de nombreuses années.

De nos discussions sur les droits des Anciens Combattants, de la défense des valeurs Républicaines, de nos combats contre la guerre, pour la paix, de notre lutte contre le fascisme et bien sûr la mémoire de l'histoire et ce dans l'esprit de vérité. Connaître déjà l'histoire de notre association me disais-tu, de cette histoire sans prétentions faite d'engagements et de sacrifices, cela évite aussi à ne pas se faire raconter d'histoires. Tu me parlais souvent de ces anciens


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL dirigeants, de nos pères fondateurs, Barbusse, Vaillant-Couturier, Lefebvre, Bruyère lui qui en fût la conscience, mais aussi de la création de notre ARAC Départementale en 1919 par nos anciens poilus. Au-delà de ta responsabilité Départementale, tu fus également dirigeant National de l’ARAC, mais aussi Vice-président de l’UDAC des Bouches du Rhône administrateur à l’ONAC, membre de l’ANACR. Tu as organisé à Marseille en 1995 le symposium International sur les psychotraumatismes de guerre et un formidable colloque en 2006 réunissant spécialistes, médecins, chercheurs sur les traumatismes de guerres et les laissés pour compte des essais nucléaires. Toi qui disais toujours les Anciens

Combattants ne sont pas des citoyens à part, mais des citoyens à part entière, eux qui voyaient leurs droits à Réparation attaqués d'année en année, et celui pour défendre sans relâche ce merveilleux programme du Conseil National de la Résistance, qui est à jamais le cœur même de nos valeurs. Titulaire de nombreuses décorations, dont la plus haute distinction, la légion d'honneur, mais également l'ORMCM étoile d’Or qui fût remise par notre Président National Raphaël Vahé à Septèmes les Vallons à l'occasion de ton départ en 2015. Chère Vana, chère famille, les mots en cette circonstance sont bien dérisoires. Charles Péguy ce grand écrivain, Ancien Combattant tué en 1914, dans son testament spirituel et social appelait à être

présents les uns aux autres, à ne jamais se désintéresser d'un seul membre de notre foule humaine. C'est dans cette lumière que tu nous quittes cher Jacques, et nous nous inclinons avec émotion devant toi.

Laurence Praire recevant les insignes d'Officier de la Légion d'Honneur des mains de jacques Delaubier, le 28-4-2015.

Nos peines ■ 01 - AIN

■ 35 - ILLE ET VILAINE

■ 71 - SAONE ET LOIRE

Pont d’Ain : Jean COURTINE. Gilbert ANESETTI, porte-drapeau de la section. ■ 02 - AISNE Montescourt-Lizerolles : Christophe BOUR, porte-drapeau. Mme Marcelle MONDOT, 94 ans, veuve. Soissons : Abbé Quentin BESSON, 86 ans, AC ATM ■ 06 - ALPES MARITIMES Cannes : Paul Vincent VILLEDIEU, AC ATM ■ 11 – AUDE Carcassonne : Gaston DELPECH ■ 13 - BOUCHES DU RHONE Vellutini St-Just : Robert CHABOT, AC ATM. Emmanuel MATHIANACHI, AC ATM Velaux : Claude PAYEN ■ 16 – CHARENTE Ruelle : Yves LIVERT ■ 19 – CORREZE Saint-Jal : Jean-Marie MONEGER, président de la section et trésorier départemental adjoint. ■ 21 - COTE D’OR Dijon : Mme Maryse LIGNIER, combattante pour la Paix ■ 30 – GARD Alès : Edmond BALDIT. Guy CHABROL, 83 ans, AC ATM Nîmes : Loi NGUYEN

Rennes : Bernard LACIRE, AC ATM ■ 36 – INDRE Chabris : Daniel PARISOT, AC 39-45 ■ 42 – LOIRE Côte-Chaude : André JACQUEMOND, AC ATM, ancien vice-président. Mme Jocelyne REYNAUD, pupille de la Nation. Roanne : Michel BRUN, AC ATM St Etienne : Roland PIPIER. Mme Nicole REBEYRE, veuve. André TREVEZ, AC ATM. ■ 47 - LOT ET GARONNE Villeneuve sur Lot : Jean BERTOT, AC Indochine et ATM ■ 50 - MANCHE Cherbourg : Jacques GISLARD. Michel MAINS. La Glacerie : Marcel BRETON ■ 58 – NIEVRE Fourchambault : André LECOCQ, 84 ans, AC ATM Nevers : René FIGUIERE Varennes-Vauzelles : Georges FRAZEY, 80 ans, AC ATM. Georges PIGOURY, 95 ans, FFI, AC 39-45. Louis SINTRAT, 94 ans, FFI, AC 39-45. ■ 59 – NORD Aulnoye-Aymeries : Raymond CLERBOIS ■ 69 – RHONE Lyon 7ème : Claude GRANGE, AC ATM

Chagny : Mme Lucienne ROBERT St Vallier : Abdallah KINZI ■ 73 – SAVOIE

Argentine : Raoul LE CORRE, AC ATM ■ 76 - SEINE MARITIME

Le Havre : Serge LAINE, 81 ans, AC ATM ■ 77 - SEINE ET MARNE

Noisiel : Michel BONNET ■ 78 – YVELINES

Guyancourt : Charles 87 ans, AC Indochine

LAOU-HAP,

■ 91 – ESSONNE

Chilly Mazarin : Charles MAIRE, AC 39-45 ■ 94 - VAL DE MARNE

Bonneuil sur Marne : Jean-Luc GODIN, combattant pour la Paix Cachan : Claude BLANDIN, AC ATM, ancien président de la section Villejuif : Raymond BABUIN, AC ATM. Mme Simone GATON, veuve. ■ 95 – VAL D’OISE

Isolés : Roland GROS ■ 99 – CONSEIL NATIONAL

St-Aignan : Mme Yvonne FEUILLET-THOREAU St Michel sur Orge : Marcel CHAMAILLARD, 96 ans. LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 - 27


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Aix en Provence (13) Collège Paul-Henri Cahingt à Londinières (76) La section de l'ARAC avec la Libre Pensée a présenté une exposition qui s'est tenue au centre social des amandiers sur le thème des fusillés pour l'exemple. Suivie par un débat, le samedi 3 novembre portant sur les fusillés du 13. Dans son introduction Michel Garin explique que les fusillés pour l'exemple ont été instrumentalisés par la « justice militaire » pour dissuader les troupes de faire acte de désobéissance et raviver leur ardeur belliqueuse par la menace. Jugées « absolument indispensables » par le général Joffre, ces exécutions ont vu tomber par centaines les victimes d'un système judiciaire discrétionnaire où règne l'arbitraire et la terreur. Abandon de poste, refus d'obéissance devant l'ennemi. Les prétextes ne manquent pas pour mettre à mort des soldats accusés de s'être volontairement mutilés. Des exécutions aléatoires calquées sur les décimations de la Rome antique sont également perpétrées par simple tirage au sort. On estime à plus de 600 le nombre de fusillés parmi lesquels 23 étaient originaires du 13. La question la plus évoquée a été celle de la réhabilitation. Si aujourd'hui la grande majorité des Français est favorables à la réhabilitation de tous ces sacrifiés, seuls quelques-uns ont pu en bénéficier à titre individuel. L'ARAC et la Libre Pensée militent depuis toujours pour une réhabilitation complète de tous, un geste qu'aucun Président de la République n'a voulu faire jusqu’aujourd’hui.

28 - LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019

La principale du collège avait organisé une cérémonie en collaboration avec plusieurs professeurs d’histoire, de Français, d’anglais et de musique. Les élèves réunis dans la cour ont pu lire des lettres de poilus, en français mais également en anglais pour honorer les combattants canadiens et Australiens. La région de Dieppe, a beaucoup de liens avec le Canada. C’était très émouvant et les élèves étaient très concentrés. Ils ont ensuite entonné La chanson de Craonne qu’ils avaient apprise avec leur prof. Puis chaque classe a pu voir l’exposition de l’ARAC dans le hall du col-

lège. Devant l’expo, avait été également confectionnée une maquette représentant 2 tranchées se faisant face. Tous intéressés et leurs professeurs également. Mme Kaczmarek, principale du collège a remercié l’association.

Ille-et-Vilaine (35) Partage de mémoire au Centre pénitentiaire de Rennes-Vezin. Initiative inhabituelle pour l’ARAC 35, en fin d’année 2018 : parler et échanger, sur la guerre 1914/1918 avec les détenus. Sur proposition d’Evelyne, enseignante dans ce Centre moderne de détention, en collaboration avec ses collègues et l’administration, Georges Ploteau était autorisé à intervenir dans cet établissement, comme « passeur de mémoire ». Une trentaine de détenus avaient choisi de participer, pendant leur temps libre. La Direction du Centre ainsi que des enseignants participaient également à cette rencontre. Un montage était projeté en appui de l’intervention avec les images de l’exposition ARAC 14/18, des photos de poilus, de leurs épouses, de familles, de la guerre, la création de l’ARAC.

Comme ils y avaient été invités, les questions et interventions des participants n’ont pas manqué. Pour la plupart ils reconnaissaient découvrir un autre visage de cette guerre : le nombre et la variété de peuples du monde qui y ont participé, la vie et la souffrance des poilus de métropole ou de l’empire colonial, les causes profondes de cette guerre, ses conséquences. Invitation à la paix et la solidarité ! Significatif pour les enseignants, aucun détenu n’a quitté la salle en cours de l’échange. Plusieurs qui ne s’étaient pas exprimés sont venus remercier l’intervenant et continuer à échanger sur l’actualité, la vie en détention ; parmi eux des jeunes, des gens du voyage : « Merci d’être venu ici, nous, l’histoire on ne l’a jamais apprise ! »


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Alpes-Maritimes (06)

Sarthe (72) initiative avec les associations au Palais des Congrès Acropolis de Nice. L’ARAC y était présente avec notre exposition nationale.

La ville de Nice et son maire M. Estrosi ont clôturé les commémorations du centenaire de 1914-1918 par une

Merci aux amis, René, Jean-Pierre, Bernard, Marie-Claire, Michel pour leur présence. Merci également à Alain Schiazza, président de la section de St Martin du Var et ses affiches. Merci également à Gérard Vallée, membre du Bureau National et à son épouse qui nous ont prêté des tableaux complétant le thème de notre expo et notre bataille pour la paix.

St Nazaire (44) Une ambiance de fraternité prises de paroles depuis la plateforme du véhicule de la CGT, Syndicats et Gilets dans l'action. Une foule qui scandait : Tous ensemble, On ne lâche rien, l'ARAC présente et bienvenue. A la sortie de la ville barrage filtrants sur les ronds-points soutien des automobilistes

Loire-Atlantique (44) La ville de Guérande Loire-Atlantique a choisi le centième anniversaire de l'Armistice pour rebaptiser trois rondspoints de la ville avec des noms de généraux Le double giratoire de la Nantaise sera nommé « Giratoires du Général de Linarès (1897-1955) ». Le double giratoire de Careil sera nommé « Giratoires du Général Foucher de Careil (1762-1835) ». Le giratoire des Salines sera nommé « Giratoire du Général Béziers-Lafosse (1880-1964) ».

11 mouvements, organisations et partis politiques ont organisé un rassemblement contre cette décision : Le Mouvement de la Paix, l'Association Républicaine des Anciens Combattants, le Mouvement Contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples, l’Association pour la Réhabilitation des fusillés pour l’Exemple, la Ligue des Droits de l'Homme, La Libre-Pensée, les Anciens Appelés en Algérie contre la Guerre, le Mouvement Alternative Nonviolente, Le Parti Communiste Français, Europe Écologie Les Verts, le Nouveau Parti Anticapitalist… Cette présence montre le rôle d'une section ARAC pour porter et défendre des valeurs républicaine et la paix. Luc MOYON président de la section de Saint-Nazaire représentait l'ARAC à cette manifestation.

L’occasion du centenaire de 14-18 a été saisie par le comité départemental de la Sarthe, pour promouvoir la culture de paix. En s’adressant à tous les publics. Des expositions de l’ARAC et des débats sur la guerre elle-même, et celle sur Henri Barbusse ont été installées dans au moins sept collectivités. Ces expositions ont généré plusieurs débats sur ces événements qui ont plongé le pays et le monde dans l’horreur. Nous sommes intervenus partout où nous avons été invités. Provoquant quelques fois l’étonnement et la découverte de notre organisation. Nous avons porté un effort particulier sur les scolaires que nous avons rencontré de la primaire au secondaire (environ 700 enfants) soit directement dans les classes avec les enseignants ou au travers d’une pièce de théâtre écrite et jouée par un de nos membre départemental de l’ARAC. « Les gardiens de la terre » Qui est aujourd’hui propriété de l’ARAC (l’auteur faisant don du scénario à la direction nationale de l’ARAC) Cette pièce qui a été jouée pas moins de sept fois, relate les conditions de vie des poilus et parle des causes de la guerre, mais aussi des femmes à l’arrière. Nous avons construit des supports numériques nous permettant des conférences adaptées en fonction des publics, en plus d’un film sur l’histoire de l’ARAC. L’expérience est riche d’enseignement sur la capacité des enfants à capter ce passage de l’histoire mais aussi à se projeter dans un avenir à construire dans la paix et la solidarité. Nous avons saisi ces occasions pour nous projeter en 2019 en proposant de travailler avec les scolaires et les enseignants sur la charte des nations unies (droit de l’homme et droit de l’enfant). LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 - 29


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Dordogne (24)

Vertou (44)

Andrée Zdrojewer honorée pour une vie d’engagement

Un tract anti-Marseillaise a été distribué le 11 novembre à Vertou

C’est une bien belle surprise qu’avaient préparé les camarades de l’ARAC qui fêtait ses 90 ans le même jour que cette assemblée générale. Régis Saphores, président de l’ARAC 33 et Secrétaire National de l’ARAC était présent, ses amis ont souhaité célébrer son engagement sans faille. Jean-Paul Lachaux président départemental de l’ARAC 24 est intervenu. « En 1983, tu as adhéré à l’ARDIEP, qui regroupait des hommes et des femmes arrêtés pour opinion politique tels que syndicalistes, communistes, ce fut le cas de ton père. Tu deviens la présidente, ton parcours te ramène vers la Dordogne. 1996, tu adhères à l’ARAC ne perdant pas de vue l’ARDIEP. Tu es de tous les combats. Pour tout cela, chacun t’estime et te respecte. » Régis Saphores « extrait » : « émotion, respect, reconnaissance et honneur sont les premiers mots qui viennent naturellement lorsqu’on s’adresse à toi. L’ARAC est fière de fêter avec toi et tes proches tes 90 printemps. Au service de ta fidélité pour l’ARAC, le respect de la personne humaine, le progrès et la paix. C’est cette fidélité et cet honneur qui depuis 100 ans ont impulsé la vie de l’ARAC, faite de lutte pour la paix, la justice et la solidarité. Cela est ton combat. Nous t’exprimons notre reconnaissance. » Des mots qu’Andrée Zdrojewer a accueilli avec une grande humilité, « je n’ai pas fait grand-chose, c’est bien normal car mon père y était déjà. J’ai fait ce que je devais faire comme la plupart des gens le font dans leurs organisations. » Echo du Centre – 23/11/2018

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La Marseillaise a aussi ses défenseurs L’ARAC défend l’hymne national. Depuis plusieurs années, les critiques contre les paroles de La Marseillaise, trouvent un écho grandissant. Le président départemental de l’ARAC, fustige cette initiative : « La Marseillaise, c’est le chant populaire accompagnant la mise en place de la République, la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, la constitution du territoire de la Nation française illustrée par la bataille de Valmy, le chant fédérateur et rassem-

bleur de tous ces exploités, révoltés, qui ont créé notre pays, sa République, et préservé sa souveraineté. » Remettre en cause La Marseillaise, c’est remettre en cause « 230 années de luttes, d’engagement, de courage individuel et collectif. Nous ne laisserons pas mourir les idéaux de la Révolution Française. Ce chant patriotique et révolutionnaire porte les valeurs républicaines que nous défendons. » A savoir : les droits sociaux, la fraternité, la lutte contre les inégalités. Extraits Presse Océan du 24/11/2018

Hommage (extraits) Jean Relinger, co-président de l’Association des Amis d’Henri Barbusse, membre de notre ARAC depuis plusieurs dizaines d’années, président l’association des Fils de Valmy, nous a quitté. Professeur émérite de l’université de Reims, Jean avait obtenu un doctorat d’état sur le rôle et l’œuvre d’Henri Barbusse. Militant communiste dès sa jeunesse, Jean l’est resté jusqu’à disparition.

l’Association des fils de Valmy, le Parti communiste, ont perdu un intellectuel éminent et un dirigeant. Cher Jean, nous poursuivrons ton combat. Paul MARKIDES Vice-Président de l’ARAC et de l’UFAC Président de l’Association des amis d’Henri Barbusse

30 années de vie militante commune, où Jean et moi étions devenus des amis, des frères. Nous avons milité ensemble pour faire connaître la vie, l’œuvre et l’action d’Henri Barbusse et agissions pour obtenir la remise en état de sa maison mutilée, saccagée par les nazis et pour la réhabilitation des Fusillés pour l’exemple dont l’écrivain combattant Barbusse avait dénoncé les assassinats dans son livre « Le Feu ». Jean Relinger menait avec notre ARAC le combat pour la paix, pour leur droit de disposer d’eux-mêmes. L’ARAC, les amis d’Henri Barbusse,

Paul Markides et Jean Relinger (assis)


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Devoir de mémoire, militantisme, communication

On ne le répétera jamais assez, un peuple qui oublie son passé est appelé à disparaître. En tant qu’adhérent (e) de l’ARAC laissez inconsciemment sous silence, l’indispensable analyse, son expérience, c’est se créer obligatoirement un handicap, dans la nécessité de militer, d’agir collectivement pour obtenir l’application des moyens indispensables, incontournables de mobilisation, d’organisation, de renforcement nécessaire de notre organisation. Pour l’action de l’association, de nos constants besoins financiers, le développement de nos moyens de communications, tant à l’intérieur, qu’à l’extérieur de l’ARAC, la diffusion du Réveil des Combattants nécessite un effort permanent de renforcement et d’adhésions à l’ARAC. Soyons clairs, tout ceci n’est pas évident, mais il n’est pas inutile de rappeler l’histoire de l’ARAC de 1917 à 2017 « Combattant pour la vie » de Georges Doussin.

C’est précisément ce qu’a fait la commission nationale d’organisation réunie le 4 décembre dernier, sous la présidence de Jacques Verrier, secrétaire national. A savoir, porter à tous les niveaux : national, départemental, sections, adhérent (e), l’analyse de notre héritage que nous ont laissé nos anciens dont 100 années de combats sans répit et un 56e congrès national qui nous donnent une clarté sur nos raisons de continuer avec fierté et honneur, l’existence de notre ARAC, de ces valeurs. C’est pourquoi le Bureau National réuni le 5 et 6 décembre, a pris à l’unanimité, les objectifs suivants pour la rentrée 2019 : – Vérifier que tous nos adhérent(e)s 2018 ont bien leur carte (y compris à jour) – Sans tarder, remettre les cartes 2019 – Prévoir et organiser l’assemblée générale départementale dans le 1er trimestre, à l’ordre du jour : point sur l’organisation, remise des cartes 2019, point des rentrées financières, point sur la politique nationale, internationale et les positions et déclarations nationales ARAC. (voir les trois derniers numéros du Réveil et son utilisation). – Pour travailler collectivement notre plan de travail, organiser des assemblées régionales, l’organisation, fi-

nances, éducation et formation du militant(e) et futur(e) responsable. – Poursuivre par département ou par comité et ville, les états généraux pour la Paix. Ceci n’exclut pas nos objectifs d’activités pour nos valeurs républicaines (voir Réveil) et de veiller aux commémorations. Nous pouvons constater que ces objectifs issus de notre 57e congrès national. Nous ne manquerons pas d’énergie mais il nous revient la responsabilité d’alimenter en ressource de dirigeants, de bénévoles, de militant(e)s la poursuite de l’action de l’ARAC. A nous d’aller sur le terrain des possibilités, une enquête récente de CNESCO souligne que 75 % des lycéens souhaitent être bénévoles, militant(e)s dans une association quand ils seront adultes, cela mérite réflexion, la première : le contact, la deuxième : la communication. Faisons savoir ce qu’est l’ARAC, ses valeurs pour faire grandir la confiance et surtout que l’on mette tout en œuvre pour faire la place indispensable à ces nouveaux combattants de toutes générations, indispensables. Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme, la paix. Pour le bonheur des humains, sauver notre belle planète. Pour le Bureau National Jacques Goutorbe

Saint Martin du Var (06) Samedi 15 décembre 2018 s’est tenue l’Assemblée Générale de notre section présidée par Chantal Pipart présidente Départementale Membre du Bureau National, Maurice Bailet Président d’Honneur et fondateur de la section locale, Francis Pipart Trésorier Départemental.

l’Assemblée générale. À l’ordre du jour, bilan d’activité 2018, lancement du placement de la carte 2019, conférence sur l’exposition ARAC à la mairie du village sur les 100 ans de la Grande Guerre par notre professeur Bertrand Chevalier.

Nos amis de l’ARAC Annie Forterre et Michel Chevalier Conseillers Municipaux. Notre Porte-drapeaux Joseph Grilli et l’ensemble du bureau sortant.

Après la minute de silence à la mémoire de nos chers disparus et une pensée pour nos camarades et amis excusés pour raison de santé, un apéritif d’honneur a clôturé cet après-midi animée de débats intéressants

C’est donc devant une trentaine de camarades et amis que s’est déroulée

Bonne Année 2019 à tous nos camarades Anciens Combattants de France et d’ailleurs. Paix Santé et Guerre à la Guerre. Le Président Alain Schiazza LE RÉVEIL - N° 850 - DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 - 31


Plaque à la mémoire de Joseph Epstein le 25 octobre 2018 à Paris XVe à l’initiative de la ville de Paris

Joseph Epstein arrêté le 16 novembre 1943 avec Missak Manouchian (FTP-MOI), était responsable des FTPF de l’inter région parisienne dont les FTP-MOI, torturé par les brigades spéciales de la police de Vichy, mort le 11 avril 1944 il n’a pas parlé et n’a jamais révélé son identité. De nombreux responsables d’associations, la famille de Georges Duffau, Jean Rol-Tanguy, Julien Lauprêtre, Robert Créange, Philippe Germain, l’ARAC était représentée par Liliane Rehby secrétaire nationale et de Jean Luc Colin président du 92. Après M. Hue Maire adjoint, son fils Georges Duffau-Epstein évoqua le parcours de son père. Après l’inauguration par Bertrand Delanoë, le 11 avril 2005, de la place Joseph Epstein une nouvelle étape est franchie dans l’hommage rendu à mon père dont la vie entière fut consacrée au combat pour la liberté et contre le fascisme. Né en Octobre 1911 en Pologne il subit dès son plus jeune âge l’antisémitisme. Il commença son combat très tôt et dû s’exiler pour fuir la répression. Il choisit la France comme terre d’exil, car elle était le pays de la Révolution donc de la liberté. Immigré il poursuivit son action au sein du Parti Communiste en même temps qu’il effectuait des études supérieures et obtint sa licence en droit en décembre 1935. En juillet 1936 il s’engage dans les Brigades Internationales pour défendre la République espagnole et ne revint en France en 1939. Il est alors interné au camp de Gurs. A la déclaration de Guerre avec l’Allemagne Nazie il s’engage pour combattre dans la légion étrangère. Fait prisonnier il s’évade et rentre clandestinement en France, fin 1940, pour reprendre le combat antifasciste au sein de la résistance. Début 1942 il prend la direction des Groupes de Sabotage des Syndicats qui agissent dans les usines travaillant pour l’Allemagne nazie et en Février 1943 il est nommé Commandant militaire des Francs-Tireurs et Partisans de l’Inter-région Parisienne. Il sera fusillé sous un pseudonyme, au Mont Valérien le 11 avril 1944. En 2007 Pascal Convert lui consacra un film diffusé sur ARTE et un livre « Joseph Epstein bon pour la légende ». Rendons ici un hommage à tous ces résistants « venus d’ailleurs » qui aux côtés de combattants français ont donné leur vie pour notre liberté. Tous avaient su s’unir au sein du Conseil National de la Résistance et le programme, LES JOURS HEUREUX, qu’ils avaient élaboré dans les dures conditions de la clandestinité, mis en œuvre à la Libération par le gouvernement multipartis du Général De Gaulle, communistes, socialistes, chrétiens démocrates et qui rythme encore notre vie quotidienne. Sécurité Sociale, Retraite par répartition, Indépendance de la Presse, comités d’entreprises semblent avoir toujours existés et pourtant ces mesures ne datent que des années 1945-1946. Ce combat il nous revient de le continuer car nous faisons face à une offensive sans précédent des thèses xénophobes et racistes que l’on pensait disparues à jamais. « Le ventre est toujours fécond d’où est sortie la bête immonde » (Berthold Brecht). Pour être fidèles à nos martyrs nous devons nous opposer avec force et détermination à ces résurgences. C’est notre liberté qui est en jeu. La résistance s’appuyait sur tout un réseau de complicités invisibles qui lui a permis d’agir et de tenir. Je voudrai ici rendre hommage à tous ces combattants de l’ombre qui sont restés inconnus. Grâce à la Ville de Paris la mémoire de Joseph Epstein, restera vivante. Sur cette maison, dernier lieu où il habitât, cette plaque mémorielle sera le témoin de son combat. Sa dernière lettre se termine par ces mots : Vive la Liberté, vive la France. Ce message résume toute sa vie, il redit le sens de son combat et l’amour du pays qu’il avait choisi lui l’immigré polonais. L. Rehby secrétaire nationale de l’ARAC le 10 Janvier 2018.


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