Le Réveil des combattants - Mars/Avril 2020

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LES “JOURS HEUREUX” ?

LES APPELS DE JUIN ET JUILLET 1940

ISRAËL : UNIS PAR LE SANG VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL DES PALESTINIENS

Mars-Avril - N° 862 - 5 €

Ensemble, protégeons les avancées sociales du Conseil National de la Résistance Sécurité Sociale, retraites, hôpital public, nationalisations des banques, de la SNCF, EDF, ... Droits du travail, comités d'entreprises... Ensemble, défendons les valeurs de la République


LE RÉVEIL ACTUALITÉS

ARAC ASSOCIATION RÉPUBLICAINE DES ANCIENS COMBATTANTS DES COMBATTANTS POUR L'AMITIÉ, LA SOLIDARITÉ, LA MÉMOIRE, L'ANTIFASCI SM E ET LA PAIX

8 MAI 1945 Il y a 75 ans, la barbarie fasciste, la barbarie nazie était vaincue. Les peuples d’Europe opprimés retrouvent leur liberté, leur souveraineté. Cette victoire marque le début d’un nouvel espoir. Rendons hommage à ces femmes et ces hommes qui ont souvent payé de leur vie, la lutte contre la barbarie, l’occupant, pour la liberté et la souveraineté de la France. Rendons hommage à ces combattants de l’ombre, à ceux qui ont résisté, combattu. Rendons hommage à ceux qui ont permis la libération de la France. Rendons hommage aux soldats soviétiques, américains, anglais, français… qui ont contribué avec courage à cette victoire sur le fascisme. Mais aujourd’hui, c’est dans un contexte particulièrement difficile d’une pandémie, d’un virus touchant l’Europe et le monde, que nous célébrons cet évènement. Dans cette situation sanitaire, il faut se rappeler les choix, les décisions, les actes pris au lendemain de la seconde guerre mondiale. Il faut s’en inspirer pour répondre aux besoins des peuples à plus de liberté, de démocratie, pour un monde de paix alors que persiste toujours des risques de guerre, que se renforce l’extrême-droite et le fascisme dans plusieurs pays d’Europe. Rappelons-nous que c’est la Charte des Nations Unies adoptée en 1945 au motif magnifiquement énoncé dans son préambule : « Nous peuples des Nations Unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui par deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’Humanité d’indicibles souffrances… » En ce 8 mai, mesurons le travail du Conseil National de la Résistance qui, tout en menant le combat clandestin, a conduit des femmes et des hommes, de toutes obédiences politiques, attachés au retour de la souveraineté de la Nation, à élaborer un programme de reconstruction économique et sociale du pays, unique au monde : le programme du C.N.R. Ces choix économiques et sociaux, nous en profitons encore. Il s’agit de la Sécurité Sociale, de la retraite par partition, des 40 heures, des nationalisations des banques, du statut de la Fonction Publique, de la loi sur les prestations sociales, la création de la SNCF… L’ARAC invite toutes les citoyennes et citoyens à s’inspirer de l’esprit de résistance, qui a permis la libération de la France et l’écrasement du fascisme, pour aujourd’hui préserver le programme du CNR mais surtout le réactualiser pour répondre aux attentes et besoins d’aujourd’hui. L’ARAC appelle à défendre la souveraineté de chaque peuple et le droit international comme nous y invite le Charte des Nations Unies. Notre pays s’en honorerait dans l’action pour la paix et le respect des peuples, et ferait rayonner l’image de la France, pays des droits de l’Homme et du citoyen. Ne laissons pas brader notre héritage, celui construit au fil des générations, avec des femmes et des hommes courageux et déterminés. Villejuif, mai 2020 y

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ÉDITO LE RÉVEIL SOYONS LUCIDES, LA LUTTE NOUS ATTEND…

SOMMAIRE Actualités ARAC : 8 mai 1945 ....................................................................................................... 2 La crise sanitaire ne justifi e pas d’imposer les technologies de surveillance .............4-5 Le gouvernement attaque le code du travail................................................................ 5 Les “jours heureux” ? .................................................................................................... 6 Hôpital public : la note explosive de la caisse des dépôts ........................................6-7 URGENCE : Nous Avons Besoin De Vous ........................................................................ 8

International Israël : Unis par le sang des Palestiniens ...................................................................9-10 Covid-19 : Trump déclare la guerre sanitaire à la planète ......................................10-11 Urbi et Orbi : Le Souverain Pontife propose d’annuler la dette des pays pauvres ..... 11

Hommage Léa Figuères ................................................................................................................ 12 Daniel Davisse ............................................................................................................. 12

Vie de l’ARAC L’ARAC s’associe à la pétition des chercheurs qui dénoncent une restriction aux archives contemporaines : La mémoire confi squée ........................................... 21 Samedi 29 février 2020 Inauguration du nouveau bâtiment du Musée de la Résistance nationale.................. 22 Extraits discours Christian Favier, Président Conseil Départemental 94 ....................... 23

Vos droits Pensionnés militaires d’invalidité - Ceci peut et doit vous intéresser .......................... 24 Vie de l’ARAC ...................................................................................................... 25 à 31

Hommage Commémoration de l’assassinat de Pierre Sémard, samedi 7 mars 2020 à Bonneuil-Valenton (94) ............................................................................................ 32

P. 13 . D O S S I E R

Les appels de juin et juillet 1940 www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier. Mensuel de l’Association républicaine des combattants pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix. Commission paritaire n° 0723-A06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

• Tirage : 60 000 exemplaires • Directeur-gérant : Raphaël Vahé • Directeur : Patrick Staat • Rédactrice en chef adjointe : Brigitte Canévêt • Comité de Rédaction : Hervé Corzani, JeanPierre Delahaye, Laurence Gorain • Régie Publiciatire : HSP - Tél. 01 55 69 31 00 contact@hsp-publicité.fr • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24, rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

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vec lucidité et détermination nous devons regarder ce qui nous attend. Devant cette pandémie mondiale, il faut prendre toutes les dispositions sanitaires et sociales pour la stopper. En France, l’impréparation des mesures à mettre en œuvre par le gouvernement sont le fruit des choix politiques au nom de la mondialisation capitaliste et de la finance. Depuis plus de trois décennies, gouvernement après gouvernement, l’industrie française a été détruite, les services publics cassés, la santé privatisée au nom de la rentabilité. La commission européenne, a réduit la souveraineté des nations, a imposé année après année toujours plus de restrictions budgétaire, a placé l’Allemagne en tuteur de l’Europe, et est incapable de répondre aux intérêts des populations. En 1944, « Les jours heureux », le programme du Conseil National de la Résistance a été rédigé pour relancer l’économie, assurer la souveraineté de la France, et mettait en place des mesures sociales et économiques fortes qui sont notre richesse aujourd’hui encore. C’est cette volonté issue de la résistance qui a fait naître ce que l’on a appelé « les 30 glorieuses ». Une époque où la France grandissait, rayonnait, jouait un rôle au plan international. Devant la volonté des dirigeants de servir toujours plus une poignée d’ultra riches, les entreprises du CAC 40… n’oublions pas qu’en 2007 Denis Kessler – patron du MEDEF – voulait « défaire méthodiquement le programme du CNR ». C’est donc une longue histoire. Alors, lucidité car derrière les mots du président Macron, c’est la poursuite de la casse de la conception de la république sociale à la française issue des luttes et de notre histoire, qui a lieu. Alors, détermination, car il va falloir imposer la reconstruction des services publics, du système de santé, du code du travail et envisager des nationalisations. L’activité industrielle doit revenir en France pour assurer notre souveraineté économique et politique. OUI, ce qui était possible en 1944, dans un pays en ruine, est possible aujourd’hui. Il faudra exiger, manifester, lutter, mais c’est à ce prix que nous reconstruirons la France dont nous avons besoin. Parler de luttes en pleine période de pandémie peut surprendre mais, c’est parler de l’avenir et c’est s’armer pour demain. L’ARAC, forte de son histoire, de son combat, continuera œuvrer au rassemblement pour des « lendemains qui chantent » (Paul Vaillant-Couturier)

Patrick STAAT LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

La crise sanitaire ne justifie pas d’imposer les technologies de surveillance qu’elles respectent le confinement ; signaler aux personnes qu’elles ont pu être en contact avec des malades de la Covid-19.

Chacune des crises qui a marqué le 21e siècle ont été l’occasion d’une régression des libertés publiques. Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 ont vu l’Europe adopter la Directive sur la rétention des données de connexions électroniques et l’obligation faite aux opérateurs de stocker celles de tous leurs clients. Les attentats terroristes qui ont touché la France en 2015 ont permis le vote sans débat de la loi renseignement. Ils ont aussi entraîné la mise en place de l’état d’urgence dont des mesures liberticides ont été introduites dans le droit commun en 2017. La pandémie de Covid-19 menace d’entraîner de nouvelles régressions : discriminations, atteintes aux libertés, à la protection des données personnelles et à la vie privée… Pour surveiller l’évolution de la pandémie, tenter d’y mettre fin et organiser la fin du confinement, les gouvernements de plusieurs pays européens proposent d’utiliser des outils numériques basés sur l’utilisation des données des téléphones portables en prenant exemple sur plusieurs pays d’Asie qui ont subi l’épidémie avant l’Europe (Chine, Corée du Sud, Taïwan, Singapour). Deux logiques sont en œuvre : géolocaliser les populations et vérifier 4-

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En France, le 8 avril, le gouvernement a indiqué travailler sur une application pour téléphone portable, téléchargeable à titre volontaire, permettant que « lorsque deux personnes se croisent pendant une certaine durée, et à une distance rapprochée, le téléphone portable de l’un enregistre les références de l’autre dans son historique. Si un cas positif se déclare, ceux qui auront été en contact avec cette personne sont prévenus de manière automatique ». Il est envisagé d’utiliser pour cela le Bluetooth, qui permet à deux appareils comme des téléphones portables, de se connecter lorsqu’ils sont à proximité. Une application à installer (volontairement ou pas) permet aux porteurs de la Covid-19 de se signaler pour que les personnes ayant été à leur proximité soient informées sur leur téléphone portable qu’elles ont peut-être été en contact avec un porteur du virus, et qu’elles devront à leur tour rester confinées pour limiter la chaîne de contamination. Le Président de la République ayant déclaré que nous étions en guerre contre le virus, les mesures de restrictions des libertés nous sont présentées comme autant d’armes légitimes contre la pandémie. Néanmoins, les utilisations envisagées de nos données personnelles (applications utilisant le Bluetooth pour le suivi des contacts) ou déjà mises en œuvre (géolocalisation) constituent une grave atteinte à nos libertés et ne sauraient être autorisées, ni utilisées sans notre consentement. Pour que des données aussi sensibles

puissent être utilisées légalement, nous devrions être informés du moment où ces données sont anonymisées, notre consentement devrait nous être demandé, des informations faciles à lire et à comprendre devraient nous être fournies pour permettre un consentement libre spécifique et éclairé. Des garanties devraient également être fournies sur les techniques utilisées pour rendre impossible leur ré-identification. Concernant les applications de suivi des contacts, elles sont présentées comme peu dangereuses pour la confidentialité des données personnelles puisqu’il y aurait peu de collecte de données, mais essentiellement des connexions par Bluetooth d’un téléphone à un autre. C’est oublier que la notion de consentement libre, au cœur des règles de la protection des données, est incompatible avec la pression patronale ou sociale qui pourrait exister avec une telle application, éventuellement imposée pour continuer de travailler ou pour accéder à certains lieux publics. Ou que l’activation de ce moyen de connexion présente un risque de piratage du téléphone. Il est par ailleurs bien évident que l’efficacité de cette méthode dépend du nombre d’installations (volontaires) par les personnes, à condition bien sûr que le plus grand nombre ait été dépisté. Si pour être efficaces ces applications devaient être rendues obligatoires, « le gouvernement devrait légiférer » selon la présidente de la CNIL. Mais on imagine mal un débat parlementaire sérieux dans la période, un décret ferait bien l’affaire ! Et qui descendra manifester dans la rue pour protester ? L’atteinte au secret médical, à la confidentialité des données de santé,


ACTUALITÉS LE RÉVEIL est aussi mis en cause, car ces applications offrent une possibilité d’identifier les malades et de les stigmatiser. Et qu’en sera-t-il de toutes les personnes qui n’auront pas installé l’application, seront-elles soupçonnées d’avoir voulu cacher des informations ? Quant à celles qui ne possèdent pas de téléphone portable, elles risquent de subir une discrimination supplémentaire. Selon le CREDOC, seulement 44 % des « plus de 70 ans » possèdent un téléphone portable tandis que 14 % des Français ont des difficultés pour

passer des appels ou envoyer des SMS. De là à installer une application et en comprendre les alertes… Faudra-t-il les équiper d’un bracelet ou autre appareil électronique ? Dès lors, l’atteinte au respect de la vie privée et au secret médical est susceptible d’être disproportionnée comptetenu de l’inefficacité de la mesure en matière de santé publique. En matière de lutte contre la pandémie et notamment de fin de confinement, il semble que le gouvernement tente de masquer ses manques et

ses erreurs avec des outils technologiques présentés comme des solutions miracles. Et alors que leur efficacité n’a pas été démontrée, les dangers pour nos libertés sont eux bien réels. Organisations signataires membres de l’OLN : Le CECIL, Creis-Terminal, Globenet, La Ligue des Droits de l’Homme (LDH), La Quadrature du Net (LQDN), Le Syndicat des Avocats de France (SAF), Le Syndicat de la Magistrature (SM) Source : Le Syndicat des Avocats de France – 9 avril 2020

Le gouvernement attaque le code du travail

Mercredi 25 mars, le gouvernement a adopté en Conseil des ministres pas moins de 25 ordonnances, dont trois bousculent le droit du travail. Celles-ci réforment en profondeur les droits des chômeurs, le temps de travail, les relations entre salariés et employeurs. • Jusqu’à 60 heures de travail par semaine dans certains secteurs. Objectif : permettre aux entreprises qui sont en surchauffe actuellement de pouvoir faire travailler davantage leurs salariés. À l’heure actuelle, un salarié ne doit pas accomplir plus de 44 heures par semaine en moyenne (sur douze semaines consécutives) ; désormais et jusqu’au 31 décembre prochain, ce

plafond pourra être rehaussé pour les salariés à 48 heures. Au cours d’une même semaine, il sera même possible d’employer de la main-d’œuvre pendant 60 heures au maximum. En cas de refus, le salarié pourra être licencié.

pour une période n’excédant pas six jours. En revanche, les RTT et jours de repos affectés sur le compte épargnetemps du salarié pourront être dictés ou modifiées directement par la direction, sans accord collectif.

Cela sera uniquement possible dans certains secteurs, dont l’activité est considérée par le gouvernement comme « essentielle à la nation ou à la continuité de la vie économique ». C’est le cas par exemple « des transports, la logistique, l’agroalimentaire, l’agriculture, l’énergie, les télécommunications », précise au Parisien l’entourage de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. La liste des secteurs concernés sera déterminée par un décret attendu dans les prochains jours.

Source : Reporterre – (extraits) – H. Kempf – 26/03/2020

• Travail le dimanche. Dans ces secteurs, les entreprises pourront faire travailler leurs équipes le dimanche si l’activité le nécessite, et ce, jusqu’au 31 décembre 2020. Mais seuls les salariés volontaires seront mobilisables. • Congés payés : dates imposées. L’employeur pourra imposer ou différer des dates de congés de ses salariés LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Les “jours heureux” ?

Christophe Prudhomme.

Comme beaucoup d’entre vous, j’ai écouté le président Macron hier soir à la télévision. Long discours au ton compassionnel, ne voulant oublier personnes dans ses longs remerciements, peut-être si on veut y croire teintés d’une légère pointe d’autocritique mais vite tempérée par l’affirmation que d’autres pays sont dans la même situation, donc que ce n’est pas “de notre faute” si non manquons de masques et de tests. Puis comme d’habitude, des platitudes et des banalités avec un seul chiffre précis, répété de nombreuses fois : une date, celle du début du déconfinement. Mais Monsieur Macron, je souhaite

vous rappeler avec mes collègues que votre discours intervient un an après le début du mouvement de protestation des hospitaliers qui a débuté aux urgences de l’hôpital Saint-Antoine à Paris. Mouvement qui s’est élargi autour d’un socle revendicatif commun et nous aurions aimé cette fois-ci entendre des réponses précises et chiffrées à nos revendications. Il ne suffit pas de remercier les “héros” et de répéter à l’envi de vagues promesses concernant les moyens pour l’hôpital. Vous savez être précis et aligner les milliards quand il s’agit d’aider vos amis des entreprises et des banques. Alors je vais répéter quelques-unes de nos demandes : - une augmentation des salaires immédiate de 300 euros par mois pour l’ensemble des personnels ; - l’annulation de la totalité de la dette des hôpitaux qui se monte aujourd’hui à 30 milliards d’euros ; - l’embauche de 100 000 agents dans les hôpitaux et de 300 000 dans les EHPAD ;

- l’annulation et non la suspension comme l’a énoncé votre Premier Ministre des plans de restructuration des hôpitaux et des fermetures de lits… J’arrête là ma liste sinon mon billet serait trop long. Alors, Monsieur le Président nous ne pouvons nous contenter de vagues déclarations d’intention et de votre annonce en fin d’intervention des futurs “jours heureux”. Citation du titre du programme du Conseil National de la Résistance à la limite de l’indécence dans votre bouche. Nous hospitaliers, nous voulons et nous nous battons pour un changement radical de politique pour l’hôpital public, ce qui passe par une réponse immédiate aux revendications très précises que nous portons depuis maintenant un an. Assez de promesses, des actes Monsieur le Président. Dr Christophe Prudhomme le 13 avril 2020 Médecin urgentiste du SAMU 93

Hôpital public : la note explosive de la caisse des dépôts À la demande d’Emmanuel Macron, la Caisse des dépôts travaille à un plan pour l’hôpital public. Mediapart en révèle le contenu. Au lieu de défendre l’intérêt général, il vise à accélérer la marchandisation de la santé et sa privatisation rampante. Depuis que la crise sanitaire a déferlé sur le pays, Emmanuel Macron a dit à plusieurs reprises qu’il veillerait à défendre l’État-providence. Une conversion surprenante : dans le passé, il a toujours défendu des positions néolibérales, très critiques à l’encontre de cet État-providence. Mais il assure désormais qu’il ne sera pas prisonnier de ces croyances. « Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, a-t-il dit lors de son allocution au pays le 12 mars, c’est 6-

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que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, [pour] notre État-providence, ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe […]. Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. » Malgré tout, sans doute est-il prématuré de croire dès à présent qu’Emmanuel Macron a changé. En tout cas, le plan que la Caisse des dépôts et consignations (CDC) est en train d’élaborer à sa demande pour l’hôpital public, et dont Mediapart est en mesure de révéler la première ébauche, va totalement à rebours de ses déclarations. Ce document expose une série de propositions qui s’inscrivent toutes dans la philosophie

néolibérale qu’Emmanuel Macron a toujours défendue par le passé. Privatisation rampante au travers de sulfureux partenariats public-privé (PPP), marchandisation accélérée de la santé : voilà un plan qui tourne le dos aux valeurs de l’État-providence. L’origine de ce plan est connue. En déplacement à Mulhouse, mercredi 25 mars, pour visiter l’hôpital militaire de campagne qui venait d’y être construit, le chef de l’État a fait des promesses fortes, mais sans en révéler les modalités, ni les montants, ni le calendrier.


ACTUALITÉS LE RÉVEIL Il a juste assuré qu’« à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital ». Sans emporter la conviction, il a encore dit : « Beaucoup a été fait, sans doute pas suffisamment vite, pas suffisamment fort. » C’est dans ce cadre présidentiel que s’inscrivent les travaux préparatoires de la CDC.

(…) Proposer le recours massif aux PPP revient à dire que les responsables dans l’entourage du gouvernement, en dépit des déclarations faites, n’ont pas changé : ils sont bien décidés à poursuivre la même politique de casse du secteur public hospitalier, dont nous constatons aujourd’hui les conséquences dramatiques. En utilisant d’ailleurs au passage l’argent de la Caisse

des dépôts, c’est-à-dire de tous les Français, apporté en garantie de ces opérations, pour le seul bénéfice du privé, des Vinci, Bouygues, Eiffage et consorts… Source : MEDIAPART – 01/04/20 – par L. Mauduit et M. Orange – (Extraits) Consulter la note de la CDC sur le blog du Réveil https://lereveildescombattantsblog.wordpress. com/ ou sur notre page Facebook : ARAC National

Surveillance numerique contre le coronavirus : Jacques Toubon s’inquiète de possibles dérives Le défenseur des droits se dit, dans un entretien à « L’Obs », inquiet de l’utilisation de la géolocalisation pour lutter contre la pandémie de Covid-19, sans débat parlementaire. Drones, géolocalisation des téléphones portables, analyse des données personnelles… Ces outils doivent faire la preuve de leur utilité dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, et leur usage strictement encadré pour garantir les libertés individuelles, estime Jacques Toubon. Le défenseur des droits constate que « le corpus juridique européen ouvre la possibilité de (…) collecter des données individuelles sans le consentement des intéressés, en particulier en situation d’épidémie ». Mais il avertit que si un suivi généralisé des Français devait être mis en place, il serait nécessaire « d’ouvrir un débat devant la représentation nationale. Cette affaire ne pourra pas

se régler seulement entre les industriels (les opérateurs de téléphonie), les épidémiologistes et le ministre de la santé ». En France, l’opérateur Orange a fourni ces derniers jours aux autorités sanitaires, et à des chercheurs, des données anonymisées pour étudier les déplacements de la population, et aider à mieux modéliser la réalité de la pandémie et du confinement en France. Toubon juge par ailleurs que le débat ne se résumait pas à « d’un côté des médecins et des savants pris de délires technologiques, et de l’autre des juristes prudes soucieux de défendre les droits de l’homme » : « Qu’il s’agisse de l’utilisation des caméras de surveillance ou de celle des drones – qui peuvent mesurer la température des gens qu’ils filment ou qu’ils photographient – ou bien encore de la question de la géolocalisation des personnes à partir de leurs smartphones,

il est clair que nous sommes face à un enjeu considérable : le respect de la vie privée (via l’article 9 du code civil) et la garantie du secret médical. » « Les professionnels de santé sont les premiers à se montrer soucieux de la garantie du secret médical. Je souligne juste qu’il faut rester vigilant », dit encore le défenseur des droits. L’opportunité de mettre en place des mesures de suivi numérique en France figure, en effet, dans la « feuille de route » donnée au comité d’analyse et d’expertise mis en place pour conseiller le président de la République. Source : Le Monde 30 mars 2020

Jacques Toubon.

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urgence

NOUS AVONS BESOIN DE VOUS Devant l’urgence sanitaire que nous imposent la pandémie et le confinement qui l’accompagne, nous devons penser à nos amis, nos camarades, aux générations futures. Nous devons, avec lucidité, analyser, comprendre, garder le contact pour demain agir pour préserver les valeurs de la République, les valeurs du Conseil National de la Résistance. C’est le rôle de notre journal « Le réveil des combattants » que d’informer, permettre à chacun de comprendre et d’agir. Dans cette situation anxiogène, certains vont tenter de réorganiser la Nation, de faire fi de la démocratie, des libertés individuelles, du code du travail, des avancées sociales… Ce qui nous attend demain, c’est l’action, la lutte, le rassemblement car d’immenses défis nous attendent comme la relocalisation industrielle d’activités stratégiques, à commencer par les secteurs pharmaceutiques et médical, avec des nationalisations. Ou encore le développement de tous les services publics dont nous mesurons à quel point ils jouent un rôle essentiel aujourd’hui. L’ARAC, après 103 ans d’existence, est toujours fidèle au grand idéal de paix, de justice sociale et de fraternité qui animait ses fondateurs. L’ARAC, pendant les quatre années d’occupation nazie, a dans la clandestinité continué son travail. L’ARAC répondait à un besoin urgent en 1917, elle est encore plus indispensable aujourd’hui. Forte de sa riche expérience, l’ARAC, dans les mois à venir, se doit de continuer à jouer son rôle dans le débat d’idées, dans les luttes, dans le travail de mémoire aujourd’hui menacé. L’ARAC et son journal ont des charges incompressibles. Nous ne bénéficions d’aucune subvention de l’Etat depuis des années. Nos dirigeants sont tous bénévoles (du Secrétariat National aux Comités locaux). La remise des cartes 2020 n’a pu se faire dans de bonnes conditions, le confinement étant intervenu le 17 mars. Les bureaux de la poste ont rapidement fermé et l’envoi des règlements par les départements n’a pu se faire que très partiellement. Nos différentes initiatives financières, nos débats, nos expositions ont dû être annulées. C’est pourquoi nous vous adressons un appel pressent, ardent, pour nous aider à régler notre situation financière. Cette question financière est primordiale, d’elle dépend notre activité tout entière. Cher.e. Ami.e., Camarade, lectrice, lecteur, les jours, les mois que nous avons devant nous vont demander beaucoup d’engagement, de combat, de détermination, de courage et de clairvoyance pour construire la France et le monde de demain. C’est pourquoi nous avons besoin, ensemble, de donner les moyens à l’ARAC et à son journal « Le réveil des combattants » de poursuivre leurs actions pour la Paix, le combat républicain émancipateur, social et mémoriel qui est le leur. N’hésitez pas, en fonction de vos moyens, de vos possibilités à faire un don à l’ARAC et à son journal. Chaque don fait l’objet d’une déduction fiscale.

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INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Israël : Unis par le sang des Palestiniens Par Dominique Vidal, journaliste spécialiste du Proche-Orient et notamment du conflit israélo-palestinien (Presse Nouvelle – Avril 2020) (extraits)

En se faisant élire fin mars à la tête de la Knesset avec les voix du bloc de droite, Benny Gantz a trahi le parti Bleu-Blanc et ouvert la voie à un gouvernement « d’urgence nationale » sous la direction de Benyamin Netanyahou, hypothèse qu’il avait toujours formellement écartée. Le coronavirus a bon dos. En fait, ce sont les retrouvailles de criminels de guerre… « Vous finirez comme une carpette sous les pieds d’un présumé escroc, incitateur et raciste[1] ». C’est ainsi que la députée Tamar Zandberg, du parti Meretz, a dénoncé le revirement de Benny Gantz. Les alliés de ce dernier n’ont pas été plus tendres, parlant de « traîtrise » et « suicide politique », Yaïr Lapid lançant : « Tu ne peux pas ramper dans un tel gouvernement et nous dire que tu le fais pour le bien du pays. » Et de rappeler que Gantz lui avait « promis, les yeux dans les yeux, que nous ne siégerions jamais dans un tel gouvernement avec des extrémistes et des maîtres-chanteurs[2] ». A l’heure où ces lignes sont écrites, on ignore encore le prix exact de cette trahison. Selon des fuites, Benny Gantz deviendrait Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères. Son partenaire Gabi Ashkenazi obtiendrait la Défense, et un autre proche la Justice – pour veiller à la poursuite de la procédure contre le chef du Likoud. Ce gouvernement paritaire, mi-droite, mi-« centre », durerait trois ans, Gantz remplaçant Netanyahou à la tête du gouvernement en septembre 2021. Cette volte-face de l’ex-chef d’état-major a fait l’effet d’un coup de théâtre, que nombre d’observateurs ont jugé incompréhensible, tant il ruine plus d’un an de combat pour débarrasser Israël de Benyamin Netanyahou. Créé en février 2019, le parti Bleu-Blanc réussit, à trois reprises, à mettre en échec le bloc de droite : imposées par Benyamin Netanyahou pour disposer d’une majorité prête à lui voter une loi d’impunité, les élections du 9 avril et du 17 septembre 2019, puis du 2 mars 2020, ne permettent pas au Likoud et à ses alliés religieux, nationalistes et

ultra-orthodoxes, d’obtenir les 61 députés nécessaires. La Knesset s’apprête à voter une loi interdisant à une personnalité inculpée de diriger le gouvernement… C’est alors que Netanyahou joue le tout pour le tout : il tente… un coup d’Etat ! Son complice, le président de la Knesset sortante, Yuli Edelstein, suspend les travaux du Parlement ! Pendant ce temps, le Premier ministre obtient le report de son procès qui devait s’ouvrir le 17 mars. Israël glisse sur la pente autoritaire préparée depuis 2015 par la coalition de droite et d’extrême droite… Le putsch échoue grâce à la Cour suprême, que Netanyahou, malgré ses efforts, n’a pas encore réussi à vider de sa substance. Edelstein a dû reconvoquer la Knesset, avec à l’ordre du jour… son propre remplacement. Un député Bleu-Blanc, Meïr Cohen, est pressenti. C’est alors qu’à la surprise générale, Gantz pose sa candidature, symbole de son ralliement à la droite et à l’extrême droite

Pourquoi cet abandon ? Pour Anshel Pfeffer d’Haaretz, Gantz est sorti « fatigué » de campagnes électorales marquées par des diffamations en série. L’épidémie de coronavirus pèse sans doute aussi très lourd dans la volteface de Gantz. Netanyahou n’a cessé de dramatiser la pandémie, avant qu’elle ne devienne effectivement dramatique, en Israël aussi. Avec un cynisme stupéfiant : le chef du Likoud a détruit, austérité oblige, le système de santé. Un symbole : Israël ne dispose que de 3,1 lits d’hôpital pour 1 000 habitants, contre 6,5 en France et 8,3 en Allemagne[3]. C’est donc sous la di-

Benyamin Netanyahou - Benny Gantz

rection du principal responsable de ce désastre que Gantz appelle à serrer les rangs face au danger sanitaire ! Sans doute le général mesure-t-il aussi le risque, dans ce contexte, que son parti se divise et qu’une quatrième élection tourne mal pour lui. Mais la principale raison du retournement de Gantz est beaucoup plus fondamentale. Dans un article prémonitoire mis en ligne à la fin de l’année dernière[4], Hagai El-Ad, directeur exécutif de B’Tselem, l’organisation de défense des droits humains, l’avait déjà exposée. Revenant sur l’offensive contre Gaza de l’été 2014, menée sous la direction du Premier ministre Benyamin Netanyahou et du chef d’état-major Benny Gantz, il écrivait : « Rien n’est plus unificateur dans la politique israélienne que le fait de tuer ensemble des Arabes. Des rivaux politiques ? Mais ils ont marché côte à côte – ces deux-là savent très bien ce qu’ils ont fait ensemble, et ce qu’ils peuvent encore faire ensemble. » Et de rappeler comment Netanyahou apostropha son rival le 11 novembre dernier, à la veille d’une agression prévue contre Gaza : « Benny, tu étais chef d’état-major durant l’opération ‘‘Bordure protectrice’’. Nous l’avons conduite ensemble. Nous avons envoyé des soldats à la bataille. Te souviens-tu de ce qu’Ahmad Tibi[5] fit durant cette LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL opération ? Il vint à la tribune de la Knesset et énuméra les noms des terroristes éliminés à Gaza. Il dit que les Forces de défense d’Israël commettaient des crimes de guerre (et) exigea une enquête contre moi et le chef d’état-major Gantz (sur) les ‘‘crimes de guerre et crimes contre l’humanité’’. Une campagne de la Liste disait : ‘‘Gantz, tu as le sang des enfants de Gaza sur les mains.’’ Alors je te le

demande, Benny Gantz, sont-ce là les gens avec lesquels tu veux former un gouvernement ? Un gouvernement qui dépende d’Ahmad Tibi et d’Ayman Odeh ? C’est une gifle à la face des soldats de l’IDF*, des soldats que toi et moi avons envoyés à la bataille. » Le lendemain, Gantz répondit : « Les Bleu-Blanc soutiendront tout mouvement juste pour la sécurité d’Israël et placeront la sécurité des Is-

raéliens au-dessus de la politique. » 28/03/2020. [1] Haaretz, 26 mars 2020. [2] Le Monde, 28 mars 2020. [3] www.indexmundi.com/facts/indicators/SH. MED.BEDS.ZS [4] www.ynetnews.com/article/S1TCoTC3S [5] Leader du parti Ta’al, membre de la Liste unie. * IDF (Israel Defense Forces) : L’Armée de défense d’Israël est l’armée de l’Etat d’Israël.

Covid-19 : Trump déclare la guerre sanitaire à la planète

Donald Trump a décidé de suspendre, mardi 14 avril, la contribution américaine à l’Organisation mondiale de la santé, dont les États-Unis sont le principal bailleur. Une décision controversée en pleine pandémie. Un véritable acte de guerre contre le reste de la planète. Certainement un nouvel épisode dans sa volonté de domination unilatérale du reste du monde. Un à un, le locataire de la Maison-Blanche déchire les traités qui maintiennent fragilement l’équilibre du monde. Cette fois la Chine est dans la ligne mire, accusée d’avoir dissimuler des informations capitales sur le Covid-19 avec la complicité l’OMS. L’opération est double : masquer aux Américains – qui vont voter bientôt – l’incapacité de Trump et de son administration à gérer l‘épidémie et pousser l’offensive déjà entamée contre Pékin. Le président américain a annoncé la suspension de la contribution américaine à l’OMS, le temps d’évaluer 10 - LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020

son rôle. Il a notamment reproché à l’agence de l’ONU de s’être alignée sur les positions de la Chine, que Washington accuse d’avoir initialement caché la dangerosité du virus lorsqu’il y a fait son apparition, en décembre. Ce qui, a-t-il dit, n’a pas permis de contenir l’épidémie “à sa source avec très peu de morts”. Critiqué de toutes parts pour la lenteur de sa réaction face au coronavirus, Donald Trump, qui “refuse de reconnaître ses propres erreurs”, “s’est trouvé un nouveau bouc émissaire”, estime une partie de la presse américaine.

l’égard de l’OMS”, note le Washington Post, qui rappelle que l’organisation a repris au début de la crise “des déclarations du gouvernement chinois affirmant qu’il n’y avait pas de preuve de transmission d’humain à humain”. Mais dans le même temps, Donald Trump a lui-même “accordé à la Chine le bénéfice du doute, la louant pour sa transparence, alors que ses agences de renseignement et ses conseillers l’avertissaient que le virus était beaucoup plus dangereux que le gouvernement chinois ne le laissait entendre”.

Mais alors que le virus continue de faire des milliers de morts chaque jour dans le monde, dont plus de 2 200 ces dernières vingt-quatre heures aux États-Unis, la décision de Trump pourrait avoir des conséquences sanitaires, estime la presse américaine. “Les États-Unis contribuent plus que tout autre pays au financement de l’OMS, à hauteur de plus de 400 millions de dollars par an”, rappelle Politico. Ces coupes seront “un coup dur” pour cette organisation à l’heure où celle-ci “réalise des essais de vaccins, distribue des kits de dépistage et conseille les gouvernements du monde entier” pour lutter contre le coronavirus.

La décision de Trump a suscité de vives critiques au sein de la communauté internationale et parmi les scientifiques. Ce “n’est pas le moment de réduire le financement” de l’OMS, qui est “absolument essentielle aux efforts du monde pour gagner la guerre contre le Covid-19”, a réagi le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Curieusement Macron ne s’est pas offusqué des déclarations de son ami Trump et a même estimé qu’il y avait des « zones d’ombre dans l’attitude de Pékin » !

Le monde en danger “Il y a des raisons d’être critique à

Selon plusieurs anciens responsables sanitaires ayant travaillé sous des administrations républicaines et démocrates, la décision de Trump pourrait “exacerber la crise et coûter la vie à des Américains”, rapporte Business.


INTERNATIONAL LE RÉVEIL “La réponse de l’OMS à la pandémie de Covid-19 n’a pas été parfaite”, concède au magazine l’expert Jeremy Konyndyk, qui a supervisé les efforts de l’administration Obama pour lutter contre l’épidémie d’Ebola en Afrique. “Mais si nous nous mettons à attaquer l’OMS, c’est à nous que nous allons finir par faire du mal, car il sera plus difficile d’arrêter l’épidémie à l’échelle mondiale”, estime-t-il. Pour de nombreux observateurs « derrière la bataille sanitaire se cache une

guerre d’influence et de propagande ». La Maison-Blanche poursuit son offensive de domination du reste du monde et tente (avec succès ?) d’entraîner certaines capitales européennes dans sa guerre contre la Chine. Après le commerce le coronas 19 est le nouveau vecteur de déstabilisation. Washington, suivie de Londres et Paris soupçonnent la Chine de dissimulations, tant sur l’origine du coronavirus que sur le nombre de morts à Wuhan. « Il y a manifestement des choses qui

se sont passées qu’on ne sait pas. Il appartient à la Chine de les dire », a attaqué Emmanuel Macron dans une interview au « Financial Times », appelant à se garder de toute « naïveté » vis-à-vis de la gestion de la crise par le régime chinois. Pékin, de son côté, nie, tout en accusant les Occidentaux de s’en prendre à lui pour dissimuler leurs propres défaillances. La « bataille de l’après » est d’ores et déjà engagée ! J.-P. Delahaye

Urbi et Orbi : Le Souverain Pontife propose d’annuler la dette des pays pauvres Le pape a proposé, dans son message de Pâques, « de réduire » voire « d’annuler » la dette des pays pauvres, et lancé un appel à un allègement des sanctions internationales et à la solidarité de l’Europe face à la pandémie de coronavirus. Dans un monde « opprimé par la pandémie, qui met à dure épreuve notre grande famille humaine », il a appelé à répondre par « la contagion de l’espérance », dans ce message prononcé dans une basilique Saint-Pierre vide. Il a souhaité que soient relâchées les sanctions internationales qui empêchent les pays qui en sont l’objet de fournir un soutien convenable à leurs citoyens et appelé à la solidarité internationale « en réduisant, si non carrément en annulant, la dette qui pèse sur les budgets des pays les plus pauvres ».

Crise migratoire, trafic d’armes, terrorisme… Les Etats-Unis refusent par exemple de lever les sanctions économiques imposées à l’Iran, pays durement touché par la pandémie. François a aussi

répété son appel à « un cessez-le-feu mondial et immédiat dans toutes les régions du monde ». « Ce n’est pas le temps de continuer à fabriquer et à trafiquer des armes, dépensant des capitaux énormes qui devraient être utilisés pour soigner les personnes et sauver des vies », a-t-il affirmé dans ce message du chef spirituel d’1,3 milliard de catholiques, diffusé en direct dans le monde entier. Le pape a notamment évoqué le Yémen et la Syrie, mais aussi l’Irak, le Liban, le conflit israélo-palestinien, l’est de l’Ukraine, les attaques terroristes perpétrées contre tant de personnes innocentes en Afrique, le drame des migrants et la situation humanitaire dans le nord du Mozambique. Il a aussi souhaité que « des solutions concrètes et immédiates » soient trouvées au Venezuela, « pour accorder l’aide internationale à la population ».

Appel à un esprit « de solidarité » en Europe Il a choisi de lancer un appel spécifique à l’Europe qui doit retrouver « un esprit concret de solidarité qui lui a permis de dépasser les rivalités

du passé », notamment après la Deuxième guerre mondiale. Face à la pandémie mondiale qui frappe durement des pays comme l’Italie, l’Espagne ou la France, il faut avoir recours « à des solutions innovantes » et oublier « les égoïsmes ». Même si elle s’est mise d’accord sur un fonds de 500 milliards d’euros, l’Union européenne est apparue divisée sur la réponse à apporter aux conséquences économiques de la pandémie. Les pays du sud, derrière l’Italie et l’Espagne, souhaitent la mise en place d’un système de mutualisation de la dette que refuse le nord, notamment l’Allemagne et les Pays-Bas. « Que ces frères et sœurs plus faibles, qui peuplent les villes et les périphéries de toutes les parties du monde, ne soient pas laissés seuls », a exhorté le souverain pontife. (…). Avec AFP LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020 - 11


LE RÉVEIL

Léa Figuères

Léa Figuères la combattante.

Andrée, en référence au prénom clandestin, dont elle avait hérité à 19 ans en rejoignant les rangs de la Résistance dans la région lyonnaise.

ciatif de Malakoff. Léo prend la direction de la section locale du Parti communiste français. Puis enfile l'écharpe de maire 1965 jusqu’en 1996.

Léa était une « vraie battante ». Dès qu'elle a quitté l'adolescence, elle s'est engagée dans la Résistance.

Elle sera décorée de la Croix du combattant volontaire de la Résistance.

C'est à cette époque qu'elle rencontre son futur époux Léo Figuères. Il est responsable clandestin des Jeunesses communistes dans la zone sud de la France. Elle était son agent de liaison.

Léa Figuères, 97 ans, s'est éteinte à l'hôpital Béclère à Clamart, sans ses proches qui n'ont pas pu lui rendre visite.

Leur premier enfant, Jean-Pierre, naît en 1945. Année où la famille pose ses valises à Montrouge dans l'atelier du peintre Fernand Léger, un grand ami du couple. En 1955, dix ans après la guerre, Léo et Léa trouvent un appartement rue Guy-Moquet à Malakoff. Ils n'en repartiront jamais.

À Malakoff, où elle a passé presque toute sa vie, tout le monde l'appelait

Tous les deux, adhérents de l’ARAC, s'implique dans le tissu social et asso-

Résistante pendant l'occupation par l'Allemagne nazie, 80 ans plus tard, le Covid-19 l'a terrassée.

Le 30 mars dernier, elle a été admise à l'hôpital Béclère après une mauvaise chute. Après des analyses, le constat est fait qu'elle avait contracté le Covid19. Une semaine plus tard, elle s'éteint. Laissant derrière elle quatre enfants, huit petits-enfants et huit arrière-petits-enfants. Léa Figuères sera inhumée dans le village de Los Masos dans les Pyrénées-Orientales, aux côtés de son mari. Avec l’ARAC de Malakoff et des Pyrénées Orientales, nous prendrons une initiative pour déposer sur leur tombe une marque d’affection et d’amitié.

Daniel Davisse France où il est adopté en 1959. Il adhère aux Jeunesses communistes vers 1956. Au début des années 1960, il est instituteur à Ivry-sur-Seine, puis à Vitry-sur-Seine.

Daniel Davisse.

Né le 7 juillet 1938 à Hambourg (Allemagne), Daniel DAVISSE est décédé le 29 mars au CHU Mondor, emporté par le Covid-19. Né juif dans l’Allemagne nazie, de parents déportés à Auschwitz, il portait le témoignage de cette période de l’histoire. Orphelin, il est recueilli en 12 - LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020

En 1983, il entre au conseil municipal de Choisy-le-Roi et devient maire de la ville en 1996. “Militant pour une société de justice sociale, d’égalité, de partage et de solidarité, témoigne Didier Guillaume, maire de Choisyle-Roi, il a œuvré pendant 18 ans pour améliorer les conditions de vie et d’existence des Choisyennes et des Choisyens. En 2004, il est élu au conseil départemental du Val-de-Marne. Christian Favier - Président du Conseil Départemental - témoigne « je garderai à jamais le souvenir d’un grand humaniste, de son œil vif et malicieux, mais surtout de son infatigable combat pour transmettre, à plusieurs milliers d’élèves, la

mémoire des victimes de la déportation et son témoignage bouleversant.” Parmi les messages laissés par Daniel Davisse, celui de “continuer dans le respect des opinions, religions, origines de tous, le combat au service de l’idéal communiste d’une vie plus belle pour tous. Rappeler que la mémoire de ses parents et de tous les martyrs de la résistance, de la déportation et des génocides ne doit jamais s’éteindre, non seulement au titre du souvenir, mais surtout parce qu’elle est la condition pour que « le printemps refleurisse » et que jamais, au grand jamais, sous une forme ou sous une autre, « la bête immonde ne ressorte du ventre encore fécond qui l’a porté »” Avec l’ARAC de Choisy-le-Roi et du Val-de-Marne, nous prendrons une initiative pour déposer sur sa tombe une marque d’affection et d’amitié à notre camarade Daniel Davisse.


LE CAHIER MÉMOIRE N° 862 MARS-AVRIL 2020

ÉDITO Des français de toutes sensibilités ont su courageusement entrer en résistance et appeler à résister dès 1940. Le premier fut Jean Moulin, préfet d’Eure et Loir qui fit face aux officiers nazis et subit insultes et tortures et réussi à se dégager tout en restant au service de la population chartroise et de son département entre le 9 et 15 juin 1940. Charles Tillon, député-maire d’Aubervilliers dirigeant du Parti communiste français, mandaté par son comité central de la France, a lancé son appel le 17 juin 1940. Le général Charles de Gaulle, Secrétaire d’Etat démissionné du gouvernement Daladier lance son appel le 18 juin de Londres. Edmond Michelet, militant démocrate-chrétien lance son appel de Brive le 17 juin 1940.

Le jeune Daniel Cordier qui deviendra le secrétaire de Jean Moulin lance son appel de Pau le 17 juin 1940, Germaine Tillion résiste dès le 17 juin 1940 et participe à la Fondation du réseau de résistance du musée de l’Homme. Georgette Lemaire, fille du Président de la République Paul Doumer (19311932) exécute un sous-officier allemand le 17 juin à Cosne-sur-Loire. Et de nombreux et nombreuses patriotes dans leurs localités ou départements ont appelé leurs compatriotes voisins ou proches à résister. Le 10 juillet 1940, c’est Jacques Duclos et Maurice Thorez qui lancent un appel au Peuple de France. Ces appels ont ouvert la voie à la création des réseaux de la Résistance avec les forces politiques

et syndicales patriotique dans le Conseil national de la Résistance qui mit au point un programme sur lequel notre pays a pu s’appuyer pour reprendre une vie démocratique et sociale à la libération et les décennies qui suivent. Aujourd’hui, 80 ans après ces appels patriotiques et les combats qui ont suivi ouvrant la voie au conseil national de la Résistance et à son programme, nous agissons et résistons à nouveau pour protéger ce qu’il en reste après les attaques menées contre lui par nos différents gouvernements successifs et tenant compte de la situation économique, sociale et politique que nous connaissons dans le moment présent. Paul MARKIDES

Les appels de juin et juillet 1940 Pour Po our bbien ien comprendre ien ie coompr comp mpprend renddre ccee qu quii s’ ss’est esst pa ass ssé sé en en jjuin uuiin et e jjuillet uill ui l et 11940, 9 0, iill fa 94 faut faut ut passé dd’abord d’ aabboorrd se ssouvenir oouuuve veniir de veni ve ddes es év évén événements véénnem emen eennttss qqui uii oont on nt pr pprécédé réc écéd écéd é é cett ce ette ttte pé ppériode. péri éri riod iode ode. od e. N oottre re ppeuple eupl eu ple pl cette Notre venait ve ennaaitt ddee vi vvivre vivr ivr vre re un une ne pé période éri riod ode ppa particulièarticcuulliièèrrement re eme menntt hheureuse, eurreeus eu eur use llee fr use, ffront ron ont po ppopulaire oppuula lair ire qu ire qui ui aavait av vai a t ou oouvert uve vert uune ne vvie ne iee ssatisfaisawnte atis at isfa is faais isaw isaw awnt wnte nntte po ppour ur ttous to ous us aavec vec le ve lles es co congés onngggés és ppayés, ayyés és, s, le les es dé ddélélélé légués gué gu ués és du du personnel, pers pe rsonn rs onne on nell,, la la 1ère 1 re convention 1è con onve vent ntio nti ion ion ccollective, co oll llec lec ecti cti tive ve, e, llaa ssemaine emain em aiine ne ddee 400 hheures, eure eu rees, ll’augmentation l’ ’au auggm men enta ntati taatiionn ddes ess ssalaires allai aire rees et lleurs eurs eu rss Une cconséquences ons n éq é ue uenc nces nc es ffavorables. avor av orable orab abble les. es. U nee vvie ie eenie nthousiasmante th hou o siias asma mant nte ss’ s’était ’ééttai tai ait mi m mise ise s enn pl pla place lace et et voilà est vvo oil ilà qu qque ue to tout tout u ccela ella ees ela st br st bbrusquement rus u qu q emen em men e t mi miss eenn ccause aauusee ppar aarr l’i l’instauration ins nsta taauurraattioon dd’un ’un un ggouverouveerou ouv rr-

ne nement emeentt dirigé dir irig igéé par ig ppaar Péwtain Pééwt P Péwt wtai taaiin qui qquui s’engage s’en s’ e ggaaggee dda annss llaa co ollab abo bora oraattio or ion on av vec ec lles eess hhitlériens i léérriienns it dans collaboration avec aap appuyés ppu puyé puy yé pa yés ppar arr le lless dé députés éputé putéés ett ssénateurs pu énnat ateu eurrs rs qqui uuii avai av aien ai entt tr rahhi pa parr le lleur eur ur vot otte d’ dd’approbaappprrob ap appr obaa avaient trahi vote tion ti ion à ll’exception ’eexc x eppti tionn ddee 800 dd’entre ’ent ’e ntrre eeux. ux. ux. ux Péta Pé Pétain tain ta inn rremplace em mpl place laa pplus luus gr gran grande ande dee ppartie aarrti tie ddes de es pr préf préfets fet ets pa pparr de des es aamiraux mir i au a x eett ddes ess ggéééné néraux éra raux ux ttandis andi an dis qqu que ue le lles es cch chefs hhef efs dd’ ef d’industrie ’iinndu dus ust stri tri riee see rruent uennt ue nt dans daanns la la collaboration col olla labo la b rat raattiioonn avec ave vec les lees hitl hi hitlériens tlér é ienss ddont ér o t l’ on ll’armée ’arm armé ar mée ss’ s’installe ’in inst stallle stal le ssur ur lles es dde deux euxx ttiers ieerrss dduu terr te territoire err rrit i oire oire oi re nnational. atio at atio iona nal. stupeur, Danss llaa po Dans Da ppopulation opu pula lati tion on aaprès près pr ès llaa stu ès st tup upeu eur, r llaa rrévolte révolt ré é lt ltee see ddéveloppe ével év elop opppe pe aavec veec llee bes bbesoin be eso soin soin i ddee ssee ssortir orti orti or tirr de de ccette ette et tee ssituation. itua it uati tion ti o . on De D Des es ho hhommes omm mmes es eett de ddes ess ffe femmes emm mmes mess aassument sssumen um ment

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

des ddees re rresponsabilités espponnsa sab abi bili ili littéés és ddee nnature ature at re di ddifféiff fféé-rreent ntes ntes es m a s to ai ous us aanimés nniiméés de de ssentiments ent en nttiiment ntss rentes mais tous patriotiques patr pa trio iooti tiqu q es qu es ttrès rèès ffo rès forts, oort rts, rt s, llancent ance an cent entt ddes eess aapppeellss à ll’action ’act ’a ’act ctio ion aap io ppu puyé puyé yés su ssurr lle eur urs cco onv nvic iccpels appuyés leurs convictions tionns eett lleurs ti eeuurss jjugements uggem ement ents en ts ppolitiques olit ol lit itiq iques ma m mais is ils iills ls nee ssont onnt pa pas as le lles es se sseuls. eul uls. ul s. E s. Enn ddee nnomom mbreuses breeuuse br u es loc llocalités lo oca cali alliité itéés des dees ho hhommes omm mmes mmes es eett des des femmes femm fe fem mmes mmes e aappellent ppel pp elle lent le lent nt lleurs eurs ccompatriotes eu oom mpa pattrri riote iotes tees à agir traitres, ceux aggir ag irr ppour ouur combattre ccooom mbaattttr mb ttrre le less tr rai aitr treess, cce eux u qui qquui see m mettent ette et tent ent nt aauu sse service ervvicce de ddes es co collaboraoll llaabbor o aa teurs, teeur urss,, lles es ooccupants, es ccccuppannts ts le ts, lles es ad adeptes dep eptes tes duu pparti te arti ar populaire français Doriot ppoopu p la lair ire ffr ire ran ança çais iss ddee Do D orriioott qqui uuii ssououou tiennent ttiiennent neentt P Pétain ééttai ain par paar laa ppresse reesssse et et llaa rra radio. adi dio. dio o.


LE RÉVEIL DOSSIER

Qui sont ces appelants ? Jean MOULIN

Appel de Jean MOULIN affiché le 11 juin 1940

Jean Moulin.

Le premier d’entre eux est le préfet d’Eure et Loir, Jean Moulin qui doit faire face à une situation très complexe. Ainsi que la décrit Max Gallo dans sa préface de l’ouvrage « Jean Moulin, l’âme de la Résistance, d’Eric Vial, éditions Garnier, 2012 ». « Le pire commence avec les bombardements frappant des fermes, des villages, la ville de Dreux le 9 juin, puis Chartres, en particulier la gare, faisant plus de 600 morts dans le département, coupant eau, gaz, électricité, téléphone, toute communication. Le préfet tente d’enrayer la panique, alterne flatteries et menaces. Il assure le ravitaillement en pain, participe aux distributions, mais sa ville se vide à partir du 14. Restent 700 des 20 000 habitants : infirmes, blessés, vieillards, bien peu de valides pour l’aider. Réfugiés et soldats en déroute affluent encore, les pompiers ont fui alors que Chartres brûle jusqu’à un providentiel orage, car le chef du service des eaux est parti en bloquant les vannes. 14 - LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020

Habitants d’Eure-et-Loir Vos fils résistent victorieusement à la ruée allemande. Soyez dignes d’eux en restant calmes. Aucun ordre d’évacuation du département n’a été donné parce que rien ne le justifie. N’écoutez pas les paniquards, qui seront d’ailleurs châtiés. D’autres suivront. Il faut que chacun soit à son poste Il faut que la vie économique continue. Les élus et les fonctionnaires se doivent de donner l’exemple. Aucune défaillance ne saurait être tolérée. Je connais les qualités de sagesse et de patriotisme des populations de ce département. J’ai confiance. Nous vaincrons. Le Préfet d’Eure-et-Loir Jean Moulin

Quelques volontaires restent sur place, dont les religieuses de l’hôpital et Jane Boullen, infirmière arrivée fin mai avec l’équipe duc docteur Antonin Mans, ami montpelliérain de Moulin retrouvé à Amiens. Avec leur aide, il doit s’occuper des grabataires, assurer un embryon de police, limiter les pillages (mais des soldats volent même sa voiture), enterrer les morts pour éviter les épidémies, faire tourner les boulangeries abandonnées, essayer de neutraliser des agitateurs de la « cinquième colonne ». Soudain, le 16 juin au soir, plus personne n’arrive à Chartres : la Wehrmacht est aux portes. » Face à cette situation Jean Moulin prit la décision d’adresser un appel à la population d’Eure et Loir le 11 juin 1940 depuis Chartres, siège de la préfecture départementale. De lui s’en suivront nombre d’actions patriotiques que nous connaissons. Quelques heures après l’arrivée le 16

juin de l’occupant à Chartres, Max Gallo raconte aussi : « Moulin sait le sort des régions occupées en 14-18, et a prévenu à sa mère et sa sœur que « si les Allemands – ils sont capables de tout – me faisaient dire des choses contraires à l’honneur, vous savez déjà que ce n’est pas vrai ». De fait, à 18 heures, deux officiers allemands viennent le chercher. Ils exigent la signature d’un « protocole » affirmant que des femmes et des enfants ont été victimes d’atrocités commises par les troupes coloniales, contre qui les nazis sont polarisés par racisme et depuis la Grande Guerre puis l’occupation de la Ruhr : menaces, coups de poings, de crosses, de bottes, cris, éructations antisémites quand Moulin cite le nom de Mandel. » Refusant de signer, Jean Moulin est non seulement martyrisé mais ensuite emprisonné dans un réduit ou Il tentera de se suicider.


DOSSIER LE RÉVEIL

17 juin 1940 – Les appels se multiplient A la suite de la déclaration de Pétain, nouveau chef du gouvernement qui annonce qu’ « il faut tenter de cesser le combat » contre l’armée nazie et qu’il s’est adressé à l’adversaire pour négocier les moyens de mettre un terme aux hostilités. De nombreux français réagissent et appellent chacun sur la base de ses propres convictions à poursuivre le combat. Charles Tillon, dirigeant du Parti communiste français pour le sud-ouest de la France, Daniel Cordier, futur secrétaire de Jean Moulin lance un appel à Pau « contre le traître Pétain » ; Germaine Tillion co-fondatrice du réseau de résistance du musée de l’homme ; Edmond Michelet à Brive, militant démocrate-chrétien. Et de nombreux citoyens et citoyennes actifs que nous ne pouvons cités ici ont fait connaître par de modestes appels leurs révoltes et leurs volontés de poursuivre le combat

à l’intention de leurs voisins et compatriotes de leurs localités. Et Georgette Lemaire, fille de Paul Doumer, Président de la République de 1931 à 1932 – et dont trois frères avaient été tués pendant la guerre 1914-1918, exécute un sous-officier allemand à Cosne-sur-Loire (Nièvre). L’appel d’Edmond Michelet du 17 juin 1940 à Brive, aidé d’un marchand de machines à écrire, Frédéric Malaure, Michelet polycopie un texte de Charles Péguy, extrait de l’Argent, qui comprend notamment ce passage : « Celui qui ne se rend pas a raison contre celui qui se rend. En temps de guerre, celui qui ne se rend pas est mon homme quel qu’il soit, d’où qu’il vienne et quel que soit son parti. Celui qui rend une place ne sera jamais qu’un salaud, quand même il serait marguillier de sa paroisse… » Les deux hommes contactent des amis sûrs, un professeur de lycée et

quelques ouvriers, et, la nuit tombée, vont discrètement les distribuer leurs feuilles dans les boîtes aux lettres de Brive. L’appel de Daniel Cordier (19 ans) le 17 juin 1940 à Pau « Les jeunes font appel à ceux de leurs camarades qui aiment la France, qui savent encore ce qu’elle représente et qui veulent sauver son âme. Ils leur demandent de se retrouver dans ce but. Groupons-nous. La France ne doit pas mourir. » Germaine Tillion résiste dès le 17 juin 1940 révulsée par le discours de Pétain annonçant l’armistice, elle participe à la fondation du Réseau du musée de l’homme, le tout premier des réseaux de la résistance. Dénoncée et arrêtée en 1942, elle est déportée l’année suivante à Ravensbrück où elle résiste en restant ethnographe et décrivant l’univers concentrationnaire.

L’appel de Charles TILLON « Les gouvernements bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini : l’Espagne, l’Autriche, l’Albanie et la Tchécoslovaquie… Et maintenant, ils livrent la France. Ils ont tout trahi. Après avoir livré les armées du Nord et de l’Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours de Hitler, livrer le pays entier au fascisme. Mais le peuple français ne veut pas de la misère de l’esclavage du fascisme. Pas plus qu’il n’a voulu de la guerre des capitalistes. Il est le nombre : uni, il sera la force. Pour l’arrestation immédiate des traites. Charles Tillon. Pour un gouvernement populaire s’appuyant sur les masses, libérant les travailleurs, établissant la légalité du parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles, s’entendant avec l’URSS pour une paix équitable, luttant pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes. Peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, UNISSEZ VOUS DANS L’ACTION ! » Charles Tillon, Gradignan, 17 juin 1940 Source : FTP Soldats sans uniformes

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LE RÉVEIL DOSSIER

L’appel du général DE GAULLE 18 juin 1940 Les circonstances Hitler et les nazis d’Allemagne, Mussolini et les fascistes d’Italie, ont déclaré la guerre à l’Europe. La France est envahie. L’Armée et le Pouvoir capitulent. à la radio. « Je n’apparaissais à moi-même seul et démuni de tout, comme un homme au bord d’un océan qu’il prétendrait franchir à la nage ». (Charles de Gaulle. Mémoires de guerre, t.l, « L’Appel »). A son arrivée dans la capitale britannique, en compagnie de son aide de camp, le lieutenant Geoffroy de Courcel et du général Spears, agent de liaison personnel de Churchill auprès du gouvernement français, de Gaulle rencontre pour la cinquième fois en huit jours Winston Churchill, le premier ministre et obtient l’autorisation de s’adresser aux Français sur les ondes de la BBC, le lendemain 18 juin 1940.

Charles de Gaulle.

Le 17 juin 1940, le Maréchal Pétain, chef du gouvernement français demande l’Armistice. Le Général de Gaulle Sous-Secrétaire d’Etat à la Guerre décide de gagner l’Angleterre pour y poursuivre le combat.

Charles de Gaulle : « Comme un homme au bord de l’océan » Ce 16 juin, le général de brigade Charles de Gaulle, nommé par Paul Reynaud sous-secrétaire d’Etat à la défense nationale et de la guerre le 6 juin, repart en avion pour Londres de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, dès 8 h 30 du matin. Il vient de rentrer la veille au soir d’une mission gouvernementale dont l’avait chargé Paul Reynaud, au16 - LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020

tour d’un projet d’union de la France et de la Grande-Bretagne lancé par Jean Monnet. Il est allé à deux reprises à Londres, les 9 et 16 juin – il apprend le changement de gouvernement le 16 au soir en descendant d’avion à Mérignac. Le 17, il n’est plus en mission officielle, depuis la démission de Paul Reynaud la veille. Son nouveau départ pour Londres est donc une décision personnelle de continuer à la lutte, un geste non conformiste et de rupture : sans ordre reçu, il se trouve en situation de désobéissance à sa hiérarchie, d’indiscipline. Le même jour, à Brest, sa famille réussit à prendre le dernier bateau pour l’Angleterre, ce qui confirme que le départ du Général était prémédité et non une impulsion – de fait, il précède l’allocution de Pétain

« Pour moi, ce qu’il s’agissait de servir et de sauver, c’était la Nation et l’Etat. Je pensais en effet que s’en serait fini de l’Honneur, de l’Unité, de l’Indépendance, s’il devait être entendu que dans cette guerre mondiale, seule la France aurait capitulé et qu’elle en serait restée là. La première chose à faire était de hisser les couleurs. Je lus au micro le texte que l’on connaît. A mesure que s’envolaient les mots irrévocables, je sentais en moi-même se terminer une vie… J’entrais dans l’aventure comme un homme que le Destin jetait hors de toutes les séries ». Charles de Gaulle Mémoires de Guerre « l’Appel »


DOSSIER LE RÉVEIL

10 juillet 1940 Appel de Jacques DUCLOS et Maurice THOREZ au nom du Parti Communiste Français Peuple de France LES CIRCONSTANCES Par André Moine (Les Cahiers d’histoire de l’Institut Maurice Thorez, n° 10, 1974) Début juillet 1940 : nous sommes au cœur d’une véritable dislocation nationale ; en juin, 6 millions de Français sont dispersés sur les routes, mitraillés par les aviations allemande et italienne. Quand les longues files de l’exode s’arrêtent, c’est pour se rendre compte de la dispersion des familles et de l’ignorance du sort de deux millions de prisonniers. L’armée est disloquée, et c’est pour beaucoup une dure et inexplicable surprise. Les institutions du pays sont en grande partie mises dans l’impossibilité de fonctionner et toutes les formations sociales et politiques légales sont divisées, désemparées. La confusion est partout. Et puis, d’abord, il faut vivre, dans une confrontation parfois tragique avec le retour de l’exode, le ravitaillement, le travail, la recherche des disparus… La défaite écrase les esprits : la stratégie des généraux français, vainqueurs 25 ans plus tôt, a été bousculée ; les places fortes « imprenables », la ligne Maginot rendues inutiles ; le matériel de guerre apparemment surclassé ; et, par-dessus tout, la pagaille, l’incapacité, les ordres en qui se flaire la trahison. Les perspectives nationales sont bouchées, ou plutôt elles s’ouvrent comme le note R. Paxton, sur une volonté massive de paix chez les civils et chez les militaires.

La défaite n’était pas le fruit du hasard, de circonstances imprévisibles, pas plus d’une simple supériorité militaire allemande. Mais la conséquence logique d’une politique menée depuis 1938, qui tournait le dos à l’intérêt national. La grande bourgeoisie française, effrayée par le mouvement du Front populaire en France et en Espagne, fit tout pour arrêter cet élan des masses, y compris en cherchant ses appuis à Berlin. Les dirigeants français revinrent dès cette époque à leur politique des années 1918/1920 qui visait à détruire militairement l’Union Soviétique considérée comme le cœur du mouvement ouvrier, mais cette fois avec un nouvel instrument : Hitler. Répression antidémocratique, antisoviétisme, rechercher d’appuis avec l’Allemagne nazie allaient de pair. La classe dirigeante ne prépara pas la guerre et elle accepta la défaite comme le moyen d’asseoir plus sûrement sa domination. En signant l’armistice après l’avoir appelé de ses vœux, Pétain assassina la République le 10 juillet 1940, se faisant octroyer les pleins pouvoirs par un parlement d’où sont exclus les communistes depuis huit mois. Seuls quatrevingts parlementaires ne participent pas à ce coup de grâce. Le diplomate américain à Paris, Biddle,

Maquisards de vachères Drôme

témoigne : « Le Maréchal Pétain avait été choisi comme chef du gouvernement parce qu’il passait pour le seul homme qui put amener le peuple à accepter des conditions d’armistice que l’on prévoyait rigoureuses et qui put en même temps empêcher une révolution ». En fait, la défaite permet de parachever LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020 - 17


LE RÉVEIL DOSSIER c’est le temps de l’offensive du sourire et des manœuvres pour gagner le cœur et la pensée des Français.

Jacques Duclos et Maurice Thorez.

la victoire des forces réactionnaires et antinationales. Pétain, après avoir « fait don de sa personne à la France », fait don de la France à l’Allemagne, qui va commencer une politique de pillage des richesses françaises. Cependant, cette politique se couvre d’un rideau « national » et « socialiste ». Le partage des tâches, nécessaire, entre le gouvernement de Vichy et les représentants nazis à Paris n’est pas toujours facile. Pétain tire, à sa façon, les leçons de la défaite, en culpabilisant les Français : « l’esprit de jouissance l’a emporté sur l’esprit de sacrifice… On a voulu épargner l’effort ; on rencontre aujourd’hui le malheur » (21 juin). Il faut donc, d’après lui, se soumettre aux conséquences de la défaite. Pétain n’hésite pas à parler de régime nouveau, de « Révolution nationale » et à développer, dès 1940, des thèmes anticapitalistes, nationalistes, il se fera, à ce moment, procureur contre les « responsables de la déroute ». S’appuyant sur la défaite et sur la crise sociale, usant des pouvoirs qu’il a reçus et de son prestige, Pétain préside à une puissante campagne pour dévoyer l’opinion. L’occupant, lui, fait patte de velours ; 18 - LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020

Certes, la présence du drapeau à croix gammée porte un coup aux sentiments des patriotes et des antifascistes. Mais les soldats allemands sont corrects, les autorités allemandes aident la population à se réinstaller, elles libèrent des prisonniers politiques, et vont jusqu’à laisser entendre que le Parti communiste français pourrait accepter une telle politique. Les nazis s’efforcent de faire faire le travail répressif, la sale besogne, par les hommes de Vichy. On conçoit que, dans de telles conditions, l’obscurité, la confusion, les interrogations et les doutes dominent les pensées. Si les perspectives d’avenir ne se discernent pas, les dangers sont bien réels d’une perversion des esprits, tout du moins d’une résignation générale. Il importe de ne pas oublier, ni de sous-estimer la conscience nationale et la volonté de résistance d’une petite minorité : officiers, soldats qui refusent de capituler devant l’armistice, civils qui mesurent le drame et se rangent dans l’opposition, rares hommes politiques. Puis, le Parti communiste français se dresse contre le nouveau régime et l’occupation. Mais, il faut bien dire qu’en juillet, tous ceux-là sont à contre-courant et leur mérite peut en être d’autant souligné. Leur attitude laisse seulement percevoir ce qu’il aurait été possible de faire avec une autre politique, et en fait, ce que deviendra la Résistance.

D’autant plus qu’on ne saurait méconnaître les racines de la naissance et du développement de la Résistance.

D’une part, elles se frayaient un chemin à travers certaines volontés de redressement, qui se reflètent, même en mai 1940, jusque parmi des ministres, et se traduisent notamment par des tentatives d’ouvertures en direction de l’URSS. D’autre part et surtout, elles se sont nourries des actes d’un parti, le Parti communiste français. En mai, à plusieurs reprises, dans l’Humanité clandestine, il trace l’ébauche d’une politique de défense nationale avec des propositions claires tendant à transformer le caractère de la guerre : chasser les banqueroutiers, libérer les emprisonnés et les internés, réintégrer les élus du peuple, rétablir les libertés démocratique et les lois sociales ; constituer un gouvernement de paix s’appuyant sur les masses populaires, prenant des mesures immédiates contre la réaction et s’entendant avec l’URSS pour rétablir la paix générale. Un mot d’ordre est partout répété : imposer la paix dans la sécurité et l’indépendance nationale. On sait que le 6 juin, le Parti communiste, par l’intermédiaire de G. Politzer, transmettait au gouvernement des propositions de mesures concrètes de mobilisation populaire pour la défense de Paris. Ainsi, le Parti communiste français s’efforçait, dès ce moment, de poser des jalons pour l’avenir et de dégager les bases d’une action capable de s’opposer aux conséquences de la capitulation. L’appel du 10 juillet est inséparable de cette situation historique concrète comme des prémices politiques qui l’enracinent.

L’APPEL répond aux interrogations pressantes de la population Ces interrogations concernent les raisons de la situation créée et les responsabilités. L’Appel les dévoile. « La France meurtrie, douloureuse,


DOSSIER LE RÉVEIL trahie par des dirigeants subit la rançon de la défaite. Voilà où nous ont conduit les politiciens à la Daladier… soutenus par un Parlement de valets et de corrompus. » L’Appel insiste sur la trahison des classes possédantes » en évoquant les « Bazaines de 1940 », Thiers et l’Assemblée de Versailles. Il dénonce « les gouvernements français qui n’ont pas voulu la paix, ne se sont pas préparés à la guerre et ont sciemment organisé la trahison ». Pareillement, il met au pilori les affairistes les profiteurs de guerre, la « dictature des forbans » qu’il oppose à la misère sans nom des blessés, des malades, des chômeurs, et des victimes de la répression. En parallèle, il invoque l’attitude des communistes qui « seuls… ont lutté contre la guerre » et que l’on a frappés parce que défenseurs du peuple, sous le prétexte d’avoir réclamé un débat sur la paix au Parlement. L’Appel, par ses explications, révèle une de ses premières qualités : il reflète la situation concrète, la pensée populaire. Non pour la suivre, mais pour l’éclairer.

vernement de la renaissance française composé d’hommes courageux et honnêtes, de travailleurs manuels et intellectuels… », souligne qu’il n’y a rien à attendre d’un « gouvernement de honte », d’affairistes et de politiciens tarés. Elle s’inscrit dans la grande idée qui traverse le document : c’est dans le peuple que se trouvent les forces de rénovation et de libération.

L’Union pour l’indépendance nationale Le soubassement de l’Appel et de tous les fils qui s’en dégagent jusqu’aux mots d’ordre finaux s’articule autour des thèmes de l’union et de l’indépendance nationale, toujours liés à l’action populaire. Ce n’est pas un hasard si la première phrase est pour dénoncer les responsables de la guerre, de la défaite et de l’occupation. Il est bien précisé par la suite qu’il s’agit « de l’occupation par l’armée allemande aux frais de la France ». Que de ce fait, le peuple de France connaît l’humiliation de cette occupation et ne se sent pas chez lui ». Le ton n’est pas seulement à une

constatation, mais à l’opposition : « la France ne deviendra pas une sorte de pays colonisé… il faut que la France soit aux Français… La France veut vivre libre et indépendante… La France doit se relever en tant que grand pays avec son industrie et son agriculture… Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves… il n’y a de paix que dans l’indépendance des peuples… » Le fait qu’on trouve une douzaine de fois le mot indépendance dans l’Appel (« indépendance complète et réelle ») n’a-t-il pas une signification dans un pays occupé ? Et peut-on négliger l’invitation à la constitution d’un « Front de la liberté, de l’indépendance et de la renaissance de la France », qui n’apparait en aucun cas comme un mot d’ordre plaqué mais qui s’insère dans tout le texte ? A moins que les mots ne perdent leur sens, il nous semble que tout cela est, globalement sans équivoque.

Voir Cahier Mémoire Réveil N° 846

Il est né dans la souffrance du moment et l’exprime intensément, non à la manière de Pétain pour justifier les abdications, mais au contraire, pour en dévoiler les causes, accuser les responsables, et appeler au refus. Pour l’organisation et le développement futur de la Résistance, il fallait que ces choses soient dites, et seul, le Parti communiste pouvait le faire pleinement. Les revendications proposées, les mots d’ordre revendicatifs formulés tendent à regrouper les travailleurs pour leur propre défense. Ils répondent aussi à une exigence politique du moment : démasquer la démagogie pétainiste et nazie, faire pièce aux illusions semées par les thèmes de la « Révolution nationale ». La perspective avancée d’un « gouLE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020 - 19


LE RÉVEIL DOSSIER

PEUPLE DE FRANCE extraits du texte de l’Appel de Jacques DUCLOS et Maurice THOREZ

« Notre pays connat maintenant les terribles conséquences de la politique criminelle suivie par des gouvernements indignes, responsables de la GUERRE, de la DEFAITE, de l’OCCUPATION… … La France meurtrie, douloureuse, trahie par ses dirigeants, subit la rançon de la défaite. Voilà où nous ont conduits les politiciens à la DALADIER, à la REYNAUD, à la MANDEL, qui, soutenus par un Parlement de VALETS et de corrompus, ont poussé la France à la guerre pour servir les intérêts des ploutocrates, pour supprimer les libertés publiques, pour faire régner la terreur, écraser le peuple et porter les armes contre l’URSS, pays du socialisme… … Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves et si, malgré la terreur ce peuple a su, sous les formes les plus diverses, montrer sa réprobation de voir la France enchaînée au char de l’impérialisme britannique, il saura signifier aussi à la bande actuellement au pouvoir, SA VOLONTE D’ETRE LIBRE. 20 - LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020

…. Qui peut relever la France ? C’est paré la destruction des libertés répula question qui se pose. Ce ne sont ni blicaines dans notre pays et viennent les généraux battus, ni les affairistes, d’aider Laval-Marquet et Weygand à ni les politiciens tarés qui peuvent re- devenir les maitres de la France. lever la France ; ils ne sont bons qu’à Mais le peuple de France ne se laistrahir et à la vendre. Ce n’est pas dans sera pas faire. A la ville, dans les les milieux corrompus du capitalisme campagnes, dans les usines, dans les que peuvent se trouver les éléments casernes doit se former le front des de la renaissance national. C’est dans hommes libres contre la dictature des le peuple que résident les grands es- forbans. poirs de libération nationale et sociale. A la porte le gouvernement de Vichy ! Et c’est seulement autour de la classe A la porte le gouvernement des ploutoouvrière ardente et généreuse, pleine crates et des profiteurs de guerre ! de confiance et de courage, parce que l’avenir lui appartient, c’est seulement C’est un tout autre gouvernement qu’il autour de la classe ouvrière guidée par faut à la France… le Parti Communiste, Parti de propreté, d’honneur et d’héroïsme, que peut se constituer LE FRONT DE LA LIBERTE, de L’INDEPENDANCE ET DE LA RENAISSANCE DE LA FRANCE. Il faut remettre la France au travail, mais en attendant, il faut assurer le pain quotidien aux sans-travail il faut mobiliser les ressources de la Nation, en confisquant les bénéfices de guerre et en effectuant un prélèvement massif sur les grosses fortunes. Il faut remettre la France au travail, mais pour cela les voleurs capitalistes doivent être mis hors d’état de nuire, les mines, les banques, les chemins de fer, les chutes d’eau et autres grosses entreprises doivent être restitués à la Nation. Voilà travailleurs et démocrates français les résultats de la politique de Daladier, Blum et consorts qui, en frappant le Parti communiste français, ont pré- Fusillés de Chateaubriant.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

L’ARAC s’associe à la pétition des chercheurs qui dénoncent une restriction aux archives contemporaines

La mémoire confisquée Nous dénonçons une restriction sans précédent de l’accès aux archives contemporaines « Faut-il encore s’inquiéter de l’accessibilité au public des plans du débarquement du 6 juin 1944 soixantequinze ans après la Seconde Guerre mondiale, lesquels portent un tampon “secret” ? Protéger des informations secrètes est essentiel. Qui en douterait ? A condition toutefois que ces informations soient réellement sensibles et qu’elles constituent toujours un secret-défense. Quand il n’y a plus de secret, il ne devrait plus rien y avoir à protéger. Pourtant le Service historique de la Défense annonce la nécessité d’une « déclassification » formelle de tous les documents portant les fameux tampons “secret” depuis 1940. Pièce par pièce. Cette mesure provoque déjà une paralysie du service. Elle entraîne des délais de communication très longs, voire l’impossibilité d’accéder à des archives pourtant communicables de plein droit selon le Code du Patrimoine. En effet les archives dont la communication porte atteinte au secret de la défense nationale, aux intérêts fondamentaux de l’Etat dans la conduite de la politique extérieure, à la sûreté de l’Etat, à la sécurité publique doivent être accessibles à tous après une échéance cinquante ans. Tout le paradoxe est là : des délais d’accessibilité existent pour ces documents et ces délais sont aujourd’hui largement échus pour la majeure

partie des documents produits avant 1970. Mais on évoque une instruction générale interministérielle de 2011 pour justifier une nécessaire “déclassification” formelle des documents secrets avant toute communication aux lecteurs. Pourquoi cette soudaine volonté de déclassifier des documents considérés jusqu’à il y a peu comme accessibles à tous ? Pourquoi prendre le risque d’entraver gravement les recherches historiques ? Au-delà du Service historique de la Défense, où la tâche est particulièrement titanesque compte tenu de la nature des archives qui y sont conservées, cette nouvelle mesure concerne toutes les archives publiques. Ce sont plusieurs centaines de milliers de documents et des dizaines de kilomètres linéaires de papiers qui doivent être regardés un à un au nom de cette application abusive, et partant dangereuse, du principe de protection du secret de la défense nationale exigée par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale. Une restriction sans précédent de l’accès aux archives contemporaines de la Nation sous le prétexte abusif de la nécessité de protection du secret de la défense est en cours. Face à une telle mesure qui ne peut qu’entraver l’indispensable travail de mémoire, les acteurs et les actrices de la recherche en Histoire dénoncent la mise en œuvre de cette mesure qui

porte un coup d’arrêt surtout à la recherche sur des sujets essentiels pour la connaissance historique et le débat public. En ce 75e anniversaire de la Libération des camps, en ce 80e anniversaire de l’Appel du général de Gaulle, le 18 juin 1940, la fermeture de fait des archives classifiées postérieures à 1940, alors que se profile le 60e anniversaire du putsch des officiers factieux félons, en avril 1961 en Algérie et – dans la foulée - la fin de la guerre d’Algérie entre-autre. Que signifie une telle mesure aussi douteuse qu’incompréhensible ? L’écriture de cette histoire pourtant essentielle à la compréhension des enjeux contemporains est largement compromise. Il est vain de prôner un quelconque devoir de mémoire si l’impératif d’histoire ne peut concrètement être rempli. Rappelons-le : ces archives ont pour l’essentiel déjà été communiquées. Il n’y a donc plus de secret. Et s’il en reste, il est temps, 50 ans au moins après les faits, de lever le voile dans le cadre fixé par la loi. Par conséquent, nous demandons l’application du Code du Patrimoine et de la loi sur les archives de 2008, et donc l’accès immédiat et sans réserve à ces archives publiques à l’issue des délais légaux. » LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020 - 21


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Samedi 29 février 2020 Inauguration du nouveau bâtiment du Musée de la Résistance nationale - 40 Quai Victor Hugo à Champigny Malgré le temps, sur les bords de la Marne, des centaines de personnes, personnalités, représentants d’associations étaient présents pour l’ouverture du nouveau site du Musée. L’ARAC, avec en tête son Président Raphaël Vahé, son Secrétaire Général Patrick Staat, Liliane Rehby et Brigitte Contant secrétaires nationales, avec des dizaines de membres de l’association tenant à marquer par sa présence

son soutien à l’outil de connaissance et de mémoire que constitue le musée pour les générations de demain. Sont intervenus, M. Christian Fautré, maire de Champigny, M. Christian Favier, Président du département du 94, Mme Valérie Pécresse, Présidente de la région Ile de France, Mme Lucienne Nayet et M. Georges Duffau-Epstein.. Ci-dessus des extraits des interventions :

Extraits de l’intervention de Valérie Pécresse, Présidente de la Région Île-de-France :

La rose et le reseda.

« Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas Tous deux adoraient la belle Prisonnière des soldats Lequel montait à l’échelle Et lequel guettait en bas Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas Qu’importe comment s’appelle Cette clarté sur leur pas Que l’un fût de la chapelle Et l’autre s’y dérobât Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas ». Si j’ai choisi d’ouvrir mes propos par « la Rose et le Réséda », ce magnifique poème que Louis ARAGON a dédié à Gabriel PERI, à Estienne d’ORVES, à Guy MOQUET et à Gilbert DRU, 22 - LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020

quatre hommes, deux communistes et deux catholiques, c’est qu’il me semblait refléter l’âme et l’ambition de ce musée de la Résistance Nationale de Champigny. Je l’ai choisi car ce poème comme ce musée, célèbre le courage des hommes qui réussirent à dépasser leurs différences politiques et religieuses pour œuvrer ensemble en direction d’une cause qui les dépassait : celle de la France. Tous se sont retrouvés unis dans un même combat, des femmes et des hommes de tous bords, de toute origine et de toute confession unies par une même passion, la grandeur de la France. Unies pour un seul but : le renouveau de la Nation. Tous ont refusé l’inacceptable, auprès du Général de GAULLE à Londres ou au sein de la résistance intérieure de Jean MOULIN avec ces combattants et ces anonymes qui ont refusé de baisser les bras quand la République s’est inclinée face à la barbarie. Bientôt il n’y aura plus un grand-parent qui racontera à ses petits-enfants comme les miens me l’ont raconté : l’occupation, l’exode, la résistance, les camps, la déportation, la Shoah. Il n’y aura plus un grand-parent pour témoigner de l’horreur de la Seconde Guerre mondiale. Plus un grand-parent pour témoigner

de l’abnégation et de l’héroïsme des femmes et des hommes qui sont restés debout, qui se sont unis pour vaincre et terrasser la bête immonde, la barbarie. France combattante, quelle belle expression. Il nous faut entretenir la flamme du souvenir mais aussi transmettre le flambeau de l’espoir. Le peuple de l’ombre, le peuple de la nuit, ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé. La résistance qui comme le disait si bien André Malraux était « le visage de la France. » C’est important car ma génération, comme les suivantes, a entendu parler de la guerre mais n’a pas connu la guerre. On la regarde comme une réalité lointaine, parfois abstraite alors même qu’elle fait encore rage à quelques heures d’avion d’ici. Et je voudrais avoir ce matin une pensée pour nos militaires français engagés partout dans le monde en opérations extérieures pour le maintien de la paix. A l’heure du zapping, le retour à la chronologie permet à tous et notamment aux jeunes de se positionner dans la succession des générations et de comprendre ce que les femmes et les hommes ont fait avant eux et pour eux. Mesdames et messieurs, « Ceux qui ne connaissent pas leur


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histoire s’exposent à ce qu’elle recommence » écrivait Elie Wiesel. C’est pour cela que ce musée est indispensable, précieux, irremplaçable. Il parle de l’amour de la France. Il parle de l’esprit de résistance. Il parle de ce qui nous rassemble malgré nos différences. Il nous invite à nous dépasser et à nous battre pour nos pays, nos idéaux, et pour la paix.

La barbarie, la haine de l’autre, l’ultra violence sont toujours tapies dans l’ombre, présentes, et doivent être résolument combattues. Résister et combattre ces menaces, c’est faire honneur à celles et ceux dont des morceaux de vie composent ce beau musée et qui nous invitent aujourd’hui à ne jamais baisser la garde face à ceux qui veulent mettre à genoux la France et la République.

Je vous demande en signe de respect pour toutes ces femmes, pour tous ces hommes debout, tous ces héros de la résistance, qui s’incarnent dans chaque salle de ce très beau musée de faire, non pas une minute de silence, mais une minute d’applaudissements !

Extraits discours Christian Favier, Président Conseil Départemental 94 Une étape historique du renouveau du Musée de la Résistance nationale, 35 ans après sa création, et 18 ans après son classement comme « Musée de France ». Il s’agit d’un moment, à mes yeux, extrêmement important. Je pense tous ces jeunes et moins jeunes, passionnés d’histoire, amateurs de musées ou simples curieux, que ce lieu de culture invitera à réfléchir sur les valeurs et les idéaux qui ont forgé la Résistance, hier, et sur l’héritage que les Résistantes et Résistants nous laissent aujourd’hui pour préparer demain… Moment important, puisque dans quelques mois nous commémorerons le 80e anniversaire de l’Appel du Général de Gaulle et les premières actions de la Résistance intérieure face à l’occupation nazie et la collaboration vichyste. Le Musée de la Résistance nationale prend, une nouvelle dimension dans ce bâtiment mis à disposition par le département. L’ambition qui a guidé l’installation du Musée de la Résistance nationale est, elle-même, extrêmement audacieuse. C’est grâce à une véritable volonté politique des collectivités qui se sont engagées financièrement dans ce projet que nous y sommes parvenus, dans le contexte des contraintes budgétaires inédites qui leur sont imposées. Je tiens à cet égard à remercier la ville de Champigny et la Région Ile-de-France. Le Département sera le premier financeur du fonctionnement de ce lieu unique. De l’audace et de la volonté, il en a

fallu d’abord à tous les salariés et tous les bénévoles de l’Association des amis du Musée de la Résistance Nationale que je tiens à saluer. Par ce travail, ils protègent et partagent avec le plus grand nombre un bien commun qui nous plonge au cœur de la Résistance et nous incite à réfléchir aux nouvelles formes que recouvre cette notion aujourd’hui… Un passé si présent alors que l’héritage du Conseil National de la Résistance, cœur du pacte républicain, est attaqué de toutes parts. C’est une véritable fierté, pour le Département du Val-de-Marne. Il vient enrichir l’offre culturelle d’un département où la culture n’a jamais été considérée comme un supplément d’âme ou un outil de marketing territorial, mais comme un élément fondamental à l’émancipation individuelle et collective. Un droit pour toutes et tous. Nous en sommes d’autant plus heureux et fiers que les valeurs humanistes de la Résistance sont enracinées dans notre département tout entier. Notre Assemblée départementale a ellemême été présidée par d’anciens Résistants : je pense évidemment à Gaston Viens, Premier Président, qui fut déporté à Buchenwald, et, bien entendu, à Michel Germa, dont le frère aîné est mort à Auschwitz, et qui a participé à l’ouverture du Musée, en 1985. La transmission de ces valeurs, de cette histoire et de ses mémoires constitue, un axe majeur en direction des jeunes générations. Car, oui !, vous avez raison, cher Christian Fautré : une société sans mémoire

est une société qui s’appauvrit. Permettez-moi de citer un ouvrier, poète et Résistant arménien, Missak Manouchian dont un magnifique portrait a récemment été offert au Musée de la Résistance Nationale par notre ami Ernest Pignon-Ernest. Le 28 mars 1934, Missak Manouchian écrivait « Que les flambeaux de la conscience éclairent nos esprits ! Que le sommeil et la lassitude ne voilent point nos âmes ! A tout moment l’ennemi change de couleur et de forme Et nous jette sans arrêt dans sa gueule inassouvie. » Le 21 février 1944, Missak Manouchian était assassiné, au Mont-Valérien, avec 22 de ses camarades des FTP-MOI, parce qu’« Ils refusaient les yeux ouverts, ce que d’autres acceptent les yeux fermés », écrira René Char. Je souhaite que le Musée de la Résistance Nationale, en cet Espace Aimé Césaire, nous aide, toutes et tous, à garder les yeux grands ouverts, et qu’il devienne un passage incontournable de tous les citoyens du monde épris de liberté, de démocratie, de justice et de fraternité. Je vous remercie.

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LE RÉVEIL VOS DROITS

Gratuité des transports tierce personne : Gratuité sur tous les réseaux franciliens pour le titulaire de la carte et accompagnateur • Carte ONAC Double barre rouge Taux d’invalidité supérieure ou égal à 85 % et 60 % avec le statut de mutilé de guerre : Gratuité sur tous les réseaux franciliens pour le titulaire de la carte et accompagnateur • Carte ONAC Simple barre rouge Taux d’invalidité supérieure ou égalà 50 % : Gratuité sur tous les réseaux franciliens pour les titulaires de la carte Outre le pass-navigo améthyste, des lecteurs nous ont interrogés quant à la gratuité des transports pour les anciens combattants et Victimes de Guerre. Ils trouveront ci-dessous les précisions demandées : • Invalides de guerre

➢ Franciliens • Carte ONAC Double barre bleue invalidité nécessitant la présence d’une

• Carte ONAC Simple barre bleue Taux d’invalidité de 25 % à 45 % : Réduction de 50 % sur tous les réseaux franciliens pour le titulaire de la carte.

➢ Non franciliens • Carte ONAC Double barre bleue Invalidité nécessitant la présence d’une tierce personne : Réduction de 50 % sur le réseau RATP et de 75 % sur le réseau SNCF Transilien pour le titu

laire de la carte ; Réduction de 50 % sur le réseau RATP et de gratuité sur le réseau SNCF Transilien pour l’accompagnateur. • Carte ONAC Double barre rouge Taux d’invalidité supérieur ou égal à 85 % et 60 % avec le statut de mutilé de guerre : Réduction de 50 % sur le réseau RATP et de 75 % sur le réseau SNCF Transilien pour le titulaire de la carte et accompagnateur. • Carte ONAC Simple barre rouge Taux d’invalidité supérieur ou égal à 50 % : Réduction de 50 % sur le réseau RATP et de 75 % sur le réseau SNCF Transilien pour le titulaire de la carte. • Carte ONAC Simple barre bleue Taux d’invalidité de 25 % à 45 % : Réduction de 50 % sur les réseaux RATP et SNCF Transilien pour le titulaire de la carte.

Pensionnés militaires d’invalidité Ceci peut et doit vous intéresser… Aux termes de l’article 775 bis du CGI, sont déductibles de l’actif successoral, les rentes et indemnités versées ou dues au défunt en réparation de dommages corporels liés à un accident ou à une maladie. Le bulletin officiel des finances publiques du 19 juin 2018 précise dans son paragraphe 205 : « les pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre, versées par l’Etat à titre de dédommagement, en réparation de dommages corporels par suite d’événements de guerre ou d’accidents éprouvés par le fait ou à l’occasion du service, sont admises en déduction au passif successoral à la condition que les sommes versées revêtent un caractère indemnitaire… » Avant de porter l’information par voie 24 - LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020

de ce journal, nous avons souhaité que nous soit confirmé que les sommes attribuées au titre des pensions militaires d’invalidité pouvaient, elles aussi, être considérées comme revêtant un caractère de réparation des dommages corporels ayant résulté d’une blessure ou d’un accident subi, une maladie contractée à l’occasion ou par le fait du service. Nous avons donc interrogé Mme Darrieussecq, secrétaire d’Etat auprès de Mme Parly, ministre des Armées, et notre correspondance a été transmise pour avis fiscal à la Direction Générale des Finances Publiques, qui a confirmé que les sommes allouées au titre des PMVG étaient déductibles de l’actif successoral, en application de l’article 775 Bis du Code Général des Impôts

pour le calcul des droits de mutation à titre gratuit. Pour résumer : si vous êtes pensionné à titre militaire d’invalidité, les sommes que vous avez perçues depuis l’origine de votre pension seront déductibles de votre actif successoral. Cette déduction est limitée au montant nominal de la pension, à l’exclusion d’une actualisation ou valorisation. Les sommes portées en déduction doivent être justifiées. Ainsi, soit vous détenez depuis l’origine les différents bulletins de paiement de vos mensualités, soit vous devrez solliciter auprès du centre de gestion des retraites dont vous dépendez, un état complet des sommes perçues depuis l’origine. Vous pourrez alors soit transmettre le


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL détail qui vous sera fourni, soit transmettre les bulletins de paiement justificatifs au notaire qui sera chargé de votre succession, soit les remettre à vos héritiers. Nous vous conseillons de le faire auprès d’un notaire afin d’évi-

ter tout litige lors de la liquidation de votre succession. NB : si vous n’avez pas capitalisé (mis en placement) les sommes perçues, cela n’est pas un critère d’exclusion du dispositif.

Ainsi, ce traitement fiscal permet de bénéficier de l’exonération indépendamment de l’utilisation ayant pu être faite des sommes perçues au titre de la PMVG. L’Ancien d’Algérie – Février 2020

Quand l’ARAC intervient : Régis Saphores, Secrétaire National et Président de l’ARAC 33, Jean Ardiley, Président de l’ARAC Pessac, ont écrit au Président du Conseil Régional de a Nouvelle Aquitaine Le Président de la Région répond :

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Bourbon-l’Archambault (03)

Rennes (35)

La section ARAC de Bourbon l’Archambault a tenu son assemblée générale sous la présidence d’Arsène VIRMOUX, qui a tenu à rendre hommage à son prédécesseur Marc Juge décédé le 11 février 2019. Le président a abordé le mouvement social sans précédent qui se déroule depuis le 5 décembre face à l’attaque gouvernementale contre la retraite par répartition acquis du programme du Conseil National de la Résistance (CNR). « L’ARAC est solidaire des organisations syndicales qui luttent contre le projet de retraites à points » a-t-il déclaré. Christian BERTRAND, secrétaire départemental, a donné des infos sur les récents communiqués émanant du siège sur la trésorerie mais aussi sur la situation internationale. En fin de séance, la section a eu le plaisir d’enregistrer une adhésion celle de son nouveau porte-drapeau.

Avec l’expo ARAC “75 ans. Ils ont vaincu la barbarie nazie”

Sud-Finistère (29) L’Assemblée Générale de la section de L’A.R.A.C du Sud FINISTERE s’est tenue à PONT L’ABBE, après un moment de silence en mémoire du doyen (100 ans) de notre section Maurice LIEBOT de DOUARNENEZ qui a eu un parcours atypique du fait d’une déportation par les japonais pendant la guerre 39-45 et la présentation du rapport moral et d’activité retraçant les différentes participations aux actions et manifestations en particulier la journée PAIX et CLIMAT du 21 septembre 2019 à QUIMPER les débats ont portés sur les conflits dans le monde en particulier en SYRIE et au SAHEL. La réunion s’est terminée par un pot amical et fraternel.

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A nouveau, cette année l’ARAC 35 participait à la Fête populaire de l’Avenir avec les associations invitées, dans les espaces du centre Carrefour 18, quartier Le Blosne. Pour la première fois, notre nouvelle exposition nationale sur la Résistance et la victoire contre le nazisme était présentée à un public rennais. Une présentation vidéo complétait les quatre panneaux exposés et facilitait l’échange. Jeunes ou témoins de ces dramatiques années « 40 » ont regardé avec intérêt et parfois émotion ces images. De plus, on y découvrait des noms ou visages de rennais à cette période (Brossier, Charles Tillon, Geneviève De Gaulle-Antonioz, Fernand Jacq…). Les noms d’amis locaux résistants, déportés disparus ces dernières années ont été aussi fréquemment rappelés. Distribution de tracts ARAC sur le « 19 mars », sur la réforme des retraites, présentation des cartes des Etats Généraux de la Paix vers de nouveaux signataires, les situations et actions d’aujourd’hui complétaient le regard sur l’histoire et la mémoire d’hier.

Saint-Martin-du-Var (06) Janvier 2020 – L’ARAC de St-Martin-du-Var a tenu une très belle assemblée générale malgré de nombreux excusés pour cause de santé. Madame Chantal Pipart, Présidente Départementale et membre du bureau national a présidé cet après-midi de débats. Le trésorier départemental était également présent. Un grand nombre de cartes a été renouvelé à cette occasion, d’autres restent à venir. Après avoir débattu de l’ordre du jour le Président sortant a rappelé nos devoirs de Mémoire, insisté sur nos droits car le compte n’y est pas. Un programme d’action a été mis en place. Présence de notre drapeau aux Commémorations, l’importance doit être accordée au 19 Mars, signatures des Accords d’Evian. Le bureau a été reconduit à l’unanimité. Un apéritif a clôturé cette assemblée. BONNE ANNEE à tous, guerre à la guerre, résistons, Camarades. Le Président Alain Schiazza


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Epinal (88)

Soues (65)

Le 25 janvier, une initiative co-organisée par l’ARAC et le Mouvement de la Paix s’est déroulée devant le marché d’Epinal avec l’objectif de dire : « Non à la guerre ». Au Moyen-Orient ou ailleurs. Les menaces contre l’Iran proférées par Donald Trump, le président des Etats-Unis, font partie des combats, pacifiques évidemment, menés par les deux associations. Pour Pierre-Olivier Poyard – Président de l’ARAC des Vosges – « la guerre n’est pas une réponse et ne le sera jamais ».

Comme chaque année, les adhérents accompagnés de leurs amis et famille se sont retrouvés autour de la traditionnelle galette des rois pour un bon moment de convivialité. C’est Patrick Souyeux, président de l’ARAC départemental qui a présenté ses vœux à l’assemblée et a remercié les membres et leurs familles d’être venus si nombreux.

Marseille - 13 Loire-Atlantique (44) Le « Comité Départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant de Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure », avec la participation de l’ARAC de Sainte-Luce, a organisé, le 15 février 2020, une journée commémorative des fusillades des Résistants FTP Nantais et rezéens. D’abord au monument du Bêle à 11 h avec une évocation artistique des comédiennes Merceron et Ritz. Ensuite à Sainte Luce à 14 h 30 en mémoire des résistants Renée LOSQ déportée et de son mari Jean, fusillé le 13 février 1943. Un dépôt de gerbe par l’ARAC, et des fleurs par la famille, le Maire de Sainte-Luce et l’ARAC ont pris la parole. Pour l’ARAC, Mme BADAUD a tracé, dans un texte émouvant, la vie des époux LOSQ, le Maire a rendu un vibrant hommage. L’ARAC de Sainte-Luce accompagnée par les enfants, petits-enfants membres de la famille LOSQ, sans oublier son porte-drapeau, Cyrille, le petit-fils de Renée et Jean. Le dimanche 16 février, à La Chapelle Basse-Mer, l’ARAC de Sainte-Luce et de son porte-drapeau, hommage a été rendu aux résistants espagnols de la guerre d’Espagne morts pour la France en combattant le nazisme. « Plus jamais ça ! », tel était le message de Renée lors de ses nombreux échanges avec les enfants et jeunes dans les écoles. Puissions-nous ne jamais l’oublier et tout faire pour la PAIX.

L’ARAC a été sollicité pour rencontrer une classe de 29 élèves en compagnie d’un collectionneur habillé en poilu, de Patrick Saintenoy Président Départemental 13, de Paul Roubin Président ARAC de Saint-Marcel. Nous avons passé des petits documentaires sur le conflit, exposition de matériel et réponses aux nombreuses questions. A souligner la grande écoute des élèves, des questions qui ont démontré que le sujet avait été bien travaillé. Merci à l’instituteur M. David Zetoun, à la direction de l’école et bonne chance pour le concours. Quand à la mémoire l’ARAC sera toujours présente.

Vitrolles – (13) Le 11 Novembre 2019 a revêtu un caractère particulier avec l’inauguration d’un rond-point Henri Barbusse. C’est après de longues démarches de la section de l’ARAC qu’a été dévoilée une plaque rendant ainsi hommage à notre président fondateur.

Vitrolles plaque Henri Barbusse.

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Un peu d’histoire pour la Vérité 1946, du Travail et de la Sécurité Sociale de janvier au 4 mai 1947, a été le bâtisseur de cet exceptionnel conquis social. Surnommé le « Ministre des travailleurs mais aussi « le Père de la Sécurité Sociale », son nom reste attaché aux grandes lois relatives au régime général de cette Sécurité Sociale.

Monsieur le ministre de la Santé Olivier Véran, en évoquant la Naissance de la Sécurité Sociale « fondée par Pierre Laroque », c’est une conception trop réductrice d’une grande institution particulière à la France qui nous est enviée dans le monde par son esprit social. Il est clair qu’Ambroise Croizat, Ministre du travail du Général de Gaulle et après de Novembre 1945 à janvier

En effet depuis sa libération des prisons allemandes en 1943, Il entre en résistance et dans un pays occupé, au sein d’une commission il travaille à l’édification de cette structure qui sera un des fleurons du programme du Conseil de la Résistance « Les jours heureux », contribuant à la reconstruction de la Souveraineté de la France après la libération du joug allemand et le rétablissement de République. Sa volonté était « d’en finir avec la souffrance, l’indignité et l’exclusion ». Il est vrai qu’Alexandre Parodi (Ministre du Travail avant Ambroise Croizat) et Pierre Laroque (fonctionnaire d’Ambroise Croizat et nommé directeur de la Sécu) ont contribué à l’élaboration de cette loi, D’ailleurs en 1947 Pierre Laroque disait « En

quelques mots et malgré les oppositions a été bâtie cette énorme structure, la Sécurité Sociale, il faut dire l’appui irremplaçable d’Ambroise Croizat, l’héritage laissé par lui aux français est immense ». La tradition française est que lorsqu’on parle d’une loi on lui donne le nom du ministre concerné : ex : la loi sur l’avortement est appelée la loi Simone Veil. Aujourd’hui, les droits des salariés et des travailleurs sont violemment remis en cause par le gouvernement, or ils sont inaliénables. Toucher à l’un c’est toucher aux autres, leur histoire est commune. Soyons tous des « Ambroise Croizat » et disons comme lui devant l’Assemblée Nationale en 1950 : « Jamais nous ne tolérerons que soit renié un seul des avantages de la Sécurité Sociale. Nous défendrons à en mourir, avec la dernière énergie cette loi humaine et de progrès ». Le moment présent marque l’actualité de cette pensée. Liliane Rehby Secrétaire National de l’ARAC

Jean FERRAT : 10 ans déjà ! Le 13 mars, cela a fait 10 ans que Jean FERRAT nous a quittés. Cette disparition avait suscité tant d’émotion dans le monde de la chanson mais aussi dans tout le pays, cela malgré qu’il ait quitté la scène dès 1972. Son public ne l’a jamais oublié, il lui est toujours resté fidèlement attaché. Si l’on devait définir le chanteur-poète par quelques mots, on pourrait écrire : droiture, honnêteté, générosité, fidélité, simplicité, humanisme. Jean FERRAT était un homme debout, qui n’a jamais dévié, toujours fidèle à ses convictions et ses idéaux, c’était une conscience qui incarnait la difficile synthèse entre la réalité et l’idéal. Jean FERRAT a su si bien chanter avec beaucoup de pudeur l’amour et la ten28 - LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020

dresse, la place de l’homme dans la société, les mouvements sociaux et le monde du travail avec ses joies et ses peines ; Jean FERRAT était la voix des « vrais gens », des plus humbles. Il avait pris conscience de l’écologie avant l’heure ; et puis cette relation si forte avec l’histoire, ses tragédies, ses luttes, ses espoirs, fustigeant toutes les injustices et les fanatismes de tous ordres. Jean FERRAT, ce fut le défenseur tenace de la chanson française, des beaux textes face à l’invasion médiatique de la musique anglo-saxonne. Enfin il y eut ce magnifique mariage entre poésie et chanson, 32 poèmes d’ARAGON mis en musique, une harmonie parfaite entre parole et musique, accessible à un large public populaire,

par sa voix il a fait descendre la poésie dans la rue, tout cela chanté avec cette voix si chaleureuse à la tessiture parfaite. Jean FERRAT nous a légué une œuvre immense aux multiples facettes, elle résiste à la redoutable épreuve du temps ! Non, Jean FERRAT ne chantait pas pour passer le temps ! Pierre Pruneta


Continuons à être solidaires de l’ARAC et de son journal, le Réveil des Combattants, pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix. Depuis 1917, l’ARAC créée par H. Barbusse, P. Vaillant-Couturier, G. Bruyère et R. Lefebvre continue sans relâche à défendre les valeurs de la République, à se battre contre l’extrême droite, à préserver la souveraineté de la France, à s’attaquer aux causes des guerres. Déjà nous sommes, comités, adhérents, amis, nombreux à avoir décidé de préserver l’ARAC et son journal. Dans le contexte actuel où l’expression démocratique se trouve confinée, il est urgent de continuer ensemble cette souscription.

LISTE SOUSCRIPTION – MARS 2020 (01) M. MORTIER RAYMOND : 20 – (03) MME BONNET MARIE JEANNE : 200 – (06) M. ABDALLAH JACQUES : 20 – M. DE ROEF EMILE : 50 – M. PESCE LUDOVIC : 50 – M. SALIS ALEX : 50 – (07) SECTION LOCALE DU PONT DE L’ARC : 200 – (10) M. JARRET PIERRE : 50 – (11) M. PERRIN JEAN-JACQUES : 100 – M. PUECH PIERRE : 10 – (13) M. AZAM JACQUES : 100 – M. CAPOBIANCO ROBERT : 20 – M. FABRE LOUIS : 15 – M. GOUTORBE JACQUES : 20 – M. DESCHAMPS JACQUES : 12X5€ = 60 – (17) M. VIGOUROUX BERNARD : 50 – (20) MME CASSETARI LAURE : 50 – (21) M. IANELLI JEAN : 100 – (26) M. JULLIAN CLAUDE : 30 – (33) M. FAVEREAU J.-L. : 20 – (34) MME VAN MAELSAEKE ANNETTE : 10 – (34) M. DONON ANDRE : 50 – (34) M. PAUZES RENE : 50 – (35) M. MARMEYS CHRISTIAN : 30 – (36) M. CHEVASSUS BERNARD : 100 – (42) ARAC 42 : 40 – (47) M. CHANTRE JACQUES : 80 – (51) M. MASSART JEAN LUC : 30 – (51) M. RAGOUILLIAUX BERNARD : 20 – (54) M. MIMANT PHILIPPE : 200 – (66) MME SEVENS YVONNE : 25 – (69) M. AMADEO DEL POSTAL : 100 – M. ESTEVE FRANCOIS : 20 – (71) MME MARSOT GISELE : 10 – (72) M. LETHIELLEUX GASTON : 50 – M. PETIT GUY : 100 – (73) M. AULAZ RAYMOND : 20 – M. JUPIN GERARD : 30 – (77) M. BOUTEILLE ANDRE : 20 – (83) M. BUONO RENE : 20 – (83) M. CEZE HENRI : 100 – (91) M. COUDERC : 20 – M. SIMONIN ROBERT : 30 – SECTION LOCALE DE BRETIGNY : 100 – SECTION LOCALE DE GIF/YVETTE : 150 – (92) MME MALTRET JOSETTE : 30 – M. CANACOS GEORGES : 120 – (93) M. CHAPUT MICHEL : 20 – M. MULLER JEAN : 20 – (95) MME ROLLIN ROSETTE : 50 – (97) M. SAVIGNY PIERRE : 80.

Puy-de-Dôme (63) Lors de la cérémonie de 2019 à l’occasion de la libération de Riom (63), notre ami et camarade Georges Favard, combattant volontaire de la résistance et ancien dirigeant départemental a rappelé : « Le peuple de France a payé cher, très cher, cette lutte pour la liberté et les patriotes riomois prient une part non négligeable à ce combat, ainsi qu’en témoigne le long martyrologue de tous ceux qui sont tombés et dont il est bien aujourd’hui utile de rappeler quelques noms : Marinette MENUT, les époux VIRLOGEUX, le commandant MADELINE, Félix PEROL, Albert EVAUX, Mme et M. Maxime JARLES, Père d’Yves JARLES, le jeune héros de l’opération de la maison d’arrêt, Pierre Cailhe. Certains peuvent s’étonner que 75 ans après la libération, nous en soyons encore à rappeler l’idéal pour lequel

nos camarades ont donné leur vie. C’est un jeune martyr de la résistance Guy Moquet, fusillé en 1942 à l’âge de 17 ans, qui lançait un pathétique appel à ses camarades de combat : « Vous qui restez, soyez dignes de nous qui allons mourir ». Cet appel ne nous quitte pas, et notre fidélité à la résistance prend acuité toute particulière à l’instant où les tentatives de réhabilitation du nazisme se font pressantes. En évoquant le sacrifice de nos martyrs au début, en y joignant le souvenir de tous ceux tombés, avec ou sans uniformes, aujourd’hui 75 ans après la libération, nous avons voulu avec mes camarades que se retrouvent côte à côte les anciens combattants et victimes de guerre de toutes les générations, de toutes opinions et croyances, conscients des immenses changements qui ont bouleversé le monde.

Nous avons voulu affirmer le rôle civique du mouvement ancien combattant comme une composante indispensable de notre société. Nous ne voulons pas que les générations qui arrivent, connaissent les privations, les deuils, les tortures, les holocaustes que nous avons connu, vécus après jour, durant 4 ans. C’est tout le sens que nous donnons à cette cérémonie. LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020 - 29


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

L’ARAC sur les réseaux sociaux la page Facebook : ARAC National le site internet : http://www.arac-nationale.fr/ qui regroupe tous nos réseaux sociaux (blog du Réveil, site internet du Réveil, page Facebook, …)

Décès de René Visse : La perte d’un militant et d’un élu proche des gens L’annonce du décès de René Visse a engendré une forte émotion dans la population ardennaise. Homme de dialogue, il était un ardent défenseur du progrès social. Avant de devenir un élu, René exerça aux PTT comme monteur de ligne. René Visse, fils d’un déporté pour faits de Résistance, entreprit un combat pour que le Général SS Karl Molinari, le bourreau du maquis des Manises, fut jugé en Allemagne où il menait une paisible retraite. René Visse adhéra à la CGT, puis au Parti Communiste en 1956. En 1962, il devint membre du Bureau de la Fédération CGT Postale.

Conseiller Général de Monthermé, député communiste des Ardennes de 1978 à 1981, puis conseiller régional jusqu’en 2004, il fut un défenseur acharné de la cause ouvrière. Révolté par la poussée conjointe du chômage et de l’extrême droite, René souffrait de voir « La Vallée Rouge » se détacher électoralement du Parti Communiste. Homme de conviction, amoureux des Ardennes et de son histoire, il s’était investi au début des années 2010 dans la sauvegarde de la friche Val Thomé, pour éviter la destruction de l’ancienne usine et sauvegarder la mémoire ouvrière qu’elle représentait.

René Visse fut un dirigeant de l’ARAC des Ardennes. Ces dernières années, il fut Président d’Honneur de l’ARAC des Ardennes. Dans ces circonstances douloureuses, nous présentons nos plus sincères condoléances à Viviane – son épouse – et à ses deux filles.

NOS PEINES MARS 2020 ■ 06 – ALPES MARITIMES Villefranche sur Mer : Robert GATTO.

■ 13 – BOUCHES DU RHONE La Bedoule : Jean ARGHITTU, AC ATM. La Fare les Oliviers : Pascal ODINA, AC ATM. St Marcel : Paul BARTOLI, AC 39-45. Vellutini-St-Just : Antoine CHENORIO, AC ATM Isolés : Max DAUPHIN, AC ATM. Jean-Michel SAGOURDY, AC ATM.

■ 17 – CHARENTE-MARITIME La Rochelle : Jacques LEFAURE, 99 ans, Résistant, Déporté. Mme Micheline COURILLAUD, 82 ans, Secrétaire départementale. André RENAUD, 84 ans, AC ATM.

■ 24 - DORDOGNE Périgueux : André RIGAL, AC 39-45

■ 33 – GIRONDE Pessac : Jean CHEREAU.

30 - LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020

St Yzan de Soudiac : Paul VIGNAUD, 78 ans, AC ATM. Pierre VINCENT, 79 ans, AC ATM. ■ 34 - HERAULT Sète : Mme Suzanne HOULES, 95 ans. Résistante dès l’âge de 17 ans, Président d’honneur de la section. ■ 38 - ISERE Isolés : Robert ANTONELI. ■ 42 - LOIRE Roanne : Robert BUCHET ■ 57 – MOSELLE Villerupt : Jean DARADA. Emile PERAZI. Bernard SALVI. Marcel VANDEWALLE. EAntoine VISCONTI. ■ 65 – HAUTES-PYRENEES Soues : Pierre NOURRY, 94 ans, AC ATM, Médaille Militaire, Chevalier de l’Ordre National du Mérite. ■ 63 – PUY DE DOME

Riom : Jean-Louis FORMENT ■ 78 – YVELINES Trappes : Michel SAIGET, AC ATM. ■ 83 – VAR St Raphaël : Mme Gilberte BRULEFERT. ■ 84 – VAUCLUSE Cavaillon : Gilbert MEFFRE, AC 39-45 ■ 91 - ESSONNE Saulx les Chartreux : Georges LELOUCHE, 80 ans, AC ATM. ■ 92 – HAUTS DE SEINE Malakoff : Raymonde GOMILA Sceaux : Mme Janine PERRAULT ■ 93 – SEINE ST DENIS Clichy sous Bois : Claude DESSERY Montreuil : Lucien STOREZ, AC ATM Neuilly sur Marne : Jean GOURBEYRE


VIE DE L'ARAC LE RÉVEIL

Francis Hellio

Si les cent ans de Francis, notre doyen de l’ARAC de Seine Saint Denis n’ont plus tellement bons pieds, ils gardent toujours un oeil pétillant et malicieux, un coeur d’or et une camaraderie extraordinaire. C’est ainsi que le président de l’ARAC de Sevran, Claude Niles, a présenté au nombreux public présent notre ami Francis Hellio, soulignant sa simplicité et sa disposition permanente à rendre service à toute occasion. Monsieur Stéphane Blanchet, maire de Se-

vran, à partir d’une expérience personnelle, se plut à rappeler comment Francis, lorsqu’il avait un projet concernant le monde combattant ne cessait de s’adresser à lui jusqu’à obtenir satisfaction. Monsieur Raphaël Vahé, président National de l’ARAC, présenta les motifs de cette cérémonie en hommage à Francis et remercia monsieur le Maire de Sevran d’avoir mis à disposition une salle municipale pour cet hommage. La célébration du centenaire de Francis fut l’occasion de lui remettre la médaille d’Or de l’Office Républicain des Mérites civiques, civils et militaires dont l’historique et la devise furent expliqués par Pierre Gilbert, président départemental de l’ARAC de Seine Saint-Denis. La médaille lui fut re-

mise par monsieur Vahé, président de l’ORMC. Dans son intervention Francis, tout simplement, rappela son parcours de militant citoyen et de responsable de la section ARAC de Sevran.

ARAC Pas-de-Calais Le 18 février 1942, le jeune résistant communiste Eusébio Ferrari tombait sous les balles de la police française, payant ainsi de sa vie son engagement contre l’occupation nazie et ses complices de Vichy. Eusébio Ferrari, engagé dès 1940 contre l’occupant fasciste, et les jeunes résistants sont morts pour que la France soit libre et souveraine. Comme chaque année, un hommage a été rendu à toute la jeunesse résistante du Nord - Pas de Calais à la stèle de la Bleuse Borne à Anzin.

« Les enfants de Térézin et le monstre à Moustache » Anne Hidalgo maire de Paris et son adjointe Catherine Vieu-Charier ont invité l’ARAC à la projection du film documentaire « les enfants de Térézin et le monstre à moustache » réalisé par Henriette Chardak (journaliste et écrivaine), produit par Les artisans du film. Le 30 janvier 2020, date anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz Birkenau par les russes, plusieurs lycées et collèges de la région parisienne et leurs équipes enseignantes ont visionné le documentaire en présence d’invités dont l’ARAC représentée par Liliane Rehby Secrétaire Nationale, dans les salons de l’Hôtel de ville pour le visionner. En 1940 à Theresienstadt cette ville de garnison a été transformée en camp de concentration, de transit et de ghetto juif. Beaucoup d’artistes ont été emprisonnés, de personnes célèbres, décorées mutilés de la première guerre mondiale,

principalement des juifs de Tchécoslovaquie, d’Allemagne et d’Autriche, beaucoup d’enfants juifs (150 000). On y mourrait beaucoup de privation, de malnutrition, du Typhus. Camp de transit, les déportés étaient conduits vers les camps d’extermination 144 000 personnes ont été déportées à Térézin, 19 000 ont survécu. Ce film réalisé par Henriette Chardak retrace la vie de ce camp. Les enfants du coeur ont joué un opéra de Hans Krasa : Brundibar, pour des cadres nazis et la Croix Rouge visitant régulièrement la population déportée. Une petite fille de 11 ans Ela Stein Weiss berger est l’une des rares rescapés, elle jouait le chat, cet animal rebelle s’attaquant au monstre à moustache dans l’espoir de gagner la guerre. Toute sa vie elle a témoigné et d’une poignante façon elle a redonné la parole aux enfants qui ont vécu avec courage cet enfermement. Dès les visiteurs partis, les enfants étaient envoyés en camps d’extermination dans le cadre de la solution finale. 150 000 à l’arrivée, ces petits êtres innocents n’étaient plus qu’une centaine à la libération des camps. Ils ont laissé à Térézin 4500, journaux, poèmes… La projection terminée un débat plein d’émotion s’est engagé entre la salle, enseignants, élèves et l’équipe du film notamment. LE RÉVEIL - N° 862 - MARS-AVRIL 2020 - 31


Hommage à Pierre Sémard Extraits de l’intervention de Serge Taupin, Cheminots CGT, Paris Sud-Est : Condamné le 6 avril 1940, son exécution le 7 mars 1942, suscita une émotion et une réprobation qui firent de Pierre Sémard une figure de la lutte des cheminots pour l’indépendance nationale. Rendre hommage à Pierre Sémard n’a rien d’anodin dans un contexte aujourd’hui où gouvernement et patronat poursuivent une grande offensive contre les acquis sociaux

issus du Conseil National de la Résistance. C’est son combat qui permit après la première grève de 1920 partie de Villeneuve-Saint-Georges de déclencher une deuxième grève à l’automne et qui donnera naissance aux statuts commun aux cheminots des différentes compagnies privées et qui, réunifiées donneront naissance à la Société Nationale des Chemins de Fer Français par décret

en aout 1937. Pierre Sémard en sera un des premiers administrateurs salariés. C’est ce service public, que le gouvernement MACRON/PHILIPPE a aujourd’hui cassé en instituant 3 Sociétés Anonymes et en décrétant la fin du statut des cheminots pour mieux ouvrir l’entreprise à la concurrence. Sa mémoire et son courage sont à conjuguer au présent.

Commémoration de l’assassinat de Pierre Sémard, samedi 7 mars 2020 à Bonneuil-Valenton (94) L’ARAC nationale et du Val de Marne était présente avec B. Contant, secrétaire nationale et P. Staat, secrétaire Général qui ont déposé la gerbe en présence de M. Denis Oztorun, maire-adjoint de Bonneuil et Françoise Labat, maire-adjointe de Valenton. Extraits de l’allocution de Françoise Labat, maire-adjointe de Valenton : « Il y a 78 ans, Pierre Sémard, après 3 ans d’emprisonnement, était livré comme otage par la police de Vichy aux nazis. Le même jour, il était fusillé. Les monstres venaient d’anéantir un symbole, un ferment d’une résistance de fer. Tout du moins, le croyaient-ils. Il en était intimement convaincu comme en témoignent ses derniers mots du rôle des cheminots à la libération : « je meurs avec la certitude de la libération de la France ? Dites à mes amis cheminots que ma dernière volonté est qu’ils ne fassent rien qui puisse aider les nazis. Les cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront,

j’en suis convaincu. Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà vaincus et que la France saura poursuivre le bon combat. » La deuxième guerre mondiale a coûté la vie à 8938 cheminot, près de 16.000 ont été blessés. 809 fusillés, 1157 morts en déportation pour faits de résistance. Aujourd’hui, saluer des travailleurs qui ont donné volontairement leur vie pour les idées de liberté, de démocratie, d’émancipation reprennent vigueur et soient affirmées comme socle de notre société, n’est pas d’odeur de sainteté. Saluer Pierre Sémard revient à sa-

luer la modernité de son combat et des valeurs qui l’ont construit. Pierre Sémard aurait certainement dit que le combat pour l’intérêt général n’est pas terminé, que les mobilisations doivent s’étendre et gagner, comme cela se produit, toutes les consciences, une à une. Il nous rappellerait que la Sécurité Sociale est le liant de la solidarité. Le 10 mars 1945 au Père Lachaise, une foule immense défile devant la sépulture du dirigeant syndical et communiste, située près des tombes de Paul Vaillant-Couturier et de Henri Barbusse.


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