Supplément salon de l'agriculture 2012

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PYRENEES

» 16 pages spéciales

EVENEMENT SUPPLEMENT AUX JOURNAUX LA RÉPUBLIQUE DES PYRÉENES ET L’ÉCLAIR DES PYRÉNÉES DU JEUDI 23 FÉVRIER 2012

SALON

CH. PÈES ET C. CHAMARD

Les ambassadeurs basco-béarnais montent à Paris

Regards croisés sur les enjeux de l’agriculture en 2050

PAGES III, XIV-XV

PAGES XII ET XIII

© NICOLAS SABATHIER, MARC ZIRNHELD ET JEAN-PHILIPPE GIONNET

L’agriculture richesse du 64

Les nouveaux horizons de la ruralité Les coopératives comme des moteurs Ils innovent, inventent, résistent...


II | Agriculture - Savoir-faire EDITO La tête haute « Il se dégage de ce territoire plus de force que chez les agriculteurs des départements voisins ». En affirmant cela dans l’entretien qu’il nous a accordé pour ce supplément spécial, Jean-Michel Anxolabéhère, le président de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques exprime une fierté paysanne et une confiance raisonnée dans le devenir agricole du 64. Une fierté et une confiance qui reposent sur le dynamisme des femmes et des hommes qui font l’agriculture du département et leur savoir-faire. Occupant 56 % du territoire départemental et employant près de 40 000 personnes, l’agriculture du Béarn et du Pays Basque conserve la tête haute. Attachés à leur terre avec autant de passion que de discernement, les agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques ont multiplié les initiatives pour adapter leurs pratiques à l’évolution des marchés. Ils ont ainsi répondu aux nouveaux défis de la compétitivité internationale, des diverses demandes des consommateurs et des conditions de production. Des défis qui leur étaient lancés par une société en pleine mutation. Cette performance n’est pas négligeable, d’autant qu’ils n’ont pas transigé sur l’essentiel : le respect des paysages et des espaces, symboles de la richesse de notre département et superbe cadeau transmis génération après génération. Une attitude soulignée par le président du conseil général. Dans la politique agricole du 64 qu’il souhaite mener (lire page suivante), Georges Labazée fixe l’objectif : « Il s’agit de faciliter les productions agricoles de qualité et respectueuses de l’environnement », observe-t-il. En maintenant l’équilibre entre les différentes productions animales et végétales, en misant pour beaucoup sur les signes officiels de qualité, autrement dit les fameux labels et autres AOC, en favorisant l’installation de la nouvelle génération de paysans, l’agriculture basco-béarnaise a opté pour une démarche qui lui vaut aujourd’hui le respect des professionnels et celui de la population locale. Et le coup de chapeau que les visiteurs du Salon international de l’agriculture, à Paris (24 février-4 mars), ne manqueront pas d’adresser au monde agricole des PyrénéesAtlantiques. Ce n’est que justice. l JEAN MARZIOU

Supplément aux éditions du jeudi 23 février 2012 de l’Eclair et La République des Pyrénées. Directeur de la publication : Christophe Galichon. Rédacteur en chef:JeanMarziou. Editing et secrétariat de rédaction : Olivier Bonetti. Studio graphique de PyrénéesPresse. Impression : Imprimerie P.P.S.A. ZI Berlanne, 64160 Morlaàs.

JEUDI 23 FÉVRIER 2012

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Agriculture - Savoir-faire | III » INTERVIEW Jean-Michel Anxolabéhère

« Le salon de Paris crée une dynamique » Le président de la Chambre d’agriculture, Jean-Michel Anxolabéhère, conduira le 1er mars une délégation départementale au salon international de Paris.

J

ean-Michel Anxolabehere, qui est dans sa dernière année de mandat à la présidence de la Chambre départementale, balaie l’actualité agricole avant le grand rendez-vous annuel de Paris. Le salon parisien de l’agriculture reste-t-il incontournable ? « Oui. Il est important d’y être pour présenter le savoir-faire du département. Mais, au-delà de la seule promotion de l’agriculture, cela permet aussi aux visiteurs de découvrir, derrière, un territoire, une région qui peuvent devenir des destinations de vacances. D’où notre partenariat avec le comité du tourisme. Et puis, je crois aussi que le salon crée une forme d’émulation, de dynamique pouvant durer toute l’année. » Justement : les agriculteurs du 64 ont-ils le moral ? « Il se dégage de ce territoire plus de force que chez les agriculteurs des autres départements aquitains ou du massif. Est-ce de la fierté ? De l’orgueil ? Je ne sais pas, mais cela permet encore de fixer des femmes et des hommes. Bien sûr, le contexte économique est identique pour tous mais le cadre de vie y fait sûrement beaucoup. » Lors de la présentation des vœux, en janvier, vous disiez que le dossier des installations est « prioritaire »... «Il l’est et nous sommes en Aquitaine, comme sur tout le versant français des Pyrénées, le département qui installe le plus de jeunes. Chaque année, 110 à 140 d’entre eux bénéficient du dispositif d’aides, là où les Landes en sont à une quarantaine. Mais, même à ce niveau d’installations, on ne compense qu’un tiers des départs avec des situations parfois préoccupantes sur certains microterritoires, comme les coteaux. » La question du foncier agricole est aussi préoccupante ? « C’est un élément incontournable du développement. Et on commence à constater des réflexes de gestion patrimoniale. Ce phénomène de spéculation est un problème car l’agriculture a besoin d’espace. Par ailleurs, la taille des exploitations 30 hectares en moyenne - est insuffisante. Il est démagogique de dire qu’on peut vivre sur 10 hectares. »

Jean-Michel Anxolabéhère, président de la Chambre départementale d’agriculture. © JEAN-PHILIPPE GIONNET Vous aviez aussi employé le terme de « démagogie » à l’époque de « l’affaire Laborantzaganbara»(1). Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? « C’était comme un caillou dans la chaussure. Cette affaire a fait du mal car elle a généré de la pagaille sur le terrain, d’abord auprès de nos militants jusqu’à ce qu’ils identifient les limites de chaque structure en matière de légitimité. Il y a eu beaucoup de démagogie dans ce dossier et on y a plus perdu que gagné. Je crois qu’ilyaencoreunpeud’ambiguïté dans l’esprit des élus locaux. » Vous êtes dans votre dernière année de mandat. En 2012, serez-vous d’abord candidat à votre réélection ? « On a un an pour voir ça ! Et il n’est pas encore l’heure de dresser des bilans. Aujourd’hui, l’équipe est bien installée. Elle travaille dans l’intérêt général en voyant plus loin que la seule durée du mandat. »

Les discussions en cours sur la prochaine Politique agricole commune (PAC) de l’Europe vont-elles peser ? « Il est certain que la PAC peut avoir des effets très impactants sur le territoire. J’ai envie de croire en la sagesse de nos dirigeants pour que les prochains changements - l’aide aux céréaliers par exemple - restent très progressifs. La chambre départementale contribue à ces discussions au travers de réseaux, via les filières ou par exemple pour la politique montagne sur l’ensemble des massifs. L’argent de la PAC est très important car il faut savoir que les aides reçues par chaque exploitation sont très vite réinjectées dans l’économie locale. » l PROPOS RECUEILLIS PAR GÉRARD CAYRON (1) Cette association a été poursuivie en justice pour usage illicite de l’appellation « chambre d’agriculture ».

ZOOM

« Promouvoir la marque Sud-Ouest » C’est le jeudi 1er mars que les acteurs départementaux du monde agricole et des représentants du conseil général se rendront cette année au Salon international de Paris, mais dans un contexte cette fois un peu différent. Si le 1er mars sera bien une journée dédiée aux Pyrénées-Atlantiques, il n’en va plus tout à fait de même au niveau régional. L’Aquitaine et Midi-Pyrénées, autre grande région agricole, opèrent en effet un rapprochement, le pôle en cours de constitution visant à « promouvoir la marque Sud-Ouest » explique Jean-Michel Anxolabéhère. Denombreusesfilièresagricolessuiventdescircuitstransversauxavec,parfois, des centres de décision se trouvant autant à Bordeaux qu’à Toulouse. Organisation majoritaire, les fédérations départementales des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) suivent le même raisonnement. Et c’est d’ailleurs le Béarnais Henri Biès-Péré qui vient de prendre la tête de la nouvelle fédération régionale (FRSEA) regroupant les régions du Sud-Ouest.


JEUDI 23 FÉVRIER 2012

IV | Agriculture - Territoires

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Répondre aux besoins des néoruraux RURALITÉ Le conseil général qui soutient les agriculteurs, œuvre aussi pour la ruralité en général. Car la population en milieu rural est de plus en plus constituée de néoruraux, des gens qui quittent la ville pour s’installer à la campagne.

M

aintenir des agriculteurs en activité permet d’attirer des néoruraux qui font vivre l’agriculture. D’une part, les agriculteurs participent souvent à l’entretien des sentiers, et dans certains cas ils déneigent même les routes, comme cela s’est passé récemment. D’autre part, les néoruraux favorisent le maintien de services dans les communes (écoles, commerces…) et contribuent à l’existence des circuits courts agricoles (Amap, vente à la ferme…). Aussi, le conseil général soutient-il les uns et les autres.

« Les néoruraux, comme les citadins, veulent manger bio, préfèrent les circuits courts comme les Amap, et je pense que cela va permettre de sauvegarder la petite agriculture. » Michel Pastouret, vice-président du conseil général en charge de l’agriculture.

Le Département aide à l’installation de jeunes agriculteurs, un des points essentiels de sa politique. « Nous allons revoir les bonifications pour les jeunes s’inscrivant dans une production de qualité ou développant les circuits courts » précise Michel Pastouret, vice-président du conseil général en charge de l’agriculture, de l’agroalimentaire et du foncier, et maire de Bentayou-Sérée.

Mieux vivre ensemble Leconseilgénéralfinanceaussi une partie des mises aux normes

Les Amap (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) ont le vent en poupe. Elles permettent aux citadins comme aux néoruraux de se procurer des produits frais auprès des agriculteurs. © NICOLAS SABATHIER des bâtiments, non seulement pour être en règle avec la légalité, mais aussi dans le cadre du respect de l’environnement. « Les agriculteurs sont souvent qualifiés de pollueurs. Un des axes majeurs de la politique départementale en matière d’agriculture est la mise en place d’une convention Agriculture et environnement. » Cette convention développe quatre axes : l’eau (qualité et quantité), les déchets, l’énergie et la biodiversité. « Elle a pour but d’édicter des principes d’action pour diminuer

l’empreinte de l’agriculture sur l’environnement. Elle permettra d’aider les agriculteurs à réfléchir à leurs pratiques, mais également à réduire leurs factures, notamment énergétiques » assure l’élu. Ainsi, ils pourront revoir la façon de travailler les sols (privilégier le labour de surface pour éviter de fatiguer la terre) ou l’isolation de leurs bâtiments. Donner une image plus positivedel’agriculturepeutfaciliter le « vivre ensemble » entre agriculteurs et néoruraux. « Sans lesnéoruraux,lespetitescommu-

nes perdraient une grande partie de leur population, et cela engendrerait des problèmes économiques. Par exemple, sur ma commune de Bentayou-Sérée, seulement un tiers de la population est composé de vieilles familles » illustre Michel Pastouret.

Maintenir logements et commerces Sileconseilgénéralnesoutient pas directement ce choix de vie, il y participe en s’investissant, via les contrats communautaires (lire

ci-dessous). « Ce qui manque souvent aux nouveaux habitants des campagnes, ce sont des services de proximité », constate Michel Pastouret. Les communes, en partenariat avec le conseil général, mais hors contrat communautaire, essaient aussi de répondre aux besoins des habitants en milieu rural. Ainsi la communauté de communes de Lacq va mettre en place, à partir de mai, un système de transport à la demande. Elle favorise aussi le maintien des commerces de proximité via une opération collective de modernisation et le développement de l’habitat, notamment les logements à loyers modérés, même dans les plus petites communes.Pourcela,unsystème d’appelàprojetaétémisenplace, permettant de mutualiser les demandes pour favoriser l’intervention des bailleurs. « Par exemple, à Arthez, nous souhaitons développer 25 logements, et à Parbayse, seulement quatre. Le bailleur qui répondra à cet appel s’engagera sur les deux communes » ajoute Jean-Pierre Dubreuil, vice-président de la communauté de communes. L’avenir des campagnes telles qu’on les connaît aujourd’hui risque de changer. Mais Michel Pastouret est confiant : pour lui, l’agricultureaencoreunbelavenir grâce à la relocalisation de la consommation. « Les néoruraux, comme les citadins, veulent manger bio, préfèrent les circuits courts comme les Amap et je pense que cela va permettre de sauvegarder la petite agriculture » conclut l’élu. l KAREN JOUAULT

Doper les services publics pour des territoires plus attractifs LACQ Le territoire de la communauté de communes de Lacq, récemment modifié du fait de la fusion de quatre communautés de communes, a changé, mais le contrat communautaire de développement (CCD) profite à toutes les communes, même aux plus petites. Notamment dans le domaine de la culture. « La communauté de communes de Lacq avait, avant la signature du CCD, initié un réseau de bibliothèques sur le territoire. Cela a permis d’échanger des fonds, d’acheter des livres en commun, de mettre en place des animations » expliqueVéronique Otazu-Toulet, responsable du pôle animation du territoire. Aujourd’hui, le CCD permet d’accompagner ce réseau. « Avec le CCD, on peut vraiment mettre en place des animations de qualité dans les différentes bibliothè-

REPÈRES l Aides financières. Le contrat

ques du territoire, même les plus petites » ajoute-elle. Récemment, la bibliothèque de Biron a ainsi pu présenter un spectacle de contesetcomptinespourlestoutpetits.

Un territoire attractif De la même façon, le CCD a permis d’organiser le territoire en matière d’équipement en facilitant, par exemple, la création de pépinières d’entreprises, comme celle de Monein. « Le CCD intervient sur l’étude et la viabilisation des terrains. Cela représente un gros financement » précise JeanPierreDubreuil,vice-présidentde la communauté de communes, en charge des politiques contractuelles. En matière de petite enfance, le territoire compte un relais d’assistantes maternelles, mais les demandes de structures

Le contrat communautaire est un facteur d’attractivité, en permettant d’améliorer le cadre de vie par le développement de nouveaux services publics. © ARCHIVES CORINE MAYSOUNABE d’accueil collectif en milieu rural se multiplient. « Pour le moment, les crèches ne font pas partie des compétences de notre communauté de communes, mais une réflexion est en cours » explique

Jean-PierreDubreuil.Lacommunauté de communes cherche à développer l’attractivité de son territoire, et pour ce faire, elle met en place de nombreuses opérations. Avec ou sans CCD. l

communautaire de développement (CCD), signé entre le conseil général et une communauté de communes pour une durée de trois ans, permet auxcommunesdebénéficierdesaides financières et logistiques du Département pour des actions concernant quatredomaines :l’aideàlapersonne, le développement économique, l’habitatetlaculture.Leconseilgénéral soutient financièrement les opérations définies dans le cadre du CCD. l Le contrat communautaire de Lacq court jusqu’en juillet 2013, pourunmontantde28millionsd’euros, leconseilgénérals’engageantàhauteur de 1,7 million. Si le CCD ouvrait ses domainesd’action,lacommunautéde communes souhaiterait mettre en place d’autres actions visant, entre autres, la rénovation du petit patrimoine via des entreprises d’insertion ouencorel’aideauxpersonnesâgées.


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Agriculture - Territoires

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|V

QUESTIONS À Georges Labazée, président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques

La nouvelle politique agricole du 64 du conseil général des Pyrénées-Atlantiques assume une nouvelle orientation pour la politique agricole départementale.

I

ssu d’un territoire rural (Thèze), Georges Labazée cultive un intérêt particulier pour l’agriculture. Un an après son arrivée à la tête du conseilgénéral,ilveutfaireévoluer la politique du département. Comment qualifier la politique agricole du conseil général ? Il y a deux façons d’aborder le sujet. Celle de mes prédécesseurs consistant à répondre au calendrier annuel, en accompagnant des manifestations agricoles, comme « Ferme en ville », « Aquitanamia » ou « Bienvenue à la ferme. » Cela pouvait satisfaire la profession, mais étaitce une vraie politique agricole ? Je ne le crois pas. Nous avons choisi de définir des grands axes pour l’agriculture afin de les présenter à la profession.

C’est donc une rupture... Je n’appellerai pas cela une rupture mais plutôt un changement de méthodes. Nous avons identifié les secteurs dans lesquels nous voulons aller, et bâti un projet qui se traduit par une convention « agriculture et environnement » que nous proposons aux agriculteurs.Tout en tenant compte de la pluralité, avec la prise en compte de la montée du syndicat ELB (Euskal Herriko Laborantza Ganbara) qui organise le salon Lurrama, à Biarritz. Quel est l’esprit de cette convention ? Nous avons évidemment intégré la dimension environnementale. L’objectif est de faciliter les productions agricoles de qualité et respectueuses de l’environnement. Pour cela, nous travaillons sur quatre points : l’eau avec le soutien à l’Institution Adour, le problème des déchets, l’énergie avec l’encouragement des projets de méthanisation et la biodiversité. Mais l’ambition du département est

EN CHIFFRE

7 millions

Georges Labazée chez lui à Thèze. Le président du conseil général milite pour une convention « agriculture et environnement ». © JEAN-PHILIPPE GIONNET aussi d’aider à l’installation des jeunes agriculteurs, de soutenir l’investissement des Cuma. » Dans les dernières orientations budgétaires, vous insistez souvent sur le problème de l’eau. C’est une priorité. La gestion de l’eau dans ce secteur du bassin Adour-Garonne concerne notre département, mais aussi les

Landes, les Hautes-Pyrénées et le Gers. Elle a pour préfet coordonnateur le préfet des Landes. Or l’Etat se désengage de la gestion de l’Eau. Les chambres d’agriculture se sont positionnées mais nous avons écrit, avec les présidents des conseils généraux du Gers et des Hautes-Pyrénées, pour dire que nous souhaitions que l’Institution Adour obtienne la gestion de l’eau.

Dans ses orientations budgétaires 2012, le conseil général a prévu une enveloppede7millionspourl’agriculture dont 5,5 millions d’euros dédiés àl’installationdejeunesagriculteurs, au soutien des productions agricoles dequalitéetrespectueusesdel’environnement,delamodernisationdesoutils (Cuma) ou encore de l’agriculture de montagne. 1,5 million sera attribué à lafilièrehalieutique,représentéedans le 64 par les pêcheurs de St-Jean de Luz. Objectif, moderniser les outils. Et l’agriculture bio ? Nous souhaitons valoriser les circuits bio et court. Mais il faut assurer les débouchés pour permettre aux agriculteurs d’en vivre. Aussi ils répondent aux besoins d’approvisionnement des collèges, qui sont 49 dans le département.Nousnoussommes fixé une barre de 20 % en bio. » l PROPOS RECUEILLI PAR ERIC NORMAND

51575710-np

ENTRETIEN Le président


VI | Agriculture - Etat des lieux

Des exploitations d’élevage fragiles

D

ETAT DES LIEUX L’augmentation du coût des matières premières pèse lourdement sur les exploitations d’élevage, alors que les céréaliers se frottent les mains. Mais même pour eux, l’avenir reste incertain. LES PRODUCTIONS

Bovins viande Maintenir les primes

Bovins lait Un modèle à repenser

Ovins Un contexte laitier très tendu

Porcs Se rapprocher de l’excellence

Palmipèdes Toujours un temps d’avance

Chevaux lourds En pleine réorganisation

Maïs Vendre avec prudence

Légumes Développer des contrats

Viticulture Des vins de très bonne tenue

Sylviculture L’opportunité énergétique

ans un contexte de crise économique, de volatilité des cours et d’augmentation constante du coût des matières premières, certains tirent plutôt bien leur épingle du jeu, à l’image des filières foie gras et palmipèdes, de la viticulture, des cultures légumières et surtout des céréaliers. Cependant l’élevage reste particulièrement fragile, qu’il s’agisse du secteur laitier ou de la viande. Des changementsstructurels,laconquête de nouveaux marchés, sont autant de challenges qui se présentent aux agriculteurs du département. Outre

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un cadre difficile, l’arrivée prochaine de la nouvelle PAC et la mise aux normes des bâtiments constituent autant d’autres motifs d’inquiétude.

Pour une agriculture durable Certains parlent de modèles socio-économiques à rebâtir, d’autres, appuyés par la Chambre d’agriculture, s’engagent dans des productions en circuit court et vente directe afin de vivre décemment du fruit de leur travail. De nouvelles idées agro-environnementales (agroforesterie qui est une exploitation associant plantation d’arbres et

ETAT DES LIEUX 2011 LES COURS NE SONT PAS ENCORE AU NIVEAU ESPÉRÉ, en particulier en ce qui concerne le haut de gamme (pièces nobles ou labellisées) en blonde d’Aquitaine. La demande du consommateur reste faible. En revanche, les prix sont remontés pour les vaches de deuxième catégorie et les taurillons. Le cheptel n’a pas baissé, l’amélioration du nombre des naissances est significative, mais les charges restent lourdes. LA RÉMUNÉRATION DU LAIT était catastrophique après 2009. En 2011, l’heure a été à la hausse, soit 330 €/1000 l. Les exploitations sont cependant toujours très fragiles du fait de l’augmentation des intrants et des aliments. On compte 930 producteurs sur le département, nombre qui diminue chaque année de 5 à 7 %. Cette baisse s’explique aussi par le facteur démographique. Au final, le département a moins d’exploitations laitières, mais une capacité de production qui augmente. ENTRE INDUSTRIELS ET PRODUCTEURS, le contexte reste tendu, afin de savoir s’il faut plus ou moins de production. Les premiers souhaitent une collecte en direct et la mise en place de références laitières sur les seconds. Les négociations tournent autour d’un prix rémunérateur de 990 € les 1000 litres, avec 50 € supplémentaires pour les laits en AOC afin de s’adapter à l’augmentation des cours des matières premières. L’agneau des Pyrénées reste un produit qui se vend bien en fin d’année. EN AQUITAINE, SUR 404 ÉLEVAGES RÉFÉRENCÉS IGP Jambon de Bayonne, 52 % se trouvent dans les Pyrénées-Atlantiques. Les abattages présentent une stabilité par rapport à l’an passé (830 000 porcs sur la zone de l’interprofession aquitaine) et les entrées en salaison ont augmenté après plusieurs années de stagnation. Le maintien des volumes de production est dû aux démarches de qualité et aux actions professionnelles (fonds de garantie, insémination artificielle, état sanitaire). LA PRODUCTION DÉPARTEMENTALE DE FOIE GRAS enregistre un excellent bilan 2011. L’impact de l’augmentation du coût des matières premières n’a pas eu d’effet néfaste et les marges ont été maintenues. Un phénomène que l’on retrouve chez les éleveurs de volailles chez qui le professionnalisme permet de proposer des produits en osmose avec le marché. Les volumes sont intéressants et permettent d’envisager l’avenir sereinement. LA MUTUALISATION DES ÉLEVEURSd’Aspe,Ossau,BarétousetSouleesteffective.Après345ansd’histoire,lesharassedésengagentenmatièredechevauxlourds, d’où un problème d’étalonnage. Les producteurs ont décidé de prendre les choses en main avec pour but d’affiner un service échographique et de se rapprocher des vétérinaires. Commercialement, la filière s’articule, pour le moment, autour des circuits courts et de la vente directe. L’ANNÉE 2011 A ÉTÉ EXCELLENTE et se traduit par des records en ce qui concerne les prix rémunérateurs (près de 200 € la tonne). Le marché international demeure, quant à lui, d’une grande volatilité et, selon les responsables, les cours sont aussi prévisibles qu’une météo à 15 jours. Il faut être très prudent et, dès que les prix sont bons, engager une petite quantité sur le marché. Si on attend de vendre au plus fort, on peut avoir de la chance ou subir le contraire. NOTRE DÉPARTEMENT EST LE 2e PRODUCTEUR de maïs doux en Aquitaine après les Landes. La production est stable et a atteint une vitesse de croisière se situant, en Aquitaine, autour des 25 000 ha. Depuis les années 80, de solides partenariats ont été établis entre producteurs, industriels (Géant Vert, Bonduelle, Daucy) et coopératives. La production est très internationalisée. Les légumes verts sont plus liés à un marché franco-français à forte concurrence entre producteurs. JURANÇON, MADIRAN ET IROULÉGUY se portent bien même si les marchés sont plus tendus pour ce dernier. Les producteurs parviennent à faire passer leurs volumes et l’appellation Béarn se présente comme un complément aux gammes existantes. L’année 2011 a été remarquable en qualité. Toutes les productions bénéficient d’un gros potentiel rappelant l’exceptionnelle année 2009. Les rendements du jurançon ont été relevés par l’Inao (44 hl/ha). LES EFFETS DES TEMPÊTES Klaus, Martin et Xinthia s’estompent et le bois a finalement pu être écoulé. On redemande du chêne et du hêtre. Le bois énergie vient se greffer sur le bois d’œuvre et tout l’enjeu consiste à répondre à cette nouvelle demande sous forme de plaquettes ou copeaux. Le monde forestier (220 000 ha), public ou privé, s’organise en aval au sein d’une cellule interprofessionnelle.


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Agriculture - Etat des lieux | VII

L’élevage reste particulièrement fragile, qu’il s’agisse du secteur laitier ou de la viande. © ARCHIVES PP

LES FORCES

cultures) pointent le bout de leur nez pour une agriculture durable. Même certains signes de qualité tels que l’Identification géographique protégée (IGP) se retrouvent quelque peu galvaudés du fait de l’attribution de cette certification à des zones sans approvisionnement. Il convient alors, non pas de revoir sa copie, mais de se doter de nouveaux outils mettant en avant la typicité du terroir (AOC ou AOP). Les maïsiculteurs peuvent se considérer comme privilégiés au regard de la dernière campagne qui a atteint des records de production,

LES FAIBLESSES

notamment en non irrigué. Mais ces bons chiffres peuvent aussi se révéler être une arme à double tranchant. La tentation d’attendre de vendre, lorsque les cours sont au plus haut, peut s’avérer périlleuse. Gagnant un jour, mais pas toujours, tel semble être le constat de plusieurs responsables préconisant de mettre sur le marché certaines quantités de maïs lorsque les prix commencent à grimper plutôt que de chercher le jackpot à tout prix. Plus que jamais, les agriculteurs du département doivent faire preuve de clairvoyance. l DOSSIER PHILIPPE DELVALLÉE

L’AVENIR DE LA FILIÈRE

LA QUALITÉ DE LA FILIÈRE est un frein à la baisse des prix. Le Mercosur (Brésil, Argentine) a augmenté ses prix. La blonde d’Aquitaine redevient compétitive sur certains marchés (Turquie, Maghreb) et perce dans les pays émergents (Chine, Singapour) où la demande se fait plus pressante.

L’ENGRAISSEMENT DEMEURE INSUFFISANT. La restructuration de la distribution en Italie handicape la blonde d’Aquitaine (broutard, génisse) réservée historiquement aux boucheries. La filière doit lutter pour un recouplage de la prime à la vache allaitante dans le cadre de la politique agricole commune.

L’AUGMENTATION DE 60 CENTIMES par kilo, généralisée à toutes les productions, reste d’actualité. Les responsables de la filière insistent pour obtenir une prime globale à la vache allaitante de 200 € par tête, indépendante de l’aide à l’hectare. Il en va de la survie de l’entretien des prairies et de la montagne.

LES ENTREPRISES DE TRANSFORMATION sont dynamiquesetlesalimentslocauxquesontlemaïsetl’herbesontàl’origine d’une production fourragère de qualité. On assiste à une spécialisation des éleveurs qui délaissent la polyculture pour se consacrer uniquement au lait. Néanmoins, en période de crise, le tout maïs peut apparaître comme plus sécurisant.

LA FILIÈRE DOIT FAIRE FACE à de nombreuses mutations : disparition des quotas, contractualisation avec les entreprises de collecte, normes environnementales, nouvelle PAC. Le prix du lait est plus volatil et ces bouleversements génèrent de l’inquiétude. Les éleveurs doivent apprendre à être économes et autonomes en matière de productions fourragères, y compris locales.

LA VIABILITÉ ET LA VITALITÉ des exploitations importent plus que leur nombre. Il faut que chacun revisite ses projets. On assiste à la fin du modèle famille/ensilage de maïs/tourteau de soja. Il faut rebâtir d’autres perspectives, une nouvelle dynamique prenant en compte salariat et robotisation. Il n’y a plus de recette unique (différences entre plaine et montagne).

LA FILIÈRE, TRÈS DYNAMIQUE et porteuse d’espoir, parvient toujours à installer des jeunes. Les produits (AOC Ossau-Iraty, Agneau de lait des Pyrénées) bénéficient d’une très bonne réputation, ce qui laisse présager un avenir plutôt serein. La filière peut espérer un soutien accru dans le cadre de la PAC, du fait de son rôle d’occupation et d’entretien des territoires.

LA FILIÈRE ESTIME avoir du mal à se faire entendre et être trop petite pour pouvoir peser au niveau national. Il existe parfois un manquedecohésion,àtouslesniveaux,delaproductionàlatransformation, la tendance étant de privilégier l’intérêt personnel aux dépens du collectif. Les risques sanitaires restent importants et les conséquences sur le cheptel sont lourdes.

DEPUIS 3 ANS, UN TRAVAIL a été mis en place pour aller à la rencontre de tous les éleveurs afin de déterminer les problèmes rencontrés, en vue de l’obtention des aides de la future PAC. Le pari est en passe d’être réussi. En 2013, tous les éleveurs bénéficieront d’un appui personnalisé et technique pour se projeter dans l’avenir.

LA PRÉSENCE D’OPÉRATEURS SPÉCIALISÉS en abattage/découpe tels que Fipso ou Arcadie Sud-Ouest, de même quedessalaisonnierstelsqueDelpeyrat,SalaisonsPyrénéenneset Aoste, favorisent la bonne réputation des produits. Les marges à l’exportverslespaystiers(Japon,USA,Canada,CoréeduSud)restent très importantes. Plusieurs agréments vont être bientôt finalisés.

AU COURS DES 10 DERNIÈRES ANNÉES,lenombred’éleveurs a été divisé par 2 (moins 5 % par rapport à 2010). La mise aux normes des bâtiments est très en retard au regard de l’échéance de 2013 qui a été fixée par Bruxelles. La conjoncture économique est particulièrement difficile. Le prix du porc n’a augmenté que de 13 % alors que celui des matières premières a explosé de 31 %.

L’INTERPROFESSION ENTEND FAIRE PASSER l’ensemble de la carcasse sous IGP, voire sous AOC, qu’il s’agisse du porc frais (fin 2012) ou des salaisons sèches par la suite (chorizo, saucisson, andouille béarnaise). L’objectif, pour 2015, est une productionde2millionsdejambonsparandont20%(400000)seraient destinés à l’exportation, au lieu de 8 % à l’heure actuelle.

L’IGP SUD-OUEST REPRÉSENTE 55 % du marché national de foie gras. Les producteurs sont assez jeunes et motivés. La filière progresse pas à pas et tous les producteurs seront aux normes en 2016. On investit dans le domaine de la pintade ou du chapon. La valorisation se traduit par l’augmentation de capacité des parcs et des ateliers.

IL FAUT ENCORE DONNER AUX PRODUCTEURSlaconfiance et insuffler l’envie d’entreprendre bien que l’on ne soit plus, depuis bien longtemps, dans une politique de basse-cour. L’enjeu est de garder la production dans le Sud-Ouest en privilégiant toujours la qualité. L’attrait de la filière passe par un engagement accru de même que par des accompagnements techniques et financiers.

IL FAUT TOUJOURS AVANCER, telle est la devise de la filière. Laproblématiquedetouslesjoursrestelebien-êtreanimal,l’élevage s’effectuantenextérieur,commel’imposentlescahiersdescharges. Les recherches sont constantes en matière de sols herbeux et d’agroforesterie (arbres et cultures). Des progrès restent à faire, même si les fosses sont couvertes et l’épandage réalisé dans le sol.

LE DÉPARTEMENT RESTE LA PLUS GRANDE POULINIÈRE nationale. La filière a déposé sa propre marque : Ossau cheval. Descontactsdevraientpermettred’écoulerlesdifférentesproductions. Un atelier de découpe va être prochainement mis à la disposition des éleveurs à Oloron pour la vente directe. Deux engraisseurs (Pampelune, Briscous) sont intéressés par les poulains.

LAFILIÈRESOUFFREtoujoursd’unemauvaiseimagedemarque. La fédération des outils d’engraissement et de découpe reste difficile à réaliser. Le désengagement des haras nationaux a porté un coup très dur aux projets en cours, de même que des problèmes structurels au sein des coopératives impliquées dans la transformation. La filière équine se cherche encore.

L’ANNÉE 2012 CONSTITUE UN CAP dans l’évolution de la filière. Les poulains engraissés vont pouvoir être récupérés et valorisés. Il faut continuer à tirer les prix vers le haut. La question est également de savoir comment valoriser l’avant des animaux, et s’il faut privilégier la viande blanche de laiton (poulain de moins d’un an) plutôt que la viande rouge de chevaux adultes.

LE DÉPARTEMENT BÉNÉFICIE D’UN CLIMAT FAVORABLE. Il est donc très bien placé dans la production de maïs et d’herbe. Celaluipermetd’asseoiretdevalorisertouteslesfilièresd’élevage. Le maïs, selon les responsables, « est la plante cultivée qui utilise le moins de pesticides. Il s’agit donc d’une culture durable, économique et écologique liée aux sols du département » disent-ils.

CERTAINES INSTANCES EUROPÉENNES ont décidé que la rotation des cultures était bénéfique pour la nature. Cela est vrai pour certaines régions mais, toujours selon les responsables, pas pour le département où les terres noires sont particulièrement adaptées. L’assolement, en remplaçant le maïs par d’autres cultures, risque de faire perdre 5 tonnes à l’hectare.

FAIRE VALOIR LA SPÉCIFICITÉ DÉPARTEMENTALE et lutter à armes égales contre la concurrence mondiale : tels sont les objectifs de la filière. Il faut des actes forts, être cohérent sur la pratique des OGM (dans un sens ou dans un autre) et arrêter d’inonder le marché pour faire baisser les cours avec des productions qui ne subissent pas les mêmes contraintes.

LA FILIÈRE EST TRÈS ORGANISÉEetn’apasattendulespolitiques pour privilégier la contractualisation annuelle. Dès la signature, les producteurs connaissent leur prix de rémunération. Tout est sous charte de qualité. La variété climatique du Sud-Ouest permet aux usines de fonctionner plus longtemps qu’ailleurs. Les semis peuvent être planifiés du 15 mars au 15 juillet.

LÉGUMES ET MAÏS DOUX sont des productions très automatisées, mais elles ont du mal à rivaliser avec celles de Chine, de Thaïlande ou de Hongrie. Une procédure antidumping a été lancée contrelaThaïlande.Certainsresponsablessouhaitentquel’Europe fasse le ménage, qu’elle s’organise mieux socialement afin de protéger efficacement les productions légumières.

TOUT L’ENJEU CONSISTE à maintenir la compétitivité des entreprises afin de garder nos productions. Car on ne pourra pas toujours faire traverser la planète à des denrées périssables. En ce sens, le bilan carbone est à considérer. Il faut consommer des produits français ou des pays voisins et transformer les légumes à proximité des bassins de production.

LA PROXIMITÉ DES ZONES TOURISTIQUES reste un atout. Un grand travail de maîtrise des rendements a été accompli sur l’appellation madiran. Le jurançon a pu reconstituer ses stocks suiteàdesannéesdéficitaires.Lesventesd’irouléguyontprogressé de 2 à 3 %, celles du madiran de 2 % de même que celles du Pacherenc (+ 10 %). Les prix se maintiennent pour le jurançon.

LE CONTEXTE COMMERCIAL reste encore difficile, particulièrement en Madiran, le niveau actuel des ventes restant insuffisant pour absorber le potentiel de production. De gros efforts de communication doivent être faits pour conforter l’image de cette appellation. Certaines productions locales (pacherenc, jurançon) se retrouvent en concurrence sur le marché de proximité.

CHAQUE APPELLATION TRAVAILLE à ses restructurations afin d’être plus efficace. La démarche « bio » fait de plus en plus d’adeptes. Certains marchés à l’export, pour le madiran, sont à conforter (marque 1907) ou à développer. Les stratégies adoptées (vin de qualité, originaux et maîtrise de la production) constituent un espoir pour les différentes appellations locales.

LES ACTEURS DE LA FILIÈRE, conscients de l’utilité de la forêt, se prennent en main pour sortir de l’ornière. Tous les responsables parviennent à trouver de nouveaux débouchés et pas seulement dans les bois nobles. Le sapin des Pyrénées peut tout à fait rivaliser avec ses homologues jurassiens ou scandinaves.

LA FORÊT EST DENSE, mais sous exploitée et vieillissante. A cela, il faut ajouter un morcellement important des exploitations. Pour les 144 000 ha de forêts privées, la moyenne par propriétaire est de seulement 2,5 ha. Le réseau d’animation visant au regroupement des exploitations n’est pas assez étoffé.

LA FILIÈRE TENTE DE FAIRE EN SORTE que le bois énergie ne rentre pas en concurrence avec celui dédié aux papeteries. Un des objectifs reste d’améliorer les circuits courts en favorisant les bois locaux (bois de charpente). Chênes et merisiers méritent d’être valorisés dans le secteur de l’ameublement.


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VIII | Agriculture - Initiatives

PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

Ils croient en l’avenir de l’agriculture PROFESSION Face à des prix bas ou des crises, certains agriculteurs investissent ou innovent pour continuer à exercer leur métier.

S

i le métier d’agriculteur est une vocation, tous veulent pouvoir vivre du fruit de leur travail. Alors ils se retroussent les manches et mettent en place de nouveaux outils pour assurer l’avenir de leur métier. Beaucoup optent pour la diversification (transformation à la ferme, tourisme vert, production d’énergies renouvelables, etc.) ou les circuits courts (vente directe à la ferme ou sur les marchés, Amap, etc.) afin d’apporter une valeur ajoutée à leur exploitation et d’assurer un complément de revenus. Certains misent aussi sur les nouvelles technologies ou le bio. Au niveau du département, 1300 exploitations (11 %) ont choisi de se diversifier. La transformation du lait concerne 30 % de ces exploitations. Dans un cas sur quatre, les agriculteurs se sont orientés vers l’agrotourisme et dans un cas sur six, vers la trans-

formation d’autres produits (découpe et conserve de viande, par exemple). Les circuits courts sont préférés dans 15 % des exploitations des Pyrénées-Atlantiques. Et dans la majorité des cas (43 %), elles optent pour la vente directe à la ferme, puis pour la vente sur les marchés (16 %). La vente en panier, type Amap, reste marginale (4 %). Malgré les aides, oser la diversification n’est pas toujours facile. Souvent les agriculteurs poursuivent la production de leurs parents avec comme principal souci, vendre leurs productions à un prix correct. Mais un jour, un élément extérieur (prix trop bas ou grave crise) déclenche une réflexion sur leur façon de travailler. Comme tous croient en l’avenir de leur métier, ils n’hésitent pas alors à investir, innover ou inventer. C’est le cas des exploitants que nous avons rencontrés.l KAREN JOUAULT

De gauche à droite et de haut en bas : Aimée et Clovis Turan de l’EARL Bien-Aimé ; Florence et Frédéric Bergeras éleveu Gaec Le Marty et Eric Pauly-Petit de la Roseraie de Saint-Vincent. © KAREN JOUAULT

EARL Bien-Aimée : le choix du bio

Le Gaec de Marty fait découvrir son métier

Jean et MaïtéTuran, éleveurs de blondes d’Aquitaine à Loubieng, ont fait le choix du bio dans les années 90, au moment de la crise de la vache folle. « J’ai été choqué de voir toutes ces images de troupeaux abattus, d’entendre tous ces témoignages d’agriculteurs qui avaient tout perdu. Je me suis dit, stop, on arrête tout », raconte JeanTuran, le père aujourd’hui à la retraite. L’exploitation entame alors sa reconversion et devient bio en 2001. Mais Jean Turan entend la position de ses collègues agriculteurs. « C’est assez facile de passer au bio : on est soutenu et aidé. N’importe qui pourrait le faire. Mais je ne jette la pierre à personne. Nous aussi, on y a cru au productivisme et il faut bien remplir les supermarchés...» Aujourd’hui, les parents sont à la retraite et ce sont deux de leurs enfants, Aimée et Clovis, qui ont repris la ferme. Aimée a rejoint son père en 2007 et c’est cette année-là que l’exploitation devient EARL Bien-Aimée. Clovis, quant à lui, s’est lancé dans l’aventure le 1er janvier dernier, au départ à la retraite

Au Gaec de Marty, à Rébénacq, « on aime les gens ». C’est pourquoi le groupement agricole familial, composé des parents, Bruno et Josiane Minvielle, et d’une de leurs filles, Pascale, a rejoint le réseau « Bienvenue à la ferme ». « Il est important de faire venir les gens chez nous, de leur montrer le fonctionnement d’une exploitation agricole. Nous espérons aussi trouver, au sein de ce réseau, des conseils, des échanges avec les autres membres, de pouvoir confronter nos expériences, d’être force de proposition. Et surtout de rencontrer des gens. En fait, rejoindre Bienvenue à la ferme est devenu une évidence, la suite logique de ce qu’on a mis en place depuis 2006 » expliquent Josiane et Bruno Minvielle.

Aimée et Clovis Turan de Jean. Et les enfants ont bien l’intention de continuer dans la lignée de leurs parents. « Pour nous, le bio c’est dans la logique des choses. Aujourd’hui, on est pratiquement autonomes puisqu’on produit également le maïs bio et la luzerne pour l’alimentation des bêtes » explique Aimée. A l’image de leurs parents, Aimée et Clovis ont eux aussi quelques idées pour l’avenir. Ils ont lancé un site internet (http://bio-en-bearn.fr/) à partir duquel les clients peuvent commander du bœuf et du veau par colis de 5 ; 6,5 ou 10kg. « Depuis 2009, on travaille avec une Amap. Puis on s’est dit qu’on pouvait aussi organiser des commandes par internet » précise Aimée. Clovis envisage d’élever quelques volailles pour la saison festive. « Au début, on commencerait avec une dizaine. Pour voir » avance-t-il prudent.

L’accueil de vacanciers Depuis cette date, le couple accueille des vacanciers dans leur gîte. « Jusque dans les années 2000, nous n’avons pas cherché à nous diversifier car nous n’y voyions pas d’intérêt. Puis les enfants ont fait des études, les cours du lait ont baissé. Bref, on a dû faire face à un effort finan-

Bruno et Josiane Minvielle cier auquel on n’était pas préparé » explique Bruno Minvielle. Le couple a alors choisi de rénover une grange, d’en faire un gîte et de rejoindre les Gîtes de France. « Ça nous permet de rencontrer des gens qui ont d’autres soucis, on remet les choses en perspective. Et ça nous sort de notre routine » ajoute Josiane. La rencontre passe aussi par l’atelier de fromage qui fonctionne depuis 2010. Pascale, comptable de formation, n’avait pas dans l’idée de rejoindre le Gaec. Mais, au cours d’une discussion avec son père, naît le projet de l’atelier de transformation du lait. « C’était avant tout pour apporter une valeur ajoutée à l’exploitation. Sur les 450 000 litres de lait produits annuellement, on en transforme 100 000 litres » explique la jeune femme. Aujourd’hui, le fromage est vendu à la ferme. Encore un moyen de faire de nouvelles rencontres.

Florence et Bergeras inv Florence et Frédéric Bergeras, éleveurs de porc à Saint-Pée Oloron, se sont lancés dans un défi de taille : ouvrir un atelier de transformation et une salle de vente à la ferme. « C’est un gros investissement : 150 000 € pour une surface totale de 130 m2. On est réaliste, on sait que ce projet ne sera rentable que dans 2 ou 3 ans » explique Frédéric Bergeras. L’idée germe en 2010, lorsque Florence rejoint l’exploitation familiale. A l’époque, les Bergeras cultivaient un peu de tabac (2 ha). « Mais le tabac perdait de sa rentabilité. Alors on a envisagé d’autres pistes. J’ai une formation dans l’agroalimentaire. Je n’avais pas prévu de m’installer, mais finalement, l’agriculture, c’est une histoire de famille » raconte Florence. Lefrèreetlasœurontd’abord dû faire preuve de patience. « Pour pouvoir engraisser un peu plus de cochons, à destination de notre atelier, il fallait agrandir la porcherie. Et pour cela, il fallait faire une enquête publique qui a duré trois ans. » Trois ans durant lesquels le projet a peu avancé. « C’est


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Agriculture - Initiatives | IX

PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

EN CHIFFRES

12 000

Des cours sur les nouvelles façons de produire

C’est le nombre d’exploitations dans le département. En dix ans, les Pyrénées-Atlantiques ont perdu moins d’un cinquième de ses exploitations. Il s’agit du résultat le plus bas enregistré en Aquitaine.

88

urs de porcs ; Bruno et Josiane Minvielle entourent une de leurs filles, Pascale, au

C’est, en pourcentage, lapart del’emploifamilialdanslevolume detravaildel’ensembledesexploitations. Les Pyrénées-Atlantiques font ainsi partie des dix départements français où la part de travail familial est la plus importante.

26 000

C’est, en hectares, la surface de terres qui avaient un usage agricole en 2000 et qui ne l’ont plus en 2010. Cela représente ce qu’avaitgagnél’agriculturedépartementale entre 1988 et 2000.

Ces chiffres sont issus du recensement agricole 2010 réalisé par la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, service régional de l’information statistique, économique et territoriale.

Frédéric vestissent Florence et Frédéric Bergeras fatigant psychologiquement, mais on y est presque » sourit Frédéric. Aujourd’hui, l’atelier de transformation est opérationnel, Florence et Frédéric attendent juste l’accord des services vétérinaires pour ouvrir la salle de vente. « On envisage de transformer 150 porcs de 180kg par an. Cela correspond à deux à trois porcs par semaine. Dans un cadre familial, on ne peut pas faire plus. » Avec cet atelier, la boucle est bouclée : « On nourrit nos cochons avec le maïs que l’on cultive ; on a 60 truies donc les petits naissent et grandissent sur l’exploitation. Aujourd’hui, on peut aussi, en partie, proposer nos recettes puisque l’on vendra aussi bien de la viande fraîche (chair à saucisse, longe…) que cuite (pâté, saucissons secs,…)», concluent Frédéric et Florence.

Eric Pauly-Petit revient à l’horticulture Après 12 années passées dans un bureau à Paris en tant que directeur marketing sur internet, Eric Pauly-Petit revient à ses amours de jeunesse : l’horticulture (il a passé un BTS agricole technico-commercial en horticulture ornementale). Et il annonce immédiatement « qu’il n’est pas un jeune bobo parisien en manque de nature ». En reprenant la pépinière de la Roseraie de Saint-Vincent (ancienne Roseraie de Barbary), il souhaite avant tout allier ses deux métiers.

Etre visibles sur internet « Mon expérience professionnelle peut permettre de développer la roseraie. Je veux notamment mettre en place des flashcodes sur les rosiers du parcours ludique qui retrace l’histoire de la rose à travers les cinq sens. Le but est que l’amateur puisse rapidement trouver, grâce à son smartphone, les informations dont il a besoin sur telle ou telle variété. Ça nous facilitera également le travail lors de la vente car on pourra voir directement sur le smartphone quel rosier le client veut. » Le jeune agriculteur de 38 ans veut également lancer un nouveau site internet orienté vers

En BTS agroalimentaire, les étudiants apprennent à transformer la matière première (lait, viande, légumes…). Des techniques qu’ils pourront utiliser s’ils ouvrent un atelier de transformation. © KAREN JOUAULT

LYCÉES AGRICOLES Les métiers de l’agriculture évoluent, la formation agricole aussi. Si la voie professionnelle initiale (BEP, Bac pro) est de plus en plus attractive, l’élève peut toujours rejoindre une formation supérieure, qui lui permettra d’acquérir de solides bases pour construire un projet complet. « Nos formations reflètent l’évolution du métier. De plus en plus, les agriculteurs produisent, transforment et commercialisent leurs produits. Nous sommes là pour donner à nos élèves les outils leur permettant d’assurer le suivi de leur produit du début à la fin » explique Eric Sacrez, proviseur adjoint du lycée professionnel agricole de Montardon. Par exemple, dans la licence professionnelle valorisation des produits du terroir, sont enseignées, entre autres, la sécurité alimentaire et les techniques de commercialisation. Qualité et technologie

Eric Pauly-Petit

les réseaux sociaux et la vente. « Aujourd’hui, il faut savoir proposer des idées novatrices pour perdurer. Ça passe bien sûr par les techniques déjà mises en place par Jacques Barbary, à l’origine de la roseraie, par exemple, un substrat dans lequel on trouve un champignon qui limite les maladies ou des filets anti-grêle à la place des panneaux de verre dans la serre ce qui permet aux rosiers d’être plus robustes. Mais aujourd’hui, il faut aussi être visible sur internet, pouvoir vendre au-delà du SudOuest. » Eric Pauly-Petit envisage également d’agrandir les serres pour que l’ensemble des variétés soit sous le même toit. Sans oublier non plus que toute la signalétique du parcours ludique va être refaite et qu’un petit musée de la rose va voir le jour. A la Roseraie de Saint-Vincent, les idées innovantes ne manquent pas…

La qualité est aussi mise en avant dans les formations. « Nous avons une mini-industrie agroalimentaire où l’on apprend aux élèves le procédé de fabrication

d’un produit. Mais ici, nous mettons l’accent sur la qualité et non la quantité, » explique Eric Sacrez. La technologie prend aussi de plus en plus de place dans le monde agricole. Là encore, les élèves utilisent des appareils de pointe dans les lycées agricoles d’Oloron, d’Orthez et de Montardon. « Nous travaillons avec différents partenaires, comme la Chambre d’agriculture, pour tester de nouvelles choses. » Ainsi, le bâtiment réservé aux vaches laitières à Montardon est certifié très haute qualité environnementale, avec une racleuse automatisée pour nettoyer les boxes et un système de collier au cou des vaches qui ouvre des portes leur permettant de rejoindre telle ou telle partie du bâtiment où elles recevront, par exemple, un régime alimentaire différent. « Aujourd’hui, il existe des tracteurs qui, grâce aux GPS et à un système informatique, labourent tout seul pendant que l’agriculteur fait la traite, » indique Eric Sacrez. Le monde agricole change et les futurs agriculteurs acquièrent de solides compétences pour l’affronter. l K.J.

Les installations se font surtout en montagne JEUNES AGRICULTEURS 106 en 2011, 115 en 2010. Les installations de jeunes agriculteurs dans le département sont certes en légère baisse, mais ce chiffre reste « très bon comparé aux autres départements aquitains » note Nicolas Bernatas, président du comité d’orientation installation-transmission à la Chambre d’agriculture. Il explique ce résultat par les systèmes d’exploitation favorisés dans le département, à savoir la polyculture et l’élevage (principalement l’élevage d’ovins lait), et la géographie. « 64 % des installations se font en montagne. Ce sont soit des gens qui sont nés ici et qui veulent revenir y travailler, soit des gens qui font ce choix car ils sont motivés par le métier de

berger. » Autre constat, de plus en plus de jeunes agriculteurs et agricultrices, le métier se féminise et 30 % des installations sont le fait de femmes - envisagent la vente directe, notamment chez les éleveurs d’ovins. « Quelle que soit l’installation, les jeunes agriculteurs ont le souci d’une réussite économique », explique Nicolas Bernatas. Une réussite qui peut aussi passer par un Gaec ou une EARL. « C’est une révolution qui enfle et que nous encourageons. Ces regroupements entre sociétaires permettent de séparer le budget familial de celui de l’exploitation et d’éviter le flou. Cela permet aussi un confort de travail. » l Renseignements au Point Info Installation au 0800 505 507


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X | Agriculture - Coopératives

PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

Les coopératives, piliers de ORGANISATIONS Historiques ou récentes, les coopératives de notre département sont une locomotive pour l’agriculture

« La coopérative reste un rempart dans la défense des intérêts des agriculteurs, notamment pour leur garantir un revenu, malgré la fluctuation des marchés. » Guy Estrade, président de la fédération 64 des coopératives agricoles

Les Pyrénées-Atlantiques comptent une trentaine de coopératives qui emploient plus de 4 000 salariés et dégagent un chiffre d’affaires annuel de plusieurs milliards d’euros. Ce dynamisme a pour locomotives des structures polyvalentes de grande envergure comme Euralis, Lur Berri implantées directement dans le département ou Maïsadour (installée dans les Landes), qui à elles trois rassemblent un chiffre d’affaires représentant les deux tiers des coopératives d’Aquitaine. Mais il s’exprime aussi par la capacité de « petites » coopératives, aux fonctionnements originaux, à développer des productions locales.

« Le vecteur de la stabilité du territoire » Madiran, jurançon, irouléguy ou bellocq, ces vignobles existent parce qu’ils reposent sur une organisation collective selon Guy Estrade. « Souvent peu citées, les coopératives viticoles ont fait un travail extraordinaire. La cave de Crouseilles par exemple a su construire une relation avec la grande distribution où la reconnaissance du petit producteur organisé en coopérative est très forte. » Jambon de Bayonne, kiwis de l’Adour ou vins, les produits identitaires du département

doivent leur assise à un réseau d’agriculteurs unis par les mêmes contraintes de qualité (AOC, Label rouge, IGP ou autres labels), les mêmes conditions de production et les mêmes ambitions. « Les coopératives sont structurantes en terme de projets, de capacité d’innovation et de pérennité des activités. Elles sont le vecteur de la stabilité du territoire et conservent tout leur intérêt dans une époque où la vente directe joue en faveur du producteur individuel mais n’apporte aucune réponse aux problématiques d’avenir. Appartenant aux producteurs, elles ne sont pas délocalisables et représentent un enjeu politique et économique pour le département » souligne Guy Estrade.

28 coopératives installées dans les Pyrénées

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Un rempart pour la défense des agriculteurs Ancrées dans leur territoire, les coopératives permettent aussi de pénétrer des marchés nationaux ou internationaux. Une dimension bien assise pour les grands groupes tels Euralis, mais qui concernent aussi les structures plus modestes. « Les éleveurs d’agneau par exemple, unis dans une coopérative relativement récente, se tournent naturellement vers l’Espagne où le marché est plus fort qu’en France. » Selon Guy Estrade, face à un contexte de plus en plus complexe et aux évolutions rapides, la coopérative dans son fonctionnement reste un rempart -et peut-être le seul- dans la défense des intérêts des agriculteurs notamment pour garantir, malgré la fluctuation des marchés, un revenu aux exploitants. Si la jeune génération a moins de disponibilité pour s’investir dans les coopératives, elles sont toujours animées par le souffle de la passion pour le produit. En témoignent les 18 producteurs de pêche roussanne qui ont donné une nouvelle vie à ce fruit depuis une dizaine d’années. Ils ont créé la coopérative « Les vergers de Monein » en 2004 et ont relancé la culture d’une ancienne variété qui connaît un succès croissant chez les gourmets. Cette pêche savoureuse est fêtée chaque année à Monein. l MARIE-PIERRE COURTOIS

ZOOM

« D’abord une aventure humaine » Selon Guy Estrade, le président de la Fédération départementale des coopératives, celles-ci sont d’abord le fruit « d’une aventure humaine. Entre 1950 et 1980, la réalité de la construction économique était partagée et collective tout en reposant sur l’engagement de chacun. Les coopératives ont donné accès aux technologies et au développement, et nos aînés cultivaient des liens affectifs très forts avec leur structure ».

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16 COOPERATIVES_Piliers de l'Agriculture - Infographie Studio Graphique PP

L

es coopératives sont un peu à contre-courant de la société d’aujourd’hui, qui valide l’individualisme. On oublie souvent qu’elles sont une force au service de la collectivité. » Pour Guy Estrade, président de la fédération départementale des coopératives agricoles, les coopératives sont le terreau sur lequel repose non seulement l’économie, mais aussi l’avenir des filières agricoles.

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Approvisionnement Bovins et équidés Céréales - oléo - protéagineux Fruits et légumes frais Insémination artificielle Les produits laitiers Ovins Porcins Viticulture

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15

CE QUE LES COOPÉRATIVES APPORTENT

« Augmenter les « Des produits revenus agricoles » plus compétitifs » Christian Pèes, président d’Euralis « La caractéristique d’une coopérative est de ne jamais lâcher son territoire, qui est son cœur historique. Ici nous fédérons majoritairement de petits exploitants à qui nous proposons un contrat de progrès pour bâtir avec chacun un projet personnel. Dans un contexte de mutation très forte,avecdesdonnéesimposéespas forcément structurantes localement, Euralis travaille sur le revenu disponible des exploitants avec le projet de mettre en place des éléments très concrets pour garantir et augmenter les revenus de l’agriculteur. Une coopérative est une entreprise dont les bénéfices ne vont pas dans lapoched’actionnaires :ilssontredistribués aux agriculteurs ou investis dans des projets agricoles. »

Roland Podenas, président de SCA vignerons de Madiran « A travers la coopérative, les produits sont plus compétitifs et modernes : la mise en commun des moyens de production et la mise en valeur des compétences spécifiques sont une ressource pour accroître les volumes de production de l’appellation et mener des actions lointaines avec des investissements à l’export. « Par exemple, en viticulture il y a un caractère passionnel : les coopérateurs ont un lien très actif avec la cave, ils donnent de leur temps pour des animations promotionnelles. « La coopérative joue un rôle d’acteur social majeur à l’échelle locale : administrée par des gens qui vivent sur ce territoire rural, elle est source d’emplois. »

« Mettre des outils en commun » François Lafitte, président de l’Union des coopératives Adour kiwis France « La première mission de la coopérative est de mettre en commun des outils pour la conservation et la commercialisation des fruits. « En trente ans, nous sommes passés de 25 à 350 producteurs et ce développement induit d’autres objectifs, notamment l’exportation qui concerne les deux tiers des fruits et serait, bien entendu, trop difficile à mettre en place pour un producteur individuel. « Nous développons également des compétences en matière de recherche et c’est dans la mise au point de nouvelles variétés que la coopérative prend tout son sens aujourd’hui, avec une centaine d’hectares dédiés à la production de nouveaux fruits. »

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Agriculture - Coopératives | XI

PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

l’agriculture du 64 régionale: elles représentent presque la moitié du chiffre d’affaires des coopératives d’Aquitaine. APPROVISIONNEMENT 1 - Garazi Baigorry (Ispoure). dhérents : 1200. Effectif : 15. Chiffred’affaires :9M€ 2- Coopérative de la Soule (Mauléon). Adhérents : 800 ; Effectif :24 ;CA :6M€

Atlantiques

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BOVINS ET ÉQUIDÉS 3 - Celpa (Arthez). Adhérents :600 ;Effectif : 20 ; CA : 24 M€. 4- Copelga (Billère). Adhérents : 15. Effectif : 0 ; CA : NC. 5 - Union génisse Pyrénées (Denguin) Avec SARL Argia-Gen Adhérents : NC ; Effectif : 4 ; CA : 2,5 M€. C ÉRÉALES- OLÉO-

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PROTÉAGINEUX

6 - Lur Berri(Aicirits). Adhérents : 5000 Effectif : 750 CA : 610 M€ 7 - Euralis (Lescar) Adhérents : 12 000 Effectif : 5376 CA : 1,32 milliard d’€ FRUITS ET LÉGUMES FRAIS 8-Lesvergersdupays de Monein (Cuqueron) Adhérents : 18 Emplois : temporaires CA : 143 293€ 9 - Gorria SCA (Cambo-les-Bains). Adhérents : NC Effectif : NC. CA : NC

10 - Sica des Gaves (Labastide-Villefranche). Adhérents : 140 Effectif : 20 CA : 5 M€ INSÉMINATION ARTIFICIELLE 11 - CIA BIG (Denguin) Adhérents : 3 800 Effectif : 32. CA : NC 1 2 - C o o p é ra t i v e Gen’Adour(Hasparren) Adhérents : 3200 Effectif :35.CA :4,1M€ 13 - CDEO SCA (Ordiarp). Adhérents : NC Effectif : NC CA : NC LES PRODUITS LAITIERS 14 - Haize Hegoa SCA (Ayherre) Adhérents : NC. Effectif : NC CA : NC 15 - Lesfermiersbascobéarnais (Accous) Adhérents : 40 Effectif : 12 CA : 3 M€ 16 - CLPB (St-JeanPied-de-Port). Adhérents : 105 Effectif : 7 CA : 6,7 M€ 17-CoopérativeBerria (Macaye). Adhérents : 140. Effectif : 60 CA : 9M€ 18 - Coopérative de fromages(Uhart-Cize) Adhérents : NC Effectif : NC CA : NC

OVINS 19- Axuria (Mauléon) Adhérents : 339 Effectif : 12. CA : 5,2 M€ 20- CDEO (Ordiarp) Adhérents : 1200 Effectif : 60 CA : 2M€ 21- Caoso (IdauxMendy) Adhérents : 498 Effectif : 11 CA : NC 22-AOBBSCA(Oloron) Adhérents : 189 Effectif : 2 CA : 1,7 M€ PORCINS 23- Coopérative Gapp (Lons). Adhérents : 85 Effectif :4.CA :9,4M€ 24-Fipsoélevage(Lons) Adhérents : 210 Effectif : 24 CA : 94,5 M€ VITICULTURE 25-CavedeCrouseilles (Lembeye).Adhérents : 142. Effectif : 14 CA : 7,5 M€ 26- Cave de jurançon (Gan).Adhérents :360 Effectif : 80. CA : NC 27 - Les vignerons du Paysbasque(St-Etienne deBaïgorry).Adhérents : 47. Effectif : 15. CA : 2,6 M€ 28- Etzigar SCA (StJustIbarre).Adhérents : 28 Effectif : 0. CA : 75 000 € (NC=noncommuniqué)

SOURCE : COOP DE FRANCE

« Un regroupement « Fusionner pour inévitable » être plus forts » Jean-Luc Bazaillacq président de Big, coopérative insémination artificielle « Aux débuts de la coopérative en 1962, l’insémination artificielle en était au stade de la découverte et de l’explorationtechniqueetcelaconcernait les éleveurs à la pointe de la technologie. « Elle a gardé ses missions de recherche génétique et de reproduction et pratiqueaujourd’hui115 000inséminations sur le Béarn. « Les métiers de la recherche génétique coûtent très cher et dans ce domaine, le regroupement avec des structures régionales ou nationales est inévitable, mais la coopérative a gardé son âme : elle repose sur des valeurs de proximité et les éleveurs locaux participent directement à son action, qui répond à leurs besoins. »

Christian Besombes, président de la coopérative agricole de la Soule « Notre coopérative d’approvisionnement en semences, engrais et cultures est dédiée aux éleveurs de vaches allaitantesetbrebislaitièresdeszones de montagne. « La coopérative de Garazi et Baigoriesttrèsprochedenous.Nousavons les mêmes vocations et le même métier. Pour agrandir, spécialiser et pérennisernosstructures,nousavons décidé de fusionner. Mieux vaut être un seul « gros » plutôt que deux « petits ». Nous créons cette entité coopérative nouvelle et plus solide baptisée Mendikoa en mars. Nos adhérentsgarderontbienentendules mêmesinterlocuteursdansleurvallée mais nous réaliserons des économies de charge qui nous permettront une plus grande efficacité par ailleurs. »

« Le partage d’idées et d’expériences » Guy Pemartin, président de la Fédération départementale des Cuma « Derrière le matériel, il y a des hommes. Le moteur d’une coopérative, c’est le mutualisme et la solidarité. Au-delà du partage des charges, il y a un partage d’expériences et d’idées. « Quand une difficulté se présente, chacun peut donner un peu de son temps pour répondre à l’urgence. Le réseau local et le fait d’être ensemble permettent une grande réactivité. L’énergie collective repose sur les besoins des agriculteurs du territoire qui le composent. « Ce sont les hommes qui font vivre les outils et il faut souligner que les groupes humains des coopératives agissent dans l’intérêt collectif sans aucune barrière syndicale ni politique. »

DEUX EXEMPLES À RETENIR

La pêche roussanne est revenue sur Monein

Le goût des consommateurs pour des produits authentiques et la passion de producteurs ont permis de relancer la culture de la pêche roussanne qui donne lieu chaque année à une fête à Monein. © NICOLAS SABATHIER

FRUIT « Le regroupement en coopérative est le statut le mieux adapté à notre activité économique » résume Marie-José Cazaubon, présidente de la SCA Les vergers de Monein, fondée en 2004 par une poignée d’agriculteurs décidés à remettre au goût du jour la pêche roussanne. Cette ancienne variété est un produit identitaire local, qui a failli disparaître à la fin du siècle dernier : l’exposition de fruits et vins aux fêtes de Monein comptait alors trois producteurs… cent cinquante ans plus tôt, ils étaient soixante. La filière fruitière se structure avec la coopérative : dix-huit producteurs, une quinzaine d’hectares cultivés. La produc-

tion 2011 a été d’une quarantaine de tonnes (sans compter les ventes dans les vergers), dont cinq de produits dérivés (confitures, sirop de pêche, compote). Egalement investis dans l’Association de promotion de la pêche roussanne créée en 2006, les producteurs respectent les pratiques du référentiel label rouge et effectuent un contrôle de maturité sur leurs vergers pour déterminer la date de récolte. La mairie de Monein met un local à disposition des producteurs pour la vente directe (65 % de la production) et la vocation de la coopérative est de développer les circuits commerciaux à la fois en région et à l’échelle nationale. l

La Fipso optimiste pour l’avenir PORC « Moins chère que le bœuf, la viande de porc sera de plus en plus présente dans l’alimentation. Les nouvelles normes sont positives car elles redonnent des projets aux éleveurs. L’exportation va se développer en Asie, nous avons des projets économiques durables. Je suis optimiste pour notre production » déclare Joêl Ferrand, président de la Fipso depuis 2001. Regroupement de coopératives porcines, la Fipso fédère 200 adhérents et produit 400 000 porcs charcutiers par an. Partenaire d’Euralis, Maïsadour et Glon Sanders, sa filiale pour l’abattage et la découpe, Fipso industrie voit passer 11 000 porcs à la semaine et va s’agrandir cette année et créer vingt-cinq

emplois. « La coopérative est un outil moderne permettant de gérer les contraintes administratives et environnementales et de négocier des aides à l’investissement ». Elle joue, selon son président, la carte du territoire et de la qualité : label rouge porc fermier du Sud-Ouest élevé en plein air (40 000 par an), filière qualité Carrefour (sans OGM, 100 000 porcs par an) et jambon de Bayonne. « Notre développement passe par le lien avec le sol et la faible densité de porcs est un atout pour la région, qui doit travailler sur une image de qualité pour faire face à la concurrence de la Bretagne. Le climat s’est assaini, nous avons de belles perspectives » conclut Joël Ferrand. l


XII | Agriculture - Regards croisés

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PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

« Quels seront les enjeux de L

e fait est acquis. D’ici 2050, l’agriculture du 64 et d’ailleurs aura sensiblement changé de visage. Tous les experts s’accordent à considérer que les « forces » de la nature, c’est-à-dire climatiques, environnementales et démographiques, joueront un rôle essentiel dans cette transformation. Christian Pèes, président du Groupe Euralis et agriculteur à Athos-Aspis, et Camille Chamard, un universitaire palois sensible à l’agriculture, ont accepté de dialoguer sur les enjeux de l’agriculture de demain. Un entretien passionnant que nous vous restituons ici. e

Le changement climatique sera-t-il une des clés de l’agriculture de demain ? Christian Pèes : « L’agriculture accompagnera le changement climatique. Nous n’aurons pas le Sahel en Béarn du jour au lendemain !Enraisondenotreposition géographieentreocéanetmontagne, le changement devrait produire quelque chose d’assez atypique sur notre territoire. Mais, il ne faut jamais oublier que l’agriculture c’est de la génétique, qu’elle soit animale ou végétale. Etilyadesplantesetdesanimaux adaptés à tous les climats de la planète. On ira donc puiser dans la génétique les adaptations nécessaires. » Camille Chamard : « L’évolution climatique nous impose désormais une perception plus globale et carrément planétaire de l’agriculture. L’agriculteur de demain prendra en compte des situations, notamment climatiques, qu’il ne retient pas aujourd’hui. »

« A l’avenir, les turbulences du climat vont perturber encore davantage les marchés agricoles. » Christian Pèes

ChristianPèes :« Jevousrejoins totalement,lechangementclimatique est l’un des aspects de la mondialisation. A l’avenir, les turbulences du climat vont perturber encore davantage les marchés agricoles. Avec des effets en chaîne tels que la volatilité des prix ou la pérennité des outils agroalimentaires qui se feront sentir jusqu’au consommateur. » Camille Chamard : « Sans compter qu’il faut intégrer à ces évolutions la démographie mondiale. En 2050, nous serons à peu près 10 milliards d’habitants. De fait, la demande alimentaire mondiale augmentera. Il faudra créer des modèles inédits. Jusqu’alors tous nos modèles ont été basés sur des prévisions reposant sur ce qui s’est passé avant… Des analyses qui fonctionnent de moins en moins dans le monde agricole. »

Christian Pèes : « Là c’est clair, çanemarcheraplusdutout !Pour répondre aux besoins démographiques, il faudra produire plus et mieux, en conciliant agriculture intensive et vigilance écologique. C’est le modèle de l’AEI, l’agriculture écologiquement intensive, une réflexion née pendant le Grenelle de l’environnement en août 2008. Par exemple, l’enjeu d’Euralis est de parvenir à cette adaptation. Les méthodes de production agricole liées à la PAC ne sont pas reproductibles et durables à l’échelle planétaire. En s’appuyant sur l’agronomie, et pour faire face au défi démographique, la production de la planète augmentera entre 70 et 100 %. Avec un objectif : produire plus propre. Je fais le pari que l’intelligence humaine est capable de mettre en action les technologies pour y arriver. Vous savez, dans la dernière décennie, et même si le grand public ne s’en rend pas compte, lespratiquesagricolesontprofondément changé, y compris en Béarn. Aujourd’hui, la majorité des agriculteurs sont en grande majorité prêts à adopter des changements. Il y a un vrai chantier à mettre en place. » Camille Chamard : « Je partage cetteidée.J’identifieraistroistypes d’agriculture : d’abord une agriculture industrielle durable, écologiquement respectueuse qui sera pratiquée ici. Ensuite une agriculture plus artisanale, et employant beaucoup de maind’œuvre, dans les pays en développement. Enfin, une agriculture de niche ou de luxe. Laquelle soulève une question. Localement en France, et ici en Aquitaine, n’a-t-on pas déjà basculé dans cette agriculture de luxe, avec des prix très élevés, et une main-d’œuvre très qualifiée ? » Christian Pèes : « Et qui dit agriculture de luxe dit clientèle de luxe. La crise sera sans doute un révélateur. Nous verrons si les consommateurs dans les pays riches continueront ou non à consommer des produits corres-

A gauche, Camille Chamard, directeur de l’Institut d’administrations des entreprises de l’université de Pau, à droite, Christian Pèes, président du Groupe Euralis. © JEAN-PHILIPPE GIONNET

pondantàunconceptsurlafaçon de produire qui est légitime mais qui coûte beaucoup plus cher. Sans vouloir tomber dans la provocation, l’agriculture de luxe n’est-elle pas carrément un luxe pour l’Humanité par rapport aux enjeux réels ? » Camille Chamard : « Vous avez raison. La question se posera lorsque les différents modes de production se confronteront. Aujourd’hui la coexistence est paisible, on joue sur la complémentarité. Mais demain ? En France, avec notre tissu économique, l’agriculture de luxe pourra-t-elle continuer à exister ? Trouvera-t-elle encore des clients ? Sans parler des pays voisins ou plus éloignés qui ont des difficultés pires que les nôtres. »

« En France, avec notre tissu économique, l’agriculture de luxe pourra-t-elle continuer à exister ? » Camille chamard

Les terres agricoles ont-elles aussi vocation à produire de l’énergie ? Christian Pèes : « On peut pousserplusloinlaréflexiondans laprovocation :l’agriculturedevra aussi répondre au défi de la production d’énergie. Les USA préparent leur prochain centenaire d’énergie sans fluctuations desprix,etenserendantindépendants du pétrole. Par rapport à l’enjeualimentaire,d’aucunsjugent queconsacrerdesterresàproduire de l’énergie relève du gaspillage. Maisn’est-cepasaussiscandaleux de ne pas utiliser le plein potentieldesterresenlesdédiantàune agriculturedeluxe,quipardéfinition produit moins ? »

Onprivilégiecetteutilisationchez nous. Ailleurs dans le monde, certains préféreraient d’abord manger. Quand la seule mission était de nourrir, il y avait des discussions sur le type de nourriture. Aujourd’hui, des conflits naissent de l’usage du terrain. Au niveau d’un département, d’une ville, ou d’une communauté urbaine, on se demande s’il vaut mieux supprimer l’agricole pour y construire des immeubles ou installer des entreprises. Dans 20 ou 30 ans, cette évolution se poserademanièrebeaucoupplus conflictuelle. »

Camille Chamard : « J’ai un avis plus tranché sur les choix américains. Ce qu’ils consacrent aux carburants n’est pas consacré à l’alimentation. Bien sûr, réduire sa dépendance énergétique, c’est unenjeustratégique.Maisqu’estce qui sera le plus compliqué à trouveren2030 ?Dequoimanger ou de quoi faire avancer son véhicule ? Vous savez, les énergies, c’est unpeulemêmedébatquel’écologie : quel est le rôle de l’agriculture ? Quelle priorité se donner dans l’usage que l’on fait des terres ?Aujourd’huioncultivedes variétés de maïs pour l’enrobage desgélulespharmaceutiques.Bien sûr, c’est utile, mais on sait fabriquer autrement ce produit et on y consacre des hectares plutôt qu’une autre technologie : c’est une question quasiment morale.

Christian Pèes : « Ce débat va au-delà de l’agriculture. Les terres agricoles sur la planète sont sousutilisées contrairement à ce que les gens croient. Les meilleurs rendements sont obtenus sous nos latitudes alors que les zones les plus productives sont intertropicales.Surcesterres,pourdes raisons humaines et d’organisation politique, les rendements sont de misère. Un potentiel fabuleux existe, à condition de résoudre les problèmes d’organisation politique. A côté de nos trois types d’agriculture, il y a ce que certains appellent l’agriculture de firme, développée par des investisseurs en Afrique ou ailleurs,quisaventquelegisement est là et se trompent rarement. Le potentiel existe, sous réserve que les hommes soient un peu moins bêtes. »


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PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

Agriculture - Regards croisés | XIII

l’agriculture en 2050 ? » n’y aura plus d’activité parce que l’être humain est fait comme ça. Si on n’a pas de quoi vivre, on ne pourra pas préserver la biodiversité. L’intérêt de l’agriculture écologiquement intensive (AEI) est de bâtir un modèle gagnant économiquement et respectueux de la biodiversité. C’est vital. » Camille Chamard : « Les agriculteurs ne s’opposent pas à la biodiversité, ils la considèrent comme un des éléments dans leurs décisions mais ce n’est pas le seul. » Christian Pèes : « Quand on atterrit à Pau, on mesure le grignotage constant des terres agricoles par des surfaces industrielles et commerciales. Savezvous que la surface agricole diminue de 7 ha par jour dans le département. L’amputation est une souffrance pour le paysan. Mais il faut être clair. Si je suis paysan à 65 ans, sans succession,

et que j’ai le choix entre une retraite agricole de 700 à 1000 € par mois et le jackpot en vendant mes terrains… C’est vite choisi. » Camille Chamard : « Bien sûr ! Je le comprends mais je n’approuve pas. Il y a une ambiguïté plus ou moins assumée. Je pense qu’une partie des agriculteurs n’ont pas conscience de la place que pourrait occuper l’agriculture à l’avenir. Longtemps laissée de côté, l’agriculture a repris place dans des débats publics. Tant mieux. » Christian Pèes : « Face au dilemme, je suis peut-être excessif… mais on ne peut pas demander aux agriculteurs de choisir entre le paradis et l’enfer ! Il faut que la puissance publique prenne des responsabilités. Dans les communes, les élus ont des arbitrages difficiles à faire, j’en conviens. »

Etes-vous optimistes au point de conseiller à un jeune de devenir demain agriculteur ? Christian Pèes : « Oui s’il aime

L’agriculture écologiquement intensive est-elle compatible avec le respect de la biodiversité ? Christian Pèes : « La vie est multiple : des mammifères au monde végétal et aux bactéries. On connaît 10 à 15 % du vivant réel. Le modèle agricole qu’on a pratiqué, avec spécialisation de zones, semble ne pas aller dans le sens de la biodiversité. Mais je ne suis pas sûr qu’il faille parler de destruction. Euralis développe une bibliothèque de génétique. L’évolution est enclenchée, on interroge nos agriculteurs sur la biodiversité. Même si le maïs est la colonne vertébrale de l’agriculture ici, ils revalident beaucoup de choses et aspirent à la diversification. » Camille Chamard : « La biodiversité est sous la loupe d’experts

qui font des diagnostics et des inventaires. Mais il faut rappeler que l’agriculture est une activité qui doit être économiquement viable. La biodiversité et la durabilité sont des indicateurs, comme d’autres. Ne considérer que la biodiversité est un égarement. De même que considérer uniquement l’économie est une erreur. Il y a des précautions à prendre en terme de biodiversité, les experts sont là pour ça. Mais n’oublions pas que l’activité économique a aussi son intérêt. » Christian Pèes : « Je vous remercie de mettre ça en avant ! Clairement, si économiquement on échoue, ne rêvons pas : il

vraiment la terre, aussi bien les joies qu’elle procure que les contraintes qu’elle exige. Je suis optimiste car l’agriculture a beaucoup de cartes positives en main dans ce monde difficile. Les défissonténormes :ilfautnourrir l’Humanité et fabriquer de l’énergie. On boucle deux siècles de pétrole et d’énergie pas chères et l’agriculture de la planète a des opportunités.Elledevras’appuyer sur la science et la recherche, plus que jamais. Ici, nous avons toujours une vision « rousseauiste » de l’agriculture, passéiste et un peu bucolique tandis que d’autres parties du monde se sont emparées de ces sujets. C’est un réel danger. Je suis optimiste aussi parce que les paysans se sont toujours adaptés. Il y a cette énergie dans le monde agricole, cette dynamique qui permet de rebondir. Certes l’agriculture peut casser

beaucoup d’œufs si on n’y prend garde. Aussi faut-il la doter des mêmes atouts que les autres domaines de l’économie. » Camille Chamard : « Oui, agriculteur reste un métier d’avenir. Je suis,moiaussi,optimiste.D’abord parce que l’agriculture est de plus en plus au centre des préoccupations.Abandonnéedanslesdébats publics, elle y revient entourée de compétences multiples. Désormais, on réfléchit aux aspects économiques,scientifiques,biologiques, écologiques, sociologiques des défis agricoles. Je suis convaincuquel’agriculturejouera demain un rôle politique au sens noble du terme, celui de participer à la vie de la cité. L’agriculture doitêtrereconsidéréecommeune partieduterritoiredelaviequotidienne et savoir présenter des positionsquinesoientpascaricaturales. l RECUEILLIPARMARIE-PIERRE COURTOIS ET JEAN MARZIOU

BIOGRAPHIE

Christian Pèes, un homme d’action et de convictions Christian Pèes, président du Groupe Euralis Christian Pèes préside le Groupe Euralis depuis septembre 2000. Homme d’action et de conviction, il n’hésite jamais à prendre position au niveaunationalpourdéfendrel’agriculture. Agriculteur à Athos-Aspis (canton de Sauveterre), il cultive 30 hectaresdemaïsetélèvedesporcs destinés à la production de jambon de Bayonne. Pour le président d’Euralis, l’agriculture est plus qu’un métier, c’est un engagement ! Pour preuve, il est également vice-président de Coop de France, trésorier de l’AGPM (Associationgénéraledesproducteursdemaïs) et membre du bureau du Club Demeter,clubderéflexionsurl’agriculture et l’agroalimentaire.

Camille Chamard, un universitaire sensible à l’agriculture Camille Chamard, directeur de l’IAE de Pau À 40 ans, Camille Chamard est directeur de l’Institut d’administration des entreprises de l’université de Pau et des pays de l’Adour. Docteur en sciences de gestion, il est enseignantchercheurenmarketingdepuis10 ans, après une thèse à Paris 1 PanthéonSorbonne. Spécialisé dans le marketing territorial, il a été responsable du Master économie et gestion de l’agroalimentaire à l’IAE. Natif d’Orléans, installé à Orthez depuis 11 ans, il est l’auteur de plusieurs ouvrages et cofondateur de l’Observatoire de l’image des territoires, créé en 2008.

bleubearn.fr

93.2 Oloron 102.5 Pau 104.8 Orthez

vu d’ici 19021255-PV

AG - Photos : Christophe Mentières

Ici, on avance ensemble


XIV | Agriculture - Salon à Paris

Une nouvelle marque pour l’agriculture du 64 PROMOTION La marque « J’aime l’agriculture 64 », qui veut fédérer autour d’elle les savoir-faire, portera fièrement les couleurs de l’agriculture du département au salon de Paris.

J

’aime l’agriculture 64 ». Cette nouvelle marque est née dans le département des PyrénéesAtlantiques d’une volonté de communiquer sur des actions de promotion liées à l’agriculture. Notamment, elle a trouvé sa place sur l’événement « Ferme en ville Morlaàs 2011 » où agriculteurs, partenaires et grand public ont pu la découvrir en avantpremière. Elle sera également présente au Salon international de l’agriculture à Paris. « D’un point de vue plus personnel, « J’aime l’agriculture 64 » s’est naturellement imposée à moi en tant qu’éleveur » explique Jean-Michel Anxolabéhère, président de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques. « Au-delà du fait que je suis plus que sensibilisé à ce sujet, parler aujourd’hui d’agriculture est un véritable besoin : la société dans laquelle nous vivons nous a fait oublier que tout commence par là : c’est la terre qui nous fait vivre, que l’on soit agriculteur ou consommateur. Ce lien, ce repère est à reconquérir. Parlons de nos racines ! Communiquons ! » plaide Jean-Michel Anxolabéhère.

La fierté d’être agriculteur « J’aime l’agriculture 64 » se veut d’abord un lien entre les partenaires de l’agriculture, entre

INITIATIVE

« Bienvenue à la ferme » à Paris aussi Cette année, l’association « Bienvenue à la ferme » aura son propre espace sur le stand des Pyrénées-Atlantiques. Cet investissement permet à trois producteurs d’être présents au Salon. Ils assureront, au cours de ces 10 jours, la promotion du réseau des Pyrénées-Atlantiques. L’association compte aujourd’hui 116 adhérents. En 2012, 13exploitationssont venues rejoindre le réseau. Ce développement devrait se confirmer en 2012. A l’occasion du Salon de l’agriculture, « Bienvenue à la ferme » publie l’édition 2012 de son catalogue. l Contact : Benoît Floquet. Tél : 05 59 90 18 41

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PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

LES ÉLEVEURS DU 64 À PARIS Ils sont 22 éleveurs à avoir un ou plusieurs animaux sélectionnés pour le concours général agricole.

Blonde d’Aquitaine - Earl Garat, Jean-Vincent Garat - La Bastide-Clairence - Gaec Dou Cap De La Coste, Philippe Basta - Arzacq Arraziguet - Mendribil Gracie - St Palais

Prim holstein - Earl Mourterou, Jean-Paul Mourterou - Bosdarros - Gaec Florenties, Olivier Bonjean - Lourenties - Gaec Hastania Xutik -Viodos Abense De Bas - Earl Cradey, Francois Hounieu Cradey - Coarraze

Âne des Pyrénées - Lescar Pau Emmaüs Chemin Du Salié - Lescar - Mousques - Orthez - Pierre Yves Pose, Gîte Auberge La Garbure - Etsaut

Ardennais Le métier d’agriculteur attire toujours de nombreux jeunes dans notre département. Près de 30% des agriculteurs du 64 ont moins de 40 ans. © MARIE-PIERRE COURTOIS

- Gantch Stéphane 1 Rue D’ossau - Castet

Comtois les territoires… Ensuite, c’est une démarche positive et dynamique pour les agriculteurs. Au quotidien, à la Chambre d’agriculture, les chefs d’exploitation sont accompagnés sur les aspects techniques, économiques... pour les aider à surmonter les difficultés qu’ils rencontrent. « Plus largement, notre volonté est de voir ces personnes s’épanouir dans leur métier. J’aime l’agriculture 64 est le reflet de cette volonté » assure le président Anxolabéhère. Enfin, « J’aime l’agriculture 64 » est un gage de confiance entre les agriculteurs d’une part

et les ruraux et citadins d’autre part. La marque traduit à la fois l’actualité de ce métier, moderne, passionnant, et ses racines ancrées dans la tradition et la culture. Elle transmet la fierté de ceux qui l’exercent et en vivent.

Promouvoir les savoir-faire Pour que cette marque grandisse, la Chambre d’agriculture multiplie les actions et événements pour lui permettre de laisser son empreinte. « J’aime l’agriculture 64 » sera ainsi présente en 2012 sur de nombreux événements dont le

Salon International de l’agriculture ou la Ferme en ville Bayonne 2012. Le site Internet « jaimelagriculture64.com » est le principal outil de cette promotion. Il a pour vocation à devenir le portail des tous les événements qui se rapportent à l’agriculture. « Si demain tous les agriculteurs ont un autocollant «J’aime l’agriculture 64» sur leurs tracteurs et que les habitants des Pyrénées-Atlantiques font la même chose et portent haut « J’aime l’agriculture 64 » nous aurons fait un grand pas en avant ! » prévoit le président de la Chambre de l’agriculture. l

- Lansalot Francis, 34 Route de Mauléon - Angous

Mule des Pyrénées - Castelbieilh Fabienne Bibane, Meracq

Les Pyrénées-Atlantiques s’exposent LES CONCOURS

TERROIR Les Pyrénées-Atlantiques seront présentes au Salon international de l’agriculture du 25 février au 4 mars (hall 7.1, stand H-36-40) Le Salon de l’agriculture,c’est680000visiteurs et le plus grand concours agricole mondial. C’est une opportunité pour faire connaître l’agriculture des Pyrénées-Atlantiques et les produits issus de l’agriculture de notre département. Chaque année, la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques et le conseil général misent sur cet événement. En 2012 la mobilisation de ces deux partenaires permet de proposer aux producteurs d’être présents à Paris. De plus, la délégation des éleveurs des Pyrénées-Atlantiques sera le reflet de l’élevage dans le 64 : blonde d’Aquitaine, prim’holstein, ovins, porcs et équins seront représentés. Enfin, comme chaque année, la filière ovine ne manquera pas

Un âne des Pyrénées.

l CONCOURS DES PRODUITS

Pottok - Samedi 25 février à 9 h 30. Volailles abattues, découpes de volailles, produits issus de palmipèdes gras, vins du Sud-Ouest. - Dimanche 26 février - 9 h 30 Produitsapicoles,pimentd’Espelette. - Lundi 27 février - 9 h 30 Truites fumées, produits laitiers. - Mardi 28 février - 9 h 30 Jus de fruits, bières, charcuteries, concours expérimentaux. L’Ossau Iraty. © J-P GIONNET l CONCOURS DES ANIMAUX à l’appel. Le syndicat AOC OssauIraty sera notamment présent sur le stand Aquitaine, Hall 1. l LES RENDEZ-VOUS DES P-A SONT LES SUIVANTS :

- Jeudi 1er mars : journée départementale. - Jeudi 1er et vendredi 2 mars : déguster les Pyrénées-Atlantiques, avec Dominique Massonde.

-Samedi 25 et dimanche 26 février Trophée national des ânes - Lundi 27 février : concours des vaches laitières de race prim’holstein. - Mardi 28 février : concours des porcs basques. - Mercredi 29 février : équins : concours modèles et allures. - Jeudi 1er mars :concoursdesvaches de race blonde d’Aquitaine.

- Etchegaray Etienne, Ithurrartekobidea - Espelette - Lopez Jean-Michel, Ongui Ethorri - Ascain

Ovins/Basco-béarnaise - Fidelle, Ahetzia - Ordiarp - Sahores - Moncayolle

Ovins/Manech tête noire - Petit - Camou Cihigue - Aguer, Bourg - Camou Chihigue.

Ovins/Manech tête rousse - Bidabe Eskain - Barcus

Porc basque - Gaec Artetxea, Artexea Lantabat - Oteiza Catherine, Arretechea - Les Aldudes


JEUDI 23 FÉVRIER 2012

Agriculture - Salon à Paris | XV

PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

Le salon de l’agriculture 2012 Le salon de l’agriculture nous donne rendez-vous à Paris, du 25 février au 4 mars 2012. L’an dernier, 678 732 visiteurs ont arpenté les allées pour découvrir notre patrimoine, la gastronomie régionale et internationale. Décryptage de ce grand rendez-vous annuel qui cette année est tourné vers l’humain puisqu’il propose de partir à la découverte des métiers de l’agriculture. Pavillon 7.1 et 7.2

Pavillon 4 • Concours général agricole des animaux • Élevage et ses filières : chevaux, ânes, poneys, chats, chiens, poissons, oiseaux • Tourisme rural, Parking vert et équestre C

• Agriculture et délices du monde • Services et métiers de l’agriculture

+ de 50 % du territoire

Pavillon 7.2

• Beauté et mode au naturel, jardin et paysagisme

Pavillon 7.1

• Concours général agricole des animaux. • Élevage et ses filières ovins, caprins, porcins, aviculture, basse-cour

Pavillon 2

1er producteur agricole de l’Union Européenne 66 milliards d’euros

3e exportateur mondial

Parking

Espace enfants

Départ petit train

2,9 % de l’emploi total

Pavillon 1

Pavillon 3

Pavillon 4

de produits agroalimentaires

R

T 2

Pavillon 1

Entrée principale Place de la Porte de Versailles

Parking

M ri

ng

S

M De 9h00 à 19h00 MÉTRO PORTE Nocturne, le vendredi 2 mars T 3 jusqu'à 23h (soirée gastronomique) DE VERSAILLES TRAMWAY Accès : Métro : Porte de Versailles (ligne 12), Balard (ligne 8) Bus : Porte de Versailles (ligne 80 et PC1) RER : Boulevard Victor (ligne C) Tramway : Porte de Versailles (T3) Voiture : depuis le périphérique, sortie Porte de Versailles Tarifs : Plein tarif : 12€, enfants de 6 à 12 ans et étudiants : 6€, gratuit pour les enfants de moins de 6 ans

nd ra

Bus PC

M

G

Infos pratiques

L’agriculture française :

Pavillon 2

F

15 e Porte de Versailles

Pavillon 3

• Régions de France (métropole et Outre-Mer)

Parking

PARIS

Boutique du salon

Bus 80

Le concours général agricole en 2011

Le salon en chiffres Bovins originaires de 18 pays Plus de 4 700 animaux

Ils consomment pendant le salon…

Plus de 700 producteurs Plus de 1 000 éleveurs

Répartition du temps de travail Temps plein 966 000 personnes

(en %)

Salariés saisonniers Salariés permanents non familaux

Temps partiel 90 000 personnes

Autres actifs familiaux

Conjoints

Porcins

45 tonnes de foin 122 tonnes de fourrage 4 tonnes d’aliments concentrés

1 100 exposants

1 200 kg de plats préparés

Pour le coucher et les repas 230 tonnes de paille 1 080 tonnes de tourbe 100 tonnes de foin

Caprins

215 bottes de copeaux 280 tonnes de fumier

880 kg de foin 440 kg de céréales

Production agricole Variation 2010/2011 de la valeur en millions d’euros

1 298,6

Ensemble

+ 3 671,4

1 095,1

Entreprises, coopératives

3,6% 1,6%

millions d’euros

765,2

8%

592,9

10,5%

491,4

430,7 Lé C 72,3 Fruit éréale gumes s s

17% Vins

59,3% Chefs d’exploitation (+conjoints), coexploitant(e)s Sources : SSP Agreste, Insee,Eurostat

Autr P Bét A S P ail p utres i lantes a roduit ervice prod es s n s -180,4 v r d o i c ustr d anim uits vég uits ielle oles é s -318,5 taux aux

Part de chaque produit dans la production 2010 14,3%

13,3% 15,4%

11,1% 6,2%

6,2%

-575,4 5,5%

4,5%

16%

7,5%


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