La quete numero 165 juin 2014

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3$ Le magazine de rue de Québec

No 165 Juin 2014

S.V.P. n’achetez qu’au camelot portant une carte d’identification 2 $ sur le prix de vente va directement au camelot.

Autochtones urbains

• L’exil • Le cercle de Maniteshkueu • Venir du Grand Nord • La grotte de grand-mère Sainte-Anne • Tournés vers l’avenir

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Avis de convocation Assemblée générale annuelle 2014

Michel Yacoub La population de Québec est conviée Assemblée générale annuelle 2012 Conseiller en sécurité financière À la séance publique d’information et à L’assemblée générale annuelle de Conseiller en régimes d’assurances collectives La population de Québec est conviée à L’Archipel d’Entraide Représentant autonome La séance publique d'information précédera l'assemblée générale annuelle Le mardi 17 juin à 19h00 de l'Archipel d'Entraide 501, 14e Rue À la Salle La Nef Québec, Québec Le mardi 190, rue Saint-Joseph Est (coin Caron) 12 juin 2012 à 19h00 G1J 2K8 À la Salle Hypérion Québec (Québec) G1K 3A7 190, rue Saint-Joseph Est (coin Caron) Québec (Québec) G1K 3A7 Téléphone : 418 529-4226 Les portes ouvriront dès 18h30 Télécopieur : 418 529-4223 Les ouvriront Un portes buffet sera servi dès 18 h 30 Ligne sans frais : 1-877-823-2067 Un buffet sera servi Courriel : michel.yacoub@sympatico.ca

Pour informations


SOMMAIRE DOSSIER AUTOCHTONES

URBAINS 06

L'exil

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Apprendre la langue de ses ancêtres

09

10

Difficile accès aux soins de santé La grotte de grand- mère Sainte-Anne

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Photo : Luc-Antoine Couturier

Autochtones de l'avenir Venir du Grand Nord

15

Le Cercle Maniteshkueu

CHRONIQUES

POUR LE PLAISIR DE LIRE

08

« Maudit sauvage ! »

13

Le temps des sauvages

17

Un appétit féroce pour l'été

21

Poème triste (ment)

21

30

La route positive

22

Si j'avais mon pays un jour

22

Pour demain (chanson)

23

Les gens de la rue

24

En relisant Marcel Proust...

25

Sauver une vie

25

Nausée régionale

26 27

JEUX 18

Le jeu de La Quête

L'âme des animaux

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Fugue

La langue dans sa poche

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Ptoho: Thomas Duchaine

La tête nouée de préjugés

03


PAGE COUVERTURE Mélissa Picard et Julie-Louise Malek Photos: Luc-Antoine Couturier lucantoinecouturier@gmail.com Conception graphique : Karyne Ouellet

RÉALISER L’ESPOIR Camelots recherchés

L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment

donné Hey toi! de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés Tu as 18compte ans ou plus. pour cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, Tu veux te faire quelques dollars? etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs Pour plus d’informations autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, Appelle-nous au certain pouvoir sur leur vie. reprendre un Travaille à ton compte. Pas d’horaire. à la vente - sur de la rue rue !par des Vends le magazine La Quête

418 649-9145 poste 33 Ou L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des Viens nous rencontrer au services d’accompagnement 190, rue St-Joseph Est (coin Caron)communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche logement par le biais de son service Accroche-Toit. Dans l’église d’un Jacques-Cartier

Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots. SUIVEZ-NOUS SUR

laquete.magazinederue

ÉDITEUR Archipel d'Entraide ÉDITEUR PARRAIN Claude Cossette COORDONNATRICE Francine Chatigny CONSEILLÈRE À L’ÉDITION Martine Corrivault RÉDACTRICE EN CHEF Valérie Gaudreau RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Isabelle Noël CHRONIQUEURS Martine Corrivault, Claude Cossette, Mathieu Meunier, Diane Morin JOURNALISTES Jean-Louis Bordeleau, Arthur Darrasse, Véronik Desrochers, Thomas Duchaine, Gabrielle Germain, Andrée-Anne Lévesque-Aubé, Lou Sauvajon

UNE TRIBUNE POUR TOUS Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu. Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux. Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de juillet-août  : Travail saisonnier

FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOTS Les camelots récoltent 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier. Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31

AUTEURS Hervé Anctil, Michel Bonnelly, Julie Cartier, Jean-Pierre Drolet, Laurence Ducos, Gaétan Duval, Marlo, Mélissa Picard, Yves Potvin, Bernard Songe, Christiane Voyer AUTEURS DES JEUX Hélène Huot, Jacques Carl Morin, Ginette Pépin RÉVISEURES Geneviève Loiselle, Nathalie Thériault PHOTOGRAPHES Luc-Antoine Couturier, Camille Amélie Koziej-Lévesque, Simon-Charles Couture-Labelle INFOGRAPHISTE Karyne Ouellet AGENTE DE PUBLICITÉ SOCIALE Geneviève Thompson IMPRIMEUR Les Impressions STAMPA inc. 418-681-0284

Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.

COUPON D’ABONNEMENT 10 PARUTIONS PAR ANNÉE Camelots recherchés

Nom: Adresse: Travaille à ton compte. Pas d’horaire. Ville: Vends le magazine de rue La Quête postal: PourCode plus d’informations

Abonnement régulier Abonnement de soutien Abonnement institutionnel

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Téléphone: La Quête est appuyée financièrement par : Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)

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Journal La Quête

190, rue St-Joseph est Québec (Québec) G1K 3A7 Téléphone: 649-9145 Télécopieur: 649-7770 Courriel: laquetejournal@yahoo.ca

Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien

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MOT DE LA COORDONNATRICE

AUTOCHTONES URBAINS de Wendake puissent renouer avec leur langue ancestrale. Véronik Desrochers a rencontré les artisans de cet audacieux projet.

À moins qu'ils ne revendiquent - ou qu'elles ne disparaissent-, on entend rarement parler des membres des Premières Nations dans nos médias. Pourtant, ils sont partie intégrante de la société québécoise et habitent aussi les grands centres urbains. Histoire d'apprendre, ne serait-ce qu'un tout petit peu mieux, à les connaître, La Quête est allée à leur rencontre.

La jeunesse autochtone ne diffère pas de la jeunesse blanche. Mêmes intérêts, mêmes passe-temps. Cependant, quand ils doivent poursuivre leurs études en ville, quelques difficultés attendent les Autochtones sur les bancs d'école. Heureusement, nous apprend Jean Louis Bordeleau, des solutions sont mises en place pour faciliter le « changement de classe ».

Innue de Pessamit, Mélissa Picard ouvre ce numéro sur les Autochtones urbains. Quitter sa communauté pour s'installer en ville ne se fait pas sans heurt, relatet-elle. Autochtones et non-autochtones entretiennent, chacun de leurs côtés, des préjugés tenaces qui ne facilitent pas les relations. Il serait pourtant si enrichissant de laisser tomber ces barrières, dont certaines érigées sur des faussetés, pour enfin apprendre à se connaître insiste-telle.

Pouvez-vous vous imaginer naviguer entre trois paliers de gouvernement pour obtenir des soins de santé ? L'enfer, diriez-vous. Eh bien, c'est exactement ce que doivent vivre les Autochtones quand des malaises plus importants les obligent à quitter leur communauté. Survol de la question avec Lou Sauvajon.

Cette méconnaissance mutuelle se traduit également dans les petits gestes au quotidien. Dans Venir du Grand Nord, Arthur Darasse rapporte les propos de son interlocutrice, l'Inuite Annie Baron. « Chez moi, si les gens ne sourient pas, c’est qu’il y a un problème quelque part. Ici quand tu souris aux gens, ils sont persuadés que tu flirtes avec eux ». Même s'il lui arrive parfois de se demander ce qu'elle fait ici, Mme Baron ne pourrait plus se passer du Sud !

fois un bonheur, voire un honneur. J'ai le privilège de lire en primeur ces bijoux de textes, mais ma plus grande joie est d'offrir à la fois une tribune aux auteurs et du bonbon aux lecteurs ! FRANCINE CHATIGNY

SOLSTICE AUTOCHTONE 2014 La lecture de ce numéro vous donne le goût de connaître davantage les membres des Premières Nations qui habitent Québec ? Une belle occasion s'offrira à vous les 21et 22 juin alors que le Cercle Kisis tiendra des activités dans le cadre de Solstice autochtone 2014. La programmation sera disponible sous peu sur facebook. com/cerclekisis

En juillet, des milliers de personnes convergent vers la Basilique de SainteAnne de Beaupré. Parmi les pèlerins, on dénombre plusieurs membres des Premières Nations. Découvrez, dans le texte de Thomas Duchaine, pourquoi ils parcourent des centaines de kilomètres pour venir à la grotte de grand-mère Ste-Anne !

Le programme de revitalisation de la langue wendat, Projet Yawenda a vu le jour il y a sept ans. Il a fallu remonter aux archives des Jésuites des 17e et 18e siècles pour retracer ce vocabulaire perdu dans l'histoire afin que les Hurons-wendat

SAUVAGE Les chroniqueurs aiment provoquer. C'est sans doute pourquoi deux d'entre eux ont mis bien en évidence, le mot « sauvage » dans leur titre. Avant de vous indigner, prenez le temps de les lire et de saisir l’essence de leurs propos.

Courtoisie: Donna Larivière

Au Cercle Maniteshkueu, broder, perler et faire des mocassins sert de prétexte pour briser l'isolement des femmes autochtones qui ont dû quitter leur communauté. Tous les mercredis, elles se rencontrent, échangent ou assistent à des conférences sur les services à leur disposition. Gabrielle Germain a passé une soirée en leur compagnie.

Donna Larivière

Toute l'équipe de La Quête tient à remercier Donna Larivière et Marie-Claude Cleary qui nous ont donné un coup de pouce dans l'élaboration de cette édition.

Ptoho: Luc-Antoine Couturier

POUR LE PLAISIR DE LIRE!

Marie-Claude Cleary

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Parmi les plaisirs d'être la coordonnatrice du magazine de rue de Québec, il y a celui de récolter les cadeaux du ciel, formule un peu mystico-gélatineuse pour qualifier les textes généreusement offerts par les gens de la communauté. Accueillir par téléphone, par courriel ou directement au bureau des auteurs qui ont le désir de partager leurs idées et leur talent avec les lecteurs de La Quête, est chaque

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L'EXIL

DE LA COMMUNAUTÉ AU MILIEU URBAIN Chaque année, des dizaines de familles autochtones migrent vers la ville. Par choix ou par manque de choix. Que ce soit pour les études ou pour le désir d’une vie meilleure. Mais ce changement a un prix. Le choc culturel. Individuel et familial.

Ptoho: Luc-Antoine Couturier

c’est souvent la question de l’identité qui crée le plus gros bouleversement.

Mélissa Picard

Quitter une communauté, c’est d’accepter de perdre nos repères et de s’exposer à une vulnérabilité. Pour l’adulte, c’est le côté personnel qui va jouer un rôle important. L’orgueil étant la première chose que l’on doit être prêt à laisser tomber pour une meilleure adaptation. Chez les enfants, le plan social est souvent le facteur qui va déterminer leur aptitude à s’intégrer à leur nouvel environnement. La vie en communauté a des avantages et des désavantages, tout comme partout ailleurs. De l’entraide, en passant par le soutien et la proximité, ce sont là des acquis que l’on accepte de laisser aller lorsque nous quittons notre patelin. Le milieu urbain demande une grande adaptation car il ouvre la porte à la solitude et à des risques de trouble d’adaptation. L’exil permet cependant de trouver intimité, organisation et ouverture. Ce qui est intéressant et à la fois nourrissant, c’est le choc. Chaque événement dans la vie amène sa dose d’apprentissage. Quitter sa communauté pour le milieu urbain possède un côté bénéfique pour plusieurs raisons mais surtout pour la connaissance de soi. Le changement nous amène à faire face à nous-mêmes. Que ce soit pour nous dépasser ou pour nous recentrer sur nos objectifs de vie,

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que l’on s’assoit et que l’on apprenne vraiment à se connaître?

Nous sommes conscients que notre Les préjugés que l’on transmet ne sont bagage ainsi que nos réalités sont dif- souvent que répétition de ce que l’on a férents de ceux du reste de la popula- entendu. Nul besoin de vous rappeler tion. Mais lorsque nous quittons nos tous les préjugés sur les Autochtones. pairs, et donc notre Par contre, ceux-ci e n v i r o n n e m e n t , Vous trouvez que l’on veut sont visibles ici auscette différence est tout et que l’on ne paye si, et partout, dans quelque chose que pas assez ? Serait-il temps toute ethnie ou race l’on ressent, que l’on que l’on s’assoit et que l’on confondue. Et par le vit et qui nous fait fait même, il est aussi apprenne vraiment à se grandir. Cela nous essentiel d’avouer que ramène à nos ra- connaître ? nous en avons aussi cines. Cette prise de sur le peuple québéconscience de notre individualité est un cois et canadien. Comme le non-respect élément rassembleur pour les Premières de la Terre-Mère et de ses ressources pour Nations en milieu urbain. Comme pour des bénéfices personnels. toute personne qui s’éloigne de son milieu de vie et qui accepte de sortir de sa Il est de notre devoir en tant que popuzone de confort. Il vivra une belle remise lation de créer pour la prochaine génération, l’ouverture dont nous avons en question. tous besoin pour grandir. Grandir en PARLONS COHABITATION tant qu’individu mais aussi en tant que peuple. La différence est une richesse, Peu importe de quelle nation nous mais la compréhension de l’autre l’est sommes, nous arrivons dans les grandes encore plus. villes avec nos mécanismes de défense bien installés. Trop souvent nous sommes confrontés aux jugements, que ce soit MÉLISSA PICARD pour la location d’un logement, l’entrée à une nouvelle école, le voisinage et plusieurs autres aspects. Il est difficile de déposer nos bagages paisiblement dans un contexte où la méfiance est omniprésente. Nous vivons dans un environnement où l’intolérance à la différence se fait particulièrement sentir. La confiance est donc quelque chose de très éphémère, et ce, même en 2014. Vous nous trouvez arrogants ? Serait-il possible que ce soit à cause du regard de déception auquel nous avons eu droit lors de notre arrivée dans le quartier. Vous nous trouvez parfois irresponsables ? Serait-il possible que ce soit à cause des traumatismes que plusieurs de nos générations ont vécus. Vous nous voyez dans la procrastination ? Serait-ce parce que nous avons appris à vivre dans le moment présent et non dans le futur ? Vous trouvez que l’on veut tout et que l’on ne paye pas assez ? Serait-il temps

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APPRENDRE LA LANGUE DE SES ANCÊTRES Kwe, ahskennon’nia ihchie’s ? Bonjour, comment ça va ? Quelle joie pour les Wendat de Wendake de pouvoir enfin communiquer dans leur langue ancestrale. Heureux partenariat entre la nation autochtone et l’Université Laval, le Projet Yawenda fait revivre, depuis quelques années, des milliers de mots d’une autre époque et ce n’est pas près de s’arrêter. « Les gens ont la fierté de se dire que leur langue, il y a cinq ans, il n’y a personne qui la parlait », souligne Louis-Jacques Dorais, un des principaux artisans du projet. La Quête l’a interviewé.

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nu ou le mohawk) ». Toutefois, malgré toutes les contraintes budgétaires et professionnelles, l’équipe du Projet Yawenda a su tirer son épingle du jeu, et son suc-

Courtoisie : Yawenda

Tout a commencé en 1998 alors qu’en- de recherche attitrée au projet, qui a vaviron 350 Hurons-Wendat signent une lidé plusieurs centaines de mots wendat pétition pour que leur langue soit ensei- tirés des archives jésuites des 17e et 18e gnée à l’école primaire de la communau- siècles. Ayant recours à la linguistique té. Mais c’est seulement en 2006 qu’un historique comparative, elle a pu reconsprocessus se met en branle : les autorités tituer le lexique, la morphologie et la synscolaires contactent le Ciéra (Centre in- taxe de la langue, poursuit Dorais. Même teruniversitaire d’études et de recherches si tout ce vocabulaire scientifique et linautochtones de l’Univerguistique peut paraître sité Laval) afin de créer Tout a commencé en difficile à appréhender, un partenariat pour re- 1998 alors qu’environ Megan a réalisé un rêve vitaliser la langue parlée de petite fille : « apprendre 350 Hurons-Wendat par les Hurons-Wendat la langue de sa grandquelques centaines d’an- signent une pétition mère qui était d’origine nées auparavant. Suite à pour que leur langue wendat », explique-t-il. l’obtention d’une sub- soit enseignée à vention du programme l’école primaire de la Grâce à ses recherches, Megan a pu prendre des Alliances de recherche communauté en charge la formation université-communaudes enseignants. Jusqu’à té (ARUC) du Conseil maintenant, près d’une dizaine d’entre de recherches en sciences humaines du eux travaillent à l’école primaire Ts8taïe. Canada (CRSH), le projet démarre en L’enseignement de la langue se fait lors 2007, pour une durée de cinq ans. de journées pédagogiques où les enfants Yves Sioui, à l’époque directeur de l’école apprennent par le biais d’activités, de jeux primaire de Wendake, est le responsable et de chansons. En outre, cinq glossaires communautaire (il fut remplacé plus tard illustrés et une section huronne-wendat par Richard Dussault), tandis que Louis- dans le site Internet First Voice.com, un Jacques Dorais, professeur au départe- site interactif d’apprentissage des langues ment d’anthropologie aujourd’hui à la autochtones du Canada, sont déjà disporetraite, prend les commandes de la super- nibles pour l’apprentissage de la langue. vision universitaire. Le Projet Yawenda, « une alliance de recherche entre la nation Bien que le Projet Yawenda, qui s’étendait huronne-wendat et l’Université Laval », sur cinq ans, soit terminé, de nombreuses voit le jour, explique Louis-Jacques Do- choses restent à faire. Louis-Jacques rais, aussi expert en langues amé- Dorais affirme qu’il reste des milliers de mots à recenser et que les cours aux rindiennes. enfants et aux adultes devront davantage OBJECTIFS RÉALISTES se perfectionner et s’affiner. Enfin, « une ET RÉALISÉS banque terminologique accessible au grand public par Internet est en construcLe Projet Yawenda, littéralement « la voix » tion », affirme-t-il. en wendat, se fixe trois objectifs : reconstruire la langue wendat, former des GAGES DE SUCCÈS professeurs capables de la transmettre et créer du matériel pédagogique pour les Bien sûr, tous ne sont pas enthousiastes élèves. Deux ans après la fin officielle de la par ce projet, selon Dorais. « Si la revisubvention, les objectifs ont-ils été rem- talisation de la langue semble intéresplis? Il semble bien que oui. Aujourd’hui, ser la grande majorité de la population, la langue ancestrale est bien avancée sur certains trouvent qu’il serait plus utile d’intensifier l’enseignement de l’anglais la voie de la reconstruction. ou d’introduire celui de l’espagnol à Louis-Jacques Dorais ne tarit pas d’éloges l’école; ou encore d’y enseigner une langue pour Megan Lukaniec, la professionnelle autochtone toujours parlée (comme l’in-

Le logo du Projet Yawenda

cès indiscutable est en grande partie dû à la qualité des relations humaines. C’est la volonté même des Wendat, intéressés par la langue de leurs ancêtres et prêts à s’engager dans sa revitalisation avec le soutien des universitaires, qui a permis de mener le projet à terme. La langue wendat « ne remplacera jamais le français, c’est un peu utopique de le penser, mais il y aura peut-être des familles où les gens parleront wendat à la maison », ainsi la transmission se fera-telle, conclut Dorais, plein d’espoirs. VÉRONIK DESROCHERS

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« MAUDIT SAUVAGE ! » ss

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Dans mon enfance, nous appelions les Indiens, les Sauvages, un terme relativement neutre à l’époque. Toutefois, quand nous traitions une personne de « Maudit sauvage ! », là, c’était un terme péjoratif. Ça voulait dire que l’on considérait un individu comme rude, brutal, voire agressif. Si tous les Indiens n’étaient pas des Sauvages dans ce dernier sens, ils n’en étaient pas plus appréciés de nous, les Blancs. PRIVILÉGIÉS, LES INDIENS ? Mais notre attitude a-t-elle vraiment changé ? La Loi sur les Indiens, une loi fédérale entrée en vigueur en 1950, gouverne leurs libertés civiles. C’est une loi qui a été rédigée par des personnes étrangères à leur peuple et c’est elle qui définit même qui est Indien et qui ne l’est pas. Les Blancs entretiennent toutes sortes d’idées sur les Indiens : ils ne paient pas de taxes, sont crasseux, peu éduqués, ne travaillent pas, sont logés gratuitement, obtiennent des millions que leurs chefs leurs volent, ainsi de suite. En réalité, s’ils sont logés, leur maison leur est seulement prêtée par le Ministère des affaires indiennes d’Ottawa ; ils ne peuvent donc pas la transformer, l’hypothéquer, la transmettre à quiconque. Ils ne peuvent pas non plus léguer leurs biens par testament… à moins que celui-ci ne soit approuvé par le Ministre. Bien d’autres restrictions leur sont imposées. Sont-ce là les droits d’une personne libre ? C’est vrai, un Indien ne paie pas de taxes… sur les biens qu’il achète sur la réserve, mais il peut être soumis à des taxes imposées par le Conseil de bande. Il ne paie pas d’impôt sur le revenu… mais seulement pour les revenus du travail exécuté sur la réserve. Par ailleurs, même solvable, même assuré de revenus, un Indien peut éprouver de la difficulté à obtenir un prêt ou même une carte de crédit, puisque ses biens ne sont pas saisissables. Bref, peut importe leur âge, les Indiens sont considérés comme des mineurs. Nous aimerions ça, nous les Blancs, habiter un pays comme celui là ? LE RACISME DOUX La Loi des Indiens est le résultat d’un mode de pensée colonial ; c’est une loi qui est, il faut l’admettre, raciste. Les Indiens sont désormais minoritaires dans leur propre pays, que nous avons d’ailleurs conquis par la force, l’intelligence ou l’astuce. Aussi, aujourd’hui comme hier, la majorité blanche ignore leurs revendications.

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E CLAUD

C’est vrai qu’en public, on ne traite plus les Indiens de « maudits sauvages », estimant qu’ils sont bruyants, qu’ils revendiquent de manière farouche, qu’ils réclament toujours davantage alors qu’ils sont privilégiés, bref au fond, qu’ils agissent encore comme des sauvages. Or qui d’entre nous, les Blancs, pourrait se sentir libre dans son propre pays s’il était soumis à des lois promulguées par un autre peuple, comme c’est le cas pour les Indiens ? Or ceux-ci forment toujours un peuple noble. Ils sont vaincus mais ils demeurent fiers et courageux — davantage que les Blancs du Québec parfois. Et c’est pourquoi ils se battent sans relâche pour récupérer les droits qui étaient les leurs dans cette immensité qui leur a été confisquée à coups de fusil. Apprenons donc à connaître davantage ce peuple « pas tuable » que nous côtoyons les yeux fermés. Nous pourrions en apprendre d’eux. Le cinéaste Robert Morin (Trois histoires d’Indiens) raconte : « J’ai des atomes crochus avec les Autochtones et les trouve admirables dans leur drame. Ils vivent comme dans des camps de refugiés, se détruisent [mais] s’entraident. Et dire qu’ils passent pour des privilégiés dans mon village aussi ». SAUVAGE TOI-MÊME ! En 400 ans, les Indiens nous ont appris comment survivre et nous développer sur cette terre nordique qu’est le Québec. Depuis, nous ne leur avons pas remboursé tout ce qu’on leur doit. Christian Nadeau écrit dans Liberté, égalité, solidarité : « La colonisation du Québec fut une tragédie pour les Autochtones. Ne serait-ce que pour cette seule raison, la solidarité à leur égard devrait être au premier rang de nos préoccupations morales et politiques. […] Nous avons une dette historique immense à l’égard des peuples autochtones ». MAINTENANT, TROIS QUESTIONS. Question A : Dans le Québec d’aujourd’hui, voudrions-nous vraiment échanger notre place avec les Indiens ? Question B : Pourrions-nous être davantage solidaires de ces cohabitants du territoire québécois ? Question C : Sinon, serait-ce que nous nous comportons comme des « maudits sauvages » envers eux ? CLAUDE COSSETTE, PUBLICITAIRE & PROFESSEUR

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DIFFICILE ACCÈS AUX SOINS DE SANTÉ Les membres des Premières Nations ont accès aux services de santé offerts par leur communauté. S'ils doivent la quitter, c’est alors que les problèmes commencent. « Le gouvernement fédéral attribue des fonds et des ressources en fonction de différents programmes qui sont alors administrés par les communautés pour leur population, » explique Mme Jessie Messier, agente de programme à la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations. Pour les soins plus spécifiques, tels que les opérations majeures ou les accouchements, de même que pour les soins réguliers liés à des maladies chroniques, les Autochtones doivent alors quitter leur communauté pour s'installer près des services offerts par les Centres de santé et de services sociaux (CSSS). Le gouvernement fédéral couvre alors une partie des frais de déplacement, le remboursement des médicaments, l’accompagnement en cas de barrière linguistique, etc. AUTRES LIEUX, AUTRES MŒURS Basés dans les villes, les Centres d’Amitié Autochtones (CAA), qui offrent des services aux membres des Premières Nations, observent une urbanisation de leur peuple. « À Québec, il y a beaucoup d'Autochtones de l’extérieur qui viennent pour des problèmes spécifiques  », explique Mme Claudie Paul, Conseillère en santé et services sociaux du Regroupement des Centres d'Amitié Autochtones du Québec (RCAAQ). D’après la Loi sur les indiens, les Autochtones des réserves sont pris en charge par le gouvernement fédéral, mais dépendent du gouvernement québécois lorsqu’ils déménagent. Isolés de leur communauté, ils perdent leurs repères et sont donc confrontés à plusieurs problèmes : modification de la couverture santé, ainsi que des droits et des services offerts. Bien souvent, « les Autochtones qui quittent leur communauté n’ont plus droit aux services de santé dispensés par leur communauté d’origine, » explique Mme Marie-Claude Cleary, directrice générale adjointe au CAA de la ville de Québec. Ils doivent alors faire face au système de santé québécois qui leur est complètement inconnu. Bien que plusieurs organisations soient là pour les aider, tels les CAA qui s’adressent plus particulièrement aux « hors-réserves »,

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il y a beaucoup de zones grises concernant la juridiction. MmeMessier souligne que parfois « il arrive que le fédéral et le provincial se lancent la balle et ce sont souvent les individus qui se retrouvent démunis ». Elle estime que cette ambiguïté fait non seulement obstacle à l’accès aux services mais il semblerait également que certains Autochtones renonceraient aux soins. UN OBSTACLE MAJEUR, UNE MÉCONNAISSANCE RÉCIPROQUE Mais le problème réside aussi dans une certaine incompréhension mutuelle. « Il y a autant de méconnaissance des services québécois de la part des Premières Nations, qu’il y a de méconnaissance des professionnels de la santé envers les Premières Nations », avance Jessie Messier. La Loi canadienne sur la santé assure le droit à la santé pour tous les Canadiens. Le système de santé québécois a ainsi le devoir de soigner les Autochtones. La difficulté est de cibler cette population. En raison de la mobilité des Autochtones, il est difficile pour le gouvernement, tout comme pour les organisations de soutien, d’identifier la population présente en ville et d’établir des stratégies pour répondre à ses besoins. « C’est un obstacle en particulier pour le travail de prévention », selon Mme Paul. « Trahis par le passé, les membres des Premières Nations nourrissent une certaine méfiance envers les institutions québécoises » témoignent les professionnels qui travaillent avec eux. Ils sont également confrontés à une méconnaissance de leur culture de la part des Blancs. « Lorsque les Autochtones sortent des communautés, ils se retrouvent face à des problèmes de racisme, de préjugés, en plus de la barrière de la langue », explique Mme Paul. « Nous nous sommes rendu compte que les Autochtones vont dans les services québécois quand leur état de santé est très détérioré et qu’ils n’ont plus le choix », explique-t-elle.

titre, cette dernière évoque l’exemple de la Clinique de Minowé, développée au sein du CAA de Val-d’Or, qui joue le rôle d’intermédiaire entre les Premières Nations, les communautés et les différents paliers gouvernementaux. Aux yeux de Mme Cleary, ce projet très concluant devrait être développé dans la Capitale Nationale. « Il est urgent que le projet pilote de cliniques pour les Autochtones à l’intérieur des CAA puisse être enfin élargi aux grands centres urbains de la province, soit Québec et Montréal, » insiste-telle. Elle rappelle toutefois que les projets dépendent des subventions des gouvernements changeants.

UNE PISTE ? CRÉER DES RESSOURCES INTERMÉDIAIRES Les Centres d’Amitié Autochtones (CAA) sont créés pour répondre aux difficultés liées aux populations autochtones hors réserve. À Val-d'Or, une clinique a été développée au sein du CAA pour favoriser l’accès aux services de santé et services sociaux. Ce sont des professionnels du réseau de santé québécois qui travaillent dans ces cliniques et qui sont complémentaires aux autres intervenants sur place. De plus, ce modèle favorise l’approche de proximité. « Les liens se créent facilement, les gens apprennent à se faire confiance », explique Mme Paul, laquelle travaille sur un « projet de déploiement du modèle Minowé pour son implantation dans les villes du Québec desservies par un centre d’amitié ». Le RCAAQ vise ainsi trois villes pour l’implantation de ce projet en 2015 : La Tuque, Saguenay et Montréal. LOU SAUVAJON

Les organisations de soutien mettent en place des projets de prévention, de vaccination et de sensibilisation. À ce

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LA GROTTE DE GRAND-MÈRE SAINTE-ANNE

Ces paroles sont celles de Denis Gagnon, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur l’identité métisse à l’université de Saint-Boniface au Manitoba. Cet anthropologue, dont la thèse de doctorat portait en partie sur le pèlerinage des Innus à Sainte-Anne-de-Beaupré, raconte que la grand-mère maternelle de Jésus était le seul personnage catholique, évoqué par les missionnaires, qui a interpellé les Autochtones. « C’est parce que pour eux, la grand-mère maternelle est le membre le plus important de la famille », explique-t-il. Il ajoute que le sacrifice de Jésus et la virginité de Marie n’avaient pas de sens chez ces peuples. « Les femmes avaient leur premier enfant dès l’âge de 15-16 ans, alors une vierge pour eux, c’était difficile à concevoir », lance-t-il.

la consommation d’alcool, provenaient du contact avec les Blancs sur le littoral, les anciens pensaient qu’il serait bon d’invoquer les faveurs d’une « divinité » blanche pour les aider », soutient l’anthropologue. C’est de manière similaire que Sainte-Anne s’est glissée dans l’univers spirituel de nombreuses nations autochtones entrées en contact avec le catholicisme et qui s’est répandu partout au Canada. « Chaque été, des dizaines de milliers d’Autochtones se réunissent sur les rives du lac Sainte-Anne, près d’Edmonton, pour célébrer la neuvaine du 17 au 26 juillet », indique-t-il. À Sainte-Anne-de-Beaupré, selon la documentation officielle du sanctuaire, le premier pèlerinage autochtone aurait eu lieu en 1671. Ce sont des Hurons qui auraient fait le voyage en canot sur le fleuve pour venir faire leurs dévotions à Sainte-Anne. À l’époque, seule une petite chapelle meublait le site sur lequel aujourd’hui se dresse la basilique, inaugurée en 1876. C’est à la suite de l’évocation de miracles et l’arrivée de reliques dans le sanctuaire que le site est devenu le lieu de pèlerinage international qu’il est aujourd’hui. SOUS LE SIGNE DE LA FAMILLE « Le pèlerinage à Sainte-Anne-de-Beaupré est une affaire de famille », lance le père Gérard Boudreault, missionnaire oblat de Marie Immaculée. Cet abbé, qui fréquente les communautés innues de la Côte-Nord, connaît bien leurs habitudes. « Encore aujourd’hui, les Innus sont nomades, ils ne restent pas en place », lancet-il. Mais, le pèlerinage de Sainte-Anne est attendu, car il est synonyme de vacances et de détente, souligne le père Boudreault. « Ils prennent la route en groupes familiaux de 2 ou 3 vannettes bien remplies au début juillet où, en plus de SainteAnne-de-Beaupré, ils vont généralement s’arrêter au Casino de Charlevoix, au Village vacances Valcartier et à Montréal », raconte-t-il.

Selon Denis Gagnon, c’est peu de temps après la fondation de la Nouvelle-France que les Autochtones vont s’intéresser à Sainte-Anne. Les Micmacs seront les premiers à l’intégrer dans leur univers spirituel dès 1620. « Quand les missionnaires reviennent après la prise de contrôle de la région par les Anglais, Sainte-Anne était devenue grand-mère l’ours, un personnage fondamental pour les Micmacs », raconte-t-il. Chez les Innus, elle est devenue la maîtresse des animaux d’hiver dont le repaire est une grotte. Elle est « Comme une partie de le pendant de Mishtapeo, une «  divi- leurs problèmes sociaux (...) nité » qui aidait les provenaient du contact avec Innus dans la forêt, les blancs sur le littoral, les mais dont les pou- anciens pensaient qu’il serait voirs étaient inopé- bon d’invoquer les faveurs rants sur le littoral. d’une « divinité » blanche « Comme une partie pour les aider » de leurs problèmes sociaux, notamment ~ Denis Gagnon

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Lors de leur séjour, plusieurs familles vont camper en face de la basilique, de l’autre côté de la route 138. Camping qu’ils partagent avec d’autres Premières nations en plus de

Ptoho: Thomas Duchaine

Chaque été, des Autochtones de toutes les nations du Québec et du Nord-Est américain se rendent à Sainte-Anne-deBeaupré faire leurs dévotions à la bonne Sainte-Anne. Pour les Innus de la Côte-Nord, ce pèlerinage, vieux d’au moins 200 ans, est synonyme de vacances, de retrouvailles et de provisions. C’est là, au seuil de la grotte de grand-mère Sainte-Anne, qu’ils se confient à celle « en qui ils ont reconnu quelqu’un qu’ils connaissaient déjà ».

Sainte-Anne ou grand-mère l’ours, un personnage fondamental pour les Micmacs

groupes de Gitans, d’Haïtiens, de Vietnamiens et de Mexicains, entre autres. Les journées, pour les Innus, s’y déroulent à un rythme particulier, comme en témoigne Denis Gagnon. « C’est lent, c’est d’une lenteur. Pour des gens comme nous, habitués au rythme tyrannique de la société de performance, le contraste est brutal », illustre-t-il. Pour eux, le temps s’arrête autour des repas, qui sont des moments de détente privilégiés. «  Ne serait-ce que de préparer le déjeuner, ça prend plusieurs heures », se rappelle Denis Gagnon, pour qui l’expérience est gravée dans ses souvenirs. Outre les repas, qui accaparent une bonne partie de la journée, le séjour est parsemé de prières, de marches au chemin de croix, de glissades d’eau pour les enfants à Valcartier et de magasinage, dont la destination incontournable est le magasin Latulippe, sur Saint-Vallier. « C’est là où ils vont faire leurs provisions de matériel de chasse et de pêche depuis longtemps  », indique M. Gagnon. Quel avenir pour ce pèlerinage, dans un monde où les espaces-temps permettant de reconnecter avec la nature profonde de notre existence s’effritent ? « Aucune idée, mais les pèlerinages ont toujours existé et ils seront probablement toujours là, sous une forme ou une autre, car ils répondent à des besoins essentiels pour les humains », de conclure Denis Gagnon. THOMAS DUCHAINE

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AUTOCHTONES DE L’AVENIR

Modernité oblige, Facebook est dans les maisons. Le Xbox aussi. Alexandra dit avoir vu les temps changer. « Quand on était jeune, le soir il fallait qu’on rentre à l’heure. C’était la fin du monde ! En voulant dire qu’on voulait rester dehors » se souvient-elle.

Photo : Luc-Antoine Couturier

Alexandra, 20 ans, est Innue de Pessamit. Elle est arrivée à Wendake à 15 ans pour suivre ses parents qui voulaient étudier. La jeunesse des Premières Nations, elle la connaît, elle en fait partie.

De belles jeunesses rencontrées au Centre de l'Amitié Autochtone de Québec : René Itualiss, Angèle Riverin et Julie-Louise Malek.

Fabien, un huron de 28 ans, raconte que sa jeune fille ne veut même plus jouer dehors. « C’est toujours : “ Papa, est-ce que je peux aller sur l’ordinateur ? ” »

rager les jeunes aux études. Lui qui avait peur du sang, il est l’exemple que l’apprentissage peut faire fi des obstacles.

« Ça devient ridicule, corrobore Alexandra. Je me promène dans ma communauté à 9 h, tu ne vois pas de jeunes. Avant, à 9 h du matin, on sortait jouer au hockey dans la rue. Aujourd’hui, c’est rare que tu voies ça ».

CHANGER DE CLASSE

« Aller jouer dehors, c’est rendu une punition ! », renchérit Fabien. FIN DES TRADITIONS, DÉBUT DE NOUVELLES Bien entendu, les jeunes ne font plus des raquettes en babiches ou des canots. Çà et là poussent des initiatives pour que la jeunesse autochtone persévère sur les bancs d’école. Ici, à Wendake, on a réintroduit la langue huronne, peu parlée, à l’école secondaire Ts8taïe. À Odanak près de Trois-Rivières, l'institut Kiuna a ouvert un cégep adapté aux spécificités amérindiennes.

« Il faut se trouver une motivation justement. Quand t’as pas de but, c’est difficile d’avancer », remarque Fabien.

Lorsqu’ils s’exilent de leur communauté pour étudier en ville, même motivés à apprendre, les jeunes ont une rude pente à monter. « Là-bas [dans les communautés éloignées], c’est vraiment facile. C’est facile passer, c’est facile avoir des bonnes notes. Moi là-bas, j’étais première de classe. Je suis arrivé ici à Roger Comtois en secondaire 4… Ç’a été une année de merde. [En région], ils reçoivent leur diplôme d’études secondaires à 16 ans, mais ils ne savent pas plus quoi faire », assure Alexandra. Un autre frein, c’est la langue d’enseignement. Rendue aux études postsecondaires, la matière change de langue.

Ensuite, le Centre de formation de la Alexandra illustre: « Je ne savais pas c’est main-d’œuvre de Wendake offre des ser- quoi un bécher. Le langage, là-bas, nous vices d’éducation depuis 1995. « Dans un on parlait innu. Par exemple : “ Peux-tu cours de charpenterie-menuiserie, sur me passer le pou ? “ Nous c’est général, on une cohorte de 24 personnes, je crois, n’a qu’un mot. En français, il y a le bécher, 2 seulement ont lâché », l’erlenmeyer... Je suis arse rappelle Alexandra. rivée en Science, j’avais Lorsqu’ils s’exilent de « C’est une belle réusjamais fait d’expérience site, je trouve ! » Surtout leur communauté pour en vrai ». pour des peuples aux étudier en ville, même Ce n’est pas que les mots prises avec un taux de motivés à apprendre, décrochage de 2,5 fois la les jeunes ont une rude qui sont à réapprendre, c’est parfois la matière. moyenne québécoise. pente à monter. En outre, il y a les figures positives comme Stanley Vollant, premier chirurgien issu des Premières nations. Il parcourt les communautés pour encou-

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qu’on faisait dans un cahier Canada. Ce n’était jamais avec un livre. J’suis revenue en secondaire 4 ici, c’était avec un livre et je ne comprenais pas le langage mathématique. Abscisse à l’origine… Je comprenais pas c’était quoi. C’est pour ça que le taux de décrochage au cégep, c’est l’enfer », confie-t-elle. Fabien résume : « Ils n’apprennent pas les bons termes ». JUSQU’À L’UNIVERSITÉ Sipi Flamand a été président de l’Association des Étudiants Autochtones de l’Université Laval (AÉA), qui compte autour d’une dizaine de membres. En tout, selon M. Flamand, il y a 90 étudiants d’origine amérindienne à l’Université Laval. Certains viennent de Wendake, d’autres d’ailleurs. L’AÉA est là pour faciliter la naturalisation aux études supérieures québécoises. « La méthodologie dans la rédaction », selon Sipi Flamand. Il explique que « souvent, les Autochtones sont à côté dans les travaux d’équipe. Ils ne sont pas souvent aptes à s’intégrer à la société dominante ». Toujours selon M. Flamand, la majorité des étudiants réussissent. Ceux qui y trouvent leur place trouvent souvent leur vocation dans l’enseignement primaire et secondaire, le travail social ou en administration. Sipi Flamand le confirme : la plupart du temps, c’est pour retourner s’investir dans leur communauté. JEAN LOUIS BORDELEAU

« Moi là, un livre de mathématiques de secondaire, j’avais jamais eu ça. C’était tout le temps des problèmes qui venaient de la tête [du professeur] et

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VENIR DU GRAND NORD Si découvrir la toundra du Grand Nord fait rêver quelques citadins avides de grands espaces, certaines personnes font quant à elles le trajet inverse et quittent les régions septentrionales pour s’installer dans les grandes villes canadiennes. C’est le cas d’Annie Baron, Inuite, née dans le village de Kangiqsualujjuak situé dans la baie d’Ungava au Nunavik, à 1800 km de la ville de Québec dans laquelle elle habite aujourd’hui.

Cette pensée ne l’a pas quittée et un an plus tard, elle s’installait à Québec avec sa famille. Les deux premiers enfants d’Annie, assez âgés pour voler de leurs propres ailes, se sont depuis installés au Nunavik. Elle y est elle-même retournée pendant trois ans, de 2008 à 2011, avant de revenir à Québec, par amour, pour y rejoindre son compagnon et élever sa benjamine, Bianca, âgée de trois ans aujourd’hui. QUÉBEC, UN CHOC CULTUREL Annie sourit avec les yeux autant qu’avec la bouche et sa gaieté est communicative. Aussi, ce n’est pas une surprise de l’entendre dire que c’est le visage fermé des habitants de Québec qui l’a le plus déroutée lorsqu’elle est venue s’installer dans « le sud ». « Chez moi, si les gens ne sourient pas, c’est qu’il y a un problème quelque part. Ici quand tu souris aux gens, ils sont persuadés que tu flirtes avec eux », explique-t-elle, avant d’éclater de rire.

Ptoho: Marc-André Pauze

Annie Baron a découvert la capitale nationale en 2002, à l’occasion de l’inauguration de l’Inukshuk devant l’hôtel du parlement. « Je suis tombée en amour de Québec » dit-elle avec un large sourire, assise devant sa grande tasse de café. Elle raconte en riant que lors de sa visite initiatique, elle a entendu dire qu’il s’agissait de la ville la plus sécuritaire d’Amérique pour élever ses enfants.

Le village de Kangiqsualujjuak situé dans la baie d’Ungava au Nunavik

aujourd’hui autant chez elle à Québec que dans le Nord. Elle ne se verrait pas vivre sans ses visites au Nunavik mais elle sait que si elle y retournait un jour, elle ne pourrait pas se passer de revenir parfois dans le Sud. UNE EXPATRIÉE PRESQUE COMME LES AUTRES

Pour elle, comme pour n’importe quel expatrié de la planète vivant à plus de 1000 km de chez lui, l’aspect le plus difficile reste la distance qui la sépare de ses proches. Lorsqu’elle pense à son village, ses amis et sa fa« Ici [à Québec] quand mille sont les premières Le dépaysement et le tu souris aux gens, ils choses qui lui viennent choc culturel des presont persuadés que tu à l’esprit. « Dans le Nord mières années se sont comme ici, la vie quotiun peu estompés avec flirtes avec eux » dienne, c’est la routine. le temps mais il lui ~ Annie Baron La différence, c’est qu’ici, arrive encore de se sentir je ne peux pas voir ma étrangère dans sa ville d’adoption. « La sœur, ma nièce et mon neveu, mes enplupart du temps je me sens bien, mais il fants et mon petit-fils. Ce serait le fun de m’arrive parfois de me demander ce que les voir plus souvent, mais j’ai choisi de je fais ici », confie-t-elle. Heureusement, venir à Québec ». depuis Québec on voit les Laurentides qui lui rappellent les sommets de son paysage « Si je pouvais, je monterais une fois par mois, juste pour prendre le café ou aller natal. pêcher l’été, mais c’est impossible avec Bien qu’elle déteste les insectes locaux, un billet qui coute 2500$ pour aller chez « les coccinelles, les sauterelles et les pe- nous », soupire Annie. Paradoxalement, tites mouches », et malgré le fait que un expatrié européen est moins loin de son appartement au deuxième étage lui ses proches à Québec qu’un Inuit du paraisse vraiment très haut, Annie se sent Nunavik, puisque le voyage vers le Nord

est plus long et plus coûteux. DES ROUTES VERS LE NORD Un jour, peut-être, des routes s’ouvriront vers le Nord. Si les voyages d’Annie pour visiter les siens s’en trouveront simplifiés, ces voies de circulation amèneront également de grands changements pour les Inuits. « Si des routes s’ouvrent, cela signifiera qu’ils (les Blancs) entreront davantage et que nous sortirons davantage » souligne-t-elle. Annie, qui a travaillé pour l’administration régionale Kativik (KRG) dans plusieurs parcs naturels pour préserver le territoire et la culture inuite, voit la perspective d’une ouverture d’un œil mitigé. « Plus de routes signifierait plus de jobs, ce qui est toujours bon », juge-t-elle. Mais cela risquerait aussi de se traduire par une fragilisation de la culture et de la langue des populations locales, jusqu’ici préservées par l’isolement. Pour Annie, il est impossible de condamner en bloc une perspective qui pourrait améliorer les conditions de vie des Inuits. « Dans notre état actuel, nous survivons (…), le développement économique est vraiment nécessaire pour faire baisser le niveau de pauvreté. Mais quand on a plus d’argent, on désire davantage de choses, c’est donc bon et mauvais à la fois », ajoute-t-elle dans un sourire… ARTHUR DARRASSE

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LE TEMPS DES SAUVAGES

Au début des années 1970, Jean-Pierre Lefebvre signait le film " Les maudits sauvages " dans lequel il revoyait d'un œil ironique les relations des colonisateurs européens avec les populations qui vivaient en Amérique lors de leur arrivée. Sa relecture irrévérencieuse et anachronique de l'épopée des premiers Français débarqués ici face aux Premières nations qui habitaient le territoire se voulait une provocation " presque historique ". En utilisant certains des héros fondateurs, il projetait le spectateur à travers les trois siècles qui séparent 1670 et 1970, à la recherche d'une définition du mot sauvage. À l'époque, certaines bonnes âmes éprouvaient des scrupules devant l'usage péjoratif de ce mot, qu'on souhaitait remplacer par "autochtone" ou "amérindien"; comme s'il suffisait de changer son vocabulaire pour dissiper préjugés et malentendus. Alors, pour chercher qui était le «sauvage» dans le couple formé par le colon blanc et l'habitant amérindien, Jean-Pierre Lefebvre rassemblait une panoplie des définitions utilisées pour parler des Indiens d'Amérique et les confrontait aux agissements des envahisseurs. Un commentaire sur le film, alors publié dans la revue Relations, résume les constats de l'auteur. Pour Jeanne Mance, la fondatrice, il s'agit d'un pauvre non éduqué; pour le Curé, d'un païen à convertir; pour sa servante, d'un être cruel et sanguinaire, ivrogne et primitif, pour le vendeur d'encyclopédies, un personnage qui exprime une vision contemporaine, le sauvage est un être exotique, naïf, facile à duper, incapable de raisonner. Selon Kateri Tekakouita, c'est la poésie, le respect de la nature et le sens de l'honneur qui ressortent face aux " salauds génocidaires blancs " venus avec leur eau de vie et de mort pour les exterminer et s'emparer de leurs terres. Bien de l'eau a coulé dans le Saint-Laurent depuis la sortie de ce film, aujourd'hui presque oublié, tout comme l'enseignement de l'histoire dans nos écoles qui risquerait de réveiller de vieux démons contestataires. Lefebvre, lui, souhaitait qu'on se détache de la version officielle de l'histoire pour « brouiller les cartes et semer le doute ».

à toutes les modes et tendances, respectueux des autres, on n'échappe pas au regard des autres qui devient alors déterminant dans les choix que l'on fait. Le quotidien multiplie ces petites phrases innocentes qui nous trahissent. Et ce conditionnement social au regard des autres commence dès l'âge le plus tendre et agit sans qu'on y pense à chaque fois qu'on ouvre la bouche. On ne sort pas sa grille d'analyse pour dire à une fillette qu'il faut convaincre : « Tu vas être belle, làdedans : tout le monde va te regarder... » ou à un gamin turbulent : « Arrête de faire l'imbécile: tout le monde nous voit... Fais pas le sauvage... » L'adolescent qui arbore un nouveau tatouage insolite s'attend à un drame familial : « Qu'est-ce qui te prend, qu'est-ce que les gens vont penser de toi, (de nous autres) en te voyant avec ça...» auquel il répond par un : «C'pas mon problème... J'm'en fous des autres ! Vous devriez en faire autant et respecter mes choix... ! », en faisant abstraction des raisons pour lesquelles il a décidé de suivre sa mode, celle de son âge. Il ne veut plus entendre la traditionnelle remarque devant toute dérogation au comportement habituel : « On va encore passer pour des sauvages ! » Heureusement qu'on ne lui a jamais parlé, comme les grands-parents d'autrefois, de la visite des sauvages à l'arrivée d'un nouveau bébé ! Quand un aîné lance un : « Dans mon temps, ça ne se passait pas de même... », l'adolescent tourne les talons et hausse les épaules. Le parent rétorque alors : «Vous avez oublié comment c'était, moi je m'en souviens...» tandis que l'observateur conclut que : « Les temps changent mais pas les êtres ». Pour les individus comme pour les peuples, " devenir adulte, c'est ne plus accepter de se faire raconter des histoires mais essayer de retrouver l'histoire derrière les anecdotes ". Ce qui incite à « l'action au présent plutôt qu'à l'extase devant les ruines du passé », concluait le chroniqueur de Relations à propos du film de Lefebvre et de son histoire de sauvages. MARTINE CORRIVAULT

LE REGARD DES AUTRES Dans l'histoire des peuples comme dans celle des individus, les mots et les expressions en disent parfois plus long qu'on voudrait sur qui l'on est, ce que l'on pense et d'où l'on vient. Rien de mal à cela quand on reste conscient de ce que l'on dit et que l'on travaille à accorder ses paroles et ses actes.

(réf. : Relations, décembre 1971, pp.344-345)

Malgré tout, même quand on se croit original, pas conformiste pour deux sous, libre et indépendant de pensée, imperméable

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Illustration: Gilbert


LE CERCLE MANITESHKUEU : PLUS QU’UNE SOIRÉE ENTRE FEMMES

Le Cercle Maniteshkueu a lieu trois fois par mois dans les locaux de Rose du Nord à Charlesbourg. Accueillies par les fondatrices, toutes se sentent bienvenues, surtout les inconnues. Quand de nouveaux visages apparaissent, toutes les femmes se présentent tour à tour. Certaines d'entre elles fréquentent également La Maison Communautaire Missinak; un autre service mis sur pied par Mmes Guay qui accueille les femmes ayant quitté leur communauté et éprouvant des difficultés, ainsi que leurs familles si besoin. D’autres sont dans la région depuis déjà bien des années. La majorité des femmes qui fréquentent le Cercle ont de trente à soixante ans. Certaines, beaucoup plus rares, sont dans la vingtaine. Pour l’une d’elles, ce sont ses études qui l’ont amenée au Cercle. « J’ai fait un stage à la Maison Missinak en intervention sociale, puis je suis tout simplement restée », confie la jeune femme. Pour une autre, c’est l’intérêt envers l’artisanat qui l’amène au Cercle sur une base régulière. Selon Mme Pénélope Guay, ces mercredis « sont aussi une occasion pour elles de renouer avec leur culture oubliée, souvent non retransmise par la famille. C’est une fierté pour elles que de pouvoir apprendre à broder, perler ». Lors de ces soirées, les femmes se donnent aussi des nouvelles d’ailleurs, car il n’est pas rare pour elles de connaître les membres des autres communautés. Elles ont aussi la chance de parler leur langue maternelle entre elles. Le troisième mercredi du mois est quant à lui consacré à diverses conférences touchant des sujets variés : la dépendance affective, le suicide d’un proche, etc. En plus de ces conférences lors du Cercle, la Maison Communautaire Missinak offre

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Ptoho: Gabrielle Germain

Créé afin de briser l’isolement de la communauté féminine autochtone en milieu urbain, le Cercle Maniteshkueu accueille toutes les femmes, peu importe leur provenance. Ces dernières y font de l’artisanat, de la broderie aux mocassins en passant par le perlage, le tout enseigné par les fondatrices, Pénélope et Nathalie Guay.

Perlage des mocassins au Cercle Maniteshkueu

également aux femmes qui le souhaitent de l'accompagnement dans les procédures judiciaires (du casier judiciaire aux demandes de pardon, etc.) UN BESOIN CRIANT RECONNU TARDIVEMENT

forme de conférences ou d’activités, les enfants ont accès à une pièce très colorée remplie d’activités. « Ça ne s’adresse pas seulement aux mamans, mais aussi aux papas, à toute la famille », explique la cofondatrice. Prenant en charge la globalité de la personne, autant sur le plan mental, spirituel, émotionnel que physique, un volet de ressourcement en milieu naturel est aussi accessible aux familles des Premières Nations dans le besoin de spiritualité.

L'aide est réclamée depuis longtemps, mais ce n'est que depuis 2009 que le Cercle et la Maison Communautaire Missinak sont officiellement en activité. Selon Mme Pénélope Guay, « ces services essentiels sont un besoin exprimé Tous ces programmes apportent beaupar l’ensemble de la communauté au- coup à la communauté féminine autochtone ». Il aura fallu plusieurs années tochtone. Il est évident que ces mercredis avant que le gouvernement tende l’oreille hors communauté où se rassemblent les aux idées des fondatrices et aux besoins femmes sont indisparticuliers des Autochpensables afin de britones en milieux urbains. « Ces mercredis sont ser l’isolement qu’elles

une occasion de re-

Aux yeux de Mme Péné- nouer avec leur culture lope Guay, « il est beauoubliée, souvent non coup plus difficile pour les femmes d’aller cher- retransmise par la cher de l’information famille » en ville. Cette difficulté ~ Pénéloppe Guay est moins présente en communautés éloignées parce que tout est au même endroit, tout est regroupé ». La nécessité de maisons d’hébergement, de mercredis-conférences, etc. est donc essentielle pour ces femmes, nécessité à laquelle répondent La Maison Communautaire Missinak et le Cercle Maniteshkueu.

vivent en milieux urbains. Avec leur accueil chaleureux et dévoué, Mmes Pénélope et Nathalie Guay tiennent une place fondamentale auprès des femmes des Premières Nations. GABRIELLE GERMAIN

En plus de ces programmes, Mme Nathalie Guay est très fière de leur nouveauté, Missinakuss, un volet d’aide parentale récemment mis sur pied. Alors que leurs parents reçoivent de l’information sous

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Note pour Karyne : Mettre cette pub le plus petit possible. Tu peux jouer avec les éléments si tu veux.

La Quête est diffusée pAr téléphone viA

La Quête est diffusée par téléphone via

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Québec 418 627-8882 Montréal 514 627-8882 Ailleurs au Québec 1-877 393-0103 Québec 418 627-8882 • Montréal 514 627-8882 • Ailleurs au Québec 1-877 393-0103

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Téléphones: 418 627-8882 (Québec) 514 393-0103 (Montréal) 1877 393-0103 (Sans frais)

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UN APPÉTIT FÉROCE POUR L’ÉTÉ

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Cette année, mon appétit pour l’été est féroce. Une vraie faim de loup ! Et avec l’hiver qu’on a eu, je ne dois pas être la seule.

Depuis un bon moment déjà, je cultive l’espoir d’avoir un jardin à moi. Et cette année, j’ai été exaucée ! J’ai enfin eu une place au Jardin communautaire Tournesol. L’heureuse nouvelle est arrivée juste avant la Fête des semences. Conséquemment, je me suis laissée aller dans l’achat de différentes graines. Pour certaines espèces, comme les tomates par exemple, je m’en suis procuré jusqu’à neuf variétés, plusieurs herbes bien sûr, des laitues et de nombreuses composantes de mesclun, des concombres, etc. Il me faudrait un lopin 5 ou 6 fois plus grand, pour cultiver toutes les variétés dont j’ai fait l’acquisition! En fait, je veux faire des expériences et trouver les variétés qui me conviendront le mieux, notamment pour mes projets de conserves. UNE SERRE REMPLIE DE PROMESSES En achetant des graines plutôt que des plants, j’avais l’intention de mettre en pratique ce que j’ai appris ces dernières années en agriculture urbaine. J’ai fait de la planification, lu et relu les instructions pour chaque semence, consulté des manuels sur la culture biologique, tracé des croquis, etc. Il me fallait aussi une petite serre pour partir mes semis. Au mois de mars, pendant que collectivement nous ragions contre les rigueurs de l’hiver, je courrais partout pour rassembler le matériel nécessaire. Et de la fin de mars jusqu’au mois de mai, j’ai joué avec le terreau, les godets et l’arrosoir à l’intérieur, sous les néons horticoles. C’est bon pour le moral ! Tout cela n’a pas tardé à pousser et en manipulant les plants à repiquer, je pouvais sentir les effluves caractéristiques des plants de tomates. UN JARDIN EN CADEAU Début mai, ce fut l’ouverture du jardin. Quelle merveille avec son étang, ses aménagements paysagers propices aux pique-niques ou à la méditation, ses lots cultivés avec amour, ses buttes à courges et le compostage collectif ! Un véritable havre de paix et de sociabilité citoyenne de grande qualité. Très agréable de circuler avec le chant des grenouilles mâles et des oiseaux nicheurs. Enfin, j’ai pu commencer les travaux dans mon lopin. Toutefois, quelques surprises m’attendaient. Entre autres, le lot obtenu contenait déjà des végétaux vivaces et biannuels. Je suis quasi parvenue à identifier le tout et j’ai ensuite pu faire des choix. J’ai notamment gardé les fraisiers, viré la consoude et l’angélique, resitué les violettes en bordure et regroupé certaines herbes.

Ptoho: Diane Morin

FÊTE DES SEMENCES

j’ai l’intention de faire mes conserves avec des produits que j’ai moi-même cultivés, à l’exception bien sûr du filet d’huile d’olive. Les tomates italiennes et le basilic pour le pesto sont donc à l’honneur dans mon jardin. Pour cette année, j’utiliserai l’ail cultivé collectivement au jardin mais j’envisage toutefois d’avoir le mien l’an prochain, car l’ail se plante à l’automne. J’ai l’intention également de faire du ketchup maison. On en raffole dans mon entourage. Une des surprises du jardin a été de découvrir la profusion de touffes de ciboulette tout autour des allées. J’ai donc commencé la production de mon premier pot d’herbes salées à la fin mai, fait des cadeaux et redécouvert la crème sure à la ciboulette en accompagnement. Un délice pour les papilles avec une grillade et une papillote de petits légumes! LE RETOUR DU BBQ ET DES CONVIVES J’habite dans un appartement et les règlements du bloc changent avec les propriétaires. Depuis quelques années, je n’ai plus le droit de faire de BBQ avec des briquettes. J’ai boudé les immenses grills au propane conçus pour les banlieusards. Mais comme c’est triste de ne pouvoir faire de grillades dehors. Surtout que j’ai des voisins qui taquinent mes narines régulièrement. Je n’en pouvais plus. J’en ai trouvé un pliable avec grilles en fonte et suffisamment de BTU pour cuire correctement la viande. C’est vraiment la joie de cuisiner à l’extérieur, d’échanger quelques mots avec les voisins et de recevoir la famille ou les amis. Vive l’été et merci la vie pour tous ces plaisirs ! DIANE MORIN

DES CONSERVES EN PERSPECTIVE J’aime faire des conserves de tomates à la façon d’Elena Faita, la mère de Stefano. Si j’ai fait autant de semis de tomates, c’est que

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LE JEU DEDE LA QUÊTE LE JEU LA QUÊTE par Ginette Pépin et Jacques Carl MorinPÉPIN PAR JACQUES CARL MORIN ET GINETTE

Ce jeu consiste à remplir les rangées horizontales ainsi que les colonnes 1 et 20 à l’aide des

CE JEU CONSISTE À REMPLIR LESmélangées RANGÉ­­­­­­­ES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À définitions, indices ou lettres ou déjà inscrites. Chaque case grisée représente L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES DÉJÀ INSCRITES. une lettre qui est à la fois la dernière lettre d’un mot et laOU première lettre du CHAQUE suivant. CASE GRISÉE R ­ EPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT.

1 1

2

3

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10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

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3

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4 5

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M

7

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D M

S

9 10 Verticalement :

VERTICALEMENT :

1-1Art d’élever les abeilles.les Art d’élever

abeilles.

20- Autre nom de la libellule.

20- Autre nom de HORIZONTALEMENT :

la libellule.

1- Informations relatives aux événements récents diffusés dans les médias. Plante oléagineuse originaire d’Asie. Langue de Horizontalement : Goethe.

6- Parallélogramme ayant deux côtés consécutifs de même longueur. Remarquable, exceptionnel. Profondeur d’un être, d’une chose (DRENTOFS). 7- Mésaventures. Fonction du prêtre. 8- Rendre semblable. Ossements. Pas de la porte. 9- Pour un cheval, lancer les pattes en arrière. Petit cours d’eau. Qui ne concerne qu’un seul côté.

10- Qui n’a qu’une courte durée. Objets que l’on a achetés. 2- Luthérien, baptiste, anglican, méthodiste. Os en situation Arme blanche utilisée en escrime. 1- Informations événements récents diffusés dans les médias. Plante oléagineuse médiale et antérieure par relatives rapport à laaux fibula. Signe typographique @. originaire d’Asie. Langue de Goethe. 3- Exercice d’une fonction pendant l’absence du titulaire. Célèbre d’automobile construit par Fordméthodiste. depuis 1964. 2- modèle Luthérien, baptiste, anglican, Fleur annuelle de nos jardinières.

la fibula. Signe typographique @.

Os en situation médiale et antérieure par rapport à

4- Relatif aux prisons. Lieu d’isolement sanitaire (TAZERAL). Sauce pimentée.

3- Exercice d’une fonction pendant l’absence du titulaire. Célèbre modèle d’automobile de nos jardinières.

5- Personne qui a étépar amputée jambe. L’un Fleur des Grands construit Fordd’une depuis 1964. annuelle Lacs. Écervelé, hurluberlu.

4- Relatif aux prisons. Lieu d’isolement sanitaire (TAZERAL). Sauce pimentée.

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PAR HÉLÈNE HUOT DES MOTS POUR RIRE Il n’y a pas que les enfants, les parents et les enseignants qui nous font rire, sans le savoir... Jetons un coup d’œil sur les rapports de police ! [Source : http://www.mots-de-tete.com/menu-haut/telechargements/betisier_police.pdf] - Le garçon de café était une femme... - L'homme nous raconta toute la vérité qui n'était qu'un tissu de mensonges. - L'homme a refusé de reconnaître qu'il nous avait menti en affirmant qu'il était mort. - Le prévenu a attendu d'avoir fini son repas pour commencer une grève de la faim. - Les trois Africains soupçonnés d'avoir trempé dans l'affaire ont tous été blanchis par l'enquête. - Face à face avec son adversaire, l'homme le prit en traître par derrière... - Seule l'autopsie pourra dire si l'homme est encore vivant... - Dès que l'homme fut abattu, nous avons pu procéder à son interrogatoire. - L'assassinat avait donc bien le crime pour seule et unique raison. - On ignore les raisons qui ont poussé le désespéré à se faire assassiner... - Le choc fut sans gravité même s'il fallut déplorer deux morts... - Seuls quelques dégâts matériels furent notés sur le cadavre... - Le policier put frapper son agresseur à la tête sans difficulté, son arme étant parfaitement réglementaire. Un violent coup sur la tête semblait indiquer une mort naturelle... - Après identification, le corps fut rendu à sa famille dont personne n'a pu retrouver la trace.

DES MOTS POUR JOUER / TOUT ET SON CONTRAIRE… Trouvez le mot opposé ou inverse de chacun des mots qui suivent : Amont Boréal Convexe Hypoglycémie Inflation Méconnu

Patrilinéaire Persuader Prologue Sapide Septentrional Zénith

DES MOTS POUR PARLER 1. Les mots « coursier », « destrier », « palefroi » et « sommier » désignent tous : a. des chevaux; b. des métiers; c. des meubles. 2. Quelle expression a exactement le même sens que « à la file indienne » ? 3. Les habitants de l’Inde sont appelés indifféremment Hindous ou Indiens. Vrai ou faux ? 4. Un événement bisannuel se produit : a. deux fois par an; b. tous les deux ans. 5. La mule est l’hybride de la jument et de l’âne; comment s’appelle l’hybride de la lionne et du tigre ? 6. « Un vieux de la vieille » désigne une personne expérimentée dans un domaine donné. La vieille dont il s’agit est : a. l’aïeule de la famille; b. la vieille époque; c. la vieille garde. 7. Un article publié dans le journal Le Soleil le 9 mai dernier attire notre attention : « Les gazelles confinées dans leur enclos ! » Les gazelles dont on parle sont : a. des animaux d’élevage de qualité supérieure; b. des jeunes entreprises florissantes; c. des jeunes femmes libertines. 8. Quand utilise-ton l’expression « Un ange passe » ? a. lorsqu’il y a un silence prolongé dans une conversation; b. lorsqu’un enfant fait un mot d’esprit subtil ; c. lorsqu’une solution apparaît pour résoudre enfin un problème difficile. 9. Le genre des noms qui débutent par une voyelle est souvent embêtant. Quel est le genre des noms suivants : aérogare, alvéole, amibe, anagramme, antichambre, antidote, apogée, armistice, asphalte et astérisque ? 10. Marcel est un prénom courant. Mais qu’est-ce qu’un marcel ? a. une fibre textile de couleur bourgogne; b. un maillot de corps masculin; c. un masque protecteur conçu pour les escrimeurs. J’attends de vos nouvelles… Vous aimez les mots. Vous avez des commentaires à formuler ou des suggestions à faire concernant cette chronique La langue dans sa poche. Rien de plus simple. Écrivez-moi à hu-go@sympatico.ca. Cela nous permettra d’échanger sur des questions qui vous intéressent et d’enrichir par le fait même les futures chroniques. Merci à vous ! Les réponses page 29.

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Je vieillis Est-ce que ma vie est déjà finie? Ma fille mène bien la sienne Son conjoint aussi L'avenir leur appartient Mais moi, je suis

Je n'aime pas la noirceur Ni celle de mon de cœur L'amour à sens unique, ça nous panique

Seule, si seule

Je me promène sur le bord de la mer Oui, mais la mer est en rage C'est dans mon cœur que ça se propage Je dois l'affronter, mais je suis

Ma fille m'enchante Je ne pouvais espérer mieux J'ai toujours vécu pour elle, par elle Je dois m'en détacher, la laisser aller Elle sait où elle va, son ami aussi. Seule, si seule Je n'ai connu l'amour qu'avec elle, J'ai deux grands amis Un amant, Et un grand amour qui a peur d'aimer et d'être aimé.

Photo: Archives web

Poème triste (ment)

Seule, si seule

Seule, si seule

Je dois me choisir Mais je suis Seule, si seule

Je suis en crise Une vague d'incompréhension me submerge Je suis forte, mais épuisée de forcer pour des miettes que l'on veut bien me laisser

Pourquoi pas le bonheur à deux ? Mon instinct de survie me garde la tête hors de l'eau Mais pourquoi ?

Seule, si seule

Seule, si seule

Seule, si seule Ça y est, je pleure sur mon sort Pourquoi certaines amours font-elles si mal ?

MARLO

Mon bonheur est tellement éphémère Que pourrais-je faire pour qu'il dure C'est une guerre à finir

Prendre la route Pour déboucher sur d'autres lieux Où on peut aussi être à nouveau heureux Malgré, du départ, un peu de doute Sur la victoire D'une belle autre histoire Découvrir d'autres soleils Qui, de rupture du quotidien, Nous émerveillent Et nous ouvrent d'autres chemins Parsemés, certes, de recherches Mais, qui aboutissent à de belle découvertes Qui remplissent notre cœurs À force de marcher De pressentir nouveaux bonheurs De surprise, trouvés Aventuriers Récompensés.

GAÉTAN DUVAL

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Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

La route positive

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Si j'avais mon pays un jour Je ferais mon serment d'amour De l'adorer et de le chérir Pour ne plus jamais le fuir

Si j'avais mon pays un jour Il serait aimé pour toujours D'irrésistibles passionnés Faisant un très grand tourbillon

Si j'avais mon pays un jour J'irais au son des tambourins Refaire les grands troubadours Pour faire chanter les copains

Si j'avais mon pays un jour Je le voudrais libre penseur Comme un oiseau voltigeur Avec tous les oiseaux migrateurs

Si j'avais mon pays un jour Je le voudrais très haut et beau Sans préjugés clair comme l'eau Doux soyeux comme du velours

Les chants nous viendront de la mer Soit par les bois et rivières Ou le fleuve. Je deviendrai Assurément la liberté

Si j'avais mon pays un jour Il aurait un regard vif et pur Sans douleur ni blessure Juste assez de merveilleux jours

Dans ma très modeste maison Il y entrera les nations Via un noble horizon Sous un tendre vent vagabond

Si j'avais mon pays un jour Je le voudrais énergique Et surtout pas chaotique Avec la force d'un gros ours

Si j'avais mon pays un jour Je rimerais une chanson Avec tous vos noms et prénoms Incrustés de beaux mots d'amour

Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

Si j'avais mon pays un jour

MICHEL BONNELLY

Pour demain (chanson) Je m'assieds au bord des eaux blondes de ton sommeil

Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

m'accroche et m'attarde aux vents profonds étrennés par toi comme un songe comme un chant une marée saline Tu sais aujourd'hui reposer la nuit rouge et bleue (ou noire) or tu me tends ses bosquets d'étoiles ensemble tous deux toi et moi pourtant ne portons-nous à bout de bras toi des lichens de soleil1 moi des morves d'azur1 enfin nous voici dans nos sangs humides et chauds l'heure ayant sonné

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très tôt

1.

Arthur Rimbaud (1871, Le bateau ivre)

2.

Arthur Rimbaud (Illuminations)

plus tôt que les aurores - Les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent2 LE POÈTE DE LA RUE (J.-P. D.)

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Photo: Simon-Charles Couture-Labelle

Les gens de la rue Dans la faune urbaine Dans mon quartier, je côtoie tous les jours des gens de la rue : des toxicomanes déchus de quelque paradis, des fous qui rêvent d’une vie normale, des paumés que la vie a oubliés quelque part sur le macadam. Il y a par exemple Raymond. Ce grand gaillard a pris possession de son bout de trottoir. Il y fait la vigie depuis des mois, en mission commandée. Raymond a l’air méchant comme ça, mais il ne manque pas de sourire à tous ceux qui traversent « son » territoire. Il y a aussi Mylène. Elle a des yeux de chat et émet comme un miaulement au début de chaque phrase. Sauf quand elle est en crise. Dans ces moments-là, elle rugit : contre les politiciens, les artistes, les fonctionnaires. Un vrai animateur de radio-poubelle. Mais il se trouve toujours un bon samaritain pour l’amener à la clinique du quartier où elle a ses habitudes. Il y a encore Pierre, le vendeur du journal de la rue. Le premier du mois, quand il vous brandit son numéro qui « vient de sortir », il devient président d’un empire de presse. Il y a enfin tous les autres qui, massés devant leur centre communautaire tous les lundis matins, causent comme des couventines dans une cours de récré. Dans mon quartier, je côtoie aussi des étudiants, des artistes, des informaticiens, des chercheurs, des journalistes. Non ce n’est pas la cour des miracles, juste la ville et sa faune. Les deux groupes se partagent le territoire sans vraiment se connaître. D’un côté des champions qui évoluent

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comme s’ils avaient l’éternité devant eux, de l’autre des errants qui s’accrochent à des fragments d’existence. Jamais différences n’ont paru aussi grandes. Un gouffre ! Lorsque les premiers entrent au travail, les seconds se font plus visibles. Et vice-versa. Un étranger qui passerait par là tôt le matin se dirait qu’il débarque dans un quartier hyperbranché. Un autre qui arriverait au milieu de la matinée se demanderait s’il a échoué dans un centreville abandonné aux itinérants. Pourtant, je sais – je demeure dans le quartier depuis assez longtemps – que les deux groupes cohabitent dans une belle harmonie. À l’heure du lunch par exemple, l’été, les gens de la rue et les gens du monde s’ébrouent dans le parc, chacun respectant l’espace de l’autre. À d’autres moments, ils se partagent l’immense parvis de l’église, qui constitue le cœur du quartier ; l’endroit a été aménagé en place publique, comme on en trouve tant dans les villes européennes et trop peu en Amérique. Mais la cohabitation la plus surprenante, c’est à la bibliothèque qu’on la retrouve. Le lieu est très fréquenté. Les gens de la rue ont pris l’habitude de venir s’y reposer et, en hiver, s’y réchauffer. Au début, ils avaient l’air un peu perdu. Mais puisqu’ils ne dérangeaient personne, on les a tolérés. Et graduellement, ils s’y sont installés.

mineux que ce ballet de romanichels, les cheveux et les idées en broussaille, se mêlant aux étudiants, aux artistes et aux retraités sans que plus personne n’y fasse attention. Oh ! Il y a bien Raymond qui se fait parfois remarquer, parce qu’il tient son livre à l’envers pendant dix minutes, le regard perdu dans quelque chimère. Il y a aussi Mylène, Pierre et des dizaines d’autres, tout à leur joie d’évoluer dans un monde auquel ils ont accès de plein droit, un monde où personne n’a besoin de mendier. Généralement, les gens de la rue dérangent. Aussi, des esprits nostalgiques soumettent que l’on revienne en arrière parce que, c’est connu, «  c’était bien mieux avant ». Ceux-là ne sont pas loin de vouloir recréer les asiles d’aliénés d’hier pour s’occuper des paumés de ce monde. Je propose une autre option : créer des parcs, aménager plus de places publiques. Et, surtout, construire de grandes bibliothèques. Appelez cela de l’optimisme si vous voulez. C’est plutôt une conviction : je crois qu’aucun être humain n’est fait pour vivre en cage. HERVÉ ANCTIL Extrait de : Hervé Anctil, Petits portraits… et autres cas de figure, recueil de chroniques, Québec, Idées, 2014. En vente chez Pantoute et Vaugeois.

Aujourd’hui, je suis toujours ému quand je les aperçois à travers les grandes fenêtres de la bibliothèque. Spectacle lu-

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Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

En relisant Marcel Proust... Le soleil dessine l'ombre de mes cheveux sur la table de travail. Il m'enrobe le dos d'une chaleur bienfaisante. Comme il le faisait dans ma jeunesse, lorsque seul dans ma chambre déserte je m'évertuais à faire mes devoirs le dimanche. Ah ! Ces maudits dimanches où le soleil, insolent, éclatait tout autour de moi, fol porteur de vie. Élève discipliné, je ramenais mes yeux vers mes cahiers, m'efforçant de me concentrer, de m'instruire. Peine perdue. Par la fenêtre ouverte, les cigales m'appelaient. Leur long cri surgissait des bosquets, s'amplifiait démesurément pour se transformer en une plainte lancinante qui venait marteler ma volonté. Je désirais bien faire. J'avais des travaux en retard que j'avais accumulés tout au long de la semaine. De la besogne dont je repoussais l'échéance à la dernière limite. Je devais travailler. Mais les cigales chantaient. Chantaient mieux que tous les chanteurs populaires. Chanson sans paroles, certes, mais combien évocatrice de la prochaine saison qui se pressait de rentrer par toutes les écoutilles de la maison. Sans le vouloir, le crayon me glissait des mains. J'arrêtais de respirer, presque, pour guetter le prochain envol. Un peu de vent pianotait dans les érables. Un gros bourdon venait vrombir, ici et là, suivant son trajet habituel, une irrégularité anarchique dans ses tours et détours. J'expirais doucement, la bouche ouverte, pour minimiser tous les frottements

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possibles qui auraient pu venir troubler mon écoute. Le miracle tardait parfois. Toutes les cigales savaient probablement que je les épiais, comme une jeune fille ingénue qui monte dans un autobus rempli de footballeurs et qui pressent tous les regards inquisiteurs qui la déshabillent. Elle retient son sourire un instant. Un instant seulement, le temps d'apercevoir une vieille dame au visage complice. La jeune fille sourit alors, pour la plus grande joie des footballeurs. Plus le miracle tardait, plus mes sens émoustillés se laissaient tourmenter par ma sensibilité avide. Tout cessait d'exister. Le temps hoquetait comme une bagnole en manque d'essence. Enfin, au moment où j'allais craquer, le doux chant s'élevait. De très loin, du cœur même de l'insecte, la plainte naissait. Le sifflement montait peu à peu dans l'air, comme dans mon corps; ma respiration reprenait son cours, détendait mes nerfs. Je rejetais mon corps vers l'arrière, soutenu à peine par mon dossier de chaise dont je n'utilisais que deux pattes. Je me laissais pénétrer. Son pur. Son aigu à l'extrême, qui règne sur tous les autres bruits des bosquets. Et, comme encouragées par la téméraire qui avait osé percer le silence, d'autres cigales lançaient à leur tour leurs chaudes modulations. Et moi qui devais travailler. Comment travailler lorsque le soleil plaque au sol tous les êtres? Lorsque sa chaleur écrase

toutes les petites bêtes, toutes les grandes ? Lorsque seule la cigale trouve la force de crier ? Mais n'est-ce pas une injure que la cigale lance à la face de l'astre orgueilleux ? Comme un rythme lourd qui exhorte les galériens à ramer, le soleil, frustré d'être né sans voix, torture ces insectes jusqu'à ce qu'ils clament bien haut sa félicité. Je me souviens d'un soir du temps de la petite école. D’un soir tiède qui suivait une chaude journée. Du salon montait la musique dominicale, qui résonnait comme le glas dans mes oreilles. Tous les dimanches (jours du bon Dieu pour mon père qui cherche pitance, pour ma mère qui reprise mes chaussettes), mes parents regardaient Henri Bergeron et ses Beaux dimanches à la télévision. Aux premières notes du thème musical, mon être se remplit d'angoisse. Mes cheveux courts se dressent bien droits. Une sourde douleur s'installe dans ma poitrine et je me dis : « C'est dimanche soir ». C'est donc la veille du lundi, et normalement je dois courir faire mes devoirs, récupérer tout le travail dû pour le lendemain. Mais très vite, le bonheur m'aborde. Mieux, le bonheur explose de toute part en moi, parce que c’est l’été et les vacances ! Les plus belles vacances, celles de l’enfance, délivrée de la petite école. BERNARD SONGE

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Sauver une vie Oui, on peut effectivement sauver une vie en adoptant une créature que la vie a poussée au bord du gouffre. Un bon mouvement répondant aux élans de notre cœur nous permet de connaître la joie de sortir un animal des griffes de l’abandon et de l’indifférence. Curieusement, notre sentimentalité reste de glace quand il s’agit d’un être humain. Contrairement au chat en difficulté, l’homme qui mendie semble indigne de notre compassion. On n’a qu’à voir avec quel empressement les gens s’éloignent du mendiant pour se faire une idée du rejet dont il est victime. Les passants ne font pas que refuser de donner. Ils refusent aussi de respecter la dignité de la personne qui se retrouve exclue de tout, y compris de notre regard. Chaque regard détourné rappelle au mendiant qu’il est une non-valeur, quasi un non-humain indigne d’une parole ré-

confortante, indigne d’un bon mouvement, indigne de tout contact. Et pourtant, cette glace qui emprisonne nos réactions émotives fond comme par enchantement quand on rencontre un animal en difficulté. Il faut même nous interdire, sous peine d’amende, de nourrir oiseaux et écureuils tant nous ressentons l’envie de leur venir en aide. Une image me hante. Celle d’un chat qui voulait entrer chez moi, alors que le voisin du haut criait : « Ne le laisse pas entrer, il veut qu’on le nourrisse ! » Je n’ai pas écouté le voisin. J’ai laissé entrer le chat puisque j’éprouvais l’ardent désir de venir en aide à cette vie animale sollicitant mon intervention. Le souvenir de cet élan sentimental me fait m’interroger sur nos réactions face à la détresse humaine. Pourquoi sommesnous ainsi? Pourquoi cette contradiction

Photo: Archives Web

Lorsqu’il est question de sauver une vie, on pense immédiatement à un être humain. Mais voici qu’en naviguant sur les sites Internet consacrés aux animaux, j’ai constaté que la formule servait dorénavant à nous émouvoir sur le sort des chiens et des chats abandonnés.

dans nos élans de bonté ? Y a-t-il en nous une incohérence dont les plus pauvres font les frais ? La question mériterait une réponse puisqu’on retrouve partout cette dichotomie du cœur humain. YVES POTVIN

Nausée Régionale

C’est plus fort que toi Plus fort que moi Que tous Que tout L’avenir me défonce L’art nous sauve Merci Comment peut-on aimer le salissage ? J’suis triste, mais bien. Hippies passés de mode Erreurs intelligentes Ne nous délaissons pas Est-ce que je lâcherais ma vie ? Pour trouver un inconnu… Serait-ce Dieu ! Continue de me croustiller Pop à l’endroit Pop à l’envers Cercle parlant Promets-moi que nous Resterons l’équipe d’enfer Merci

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Nage librement vers mes obligations Tue la lumière ! Kung Fu interdit Impossible de te raccompagner Pas de neige, aucune fleur Animal intérieur Ton visage joliment déconfit Rage de douceur Malgré les autoroutes empourprées Camper ton personnage Perfection à zéro

Photo: Archives Web

Feu d’artifice-moi Gueule en plein Fous yeux

Je ne suis plus moi Biffure d’identité Pourtant incassable Cachez votre joie de me voir Disparaître Sous l’autre Étoile déformée Merci Je ne deviens pas toi Sans toi, le temps digresse Naître égale défi Exister ensemble Merci

Y’a pas de gagnant Tu ne dis rien En me disant tout Tu me dis tout En ne disant rien Mourir encore et encore Merci JULIE CARTIER

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L'âme des animaux Dernièrement, j'ai lu L'âme des animaux, un livre passionnant de Jean Prieur, écrivain français. Il écrit ceci : Si l'on entend par ÂME la partie incorporelle de l'être, le siège de la sensibilité, de l'entendement, de la volonté, la source des pensées, des attachements et des passions. Si l'on entend par âme le courage, les sentiments élevés, les instincts généreux d'une individualité considérée du point de vue moral, oui ! les animaux ont une âme. Pour étayer son propos, l'auteur a regroupé différents témoignages et observations qu'il a lui-même notés ou qui lui ont été rapportés par d'autres amis des animaux. Un de ces témoignages m'a particulièrement touchée.

Photo: Francine Chatigny

Voici un fait que rapporte la Société Protectrice des Animaux de Marseille : une vieille fermière, croyant sa mort prochaine, remit sa chatte aveugle à une amie qui habitait

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à vingt-cinq kilomètres de l'autre côté du Rhône. Elle était sûre que cette personne en prendrait le plus grand soin et sa confiance était justifiée. Or, quinze jours plus tard, la fermière entend des gémissements devant sa porte. Elle ouvre, la chatte est là, misérable, tragique, le pelage crotté, les pattes en sang, d'une maigreur effrayante. Comment a-t-elle fait, étant aveugle, pour se nourrir pendant deux semaines ? Comment a-t-elle fait pour trouver son chemin à travers les collines couvertes de broussailles ? Comment a-t-elle fait pour franchir le Rhône ? Sur vingt kilomètres de fleuve, il n'y a qu'un seul pont. Autant de questions insolubles. Toujours est-il que la chatte aveugle avait préféré à son nouveau foyer, où elle était fort bien, la vieille fermière à qui elle avait donné cette extraordinaire preuve d'attachement. Quelle explication donner à ces trajets immenses accomplis par des animaux ? Il semble qu'ils aient la faculté de se diriger dans les innombrables champs de force électromagnétique ainsi que dans le champ des ondes qui sillonnent l'espace.

traitaient les animaux familiers, soit de façon cruelle, soit de façon bienveillante. Il rapporte même comment les animaux étaient considérés dans l'Ancien et le Nouveau Testament. Dans notre vie de tous les jours, vous et moi le savons et le constatons, que nos animaux familiers ont une âme! Ils ont « bon cœur », nous sont fidèles, nous émeuvent, nous font rire, nous enseignent l'amour inconditionnel. Je fais miennes ces belles paroles de Jean Prieur : L'amour humain est fragile, il est à la merci d'une parole maladroite, du plus léger froissement, d'une saute d'humeur. L'amour animal est autrement plus solide. Quand il se donne, c'est pour toujours, jusqu'à la mort et même au-delà. Finalement, il n’y a sur la terre que trois amours en partant du sommet : l'amour divin, l'amour maternel et l'amour animal. CHRISTIANE VOYER

Le livre de Jean Prieur nous fait part des résultats de sa recherche pointue, de ses expériences et de ses découvertes extraordinaires, prouvant que les animaux ont une âme comme nous, les humains. Quelques chapitres de L'âme des animaux décrivent comment les civilisations anciennes, en Orient et en Grèce, et à différentes époques, au Moyen Âge, à la Renaissance et jusqu'à aujourd'hui,

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Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

Fugue

La musique vint doucement réveiller Michel. C’était comme une sourde mélodie qui se glissait à travers les persiennes des fenêtres, les soupirs d’une lointaine flûte. Il se leva pour aller voir à la fenêtre ce qui se passait réellement. Cela semblait venir de la rue, mais il n’y avait personne. Il enfila un pull par-dessus son pyjama et mit ses chaussures. Il avait pris sa décision. Comme il se trouvait au troisième étage et qu’il était un peu casse-cou, il prit sa corde qu’il attacha au rebord de la fenêtre et s’y laissa glisser. Il était à peine un peu plus de minuit. La rue était froide et vide. Personne. À part quelques gouttes de pluie qui clapotaient dans les flaques, témoignant ainsi du violent orage qui venait d’avoir lieu. Le temps s’était mis à l’unisson de sa peine. Son père venait de lui dire qu’il n’était pas question qu’il poursuive son activité artistique, et qu’il faudrait qu’il quitte prochainement l’école pour aller travailler à la mine. « C’est ça, ou aller couper du bois en pleine forêt pour m’aider à nourrir tes frères et tes sœurs ». C’est qu’ils étaient une famille bien nombreuse : dix garçons, sans le compter lui, et trois filles.

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Michel avait bien compris, la mort dans l’âme, qu’il lui faudrait mettre un bémol sur sa passion. Il n’était pas question de discuter avec son père, alors après le souper, il était allé se coucher dans son petit coin à lui, au grenier, parmi tous les objets en désordre, mais surtout, parmi le rêve. Il aimait bien que la lune le berce, mais là, ce soir, il avait préféré tirer un rideau sur le monde. Michel se mit à marcher dans la rue. C’était étrange…Même s’il connaissait bien cette rue, pour l’avoir empruntée tant de fois, seul, mais aussi avec sa mère ou parfois avec ses petits frères et sœurs, celle-ci avait un air grave cette nuit, de manière inhabituelle.

haut de ses seize ans, mais bon… Il pourrait bien rencontrer des bêtes, un chien méchant, peut-être ? Mais non, toujours personne. Alors, il se dirigea vers un arbre qu’il aimait depuis son enfance. C’était un très bel érable devant qui il jouait souvent du violon. Il commençait à faire noir. Il n’y avait plus la lumière des réverbères et des nuages s’amoncelaient dans le ciel. Michel regarda son érable. Soudain, la musique revint, tandis que la lune étincelait du sommet de l’arbre. LAURENCE DUCOS

Michel n’entendait plus la musique. Il avançait tout doucement pour ne réveiller personne dans la rue. On s’approchait de l’été et certaines personnes commençaient à dormir les fenêtres ouvertes. Soudain, il entendit la même mélodie provenant de l’extérieur du village. Il savait que s’il continuait à marcher dans cette direction, il arriverait à la lisière du bois. Michel n’était pas un peureux, du

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Ressources Aide sociale ADDS Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec Tél. : 418 525-4983 Maison de Lauberivière Centre de jour 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 centredejour@lauberiviere.org Relais d’Espérance Aider toute personne isolée et en mal de vivre 1001, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 522-3301 Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 525, rue St-François Est Tél. : 418 529-2222 Rose du Nord Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org Aide aux femmes Centre femmes d'aujourd'hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec Tél. : 418 651-4280 c.f.a@oricom.ca www.centrefemmedaujourdhui.org Support familial Flocons d'espoir Écoute et aide matérielle pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4, Québec Tél. : 418 683-8799 ou 418 539-2939 flocons.espoir@videotron.ca Violence Info Sensibilisation, information et intervention pour contrer la violence conjugale et la maltraitance envers les aînées. accueil@violenceinfo.com www.violenceinfo.com Alphabétisation Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527-8267 alphabeille@qc.aira.com Alpha Stoneham 926, rue Jacques-Bédard, bureau 202 Tél. : 418 841-1042 alphastoneham@ccapcable.com www.alphastoneham.com Atout-lire 266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 524-9353 alpha@atoutlire.ca www.atoutlire.ca Lis-moi tout Limoilou 798, 12e Rue, 1e étage, Québec Tél. : 418 647-0159 lismoitout@qc.aira.com La Marée des mots 3365, chemin Royal, 3e étage, Québec Tél. : 418 667-1985 lamareedesmots@oricom.ca www.membre.oricom.ca/lamareedesmots Détresse psychologique Centre de crise de Québec Tél. : 418-688-4240 ecrivez-nous@centredecrise.com www.centredecrise.com Centre de prévention du suicide 1310,1re avenue, Québec Tél. : 418 683-4588 (ligne de crise) www.cpsquebec.ca Communautés solidaires 5, rue du Temple, Québec Tél. : 418 666-2200 info@communautessolidaires.com www.communautessolidaires.com Tel-Aide Québec Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca Tel-Jeunes Tél. : 1 800 263-2266 www.teljeunes.com

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Entraide Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec Tél. : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org www.campo.org Fraternité de l'Épi Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est Tél. : 418 523-1731 Hébergement Maison de Lauberivière Pour hommes et femmes démunis ou itinérants 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 accueil.hommes@lauberiviere.org www.lauberiviere.org L'Armée du Salut et La maison Charlotte Hébergement hommes 14, côte du Palais, Québec Tél. : 418 692-3956 poste 1 Hébergement femmes 5, rue Mc Mahon, Québec Tél. : 418 692-3956 poste 2 www.armeedusalut-quebec.ca Maison Revivre Hébergement pour hommes et femmes 261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 info@maisonrevivre.org www.maisonrevivre.net SQUAT Basse-Ville Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 521-4483 coordo@squatbv.com www.squatbv.com Gîte Jeunesse Hébergement temporaire pour garçons de 12 à 17 ans Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225 Résidence de Ste-Foy 3364, rue Rochambau, Québec Tél. : 418 652-9990 YWCA Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes (La Grande Marelle) 855, av. Holland, Québec Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca Réinsertion sociale Maison Dauphine Pour les jeunes de 12 à 24 ans 31, rue D’Auteuil, Québec Tél. : 418 694-9616 courrier@maisondauphine.org www.maisondauphine.org Prostitution La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Québec (Québec) G1K 9A4 Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com P.I.P.Q. Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 pipq@qc.aira.com www.pipq.org Soupe populaire Café rencontre Centre-Ville Déjeuner et dîner 796, rue St-Joseph Est, Québec Tél. : 418 640-0915 info@caferencontre.org www.caferencontre.org

Maison de Lauberivière (Souper) 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 stephane.deslauniers@lauberiviere.org Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 745, Honoré-Mercier, Québec Tél. : 418 692-1762 mallet1849@gmail.com Santé mentale La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 laboussole@bellnet.ca www.laboussole.ca Centre Communautaire l'Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719 info@centrecommunautairelamitie.com www.centrecommunautairelamitie.com Centre d’Entraide Émotions 3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682-6070 emotions@qc.aira.com www.entraide-emotions.org La Maison l'Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076 info@maisoneclaircie.qc.ca www.maisoneclaircie.qc.ca Le Pavois 2380, avenue du Mont-Thabor, Québec Tél. : 418 627-9779 Téléc. : 418 627-2157 Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352 Intervention téléphonique Tél. : 418 522-3283 Parents-Espoir Soutien et accompagnement des parents 363, de la Couronne, bureau 410, Québec Tél. : 418-522-7167 Service d'Entraide l'Espoir 125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842-9344 seei@videotron.ca www.service-dentraide-espoir.org Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 chaumine@bellnet.ca www.relaislachaumine.org TOXICOMANIE Al-Anon et Alateen Alcoolisme Tél. : 418 990-2666 www.al-anon-alateen-quebec-est.ca Amicale AlfA de Québec 75, rue des Épinettes, Québec Tél. : 418 647-1673 info@amicale-alfa.org www.amicale-alfa.org Point de Repères 225, rue Dorchester, Québec Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com VIH-SIDA MIELS-Québec Information et entraide dans la lutte contre le VIH-sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649-1720 Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org

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PARTENAIRES ARGENT La Boîte à pain CKRL FM 89,1 CSQ Érico Choco Musée Impressions Stampa Service 211

PARTENAIRES AD VITAM AETERNAM Claude Gallichan, chiropraticien Yves Boissinot

PARTENAIRES BRONZE Audiothèque Centre femmes aux 3A Épicerie européenne J.A. Moisan Morin Desrochers Beaulieu Point de repères Quincaillerie St-Jean-Baptiste

SOLUTION DES MOTS POUR JOUER Amont, aval Boréal, austral Convexe, concave Hypoglycémie, hyperglycémie Inflation, déflation Méconnu, reconnu Patrilinéaire, matrilinéaire Persuader, dissuader

6. C. Cette locution, qui date du 19e siècle, est une version abrégée de «un vieux de la vieille garde». La garde dont il est question est la garde impériale – une troupe d’élite – créée par Napoléon 1er au début de son règne. 7. B. Les gazelles en question sont des entreprises de moins de 250 employés, dont le chiffre d’affaires est d’au moins 2,5 millions de dollars et 5- Personne qui aun été fort amputée d’une jambe. L’un des Grands Lacs. Écervelé, hurluberlu. qui possèdent potentiel de croissance et de création d’emplois. 8. A. On dit qu’un ange passe lorsqu’il se produit un silence gêné et 6- Parallélogramme ayant deux côtés consécutifs de même longueur. Remarquable, prolongé dans Profondeur une conversation ou une exceptionnel. d’un être, d’une choseréunion. (DRENTOFS). 9. Féminins : aérogare, amibe, anagramme, antichambre. Masculins : 7- Mésaventures. Fonction du prêtre. alvéole, antidote, apogée, armistice, asphalte et astérisque. 10. Un semblable. marcel est un maillot delacorps 8- B. Rendre Ossements. Pas de porte. masculin, style débardeur ou camisole.

9- Pour un cheval, lancer les pattes en arrière. Petit cours d’eau. Qui ne concerne qu’un seul côté.

Prologue, épilogue

10- Qui n’a qu’une courte durée. Objets que l’on a achetés. Arme blanche utilisée en escrime.

Sapide, insipide

SOLUTION LES MOTS CROISÉS SOLUTION

Septentrional, méridional Zénith, nadir

DES MOTS POUR PARLER 1. A. Au Moyen Âge, les chevaux étaient différenciés davantage en fonction de leur usage que de leur race. Il y avait notamment le cheval de vitesse (coursier), le cheval de bataille (destrier), le cheval de promenade (palefroi) et le cheval de bât (sommier). 2. À la queue leu leu. 3. Faux. Les habitants de l’Inde sont les Indiens; les Hindous sont les adeptes de la religion hindouiste. 4. B. Un événement bisannuel se produit tous les deux ans; on le dit aussi « biennal ». L’événement qui se produit deux fois par an est biannuel. 5. Le félin hybride de la lionne et du tigre s’appelle tigron (ou tiglon).

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Erratum : La photo de Monsieur Dany Laferrière publiée dans l'édition de mai était une courtoisie de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches. Nos excuses à l'organisation.

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LA TÊTE NOUÉE DE PRÉJUGÉS

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Il devait être trois heures du matin quand il est monté. Je m’en souviens comme si c’était hier. L’odeur m’avait propulsé hors de mon sommeil léger. Les mains graisseuses de frites molles (englouties dans une cantine de la Saskatchewan), j’avais remonté mon toupet, jadis présent, pour voir la scène. Une pustule de ketchup s’élevait de ma manche noircie par la route. Par je ne sais quel processus minable de la nature humaine, j’ai durement jugé le nouveau venu de l’autobus. Un Autochtone ramassé aux abords d’un village sans nom du Manitoba. Il se traînait les pieds. Une odeur de laine humide, de lait caillé et de poisson émanait de sa personne.

allumé une cigarette. Je me suis dit que les Autochtones de Winnipeg étaient tous des itinérants. Je me suis dit que les Autochtones qui habitent en dehors de leur réserve (ou de leur communauté) sont tous des itinérants. Puis, je me suis dit : « Ta gueule ! » Je me suis étouffé avec ma mauvaise haleine.

J’ai croisé son regard solaire, et ses yeux infinis m’ont donné la trouille. Il semblait connaître tout de la vie. Ou détenir une vérité dont j’ignorais l’existence. Il paraissait vivant, plus que moi. Plus que tous les autres passagers. La fille d’à côté a sorti son visage de dégoût ainsi qu’un petit vaporisateur au parfum d’oranges et d’épices. Elle a purifié l’air ambiant du bout de ses doigts manucurés. Je me suis calé dans mon siège, confortablement blotti contre mes préjugés. L’Indien s’est assis à l’arrière, près des toilettes.

J’ai longtemps pensé que Winnipeg rimait avec « platitude », « frette » et « beige foncé ». C’était avant de découvrir SaintBoniface et sa communauté francophone. C’était avant d’y passer quelques jours, il y a tout près d’un an. Encore des préjugés. Encore de maudites tournures de pensée. Il suffit pourtant de se laisser porter par la rue principale du quartier de Gabrielle Roy; de faire une virée à la librairie francophone; de lire le journal La Liberté dans un café; d’y passer quelques heures pour que les préjugés s’évanouissent. Et que les sens s’éveillent.

Parti de Prince-Rupert en Colombie-Britannique, je retournais au Québec. Seul avec mes idées préconçues. Pour passer le temps, je feuilletais un livre sur les nœuds. Je devais avoir l’air d’un sincère dérangé à faire des nœuds à la lueur du plafonnier, avec un bout de corde de couleur arc-en-ciel. J’espère m’être fait juger par tous les passagers. Je le souhaite sincèrement.

Il y a un journal de rue à Winnipeg portant le nom de Street Sheet. Mais c’est le journal La Liberté qui a retenu mon attention. Parce qu’il est là. Et les Autochtones. Parce qu’ils sont là. Il a été démontré que 62 % des sans-abri à Winnipeg sont des Autochtones (2005). De même, l’on peut prétendre que 100 % des préjugés peuvent partir en fumée, si on prend le temps de les délier délicatement. Comme des nœuds.

L’Indien est débarqué à Winnipeg. Et moi aussi, pour environ quatre heures. À la station de Greyhound, mes préjugés sont revenus me hanter. L’Indien est allé rejoindre les siens et s’est

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Assis tout près de l’Indien, j’ai siroté un café tiède. J’ai enfoncé mes dents dans le verre de styromousse quand je l’ai vu s’approcher. Il m’a dit que c’était une bonne idée de faire des nœuds pour passer le temps. C’est le seul humain qui m’ait adressé la parole en 89 heures.

MATHIEU MEUNIER

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Avis de convocation Assemblée générale annuelle 2014

Michel Yacoub La population de Québec est conviée Assemblée générale annuelle 2012 Conseiller en sécurité financière À la séance publique d’information et à L’assemblée générale annuelle de Conseiller en régimes d’assurances collectives La population de Québec est conviée à L’Archipel d’Entraide Représentant autonome La séance publique d'information précédera l'assemblée générale annuelle Le mardi 17 juin à 19h00 de l'Archipel d'Entraide 501, 14e Rue À la Salle La Nef Québec, Québec Le mardi 190, rue Saint-Joseph Est (coin Caron) 12 juin 2012 à 19h00 G1J 2K8 À la Salle Hypérion Québec (Québec) G1K 3A7 190, rue Saint-Joseph Est (coin Caron) Québec (Québec) G1K 3A7 Téléphone : 418 529-4226 Les portes ouvriront dès 18h30 Télécopieur : 418 529-4223 Les ouvriront Un portes buffet sera servi dès 18 h 30 Ligne sans frais : 1-877-823-2067 Un buffet sera servi Courriel : michel.yacoub@sympatico.ca

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No 165 Juin 2014

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