La quete numero 161 fevrier 2014

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Sommaire 6-7

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Les « vrais » philanthropes se cachent-ils ?

Le nouveau chocolat

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Thomas Duchaine

Mathieu Massé

La guignolée en direct

Les Jeunes Mécènes de l’OSQ

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Véronik Desrochers

Le sociofinancement, un bon plan !

Andréane Lespérance

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Jean Louis Bordeleau

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Un succès qui a du poil ! Jean-François Morissette

Auteurs ...les journaux de rue...

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Mathieu Meunier

Insomnie 4

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Logothérapie et suicide

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27

Christiane Voyer

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La fin du poème

Bernard Songe

Laurence Ducos

Féérie

Toi, le monde

Jasmin Darveau

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Julie Cartier

Chroniqueurs 8

Donner son 10 %

Claude Cossette

Février 2014

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Big Brother, regarde-moi !

Martine Corrivault

réalise l’espoir

Après l’obésité...

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Diane Morin

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PAGE COUVERTURE: Illustration: Danièle Rouleau daniele.rouleau@globetrotter.net Conception graphique : Karyne Ouellet

RÉALISER L’ESPOIR

Camelots recherchés

Hey toi! L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un Tu as 18 ans ou plus. moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la Tu veux te faire quelques dollars?

société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, Travaille à ton compte. Pas d’horaire.etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le Vends le magazine de rue La Quête sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente - sur la rue !- par des personnes en diffiPour plus d’informations culté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en Appelle-nous au leurs capacités, 418 649-9145 postede 33 réaliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie. Ou

Viens nous rencontrer au L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également 190, rue St-Joseph Est (coin Caron) Dans l’église Jacques-Cartier des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien

dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.

Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.

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UNE TRIBUNE POUR TOUS Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu. Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux. Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) (avant le 25 du mois précédent la parution dans l’édition suivante). La thématique de février  : Vivre dans St-Roch.

FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOTS Les camelots récoltent 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier. Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31

ÉDITEUR Archipel d’Entraide ÉDITEUR PARRAIN Claude Cossette COORDONNATRICE Francine Chatigny CONSEILLÈRE À L’ÉDITION Martine Corrivault RÉDACTRICE EN CHEF Valérie Gaudreau RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Isabelle Noël CHRONIQUEURS Martine Corrivault, Claude Cossette, Aline Essombé, Diane Morin JOURNALISTES Jean Louis Bordeleau, Véronik Desrochers, Véronique Dion, Thomas Duchaine, Marie-Michèle Genest, Andréane Lespérance, Mathieu Massé, Jean-François Morrissette, Chloé Patry-Robitaille AUTEURS Julie Cartier, Jasmin Darveau, Laurence Ducos, Mathieu Meunier, Bernard Songe, Christiane Voyer AUTEURS DES JEUX Hélène Huot, Jacques Carl Morin, Ginette Pépin RÉVISEURE Nathalie Thériault PHOTOGRAPHE Camille Amélie Koziej-Lévesque ILLUSTRATRICE Danièle Rouleau INFOGRAPHISTE Karyne Ouellet

Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.

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Journal La Quête La Quête est appuyée financièrement par : Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)

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Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien

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190, rue St-Joseph est Québec (Québec) G1K 3A7 Téléphone: 649-9145 Télécopieur: 649-7770 Courriel: laquetejournal@yahoo.ca

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Mot de la coordonnatrice

Campagnes de financement « En termes de philanthropie, le meilleur est à venir au Québec », me disait récemment Pierre Métivier, qui a occupé le poste de président-directeur général de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches pendant près de 20 ans. Cette plus importante générosité sera-t-elle la réponse -obligée- au désengagement de l’État ou tout simplement la recette du bonheur, puisque c’est prouvé : donner rend heureux. Alors, pour être heureux, faut-il que l’on fasse son don au vu et au su de tous, ou le don anonyme peut-il être aussi satisfaisant. Le premier a-t-il moins de valeur que le second ? Notre journaliste, Thomas Duchaine, s’est penché sur cette très complexe question. Les campagnes de financement revêtent des visages de plus en plus inusités. Si les plus petits peuvent encore tirer profit de la vente de chocolat, les plus grands optent pour des avenues parfois un brin racoleuses, nous révèle quant à lui Mathieu Massé.

Une nouvelle plume s’est jointe à l’équipe de La Quête en le très coloré Claude Cossette, publicitaire, lequel signera une chronique qu’il veut chapeauter comme Le Flyé. En espérant que vous aurez autant de plaisir à le lire, que nous à le côtoyer. Bienvenue parmi nous M. Cossette !

Histoire de camelots... Le nombre de camelots ne cesse d’augmenter. Certains d’entre eux affichent une motivation à toute épreuve ! La pluie, le froid, la distance, rien ne les arrête. Vous voulez faire davantage pour eux ? Faites connaître La Quête à votre réseau. Bonne lecture !

Francine Chatigny

Financer son projet sans même sortir de chez soi (ou presque) est maintenant possible avec le financement participatif. Jean Louis Bordeleau a rencontré des entrepreneurs pour qui la formule a vraiment rapporté. Qu’est-ce que ça rapporte une guignolée ? Curieuse de vivre l’expérience, Véronik Desrochers s’est jointe à l’équipe du Soleil pendant la Guignolée des médias en décembre dernier. Elle nous dévoile les faits saillants. Sans doute que l’initiative présentée par Andréane Lespérance est appelée à se reproduire. Pour assurer la pérennité de leur organisation, les dirigeants ont tout avantage à miser sur la relève. Les Jeunes Mécènes de l’Orchestre symphonique de Québec donnent le ton. Financement et sensibilisation vont de pair. Dans Un succès qui a du poil ! Jean-François Morissette nous présente des causes qui misent sur la pilosité pour se faire connaître. Certaines d’entre elles décoiffent...

Illustration: Danièle Rouleau

Les causes n’attirent pas toutes le même capital de sympathie et les organisations qui les soutiennent n’ont pas toutes les mêmes moyens. Véronique Dion a cherché à savoir ce qui assure le succès d’une campagne de financement. Enfin, Chloé Patry-Robitaille est allée à la rencontre des citoyens de Québec. Et vous, donnez-vous ? leur a-t-elle demandé.

Un p’tit nouveau !

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Le don anonyme

Les « vrais » philanthropes se cachent-ils ?

Deux visions Il existe deux principaux courants philosophiques qui divergent sur la question de l’anonymat par rapport au don. Le premier, de tradition judéo-chrétienne, en fait un idéal. « Prenez garde de ne pas faire votre aumône devant les hommes, afin d’en être vus; autrement vous n’en aurez point de récompense de votre Père qui est aux cieux. Quand donc tu feras l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin qu’ils en soient honorés des hommes », dit l’Évangile de Saint-Mathieu. Et il y a un second courant, celui-là plus contemporain, et qui est au cœur de la pratique philanthropique telle que nous la connaissons aujourd’hui, qui dit essentiellement « que le don public (non anonyme) est préférable puisqu’il permet l’épanouissement d’une culture du don, d’une culture philanthropique ». En d’autres mots, le don public stimule les donateurs potentiels à donner.

Le flux philanthropique moderne Pour Romain Girard, directeur général de l’Institut Mallet, l’idéal judéo-chrétien de l’anonymat réfère à une autre époque. « Le don anonyme avait un certain sens dans une culture de village », soulignet-il. Dans le contexte moderne « donner est difficile », affirme-t-il. « Une entreprise ne peut pas prendre 50 000 $ de son compte de banque et le mettre au coin de la rue, ça ne passera pas au ministère du Revenu », explique-t-il. « Pour que je puisse procéder, ça prend un dispositif pour légitimer le transfert de mon univers privé à celui de la philanthropie, c’est pourquoi à peu près toutes les banques, les universités ou les grandes entreprises sont rendues avec une fondation », précise M. Girard. Aussi, « (…) on vit dans un univers où il y a rareté de ressources et dans lequel le gaspillage est difficilement acceptable », ajoute-t-il. « Or, il faut faire confiance (à d’autres) si on ne fait pas la prise en charge (de son don) », de continuer Romain Girard. « Par ailleurs, le don s’opère aujourd’hui à l’échelle de la planète et le transit au travers des organisations intermédiaires dans le flux le

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Photo: Archives Web

Un ami, qui se reconnaîtra s’il vient à lire ces lignes, m’a dit un jour en parlant des fondations privées, que pour lui la vraie philanthropie se devait d’être anonyme. Cette phrase prononcée au cours d’une « vraie » conversation de café m’est restée, tel un écho accroché sur un neurone. Avec ce numéro de février sur les campagnes de financement, La Quête m’a offert l’occasion de creuser cette idée. S’est alors ouvert devant moi le monde du don, une véritable économie parallèle dans laquelle donateurs et bénéficiaires sont à deux extrémités d’un flux où les circonvolutions sont légions. Dans ce monde appelé doctement le flux philanthropique, le don anonyme existe-t-il vraiment ? Et si oui, quel sens lui donner ?

rend anonyme pour le bénéficiaire », explique le directeur de l’Institut Mallet. Selon lui, ce phénomène est aussi observable à l’échelle du flux philanthropique québécois, résultat des choix stratégiques de l’État en matière de réglementation fiscale et de politiques publiques d’un côté, et de la dynamique du marché, de l’autre. Le don circule ainsi, avec son lot de rétroactions, depuis les donateurs en passant par les fondations (d’origine privée ou publique) et les organismes (dit prestataires) pour arriver aux bénéficiaires. La mécanique complexe du flux rend donc de facto anonyme le don, même celui des grands donateurs qui enregistrent des fondations privées où le nom du bienfaiteur, s’il n’est pas dans la dénomination, n’est jamais bien loin. L’affirmation de mon ami a-t-elle, dans ce contexte, encore un sens ? Pourquoi les fondations privées portentelles la plupart du temps le nom de leur bienfaiteur, si le bénéficiaire lui, ne sait pas d’où vient l’argent ? À l’inverse, pourquoi pas ? La question de l’anonymat change-t-elle quelque chose ?

Le contre don « Que mon nom soit connu ou pas (…), ça change rien au fait que j’ai mis à contribution une ressource », souligne Romain Girard. « Est-ce que ceci, à l’autre bout, aide ou nuit à ceux qui se partagent les ressources ? Je pense que ça ne joue pas », affirme-t-il. Selon lui, on donne son nom à une fondation, un peu comme on le fait quand on démarre sa compagnie, « c’est un peu l’extension de soi », explique-til. À l’inverse, qu’est-ce qui peut donc inciter une personne à ne pas le faire ? « Une personne qui hérite d’une fortune distante, ou encore une personne dont l’argent a été gagné par le (la) conjoint(e) », donne en exemple M. Girard. C’est la notion du contre don qui est plus révélatrice selon lui. « Que mon nom soit connu ou non, le fait d’avoir donné, génère un contre don », explique-t-il. Pour lui, une fondation qui porte le nom du donateur principal peut viser, ou non, la notoriété ou la reconnaissance publique comme contre don ou encore simplement viser de rester actif dans un réseau, par exemple. Toutefois, une fondation dont le nom n’évoque pas le donateur principal ne poursuit vraisemblablement pas cet objectif. « On peut penser par ailleurs que les attentes

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d’une telle fondation sont plus élevées en matière de l’utilité du don », mentionne Romain Girard. « Ils doivent être encore plus convaincus que les millions investis vont vraiment servir à quelque chose, générer un résultat », spécifie-t-il. N’est-ce pas là une distinction qui mérite d’être soulignée ?

Béati Selon Jacques Bordeleau, directeur général de la Fondation Béati1, la donatrice unique derrière la fondation souhaitait garder l’anonymat afin que Béati soit connue pour ce qu’elle met en œuvre. Pour appuyer ce fait, M. Bordeleau cite la fondatrice : « Quand on parle d’un donateur ou d’une donatrice, ce terme évoque généralement l’idée de la charité, or je ne souhaite pas que cette association soit faite en ce qui me concerne. Je regarde les millions de dollars que j’ai offerts à Béati, pas du tout comme un geste de charité mais simplement comme un acte de justice. Cet argent, je ne l’ai pas gagné, je n’ai pas souffert, j’en ai simplement hérité de manière tout à fait en dehors de mon contrôle. Mais même si je l’avais gagné, je ne crois pas avoir le droit de m’afficher en tant que personne qui pose un geste de charité. Pour moi, toute somme au-delà du minimum nécessaire pour ma survie appartient aux pauvres, à tous ceux et celles qui en ont plus besoin que moi, l’argent leur appartient donc par justice et non par charité ». Bien que dissimulée derrière la dénomination de Béati, M. Bordeleau rappelle que la fondatrice est restée présente au sein de la fondation, tout en étant discrète. « Sa discrétion a laissé place à l’audace dans les actions de la fondation », explique-t-il. « Cette audace, permet plus de liberté, qui elle en retour permet d’être plus en adéquation avec ce qui se construit sur le terrain », ajoute-t-il. Selon M. Bordeleau, cette attitude basée sur la confiance a coloré la Fondation Béati. « Au cœur même du processus de sélection des projets, la fondation donne du pouvoir à des acteurs proches du terrain », souligne-t-il. Selon lui, c’est plus difficile dans des fondations qui ont un nom qui évoque une réputation familiale et dans lesquelles les fondateurs demeurent très proches des processus décisionnels. Voilà une autre distinction potentielle intéressante. M. Bordeleau souligne par ailleurs que les alter ego à Béati sont rares dans le flux philanthropique moderne. « La fondation doit être un outil pour le bien commun, et celle qui œuvre le plus étroitement possible avec les acteurs au fait des besoins sur le terrain, a tendance à représenter mon idéal versus une fondation qui œuvre d’en haut et où on cherche aussi à faire le bien, mais à partir de sa propre vision du monde », explique-t-il. « L’expérience a montré que c’est une approche moins structurante qui a plein de travers et qui, bien des fois, fait du bien à l’égo de celui qui donne, mais qui n’induit pas de réels changements », ajoute le directeur de la fondation Béati. « Les processus de reddition de compte chez les grandes fondations donnent souvent l’impression d’être là pour rassurer le bailleur de fonds plutôt que pour réellement avoir un impact sur le renforcement des capacités des acteurs », conclut-il.

une fortune rapide, notamment lors de la révolution industrielle ‒ par opposition à l’aristocratie (et qui étaient méprisés par cette dernière), de se construire un nom et de perdurer dans le temps », expliquet-il. « Donc (…) les fondations Ford, Carnegie, Rockefeller, Sage etc. (…), ça été des outils de légitimité considérables pour ces familles qui n’avaient pas les attributs de l’aristocratie », poursuit-il. Mais, pour M. Lefèvre, le nom n’est pas nécessairement synonyme de fidélité aux valeurs du fondateur, surtout chez les très grandes fondations. « Concrètement, Ford, qui avait une vision bien particulière, je dirais des sympathies par rapport à l’Allemagne nazie, et était clairement plutôt du côté de la droite, voire de l’extrême droite dans le portrait de la politique des années trente et bien, soixante-dix ans plus tard, sa fondation finance les forums altermondialistes en Amérique du Sud », lance-t-il. Bref, selon M. Lefèvre, le nom d’une fondation donne un indice des forces en présence, mais dans le cas des grandes fondations, l’évolution du contexte historique associé à la présence d’une équipe de professionnels salariés, sont plus garants de changements philosophiques que de stabilité. Toutefois, « dans la majorité des fondations qui n’ont pas de salariés et donc qui financent surtout avec un comité d’administration ou d’allocation où c’est quelques membres de la famille, quelques amis, quelques gens importants ou compétents qui se réunissent une fois de temps en temps, là, effectivement le poids des affinités originelles de la famille ou de tel ou tel réseau joue beaucoup plus », ajoute-t-il. Ainsi, il semble plus hasardeux de jouer à dis-moi ton nom et je te dirai qui tu es dans le monde des grandes fondations, qu’il ne l’est dans celui de la majorité, soit celui des petites.

Les « vrais » philanthropes ? Personne n’est contre la vertu, et, n’en déplaise à mon ami, il apparaît farfelu de critiquer les philanthropes qui choisissent de s’afficher. Mais, force est de reconnaître que les Béati de ce monde ont un petit « je ne sais quoi » qui brille d’une autre lumière dans la nébuleuse du flux philanthropique.

Thomas Duchaine 1

Béati réfère à Béatrice, une tante marquante dans la vie de cette femme

La fondation Untel, des racines bourgeoises De là à établir une corrélation entre le choix du nom d’une fondation et sa « philosophie d’affaires », il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas vu la petitesse de mon échantillon. Mais pour Sylvain Lefèvre, professeur et spécialiste des enjeux philanthropiques au département stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’UQAM, c’est plutôt bien vu, malgré que ce soit à nuancer. « Historiquement, la création des grandes fondations, notamment en Amérique du Nord et surtout aux États-Unis, ça été le moyen pour des nouveaux riches (sans sens péjoratif) ‒ des gens qui avaient accumulé

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Chonique Le flyé Claude Cossette

Donner son 10 %? Le socio-économiste Thorstein Veblen a montré, il y a plus d’un siècle, que la principale motivation des consommateurs est d’acquérir des biens qui les identifient comme les leaders de leur strate sociale. Ils étalent leur leadership en affichant des biens possédés par les meilleurs de leur groupe : une plus grosse maison, un voyage plus exotique, un gadget plus spectaculaire. Ce que l’on appelle en fait « le syndrome du voisin gonflable ». Cela ne se produit pas seulement dans le monde des marchandises mais également dans celui de la philanthropie. Dans leur recherche de financement, plusieurs organismes mettent au point une stratégie de parade, satisfaisant chez leurs donateurs leur besoin de se distinguer; on les affuble alors du titre de Grand donateur, on diffuse leurs noms, incitant ainsi les gens du même milieu à rivaliser entre eux.

Président donneur Les organismes « de charité » ne jouent cependant pas tous dans la même ligue. Il existe de puissants organismes qui misent carrément sur la stratégie du voisin gonflable; ils disposent de communicateurs professionnels dans leur équipe, font appel à des boîtes de marketing, dépensent d’importantes sommes pour produire leur attirail de sollicitation. Ils réussissent à obtenir de grosses contributions en intégrant à leur stratégie des gens d’affaires qui joueront le rôle de Président d’honneur, qui feront pression

sur leurs connaissances en vue d’en obtenir des contributions importantes. Par ce titre, les « d’honneur » retirent en échange honneurs et notoriété. De meilleures relations commerciales peut-être. Démontre-t-on la même grandeur d’âme en donnant anonymement qu’en se vantant sur la place publique ? Belle question!

Le surplus ou l’essentiel BMO Banque privée Harris a publié un rapport le 14 novembre 2013 sur la générosité des Canadiens. On y lit que les « Canadiens disposant d’un actif d’un million de dollars ou plus à investir […] prévoient verser 5 217 $ en moyenne aux causes caritatives ». C’est peu ! Qu’inclut-on dans ces causes ? Est-ce la même chose de donner 5 $ à un itinérant qui ne vous remerciera pas par une belle lettre et ne vous dira peut-être même pas merci que de donner 500 $ à la salle symphonique de la ville ? Dans ce dernier cas, vous vous donnez à vous-même : vous faites plaisir à un « contact » qui vous a sollicité et à qui vous devrez « renvoyer l’ascenseur »… et, avec vos amis de la gentry (on ne dit plus “ bourgeoisie ” !), vous profiterez vous-même des retombées de cette belle salle et de ses beaux concerts, opéras, récitals.

à cœur, c’est davantage que de la charité; c’est de la solidarité. Les États, gérés par les nantis, ne veulent plus obliger les mieux pourvus à partager par l’impôt, il faut donc miser sur la solidarité, sur le partage librement consenti. En mauvais chrétien que je suis, cela me rappelle l’histoire de la pauvre femme racontée par Marc l’évangéliste  : « Elle mit dans le tronc deux petites pièces. […] Jésus commente : “ Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres qui ont donné de leur superflu, car elle a donné de son nécessaire ” ». Payons-nous trop d’impôt ? Non, si l’impôt est — sans cachettes et sans entourloupettes — proportionnel au revenu : c’est la façon d’aider, en toute justice et toute solidarité, ceux qui possèdent moins. Sommes-nous généreux ? Non, si on considère les problèmes que doivent affronter les organismes sociaux de moins en moins supportés par l’argent de l’État. Celui-ci a renoncé à imposer la solidarité, à le prendre légalement dans la poche de ceux qui en possèdent davantage que la moyenne.

Claude Cossette, publicitaire

Moins sexy que d’autres Bref, il y a des causes moins sexy que d’autres. Ponctionner de 10 % son propre revenu net pour faire parvenir le montant anonymement à une œuvre qui vous tient

Note pour Karyne : Mettre cette pub le plus petit possible. Tu peux jouer avec les éléments si tu veux.

La Quête est diffusée pAr téléphone viA

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Commanditaires et échanges de service :

le nouveau chocolat

Photo: Archives Web

L’argent mène le monde, ça, tout le monde le sait. D’Équipe Canada aux bouts de chou qui veulent financer la sortie de fin d’année, en passant par les délégations des différents jeux interfacultaires, tous ont besoin de financement. Regard sur les moyens de s’autofinancer de manière originale, car tout le monde sait que la vente de chocolat… c’est out! Le milieu scolaire pullule de demandes de financement pour différentes activités. C’est donc dire que la compétition est féroce et, qu’à ce titre, il faut être de plus en plus original pour « gagner » les fonds convoités. Fabrice Coulombe, père de deux jeunes filles, estime que la vente de chocolat, même si elle est un peu « brûlée », fonctionne encore, malgré la compétition féroce. « Vendre du chocolat, c’est comme vendre n’importe quoi! Le vendeur de chars va te convaincre que le bruit de son moteur est plus doux que celui de son compétiteur; le vendeur de chocolat a besoin de te faire comprendre que tu n’as JAMAIS goûté à un aussi bon chocolat de toute ta vie. Pas facile ! » M. Coulombe explique que ce n’est pas toujours facile pour les jeunes de vendre. Encore moins pour les jeunes enfants. « C’est peut-être pour ça que le chocolat a encore un peu la cote, c’est plus facile à vendre quand tu as 8-9 ans ». « Ce qui est bon aussi, ce sont les concours. Vendre la chance de gagner des billets pour les Canadiens pour pas très cher, c’est pas trop difficile. Sauf qu’il faut les avoir les prix à faire tirer… et ça c’est moins facile ». Le chocolat n’est toutefois pas la seule chose que les jeunes vendent désormais. Ainsi, que ce soit des oranges de la Floride ou du thé, des compagnies comme Chocolats Lamontagne, spécialisées dans les campagnes de financement, tentent de diversifier leur offre afin de pallier la baisse de popularité du chocolat.

Financement original ? S’il est difficile de se faire bon vendeur à la petite école, les universitaires et jeunes professionnels redoublent d’imagination pour

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s’autofinancer. Guillaume Arsenault, chef de la délégation de l’Université Laval des Jeux de la communication, croit que la création d’événements va être grandement profitable à toute organisation en recherche de fonds. « Les fameux partys de financement poussent comme de la mauvaise herbe sur les campus. Il y en a partout, pour toutes les causes ! » Mais malgré cette féroce compétition, M. Arseneault assure que les organisateurs ne boudent pas les activités des autres. « Si on va à l’événement d’une gang, ils vont venir au nôtre, c’est vraiment donnant donnant », dit-il. « On doit quand même faire preuve d’une grande dose d’originalité. Il faut donner une plus-value à notre événement pour attirer des gens ». M. Arsenault suggère les classiques comme les moitié-moitié qui sont une bonne motivation pour les gens. Les prix en général sont très bien vus. « Plus les prix de participation sont intéressants, plus il y aura de monde, d’où l’intérêt d’avoir de bons commanditaires. Une télé à donner ou bien un iPod, c’est pas mal bon… un voyage, c’est très très fort ! » Les événements sportifs ont également la cote. « Créer un tournoi où les inscriptions sont payantes, où les gens qui regardent vont consommer de l’alcool, ça, c’est payant », explique M. Arsenault.

un organisme jeunesse de la région. L’un des organisateurs de l’édition 2013, Vincent Grenier-Cliche, soutient pour sa part que l’échange de service et la commandite ont largement contribué à la réalisation de cet événement. « Par exemple, si un restaurant me donne 1 000 bouchées pour mon cocktail, on lui donne la visibilité en conséquence lors de l’événement. En plus de ça, si j’ai un midi-conférence à organiser, il y a de bonnes chances que j’organise ça chez lui… », d’expliquer M. Grenier-Cliche. Selon M. Coulombe, les manières originales de se financer ne datent pas d’hier. « Quand je jouais au hockey, mon père avait eu l’idée de vendre du pain de ménage », explique-til. « On partait le samedi et dimanche matin tôt avec nos pains et on allait vendre ça. Les gens qui font leur épicerie au début de la semaine se retrouvent souvent avec pas grand chose à la fin de la semaine et quand on arrivait avec notre pain juste à l’heure du déjeuner, ça disait jamais non. On s’était payé des beaux manteaux avec ça, et c’était original, c’est clair ! »

Mathieu Massé

Le Bal Philanthropique est une soirée mondaine qui promeut la philanthropie auprès des jeunes gens d’affaires de la région de Québec tout en collectant des fonds pour

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Le sociofinancement, un bon plan ! Martha Wainwright s’en est servi pour financer sa tournée en Europe, les concepteurs de l’innovant téléphone PhoneBloks l’ont quant à eux utilisé pour la mise au point de leur prototype, et même les Duchesses du Carnaval ont utilisé cette nouvelle formule de financement! Le sociofinancement, ou financement participatif, tient en un principe simple : un entrepreneur met en ligne un projet d’entreprise, puis une communauté d’internautes répond à la demande de financement.

Tout démarre en fait avec l’idée originale d’un promoteur. Ce dernier la soumet ensuite au gestionnaire d’un site Internet de sociofinancement. Une fois approuvée et affichée, c’est à la communauté de répondre favorablement ou non par des dons. Le financement est promu notamment par une activité sur les réseaux sociaux, mais aussi par une forme de structure de récompense. Pour 5 $, le promoteur offre un courriel de remerciement, pour 45  $, un exemplaire en avant-première ou pour 150 $ un forfait complet. En somme, la communauté de consommateur prend vie dès le début.

qu’il élabore son projet avec le soutien et les conseils d’un entrepreneur accompli dans son domaine d’affaires. Ensuite, le promoteur doit présenter son projet à une dizaine d’« ambassadeurs ». Jean-Sébastien Noël, cofondateur de La Ruche, explique : « Alors que son projet doit être pour ainsi dire prêt : le vidéo, la structure de récompense et le parrain a validé, il va présenter sa page de projet, dans la “ cellule ”, pour se faire challenger, se faire poser des questions, se faire conseiller. Enfin, on approuve le projet ». Une soixantaine d’ambassadeurs chevronnés issus de divers domaines de la capitale (affaires, culture, technologie, etc.) sont ainsi liés à la cellule de La Ruche. Cette « validation de concept », comme le nomme Jean-Sébastien Noël, a surtout une plus-value à « l’intégrité » : « En exigeant une preuve, ne serait-ce qu’un simple courriel pour confirmer que ton artiste va être au spectacle que tu veux monter, ça montre que tu es sérieux. Ça protège les consommateurs, car au fond [à savoir si le projet est bon ou pas], ce sont eux qui décident ». Et puis, il y a toute une communauté qui y gagne, économiquement parlant. Récemment, La Ruche a organisé un rassemblement à l’Université Laval pour y présenter une série de projets devant des juges et devant public. L’événement, un succès, a vu tous les participants converger vers les organisateurs pour les féliciter et les remercier. Pour Jean-Sébastien Noël, c’est la preuve qu’« ils disent merci à plus grand qu’eux. C’est ça La

Ruche, en somme : une communauté qui se prend en main ».

Des histoires de réussite Pour Ghislaine Fréchette, initiatrice du projet réussi Massothérapie Le Dauphin Bleu, l’implication de La Ruche lui a certainement permis d’être « plus rapide et plus gros ». Depuis sa campagne terminée en décembre, ce service offre pour les nouveaux parents des massages à domicile. En plus de valider la « viabilité du projet » et sa « crédibilité », La Ruche aura permis à Mme Fréchette de se dépasser comme entrepreneure. « Préparer le projet, c’est quelque chose! Il faut que tu t’en occupes! Il a fallu aller voir des chambres de commerce, aller afficher dans des pharmacies. Ça m’a obligé d’embarquer dans une affaire de représentation ». Valeur ajoutée à la proximité avec la clientèle, cette dernière donne parfois des idées. C’est ce qui est arrivé quand Mme Fréchette a reçu un montant pour l’achat d’un massage… de quelqu’un d’autre. « Il est arrivé une grand-maman qui a donné le montant d’argent du massage, et a dit que lorsqu’elle avait des bébés, elle aurait aimé avoir ça. De là est née l’idée de pouvoir “ donner au suivant ” », raconte Mme Fréchette. La demande venait de créer l’offre; et déjà 13 massages de ce genre ont déjà trouvé preneurs.

Jean Louis Bordeleau

La règle du financement participatif, c’est « tout ou rien ». Ou bien le projet atteint son objectif de financement et l’entreprise démarre, ou bien l’argent est remis aux contributeurs qui récupèrent ainsi leur don, sans perte. À Québec, c’est la plateforme La Ruche qui domine le paysage. Forte de 36 projets, dont 19 réussis en moins d’un an, son taux de succès de 65 % est sensiblement plus haut que la moyenne mondiale de 25 %. De plus, les projets sont financés en moyenne à la hauteur de 2 500 $, ce qui les place au niveau de la moyenne mondiale.

La Ruche, comparée à d’autres plateformes du genre, va plus loin qu’une simple offre d’un site Internet fonctionnel. Le promoteur est ici jumelé avec un « mentor » afin

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Courtoisie: La Ruche

Un nouveau genre de plan d’affaires

Les projets de La Ruche doivent « laisser une empreinte économique, sociale ou culturelle sur la grande région de Québec », selon le cofondateur Jean-Sébastien Noël

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Financer le septième art Le premier cumule près de 30 ans de carrière en cinéma de fiction, le second a signé en 2013 son premier film documentaire professionnel. Robert Morin et Stéphane Lahoud ne conçoivent peut-être pas le même genre d’œuvres, mais ces deux réalisateurs doivent passer par la même étape primordiale; celle du financement. Une étape dont plusieurs aimeraient bien se passer… Pour son film 3 histoires d’Indiens, qui sortira prochainement, Robert Morin a fait appel pour la première fois au financement participatif. Il a très vite atteint l’objectif de 15 000 $ servant à libérer des droits musicaux. « C’est bon pour l’ego. J’ai été flatté de voir qu’il y a du monde qui croit en mes folies », avoue le cinéaste. Il n’est pas le seul réalisateur à avoir compté sur les dons des cinéphiles. Par exemple, Xavier Dolan avait récolté 36 600 $ pour son film Laurence Anyways. Malgré le succès de l’entreprise, Morin considère l’expérience comme un événement ponctuel, ne voulant surtout pas abuser de la générosité des donateurs. Il est vrai que ce genre de financement peut s’avérer tentant pour ceux qui exercent ce métier, car une telle demande auprès des principales institutions, comme la Société de développement des entreprises culturelles (Sodec) ou Téléfilm Canada, représente souvent un processus laborieux. « Quand une personne dit que ça a pris 5 ou 6 ans à faire son film, c’est souvent tout ce temps passé à chercher du financement », relate Johanne Bergeron, productrice à l’Office national du film du Canada (ONF). Même si Robert Morin croit qu’il est possible de faire un bon film sans un budget digne d’Hollywood, il reconnaît que « le cinéma est gourmand ». Lucide quant au fait de devoir parfois se frotter aux exigences de « l’establishment » pour réaliser ses longs métrages, Robert Morin a appris avec le temps que des investisseurs restent des investisseurs, peu importe le domaine. « Ça devient gênant, ils se mettent dans tes pattes et t’obligent à tenir une comptabilité », déplore-t-il. En effet, ces institutions souhaitent connaître la manière dont est géré leur argent, et surtout, espèrent que leurs investissements seront rentables. Et l’aspect financier semble dominer de plus en

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plus le marché cinématographique, parfois au détriment de la qualité. Par exemple, afin de déterminer quels projets seront financés, Téléfilm Canada utilise un système de pointage qui met l’emphase sur l’excellence des compagnies de production et les recettes au box-office, malgré un nouvel indice de réussite culturelle instauré en 2011. Des critères de sélection qui peuvent donc s’avérer difficilement accessibles pour les réalisateurs émergents ou en marge des succès commerciaux. « J’ai pas le goût de faire une grosse comédie tarte à la crème », s’indigne Morin avec le franc-parler qui le caractérise.

Des programmes plus souples On pourrait croire que Robert Morin, détenteur d’un prix du Gouverneur général en arts visuels et médiatiques et lauréat du Prix Albert-Tessier en 2013, ne pourrait se voir refuser une demande de financement à la Sodec. « Ça arrive à chaque fois ! », s’esclaffe celui qui a réalisé une trentaine de films. Il doit alors retravailler le scénario selon les commentaires émis par le comité de sélection et le soumettre à nouveau. « Il y a des gens qui préfèrent avoir moins de sous et rester les maîtres d’œuvre de leur film », reconnaît Johanne Bergeron. C’est pourquoi elle est fière de chapeauter l’Aide au cinéma indépendant (ACIC), un programme qui permet de soutenir annuellement une trentaine de projets à l’étape de la postproduction. Les artisans qui souhaitent conserver leur indépendance intellectuelle peuvent aussi se tourner vers le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et le Conseil des arts du Canada (CAC), deux sociétés d’État qui encouragent la proposition d’auteur. Toutefois, seulement 24,4 % des projets soumis au CALQ ont fait l’objet d’une bourse en 2013.

Le prix de l’entière liberté « J’ai vécu l’envers de la médaille dans les deux dernières années et je ne suis pas sûr que je vais continuer », résume Stéphane Lahoud sur sa première expérience de réalisation professionnelle. À l’aube de la quarantaine, le réalisateur habitué aux médias alternatifs et aux budgets microscopiques a senti le besoin de faire un pas de plus. En ayant l’ONF comme coproducteur, il s’est doté d’un budget de 160 000 $ pour réaliser son court métrage documentaire Sur la banquise.

mis. De l’écriture du scénario au montage final, son projet devait plaire aux différentes parties impliquées dans l’aventure. « Tout le monde doit être conscient du cahier des charges », avertit Mme Bergeron. Toutefois, s’il y a un compromis auquel le réalisateur a refusé de se soumettre, c’est celui de supprimer un personnage jugé trop antipathique par son télédiffuseur. « J’ai été chanceux, ma productrice m’a dit : Stéphane, tu vas faire le film que tu veux faire ». Toutefois, son plus grand regret est de ne pas avoir pu travailler avec un ami directeur photo qui partageait sa vision du projet. Car puisque le réalisateur manquait de « crédibilité »  dans le milieu, on lui a fortement suggéré de choisir un directeur photo plus expérimenté et reconnu par l’industrie. « C’est plus risqué avec un réalisateur inconnu, il doit s’entourer d’une équipe de professionnels », justifie Mme Bergeron. Et maintenant, Stéphane Lahoud estil crédible ? « Oui, admet ce dernier, mais ma productrice me dit de déposer tout de suite un nouveau projet, car on oublie vite dans ce milieu ! », rigole-t-il, un peu indifférent à la pression qui pourrait peser sur les épaules d’un débutant. Malgré des paramètres de production quelque peu rigides, Lahoud se dit fier de son film et estime avoir beaucoup appris de son expérience. Toutefois, ses futures réalisations risquent d’être trop subversives pour être financées par les grandes institutions. De toute façon, la liberté d’expression vaut tout l’or du monde pour le réalisateur qui se dit effrayé par l’autocensure. Cela dit, il aurait bien aimé pratiquer son métier dans les années 60. À cette époque, lorsqu’ils désiraient explorer le monde armés de leur caméra, les pionniers du cinéma direct, Michel Brault et Pierre Perreault, n’avaient qu’à claquer des doigts pour obtenir des sous auprès de l’ONF. Aujourd’hui, ce scénario serait celui d’un film de fiction !

Marie-Michèle Genest

Mais en contexte de coproduction, il y a obligatoirement plus de gens qui s’immiscent dans le projet. Une fois dans la cour des grands, Lahoud a découvert l’art du compro-

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La guignolée en direct

Photo: Véronik Desrochers

C’est dans une ambiance festive et fraternelle que je retrouve les braves du Soleil au coin de la rue de la Couronne et du boulevard Charest. Café, muffin et c’est parti pour la Grande guignolée des médias! Des dossards fluo sont distribués et les troupes se déploient en ce 5 décembre matinal et frisquet. Canisses et pancartes en main, les collecteurs bien emmitouflés parlent stratégie avant de prendre d’assaut l’intersection. Quelles artères, quelles approches seront les plus payantes? Mylène Moisan en action...

Noémie Drouin, la responsable de l’équipe du Soleil tient son rôle à cœur. « Chaque année, je rappelle les retraités », souligne-telle en me présentant Robert Létourneau, un retraité qui vient prêter main-forte tous les ans. « Mais au moindre verglas, tout peut être annulé sans que ce soit remis », déplore-t-elle en observant ses collègues titiller la générosité des automobilistes. Dispersés au front, les collecteurs font face à différents types de personnes. Beaucoup de gens, très joviaux, donnent généreusement : « C’est nous qui vous remercions ! », s’exclament-ils. Des « J’ai déjà donné en haut » et des « C’est fait » sont souvent déchiffrés sur les lèvres d’automobilistes à travers la vitre de leur portière. Moment inattendu de la matinée : un homme exige la chanson de la Guignolée en échange de son don. Pleins de bonne volonté, les collecteurs entonnent l’hymne sans grande conviction. Bon enfant, l’homme finit par donner, malgré leur piètre performance. Or, quelques minutes plus tard, il repasse en auto en tendant une pile de feuilles sur lesquelles sont imprimées les paroles de ladite chanson ! Quelle gentillesse ! Malgré la bonne proportion de gens qui donnent de bon cœur, certains ignorent, restent froids et sans réaction devant les joyeux lurons faisant des cabrioles pour attirer leur attention. « On ne voudrait pas vous déranger », lance à la blague Valérie Gaudreau, journaliste au Soleil et rédactrice

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en chef du journal La Quête. Sur un ton plus sérieux, elle qualifie la guignolée des médias comme un «  exercice d’humanité  ». Aller au-devant des gens pour solliciter un don, entre d’autres mots, quêter est moins facile qu’il n’y paraît. Pour sa part, Philipe-Michaël apprécie sa première Guignolée. Il est agréablement surpris par la gentillesse des donneurs. Évidemment, il remarque lui aussi la froideur de certaines personnes. « On est identifiés avec nos dossards, mais les gens nous ignorent quand même. Ça doit être dur sur l’orgueil et la dignité », explique-t-il, en pensant lui aussi aux gens qui doivent quêter pour survivre. La présence policière ne se fait pas trop sentir. En fait, elle est davantage dans les paroles des collecteurs autour de moi que dans la rue. Quelques patrouilles circulent de temps à autre, notamment le sergent Lavallée, le policier attitré à notre intersection. Des cônes fixent un périmètre de collecte sécuritaire. D’ailleurs, ceux-ci posent problème aux automobilistes et surtout aux autobus. Un agent du RTC signale à la responsable que quelques cônes doivent être déplacés. Ils le sont, incident clos, pas plus de chichis, aucun autre problème n’aura lieu par la suite. Entre-temps, les troupes, aveuglées pas l’appât du don, s’aventurent de plus en plus loin au-delà de la ligne de sécurité. « On accepte un peu de tolérance, je veux que ça reste agréable, donc je fais semblant que je ne les vois pas », explique Noémie Drouin.

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Entraînée un peu plus loin, je retrouve Mylène Moisan qui collecte les automobilistes sur la rue Sainte-Hélène. « Ici, c’est vraiment le meilleur spot », dit-elle avec enthousiasme. Ayant obtenu une « dérogation » de la part des policiers, elle collecte en toute légalité cette fois-ci. Elle, qui avait critiqué dans sa chronique l’encadrement trop serré de la précédente Guignolée, considère que c’est mieux cette année. Elle apprécie davantage le moment : « Ça nous permet de jaser entre collègues, avec Normand, directeur des ressources humaines, que je vois toujours trop vite ». Bien que la présence policière ne se soit pas trop fait sentir pendant la collecte, la sécurité reste une priorité pour la responsable de la Guignolée du Soleil. « Les policiers nous ont dit qu’on allait avoir un bon rapport, les gens du réseau routier aussi », se félicite Noémie. Elle veut à tout prix conserver l’intersection pour les années suivantes et ainsi soutenir Moisson Québec qui aide mensuellement environ 32 000 personnes dans la région de Québec. Cette année, ce petit deux heures au vent et au froid aura permis d’amasser 3219 $. Bravo à tous et à toutes !

Véronik Desrochers

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Les Jeunes Mécènes de l’Orchestre symphonique de Québec Et si le soutien à une cause ne passait plus nécessairement que par la signature d’un chèque ? En septembre dernier, l’Orchestre symphonique de Québec lançait son nouveau mouvement de financement et de promotion : Les Jeunes Mécènes de l’Orchestre symphonique de Québec (JMOSQ). Sophie Bernier, l’instigatrice du projet, estime qu’il était nécessaire pour l’OSQ de lancer ce regroupement puisque « la culture et la musique classique ont un besoin constant de soutien et c’est aussi parce que l’avenir passe par les jeunes ». Elle ajoute qu’en plus d’inciter les jeunes gens d’affaires de la Capitale-Nationale à découvrir la musique classique, le regroupement permet d’en faire la promotion, ce qui est capital pour l’OSQ. Stéphane Vincent est un jeune mécène de l’OSQ. En plus d’être un nouveau professionnel et un amateur de musique, il fait partie du comité pour le lancement des JMOSQ. Il explique que lorsqu’il a été approché pour assister à la première rencontre d’information concernant le mouvement, il a tout de suite aimé l’idée. « Lancer un groupe comme les Jeunes Mécènes représente un beau défi et en plus, le mouvement correspond bien aux types d’évènements et de projets dans lesquels je veux m’impliquer ». Il ajoute que de pouvoir participer à quelque chose de nouveau est toujours très valorisant.

ment du projet ». Même constat de la part de Stéphane Vincent. Il se dit très satisfait de la réponse des gens d’affaires. « Nous espérons néanmoins doubler, voire tripler ce nombre de participants pour la saison 2014-2015 ». Faire partie du mouvement nécessite une implication importante pour ces jeunes mécènes. « Bien sûr que ça demande du temps pour l’organisation des évènements, mais c’est une belle occasion de faire du réseautage. C’est aussi une belle façon d’en apprendre plus sur la musique symphonique et de découvrir un nouveau milieu », conclut Stéphane Vincent.

Le rayonnement de l’OSQ Stéphane Vincent explique que pour participer au rayonnement de l’OSQ et de la musique symphonique, les jeunes mécènes organisent des cocktails-concerts de type réseautage lors de certains spectacles. Pour faire partie du mouvement, les membres doivent se procurer un abonnement annuel. L’abonnement est de 25 $ pour les 200 premiers membres et de 50 $ pour les suivants. Il ajoute que pour avoir accès aux cocktails-concerts, les gens doivent non seulement être membres des JMOSQ, mais aussi avoir un billet pour le spectacle de la soirée sélectionnée. De cette façon, le comité s’assure que les membres assistent également aux concerts de l’OSQ.

De plus, à chacun de ces cocktails-concerts, un invité fait une présentation sur le concert ou sur un sujet qui touche la musique classique. « L’un de nos objectifs est de faire découvrir l’OSQ et la musique symphonique aux jeunes et de leur donner une raison de plus pour se déplacer aux concerts », conclut Stéphane Vincent. La formule semble ravir Sophie Bernier puisqu’elle a déjà observé des résultats. « Il y a une cinquantaine de membres qui ont participé au cocktail de lancement et qui se retrouvaient aussi au cocktail-concert de Patrick Watson le 5 novembre dernier ». Elle ajoute qu’un noyau est déjà en train de s’installer. « Notre plus gros défi d’ici la fin de la saison 2013-2014 est de mobiliser des entreprises. Lorsque ce sera fait, nous pourrons qualifier la première année du mouvement des Jeunes Mécènes de l’Orchestre symphonique de Québec comme une très grande réussite », conclut Stéphane Vincent.

Andréane Lespérance

L’instigatrice du projet estime que la philanthropie culturelle, c’est un peu comme le parent pauvre de la philanthropie. Elle considère néanmoins que la musique symphonique est « un élément important pour le dynamisme de la région de Québec ». Quant à lui, Stéphane Vincent mentionne que faire partie des JMOSQ lui permet de contribuer à la société.

En 4 mois, une centaine de membres désirant faire partie du mouvement ont ainsi été accueillis. Sophie Bernier est satisfaite de l’engouement des participants, « parce que malgré le fait que les jeunes sont très occupés et sollicités, ils ont bien répondu au lance-

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Photo: BHLB

Engouement des jeunes pour la musique classique

Cocktail des Jeunes Mécènes de l’Orchestre symphonique de Québec

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Un succès qui a du poil ! MOVEMBER et Défi têtes rasées sont des méthodes philanthropiques bien connues au Québec. Chaque année, celles-ci permettent de rapporter plusieurs milliers de dollars à leurs organismes. Un succès qui a du poil !

Photo: Archives Web

Défi têtes rasées

Adam Garone, Co-fondateur de Movember

MOVEMBER Chaque mois de novembre depuis 2003, la cause du cancer de la prostate a trouvé le meilleur des porte-paroles: la moustache. Partout sur la planète, des hommes laissent aller leur pilosité faciale pendant les trente jours de novembre en vue d’amasser des fonds pour combattre cette maladie. Dans la région de la Capitale-Nationale, plus de 60 000 $ ont été amassés au cours du mois de novembre 2013, soit 10 000 $ de plus que l’objectif fixé par les organisateurs. Chaque participant a notamment ses raisons bien à lui de participer à cette campagne de financement ludique. « Je le fais avant tout pour soutenir la cause, c’est pas une question d’argent » explique Félix, qui en était à sa troisième participation cette année. « Je n’ai personne dans ma famille qui a été touché de près, mais je connais des amis qui ont eu des proches souffrant du cancer, c’est pas facile ». « Si ça peut les aider, tant mieux », ajoute-t-il.

À l’inverse du Movember, où les poils poussent, le Défi têtes rasées met la chevelure des participants à prix pour Leucan. Encore ici, les motivations varient quant à la participation à cette méthode de financement. « J’avais besoin d’une coupe de cheveux et ça me permettait de rendre hommage à tous ceux qui ont été atteints du cancer et ceux qui le sont actuellement » explique Charles, participant pour l’édition 2013. « Il y a déjà eu des cas [de cancer] où je travaillais avant et dans ma famille aussi, alors je me suis dit que c’était un win-win, ajoute-t-il. « Ça donne un bon feeling ! », a-t-il mentionné. L’industrie du rasage de crâne est connue comme étant l’une des méthodes favorites des Québécois pour soutenir la cause des enfants atteints du cancer. Depuis 2001, Leucan organise cette activité de financement et, en près de 14 ans d’existence, environ 60 000 personnes ont participé au défi pour une somme totale amassée d’environ 4,7 millions de dollars. Selon l’Agence de Santé publique du Canada, chaque année, on diagnostique un cancer quelconque à environ 880 enfants et adolescents de moins de 15 ans et, sur ce nombre, 150 d’entre eux en meurent. Le type de cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez les enfants canadiens est la leucémie dans 33 % des cas, les cancers du cerveau et du système nerveux avec un total de 20 % des diagnostics, et enfin les lymphomes à 11 %.

Quelques autres campagnes poilues ! Frobruary Movember n’est pas la seule fête du poil : il y a aussi le Frobruary, néologisme formé par l’amalgame des mots afro, comme la coiffure des cheveux, et de février en anglais (February). Cette nouvelle « mode » se veut une manière d’attirer l’attention sur le mois de l’histoire des Noirs. Lancé en 2012 aux États-Unis, le mouvement souligne les enjeux rencontrés, encore aujourd’hui, par les communautés afro-américaines. Ce mouvement n’a toutefois pas rencontré le même succès que le Movember et semble avoir été abandonné depuis.

Hairynose Le Hairynose, ou nez poilu en français, est une campagne de sensibilisation qui classe les grandes agglomérations asiatiques en fonction de leur niveau de smog. L’instigateur de la campagne, Clean Air Asia a mis en ligne une carte interactive présentant pour chacune des grandes villes la longueur de poils de nez idéale pour faire barrière à la pollution. (cleanairasia.org/hairynose/map). Sur le même site, les citoyens sont invités à prendre des initiatives pour réduire la pollution et à faire pression auprès des autorités locales.

Jean-François Morissette

Grâce à cette méthode festive d’amasser des fonds, chaque nouvelle édition attire un plus grand nombre de participants et la sensibilisation à la santé masculine ne s’en porte que mieux. Les chiffres de 2013 ne sont pas encore disponibles, mais l’organisation mondiale de Movember a récolté près de 140 millions de dollars pour la cause en 2012, dont environ 42,6 millions provenait du Canada. Des quelques 1 127 000 participations à l’échelle internationale, 247 000 étaient par ailleurs canadiennes.

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Photo: Archives Web

Selon les statistiques de la Société canadienne du cancer, un homme sur sept aura un cancer de la prostate au cours de sa vie et un sur vingt-huit n’y survivra pas. À l’échelle mondiale, le cancer de la prostate tue un homme chaque 22 minutes !

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Réussir sa campagne Certains peinent à récolter des fonds tandis que d’autres dépassent les objectifs qu’ils se sont fixés. Ces résultats seraient-ils liés aux grandes campagnes de marketing orchestrées par les organismes? La Quête a discuté des techniques de collecte de fonds avec des représentants de Centraide et de la Société Saint-Vincent de Paul.

Il y a beaucoup de causes louables et c’est pourquoi il y a de plus en plus de joueurs sur l’échiquier. On croit tous à notre mission et on sollicite les mêmes personnes. Pour travailler avec les autres, il faut faire notre place ». C’est pour cette raison qu’il faut selon elle se démarquer sur le plan du marketing ainsi que bonifier ces façons de faire sur le terrain.

Les bénévoles de la société Saint-Vincent de Paul La Société amasse des dons en argent mais également des denrées alimentaires qu’elle redistribue aux personnes dans le besoin.

Ces deux organismes utilisent des stratégies différentes pour mener leur campagne de financement, mais possèdent beaucoup de points communs quant aux défis à venir. Tant chez Centraide qu’à la Société St-Vincent de Paul, la multiplicité des causes et les défis générationnels sont des préoccupations importantes. Les causes ne touchent plus nécessairement les mêmes groupes d’âge. Même s’ils n’ont pas la même mission, ils ont un intérêt commun : redistribuer tout l’effort de leur travail aux gens dans le besoin.

Afin d’augmenter les sommes récoltées et d’atteindre les objectifs fixés, il a fallu innover et trouver de nouvelles méthodes. Josée Bourassa, directrice du marketing et des communications à Centraide Québec et Chaudières-Appalaches parle du succès de son organisation qui a été la première à implanter le prélèvement de dons directement sur les salaires. « Cela a été la pierre angulaire dans les campagnes [de financement ] au Québec mais surtout dans notre région » affirme Mme Bourassa qui précise que ces prélèvements en milieu de travail représentent 70% des fonds amassés.

Véronique Dion

Consciente de l’augmentation du nombre d’organismes à vocation philanthropique, Mme Bourassa précise : « On est hypersensible à la question, sur le présent et le demain.

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Photo: Archives Web

Campagnes de marketing

Multiplicité des organismes

La Saint-Vincent effectue deux collectes de fonds annuelles, dont la guignolée. Madame Godin mentionne « Cette guignolée est importante. Pour les conférences [centres d’aide] en général, la guignolée et la quête à l’Église demeurent des moyens de financement importants ». Il est également important d’aller chercher des partenaires avec lesquels il est possible d’associer leur notoriété respective. « On essaie de percer le marcher des entreprises afin d’être soutenus. Il faut tenter de s’associer à une entreprise qui a la cause à cœur. On doit ainsi montrer pourquoi ils devraient donner à nous et pas à d’autres ».

Comme les 18 organismes Centraide du Québec, Centraide Québec et Chaudières-Appalaches recueille des dons auprès de la population et des entreprises de son territoire pour soutenir 19 initiatives et 191 organismes communautaires qui aident les personnes et les familles en situation de pauvreté ou d’exclusion sociale.

Centraide a décidé d’investir en publicité pour ses campagnes. Selon Mme Bourassa, plus une organisation est structurée, plus elle attire « de formidables partenariats ». Quelques campagnes publicitaires télévisuelles sont la gracieuseté d’entreprises comme Publiciste basée à Montréal. En s’attirant de nouveaux partenaires, Centraide obtient ainsi une plus grande visibilité. C’est en quelque sorte un effet boule de neige.

donnent de leur temps. L’an passé, on a aidé 20 000 personnes et redistribué environ 2 millions de dollars sous plusieurs formes » dit-elle. Pour Madame Godin, la Société ne serait rien sans ses bénévoles. Ces personnes travaillent parfois davantage que les salariés. Ce sont donc ces bénévoles qui permettent d’augmenter les objectifs fixés.

Selon la directrice générale de la Société Saint-Vincent de Paul, Chantal Godin, la notoriété et la visibilité de la Société permettent à celle-ci de maintenir une certaine place au sein de toutes les organisations existantes. La Société Saint-Vincent de Paul n’investit pas d’énormes sommes dans ses campagnes de marketing et tente de s’appuyer sur l’expérience de ces bénévoles afin de solliciter des dons. « La Société Saint-Vincent de Paul, c’est également 800 bénévoles qui

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Les citoyens de Québec : généreux ? Les statistiques démontrent que les Québécois sont moins enclins que les autres Canadiens à donner. Pourtant, quand à brûle-pourpoint La Quête a questionné les gens qu’elle rencontrait sur la rue, tous ont affirmé avoir donné... Les Québécois sont parmi les moins généreux au Canada pour la quinzième année consécutive, selon une étude publiée par l’Institut Fraser en décembre 2013. En effet, nous sommes ceux qui avons donné le moins à des œuvres de bienfaisance enregistrées. C’est grâce à l’« Index de générosité 2013 » qui analyse les déclarations de revenus des particuliers partout au Canada et aux ÉtatsUnis que cette conclusion fut rendue possible.

Photo: Archives Web

Cette étude porte sur les données fiscales de 2011 et permet de constater que les Québécois donnent 0,30 % de leur revenu total alors que la moyenne nationale est de 0,64 %. Cela représente 985 millions de dollars, soit deux fois plus, qui auraient pu être remis aux organismes de bienfaisance du Québec en 2011.

Sur le terrain La Quête a voulu savoir ce qui pousse la population de Québec à donner. Des sept personnes choisies au hasard, toutes ont donné au moins deux fois en 2013. Par exemple, Nicole Gosselin, 64 ans et retraitée, a fait un don à deux reprises à La Maison Michel-Sarrazin, puisque c’est la cause en laquelle elle croit. Nous avons pu remarquer que plusieurs répondants se sentaient concernés par la cause des enfants. C’est le cas de Nathalie Fortier, 46 ans et factrice, qui a fait deux dons cette année. « Je donne à Opération Enfant Soleil afin d’aider à la recherche médicale et au Noël des enfants pour que chaque enfant ait un Noël heureux ». Idem pour Mélissa Paquet, 18 ans et étudiante, qui a donné quatre fois au cours de 2013 dont une fois à La Fondation Rêves d’Enfants et une autre à Opération Enfant Soleil. Elle a aussi fait un don aux Philippines et au cancer du sein. Pour Mme Paquet, il s’agit d’un moyen d’encourager les travailleurs et bénévoles qui s’impliquent corps et âme dans leur organisation et qui font la différence chez des personnes qui n’ont pas eu la même chance qu’elle. Plusieurs causes relevées sont aussi en lien avec la santé. Par exemple, pour Marie-Ève Bélanger, 29 ans et agente de voyages qui a donné plus de dix fois cette année, ce sont

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des causes comme Leucan, Médecins Sans Frontières, Opération Enfant Soleil et des organismes œuvrant pour la prévention du suicide qui l’atteint. Il en est de même pour Simon Leclerc, 30 ans, technicien en informatique au ministère de la Santé et des Services sociaux qui donne au Movember et à Leucan, puisque ces causes lui tiennent à cœur et que ça lui « semble les causes les moins croches. On ne sait jamais où se retrouve notre argent ni de quelle façon il est investi. Je donnerais probablement plus souvent si je savais ce qui se passe avec l’argent, qu’il y avait plus de transparence ». La pauvreté rend aussi certaines personnes généreuses. Marc-André Perron, enseignant de 30 ans, ne compte plus les fois où il a donné à des organismes comme l’Armée du Salut et la Maison Lauberivière puisqu’il le fait avec cœur et bonté. Pour lui, « donner dans son milieu de travail (école) est aussi un bon moyen de faire briller les yeux de quelqu’un. Une collation, un livre de lecture, des denrées pour les paniers de Noël...Tous les moyens sont bons pour donner le sourire ». M. Perron croit donc que des gestes peuvent aussi être posés par générosité. « Chaque année, je m’engage à aller servir les repas à Lauberivière. Je trouve important de donner

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au suivant par de petits gestes au quotidien. De plus, je m’assure de donner une seconde vie à mes vêtements et objets utilitaires en prenant soin de les remettre à des organismes qui se chargeront de les faire suivre à ceux qui en ont besoin ». Frédéric Gagnon, 23 ans et étudiant, a donné environ dix fois cette année, et ce, à des causes bien différentes mais qui l’ont toutes touché. Par exemple, le Movember est une cause à laquelle il est sensible en tant qu’homme. Il a aussi donné à Lac-Mégantic parce que l’événement l’a attristé. L’environnement est également une de ses préoccupations. « Je suis contre les sables bitumineux et l’idée du pétrole sur l’île d’Anticosti et au Lac-Saint-Jean. Je suis aussi en désaccord avec la chasse aux phoques. Bref, beaucoup de valeurs de Greenpeace me rejoignent et ils ont besoin d’argent pour œuvrer ». Il est vrai qu’on ne peut donner à toutes les causes, mais il suffit de choisir celles qui nous tiennent à cœur comme le font ces personnes rencontrées. Puis, si les moyens manquent, eh bien, le bénévolat est aussi un moyen d’aider. Donner de son temps demeure une aide très précieuse pour plusieurs organismes !

Chloé Patry-Robitaille

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Centraide

Où va l’argent ? La dernière campagne de financement de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches a rapporté plus de 12 M $. Où ira cet argent ? Pierre Métivier, président-directeur général de Centraide, répond à nos questions. À quelques jours de quitter le poste qu’il occupe depuis près de 20 ans, la passion de M. Métivier est toujours aussi palpable quand il parle de « son » organisation. « Après le gouvernement du Québec, Centraide est le plus important partenaire financier des organismes communautaires », lance-t-il en guise d’introduction. Le succès de la dernière campagne permettra à Centraide d’investir un peu plus de 10 M $ dans la communauté des deux régions couvertes par l’organisation philanthropique. « C’est pas banal... » suggère avec fierté le PDG.

ils visitent les organismes, « le gouvernement ne fait pas ça », ne peut s’empêcher de noter notre interlocuteur, car les représentants de Centraide se préoccupent d’abord du respect du plan d’action des organismes. Ces derniers ne perdront pas leur financement parce qu’ils éprouvent des difficultés avec leurs bénévoles, par exemple.

Venir en aide aux personnes fragilisées, telle est la mission de Centraide. Dans cette logique, de 30 à 40 % des fonds vont aux quartiers centraux de la ville de Québec. « C’est presque toujours ça, confirme M. Métivier. On donne aux organismes qui se trouvent dans le même quartier que les personnes qui ont besoin. Une très forte proportion de l’argent va ainsi à St-Roch, à St-Sauveur et à Limoilou. » L’an dernier, les 50 organismes de la Cité Limoilou ont reçu 2,5 M$ sur les 9 M $ réinvestis.

Un point sur lequel le pourvoyeur ne cèdera pas : la relation avec le réseau. « On est ben achalant là-dessus. C’est essentiel, parce que ce n’est pas vrai qu’un organisme à lui seul va pouvoir aider une personne », insiste M. Métivier. Une personne qui demande de l’aide fait souvent face à de multiples problèmes (santé mentale, toxicomanie, budgétisation, etc.). « Aucun organisme ne peut intervenir pour combler l’ensemble des besoins de cette personne. Si tu interviens en santé mentale, tu as besoin d’une expertise là-dedans, si tu travailles en toxico, ça te prend une autre expertise. La proximité de toutes ces organisations, si elles travaillent en réseau, elles ont des chances de réussir », martèle M. Métivier.

Plus qu’un bailleur de fonds

Le choix des causes

Quand Pierre Métivier arrive en poste, en 1994, Centraide est considéré comme un bailleur de fonds. Cette dénomination crée une distance que le nouveau PDG souhaite réduire : Centraide devient alors un investisseur dans la communauté, et les organismes aidés, des associés. Toute la philosophie d’attribution des sous s’en trouve ainsi modifiée.

Les donateurs à Centraide n’exercent aucune influence sur le choix des causes. Si tel était le cas, l’organisation viendrait uniquement en aide à des organismes qui ont la cote, ceux qui s’occupent de nourrir les enfants, par exemple. M. Métivier étaie ses propos. « Financer les groupes de défense de droits, ça, c’est ben achalant ! (rires !) Mais ça fait des organismes que Centraide doit soutenir. Financer le BAIL (Bureau animation et information logement du Québec), c’est pas winner pantoute ! » Effectivement, il n’y a pas beaucoup de sympathie envers les présumés méchants locataires... Néanmoins, le logement est un besoin fondamental et le BAIL joue un rôle important non seulement dans la défense des droits des locataires, mais également dans la sensibilisation de tous les paliers de pouvoir. « Pour convaincre nos donateurs, dont certains sont propriétaires immobiliers, on ne leur parle pas nécessairement de groupe de défenses des droits comme le BAIL, mais quand je leur parle du Pignon bleu..., ils aiment ça ! » Puisque près de 200 organismes sont associés à Centraide, ce n’est pas le choix qui manque.

En devenant associés, les organismes se voient attribuer un financement de base à plus long terme. Évidemment, ils doivent répondre à de nombreux critères, notamment la mise en place d’un plan d’action, l’offre de service en conformité avec le plan présenté, la participation de bénévoles, la conformité avec les règles gouvernementales qui régissent les organismes communautaires. Pour afficher le logo de Centraide, ils doivent également avoir un vrai conseil d’administration, des états financiers vérifiés, des plans d’intervention dans la communauté et un réseau avec les autres organismes. Toutefois, parce qu’ils sont associés, Centraide ne laissera pas tomber un organisme qui rencontre un problème ponctuel. Quand

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Centraide n’est pas là pour faire plaisir aux donateurs, mais pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Pour atteindre cet objectif, ça prend une variété d’organismes, qu’ils soient populaires ou non. « On tient compte de la qualité de l’organisme, du lien avec notre mission et encore une fois de la complémentarité de service dans le réseau ». Ainsi, en contribuant à Centraide, les donateurs acceptent d’emblée de mettre leur argent dans une cagnotte et de laisser les gens compétents faire les investissements. Toute l’année, une petite équipe de permanents avec une équipe de bénévoles fait une analyse psychosociale approfondie. Ils surveillent les tendances, les mouvements démographiques, les poches de clientèle défavorisées, les trous de service, etc. À la lumière de ces analyses, ils peuvent faire des recommandations au comité d’attribution. C’est pourquoi « si le comité d’attribution considère qu’il y a un enjeu particulier à financer davantage le BAIL on ne va pas s’en empêcher à cause des donateurs propriétaires », de conclure M. Métivier

Ce qui va lui manquer L’engagement de l’équipe -une trentaine de permanents et plus de 5000 bénévoles -envers la cause est ce qui manquera le plus à M. Métivier. « Tu ne restes pas dans cette organisation-là si tu n’es pas animé par la cause. L’endossement de cette cause et la générosité qu’elle provoque, c’est ma drogue ça ! » C’est sans doute ce qui explique que bien qu’il quitte ses fonctions, Pierre Métivier affirme qu’il ne pourra pas s’éloigner bien loin de cette organisation. « Je vais arrêter de la diriger, mais je vais rester bénévole et certainement membre de la corporation... »

Francine Chatigny

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Big Brother, regarde moi ! Martine Corrivault Au restaurant, dans l’autobus, la salle d’attente, les allées des commerces, dans la rue, ils sont partout, vous ne pouvez pas les manquer. Ils circulent tête penchée, cellulaire à la main, manipulant fiévreusement les touches ou bien l’appareil collé à l’oreille. Ils parlent tout seuls à voix haute, comme si l’avenir de l’humanité en dépendait. Vous entendez et vous vous sentez indiscret, impatient, vous éprouvez un peu de pitié... Comment la Terre a-t-elle pu tourner avant l’invention du cellulaire ? L’objet se révèle utile pour demander de l’aide, annoncer un retard ou décrire à sa conjointe le spécial de la semaine à l’épicerie, mais pour discuter de questions personnelles en public, où est l’urgence ? Question de savoir-vivre ou de culture sociale en mouvement ? Vous discutez avec un ami et un insolite signal sonore interrompt brusquement la conversation : « Faut que je réponde... » Pendant qu’il fouille dans ses poches pour sortir son cell, vous restez suspendu au milieu d’une phrase, avec votre idée figée dans les nuages (à moins d’un clic sur le bon piton, elle y restera !). Au lieu de vous émerveiller devant les merveilles de la technologie qui permet de communiquer instantanément avec quelqu’un où qu’il se trouve, vous pensez qu’en guise de laisse au cou des gens, difficile de trouver mieux qu’un cellulaire. En fait, à toute heure du jour ou de la nuit, l’humain branché reste accroché comme un toutou au bout de sa chaîne. C’est Big Brother qui serait content. Plus besoin d’équiper chaque maison de télé-

crans : nos petites machines intelligentes lui permettraient de tout savoir instantanément. Parce qu’aujourd’hui, chacun adopte rapidement le dernier gadget pour voir sa binette sur un écran et raconter à tout le monde, librement et dans les détails, où il va, ce qu’il fait (ou compte faire) et pourquoi, ajoutant même des détails intimes et des photos inédites. Pauvre Big Brother: trop d’informations, c’est comme pas assez. Faut des ressources pour trier tout ça ! Tout branché que l’on soit, que sait-on de notre Big Brother, d’où sort-il et pourquoi l’évoque-t-on aujourd’hui ? Si le roman 1984 de George Orwell n’était pas au programme de vos cours lorsque vous fréquentiez l’école, consultez Internet. Vous découvrirez que le dictateur mis en scène par le romancier a fait des petits, qu’ils ne lui ressemblent pas toujours et que plusieurs l’ont dépassé en matière de subtilité. Après tout, quand George Orwell écrit en 1948 pour dénoncer la perte de la liberté individuelle devant ce qu’il appelait la confiscation de la pensée par la technocratie, il ne peut imaginer à quel point l’évolution rendra dérisoire la réalité qu’il invente autour de Wilson, son héros, pour illustrer sa thèse. Aujourd’hui, Big Brother n’a donc pas besoin de ses telescreens pour épier les gens. Et pour assoir sa dictature, il dispose de multiples réseaux, moyens et outils qui propagent discrètement et efficacement ses orientations à l’ensemble de la société: individus, organismes et gouvernements, selon ses intérêts particuliers. Ainsi, toute opposition peut

rapidement être taxée d’alarmisme ridicule, de paranoïa délirante, de manque d’envergure ou même relever d’une nouvelle stratégie du maître. Ce que les sondages préciseront, si lui le souhaite. Dans la réalité contemporaine, les Julian Assange, Edward Snowden et compagnie peuvent bien tirer toutes les alarmes inimaginables pour alerter le monde qu’avec les appareils intelligents, rien ni personne n’est à l’abri des inquisiteurs modernes, ça ne changera rien. Car Jo Public s’en fiche; il adore ses gadgets et se croit un nobody sans intérêt pour les grands manipulateurs. Les incitations à la prudence, ça relève du scénario de cinéma ou de la téléréalité qui tue le temps à la télévision. Pourtant, George Orwell a inventé ses fables qui racontent la manipulation, la propagande et le contrôle physique et intellectuel afin de prévenir le monde contre des conflits qui ont marqué son époque. Pour lui, les structures du langage pour formuler les idées et les mots pour les exprimer s’avéraient essentielles pour résister aux aliénations. Il a même défini des règles d’écriture à oublier dès qu’on les maîtrise, disait-il, pour assurer la liberté d’expression issue de la pensée libre. Aurait-il su communiquer sa passion pour la liberté consciente dans un tweet de 140 caractères ? Et nous, savons-nous encore penser et parler en citoyens libres ?

Martine Corrivault

www.epicerie-europeenne.com

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­­­LE JEU DE LA QU Ê TE LE JEU DE LA QUÊTE par Jacques Carl Morin et Ginette Pépin par Ginette Pépin et Jacques Carl Morin

­ e jeu consiste à remplir les rangé­­­­­­­es horizontales ainsi que les colonnes 1 et 20 à l’aide C jeu consisteindices à remplirou leslettres rangéesmélangées horizontales ou ainsidéjà que les colonnes Chaque 1 et 20 à l’aide des Ce définitions, inscrites. case des grisée définitions, indices ou lettres mélangées ou déjà inscrites. Chaque case grisée représente ­représente une lettre qui est à la fois la dernière lettre d’un mot et la première lettre du une lettre qui est à la fois la dernière lettre d’un mot et la première lettre du suivant. suivant. 1

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10 Verticalement : Verticalement :

1- Nom de la grande salle du Palais Montcalm.

1- Nom de la grande salle du Palais Montcalm.

20- Action se déplacer sur déplacer l’eau, dans l’air, l’espace. 20- deAction de se sur dans l’eau, dans

5- Astre sélène. Petit canal côtier (RITEE). Qui a les cheveux roux. Sciences infirmières. 6- Bouteille de champagne de 3 litres (MOOREJAB). Endroit qui Volcan de Sicile.

l’air, dans sertl’espace. à l’élevage des vers à soir.

Horizontalement : 1- Le renard à Maître Corbeau : « Si votre ____ se rapporte à votre plumage. ». Substance dure et: transparente qui recouvre les dents. Horizontalement Très petit (PITELLUNILI).

7- But à atteindre. Produire des résultats avantageux (FIFICURRET). Enlèvement illégal. 8- Cri des bovins. Aromate en cuisine. Nom familier du chat (TRIMIGIS).

2- Doigt venaàamoris. le dicton,: elle confirme 1- aussi Le appelé renard MaîtreSelon Corbeau « Si votrela ____ votre Substance 9- se Nonrapporte coupable. àCôté droitplumage. d’un navire.».L’un des trois grands règle. Étoiledure dont l’éclat augmente brusquement. ténors. et transparente qui recouvre les dents. Très petit (PITELLUNILI). 3- Nombre qui indique une position, un rang dans une série (DRANILO). Choseaussi que l’on dit à lavena place amoris. d’une autre.Selon Relatifleà 2- Doigt appelé l’estomac. Cinquante cinq en chiffres romains.

augmente brusquement.

10- Langue scandinave. Chutes à la frontière du Canada et des États-

Unis. Héros du conte desla Mille et UneÉtoile Nuits. dont l’éclat dicton, elle confirme règle.

4- « A mare … ad mare ». Distance entre les essieux d’une voiture. Engourdi par le froid.

3- Nombre qui indique une position, un rang dans une série (DRANILO). Chose que l’on dit à la place d’une autre. Relatif à l’estomac. Cinquante cinq en chiffres romains. 4- «A mare … ad mare ». Distance entre les essieux d’une voiture. Engourdi par le froid.

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L­­­ a langue dans sa poche

par Hélène Huot

DES MOTS POUR RIRE / ENCORE DES PERLES ! Le Centre de documentation et d’information de l’assurance (organisme professionnel qui fait partie de la Fédération française des sociétés d’assurance) publie régulièrement les bévues les plus amusantes trouvées dans le courrier des assurances. En voici quelquesunes, tirées telles quelles des lettres des assurés. - « Depuis ma chute, je ne peux plus me déplacer. Veuillez m’indiquer la marche à suivre. » - « Il faut dire à ma décharge que le poteau que j’ai buté était caché par l’invisibilité du brouillard. » - « J’ai été blessé par une dent de râteau qui m’est tombée sur le pied. La dent était accompagnée du râteau. » - « En avançant, j’ai cassé le feu arrière de la voiture qui me précédait. J’ai donc reculé, mais en reculant j’ai cabossé le pare-chocs de la voiture qui me suivait. C’est alors que je suis sorti pour remplir les constats, mais en sortant j’ai renversé un cycliste avec ma portière. C’est tout ce que j’ai à déclarer aujourd’hui. » - « J’ai heurté brutalement l’arrière de la voiture qui me précédait. Mais grâce à mon casque, ma blessure au poignet est sans gravité. » - « Vous m’écrivez que le vol n’existe pas entre époux. On voit que vous ne connaissez pas ma femme. » - « Le camion s’est sauvé précipitamment sans montrer ses papiers. » - « Ne pouvant plus travailler à la suite de mon accident, j’ai du vendre mon commerce et devenir fonctionnaire. » - « Malgré ma fracture au poignet, j’ai pris mon courage à deux mains. » - « Depuis son accident, ma femme est encore pire qu’avant. J’espère que vous en tiendrez compte. »

DES MOTS POUR JOUER / DE QUELLE VILLE S’AGIT-IL ? Certaines villes sont parfois désignées par une périphrase ou par un surnom qui sont devenus au fil du temps des expressions toutes faites. Identifiez les villes qui se cachent derrière les appellations suivantes : a. b. c. d. e. f.

La Ville éternelle La Cité des papes La Grosse Pomme La Cité de David La Vieille Capitale La Ville Lumière

g. h. i. j. k. l.

La Sérénissime La Ville des vents La Cité phocéenne La Ville Reine Le lieu de naissance du jazz La Ville du péché

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DES MOTS POUR PARLER 1. Un fifre est : a. un employé subalterne; b. un jeune homme efféminé; c. un instrument de musique. 2. Le doge est le chef élu dans l’ancienne république de Venise; la femme du doge s’appelle une dogaresse ou une dogéenne. 3. Comment s’appelle le signe typographique « & », souvent utilisé dans le domaine commercial ? 4. La caïpirinha est un cocktail à base de cachaça; il nous vient : a. du Brésil; b. de l’Inde; c. de la Thaïlande. Bla Bla 5. Il n’y a pas de différence entre les mots « funérailles » et « obsèques ». Vrai ou faux ? 6. Quelle expression populaire signifie : être mal à l’aise, avoir une sensation d’inconfort ? 7. Dans son édition du 10 novembre 2013, le Journal de Québec nous apprend qu’il y a une épidémie de dengue au Nicaragua. Qu’est-ce donc que la dengue ? 8. « Avoir la main leste » signifie : a. avoir de la souplesse dans les doigts; b. être toujours prêt à gifler; c. être habile comme un pickpocket. 9. Le mot « bière » vient-il du néerlandais ou de l’allemand ? 10. Artère, haltère et panthère sont des noms féminins. Vrai ou faux ? J’attends de vos nouvelles… Vous aimez les mots. Vous avez des commentaires à formuler ou des suggestions à faire concernant cette chronique La langue dans sa poche. Rien de plus simple. Écrivez-moi à hu-go@sympatico.ca. Cela nous permettra d’échanger sur des questions qui vous intéressent et d’enrichir par le fait même les futures chroniques. Merci à vous ! Les réponses page 29.

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Du logement d’abord : d’accord... Mais encore ? Aline Essombé La province du Québec doit-elle être considérée, une fois de plus, comme le vilain petit canard du Canada ? Le gouvernement canadien doit s’assurer que les décisions prises au plus haut niveau de l’état conviennent réellement aux Québécois et Québécoises. En ce qui concerne l’itinérance, il semblerait que le Canada fasse fi des réalités vécues par les sans-abri de la belle province...

Le Logement d’abord Dans le cas du phénomène de l’itinérance au Canada, le gouvernement a fait le choix, à compter de mars 2014, d’accorder du financement en priorité aux organismes qui offriront un logement aux personnes itinérantes, avec un accompagnement et un suivi psychosocial. Cette prise en charge particulière s’appelle « l’approche axée sur le Logement d’abord ».

Les origines de cette nouvelle orientation Ottawa a suivi la vague venue des ÉtatsUnis. Dès les années 1980, l’idée d’offrir un logement et un soutien d’ordre psychologique aux itinérants faisait son chemin. À partir des années 1990, le programme nommé Pathway to housing (Chemin vers le logement) est devenu une référence et s’est tranquillement installé au Canada. Plusieurs expériences ont été menées dans différentes villes du pays, sous la bannière du Projet Chez soi. Dans le cadre de cette expérience, des chercheurs ont ainsi approché plus de 200 itinérants au Québec qui vivaient dans la rue et avaient des problèmes de santé mentale. On leur a offert un logis pendant deux ans, ainsi qu’un suivi psychologique. Mais pour le milieu communautaire

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de la province du Québec, le bât blesse, car toutes les personnes itinérantes ne vivent pas nécessairement sur le bord du chemin, et ne souffrent pas toujours de problèmes de santé mentale.

Les choix du Québec Il est très noble et très sain d’offrir une demeure et un suivi psychologique à des personnes qui doivent sans aucun doute avoir besoin de ce type de soutien. Toutefois, plusieurs initiatives ont été mise en place depuis une trentaine d’années au Québec pour répondre à la réalité des sans-abri d’ici. En 2006, plus de 200 organismes venus de toute la province se sont réunis pour tenter de trouver des solutions à long terme aux enjeux liés à l’itinérance. De cette réflexion est née une Plateforme de revendication pour une politique globale en itinérance, portée par le Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec. Cette Plateforme est un véritable outil de compréhension de ce que sont les réalités provinciales, puisqu’elle fait le tour des principales difficultés rencontrées par les personnes itinérantes, tout en faisant des recommandations pouvant conduire à une réelle prise en charge globale et concrète du phénomène.

Les modèles de prise en charge Selon ce document, il faudrait garantir six droits fondamentaux aux citoyens itinérants : Le droit d’être visible dans l’espace public sans nécessairement recevoir de contravention pour avoir mendié ou dormi sur un banc de parc; le droit à un revenu décent, à un logement salubre et accessible, à une éducation adaptée à toutes les situations, l’ac-

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cès juste et équitable aux soins de santé, et l’accès à un réseau d’aide et de solidarité. En donnant accès au logement à des personnes qui en ont besoin, on répond à un besoin crucial. Mais il faut aussi leur permettre de profiter d’un environnement stable.

Une vision à long terme Offrir un logement et un suivi psychosocial exclusivement à des itinérants qui souffrent de problème de santé mentale, c’est exclure tous les autres, et surtout, c’est oublier que pour survivre plus de deux ans (la durée du Projet Chez soi), il faudra que la personne ait entre autres un revenu stable et décent, un réseau sain ou encore un accès à des formations, une éducation qui lui permettront à terme de garantir un certain niveau de vie. Bref, chacun des différents éléments mentionnés dans la Plateforme de revendication se complète et se veut interdépendant. À quoi bon offrir un logement et s’assurer que tout se passe mieux sur le plan de la santé mentale, si le reste n’est pas pris en compte ? « Le reste », c’est ce sur quoi s’attardent une trentaine d’organismes dans la région de Québec. Chaque service offert ici, répond à un besoin spécifique. C’est donc en tant qu’organismes concertés, à l’écoute des populations desservies, que les revendications actuelles sont portées jusqu’à Ottawa. En fait, ce que demande le milieu communautaire, c’est que l’orientation axée sur le Housing First/Logement d’abord soit considérée comme une solution parmi toutes les autres, et non comme l’unique moyen de venir à bout de l’itinérance.

Aline Essombé

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Pour le plaisir, souvent pour écrire et parfois pour me perdre, je visite de nombreuses villes américaines et européennes. J’ai cette foutue maladie de me sentir bien, ailleurs. Sur les trottoirs de ces métropoles frémissantes de paradoxes, je m’arrange toujours pour acheter des journaux de rue. Il s’agit d’une tradition qui s’est subtilement immiscée dans mes voyages. Sans que je sois en mesure d’isoler son point d’origine. Le rituel diffère rarement. Je me procure le journal en regardant le camelot droit dans les yeux (ma mère a toujours insisté là-dessus). Puis je m’attable à un café pour l’éplucher. Lentement. Pour lire tous les articles et me perdre entre les idées, les mots et les photos. Lors d’un récent passage à Portland, en Oregon, j’ai mis la main sur le Street Roots, que j’ai dévoré. De retour au Québec, je me suis rué sur le Web pour consulter le site dudit journal. Dans la version de novembre 2013, un chroniqueur demande aux lecteurs de s’imaginer dans la peau d’un sans-abri, l’espace d’un court moment. Juste pour voir. C’est ce que j’ai fait, assis au chaud dans ma maison. Avec un café, sept biscuits et la télé en sourdine. Après quatre minutes, j’ai cessé l’exercice. À cause des frissons, de l’inconfort, de la peur. Je me suis même permis de me juger pour m’adonner à cet exercice malsain. Et si ça m’arrivait ? Et si j’échouais dans la rue, sans repères, trop perdu pour penser ? Trop affamé pour être rationnel ? Trop anxieux pour respirer ?

Photo : Archives Web

Les villes, les journaux de rue et l’écriture

voir du pays, pour comprendre la vie. L’itinérance n’a rien à voir avec mes petits vagabondages de semi-bourgeois. Alors que j’étais à sec dans un désert californien, j’ai appelé ma mère à des milliers de kilomètres pour qu’elle me prête des sous. Me retrouvant à la rue pour toutes sortes de raisons, aurais-je trop honte pour quémander l’aide de mes proches ? Probablement. La relecture de la chronique du Street Roots a ravivé cette profonde réflexion : et si ça m’arrivait ? Alors que j’en étais à mon troisième café, une lueur a éclairé mon esprit embrumé. Si je me retrouvais à la rue, la chose qui me permettrait de vivre, de croire, et peut-être de m’en sortir serait l’écriture. Le verdict m’a frappé en plein visage. En offrant des possibilités d’écriture, les journaux de rue sauvent des vies. Un mot à la fois. Une vie à la fois. C’est en voulant consulter d’autres street papers sur le Web que je suis tombé sur La Quête. J’ai réalisé qu’elle existait. Après toutes ces années. Comme un gars qui oublie la beauté de sa blonde parce qu’elle partage sa vie depuis si longtemps. Comme un autre qui fonce dans un lampadaire parce qu’il se regarde le nombril. Comme un cave. Maintenant que j’ai fait sa rencontre, j’ai le goût d’y écrire et d’y participer. On verra bien.

Mathieu Meunier

Pourtant, au cours de nombreux voyages, j’ai eu faim et froid et peur. Il s’agissait toutefois de contraintes imposées. Le prix à payer pour

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Photo : Camille-Amélie Koziej Lévesque

Insomnie 4 septembre mercredi 2013

Le sommeil me fuit, repoussé par une kyrielle d’idées que chevauche ma pensée qui s’éclate comme une myriade d’étoiles filantes. De là à dire que j’exagère pour exprimer mon petit combat intérieur…

La différence avec mes anciens échecs ? Un soupçon de confiance. J’inspire en yogi 6 secondes, je bloque 3 secondes. J’expire 6 secondes, je bloque 3 secondes.

Petit, comparé à la Syrie, au Congo, au Mali, à la Somalie, au Tibet, bref, aux milliers d’endroits sur la terre où la guerre et la violence sévissent.

Par le nez, bien entendu même si parfois il se révolte et se bouche.

J’ai mal à l’environnement, au viol et à l’inceste, aux maladies, aux handicaps à l’oppression. Bon Dieu, j’ai mal au Téléjournal qui nous bombarde de nouvelles malheureuses jour après jour…

Je trouve souvent les mots lorsque tout le monde, ou presque, est couché.

Mille après mille je suis triste D G Mille après mille je m’ennuie Am Am(maj7) C/G Jour après jour sur la route D G Tu n’peux pas savoir comme j’peux t’aimer Donc, de là à dire que j’exagère pour exprimer mon petit combat intérieur, il n’y a qu’un songe que je m’empresse de rêver aussitôt.

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Peu à peu je terrasse le malin qui voulait s’emparer de moi.

Si « La nuit porte conseil », comme le dit l’adage… moi, si je veille, j’ai tout un amalgame de personnages différents et influents, lettrés, qui m’inspirent à n’en plus savoir quoi faire, quoi dire, quoi écrire. En retournant vers mon lit, je pense à vous qui éclairez la nuit dans laquelle j’écris.

Bernard Songe

Tweet @ songer Et puis, si on recommençait à rêver tout bas, éveillé, pour s’entretenir avec le temps, lorsque son corps attend dans une quelconque file d’attente.

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Photo : Camille-Amélie Koziej Lévesque

La fin du poème

La jeune fille, alors en visite au Musée des Fées de Kanayama, ne parvenait pas à se détourner de ce tableau. Ce n’était guère surprenant car Habukei-En-Rosui, écrivain japonais réputé, racontait que quelques tableaux dits féériques pouvaient toucher de leur magie le genre humain. Il était même arrivé que certaines peintures, fleurs ou personnes se détachent du papier ou de la soie, et se mettent à vivre comme vous et moi. Isoline était face au beau jeune homme blond du tableau, dont le titre était Poème écrivant. Il brandissait une magnifique plume d’oie, assis devant son bureau, tout seul, sur un fond blanc de neige. On pouvait juste lire le titre de son poème : Poème écrivant. La suite était illisible et la page incomplète. Les deux dernières lignes de la page manquaient. Les deux lignes finales… Isoline était devant le tableau et ne bougeait plus. L’heure tournait, le Musée se vidait et allait bientôt fermer ses portes. Et Isoline regardait, admirait le tableau, et surtout le jeune homme. Il y avait comme un appel, un souhait, un espoir… Une déclaration d’amour peut-être… Ou plus que cela… * *

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Le Musée des Fées était maintenant fermé. Le tableau s’illumina tout d’un coup.

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Le poète qui regardait toujours Isoline, lui dit enfin : - Tu es là… Je t’attends depuis des siècles. Isoline pleura de joie. - Mon bien-aimé ! J’ai tellement été malheureuse jusqu’à aujourd’hui… Enfin, la délivrance. - Je le sais… Nous le savons… Le poète se leva de sa chaise et tendit la main à Isoline qui le rejoignit dans le tableau. Il lui dit alors : - Je vais terminer mon poème, notre poème, «  notre peau-aime  », ou encore notre « Bohême », et puis, nous irons là où nous devons aller.

que le tableau se transformera un jour. À l’œil nu, on ne peut pas lire le poème, comme je le dis toujours. Le poème raconte l’histoire d’un poète qui attend depuis des siècles la femme qu’il aime. Cette nuit, le poète et sa muse se sont enfin retrouvés. Le guide s’approcha du tableau, avec une loupe. - Mesdames, Messieurs, le poète a écrit qu’après des siècles d’attente et d’espérance, la femme qu’il aimait a consenti à partager son existence. Sur le tableau, il ne reste plus que le poème sur le bureau. Le poète est parti avec sa muse, et le poème se termine sur ces mots.

Laurence Ducos

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Tiré du conte Celui qui tomba amoureux d’un tableau de Lafcadio Hearn

Musée des Fées de Kanayama Le 22 mai 2… Au petit matin, le guide pénétra avec son groupe dans la pièce des tableaux, et effectua sa présentation coutumière des peintures féériques. Devant le tableau que l’on appelait Poème écrivant, il se mit à sourire. - Mesdames, Messieurs, j’expliquais hier au groupe qui m’accompagnait alors que ces tableaux sont magiques. Pour ce tableau nommé Poème écrivant, la légende raconte

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Photo : Camille-Amélie Koziej Lévesque

Logothérapie et suicide

Ma famille a connu le suicide de près : deux des nôtres ont choisi cette irréversible issue il y a une trentaine d’années. C’est pourquoi j’ai lu avec un vif intérêt l’article Combattre le suicide à partir de son fauteuil publié récemment dans un quotidien de Québec. Le journal relate l’histoire d’un jeune homme de 22 ans qui est prisonnier de son corps à cause d’une maladie dégénérative rare, la dystrophie musculaire de Duchenne. Malgré ce sérieux handicap, il a décidé de donner un sens à sa vie. Il souhaite ainsi visiter les écoles pour dire aux jeunes de profiter de leur chance d’être en bonne santé. Il mentionnait au journaliste « Ça prend du courage ! Il ne faut jamais abandonner et toujours avancer. Les gens se découragent trop vite. Ceux qui veulent se suicider, il y a des ressources. Ils ne doivent pas faire ça. Ils ont leurs bras, je les prendrais bien ». Il précisait que même s’il est en fauteuil roulant, il est capable d’aller donner des conférences dans les écoles. Il espère servir d’exemple de détermination, mais plus encore, pour lui, cela se veut un cri du cœur « si au moins, je peux sauver une personne, ça serait un cadeau ! »

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Par respect pour ma sœur et mon neveu qui se sont suicidés, je ne vais pas étaler les détails de leur histoire, mais tout de même souligner que ces événements ont entraîné un véritable tremblement de terre dans la famille. L’effet domino dans la gamme d’émotions — culpabilité, peine, colère, impuissance, honte — nous a envahis, chacun à notre façon. Je sais qu’une personne ne se suicide pas à cause d’un seul facteur, mais de plusieurs. Sur le chemin vers la compréhension, j’ai rencontré plusieurs familles qui vivent un deuil similaire, qui pleurent l’un des membres chéris de leur famille qui s’est enlevé la vie. En partageant avec eux, je me sentais moins seule, solidaire. Pour comprendre, j’ai aussi lu des livres sur le suicide et ses tabous. L’un de ces ouvrages, qui m’a littéralement transformée et qui est devenu mon livre de chevet, est Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie du docteur Viktor E. Frankl. En plus d’être psychiatre, il est docteur en philosophie. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le Dr Frankl a passé trois années dans un camp de concentration.

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Un passage de son livre traite précisément de la prévention du suicide. Il écrit : « Deux prisonniers dans le camp nous avaient fait part de leur intention de s’enlever la vie, ils avaient invoqué l’argument typique qu’ils n’attendaient plus rien de la vie. Il était donc nécessaire, dans les deux cas, de leur faire comprendre que la Vie, elle, attendait quelque chose d’eux dans l’avenir. Nous avons découvert que pour l’un des deux hommes, sa raison de vivre était son enfant qu’il adorait et qui l’attendait dans un pays étranger. Pour l’autre, un projet latent devenait une motivation à survivre. En effet, cet homme était un savant et il avait commencé à écrire une série de livres qu’il devait terminer ». En fait, ce sont les conditions de vie inhumaines dans les camps de concentration qui ont permis à Frankl d’élaborer les fondements de la théorie qu’il a nommée logothérapie dont le principe fondamental est de TROUVER UN SENS À SA VIE. Frankl indique trois voies pour y arriver. La voie de l’Accomplissement, c’est-à-dire la réalisation de sa mission ou la création d’une œuvre. La voie de l’Amour, qui mène à l’établissement de liens significatifs et favorise le contact avec la nature et l’art. Et enfin, La voie de la Transcendance qui incite la personne à adopter une attitude positive face à la mort et aux souffrances inévitables dans la vie. Ce livre de Viktor Frankl a été et est encore un réconfort dans mes moments les plus difficiles. Il me fait prendre conscience du véritable sens du mot Responsabilité, Responsabilité de prendre ma vie en main !

Christiane Voyer

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Féérie Photo : Camille-Amélie Koziej Lévesque

Photo : Camille-Amélie Koziej Lévesque

TOI, LE MONDE

C’est l’histoire d’une fée Que j’ai rencontré, par hasard J’ai remarqué sa grande beauté Et sa lumière, une pluie d’or Elle brillait telle une étoile Et tenait en sa main un cristal La suivait, un long voile Discret aux touches royales Cherchant à me protéger Ne voulant la blesser De peur que mes mains la touchant Ternissent son éclat chatoyant Je n’osai m’en approcher Ne pouvant la repousser N’osant l’invoquer qu’à mi-voix Craignant que cela ne l’éloigne de moi Ce bonheur fragile Ce rêve éphémère Tel un rêve habile D’une soirée d’hiver Un jour s’acheva Et la fée partie Cependant, elle me laissa Un souvenir, une mélancolie Je ne réalisai qu’à ce moment L’espace d’un bref instant La profondeur de ce qu’elle m’avait laissé Dont une partie me fut enlevée… Je me rappelle toutes ces journées Où sa transparence avait la clarté de l’eau Mais aussi une journée d’hiver passée Où ce rêve me sourit puis s’envola de nouveau À jamais…

Jasmin Darveau ~ À Marie

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Tu m’envahis, tu me pénètres Tu m’apprends que peu importe le changement, je reste moi-même Mon corps devient ton otage À cause de toi, je travaille de moins en moins Incapable d’oublier ta présence lourde Amour indescriptible Ton humanité me fait grandir Je ne peux imaginer vivre sans toi Confiance aveugle Je veux mieux te connaître Ta vie superposée à la mienne Je t’emmitoufle dans mon sein Douleurs méritoires Tu me colles à la peau Double appétit Je te protège, je te réchauffe Infinité de bonheur Par moment, tu m’effraies Insatiable envie de toi Nous partageons depuis toujours les mêmes valeurs Ma musique te berce Tu me suis partout Je t’invite à habiter chez nous Toi, source de joie Toi, mon monde Palpitations biologiques Tous parlent de toi Je t’attends indéfiniment Tu m’émeus Je ne questionne plus mon ultime but Famille de sang Toi, ma chance Toi, mon étoile Je t’écoute attentivement Cœurs côte à côte Tu es tout ce qui m’intéresse Toi, mon courage Toi, ma détermination Toi, mon identité Toi, mon pouvoir Tu m’impressionnes Tu me déséquilibres Je te transmets ma langue

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Toi, mon aisance Toi, ma patience Tu me fends l’être au complet Tu me désennuies Avenir unique Toi, mon cadeau Toi, mon choix J’avais beau être préparée, tu me surprends Amis à venir Année fantastique C’est un jeu populaire, mais là c’est à moi que ça arrive Toi, ma pensée Tu m’éduques à la dure Tu épices mes jours Énergie catalysée Toi, mon rêve Toi, ma lumière Je t’approuve en tout Toi, mon éternité Toi, mon pays Je te veux Toi, ma poésie Toi, ma religion Toi, ma douceur Tu me chatouilles Toi, ma révolution Toi, mon histoire Toi, ma nouveauté Toi, ma raison Toi, mes saisons Toi, ma fidélité Réconfort mutuel Toi, ma renaissance Toi, mon infini Toi, mon espérance Toi, mon fleuve Toi, ma liberté Toi, mon privilège Toi, ma rédemption Toi, mon âme Toi, mon âge Toi, ma passion Toujours toi.

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Ressources Aide sociale ADDS Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec Tél. : 418 525-4983 Relais d’Espérance Aider toute personne isolée et en mal de vivre à retrouver la confiance, l’espoir et la joie de vivre 1001, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 522-3301 Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 550, rue Saint-Joseph, Québec (sous-sol de l'église Saint-Roch, porte verte) Tél. : 418 529-2222 Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 401, rue Saint-Paul Québec Tél. : 418 694-9316 maison@lauberiviere.org Aide aux femmes Centre femmes d'aujourd'hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec Tél. : 418 651-4280 c.f.a@oricom.ca www.ctech.ca/cfa

Maison Lauberivière (Souper) 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 centredejour@lauberiviere.org

Tel-Aide Québec Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca Tel-Jeunes Tél. : 1 800 263-2266 http://teljeunes.com

Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 745, Honoré-Mercier, Québec Tél. : 418 692-1762

Entraide Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec Tél. : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org Fraternité de l'Épi 481, rue de La Salle Québec Tél. : 418 529-0007 Hébergement Maison de Lauberivière Pour hommes et femmes démunis ou itinérants 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 maison@lauberiviere.org www.lauberiviere.org L'Armée du Salut et La maison Charlotte Hébergement hommes et femmes 14, côte du Palais, Québec Tél. : 418 692-3956

Centre Naître ou ne pas Naître Écoute et aide matérielle pour les femmes enceintes 1379, chemin Sainte-Foy, Québec Tél. : 418 683-8799 centre.naitre@videotron.ca www.centrenaitre.org

Maison Revivre Hébergement pour hommes 261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 info@maisonrevivre.org www.maisonrevivre.ca/portail

Violence Info Sensibilisation, information et intervention pour contrer la violence conjugale et la maltraitance envers les aînées. CSP du Temple, Beauport Tél. : 418 667-8770 violenceinfo@bellnet.ca

SQUAT Basse-Ville Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 595, rue Saint-François Est Québec Tél. : 418 521-4483 info@squatbv.com www.squatbv.com

Alphabétisation

Gîte Jeunesse Hébergement temporaire pour garçons de 12 à 17ans Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225 Résidence de Ste-Foy 3364, rue Rochambau, Québec Tél. : 418 652-9990

Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527-8267 alphabeille@qc.aira.com Alpha Stoneham 926, rue Jacques-Bédard, Québec Tél. : 418 841-1042 alphastoneham@ccapcable.com www.alphastoneham.com Atout-lire 266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 524-9353 alpha@atoutlire.ca http://atoutlire.ca/accueil Lis-moi tout Limoilou 798, 12e Rue, Québec Tél. : 418 647-0159 lismoitout@qc.aira.com La Marée des mots 3365, chemin Royal, Québec Tél. : 418 667-1985 Détresse psychologique Centre de crise de Québec Tél. : 418-688-4240 ecrivez-nous@centredecrise.com www.centredecrise.com Centre de prévention du suicide 8180, boul. Pierre-Bertrand Nord, Québec Tél. : 418 683-4588 www.cpsquebec.ca Communautés solidaires 5, rue du Temple, Québec Tél. : 418 666-2200 info@communautessolidaires.com www.communautessolidaires.com

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Réinsertion sociale Maison Dauphine Pour les jeunes de 12 à 24 ans 14, rue Dauphine, Québec Tél. : 418 694-9616 www.maisondauphine.org YWCA Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes (La Grande Marelle) 855, av. Holland, Québec Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca Prostitution La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Québec (Québec) G1K 9A4 Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com P.I.P.Q. Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 pipq@qc.aira.com Soupe populaire Café rencontre Centre-Ville Déjeuner et dîner 796, rue St-Joseph Est, Québec Tél. : 418 640-0915 info@caferencontre.org hwww.caferencontre.org

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Santé mentale La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 laboussole@bellnet.ca hwww.laboussole.ca Centre Communautaire l'Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719 info@centrecommunautairelamitie.com www.centrecommunautairelamitie.com Centre d’Entraide Émotions 3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682-6070 emotions@qc.aira.com www.entraide-emotions.org La Maison l'Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076 info@maisoneclaircie.qc.ca www.maisoneclaircie.qc.ca Le Pavois 2380, avenue du Mont-Thabor Québec (Québec) G1J 3W7 Tél. : 418 627-9779 Téléc. : 418 627-2157 Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352 Intervention téléphonique Tél. : 418 522-3283 Parents-Espoir Soutien et accompagnement des parents 363, de la Couronne, bureau 410 Québec (Québec) G1K 6E9 Tél. :418-522-7167 Service d'Entraide l'Espoir 125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842-9344 aide@service-dentraide-espoir.org www.service-dentraide-espoir.org Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 violenceinfo@bellnet.ca www.relaislachaumine.org TOXICOMANIE Al-Anon et Alateen Alcoolisme Tél. : 418-990-2666 www.al-anon-quebec-est.org Amicale AlfA de Québec 815, av. Joffre, Québec Tél. : 418647-1673 amicalealfa@sprint.ca Point de Repère 530, rue Saint-Joseph Est, Québec Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com VIH-SIDA MIELS-Québec Mouvement d’information et d’entraide dans la lutte contre le VIH-sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649-1720 Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org

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Merci à tous nos précieux partenaires ! Partenaires Or

Partenaires Bronze

Centraide Desjardins Caisse populaire du Québec

Audiothèque de Québec Centre Ozanam Danièle Rouleau Épicerie Européenne Maison J.A. Moisan Morin, Desrochers, Beaulieu Naïmi pharmacien Quincaillerie St-Jean-Baptiste

Partenaires Argent La Boîte à pain CKRL FM 89,1 Érico Choco-Musée Les impressions Stampa Services 211

Partenaires Ad Vitam Æternam

Partenaires Inconditionnels (depuis plus de 5 ans!)

Claude Gallichan, chiropraticien Yves Boissinot

Le Bal du Lézard L’Inter-Marché Saint-Jean Maison Revivre Michel Yacoub

LA LANGUE DANS SA POCHE

« Être dans ses petits 5-6. Astre sélène. Petit canal côtiersouliers. » (RITEE). Qui a les cheveux roux. Sciences infirmières.

RÉPONSES DES MOTS POUR JOUER

6- Bouteille de champagne de 3 litres (MOOREJAB). Endroit qui sert à l’élevage des vers à la soir. piqûre des moustiques aédès (également à l’origine de la fièvre Volcan de Sicile.

a. Rome b. Avignon c. New York d. Jérusalem e. Québec f. Paris

7. La dengue est une maladie infectieuse virale qui se transmet par jaune); elle se caractérise par un état fébrile soudain ainsi que des

g. Venise h. Chicago i. Marseille j. Toronto k. Nouvelle-Orléans l. Las Vegas

7-douleurs But à atteindre. Produire des avantageux (FIFICURRET). Enlèvement illégal. musculaires et résultats articulaires.

8. B. « Avoir la main leste » signifie : être prompt à gifler. 9. Le mot bière vient du néerlandais bier, qui signifie boisson. 9-10. Faux. Non coupable. Côté d’un navire. desnoms trois grands ténors. mais haltère est Artère etdroit panthère sontL’un des féminins, masculin. 8- Cri des bovins. Aromate en cuisine. Nom familier du chat (TRIMIGIS).

10- Langue scandinave. Chutes à la frontière du Canada et des États-Unis. Héros du conte des Mille et Une Nuits.

RÉSPONSES DES MOTS POUR PARLER 1. Le fifre est une petite flûte traversière en bois au son aigu, longtemps en usage dans les musiques militaires. 2. La femme du doge est une dogaresse. 3. Il s’agit de l’esperluette (nom féminin), qui représente le mot « et ». En français, ce symbole est utilisé essentiellement dans les raisons sociales; on ne doit pas l’utiliser entre deux noms communs. Variantes du même mot : perluette, esperluète ou perluète. 4. A. La caïpirinha est un cocktail brésilien dont l’ingrédient de base (la cachaça) provient de la fermentation du jus de canne à sucre. 5. Vrai. Les deux mots désignent l’ensemble des cérémonies accomplies pour rendre les derniers devoirs à la dépouille d’une personne. Autre point commun entre les deux : ce sont des noms qui ne s’emploient qu’au pluriel.

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SOLUTION

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r tous cham tc. S’ lité av ha le bo e moin ulé, sans s efforts c biller peu c le s, c'es o t o t ce q ublier les nsentis. A deve c u ui m'e e st arr ntres d’in -­‐delà d ... ivé. térêt qui, Je me r prote ends comp cteur que j te que je s ’avais u tissé is en quel et qu q i m’ét ue sorte e Diane ait si n M cher. t 549 m orin ots

Après l’obésité, le tsunami émotif et sensuel Diane Morin

Ça y est, je ne suis plus obèse bien que j’affiche encore de l’embonpoint. Mon indice de masse corporelle est passé sous la barre de 30. Pour franchir le dernier palier et atteindre le poids santé, il me faudrait perdre encore 25 livres... mais ce n’est pas une priorité.

L’image de soi Bien sûr, ma silhouette s’est modifiée sous l’effet de la perte de poids. Mais l’image se travaille aussi avec l’activité physique, les soins du corps, le choix des vêtements, etc. On peut dire que l’image que je projette maintenant est devenue un choix. Les personnes obèses cherchent continuellement à disparaître de la vue des autres. Revenir au monde et sortir de l’isolement après une perte de poids est excitant tout en étant un peu déstabilisant. Les bouleversements psychologiques sont tout aussi intenses sinon plus que les modifications qui affectent l’enveloppe extérieure.

Les émotions Disons d’abord que les états dépressifs qui étaient alimentés par l’obésité se sont atténués. Les liens entre l’obésité et la dépression ont été démontrés par de nombreuses études  : l’obésité rend dépressif et la dépression rend obèse. La diminution des symptômes dépressifs est positive en soi, mais il est cependant rare que l’on sorte indemne de ce cercle vicieux. La perte de poids peut ainsi mettre à nue une grande vulnérabilité émotionnelle antérieure. Derrière la dépression se cachent d’autres états émotifs qui cherchent à refaire surface, comme la colère contenue pendant des années, relançant des comportements plus ou moins bien intégrés et assumés (ludique, rebelle, transgressif, séducteur, compulsif, etc.). Et comme si ce n’était pas assez, la perte de poids provoque aussi des changements dont on parle peu, soit des

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http:/ /t quoi/ pe-­‐biomim quelq ues-­‐e etisme-­‐ch imie.e xemp les-­‐ac -­‐ on t elsfil-­‐ du m sisetevoient .commodifiés. qui,uau changements hormonaux et une hausse de la d-­‐intemps, /page Du s p moins, c’est ce quiim’est libido, laquelle il faudra également gérer sur ratioarrivé. s/le n-­‐bio les plans relationnel, sexuel et mental. mime -­‐biomime ... tique /le-­‐pa Se transformer devant les Je me rends compte que je suis en quelque p autres Photo : Archives Web

D’autant plus que selon les médecins, je ne me rendrai probablement pas jusque là. Il y a tout de même une limite à l’effet de la chirurgie bariatrique que j’ai subie il y a un an et demi, mais j’ai déjà obtenu un gain significatif sur le plan de la santé et ma qualité de vie s’est nettement améliorée. Je suis plus à l’aise dans mes mouvements et j’ai définitivement plus d’énergie.

Quand une personnalité publique se transforme après un régime ou une chirurgie esthétique, par exemple, elle le fait généralement loin des regards. Et lorsque que la transformation est terminée, elle se présente enfin en public... et au son des clichés. TADAM ! Mais pour le commun des mortels, la vie continue sans tout ce tapage médiatique. Le petit moi fragile et anxieux explore peu à peu le monde des possibles à coup d’essais et d’erreurs devant son cercle de relations. Dur, dur, parfois ! Pourtant, le regard des autres est on ne peut plus déterminant car c’est dans celui-ci que la personne réalise et vit le changement.

sorte en train de détruire le cocon protecteur que j’avais tissé et qui m’était si cher.

Diane Morin

S’exprimer Quand on perd plus de 100 livres, on doit de plus renouveler sa garde-robe à quelques reprises. L’exercice aiguise la sensualité avec les essayages devant la glace, les couleurs, les textures, les styles, etc. S’habiller peut devenir un moyen d’expression mais aussi un cadeau pour tous les efforts consentis. Au-delà du paraître c’est tout l’être qui est chamboulé, sans oublier les centres d’intérêt

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