La quete numero 158 octobre 2013

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3$ Le magazine de rue de Québec

No 158 Octobre 2013

Les affaires à dimension humaine !

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Découvrez mon histoire à centraide-quebec.com Concept : Publicis Montréal Photographie : Shayne Laverdière Maison de production : La Cavalerie

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S.V.P. n’achetez qu’au camelot portant une carte d’identification 2 $ sur le prix de vente va directement au camelot. 13-09-16 14:21

• Apprivoiser l’économie sociale • Desjardins, une banque ? • Cultiver la différence • Potagers à partager


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LA BOÎTE À PAIN

CAFÉ NAPOLI

289 Saint-Joseph Est, Québec (St-Roch) Lundi au samedi 6 h 30 à 20 h Dimanche 6 h 30 à 17 h 30 Tél. : 418 647-3666

396, 3e Avenue, Québec (Limoilou) Lundi au mercredi 6 h 30 à 18 h 30 Jeudi et vendredi 6 h 30 à 19 h Samedi et dimanche 7 h à 18 h 30 Tél. : 418 977-7571

Illustration: Danièle Rouleau

Participer activement au développement de notre milieu.


Sommaire Apprivoiser l’économie sociale

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Desjardins, une autre grande banque ?

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Marc-Antoine Paquin

Potagers à partager !

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Isabelle Noël

Véronik Desrochers

Vivre dans une coop !

Mères solidaires

Jonathan Lachance-Lemieux

Marie-Michèle Genest

Cultiver la différence

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13

Chloé Patry-Robitaille

Auteurs Gabrielle Roy et moi

20

Électrochocs

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Bernard St-Onge

25

Laurence Ducos

Tout ce que tu manques, là-bas

Saison d’un HLM

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L’araignée

23

Complainte de l’au-delà

27

Marcel Guy Mailloux

Julie Cartier

Normand Roussel

Jasmin Darveau

Chroniques Les démunis et le projet K

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Octobre 2013

Diane Morin

Pour une politique de l’itinérance

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réalise l’espoir

Aline Essombé

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RÉALISER L’ESPOIR

Camelots recherchés

Hey toi! L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un Tu as 18 ans ou plus. moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la Tu veux te faire quelques dollars?

société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, Travaille à ton compte. Pas d’horaire.etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le Vends le magazine de rue La Quête sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente - sur la rue !- par des personnes en diffiPour plus d’informations culté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en Appelle-nous au leurs capacités, 418 649-9145 postede 33 réaliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie. Ou Viens nous rencontrer au L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également 190, rue St-Joseph Est (coin Caron) Dans l’église Jacques-Cartier des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien

PAGE COUVERTURE: Julien Bourgeois Dumais de la coop de travail Courant Alternatif Photographie : Simon-Charles Couture-Labelle simcharles.com Conception graphique: Karyne Ouellet ÉDITEUR Pierre Maltais ÉDITEUR PARRAIN Claude Cossette COORDONNATRICE Francine Chatigny CONSEILLERS À L’ÉDITION Martine Corrivault RÉDACTRICE EN CHEF Valérie Gaudreau

dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.

RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Isabelle Noël

Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.

CHRONIQUEUSE Diane Morin, Aline Essombé

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/ Archipel d’entraide

UNE TRIBUNE POUR TOUS Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu. Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux. Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 11 du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de novembre : Les proches aidants.

FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOTS Les camelots récoltent 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier. Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31

Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec. COUPON D’ABONNEMENT 10 PARUTIONS PAR ANNÉE

JOURNALISTES Émilie Bonnefous, Véronik Desrochers, Marie-Michèle Genest, Jonathan Lemieux-Lachance, Isabelle Noël, Marc-Antoine Paquin, Chloé Patry-Robitaille AUTEURS Julie Cartier, Jasmin Darveau, Laurence Ducos, Marcel-Guy Mailloux, Réal Malouin, Stéphane Okemvélé-Mégnier, Normand Roussel, Bernard St-Onge, Christiane Voyer AUTEURS DES JEUX Hélène Huot, Jacques Carl Morin, Ginette Pépin RÉVISEURE Nathalie Thériault PHOTOGRAPHE Simon-Charles Couture-Labelle, Véronik Desrochers, Camille-Amélie Koziej Lévesque, Chloé Patry-Robitaille INFOGRAPHISTE Karyne Ouellet AGENTE DE PUBLICITÉ SOCIALE Geneviève Thompson IMPRIMEUR Imprimerie STAMPA inc. (418) 681-0284

Camelots recherchés

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Journal La Quête La Quête est appuyée financièrement par : Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)

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Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien

réalise l’espoir

190, rue St-Joseph est Québec (Québec) G1K 3A7 Téléphone: 649-9145 Télécopieur: 649-7770 Courriel: laquetejournal@yahoo.ca

Octobre 2013


Mot de la coordonnatrice

Douce rébellion d’écrivants Ils ne se connaissent pas et ne se rencontrent à peu près jamais. En commun, ils ont la passion d’écrire et la générosité d’offrir leurs textes aux lecteurs de La Quête. En retour, hormis les mots gentils de leurs proches à qui ils font lire leur texte, les remerciements de leur « éditrice », et les trop rares commentaires des lecteurs, ils voient leur nom apparaître dans la cartouche (page 4) du magazine dans la section Écrivants. Écrivant est un néologisme qui a été créé il y a plusieurs années déjà par l’équipe de La Quête pour regrouper dans une seule catégorie les scripteurs provenant de divers horizons, y compris de la rue. Le terme se voulait inclusif puisqu’il donnait le même statut à tous : qu’ils maîtrisent la plume avec adresse ou qu’ils écrivent « au son » sur un sujet qui les touche — rappelons que La Quête se veut une tribune pour les sans-voix dont les textes sont systématiquement rejetés par les grands médias — tous étaient classés dans la catégorie Écrivants. Or, voilà que depuis quelques mois, sans même qu’ils ne se consultent, quelques écrivants manifestent leur insatisfaction quant à ce statut. D’abord, puisque le mot écrivant n’apparaît pas dans le dictionnaire, plusieurs croient, disent-ils, qu’il s’agit d’une orthographe fautive. Il faut chaque fois expliquer d’où vient le terme et pourquoi il a été créé, poursuivent-ils. Et enfin, là où le bât blesse vraiment, c’est qu’au bout du compte, ils se sentent considérés comme des collaborateurs de seconde zone sous un chapeau qu’ils perçoivent de moindre importance. Soit, rien de plus simple : on change de chapeau ! Dorénavant, ils se trouveront dans la section : Auteurs, terme connu et reconnu.

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Alors que tous les auteurs passés, présents et à venir, les Philippe Bouchard, MarieRollande Boucher, Julie Cartier, Jasmin Darveau, Steves Desponts, Bernard Élie, Monique Dufour, Laurence Ducos, Gatéan Duval, Marie-Chantale Larose, Marcel Guy Mailloux, Réal Malouin, Stéphane Okemvélé-Mégnier, Jacques Pruneau, Bernard St-Onge, Christiane Voyer et tous les autres qui étaient là avant mon arrivée en poste et que je n’ai pas eu la chance de connaître se le tiennent pour dit : vous êtes l’essence de La Quête. Merci infiniment de votre précieuse collaboration !

Les affaires à dimension humaine ! Les journalistes de La Quête vous présentent un dossier sur l’économie sociale et le mouvement coopératif de la région. Les entreprises d’économie sociale, les coopératives, les mutuelles et les organismes à but non lucratif priorisent tous l’humain. Au détriment du capital ? Pas nécessairement. Marc-Antoine Paquin présente les nuances et subtilités de ce secteur d’activité économique. Symbole par excellence de la coopération au Québec, le mouvement Desjardins absorbe régulièrement les critiques de ses détracteurs. « Alphonse se retournerait dans sa tombe... », entend-on souvent. Isabelle Noël fait le tour de la question.

Marie-Michèle Genest a rencontré Mathieu Bernier qui, en marge de ses activités de directeur de l’organisation à but non lucratif La Butineuse, a lancé, le projet Les Incroyables comestibles : ce qui est incroyable ce n’est pas tant les légumes qu’on y trouve mais le principe derrière le projet. Quelque 50 000 personnes vivent dans les coopératives d’habitation au Québec et ce nombre ne cessera de croître si l’on en croit, Sylvie Naud rencontrée par Jonathan Lachance-Lemieux. Chloé Patry-Robitaille a, pour sa part, visité Les relevailles, un organisme où les mères apprivoisent leur nouveau rôle dans l’entraide. Bonne lecture !

Francine Chatigny Triste nouvelle Au moment de mettre sous presse nous apprenons le décès de Marcel Guy Mailloux, le prolifique poète. M. Mailloux a signé de nombreux textes dans La Quête au cours des dernières années. Le temps nous manque pour lui faire un hommage digne de son talent dans cette édition-ci, mais nous nous reprendrons dans le prochain numéro. Nous offrons nos plus sincères condoléances à la famille et aux proches de M. Mailloux.

Véronik Desrochers a visité une entreprise d’économie sociale de la plus pure tradition. Chez Écolivres, à Lévis, on récupère, on recycle, on réinsère et on fait de bonnes affaires !

réalise l’espoir

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Apprivoiser l’économie sociale

Photo : Archives Web

œuvrent toutes dans le domaine des assurances », peut-on lire sur le site du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité.

L’essor des coopératives au Québec depuis bon nombre d’années porte le concept de l’économie sociale à l’avant-plan. Mais que signifie-t-il ? Qu’implique-t-il ? Qu’estce qu’une coopérative ? Une mutuelle ? La Quête vous propose ce mois-ci un petit survol de ces concepts. Concrètement, l’économie sociale peut se présenter comme un courant qui favorise la personne avant le capital, le profit. Ainsi, les entreprises d’économie sociale, dont les coopératives, ont pour objectifs la création de valeurs, de richesses et d’emplois. « Elles ont comme finalité première la création de services pour leurs membres et la collectivité », résume Gaston Bédard, directeur général intérimaire du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité. « Le profit est accessoire » pour une entreprise d’économie sociale, selon M. Bédard. « Le capital sert à se créer une réserve pour s’assurer un avenir et pour contrer certaines situations imprévues, explique-t-il. Le profit est réinvesti dans la coop, pour en faire profiter les membres ». Mais M. Bédard précise : « Il ne faut pas confondre l’économie sociale avec le communautaire, il est tout de même question d’économie, donc de profits pour l’entreprise ». Une coopérative souhaite toujours se développer, et ainsi élargir ses services. D’ailleurs, pourquoi se tourner vers la coopérative ? « Pour plusieurs raisons, soutient M. Bédard, mais d’abord pour mutualiser le risque », c’est-à-dire le séparer entre les membres, partager leurs responsabilités d’entrepreneurs. En effet, une coopérative est formée par la contribution financière de plusieurs individus et organisations. Un bon nombre de personnes, donc, qui « veulent s’impliquer dans leur milieu » et pour qui la mission sociale

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et éducative des coopératives est importante. L’idée devient donc intéressante pour un entrepreneur « qui veut prendre des risques, mais ne veut pas se lancer tout seul », indique l’ancien chargé de cours à l’Université Laval. Cette implication de plusieurs personnes vers un but commun donne aussi de la force à l’entreprise, un avantage qui lui permet d’être plus flexible et apte à surmonter les défis d’une économie décroissante. Actuellement, au Québec, on compte 3 300 entreprises coopératives et mutuelles. Cela représente 8,8 millions de membres et un chiffre d’affaires de 25,6 milliards.

Le blitz éducatif La coopérative « est une entreprise détenue et exploitée démocratiquement par les personnes [membres] qui utilisent ses services », rappelle M. Bédard. Les coopératives adoptent donc un système de gestion différent des entreprises à actions. Chaque membre obtient un vote pour les décisions, alors qu’en temps normal, une action donne un vote à son propriétaire. Ce système démocratique permet aux coopératives d’être contrôlées par l’ensemble de leurs membres, et non pas principalement par ceux qui détiennent un plus grand nombre de parts sociales.

En gros, les membres d’une mutuelle « unissent leurs efforts et, moyennant une cotisation périodique, s’assurent contre certains risques (maladies, accidents, etc.) », est-il aussi expliqué sur le site du Conseil. Toutefois, coopératives et mutuelles « se distinguent par leur lien d’usage avec leurs membres, par leur mode de propriété et par les lois qui les régissent ».

Marc-Antoine Paquin

Le cas des OBNL Si tous les organismes à but non lucratif (OBNL) font partie de la grande famille de l’économie sociale, ils ne sont pas tous des entreprises d’économie sociale à proprement dit. En effet, pour être considéré ainsi, un OBNL doit avoir des « activités marchandes, donc vendre un produit, un service. Il doit y avoir une dynamique entrepreneuriale pour qu’on parle d’entreprise ». Ainsi, bien que les organismes communautaires fassent partie de la grande famille de l’économie sociale, ils ne sont généralement pas des « entreprises d’économie sociale ». Au Québec, « les Centres de la petite enfance, les entreprises d’insertion, les entreprises adaptées [et] une grande partie des festivals organisés » sont des exemples d’entreprises d’économie sociale. Source : Guide de référence sur l’économie sociale publié par le Chantier d’économie sociale

Comme il en a été question plus tôt, les coopératives visent à répondre aux besoins communs de leurs membres, alors que la plupart des entreprises détenues par des investisseurs ne visent qu’à maximiser les profits de leurs actionnaires. Tout comme la coopérative, la mutuelle est une organisation créée « par et pour ses membres ». La différence ? « Les membres mutualisent le risque en partageant une police d’assurance », explique M. Gaston Bédard. D’ailleurs, au Québec, « les mutuelles

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Coops financières

Desjardins, une autre grande banque ? Au Québec, qui dit coop, dit Desjardins. Avec ses 196 milliards de dollars d’actifs et ses 5,6 millions de membres, le Mouvement est l’une des plus importantes coopératives financières du monde. Dans un milieu où la concurrence est féroce et le profit primordial, Desjardins a-t-il perdu son âme ? Créée en 1900 à Lévis, la première caisse populaire est née des valeurs d’association, de développement local et d’économie sociale du fondateur Alphonse Desjardins, à une époque de chômage, d’exode rural et d’industrialisation. Le modèle s’est répandu par la suite. Au Canada, Desjardins n’est pas unique en son genre puisqu’il y a des coopératives financières dans presque toutes les provinces. En 2012, ces dernières représentaient 9,5 % de l’actif national total des institutions de dépôt du Canada avec un actif de 296 milliards de dollars et détenaient environ 12,6 % du volume d’épargne et de prêts.

promouvoir l’éducation économique, sociale et coopérative, ainsi que soutenir le développement de son milieu.

tionnaires (MEDAC), le Mouvement Desjardins n’est pas plus disposé à prêter que les banques, et souvent aux mêmes taux.

Rayonnement à l’international

Richard Lacasse, porte-parole du Mouvement Desjardins, affirme quant à lui que l’idée qu’Alphonse Desjardins « se retournerait dans sa tombe » s’il pouvait voir ce qu’est devenue sa coopérative aujourd’hui, est fausse. « Quand on lit sa correspondance, on voit que [Alphonse Desjardins] était très sévère sur l’administration et le remboursement des prêts. Ce n’est pas parce qu’on est une coopérative que nous ne sommes pas rigoureux là-dessus. La Caisse est condamnée sinon ».

Dans une étude publiée en avril 2013, une agence de l’Organisation des Nations Unies, l’Organisation Internationale du Travail (OIT), analyse la façon dont les coopératives financières ont traversé la crise financière de 2008. L’auteur, Johnston Birchall, explique que ces dernières ont réalisé de meilleures performances que les banques, et que même si certaines ont subi des pertes, peu d’entre elles ont eu recours à l’aide gouvernementale. « Contrairement aux banques privées, [les coopératives financières] maintiennent de très bons taux d’intérêt, augmentent leurs fonds propres et leur clientèle, et la minorité d’entre elles qui ont subi des pertes ont rapidement rebondi et connaissent à nouveau la croissance », soutient-il.

Photo : La Quête

En ce qui concerne le Mouvement Desjardins, l’auteur écrit que lorsque le secteur des coopératives financières devient dominant dans une région, les bienfaits pour l’économie locale sont considérables.

Selon la Loi québécoise sur les coopératives de services financiers, « une coopérative de services financiers est une personne morale regroupant des personnes qui ont des besoins économiques communs et qui, en vue de les satisfaire, s’associent pour former une institution de dépôts et de services financiers [...] ». Toujours selon la Loi, une coop financière doit remplir certaines missions. En plus de faire fructifier les dépôts de ses membres et de leur fournir du crédit et autres produits financiers, elle doit favoriser la coopération,

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M. Birchall va même jusqu’à qualifier le Mouvement Desjardins de « joyau du mouvement international des coopératives d’épargne et de crédit ». « Trois caractéristiques le rendent unique : sa taille par rapport au secteur bancaire de sa région, la complexité de sa structure organisationnelle et son fort caractère coopératif. Une quatrième caractéristique découle des trois précédentes, à savoir son influence socioéconomique », conclut-il.

Mais M. Michaud déplore aussi la baisse importante des ristournes distribuées aux membres des caisses populaires ces dernières années. Malgré une hausse importante de 45 % des profits depuis 2007, les ristournes ont chuté de près de la moitié durant la période. Selon Richard Lacasse, porte-parole du Mouvement Desjardins, la suite de la crise financière a forcé l’institution à rectifier le tir. « Les taux d’intérêt sont trop bas, et cela affecte les ristournes », explique-t-il. « Si on ristourne trop, on doit se capitaliser en empruntant sur les marchés ». Selon lui, Desjardins cultive une culture du crédit très prudente. « On gère encore l’argent des membres, pas l’argent en bourse ! ».

Isabelle Noël

Critiques Le Mouvement Desjardins reçoit aussi son lot de reproches. Dans un entretien au quotidien Le Soleil en mars dernier, Yves Michaud lui reproche de se comporter de plus en plus comme une banque. Selon l’ex-politicien et fondateur du Mouvement d’éducation et de défenses des ac-

réalise l’espoir

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Cultiver la différence

Dix ans qui seront fêtés en 2014, annonce Pierre Auger, directeur général de cette entreprise sociale à but non lucratif qui est également un « lieu d’intégration au travail où l’on préserve l’environnement tout en rendant accessible les livres ». Écolivres souhaite démocratiser la culture grâce à une politique de prix modique. « Pour 5 dollars, tu peux avoir 4 livres de poche, alors que 5 dollars, c’est le tiers d’un livre de poche neuf », illustre Pierre Auger. D’ailleurs, Pierre Croteau, le chef d’orchestre de la valse des livres, de leur arrivée par la porte d’en arrière jusqu’à leur mise en tablettes dans la boutique, affirme sans hésitation que les romans sont les meilleurs vendeurs. Des titres comme Code Da Vinci, Le Parfum, Mange prie aime pullulent dans les rayons, mais n’y restent pas longtemps, car les bras des clients s’en chargent graduellement. Trouvailles inopinées et agréables découvertes sont au rendez-vous, car bien sûr, « au même titre que n’importe quelle librairie de livres usagés, on a des trésors, des livres de grande valeur destinés à des collectionneurs autant que des livres destinés au grand public ». Un système de demande en ligne ouvre leur marché : certains de leurs clients habitent même en Alberta ! En récupérant près de 25 tonnes de livres par année, l’entreprise d’économie sociale offre de beaux livres à sa clientèle dans un souci de préservation de l’environnement. Les dons proviennent de particuliers, de bibliothèques ou d’institutions. Chaque boîte est ouverte et triée. Sans exception. « Cette semaine, c’est

une grosse semaine », constate M. Croteau, « l’été, avec les déménagements, il y a toujours plus de dons ». Toutefois, même si « Écolivres cherche à revaloriser le plus possible les livres », certains d’entre eux, désuets par leur contenu ou leur contenant ou leur trop grande abondance dans l’entrepôt, sont disqualifiés, concède M. Auger. Seulement un peu moins de la moitié des dons de livres vivront une deuxième vie chez Écolivres (parfois une troisième et une quatrième, qui sait ?), les autres se feront démanteler. Oui, oui, démantelé, car tout recycleur averti devrait savoir qu’un livre mis au bac de récupération sera jeté une fois à l’usine de tri. Pourquoi ? Parce qu’il est constitué de trois composantes : la couverture, les pages et la reliure. Heureusement, chez Écolivres, un partenariat avec l’Atelier occupationnel Rive-Sud sauve les fibres rejetées. Enfin, l’aspect le plus important de l’entreprise, selon M. Auger, est de « faciliter l’intégration au travail de gens ayant une déficience physique ou mentale ou qui ont seulement été éloignés du marché du travail pendant un certain temps ». Écolivres en collaboration avec Emploi-Québec, offre un programme d’apprentissage en milieu de travail où certaines personnes apprennent le métier de libraire. Il s’agit d’un projet pilote. « Notre première cohorte n’est pas encore diplômée, on est en formation présentement », souligne M. Auger, fier de ses employés comme il le serait de sa propre progéniture. Chaque employé a droit à un parcours personnalisé où tout est mis en œuvre pour lui offrir une expérience significative ajus-

Photo : Véronik Desrochers

Au premier coup d’œil, Écolivres semble être un dynamique commerce de livres, de revues et de disques de seconde vie. Un local lumineux, un classement impeccable, des employés qui papillonnent dans tous les coins, un petit espace café qui incite à la pause lecture et même des étagères déplaçables pour faire place à des évènements culturels. Décidément, Écolivres porte bien ses dix ans !

« On en a du livre ici! », lance Denis, pendant qu’il garnit les tablettes de nouveaux romans.

tée à sa situation personnelle, que ce soit par l’élaboration d’un classement facilitant ou par l’adaptation à un handicap. « Chez Écolivres on cultive la différence », slogan qui est quotidiennement mis en pratique. « Les employés en intégration ne sont pas cachés dans l’entrepôt, ils sont sur le plancher avec la clientèle », fait remarquer Pierre Auger. Ils offrent d’ailleurs un excellent service tout en sourires et en courtoisie, parole d’une cliente satisfaite qui repart avec une pile de livres sous le bras…

Véronik Desrochers

Note pour Karyne : Mettre cette pub le plus petit possible. Tu peux jouer avec les éléments si tu veux.

LA QUÊTE EST DIFFUSÉE PAR TÉLÉPHONE VIA

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Les Incroyables comestibles

Potagers à partager !

Courtoisie: La Butineuse

Des légumes qui poussent en pleine ville, c’est n’est plus hors du commun. Mais pouvoir les cueillir gratuitement, c’est beaucoup plus surprenant ! Basé sur un mouvement citoyen qui a pris forme en Angleterre il y a 5 ans, le phénomène les Incroyables comestibles a germé cet été dans plusieurs municipalités de la province. Dans la Vieille Capitale, c’est l’organisme communautaire La Butineuse de Vanier qui en est l’instigateur. Nourriture à partager pour tous !

Voilà ce qu’on peut lire sur l’affiche qui est apposée sur la façade extérieure de La Butineuse, à côté des recettes de salsa, de quiches et de concombres marinés. Justement, devant les locaux de l’organisme, des légumes et des fines herbes qui composent ces menus poussent dans des terre-pleins qui longent la rue. Et dans le stationnement, différentes variétés de tomates côtoient les voitures garées. Depuis quelques années, le directeur de La Butineuse, Mathieu Bernier, observe le phénomène Incredible Edible se propager en Europe. Le but est simple: utiliser les espaces publics ou privés des zones urbaines afin d’y faire pousser des légumes, pour ensuite les partager avec les citoyens. Se questionnant si ce genre de projet fleurirait dans la ville de Québec, l’organisme a décidé d’en faire le test cette année. De toute façon, faire des semis supplémentaires ne présentait pas une lourde tâche pour La Butineuse, qui possède déjà un jardin et un rucher sur son toit, ainsi qu’un système d’arrosage automatisé. De plus, l’entreprise les Urbainculteurs leur a donné un petit coup de pouce en leur fournissant une dizaine de smart pots, dans lesquels ils peuvent faire pousser plusieurs variétés de légumes. Alors que les employés de La Butineuse craignaient que le projet s’avère impopulaire, c’est tout le contraire qui s’est produit, les légumes ayant été récoltés au fur et à mesure par le voisinage. L’année prochaine, l’organisme voudrait bien agrandir le projet

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en distribuant des smart pots un peu partout en ville, mais cela requiert du temps et de l‘énergie. Mathieu Bernier souhaite donc que d’autres groupements prennent le relais et que le projet se répande partout dans la ville. « L’essence du mouvement, c’est justement de ne pas créer un monopole », affirme le directeur de La Butineuse.

Le sens du partage Même si les citoyens qui souhaitent s’impliquer dans l’entretien des plants sont les bienvenus, ce qui fait la particularité du projet, c’est que nul n’a besoin de s’investir dans le processus pour bénéficier de légumes gratuits. Mathieu Bernier habite la campagne avec sa famille. L’entraide entre voisins, il connaît. Mais ce sens du partage est en train de s’amenuiser en milieu rural, et en ville, l’individualisme s’est installé depuis longtemps. Le désir de partager avec le voisinage, que ce soit des légumes, des connaissances sur le jardinage ou une simple conversation, c’est ce qui a poussé le jeune homme à poursuivre l’idée des Incroyables comestibles à Québec. De plus, le projet permet aux citadins de reprendre contact avec la terre. « Plusieurs personnes ne savent pas qu’une carotte qui pousse dans un potager est bien plus goûteuse que celle qui se retrouve dans les épiceries », déplore-t-il.

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Également, ce n’est pas tout le monde qui sait reconnaître les différents légumes ou comment bien les cueillir. « Que les légumes se fassent voler, mal cueillir ou piétiner, ça fait partie du projet », affirme Mathieu Bernier. D’ailleurs, il ajoute en riant qu’une personne a mal coupé le persil, et que le plant n’a plus jamais repoussé. Toutefois, il déplore le fait que quelques smarts pots aient été dérobés. Pourtant, les légumes qui y poussent sont gratuits !

Gratuit, vraiment ? En ville, la gratuité est un concept assez hors norme. Prendre quelque chose sans payer est bien souvent synonyme de vol! Mathieu Bernier se rappelle avec amusement les visages ahuris des gens à qui il a expliqué le projet. Il a également remarqué que la plupart des personnes sont venues cueillir les légumes en soirée, lorsque La Butineuse était fermée. Peut-être avaient-elles peur d’avoir l’air de voleurs ou de paraître pauvres… Le mouvement des Incroyables comestibles génère donc une nouvelle façon de penser en ville : la joie de partager entre les voisins, de bien se nourrir et de redéfinir le concept de la gratuité !

Marie-Michèle Genest

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Les multiples visages des coops ! Au Québec, quand on dit coopérative, c’est Desjardins qui vient spontanément à l’esprit. À Québec, les amateurs de bière penseront peut-être à La Barberie, les amateurs de plein-air à Mountain Equipment Coop, les étudiants à Zone. Au-delà de ces bannières bien connues, des centaines de coops fleurissent dans la région de Québec. Si on les connaît moins, c’est sans doute parce qu’elles n’offrent pas des biens, mais des services. La Quête vous en fait découvrir quelques-unes.

Coopératives de travail

Archéologues d’un jour à la Grande Ferme de St-Joachim

Les coops de travail ont pour objectif de fournir du travail à leurs membres via l’exploitation d’une entreprise.

Artefactuel

Courtoisie: Artefactuel

Le patrimoine archéologique est une affaire de société, telle est la philosophie de la coop de travail Artefactuel. Voilà pourquoi ses consultants en recherche archéologique offrent non seulement des services typiques d’archéologie — fouille, inventaire, évaluation d’impact, travaux de laboratoire, études spécialisées, expertise-conseil, etc. —, mais aussi des activités éducatives originales tant auprès des jeunes (camps de jour, groupes scolaires, etc.) que du grand public. La structure juridique de la coop de travail fondée en 2003 a tout d’abord été retenue par Artefactuel afin de privilégier l’emploi de ses membres, des archéologues professionnels, et pour mettre de l’avant la mission de l’entreprise d’économie sociale : la recherche de profit est mise de côté et les surplus budgétaires sont réinvestis dans l’entreprise afin d’en assurer la pérennité, et surtout pour développer de nouveaux projets de recherche et de diffusion qui n’existeraient pas autrement, tel le projet Archéologue d’un jour

Intervention au Nunavik

Photo: Simon-Charles Couture-Labelle

Courtoisie: Artefactuel

Julien à l’œuvre

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Photo: Simon-Charles Couture-Labelle

Julien Bourgeois Dumais, l’un des membres fondateurs de Courant Alternatif

Courant Alternatif S’il y a un secteur d’activité qu’on n’associe guère au mode coopératif, c’est bien le domaine de la construction. Pourtant, trois jeunes de Québec ont réussi à rompre avec le conformisme de ce milieu réglementé et à créer Courant Alternatif, une coopérative de travail de services d’électriciens. Depuis deux ans maintenant, Frédéric, Julien et Jean- Philippe offrent des services professionnels dans les domaines résidentiel, commercial et industriel. Déjà impliqués dans plusieurs coopératives, leur modèle d’affaires s’est naturellement imposé à eux. Avec Courant Alternatif, celui-ci s’exprime par la prise de décisions selon le mode démocratique et par la distribution des excédents sous forme de ristournes en fonction du prorata du travail réalisé dans la coopérative. Convaincu que la formule coopérative est la bonne, Courant Alternatif en remet le tiers pour le développement de coopératives ou pour soutenir des projets dans la communauté. Courant Alternatif est finaliste dans la catégorie Nouvelle entreprise (3 ans et moins) du Gala d’excellence de la Coopérative de développement régional (CDR) Québec-Appalaches qui se tiendra en octobre.

réalise l’espoir

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Coopérative de solidarité Les coops de solidarité ont pour mandat de fournir des biens et services à leurs membres utilisateurs ainsi que du travail à leurs membres travailleurs tout en regroupant des personnes ou des entreprises qui ont un intérêt dans la réalisation du projet.

Vivre de la philosophie, est-ce possible ? Par le biais d’Antidoxe, la coopérative de solidarité spécialisée en animation philosophique qu’ils ont fondée, c’est le pari qu’ont fait six jeunes. Les ateliers, montés selon l’approche pédagogique de la Communauté de recherche philosophique, qu’ils concoctent pour le grand public ou pour des clients ad hoc (entreprises, écoles, maisons des jeunes, maisons de retraite, etc.) visent à développer la pensée libre et autonome, l’esprit critique, la créativité intellectuelle et, ultimement, à améliorer sa propre existence.

Photo: Simon-Charles Couture-Labelle

Antidoxe

Myriam Michaud et Marie-Ève Godbout, deux membres d’Antidoxe

Photo: Simon-Charles Couture-Labelle

En tant que coopérative de solidarité, Antidoxe promeut les valeurs de démocratie, de collaboration et d’autonomie. Ouverte au dialogue, elle se veut ancrée dans sa communauté et à l’écoute de ses membres travailleurs, producteurs et de soutien.

Petit atelier de philosophie appliquée par une belle journée d’été !

Le Tiers Temps

Photo: Simon-Charles Couture-Labelle

La coopérative de solidarité Le Tiers Temps située dans les locaux de la Coopérative Méduse a pour mandat l’exploitation d’un lieu à vocation socioculturelle dont la mission est d’offrir à ses membres et à la collectivité un espace de rencontres, d’échanges et de diffusion en arts actuels, et où il est aussi possible de se sustenter sainement à prix abordable.

Ouvert depuis moins d’un an, le Tiers Temps fait déjà le bonheur de ses clients !

Octobre 2013

réalise l’espoir

En tant que coopérative de solidarité, le Tiers Temps comprend quatre catégories de membres soit les membres utilisateurs-internes, les membres utilisateurs-externes, les membres travailleurs, et les membres de soutien.

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Madame Sylvie Naud est directrice au développement pour le groupe de ressources techniques Sosaco, un organisme d’économie sociale à but non lucratif qui offre support et expertise aux groupes promoteurs de projets d’habitation coopérative, OBNL en habitation et d’immobilier communautaire. La Quête l’a interrogée pour en savoir plus sur le mode de fonctionnement des coopératives d’habitation.

Photo: La Quête

Vivre dans une coop !

Antoine, Nicolas, Sonia et leur chien Blade profitent de la cour intérieure de leur coop !

Q. Comment sont nées les coopératives d’habitation à Québec ?

Q. Pourriez-vous décrire l’esprit qui règne à l’intérieur de ces coopératives d’habitation ?

R. Les coopératives d’habitation sont nées pour combler le besoin des gens d’avoir un même logement acceptable et à coût moindre. Les gens peuvent arriver à plusieurs et demander de constituer une coopérative. Pour ce faire, les gens doivent adresser une requête pour constitution, signée par 12 futurs membres ou plus, à la Direction des coopératives du ministère responsable de cela.

R. Ça dépend vraiment des coopératives… Cet esprit est propre à chaque coopérative. Certaines coopératives se portent très bien, prennent leurs rôles à cœur et dans lesquelles il règne un esprit d’équipe exemplaire. Par contre, d’autres coopératives ont besoin d’un conseiller ou d’un gestionnaire externe. Mais ce n’est qu’une faible minorité de coopératives qui éprouvent des difficultés.

Q. Qu’est-ce qui distingue les coopératives d’habitation des autres types d’habitation ?

Q. Quel est l’avenir des coopératives d’habitation à Québec ?

R. C’est la gestion faite par les membres. C’est l’absence d’un propriétaire externe, comme c’est le cas pour les HLM (Habitations à loyer modique) par exemple. Une coopérative d’habitation nomme un conseil d’administration qui s’occupe de gérer la coopérative. Un membre égale un vote. Ainsi, il n’y a pas un seul propriétaire externe qui gère lui-même. Une coopérative est donc gérée comme une entreprise, si on veut. La formule des coopératives d’habitation est l’équilibre entre l’aspect social et l’aspect financier.

R. Les projets sur lesquels nous travaillons sont nombreux. En plus de cela, de nombreux groupes s’ajoutent constamment afin d’entamer de nouveaux projets. Je le répète, le besoin est présent !

Q. Comment concevez-vous les coopératives d’habitation aujourd’hui ? Est-ce encore pertinent? Est-ce encore abordable ? R. Bien sûr, puisque le besoin est toujours présent. Les coopératives existent puisqu’il y a un ou plusieurs besoins à combler. Un de ces principaux besoins est de ne pas avoir à payer trop cher. De plus, la liste des gens qui désirent habiter dans les coopératives est infinie. Ces gens sont d’ailleurs de tous profils.

Q. Y a-t-il encore un côté social aux coopératives d’habitation ? Par exemple, cette perception que les mieux nantis habitent au centre-ville et les moins bien nantis dans les coopératives. R. Cette perception est malheureusement encore la même. Nous cherchons donc à démystifier cela. Ce ne sont pas nécessairement des gens pauvres qui habitent les coopératives. C’est une très mauvaise perception et les coopératives se battent encore aujourd’hui contre celle-ci.

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Jonathan Lemieux-Lachance Sonia Boutet est membre d’une coopérative d’habitation depuis 10 ans. C’est le côté humain qui l’a d’abord séduit. « Même si cela me permet d’avoir un logement moins cher, ce qui m’a attiré vers ce type de logement c’est l’aspect communautaire. Les membres ont des obligations et des privilèges. Par exemple, pour obtenir un rabais mensuel, il faut participer à deux corvées par année. Ces dernières nous permettent, en tant que membres actifs, de valoriser et améliorer notre milieu de vie et de favoriser les contacts humains. L’assemblée générale annuelle permet à chacun des membres de s’exprimer et d’apporter des idées et des solutions pour rendre notre milieu de vie toujours plus agréable. On peut s’impliquer encore davantage en participant à l’un des différents comités : membre du conseil d’administration, comité de logement, comité d’entretien, comité écologique, etc. C’est une belle façon de partager nos connaissances et d’apprendre des choses. Si vous êtes une personne sociale, qui aimez vivre dans l’entraide et le respect d’autrui, que le sentiment d’appartenance est important pour vous et que vous avez envie d’investir un peu de votre temps libre dans votre milieu de vie, les coopératives d’habitation c’est pour vous! Moi, en tout cas, j’ai envie d’y vivre encore longtemps ! » conclut avec enthousiasme cette membre de la Coopérative des rivières située sur la rive de la rivière St-Charles.

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Mères solidaires

Les nouvelles mamans se sentent souvent isolées pendant leur congé de maternité. Pourtant, plusieurs ressources sont mises à leur disposition pour rencontrer leurs pairs et échanger. C’est le cas du Groupe Les Relevailles qui propose plusieurs services, notamment de l’aide à domicile et des cafés-rencontres. Cet organisme à but non lucratif a pour mission d’accompagner et de soutenir les parents dans leur rôle, du début de la grossesse jusqu’au cinquième anniversaire de l’enfant. Gaëtane Tremblay, directrice du Groupe depuis 7 ans, croit que les parents doivent prendre le temps de s’arrêter pour réfléchir à la manière dont ils élèveront leurs enfants. « Les nouvelles mamans se font tellement conseiller sur toutes les tribunes, se font dire ce qu’elles devraient faire ou ne pas faire, qu’il vient un temps, comme parent, que tu te dis : moi, qu’est-ce que je veux ? Et c’est souvent en confrontant les idées qu’on prend position et qu’on s’affirme plus par rapport à ce qu’on est. » Selon madame Tremblay, les cafés-rencontres sont donc des occasions d’échange qui permettent aux mères de faire connaissance avec des femmes qui sont dans la même situation tout en contrant l’isolement. « Le milieu social des jeunes femmes d’aujourd’hui est lié très souvent au travail. Lorsqu’elles se trouvent en congé de maternité, tout d’un coup, elles sont coupées de leur milieu social. » Les nouveaux parents apprennent beaucoup ce qu’ils doivent faire, ce qu’ils doivent dire, mais très peu sur le savoir-être. « Le bébé n’est pas encore né, que la chambre est décorée, tout est acheté, tout est prêt pour son arrivée, mais le parent, lui, est-il prêt ? » L’échange avec d’autres mamans permet d’apprivoiser la réalité future.

Mères pour la communauté Le principal service du Groupe Les Relevailles est celui d’aide à la maman à domicile. S’adressant aux mères de bébés de zéro à neuf mois, il leur offre un moment de ré-

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Courtoisie: Ressources-Naissances

Vivre sa maternité, avec comme seul outil un guide de référence peut s’avérer difficile. Entre les pages proposant la famille parfaite et la vraie vie, il y a un monde de différences...

Pendant les ateliers de Bébé s’éveille offerts par Ressources-Naissances les mamans ont de belles occasions d’échanger.

pit. « Elle fait ce qu’elle veut de ce temps-là. Pendant ce temps, nous [...] on s’occupe de la maisonnée. On peut faire quelques tâches quotidiennes, des repas et s’occuper du jeune bébé, peu importe, on essaie vraiment de répondre à ses besoins. » Les employées sont toutes des mamans formées pour aider ces jeunes familles. La difficulté de leur travail est de mettre en confiance les mamans qui laissent leur bébé à des inconnues. Elles doivent savoir établir un bon contact. Contrairement au mythe, le Groupe Les Relevailles n’aide pas seulement des femmes avec peu de moyens financiers. Comme l’explique madame Tremblay, tous les parents ont besoin de support à un moment ou à un autre car la venue d’un nouvel enfant demande une réorientation familiale, une adaptation : « Autrefois, toute la famille venait aider la nouvelle maman pour qu’elle puisse s’occuper de son nouveau poupon. Aujourd’hui, souvent les mères d’un premier enfant n’ont même pas gardé, certaines tiennent un enfant pour la première fois dans leurs bras. Alors là, d’avoir quelqu’un d’expérimenté qui vient à la maison, ça peut être [...] extrêmement précieux. » Entreprise d’économie sociale, [le Groupe] Les Relevailles priorise d’abord les services à la communauté plutôt que les profits. « Comme on est basé sur un principe d’entraide d’une mère qui vient en aider une autre et que c’est sur contribution volontaire, nous on ne va pas vérifier le rapport d’impôt des gens. On peut leur suggérer un certain montant. C’est vraiment basé sur le volontariat, sur la bonne volonté des gens, et ça fonctionne très bien. »

Une maman comme les autres Valérie Nault, chargée de projet à la Coopérative du Cercle des Supermamans, a recourt à un organisme semblable au Groupe Les Relevailles, près de chez elle, à Lévis. Tout comme Les Relevailles, Ressources-Naissances offre plusieurs services, dont des cafés-rencontres. « Pour y avoir assisté, personnellement, quand j’ai eu ma première fille, ça m’a beaucoup aidée. Je me suis faite beaucoup d’amies, j’ai appris beaucoup, je me suis comparée, ça m’a consolée parfois, d’autres fois je me suis dit que je n’étais pas correcte sur des choses, ça m’a beaucoup appris dans ma maternité de côtoyer des mamans qui vivaient la même chose que moi, mais différemment. Heureusement que c’était sur mon chemin, car je n’aurais pas eu autant d’enfants si ça n’avait pas été là. » Elle apprécie notamment le côté social de ce type de services. Elle fréquente également La maison de la Famille qui offre des activité tant pour les parents que les enfants de son voisinage. « Moi ça me donne l’impression que je fais partie d’une communauté, parce que ce que j’ai trouvé difficile lorsque j’ai eu ma fille, c’est de me sentir isolée. On est toute seule à la maison avec notre petit bébé à ne pas savoir comment ça se passe. On a plein de livres de référence, mais on n’a pas vu nos mères allaiter, pas vu nos mères avoir beaucoup d’enfants. »

Chloé Patry-Robitaille réalise l’espoir

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Les démunis et le Projet K Diane Morin Quelques semaines après la catastrophe à Lac-Mégantic, la Ville de Québec faisait l’aveu dans les pages du Soleil du 29 juillet qu’elle n’était pas prête à affronter une crise majeure. Pour remédier à la situation et mieux s’outiller, elle lance le Projet K. K est le symbole employé pour indiquer la résilience d’un matériau, c’est-à-dire son aptitude à résister plus ou moins bien aux chocs. « Dans le contexte de la Ville, il s’agit de la résistance du Québec à une éventuelle catastrophe ». Au cours des dernières années, j’ai pris le crachoir à plusieurs reprises pour sensibiliser mes collègues du milieu de l’itinérance, les autorités et la population, à l’importance de bien faire connaître les caractéristiques des populations démunies afin de réaliser des plans d’urgence réalistes. La Ville de Québec qui entreprend une mise à jour de ses plans d’urgence avec le Projet K se propose d’adapter sa réponse à la clientèle vulnérable. C’est essentiel selon moi pour éviter des nonsens, comme avec les plans de pandémie. Les plans de pandémie tels que concoctés en 2006 et 2007 étaient articulés autour d’éléments suivants : une ligne d’appel 811, des consignes pour le traitement à la maison, des cliniques de vaccination de masse et, si besoin, une possibilité de confinement à la maison. Tous ces éléments posaient problèmes pour la clientèle itinérante qui n’avait pas de téléphone, pas de résidence, pas de moyens financiers et pas de facilités de transport.

des périodes pandémiques pour conserver un bon taux de vaccination, chez cette clientèle cumulant plusieurs facteurs de risques (tabagisme, alcoolisme, immunodépression, maladies diverses…). Des avancées en termes de sensibilisation ont eu lieu avec le projet de recherche EnRiCH de l’Université d’Ottawa, auquel ont participé la Ville de Québec et quelques organismes communautaires. Le projet visait à « augmenter la résilience parmi les populations à haut risque pour maximiser la capacité de prévention, d’intervention et de récupération en cas de catastrophe. Il semble que la Ville de Québec souhaite poursuivre en ce sens. C’est très bien, mais il faut aller encore plus loin et introduire une certaine capacité d’anticiper la situation qui prévaudra juste avant la catastrophe, et être en mesure de moduler la réponse. Je m’explique. Il ne faudrait pas tenir pour acquis le niveau actuel de services en itinérance dans un tel plan, ni le contexte économique d’ailleurs. La situation pourrait se corser rapidement, si par exemple le gouvernement fédéral refuse de s’adapter aux besoins de Québec pour le renouvellement du programme SPLI (Stratégie des partena-

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Il faudra être bien persévérant, nous les gens du communautaire, pour instaurer une culture de la résilience à Québec qui prenne en compte également les démunis. L’analyse de catastrophes antérieures, comme l’ouragan Katrina en 2005, pourrait montrer les écueils à éviter. Pourquoi les citoyens aisés ont quitté la Nouvelle-Orléans en anticipant les consignes des autorités et que les démunis sont restés là à subir un ouragan historique ? Tout simplement parce que rien n’avait été prévu pour cette population !

Diane Morin

Photo : Archives Web

Des aménagements pour cette clientèle étaient nécessaires. Ce n’est pas quand le risque se concrétise et que la crise éclate que ce travail de documentation doit être fait. En période de crise, les autorités appliquent les plans déjà prévus et sont sollicitées de toutes parts. Durant la crise du H1N1, les organismes en itinérance se sont tout de même mobilisés et ont obtenu que des cliniques de vaccination se tiennent dans des refuges et qu’elles se poursuivent en dehors

riats de lutte contre l’itinérance). Ce sont 2,3 millions de dollars investis en services aux itinérants-es qui pourraient tomber au 1er avril 2014. La situation économique pourrait se dégrader également avec des conséquences directes sur la population démunie. Il me semble important d’inclure ces deux points dans les scénarios possibles. Un autre défi important est celui de rejoindre la clientèle, une clientèle qui par définition est sans domicile fixe.

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La page communautaire Labeaume pour la SPLI généraliste

La SPLI crée des remous

« Je suis totalement disponible et solidaire pour défendre les actions afin de maintenir l’aspect généraliste de la SPLI », a affirmé Régis Labeaume en conférence de presse le 4 septembre dernier à la Maison Lauberivière. La Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI) est un programme fédéral qui vise à prévenir et à réduire l’itinérance en offrant de l’aide et du financement direct dans la communauté. Lors du dépôt du budget, en mars dernier, le gouvernement Harper a annoncé son intention de couper de 10 à 12 % du budget de 2,3 millions de dollars accordé à la SPLI ainsi que d’orienter cette aide vers le « logement d’abord ». Labeaume décrie cette mesure mur à mur qui ne tient pas compte des spécificités régionales. Les besoins ne sont pas les mêmes d’un océan à l’autre et si cette mesure peut répondre aux besoins de certaines agglomérations ailleurs au Canada, ce n’est pas le cas à Québec. « La ville de Québec est bien pourvue en logements sociaux », déclare le maire, en rappelant les impacts positifs du programme AccèsLogis. M. Labeaume souhaite que la région de Québec puisse initier ses propres actions afin de répondre de manière adéquate aux besoins des plus démunis d’ici. Les réductions dans le financement de même que la réorientation de la SPLI risquent d’affecter les activités de 28 organismes communautaires qui proposent une panoplie de services aux personnes itinérantes ou à risque d’itinérance, notamment des centres de jour, des services de fiducie, du suivi communautaire, et aussi le magazine de rue La Quête! Quelque 70 travailleurs risquent de perdre leur emploi et 10 000 personnes aidées seront touchées. Le maire a exprimé ce point de vue dans le cadre du lancement de la Vision du développement social de la Ville de Québec. Ce document contient les grandes lignes à suivre pour maintenir la cohésion sociale sans dupliquer les services. La lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale est l’un des neuf points présentés dans cette Vision pour une communauté inclusive et solidaire.

Des informations contradictoires proviennent du gouvernement fédéral dans le dossier du financement de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI). D’une part, Ottawa affirme publiquement que les orientations prévues au renouvellement de la SPLI ne représentent aucune menace pour les organismes de Québec. D’autre part, il fait parvenir à ces mêmes organismes un document réaffirmant la volonté d’axer la SPLI sur le « logement d’abord ». Plusieurs voix se sont jointes au Regroupement pour l’aide aux itinérants et itinérantes de Québec (RAIIQ) et à ses organismes membres le 12 septembre dernier, lors d’une conférence de presse, pour affirmer la nécessité de maintenir une offre de services diversifiée aux personnes itinérantes ou à risque d’itinérance. La députée néo-démocrate Annick Papillon soutient une SPLI généraliste. La conseillère responsable du développement social à la Ville de Québec, Chantal Gilbert, a rappelé que la qualité de vie à Québec découle directement du travail des organismes communautaires qui « ramassent les plus poqués de notre société ».

La Quête

Devenez bénévoles pour les marmites de Noël L’Armée du Salut est présentement à la recherche de bénévoles pour sa traditionnelle campagne des Marmites de Noël qui se déroulera du 8 novembre au 22 décembre 2013. Chaque année, grâce aux bénévoles et aux commerces participants, l’Armée du Salut peut remettre des paniers de Noël à plus de 450 familles dans le besoin. Faites partie de cette édition des Marmites de Noël en devenant bénévole et participez à l’une des plus importantes mobilisations pour la pauvreté à Québec! Pour plus d’informations, contactez Catherine Gravel au 418-641-0050 poste 242 ou par courriel à cat_gravel@hotmail.com

Un 4e recueil Le crayon fou ! Le crayon fou, c’est le nom que porte le recueil de textes publié de façon sporadique par le Pavois. Cet organisme sans but lucratif soutient les personnes qui ont un problème de santé mentale et les accompagne vers la réalisation de leurs objectifs d’intégration socioprofessionnelle et d’amélioration de leur qualité de vie. Cette quatrième édition inspirée du thème « Voyage dans le temps » regroupe des nouvelles, des poésies, des mini récits biographiques et autres écrits littéraires rédigés par les participants à l’atelier d’écriture offert par Le Pavois.

Les auteurs, qui ont mis beaucoup d’efforts et tout leur cœur pour réaliser ce recueil, seraient ravis de le partager avec vous. Vous pourrez les rencontrer lors du lancement qui aura lieu le 17 octobre, de 14 h 00 à 16 h 00, dans les locaux du Pavois, au 2380 du Mont-Thabor (près Henri-Bourassa et 24e Rue). Si vous souhaitez encourager ces auteurs, vous pourrez vous procurer un exemplaire du recueil à la même adresse à compter du 18 octobre. Pour informations : 418 627-9779.

La Quête

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Couvrez ce signe que je ne saurais voir!* Selon Wikipédia, l’accommodement raisonnable est une notion juridique canadienne issue de la jurisprudence associée au monde du travail. Il s’agit en fait de l’assouplissement de certaines règles dans le but de - respecter le droit à l’égalité du citoyen. Depuis 2006, divers cas relevant de près ou de loin des accommodements raisonnables furent fortement médiatisés. Ce qui suscita de vives réactions parmi la population. Citons: le port du turban par un employé de la construction, le port du kirpan dans une école, les juifs hassidim de Montréal payant la pose de vitres teintées du YMCA d’en face, le crucifix à l’Assemblée nationale, Hérouxville qui a créé une liste de normes de vie pour d’éventuels immigrants, etc.**

Photo : Archives Web

ments qui lui plaisent. (Soulignons tout de même que le voile intégral semble choquer singulièrement les Québécois à cause de son caractère hostile et anonyme). Pour le reste, c’est une question de libre expression, de respect et d’accommodements…

Suite à ces controverses, la Commission Bouchard-Taylor (Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles) fut créée en 2007. L’un des mandats de cette commission, qui aura coûté 3,7 millions de dollars, était de formuler des recommandations au gouvernement pour que ces accommodements soient conformes aux valeurs de la société québécoise en tant que société pluraliste, démocratique et égalitaire. Le rapport final de cette commission dirigée par un philosophe et un sociologue parut en 2008. Selon ce rapport, l’interdiction du port de signes religieux n`est justifiée dans un contexte de neutralité de l’état que pour les juges, les avocats, les gardiens de prison et les policiers. Ce rapport souligne aussi que la crise des accommodements ne reflète pas simplement une attitude « déraisonnable » des minorités culturelles, mais est aussi un signe de « protestation d’un groupe ethnoculturel majoritaire qui doute de sa propre identité », c’est-à-dire nous, les Québécois. Le projet de loi du parti québécois, en voulant établir une Charte des valeurs québécoises, veut aller beaucoup plus loin que les conclusions du rapport Bouchard-Taylor en proposant l’interdiction de tout signe osten-

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tatoire, jusque dans les écoles primaires et secondaires, les cégeps, les universités, les hôpitaux et même les garderies subventionnées par l’État. On proposerait aussi aux municipalités du Québec de se soumettre à cette Charte. Certains juristes pro-laïcité s’inquiètent du caractère discriminatoire que pourrait représenter une telle Charte. - Québec « va trop loin ». « On s’immisce dans la conscience des gens. En interdisant à une infirmière ou à une éducatrice de CPE de porter le hidjab, on empiète sur les libertés fondamentales », affirmait récemment dans la presse Louis-Philippe Lampron, professeur de droit à l’Université Laval, spécialiste des chartes des droits et des demandes d’accommodements. Enfin, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec affirme que l’origine du problème viendrait d’une certaine « confusion entre culture et religion ». Il est vrai que porter sur soi un signe, tel : un carré rouge, une fleur de lys, un voile ou un crucifix est simplement un signe d’appartenance culturelle et publique à une communauté ou une autre, religieuse ou pas. Au Québec, l’uniforme du parfait citoyen n’existe pas. Chacun a le droit de porter le style de vêtement, la couleur de cheveux et les orne-

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L’athéisme est une doctrine qui nie l’existence de Dieu. Une charte des valeurs québécoises en imposant de façon trop large l’absence de signes ou de symboles religieux déborderait du principe de neutralité que l’état prétend vouloir s’imposer. Répétons-le, l’athéisme est aussi une doctrine, car la science n’a jamais pu confirmer ou infirmer l’existence de Dieu. D’où l’importance dans une société qui se dit pluraliste et égalitaire de respecter les différences culturelles et religieuses des autres communautés ethniques et de nous respecter nous-mêmes, car nos valeurs de charité, de démocratie et d’amour sont elles-mêmes issues d’un christianisme, qui en vérité est loin d’être disparu de nos valeurs québécoises.

Réal Malouin Philosophe *Il s’agit ici d’une allusion au Tartuffe de Molière, un chef-d’œuvre où culminent l’hypocrisie et le mensonge. Dans un langage courtois, Tartuffe dit à Dorine : Couvrez ce sein que je ne saurais voir, par de pareils objets les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées. **Souvenons-nous qu’il n’y a pas si longtemps, un professeur alla jusqu’à faire disparaître au vu et au su de ses étudiants la dernière phrase d’une chanson d’Édith Piaf! -Dieu réunit ceux qui s’aiment. Et même le traditionnel sapin de Noël fut pris à parti !

NDLR: L’opinion émise dans ce texte est la responsabilité de l’auteur.

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LE JEU DE LAQUÊTE QUÊTE LE JEU DE LA Ginette Pépin et Jacques Carl Morin parpar Jacques Carl Morin et Ginette Pépin

Ce jeu consiste à remplir les rangées horizontales ainsi que les colonnes 1 et 20 à l’aide jeu consiste à remplir les rangées horizontales ainsi que les colonnes 1 et 20 à l’aide des des Ce définitions, indices ou lettres mélangées ou déjà inscrites. Chaque case grisée définitions, indices ou lettres mélangées ou déjà inscrites. Chaque case grisée représente représente une lettre qui est à la fois la dernière lettre d’un mot et la première lettre du une lettre qui est à la fois la dernière lettre d’un mot et la première lettre du suivant. suivant. 1

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1- Artisan dont le métier est de réparer les chaussures. 20- Caractère de ce quidont évoquelelemétier plaisir des 1- Artisan estsens. de

5- « Se défendre bec et ___ ». Surnom familier. Panneau mural sur lequel on écrit à la craie. 6- État d’Amérique centrale. Argent versé à l’avance pour garantir Célèbre crooner américain.

réparer les chaussures. un contrat.

Horizontalement :

7- Sot, niais. Compétition comprenant dix épreuves. Adjectif qui 20- Caractère ce qui(ACECUDE). évoque le Salaire plaisirattaché des sens. désigne ou représente un nombre. 1- Symbole de la fonctionde médicale à un emploi. Cavité creusé naturellement dans un os ou un organe. 8- Dent de devant dont la fonction est de trancher les aliments. Se 2- État américain. « Tout vient à point qui sait ___. ». Raison apportée pour se disculper. Horizontalement :

dit d’une douche pendant laquelle on alterne eau chaude puis eau froide (SASESOCIE). Problème, souci.

9- Incarcéré. Inhumation. 3- Oiseau réputé pour son chant, aux sonorités variées et harmonieuses. dont les sels utilisés dans le traitement des états 1- Métal Symbole de sont la fonction médicale (ACECUDE). Salaire attaché à unvolés. emploi. 10- Délit de détenir des objets PlanteCavité textile etcreusé oléagineuse. maniaco-dépressifs. Sorcier dit l’Enchanteur. naturellement dans un os ou un organe. Province canadienne. 4- Premier segment de l’intestin grêle. Asphalte. Titre de noblesse.

2- État américain. « Tout vient à point qui sait ___. ». Raison apportée pour se disculper. 3- Oiseau réputé pour son chant, aux sonorités variées et harmonieuses. Métal dont les sels sont utilisés dans le traitement des états maniaco-dépressifs. Sorcier dit l’Enchanteur.

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La langue dans sa poche

par Hélène Huot

DES MOTS POUR RIRE / LES PERLES DU BAC 2013 Chaque année en France, les correcteurs des examens du baccalauréat tombent sur des perles qu’ils s’amusent à recenser. Cette année, les candidats étaient près de 700 000; certains d’entre eux ont fait preuve d’une imagination débordante, dépassant parfois celle de leurs prédécesseurs… Voici quelques exemples, tirés textuellement de ce florilège. - « En Afrique du sud, il y a plusieurs peuples qui ne parlent pas la même langue : c’est la biodiversité. » - « Mais le Waterloo, c’est pas un sport ? » - « Les Égyptiens transformaient leurs morts en zombies. » - « L’exemple de Titanic sert à démontrer l’agressivité des icebergs. » - « Grace à la montée de l’islamisme qui sont austère au politique occidentaux, cette austerité atteind son paroxisme le 11 septembre 2011 lors de l’attentat contre les Etats-unis sur les deux tours jumelles du world trade senteur. » - « La loi sur les homosexuels permet d’avoir des enfants sans utiliser une femme. » - « Dans “ état d’esprit ” il y a le mot “ état ”. Ce n’est pas un hasard, et cela montre bien que l’Etat est responsable de l’état psychologique des citoyens. » - « La prochaine coupe du monde de football aura lieu au Brésil, juste à côté de l’Afrique du Sud. » - « Internet permet au peuple de se divertir en regardant des vidéos de chatons sur Youtube. C’est très important pour le développement intellectuel des populations. » - « Suite à l’élection du nouveau président, la France a lancé d’importantes réformes en termes de démocratie sociale tel que l’augmentation des impôts pour les chômeurs. » 1

DES MOTS POUR JOUER / CHERCHER L’INTRUS

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Chaque groupe de mots renferme un intrus, c’est-à-dire un mot qui ne va pas avec les quatre autres, pour une raison ou pour une autre. Exemple : dans le groupe « apogée, assemblée, camée, mausolée, trophée », l’intrus est le mot « assemblée », qui est féminin, alors que les quatre autres sont du genre masculin. c. bolet, cèpe, chanterelle, morille, oseille Identifiez l’intrus qui s’est glissé dans chaque groupe qui suit : d. condoléances, fiançailles, limbes, représailles, salutations a. ambulance, bonbon, embolie, imbroglio, timbale e. ballade, concerto, fugue, promenade, sonate b. bordeaux, cerise, émeraude, rubis, tomate

DES MOTS POUR PARLER 1. La mansuétude est la disposition à : a. prendre les autres en pitié; b. pardonner généreusement; c. prendre les choses avec philosophie. 2. Quelle expression utilise-t-on pour parler d’un livre ou d’un film sentimental, rempli de clichés ? 3. La gérontocratie est le gouvernement par les vieillards; la démocratie est le gouvernement par le peuple. Qu’est-ce que la ploutocratie ? 4. Le mot « paprika » nous vient : a. de l’arabe; b.de l’hindi; c. du hongrois. Bla Bla 5. L’adjectif « bot », qui signifie « difforme » (comme dans pied bot), ne s’emploie pas au féminin. Vrai ou faux ? 6. Nos amis ont fait un séjour à l’auberge La Salicorne aux Îles-de-la-Madeleine. Mais qu’est-ce que la salicorne ? 7. On appelle terre-neuvas ou terre-neuvier : a. un professionnel de la pêche à Terre-Neuve; b. une personne née dans la province de Terre-Neuve; c. un gros chien à tête large et à longs poils. 8. La Spyder et la Tryke sont toutes deux des motos à trois roues. En quoi leur configuration se distingue-t-elle l’une de l’autre ? 9. Maurice Lefebvre, o. m. i, Benoit Lacroix, o.p., et Vincent Klein, s. j. Que signifient les sigles qui suivent le nom de ces prêtres ? 10. Qu’est-ce qui caractérise une peinture, une photo ou une gravure « en camaïeu » ? J’attends de vos nouvelles… Vous aimez les mots. Vous avez des commentaires à formuler ou des suggestions à faire concernant cette chronique La langue dans sa poche. Rien de plus simple. Écrivez-moi à hu-go@sympatico.ca. Cela nous permettra d’échanger sur des questions qui vous intéressent et d’enrichir par le fait même les futures chroniques. Merci à vous ! Les réponses page 29.

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Gabrielle Roy et moi Pourquoi écrire au sujet de Gabrielle Roy ? Parce que 2013 marque le trentième anniversaire de sa mort. Également parce que le Festival Québec en toutes lettres, qui se déroule au mois d’octobre, s’inspire de cette grande dame et de l’imaginaire des femmes.

Le climat de travail entre les travailleurs était agréable et ce fut une belle période de ma vie. C’est aussi un des premiers jobs que j’ai obtenus grâce à mon curriculum vitae. À l’entrevue, on ne m’a pas questionné sur mes études en lettres, non, mais on m’a interrogé à savoir si j’avais bel et bien planté des arbres par le passé. Je compris plus tard que planter chaque jour de 1500 à 3000 arbres ou bien classer de 200 à 600 volumes représentait un travail routinier et répétitif et qui demandait patience et opiniâtreté, tout en s’opérant dans une certaine solitude. Aujourd’hui, quand je vais à la bibliothèque en tant que client, je croise encore plus d’une douzaine d’employés sympathiques et compétents, qui sont demeurés fidèles au poste depuis plus de vingt ans. Même s’il existe maintenant des appareils pour rechercher, réserver et emprunter des documents, ces travailleurs sont indispensables à mon avis à cause de leurs connaissances, leur débrouillardise et leur attitude. Souvent, ils ne se contentent pas de m’offrir l’objet de ma quête tout cru dans le bec, mais prennent bien le temps de m’apprendre à faire fonctionner lesdits appareils. À d’autres moments, ils orientent en un clin d’œil mes recherches vers des ressources que je ne soupçonnais pas. C’est ainsi que je me suis plongé dans une partie de l’œuvre de Gabrielle Roy par hasard au mois de mai 2013. Comme je demandais conseil au service d’aide aux lecteurs pour trouver des nouvelles littéraires québécoises, on me dirigea vers trois auteurs, dont Gabrielle Roy. Je dégustai alors Cet été qui chantait, suite de jolis tableaux bucoliques décrivant la campagne de Charlevoix. Dès la deuxième nouvelle, mon émerveillement vis-à-vis la richesse de ses descriptions de la flore me décida à acheter le livre pour le donner en cadeau à un membre de ma famille. Par la suite, mon dévolu se jeta sur La petite poule d’eau, fresque savoureuse décrivant la vie d’une famille de pionniers et de différents personnages pittoresques au nord

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Gabrielle Roy

Photo : Archives Web

Cette auteure canadienne-française exceptionnelle a connu un succès international dès son premier roman Bonheur d’occasion ainsi que reçu de nombreux autres prix par la suite. L’Institut canadien et la ville de Québec ont nommé en son honneur la succursale principale du Réseau des bibliothèques de la Ville, bibliothèque où j’ai travaillé pendant 2 ans et demi comme classeur de volumes au début des années 1990.

du Nord du Manitoba. Enfin, je m’attaquai à Alexandre Chenevert, fiction sur un petit clerc — qui me ressemble un peu —, dévolu à porter le sort du monde moral et idéologique sur ses frêles épaules, tel un Atlas épuisé. Livre que certains critiques se permettent d’ailleurs de classer au même niveau que les grandes œuvres de la littérature russe. Bien que je n’aie pas encore lu son autobiographie La détresse et l’enchantement, je me sens quand même proche de Gabrielle Roy par son attitude envers la vie. Si « St-Bernard appartient à la race de ceux qui cherchent Dieu » (Ps 23.5, 6), Madame Roy, elle, décrit où elle trouve et perçoit Dieu, aussi bien dans la nature que dans le cœur de ses personnages. Elle a aussi le don de s’émerveiller avec de petits riens ou, au contraire, se soumet parfois à de lourds débats et conflits intérieurs. Dans le dépliant du Festival Québec en toutes lettres, on trouve une belle citation de Madame Roy qui décrit bien la noblesse de son message : « est créateur tout être qui aide, selon ses moyens, à laisser le visage de la terre un peu plus agréable à regarder à cause de lui. » Pourquoi écrire au sujet de Gabrielle Roy ? Parce que c’était une écrivaine inspirée... et qui inspire beaucoup de gens encore aujourd’hui.

Bernard St-Onge

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Le sens du chemin de St-Jacques-de-Compostelle Il racontait que cela faisait longtemps qu’il voulait vivre cette expérience, mais il n’était ni prêt, ni disponible. Trois éléments de synchronicité l’ont décidé à le faire. Premièrement, il n’avait pas d’appels pour des contrats de travail depuis un an. Deuxièmement, il était en peine d’amour. Le dernier et non le moindre : un de ses très proches amis, qui était en phase terminale d’un cancer généralisé, lui dit : « Toi Marcel, tu as la santé et depuis le temps que tu m’en parles de faire le chemin de Compostelle, pourquoi ne le ferais-tu pas cette année ? » Cette question a été pour lui « le coup de pied au derrière pour partir » comme il dit avec humour. Malgré la peur de sortir de sa zone de confort, il est tanné de procrastiner, d’attendre en regardant passer le train. Il décide enfin d’embarquer. Il songea alors que mieux vaut partir seul qu’en couple, car la tentation de se refermer sur le duo est plus grande. Seul, tu es plus disponible, plus libre, plus à l’écoute des leçons que le chemin offre généreusement, malgré les difficultés. Cette expérience l’a tellement bouleversé qu’aujourd’hui il donne des conférences à ce sujet et raconte, dans ses mots, qu’il a compris quelque chose de très spécial sur le plan spirituel. Il n’omet toutefois pas de souligner que chaque personne peut vivre cette randonnée différemment de lui. « La minute que tu fais les premiers pas en sortant de chez toi le matin, tu commences ton chemin de Compostelle ! » Cette phrase dite pendant son entrevue m’a franchement

allumée. Je comprends ce qu’il veut dire : ça demande de la motivation de sortir de notre chaud lit douillet, surtout l’hiver avec ses grands froids. Oui, ça demande de l’effort de se lever et de se mettre en mouvement, pas à pas, selon son rythme dans «notre chemin de Compostelle personnel» qu’on soit au Québec, en France, en Espagne, en Italie ou dans n’importe lequel pays dans le monde. En 2004, avec un ami de Toulouse, j’ai fait le voyage, l’expérience de marcher dans les sentiers des Pyrénées. Nous ne sommes pas allés jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle parce que le temps nous manquait, mais nous avons fait une longue randonnée de 12 heures à partir de Collioure, au sud-est de la France jusqu’à Portbou en Espagne. Nous avons emprunté le Sentier des clandestins. Il porte ce nom, car les pierres du chemin ont été usées, au fil des ans, par des milliers de personnes fuyant l’ennemi pendant les guerres, les révolutions. De toutes mes nombreuses randonnées, c’est celle-ci qui m’a le plus impressionnée, tant sur le plan physique que spirituel. Je comprends les gens qui disent « les mots sont pas suffisants pour exprimer mon expérience ! » Moi qui suis une adepte des excursions en forêt québécoise, j’ai découvert là le sens, la métaphore de la Marche en Montagne : les montées et les descentes, les moments de solitude et les rencontres, les intempéries, les efforts, les douleurs corporelles et spirituelles, le plaisir de la découverte de lieux historiques, de petits villages pittoresques, les moments de grâce, d’euphorie. D’autres personnes qui en ont fait l’Expérience me disent : « C’est le Chemin qui nous change et nous apprenons à le vivre à notre rythme personnel parce que nos pieds, notre corps nous l’enseignent bon gré, mal gré ! »

Photo : Archives Web

Récemment, j’ai entendu le comédien Marcel Leboeuf livrer une entrevue très intéressante à la radio. Il partageait le récit de son premier voyage, en l’an 2000, en France et en Espagne en passant par le célèbre chemin de St-Jacques-de-Compostelle.

Je projette de retourner en pèlerinage à l’été 2014, soit en France et en Espagne, ou au Québec qui offre également de magnifiques parcours. Juste pour me mettre en mouvement, pour sortir de ma “ zone de confort ”, pour affronter mes peurs, mes doutes, mes deuils pas complètement résolus. Pour aller, encore et toujours, à “ma” découverte et à la découverte des autres. Pour me dépasser, sortir de la léthargie qui m’engourdit au fil des jours. Je prends conscience que la marche est un merveilleux exercice, un sport gratuit, mis à part l’achat d’une bonne paire de chaussures qui couvrent bien les chevilles et d’un sac à dos adapté à sa physionomie. Avancer à notre rythme, accélérer quand le corps et l’esprit le commandent ! En marchant, nos sens développent une plus grande acuité, notre angle d’observation s’élargit, nos inspirations et expirations s’exercent de plus en plus adéquatement : le dépouillement de nos “ sacs verts ” se réalise en chemin. J’entends par ceci tout ce que nous portons lourdement sur nos épaules et sur quoi nous n’osons pas lâcher prise !

Christiane Voyer

www.epicerie-europeenne.com

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Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

ÉLECTROCHOCS

On dit que le métier d’agent de sécurité est difficile. De fait, la réalité se veut un sacré électrochoc. Avant-hier soir, j’ai eu ma dose. Les services d’urgence de mon employeur, l’Office Municipal d’Habitation de Québec, nous avaient signalé un possible décès à une adresse donnée. Avec les Pompiers et les collègues du 911, on a pu entrer à l’adresse indiquée. Ce qu’on y a trouvé est indescriptible. Je vais juste dire : un mort chez lui. Le lendemain, avec une autre collègue, j’étais chargée de rencontrer l’un des enfants de la personne décédée. Nous n’avons pas eu à lui poser de questions. C’est lui qui nous a parlé. Comme ça. « Comme vous me voyez, je suis encore jeune. Vingt cinq ans. Et j’habite encore dans la même ville que mon père. Toutefois, je ne vous cache pas qu’il était impossible, à moi comme à mon frère et à ma sœur, de le rencontrer. Ma mère ne supportait plus ses crises dues à sa psychose maniaco-dépres-

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sive et s’était séparée de lui, il y a trois ans. C’étaient des crises qu’il faisait, suite aux électrochocs qu’on lui avait infligés dans sa jeunesse. On n’a jamais su s’il en avait réellement besoin, ou si ce genre de traitement ne l’avait pas bousillé à vie. À la maison, ce n’étaient que des disputes, des conflits entre ma mère et lui. Moi qui étais l’aîné, j’ai tenu le coup de grâce à mon amour du hockey, mais ma petite sœur est devenue fugueuse : elle a gâché sa scolarité. Depuis quelque temps, il alternait la prise concomitante de calmants pour dormir et d’excitants pour se réveiller. Il y a deux mois de cela, il s’était retrouvé à l’hôpital pour lavage d’estomac, à cause d’une tentative de suicide. Même si je me disputais avec lui, et que je ne pouvais plus supporter de le voir dans cet état, j’avais l’espoir, tout de même, qu’il se sortirait de cet enfer. Et puis un jour, il a heurté une voiture mal stationnée. C’était trois jours avant que son

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voisin ne vous appelle. Ce jour-là, j’ai parlé avec mon père au téléphone. Pour la dernière fois de ma vie. On vient de m’expliquer que sa mort est due suite à une hémorragie interne. L’état de sa flore intestinale n’a pas pu supporter le choc. Son voisin a appelé les urgences à cause de « l’odeur » qui se dégageait de son appartement… En tout cas, je me sentirai toujours coupable : comment peut-on mourir dans de telles conditions de nos jours ? Même si c’est seul et sans bagage que l’on arrive et que l’on quitte ce monde, lui, c’est toujours isolé qu’il a rencontré la mort. La première fois dans sa jeunesse, et la seconde et dernière fois, maintenant. » Avec Christine, nous sommes restées muettes. Et comme je le suis encore, je préfère écrire tout cela.

Laurence Ducos

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Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

L’araignée C’était un de ces jours où tout semble aller pour le mieux. Le soleil souriait et les gens lui répondaient avec joie. Il n’y avait aucun nuage sur mon âme et j’errais, heureux, au hasard des rues, quand les trottoirs se mirent soudain à grouiller de monde. Le loup solitaire que je suis s’est tout à coup senti à l’étroit et je me suis empressé de regagner ma tanière. Cédant à une vieille habitude, j’entamai alors une bonne bouteille de Sangre de Toro; fixant le plafond. Confortablement assis, je

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m’absorbai dans mes pensées. En apercevant la lampe, je me rappelai y avoir vu une toute petite araignée, quelques jours auparavant. « Tu peux sortir ma petite : je communique facilement avec les enfants, les bêtes et les insectes. Pour ce qui est des autres, ça dépend », lui adressai-je. Cette réflexion me fit sourire; j’étais sûrement mûr pour la clinique. Mais, à ma grande surprise, l’araignée surgit du dessous de la lampe.

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« Puisque te voilà, viens ici, que je te cause », ajoutai-je. Elle vint se poser directement au-dessus de ma tête. Quelle conversation nous avons eue ! Je n’aurais jamais pensé qu’il se passait tant de choses dans la tête d’une araignée. Et les sceptiques peuvent aller se rhabiller : il arrive qu’une petite bête soit plus réceptive qu’un humain.

Normand Roussel

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La trahison de la belle Au moment où il s’y attend le moins, il entend le chant d’une sirène. Plus rapidement que ne prend une châtaigne pour tomber d’un tabouret, il arrête de scruter les étoiles et met le cap vers le séduisant péril.

Bernard St-Onge Tweet à songer Il pense qu’il faut mourir un peu chaque soir lorsqu’il se couche seul dans un lit désespérément double.

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Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

Mal lui en pris car tel Ulysse attaché au mât pour éprouver sa résistance face au joug des naufrageuses, il sent son cœur se retourner comme une crêpe entre les mains d’un cuisinier sous l’influence d’amphétamines.

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Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

TOUT CE QUE TU MANQUES, LÀ-BAS

Tu veux me donner un dernier baiser Je précise « Avant ton départ »

Le téléphone Sonne Ce n’est pas toi

Je me prélasse Sur le sofa Vide de toi

J’étreins ton oreiller Doux et chaud Le long de mon corps

Je caresse Ton chat Qui miaule

Tous ces gestes Quotidiens Que tu ne vois pas

Sans toi moi Rien Même pas une phrase

Cette musique Ne joue Que pour moi

Plus tu t’éloignes Plus je suis Ici

J’erre Autour de la maison Cueillant des fleurs

Je plonge Dans la lecture De ma vie solo

Je sais Que tu penses À tout ce que tu manques.

Julie Cartier

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Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

Saison d’un HLM

En jasant sur le balcon Cartes disaient l`avenir Le poltron lui d`son juron Se savait d`balcon banni

En jasant sur le balcon Fin temps de se rafraîchir On fermait porte de balcon Saluant pour aller dormir

Cause manières, façons De lancer sa balle au tir Vers nous de haut au balcon Voisins voisines s`unir

En jasant sur le balcon Un allait renchérir L`histoire d`un compagnon On se souvient d`adonc

À nous robe long jupon Le bourdon nous avertir Qu`vu sombre nuage mouton Lune ne serait de sortie

Vers jaunisse automnale Un automne sans pension Au nid d`arbre, de long fil D`araignée ou oisillon

Celles en bermuda sandales Entamaient des chansons À réponse oiseau en cage Sa sifflote à nous ébahir

Marcel Guy Mailloux

Vita House Quelque part vous êtes En quête Quelque part vous êtes Né avec une idée en tête Non, non, non vous ne battrez pas en retraite.

Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

Elle est finie la traite, Vous savez maintenant où vous mettrez Vous n’êtes ni l’esclave, ni le maître Vous êtes le souffle dans la trompette Vous êtes la chaîne sur la bicyclette Souvenez-vous de vos requêtes Aujourd’hui est un beau jour pour les faire naître...

Stéphane Okemvélé-Mégnier

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Photo: Camille-Amélie Koziej Lévesque

Complainte de l ’au-delà

Sur les doux rivages de l’oubli Mon âme s’égarait S’égrenant telle une forte pluie En l’au-delà se perdait Elle qui avait pourtant, tellement Connu de tempêtes Des plus absurdes se concevant Rugissant telle une bête

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Ne connaîtra-t-elle jamais, illuminée Le doux son d’une lente mélopée Un seul mot de bonheur ? Sous cette complainte, une larme Les fanons tombent, et le charme S’estompe, et enfin meurt Sur les doux rivages de l’oubli

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Jasmin Darveau

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Ressources Aide sociale ADDS Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec Tél. : 418 525-4983 Relais d’Espérance Aider toute personne isolée et en mal de vivre à retrouver la confiance, l’espoir et la joie de vivre 1001, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 522-3301 Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 550, rue Saint-Joseph, Québec (sous-sol de l'église Saint-Roch, porte verte) Tél. : 418 529-2222 Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 401, rue Saint-Paul Québec Tél. : 418 694-9316 maison@lauberiviere.org Aide aux femmes Centre femmes d'aujourd'hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec Tél. : 418 651-4280 c.f.a@oricom.ca www.ctech.ca/cfa

Maison Lauberivière (Souper) 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 centredejour@lauberiviere.org

Tel-Aide Québec Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca Tel-Jeunes Tél. : 1 800 263-2266 http://teljeunes.com

Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 745, Honoré-Mercier, Québec Tél. : 418 692-1762

Entraide Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec Tél. : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org Fraternité de l'Épi 481, rue de La Salle Québec Tél. : 418 529-0007 Hébergement Maison de Lauberivière Pour hommes et femmes démunis ou itinérants 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 maison@lauberiviere.org www.lauberiviere.org L'Armée du Salut et La maison Charlotte Hébergement hommes et femmes 14, côte du Palais, Québec Tél. : 418 692-3956

Centre Naître ou ne pas Naître Écoute et aide matérielle pour les femmes enceintes 1379, chemin Sainte-Foy, Québec Tél. : 418 683-8799 centre.naitre@videotron.ca www.centrenaitre.org

Maison Revivre Hébergement pour hommes 261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 info@maisonrevivre.org www.maisonrevivre.ca/portail

Violence Info Sensibilisation, information et intervention pour contrer la violence conjugale et la maltraitance envers les aînées. CSP du Temple, Beauport Tél. : 418 667-8770 violenceinfo@bellnet.ca

SQUAT Basse-Ville Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 595, rue Saint-François Est Québec Tél. : 418 521-4483 info@squatbv.com www.squatbv.com

Alphabétisation

Gîte Jeunesse Hébergement temporaire pour garçons de 12 à 17ans Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225 Résidence de Ste-Foy 3364, rue Rochambau, Québec Tél. : 418 652-9990

Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527-8267 alphabeille@qc.aira.com Alpha Stoneham 926, rue Jacques-Bédard, Québec Tél. : 418 841-1042 alphastoneham@ccapcable.com www.alphastoneham.com Atout-lire 266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 524-9353 alpha@atoutlire.ca http://atoutlire.ca/accueil Lis-moi tout Limoilou 798, 12e Rue, Québec Tél. : 418 647-0159 lismoitout@qc.aira.com La Marée des mots 3365, chemin Royal, Québec Tél. : 418 667-1985 Détresse psychologique Centre de crise de Québec Tél. : 418-688-4240 ecrivez-nous@centredecrise.com www.centredecrise.com Centre de prévention du suicide 8180, boul. Pierre-Bertrand Nord, Québec Tél. : 418 683-4588 www.cpsquebec.ca Communautés solidaires 5, rue du Temple, Québec Tél. : 418 666-2200 info@communautessolidaires.com www.communautessolidaires.com

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Santé mentale La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 laboussole@bellnet.ca hwww.laboussole.ca Centre Communautaire l'Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719 info@centrecommunautairelamitie.com www.centrecommunautairelamitie.com Centre d’Entraide Émotions 3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682-6070 emotions@qc.aira.com www.entraide-emotions.org La Maison l'Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076 info@maisoneclaircie.qc.ca www.maisoneclaircie.qc.ca Le Pavois 2380, avenue du Mont-Thabor Québec (Québec) G1J 3W7 Tél. : 418 627-9779 Téléc. : 418 627-2157 Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352 Intervention téléphonique Tél. : 418 522-3283 Parents-Espoir Soutien et accompagnement des parents 363, de la Couronne, bureau 410 Québec (Québec) G1K 6E9 Tél. :418-522-7167 Service d'Entraide l'Espoir 125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842-9344 aide@service-dentraide-espoir.org www.service-dentraide-espoir.org

Réinsertion sociale Maison Dauphine Pour les jeunes de 12 à 24 ans 14, rue Dauphine, Québec Tél. : 418 694-9616 www.maisondauphine.org YWCA Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes (La Grande Marelle) 855, av. Holland, Québec Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca Prostitution La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Québec (Québec) G1K 9A4 Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com

Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 violenceinfo@bellnet.ca www.relaislachaumine.org TOXICOMANIE Al-Anon et Alateen Alcoolisme Tél. : 418-990-2666 www.al-anon-quebec-est.org Amicale AlfA de Québec 815, av. Joffre, Québec Tél. : 418647-1673 amicalealfa@sprint.ca

P.I.P.Q. Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 pipq@qc.aira.com

Point de Repère 530, rue Saint-Joseph Est, Québec Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com VIH-SIDA MIELS-Québec Mouvement d’information et d’entraide dans la lutte contre le VIH-sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649-1720 Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org

Soupe populaire Café rencontre Centre-Ville Déjeuner et dîner 796, rue St-Joseph Est, Québec Tél. : 418 640-0915 info@caferencontre.org hwww.caferencontre.org

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Merci à tous nos précieux partenaires ! Partenaires Or

Services 211 SOS Suicide

Centraide Desjardins Caisse populaire du Québec

Partenaires Inconditionnels (depuis plus de 5 ans!)

Partenaires Argent

Le Bal du Lézard L’Inter-Marché Saint-Jean Maison Revivre Michel Yacoub

La Boîte à pain CKRL FM 89,1 Les impressions Stampa

Partenaires Ad Vitam Aeternam

Partenaires Bronze Audiothèque de Québec Bibi et compagnie Centre Ozanam Épicerie Européenne Érico Choco-Musée Morin, Desrochers, Beaulieu Quincaillerie St-Jean-Baptiste

Yves Boissinot Claude Gallichan, chiropraticiens

4- Premier segment de l’intestin grêle. Asphalte. Titre de noblesse. 5- « Se défendre bec et ___ ». Surnom familier. Panneau mural sur lequel on écrit à la craie.

LA LANGUE DANS SA POCHE DES MOTS POUR JOUER a. Bonbon. « Bonbon » fait exception à la règle de la langue française selon laquelle le « b » doit être précédé d’un « m ». b. Émeraude. L’émeraude est verte; les quatre autres mots sont reliés à la couleur rouge. c. Oseille. Les mots de ce groupe sont tous des champignons, sauf l’oseille, qui est une plante appréciée pour ses feuilles. d. Salutations. Seul le mot « salutations » peut être employé au singulier. e. Promenade. Tous ces mots sont reliés à la musique, sauf « promenade ». DES MOTS POUR PARLER B. Une disposition à pardonner généreusement. Un livre ou un film à l’eau de rose. La ploutocratie est le gouvernement par les plus fortunés. Du hongrois. Faux. On peut dire, même si cela est plutôt rare : une main bote, une hanche bote. 6. La salicorne est une plante herbacée qui croît dans les terrains salés. 7. A. Un professionnel de la pêche à Terre-Neuve. 1. 2. 3. 4. 5.

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8. État La Spyder a deux roues à l’avant une à pour l’arrière; la un Tryke a une 6d’Amérique centrale. Argent versé àetl’avance garantir contrat. Célèbre crooner roue àaméricain. l’avant et deux à l’arrière. 9. Ces sigles renvoient à la communauté religieuse à laquelle ces

7- Sot, niais. Compétition comprenant dix épreuves. Adjectif qui désigne ou représente un prêtres appartiennent : o. m. i. pour Oblats de Marie-Immaculée; nombre.

o. p. pour Ordre des prêcheurs (Dominicains) et s. j. pour Société

8- Dent de devant dont la fonction est de trancher les aliments. Se dit d’une douche pendant de Jésus (Jésuites). laquelle on alterne eau chaude puis eau froide (SASESOCIE). Problème, souci.

10. Il s’agit d’une peinture, une photo ou une gravure où l’on emploie avec des tons différents.

9- Incarcéré. Inhumation. une seule couleur

10- Délit de détenir des objets volés. Plante textile et oléagineuse. Province canadienne. SOLUTION

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Une politique en itinérance à Québec : Aline Essombé

Quelle différence ?

Les conditions de vie de ceux et celles qui sont en situation ou à risque d’itinérance sont difficiles. Pourtant, il existe un moyen très efficace de mettre un terme à cela.

Un sujet bien gênant S’il y a un sujet qui ne passionne pas nécessairement le public, c’est bien celui de l’itinérance. Les itinérants et itinérantes, ce sont ces personnes que nous ne pouvons foncièrement pas aider. Après tout, dans une ville aussi développée que Québec, il faut vraiment manquer de volonté pour ne pas « réussir sa vie » !

Prendre les choses en main Dans les années 1970, tout le monde avait une pensée similaire au sujet des femmes violentées : elles méritaient leur sort car, après tout, il leur suffisait de quitter ce conjoint violent… Suite aux combats menés par des groupes de femmes de l’époque, une véritable politique d’intervention en matière de violence conjugale a été adoptée en 1985 par le Québec. Aujourd’hui, les policiers peuvent intervenir en cas de signalement de violence conjugale. Un conjoint violent peut faire de la prison. Les femmes victimes de violences bénéficient de mesures de protection pour elles et leurs enfants. Par ailleurs, tout le monde s’accorde pour dire, contrairement aux croyances des années 1970, que les relations abusives sont inacceptables.

Lorsqu’une politique est adoptée, elle devient permanente. Quels que soient les partis qui se succèdent au pouvoir, sa mise en application restera à l’agenda. Il faut que le gouvernement reconnaisse l’itinérance comme étant un enjeu de société et prenne des mesures pour réellement agir sur le long terme contre ce phénomène.

Québec, une ville sans laissés pour compte ? Il faut savoir qu’aujourd’hui à Québec, une personne itinérante peut recevoir une contravention pour avoir dormi sur un banc de parc ou traversé en dehors d’un passage piéton.

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Courtoisie: RAIIQ

L’itinérance, l’autre enjeu de société

Cette personne n’aura très certainement pas les moyens de recevoir une éducation qui lui permettra d’intégrer sereinement le marché du travail. Du fait d’un emploi précaire, l’itinérant ou l’itinérante conservera difficilement son logement, souvent insalubre. Les ressources communautaires qui œuvrent auprès des personnes désaffiliées ont besoin d’être davantage reconnues dans leur expertise, et soutenues dans leurs initiatives.

réalise l’espoir

Tout ceci parce que, comme les femmes violentées dans les années 1970, les itinérants et itinérantes sont considéré(e)s comme pleinement responsables de leur situation, ce qui est une croyance populaire erronée.

Aline Essombé

Octobre 2013


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