La quete numero 155 juin 2013

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3$ Le magazine de rue de Québec

No 155 Juin 2013

Les nouveaux patriotes!

Photos : Francis Fontaine

+ centraide-quebec.com | 418 660-2100

Rencontre avec : • Hugo Latulippe • Julie Miville-Dechêne • Ivy • Catherine Dorion

S.V.P. n’achetez qu’au camelot portant une carte d’identification 3 $ contribution volontaire. 2 $ sur le prix de vente va directement au camelot. pub_jlaquete_mai_2013.indd 1

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Karyne, une quart de page avec un filet autour. Merci! LOGO+ info

Avis de convocation Assemblée générale annuelle 2013 La population de Québec est conviée Assemblée générale annuelle 2012 À la séance publique d’information et à l’assemblée généralede annuelle La population Québecde est conviée à l’Archipel d’Entraide La séance publique d'information précédera l'assemblée générale annuelle Le mercredi 12 juin 2013 à 19h00 de l'Archipel d'Entraide À la Salle Hypérion Le mardi 190, rue Saint-Joseph Est (coin Caron) 12 juin 2012 à 19h00 À la Salle Hypérion Québec (Québec) G1K 3A7 190, rue Saint-Joseph Est (coin Caron) Québec (Québec) G1K 3A7 Les portes ouvriront dès 18 h 30 Les ouvriront Un portes buffet sera servi dès 18 h 30 Un buffet sera servi

DEBOUT POUR NOTRE PAYS BoitePainPub:Mise en page 1 11-03-28 09:22 Page1

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289 Saint-Joseph Est, Québec (St-Roch) Lundi au samedi 6 h 30 à 20 h Dimanche 6 h 30 à 17 h 30 Tél. : 418 647-3666

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Sommaire 5

Mot de la coordonnatrice

Éditorial

Les nouveaux patriotes

Rapatrier notre identité

6

Francine Chatigny

7

Étrangers d’origine, Québécois de cœur

8-9

Émilie Bonnefous

Pour qu’elles se souviennent

11

12

Chloé Patry-Robitaille

François Pagé

Rêver un pays sur grand écran

Un Québécois errant

Marie-Michèle Genest

10

Celui qui ne veut pas marcher sur la rue

14-15

Marc-Antoine Paquin

Camille Bélanger-Vincent

Nous te ferons, terres de Québec Rémy-Paulin Twahirwa

Écrivants 22

Favela

Gaétan Duval

23

Les freins

26

Bernard St-Onge

Une vérité de moi de moi Marcel-Guy Mailloux

Chroniques Il était une fois des patriotes

16 Juin 2013

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Robert Maltais

Patrie, politique & cie

Martine Corrivault

réalise l’espoir

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PAGE COUVERTURE Photo : Luc-Antoine Couturier lucantoinecouturier@gmail.com

ÉDITEUR Pierre Maltais

RÉALISER L’ESPOIR

Camelots recherchés

Hey toi! L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un Tu as 18 ans ou plus. moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la Tu veux te faire quelques dollars?

société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, Travaille à ton compte. Pas d’horaire.etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le Vends le magazine de rue La Quête sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente - sur la rue !- par des personnes en diffiPour plus d’informations culté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en Appelle-nous au leurs capacités, 418 649-9145 postede 33 réaliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie. Ou Viens nous rencontrer au L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également 190, rue St-Joseph Est (coin Caron) Dans l’église Jacques-Cartier des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien

dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.

/ Archipel d’entraide

UNE TRIBUNE POUR TOUS Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu. Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux. Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 11 du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de juillet-août : Les artistes de la rue.

FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOTS Les camelots récoltent 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier. Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31

Camelots recherchés

Nom: Adresse: Ville: Pour plus d’informations Appelle-nous au postal: 418Code 649-9145 poste 33

Ou Viens nous rencontrer au 190, rue St-Joseph Est (coin Caron) Dans l’église Jacques-Cartier

RÉDACTRICE EN CHEF Valérie Gaudreau RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Isabelle Noël ÉDITORIALISTE François Pagé

JOURNALISTES Camille Bélanger-Vincent, Émilie Bonnefous, Luc-Antoine Couturier, Marie-Michèle Genest, Pierre Maltais, Marc-Antoine Paquin, Chloé Patry-Robitaille, Rémy Paulin-Twahirwa, Jennifer Prévost-Nantel ÉCRIVANTS Martin Bélair, Julie Cartier, Jasmin Darveau, Gaétan Duval, Laurence Ducos, Marcel-Guy Mailloux, Stéphane Okemvélé-Mégnier, Bernard St-Onge, Christiane Voyer AUTEURS DES JEUX Hélène Huot, Jacques Carl Morin, Ginette Pépin RÉVISEURE Nathalie Thériault, Lisa Nolet PHOTOGRAPHE Luc-Antoine Couturier, Pierre Maltais, Rémy-Paulin Twahirwa

INFOGRAPHISTE Karyne Ouellet AGENTE DE PUBLICITÉ SOCIALE Geneviève Thompson IMPRIMEUR Imprimerie STAMPA inc. (418) 681-0284

COUPON D’ABONNEMENT 10 PARUTIONS PAR ANNÉE

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CONSEILLERS À L’ÉDITION Martine Corrivault, Jacques Dumais, Robert Maltais

ILLUSTRATEURS Stéphane Bellefeuille

Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.

Hey toi! Tu as 18 ans ou plus. Tu veux te faire quelques dollars?

COORDONNATRICE Francine Chatigny

CHRONIQUEURS Martine Corrivault et Robert Maltais

Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.

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ÉDITEUR PARRAIN Claude Cossette

Abonnement régulier Abonnement de soutien Abonnement institutionnel

60$ 75$ 85$

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Journal La Quête La Quête est appuyée financièrement par : Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)

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Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien

réalise l’espoir

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Mot de la coordonnatrice

Les nouveaux patriotes ! La publication du numéro de juin arrivant presque à mi-chemin entre la Journée nationale des patriotes et la fête nationale du Québec, l’équipe de La Quête a eu envie d’aller à la rencontre d’individus, qui sans nécessairement se qualifier de patriotes ou de nationalistes, démontrent un profond attachement au Québec, ou défendent l’une ou l’autre des valeurs québécoises. Ces valeurs qui nous sont chères, souligne avec justesse François Pagé dans son éditorial, ne sont pas québécoises en elles-mêmes : les Québécois les ont faites leurs, en les modulant à leur manière d’être à travers leur courte histoire. Il y a différentes manières de participer à la construction de sa collectivité, comme vous le lirez au fil des pages de cette édition. Par leurs talents respectifs ou leurs profondes convictions, des gens s’engagent à défendre les intérêts communs de leur société. Le citoyen ordinaire, lui, n’a que la rue pour manifester son opposition à la déconstruction des valeurs communes, pour démontrer son amour à la patrie qui l’a forgé. C’est de là qu’est venue l’idée de la photo pour la une de ce numéro !

Les belles rencontres

statut de la femme, Julie Miville-Dechêne déplore, lit-on dans l’article de Chloé Patry-Robitaille, que les jeunes ne réalisent pas tout le chemin qui a été fait et surtout... qu’il en reste encore à faire.

Camille Bélanger-Vincent nous présente un Québécois errant qui, loin de chez lui, réalise à quel point le Québec lui tient à cœur. « C’est ici que je veux voir mes enfants grandir », affirme Jean-Michel Landry. L’exil qu’il s’impose momentanément lui donne un regard critique et constructif sur la province qui l’a vu naître.

Marc-Antoine Paquin a pour sa part rencontré Ivy. Ce slameur qui transmet son amour de la langue de Molière à travers ses chansons et les ateliers qu’il offre aux jeunes, pense que le français n’est pas menacé par qui l’on croit : les Québécois de souche seraient les principaux responsables de sa dégradation.

Il y a ceux qui partent pour mieux revenir, et il y a ceux qui viennent pour ne plus repartir. Émilie Bonnefous a interrogé deux immigrants qui ont choisi le Québec comme terre d’accueil : lui a craqué pour notre tempérament cool, elle, est séduite par nos relations homme-femme plus égalitaires. Le partage de notre territoire exige des ajustements qui génèrent des craintes, mais « qui ne toucheront pas à nos valeurs fondamentales », affirme Gérard Bouchard, le coprésident de la Commission Bouchard-Taylor avec qui Émilie s’est également entretenu.

Luc-Antoine Couturier, qui par ailleurs offre généreusement de superbes photos pour La Quête s’est entretenu de nationalisme avec une nationaliste assumée, Catherine Dorion.

Au chapitre de l’égalité des sexes, le Québec fait belle figure à l’échelle internationale, mais ce n’est pas une raison pour s’asseoir sur nos lauriers. La présidente du Conseil du

Dans Nous te ferons, terres de Québec, Rémy-Paulin Twahirwa soumet, en direct de la métropole, un vox-pop comme vous ne l’avez jamais lu ! Des perles et des exercices de style, voilà ce que vous proposent les écrivants ce mois-ci ! Bonne lecture !

Francine Chatigny

Illustration : Stéphane Bellefeuille

Hugo Latulipe braque sa caméra sur de nom-

breuses contrées, mais consacre une large part de sa production cinématographique au Québec. Il aime son pays. Mais son pays le met parfois en colère, rapporte Marie-Michèle Genest.

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Éditorial

Rapatrier notre identité Pour bien des gens, le patriotisme est un vestige d’une autre époque, un chauvinisme anachronique qu’il est de bon ton de ressortir lors des fêtes nationales ou des évènements sportifs. Ou alors il est associé à l’image du partisan du Tea Party, agitant la bannière étoilée à tout rompre sans raisons intelligibles. Rien pour redonner ses lettres de noblesse à la fierté nationale. Dans un sondage mené pour l’Institut Historica Dominion en 2009, à peine 38 % des citoyens se disaient attachés d’abord au Canada. En contrepartie, près d’une personne sur cinq s’identifiait au monde entier. Des politologues avancent depuis déjà quelques années que le concept d’État-nation, soit un recoupement approximatif entre les frontières culturelles et politiques, est périmé. La mondialisation et la diversité ethnique due à l’immigration auraient chamboulé les vieilles identités. On donne en exemple les manifestations lors des réunions du G-20, de l’Organisation Mondiale du Commerce ou du Sommet des Amériques pour illustrer l’existence d’une citoyenneté supranationale. On peut cependant se demander à quel point le fait de ne plus s’identifier à la nation n’est pas simplement le symptôme d’une perte de repères. Par exemple, si on se désole du manque d’intérêt des gens en général pour la politique, que dire de ces prétendus citoyens du monde ? Au Québec, les nouvelles internationales ne représentaient que 0,54 % du contenu journalistique en 2012, selon Influence Communication. Et l’évènement international le plus médiatisé au cours de la dernière année ne fut pas les turbulences en Syrie ou en Lybie, l’instabilité économique en Grèce ou même les présidentielles américaines ou françaises, mais bel et bien la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres. Il semblerait que la mondialisation n’ait pas affecté la loi de proximité : plus une nouvelle est proche de nous géographiquement et culturellement, plus elle est susceptible de générer de l’intérêt.

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Il est bien normal que l’empathie trouve un terreau plus fertile dans des valeurs, une culture, une histoire partagées. Le philosophe John Stuart Smith, l’un des pères de la démocratie libérale moderne, croyait d’ailleurs qu’il ne pouvait y avoir de véritable espace de délibération collective sans que celui-ci ne repose en premier lieu sur la confiance sociale qui émane de l’appartenance à une communauté. En ce sens, la tiédeur du patriotisme est inquiétante. L’empathie et le sentiment d’appartenance sont à la base du contrat social. Ils donnent une légitimité à l’État afin qu’il soit davantage qu’un simple collecteur d’impôts. Doit-on se surprendre qu’une société en perte de repères peine à trouver des politiciens d’envergure ? Qu’on ne trouve pas de projets de société plus porteurs que la réduction de la dette ? Le citoyen déraciné n’est qu’un individu face à lui-même. Le philosophe Emmanuel Mounier soutenait que sans la communauté, l’individualisme libéral fait de la personne « une simple abstraction juridique sans attache, sans étoffe, sans entourage, sans poésie, interchangeable, livrée aux premières forces venues ». L’appropriation du patrimoine et le fait de partager une histoire et l’interprétation qu’on en fait définissent notre perception de nousmêmes et des autres, tout en orientant l’action collective. Il suffit pour s’en convaincre de voir l’intérêt sans bornes du Parti conservateur pour la guerre de 1812 et la rapidité avec laquelle cette passion historique pour les moments fondateurs du pays s’évanouit, lorsqu’il est question du rapatriement de la Constitution.

Il y a encore de la place pour le patriotisme en 2013. Il est à la base d’une solidarité sociale oubliée, au point où on ne différencie plus la politique de l’économie, la société du marché. Il n’y a rien de rétrograde dans le fait d’aimer sa patrie et de vouloir la servir. Ça ne veut pas dire de faire toujours primer le collectif sur l’individu, mais retenons que l’attitude contraire n’est guère plus souhaitable. Ça ne veut pas dire de se replier sur nous-mêmes, mais il faut comprendre que l’implication dans les communautés locales orientera les politiques étrangères du pays. Et puis, malgré la mondialisation, les États ont toujours plus de poids que les individus à l’international. Finalement, ça ne veut pas dire de s’accrocher à une identité figée et passéiste, mais il faut éviter de frapper de relativisme la culture majoritaire de la communauté. Cela n’empêchera pas cette culture d’évoluer et d’intégrer des éléments de la diversité des sociétés modernes. Comme l’écrivait l’historien Gérard Bouchard, « si l’identité est mère de l’action commune […], elle peut en être aussi l’héritière ».

François Pagé

L’histoire donne une vie aux valeurs d’une société qui ne sont autrement que des concepts théoriques sans substance. La démocratie, la liberté et l’égalité ne sont pas plus québécoises qu’elles ne sont anglaises, allemandes ou norvégiennes. C’est leur ancrage dans notre passé commun qui leur donne une saveur locale, un sens concret.

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Étrangers d’origine, Québécois de cœur

C’est le point de vue du sociologue Gérard Bouchard, coprésident de la Commission Bouchard-Taylor sur la question des accommodements raisonnables, dont le rapport a été remis en juin 2008. Selon lui, la majorité québécoise doit réviser un certain nombre de ses codes culturels, de façon à ce que les nouveaux venus se sentent tout aussi Québécois et bénéficient des mêmes droits. Ces changements représentent cependant pour certains une menace à l’identité collective. Pourtant, M. Bouchard assure qu’ils sont indispensables pour le respect des droits des minorités et explique que pour donner suite à une demande d’accommodement « elle ne doit justement pas porter atteinte aux valeurs fondamentales ». Cette crainte pourrait s’expliquer par le fait que la majorité francophone québécoise est elle aussi une minorité à l’échelle du continent et peut éprouver une insécurité face aux importants changements culturels qui la touche, notamment avec la mondialisation qui pose une menace à la langue française.

Des valeurs communes Selon M. Bouchard, la langue, la laïcité et l’égalité homme-femme sont fondamentales. C’est ce qu’a pu constater Sylvain Mouraret, un jeune pâtissier français qui souhaite s’installer définitivement au Québec. « Avant d’être Canadiens, ils sont Québécois. J’ai rapidement ressenti que le français était une énorme valeur, indispensable », raconte-t-il. Naëlla Zafar, d’origine indienne et pakistanaise, est arrivée en 2004 du Burundi. « Je ne me verrais pas revivre là-bas! Je me sens mieux dans une société qui respecte plus la femme, c’est ce qui m’a le plus marquée ici », expose-t-elle. Ce qui a particulièrement marqué Sylvain, c’est le respect. « C’est une mentalité qui me plaît, une façon de parler aux gens assez sympa, de saluer dans les magasins. Il y a moins d’agressivité, d’énervement. Ma blonde n’avait pas peur de rentrer à 4 h du matin, seule dans les rues », constate-t-il. M. Bouchard ajoute qu’en plus des valeurs inscrites dans les Chartes qui font l’objet d’un consensus, il y en a une multitude

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Photo: Luc-Antoine Couturier

« Le Québécois d’aujourd’hui ne ressemble plus à celui d’hier, l’interculturalisme est, désormais, une des valeurs fondamentales du Québec ».

d’autres, non écrites. « La non-violence est une valeur fondamentale. L’identité se concentre surtout sur la langue française maintenant. Une nation minoritaire se doit donc de cultiver un minimum de solidarité, d’unité, d’intégration. Ça aussi c’est fondamental », expose-t-il.

Savoir échanger Quitter son pays lorsqu’on ne connaît presque rien de celui dans lequel on va vivre, suscite de l’insécurité. Pour améliorer l’aspect de l’intégration, M. Bouchard croit que les immigrants devraient pouvoir participer davantage aux débats communs « qui sont assez vifs, mais qui restent très démocratiques ». L’insertion dans l’emploi reste, selon lui, un point sombre. « On soupçonne des problèmes pratiques, mais on soupçonne aussi des formes de discrimination discrète qui font obstacle à cette insertion. Là, on a beaucoup de travail à faire », assure-t-il. Sylvain Mouraret n’a que de bons souvenirs de son intégration au travail. « Au début, avec mes collègues on avait des petites anicroches au niveau de la langue, chacun a pris sur soi pour comprendre l’autre et ça n’a pas mis longtemps. On parle la même langue, mais les mêmes mots ne veulent pas toujours dire la même chose! On a surtout eu une couple de semaines de fous rires » se souvient-il. Il n’a qu’un seul mauvais souvenir à raconter. « Parfois, il y a de la méfiance, une seule fois quelqu’un m’a dit “ je vais te mettre une volée, t’es Français ”, ça reste isolé ». Il assure qu’en discutant, les méfiances s’effacent. Naëlla Zafar partage cet avis. « Quand j’étais à l’école, des fois pour te mettre en travail d’équipe, tu peux sentir que tu déranges parce qu’au départ les gens ne te connaissent pas. Quand on commence à

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parler, ça va bien, mais ce n’est pas très commun comme problème », raconte-t-elle. Selon Sylvain, le meilleur moyen de s’intégrer, c’est l’échange. « Il ne faut pas comparer. Il faut interroger les gens sur leurs histoires, leurs origines, écouter et prendre son temps. Il y a plein de choses à apprendre sur le Québec ». Sylvain et Naëlla se sentent parfaitement intégrés, en témoignent leurs accents teintés de québécois. Pourtant, Sylvain devra attendre en France avant de pouvoir s’installer définitivement ici, faute de paperasse parfois trop compliquée à remplir pour lui, comme pour des employeurs éventuels. Bien que Naëlla aime sa nouvelle vie, elle se sentira toujours un peu étrangère, peu importe l’endroit où elle vivra. « On attend de l’immigrant qu’il s’intègre à la société québécoise en adhérant aux valeurs fondamentales, en participant à la vie citoyenne, mais on accepte qu’il maintienne un lien avec sa culture d’origine. Il y a un équilibre à établir, il reste du travail, mais je pense que le Québec s’est pas mal débrouillé dans ce sens », conclut M.Bouchard.

Émilie Bonnefous Les valeurs québécoises telles qu’elles sont présentées sur le site officiel d’Immigration Québec : - Parler français, une nécessité - Une société libre et démocratique - Une société riche de sa diversité - Une société reposant sur la primauté du droit - Les pouvoirs politiques et religieux sont séparés - Les femmes et les hommes ont les mêmes droits - L’exercice des droits et libertés de la personne se fait dans le respect de ceux d’autrui et du bien-être général

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Rencontre avec Hugo Latulippe

Rêver un pays sur grand écran Sur l’affiche de la série documentaire Manifestes en série réalisée par Hugo Latulippe en 2008, un jeune homme, bonnet sur la tête et fumant la pipe, évoque la figure mythique du Patriote. Mais à la place d’un fusil, c’est plutôt une perche qu’il tient à bout de bras. Même s’il n’est pas le concepteur de l’affiche, Hugo Latulippe incarne parfaitement ce patriote des temps modernes. « J’aime mon pays, ah oui, j’aime mon pays, beaucoup beaucoup, beaucoup... J’allais dire comme j’aime bien des pays, mais non, c’est pas vrai, j’aime mon pays particulièrement. Oui je me considère comme un patriote, pas de doute pour ça. Il faut aimer le territoire où on vit, et les gens qui habitent dessus, son histoire et sa culture... », affirme-t-il. Le cœur du réalisateur, producteur, scénariste et directeur-photo originaire de Lac-Beauport bat très fort pour le Québec. Poète des mots et de l’image, il transpose son cri d’amour à travers des documentaires qui portent sa signature distincte. Mais ce sentiment amoureux qui l’habite n’est pas le seul combustible de son feu créatif, il est aussi lié à la frustration de ne pas voir la société québécoise évoluer à travers les valeurs démocrates et écologistes qu’il chérit. « C’est ça qui me fait faire des films, j’ai toujours un peu oscillé entre colère par rapport à notre projet de société, nos échecs, nos incapacités, et en même temps un grand amour de notre projet », déclare-t-il. Il faut dire qu’Hugo Latulippe est passé maître dans l’art de réaliser des films engagés sur le Québec. Bacon, le film, qui dénonce la polluante et écrasante industrie des mégaporcheries, l’a révélé aux quatre coins du Québec en 2001. Manifestes en série, composé de huit épisodes de 45 minutes, met en scène une brochette de patriotes, comme Hugo Latulippe les appelle lui-même, qui œuvrent chacun à leur façon à faire du Québec un endroit viable et égalitaire. Agriculture, économie, culture, santé et éducation, le réalisateur aborde les grandes thématiques de société et dépeint le Québec auquel il aspire. « Dans cette série-là, sans aborder directement la question de la souveraineté du Québec, je voulais aborder ce que c’est que d’être Québécois et de rêver ce pays dans l’avenir ». En 2011, il réalise République : un abécédaire populaire, qui se veut la suite logique de Manifestes en série. Sous forme d’entrevues, 53 acteurs influents et engagés tels l’anthropologue Serge Bouchard, le politicien Amir Khadir et le metteur en scène Dominic Champagne, livrent à la caméra

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leurs désirs et leurs idéaux. Non seulement Hugo Latulippe ose aborder les travers de la société québécoise, il apporte également des pistes de solutions et donne la parole à des protagonistes dont les discours réveillent les endormis et redonnent espoir aux désillusionnés. Des films sur le Québec, Hugo Latulippe promet d’en faire toute une série durant sa carrière. Toutefois, il se questionne sans cesse sur la portée de ceux-ci. Sans sous-estimer le pouvoir de l’art et du cinéma, le réalisateur demeure lucide. « C’est avec des lois qu’on bâtit un pays. Le fait d’écrire et de voter des lois, c’est fondamental et il n’y a pas de films qui peuvent faire ça, qui vont contribuer plus directement à un projet de société ». C’est pour cette raison que lui et sa conjointe, l’écosociologue Laure Waridel, ont souvent discuté ensemble de se lancer en politique. « Ce n’est vraiment pas un rêve, c’est plus une nécessité ! », s’exlame-il en riant, précisant qu’il « n’y voit pas d’intérêt du point de vue du bonheur quotidien ». « Ce que je fais dans la vie me comble complètement, c’est ça que j’ai choisi de faire, je n’ai aucune raison de faire de la politique », continue-t-il. Mais le cinéaste hésite, il est évident qu’il n’aime pas l’inertie. Il finit par avouer que peut-être, lorsque ses enfants seront plus vieux, il fera le grand saut et alternera entre caméra et lois.

Partir pour mieux revenir Hugo Latulippe n’oscille pas seulement entre le rêve et la lucidité, entre son devoir de citoyen et la création, mais aussi entre le Québec et la planète. Considéré comme un être « boulimique » par ses proches, les voyages, la littérature et la rencontre avec les gens constituent la nourriture première de son inspiration. Même si le Québec est souvent la vedette principale de ses films, Hugo Latulippe a en effet toujours eu des projets à l’extérieur de la Belle Province. Ceci dit, il estime important de trouver le juste équilibre entre les projets d’ici et d’ailleurs. « C’est ici que je suis citoyen d’abord et avant tout et que je peux parler le mieux. Mais pour comprendre

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et envisager le Québec, j’ai besoin d’aller ailleurs aussi », soutient-il, citant au passage l’écrivain québécois Jacques Poulin qui écrit ses romans depuis la France. Justement, Hugo Latulippe vivait en Suisse avec sa famille lorsqu’il a eu l’idée de réaliser République : un abécédaire populaire, son projet qu’il considère pourtant comme étant le « plus proche de l’actualité québécoise ». Frappé par un sentiment d’impuissance et de grand vide politique – le pire selon lui depuis 1960 –, alors que Stephen Harper et Jean Charest étaient au pouvoir, le cinéaste a fait un saut de trois semaines au Québec afin d’y tourner le film. Tout le reste, du montage à la postproduction, s’est effectué sur le Vieux Continent. Aventurier, Hugo Latulippe a fait ses premières armes dans le monde documentaire grâce à la fameuse émission Course destination monde auquel il a pris part en 1994 et qui l’a transporté dans 26 pays. Il a également coréalisé en 2004 le poignant Ce qu’il reste de nous, dans lequel une réfugiée tibétaine vivant à Montréal parcourt son pays d’origine en transmettant aux habitants un message d’espoir du Dalaï-Lama, une œuvre qui a fait le tour du monde et qui a remporté le Jutra du meilleur documentaire en 2005. Preuve que son regard est toujours tourné vers les autres contrées, Hugo Latulippe scénarise, chapeaute et produit une série documentaire qui sera présentée à Artv en 2014. Intitulée Le théâtre des opérations et tournée dans huit pays par plusieurs réalisateurs, elle traite des artistes qui pratiquent leur art dans des zones de conflit. Étant père de deux enfants, Hugo Latulippe limite davantage ses déplacements mais se rendra dans une dizaine de pays afin de tourner la deuxième phase du projet. Inspiré par plusieurs modèles de société, comme celui de la Scandinavie, et porté par les valeurs écologiques de pays comme la Suisse ou l’Allemagne, Hugo Latulippe façonne en quelque sorte un Québec à son image. « Je vois ça un peu comme un devoir comme Québécois d’être capable de prendre

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Courtoisie: © esperamos films

Hugo Latulippe

le meilleur partout et d’essayer de contribuer au monde auquel j’appartiens le plus, avec tout ce qui se fait de génial ailleurs ». Mais il avoue que certaines sociétés s’adaptent mieux que d’autres et que le Québec évolue parfois plus lentement. « Je compare, c’est certain, et je suis dur souvent avec nous parce que je trouve qu’on n’avance pas assez vite. Mais en même temps, on se rappelle assez rapidement qu’on est des Nord-Américains, et que tout autour il y a un monde qui nous tire vers le pire, assez fort ». C’est aussi en voyageant qu’il peut redécouvrir la beauté et les valeurs québécoises, empreintes selon lui d’une grande douceur. « Ce qu’on remarque quand on voyage en Europe, c’est la fraternité au Québec. Il y a deux générations, on était tous ouvriers ou paysans. On a conservé cette simplicité et ce

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vrai humanisme du quotidien, ce qui fait que j’aime les Québécois ». Hugo Latulippe ne manque pas non plus de célébrer la beauté culturelle et naturelle du Québec. « La beauté géographique qu’on n’a pas tout à fait commencé à voir, la beauté du patrimoine bâti qu’on enterre… Le fleuve, la toundra, ça, ça continue de me renverser et continuera de m’inspirer jusqu’à la fin des temps ». Justement, ce qui l’indigne le plus, c’est de constater l’indifférence de plusieurs personnes face à tant de beauté et d’histoire. « La laideur, c’est le « je me souviens pas pantoute », je ne souviens pas d’où je viens, je me souviens pas au jour le jour que ce que nous sommes est extrêmement fragile comme francophones sur ce continent-là, comme société égalitaire dans ce monde économiste et « ultra-turbo-capitaliste ». On ne

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voit pas toute la richesse qu’on a bâtie en 400 ans de vie parallèle à l’American Dream ». La mission d’Hugo Latulippe se révèle donc simple et complexe à la fois : « Moi je vais travailler jusqu’à mon dernier jour pour qu’on s’en souvienne » !

Marie-Michèle Genest

Hugo Latulippe vient de remporter le Prix du public au festival Visions du Réel, en Suisse, et le Prix spécial du jury aux Hot Docs de Toronto pour son film personnel et touchant intitulé Alphée des étoiles, qui se veut un message d’amour à sa fille, atteinte d’une maladie génétique rare.

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Un Québécois errant

Une année à voyager à travers l’Europe de l’Ouest avant même d’avoir 20 ans. Des étés entiers à parcourir l’Amérique latine. Des études supérieures poursuivies à Moscou, à Berkeley en Californie et à Beyrouth au Liban. C’est le parcours emprunté par JeanMichel Landry. Malgré l’apparence nomade de sa vie, une chose demeure cependant : il reviendra vivre au Québec. « Je souhaite que le Québec soit la société où grandiront mes enfants », confie-t-il. Au fil de ses rencontres et de ses découvertes, son sentiment d’appartenance envers sa province d’origine s’est accentué. « C’est chez nous ! », lance-t-il simplement. Être confronté à d’autres sociétés ne lui fait pas perdre son attachement pour le Québec. « Au contraire, ça le renforce ! On réalise qu’on aime sa mère quand on en est séparé. C’est la même chose avec l’endroit d’où l’on vient », remarque Jean-Michel. Lui-même a de la difficulté à décrire le sentiment qu’il éprouve. « Ce n’est pas de l’amour, c’est juste que j’appartiens au Québec. Point final. Ce n’est pas un choix », explique-t-il. Jean-Michel Landry refuse d’ailleurs l’étiquette de « patriote », précisant que ce terme réfère à l’amour de sa patrie. Il ne veut pas non plus que sa vision soit considérée comme du nationalisme. « Ce terme me fait tiquer, parce que ça réfère à une idéologie », aviset-il. Or, à ses yeux, il porte plutôt les valeurs québécoises de manière inconsciente, qu’il le veuille ou non. « Je porte l’identité québécoise comme je porte mon nom de famille », illustre-t-il. Cette appartenance est primordiale aux yeux de Jean-Michel, peu importe la distance qui le sépare du Québec. « Je ne pense pas que mon appartenance au Québec soit différente

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Photo: Félix Dupont

Il a grandi à Trois-Rivières. Il vit au Liban. Jean-Michel Landry, doctorant en anthropologie est exilé depuis cinq ans. Pour lui, le Québec représente beaucoup plus qu’une terre d’origine. En fait, il souhaite y passer sa vie. À 33 ans, il considère son éloignement actuel comme une parenthèse. « J’ai quitté le Québec pour mieux y revenir », affirmet-il.

« J’ai quitté le Québec pour mieux y revenir, pour pouvoir faire ce que je veux, chez moi » - Jean-Michel Landry

de celle des autres Québécois. Par contre, comme je vis à l’extérieur, j’ai eu l’occasion d’y réfléchir », constate-t-il. Pour alimenter son identité québécoise, JeanMichel tente, à sa manière, d’habiter le Québec. « Les premières pages Internet que j’ouvre sont Radio-Canada, Le Devoir, La Presse. Je fais le plein de l’actualité québécoise avant toute chose », précise-t-il. À cela s’ajoutent plusieurs activités. « Je discute de politique québécoise avec mon père et mes amis au moins une ou deux fois par semaine. En période électorale, je m’engueule sur Skype et je passe des nuits blanches à suivre les soirées électorales ». Il écrit pour des journaux québécois, en plus de contribuer actuellement à un projet de couverture des élections libanaises pour le Québec. « Très modestement, je me sers de mon expérience à l’étranger pour parler aux gens qui m’entourent au Québec. C’est à ces gens-là que j’ai envie de parler », dit-il. Par ailleurs, il remarque les avantages que peut représenter le fait de vivre dans la belle province. « Comme on est une petite nation, on a une proximité avec les lieux de pouvoir. Si on prend les moyens, chacun de nous peut influencer l’opinion publique, parce que les médias sont à notre portée », signale-t-il. « L’actualité sur laquelle j’ai envie de peser à ma mesure, c’est celle québécoise. Je n’ai pas de levier sur l’actualité américaine ».

lui un exil. « Aussi paradoxal que ça puisse paraître, le fait de poursuivre mes études à l’étranger était la meilleure garantie pour moi d’obtenir un boulot que j’aime au Québec », affirme Jean-Michel. Cette expérience lui apporte une conception toute particulière de l’identité québécoise. Pour assurer leur survie, les Québécois devront, selon lui, s’affirmer moins culturellement que politiquement. « Pour moi, quelqu’un qui vit son identité québécoise, ce n’est pas celui qui porte une ceinture fléchée et des bas de laine. C’est quelqu’un qui se bat pour l’avenir du Québec. Peu importe d’où il vient, peu importe son accent », spécifie-t-il. Jean-Michel est formel : ce qu’on désigne comme étant la « culture québécoise » est appelé à se transformer, et c’est tant mieux, car ça laisse place à une affirmation, à un engagement politique. « Si l’attachement, l’appartenance au Québec peut se faire politiquement, c’est une ouverture, parce que c’est beaucoup plus facile pour un immigrant de s’intéresser à la politique et de prendre parti que de perdre son accent », fait-il remarquer. Malgré la distance, Jean-Michel Landry demeure décidément concerné par les enjeux et l’avenir du Québec. Loin des yeux, près du cœur…

Camille Bélanger-Vincent

Son départ vers Berkeley en 2008 était pour

réalise l’espoir

Juin 2013


Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil du statut de la femme, revenait tout juste de Jordanie où elle présentait le modèle québécois dans le cadre d’une conférence sur l’autonomie financière des femmes organisée par Oxfam-Québec, quand elle a accordé cette entrevue téléphonique à La Quête. Faire connaître le féminisme aux jeunes femmes, pour qu’elles soient conscientes du chemin parcouru, est l’une de ses préoccupations majeures.

Courtoisie: Julie Miville-Dechêne

Pour qu’elles se souviennent

Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil du statut de la femme

40 ans d’amélioration, et ça continue Journaliste à Radio-Canada pendant plus de vingt ans, Mme Miville-Dechêne croit qu’elle est toujours une journaliste dans l’âme. Elle est d’avis qu’il ne faut rien tenir pour acquis et toujours valider l’information. Elle continue de prôner cette approche dans son travail actuel. À titre de conseiller du gouvernement, le Conseil du statut de la femme doit avoir des arguments qui représentent des faits.

De témoin à acteur En quittant le journalisme en 2008, l’ancienne ombudsman de Radio-Canada voulait cesser d’être témoin et commencer à être porteuse d’une cause, soit le féminisme, une conviction qui lui vient de sa mère. La recherche demeure toujours importante pour celle-ci et lui permet de mieux accomplir son désir de changer les choses. Mme Miville-Dechêne parle du Conseil comme d’un chien de garde des politiques qui touchent les femmes. « La beauté de ce mandat, c’est que contrairement à la vie dans un ministère, par exemple, moi j’ai une liberté de parole assez grande pour dire ce que je crois qu’il faut faire pour les femmes ». Elle précise que le Conseil est totalement libre de faire valoir aux médias ses opinions à propos des différents projets de loi en lien avec la femme. En parallèle, ce qu’elle a réalisé et ce à quoi elle doit faire face tous les jours, « c’est à quel point les choses changent lente ment » au sein de l’appareil gouvernemental.

Juin 2013

Le Conseil du statut de la femme fête son 40e anniversaire. Il va sans dire que cet organisme gouvernemental est « né en pleine révolution féministe où il y avait encore des lois complètement diffamatoires contre les femmes », rappelle Mme Miville-Dechêne. Les objectifs du Conseil ont donc bien changé depuis. Ce que déplore Julie Miville-Dechêne, c’est que les jeunes d’aujourd’hui ne perçoivent pas d’iniquité entre les hommes et les femmes. Également, ils ne sont pas conscients des progrès de la communauté québécoise pour l’égalité entre les sexes. La présidente croit que « les médias sociaux nous ont fait reculer ». L’image très sexualisée de la femme est frappante pour ceux qui ont vécu la libération, explique-t-elle. Cependant, elle remarque que les jeunes ne voient pas ce recul, car l’hypersexualisation fait partie de leur environnement quotidien. Dans le même ordre d’idées, Mme Miville-Dechêne croit que les stéréotypes quant au sexe des individus sont profondément ancrés chez chaque personne. Elle s’est même surprise à les transmettre elle aussi à ses enfants, en disant à sa fille qu’elle est belle et à son garçon qu’il est fort. Son but, à titre de présidente du Conseil, est donc d’atteindre les jeunes puisqu’ils ne sont pas sensibilisés à la raison d’être du mouvement féministe. Elle est navrée de constater que les jeunes femmes ne veulent pas se dire

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féministes parce que le mouvement revêt une connotation négative par les stéréotypes qu’on lui a accolés. Pour rejoindre les jeunes, la présidente s’est donc créé un blogue ( http ://blogue-presidente.csf.gouv.qc.ca/) afin de recueillir leurs idées et d’interagir avec eux, en plus d’être sur Twitter. Elle n’hésite pas non plus à intervenir dans les médias et à participer à des entrevues, pas seulement pour se plaindre, mais surtout pour saluer les victoires. Elle croit que le négativisme repousse les jeunes.

Chloé Patry-Robitaille Parmi les femmes qui l’inspirent, Julie Miville-Dechêne nomme d’emblée Micheline Dumont, pionnière des recherches en histoires des femmes au Québec. Cette dame a d’ailleurs écrit Le féminisme québécois raconté à Camille, sa petite-fille alors âgée de 15 ans, publié aux Éditions du remueménage en 2008. « Ce livre s’adresse aux jeunes femmes du XXIe siècle, à qui je souhaite raconter l’histoire du féminisme au Québec depuis plus d’un siècle. Il s’adresse aussi à toutes les femmes qui n’ont pas beaucoup d’atomes crochus avec les livres savants, avec les notes au bas des pages ou avec les rapports de recherche. »

— Micheline Dumont, extrait de l’avant-propos

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Rencontre avec Ivy

Celui qui ne veut pas marcher sur la rue Ivy, de son vrai nom Ivan Bielinski, est un fier défenseur de la langue française. Son arme de combat ? Le slam, un mélange de chanson et de poésie. L’artiste engagé l’avoue lui-même : il possède un regard différent sur la lutte des Québécois pour la sauvegarde de leur langue. Un regard qu’il partage ce mois-ci avec La Quête.

« Je me suis rendu compte que la plupart des anglophones ici [à Montréal], parlent français, alors que les francophones se font un malin plaisir d’ajouter des mots anglais dans leur langue. Je me sens dans une ville américaine » explique-t-il à l’autre bout du fil. Mais les Québécois ne prennent pas encore assez conscience de cela, regrette l’artiste. Ils croient parler correctement. « Pour les Canadiens-français de souche, la langue c’est ethnique, c’est la langue que parlaient leurs ancêtres, alors que ce n’est pas vrai. Si leurs ancêtres les entendaient parler aujourd’hui, ils ne comprendraient rien ». Pour le slameur, il est donc important de détacher le français de l’ethnie québécoise, c’està-dire qu’il faut arrêter de le voir comme une forme de créole associé à la Belle-Province. La défense du français, c’est la défense de la langue parlée partout dans la francophonie, une langue qu’on perd tranquillement au Québec, selon lui. « Le français est une langue autrement plus riche que l’histoire du Québec. C’est une langue très articulée, précise, contrairement à ce qu’on en fait, explique l’homme originaire de Strasbourg, en France. Il faut quitter cette espèce de véhicule ethnique pour en faire un lieu d’appartenance pour tous. À l’internatio-

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Photo: Christina Alonso

« Le combat n’est pas tellement contre les Anglais que contre nous-mêmes », déclare d’emblée Ivy. Il l’avoue sans détour, le français se perd au Québec, mais ce n’est pas aux mains des anglophones. Au contraire, nous sommes nous-mêmes à blâmer, selon lui. Une réalité qui l’a frappé après avoir déménagé de Québec à Montréal, il y a quelques années.

Ivy

nal, dans la francophonie, les seuls qui ont de la misère à se faire comprendre, c’est nous ».

à utiliser le français comme les anglais utilisent l’anglais ».

En faire le bon usage

Pour l’homme élevé en Beauce, c’est le français parlé qui « est en péril » dans la province, et non le français écrit. Il est très inquiet du futur du français au Québec, à commencer par celui parlé à Montréal. « Pour un Montréalais, utiliser l’anglais c’est toujours un moyen de se mettre en valeur. Je ne comprends même plus les animateurs ! On utilise de préférence le mot anglais que le mot français, soutient-il, c’est aberrant ».

« Mon combat, dans le français, est donc un combat grammatical, de vocabulaire et linguistique. On ne peut pas « marcher sur la rue » en français, c’est impossible, on ne peut même pas « habiter sur la rue ». Pourtant, on entend cela tous les jours. Ce n’est pas grave ? Oui, c’est grave, bien plus qu’on pense », plaide-t-il. Pour faire sa part, Ivy donne des ateliers aux jeunes sur la langue. Il souhaite les amener vers la bonne utilisation des termes français, vers les bonnes tournures. Suivre les règles de grammaire et de syntaxe, c’est essentiel dans toute société. « Tu ne peux pas penser correctement dans un système, où la préposition ne joue pas le rôle qu’elle devrait jouer et où les pronoms relatifs ne sont pas assemblés de la bonne façon, note-t-il. On a une parlure qui se rapproche maintenant plus d’une langue complexe, lourde, parce qu’on a tendance

réalise l’espoir

Bien sûr, Ivy le dit lui lui-même : il n’a qu’une vision montréalaise du français québécois. Mais comme un de ses amis documentariste lui disait : « Si Montréal tombe, il faut partir le compteur pour le reste de la province… ». Reste que le fondateur de la Ligue québécoise de slam se demande de plus en plus s’il y a encore de la place pour le français dans l’identité québécoise… Le débat est lancé.

Marc-Antoine Paquin

Juin 2013


Luc-Antoine rencontre...

Catherine Dorion

C’est quoi le nationalisme pour toi, Catherine ? C’est un attachement à quelque chose de difficilement définissable qui concerne une collectivité partageant un même territoire. Ici, c’est avoir un sentiment d’appartenance à la collectivité québécoise, sans avoir besoin de définir quoi que ce soit. Avoir à cœur le sort de ton voisin. Tu n’es pas obligé de l’aimer, c’est comme dans une famille. Et quand tu as ce sentiment d’appartenance et que tu es quelqu’un de positif, de bien intentionné, tu vas avoir envie que cette famille-là se porte bien, même si elle a plein de défauts.

Ce désir t’a incité à te lancer en politique de façon assez audacieuse. Ça fait fleur bleue, mais j’ai envie de faire du bien à ma collectivité. On se tape gros sur la tête, autant dans les milieux de droite — à la radio de droite, c’est intense! — que de gauche, que dans les milieux artistiques et intellectuels. Partout. Quand quelqu’un se dit tout le temps qu’il n’est pas bon, il ne peut pas s’épanouir et réussir. Au Québec, on fait ça collectivement. La société québécoise ne s’aime pas. Les réussites collectives en souffrent : il y en a moins, on n’est pas heureux avec ça, et en tant qu’individu on n’a pas envie d’aller mettre l’épaule à la roue. Résultat : on se prive de notre force collective. Être uni par quelque chose de profond qui enthousiasme les gens, c’est un outil énorme pour le changement social. Mais comme ici on pense que le collectif c’est de la merde, on n’utilise pas cet outil, on ne va pas vers le pouvoir et on n’essaie pas de s’améliorer collectivement. Il faut que le collectif québécois redevienne un espace que les gens ont envie d’investir, que ça redevienne inspirant. En attendant, on est en train de se faire bouffer nos espaces de création, d’humanité. On est à la merci du système — société de consommation et de travail —, il y a juste ça.

Juin 2013

Et ça ne nous rend pas heureux : il y a plein de problèmes de santé mentale, de suicides... J’ai envie qu’on soit plus joyeux, j’ai envie de faire du bien à ma collectivité. Avant de faire mon saut en politique, j’ai regardé là où mon grain de sel ferait le plus d’effet possible et je me suis embarquée là où je croyais que mon action allait être la plus efficace.

Photo: Luc-Antoine Couturier

Catherine Dorion est auteure, comédienne et militante politique du Québec, candidate dans Taschereau pour Option nationale lors des élections générales de 2012.

Là où c’est conforme avec tes aspirations ? Ce serait un traumatisme extrêmement positif pour la psychologie collective québécoise que de faire l’indépendance. On a besoin de quelque chose comme ça pour nous kick-starter. Actuellement, c’est l’inertie totale ! Je ne crois pas que le Parti Québécois va faire l’indépendance ou même faire avancer l’idée. Pas plus que Québec Solidaire, que je respecte beaucoup par ailleurs.

Comme si ces deux partis ne croyaient pas vraiment à la souveraineté... Je pense qu’ils trouvent que c’est trop difficile. Ils mettent leurs efforts ailleurs parce qu’ils ne croient pas vraiment que l’indépendance puisse se réaliser dans les circonstances même, si au fond d’eux, ils le désirent. Alors ils considèrent un peu l’énergie investie pour réaliser l’indépendance comme du gaspillage. Ils se disent peut-être aussi qu’à côté des autres causes, l’environnement, les espèces qui disparaissent pour toujours, la pauvreté dans le monde… qu’à côté de ça, l’indépendance, ce n’est rien, sauf que pour moi c’est un outil qui nous stimulerait autour de notre puissance collective et nous donnerait le pouvoir d’enfin faire quelque chose pour ces autres causes-là. Présentement, on ne peut rien faire : on est pogné à ne parler que de santé et d’éducation. Il faut momentanément mettre tous nos efforts sur l’indépendance. Juste pendant deux, trois, cinq ans. Ce n’est rien à l’échelle de l’histoire d’un peuple.

Il ne faudrait tout de même pas oublier les problèmes de l’État et la gérance quotidienne

l’élection, parce qu’après, tu vas être pris dans la « poutine du pouvoir » et que tu n’auras plus le temps de convaincre la population ».

Il ne passe pas par quatre chemins M. Aussant. Il s’adresse à l’intelligence des gens au lieu d’arriver avec une phrase écrite par le directeur des communications du parti.

Que dirais-tu à quelqu’un qui se demande ce qu’il peut faire là-dedans ? Je lui dirais que c’est l’fun de vivre dans le risque. Et risquer, aujourd’hui, c’est oser affirmer. Pour protéger notre image, notre employabilité, notre réputation, on aime souvent mieux rester dans l’individualisme et ne pas s’afficher avec d’autres pour une cause commune. Dans certains pays, ils n’osent pas militer parce qu’ils craignent de se faire torturer. Ici, c’est parce qu’on a peur de perdre des degrés d’employabilité! Peu importe que tu sois écologiste, que tu parles de la condition des femmes ou de la pauvreté, si t’as peur de t’afficher, tu participes à la pérennité du système imposé. Moi je dis que c’est l’fun de prendre le risque de s’afficher et de se mêler à ces batailles. Les gens impliqués ne sont pas des frustrés, au contraire, ils sont ouverts et ont envie de participer au changement. On se sent vivant. Ça donne du sens à sa vie. Quand on va être sur notre lit de mort, c’est ce genre d’implication qui va nous faire dire qu’on a eu une belle vie.

Luc-Antoine Couturier

Comme le dit Jean-Martin Aussant : « il faut fixer l’objectif sur l’indépendance avant

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NOUS TE FERONS, TERRES DE QUÉBEC

moment. Par galanterie, je ne lui demande pas son âge. « Il n’y a personne à la tête du pays capable d’unifier les gens. Ce qui s’est passé en 2012 n’a pas été jusqu’au bout. Il faut des leaders avec de la verve et rassembleurs, ce qui n’est pas le cas présentement. C’est démotivant comme situation », explique-t-elle, tout en fumant sa du Maurier. Amère, elle m’explique que selon elle, les immigrants sont les plus à plaindre. « Ils arrivent ici, avec leurs diplômes et tout, en ayant l’espoir d’avoir une vie meilleure. Ils finissent soit sur le B. S., soit à travailler dans un taxi ou un dépanneur. » Après avoir jeté son mégot, elle traverse Berri pour rejoindre son ami.

En premier, il y eut René, un retraité de 65 ans, installé à l’ombre, tout sourire, cachant ses yeux derrière des lunettes fumées. « Cela ne représente rien de particulier. Les gens ne croient plus en rien, ni en Dieu ni en leur pays. », me dit-il, en repliant ses doigts autour d’un de ses nombreux chapelets. Devant nous se tenait un jeune musicien de la rue du nom de Daniel. Je traverse la rue et me présente. « Je viens du Saguenay », me dit-il après quelques minutes. Pour gagner quelques sous de plus, il gratte sa guitare au soleil en chantant d’une harmonieuse voix rauque ses chansons préférées. Avec sa casquette noire, son visage mince et ses longs cheveux, il vagabonde ainsi dans le centreville. « J’ai de la misère avec le patriotisme en tant que tel. C’est une manière d’encourager les gens à faire la guerre et, dans ce sens, c’est complètement stupide. On le voit bien avec ce qui se passe aux États-Unis ». En marchant encore un peu, je décide de m’asseoir près d’une femme à la camisole rouge qui fume tranquillement. J’attends un moment que les volutes de fumée quittent ses lèvres avant de lui poser ma question. « Ça n’existe plus », répond-elle du tac au tac. Elle s’appelle Joanne et travaillait comme vendeuse, mais est sans emploi en ce

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Photo: Rémy-Paulin Twahirwa

René

il y a cinquante ou cent ans. Avec la mondialisation, je pense que ce sentiment va disparaître ». Le couple doit partir. Ils n’ont que quelques heures avant leur vol. La place Émilie-Gamelin, abandonnée par la jeunesse révoltée du Printemps érable, est redevenue le repère de quelques sans-abris et vendeurs de drogues. Mais on y rencontre aussi des gens dont la seule présence s’explique par la température et le soleil. Jade est l’une de ces personnes. Elle déguste une barre de chocolat à mon approche. La jeune étudiante, née un 24 juin, me dit ne pas avoir d’opinion personnelle sur le patriotisme. « Ce que je peux dire par contre, c’est qu’il n’y a rien qui me rattache spécialement au Québec. Que je sois née ici ou ailleurs, cela n’a pas vraiment d’importance ». Une autre étudiante non loin de là est assise dans les marches donnant sur Sainte-Catherine. « Pour moi, le patriotisme c’est mon attachement au Québec et à la langue française », me confie Julie, originaire de Sherbrooke. Lorsqu’on parle de la situation de la langue, elle fronce des sourcils et se fait plus intéressée : « J’aime beaucoup mon pays et je trouve ça vraiment difficile de voir qu’il y a tant d’anglophones à Montréal. D’autant plus qu’il y en a qui ne parlent pas du tout le français.

Daniel Un peu plus tard, je rencontre un couple de touristes. Deux Français qui visitent la ville avant de s’envoler pour New York. « Le patriotisme, c’est une façon d’agir et d’être qui nous unit tous et toutes à notre pays », me dit Jean, un grand type qui a quelque chose entre Depardieu et l’Antoine Bertrand du film Louis Cyr. « Je suis Breton », dit-il en riant. Son épouse, une femme aux cheveux châtains semble un peu embêtée, mais répond tout de même. « Pour moi, c’est quelque chose qui se perd. Il n’y a plus de fierté patriotique, au même sens qu’on l’entendait

réalise l’espoir

Photo: Rémy-Paulin Twahirwa

Photo: Rémy-Paulin Twahirwa

Montréal est belle et chaude dans cette après-midi du mois de mai. Les nuages gorgés des neiges de l’hiver ont lentement fait place aux pluies et au doux climat du printemps. Mai annonçant le début de l’été et la fin de la session, les étudiants pullulent déjà face au pavillon Judith-Jasmin de l’UQÀM, troquant l’écran de leur ordinateur pour le verre de sangria et la cigarette sur une terrasse de la rue Saint-Denis. Mais ils ne sont pas seuls, on retrouve également des retraités, des hommes d’affaires, des vendeurs, des commerçants et des restaurateurs se frottant les mains à l’approche de la haute saison, des banquiers et même quelques touristes. La difficulté d’un vox pop ne réside donc pas à trouver des gens avec qui parler, mais bien de pouvoir photographier avec justesse leurs pensées sur une question à laquelle il n’avait pas prévu répondre : « C’est quoi le patriotisme pour vous ? »

Jade Juin 2013


Photo: Rémy-Paulin Twahirwa

Photo: Rémy-Paulin Twahirwa

Pierre a quitté la France il y a près de cinq ans pour travailler ici dans le domaine bancaire. À 31 ans, il dit s’être bien intégré à son pays d’accueil. « Je suis nationaliste, alors c’est pire que patriote », dit-il pour m’avertir. Je le rassure en lui disant qu’il peut parler librement. Il rit, mais j’ai l’impression que son rire cache quelque chose de plus profond. « Pour moi, le nationalisme c’est avoir l’amour de la nation, dit-il d’un air passionné. Cet amour se retrouve chez les gens qui composent son identité culturelle. Quand tu es patriote ou nationaliste, tu veux mettre un cercle protecteur autour de cette identité culturelle ».

Julie La circulation est plus dense. De nombreux cyclistes ont envahi les rues. C’est la fin de la journée. Fred, 41 ans, rentre chez lui à vélo. Il travaille dans un hôpital en tant que préposé aux bénéficiaires. « Le vrai patriote, c’est celui qui exerce son devoir citoyen en dehors de la période électorale. Le vrai patriote, c’est celui qui va dans la rue pour se faire voir et se faire entendre ». La lumière est verte. On klaxonne. Il me salue rapidement et rejoint le flot de cyclistes. Je suis fatigué. Je m’installe sur un banc près de la Grande Bibliothèque. Un homme au teint mat est assis non loin de moi. Il me regarde. Je lui explique ce que je fais avec mes papiers et mon téléphone portable. « Je fais un vox pop ». Il me dit qu’il parle peu le français. Je lui réexplique en anglais mon travail. C’est un Barbadien de 60 ans. Il vit ici depuis quelques années, mais n’a pas

Juin 2013

Photo: Rémy-Paulin Twahirwa

Photo: Rémy-Paulin Twahirwa

De plus en plus de gens arrivent ici avec leur propre culture au détriment de la culture québécoise. À long terme, je pense qu’il y a une perte d’identité culturelle ».

d’emploi fixe. Je lui demande ce qu’il pense de ma question. « Le patriotisme, c’est lorsqu’une personne est loyale à son pays ». Lequel ? Aucune réponse. Les terrasses se vident. Les banques, les restaurants et les parcs aussi. Plusieurs s’engouffrent dans leur voiture ou dans une station de métro. Certains disparaissent sur un vélo ou à bord d’un autobus. Un peuple entier en mouvement dans un coucher de soleil. « Nous te ferons, terres de Québec », crie Miron.

Rémy-Paulin Twahirwa

Pierre réalise l’espoir

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Il était une fois des patriotes Robert Maltais Il était une fois un pauvre chroniqueur qui se creusait la tête pour écrire une chronique originale sur le thème du patriotisme, si possible, en réalisant que ce n’est pas du tout évident de mettre quelques notes d’originalité, encore moins d’humour, dans pareil sujet.

étaient majoritairement des Canadiens-français? Et qu’en dépit de cette majorité démocratique, le pouvoir politique appartenait néanmoins à la députation anglaise minoritaire, de même que le pouvoir économique ?

Entre nous, quel beau casse-tête et privilège tout de même que le métier d’écrire, que je pratique depuis 35 ans !

C’est pour contrer la domination de l’élite anglaise, menant sournoisement à l’assimilation de la population canadienne-française, que nos braves ancêtres ont pris les armes en 1837. Mais on ne réécrira pas l’Histoire. On sait comment les événements ont tourné.

C’est que l’amour de la patrie, amis lecteurs et lectrices, n’a en soi rien de bien rigolo a priori. Il n’est pas aisé de parler de patriotisme à la légère parce que ce maître-mot fait appel à des sentiments élevés comme la patrie et le sens du devoir. Devant la patrie et le devoir, tout humain n’a en principe qu’à s’incliner. Bien des guerres stériles ont trouvé leur légitimité, leur excuse même dans ces seuls mots. À travers l’histoire de l’humanité, on ne compte plus le nombre de soldats morts au champ d’honneur, des êtres humains qui ont donné leurs vies au nom de la patrie et de la liberté. À tire de fiers Québécois et Québécoises, n’avons-nous pas tous hérité à notre naissance d’une fibre patriotique exacerbée, ne serait-ce qu’en raison des chemins raboteux qu’a emprunté notre histoire collective, celle de la Nouvelle France, devenue le Bas-Canada, plus le Québec.

Mais cela n’a pas empêché le Québec d’évoluer et de fleurir dans la culture française, contre vents et marées. Bien que de plus en plus multiculturel et multiethnique, le Québec d’aujourd’hui n’en constitue pas moins la plus importante communauté francophone d’Amérique. Nous sommes ce petit village gaulois entouré d’un océan anglophone. La résistance fait partie intégrante de nos gênes. Comment ne pas chérir sa patrie québécoise quand on y a vu le jour et qu’on a eu la chance de voyager, comme moi, à travers plusieurs pays et continents, en Europe et en Afrique ? Comme le dit si bien le proverbe : « quand on se compare, on se console ». Les quatre saisons québécoises me ravissent et n’ont rien à envier, pour moi, aux autres pays de la planète…sauf évidemment quand il fait moins -30 Celsius dehors. C’est le prix à payer pour vivre dans une contrée nordique.

Comment aborder la question du patriotisme sans penser à une page marquante de l’histoire du Québec : la rébellion des patriotes canadiens-français de 1837 et 1838 ? Difficile en effet d’occulter un moment aussi tragique dans l’évolution du peuple québécois. Que de sentiments contradictoires nous inspire cette période historique déchirante : misère et pauvreté généralisées, désespérance, courage et témérité devant l’adversité et les injustices sociales. Et surtout, tel un cri du cœur, le refus de l’assimilation anglophone.

Je laisse volontiers les chaleurs torrides et les paysages désertiques aux oiseaux du Sud.

Un jardin de roses ?

Socrate, l’un de nos plus grands philosophes disait que l’humanité ne fait qu’un. Encore faudrait-il s’efforcer de comprendre la portée réelle des paroles de ce vieux sage!

La marche de l’humanité n’est pas un jardin de roses. L’histoire du Québec n’y fait pas exception.

J’aime ma patrie, comme vous tous j’imagine. Mais là où l’amour de la patrie trouve ses limites et devient malsain, c’est quand le patriotisme se déguise sous le manteau d’intégristes radicaux, aveuglés par leurs causes, se transformant en haine, en absence totale de respect pour la vie humaine.

Qui se rappelle qu’il existait au Canada-français, au début du 19e siècle, un parti politique portant le nom de Parti patriote et que ses représentants dûment élus à l’Assemblée législative du Bas-Canada

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Robert Maltais

réalise l’espoir

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Photo: Pierre Maltais

Incursion dans l’univers de la psychiatrie avec le Dr Marc-André Roy*

Dr Roy, pourquoi avoir choisi la psychiatrie comme métier ? Un soir de garde pendant mon stage d’internat, j’ai perçu l’hôpital comme un garage où les médecins réparent des pièces, car ils traitent souvent les gens de manière parcellaire : le cardiologue ne s’occupe que du cœur! Puis, quand j’ai fait mon stage en psychiatrie, j’ai ressenti un sentiment de vocation en découvrant que là, on s’intéresse à la personne, on lui parle.

Parlez-moi de vos compétences ? Après ma médecine, j’ai fait 4 ans en psychiatrie à Québec et 3 ans en recherche aux États-Unis. Mes lectures, la fréquentation de congrès et l’expérience clinique m’ont permis de développer des compétences supplémentaires. Je suis un chercheur et un spécialiste en intervention précoce, c’est-à-dire que je travaille avec les gens qui commencent un traitement pour une psychose.

Comment établissez-vous les diagnostics ? On peut utiliser des tests pour s’assurer qu’il n’y a pas de maladie neurologique. Cependant, dans l’immense majorité des cas, la résonnance magnétique du cerveau d’une personne atteinte de schizophrénie ne révèle aucune anomalie. Si l’on compare 50 personnes atteintes de schizophrénie à 50 personnes non atteintes, on trouve éventuellement des tendances de petites anomalies, mais ces résultats ne sont pas suffisamment justes, à ce jour, pour que nous les utilisions à des fins de diagnostic.

Comment soignez-vous les gens ? Actuellement, le choix de traitement se base sur des indicateurs très approximatifs. Dans certaines situations, on estime que telle présentation clinique, telle médication devraient bien fonctionner. On découvre par tâtonnement. Chacun a ses recettes.

Chaque patient reçoit un traitement unique ? Absolument. Pour poser le diagnostic, ça peut être difficile, mais au-delà, il importe d’individualiser le traitement.

Quelle est la part du côté humain dans votre travail ? Elle est essentielle, car il faut établir une alliance thérapeutique basée sur la relation.

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Ça ne s’impose pas par la compétence ou le savoir, mais par l’attitude. Il faut démontrer que la personne importe, qu’elle n’est pas un numéro. Ayant une excellente mémoire, je me rappelle de détails qu’elles m’ont racontés — ce qui les étonne souvent — et qui démontrent que je ne m’intéresse pas uniquement à la maladie, mais aussi à la personne, à ses aspirations et à ses passetemps. Évidemment, il faut garder un cadre professionnel, sans qu’il soit trop rigide.

Parlez-moi de votre approche professionnelle ? Je m’inscris dans la mouvance de la prévention précoce où l’on intervient de manière énergique et intensive en début de maladie pour empêcher le développement d’handicaps et permettre le rétablissement rapide. On ne dit pas à nos jeunes : « écoute t’es schizo, t’es fini, mets-toi sur l’aide sociale pis fume tes cigarettes. » Le message qu’on livre est : « t’as un problème de santé sérieux, le chemin ne sera pas nécessairement facile, mais on pense que tu as d’excellentes chances de te rétablir et de retrouver un bon niveau de fonctionnement. » C’est un traitement basé sur l’espoir où l’on est très interventionniste. Si la personne ne se présente pas à son rendez-vous, on lui court après. On la relance. On va la voir chez elle, s’il le faut. On n’hésite pas à utiliser les médicaments par injection, mais on intervient de différentes manières, pas seulement par le biais de la pharmacologie. On travaille beaucoup avec la famille, on utilise la psychothérapie cognitivo-comportementale, la psychoéducation. On soutient activement la personne dans son retour aux études, au travail. On travaille très étroitement avec les organismes.

Retirez-vous autant de satisfaction de votre travail qu’au début de votre carrière ? Je pense que je trippe plus sur mon travail que quand j’ai commencé.

Et pourquoi ? Je suis meilleur que j’étais (rires !) Sincèrement, j’ai appris énormément et je suis plus efficace. Quand je suis arrivé ici, les gens étaient encore « dans le vide », maintenant, je vois des jeunes qui terminent des études universitaires, qui trouvent un emploi, qui ont une relation amoureuse satisfaisante. Le sentiment d’avoir contribué à cela, d’avoir

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joué un rôle clé dans ce cheminement-là, me donne une profonde satisfaction. Mon équipe interdisciplinaire de travail (travailleuse sociale, infirmière, psychologue, pharmacien, ergothérapeute, etc.) contribue également à ma satisfaction. C’est vraiment génial de travailler avec des gens de cette qualité. De même, le fait de savoir que la personne serait à Melbourne, à Londres ou à Amsterdam et qu’elle ne serait pas mieux traitée qu’ici est très gratifiant. On est vraiment dans les hauts standards internationaux, même que sur certains aspects, on peut offrir des leçons à pas mal de monde. C’est vraiment la satisfaction du travail bien fait.

Quelles sont les qualités essentielles à l’exercice de votre profession ? L’empathie, l’empathie et encore l’empathie. De l’humilité : chaque fois que je rencontre une nouvelle personne, je dois développer de nouvelles habiletés, un nouveau langage pour entrer en contact avec elle. L’humilité dans l’équipe aussi. De la manière dont notre système est fait, c’est moi qui ai la responsabilité de prendre la décision définitive, mais les meilleures idées ne viennent pas toujours de moi. Ça prend aussi de la patience et de la persistance parce que parfois, les situations semblent désespérées et on ne sait par quel bout commencer. C’est peut-être une des raisons pour laquelle j’aime mieux mon métier qu’avant. Quand je rencontre des situations épouvantables, je sais qu’on va finir par trouver une solution.

Referiez-vous le même choix de carrière ? Oui ! J’ai le sentiment d’avoir l’emploi fait sur mesure pour moi!

Entrevue réalisée par Pierre Maltais** * Marc-André Roy est professeur agrégé de psychiatrie et neurosciences à la Faculté de Médecine, Université Laval; chercheur et directeur de la recherche clinique intégrée aux soins au Centre de recherche Institut universitaire en santé mentale de Québec (IUSMQ); psychiatre et chef de services, programme troubles psychotiques à l’IUMSQ **Au cours des prochains mois, Pierre Maltais nous livrera une série d’articles sur les problèmes de santé mentale.

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Service Jeunesse Haïti : de l’aide humanitaire différente

Une journée passée dans la vie de 30 jeunes de 18 à 30 ans qui veulent changer le monde à leur façon. Leur but : travailler avec des enfants qui ont tout perdu dans le séisme ayant touché Haïti en janvier 2010. Le contact avec ces jeunes adultes volontaires aide à mieux comprendre leurs motivations et à réaliser que l’aide humanitaire est réellement épuisante, tant mentalement que physiquement. Le projet d’intervention sociale auprès des enfants orphelins de 4 à 18 ans avait lieu à Canapé Vert, près de Port-au-Prince. Les 30 Québécois avaient reçu une formation intensive les six mois précédant le voyage. Un montant de 40 000 $ avait préalablement été amassé pour couvrir toutes les dépenses du camp Haïtien – Canadien, lequel allait changer la vie des 400 enfants qui s’y étaient inscrits.

Canapé Vert au quotidien Une journée typique en Haïti pour Aricia Marquis-Moisan, 20 ans, débute à 5 h 30 au son de la cloche retentissant aux quatre coins de l’école primaire qui, en cet été 2012, sert de dortoir pour les participants du Service Jeunesse Haïti. Les garçons d’un côté et les filles de l’autre pour respecter le peuple haïtien. Comme le souligne Aricia, la salle de classe où les 17 filles avaient installé leur sac à couchage sur le sol est devenue leur petit repère, puisque c’est le seul endroit où elles pouvaient se retrouver tranquilles. Aricia me raconte que ce qui l’a le plus marqué en Haïti, ce sont les magnifiques paysages. « Le site du campement était dans une vallée entourée de gigantesques montagnes. On a pu assister à des levers et des couchers de soleil incroyables ». Vers 5 h 45, il y a un embouteillage à la douche : une cabine à l’extérieur avec des

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Courtoisie: Service Jeunesse Haïti

Depuis janvier 2010, plusieurs millions de dollars ont été envoyés en Haïti pour reconstruire le pays. Service Jeunesse Haïti s’intéresse plutôt au développement des enfants orphelins.

La cohorte 2011 de Service Jeunesse Haïti

murs de taule et, comme seule source d’eau, un petit récipient rempli d’eau salée que les jeunes doivent préalablement aller remplir au seul robinet que l’école possède. « J’avais développé la technique bien simple qui consistait à me savonner puis vider le contenu de la chaudière sur ma tête pour ainsi rincer mon corps en entier ». Aricia avoue avoir trouvé difficile de courir toute la journée avec des enfants sous un soleil de 40 degrés Celsius sans pouvoir prendre une bonne douche.

infirmières qui faisaient partie du groupe de Québécois.

Pour Daniel Caraveo, un mexicain d’origine vivant au Québec depuis 2 ans, c’est l’alimentation qui lui a posé problème. Daniel, qui a un grand appétit, a perdu beaucoup de poids durant ce mois de coopération. En plus de ne pas être variés, les repas n’étaient pas équilibrés. « Aucun produit laitier, pratiquement pas de fruits et légumes et sans parler de la viande qui avait rarement une place dans notre menu. On pouvait d’ailleurs voir le poil de la bête sur les rares morceaux de viande dans notre assiette ». C’était d’un régime « pâtes, patates, pain et riz » qu’était nourri le groupe de Service Jeunesse.

La situation en Haïti n’a pas beaucoup évolué depuis maintenant près de 3 ans. Les jeunes de Service Jeunesse Haïti sont unanimes, il faut éduquer cette population au lieu de reconstruire à leur place. En 2009, le nombre d’orphelins en Haïti, selon Unicef, frôlait les 440 milliers. Depuis janvier 2010, aucun chiffre n’a été rendu public, quoique l’on estime en milliers les nouveaux enfants devenus orphelins à la suite du tremblement de terre qui a anéanti une partie de leur pays.

Jessy Landry, une infirmière de formation, a trouvé difficile de ne pas s’attacher aux enfants qu’elle devait traiter. « Même en ayant reçu tous les vaccins possibles avant de partir, il nous était fortement déconseiller de cajoler ou de démontrer trop d’affection aux enfants malades. Cet aspect a été pénible pour moi, qui avais envie de les consoler et de les prendre dans mes bras ».

Jennifer Prévost Nantel

Le mandat avec les enfants Le vrai travail commençait à 9 h avec l’arrivée des enfants sur le site. Regroupés en groupe d’âge, les enfants pouvaient jouer toute la journée, mais devaient aussi assister à des ateliers de formation. Dans un pays où plus de 34 pour cent de la population a moins de 15 ans, il est crucial pour l’avenir de cette nation d’éduquer la nouvelle génération. Des capsules sur l’hygiène, la sexualité et les premiers soins ont été donnés par de jeunes

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LE JEU DEDE LA QUÊTE LE JEU LA QUÊTE Ginette Carl PépinMorin et Jacques Carl Morin parpar Jacques et Ginette Pépin

Ce jeu consiste à remplir les rangées horizontales ainsi que les colonnes 1 et 20 à l’aide Ce jeu consiste à remplir les rangées horizontales ainsi que les colonnes 1 et 20 à l’aide des des définitions, définitions,indices indices ou lettres mélangées ou déjà inscrites. Chaque case grisée ou lettres mélangées ou déjà inscrites. Chaque case grisée représente représente une qui la fois lettre la dernière lettre motlettre et ladu première une lettre quilettre est à la foisest la àdernière d’un mot et la d’un première suivant. lettre du suivant. 1

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Verticalement : 5- Qui a la même valeur. Objets précieux amassés et cachés. Image renvoyée par la surface d’un objet.

Verticalement :

1- « Liberté, égalité, … ».

1- « Liberté, égalité, … ».

20- Personne morale représentant Pape et la curie romaine. 20- Personne moralele représentant le Pape

6- Tapisse le fond de l’œil. Versant en pente abrupte d’une mon-

et la curie romaine. tagne. Ouvrage textile recouvrant le sol.

7- Écœurant, puant. Pénurie de vivres. Sidéré, stupéfait. 8- Couleur bleu foncé légèrement violacé. Péché capital. Pays Cajun.

Horizontalement :

Horizontalement :

9- Malfaiteur. Sous-vêtements féminins. Produit pour laver les che1- Chanter à mi-voix, sans ouvrir la bouche. Échec. Excédent de 1- Chanter à mi-voix, sans ouvrir la bouche. Échec. Excédent de l’offre par rapport à la veux. l’offre par rapport à la demande (UPRSSLU).

demande (UPRSSLU).

10- Une des trois dimensions d’un solide (UREESSAPI). Médecin spécialiste qui utilise des techniques d’imagerie pour étudier, dia2- être Adversaire. Lynx. Pillage, fait Simple de tout 3- Il peut possessif, démonstratif, relatif, etc. et emporter. peu gnostiquer et traiter les maladies. abondant, en parlant de nourriture. Qui agit sans réflexion. 2- Adversaire. Lynx. Pillage, fait de tout emporter.

3- mener Il peut êtreFait possessif, démonstratif, relatif, 4- Finir, à terme. de revivre sous une nouvelle forme corporelle. nourriture. Qui agit sans réflexion.

etc.

Simple et peu abondant, en parlant de

4- Finir, mener à terme. Fait de revivre sous une nouvelle forme corporelle.

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La langue dans sa poche

par Hélène Huot

TROUVER SON CHEMIN DE DAMAS Trouver son chemin de Damas signifie : trouver sa voie, adhérer à une doctrine après l’avoir combattue ; par extension : changer brusquement d’opinion, avoir une révélation. Cette expression trouve son origine dans un épisode du Nouveau Testament qui raconte la conversion inattendue de Paul de Tarse, en route pour Damas où il se rend pour persécuter les premiers chrétiens. Paul, de son nom juif Saül, était alors très attaché à sa religion, le judaïsme, qu’on lui avait enseigné selon des principes très stricts.

Grand voyageur, Paul prêcha par la suite le message chrétien dans tout le bassin méditerranéen, en particulier en Asie mineure. Il visitait les communautés chrétiennes en personne ou communiquait avec elles par des lettres – les fameuses épîtres de Saint Paul – qui expriment sa vision théologique.

« Philippe était un jeu ne homme dépensier. Il a trouvé son chemin de Damas : il est aujourd’hui adepte de la simplicité volontaire… »

Dans le calendrier liturgique romain, le 25 janvier célèbre le jour de la conversion de Paul au christianisme.

Sur le chemin de Damas, Paul dit qu’il a eu une apparition du Christ; cette rencontre le marqua profondément et le convainquit que le Christ, qu’il combattait, était le Seigneur envoyé par Dieu pour le salut de son peuple. Bouleversé, Paul fit une chute et perdit la vue. Trois jours plus tard, il fut baptisé au nom du Christ par un disciple qui vivait à Damas; le baptême lui rendit la vue, signe sans doute que la révélation le fit sortir de son aveuglement…

Le français au jour le jour 1. Plusieurs commerces sont situés sur la rue Bouvier à Québec. Mais qu’est-ce qu’un bouvier ? a. la partie de l’abattoir réservée aux bœufs ; b. le gardien d’un troupeau de bœufs ; c. un bœuf châtré élevé pour la consommation. 2. L’adjectif « obséquieux » se rapproche le plus de : a. orgueilleux ; b. pédant ; c. servile. 3. L’étain est un métal gris blanc, très malléable. Quel est son symbole chimique ? 4. Le goretex est une fibre synthétique dérivée du téflon. Quelle est sa principale caractéristique ? 5. Septentrional et boréal appartiennent au nord. Quels mots correspondants appartiennent au sud ? 6. La vichyssoise est une soupe aux pommes de terre et aux poireaux. Vrai ou faux ? 7. Quelle expression s’applique à celui qui est complètement silencieux ? 8. La femelle du tigre est la tigresse, celle du porc la truie, celle du mouton la brebis ; comment s’appelle la femelle du bison ? 9. Quel proverbe signifie : il ne faut pas tirer une conclusion d’un fait ou d’un élément unique ? 10. Le flageolet est un haricot nain très estimé, souvent servi avec le gigot d’agneau. Ce mot désigne également un instrument de musique : a. une harpe ; b. une flûte à bec ; c. un banjo.

J’attends de vos nouvelles… Vous aimez les mots. Vous avez des commentaires à formuler ou des suggestions à faire concernant cette chronique La langue dans sa poche. Rien de plus simple. Écrivez-moi à hu-go@sympatico.ca. Cela nous permettra d’échanger sur des questions qui vous intéressent et d’enrichir par le fait même les futures chroniques. Merci à vous ! Les réponses page 29.

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Favela

Photo: Archives Web

Pourquoi humaine bonté Devrait toujours rimer Avec éternité Quelques sous envoyés là-bas Aux pauvres des favelas Qui assurera la construction d’un four à pain Qui calmera la faim Du pauvre Sud-Américain C’est éphémère, mais c’est bien. Mais pas nécessaire d’aller si loin, Il y a tant de gens qui, juste de la rue au coin, Ont tant besoin qu’on leur tende la main Pour, calmer de vivre, leur chagrin. Tu fais de ton cœur un hôpital Pour celui qui a mal. Tu aimes l’autre au jour le jour, C’est le plus beau des toujours. Être aidant naturel Même à temps partiel Si tu savais comme c’est précieux Et combien ça peut rendre heureux. Tu sèmes ainsi de joie, de petites parcelles De quoi est tissé le bonheur éternel.

Gaétan Duval

Écoute Écoute le Soleil et la pluie La poussière d’étoiles qui éblouit L’arbre qui pousse et grandit L’oiseau qui chante dans son nid La fleur qui ouvre grande sa corolle L’aurore sur le fleuve et les lucioles La cigale virevoltante dans les herbes frivoles L’oisillon qui s’élance au premier envol L’automne et son puits de chatoiement L’hiver qui s’étend pur et blanc L’amour qui chante dans le printemps L’été trop court d’un rêve d’enfant Regarde petit, le laboureur qui sème Dans son champ béni, les germes Du cycle nouveau, d’un baptême Pour une génération nouvelle, Qui chantera Je t’aime…

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Photo: Archives Web

Jasmin Darveau

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L’autre jour, je roulais à vive allure. J’allais tellement vite, que ça se pouvait pas. Je voyais le paysage défiler à une vitesse fulgurante. Pis là, je pensais à la vitesse avec laquelle ma tante Rosanna mangeait ses chips le soir, quand mon oncle Isidore restait tard à travailler à la caisse « Pop ». Elle mangeait tellement vite que ça se pouvait pas. C’en était tout simplement dégoûtant. Pis ça me faisait penser aux cris de ma voisine lorsqu’elle fait l’amour. Elle lâche toute une série de petits cris tellement suraigus, que ça ne se peut pas. Pendant que je pense à tout ça, à ces affaires là, je croise un radar de la police. Mais je le vois seulement après, dans mon rétroviseur, la cerise ben rouge qui tourne avec plein de gyrophares qui clignotent. Fac là j’ai dit : « J’vais m’arrêter ! » Ben non ! Plus je pèse sur les freins, plus j’accélère. C’est l’enfer tellement je vais vite. Je vois des tonnes d’affaires partout en même temps, tout le tour de ma tête. Alors là j’allume la radio pis je mets le son au fond. J’écoute du bon rock québécois qui va plus vite que moi, si c’est encore possible. C’était tellement possible qu’après m’être laissé al-

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Photo: Luc-Antoine Couturier

Les freins

ler un peu au rock, les freins ont recommencé à fonctionner. Je pense que j’ai freiné sur un dix cent, tout comme Guy Lafleur virait sur un trente sous avant d’aller compter un autre de ses formidables buts.

suis dit : « asteur que je suis arrêté, j’va en profiter pour jeter un coup d’œil pour voir s’il n’y aurait pas des bleuets ou des immortelles qui attendent de se faire cueillir sur le bord de la route ».

Une heure après que je me sois arrêté, la police me rejoint. Je ne comprends pas tout de suite pourquoi Yasser a un turban sur la tête, mais j’y donne un chausson aux pommes quand même. Il était tellement content le smatte, qu’il a mangé son chausson sans crier gare pis sans mettre de nappe. Fac là je me

Salut !

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Bernard St Onge PS : texte écrit au temps de l’émission Les Bleu Poudre à la télévision.

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ce vaisseau en or* moi, ève, mariée à marc, un moine né en roumanie, m’ennuie à mourir, en ce manoir armoricain, à monaco. ma sœur, anna, aime ce manoir, ma mère, aussi. mon moine m’aime. moi, non. mon rêve, mon amour, mon avenir, m’emmène où ?...ce curé, m’a aimée à ses vives aurores : marc, un nain aux mains noires… un soir, marc m’a annoncé, avec son sourire : « venez, ma sirène…venez ce soir, avec amour, sous ce marronnier me voir…ce soir aime à rire, aime à sourire aux âmes amoureuses ». avec une rose, marc m’a reçue au marronnier.

mon rêve : vivre sur un vaisseau en or, sur océans, sur mers. écrire un vers ? sans verres ? avec ces vases ? oui…non…émi..e nelli an…avec mes six oiseaux, me mire au miroir en eau, à monaco, sur ce vaisseau en or. moi, ève, suis arrivée aux cimes, sur ces mers inconnues, avec ma névrose. ève, sirène aux consciences en or.

Laurence Ducos

Photo: Archives Web

en été, nous nous sommes mariés. oui. non. Avec six amis, ma mère, ma sœur. sous un orme, on se marie ici, à monaco. oui. non . une veine, oui…car mes vœux sont sincères.

*Texte écrit sous la forme de « contrainte du prisonnier ».Il s’agit d’écrire un texte en utilisant les lettres de l’alphabet qui n’ont pas de jambe. Donc : a, c, e, i, m, n, o, r, s, u, v, w, x. Les majuscules sont également proscrites

L’oublié Je suis couché au sol Immobilisé par la peur et l’ennui Personne ne semble me remarquer non seulement me voir En tout cas, nul ne me regarde ne me parle Tous les gens dans la même pièce que moi me contournent Ils n’osent pas s’approcher risquer de me piler sur les pieds… Je suis donc incapable de me mêler aux autres À quoi me sert d’être ici alors ? Mais où pourrais-je aller sinon ? Photo: Archives Web

C’est décidé. Moi, l’ours sans chair ni cœur, je reste là. Ne vous en déplaise, bande de fêtards !

Julie Cartier

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Photo: Luc-Antoine Couturier

Hommage au mois de mai

Dans sa chanson l’Hymne au printemps, Félix Leclerc écrit : « Quand mon amie viendra par la rivière au mois de mai, après le dur hiver, je sortirai, bras nus, dans la lumière et lui dirai le salut de la terre... » Avec sa belle poésie, ses rimes, Félix nous rappelle à quel point les hivers québécois sont longs et avec quelle allégresse nous accueillons Monsieur printemps. Le beau mois de mai nous fait sortir de notre hibernation et la renaissance de la Nature nous étonne toujours : le retour des oies blanches, les premiers bourgeons dans les arbres, les chants des oiseaux qui nous réveillent tôt le matin, les journées de plus en plus longues qui nous donnent le goût d’ouvrir tout grand les fenêtres de nos demeures, de faire le grand ménage, de rafraîchir les draps et les couvertures sur la corde à linge, d’écouter les rires des enfants joyeux jouant dans les parcs, de regarder les amoureux qui s’embrassent sur les bancs publics, de remiser les manteaux, tuques et mitaines et de sortir nos robes légères et nos sandales. Des amis immigrants me disent souvent qu’ils sont ébahis de découvrir notre beauté quand nous nous débarrassons de nos oripeaux hivernaux. Ils nous trouvent pa-

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tients — enracinés que nous sommes dans le rythme de nos quatre saisons — et détendus, souriants aux premières chaleurs printanières. C’est vrai que venant de pays chauds, ils comprennent que les rayons ardents du soleil peuvent nous manquer durant les froides journées d’hiver. Au point d’acheter des lampes de luminothérapie, ou si nos moyens nous le permettent de partir en vacances vers quelques destinations tropicales. Certains prennent des suppléments de vitamine D, voire des antidépresseurs pour compenser le manque de dopamine et sérotonine. Le mois de mai me ramène à des souvenirs d’enfance. Je vois ma mère et ma grand-mère se berçant sur la galerie avant de la maison et chantant avec cœur : « C’est le mois de Marie, c’est le mois le plus beau... » Les passants les saluent et arrêtent piquer de petites jasettes : « Pis, comment va la santé ? La famille ? Je me demande si on va avoir un bel été ». À cette époque, les gens se parlaient plus, ça se voisinait, ça s’entraidait. Le mois de mai nous fait sortir dehors. Il nous stimule à faire toutes sortes d’activités. On peut enfin sortir sa moto, son scooter, sa bicyclette, sa planche ou ses patins à

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roulettes, ses espadrilles pour courir ou pour faire de longues marches. Les trottoirs, les parcs, les terrasses de restaurant sont remplis de gens souriants. “ Heureux d’un printemps qui m’chauffe la couenne... ” comme chante Paul Piché. Qui chauffe aussi la couenne des milliers d’oiseaux qui gazouillent dans les parcs tout en s’offrant à la vue des spectateurs que nous sommes, pendus à nos longues-vues, captivés par leur observation. Nous profitons alors de notre visite au parc pour nous rafraîchir sous l’ombre bienfaisante des arbres et savourons ces espaces verts qui sont “ les poumons ” de notre ville. Avec ses odeurs enivrantes de lilas, de muguets, de chèvrefeuilles et de roses, le beau mois de mai annonce l’été. Mai ramène dans son sillage les plaisirs du jardinage : quelle jouissance que de jouer dans la terre comme le font les enfants, dans leurs carrés de sable. Ils nous apprennent à vivre intensément l’instant présent, le sens de l’émerveillement et la reconnaissance à la Vie qui est toujours dans ses éternelles renaissances, ses éternels recommencements !

Christiane Voyer

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C`est dur d`acceptation Que subitement fonction rénale bloque C`est dur sur la conscience Ne faire semblant d`accepte choc Au pompage du cœur et bas ventre

Vais-je en sortir de bon horizon Le temps comme vie vaut la chanson Des handicaps rares et de mes façons De gérer mes jours soir nuit admettons Que parfois j`y vais de passes jurons

De plus j`ai maladie des tendons S`ajoute de la virale infection Du cervelet de mon audition Diminué à l`effort me faut attention

Ca prend patience emplir mission D`ordonnance médicale à mon nom Je dors peu de mâchoire qui bloque Obligé de repos assied à mon salon Je ne n`morfond à m`en faire reproche

De par guide de ma pulsation J`ai une valve qui va d`entrechoc De fermeture et d`insuffisance Aux jambes et ailleurs des poques Du vasculaire et de mon enfle

Photo: Archives Web

Une vérité de moi de moi

Marcel Guy Mailloux

Un discours d’amour*

Aux aubes aurorales, Amélie, assez assoupie, avoue à Armelle, son amour pour Alexandre. - Ni brute, ni bête : beau…Mon chéri, en confidence, c’est un clown dans un cirque !! Il danse divinement avec dix dromadaires. Et il élève des éléphants. La foule en est folle !! C’est un grand garçon !! Un homme !! Il irradie l’intelligence !! Je joue justement jeudi avec. Kangourou ? Lui lira sous la lumière des lampions, le Livre. Moi, mon morceau me mènera à marcher sur mes mains. Nous nommons ainsi notre numéro de noces nomades. Or ? Passion poétique ? Que de questions ! Nous roulons sur notre route ruisselante de roses, qui relie la Réalité au Rêve. Son sommeil scintille. Je tiens toujours à sa tranquillité. Union unique !! Voguer, veiller vers le Vrai, est notre Vérité. Walkyries de Wotan…Xylophone…Yin-Yang…Zeus…

Laurence Ducos

Photo: Archives Web

* Synthèse de tautogramme : un texte dont tous les mots commencent par la même lettre

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Nocturne La nuit froide s’était changée en un été La nuit tiède s’était changée en une douce envolée. La nuit chaude s’était changée en une authentique vérité Qui s’accompagnait d’orage, mais aussi d’arc-en-ciel Ce morceau de nuit fut ma merveille. Sur le rebord de ma fenêtre, un ange a déployé ses ailes. Un nuit est une marche lunaire Qui rend jaloux tous les autres luminaires. La nuit brûlante s’était changée en feu de lumière Qui avait consommé en mon âme l’envie de guerre.

Stéphane Mégnier-Okemvélé

Hommage Danielle, Tu le sais sans doute, Tu me manques énormément. Depuis que tu nous as quittés, le 15 janvier dernier Nous sommes plusieurs à nous ennuyer De toi, ta gentillesse, ton dévouement, ta douceur. Je te remercie du bon temps que tu as su m’offrir Mon cœur est empli de doux souvenirs... Viendras-tu me faire un p’tit coucou, Me visiter dans mes rêves ? De l’au-delà, veilleras-tu sur moi ? Prieras-tu pour moi? Je pense tous les jours à toi, Ton amoureux, Martin

Martin Bélair

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Ressources Aide sociale ADDS Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec Tél. : 418 525-4983 Relais d’Espérance Aider toute personne isolée et en mal de vivre à retrouver la confiance, l’espoir et la joie de vivre 1001, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 522-3301 Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 550, rue Saint-Joseph, Québec (sous-sol de l'église Saint-Roch, porte verte) Tél. : 418 529-2222 Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 401, rue Saint-Paul Québec Tél. : 418 694-9316 maison@lauberiviere.org Aide aux femmes Centre femmes d'aujourd'hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec Tél. : 418 651-4280 c.f.a@oricom.ca www.ctech.ca/cfa

Tel-Aide Québec Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca

Soupe populaire Maison Mère Mallet Dîner 745, Honoré-Mercier, Québec Tél. : 418 692-1762

Tel-Jeunes Tél. : 1 800 263-2266 http://teljeunes.com

Santé mentale

Entraide Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec Tél. : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org Fraternité de l'Épi 481, rue de La Salle Québec Tél. : 418 529-0007 Hébergement Maison de Lauberivière Pour hommes et femmes démunis ou itinérants 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 maison@lauberiviere.org www.lauberiviere.org L'Armée du Salut et La maison Charlotte Hébergement hommes et femmes 14, côte du Palais, Québec Tél. : 418 692-3956

Centre Naître ou ne pas Naître Écoute et aide matérielle pour les femmes enceintes 1379, chemin Sainte-Foy, Québec Tél. : 418 683-8799 centre.naitre@videotron.ca www.centrenaitre.org

Maison Revivre Hébergement pour hommes 261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 info@maisonrevivre.org www.maisonrevivre.ca/portail

Violence Info Sensibilisation, information et intervention pour contrer la violence conjugale et la maltraitance envers les aînées. CSP du Temple, Beauport Tél. : 418 667-8770 violenceinfo@bellnet.ca

SQUAT Basse-Ville Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 595, rue Saint-François Est Québec Tél. : 418 521-4483 info@squatbv.com www.squatbv.com

Alphabétisation

Gîte Jeunesse Hébergement temporaire pour garçons de 12 à 17ans Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225 Résidence de Ste-Foy 3364, rue Rochambau, Québec Tél. : 418 652-9990

Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527-8267 alphabeille@qc.aira.com Alpha Stoneham 926, rue Jacques-Bédard, Québec Tél. : 418 841-1042 alphastoneham@ccapcable.com www.alphastoneham.com Atout-lire 266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 524-9353 alpha@atoutlire.ca http://atoutlire.ca/accueil Lis-moi tout Limoilou 798, 12e Rue, Québec Tél. : 418 647-0159 lismoitout@qc.aira.com La Marée des mots 3365, chemin Royal, Québec Tél. : 418 667-1985 Détresse psychologique Centre de crise de Québec Tél. : 418-688-4240 ecrivez-nous@centredecrise.com www.centredecrise.com Centre de prévention du suicide 8180, boul. Pierre-Bertrand Nord, Québec Tél. : 418 683-4588 www.cpsquebec.ca Communautés solidaires 5, rue du Temple, Québec Tél. : 418 666-2200 info@communautessolidaires.com www.communautessolidaires.com

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Réinsertion sociale

La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 laboussole@bellnet.ca hwww.laboussole.ca Centre Communautaire l'Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719 info@centrecommunautairelamitie.com www.centrecommunautairelamitie.com Centre d’Entraide Émotions 3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682-6070 emotions@qc.aira.com www.entraide-emotions.org La Maison l'Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076 info@maisoneclaircie.qc.ca www.maisoneclaircie.qc.ca Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352 Intervention téléphonique Tél. : 418 522-3283 Parents-Espoir Soutient dans leur rôle parental et accompagne (au centre jeunesse, chez l'avocat...) les parents qui vivent ou qui ont déjà vécu un problème de santé mentale. 363, de la Couronne, bureau 410 Québec (Québec) G1K 6E9 Tél. :418-522-7167 Service d'Entraide l'Espoir 125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842-9344 aide@service-dentraide-espoir.org www.service-dentraide-espoir.org Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 violenceinfo@bellnet.ca www.relaislachaumine.org

Maison Dauphine Pour les jeunes de 12 à 24 ans 14, rue Dauphine, Québec Tél. : 418 694-9616 www.maisondauphine.org

TOXICOMANIE

YWCA Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes (La Grande Marelle) 855, av. Holland, Québec Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca Prostitution P.I.P.Q. Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 pipq@qc.aira.com Soupe populaire

Al-Anon et Alateen Alcoolisme Tél. : 418-990-2666 www.al-anon-quebec-est.org Amicale AlfA de Québec 815, av. Joffre, Québec Tél. : 418647-1673 amicalealfa@sprint.ca Point de Repère 530, rue Saint-Joseph Est, Québec Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com VIH-SIDA MIELS-Québec Mouvement d’information et d’entraide dans la lutte contre le VIH-sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649-1720 Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org

Café rencontre Centre-Ville Déjeuner et dîner 796, rue St-Joseph Est, Québec Tél. : 418 640-0915 info@caferencontre.org hwww.caferencontre.org Maison Lauberivière Souper 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 centredejour@lauberiviere.org

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Merci à tous nos précieux partenaires ! Partenaires Inconditionnels (depuis plus de 5 ans!)

Partenaires Or Centraide Desjardins Caisse populaire du Québec

Le Bal du Lézard L’Inter-Marché Saint-Jean Maison Revivre Michel Yacoub

Partenaires Argent La Boîte à pain CKRL FM 89,1 Les impressions Stampa Québec Solidaire

Partenaires Ad Vitam Aeternam Claude Gallichan, chiropraticiens

Partenaires Bronze Audiothèque de Québec Centre Ozanam Épicerie Européenne Érico Choco-Musée Quincaillerie St-Jean-Baptiste Services 211

LA LANGUE DANS SA POCHE 1. b. Le bouvier est la personne qui garde et conduit les bœufs. 2. c. servile. Le mot « obséquieux » signifie : flatteur, poli et empressé à l’excès, servile; il s’oppose à hautain, méprisant. 3. Le symbole chimique de l’étain est Sn (le mot « étain » vient du latin stannum ou stagnum). 4. Le goretex est imperméable : il laisse échapper la transpiration mais bloque le passage des gouttes d’eau. Il est utilisé dans le monde entier, notamment pour la fabrication de l’équipement des

pompiers, des randonneurs et des sportifs. Cette fibre a été mise au point par l’ingénieur américain Gore en 1969. 5. Méridional et austral appartiennent au sud. 6. Vrai. 7. Muet comme une carpe. 8. La bisonne. 9. Une hirondelle ne fait pas le printemps. 10. b. La flûte à bec.

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Patrie, politique & cie Martine Corrivault Depuis que le monde est monde, celui qui détient un pouvoir cherche à s’imposer aux autres, sous prétexte d’organiser le meilleur fonctionnement d’un groupe, d’une famille, d’une société et même du monde. Et on le croit, surtout quand bons sentiments, esprit de famille, solidarité et patriotisme entrent en ligne. Ça marche même si l’on dispose d’un arsenal de moyens pour s’informer et mieux faire la part des choses. Ainsi, en s’intéressant soudainement à l’enseignement de l’histoire dans les écoles du pays, les Conservateurs de M. Harper semblent avoir découvert que les gens ont besoin de ressentir de la fierté pour s’émouvoir autour du concept patriotisme et patrie. Si pour certains, ces mots représentent une base essentielle de la culture et de l’idéologie commune d’une population, ils donnent le frisson à plusieurs à cause de ce qu’ils dissimulent comme manipulation des opinions et des sentiments au service d’intérêts particuliers. La méfiance n’est pas nouvelle : au siècle dernier, des intellectuels écrivent « Le pauvre défend sa patrie, le riche la vend » (Péguy) et « On croit mourir pour sa patrie, on meurt pour des industriels » (Anatole France). Les grands principes, les idées, l’idéologie ou la poursuite d’un idéal ne seraient que foutaises et objets de manipulations ? Chaque époque mène ses combats, chaque société impose les siens. Au Québec, l’an dernier à la date d’aujourd’hui, étudiants et gouvernement s’affrontaient autour d’une augmentation des droits de scolarité, invoquant équité et droit à l’éducation pour tous. Des émeutes chambardaient le train-train habituel de nombreux citoyens. Pour répondre à la violence, aux gaz et aux matraques, on a alors battu de la casserole dans les rues. Les hostilités ont pris fin, puis les Québécois ont voté pour défaire le parti libéral de Jean Charest qu’ils tenaient responsable de la crise, beaucoup plus que pour élire les péquistes de Mme Marois. Tout le monde en est sorti avec une amertume toujours pas guérie. Et les médias ont parlé d’un « printemps érable », évoquant un ras-le-bol comparable à celui vécu ailleurs (printemps arabe). Dans les circonstances, on assiste à une comparaison facile reposant sur la fierté d’avoir participé aux vagues de contestations internationales.

N’en déplaise aux autorités élues, la notion même de patriotisme se porte plutôt mal chez nous, car elle dépend d’une fierté d’être, devenue denrée rare pour une bonne partie de la population. On préfère cultiver sa vie au jour le jour plutôt qu’écouter les envolées théoriques d’une élite parfois déconnectée de la réalité quotidienne. Même au Québec, la fierté a du plomb dans l’aile, malgré ce que prétendent publicités et propagandes. Radio-Canada vient de lancer un appel public pour réaliser un projet susceptible d’éveiller un certain patriotisme parmi la population : on souhaite recueillir témoignages, artefacts et souvenirs entourant les participations des Canadiens aux grands conflits guerriers du siècle dernier pour réaliser une série d’émissions. Mieux vaut tard que jamais, même si les bonnes intentions soulèvent la méfiance quand elles se manifestent dans un contexte de récupération politique. On se demande en quoi les sacrifices imposés hier à nos parents et grands-parents pourraient rendre plus digestibles les incohérences et politiques de courte vue actuelles. Pourquoi l’ignorance et la méconnaissance de notre histoire par une grande partie de la population dérangent-elles maintenant les représentants du pouvoir ? La méfiance et le cynisme des citoyens las de se faire « rouler dans la farine » au nom d’intérêts économiques inquiéteraient-ils ceux qui nous gouvernent ? Les patriotes de 1837 n’étaient pas que des francophones pure laine qui ne cherchaient à défendre que leur langue et leur religion. Les enjeux politiques de l’époque étaient aussi économiques et le conflit racial franco-anglo servait d’instrument pour « péter l’abcès ». La guerre européenne de 14-18 a tué des milliers de Canadiens mobilisés pour « défendre la patrie », mais a fourni des prétextes pour celle qui a suivi, 20 ans plus tard. Les dernières décennies ont vu se multiplier des conflits ayant peu à voir avec le patriotisme à l’ancienne qui divisait les gens. Les moyens de communication modernes ignorent les frontières habituelles, mais ils multiplient les sources d’intérêts particuliers susceptibles de dégénérer en affrontements, qu’il faudra bien un jour ou l’autre résoudre. Tant qu’à devenir citoyens d’un monde sans barrières géographiques, pourrions-nous opter pour une fierté patriotique capable de protéger la Terre, notre planète à tous ?

Martine Corrivault Note pour Karyne : Mettre cette pub le plus petit possible. Tu peux jouer avec les éléments si tu veux.

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Karyne, une quart de page avec un filet autour. Merci! LOGO+ info

Avis de convocation Assemblée générale annuelle 2013 La population de Québec est conviée Assemblée générale annuelle 2012 À la séance publique d’information et à l’assemblée généralede annuelle La population Québecde est conviée à l’Archipel d’Entraide La séance publique d'information précédera l'assemblée générale annuelle Le mercredi 12 juin 2013 à 19h00 de l'Archipel d'Entraide À la Salle Hypérion Le mardi 190, rue Saint-Joseph Est (coin Caron) 12 juin 2012 à 19h00 À la Salle Hypérion Québec (Québec) G1K 3A7 190, rue Saint-Joseph Est (coin Caron) Québec (Québec) G1K 3A7 Les portes ouvriront dès 18 h 30 Les ouvriront Un portes buffet sera servi dès 18 h 30 Un buffet sera servi

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No 155 Juin 2013

Les nouveaux patriotes!

Photos : Francis Fontaine

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Rencontre avec : • Hugo Latulippe • Julie Miville-Dechêne • Ivy • Catherine Dorion

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