La quete numero 150 janvier12 decembre13

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3$ Le magazine de rue de Québec

On s’élève à donner.

No 150 Décembre 2012-Janvier 2013

SUR LES RAYONS

• Jamais trop tard pour apprendre • Patrick Senécal: thèmes noirs • La bibliothérapie ! • L’Histoire autrement avec Louise Lacoursière + Camelots d’un jour

Envie de vous investir, de sortir de votre zone de confort, de repousser vos limites pour faire une différence dans votre communauté ?

deficentraide.com

Concept : Publicis Montréal | Photographie : Jean Malek

centraide-quebec.com ce ntraide-quebec.com c.com

S.V.P. n’achetez qu’au camelot portant une carte d’identification 3$ contribution volontaire. 2$ sur le prix de vente va directement au camelot. 14:48


Message Mes ssage du maire maire de d Québec Au-delà des vœux traditionnels que l’on associe au temps des Fêtes, c’est un message d’espoir que je désire transmettre aux personnes qui ont pris la courageuse décision de reprendre leur vie en main. À vous toutes et à vous tous, ainsi qu’à ceux qui vous soutiennent dans votre quête vers un avenir meilleur, je souhaite une année 2013 sous le signe du renouveau, de l’entraide et de la paix de l’âme.

Le maire de Québec,

Régis Labeaume

De la part des camelots, de l'équipe de La Quête et de l'Archipel d'Entraide De très joyeuses fêtes! Une année 2013 empreinte de solidarité, d'humanité et du respect des différences!


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Sommaire Mot de la coordonnatrice

Éditorial

Sur les rayons

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Un bien pas comme les autres

6

Francine Chatigny

Patrick Senécal : Thèmes noirs pour adolescents avertis

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Mélyssa Turgeon

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Les librairies de livres usagés: une espèce en voie de disparition ?

9

L’Histoire autrement avec Louise Lacoursière Vanessa B. Beaulieu

12

François Pagé

La bibliothérapie !

10

Raphaëlle Savard

Andrée-Anne L. Aubé

Sur les ailes de la lecture

L’univers mangas

13

Gabrielle T. Delorme

Marie-Pier Cayer

S o cié t é Camelots d’un jour

Enchaînés jusqu’à la mort...

21

22-23

Pierre Maltais

Défi Centraide

L’art délivre

24

Francine Chatigny

Éc r ivan t s e t p o è t e s 32

Étoile du matin

Histoire de Léo

Monique Dufour

34

Le petit Prince

35

Marie Nassif

Laurence Ducos

C hro n iqu e s Lettre au Père Noël

20

Un chausson au pommes avec ça ?

46

Robert Maltais

Décembre 2012 - Janvier 2013

réalise l’espoir

Martine R. Corrivault 3


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PAGE COUVERTURE Illustration : Danièle Rouleau Conception graphique : Karyne Ouellet

r é a l i s e r l’ e s p o i r

Éditeur Pierre Maltais

Camelots recherchés

L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un mo-

Hey toi!donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la ment Tu as 18 ans ou plus. société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinéTu veux te faire quelques dollars?

rance, toxicomanie, pauvreté, etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort - des + # + / plus % % 35 51défavorisés, 0' 5 0 & 13$ 5 + * l’Archipel 5 0 + / 3$ 5 d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal deQuête rue est destiné à la vente - sur la rue !- par des personnes en difficulté, Vends le magazine de rue La notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs 0, 5& % , * 5 / ' de !0 réaliser + 1/ 0' * 5 qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabicapacités, Appelle-nous au leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie. lités, améliorer 418 649-9145 poste 33 Ou L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également Viens nous rencontrer au des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien 1 5 , 35 1 0* 3& 5 * 15 0/ ' 5 + 0' 5 dans par le biais de son service Accroche-Toit. + ' * 5% la% /recherche * 35 + , 3* d’un + 1/ 3 logement 5

/ Archipel d’entraide

Une tribUne poUr toUs Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu. Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux. Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 11 du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de février : Tous égaux devant la justice ?

Coordonnatrice Francine Chatigny CONSEILLERS À L’ÉDITION Martine Corrivault, Jacques Dumais, Robert Maltais RÉDACTRICE EN CHEF Valérie Gaudreau RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Isabelle Noël ÉDITORIALISTE François Pagé CHRONIQUEURS Martine Corrivault, Robert Maltais

Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.

Suivez-nous sur

Éditeur parrain Claude Cossette

JOURNALISTES Vanessa Breton-Beaulieu, Marie-Pier Cayer, France Lalande, Rachel Lapointe, Andrée-Anne Lévesque Aubé, Chloé Patry-Robitaille, Raphaëlle Savard, Gabrielle Thibault-Delorme, Mélyssa Turgeon

Faire des soUs en devenant camelots Les camelots récoltent 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier. Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31

ÉCRIVANTS Michaël Boies, Julie Cartier, Francine Chatigny, Alyson Corriveau, Laurence Ducos, Monique Dufour, Gaétan Duval, Caroline Lachance, Hélène Lapointe, Michel Latulippe, Gabrielle Lemelin-Messier, Marcel-Guy Mailloux, Réal Malouin, Pierre Maltais, Viviane Mayrand, Guy-Léo Morin, Marie Nassif, Nathaniel Picard, Tommy Pichette,Yves Potvin, Nathalie Thériault, Luis Urréa, Christiane Voyer ainsi que les élèves d'Atout-Lire et l'équipe du Défi Centraide AUTEURS DES JEUX Hélène Huot, Jacques Carl Morin RÉVISEURE Nathalie Thériault PHOTOGRAPHES Luc-Antoine Couturier, Luc Girard, Louise Leblanc, Karine Patry, Daniel Samson-Legault, Sarah Scott ILLUSTRATEURS Valérie Gaudreau, Danièle Rouleau, Joël Jouvrot-Boisvert

Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.

INFOGRAPHISTE Karyne Ouellet AGENTE DE PUBLICITÉ SOCIALE Geneviève Thompson IMPRIMEUR Imprimerie STAMPA inc. (418) 681-0284

COUPON D’ABONNEMENT 10 PARUTIONS PAR ANNÉE Camelots recherchés Hey toi! Tu as 18 ans ou plus. Tu veux te faire quelques dollars?

Nom: Adresse: Ville: 0, 5& % , * 5 / ' !0 + 1/ 0' * 5 Appelle-nous au postal: 418Code 649-9145 poste 33 Ou Viens nous rencontrer au Courriel: ) 5 , 35 1 0* 3& 5 * 15 0/ ' 5 +

- + # + / % % 35 510' 5 0 & 13$ 5 + * 5 0 + / 3$ 5 Vends le magazine de rue La Quête

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Abonnement régulier Abonnement de soutien Abonnement institutionnel

60$ 75$ 85$

Journal La Quête 190, rue St-Joseph Est Québec (Québec) G1K 3A7 Téléphone: 649-9145 Télécopieur: 649-7770 Courriel: laquetejournal@yahoo.ca

0' 5

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La Quête est appuyée financièrement par :

Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)

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Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien

réalise l’espoir

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Mo t de la coordonna t rice

Illustration: Danièle Rouleau

Sur les rayons

is

ur, te,

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Pouvez-vous imaginer une seule journée sans lire ? De la liste des ingrédients sur la boîte de céréales que l'on regarde négligemment le matin, les yeux à peine décollés, aux grands titres que l’on repère dans le journal de son voisin dans l'autobus, jusqu'au roman que l'on dévore bien calé dans ses oreillers au moment de se mettre au lit : lire est un acte de tous les instants. Un acte qui procure du plaisir bien sûr, mais qui assure aussi un contrôle sur sa vie. Au Québec, près de 1,7 million d'adultes sont analphabètes fonctionnels, c'est-àdire que leur maîtrise de la lecture est insuffisante pour saisir le sens réel de l'information ou pour déchiffrer une phrase complexe. Il faut un courage inouï pour reconnaître son analphabétisme et décider d'y remédier. C'est pour saluer le courage des élèves d'Atout-Lire, un groupe populaire d’alphabétisation de Québec, que nous les laissons ouvrir cette édition.

De l’auteur... Sexualité tordue, violence, côté sombre de l'humain : Patrick Senécal ne destine pas ses thèmes de prédilection aux adolescents. Pourtant, ces derniers lisent avidement les briques rédigées par l'auteur de suspens le plus réputé du Québec. L'écrivain a-t-il une responsabilité envers ces jeunes lecteurs ? Mélyssa Turgeon lui a posé la question. Comment se construit un roman historique, s'est demandé Vanessa BretonBeaulieu. La romancière Louise Lacoursière, notamment auteure de la trilogie La Saline, a accepté de lui expliquer sa démarche d'écriture.

Aux lecteurs... Détente, plaisir... la lecture apporte son lot d’effets bénéfiques. Ces derniers peu-

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vent être décuplés semble-t-il si on lit accompagné d’un thérapeute. Sceptique ? Il faut lire l’articled’Andrée-Anne Lévesque Aubé sur la bibliothérapie. Même de sérieux médecins se pen-chent sur la question. Pour quelques amateurs de livres, lire ne suffit pas. Ils vont jusqu'à incarner leur héros et ainsi se métamorphoser en otaku. Bienvenue dans l’univers manga que Marie-Pier Cayer a bien voulu explorer pour La Quête.

En passant par le libraire Où se procure-t-on ses livres ? Chacun a ses habitudes en la matière. Pour certains, le plaisir ultime est de dénicher la perle rare parmi le fouillis du libraire d'occasion. Raphaëlle Savard-Moisan rapporte que le marché actuel est plutôt dur pour les bouquinistes. Gabrielle Thibault-Delorme propose une manière fort intéressante de se procurer romans, thrillers, etc. Il suffit d’adhérer à « Libérer les livres », un mouvement à découvrir dans Les ailes de la lecture. Enfin, Chloé Patry-Robitaille remet les pendules à l’heure sur la commercialisation du livre au Québec. On serait porté à croire que seules les librairies indépendantes souffrent de la compétition féroce des grandes surfaces. Mais ce n’est pas le cas. Au contraire, les libraires de tout acabit s'unissent pour réclamer une solution.

rendu fort éloquent de cette expérience, laquelle remet les valeurs à la bonne place. Grégoire Ahongbonon parcourt son pays, la Côte d'Ivoire, et délivre du mal ses frères et sœurs enchaînés pour cause de problèmes de santé mentale. Pierre Maltais nous offre le parcours pas banal de cet apôtre des temps modernes. L'art libère. C'est le pari qu'a fait Thomas-Mathieu Fréchette, intervenant à l'Armée du Salut, en instaurant un tout nouveau programme d'ateliers de peinture, au sein même de l'Hôtellerie de la Côte du Palais. Rencontre avec l'instigateur du projet et avec un artiste résident ravi.

Au pays des émotions Les écrivants vous offrent quant à eux de p'tits bijoux de textes. Des récits, des poésies que vous aurez, sans aucun doute, beaucoup de plaisir à lire ! Au nom de tous les camelots, merci d'être de fidèles lecteurs de La Quête. Un harmonieux temps des Fêtes !

Francine Chatigny

Communautaire et solidaire Dans le cadre de la campagne annuelle de financement de Centraide, de nombreux individus relèvent des défis dans le but d'amasser des sous. Une équipe de joyeux lurons a décidé pour sa part d'être « camelots d'un jour », pour le magazine La Quête. L'équipe nous livre un compte-

réalise l’espoir

ERRATUM Une erreur s'est glissée à la page 7 de la dernière édition. Il a fallu 2 h 43 à Thérèse Lajoie pour courir un demi-marathon, soit 21,5 km et non pas un marathon (42 km). Toutes nos excuses à Mme Lajoie.

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Éditorial

Un bien p a s c o m m e l e s au t re s Après des années de tergiversations, le Québec semble finalement sur le point de se doter d’une politique du prix unique pour les livres. Il était temps ! Au cours de la dernière décennie, 10 % des librairies ont dû fermer leurs portes. Il n’en reste qu’environ 225 pour desservir l’ensemble de la province. L’avenir ne s’annonce guère plus rose pour celles qui ont survécu. En seulement quatre ans, soit de 2005 à 2009, les parts de marché des librairies indépendantes ont chuté de 38 % à 28 %, selon l’Observatoire de la culture et des communications du Québec. La politique du prix unique oblige tous les détaillants à vendre les ouvrages au montant fixé par l’éditeur pour une durée déterminée. L’instauration de ce plancher permet de contrer la concurrence agressive des grandes surfaces et des grandes chaînes qui liquident les bestsellers internationaux dès leur parution. Le palmarès des meilleurs vendeurs est le même pour tout le monde et ce sont ces mêmes livres qui permettent aux petits commerces locaux de survivre. C’est bien dommage, mais aucun libraire ne fera fortune grâce au dernier recueil de poésie de Serge Mongrain ou au plus récent essai philosophique de Will Kymlicka. Et vous ne trouverez pas ces œuvres, pourtant essentielles, sur les tablettes d’un Walmart entre Fifty Shades of Grey et un vieil Harlequin. Fournir un éventail diversifié de publications de qualité, y compris en dehors des centres urbains, est une fonction primordiale des librairies. 6

Le livre est un bien particulier. C’est le véhicule privilégié des idées et le poumon de la véritable liberté d’expression, celle qui a quelque chose à dire. Une librairie ou une bibliothèque bien garnie devrait être un service essentiel dans une démocratie libérale. À l’ère des opinions tous azimuts qui se bousculent sur les blogues et les lignes ouvertes, et qui encombrent les ondes radiophoniques tout comme les téléviseurs, il est précieux de pouvoir encore trouver des arguments articulés en plus de 140 caractères. La littérature est également garante de la vitalité de la langue et plus généralement de la culture. L’enclave qu’est le Québec ne peut se permettre d’ignorer ce fait. En barrant la voie aux rabais outranciers sur les bestsellers, le prix unique donne une chance aux auteurs d’ici et aux écrivains émergents. Acheter québécois est un principe plus facile à suivre lorsqu’il n’en coûte pas le double. Pour ces raisons, le livre ne devrait pas être soumis aux pressions excessives du marché de masse. L’uniformisation de l’offre n’a pas sa place sur les rayons des librairies. Malheureusement, depuis 2004, le nombre de titres publiés par les éditeurs québécois a diminué de près de 6 %. Selon une étude réalisée par deux chercheurs de l’École d’économie de Paris, le libre-marché fait diminuer le coût des meilleurs vendeurs, mais contribue aussi au gonflement de celui des ouvrages à plus faible tirage.

prix unique n’a pas affecté l’évolution du marché du livre dans les 14 pays où elle a été implantée. À titre d’exemple, la Finlande, la Suède et la Norvège ont vu les prix des livres croître de la même façon, bien que seule la dernière ait adopté le prix unique. Il n’y a donc pas d’inflation indue et l’accessibilité aux livres est préservée à long terme. Il faut rappeler que les associations réclamant le prix unique au Québec demandent une mesure qui n’affecterait que les neuf premiers mois suivant la publication et tolèrerait une variation de 10 % du montant fixé par l’éditeur. Qu’on se rassure, il sera donc toujours possible d’acheter Madame Bovary pour moins de dix dollars. Le prix unique ne ferait que donner un coup de pouce bien mérité à un milieu unique, qui en a un urgent besoin. Il ne faut pas oublier que le livre demeure la première industrie culturelle au Québec, selon le ministère de la Culture. Celui-ci génère 800 millions de dollars par année et près de 12 000 emplois. Les émules du matricule 728 qui décrient une énième subvention aux parasites artistiques peuvent contenir leur bile.

François Pagé

La même étude souligne d’ailleurs qu’en dehors d’un effet redistributif vers les œuvres plus marginales, la politique du

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Jamais trop tard pour apprendre ! Atout-Lire est un groupe populaire d’alphabétisation. Nous offrons des ateliers de lecture et d’écriture, de calcul et d’initiation à l’ordinateur aux gens peu scolarisés. Au Québec, plus de 1,3 millions d’adultes ont de graves difficultés en lecture et en écriture. Des participants d’Atout-Lire ont voulu profiter de cette édition de La Quête, sur le thème de la lecture et des livres, pour prendre la parole. Chaque capsule est le résultat d’une composition collective qui faisait suite à une réflexion sur la place de la lecture dans notre vie.

J’aimerais lire… Tu es chanceux toi qui peut tout lire. Tu vois un papier, tu le lis. Moi je le laisse de côté et j’attends. Mais finalement je ne le lis jamais. -J’aimerais lire des histoires d’amour. -J’aimerais lire mon courrier. -J’aimerais lire le journal. J’ai même jamais lu le Journal La Quête ! -J’aimerais lire des histoires à mes enfants et les aider à faire leur devoir. -J’aimerais lire les rabais, ça me coûterait moins cher. -J’aimerais lire les prix dans les magasins. -J’aimerais lire le nom des rues.

Quand on était jeune, on n’a pas eu la chance d’aller à l’école. -Moi j’allais bûcher dans le bois avec mon père et mon oncle au lieu d’apprendre à lire. Il fallait bien travailler !

-J’aimerais lire seule, sans personne à côté de moi. Tout est écrit. Il faut toujours lire, partout. On veut apprendre. C’est trop important.

Groupe de français niveau 1

-Moi j’avais trop de misère à suivre les autres, j’étais dans une classe spécialisée, mise de côté, toujours à tout recommencer.

Pourquoi je vais à des ateliers d’alpha et qu’est-ce que ça a changé dans ma vie ?

-Moi j’étais orpheline au couvent. Je sais pas pourquoi mais je restais au couvent à faire de l’artisanat au lieu d’aller à l’école. Au moins, je gagnais des sous ! -Dans le camp de réfugiés au Bangladesh, y’a pas d’école. Maintenant oui, mais pas quand j’étais petite.

Illustration: Danièle Rouleau

-Chez moi au Congo, quand t’as pas d’argent, tu vas pas à l’école. Des fois j’essayais d’écouter la classe en cachette mais je me faisais chasser.

Lyne, Nathalie, Isabelle, Hugues, Saw et Louis-Frédéric Groupe de français niveau 3

Groupe de français niveau 1 Décembre 2012 - Janvier 2013

La motivation de venir au cours de français, c’est pour apprendre à écrire et à lire le français. J’aime apprendre des choses nouvelles. Je viens pour moi, pour me débrouiller dans la vie. Ça sert aussi pour pratiquer la prononciation avec des Québécois(es). Ça m’a aidé beaucoup, j’ai appris la lecture, l’écriture, l’ordinateur et le calcul. Atout-Lire m’a apporté le désir de lire et d’écrire de plus en plus. On apprend beaucoup de choses, on parle de la vie des groupes populaires. J’aime trop ça l’école pour lâcher. Quand tu viens à l’école, t’as la chance que l’esprit souffle vers toi pour imaginer et créer.

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Pa t rick Senéca l :

T h ème s n o ir s po ur a dole s c e n ts av e r tis Le spécialiste de l’horreur, du fantastique et du suspense au Québec, Patrick Senécal, considère écrire des romans pour les adultes, mais il est pleinement conscient que ses livres ont la cote auprès des adolescents. Bien que les thèmes explorés à l’intérieur de ses thrillers versent tantôt dans l’horreur, tantôt dans la violence, il mise avant tout sur le jugement de ses lecteurs, peu importe leur âge.

Celui à qui on doit entre autres les romans Sur le seuil (1998) et Les sept jours du talion (2002), et qui ont d’ailleurs été portés au grand écran, estime les adolescents qui le lisent assez vieux pour comprendre les subtilités des thèmes qu’il aborde dans ses livres. « Je pense que les ados de 15-16 ans qui me lisent ont assez de jugement pour faire la part des choses. Maintenant, s’il y a des ados de 11-12 ans qui me lisent, à mon avis ça ne devrait pas, mais ce n’est pas mon intention et je n’ai pas de contrôle là-dessus », explique l’écrivain.

violence faite aux enfants. « Mes romans n’encouragent pas la violence. Ils ne disent pas que tuer quelqu’un est la solution. Jamais. Ce sont des romans qui parlent beaucoup de violence, de sexualité et de thèmes très noirs, mais pour montrer combien tout ça est complexe, tordu et peu rassurant », précise-t-il.

M. Senécal situe le noyau de son public entre 15 et 40 ans. Selon lui, il comporte plus de femmes que d’hommes, pour la simple et bonne raison que les femmes lisent naturellement plus que les hommes. « Oui, il y a des jeunes un peu gothiques, au look un peu hardcore qui viennent me voir, mais il y a aussi des gens qui ont l’air très sage. Des dames de 40 ans me disent: « Mon Dieu, je ne sais pas pourquoi j’aime vos livres, ce n’est tellement pas mon genre ! », s’étonne-t-il avec un petit rire.

Du réalisme pour les plus jeunes

Photo : Karine Patry

La responsabilité de l’écrivain

Les thrillers de Patrick Senécal sont très populaires auprès des adolescents.

« Ce n’est pas étonnant que beaucoup d’adolescents aiment les thrillers, les livres d’horreur et les livres noirs. Quand j’étais adolescent, je lisais du Stephen King, du [H.P.] Lovecraft, et ils n’écrivaient pas pour des adolescents », soulève d’emblée l’écrivain, en entrevue avec La Quête.

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L’auteur ne se sent pas nécessairement responsable envers son lectorat plus jeune dans la façon dont il traite ses intrigues, étant donné que dans les faits, il écrit pour des adultes. Il se sent par contre responsable du contenu de ses romans. « Lorsqu’on a la chance d’être diffusé, on a la responsabilité de ne pas dire n’importe quoi, de ne pas être raciste ou xénophobe, par exemple. Ça n’empêche pas que les personnages peuvent l’être », témoigne Patrick Senécal. L’écrivain juge aussi qu’on peut approcher un thème sous presque n’importe quel angle, pour autant que celui-ci soit justifié par l’histoire. « Mes personnages ont souvent une sexualité tordue. Je ne me mets pas de tabou et je me permets pas mal tout, tant que ça provoque quelque chose ».

« Et, si les adolescents lisent mes livres au complet, c’est peut-être aussi parce qu’ils y trouvent autre chose que des sensations fortes », fait également valoir M. Senécal, à propos de ses romans dont certains comptent près de 600 pages. Du côté des plus jeunes, Marie-Ève Jeannotte, responsable de l’édition pour Les Intouchables, soutient qu’ils semblent apprécier les romans aux histoires réalistes. « Autant il y a quelques années c’était le fantastique et la science-fiction (…), autant maintenant les jeunes sont tombés dans le réalisme, avec des séries comme Aurélie Laflamme », soulève-telle. Le volet jeunesse de la maison d’édition montréalaise publie entre autres India Desjardins et son héroïne Aurélie Laflamme et la série fantastique de Bryan Perro ; Amos Daragon. « Les jeunes s’identifient davantage aux héros, car l’histoire évolue dans un univers qui ressemble au leur », ajoute-t-elle. Mme Jeannotte indique par ailleurs que « les goûts chez les plus jeunes suivent souvent les modes, sans être le fruit d’une génération en particulier ».

Mélyssa Turgeon

Sans s’autocensurer, M. Senécal a tout de même certaines limites personnelles entourant ce qu’il écrit, notamment lorsque ses histoires ont pour sujet la

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L e s libr a iries de livres u s a gés

Photo : Luc-Antoine Couturier

Une e s pè ce e n v o ie de dis p ar ition ?

Comptoir du livre, rue St-Joseph : un établissement à l'avenir incertain...

À l’ère du téléchargement par Internet où il est possible de lire un livre en un seul clic, certains affectionnent encore les vieux ouvrages version papier qui ont du vécu. À la bonne occasion ainsi qu’au Comptoir du livre sont deux des nombreuses librairies de livres d’occasion qui proposent aux résidents de la ville de Québec une multitude d’ouvrages offrant une particularité aux acheteurs : un prix compétitif et une histoire derrière chaque manuscrit. Installée boulevard René-Lévesque, la librairie À la bonne occasion satisfait la soif littéraire des résidents du quartier Montcalm depuis près de 30 ans. Le succès de ce commerce réside dans la passion et les connaissances littéraires du propriétaire, Denis Néron, qui affirme posséder la seule librairie d’ouvrages usagés à Québec offrant des livres qui couvrent tous les sujets, des mathématiques à l’Histoire. Lorsqu’on entre dans le commerce, une odeur réconfortante de livres envahit nos narines. Sans aucune prétention, les ouvrages sont empilés les uns sur les autres partout dans la boutique. Ces montagnes de livres peuvent représenter un véritable casse-tête pour les visiteurs occasionnels alors que, pour le propriétaire, chaque livre est situé au bon endroit. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle M. Néron guide avec enthousiasme ses clients, en recherchant le livre répondant le mieux à leurs besoins. Amateur de littérature depuis son tout jeune âge, le propriétaire de la librairie confie à La Quête avoir « ouvert sa boutique par pur hasard ». C’est le refus des librairies traditionnelles à l’embaucher qui l’ont poussé à ouvrir, il y a une trentaine d’années, une librairie de livres usagés.

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Ses revenus sont partagés entre les ventes faites en boutiques et celles effectuées sur Internet. Signe des temps, le commerce a dû s’adapter et prendre le virage Web pour éviter de perdre de l’argent. Ses ventes en magasin sont toujours satisfaisantes puisque, selon lui, c’est l’aura qui entoure les livres usagés et leur vécu qui attirent toujours des clients dans sa petite boutique. Cependant, le grand nombre de librairies de livres usagés et le fait que ces dernières soient en compétition avec les grosses chaînes nationales poussent certains commerces à remettre en doute leur existence. Depuis quelques semaines déjà, la librairie Le comptoir du livre de la rue Saint-Jean affichait une pancarte indiquant sa fermeture et la vente finale de ses livres. Après avoir communiqué avec le propriétaire du commerce, La Quête a appris que cette succursale n’était plus susceptible de fermer ses portes, comparativement à celle de la rue Saint-Joseph qui était, au moment d’aller sous presse, encore dans l’incertitude.

classés sur les étagères selon leur genre : romans, bandes dessinées, etc. Le Nelligan, Le Rock’n Livre ou la librairie Laforce ne sont que quelquesuns des nombreux commerces de livres usagés installés sur la rue Saint-Jean, sans mentionner les librairies de livres neufs comme Pantoute et Archambault. La compétition est donc féroce, mais le marché du livres usagés a encore sa place, à en croire les propriétaires des boutiques, qui répondent toujours aux désirs littéraires des habitants de la vieille capitale avec passion.

Raphaëlle Savard-Moisan

Le comptoir du livre est un commerce très différent de la librairie À la bonne occasion. En effet, en plus de vendre des livres usagés, la librairie vend des ouvrages neufs. La boutique s’apparente à une librairie régulière où les livres sont

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La bibliothérapie !

Popularisée dans les pays anglo-saxons, la thérapie par la lecture compte de plus en plus d'adeptes au Québec. En entrevue à RDI Santé il y a quelques mois, le psychologue Nicolas Chevrier confirmait la pertinence de cette pratique en psychothérapie, notamment dans l'approche cognitivo-comportementale où les patients sont invités à identifier et à modifier les comportements et pensées qui leur causent problème. Entre deux rencontres hebdomadaires, le Dr. Chevrier prescrit donc une lecture à faire à la maison : La peur d'avoir peur d'André Marchand ou Se relever d'un traumatisme de Pascale Brillon, peuvent ainsi se révéler des outils importants afin « d'enseigner aux gens ce que nous [les psychologues] on connaît, pour qu'euxmêmes puissent développer des réflexes pour intervenir et apporter des changements dans leurs comportements ». À ceux qui pourraient être tentés de se contenter de lire, le psychologue explique que des recherches ont démontré que le simple fait de lire n'implique pas nécessairement des changements. « Les changements thérapeutiques vont se produire en grande partie grâce à l'alliance thérapeutique, c'est-à-dire la force du lien entre le patient et le psychologue ». Il importe aussi d'être vigilant face à la multiplication des livres de croissance personnelle; les ouvrages de psychologie utilisés en bibliothérapie étant construits sur les modèles théoriques dont l'efficacité a été testée scientifiquement. Cette conception très clinique de la bibliothérapie diffère largement de celle promue par Katy Roy. À ses yeux, la bibliothérapie c'est « l'utilisation de la littérature, des histoires, de la poésie, des contes, des romans et des textes de chanson, pour amener les gens à mieux composer avec certains éléments de leur vie ». Il n'est donc pas question ici de lire sur le stress, l'angoisse ou la peur. « Les histoires permettent d'aborder ces

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moins à l'aise. J'offre une lecture et ils sont contents de s'être fait faire la lecture et parfois ça mène à toutes sortes de confidences très intimes ».

questions-là d'une manière plus poétique, ce qui fait que ça va rejoindre les gens de différentes manières ». Diplômée en littérature, Katy Roy a fondé La Bibliothèque Apothicaire* il y a quelques années. Parfois ambulante tantôt in situ, La Bibliothèque Apothicaire propose de brèves rencontres où les participants sont d'abord invités à partager une réflexion ou un questionnement personnel. Katy Roy choisit ensuite un livre et en fait la lecture à haute voix.

Encore une fois, le lien entre le participant et la bibliothérapeute est primordial. « Ça amène à ne pas prendre la lecture comme un produit de consommation. Ça devient une expérience et permet d'aller plus loin, de comprendre pourquoi une telle lecture nous a touchés ». Médecin généraliste et écrivain, Jean Désy a été charmé dès les premiers instants par le projet de la lectriceapothicaire. Il convient toutefois d'un certain scepticisme chez les professionnels de la santé. « C'est le mot thérapie qui pose problème », analyse-t-il. « Personnellement, le mot thérapie j'ai toujours trouvé ça un peu prétentieux. La science a développé des activités thérapeutiques précises, par exemple des antibiotiques intraveineux pour guérir un méningocoque. La thérapeutique du point de vue physique, ce n'est pas du même ordre que la thérapeutique du point de vue psychique. Soigner l'âme ce n'est pas comme soigner les pièces mécaniques du corps ». Photo : Daniel Samson-Legault

Lire, c'est découvrir, se divertir, voyager, rêver. Et si lire c'était aussi guérir ? Voilà le pari que font les adeptes de bibliothérapie.

La bibliothécaire apothicaire; Katy Roy, en pleine action!

À propos de la littérature choisie, elle explique : « Ce sont des livres que je connais. Je les ai d'abord sélectionnés parce que je les aimais, parce que ce sont des livres qui me semblent particuliers, symboliques et aussi parce que je pensais qu'ils allaient pouvoir parler à d'autres personnes ». Ainsi, un passage évoquant l'apparition d'un ange a amené une vieille dame à partager la peine qu'elle vivait depuis le décès de sa sœur. En lisant l'histoire d'un lapin qui n'a qu'une seule oreille aux enfants du Pignon Bleu, Katy Roy les invite à réfléchir sur leur rapport à la différence. « Pour chaque personne, c'est une rencontre différente. Parfois les gens sont

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Rappelant que la médecine n'a jamais été aussi scientifique et qu'elle était beaucoup plus amalgamée au poétique au 19e siècle, le docteur se réjouit de cette volonté de traiter l'âme comme une conjonction du corps et de l'esprit. « Il existe des hôpitaux offrant de la musicothérapie, de la danse thérapie, de l'art thérapie. Je pense que la bibliothérapie peut être utile. À la question de savoir comment ces arts-là peuvent être utiles dans un contexte de médecine scientifique, je pense que la seule vraie réponse, c'est qu'il faut absolument développer dans l'avenir une vision plus globale de l'être humain ».

Andrée-Anne Lévesque Aubé

* Pour plus d'informations sur La Bibliothèque Apothicaire, consultez le : http://bibliothequeapothicaire.com/

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L’Histoire autrement avec Louise Lacoursière Depuis 2002, l’auteure Louise Lacoursière a publié différents romans historiques et plusieurs biographies. Tout d’abord enseignante au secondaire et puis au collégial, elle consacre aujourd’hui tout son temps au métier d’écrivain. Le troisième tome de sa plus récente trilogie La Saline est prévu pour l’automne 2013. Le magazine La Quête l’a interviewée sur le contexte particulier entourant l’écriture d’un roman historique.

Son plus récent ouvrage La Saline, se déroule en 1890 et relate l’histoire d’Antoine Peltier, un médecin de retour dans son patelin de Saint-Léon-le-Grand après des études à Montréal. Le personnage principal aux tendances anticonformistes aura à traverser une multitude d’épreuves non seulement en tant que médecin, mais aussi en tant qu’humain vivant dans une société qui accorde une grande importance à la religion. « Avec un roman historique, il faut y aller couche par couche », explique l’auteure à propos de sa démarche d’écriture. « Il faut d’abord faire une recherche de base et après tu introduis tes personnages avec leurs manies et leur personnalité », énumère Louise Lacoursière. Un an et demi de recherche a notamment été nécessaire avant la parution du premier tome de sa trilogie. « Je suis allée rencontrer des personnes à Saint-Léon-le-Grand, qui m’ont fourni des photos et des documents de première main », explique l’auteure. Ses recherches ne se sont pas limitées à cette étape, il a aussi fallu éplucher des livres d’histoire, des journaux, des revues médicales d’époques et certains sites d’archives. Le tout lui a permis de se renseigner également sur les mœurs et la culture des gens du 19e siècle. « Le lecteur peut se fier à ce que je dis. Tout est vrai, au plan médical comme au plan historique. Si l’on veut conserver l’attention du lecteur dans un roman historique, le bon dosage des éléments romanesques et documentaires est capital », s’exclame-t-elle. Dès l’écriture terminée, Louise Lacoursière soumet ses textes à son comité de spécialistes composé de médecins, chirurgiensdentistes et autres, pour que ces derniers corrigent les anachronismes ou les erreurs qui auraient pu se glisser dans ses ouvrages. « Tout est dans le but de ne pas, par exemple, traiter d’une maladie dans mon livre dont on ne connaissait même pas l’existence en 1890 ». L’auteure n’envisage pas les études nécessaires à la rédaction de ses livres comme un fardeau : « C’est un plaisir supplémentaire pour moi de faire la recherche en lien avec mon écriture », ajoute-t-elle. Elle mentionne

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Photo : Sarah Scott

« L’écriture est un acte d’amour. S’il ne l’est pas, il n’est qu’écriture ». Cette citation de Jean Cocteau, bien en vue sur le site Internet de Louise Lacoursière, témoigne de la passion qu’elle éprouve pour son métier d’écrivaine. « C’est un désir que je chérissais depuis longtemps, au début je me disais que je commencerais quand j’aurai le temps, pour me rendre compte que si j’attendais d’avoir le temps, je n’écrirais jamais », déclare l’auteure.

L'auteure de la trilogie La Saline, Louise Lacoursière

également l’importance d’être minutieuse dans sa rédaction. « Combien de personnes pourraient le découvrir si je faisais une erreur ? », demande-t-elle. « Une seule serait trop. À partir du moment où le lecteur découvre une erreur, il va être porté à douter de tout ce qui est offert par l’auteur ». L’écriture de romans historiques est également une façon pour Louise Lacoursière de partager des aspects de l’Histoire plus ou moins connus. « On ne se l’imagine pas, mais les gens étaient plus délurés qu’on le pense. Au début de la Nouvelle-France, les mœurs étaient assez relâchées si je peux dire. Ce n’est pas ce qu’on nous rapporte dans la plupart des manuels d’histoire où on ne nous parle que de batailles et de politique. On ne nous parle pas de cette vie de tous les jours où une femme, par exemple, pouvait avoir plusieurs amants ». Tout au long du roman, les personnages vivent des émotions et des expériences qui vont à l’encontre des mœurs de l’époque, comme l’homosexualité, l’adultère ou le désir de faire l’amour avant le mariage. L’autorité de l’homme par rapport à la femme et la violence qui peut en découler sont également mises en scène dans la trilogie La Saline. « À posteriori de mes recherches, je voulais qu’on arrête d’avoir la nostalgie du bon vieux temps. L’important, c’est de vivre le moment présent ».

Vanessa Breton-Beaulieu

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Illustration : Valérie Gaudreau

Sur les ailes de la lecture

Vous trouvez que vos livres, enfermés depuis trop longtemps dans votre bibliothèque ont triste mine, qu’ils accumulent la poussière. Sensible à cette triste réalité, un nouveau mouvement cherche à libérer ces volumes afin qu’ils puissent retrouver la place qui leur convient ; entre les mains du lecteur. Ce mouvement s’appelle Libérez les livres. Le 8 novembre dernier a marqué le premier anniversaire de la première libération. Lors de la première édition de La Nuit de la liberté, un évènement qui se tient annuellement au Musée de la civilisation de Québec, plus de mille livres avaient alors été libérés. Pour qu’un livre soit considéré « libéré », il doit voyager de lecteur en lecteur. « C’est un mouvement qui vise à favoriser la lecture en laissant des livres traîner un peu partout, pour permettre à d’autres de les reprendre et de les lire par la suite », a indiqué Gabrielle Brisebois, cofondatrice du mouvement avec Catherine Blaquière et Mélise Brisebois. L’échange doit toutefois respecter une certaine procédure pour permettre une libération adéquate. Des points d’échange, souvent sous la forme d’une étagère ou d’une bibliothèque, ont élu domicile à plusieurs endroits stratégiques, tels que des cafés, un garage ou encore des écoles. « On a cherché à viser des lieux mixtes. On recherche une rencontre impromptue entre un livre et un lecteur », a expliqué Catherine Blaquière. À ce jour, il y aurait environ une trentaine de points de partage. Ce qu’ils ont en commun : ils sont tous équipé d’autocollants

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ou d’un tampon encreur servant à identifier le livre d’une petite phrase qui indique qu’il a été libéré et qu’il serait fortement encouragé de le libérer à nouveau : « Livre libéré, veuillez l’adopter le temps d’une lecture, puis le relâcher ou libérer un autre livre ». La méthode pour ouvrir un point de partage est assez simple et libre, et c’est pourquoi le mouvement peut s’étendre. Un point de partage s’est d’ailleurs ouvert en Guadeloupe et un autre en Corse. La vocation des points de partage peut par ailleurs être différente. Outre le simple échange, certains points, comme celui de la Guadeloupe, tentent de se servir de cette méthode pour favoriser les discussions entre les lecteurs. Il en est de même pour l’entente entre le mouvement et Accès transports viables, qui vise plutôt un échange de mains à mains entre les lecteurs. Ce mode de « libération » se justifie notamment pour la complexité de gestion d’une pile de livres dans un autobus. Cependant, dans ce cas également, la présence de la petite phrase reste de mise.

la différence de la simple libération, un code accompagne le livre qui peut ensuite être suivi sur leur site Internet. « On aimait le côté échange. Ce qu’on aimait moins, c’est que les gens restaient attachés à leur livre. On voulait se libérer de la valeur matérielle », a spécifié Gabrielle Brisebois. Le mouvement s’apparente également à Circu’livres, qui a lieu en France. Ce dernier mouvement favorise également la discussion sur la lecture. Le premier anniversaire du mouvement a eu lieu à La Nuit de la liberté, édition 2012. Mais cette fois, le but n’était pas la libération massive, mais plutôt l’échange de livres et la recherche de bénévoles. « Cette année, on ne ressent pas le stress de lancer le projet, on sait qu’il run », a exprimé Catherine Blaquière. Pour savoir comment adhérer au mouvement et trouver le lieu de partage le plus près de chez vous visitez le www.libérezleslivres.com

Gabrielle Thibault-Delorme

Le mouvement s’inspire du Bookcrossing, un mouvement alternatif surtout populaire aux États-Unis et en Europe. À

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L’univers démystifié des mangas Minifée, Astro le petit robot et les Pokémon ont marqué l’univers des dessins animés. Ce que la plupart des gens ne savent pas, c’est que ceux-ci proviennent directement du pays du Soleil levant et sont de fières représentations des mangas, ces BD japonaises où le style graphique se trouve quelque part entre le film et le dessin. La manga se différencie par son sens de lecture : de la fin vers le début et de droite à gauche. Une autre particularité la distingue de sa cousine américaine. En effet, les mangas présentent plus souvent un héros du quotidien auquel un lecteur peut facilement s’identifier plutôt qu’un super héros comme Superman. Une grande variété de thèmes qui touchent le lecteur y sont abordés, tels que le dépassement de soi, l’entraide et la quête de devenir. « Ces BD sont inspirantes, elles véhiculent des valeurs positives, de ténacité. Que même si on échoue, mais qu’on persévère, on va réussir », explique Sonia Géant, créatrice de l’univers Fanamanga, le lieu de rassemblement des amateurs de mangas à Québec.

aux multiples personnages. Le Fanamanga offre, en plus d’un vaste choix de mangas, des costplay, les costumes de mangas, et d’autres accessoires de mode japonaise. Certains items sont même fabriqués au Québec pour répondre aux gabarits occidentaux. Isabelle Drolet, de la griffe Putré Fashion, confectionne des tenues à l’esprit mangas qui trouvent preneur bien au-delà de la fête d’Halloween. Amélie Carrier, lectrice invétérée, confirme que « le mieux c’est de se déguiser, de faire vivre nos personnages, de se faire prendre en photo et d’échanger avec les autres admirateurs ».

« Printemps manga » à Québec

Très populaire au Japon et en France, le nombre d’amateurs québécois de ce style ne cesse d’augmenter. Mais s’assumer en tant qu’otaku, amateur de manga, n’est pas si simple car le phénomène est encore marginal au Québec. Pour répondre à ce besoin, Judy Rosello et Sonia Géant ont ouvert en août 2010 le Fanamanga, une boutique-café consacrée à la mode japonaise POP et aux mangas, en plein cœur du quartier St-Roch. Dès l’ouverture de la boutique, les propriétaires ont eu droit à des messages d’amour sur les murs de l’édifice : « On s’est vite aperçu que c’était très attendu dans la ville. Cet accueil était totalement inattendu ! », raconte Sonia Géant, copropriétaire. « Il y a des gens qui passent la porte et qui se mettent à pleurer, parce que ça correspond à quelque chose qu’ils auraient toujours voulu avoir, c’est un rêve ». Une communauté du Fanamanga s’est créée d’elle-même sur Internet, sans que les propriétaires aient un quelconque rôle à y jouer. « C’est bien clair que le Fanamanga ne nous appartient plus, c’est le Fana maintenant. Il est à ceux qui y mettent de la vie, semaine après semaine lors d’évènements planifiés ou improvisés ». Décembre 2012 - Janvier 2013

Photo : Luc-Antoine Couturier

Le Fanamanga

Suzie Lévesque, une véritable otaku

Une communauté bien en place L’engouement autour de ces BD peut être intrigant, mais pour les admirateurs, c’est clair : « Lire des mangas c’est bien, mais pouvoir partager avec ceux qui ont la même passion que toi, c’est génial ! », rapporte Suzie Levesque, une amatrice de mangas qui de plus est cuisinière au Fanamanga. Cette dernière évoque au passage l’importance des conventions de mangas où des adeptes d’un peu partout s’y rendent pour échanger. « Ça m’a permis de m’assumer en tant que ‘fan’ de manga ». Être admirateur de manga ne s’arrête pas seulement à la lecture; une mode vestimentaire y est aussi associée. Cheveux aux couleurs bonbons, robes à crinoline, sabre bien aiguisé et kimono traditionnel se côtoient dans cet univers

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Michel Giguère, animateur des ateliers de la BD à la bibliothèque Gabrielle-Roy, confirme l’engouement autour des mangas. Les quelques ateliers offerts par la bibliothèque à ce sujet abordaient le thème de l’influence des mangas dans la BD occidentale. Sans prendre parti, Michel Giguère constate que les amateurs de mangas délaissent plus souvent la lecture de romans ou d’autre forme de lecture au profit des mangas. Il croit que cette fermeture d’esprit vers les autres types d’œuvres ne doit pas être encouragée. Du même souffle, il admet se questionner sur la réelle valeur littéraire de ce genre. Et il n’est pas le seul. Pour les propriétaires de la boutique, la question ne se pose pas, il s'agit bel et bien de littérature. Le débat est en effet en pleine effervescence. Au passage, M. Giguère a annoncé la tenue d’un évènement consacré aux mangas, au printemps 2013. Ce rendez-vous des adeptes prendra d’assaut plusieurs endroits de la Vieille Capitale.

Marie-Pier Cayer

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M ag as in s à gr an de s s u r f a ces vs lib ra iries indépenda nt es

L e pr ix un ique : une so lutio n ? Les librairies indépendantes sont menacées par les magasins à grandes surfaces tels que Costco, Walmart et Zellers qui vendent les livres au prix que les libraires les payent. Les libraires de la région de Québec n’y échappent pas et voient le prix unique comme une solution.

Katherine Fafard, directrice générale de l’Association des libraires du Québec (ALQ), soutient que « le chiffre de ventes annuelles de livres est en augmentation, mais le problème c’est que les ventes se dirigent vers les grandes surfaces de plus en plus, au détriment des librairies indépendantes et même des chaînes comme Renaud-Bray et Archambault ». Les grands magasins ne vendent que des livres à succès et c’est ce qui nuit aux librairies traditionnelles, indique Mme Fafard : « Ce qui est rentable pour un libraire indépendant, c’est de vendre des best-sellers parce qu’un livre qui entre et qui sort presque immédiatement de sa librairie lui rapporte immédiatement, comparé à un livre de fonds qu’il doit recevoir, entretenir, manipuler et essayer de vendre ».

Élizabeth Morency, propriétaire de la librairie Morency, explique qu’il est parfois même difficile de se procurer des livres à succès auprès des éditeurs : « En plus de les vendre moins cher, ils [les magasins à grandes surfaces] monopolisent le secteur en grande quantité ». En effet, si les consommateurs se dirigent davantage vers les grandes surfaces, c’est qu’ils y trouvent des prix que les libraires ne peuvent compétitionner. Les associations professionnelles du livre ont d’ailleurs entrepris une campagne de mobilisation en août 2012. Mme Fafard explique le but de la démarche appelée nos livres à juste prix : « Les gens qui se dirigent dans les grandes surfaces pour profiter d’un rabais de 30 % sur les nouveautés commencent à quitter les librairies traditionnelles. Et là, nous, avec la réglementation, on veut arrêter cette hémorragie-là pour garder les clients chez nous […] ». Denis LeBrun, propriétaire et fondateur des librairies Pantoute, éditeur du journal Le libraire et directeur de la coopérative des Libraires indépendants du Québec, prône le prix unique comme solution depuis trente ans. Cette fois-ci, avec l’annonce du Parti québécois, celui-ci est sûr que la commission parlementaire sur « la pertinence d’une loi sur le prix unique du livre et de ses impacts » sera positive : « Je pense qu’il va y avoir une réglementation, l’industrie du livre est vraiment unanime pour demander une réglementation du prix du livre qui serait un prix réglementé ». Il rappelle que cela empêcherait les grandes 14

Illustration: Danièle Rouleau

Pour la directrice générale de l’ALQ, bien que les livres de fonds soient la plus-value des librairies indépendantes, ils ne sont pas rentables pour ces dernières puisque leur rotation est lente et à long terme. « Ce sont les bestsellers qui permettent de rentabiliser une librairie avec leur rotation rapide. Puis, en ce moment, tout ce marché-là est en train d’échapper aux librairies traditionnelles indépendantes et chaînes, au profit des grandes surfaces », explique-t-elle. surfaces de vendre des livres excessivement moins cher que les libraires et pense que les consommateurs n’auront plus d'avantages à acheter dans les grands magasins. Si certains consommateurs croient avoir du choix dans les grandes surfaces, c’est bien le contraire, selon M. LeBrun. Ses librairies Pantoute comptent 40 000 titres répartis dans 65 sections touchant tous les sujets possibles. En fait, selon l’agrément des librairies encadré par le ministère de la Culture, les librairies indépendantes doivent avoir plus de 8 000 titres. Au sein des grandes surfaces comme Costco, une moyenne de 227 titres est proposée selon la période, pour un total de 500 nouveautés par année. Mme Morency est catégorique et croit que le service qu’offre les librairies indépendantes n’a rien à voir avec les grands magasins : « Eux autres, ils vendent des livres pour amener des clients et, en même temps, ils achètent une livre de beurre, une caisse d’eau minérale et leur commande d’épicerie […] Il me semble que si demain matin je décide de vendre du papier de toilette et des Kleenex, j’en entendrais parler ».

Chloé Patry-Robitaille

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L’apprentissage de la lecture chez les tout-petits Pas besoin de savoir lire pour aimer la lecture! C’est dans cet esprit que les bibliothèques et le programme Passe-Partout proposent des ateliers d’éveil à la lecture pour les bambins. La lecture est « un bonheur à partager, un cadeau à offrir aux enfants. Il s’agit d’un puissant levier de développement », soutient Lyne Cloutier, responsable du programme Passe-Partout à la Commission scolaire des Premières-Seigneuries.

Pour initier les enfants à la lecture, plusieurs activités sont offertes. « Une naissance un livre » propose aux parents d’abonner les enfants avant l’âge d’un an à l’une des succursales du réseau des bibliothèques de la ville de Québec. « Ce programme encourage les parents à lire des histoires à leur enfant dès leur jeune âge. En inscrivant leur enfant à ce programme, les parents reçoivent une trousse du bébé lecteur qui contient un livre, une revue, des conseils de lecture, un dépliant éveil à la lecture et des suggestions de livres », explique Martine Lacasse, responsable du service jeunesse-famille pour l’Institut Canadien de Québec, gestionnaire des bibliothèques publiques de la Ville de Québec. À la bibliothèque Gabrielle-Roy, les parents ont le choix entre des ateliers d’éveil à la lecture pour les enfants de 1 à 3 ans (Biblio-bébé), des ateliers d’éveil scientifique pour les jeunes de 2 à 5 ans (Mille et une histoires de science pour les tout-petits), ainsi que des heures de conte pour les 3 à 5 ans (Contes du mercredi). Depuis peu, des ateliers d’éveil à la lecture (des Racines et des Mots) pour les mères immigrantes et leurs enfants de 0 à 5 ans y sont également offerts. « Les programmes d’animation peuvent être différents d’une bibliothèque à une autre, cependant plusieurs bibliothèques offrent des ateliers d’éveil à la lecture », mentionne Mme Lacasse. Décembre 2012 - Janvier 2013

L’atelier pour les 1 à 3 ans est composé de plusieurs activités totalisant 5 à 10 minutes chacune, qui permettent de maintenir l’attention des enfants. « L’animatrice donne accès à des marionnettes ou des livres pour commencer en douceur. Ensuite, elle débute avec une chanson ou une comptine et poursuit avec une ou deux histoires. Après viendront différentes activités telles que des rondes, des bricolages et des jeux », indique Martine Lacasse. Quant à lui, Passe-Partout est un programme gratuit offert par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport qui s’adresse aux enfants de 4 ans et à leurs parents. Il permet entre autre de faire la transition entre le milieu familial et l’école de façon progressive. « Dans ce programme, il y a également un atelier d’éveil à la lecture dans un cadre fantaisiste à l’aide de marionnettes et de comptines », précise Lyne Cloutier. Le livre permet à l’enfant de découvrir un langage littéraire, plus poétique et imaginaire. Selon, Martine Lacasse, l’apprentissage du langage se fait par l’imitation des sons. La lecture aide également l’enfant à organiser sa pensée, à exprimer ses désirs et améliorer la communication avec son environnement. De plus, Mme Cloutier ajoute que la lecture sollicite leur mémoire, leur sens d’observation, alimente l’imaginaire, la créativité et peut réconforter l’enfant. « En prime, lire procure beaucoup de plaisir et des rapprochements entre l’enfant et l’adulte ».

Photo : Louise Leblanc

L’éveil à la lecture commence bien avant l’âge de 4 ans. Lire et regarder des livres, raconter des histoires et en inventer avec de très jeunes enfants leur ouvrent la porte à l’univers magique des livres, des connaissances et de l’imaginaire. « Les livres sont des trésors à partager dès que possible avec les tout-petits, car plus l’enfant est initié tôt dans sa vie au monde magique et merveilleux des livres, et plus il a de chance d’aimer et d’apprécier les livres », souligne Lyne Cloutier.

thequesquebec.qc.ca indique où ces activités se donnent dans la région de Québec », précise Mme Lacasse. Pour trouver les écoles qui offrent le programme Passe-Partout, il suffit de consulterles sites Internet des commissions scolaires.

France Lalande

« Dans les ateliers d’éveil à la lecture, que ce soit avec une bibliothèque ou avec le programme Partout-Partout, les livres sont choisis en fonction de l’originalité de l’histoire, la richesse du contenu, la beauté des illustrations, des couleurs et des textures », explique Mme Cloutier.

Photo : Luc-Antoine Couturier

Illustration: Danièle Rouleau

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Plusieurs bibliothèques offrent des ateliers pour initier les enfants à la lecture. « À ce titre, le site Internet www.biblio-

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S 'éva der p ar l a l e ctur e Alter Justice veut aider les détenus à s'évader... à l'aide d'un livre ! L'organisme qui vient en aide aux détenus et à leurs proches a en effet lancé cette année une collecte. La campagne vise à amasser des livres usagés, qui seront remis par la suite à l’établissement de détention de Québec. Le responsable des médias de cet établissement, M. Clément Falardeau, nous éclaire à propos du système de fonctionnement des bibliothèques. Alter Justice, anciennement appelé Groupe de défense des droits des détenus de Québec (GDDDQ), a été fondé par des citoyens de la région de Québec en 1977. Le groupe, qui vient en aide aux détenus ainsi qu’à leur famille, a développé pour une première année une collecte de livres usagés, lesquels seront par la suite remis à l’Établissement de détention de Québec. Selon Éric Bélisle, intervenant d’Alter Justice : « C’est suite à des ateliers en détention que plusieurs détenus ont fait part du peu de livres disponibles. C’est donc après une discussion avec l’Établissement de détention de Québec, qui nous a fait part du budget limité pour l’achat de livres, que nous avons entrepris la collecte. La collecte de livre s’inscrit dans une série de changements qui visent à répondre aux besoins spécifiques de la

clientèle judiciarisée ». Comme l’a expliqué M. Falardeau : « Pour les bibliothèques en prision, quelques-unes sont munies de système informatisé d’emprunt et d’enregistrement des livres, lorsque l’établissement est de plus grande envergure. Mais reste que la majorité des bibliothèques doivent être gérées à l’aide d’un système manuel. Il existe également une entente avec les bibliothèques municipales, qui envoient des livres régulièrement. Parfois, c’est à l’animateur de pastorale de s’occuper de la bibliothèque de son établissement ». Le règlement d’emprunt est simple, le détenu peut emprunter le livre qu’il désire et le garder habituellement une semaine ou deux. M. Falardeau a également mentionné la présence de programmes particuliers : « Un fond existe qui rémunère un ou des prisonniers pour

le suivi, la disposition ou le rangement des livres. Également, la distribution des livres est une tâche à effectuer ». Le système de bibliothèque en établissement carcéral est assez semblable à celui que l’on retrouve dans nos bibliothèques municipales. Quelques règles et programmes d’aide ont été créés pour en assurer et faciliter le bon fonctionnement, ainsi que pour aider les détenus. Le don de livres, à titre d’exemple la collecte organisée par Alter Justice, reste tout de même primordial pour le bon fonctionnement du service de bibliothèque en prison. La Quête n’a toutefois pas été en mesure d’en savoir plus sur les habitudes de lecture et les livres préférés des détenus.

Lire pour réduire sa peine... d'emprisonnement

Photo : Archives Web

Comment désengorger les prisons surpeuplées du Brésil ? En accordant une remise de peine aux détenus qui lisent. Cette mesure devrait écourter leur séjour en prison et diminuer considérablement leur taux de récidive. C'est le pari pour le moins étonnant que font 4 prisons brésiliennes en adoptant le programme « La rédemption par la lecture ». Pour chaque livre lu, la peine sera écourtée de 4 jours, pour un maximum de 12 livres ou 48 jours par an.

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Les prisonniers présélectionnés auront quatre semaines pour terminer le livre retenu parmi des œuvres de littérature, de philosophie ou de sciences. Ils devront ensuite rédiger une fiche de lecture lisible et correctement orthographiée et la remettre à la commission qui les a sélectionnés. Andre Kedhi, responsable

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d’un organisme de dons de livres aux prisonniers de Sao Paulo, estime que la lecture peut aider les détenus à devenir de « meilleures personnes ». Le concept n'est pas de lui. C'est un juge et professeur de littérature états-unien qui, las de voir le taux de récidive des détenus, eu l'idée en 1991 de les inciter à lire. Il mit alors en place un programme de remise de peine, en échange de livre lu. Les résultats ont été concluants : les participants ont été environ 18 % à récidiver, soit deux fois moins que le taux normal. Depuis, le concept a été adoptée dans plusieurs États américains, en Grande-Bretagne et maintenant au Brésil. Une idée pour le Québec ? Source : www.enviedecrire.com/des-livres-pour-sevader-de-prison/

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Les livres : une ouver ture sur le monde

Parvenue à l’âge de l’adolescence, je dévorais livre après livre sitôt que j’en avais l’opportunité. Ainsi, que ce soit étendue sur mon lit, à bord de l’autobus ou parfois même en classe, tout était prétexte à me plonger avec passion dans ces mondes imaginaires, fantastiques, voire parfois réalistes que pouvait entre autres m’apporter un roman jeunesse, une bande dessinée ou l’encyclopédie familiale qui trônait dans la grande bibliothèque du salon.

Photo : Archives Web

Enfant, j’ai eu la chance d’être initiée très tôt au merveilleux monde des livres et, par le fait même, d’y découvrir les personnages mythiques et histoires rocambolesques qu’ils contenaient, et ce, grâce à mes parents. Que ce soit Peter Pan et la fée clochette, Cendrillon et son prince charmant ou Blanche-Neige et les 7 nains, pour ne nommer que celles-là, chaque histoire racontée par mon père ou ma mère me procurait invariablement une joie indescriptible.

Lorsque fut le temps d’être mère à mon tour, j’ai procédé de la même manière que mes parents, soit d’initier mes propres enfants à la lecture avant même qu’ils ne soient en mesure de lire par le biais de contes merveilleux. Aujourd’hui devenus grands, ils se rappellent encore certaines histoires que nous leur avons racontées et, du même coup, contribuent à la fierté que j’éprouve d’avoir pu leur léguer un cadeau on ne peut plus précieux, celui d’avoir envie de lire.

librairie ou un magasin à grande surface; qu’ils soient neufs ou usagés, tout comme pouvoir lire un récit tout entier sur l’Internet, en braille ou simplement se faire raconter l’histoire par le biais d’un service téléphonique dédié aux malentendants ou aux non-voyants, personne en réalité ne peut aujourd’hui prétendre que la lecture soit difficilement accessible. À cela s’ajoutent les nombreux Salons du livre et ateliers de lecture qui, tout au long de l’année, nous sont proposés un peu partout au Québec.

Des livres accessibles à tous

Envie de relaxer ? Lisez !

Devant la facilité avec laquelle il est maintenant possible à tout un chacun de pouvoir emprunter gratuitement des livres à la bibliothèque de son quartier, de son école, voire de la prison si l’on y est détenu, se les procurer dans une

Une heure trente la nuit et vous ne parvenez toujours pas à trouver le sommeil... Vous avez beau avoir tout essayé, les bras de Morphée demeurent obstinément fermés. Qu’à cela ne tienne : prenez soin de vous caler un ou deux bons oreillers derrière le dos, ajustez

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réalise l’espoir

votre lampe de chevet et plongez-vous dans un livre sans tarder. Au bout d’une trentaine de minutes, vos paupières vous paraîtront assurément plus lourdes, tout comme vos muscles sembleront plus détendus. Toutefois, nul besoin de lire pendant des heures et des heures (à moins que vous ne le vouliez vraiment) pour parvenir à se relaxer, il ne suffit souvent qu’environ 30 minutes pour permettre à votre cerveau de se positionner à « off », et ainsi pouvoir doucement vous glisser vers le sommeil tant souhaité. Je ne peux bien sûr prétendre que cette méthode est infaillible, mais selon ce que l’on m’en a dit ; « l’essayer c’est l’adopter ! » Bonne lecture à tous !

Nathalie Thériault

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D es extra-te r r estres De drôles de phénomènes ont lieu à l’école secondaire Vanier… Les élèves de troisième secondaire ont participé à leur façon au festival Québec en toutes lettres en s’initiant à l’univers de la science-fiction. Comment s’annonce le futur? À quoi ressemblera le quartier dans 200 ans ? Sommes-nous seuls dans l’univers? Et si nous étions bientôt visités par des inconnus un peu spéciaux ?

Des extraterrestres !

La fin des humains pour un futur sain

Le 22 octobre 2058 à 19 h 38, c’est le moment exact où notre vie a changé à jamais avec l’arrivée des extraterrestres. Une semaine après cette date, ils ont augmenté à deux millions. À tous les coins de rues, il y avait de petits gnomes verts, roses, jaunes et rouges. J’ai remarqué que lorsqu’ils sont bébés, leur couleur de peau est jaune. Lorsqu’ils sont enfants, elle est rouge, lorsqu’ils sont adultes, elle est verte, et lorsqu’ils sont près de mourir, elle devient noire ! Les scientifiques ont également fait des recherches sur ces mystérieuses créatures et pu déterminer de quelle planète ils venaient. C’était de la planète Mars. Le gouvernement a accepté qu’ils vivent avec nous, puisqu’ils n’étaient pas dangereux. Un an après, ils ont quitté la Terre parce que la vie était trop dure.

Maintenant que les humains ont été remplacés par des machines, la Terre se porte à merveille. Après la guerre planétaire de 2133 et que tous les humains aient été éradiqués, les robots ont décidé de faire attention à la Terre. La pollution n’existe plus, car il n’y a plus de voitures. Il n’y a plus de violence, car tous les robots sont équipés d’un système anti-violence. La population n’augmente jamais parce qu’ils ne peuvent pas se reproduire entre eux à cause de la loi interdisant toute relation entre robots, appliquée en l’an 2089. Mais le plus important, c’est que tous les robots sont communistes, car l’argent n’existe plus.

Caroline Lachance, 14 ans

Tommy Pichette, 14 ans

Vanier en 2212

Les Smirnofs contre les Reudats

Maintenant que les voyages interplanétaires sont possibles, rares sont les gens qui habitent Vanier. Les rues sont désertes, les nombreux gratte-ciel qu’il y avait ont été envahis par une dense végétation tropicale depuis l’inversion des pôles le 21 décembre 2012, comme l’avaient prédit les Mayas. Les NordAméricains ont bien aimé ça. Ce changement a amené une migration de la population qui vivait au sud du globe, donc une surpopulation au nord. C’est pour cette raison que les gouvernements ont lancé une opération visant à trouver une nouvelle planète. Ils en ont trouvé une en 2050. Depuis ce temps, la population terrestre a fait une énorme chute.

Ce matin, je pars de chez moi vers sept heures et quart. Je suis parti plus tôt, car j’avais oublié de faire mes devoirs hier soir. Pendant mon chemin, je rencontre un homme à la peau bleue qui porte une armurerie lourde et un fusil à plasma. Je lui demande : - Monsieur, que faites-vous là ? - Nous, les Smirnofs, habitants de la planète Smir, nous nous battons contre les Reudats. Ce sont nos ennemis depuis la nuit des temps. Ils préparent une invasion et nous voulons vous aider à combattre ces ennemis. - Comment les différencier de vous ? - Ils ont la peau rouge et nous, la peau bleue. - Et comment nous sommes supposés les vaincre ? - Avec la technologie avancée, comme des robots, des fusils à plasma et des manettes de Xbox 360. - Pourquoi des manettes ? À quoi cela va servir ?

Luis Urréa, 14 ans

-Tu vas voir. À suivre…

Nathaniel Picard, 14 ans

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Nouveaux compagnons Ça y est, les extraterrestres sont désormais nos nouveaux compagnons sur Terre. Ils sont tous petits et verts. La plupart d’entre eux ont quatre bras, les garçons ont tous les yeux bleus et les filles, roses. Ils ne sont vraiment pas comme nous. Eux se déplacent toujours en gambadant avec un gros sourire. Tous les extraterrestres sont vêtus de la même façon. Les garçons ont tous des complets d’agent secret et les filles ont toutes une sorte d’habit en cuir noir avec une ligne de couleur sur les bras, soit rose, bleu ciel ou mauve. Ils sont tous gentils et ils aiment faire rire les humains. Nous sommes très heureux qu’ils soient nos nouveaux amis.

Photo : Joël Jouvrot-Boisvert

Alyson Corriveau, 15 ans

Nos nouveaux amis Depuis quelques jours, de nombreux évènements paranormaux ont eu lieu dans le quartier Vanier. Plusieurs logos étranges ont été tracés dans les champs de maïs. Cela a dû être fait par de grosses machines. D’après l’hypothèse de mon ami Charles, une espèce serait venue sur Terre à la suite d’une pluie d’astéroïdes sur leur planète. Hier soir, j’ai aperçu un de ces individus. Ils ont la peau grise et se déplacent en véhicule du futur. De plus, ils sont de grandeur humaine et ont de grands yeux. Mais qui sont ces individus vêtus de combinaisons supersoniques grises et à grands tentacules ?

Mon voyage dans le temps Bonjour, je m’appelle Gabrielle Lemelin. J’ai fait un voyage un peu spécial. Je suis allée en 2212, soit 200 ans plus tard qu’aujourd’hui. Tout est bien différent, les voitures n’ont plus de roues, elles flottent. Les bâtiments sont faits de matière invisible. Je ne reconnais plus rien! Il y a un lieu qui m’a frappé drôlement, c’est le seul que je crois reconnaître. L’adresse est le 700, boulevard Wilfrid-Hamel, autrefois l’école Vanier. Maintenant, je ne sais vraiment pas c’est quoi… Il s’y passe des choses étranges, je n’ai même pas vu un seul humain. Peut-être sont-ils tous disparus après le 21 décembre 2012 ? À suivre…

Gabrielle Lemelin-Messier, 14 ans

Michaël Boies, 14 ans Décembre 2012 - Janvier 2013

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Lettre au Père Noël Robert Maltais

Un traîneau débordant de cadeaux Je sais, je sais Père Noël, votre travail ne consiste pas à régler tous les maux de la terre. Vous n’êtes pas Dieu tout de même, me direz-vous, en rappelant que votre tâche se limite à la distribution d’un nombre incalculable de cadeaux de Noël et au partage de l’abondance de biens de consommation que produit la planète.

Très cher Père Noël, J’ose à peine vous écrire tellement vous êtes sollicité à travers le monde, en cette veille de Noël. Votre vieil âge me fait également hésiter à vous déranger pour des peccadilles, bien que je sache que vous n’êtes pas grabataire et que vous pouvez vous déplacer sans marchette. À quel âge vénérable êtes-vous donc rendu Père Noël ? Certains prétendent que vous n’avez pas plus de 200 ans. Pourtant, votre allure d’éternelle vieillesse me fait plutôt pencher pour au moins mille ans.

Mais je crains hélas, Père Noël, que votre distribution de cadeaux s’inspire essentiellement d’une logique marchande bas de gamme, celle du plus fort la poche. Distribuer uniquement des cadeaux aux enfants dont les parents sont en mesure d’assumer le coût de vos services. J’oserais dire de vos ristournes, de votre bas de laine… pour ne pas dire de votre bas de Noël.

Quoi qu’il en soit, votre mythe perdure au point où des milliards d’enfants vous écrivent de par le vaste monde, en quête de cadeaux utiles et futiles ou ne serait-ce que pour un peu d’écoute, d’amour et d’espoir.

Vous verrez sans doute dans ma sortie, le début d’une critique sociale. Pour être franc, il y a un peu, beaucoup de cela dans mon questionnement, mais je ne vous en veux pas personnellement, Père Noël. Au contraire, j’aime bien votre opulence corporelle, votre allure d’arrière-arrière grand-père, votre barbe blanche et vos irrésistibles éclats de rire. Votre bonhommie en somme.

Rassurez-vous, pour ma part je ne vous écris pas dans le but de quémander quelque bébelle ou quelque enveloppe brune. Nullement. Je laisse volontiers les jouets aux enfants et les enveloppes brunes à ceux qui ne craignent pas de se salir les mains. Et cette espèce à la morale élastique semble pousser comme des champignons par les temps qui courent.

Mais j’espère que vous ne m’en voudrez pas, en revanche, de m’inquiéter de votre inconscience, pour ne pas dire votre aveuglement vis-à-vis vos innombrables petits-enfants. De vous dire que vous êtes malheureusement vous-même le jouet d’une civilisation passablement superficielle et égocentrique, noyée dans un océan de surabondance et pour qui les mots de compassion et de fraternité humaine ne sont que des concepts creux.

C’est au nom des déshérités de la terre que je m’adresse à vous, en désespoir de cause. Ces déshérités de toute origine sont légion. Ils ne savent plus à qui s’adresser pour leur porter secours. En vain, ils ont écrit à répétition à des politiciens et à des gouvernements de tout acabit, qui ont tous fait la sourde oreille à leurs demandes d’humanité.

Il faut souhaiter que vous vous incarniez, dans une prochaine vie, dans l’habit d’un vaillant travailleur social confronté aux misères humaines et que vous soyez alors totalement dévoué au mieux-être de vos semblables, sans égard à leurs comptes en banque et à leur capacité de payer les cadeaux que vous offrez en leurs noms, aux enfants privilégiés de la planète.

Ils ont faim et soif d’un plus grand partage des richesses sur la terre. Ils ont faim et soif de plus d’équité et de justice. Ce n’est ni de pierres précieuses ni d’or dont ils ont besoin pour assurer leur survie, mais tout simplement de nourriture, de vêtements. D’un toit sur la tête. D’un minimum de considération sociale. De la possibilité de s’instruire, de trouver leur voie et de s’accomplir comme êtres humains à part entière.

Sur ce, très cher Père Noël, mes plus sincères sympathies.

Robert Maltais

LA QUÊTE EST DIFFUSÉE PAR TÉLÉPHONE VIA

AUDIOTHÈQUE POUR PERSONNES HANDICAPÉES DE L’IMPRIMÉ DU QUÉBEC INC Québec 418 627-8882 • Montréal 514 627-8882 • Ailleurs au Québec 1-877 393-0103

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Enchaînés jusqu’à la mor t

Mais qu’arrive-t-il quand une personne dans notre famille en est atteinte ? On n’en parle tout simplement pas, car nous pourrions passer pour quelqu’un qui en est possiblement atteint. C’est gênant. Somme toute, c’est encore tabou dans notre société québécoise dite civilisée, à l’instar de bien d’autres également.

C’est cette foi qui l’a amené à affronter sa propre peur et qui l’a incité à aller au-devant de ces infortunés. C’est ainsi qu’avec un groupe de prière il a fondé en 1991 l’Association St-Camille de Lellis (St-Camille de Lellis est le protecteur des hôpitaux et des malades), laquelle a précisément pour mission de venir en aide aux personnes atteintes de problèmes de santé mentale. Depuis sa fondation, l’Association Saint-Camille a ouvert au Bénin trois centres d’hébergement, ainsi qu’une ferme où l'on y enseigne l'agriculture et l'élevage. En Côte d’Ivoire, on a également mis en place quatre centres d’hébergement, un hôpital et trois centres de travail. Courtoisie: Association St-Camille de Lellis

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les personnes atteintes de troubles de santé mentale sont parmi les plus marginalisées de la planète. Au Bénin et en Côte d’Ivoire, dans la tradition africaine, on perçoit les malades mentaux comme ayant été ensorcelés, possédés du démon. Personne n’ose leur parler et encore moins les toucher. On en a peur. Dans les centres urbains, ces derniers sont laissés à eux-mêmes, errants souvent nus, fouillant dans les poubelles et parfois mourant sur la voie publique. Personne ne s’en soucie. Dans les villages, on les enchaîne jusqu’à la mort, pour s’en protéger

Un jour, un homme s’est levé et a décidé de faire en sorte de les libérer. Il se nomme Grégoire Ahongbonon. Il est né au Bénin en 1952, marié et père de six enfants. Il s’est établi à Bouaké en Côte d’Ivoire en 1971 pour lancer à son compte une entreprise de réparation de pneus. Quand son florissant commerce a chuté, Grégoire est tombé dans une grave dépression, à la suite de laquelle un père missionnaire l’a aidé à remonter la pente. C’est ainsi que Grégoire à renoué avec sa foi catholique.

L’Association St-Camille de Lellis s’est fait connaître de par le monde grâce aux conférences données par Grégoire Ahongbonon, en plus d’être appuyée par différentes associations internationales et québécoises dont Collaboration santé inter-

Courtoisie: Association St-Camille de Lellis

Au Québec comme dans l’ensemble des pays dits développés, il y a des hôpitaux qui sont spécialisés dans les troubles de santé mentale. Mais, savons-nous vraiment ce qu’est une personne atteinte de troubles de santé mentale ? L’image courante que l’on s’en fait est souvent celle de l’individu qui entend et répond à des voix dans sa tête, et dont il ne faut pas s’approcher parce que cette personne est sûrement dangereuse ? Heureusement pour nous, me direz-vous, ces gens peuvent être internés et recevoir tous les soins nécessaires. Ainsi, nous pouvons dormir tranquilles. nationale (CSI), Fondation internationale Roncalli, Relations internationales Québec, l’hôpital Louis-H. Lafontaine et la Compagnie Sintra inc. Et c’est avec l’aide humanitaire et financière de ces organismes et d’autres en Europe que cette association a réussi à bâtir un monde acceptable pour cette population qui en a tant besoin. Et la mission continue. Au Québec, Les Amis de la St-Camille (tous des bénévoles) est un organisme non gouvernemental qui a été créé en 2001, dans le but de développer des réseaux locaux d'entraide et de coopération pour la Côte d'Ivoire et le Bénin. L’organisme récolte également vos dons. Pour ce faire, allez sur le site Web à l’adresse http://www.agidd.org/asso_st_camille.htm Vous pouvez également communiquer avec M. Jean-Paul Cyr, président de Les Amis de la Saint-Camille en écrivant au 381 Raoul, St-Colomban (Québec) J5K 2C4 ou par téléphone au 450-565-8290.

Pierre Maltais

« La différence entre les Africains et les Québécois aux prises avec un problème de santé mentale, c'est que ces derniers sont enchaînés psychologiquement... »

Grégoire Ahongbonon

Grégoire Ahongbonon, le fondateur de L’Association St-Camille de Lellis

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Camelots d’un jour

Photo : Luc Girard

Vendredi 16 novembre 2012, 8 h 30. Un soleil encore froid pointe à l’horizon. Dans quelques heures, nous – Céline, Nancy, Christine, Gisèle, Benoit, Véronique et Annie – irons vendre le magazine La Quête. Aucun de nous n’a jamais vendu quoi que ce soit dans la rue ni ne sait trop à quoi s’attendre…

Être « Camelots d’un jour », tel est le défi que nous nous sommes lancé au profit de l’Archipel d’Entraide. L’objectif : amasser des fonds, mais surtout, éprouver ce qu’on peut ressentir quand on est de l’autre côté du décor. Quand c’est nous qui restons la main tendue pendant que les autres passent. 10 h 30 : nous partons, papillons au ventre. Véronique et Annie seront au coin de Saint-Jean et Sainte-Claire ; Nancy et Christine seront postées au carré d’Youville, tandis que Benoit, Gisèle et Céline se retrouveront sur la Grande-Allée, non loin du Parlement. À 11 h tapant, on s’installe sur notre bout de trottoir, permis de vente bien en vue, et on sort nos magazines de notre besace. C’est là qu’il faudrait se filmer. On se cherche une démarche, une contenance, un ton de voix. Les premiers « Bonjour, magazine la Quêêêête, 3 $, merci-bonne-journéééée ! » fleurent bon le camelot amateur. On observe les passants. Très vite, on note une gradation dans

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le contact humain. D’abord, il y a ceux qui passent devant nous, leurs écouteurs dans les oreilles ou bavardant entre amis, et pour qui nous n’existons pas. Il y a ceux qui changent de trottoir pour nous éviter (et qui, en déduisons-nous, ont tout de même noté notre existence au préalable). Il y a ceux qui refusent le magazine d’un petit geste de la tête, la lippe maussade, et ceux qui déclinent notre offre avec un mot gentil. Et puis de temps en temps, il y a des gens lumineux qui s’arrêtent, leurs sourires comme des soleils, leur bonne humeur ou leur amour du genre humain qui transpire dans tous leurs gestes. Il y a cette jeune femme en état d’intoxication qui nous demande « un peu de change » avant de se faire rappeler à l’ordre par son copain (« Ben là, demande-leu pas d’argent, c’est eux-autres qui quêtent ! ») Quoique terriblement déçue, elle nous encourage à « ne pas lâcher ». Il y a cette dame qui s’inquiète d’une d’entre nous (« Est-ce que ça va bien pour toi, en ce moment ? » - léger malaise). Il y a ce ministre qui passe

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Photo : Luc Girard

aussi chaud que le café. Nous remettons les copies restantes et les sous de la vente. Nathalie et Diane, nos deux acolytes responsables du moral des troupes, sont venues nous rejoindre. Autour de la grande table, les rires fusent, les moments d’émotions se glissent avec retenue entre les anecdotes. On sent qu’à cet instant précis, on donne et on reçoit ce qui manquait à tant de regards et tant de gens : la chaleur d’une solidarité pleinement partagée.

vie, nous éprouvons à quel point un sourire ou un mot sympathique fait plaisir, combien il importe de sentir que notre existence a une valeur pour l’autre, même pour un instant.

Et nous, qui ne sommes pas en état de survie, qui ne comptons pas sur ces ventes pour manger, qui ne connaissons pas de difficultés majeures dans notre

À 14 h, le nez et les doigts gelés, nous partons en direction de l’Archipel d’Entraide où Francine, la coordonnatrice de La Quête, nous attend avec son sourire

À qui le tour d’être « camelot d’un jour » ?

Céline, Nancy, Christine, Benoit, Gisèle, Véronique, Annie, Nathalie et Diane

Photo : Luc Girard

trois fois sans nous accorder un seul regard, et un ancien maire de Québec, fidèle lecteur du magazine, qui achète sa copie et prend le temps de bavarder un peu.

Un grand merci à Francine Chatigny et l’Archipel d’Entraide pour nous avoir permis de vivre ces moments précieux.

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L'ar t délivre

Photo : Francine Chatigny

Armée du Salut, troisième étage de l'Hôtellerie. La porte entrouverte laisse fuser une lueur... et ce n'est pas la lumière bleutée d’un téléviseur. Dans la petite chambre, deux lits simples occupent presque tout l'espace. Au milieu de la pièce, coincé entre le lavabo et les lits, un homme s'active derrière un chevalet. Un peintre ici ? Jean-Guy et sa passion

Eh oui ! L'occupant des lieux, Jean-Guy, passe des heures à peindre. Il avoue qu'il passerait plus de temps sur ses œuvres s'il n'avait pas à partager son « atelier ». Chaque fois que son coloc quitte la chambre, il sort sa palette et se met au travail. « J'adore ça peindre. J'aime pas ça... j'adore ça » dit le principal intéressé, appuyant son propos d'un large sourire. « Avant de faire ça, je passais mon temps à me morfondre en avant de la télévision. Là, je n'y pense plus à télé... » Avant, c'est il y a tout juste six mois. Jean-Guy aperçoit quelques tubes d'acrylique à l’accueil, près du bureau de Thomas Fréchette, intervenant à l'Armée du Salut. Ayant déjà un peu peint par le passé, notre homme demande s'il pourrait utiliser cette peinture. Thomas acquiesce... mais hormis les quelques tubes, il n'a pas d'autre matériel à offrir. Ils décident alors de convertir de vieilles reproductions : M. Leblanc applique une couche de peinture sur ces tableaux de mauvais goût et improvise ainsi une toile vierge où il peut réinventer le monde à son image. S'il est encouragé ainsi dans sa nouvelle passion, c'est que M. Fréchette n'est pas insensible à l'art. Lui aussi adore ça. Il ne le dit pas comme ça, mais tout au long de notre rencontre, il parlera de l'art visuel comme mode d'expression. Il cite Dostoïevski L’art sauvera le monde et Gao Xingjian La peinture vient de l'endroit où les mots ne peuvent plus s'exprimer. Thomas, profondément convaincu de l'utilité de l'art dans l'intervention, décide d'organiser des ateliers. 24

Il part alors à la recherche de financement. Le projet a pu être lancé grâce à des dons de toiles usagées et de tubes de peintures et pinceaux, gracieuseté de Zone et de Walmart. Le ministère de la Culture et des Communications a également contribué. En fournissant du matériel artistique à ceux qui en font la demande - tous les résidents peuvent participer aux ateliers -, Thomas accompagne « les gars » sur la voie de la réinsertion. Quand on crèche à l'Hôtellerie, c'est parce que ça ne va pas bien dans sa vie. Les motifs pour y atterrir sont nombreux, mais chaque âme qui y vit à son lot de malheur, de douleur. Les ateliers permettent aux participants de retrouver une certaine estime de soi. Le seul fait de réaliser un projet de A à Z, de la toile blanche à l'œuvre, est pour eux une victoire inestimable. Ces apprentis peintres arrivent aussi, sans trop s'en rendre compte à se libérer, à « exprimer une sensibilité qui, sans cela, resterait prisonnière de la chair » comme l'explique M. Fréchette. Par le biais de l'art, les participants améliorent leur quotidien et reprennent peu à peu du pouvoir sur leur vie. Jean-Guy prévient qu'il ne dira jamais comment il arrive à peindre le ciel qu'il veut en moins de 15 minutes, toutefois il n'est pas avare de conseils. Il est plutôt fier de pouvoir partager ces connaissances avec les 5 ou 6 participants aux ateliers. On pourrait même dire qu'il se sent investi d'une mission : « Si on peut sauver deux, trois gars avec, ben ça en fera deux, trois de moins dans la rue et qui sait, peut-être qui y en a un qui

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deviendra un grand peintre un jour ? » De son côté, il affine ses techniques, est passé de l'acrylique à l'huile et prend de sa maigre pitance pour acheter du matériel. Il produit une à deux toiles par semaine, l'Armée n'a pas les moyens de lui fournir tout ce dont ils ont besoin. Le financement, c'est d'ailleurs l'épine du projet. Thomas aimerait pouvoir offrir plus, mais les ressources manquent. « La réalisation d’œuvre d’art visuel a déjà bouleversé le parcours de ces quelques résidents, mais pour continuer nous avons besoin de nouveau soutien, car pour l'instant nous n'avons plus de matériel à notre disposition ». Il invite ainsi les gens qui se départissent de vieux tableaux et de cadres à les déposer à l'Armée du Salut. Ils seront plus qu'utiles...

Francine Chatigny L’Armée du Salut est un organisme qui offre une aide concrète aux gens dans le besoin, sans discrimination. La Maison Charlotte, refuge pour femmes, accueille 300 résidentes par année, et l’Hôtellerie, près de 900 hommes. À Québec, une centaine de familles reçoit chaque semaine de l’aide alimentaire et vestimentaire d’urgence. Pour satisfaire les demandes d'aide qui augmentent sans cesse, l'Armée du Salut souhaite amasser quelque 50 000 $ par le biais de La Campagne des Marmites de Noël, qui se déroule du 22 novembre au 22 décembre. Pour plus de détail : http://www.facebook.com/AS.VQC

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L’économie sociale,

c’est bien plus que faire des affaires !

Les entreprises d’économie sociale constituent une alternative viable aux problèmes économiques rencontrés aujourd’hui. Présentant un meilleur taux de survie après dix ans que les entreprises dites traditionnelles, elles sont aussi moins sujettes aux délocalisations. Comme le fait valoir M. Garry Lavoie, directeur général de la Coopérative funéraire des Deux Rives, l’économie sociale offre donc une valeur ajoutée considérable à l’activité économique d’un territoire. « Les entreprises d’économie sociale sont présentes dans plusieurs sphères d’activité, notamment dans certaines que l’entreprise privée a tendance à délaisser mais où il existe un besoin. Comme leur finalité première consiste à offrir des services à leurs membres ou à la collectivité, elles ont un impact social significatif. De plus, elles favorisent une répartition plus équitable de la richesse, se révèlent plus résistantes que les entreprises de l’économie marchande aux pressions exercées par une économie en décroissance et agissent comme un régulateur de marché qui permet de maintenir des tarifs abordables dans tous les secteurs où on les retrouve. » La dimension humaine de l’économie sociale est considérée par certains comme l’un de ses plus grands atouts. Ainsi, Mme Sandra Turgeon, directrice générale de la Fédération des coopératives d’habitation de Québec, ChaudièreAppalaches, confie avoir personnellement fait le choix de travailler en économie sociale quand elle a constaté à quel point les entreprises qui y œuvrent et le mode de gouvernance qui les caractérise peuvent être des outils puissants pour lutter contre la pauvreté, tout en faisant des affaires. « La solidarité, le développement durable et les pratiques démocratiques sont tous des principes liés à l’économie sociale qui sous-tendent des manières différentes, voire plus humaines de mener les entreprises », souDécembre 2012 - Janvier 2013

Courtoisie: Le Piolet

Depuis quelques années déjà, l’économie sociale et solidaire prend une place de plus en plus importante dans nos sociétés. Se caractérisant par la prédominance de la personne sur le capital pour développer ses productions et prestations, elle est fortement ancrée dans les territoires et représente un poids économique important. Ainsi, d’après une étude réalisée par le sociologue Yvan Comeau, quelque 645 entreprises de ce secteur œuvraient dans la région de la CapitaleNationale en 2008, alors que le nombre de salariés était estimé à 7 383. L’année précédente, les revenus générés par ces entreprises étaient de l’ordre de 1,6 milliard de dollars.

La réinsertion socioprofessionnelle de personnes en situation d’exclusion figure au nombre des activités menées par certaines entreprises d’économie sociale.

ligne celle qui a assumé la présidence d’honneur de la 4e édition de la Semaine de l’économie sociale en novembre dernier. De son côté, la présidente du Pôle régional d’économie sociale de la Capitale-Nationale, Mme Linda Maziade, rappelle que dans un contexte où elles font face à de nombreux défis relatifs à la relève de la main-d’œuvre et à l’exode des travailleurs vers les centres urbains, les régions sont appelées à appliquer différentes stratégies pour accroître leur attractivité et assurer ainsi leur vitalité. « L’économie sociale s’avère sans aucun doute une avenue à développer pour dynamiser les territoires, non seulement parce qu’elle permet de créer des emplois et d’offrir une vaste gamme de produits et services axés sur les besoins des communautés, mais aussi parce qu’elle peut se révéler une option intéressante pour les jeunes qui sont, faut-il le préciser, porteurs de modèles innovants », rapporte celle qui est aussi directrice générale du Fonds d’emprunt Québec. « Une plus grande flexibilité dans les horaires, de l’ouverture à la conciliation travail-famille, de même qu’une place importante accordée à l’autonomie et à la créativité figurent parmi les avantages susceptibles d’influencer positivement

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les jeunes dans leur choix de carrière ». Levier puissant de développement local, forme d’entrepreneuriat occupant une place de plus en plus importante dans l’économie des territoires et plaisant à un nombre grandissant de jeunes en raison des valeurs qu’elle véhicule, l’économie sociale demeure pourtant encore méconnue du grand public. La promotion constitue donc l’un des enjeux majeurs auquel ses artisans devront faire face au cours des prochaines années, au même titre que la formation des travailleurs et des dirigeants ou le réseautage des entreprises. Les efforts déployés par le Pôle régional d’économie sociale de la Capitale-Nationale dans le cadre de la campagne C’est bien plus commencent à porter fruit, mais beaucoup de travail reste à accomplir pour faire de l’économie sociale un modèle d’affaires reconnu à sa juste valeur pour sa contribution au développement des collectivités.

Hélène Lapointe, Conférence régionale des élus de la Capitale-Nationale Pour en savoir davantage sur l’économie sociale dans la région de la Capitale-Nationale, consulter le www.cestbienplus.ca.

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QUÊTE ­L E ­J E LE U JEU ­ D DE E­LAL A ­ Q U ÊT E parJacques Jacques Carl Morin par Carl Morin

Ceconsiste jeu consiste à remplir lesesrangées horizontales que les1colonnes 1 etdes Ce jeu à remplir les rangé horizontales ainsi queainsi les colonnes et 20 à l’aide 20 à l’aide des définitions, indices ou lettres mélangées ou déjà inscrites. définitions, indices ou lettres mélangées ou déjà inscrites. Chaque case grisée représente Chaque case grisée représente une lettre qui est à la fois la dernière lettre une lettre qui est à la fois la dernière lettre d’un mot et la première lettre du suivant. d’un mot et la première lettre du suivant.

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1- Chanteuse 1- Chanteuse d’opéra.

d’opéra.

6- Agrume. Et le reste… Période de quatre semaines avant Noël.

20- Personne qui rédige les procès-verbaux d’une assemblée.

20- Personne qui rédige les procès-verbaux d’une assemblée. 7- Le plus petit État américain. Relatif au dimanche. Note de musique.

Horizontalement :

8- « Patenteux ». Se dit d’une mode ou d’un style inspiré d’un passé récent. Petit singe d’Amérique du Sud (TOITUISI).

1- Membre du Sacré Collège. Lieux d’aisance (ESLINTAR). Horizontalement : La gent trotte-menu.

9- Fruit du cacaoyer (ESSABOC). Recouvrent le corps des 2- Carnet où l’on inscrit son emploi du temps jour après jour. reptiles. Boire à petits coups en savourant. 1- Membre ducreux Sacré Lieuxpar d’aisance (ESLINTAR). La gent trotte-menu. Comédienne. Marque en ou Collège. en relief obtenue pres10- Ouvrage où l’on expose l’ensemble des connaissances sion. universelles. Fête des Rois le 6 janvier. 2- de Carnet où Personnage l’on inscrit son du emploi temps jour après jour. Comédienne. Marque en 3- Voisin la Suède. féminin roman du NotreDame-de-Paris. Difficulté et imprévue. creux ou en malheureuse relief obtenue par pression. 4- Outil. Personne qui entretient et exploite une forêt (CUTRYLLEVUSI). 3- Voisin de la Suède. Personnage féminin

du roman Notre-Dame-de-Paris. Difficulté

5- Entourémalheureuse de 40 voleurs. et Recueil de cartes géographiques. imprévue. Personne qui vit à un endroit fixe.

4- Outil. Personne qui entretient et exploite une forêt (CUTRYLLEVUSI).

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­lang a nguue­ e­ ­LLaa­l dan hee da nss­­ ­­­­sa­ sa ­ppoc och

p a r­Hélène H u ot

UN SECRET DE POLICHINELLE « L'ingénieur  retraité  de  la  ville  de  Montréal,  Gilles  Surprenant, a fini par admettre mardi que c'était un secret de Polichinelle que lui et d'autres ingénieurs touchaient des pots-de-vin, durant les années 2000 ». On peut lire cette  phrase  dans  le  journal  Le  Soleil  du  23  octobre  dernier, sous la plume de Lia Lévesque « Commission Charbonneau : les pots-de-vin, un secret de Polichinelle ».  En somme, l’expression « secret de Polichinelle » signifie : un secret supposé, un faux secret, un secret mal gardé ; une chose que tous connaissent mais dont ils ne parlent pas  librement,  ne  sachant  pas  exactement  le  degré  de connaissance que les autres en ont. Les détenteurs d’un  secret de Polichinelle s’expriment en effet avec prudence, souvent même se taisent…  Un secret de Polichinelle n’équivaut donc pas à une chose publiquement connue. Il suffit pour s’en convaincre de constater les conséquences, parfois graves, que la révélation publique d’un tel secret peut entraîner.

L’accent, c’est pas dans la gorge des uns, c’est dans l’oreille des autres.

L’expression  remonte  à  Polichinelle (en  italien  Pulcinella,  qui  signifie  « petit  poussin »),  un  personnage central du théâtre napolitain des 16e et 17e siècles; d’origine paysanne et vêtu de blanc, Polichinelle est rusé, grossier,  débrouillard,  spirituel  et Plume Latraverse gourmand.  Dans  une  de  ses  aventures,  voulant  se  venger  d’un  seigneur fat et imbu de lui-même, notre personnage révèle au roi que ce seigneur a une infirmité cachée (le seigneur aurait le  corps  couvert  de  plumes).  Le  roi  n’en  savait  rien,  Polichinelle fait sa révélation sous le sceau du secret… et il fait  la  même  confidence  à  tous  les  courtisans  à  qui  il  demande de garder le secret. Bientôt, tout le monde est au courant. Voilà bien un secret de Polichinelle !

Le français au jour le jour 1. Le film La part des anges de Ken Loach a été présenté au Festival de Cannes en mai 2012. Que signifie l’expression « la part des anges » ?  2. Le Petit Larousse illustré est un dictionnaire encyclopédique de langue française, sans doute le fleuron des éditions Larousse. Il a été publié la première fois : a. en 1885; b. en 1905; c. en 1927. 3. Au sein de l’actuel gouvernement du Parti québécois, élu le 4 septembre 2012, quel ministre est responsable de la Charte de la langue française ? 4. « Faire gaffe » est synonyme de « gaffer ». Vrai ou faux. 5. Le terme « échanson » se rapproche de : a. fantassin; b. héron; c. sommelier. 6. On retrouve le patronyme Aubin dans plusieurs familles québécoises. Mais qu’est-ce que signifie le nom commun aubin ?  a. une personne très matinale; b. l’allure du cheval qui combine trot et galop; c. la partie de l’arbre où circule la sève. 7. Quel est le terme qui se rapproche le plus de versatile ? a. loquace; b. inconstant; c. populaire. 8. Les épîtres de Saint Paul font partie du Nouveau Testament. Le mot « épître » est-il masculin ou féminin ?  9. Le petit du lapin est le lapereau, le petit de la biche est le faon. Comment s’appelle le petit du chameau ? 10. La poubelle est un récipient destiné à recevoir les ordures ménagères. D’où vient ce mot ? J’attends de vos nouvelles… Vous aimez les mots. Vous avez des commentaires à formuler ou des suggestions à faire concernant cette chronique La langue dans sa poche. Rien de plus simple. Écrivez-moi à hu-go@sympatico.ca. Cela nous permettra d’échanger sur des questions qui vous intéressent et d’enrichir par le fait même les futures chroniques. Merci à vous! Les réponses page 45.

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Tristes temps littéraires En cette ère d'orgie électronique, on se prive volontairement de l'immense richesse de la littérature puisqu'on lui préfère la voie de la facilité. On exige la gratification immédiate, sans effort autre que celui de pitonner ou de regarder des vidéos. Partout l’on retrouve des spectateurs passifs de DVD ou d'Internet qui, les deux fesses bien collées sur leur banc et le regard vissé sur l'écran, consentent à sacrifier leur imagination tant l'effort de lire les rebute. Cette imagination qui autrefois était celle des lecteurs se faisant leurs propres images mentales, est désormais remplacée par un visuel imposé et uniformisé. Si le film reste le même pour tous, le livre laissait une grande part à l'interprétation personnelle, car chacun n'imaginait pas exactement la même chose. Le livre servait à meubler l'esprit, à lui faire découvrir la psychologie humaine, à transporter le lecteur dans un univers étonnamment réel. Quiconque a lu le fameux chapitre des barricades dans Les Misérables de Victor Hugo, en ressortait avec l'impression d'y avoir été et d'avoir vécu la passion des insurgés. Aucun fil ne peut à lui seul recréer ce sentiment. Tenue en piètre

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estime, la lecture est aujourd’hui remplacée par le message du monde électronique. Ce message pourrait se résumer ainsi : « Regardez, je sais pitonner. Regardez, j'ai un téléphone cellulaire. Je n'ai rien d'intéressant à dire, mais je me donne de l'importance en actionnant ce bidule. Et j'ai des amis, pleins d'amis que je me suis facebookés à tour de bras ». Cette nouvelle réalité obnubile la personne. Elle hypnotise aussi les employeurs qui au lieu de voir les possibilités qu'offre l'ouverture d'esprit n'en ont plus que pour des employés sachant pitonner. De nos jours, la forme l'emporte sur le contenu, le paraître sur l'essentiel. Les gens ne veulent plus prendre le temps de lire, ils ne savent même plus écrire correctement. Mais pour chatter, twitter, s'exhiber sur Facebook et jouer de l'ordi, ces nouveaux petits « m'as-tuvu pitonner sur le Net » n'ont pas leur pareil. Je suis toujours atterré par l'insignifiance des commentaires publiés dans les médias sociaux, sans parler de l'écriture bâclée et farcie de fautes qui sévit maintenant un peu partout. Dire qu'on tue le livre pour glorifier cette réalité ! Quand je vois dans une offre d'emploi l'exigence

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« habileté en médias sociaux », je me demande si je devrais accompagner mon CV d'un vibrant twittage ressemblant à : Tsé man c là k tu va voir kossé chu capable de. Lol and wtf. WTF pour « what the fuck ». Toute qu’une littérature. Et c'est pour ces messages excrémentiels qu'on dénigre le livre. Beau siècle, beau millénaire. Moi j'en ai ma claque. Mails il y a plus grave que les excès de la technologie. Présentement, le livre se censure et les auteurs s'autocensurent. La rectitude politique varlope la passion de l'écrivain, de qui on attend des œuvres rassembleuses et pépères tranquilles. Alors WTF. Peut-être vaut-il mieux laisser le livre mourir plutôt que de le diluer dans l'insignifiance de la rectitude politique. Même au risque de ne plus jamais être publié, je n'accepterai pas de censurer la passion qui donne le ton à mes écrits.

Yves Potvin Écrivain

* Les textes d'opinion publiés dans ces pages n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs et non

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Arrêtez l’hémorragie ! Subtilement, un réseau de santé parallèle à notre réseau public est en train de se mettre en place. C’est la médecine à deux vitesses. Il s’agit en fait d’un réseau privé. Ainsi, pour avoir accès à un médecin, la carte d’assurance maladie devient obsolète. Sous prétexte d’un régime d’austérité, il devient de plus en plus difficile de recevoir les soins qui nous sont nécessaires dans le réseau public. Il faut défrayer soi-même les frais ou posséder un régime d’assurance privé pour obtenir le simple accès à un médecin dans un laps de temps raisonnable. C’est en 1961, grâce à l’adhésion du Québec au régime canadien d’assurance hospitalisation, que pour la première fois dans notre histoire l’hôpital est gratuit. En plus, depuis 1970, le Québec s’est doté d’un système de santé public et gratuit pour tous; c’est l’assurance maladie. Son objectif est de faire en sorte que tous les Québécois aient la possibilité d’avoir accès à des soins gratuits et de qualité. La construction d’un système de santé universel est un projet collectif, un défi de société honorable qui s’insère parfaitement dans la vision d’une société juste et équitable. Malheureusement avec l’apparition de l’idéologie néolibérale dans les années 80 au Québec, la santé a pris du plomb dans l’aile. Pourtant il n’existe pas de meilleur régime d’assurance qu’un régime universel, géré par un état responsable dont la fonction première n’est pas de générer des profits (comme au privé) mais bien d’offrir à tous ses citoyens des soins de qualité, et ce, gratuitement.

partenariat (quand ce n’est pas la privatisation pure et simple) nous est proposé comme l’unique voie de salut. Rien de plus faux! Dans une société plus juste, il est possible de récupérer les milliards nécessaires pour financer tous nos services publics. Si l’État refuse d’assumer son rôle de levier économique, ayant pour fonctions premières l’équilibre social, la santé, la culture et l’épanouissement de ses citoyens, nous devrons développer rapidement une analyse critique et dénoncer les faux fuyants auxquels se livrent trop souvent les discours officiels pour nous berner. Nous devrons réaffirmer tous ensemble et à haute voix notre droit de vivre ensemble en harmonie. L’idéologie néolibérale jette le discrédit sur nos instruments collectifs et laisse croire que seul le profit individuel mène à la liberté et non à la guerre. À ma connaissance, nous ne sommes pas encore les esclaves d’une aristocratie totalitaire. C’est à l’État de remettre en cause sa fiscalité trop complaisante vis-à-vis des grandes entreprises et des citoyens fortunés. Mais c’est à nous, ensemble, que revient le devoir de développer au jour le jour des stratégies d’amour, d’amitié et d’entraide.

Réal Malouin Philosophe et troubadour r.malouin@hotmail.com

Il faut dénoncer en premier lieu le sous-financement chronique de notre système de santé. Ce ne sont pas les coûts des dépenses en santé qui explosent, mais ce sont bel et bien les compressions budgétaires imposées par nos deux paliers de gouvernement depuis 30 ans qui ont provoqué la crise actuelle en santé. De façon insidieuse, il se produit pourtant un glissement du capital (le produit de notre force de travail et de nos ressources naturelles) vers des intérêts privés qui ne se sentent plus concernés par nos besoins collectifs.

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C’est à l’État que revient la responsabilité d’intervenir pour une distribution plus équitable des richesses. Pourtant, le gouvernement réduit ses impôts par des mesures qui profitent particulièrement aux plus riches et aux entreprises. Dans le même ordre d’idées, selon l’IRIS (Institut de recherche et d’informations socio-économiques) le système d’imposition au Québec comprenait 16 paliers échelonnés de 13 % à 28 %. Aujourd’hui, il n’en reste que trois. En outre, les plus fortunés profitent de différentes échappatoires fiscales et parviennent à payer peu ou pas d’impôt. C’est la même chose pour certaines compagnies qui reçoivent des prêts et des subventions, pour le moins trop généreuses, de nos deux paliers de gouvernement. À l’heure actuelle, notre système de santé est affaibli, sousfinancé et mal géré. Devant cet état de fait, le recours au

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* Les textes d'opinion publiés dans ces pages n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs et non de La Quête.

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Religion et psychiatrie En Occident, nous assistons au déclin des religions, mais conformément au proverbe « La nature a horreur du vide », celles-ci se voient remplacées par l’infiltration toujours grandissante de la médecine, et plus particulièrement de la psychiatrie dans nos sociétés et dans la vie de chacun de nous, selon Thomas S. Szasz (1920-2012); psychiatre américain. À titre d’exemple, que l’on retrouve par ailleurs chez Szasz, mentionnons le passage du moral au médical. Ce qui auparavant était considéré comme un péché est maintenant vu comme un désordre mental : la gourmandise porte maintenant le nom de boulimie, le vol de kleptomanie, de péché l’alcoolisme est passé dans la catégorie des désordres mentaux, etc. Traduisant le texte anglais de Wikipedia, on apprend que selon Szasz, les psychiatres sont les successeurs des chamanes et des prêtres. Ils ont affaire aux dilemmes spirituels et aux diverses difficultés que la vie nous apporte, qui ont assailli l’humain depuis la nuit des temps. La psychiatrie que supporte l’État, par le biais de diverses lois portant sur la Santé Mentale, est devenue une religion séculière. Prenons l’exemple de l’obésité : au lieu de mettre l’accent sur la mal-

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bouffe, les médecins dénoncent la surnutrition. De plus, en dépit de leur apparence scientifique, les régimes imposés sont un substitut imposé aux jeunes d’antan. L’injonction sociale de ne pas être obèse doit être considérée comme un ordre moral et non comme un avis scientifique comme on le prétend. Comme pour les malades mentaux et les consommateurs de drogues illégales que l’on isole dans des catégories sociales, la médecine fait de même avec ceux dont le poids excède la norme. Le phénomène contraire n’échappe pas non plus à cette tendance, bien qu’il soit inversé. Par exemple, selon Jacques Maître, « L’avènement de l’anorexie mentale comme syndrome psychiatriquement défini se trouve dès lors à ouvrir une nouvelle étape, avatar sécularisé (et stigmatisé comme maladie) de ce qui avait été sacralisé (voire glorifié par la canonisation) au Moyen Âge (±476-1492), à la Renaissance (±1492-1650) et à l’époque classique (± 1650-1790).1 »

de celui-ci dans les moindres recoins de la société, présente toutefois une critique trop radicale. C’est-à-dire qu’il nie l’existence même de la maladie mentale. Selon lui, ce qui existe en réalité sont des difficultés que chacun de nous rencontre au cours de sa vie ou des comportements que l’on désapprouve. En conclusion, il semble que dans un premier temps, nous devions nous montrer plus vigilants et critiques envers l’idéologie médicale, que les Québécois et les Canadiens l’ont été envers l’idéologie religieuse. En second lieu, il est préférable de reconnaître l’existence de la maladie mentale tout en défendant, malgré cela, les droits et la dignité des patients psychiatriques.

Michel Latulippe Professeur de philosophie au collégial à la retraite 1

Alors que la gourmandise revêtait un caractère négatif aux yeux de l’Église, l’anorexie, revêtait quant à elle un caractère positif, comme on le constate dans ce qui précède. Toutefois, les deux se dissolvent maintenant dans le monde médical. Szasz, dénonçant l’infiltration

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MAÎTRE, Jacques, L’anorexie, mysticisme, spectacle, maladie, Les grands dossiers des sciences humaines, no 28, septembre-octobre-novembre 2012.

* Les textes d'opinion publiés dans ces pages

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Illustration: Danièle Rouleau

Histoire de Léo

Mon voisin a encore embaumé notre vieil escalier d’un parfum enivrant. Il a dû ramasser un autre flacon perdu dans les rues du centre-ville et en a aspergé les marches. « Léo, tu gaspilles de l’art en flacon, le sais-tu seulement ?»

« Ma mère ne m’aimait pas… » Il l’a dit une fois à 65 ans, en chuchotant presque, un jour que nous étions sur le balcon à contempler les arbres dans la cour. « J’en fais encore des cauchemars… » Et il me racontait son rêve.

Léo se couche et se lève tôt. Il marche beaucoup. Il a ses sentiers dans la ville, ses postes d’observation, ses arrêts obligés, ses objets à trouver. Après la tournée du matin, il revient vers 13 h pour manger et pour voir Diva, son émission préférée. Il reste assis le temps qu’il faut : il a posé sa bouteille de coke sur un guéridon trouvé dans les rebuts et il tient son hamburger rituel à la main.

Voilà donc la vieille blessure qui l’avait poussé vers l’alcoolisme et l’itinérance. Le jour où il reçut la compréhension et l’estime de quelques amis, il a lui-même renoncé à sa dépendance. Il est devenu l’homme que je connaissais ; à l’humour absurde, curieux d’apprendre et d’une gentillesse sans borne.

C’est qu’à l’heure de Diva, il s’installe dans sa vieille berceuse en bois. Elle est recouverte en permanence d’une carpette tricotée multicolore. Elle se défait lentement depuis des années. Quatre ans, en fait. De longs fils bouclés pendent et s’étirent tout autour de la berceuse ; rouges, verts et bleus, jusqu’au sol, formant une étoile aux brins effilochés dont Léo est le centre. Année après année, c’est une manière de toile qui devient une étoile. Lui, il rétrécit. Je lui dis : « Léo, je crois que ta carpette a fait son temps ». « J’aime ça moi des carpettes qui se détricotent ». Et là, il me dit que nous avons assez parlé pour la journée, affichant son lent sourire ironique. Avec le temps, ses vêtements trop grands le deviennent encore plus. Son pantalon n’en finit plus de cascader sur ses pieds. Il se vêt et vit comme s’il était invisible aux yeux de tous, comme s’il avait accepté sereinement de l’être. Léo n’est pas homme à se préoccuper d’aménagement domestique. Dans un coin de la pièce, un ancien pupitre d’écolier lui sert de table : il y déjeune le matin et y roule ses cigarettes. Il dessine aussi : des visages de toutes les couleurs agglutinés en nuages, à la manière de Pellan. Toutes les émotions y sont exprimées. Il dessine aussi des mères soucieuses au long cou incliné sur des enfants minuscules. Il consulte ses livres de psychologie et d’astronomie, tout en sirotant son café.

Quand je l’ai connu, son plafond et ses murs étaient couverts de petits jouets anciens. C’était comme d’entrer dans la caverne d’Ali Baba. À y regarder de plus près, il y avait un ordre dans cet univers personnel, une sorte d’harmonie. Il aimait candidement la beauté. Il avait suspendu un enjoliveur de roue sur le mur. Il avait fermé l’entrée d’un tuyau ancien avec une magnifique photo découpée dans un magazine. Quelques œuvres étaient encadrées sur les murs. Des flacons anciens, quelques beaux objets s’étaient progressivement ajoutés à sa collection. Le bain lui servait de rangement car il pratiquait une rotation d’objets pour ne pas s’ennuyer, pour ne pas toujours voir les mêmes. Il avouait se laver à la débarbouillette. « J’ai un p’tit corps, j’ai vite fais le tour ! ». Avec Diva il s’évade plus que de raison, mais cela ne lui coûte rien. Sa vie toute simple, empreinte de poésie, le remplit de gratitude. Cela transpire au travers les murs : il y a là un homme heureux, envers et contre tout.

Monique Dufour

« Savais-tu qu’une nouvelle planète a été découverte ? » Et là, il me montre une page de magazine toute noire parsemée de quelques points scintillants. Les petits matins avec Léo sont de furtives incursions dans la connaissance.

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Photo : Archives Web

Je l'ai vue ressusciter puis je l'ai vue mourir

Nous nous sommes connus à l'été 2001 dans des groupes d'entraide. À cette époque, elle était fatiguée, dépressive et suicidaire, mais rien ne laissait deviner les souffrances qu'elle portait. Trop de frustrations et de déceptions accumulées depuis trop longtemps, le mépris, le rejet, elle n'en pouvait plus, elle craquait. Un soir que je la raccompagnais chez elle, elle m'a déballé son paquet et elle en avait gros. Je ne m'attendais pas à ça, j'avais une tout autre attente. Malgré tout, j'étais parvenu à la faire rire ; elle riait et pleurait en même temps. Nous avons fait quelques sorties. Nous sommes allés voir entre autres Les Misérables de Victor Hugo, au théâtre Capitole. Je lui disais : « Nous ne sommes pas assez misérables nous-mêmes, que nous allons voir les Misérables ! » Et elle riait, elle reprenait goût à la vie. Elle s'était fait une famille dans le GFA de Vanier (groupe familial Alpha-Del) où les témoignages des unes et des autres contribuaient à redonner un sens à sa vie. Elle apprenait à rire d'elle-même et les choses commençaient à bien aller pour elle, lorsqu'un cancer, et un autre, et un autre sont apparus... Je lui disais : « Tu as fait une bonne vie, Charlotte, tu vas aller au ciel ». Cette fois-là, elle s'est levée péniblement de son fauteuil d'hôpital pour me faire une accolade, un câlin. Elle pressentait sans doute que ce serait la dernière accolade, le dernier câlin. Je suis retourné la voir quelques jours plus tard, elle agonisait. Elle a prononcé mon

nom, j'ai caressé son bras et sa joue, je l'ai embrassée sur la joue, mais elle ne réagissait presque plus ; elle s'endormait, elle s'est endormie. Un jour ou l'autre, j'irai la rejoindre. Elle disait qu'elle m'attendrait : nous nous marierons et nous aurons les enfants qu'elle aurait tant souhaités. Ce n'est qu'un au revoir.

Guy-Léo Morin P.-S. Lorsqu'elle s'est fait enlever un poumon en 2006, on a découvert par la même occasion qu'elle avait une malformation du péricarde ( l'enveloppe du cœur) causée vraisemblablement par une tentative d'avortement. Sa mère avait déjà cinq enfants, elle n'en voulait pas d'autres. Charlotte était la sixième. Hypothèse de chirurgien ou simple fantasme ? Cela peut-il expliquer la fatigue chronique, les tendances dépressives, les idéations suicidaires et l'image négative qu'elle a eue d'elle-même presque toute sa vie ? Je ne suis pas médecin, mais j'ai bien l'impression qu'il y a une part d'hérédité, un facteur génétique. Elle me disait merci de lui avoir fait connaître des ressources communautaires en santé mentale; elle avait appris à démystifier la maladie mentale, elle comprenait qu'elle n'était pas folle, qu'elle ne deviendrait pas folle, et cela la rassurait beaucoup. Je parle d'elle comme je parlais de ma mère qui a connu quelques années d'une sérénité relative avant de mourir d'un infarctus à l'âge de 70 ans. Je parle d'elle comme je parle de moi-même. Merci Nicole pour les bons soins que vous lui avez prodigués, elle vous appréciait beaucoup.

Que cette période de réjouissances vous procure des moments inoubliables auprès de ceux que vous aimez. Je vous souhaite mes meilleurs vœux de Santé, Amour et Bonheur tout au long de la nouvelle année 2013.

Joyeux Noël et bonne année! Annick Papillon Députée de Québec 275, boulevard Charest Est, Québec (Québec) G1K 3G8 • Tél : 418-523-6666 • Annick.Papillon@parl.gc.ca

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homelessnation.org

homelessnation.org

Étoile du matin Bel astre, espoir du cœur Où luit l'amour plein de douceur Au cœur blessé par la souffrance Rendez l'espérance !

Étoile du matin Bel astre brillant sans déclin Sur les ténèbres de la terre Versez la lumière !

Bel astre bienfaisant Dans le ciel, toujours rayonnant Au cœur qui vous prie en détresse Rendez l'allégresse !

Bel astre immaculé Resplendissant de pureté Dans l'âme par le mal étreinte Dissipez la crainte !

Bel astre protecteur Où toujours veille votre cœur Dans l'âme que l'épreuve lasse Diffusez la grâce !

Bel astre radieux, Où sourit la splendeur des cieux Reflétez au séjour des larmes Les célestes charmes !

Marie Nassif Moi Marie Nassif, je dédie ce poème à la famille de Joëlle Tshernish et à ces nombreux amis. Joëlle continue à vivre parmi nous en tant qu'une étoile dans le ciel.

Participer activement au développement de notre milieu.

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LA BOÎTE À PAIN

CAFÉ NAPOLI

289 Saint-Joseph Est, Québec (St-Roch) Lundi au samedi 6 h 30 à 20 h Dimanche 6 h 30 à 17 h 30 Tél. : 418 647-3666

396, 3e Avenue, Québec (Limoilou) Lundi au mercredi 6 h 30 à 18 h 30 Jeudi et vendredi 6 h 30 à 19 h Samedi et dimanche 7 h à 18 h 30 Tél. : 418 977-7571

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Photo: Archives Web

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LE PETIT PRINCE

- Ils n’en finissent plus à la production, de chercher l’acteur pour le personnage principal du film !!! - On sait que tu n’aimes pas ton rôle, Thierry, mais arrête de chialer… Daniel, ton rôle, tu l’apprécies ? - Un rôle, c’est une création, Marc. Alors, je crois que je vais apprendre des choses en jouant l’allumeur de réverbères. Mais je trouve que plus de deux ans dans le désert pour trouver le comédien idéal qui incarnera le héros du film, c’est un peu long… À mon humble avis… - Voilà la réalité, les gars : nous sommes tombés en panne, là, dans le désert. C’est exactement l’histoire du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. - Oui, nous devions en tourner le film mais en fait, nous sommes entrés dans le roman ! - Et toi, Marc, tu es content de jouer le rôle du Narrateur ? - Oui… Pour le moment, je ne fais pas grand-chose, face à mon avion inerte. On ne peut pas quitter le désert. - L’équipe de réalisation est très forte. Ils

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s’inspirent de Stanilavski, qui attendait de l’acteur qu’il trouve les émotions à l’intérieur de lui-même pour servir son rôle!!! En étant dans cette situation, on peut vraiment explorer notre intériorité !!! - Et Le Petit Prince, c’est Le Petit Prince ! - Saint-Exupéry a tellement écrit de belles choses... Par exemple, dans Lettre à un otage en 1943, il a insisté sur le respect de l’homme. La conclusion qu’il offre à son ami, est la suivante : « Il n’y a pas de commune mesure entre le combat libre et l’écrasement dans la nuit. Il n’est pas de commune mesure entre le métier de soldat et le métier d’otage. Vous êtes les saints ». - Quand on a tout cela en tête, on n’est plus gêné d’attendreLe Petit Prince… Le Petit Prince savait voir sous les chapeaux les boas qui digèrent les éléphants. Et puis, il a su entendre le secret du renard : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ». - Oui, on va attendre Le Petit Prince . - Sans vouloir vous décevoir, Le Petit Prince. n’est pas qu’un être de fiction : il existe.

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- Dis-nous, Pierre ! - Oui… Il semblerait que le personnage du Petit Prince. soit inspiré de Thomas De Koninck, fils de Charles De Koninck, chez qui l’écrivain a séjourné en 1942 au Québec. Charles De Koninck a donné son nom au pavillon des Sciences sociales et des Lettres de l’Université Laval de Québec. Son fils Thomas, y est professeur de Philosophie. - Le Petit Prince à l’Université Laval !!! Je pense quand même que cela vaut la peine d’attendre l’autre Petit Prince. Il viendra… Peut-être même pourrionsnous aller à sa rencontre… Depuis le 16 septembre 2010, Thierry Dole, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Legrand sont aux mains du groupe Al-Qaïda du Maghreb Islamique au nord du Mali, quelque part dans le dés e r t . Pensons à eux.

Laurence Ducos

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Le livre qui a changé ma v ie Évidemment qu’étant jeune, je suis tombée avec délices dans les aventures écrites par Andersen, les frères Grimm, Perrault et Walt Disney. Je sentais que j’étais faite pour la lecture. Ma famille me fournissait en littérature jeunesse du genre « La courte échelle », mais je n’y prenais pas assez de plaisir. C’est lorsque mon oncle est arrivé avec Le Petit Prince de Saint-Exupéry que j’ai eu une vraie révélation.

Mon esprit était déjà réceptif à la mince ligne qui divise élément de fiction et réalité. La littérature du sous-entendu m’appelait. J’ai escaladé des montagnes de livres jusqu’à retrouver, devenue jeune adulte, cette impression fantastique d e redécouverte du monde. C’est avec les Maîtres Sonneurs de George Sand que j’ai ressenti le même effet qu’avec SaintExupéry, nombre d’années auparavant. Pour tout vous dire, j’ai fait ma maîtrise en Lettres sur l’œuvre sandienne. L’histoire qui allait changer ma vie, publiée en 1943, a pour personnage principal un enfant sérieux, sensible, qui a de la candeur et du cœur. Un exemple équilibré de générosité, d’humour et d’esprit critique. En plus, son expression est parfaitement soignée tout en restant

Photo: Archives Web

Non seulement je découvrais la force de l’imaginaire, mais j’étais aussi sensible à l’intelligence de l’écriture. Un monde inventé de toutes pièces se doit d’être cohérent, même plus que le réel. Le voyage du Petit prince n’est-il pas un cycle logique auquel on n’imaginerait aucune autre finalité ?

crédible.

avant et après lui.

Même si je n’avais pas l’âge de comprendre pleinement la dédicace à Léon Werth, elle m’a fait réfléchir : « Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants ». Ce n’est pas un hasard si j’ai fait mes études en Littérature, car je voulais faire partie de cet univers de mots et d’imagerie. D’ailleurs, le narrateur de Saint-Exupéry commence son récit en se référant à un autre livre, et c’est là que j’ai entraperçu une infinité de possibilités. Chaque auteur crée son propre réseau, chevauchant celui des autres

J’apprends toujours une chose nouvelle en lisant (et en relisant) de tels chefsd’œuvre. Grâce au Petit prince et aux autres personnages de son calibre, j’écoute les étoiles et je cherche le mouton dans les nuages. Et vous, quelle est votre façon de conserver votre cœur d’enfant ?

Julie Cartier

www.epicerie-europeenne.com

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SUIVEZNOUS

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Illustration: Danièle Rouleau

Il était une fois

Il était une fois. Pourquoi « une fois » ? Parce que de mémoire d'animal, on ne vit ça qu'une fois. Voici. Il était une fois une chatte qui passait ses journées à chasser le mulot et à dénicher les aliments quasi « passés date » du Maxi d'Estimauville. Elle grossissait à vue d'œil. Lorsqu’au crépuscule, on n’y voyait presque plus rien, elle rentrait dans notre tanière près de l'Arboretum de Maizerets. Ce dernier était un comte. L'on jasait de choses et d'autres et la chatte, quoi qu’ayant une acuité visuelle très aiguisée, ne me reconnaissait pas en tant que rat. Elle m'avait choisi en tant que confident, voilà.

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Moi, j'acceptais ses facéties comme « j'ai des pattes de velours » ou « je peux courir aussi vite qu'un train à vapeur ». Dieu sait que les trains à vapeur ne courent pas ces lieux.... Un soir, elle arriva au gîte. Elle commença son baratin et dans la cachette humide, elle ne reconnut pas son comparse. Deux yeux en amande d'un brun jaunâtre perçant l'accueillirent. Elle entendit aussi un rire menaçant. « Cours se dit-elle, cours ! » La course ne dura pas longtemps. Une patte énorme l'assaillit, des crocs sans pitié la saignèrent elle et les trois rejetons qu'elle portait.

réalise l’espoir

C'est l'histoire qu'on m'a racontée, moi qui suis un rat, et l'on m'a bien mis en garde. Si tu te promènes dans le domaine Maizerets, il n'y a pas de crainte à avoir si par hasard tu rencontres un rat ou un chat. Sache que les archéologues cherchent toujours la véritable cause de la mort du comte de Maizerets!

Viviane Mayrand

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Effluves de Noël d'antan

Notre sens de l'odorat est sollicité à chaque souffle, chaque seconde de notre vie. Nos souvenirs ont des odeurs liées à des personnes, à des lieux et à des événements. Quand je pense aux Noëls de mon enfance, des odeurs m'envahissent. Le sapin naturel dans un coin du salon sentait bon la résine. Les tourtières, les tartes, les biscuits et les beignes répandaient leurs effluves sucrées et épicées dans toutes les pièces de la maison paternelle. Je nous revois, mon frère et moi assis sur chacun des genoux de notre père qui nous faisait patienter avant que nous puissions goûter aux bons pains maison cuisant au four : une fois cuits, il les mettait sur le comptoir pour qu'ils refroidissent un peu, et pendant qu'ils étaient encore chauds, nous coupions de bonnes tranches sur lesquelles nous étendions le beurre fondant.

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L'odeur des papiers d'emballage et du Scotch Tape couvrant les cadeaux que nous nous offrions entre les membres de la famille. J'assistais à la messe de minuit, assise entre mes parents sur un banc en bois. Je me souviens encore de l'odeur de la lotion après-rasage de mon père et du parfum à la lavande de ma mère. L'église sentait les lampions, l'encens et la cire des personnages de la crèche, que mon oncle bedeau avait construite avec beaucoup de créativité. Bien emmitouflée dans mon manteau chaud et mon foulard de laine, je quittais l'église en humant l'air froid et la neige. Quand nous rentrions dans la maison, les joues rougies, c'est l'odeur du tabac à pipe de grand-papa qui nous accueillait. Tante Rose nous faisait des « becs à pincette » en appuyant bien fermement jusqu'à la limite de la douleur — avec ses doigts empestant la cigarette.

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Nous avons tous des souvenirs d'odeurs perdues, refoulées qui, à certaines périodes de l'année, reviennent à la surface. Qu'importe que ces odeurs soient liées à des moments heureux, tristes ou nostalgiques ; elles nous ont marqués, façonnés. Je sais que le temps des Fêtes est une période très émotive pour beaucoup d'entre nous. J'ai réalisé par expérience que le meilleur antidote pour sortir de son apitoiement sur soi est d'accueillir quelqu'un à sa table ou au restaurant ou de visiter une personne qui se sent seule et de partager avec elle : nous sommes des « solitaires solidaires » dans nos souvenirs !

Christiane Voyer

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L'harmonie Ah ! que c'est beau l'harmonie ! La musicalité d'une symphonie, Le chant de deux ou trois canaris, Et la « tune » de guitare tonifiée par l'ampli. Ah! que c'est beau l'harmonie ! La sérénité des sages et des Gandhi, Le silence de tous les fusils Et la paix pour tous les pays.

Photo: Archives Web

Ah ! que c'est beau l'harmonie ! Les toiles de Salvador Dali, Le corps des jolies femmes ravies Et le sourire de ma « tchum » Suzie Ah ! que c'est beau l'harmonie !

Gaétan Duval

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8Ÿ­® de la première ministre

Si, pour la plupart, le temps des Fêtes est synonyme de réjouissances, de retrouvailles en famille ou entre amis, il en va autrement pour certains, qui sont seuls ou démunis. Dans un tel contexte, un magazine comme La Quête prend tout son sens; sa mission de réinsertion sociale a permis à plusieurs personnes de retrouver espoir ̋ß"̋œßÆŒ̋"¸ ̋ØØ̋œ-mêmes. /æº" ̌æ­©̋øº̋Œ̋ºß" ̇" ²" ̊Ÿ­ø" ¸̋" ̨̇Æø̋" ¸­" 3­Î̈̋̊" ­º̋" œæ̊ÆÎßÎ" ıØ­œ" ª­œß̋ " plus humaine, dans laquelle on prend soin de notø̋" Œæº¸̋ " % ̋œß" ¸̇ºœ" ̊̋ß" ̋œıøÆß" ¸̋" solidarité qu ̋º ̊̋ßß̋" ̨ƺ" ¸ ̇ººÎ̋ " ª ƺ©Æß̋" ̶̊̇ł­̋" 3­Î̈Î̊æÆœ̋ " ̶̊̇ł­̋" 3­Î̈Î̊æÆœ à poser un geste de générosité. Parce que chaque personne a droit au bonheur. À titre de première ministre, je suis très fière de soutenir Ø Ÿ­©ø̋"¸̋"La Quête. Son équipe dévouée a tout mon respect et ma reconnaissance. À tous ses artisans, ainsi ł­ ²"ßæ­œ"œ̋œ"Ø̋̊ß̋­øœ "ª̋"œæ­̶̇Æß̋"­º̋"ßøÍœ"̈̋ØØ̋"ıÎøÆæ¸̋"¸̋œ"(Ïß̋œ"̋ß"­º̋"̇ººÎ̋"にどなぬ faite de projets et de réussites.

PAULINE MAROIS

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À vous dédicacé Pour faire une chanson Ca prend que des mots Pour faire une chanson Faut lui ajouter du son

D`accordéon banjo Que d`autres apprennent D`autres s`y amènent Ou y vont à pied de saut

D`accord de piano Que d`autres apprennent N`a s`en souviennent En répètent morceaux

On en retient mots Le récit vaut la peine Qu`on y revienne S`récréer à nouveau

La Quête en chanson Ca prend que des mots Pour faire une chanson Faut lui ajouter du son

Pour faire une chanson Sans besoin cd, vôtre ? Qu`imagination ! On en fait la nôtre

Marcel Guy Mailloux Illustration: Danièle Rouleau

De voix basse haute Se faire aller bas menton Boule d`gorge sans faute Du jeu d`air de poumons On en retient mots Le récit vaut la peine Que mémoire soutienne Le son du temps si beau

Le suicide

Il fau t en parler, c 'es t le s eu l m oyen de s 'en s o rt ir

24h s u r 24, 7 jo u rs s u r 7, w w w.s o s -s u ic ide.qc .c a

1-800-595-5580

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Illustration: Danièle Rouleau

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Partenaires Or

Régis Labeaume, maire de Québec

Centraide Desjardins Caisse populaire du Québec L’Arche l’Étoile Pauline Marois, Première ministre du Québec

Partenaires Bronze Audiothèque de Québec Brunet Cartier Centre Ozanam CSQ Danièle Rouleau Épicerie Européenne Érico Choco-Musée Librairie Phylactère Point de repères Quincaillerie St-Jean-Baptiste SCFP Services 211 SOS Suicide

Partenaires Argent Annick Papillon, députée de Québec La Boîte à pain CKRL FM 89,1 Les impressions Stampa L’Institut Canadien de Québec Maison Dauphine

Archives Internet

Merci à tous nos précieux partenaires ! Partenaires Inconditionnels (depuis plus de 5 ans!) Le Bal du Lézard L’Inter-Marché Saint-Jean Maison Revivre Michel Yacoub Partenaires Ad Vitam Aeternam Claude Gallichan, chiropraticien Yves Boissinot et Andrée Thiffault, pharmaciens

5- Entouré de 40 voleurs. Recueil de cartes géographiques. Personne qui vit à un endroit fixe.

LA LANGUE DANS SA POCHE 6- Agrume. Et le reste… Période de quatre semaines avant Noël.

1. L’expression « la part des anges » vient du monde de la distilla5. C. Un échanson est une personne qui sert à boire. tion d'alcool. Il désigne la partie du volume d'alcool (autour de 2 %) 6. B. L’aubin est l’allure défectueuse d'un cheval qui galope du train de 7Le plus petit État américain. Relatif au dimanche. Note de musique. qui s’évapore durant le vieillissement en fût. devant et trotte du train de derrière (ou inversement). 2. B : 1905.*Le Petit Larousse illustré* s’inspire du concept ency7. B. Versatile signifie : sujet à changer facilement d’opinion, exposé à 8- « Patenteux ». Se dit d’une mode ou par d’unPierre style inspiré d’un(1817passé récent. singe clopédique et pédagogique développé Larousse desPetit revirements soudains. 1875)d’Amérique dans son du *Grand dictionnaire universel du XIXe siècle*. Sud (TOITUISI). 8. Le mot épître est féminin, comme huître, mitre et vitre. La plupart 3. Diane De Courcy, qui est également ministre de l’Immigration et des mots en « itre » sont toutefois masculins (comme arbitre, chapitre, des culturelles. Cette responsabilité était 9- Communautés Fruit du cacaoyer (ESSABOC). Recouvrent le corps desassumée reptiles. Boire litre, à petits coups titre et autres). pupitre, dansen lesavourant. gouvernement précédent par la ministre de la Culture, des 9. Le petit du chameau est le chamelon. Communications et de la Condition féminine; Christine St-Pierre. 10. Le mot « poubelle » vient du nom du préfet de la Seine, Eugène 4.10-Faux. Faireoùgaffe : faire attention. Gaffer signifie : commet-FêtePoubelle, Ouvrage l’on signifie expose l’ensemble des connaissances universelles. des Rois lequi 6 imposa l'utilisation de la poubelle à la région parisienne tre une bourde, un impair, se mettre les pieds dans les plats. en 1884. Ce nom de famille, Poubelle, a lui-même pour origine l’exjanvier. pression pou bel, qui signifie : peu beau. SOLUTION

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Un chausson aux pommes avec ça ? Martine R. Corrivault On peut aimer la tarte au sucre sans en connaître la recette; on n’a pas nécessairement à savoir ça, à moins d’être responsable de la préparation du dessert ! Jamais un cuisinier n’oserait dire : « Je n’ai pas à savoir ça… », à qui s’en informerait. Inimaginable, surtout avec ces multiples séries télévisées sur les diverses manières d’approcher l’art culinaire quand on n’a pas à payer la facture d’épicerie. Dans un de ses premiers ouvrages paru en 1994, le romancier Jean-Jacques Pelletier raconte ce qui pourrait arriver à quelqu’un, qui ne parvient pas à dire vraiment ce qu’il ressent. J’ose à peine imaginer certaines de nos grandes vedettes de l’actualité récente qui vivraient la situation de « L’homme à qui il poussait des bouches ». Pour qui ne connaît pas l’ouvrage, disons seulement qu’un bon matin, le personnage constate qu’il lui pousse un peu partout des bosses, qui deviennent autant de bouches pour commenter tout ce qu’il fait ou ne fait pas. Depuis l’automne dernier, la Commission Charbonneau entend de telles histoires sur la vie politique municipale montréalaise que le plus cynique des lecteurs de Pelletier aurait le goût de voir pousser des bouches à tous les menteurs et dissimulateurs qui viennent témoigner. On finit même par regarder de travers tous ceux qui affirment vouloir servir leurs concitoyens en s’engageant dans la vie politique.

Pourtant, nous sommes souvent ceux qui entretiennent la culture de la dissimulation. En nous désintéressant de la routine démocratique, en cédant à d’autres nos prérogatives de citoyens responsables, en négligeant de nous informer et de participer aux débats, nous laissons toute la place aux profiteurs. L’aveu attribué au maire de Montréal relève de cette culture générale qui préfère ne rien savoir pour mieux profiter de ce qui passe. Plusieurs ont déchiré leur chemise en signe d’indignation. On se demande un peu pourquoi, car l’expression « Je n’ai pas à savoir ça… » est ici d’usage fréquent. Servie sous diverses déclinaisons, elle écarte les explications et ne considère que les résultats. À la maison, les parents préfèrent ignorer les détails d’un conflit entre enfants et les enfants écartent la curiosité intempestive de leurs aînés; au travail, l’autorité se libère de tout scrupule et l’employé en fait autant, « tant que la machine marche ». On ferme la porte à toutes intrusions en territoire privé avec des : « Tu n’as pas à savoir pourquoi je suis en retard… Je n’ai pas à savoir comment tu as pu faire ça… Il n’a pas à savoir qui lui a permis de passer par là… » L’être humain est rempli de contradictions. Il existe dans la culture bouddhiste une sculpture traditionnelle qui représente trois singes. L’un se bouche les oreilles, l’autre se cache les yeux et le troisième se couvre la bouche. Selon la tradition, la sagesse de ces singes ne veut rien voir de

ce qui pourrait représenter un problème, rien dire pour éviter les problèmes et rien entendre afin de ne rien savoir. La figurine millénaire représente peut-être l’inertie et la passivité qui, à l’époque, permettaient de survivre en constituant un rempart contre tout changement. Mais les temps ont changé : l’homme moderne cherche plutôt à tout savoir, tout entendre, tout commenter. Et instantanément, grâce aux nouveaux médias. On voit sans regarder, on entend sans écouter et on parle de tout sans rien savoir. On clique sans réfléchir comme si chaque « clic » était un battement de cœur. N’importe qui peut trouver une recette de tarte au sucre sur l’Internet, mais avant de goûter, il faudra encore disposer des bons ingrédients, des bons outils et de la bonne technique. Et en fin de compte, de la bonne chaleur pour la cuisson. L’abc de la cuisine devrait inspirer ceux qui aspirent à gouverner. L’aspirant-chef a appris à tailler les légumes; en observant son entourage, il sait qui peut monter une mousse et qui peut tourner une mayonnaise. En irait-il autrement pour qui rêve diriger une ville, une province, un pays ? Souhaitons-nous, à l’aube de 2013, des chefs lucides, capables de parler franc et direct même quand le message risque de soulever des problèmes. Parler transparence et changement ne suffit plus : il faut agir. Comme disaient les anciens : « On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs ».

Tu utilises des drogues par injection et tu a besoin d’aide pour te procurer du materiel de prévention (seringues et condoms) ? Appelle nous !

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Repères Point de Courriel : m.gagnon@pointdereperes.com 225 rue dorchester, ville de Québec, G1K 5Z4 dorchester, ville de Québec, G1K 5Z4 225 rue

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Message Mes ssage du maire maire de d Québec Au-delà des vœux traditionnels que l’on associe au temps des Fêtes, c’est un message d’espoir que je désire transmettre aux personnes qui ont pris la courageuse décision de reprendre leur vie en main. À vous toutes et à vous tous, ainsi qu’à ceux qui vous soutiennent dans votre quête vers un avenir meilleur, je souhaite une année 2013 sous le signe du renouveau, de l’entraide et de la paix de l’âme.

Le maire de Québec,

Régis Labeaume

De la part des camelots, de l'équipe de La Quête et de l'Archipel d'Entraide De très joyeuses fêtes! Une année 2013 empreinte de solidarité, d'humanité et du respect des différences!


3$ Le magazine de rue de Québec

On s’élève à donner.

No 150 Décembre 2012-Janvier 2013

SUR LES RAYONS

• Jamais trop tard pour apprendre • Patrick Senécal: thèmes noirs • La bibliothérapie ! • L’Histoire autrement avec Louise Lacoursière + Camelots d’un jour

Envie de vous investir, de sortir de votre zone de confort, de repousser vos limites pour faire une différence dans votre communauté ?

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Concept : Publicis Montréal | Photographie : Jean Malek

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S.V.P. n’achetez qu’au camelot portant une carte d’identification 3$ contribution volontaire. 2$ sur le prix de vente va directement au camelot. 14:48


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