FonskR 01

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La rue laisse des traces FEVR IER09 #01

1 ISSN 1507-5623


fonskR

Technopôle de Château Gombert “Les Baronnies” - Bat A Rue Paul Langevin 13013 Marseille, France Tél 04 91 95 53 32 Fax 04 91 95 53 47

Magazine Directeur éditorial Bertrand Fouillet Rédactrice en chef Marlène Granet Directeur artistique Sébastien Grabiel Rédacteurs graphistes Bertrand Fouillet Sébastien Gabriel Adrien Genzor Marlène Granet Swann Leal Rémi Martinez Merci à la rue Crédits photos et copyright Tous droits réservés

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FONSKR DECEMBR E08 #01

Ne me dites pas que quand vous marchez dans la rue vous n’apercevez pas, au détour d’une ruelle, sur le coin d’un trottoir, un des ces artistes qu’on appelle « artistes de rue ». Du grapheur, en passant par le cracheur de feu ou encore les mimes et les peintres. Tous ces artistes contribuent à modifier l’environnement urbain qui nous entoure. Notre magazine est là pour vous parler du concept de l’art de rue. Soyez attentif à ce qui vous entoure les œuvres urbaines ne sont pas loin de révolutionner votre façon de voir, rien déjà qu’en animant la monotonie des trottoirs gris et sales. l’équipe fonsKR

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06082 10133 14204 26 06// Culture média: Fafi Graff’ & Girls 07// Du goût pour les bouches 08// Coup de coeur : 9e concept

10// Portfolio: Théo Génnitsakis 11// Ouverture : everybody may 12// Culture média: Improv everywhere 13// Personnalité : Edgar Mueller

14// Everybody is fonskR 16// Culture média: LichtFaktor 18// Portfolio: Twin peaks floor 20// Portfolio: Breakdance

21// Rédactionnel: Monovisua 22// You sad little world 24// Culture média: Paul Bloas 26// Culture média: Tracks

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82733 33642 04448 6 27// FonskR it is 28// Reportage: Le cours Julien 30// Reportage: Connivence, ambivalence 33// Reportage: Rencontre

36// Reportage: Conversation avec un jongleur 38// Reportage: Entrevue 40// Reportage: L’intermédiaire 42// Reportage: Entretien avec un réverbère

44// Culture Média: Graff’foued 48// Récit de Voyage

BertrandFouillet SébastienGabriel

MarlèneGranet

AdrienGenzor

RémiMartinez

SwannLeal

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FAFI

GRAFF’ & GIRLS Lors d’une promenade au cœur de Toulouse, impossible d’échapper à un des nombreux murs arborant le dessin amusant d’une fille aguicheuse et provocante... Fafi, artiste toulousaine à l’univers facilement identifiable. Ses peintures sur murs représentent principalement des filles amusantes, sexy, parfois agressives et souvent dans des tenues affriolantes. Remarquées dans sa ville natale à partir de 1994, ses œuvres attirent le regard du monde de l’art et du graffiti. Explorant la féminité à travers ses stéréotypes, et en les utilisant à son avantage, Fafi capte l’attention d’un large public et son ascension dans le milieu de l’art de rue est aussi rapide qu’Usain Bolt aux 100 mètres. Cette reconnaissance et ce succès lui permettent d’entreprendre plusieurs voyages à travers le globe : Etats-Unis, Japon, Mexique, Thaïlande, Suisse, Espagne, Tunisie, etc. Fafi recouvre les façades du monde entier de personnages féminins tape-à-l’œil.

Les collaborations avec de nombreuses enseignes (Sony, Colette, Adidas, CocaCola, …) et l’apport de ses dessins dans plusieurs magazines (Vogue, Elle, …) transforment son pseudonyme en marque. Par la suite, Fafi s’essaie à l’animation 3D, sort deux livres d’illustrations (deux succès trouvables uniquement dans les librairies des musées et une petite sélection de boutiques), s’expose régulièrement dans des galeries d’art.

Maman depuis 2007, son univers s’élargit, elle créée ainsi un monde imaginaire et curieux peuplé de créatures imaginaires, de maisons, de véhicules originaux et toujours de minettes sensuelles et attrayantes.

CULTURE MEDIA 6

http://www.fafi.net/


DU GOÛT POUR DES BOUCHES QUAND LE METAL DEVIENT UNE OEUVRE

Les bouches d’égout font parties à part entière du paysage urbain. Elles sont laides, gênantes et sales. Deux artistes brésiliens ont décidé d’embellir ces plaques de fer, de les customiser afin de les rendre plus agréables. Un concept jamais vu et novateur, les bouches d’égout transformées en œuvre d’art. Anderson Augusto et Leonardo Delafuente ont monté le projet 6emeia. Une sorte de groupe artistique ayant de nouvelles idées amusantes et innovatrices. Ce projet a débuté en 2006 mais cela fait déjà plusieurs années que les deux personnages peignent ensemble.

Représentation assez fidèle de Fidel Castro }

Leur but est de changer et d’améliorer la vie quotidienne, de modifier l’environnement dans lequel nous vivons tous. Ils proposent une nouvelle façon de concevoir et de visualiser les choses qui nous entourent en passant par des créations et des travaux inhabituels. Ces artistes de rue ont donc eu l’idée de peindre les bouches d’égout qui jalonnent les rues des grandes villes Brésiliennes, telles que Sao Paulo. Animaux, personnages de comics ou de cinéma, personnalités ; tout y passe.

Anderson Augusto en train de peindre une bouche d’égoût en zèbre }

Ce sont les passants et les automobilistes qui doivent être contents, enfin un peu de gaïeté dans la monotonie, l’engorgement et la routine du trafic urbain.

INSOLITE http://www.6emeia.com/

Une bouche d’égout skieuse }

« Un concept jamais vu et novateur, les bouches d’égout transformées en œuvre d’art. » 7


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ème

CONCEPT

Avant que vous découvriez l’ampleur du phénomène, il est important de remettre les choses dans leur contexte. Ce collectif est l’aboutissement d’une pensée commune, le partage de l’art avec autrui dans sa plus grande simplicité. Ainsi, en 1990, Stéphane Carricondo, Ned et Jerk se lancent dans l’aventure. Ici le mot d’ordre est : diversité. Actuellement le 9ème concept a en son sein une quinzaine d’artistes venant de tous les horizons (graphistes, grapheurs, tatoueurs…) certains tirants leur inspiration directement de la rue. Ici, il n’y a pas un style, mais des échanges, des rencontres, des liens qui se tissent au travers des différentes actions artistiques entreprises. Ce sont ces dernières qui donnent une ligne graphique à cette micro société. Ce mélange leur garantie une évolution remarquable et un style unique. Même si le nombre de ses membres grandis de manière assez modéré, il n’est pas rare que ces derniers donnent leur chance aux plus jeunes, lors d’événements ou d’actions entreprises par le collectif. C’est une véritable opportunité qui s’offre à ces jeunes partageant les mêmes motivations artistiques. 9ème concept c’est une activité en trois temps : Concept, création et action. Ces mots, simples et concrets soulignent un exercice de leurs qualités très bien rodées. Ils développent depuis toujours deux pôles d’activités : Un pôle d’œuvres personnelles, mettant en avant les prouesses individuelles de ses membres ; et un pôle d’œuvres de commande. Posséder ainsi deux aspects, leurs permet de décupler leur champ d’action ; oui mais quels sont-ils ?

Desperados edition limitée }

Desperados edition limitée }

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COUPDECOEUR http://www.9emeconcept.com/


T Il est très difficile de les cerner. Une chose est sure ils sont très à l’aise sur les secteurs suivants : arts graphiques, peinture, design, musique et vidéo ; autant de supports qui leur permettent de multiplier les lieux : musées, galeries, plein air ou d’autres, plus insolites en fonction du besoin. Mais comment s’organisent-ils pour que les créations du collectif ne se transforment pas en un énorme capharnaüm ? En uniformisant tout simplement. Chaque exposition, action, s’organise autour d’une idée maitresse et d’un support commun. Il est par conséquent pas rare de voir l’équipe faire le tour de l’Europe pour des marques comme Dockers (célèbre marque de chaussures), chacun d’entre eux étant chargés d’un magasin de l’enseigne. Et là c’est libre place à l’expression, des styles différents et pourtant chacun réussit à offrir une solution marketing : peinture dans des vitrines, dessins sur chaussures ou vêtements. Et ça marche ! En effet, des marques comme Nike, Canal+, Despérados leur font confiance pour intégrer une touche artistique à leur campagne marketing.

Réalisation d’une vitrine Dockers }

Vitrine Dockers finalisée }

En plus de donner une plus value certaine à la marque, l’art se rapproche de son point d’origine : la rue. Quel spectacle pour les passants de voir ces artistes s’afférer dans des vitrines habituellement occupées que par des mannequins. D’autres concepts ? À mon sens, ils font partie de ceux qui se battent pour amener toutes les inspirations et les styles issus de la rue et de les réinventer pour les partager avec un maximum de personnes ; initiés, néophytes, passants, agences…Grâce à eux on peut affirmer et c’est une certitude, l’art de rue ne se passe pas forcement dans la rue.

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Afin de fêter la naissance du magazine fonskR, je vous présente ce mois-ci l’artiste Théo Génnitsakis. Vous avez sans doute déjà vu l’une de ses créations, notamment pour la marque Numéricable. En ce qui concerne ce talentueux personnage, il quitta sa Grèce natale pour s’installer à Partis à l’âge de 15 ans. Il envoya plus tard des centaines de mails à toutes les agences Parisiennes avant d’être embauché dans l’unes d’elles. C’est grâce à son talent et à son culot qu’il a pu se faire la place importante qu’il détient actuellement. Un passage sur son site internet pour en savoir plus sur lui et ses œuvres est obligatoire.

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Mais que fait-il dans fonskR, où est l’art de rue ? Ne nous affolons pas, ce qui m’a intéressé dans ses créations sont celles qu’il réalisa pour Nike (il en fit d’autres pour le Coq Sportif et Addidas). La chaussure est un marché énorme voulant toucher la plus grand nombre et notamment les jeunes, extrêmement friants de style. Si il y a bien un objet représentatif de la rue, c’est la chaussure. Après tout, les chaussures que vous portez quand vous marchez peuvent tout simplement être un indicateur de ce que vous êtes. De plus, les publicités pour les chaussures de style jeune s’inspirent énormément de la culture urbaine et du style graphique que l’on lui associe naturellement. Mais arrêtons le blabla ici. Je vous laisse juger par vous même.

PORTFOLIO http://www.theogennitsakis.com/


Not an unpronounceable word. Not a powerful car. Not a such famous star. Not your sad work. Not a big fat pig eating mud. Not disgusting garbage. Not a great idea. Not a revolutionary concept. Not a sweet philosophy. Not an obscure religion. Not a boring radio show. Not a psycho drug. Not your new favorite ice-cream flavor. Not a fucking big television. Not one of your organs. Not one of your orgasms.

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fonsk

NOBODY KNOWS WHAT IT IS

EVERYBODY MAY

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E

‘‘ We Cause Scenes ’’ Improv Everywhere (IE pour les intimes) est un groupe d’improvisation plus qu’original…

IMPROV EVERYWHERE

Créé en 2001 par Charlie Todd, enseignant au théâtre Upright Citizens Brigade à New York, Improv Everywhere exécute dans des lieux public des événements artistiques, des missions comme ils les appellent. Les gens parlent souvent de Flash Mobs*, mais le groupe d’impro insiste sur le fait que leurs missions n’ont rien avoir avec ce genre d’événements. Un «flash mob», terme anglais traduit généralement par foule Les membres, enfin les agents d’IE se sont éclair ou mobilisation éclair, est rencontrés dans les salles de cours de le rassemblement d’un groupe de Charlie. Entre 1998 et 2000, l’UCB avait personnes dans un lieu public pour une série télévisé sur la chaîne Comedy y effectuer des actions convenues Central, à la fin de chaque épisode on d’avance avant de se disperser pouvait retrouver les personnages de rapidement. Le rassemblement la série filmés en caméra cachée par étant généralement organisé au l’UCB. Les spectacles et l’enseignement moyen d’Internet, les participants de l’improvisation du théâtre ont eu une les « flash mobbers » ne se forte influence sur Improve Everywhere. connaissent pas pour la plupart.

flash mob

Concrètement «We Cause Scenes», tel est le slogan d’Improv Everywhere. Pour les non-anglophones, voici la traduction littérale : « Nous causons des scènes ». Et pour cause ! Avec près de 25 000 agents dans le monde et plus de 70 missions à leur actif, que se soit de la natation synchronisée dans une fontaine, au Freeze géant dans la gare de New York en passant par le « No Shirts » ou encore au « No Pants » (sans pantalon), l’IE 12 régulièrement ces événements exceptionnels organise

dans le monde entier pour livrer aux observateurs un souvenir et une expérience inoubliable. Certaines missions ont fait le tour du monde, en 2004, Improv Everywhere organisait une lecture publique avec un faux Anton Checkhov. Les fans s’étaient déplacés, oubliant que l’écrivain russe était mort depuis plus d’un siècle. Organisés par les agents de longue date de l’IE, beaucoup de missions sont ouvertes au public. Complètement dans leur rôle, les agents ne laissent pas paraître qu’ils sont en train de jouer une scène. Les missions sont intégralement filmées et vous pouvez les retrouver sur le site officiel improveverywhere.com. N’oubliez pas « We Cause Scenes » !

CULTURE MEDIA http://www.improverywhere.com


Edgar MUEller

E

Fan de Street Art ? OUI ? Alors vous le connaissez certainement... Edgar Müeller ne se contente pas de décorer agréablement nos rues avec des peintures « un peu grandes », non, son truc à lui c’est de les transformer entièrement. Edgar est un expert dans son domaine, ce n’est pas pour rien qu’en 1998 il obtient le titre de « maestro madonarri » (Maître des peintres de rues). Né en 1968, à Mülheim/Ruhr en Allemagne, Edgar est voué à être un artiste hors-normes. Depuis sa plus tendre enfance, le jeune «padawan» est fasciné par la peinture et rapidement un grand talent émerge de ses pinceaux pour représenter graphiquement son environnement.

peintres illusionnistes, Edgar crée de façon autodidacte son propre style en composant des illusions d’optiques grâce à ses peintures 3D sur des rues entières. Plus que ça, ses œuvres sont des scènes où les comédiens sont les passants. Monsieur tout le monde devient alors une partie intégrante de l’œuvre et qui sait, vous aussi vous pourriez laisser votre trace dans une rue au paysage insolite et extraordinaire. Image & Source : www.metanamorph.com }

A l’âge de 19 ans Edgar remporte la Geldern International Street Art Competition avec une copie de «Jésus à Emmaüs» (Caravaggio). Vers 25 ans il se consacre entièrement à la peinture de rue et donne des cours dans des écoles et est le coorganisateur de différents Streeyhttp://metanamorph.com Peinure-Festivals en Europe. Inspiré par les œuvres de Kurt Wenner et Julian Beever, des

PERSONALITÉ

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EVERYBODY 14


YISFONSKR 15


OMBRE ET LUMIERE

LICHTFAKTOR Première culture media et pour cette première fois, on peut dire qu’on atteint des sommets.

Véritable phénomène sur la toile part la qualité de leurs réalisations, leur originalité et leur façon de faire, ils font connaître leur collectif sous le nom de lichtfaktor. Si vous n’avez pas encore entendu parler d’eux, sachez que ces jeunes allemands ont trouvé un moyen d’expression urbain magnifiquement coloré et qui ne tâchera pas un mur, ils utilisent tout simplement la lumière. Je suis sûr que vous avez déjà remarqué que si l’on agite une lampe torche la nuit, on peut dessiner dans l’air grâce à la persistance rétinienne. Cela permet de faire des signes, écrire des choses ou bien de dessiner, tout simplement. Lichtfaktor part de ce concept pour s’approprier d’une nouvelle façon la rue, qui plus est de nuit. Un changement radical d’univers et d’ambiance. Deux facettes, les personnes ne sont plus les mêmes et nous ne sommes plus les mêmes. Que de poésie. Cette poésie se retrouve au travers de leurs productions.

Ce qui est également d’une grande poésie, c’est que cet art est extrêmement volatile, en effet, c’est un moment à capturer à l’aide d’une camera, car il n’en restera aucune trace physique. Palper l’impalpable qu’est la lumière et admirer une image qui a été créée en quelques secondes pour s’évanouir aussitôt dans le néant voici ce qu’est Lichtfaktor ou tout simplement pour être moins inutilement pompeux, l’on peut dire que c’est juste extrêmement graphique, imaginatif et créatif.

CULTURE MEDIA http://www.lichtfaktor.eu/

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Leur logo }


E

R DO IT YOURSELF Pour avoir le meilleur résultat possible vous aurez besoin d’un tripod. L’exposition devra durer entre 10 et 30 secondes ou plus long si besoin. Restez face à la camera et commencez à écrire. Pour éviter une surexposition, réglez la caméra en iso100 et fermez votre ouverture au maximum. Si il y a toujours trop de lumière, utilisez un filtre-nd. Vous pouvez utiliser des lampe torches, des lampes de vélos et des lumière LED, le tout fonctionnant sur batterie afin d’être mobile. Vous optiendrez également de bon résultat avec des feu d’artifices et des torches. On peut répertorier trois types de lumières utilisés. Xenon: crée une lumière chaude et dorée LED: crée une ligne froide et précise Cathode: fine ligne. Vous pouvez obtenir de superbes résultats en utilisant des filtres et des choses reflétant la lumière

QUELQUES LIENS http://www.behance.net/LICHTFAKTOR http://www.myspace.com/lichtfaktor

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Pour ce numéro, une idée saugrenue, issue des techniques d’art de rue. Le «Twin Peaks Floor Quote Project» est un véritable travail d’équipe, alliant création de pochoirs, mise en espace et peinture de matières. Tout part d’idées, de prises de conscience, d’interrogations à la limite de la métaphysique. La

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phrase ci-dessous : «La seule chose que Chritstophe Colomb ait découvert est qu’il était perdu» en est une parfaite illustration. Même si notre équipe a choisi de vous montrer uniquement le résultat final, il va de soit que sa réalisation fut un véritable travail d’orfèvre, pour la réalisation des pochoirs, aux proportions titanesques, qui se devaient de

s’adapter aux différents supports utilisés : le sol, les murs ou encore les fenêtres. Nous vous laissons apprécier cette oeuvre qui de part son originalité et ses techniques employées aurait pu être réalisée dans la rue.

T

Q


TWIN PEAKS FLOOR

QUOTE PROJECT

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PORTFOLIO

BREAKDANCE

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O

w w w. m y s p a c e . c o m / m o n ov i s u a

E

A PROPOS DE LUI

DECLINER L’ART DE RUE monovisua

Je suis heureux de vous faire partager la passion que l’équipe et moi avons pour les productions et les œuvres issues de la culture de la rue. Terrain de jeux et de créations extrêmement vaste et en perpétuelle évolution dans toutes ses facettes. Sujet inépuisable et source intarissable de démarche artistique toute catégorie confondu. N’ayant pas envie d’être objectif pour un sou je ne dirai pas que je suis attentif à toutes les formes d’œuvres et toutes les démarches issues de ce monde. Comme toutes sources d’inspiration non élitistes et grand public, il en sort du meilleur comme du pire. Tous les goûts sont dans la nature et il en va de même pour nos mégalopoles bétonnées où les idées y poussent plus que la verdure. Je me suis longtemps posé la question de ce qu’était la culture de la rue. Après tout, c’est bien trop vaste. Que faut-il faire pour ne pas être taxé d’artiste non issu de la culture de la rue?

Habiter un petit patelin, royaume des vaches et paradis du bio ? Ne jamais sortir de chez soi et produire des choses n’ayant aucune influence quelle qu’elle soit avec ce que l’on voit tous les jours par la fenêtre. Après tout, à partir du moment où nous posons le pied sur un trottoir crotté et que nous nous melons à cette foule anonyme, ne sommes-nous pas influencé ? Une autre pensée me vient à l’esprit : les œuvres littéraires (ou de n’importe quel autres supports d’ailleurs) étant fait pour nous sortir la tête de cette fourmilière, se sentir un peu moins apé par le train-train urbain justement rythmé par les mouvements secs des trains souterrains ne sont-ils pas le reflet et la conséquence d’un refus de la rue, et ce dernier ne faitil pas parti de la culture de la rue ? Mais comme ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et que je me perds moi même dans mes phrases, laissons les réflexions et la philosophie de troquet de côté pour nous concentrer sur le cœur de l’article.

Ses outils préférés sont la pointe fine ou le marqueur mais il manie tout aussi bien la bombe que la souris. Son style graphique est très original et on remarque tout de suite sa touche plutôt unique. Ses œuvres sont très inspirées, très chargées de détail et l’ensemble rend quelque chose de très graphique complexe, pouvant aborder plusieurs sujets et faisant passer de multiples messages. Tout comme une ville, ses œuvres sont comme en ébullitions. En ce qui concerne les supports, leur nombre est grand. Allant du mur traditionnel au skateboard, snowboard, toys fashion, chaussure, casque de moto, toiles, papier. Ce fut un réel coup de cœur pour moi. Je vous laisse admirer et je vous recommande son myspace.

À oui et au fait, l’art de rue sera pour moi ce que je conçois comme l’étant et ce que j’ai envie de vous faire partager. La première chose qui me vient à l’esprit lorsque l’on mentionne les mots « art de rue » est le graffiti. Reflet de la culture de la rue par excellence, cet art peut néanmoins s’appliquer à de nombreux supports autres que les murs et dans différentes déclinaisons. Je vais donc parler ce mois-ci d’un artiste français du nom de Olivier Seni a.k.a Monovisua. Ce qui est intéressant chez cette artiste est la multiplicité des techniques et des supports utilisés pour ses créations. Comme pour faire une métaphore de l’art de rue, ses créations sont hétéroclites. Ses œuvres sont également extrêmement « tendances». La section “à propos de lui” vous en apprendra plus sur ses techniques.

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“Your sad little world is not ours.”

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CULTURE MEDIA http://www.PaulBloas.com

Paul Bloas est un artiste peintre qui vit et travaille à Brest. Il exerce son métier et expose dans la rue en France et à l’étranger depuis plus de 20 ans. Son œuvre consiste à réaliser des peintures géantes sur papier et les coller ensuite en milieu urbain. Ses peintures sont éphémères. Elles se dégradent naturellement au gré du temps. L’objectif de Paul Bloas n’est pas d’agresser le lieu où il expose ses œuvres. Bien au contraire, il veut donner au passant une nouvelle vision, une nouvelle perception du lieu. Pour la petite anecdote, Bloas signe ses plus grandes œuvres (en dimension) par les chaussettes qu’il a utilisées pendant sa réalisation. En effet, pour ses très grandes toiles, il les travaille à plat, sur le sol dans d’immenses hangars. Il marche donc en chaussette sur la peinture. Bloas laisse sa trace dans de nombreuses villes et ne laisse jamais personne indifférent.

PAUL

BLOAS 25


Pour cette première édition de fonskR, j’ai beaucoup cherché un thème dans l’air du temps. A force de me balader de forum en forum, en cliquant sur des liens menant à des sites de plus en plus obscurs, j’ai eu une révélation en regardant la télévision. Comme quoi, des fois il ne faut pas chercher bien loin. Quel soulagement lorsque l’on tombe sur une rediffusion de « Tracks » et qu’on prend conscience que cette émission peut faire une très bonne entrée en matière pour cette section culture média.

Extrait du générique de l’émission }

Car il est important que tous nos lecteurs apprécient les lignes, une brève rétrospective s’impose. Cette émission est diffusée sur ARTE depuis 1997 et a donc fêté ses dix ans il y a presque deux ans. Je tiens à rappeler que la mission d’ARTE était de réaliser, diffuser ou faire diffuser des émissions ayant un caractère intellectuel, à son sens le plus large. Au passage, entre vous et moi, vous ne trouvez pas qu’ARTE se rapproche d’art ? Coïncidence ? Je ne crois pas. En effet, Tracks, en lisant entre les lignes nous permet de découvrir des formes d’art en complète contradiction avec les conventions, mais s’intéresse aussi à des formes plus conventionnelles comme la musique (rock, électronique…), les arts picturaux, les sports extrêmes, faire des rétrospectives sur des artistes célèbres. Le dernier en date fut Mick Jones, le guitariste du groupe punk The Clash. L’occasion de rappeler qu’à la base, c’était une

émission exclusivement musicale, avant d’élargir son champ d’investigation à d’autres concepts assez variés. L’émission évolue non seulement sur le plan informel mais aussi sur le plan technique, ce qui ancre encore plus sa place dans cette rubrique culture média. En effet, l’émission est accessible via podcasting, qui comme les flux RSS permet de récupérer des musiques ou des vidéos sans même avoir besoin de se connecter sur le site de l’émission. iTunes (pour Mac et Windows), Juice (pour Windows), sont quelques uns des logiciels permettant l’intégration du podcast de Tracks. Vous pourrez ainsi contempler des artistes de rues dans la rue, directement sur votre baladeur. Des artistes qui sortent souvent des sentiers battus et des rubriques de l’émission comme Tribal, Live, Backstage… Par exemple, Rogue Taxidermiste sort réellement du lot avec des pratiques pouvant être assez macabres. Ce dernier détourne l’art de la taxidermie pour créer des chimères. Je pense que ce dernier exemple vous montre bien jusqu’à quel stade cette émission peut aller. Pour ceux qui seraient intéressés par Tracks et ses artistes décalés, c’est à trois heures du matin le samedi que cela se passe. Et oui, si l’on veut sortir un tant soit peu de la culture de masse il faut le mériter. Vivons avec notre temps, profitons du podcasting, sinon la bonne vieille méthode de l’enregistrement sur la cassette du mariage marche aussi.

26 Mike Jones et Tony James }


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REPORTAG 28


Le Cours Julien à Marseille, lieu de rencontre des artistes, tout horizons confondus. FonskR s’est intéressé à cet endroit, bastion de l’art de rue et étendard de la mixité et de l’esprit créatif. Au programme, des rencontres incongrues et des interviews. Ce lieu mérite d’être connu et mérite votre attention.

GE MARSEILLE 29


COURS JULIEN CONNIVENCE

AMBIVALENCE 30


N E

Un Cours pas si court d’expression et de vécu C’est en me rendant au Cours Julien dans le sixième arrondissement de Marseille, que j’ai pu découvrir ce quartier réputé. En cet hivernal mois de décembre les rues ne sont pas aussi chargées en mouvement et personnes que lors des périodes estivales. Les passants se font rares.

BREF RETOUR À noter que le Cours Julien est un des plus anciens quartiers de la Cité phocéenne. Avec la Plaine et Notre-Dame du Mont ils forment le Plan Saint Michel (appelé maintenant Place Jean Jaurès).

Au détour d’une ruelle j’ai pu trouver une jeune femme apparemment assez pressée, j’ai tout de même osé l’aborder. Elle a accepté de m’accorder dix minutes de son temps pour répondre à mes questions. Bonsoir, quel est votre prénom, votre âge ? L’inconnue : Bonsoir, Je m’appelle Audrey, j’ai 26 ans. Est-ce être indiscret de vous demander ce que vous faîtes sur le Cours Julien, si vide à l’heure actuelle ? Audrey : Euh… sûrement mais bon je peux vous répondre car je ne fais rien d’intéressant, je rentre seulement chez moi. Et si vous sous entendez qu’il est tard, 20 h 12 ce n’est pas si tard. Seulement le Cours Julien en cette période n’est pas très fréquenté, on y voit le plus souvent les habitués. Enfin la semaine prochaine il y aura sûrement plus de monde avec le Marché de Noël des Créateurs. C’est un rendez-vous culturel assez important, enfin je m’y intéresse beaucoup.

C’est là qu’au 13ème siècle, se situait le camp des croisés qui s’embarquaient de Marseille, et qui ne pouvaient pas prendre la mer tout de suite en raison de vents défavorables. C’était à l’époque, un plateau désert qui ne s’animait que les jours d’exercice militaire ou de visites royales. Dominant l’ancienne ville ce lieu possède une longue histoire et reste aujourd’hui un des quartiers les plus vivants de Marseille.

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Habituellement il y a plus de monde ? Audrey : Pas vraiment en cette période, puis le soir, hormis les soirs de fêtes, le Cours Julien est déserté. Mais la journée quand les beaux jours reviennent, les terrasses des cafés et restaurants sont bondés, dans les squares et autour des bassins à la sortie des écoles tous les enfants jouent… C’est super vivant et animé. Il ne faut pas oublier que le quartier est très populaire et cosmopolite. L’été c’est agréable de passer par là, on rencontre beaucoup de gens différents, l’ambiance est chaleureuse. Je trouve ça très enrichissant. Finalement, y’a-t-il des choses que vous n’aimez pas dans ce quartier ? Audrey : Disons que comme vous le voyez en cette saison c’est un peu mort, si je puis dire. Puis le Cours Ju’ n’est pas très propre. Il y a pas mal de clochards aussi. Puis j’avoue que le soir ce n’est pas très rassurant de trainer seule. Nous allons maintenant nous recentrer sur le thème principal de notre magazine, que représente pour vous l’art de rue ? Audrey : La question est difficile (rire), je dirai que ça représente toute forme d’art, musique, peinture, sculpture, qui se trouve dans la rue. Par exemple une peinture sur le sol, des tags, des statues, voir la danse même pourquoi pas. Break Dance et Hip Hop surtout, il y a d’ailleurs souvent des représentations dans les rues de Marseille et pas mal ici sur la place (ndlr : le Cours Julien).Puis en fait, je sais pas, c’est aussi une passion non lucrative en gros non ? Pouvez vous développer ? Audrey : Oui, oui, par exemple le cracheur de feu, c’est par passion. Comme les graffeurs ils ne le font pas pour gagner de l’argent mais pour faire partager leur art. Très bien, cette forme d’art vous plaît-elle ? Et trouvez-vous qu’elle a une place ici sur le Cours Julien? Audrey : Disons qu’ici oui il y a une grosse affluence d’artistes de rue, qui expriment leur façon de voir, leur art au travers de différents concept. J’ai déjà pu voir des cracheurs de feu, des jongleurs, des grapheurs, des peintres et j’en passe, puis il y a même des magasins que l’on peut dire. Il n’y pas mal de tags sympa ici aussi. Et pour moi l’art de rue oui je trouve ça agréable parce que ça ranime un quartier, une rue, mais il faut que ce soit entretenu sinon ça ne sert à rien.

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L’entrevue fut brève, je l’avoue mais je peux concevoir que les gens sont pressés de rentrer chez eux. Je vais donc m’arrêter là en ce qui concerne le Cours Julien. Cette place si appréciée mais qui peut aussi être si abandonnée. Une controverse intéressante ne trouvez vous pas ?


LE COURS JULIEN

RENCONTRES Marseille, Cours Julien, huit heure du soir. Le soleil n’est plus là depuis quelques temps déjà et il pleut de surcroît. Je me sens un petit peu seul et surtout mouillé. Il faut dire qu’il n’y a pas foule ce soir là. La température en a refroidi plus d’un. C’est la première fois que je me rends en ce lieu et il est vrai qu’il dégage quelque chose. Une impression de vie et de joyeux bazar. Des murs couverts de tags et des pavés. L’absence de voiture fait du bien. Quelques personnes sortent du métro. Je décide d’essayer de leur parler. Après quelques tentatives infructueuses dû au soit disant manque de temps et à la pluie, je reussis à parler à une jeune fille puis à un jeune homme accompagné d’un gros molosse, assez effrayant au premier abord. Voici un condensé de ce qu’il en est ressorti.

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Qu’évoque pour vous le lieu où nous nous trouvons ? Céline : Je n’habite pas très loin et passe souvent par ici. J’adore ce quartier, c’est extrêmement vivant et on y trouve ce que l’on veut quand on aime l’art, les gens et la fête. J’y passe de nombreuses soirées. Il faut y venir en été c’est là que c’est vraiment animé. Pierre : Je ne fréquente pas beaucoup ce lieu. Je sais que c’est un endroit vivant et blindé d’artistes en tout genre. Qu’est-ce que l’art de rue pour vous ? Céline : Graffiti, tag. Tous ceux qui vivent de l’art et de la musique dans la rue. Egalement les statues vivantes. Toutes ces personnes qui vivent de la rue.L’art au sens large. Pierre : C’est un très bon moyen d’expression et beaucoup d’art sortent de la rue notamment au niveau musical et ça permet à pas mal de jeune de s’en sortir. ça entraine les gens du milieu de la rue et notamment des banlieues, d’où je suis issu, à persévérer. Es-tu toi même un artiste d’art de rue ? Céline : NON. Pierre : NON. (ndlr : il y a des fois où l’on a pas de chance) Avez-vous déjà assisté à des spectacles ou performances urbaines ? Céline : Dès que des jeunes dansent le hip hop dans le rue je m’arrête. Les pièces de théâtre, je kiff, ils sont parfois vraiment plus doués que lorsque tu vas voir des vrais “comédiens” en salle. Ce n’est pas pareil. Ca vient de leurs tripes en général. Dans une salle c’est plus une simulation pour faire ressentir une émotion au spectateur. Il y a également de quoi faire ici, concerts, grapheurs et même des cracheurs de feu parfois. Pierre : Dans ma ville d’origine, Fréjus, des gens faisaient du hip hop, break ou de la musique. Lors d’un voyage en Italie, je suis arrivé sur une place rempli d’artiste, dessin sur sol, danse, musique de rue, statue immobile, théatre. C’était un paysage assez étrange et extrêmement sympa. L’art de rue n’a-t-il pas bon dos et n’est-il pas fourre tout ? Céline : C’est un moyen pour certaines personnes de profiter de la générosité des gens. Mais je crois que le public sait reconnaître les bons artistes des imposteurs Pierre : Ouais, mais, il y a de tout, c’est intéressant et enrichissant et il faut bien sortir de la galère d’un moyen ou d’un autre. La plupart sont dans la merde, ça change de la star ac’. C’est bien qu’ils fassent passer leur passion à tous le monde. D’autres pays sont plus fermés la dessus. Faire partager sa passion. D’autres font ça pour vivre. C’est la plus grande scène, comme le métro.

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Avez-vous des goûts arrêtés ? Céline : Je suis ouverte à toutes les facettes de l’art de rue. Il ne faut pas avoir de préjugés sur les choses. Pierre : Je n’ai pas eu assez de vision de tous les styles pour répondre à ta question. Ton avis sur les graffitis ? Céline : Certains sont très beaux. Il faudrait des endroits libres afin de s’exprimer en toute liberté. Cela risque peut être de dénaturer l’esprit du tag. Mais cela peut amener à avoir moins de problème car sinon on risque de mettre tous les graffeurs dans le même panier. Je trouve également que l’utilisation de graff dans le cadre d’une décoration, par exemple celle d’un magasin, est vraiment bien. Pierre : Sympa mais certains sont abusés (notamment insulte) car à coté de ça il y a vraiment des artistes qui ont du mal à prouver leur valeur, se faisant absorber par le stéréotype du grapheur idiot. C’est également dommage qu’il n’y ai pas plus d’endroits dédiés à cet art. Si je vous dis stéréotype de l’art de rue et commerce ? Céline : Le rap. Les rappeurs actuels font des choses crues et inintéressantes qui dévalorisent la femme, avant c’était un phénomène de société, des banlieues. Il y en a encore mais la majorité dénature ce qui a été fait avant. Pierre : L’art de rue influence beaucoup mais pour moi chaque personne retranscrie quelque chose de différent, les commerciaux prennent une vision plus large. Au final, ils ne touchent pas tout le monde ou les bonnes personnes. Beaucoup de gens veulent uniquement se donner un style. D’autres ne se posent même pas la question si leur apparence retranscrie la rue ou non. Une cure de jouvence à la campagne ça te dit ? Céline : Banco. J’adore la campagne. Je partirais si je pouvais. Pierre : Non je serais déprimé. La ville est la vie... et j’ai pas fumé... Un mag’ comme fonskR vous plairait-il ? Céline : J’aime bien vous allez me faire découvrir des choses que je ne connais pas. Pierre : Oui je trouve ça très interessant.

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L’art de rue reste encore dans les esprits assez limité et cantonné à certains stéréotypes tenances. Fonskr est là pour changer la donne.

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CONVERSATION AVEC UN JONGLEUR

LE COURS JULIEN

Marseille. Cours Julien. 2h du mat’. Le lieu est animé par des dizaines d’individus. Certains entrent dans un bar, d’autres en sortent dans un état beaucoup plus bancal. Certains forment des groupes qui rient très fort, d’autres s’isolent. Certains sont observés, d’autres examinent les alentours. Un seul de ces individus jongle avec cinq petites balles multicolores pendant qu’un autre s’avance pour le déranger. Morceaux choisis…

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Bonsoir. Le fameux jongleur : Bonsoir. Pour toi le Cours Julien, c’est quoi ? Le fameux jongleur : Le Cours Julien est comme un lieu improbable, intemporel. Ces pierres là, tu vois, elles n’ont pas d’âge. Ces graffitis, tu les retrouveras dans 20 ans et puis ces poteaux tirés vers le ciel c’est comme les aiguilles du temps. Ce que je préfère, c’est la dualité du décor, la nuit c’est très obscur, sinistre, presque morbide. Et le jour, c’est populaire, piquant et vivace. Du coup, je me retrouve artiste nocturne qui tente de raviver un lieu un jour, vivant le lendemain. Et puis, la jongle c’est très enfantin dans le ... Le ... Le vortex collectif. Ca me rappelle ces cirques chamarrés. Détourner cette discipline dans un lieu si hors-normes, c’est devenu une évidence à mes yeux. La rue, pour toi c’est un lieu dédié à l’art ? Le fameux jongleur : Pire, la rue EST un art. Demande à un artiste d’où lui vient son inspiration, comme la majorité, il te répondra de la rue. C’est classique, tu trouves tout dans la rue, c’est l’artère du monde et le flux sanguin c’est le peuple qui y circule. L’art vient donc de la rue. L’art de rue, c’est pour moi un pléonasme, c’est comme un jongleur qui jongle, cela va de soit. Pour résumer, car tu vas t’embêter à tout retranscrire là, non ? Bah, l’art est à la rue ce que la balle est au jongleur, c’est indissociable. Pour le titre de ton article, tu n’as qu’à mettre, “Pas d’art sans rue, encore moins de rue sans art”. C’est bien ça, non? Quels sont les avantages et inconvénients de ce lieu ? Le fameux jongleur : Hola ! Ils sont nombreux. Dans les avantages, je dirais sa réputation. Dans les inconvénients, sa réputation. Ce que j’apprécie, c’est que je suis l’un des rares pour qui ce Cours a de la valeur. C’est pour cela que de croire que ce lieu paraisse un peu malfamé m’arrange. Je suis très content d’être l’un des seuls hurluberlus notables de ce quartier. Je suis un peu le roi et le bouffon à la fois. Et puis, pas mal de monde pense qu’ici, c’est un rassemblement de dealers et drogués mais les gens se trompent. Vraiment ? Le fameux jongleur : Bien sûr qu’il y en a aussi. Mais pas plus qu’ailleurs. Rien ne prouve tout ce qu’on raconte sur ces rues. Justement, tu connais l’historique du Cours Julien ? Le fameux jongleur : Pas du tout. Je peux vraiment pas t’aider là-dessus. Un mag’ comme fonskR vous intéresserait-il ? Le fameux jongleur : Je suis pas trop magazine mais je lirais sûrement le premier numéro parce qu’apparement je serai dedans.

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REPORTAGE

? ENTRE

VUE

La vie réserve de nombreuses surprises, parmi elles une rencontre inopinée, un vendredi soir, dans un bar. Rien ne laissait présager en ce début de soirée que j’allais faire la connaissance d’une personne, en accord total avec le message de notre magazine : L’art de rue.

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Il s’appelait Pascal, il était là non pas par hasard, mais vraisemblablement pour décompresser de sa semaine. Un certain style négligé, jean grunge, baskets, cigarettes à la main : l’archétype de l’artiste. Vous êtes sans doute en train de vous demander pourquoi je m’attarde sur tous ces détails. Simplement pour faire un clin d’œil à la vie et aux rencontres qu’elle peut parfois nous offrir ; rencontre ici assez originale puisque nous avons échangé nos premiers mots après qu’il m’ait renversé la moitié de son verre dessus. Il s’excuse. On discute. Tout part de là.


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Que fais tu dans la vie ? Pascal : J’ai obtenu mon BAC ES cette année et je suis actuellement en première année de BTS communication sur Aix en Provence. Je fais une formation qui a certains points communs avec toi. Quel genre de projets tu fais ? Pascal : Pour le moment des choses très scolaires, tu sais des créations de maquettes pour du web, des photomontages pour apprendre des techniques de graphisme, la symbolique des couleurs, des techniques de mise en page…Enfin pas mal de choses que je pratique déjà avec des amis. Ils sont en formation avec toi ? Pascal : Non, rien à voir ! Disons que ce sont des amis que je vois en dehors et qui s’expriment sur d’autres types de supports. Ils tagguent ? Pascal : Pas exactement ; ils utilisent des pochoirs pour peindre sur des murs. En général, ils choisissent le motif selon le lieu ; généralement des ruelles ou dans des hangars abandonnés. En général, on se retrouve sur le Cours Julien on essaye de voir si il y a des gens dans le même délire que nous et on part dans l’objectif de faire une « pose » dans l’après midi.

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Exemple de pochoir, L’atlas, PARIS, 2007 }

C’est à ce moment que j’ai compris qu’il pouvait réellement m’apporter des informations, notamment sur notre dossier de ce mois : Le cours Julien. Je lui explique que nous faisons un reportage sur le cours Julien et lui demande si nous pouvons approfondir un peu. L’investigation continue…

Tu peux m’en dire un peu plus sur votre méthodologie, les types de supports que vous utilisez ? Pascal : Tout le monde met la main à la patte, on passe par une étape numérique, Photoshop en général, où on crée nos motifs. On imprime les créations, on les découpe au cutter puis on les montre aux potes soit par nos boites E-mail ou alors pendant nos rencontres au Cours Julien. Pour les supports, on reste essentiellement sur le béton ou les murs. L’ultime question : Pourquoi ? Pascal : Je ne peux pas répondre pour les autres, mais en ce qui me concerne je pense que c’est le support qui m’attire. Travailler sur Photoshop j’aime bien ça mais il manque un truc, un contact. Le fait de repasser dans une rue ou tu as « posé » une de tes création.

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Exemple de pochoir, Banski, USA, 2008 }

Après avoir plus de 15 minutes avec Pascal, il m’annonce que ses amis viennent de quitter le bar. Il me serre la main. Je le remercie. Il s’en va. Ce soir là j’ai regretté de ne pas avoir eu un papier et crayon.

Mes confrères ont questionné des passants, des artistes comme des jongleurs ; moi, je rencontre un artiste de rue dans un bar.

Je ne sais pas comment se passera ma prochaine entrevue, mais cet échange aurait très bien pu se passer au Cours Julien ou ailleurs.

Le fond reste le même : Tout le monde assiste, connait, participe à l’art de rue à sa manière : Passants, artistes ou même Pascal.

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l’intermédiaire

L’Intermédiaire vous connaissez ? Le bistrot sympa sur le Cours Julien, à Marseille. Un soir, avec des potes on décide de bouleverser nos habitudes. Le Vieux Port c’est bien mais on veut changer un peu. Et en effet ça change ! Je conduis et trouve une place magistrale rue Ferrari. J’enclenche la marche arrière et fait un créneau, je touche la voiture qui est derrière. C’est pas grave, la mienne n’a rien. Avec la bande on avait été dans un bistrot musical avec une bonne ambiance, L’Intermédiaire. On ne peut pas le manquer c’est le bar avec la façade rouge place Jean Jaurès. De l’extérieur, on entend déjà la musique comme la dernière fois. Nous nous retrouvons

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au milieu d’étudiants français et étrangers, de skateurs, d’anciens du quartier et d’autres personnes. Le bar n’est pas si grand que ça, au fond une petite scène avec un groupe de musique, je ne me souviens plus du nom. Les tables sont arrangées de façon à ce qu’il y ait un « dancefloor », c’est serré mais convivial. On se dirige vers le comptoir et j’appelle le barman. Il nous rejoint et nous dit : « Bonsoir les jeunes, qu’est ce que vous buvez ? ». Quatre bières. Le gérant n’étant pas très occupé par la clientèle et mes potes plutôt occupés par les clientes, j’en profite pour en savoir plus sur le lieu. J’entame alors une discussion avec le barman.


intermédiaire

La dernière fois que je suis venu, il y avait un DJ qui mixait avec des Gameboy, l’ambiance était super bonne. Et ce soir rebelote, comment vous faîtes ?

Barman : Oui, on essaye de varier les styles pour que tout le monde s’y retrouve. Nous voulons avoir une clientèle varié et éclectique. Et le mélange fonctionne !

Barman : Pour commencer tu me tutoies, après je ne sais pas comment on fait. Le bar s’est forgé une réputation tout au long des années, il y a des tonnes de jeunes, comme toi, qui viennent boire et écouter la musique, l’ambiance c’est pas nous qui la faisons, c’est vous.

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Oui mais… Mais il y a bien eu un début ?

A propos de la clientèle, il n’y a jamais de problèmes ?

Barman : Je ne sais pas trop. Faut dire que le bar est très bien placé. Nous sommes au coeur de La Plaine qui a plutôt bonne réputation, notamment niveau festivité. Lorsqu’il y a des événements, les gens viennent à L’Intermédiaire et souvent y reste. Puis nous organisons pas mal de soirées avec du rock, du reggae, de l’électro etc. Je vois… Comme je te l’ai dit la dernière fois, il y avait un garçon qui mixait avec des Gameboy et ce soir c’est ambiance rock, rien avoir.

Petite pause, un client l’appelle, j’en profite pour voir où sont mes potes. Je les vois près de la scène accompagnés de demoiselles. Bref, le barman revient, je commande une bière et lui offre un verre.

Barman : Non pas vraiment, les gens sont cools et se connaissent tous plus ou moins. C’est déjà arrivé, mais c’est relativement rare. Il y a déjà eu des problèmes, comme de partout. Un mec qui a un peu trop bu et qui se prend pour Zorro… Mais en général il y a toujours une très bonne ambiance et les gens sont chaleureux. Ils sont là pour passer un bon moment et écouter de la musique sympa.

Sur ces derniers mots et voyant arriver de plus en plus de monde, je pose ma pinte vide en le remerciant de m’avoir accordé du temps durant ses heures de service. Alors que le bar se rempli de plus en plus, j’essaye de rejoindre mes compères tout en remuant la tête au rythme de la musique. Je les trouve enfin. Ils s’amusent bien et me présentent les personnes qu’ils ont rencontré. La nuit est encore jeune, l’ambiance est exceptionnelle, les musiciens nous donnent la marche à suivre, les gens sont chaleureux, le barman paye sa tournée… Nous allons donc rester jusqu’à la fermeture.

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COURS JULIEN

ENTRETIEN AVEC UN REVERBERE Samedi, 4h du mat’, cours ju’ sous la pluie. Personne. Pas un chat. J’étais planté là, perdu. C’est alors qu’une sombre voix m’est parvenue du ciel… Le réverbère : Qu’est ce que tu fous là, tout seul, à cette heure ? Je suis ici en quête de découverte de ce lieu. Le réverbère : J’peux peut-être t’aider. J’ai les yeux grands ouverts. J’en ai vu des choses ici. De belles comme des immondes. Les Hommes sont capables du meilleur comme du pire. Hah bon ? Qu’avez-vous vu ? Racontez-moi votre expérience. Le réverbère : ça tombe bien qu’tu sois la. J’en peux plus de taire ma conscience. J’ai besoin de déballer à quelqu’un ma modeste vision de ce monde. J’imagine que vous ressentez l’ambiance qui règne,

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que vous vous sentez imprégné par l’histoire de ce lieu. Ici même où vous vous tenez, sont passés des hommes d’affaires impeccables, persuadés d’avoir tout compris à la façon dont doit tourner cette pauvre planète. J’y ai vu des manifestants en colère hurlant leur rage, leur ras-le-bol du système. Les pauvres. Leur rage est vaine. Personne ne peut rien y faire. Ce système est à l’image de l’Homme : égoïste, perfide et destructeur. J’en ai reluqué de tristes filles en bas-résille attendant leur fin dans la nuit, dans le froid, éclairées par de pâles néons. J’en ai vu des junkies défoncés errant à la recherche de leur place ici bas. Quelque part, je les comprends. Cette société n’accepte pas les originaux. Elle est le messie d’une pensée unique. Tout le monde doit rentrer dans le moule, accepter de ramper, de se taire, de gentiment suivre les règles.


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C’est donc ça pour vous le Cours Julien ? Un triste endroit où rien d’heureux ne s’y passe ? Le réverbère : Non ! Bien sûr que non ! Mon obscure vision a parlé. Trêve de lyrisme cynique. Ce lieu c’est aussi la vie, le respect, l’amour... Je peux affirmer que le Cours Julien est un des lieux les plus artistiques et tolérants de cette ville. Ici la culture tient une place très importante. Beaucoup d’artistes échangent leurs visions du monde, essayent tant bien que mal de faire changer le regard des Hommes. Ce lieu symbolise pour moi l’ouverture d’esprit et l’expression artistique. Tu ne peux pas t’imaginer le nombre de concerts, le nombre d’images, de peintures, de graphes, de performances qui prennent ce lieu comme décor chaque jour. J’ai vu des mimes reprenant les gestes quotidiens, habituels des Hommes et les tourner en dérision. J’ai vu ces mêmes Hommes rirent de leur ridicules habitudes, prendre du recul et réfléchir sur le sens de leur vie. J’ai vu des groupes de rock cracher sur le système et rêver d’un monde plus juste où aucun Homme ne meurt de faim, où la violence n’existe pas. Je les ai entendus se faire acclamer par une foule emmené pour un soir dans leur rêve. J’ai vu des peintres éclairer ces murs trop fades de leurs pinceaux, leurs bombes, leurs marqueurs. Que les passants le veuillent où non, ils sont imprégnés par ces œuvres. Ils imaginent, ils ressentent, ils s’évadent. On sous-estime souvent le pouvoir de l’art. Les artistes sont pour moi les sauveurs du monde. Ce sont eux qui font changer les mentalités, les mœurs. C’est l’art, l’expression d’un ressenti, l’expression d’une façon de voir la vie, quelle qu’en soit la manière, qui est pour moi la plus belle idée de l’Homme. Finalement, j’ai eu de la chance d’être posé ici. J’aime ce lieu, j’aime ce qu’il représente, j’aime ce qu’il s’y passe que ce soit dans l’ombre où la lumière.


GRAFF’FOUED MZAHZAH AKA PLEKS

CULTURE MEDIA http://www.myspace.com/mzahzah

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Dans le milieu du Graff’ il se fait appelé Pleks, de Plexus, dans le milieu du Rap on l’appel « Mzahzah » qui signifie « secousse ». Derrière ces pseudos (appelés dans le milieu un blaze) se cache Foued, un jeune Marocain, passionné du Graff’.


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Toiile représentant la faune (les cranes) et la flore (à gauche) }

Agé maintenant de 24 ans, Foued est arrivé à l’âge de 13 ans en France avec sa mère, ils se sont installés à Cannes en 1997. Pour lui, c’était la période Collège, adolescence rebelle et révoltée. D’ailleurs il finit par se lasser de l’école, trop de temps passé à tagguer ses feuilles à grands et à petits carreaux, simples ou doubles, et les résultats ne suivant pas, il décide donc de quitter le milieu scolaire. Au fil du temps, il arrive à dégoter quelques jobs par-ci, par-là, en passant par des boîtes d’Intérim ou autres. Mais au fur et à mesure, il craque, rien ne lui convient. Il faut qu’il se débrouille pour gagner son pain. Il décide alors de « travailler » dans la seule chose qui l’inspire et dans la seule chose qui peut le sortir de là : Le Graff’ ! Il arrive à s’arranger avec une personne, responsable d’une boutique de vêtements Hip-Hop à Cannes, et se fait un petit stand dehors, devant le magasin, dans le but de personnaliser toutes sortes de vêtements, en majorité casquettes mais aussi T-shirts, Sweats, Pantalons, Baskets etc. Des asiatiques aux américains, en passant par des Emirs, en tourisme à Cannes, lui passent parfois des commandes. Il arrive aussi qu’on l’appelle pour décorer un camion de Pizza, les stores de snacks, des murs de chambres... Il profite d’une bonne nouvelle annoncée par le patron du magasin, pour faire un séjour dans la principale ville des Etats-Unis que l’on peut appeler « l’Antre du Hip45 Hop et du Graffiti » : New-York.


Fresque créée sur le parking d’une MJC }

Le fameux portrait de Yacer Arafat }

Quand on lui demande d’où lui est venue l’envie de faire des graphes, des peintures, de customiser des chaussures, vêtements il nous répond que c’est chez lui, au Maroc, dès le plus jeune âge, qu’il s’amusait à faire des lettrages dans le sable des belles plages « agadiriennes », ainsi que sur les murs d’endroits désaffectés... Donc « l’envie », lui, dirait tout simplement, une passion, qui le fait vivre depuis toujours, ce besoin de création incessant qui l’anime, ce besoin d’évoluer dans son art de prédilection, la seule chose qui lui reste et qui pourra le faire avancer dans la vie et de lui faire découvrir d’avantage l’univers du graffiti… En ce qui concerne les créations dont il est le plus fier, il pense que c’est le portrait de Yasser Arafat en peinture murale qu’il a fait près d’une MJC (Maisons des Jeunes et de la Culture). Pour lui c’est une personne assez emblématique, qu’il a donc voulu représenter sur un mur. Aux personnes, maintenant, d’apprécier ou non cette pièce. Au niveau de l’inspiration, Il s’inspire de tout ce qui passe dans le monde, des inégalités, des guerres, de la pauvreté, de la misère, de l’injustice. Tout cela le fait cogiter il balance alors ça sur les murs, il essaie de faire passer un message de paix, d’union, de révolte (attention SURTOUT pas d’incitations à la haine ou à la violence), de solidarité ou autres...Maintenant il procède comme ça, on peut dire que c’est son côté « révolutionnaire ». Dernièrement, il comptait graffer soit le portait de Coluche avec un message comme « 2008, Coluche nourrit toujours les pauvres.. » ou celui du Dalaï-lama avec « FREE TIBET ! ».

La boutique pour laquelle Pleks travaille }

En ce moment, il est sur Paris pour le temps d’une formation de sérigraphiste avec un des plus grands graffeurs reconnu en France et respecté dans la Capitale. Il l’a rencontré lors d’un week-end à Paris et a tout de suite engagé la conversation avec lui. Il savait que c’était LA personne à qui il fallait s’adresser. Il lui a parlé de ses projets, lui a montré ses nombreuses créations, il s’y est directement intéressé, le courant est bien passé entre eux. Il a donc gentiment accepté de l’aider dans ce domaine dans lequel il est particulièrement doué. Cette personnalité du Graff’ a commencé au début des années 80, cela reste donc un des pionniers de ce « mouvement » et Pleks compte bien s’enrichir de son savoir, profiter de cette chance « rare » pour pouvoir avancer dans ce milieu et qui sait, cela le poussera peut être à repartir vers les Etats-Unis, travailler dans le cœur du Hip-Hop.

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PORTFOLIO Quoi de mieux pour représenter la street culture que de customiser une veste jean en représentant un rappeur et New York Banlieue. Graffiti By Pleks }

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JOUR 1 - J’arrive à Londres et je m’endors dans le bus le plus connu du monde, le rouge. JOUR 2 - Je me réveille en parlant tout seul. J’ai une bosse, j’ai dû tomber. JOUR 3 - J’en ai marre de Londres et de sa bouffe dégueulasse quelque soit le repas. Je pars demain pour Madrid en espérant ne pas vomir dans l’avion.

MADRID

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LONDRES JOUR 4 - J’attends trois heures à l’aéroport, je vomis dans l’avion six minutes après l’embarquement et pendant le voyage, je drague toutes les hôtesses de l’air au point de prendre une gifle par la plus laide d’entre elles. JOUR 5 - Je découvre qu’il n’y a pas la mer à Madrid. JOUR 6 - J’aime bien Madrid à part le paysage, les madrilènes, la paëlla et le reste. JOUR 7 - J’écris une carte postale à ma mère mais j’oublie de l’envoyer. JOUR 8 - Je fais connaissance avec deux touristes hollandais. Au bout de 10 minutes de blabla inutile, ils me demandent où trouver une maison close. Je fais comme si je n’avais pas compris et m’en vais sans dire au revoir.

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PARIS

JOUR 9 - J’embarque pour Paris mais j’ai le réflexe d’acheter un tee-shirt souvenir « I love NY » avant de quitter le sol espagnol. JOUR 10 - Je me perds toute la journée dans le métro sans trouver la sortie. JOUR 11 - Je fais tous les trucs gnian-gnian de touristes pour rattraper le temps perdu. Je suis monté en haut de la tour Eiffel gratuitement, la machine était en panne. JOUR 12 - J’erre durant 30 bonnes minutes dans le musée Grévin avant de me faire virer avec 400 euros d’amende pour avoir allumer ma clope près de Tom Cruise (la statue en cire pas l’acteur). JOUR 13 - Je me demande si Richard Cœur de Lion est le premier homme à avoir subi une greffe. Il pleut aujourd’hui donc je me pose des questions.

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ROME

JOUR 14 - Je quitte Paris pour Rome. A peine arrivé, je rencontre deux italiennes qui veulent m’accompagner dans ma chambre pour 300 euros. Je refuse poliment. Deux heures plus tard, je regrette. JOUR 15 - Je visite le Colisée déguisé en gladiateur. Dommage que mon épée ne soit qu’en plastique, je suis moins crédible JOUR 16 - Je me fais brancher par un riche homme d’affaires. J’en profite. Je conduis sa Ferrari. Il m’invite au resto, je me goinfre. Il m’invite à l’hôtel, je m’enfuis. JOUR 17 - Je mange une pizza aux haricots verts dans un resto végétarien. Je trouve un cheveu dans mon dessert, je gueule et je pars sans payer. JOUR 18 - Je dors toute la journée. Je me réveille le soir grâce aux chants d’un ivrogne. JOUR 19 - Je vais seul en discothèque. En sortant, j’ai mal à la cheville. C’est dur de danser sur une poutre.

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BOLTIGEN

JOUR 20 - Je prends le train jusqu’en Suisse pour dénicher quelqu’un qui a l’heure exacte. JOUR 21 - Je me rends compte que je suis trop en avance pour leur demander l’heure. JOUR 22 - Je suis au cœur d’une montagne quelconque, je veux pisser sur des marmottes mais j’ai mal ouvert ma braguette. JOUR 23 - Je m’interroge. En sachant que les enfants mangent avec des petites cuillères en Suisse, est-ce que les enfants Chinois mangent avec des cure-dents ? JOUR 24 - Je visite une chocolaterie. Je fais des avances à la guide. Elle refuse. J’insiste. Elle me fout un coup de pied là où ça fait le plus mal pour un homme.

JOUR 25 - J’en ai marre de la lenteur des Suisses, je prends le premier avion pour la Hollande. JOUR 26 - Je marche dans une rue sombre d’Amsterdam à la recherche de rien. Toujours rien trouvé. JOUR 27 - Je me retrouve dans le quartier dévergondé de la ville. Je baisse les yeux pour ne pas être tenté. JOUR 28 - J’essaie de m’intéresser à chaque œuvre exposée dans chaque musée. C’est un échec. JOUR 29 - Je suis dans un bar et je rencontre une nana bourrée qui me fait un strip-tease en m’appelant Superman. C’est rigolo et flippant. Je la plante et rentre me coucher avec la tête qui tourne. JOUR 30 - Je passe ma dernière journée à regarder le plafond de ma chambre d’hôtel pourtant je ne suis pas poète. JOUR 31 - Je rentre chez moi sans savoir où j’habite vraiment.

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AMSTERDAM


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