Kiblind 57 - Team

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KIBLIND Atelier imprimé, Team – n°57.



aperçu de saison 16/17

Opéra Pagaï Christiane Jatahy Olivier Py Frédéric Nauczyciel Serge Bloch et Frédéric Boyer Hans Op de Beeck Zimoun Albin de la Simone Lia Rodrigues Thomas Bellorini Brigitte Fontaine Orchestre de chambre de Paris Noëlle Renaude et Grégoire Strecker Baptiste Amann Virginie Despentes et Zëro Sébastien Barrier Antoine Defoort Kaori Ito et Olivier Martin-Salvan Amala Dianor Collectif OS’O Radhouane El Meddeb Tsirihaka Harrivel et Vimala Pons Pascal Quignard et Marie Vialle Emanuel Gat Wim Vandekeybus Jacques Gamblin et Bastien Lefèvre Alban Richard Berlin Alessandro Sciarroni Anne Teresa De Keersmaeker ildi ! eldi Cie 14:20 / Clément Debailleul et Raphaël Navarro ... grands mécènes et partenaires 2016/2017

partenaires média 2016/2017

ildi ! eldi Antoine et Sophie font leur cinéma ©J.Oppenheim

01 53 35 50 00 www.104.fr


ENTRÉE


ÉDITO

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Édito —

La transpiration. Cette belle sueur qui fait luire nos peaux, et tache d’auréoles quasi christiques nos dessous de bras, sera le fil rouge de notre été. Le voilà, le lien qui nous unira tous durant ces deux mois de sport acharné (Euro, Tour de France, Jeux olympiques, pour ceux qui prennent les infos sur le Minitel) et de festivités communes. Mais la sudation n’est jamais aussi belle que lorsqu’elle est collective, et le fluide qui en résulte peut s’enorgueillir de brasser mille origines, mille histoires en plus de la douce saveur de la fraternité. Comme Fred et Jamy, les All Saints, Guy Forget et Henri Leconte, le Club des cinq, la #TeamJul, Indurain et la Banesto ou encore la Dream Team ’92, nous aussi, unissons-nous et formons ensemble la flaque de la solidarité. Car, et il ne faut jamais l’oublier, notre passion toujours nous rassemble.

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LIEU

Plan de l'a telier Vestiaire p.54

Labo p.16

6 Galerie p.34 Entrée p.6 Sortie d'atelier p.64 Salon p.46 * STAFF Directeur de la publication : Jérémie Martinez Direction Kiblind & Klar : Jean Tourette  Gabriel Viry Baptiste Viry Jérémie Martinez

Rédaction Kiblind : Maxime Gueugneau Gabriel Viry - Jean Tourette - Jérémie Martinez Baptiste Viry - Olivier Trias  - Simon Bournel-Bosson Alizée Lagé - Justine Ravinet - Matthieu Sandjivy Cahier Mode : DA | Baptiste Viry  - Assistante | Alizée Lagé - Photographe | Thomas Chéné

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Réviseur : Raphaël Lagier  Merci à : Mathilde Dubois - Pauline Boulet Clémence Daudon Direction artistique : Klar (www.agence-klar.com)


ÉQUIPE

Les habitants* + Les contributeurs

Stefan Glerum Stefan Glerum fait des illustrations et du design graphique. Il rêve d’avoir une jolie secrétaire rousse et voue une passion à l’Art déco, au futurisme italien, au constructivisme russe et aux couleurs pop. stefanglerum.com

Simon Boileau Hormis sa gestion plaquée or des réseaux sociaux chez Arte, Simon Boileau sillonne les mers agitées de la planète rap et de la bande dessinée. Son pied marin fait des merveilles.

Amina Bouajila Au rébus, pour ce numéro, nous avons l'honneur d'accueillir Amina Bouajila, espoir de toute une nation, en solo comme en équipe, avec sa formidable revue d'illustration Matière Grasse.

Pauline Boulet Auparavant bien-aimée stagiaire à la rédaction, Pauline est devenue plus forte que son maître de stage. Alors, à partir de maintenant, elle va connaître l'arbitraire, la malhonnêteté et la méchanceté qui le caractérise.

cl ft

Guillaumit Guillaumit est un vieux roublard des arts visuels. Moitié de Gangpol und Mit, co-fondateur de Radio Minus, co-créateur de Carton Park, scénographe, performer, designer et illustrateur, il est également bordelais.

Simon Chambon-Andreani Fondateur et meneur de la milice CLFT, Simon est un fameux connaisseur de la musique électronique. Et non content de son érudition, il y met en plus les formes.

Emmanuel Picaud Emmanuel est le fier tenancier de la – allez – meilleure librairie de Marseille, Histoire de l'Œil. Aussi était-il, pour parler littérature, le meilleur d'entre nous. D'autant qu'on sait pas lire.

Elora Quittet Brillante étudiante avignonnaise, Elora a également l’avantage d’écouter plein de trucs et d’écrire ce qu’elle en pense pour nous ou pour Hartzine.com.

Ted Supercar Activiste artistique et écrivain public pour Hartzine.com, Ted Supercar a l'oreille aiguisée comme peu dans ce monde. Et quand il nous dit que la musique est bonne, lui, on le croit.

Alix Hassler Tous les matins, nous prenons un temps de recueillement pour bénir le jour où Alix nous a demandé un stage.

Manon Raupp Férue de musique indépendante jouissive, Manon Raupp, depuis Toulouse, fabrique tout aussi indépendamment son fanzine Ductus Pop.

Nicolas Venancio Nicolas Venancio, co-fondateur du magazine puis studio Gasface, est tiraillé entre son amour du hip hop et son amour du basket. Ah bah, en fait, c'est bon, ensemble on appelle ça les États-Unis.

Basil Sedbuk Basil Sedbuk est un passionné d'illustration qui abreuve son monde sur son excellent blog, LaBelleIllustration.blogspot.com.

Delphine Zehnder Ancienne du Petit Bain parisien, Delphine est également amoureuse de la bande dessinée dont elle colporte les ébats autant qu’elle peut.

+ Les artistes invités Matteo Berton – Fanny Blanc – Call me Georges – Makoto Funatsu Tiago Galo Atelier Isotope – Kevin Lucbert – Delphine Panique – Maxime Roy

INFOS Le magazine Kiblind est imprimé sur papier Fedrigoni Couverture : Symbol Freelife Gloss 350gr Papier intérieur : Arcoprint Milk 100g Typographies : Kiblind Magazine (Benoît Bodhuin) et Orphéon (Marine Stephan) Imprimeur : DEUX-PONTS Manufacture d'histoires www.deux-ponts.fr

Édité à 40 000 exemplaires par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon . 27 rue Bouteille - 69001 Lyon  04 78 27 69 82  - www.kiblind.com  Le magazine est diffusé en France. Liste complète sur www.kiblind.com.

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Ce numéro comprend un cahier supplémentaire de 32 pages pour la région Rhône-Alpes. ISSN : 1628-4146 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. I have a deram TEAM. Contact : redaction@kiblind.com

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EN COUVERTURE

Stefan Glerum L'ami Stefan Glerum figure donc en couverture de ce numéro avec sa création originale sur le thème « TEAM ». Il faut confesser que l'illustrateur hollandais nous avait depuis longtemps assommés à chaque nouvelle parution de ses visuels. Apprenti auprès de Joost Swarte – maître de la ligne claire – et de la belle histoire de l'art du début du XXe siècle, le volant hollandais convoque à chacune de ses œuvres son goût immodéré pour le futurisme et le trait simple et net. Voici quelques-uns de ses travaux, formant la sérénade qui nous fit succomber.

Converse Rubber Tracks - The Orwells

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EN COUVERTURE

Flying Cars (personal work)

Illustration for Wired Germany

Stained Glass facades

©Niels Gerson Lohman

©Luuk Kramer

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stefanglerum.com Atelier imprimé - Entrée


PIN

Pour s'introduire gentiment dans le magazine, voici, rassemblées en encarts épars, quelques-unes des actualités visuelles du trimestre passé, à grands coups de flyers, magazines, clips et logos. Sans oublier le petit coin divertissement, pour évacuer tout ça.

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IMAGES

SCREEN SHOOT 1 → BENZEMA ET LA ROSE Élu meilleur compte, et de loin, par les connaisseurs, l’Instagram de Karim Benzema fourmille d’images épatantes et de punchlines au poil. Après avoir cité Anatole France pendant l’affaire de la sextape, Karimou se fend d’une référence à François Mitterrand, « la force tranquille ».

2 → CALIFORNIUM Quand Internet percute la vraie vie, tout devient relatif. Lors de la manifestation policière « contre la haine anti-flics », un véhicule des forces de l’ordre est attaqué par des contre-manifestants. L’agent qui en sort ressemble peu ou prou à une montagne et connaît à fond son kung-fu. Le mème Thug Life détournera ça à la perfection.

3 → IL ÉTAIT UNE NOUVELLE FOIS LA VIE Parce que nous ne comprenons manifestement plus rien à rien, il était nécessaire de nous fournir à nouveau des bases solides. Alors ces bonnes gens de la télévision publique ont décidé de restaurer le légendaire Il était une fois la vie et de le diffuser sur France 4 en 2017. Pour qu’on soit tous bien d’accord sur le minimum.

LOGO TYPES Le mouvement perpétuel Pour les utilisateurs d’Instagram, les téléphones intelligents de tous les pays ont connu un grand chambardement. La mignonne petite icône, inspirée du Polaroid et réalisée en son temps par Kevin Systrom (le fondateur d’Instagram) et le graphiste Cole Rise, a en effet pris le chemin de la sacro-sainte modernité, sous la houlette de Ian Spalter, chef du design de la marque. La maladresse, peut-être, mais aussi la sincérité du premier logo a laissé place à un lissage plus en accord avec la volupté standard des designs qu’il intègre. D’autres structures ont, elles, fait le chemin inverse, délaissant leurs récents logos, jugés trop abscons pour certains, sans aspérités pour d’autres. Ainsi, le côté tradi de la vie est-il allé frapper à la porte de DC Comics (maison de Batman, Superman, etc.) qui avait pourtant osé la douceur, le sens multiple et la déclinaison avec son logo de 2012, par Landor Associates. En 2016, on revient au bon vieux coup de tampon. La ville de Bourgoin-Jallieu avait elle aussi tenté – vaste folie – l’audace artistique en 2008 grâce à Pascal Le Coq. Suite au changement de municipalité, l’audace s’est mue en moins-disant intellectuel, triplée d’un scandale (concours étudiant gratuit) et d’une escroquerie (la typo est une version démo de la Harabara Mais), pour une nouvelle identité à l’intérêt nul. Le sport n’est pas non plus étranger à ce mouvement de balancier. L’équipe de basket Utah Jazz – Malone & Stockton dans NBA Jam – va ainsi se défaire de son vilain logo montagneux pour revenir à une simplicité très fortement inspirée de son ancien logo ante-96. Une manière comme une autre de se délester de toute singularité, afin de pouvoir vendre la franchise sans souci aucun. Quant à savoir où se situe précisément le Stade Malherbe de Caen dans cette évolution, il nous est impossible à ce jour, de nous prononcer. On vous laisse juge de leur nouveau logo viking, délicieusement accompagné de la mascotte Vik’.

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IMAGES

CLIP Toujours le poing levé Formation – Beyoncé Le 6 février dernier, Beyoncé provoquait une crise de panique mondiale avec son titre « Formation ». En affirmant qu’elle était noire, elle plongea ses fans et ses sympathisants dans un trouble absolu. Mais il est dit que l’insolence ne s’arrêterait pas là. Le rappeur YG est lui allé se faire mousser au Coachella, le 16 avril, dévoilant le titre « FDT » (Fuck Donald Trump) et faisant répéter le blasphème à la foule manipulée. Pire, le morceau est en réalité un duo, entre le Blood YG et le Crip Nipsey Hussle. Comme quoi la haine, ça rassemble. Quels enfantillages. Ces morceaux ne sont que poussières dans le vent. S’il est un hymne qui rassemble les battus, les déçus, les énervés, ceux rêvant d’un monde nouveau et ceux qui se battent pour la justice sociale, c’est uniquement « They Don’t Care about Us », de Michael Jackson.

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COUVERTURES La mort du Prince Le 21 avril au soir, alors que Mariah Carey s’apprêtait à monter sur la scène de Bercy, la nouvelle tomba sur tous les téléscripteurs de la planète : Prince est mort. Branle-bas de combat dans les rédactions occidentales, empêtrées entre (bien souvent) une ignorance crasse de la carrière du petit de Minneapolis et le sentiment que quelque chose de grand se passait. Éditorialement, ce genre de phénomène planétaire mi-terrible – une icône tombe –, mi-anecdotique – un homme meurt – est toujours fascinant car partagé. Parce que nous l’aimions fort, nous avons prêté attention aux traitements graphiques divers de la presse internationale. Et, bien sûr, notre big up d’or va au New Yorker et à la couverture instantanée de Bob Staake, délivrée le 22 avril pour une parution le 2 mai.

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IMAGES

IMAGE DE SYNTHESE L'actualité du printemps 2016 en une image.

François Godin

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francoisgodin.ultra-book.com / dingdongpaper.com

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— Guillaumit — Matthieu Chiara

— Amina Bouajila Jeu nez pas dix queue sss oeufs soeur efface île, Neo. Jet dix queue s'e soeur aile lave & riz thé. / Je n'ai pas dit que ce serait facile, Neo. J'ai dit que ce serait la vérité. (Matrix)

© Dessins variés, effets divers, Le Monte-en-l'air, Paris, 2015

14 ÇA CARTOON



LABO


INTRO PICTO Texte — M.Gueugneau Pictos — Klar

TEAM S’ennuyant ferme à la chasse au

et/ou à la cueillette des

, l’être humain a eu l’idée formidable de créer le sport Et puis tout s’est mis en branle. Accompagnant cette idée de

, les uns

sont allés faire fermenter et houblonner le malt, et les autres ont profité de cette aubaine pour prendre en main la destinée de la tribu. Bref, tout le

y a trouvé son compte.

Quelques centaines de milliers d’années après, le sport est toujours tenu en très haute estime par l’humanité, faisant tomber sur elle des

de toutes formes, des piles d’argent et des

de

cheveux inappropriées. Mais ce n’est pas tout. Car le sport est également porteur de ces belles valeurs qui font des hommes des Hommes. Dépassement de soi, pertes de

kg

, mental d’acier,

respect de l’adversaire : le sport peut rendre l’individu fier de lui. Mais il est une chose qu’il symbolise aussi pas trop mal : le collectif. Dans les pages qui suivent, cette notion se trouve observée à la

, entre la fraternité des collectionneurs Panini, l’honorable

bande du Variétés Club de France, la sainte trinité Olive et Tom et Aimé et quelques z’insolites et poignantes

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de teams.

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OLIVE & TOM & AIMÉ JACQUET TEAM BUILDING Sujet — J.Martinez & O.Trias

UN JOUEUR QUI EST DANS LE ZIG, ÇA SERT À RIEN POUR L’ÉQUIPE !!!!

C'EST ÇA LE FOOT !

C'EST SIMPLE !

ET VENEZ PAS M’EMMERDER ! FIXEZ VOUS DES OBJECTIFS.

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JOUEZ SIMPLEMENT, JOUEZ COMME VOUS SAVEZ !!!!

TOUS !!! ROBERT, QUE CE SOIT À DROITE ET À GAUCHE...

PAS DE PROBLÈME !!!

PAS DE PROBLÈME !!!

MUSCLE TON JEU ! MUSCLE TON JEU ROBERT !!!

TU VIENS, PROVOCATION

!!!

TU ES EMMERDÉ, TU SAIS JOUER AU FOOTBALL ! CLAC !

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PARCE QUE T’ES TROP GENTIL !


Textes tirés du discours d'Aimé Jacquet du 10 juin 98 (Les yeux dans les bleus - S. Meunier / Canal+) Dessins de Yoichi Takahashi (Captain Tsubasa)

JE LUI AI EXPLIQUÉ : 30 DERNIERS MÈTRES !!

À UN MOMENT DONNÉ, ON SAIT QU’IL VA SE PASSER QUELQUE CHOSE AVEC LUI !!

À SUR GAUCHE LE COTÉ !

À DROITE !

IL SE MET AU SERVICE !

ON S’EN FOUT LES MECS !!!!!!!!!!!!

ON S’EN FOUT !

YOURI, YOURI, LUI, QUELLE EST SA FORCE ? C'EST LES 30 DERNIERS MÈTRES !!!

ON S’EN FOUT !

DUGA,

IL PEUT JOUER ICI, IL PEUT JOUER LÀ !

PAS DE PROBLÈME

C'EST UN ATTAQUANT !!!

QU’EST-CE QUE JE PEUX FAIRE ?

ZIZOU, MENEUR, ÇA VEUT DIRE L’OBLIGATION DE METTRE EN ROUTE LE JEU. ON ACCÉLÈRE, ON RALENTIT. TOUJOURS SPONTANÉITÉ. PREMIÈRE INTENTION, POUR QUE TES ATTAQUANTS SOIENT DANS LES MEILLEURES DISPOSITIONS, OK?

JE SUIS AVEC QUI ? QUI EST A COTÉ DE MOI ?

DAVID

QUEL EST SES PRINCIPALES QUALITÉS ?  (sic)

IL SE BALLADE.

YOURI, C’EST PAS ZIZOU !

QU’EST-CE QUE JE DOIS FAIRE ?

ROBERT C’EST PAS ZIZOU !

PETIT BONHOMME LA, NANARD, C’EST PAS ZIZOU !

CHACUN SES TRUCS!

T’AS UN PEU EXAGÉRÉ CES DERNIERS TEMPS ! MAIS JE SAIS... C’EST PARCE QUE TU AVAIS 50 000 PERSONNES LÀ-BAS AU MAROC :

" ZIZOU ! ZIZOU ! " Atelier imprimé - Labo

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CARNET DE VOYAGE Sujet — G.Viry Photos — Thomas Martin

VARIÉTÉS FOOTBALL CLUB 20

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CARNET DE VOYAGE Sujet — G.Viry Photos — Thomas Martin

Football de terrain, reconstitution de carrières, famille en or et techniques de seniors : le Variétés fait le tour du monde et parfois du Val-d’Oise. On s’est incrusté sur le banc, face au SFC de Champagne... « Allez, Titi, allume ! » Cinq minutes à peine, après le coup d’envoi, le banc du SFC Champagne se lève : Didier, l’avant-centre maison, se présente seul face à Vincent Magniez, le solide portier du Variétés. Une grosse occasion qui se termine, avec euphémisme, assez loin du cadre. « Titi, il a les jambes, à 46 ans », commente son entraîneur, souvent secondé par une sorte de voix off (« personne ne sait vraiment quand il est né... »), la même qui nous avait alertés, dès notre arrivée : « Les gars, ils ont déjà joué, ce matin, contre Soisy, en championnat. On a perdu 5-0, on a dû un peu bricoler pour monter l’équipe. » Elle se défend pourtant bien face aux longues passes de Jean-Guy Wallemme, ancien joueur de Ligue 1 (Lens, Sochaux, Saint-Étienne) et aux assauts de Jean-Pierre Orts, l’incontournable buteur du Variétés : 677 réalisations, loin devant Michel Platini, Alain Giresse ou Dominique Rocheteau. Le gardien du SFC résiste, en enchaînant les renvois et quelques arrêts un peu plus casquette. « Lui, c’est un grand ! », s’enthousiasme-t-on sur le banc. Peu importe, à vrai dire, qu’il soit petit et massif, ou qu’un de ses coéquipiers évolue un peu au ralenti : « Nico, il est mort, on peut le faire sortir, il rentrera après... » Car ici, on joue en amical et surtout en amitié, loin des usages que ces passionnés du dimanche ont connus, ou simplement approchés. Il y a ainsi des journées comme celles-là, grâce au Variétés, où une ancienne fierté de l’arbitrage français, Joël Quiniou, redevient spectateur, pendant que le juge de touche nous lâche son âge entre un coup de pied et un sourire en coin : 82 ans.

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CARNET DE VOYAGE

2-0

Sujet — G.Viry Photos — Thomas Martin

De retour dans la surface, les efforts finissent toujours par (se) payer : un bleu se claque, comme à la télé, avant que l’infatigable Orts, rouge et sanguin, n’ouvre enfin la marque. Sale dernier quart d’heure pour l’équipe à domicile : Wallemme s’approche de la ligne des 16 mètres et enroule une frappe lointaine, qui fait encore trembler les filets. 2-0. Il pleut sur la ville. Mais pas dans les cœurs.

«  C’était plutôt tranquille   »,

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commente Saad Sadli, l’arbitre bénévole de la rencontre, malgré l’engagement apparent et les protège-tibias qui reçoivent. « Quand je fais des Asnières-Gennevilliers, au milieu des cités, je peux vous assurer que l’ambiance est différente ! » Devant la buvette, on refait déjà le match, pas les comptes, assez limités aujourd’hui avec une trentaine d’entrées à 5 euros et quelques cafés à l’eau. Ce sera pour le club, car le Variétés, connu pour ses rencontres caritatives, joue simplement aujourd’hui pour mouiller le maillot, bien aidé par la météo. Une carte postale, un peu pixellisée, est en libre-service sur le bar. « C’est une équipe type », raconte un fidèle, dans laquelle on reconnaît Orts, Magniez, mais aussi Pirès, Makelele, Karembeu. « Aujourd’hui, on a Jean-Guy et Sébastien (Barniaud), le journaliste de TF1 », nous explique-t-on, un peu fièrement.

Pendant que les joueurs reviennent progressivement sur le terrain, Jacques Vendroux, grand manitou du VFC, nous invite à suivre la reprise sur son banc. Le rêve. « Le club fête ses 45 ans et c’est notre 2220e match ! Le premier date de 1971, à Suresnes, quand on a commencé à jouer avec une bande de copains. On débutait dans la vie active, avec des métiers très différents ; c’est ce qui a donné le Variétés... » L’équipe s’est ouverte progressivement à d’anciens joueurs, issus notamment du Stade de Reims, avant de devenir le Who’s who du football français, regroupant tout ce qu’il a compté de meilleur (les générations Platini, Blanc, Deschamps) et un certain nombre de pièces rapportées : Bruel, Denisot, Gasquet, Noah, Albert de Monaco.... Toutes les générations y sont représentées, comme l’écosystème du ballon rond, avec ses gloires éphémères, ses recordmen de longévité (Wenger, Saccomano, Larqué) et ses champions du monde à peine oubliés. « Il y a 230 membres actifs, à jour de cotisation (120 euros par an), qui ont tous été introduits par un membre du Comité directeur. On dit parfois qu’on est la franc-maçonnerie du football, mais c’est surtout une grande famille incroyable, avec tout ce que cela véhicule : de belles histoires, des moments tristes, de grandes aventures et des engueulades ! Je connais tous les gars, leurs histoires, leurs galères, c’est une aventure humaine qui n’a pas de barrières. Aujourd’hui, par exemple, on va leur offrir 15 maillots de Thierry (Roland) que Françoise, sa femme, nous a remis... »

Mi-temps

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CARNET DE VOYAGE Sujet — G.Viry Photos — Thomas Martin

Sur le terrain, le score évolue et Jacques Vendroux veille au grain, avec une ivresse sportive toujours prompte à le faire bondir le long du terrain :

3-1

« Allez, ma guêpe, va au bout... (...) Max, tu rentres à la place de Jean-Pierre? » Ça se passe comme ça au Variétés : le jeune webmaster du club remplace son meilleur buteur, tandis que Barniaud est préposé au penalty pour tenter d’égaler le compteur de Platini. « Plus que deux », montre des doigts notre commentateur favori, un peu coach personnel le temps d’un aprèsmidi. « Aujourd’hui, on joue sans enjeu, mais la plupart des rencontres ont un objectif caritatif, ce qui nous a permis de reverser plus de 4 millions d’euros, au total, à des associations. » Le club se mobilise également pour la grande famille du football français, notamment pour les départs en retraite, en version jubilés. Il se lance aussi des défis, comme jouer le plus long match du monde (35 heures, homologué par le Guinness), rencontrer le Pape ou taper le ballon sur la Banquise. « On a joué dans plus d’une centaine de pays ! Dans mon bureau, à Radio France, j’ai une grande carte du monde et je me demande toujours où nous pourrions encore aller... En 2014, au Groenland, c’était incroyable ! Michel était intervenu auprès des autorités danoises pour les convaincre de la démarche. On a embarqué dans trois bateaux coupe-glace... Fabuleux... »

23 À Champagne-sur-Oise, on se pèle un peu sur la vieille banquette en béton, mais le dernier quart d’heure surchauffe le staff habillé de ses grandes parkas bien siglées. « Ça, c’est la culture de Jean-Michel (Larqué), notre vice-président, qui a toujours insisté sur l’importance de l’équipement. » Le SFC remonte la pente, assez douce, pour revenir à 3-2. Un brin d’agitation de part et d’autre de la ligne médiane, un dernier changement, un pressing des bleus, nettoyés à sec par la défense adverse, une frappe bien tentée, une sombre histoire de chronomètre... Saad Sadli lève finalement les bras et renvoie tout le monde au vestiaire, non sans accolades, tapes dans les fesses et larges sourires d’album souvenir. Qui va choper le maillot de Jean-Guy ? Trop tard, il est déjà sorti et papote, sous la tribune, avec les clopeurs en crampons. Après la douche, les plateaux de chips attendent de se faire rincer par les cannettes Heineken, au beau milieu des joueurs, des staffs et la petite société champenoise. C’est Thierry Joncquois, l’aimable président du SFC, qui fermera les grilles, comme une parenthèse : « Le foot, c’est vraiment un liant, surtout dans les petites villes comme la nôtre. » Vivement dimanche, c’était tellement bien.

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3-2


Team

DOCUMENTAIRE ILLUSTRÉ Texte — M. Gueugneau Illustration — S. Bournel-Bosson

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Stories Le grand livre du sport s’écrit à l’encre de la sueur, du sang et des larmes. Et bien rares sont les chapitres rédigés d’une seule main. En 1997, Richard Virenque n’avait-il pas un staff soudé pour le garder de toute fringale ? Zinédine Zidane ne doit-il pas un bon high five à Youri Djorkaeff et à Emmanuel Petit pour ses deux buts de juillet 1998 ? À quoi ressemblerait le « Saga Africa » de la victoire, à la Coupe Davis 1991, avec Guy Forget en solo ?

Grégoire a déjà chantonné la réponse à toutes ces questions : la magie du collectif peut renverser les plus impressionnantes montagnes. À l’approche des JO, de l’Euro de Football et du Tour de France, Toi + Moi = 3. Plus que jamais. Voici donc quelques histoires d’équipes, glanées ça et là sur la belle frise chronologique de l’histoire du sport. Des moments d’amour, d’entraide, de lutte contre le mal et de canards.

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La Statue de la liberté

Il fut un temps où les ténèbres menaçaient de recouvrir la terre. Ces chiens de Soviétiques répandaient sans scrupule les armées de l’enfer sur l’ensemble du globe et entendaient faire de même sur la glace de Lake Placid, lors des Jeux olympiques

d’hiver de 1980. C’était sans compter la valeureuse équipe américaine qui, tétant depuis l’enfance au sein de la déesse Liberté, marcha contre tous les pronostics sur l’ennemi des justes. Oh, bien sûr, le chemin de la victoire ne fut pas pavé d’or. Le Malin,

de leurs adversaires. Mais il était écrit que ces canailles aux dents pointues et multi-titrées ne seraient rien face aux valeureux universitaires américains. Trois fois, les Soviétiques prirent l’avantage, trois fois les chevaliers

du Bien revinrent. Les premiers héros de cette partie se nommaient Buzz Schneider et Mark Johnson. Mais la bête est coriace et il fallut l’intervention du capitaine Mike Eruzione, l’épée de la Providence, pour porter le coup fatal. Jim Craig,

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quand il s’en donne les moyens, est redoutable. L’équipe d’URSS était jusqu’alors une équipe invincible, composée de professionnels parmi les meilleurs au monde. Depuis leur médaille d’argent en 1960, ils avaient pris pour habitude d’éventrer chacun

le gardien, se chargeait d’éteindre les dernières flammèches du mal, pour faire advenir le « Miracle on Ice », preuve que la liberté guide les amis de la justice. Quatre ans plus tard, les Soviétiques gagnèrent et les États-Unis finirent septièmes.

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Les Canards d’Henry Pearce

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Henry Robert Pearce a toujours été un très gentil garçon. Le genre de type qui fait la bise aux tatas qui piquent et qui caresse facilement les petits chats, même ceux sans poils. Un type généreux, solidaire et avenant pour qui le monde n’est qu’une petite peluche rose qu’il faut cajoler et

câliner. Pourtant, l’Australien est une grosse brutasse avec des bras comme des camions. Car Henry Pearce est également champion d’aviron, et c’est un euphémisme. En fait, il débaroule tous les inconscients qui ont la maladresse de prendre le même départ que

lui. Alors, en 1928, quand les Jeux olympiques d’été se déroulent à Amsterdam, il n’est pas vraiment question qu’un type lui tape sa médaille d’or. Les êtres humains ne sont pas un problème pour lui. Le quart de finale qui se profile face au malingre Français Vincent

Saurin n’est qu’une formalité pour l’Australien. Le départ est pris, Bobby survole la chose et prend une avance cosmique. Soudain, une famille canard entreprend de traverser le canal. Le rameur se tord alors d’une douleur

métaphysique : doit-il avancer et percuter la maman et ses canetons tout mignons ou bien prendre le risque d’attendre ? Nous l’avons dit, Bobby ne confond pas la classe et la coquetterie : il opte invariablement pour la première.

Ami du monde, ami des bêtes, pourfendeur du spécisme et défenseur acharné des mignons petits canetons, il se permet de laisser passer la petite famille. Il humiliera d’autant plus le faible Vincent, en le dépassant une deuxième fois.

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Balance man, cadence man

Amis de la franche rigolade, de Jimmy Cliff et des histoires qui serrent très très fort le cœur, il est impossible de ne pas faire du film Rasta Rocket un monument du septième art. Il l’est assurément. Mais laissez-nous, chers potes, vous raconter la véritable histoire de l’équipe de bobsleigh jamaïcaine des Jeux olympiques de Calgary 1988.

La super-idée nous vient de deux businessmen américains, disposant de quelques affaires sur l’île. George Fitch et William Malloney entendent faire bouger les Jamaïcains de leurs pushcarts, les caisses à savon fort populaires à l’époque, vers un bobsleigh bien olympique comme il faut. Ils chopent pour cela deux

militaires, un vrai sprinteur et un ingénieur. Deux bobs sont en lice, un à deux et un à quatre. Le bobsleigh à deux est un peu nul quand même, mais c’est pas grave (30e/38). C’est le bobsleigh à quatre qui passera à la postérité. Le public est fort touché par cette équipe caribéenne (il y en a pourtant deux

autres) qui vend des t-shirts sur place pour rembourser leur matériel. Ce qui n’empêche pas une nullité à toute épreuve, doublée d’une malchance peu commune. Première manche : le bras de poussée se pète, ils finiront 24es sur 26. Deuxième manche, le sprinteur

Michael White galère pour rentrer dans le bobsleigh : 25es. Mais c’est la troisième manche qui fera d’eux des légendes. Suite à une faute du pilote Dudley Stokes, l’engin se renverse. Et alors, et alors... Ils en descendent tous et,

comme un seul homme, portent le bobsleigh jusqu’à la ligne d’arrivée et prennent une très jolie dernière place. Trop dommage, ils ne participeront pas à la dernière manche et termineront non classés. Mais le film est SURCOOL.

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Un moment père-fils

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Au début des années 1990, aimer ses enfants n’était pas si facile. Formidablement narrée par Les Années collège, Sauvé par le gong et, évidemment, Beverly Hills 90210, la bêtise des adolescents d’alors était insondable. On sait, on en était. Pour éviter toute anicroche, certains parents avaient la faiblesse de suivre

leurs gosses dans tous leurs délires plus ou moins débiles. Genre faire du rock, avoir les cheveux sales, collectionner des pin’s et d’autres choses comme ça. Le truc de l’Anglais Derek Redmond, c’était de courir vachement vite, en rond, pendant une minute. Il l’a tellement fait, qu’il est devenu champion du monde

du 400 mètres en 1991 à Tokyo. Et son père qui se fadait de le suivre à chaque fois. Tokyo, franchement. Ça va que Barcelone ça fait moins loin et que, Jeux olympiques obligent, il y avait un peu de pognon à la clé. D’autant que, champion du monde en titre, il filait tout droit vers la victoire, l’or, la gloire et la maîtrise du monde.

Papa Redmond, qui avait suivi toutes les idioties de son fils jusque-là, sentait bien arriver la récompense bien méritée. Demi-finale, Derek Redmond est bien dans ses starting-blocks. Il est bien sur les 100 premiers. Les 50 m suivants,

il les avale comme un grand garçon. Et puis c’est la déveine, le claquage. Derek s’écroule. La foule est triste. Nous pas trop, ça va. Mais la foule, si. Et mieux, le papa également. Pris d’un incroyable instinct paternel, Jim Redmond oublie toutes les bornes

qu’il a faites pour suivre les folies de son fils et vient lui porter secours sous l’ovation du public. Ils finirent ensemble la course, servirent pour une publicité Visa et Derek fut disqualifié parce que merde, d’où son père vient l’aider ?

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L’Angoisse du banc de touche

L’Histoire de France est jalonnée de hauts faits qui honorent ses habitants et leur laissent la lourde tâche d’en être les héritiers. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, le décret d’abolition de l’esclavage de Victor Schœlcher, l’andouillette ou encore l’invention de l’abribus

sont autant d’empreintes que la France a laissées sur son glorieux passage. Mais s’il est une victoire qui est inscrite en lettres d’or au Panthéon des grandes nations, c’est bien celle de la Coupe du Monde 1998. 3-0, on leur a mis PUTAIN.

Si les Français célèbrent dans l’allégresse les coups de boule prophétiques de Zinédine Zidane et le talent des 20 joueurs – et parmi eux, Bernard Diomède – ayant évolué lors de cette Coupe du Monde, ils oublient souvent qu’une belle bromance à trois est née sous le chaud soleil de l’été 98.

Lionel Charbonnier, Bernard Lama et le banc de touche vécurent cette année-là des moments très forts. Leurs paires de fesses étroitement collées l’une à l’autre, Bernard et Lionel passèrent un mois de sensualité forcée à regarder des matchs de foot.

Discussions météorologiques, morpions, petits bacs et autres « action ou vérité » rythmèrent la vie trépidante des gardiens de but remplaçants de la plus grande équipe de football de tous les temps de France de 1998.

Il serait facile de dénigrer le rôle de ces deux joueurs. Mais qui sait si, sans eux, le banc de touche n’aurait pas pleuré ? Ils méritent, au même titre que les Zidane, Henry et Djorkaeff, leur paragraphe dans la belle histoire de France.

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COLLECTION Sujet — J. Tourette

Un album vierge, des encarts numérotés et un objectif simple : obtenir toutes les vignettes pour le remplir. Les pochettes aux couleurs brillantes, le bruit du papier qui se déchire, les cinq stickers à l’intérieur, les numéros au dos, la technique éprouvée du coin corné pour retirer la face collante, l’alignement méthodique de l’image sur les contours du cadre, la main qui glisse pour l’aplatir, la satisfaction candide du travail bien fait et déjà le plaisir par anticipation de recommencer le geste l’instant suivant. La belle émotion. Des souvenirs de liasses de cartes en double ou en triple serrées par un épais élastique marron, des boîtes en plastique ou en fer pour les plus soigneux, les échanges, les négoces, la palabre… la quête de l’album complet. Le Graal. Le revoilà, le petit paladin au panache rouge, cavalant sans destrier, la lance prête pour la joute. Fier héraut d’une grande maison, il porte à bout de bras les nobles lettres italiennes collées ad aeternam dans nos grands cœurs d’enfants ; celles d’une saga, d’une famille, d’une équipe : Giuseppe, Benito, Franco et Umberto, les quatre frères Panini.

CALCIATORI — L’histoire commence au début des années 60 à Modène, ville du Nord de l’Italie en Émilie-Romagne, réputée mondialement pour sa passion automobile et son vinaigre balsamique. La famille Panini ne fait pas partie de la société dorée, et la mère, rendue veuve par la guerre, tient un kiosque sur la place du Dôme. Giuseppe et Benito sont de la partie et distribuent des journaux. À l’époque, un phénomène suscite déjà l’engouement de la jeunesse : les

photos de footballeurs glissées dans les tablettes de chocolat, que les enfants réclament et adorent collectionner. Pourquoi pas dès lors imaginer en glisser dans les quotidiens pour favoriser la vente ? Ils se rendent à Milan pour récupérer un stock d’images invendues des éditions Nannina et démarrent leur affaire. Le succès est au rendez-vous et dépasse rapidement les enceintes de la ville pour toucher toute la région. Guiseppe décide alors d’aller plus loin : puisque les gens raffolent tant de ces images, pas besoin de les enrober de papier journal ou de chocolat ; autant se concentrer sur leur vente seule, et les mettre à l’honneur dans un support adéquat pour les collectionneurs. Ainsi en 1961 sortit le premier album Panini, baptisé Calciatori (« footballeurs » en italien), vendu avec un tube de colle pour fixer et recueillir durablement les précieuses effigies en carton. Bilan : près de 50 millions de cartes vendues en deux ans. L’aventure prospère à vitesse grand V et les deux autres frères Panini, Franco et Umberto, entrent en scène. Au début des années 70 sont apparues les premières vignettes autocollantes et Umberto va s’attacher à mettre au point un système de conditionnement révolutionnaire : la « Fifimatic », la machine destinée à conditionner aléatoirement les cartes dans leurs fameuses pochettes. Le marché s’internationalise. En 1970, à l’occasion de la Coupe du Monde à Mexico, Panini édite son premier album multilingue. En France, c’est en 1976 avec un album consacré à la Coupe d’Europe des Clubs Champions, celui de la grande année de l’AS Saint-Étienne.

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DISNEY — Si le foot reste la matière première de Panini, l’univers s’élargit considérablement dans les années 80. Quelques tentatives avaient déjà été menées du côté des Avions et missiles en 1965, puis des Animaux du monde entier en 1966, mais le bon filon sera incontestablement celui du dessin animé. Les Disney constituent le terrain de chasse par excellence pour aller vers un public plus jeune, plus étendu et plus mixte. En France, Rox et Rouky fait un carton en 1981, et Le Roi Lion atteint le chiffre record de 47 millions de pochettes vendues en 1994. Dans un autre style, La Bande des Crados crée la polémique à la fin des années 1980 : les personnages trash et gentiment punk importés outre-Atlantique de l’univers du Garbage Gang apparaissent en album et s’attirent les foudres… du Commandant Cousteau. « Si vous ne réagissez pas immédiatement et énergiquement à cette pollution des esprits, ne vous étonnez pas si vos enfants partent à la dérive et finissent à la cocaïne », déclarait dans la presse notre Steve Zissou français. Résultat, les lignes de ventes explosent !

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À l’heure où la révolution numérique frappe inévitablement la presse traditionnelle, Panini ne connaît pas la crise de l’imprimerie. L’album en papier reste l’écrin de prédilection pour la véritable star : la vignette, solide, rigide, palpable. Et même si la société s’est laissée tenter par la mise en ligne d’un album dématérialisé de l’Euro 2016, avec son partenaire Coca-Cola, les ventes n’ont pas été affectées d’un pouce. Plus d’1 milliard de pochettes sont vendues chaque année dans le monde, avec des pics notables durant les grands événements sportifs. De quoi faire rêver les défenseurs du print.

747 PAQUETS — Toujours présent aux grands rendez-vous du ballon rond, Panini revient pour la grand-messe de l’Euro 2016. Il a fait du chemin en 55 ans, le chevalier de Modène, qui doit d’ailleurs son origine à Guiseppe lui-même, que l’on surnommait « Il Paladino ». Et cette année, avec un album de 100 pages pour 680 stickers à dénicher, il est déjà sûr de sortir vainqueur de la mêlée. Le calcul est simple : à 0,70 € la pochette de cinq vignettes, la collection représente mathématiquement 95,20 €. Mais c’est sans compter sur la répartition aléatoire des cartes, les fameux doublons, triplons, qui constituent tout le sel de l’histoire… On invoque alors les probas.

Paul Harper, professeur de maths à l’université de Cardiff, a calculé pour le site Walesonline qu’un collectionneur devrait se procurer 747 paquets de vignettes pour compléter l’album Euro2016. La conversion monétaire s’en ressent drôlement, puisque le chiffre passe logiquement à 522,90 € ! Mais le professeur Harper précise que ce résultat ne prend pas en compte la possibilité d’échanger ses cartes, ce qui fera mécaniquement baisser le nombre de paquets à acquérir : « Mes estimations montrent qu’un collectionneur seul aurait besoin de 747 paquets ; mais deux collectionneurs réunis font réduire le nombre de paquets nécessaires de 30%, trois collectionneurs de 46%, cinq collectionneurs de 57 % et 10 collectionneurs de 68%. Il y a donc clairement un grand avantage à échanger ses cartes. » CQFD, merci les maths ! Ceci dit, on l’avait compris depuis un petit moment dans les cours d’école… Et même si à 10 on fait tomber le nombre de paquets à 240 unités, mine de rien ça représente encore 168 €. On a vraiment envie de l’avoir son album complet. Certains optent d’ailleurs pour la solution de facilité, qui consiste à commander les 50 ou 100 autocollants manquants directement à Panini. Mais c’est pas très sport tout ça. L’esprit d’équipe, y a que ça de vrai.

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GALERIE


LES ARTISTES

TEAM, notre thématique en 9 créations originales

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MATTEO BERTON

MAKOTO FUNATSU

KEVIN LUCBERT

Malgré ce que laisse à penser sa chevelure fougueuse, Matteo Berton n’est pas le descendant de Jim Morrison. Il illustre de jolis livres pour enfants et des BD. Il travaille également pour la pub et des magazines. matteoberton.com

Makoto Funatsu est japonais et travaille comme illustrateur à Tokyo. Dans ses illustrations, il suggère toute la poésie du monde plutôt qu’il ne la dessine. Son travail n’est que douceur. otenbaar.tumblr.com

Un peu comme nous, Kevin Lucbert vit entre deux villes : Berlin et Paris. Il aime dessiner les forêts, les montagnes mais aussi l’actualité dans la presse française et internationale. kevinlucbert.com

FANNY BLANC

TIAGO GALO

Fanny Blanc vit à Lyon de sa fascination pour l’imagerie populaire. Elle travaille pour des maisons d’édition et pour la presse. Quand elle ne dessine pas, elle aime faire du vélo à deux roues. fannyblanc.com

Après avoir été architecte pendant quelques années, Tiago Galo est retourné à son premier amour. Aujourd’hui, il est illustrateur à Lisbonne et les légendes de ses dessins ressemblent à des poèmes. tiagogalo.com

Delphine Panique aime la littérature et plus que tout le dessin. Que ce soit pour la presse jeunesse, pour ses BD, des fanzines ou des revues, elle ne s’arrête jamais. Ah si, pour apprendre aux autres à dessiner. delphineollier.free.fr

CALL ME GEORGES

ATELIER ISOTOPE

Détrompez-vous, Georges est français. Son travail d’illustrateur l’a mené à travailler avec des gens biens (nous) et à s’installer quelques temps à Shangaï. Aujourd’hui, il vit entre Londres et Paris. callmegeorges.co.uk

Le collectif Isotope a des fourmis dans les doigts. Dans leur laboratoire d’Amiens s’entassent des gravures, illustrations, sérigraphies, photographies et plein d’autres fantaisies qu’ils vendent sur un site internet. atelierisotope.wix.com/atelierisotope

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DELPHINE PANIQUE

MAXIME ROY

Maxime Roy est passionné de cartoons et comics et vit dans univers à la fois pop, glauque et amusant. Il est graphiste, illustrateur, peintre, sérigraphe et animateur radio. Parfois, il dort. maximeroy.fr


Maxime Roy ↓ Team maximeroy.fr


Delphine Panique ↓ Sans titre delphineollier.free.fr


Fanny Blanc ↓ Team fannyblanc.com


Call me George ↓ The Team callmegeorges.co.uk


Tiago Galo ↓ Team tiagogalo.com


Kevin Lucbert ↓ Le Club kevinlucbert.com


Makoto Funatsu ↓ Cheer otenbaar.tumblr.com


Matteo Berton ↓ Nonna team matteoberton.com


Atelier Isotope ↓ Team atelierisotope.wix.com/atelierisotope


KIBLIND & MAMAMA présentent

Collection complète à découvir sur : kiblind-store.com mamama-paris.com


SALON


DISCUSSION AVEC NICOLAS VENANCIO

IT WAS ALL A DREAM

Photographie — Klar

47 SPORT Dès sa parution en février 91, l’image de la « Dream Team » devient plus juicy que celle d’Heavy D et Salt N Pepa dans une limousine. Jordan, Magic, Ewing, Karl Malone et Charles Barkley représentent USA Basketball. En septembre Larry Legend, John Stockton, David Robinson, Scottie Pippen et Chris Mullin complètent le roster avant que Clyde « the Glide » Drexler ne soit élu à la place d’Isiah Thomas en mai 92, quelques semaines avant les JO de Barcelone. Les dream teamers sont convoqués pour la première fois le 24 juin à La Jolla, Californie, par la fédération US pour affronter dans le plus grand secret, sans caméra ni journaliste, une sélection de huit basketteurs universitaires qui ont tous postérisé cette image dans leur dortoir. Parmi eux Penny Hardaway, Allan Houston, Jamal Mashburn, Grant Hill... et Chris Webber : « Ce jour-là, j’ai voyagé depuis l’aéroport en limousine avec Larry Bird ! C’était un tel honneur. On a parlé des matchs contre les Pistons, de ses feintes, de tout un tas de trucs. Vraiment cool le mec. Et puis quand on est sortis de voiture et que je prenais mes bagages, il me fait : “Pense bien à te reposer ce soir, parce que demain je vais te botter le cul, et tu vas t’en souvenir pour le reste de la semaine” . » Ce mercredi 24, ce sont des 8ballers intimidés sans MJG qui découvrent l’entraînement des stars : « Quand on est allés à

la salle, se souvient Allan Houston, il y avait ce balcon au-dessus du parquet, on n’est pas entrés directement, c’était comme rester en suspens. On regardait Barkley dunker en bas, puis Michael qui intercepte et fait un de ses mouvements où il part ligne de fond et double pump sous le cercle. On s’est dit “Waouh, ils font aussi ça à l’entraînement ?” »

L’affrontement — Christian Laettner, meilleur universitaire du pays et seul amateur invité à joindre les pros, se retrouve dans le camp d’en face : « Je me souviens de les voir tous spectateurs, en haut, debout, suivre Barkley qui part exploser un tomahawk dunk sur Malone. Ils avaient tous la mâchoire sur le parquet. » C’est cloué sur le banc que le Christ de Duke assiste à l’affrontement entre les dieux et ses potes dont le shooteur Allan Houston : « Les coaches nous ont demandé de jouer un style européen qu’ils n’avaient pas souvent vu. On s’est dit qu’on n’avait rien à perdre. On s’est lâchés. Penny a montré la voie en claquant quelques dunks... J’ai enchaîné une série de shoots... Tout le monde était facile. » Parmi les témoins, McIntyre, un assistant coach : « Quand Penny a volé les ballons dès le milieu de terrain, tout le monde était genre “Ouahh...”. Il y avait – tu pouvais le sentir – une vraie tension. Et ça n’était que le premier jour ! ».

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DISCUSSION AVEC NICOLAS VENANCIO

La nuit est longue pour Allan Houston qui enchaîne party Les rookies accomplissent des miracles à la Smokey Robinet bullshit comme dans un refrain des Last Poets avant de son : Bobby Hurley, meneur champion de Duke, brushing croiser le fantôme du Boston Garden. « Quand je reviens à à la Brandon Walsh, fait la misère à Magic, Webber multil’hôtel avec C-Webb, on appelle l’ascenseur, la porte s’ouvre sur plie les pains dans la peinture et toute la défense est acculée Larry Bird. Imagine-nous tous les trois avec C-Webb qui chante par les coups de Penny : « Ils se sont simplement dit “OK, on va pendant qu’on monte. Bird sort avant nous en nous lançant : “Vous les maltraiter un peu, leur signer quelques autographes, et tout inquiétez pas, demain est un autre jour”. le monde sera content”. Ils ne savaient Il nous a laissés avec cette pensée. On y pas à quel point on était forts... » Les est retourné le lendemain... et oui, c’était hateful 8 jouent comme dans un une autre histoire. » rêve... Le buzzer réveillerait presque Ils avaient Allan Houston : « Le chronomètre s’est arrêté – on avait 20 minutes, pas plus nos empreintes de pied – et on était devant... Tout le monde se sur le cul, et aucun n’a regardait, perdu, genre c’est pas censé « La vérité, confesse Chris Webber, osé faire la diva genre : arriver, non ? Tout le monde s’est tu penc’est qu’on n’a pas marqué un point. Pas “On vous a laissé gagner”. dant un moment. » Les universitaires un point. Même pas un lancer franc. » viennent de battre la Dream Team, McIntyre a encore un ticket gratuit 62-54, la seule défaite d’une équipe pour ce match retour, et se souvient qui va gagner l’or olympique avec un d’un grand final : « Quand le buzzer a écart de 43 points en moyenne sur ses adversaires. sonné, Barkley est allé jusqu’à leur banc : “Et encore, vous avez de « On leur a botté le cul ! », résume Chris Webber.« Ils avaient nos la chance qu’on n’ait pas été méchants aujourd’hui.” J’ai explosé de empreintes de pied sur le cul, et aucun n’a osé faire la diva genre : rire. » La réalité rattrape les youngstas au jour 2 de l’existence “On vous a laissé gagner”. Cette soirée était spéciale, vraiment. Je de la Dream Team, et remet les idées de « Chris Cross » à me souviens, avec Bobby Hurley on a pris une voiture de golf et on a l’endroit : « Avec le recul, je me dis que nous étions l’alarme parfaite dévalé le parcours en le défonçant... on était surexcités. » pour eux, et eux étaient le réveil parfait pour nous. »

La revanche —

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— Nicolas Venancio

SIX DREAM TEAMS

→ Les Barjots deviennent les Experts En 1995, la France remporte le premier titre mondial en sport collectif de son histoire. C’est l’œuvre des joueurs de l’équipe nationale de handball qui héritent du surnom « Les Barjots » en référence à leur goût prononcé pour la fête. En 2008, ils deviennent « Les Experts », une équipe jugée invincible.

→ L’équipe de football brésilienne de 1970 1970 : le Brésil se qualifie aisément pour la Coupe du monde de football au Mexique, grâce à 6 matchs victorieux. Pendant toute la compétition, la Seleção réalise les performances les plus spectaculaires et finit par écraser l’Italie en finale, emmenée par le Roi Pelé et l’incroyable Jairzinho.

→ Giba et l’autre ballon rond Gilberto Amaury de Godoy Filho dit Giba fait à lui seul la légende de l’équipe nationale de volley-ball du Brésil. En 2006, lors de la Coupe du monde, le réceptionneurattaquant à la détente herculéenne mène son équipe à la victoire face à la Pologne, faisant briller un autre ballon rond dans les yeux des Brésiliens.

→ L’URSS, reine des glaces En 1960 et 1980, la guerre froide qui oppose les États-Unis à l’URSS s’immisce sur les terrains de hockey sur glace. En 20 ans, l’URSS ne perd qu’à deux reprises et face à son pire ennemi. Les Américains surnomment ces défaites « Miracle on ice » et effacent du même coup toute forme de suprématie des cocos.

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→ La marée noire Qu’est-ce qui fait le succès de l’équipe nationale de rugby à XV de NouvelleZélande ? Au-delà de son spectaculaire haka et des tatouages de ses joueurs, l’équipe des All Blacks s’impose surtout comme la seule à avoir remporté à trois reprises la Coupe du monde et en outre, à l’avoir conservée.

→ La Jamaïque court toujours plus vite En 6 Championnats du monde et 2 Jeux Olympiques, la Jamaïque a remporté 30 des 48 médailles d’or disponibles en sprint (100m, 200m, 4x100m) depuis 2007. À eux deux, et en comptant les relais, Shelly-Ann Fraser (9) et Usain Bolt (17) en ont chopé 26. Et au passage Usain a pété 8 records du monde. CQFD.


DISCUSSION AVEC EMMANUEL PICAUD Photographie — Klar

LA LITTÉRATURE EN 4-3-3, LE CONCEPT DE TEAM DANS L’ÉCRITURE DE CRÉATION

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LITTÉRATURE Lorsque l’invitation à bavarder sur ce sujet est tombée, j’ai immédiatement pensée à plusieurs livres. Et à la vue de ces quelques premières idées, deux manières de penser ce concept de team dans la littérature se faisaient déjà jour : comme expérience d’écriture collective et comme principe narratif, composante essentielle de l’histoire (deux manières voire trois si l’on considère la multiplication des points de vue, des narrateurs, comme un principe nécessaire à la construction de l’histoire). Ce petit exposé ne sera donc pas dédié à un seul ouvrage, mais balaiera plutôt un petit panorama de lectures diverses. Cela me permettra en définitive de dégager une sorte de théorie des plus fumeuses, mêlant littérature, football et révolution, seulement fondée sur quelques exemples complètement subjectifs.

Lodoli — Commençons par une lecture récente et particulièrement enthousiasmante : Grand Cirque Déglingue de Marco Lodoli. Dans ce court texte, faisant partie du grand cycle romain de Lodoli, trois trentenaires fréquentent la même école. En plus de la jouissance que procure sa lecture, ce livre nous est ici utile pour démontrer la nécessité de l’équipe pour la

réalisation même de l’histoire.C’est de la constitution du groupe que naît la possibilité pour celui-ci de réaliser ses rêves anarchistes, chacun étant soit trop beau parleur, soit trop pleutre, ou trop peu concerné intellectuellement pour y parvenir individuellement. L’équipe est également inhérente à la structure même du roman. Lodoli ayant choisi un strict roulement des narrateurs. Chacun des trois succède à un autre du début à la fin de l’ouvrage. Ceci permet habilement de faire découvrir progressivement les systèmes qui régissent ce groupe. Enfin, il ne faudrait pas négliger la belle métaphore footballistique utilisée par l’auteur dans son texte, quand la carrière lamentablement ratée d’un des trois pieds nickelés fait drôlement écho à leur entreprise branque. Une belle esthétique de la lose et du non-sérieux au service de l’engagement militant et révolutionnaire. Ce principe de la multiplication des points de vue est aussi magistralement utilisé par David Peace dans Tokyo ville occupée. Chaque chapitre constituant un point de vue sur l’enquête. Chacun ayant son identité stylistique. C’est remarquable, et ce qui l’est aussi c’est la faculté de David Peace à parler de foot par ailleurs, dans notamment le grandiose Rouge ou mort. Mais passons vite sur cette digression.

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DISCUSSION AVEC EMMANUEL PICAUD

Le road trip —

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La notion de groupe est également déterminante selon moi dans un genre littéraire (mais aussi cinématographique) bien connu : le road movie, le road trip, la virée. Genre qui s’exprime parfaitement dans un sous-genre du roman noir : le faux polar. Cette catégorie, définie dans la chronique « Foot Polar » de l’excellent recueil Des Bâtons dans Guy Roux, est illustrée par Aller Simple de Carlos Salem. Dans cet opus, trois personnages parcourent le sud de l’Europe et le Maroc dans une belle fuite en avant : l’un n’est plus tout à fait sûr d’avoir tué sa femme ; il s’est adjoint le second, faux bandit révolutionnaire rock n’roll ; ils ont été rejoints par le fantôme de Carlos Gardel, qui s’est donné pour mission d’assassiner Julio Iglesias, coupable d’un disque de reprises de tango. Et ce roman nous dit plusieurs choses : 1. Écrire sur le collectif permet probablement de bien se marrer (tout comme écrire collectivement d’ailleurs – référence une nouvelle fois aux exercices oulipiens – même si pas toujours, nous y reviendrons). 2. Le collectif, l’équipe, est ici nécessaire à la progression de la virée, chacun des personnages membres de la team amenant successivement son ressort, son grain de sel, à l’enchaînement des péripéties. 3. Le foot est encore présent, ici dans l’arrière-plan narratif, par cette Coupe du monde imaginée et parfaitement improbable, cadre parfait à l’absurde des situations.

À quatre mains — Un deuxième « roman » est abordé dans cette chronique et nous intéresse encore particulièrement ici : Des Morts qui dérangent, écrit à quatre mains par Paco Ignacio Taibo II et le Sous-commandant Marcos6. Ce dernier proposa à l’écrivain ce projet d’écriture qui fonctionne selon le principe du cadavre exquis, chacun à tour de rôle envoyant un chapitre à l’autre afin qu’il poursuive l’histoire. C’est le travail d’équipe qui souligne le propos de l’ouvrage, chacun des deux apportant ses personnages et ses aspirations idéologiques (proches) sous un même chapeau narratif pour donner un polar militant, révolutionnaire marqué, l’écrivain apportant en plus sa caution littéraire éloignant ainsi l’accusation de simple pamphlet politique. Notons qu’une fois de plus la métaphore footballistique est utilisée dans le chapitre III, le Sous-commandant décrivant un match entre les Indiens du Chiapas et les observateurs internationaux sympathisants zapatistes. Ce match comme une synthèse des objectifs de cette révolution.

Wu Ming — Des Morts qui dérangent nous permet d’aborder la question de l’écriture collective, qui trouve probablement un aboutissement dans les productions de Wu Ming. Ce groupe de cinq écrivains bolognais se crée en 2000 avec la volonté profonde de contrer une logique médiatique toxique en déplaçant les mythes capitalistes existants. Écrire la contre-histoire, celle des laissés-pour-compte. La volonté du collectif d’accompagner les luttes altermondialistes n’est pas cachée, bien au contraire, mais elle n’est pas suffisante pour susciter l’intérêt. Wu Ming signifie en mandarin anonyme, ou sans nom, et la force de ces textes se trouve à la fois dans la qualité littéraire produite, donnant lieu à un résultat passionnant, et dans le symbole que constitue le travail d’équipe. Le point de vue collectif est toujours plus fort que l’individu, la mise en commun de ces anonymes sera une voix plus puissante pour porter le propos d’une alternative. Pas de football chez Wu Ming me direz-vous ? Que nenni ! Le collectif s’est fondé sur les bases du projet Luther Blisset, visant par nombre d’interventions artistiques et activistes à démontrer en Europe et en Amérique du Sud l’imposture médiatique, l’individu se cachant à chaque fois derrière ce pseudonyme commun. Il se trouve que Luther Blisset fut un joueur de football médiocre recruté par le Milan AC en 1983. En outre, Bologne, berceau du collectif Wu Ming, accueille également chaque année le Mondial anti-raciste, véritable contre-culture du football. Cela ne peut pas être un total hasard.

L’équipe littéraire — En conclusion, que nous dit cette petite cartographie littéraire non exhaustive dans le rapport de l’écriture à la notion d’équipe ? 1. Que ce rapport sert une cause : celle d’une esthétique alternative qui va de l’amusement anarchiste au militantisme populaire construit. Cette cause n’exclut pas d’embrasser une éthique de la lose loufoque aussi bien qu’un engagement conscient et possible. 2. Que la métaphore de l’équipe de football y est constamment présente. L’équipe dans la littérature sert un propos, une cause, on vient de le dire, comme le « jeu à la nantaise », philosophie du football total, spectaculaire et sans concession, met en avant la supériorité d’une expérience collective jouissive face à une accumulation de talents individuels médiatiquement confortés. — Emmanuel Picaud L’article complet ainsi que ses références sont à consulter sur Kiblind.com

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DISCUSSION AVEC SIMON CHAMBON-ANDREANI Photographie — Klar

I AM, UR, WE WILL RESIST

MUSIQUE Coniunctio ergo sum - Aux grands discours, le collectif Underground Resistance préférera d’emblée la méthode. Des cartes, oui, mais alors sur la table. Peu d’interviews, un manifeste… De jouée, il n’y aura que la musique électronique. C’est elle qui leur servira d’ailleurs de média principal, pour la forme. Le fond de l’air, lui, est radicalement noir, austère, et revendicatif. Le ton se veut sérieux et le message limpide, sans équivoques, et fondamentalement catégorique. Pourtant ici, de notre côté de l’Atlantique, nous ne l’entendrons qu’un peu plus tard : « Sache que l’union fait la force, mais que la misère la divise. »

Grandir à Detroit — À l’aube de l’an 1990, peu de place pour les rêves lorsqu’on n’a d’autre choix que celui de grandir à Detroit. La récession fait rage, sans rémission pour les environs. La ville moteur n’a plus de carburant, et ce depuis déjà trois décennies. Ses caisses sont à sec, la tête sous l’eau, et son peuple saoulé. L’automobile a déserté son industrie et – ironie du sort – c’est en un triste parking qu’on a reconverti son vieux théâtre. Ses habitants la fuient, laissant ses rues fantomatiques et ses chaumières à l’abandon. Les grandes enseignes, aussi, ont décidé de fermer boutique. Ambiance western, à l’est, avec pour seul décor cette sorte de Titanic terrestre et bétonné, échoué là, aux yeux de tous. À ciel ouvert et pollué, le vide se comble mal. C’est le comble du vide. Le chômage culmine,

et maigres sont les perspectives. Crack, cocaïne, meurtres à foison… La criminalité s’enflamme, les postes de police ne répondent plus au téléphone, et forcément, les chiffres effraient. Bagdad en deviendrait presque jalouse, La Villardière s’en frotterait bien les mains, et Slim Shady vomira ; il faudra s’y attendre.

S’ouvrir les portes du monde — Difficile d’exister – lorsqu’on y pense – quand on est jeune et mal armé, laissé-pour-compte et lâché là, dans un contexte si alarmant. « Suis-je heureux avec ce que je suis ? Suis-je heureux avec les gens qui m’entourent ? Suis-je heureux avec ce qui m’occupe ? Suis-je heureux avec la vie que je mène ? Ai-je vraiment une vie ou bien suis-je simplement vivant ? »… À ces questions qui les taraudent et qu’ils chanteront plus tard, Mad Mike et ses comparses – tournés, sans crainte, en direction de leurs rêves – répondront par la création de leur fameuse brigade. Une transition s’impose, mais la lutte devra être pacifique, cette fois. Stop au grabuge, adieu aux bains de sang. Le passé l’a prouvé, en 1943, en 1967…Ni l’émeute ni la guerre idéologique n’y changeront quoi que ce soit. La bannière sans la croix, c’est déjà plus plausible. Alors, hissée haut au-dessus du ghetto, de plus en plus nombreux sont ceux qui s’y retrouvent et s’en saisissent. La banderole, petit à petit, devient symbole d’un mouvement musical inédit. C’est une

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DISCUSSION AVEC SIMON CHAMBON-ANDREANI

Kraftwerk, Front 242 joue George Clinton, et vice versa. Inconsciemment, une certaine poïésis se met en place. Presque marxiste. Depuis les studios, aux commandes de ses synthétiseurs ou de ses boîtes à rythmes, l’humain reprend ses droits sur la machine. L’aliénation s’estompe. Jeff Mills, Robert Hood, Blake Baxter, Scan 7, Drexciya… Les rangs s’élargissent, la production redémarre et puis les premiers titres sortent. Riot, Panic, Rage, Assault… On distribue les disques comme on propage des tracts : de façon submergeante. On D’inspiration radiophonique, l’appel au soulèvement viens’organise, aussi, dans la ferme intention de ne plus jamais dra du transistor. Leur général n’est ni de Gaule ni gradé. servir à l’industrie. On le surnomme Mojo, l’électrique. En autarcie, c’est une fratrie C’est un ancien du Vietnam, un conventuelle qui s’établit, aux règles vétéran, un vénéré. Au micro de et aux coutumes assez drastiques. son émission, la Midnight Funk Pas de place, ici, Très vite, le succès semble à portée Association, il a pour habitude de de main, mais ceux qui l’attraperont rassembler les foules. « Tenez bon, pour la lumière. devront immédiatement quitter le ne lâchez rien. Quand vous vous sentez Le bal sera masqué clan. Pas de place, ici, pour la lumière. au bout du rouleau, ne vous laissez pas et le mystère cultivé. Le bal sera masqué et le mystère glisser. Rembobinez !» Encourageant, cultivé. On préservera l’anonymat. l’animateur leur inculque les bases La force d’une ombre ne s’expose pas de ce qui constituera leur savoiraux feux des projecteurs… Presque faire : étrange fusion – jusqu’alors 30 ans plus tard, le vent qui s’est levé au Michigan n’a rien inouïe – entre l’ancien et l’avenir, entre le noir et le blanc, perdu de son odeur de sédition. Peu importe donc qui, du puisant sa source autant dans l’héritage des années soul coup, ce qui compte c’est combien. C’est la force du nombre. que dans les avant-gardes électroniques. Prince chante véritable bande-son, qui se compose et se propage. Techno en est le seul mot-clé, et les espoirs qu’il sous-entend sont honorables : briser les chaînes de la monotonie, s’émanciper, à l’unisson, s’ouvrir les portes du monde… Comme si rien n’était plus impossible.

Le soulèvement —

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— Simon Chambon-Andreani

SIX POINGS D’HONNEUR ET BRAS DE FER

→ Underground Resistance – The Final Frontier « Space is the Place See You There Soon. » En témoignent ces quelques mots gravés directement dans la matière de sa laque, ce disque s’inspire de la philosophie cosmique prêchée auparavant par le célèbre pianiste de jazz Sun-Ra. Le soleil noir brille à midi, le voyage est interstellaire et le résultat : stupéfiant.

→ Blake Baxter – The Prince Of Techno Prétentieux par son titre, mais généreux dans sa composition. Sur la face A, mélimélo-mélancolique : une série de murmures poético-érotiques, à la limite du lancinant. Dans la lignée de son premier tube, When We Use to Play, le morceau phare, ici, en est le prolongement parfait : When A Thought Becomes U. Vous pourrez négliger la face B.

→ Drexciya – Bubble Metropolis Inhalez, respirez, inspirez, expirez, bloquez tout, et plongez en apnée. Gerald Donald, James Stinson et les dauphins vous escortent, le temps d’une descente dans les profonds abysses du grand bleu. Le sonar retentit, un autre monde se dessine sur le radar. L’Atlantide existerait, ils y croient dur comme mer.

→ The Aztec Mystic – Knights Of The Jaguar Les conquistadors ont ruiné la région. Les vautours rôdent audessus des ruines et du désert urbain. La brute et le truand imposent leurs lois ; celle du plus fort. Mais le bon Rolando, à cheval sur les principes, ne l’entend pas de la même manière. Tel le jaguar il cavalera, déployant sans vergogne des kilomètres de cordes. Au lasso.

Atelier imprimé – Salon

→ Galaxy 2 Galaxy – Galaxy 2 Galaxy : Hi-Tech Jazz. Le mot est jeté là, d’emblée, et ne cessera d’être revendiqué ensuite. Border, mais bien rentré, osé, mais indéniablement réussi... Le saxophone est un instrument dangereux, mais – n’en déplaise à George Michael et son Careless Whisper – ne fera cette fois aucun dégât à vos oreilles.

→ Scan 7 – Black Moon Rising : Balance parfaite entre synthétiseurs chagrinés et mélodies enjouées, ce disque – certes moins populaire que les précédents – n’en reste pas moins une belle illustration de l’esthétique sentimentale quasi contradictoire si représentative du catalogue d’Underground Resistance. Une véritable démonstration, édifiante et intemporelle !


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VESTIAIRE


VESTIAIRE

teamé Direction Artistique : Baptiste Viry @ KLAR Photographie : Thomas Chéné | Set design & artwork : Camille Viry Assistant photographe  : Maxime Chanet | Stylisme : Alix Devallois Make-up : Flavio Nunes @ Backstage | Hair : Sergio Villafane Mannequins : Nassim @ Rockmen | Stefania E @ WM | Marine @ Premium

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Robe | MAISON DORIS Col roulé | UNIQLO Baskets | ATITUD Pull | POLDER Casquette | CAPLAND

Manteau | MAISON OLGA Veste | POMANDERE Chemise | SAMSOE&SAMSOE Pantalon | MASSCOB Derbies | DOC MARTENS

Blouson | ANDREA CREWS Pantalon | LEVI'S Derbies | DOC MARTENS


Coupe vent | WAIT Veste | G-STAR Salopette | CARHARTT Baskets | LE COQ SPORTIF


Casquette | CAPLAND Veste | LACOSTE Col roulé | LACOSTE


Chemise | MONKI Coupe vent | WAIT Veste | G-STAR Chemise | POMANDERE Pantalon | COS


Blouse | REALITY STUDIO


Veste POMANDERE Chemise POMANDERE


Veste | LACOSTE Col roulé | LACOSTE Pantalon | LEVI’S Baskets | PUMA Veste | TARA JARMON Chemise | HOUSE OF THE VERY ISLAND’S Blouse transparente | TARA JARMON Pantalon | COTELAC Baskets | VEJA Blouson | LACOSTE


Pantalon | LEO Basket | FAGUO Basket | VEJA


Col roulé | UNIQLO Jean | VINTAGE Lunettes | USH Chemise | 69


SORTIE D’ATELIER


EXPOSITION

b r a U i n n e i #6 B

ART DE RUE Il est de ces festivals charmants comme tout, qui n’hésitent pas à rendre service à la communauté. Mieux, ils le font avec le sourire, attendant impatiemment la prochaine occasion d’aimer son prochain. Le festival Bien Urbain est de ceux-là, lui qui transforme la ville en une galerie géante et qui redore les lettres un peu fanées du street art. Bien Urbain le bien nommé, donc, embellit le quotidien bisontin par un dialogue ouvert entre différents artistes et différents discours sur le monde. La beauté se pare alors d’une fonction politique, indispensable à toute forme d’art en plein air. Depuis cinq ans, le festival Bien Urbain questionne en effet le rapport de l’art à la routine, à la ville, à notre espace public. Ramolli par les habitudes et cette perfide banalité, notre parcours journalier rend peu hommage à ce qui l’entoure. Principe premier du festival, le réenchantement des rues et de ces murs qui sont, malgré tout, une sorte de bien partagé. Pour ce faire, l’équipe du festival invite des street artists de goût, prêts à délivrer sans gêne leur vision des choses. Pour cette nouvelle édition, Bien Urbain fait appel à une pléiade de stars venues de pas mal de coins dans le monde. Aux phrases coquines de la Portugaise Wasted Rita répondront l’engagement du Russe Timofey Radya, les photomontages de l’Américaine Martha Rosler et l’architecture du Français Clément Richem. Nous devons ces invitations (avec aussi Daniel Munoz, Olivier Toulemonde, Henrik Franklin, etc.) au joli duo formé par le festival et l’artiste Escif, associé cette année à la réalisation de Bien Urbain. Accompagnant les réalisations en plein air et les déambulations qui les feront découvrir, de multiples ateliers parsèment les deux mois de la manifestation, avec de jolies personnes telles qu’Aurélien Débat, Harmen de Hoop ou Sam3. La main à la pâte, les yeux dans les murs, le festival Bien Urbain nous fait la gentillesse de redéfinir par l’art notre quotidien. M. Gueugneau.

Bien Urbain, jusqu’au 30.07 à Besançon

bien-urbain.fr

Atelier imprimé - Sortie d’atelier

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EXPOSITION

e r i a u q o r B t Vincen

Cave Studies, du 16 au 30.07 à la Fondation Bullukian à Lyon

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M. Gueugneau.

ry o t c a F s t r A Summer Show

M. Gueugneau.

La rumeur se fait de plus en plus insistante : il y a du foot cet été en France. Le Point éphémère, Bled FC et Buvettes n’ont pas laissé passer l’info, et organisent le Bled Buvettes, avec des retransmissions de matchs, du manger et de l’exposition avec Jean Jullien, Inès Longevial, Clelll, Lalasaidko, etc. Jusqu’au 10.07 au Point éphémère, à Paris pointephemere.org

Le Musée des Futurs

Léviathan et ses fantômes

Comme à son habitude, Arles devient en été la capitale mondiale de la photographie. Mais chaque capitale possède son souterrain, ses trésors cachés. Pour Arles, ça s’appelle Voies Off, un festival qui dédie son propos à une jeunesse artistique qui mérite d’être dorée. Du 04 au 09.07 dans la Cour de l’archevêché, à Arles voies-off.com

slowgalerie.com

PEINTURE Non, la touffeur légendaire des mois d’été parisiens ne brisera pas les élans créatifs de la team Jeanspezial. La galerie Arts Factory a en effet choisi le crew de Sébastien Touache, Nicolas Barrome Forgues et JeanMichel Ouvry, bien accompagnés par Niark1, pour présider aux destinées de son illustre Summer Show. En découle une exposition foisonnante qui mélange les médias (peintures, sérigraphies, walldrawings, etc.) et les styles de tous ces petits copains. Frais comme ce granita que l’on consomme en tongs franches aux abords des plages.

Le Lieu unique a la fort bonne idée d’inviter Lucien CastaingTaylor et Véréna Paravel, auteurs du documentaire Léviathan, à venir augmenter et décupler leur œuvre par une expérience sensorielle, cosmologique et artistique du monde de la mer. Du 02.07 au 28.08 et du 30.08 au 25.08 au Lieu unique lelieuunique.com

vincentbroquaire.com

ILLUSTRATION Vincent Broquaire nous a émus dès la présentation de son projet de diplôme Screen to Screen, il y a de cela cinq cruelles années. Depuis, nous ne sommes que groupies face au travail du Strasbourgeois. Adepte du minimalisme de la ligne et du gigantisme du sens, Vincent Broquaire ne cesse de créer des mondes impossibles où se percutent la mécanique et le virtuel, le concret et le nuageux. Cave Studies, son exposition présentée à la Fondation Bullukian, explore les liens entre l’homme, la nature et la maîtrise qu’il croit en avoir. Tout comme l’artiste pense maîtriser son œuvre.

Exposition Vivant de Céline Kojima, jusqu’au 09.04 à la Slow Galerie, Paris

Black, blanc, Bled

L’artiste Wesley Meuris s’est fait une spécialité d’interroger le médium même de l’exposition. En s’attaquant, pour le Confort moderne de Poitiers, à l’impalpable futur, il s’amuse surtout à nous confronter avec l’institution musée qu’il tord jusqu’à l’absurde pour questionner ses caractéristiques. Le Musée des Futurs jusqu’au 27.08 au Palais de justice de Poitiers confort-moderne.fr

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Voies off


FESTIVAL

Baleapop Du 24 au 28.08 à Saint-Jean-de-Luz

baleapop.com

MUSIQUE À l’heure où la mélancolie emplit habituellement notre cœur et où la rentrée pointe, implacable, le bout de son nez crochu, Baleapop vient à notre rescousse. Et le festival basque de poser l’air de rien les valises de sa 7e édition du 24 au 28 août. Et l’air de rien, on remet le maillot, du Moï-Moï sur sa peau, on lève son pouce et on file heureux comme tout à Saint-Jean-de-Luz. Et si finalement, fin août était l’apogée des vacances ? Entre musique et art contemporain, la programmation transpire la joie et le bon goût. Suuns, Chassol, The Piprésentent lotwings, Jan Schulte, Bernardino Femminielli... on s’y voit déjà, avec les copains et une bière fraîche. On danse. On se couche dans l’herbe verte de Ducontenia. On se régale. On se fait des bisous. On n’est IMAGINAIRES qu’amour quoi ! NUMÉRIQUES A. Hassler.

Acte 1 16 juin — 31 août 2016 Aix-en-Provence • Marseille

u d l a v i t s e F roniques h C Film de Fesses

Expositions •— Concerts •— Performances Rencontres •— Ateliers •— Formations

Festival du Film de Fesses, du 22 au 26.06 au Forum des images

Du 16.06 au 30.08 à Aix-en-Provence

lefff.fr

chronique-s.org

chRoNIQUE - S.oRG

FILM Le festival de Maud Bambou et Anastasia Rachman révèle moins nos basses pulsions que l’envie de discuter la part intime de nos relations. Les films coquins ont pour eux qu’ils sont un miroir – déformant, certes – de nos mœurs et de Brigitte Lahaie leur Rétrospective représentation. Cette édition penchera ainsi du côté des Panorama contemporain 22-26 juinet la proCompétition court femmes, avec le métrage haut patronage de Brigitte Lahaie Forum des images jection soutenue d’œuvres féminines. On n’oubliera pas, non plus, la précieuse compétition de courts-métrages, comme un saut dans le futur. Légère, la fesse ?

ARTS NUMÉRIQUES Organisé par Seconde nature et le Zinc, le festival Chroniques se propose de mettre en lumière la culture et les arts numériques. Ce premier acte s’articule autour de deux expositions hommages au plasticien Victor Vasarely. Pour célébrer les 40 ans de son centre architectonique, Irisations invite 20 artistes contemporains et la Fondation Vasarely produit une rétrospective, Multiplicité. La présence des formidables J-Zbel et du légendaire Legowelt assurera en outre de belles soirées lors des chroniques sonores.

M. Gueugneau.

P. Boulet.

3 è m e

é d i t i o n

PRÉFET DE LA RÉGION PROVENCE-ALPES CÔTE D'AZUR

Atelier imprimé - Sortie d’atelier

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FESTIVAL

Heart of Glass, Heart of Gold

r u o m A n o Cabourg M

teenage fanclub a-wa heartofglass-heartofgold.com Du 29 au 31.07 à Cabourg cabourgmonamour.fr awesome tapes from africa clara clara frustration dollkraut usé mr. t.c. MUSIQUE Joe Dassin nous contait jadis les délices MUSIQUE Cher Calvados, tendre Normandie. En prince rama loney dear de l’été indien. Le HOG-HOG ne fait pas autre chose en provotre sein vous dorlotez la précieuse ville de Cabourg, foyer black devil disco club longeant ces chères vacances jusqu’au révéré mois de sepde Marcel Proust et Bruno Coquatrix et décor parfait du sacha mambo ninos du brasil tembre. Puisqu’il faudra bien choisir quelques noms de la Cœur des hommes. Vous faites bien. Chérissez-la d’autant plus bergen kremer programmation, quelques chouchous, on ne pourra que vous qu’elle accueille désormais le festival Cabourg Mon Amour, dj vlad parshin 09 –11 alternative conseiller Usé, Sacha Mambo, Teenage Fanclub, frankieAwesome cosmos dont l’excellente musique se marie si bien avec l’écume des sept. 2016 music weekend aveyron Tapes from Africa, Frustration ou encore Dollkraut. Mais vagues qui la lèchent. Ainsi donc les Jacco Gardner, Bonsaint-amans-des-côts en fait, c’est vachement dur de choisir parce que tout est nie Banane, Flavien Berger, Luh, OK Lou, Requin Chagrin Heart of Glass, Heart of Gold, du 09 au 11.09 à St-Amans-des-Côts, Aveyron

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S>

vraiment très bien. On vous conseillera donc surtout d’être ou Hinds, qui viendront cette année tester le mélange, ne pass festival = billetterie & informations : heartofglass- risquent pas de détonner. Cabourg, cet amour, saura les de la partie. concerts & logement + piscine, etc. heartofgold.com accueillir galamment. A. Hassler.  huz & bosshard.

Astropolis # 22

Le daron des festivals de musiques électroniques en France a toujours l’œil et le bon. Preuve en est sa 22e édition qui invite Andrew Weatherhall, Kerri Chandler, Unforeseen Alliance, BFDM, Paula Temple, Helena Hauff, Plaid ou encore Venetian Snares. Astropolis #22 les 01, 02 et 03.07 dans le Pays de Brest astropolis.org

La salle parisienne du Petit Bain a cette belle habitude de célébrer l’été avec une boum de type soutenu. Un mini-festival qui envoie cette année Mondkopf, UVB 76, Lonely Walk, Volcan, Empereur, Perturbator et le boss du Turc Mécanique en découdre sur le rafiot de la fête. Le 24.06 au Petit Bain à Paris petitbain.org

Labo Pop

M. Gueugneau.

Les Eurockéennes

Ah, ces bonnes vieilles Eurockéennes, avec ses jeunes, sa boue et ses packs de bières Top Budget. Mais, dit-on, il y a aussi quelques concerts. Misons cette année sur Tame Impala, Ty Segall, Mac DeMarco, Kurt Vile, MHD, Caribou, Vince Staples, Allah-Las ou Anderson .Paak. Les 01, 02 et 03.07 à Belfort eurockennes.fr

Atelier imprimé - Sortie d’atelier

Comme à leur glorieuse habitude (récente, certes), les Siestes électroniques n’ont dévoilé leur programmation toulousaine qu’entre les lignes. Ne la divulguons pas non plus, mais réjouissons-nous, cette année encore, que le festival le plus pointu, élégant et exigeant de France soit gratuit. Du 22 au 26.06 à Toulouse (et les dimanches du 26.06 au 17.07 à Paris) les-siestes-electroniques.com

Les Siestes électroniques


PRINT

i b d e s Y a b e n e n K p y t o n o M

Monotypes de Yann Kebbi, sorti le 09.06 aux éditions 3X/J, 25 euros

yannkebbi.fr / 3foisparjour.com

REVUE Yann Kebbi est un type super sur qui on peut compter. Depuis sa sortie de l’École Estienne, il ne cesse d’enchaîner les éditions, dessins de presse et expositions qui nous mouchent. On a admiré Americanin, IMMO+ et Howdy, on aime ses illustrations pour le New York Times, le New Yorker ou encore Feuilleton, on s’émeut de sa bonne entente avec les galeries Michel Lagarde et Champaka. Un attachement d’autant plus fort au travail du Parisien que celui-ci ne verse pas vraiment dans la facilité. Que ce soit son trait vif, bouillant même, ou la perpétuelle recherche technique qui l’anime, Yann Kebbi n’aime guère câliner nos faiblesses intellectuelles. Une nouvelle preuve avec ce Monotypes qui sort aux éditions 3X/J (3 fois par jour), dédié à la technique d’impression éponyme, couche par couche, pour des réalisations confondant le fond et la forme. M.Gueugneau.

Audimat #5

Comme tous les six mois, nous allons être dithyrambiques sur la revue Audimat, éditée par le festival Les Siestes électroniques. C’est parti. Le 5e numéro continue l’entreprise menée depuis le début par la revue : décrypter, analyser et discuter la chose musicale, longuement, intelligemment et étonnamment. Audimat #5, sorti le 30.05 biannuel, 210 pages, 10 euros revue-audimat.fr

De la partie trop souvent ignorée d’un CV basique, la revue Hobbies a tiré 112 pages de reportages, d’analyses, d’images particulièrement bien foutues. Les passe-temps des gens, donc, des plus absurdes aux plus communs, pour décrypter cet insondable objet qu’est la passion. Hobbies #2, sorti le 30.05, semestriel, 112 pages, 10 euros revue-hobbies.com

Hobbies #2

Six mois d’abonnement

de Gabriel Dumoulin

On a beau dire, les sites de rencontre sont tout de même un espace particulièrement particulier. L’auteur Gabriel Dumoulin nous en narre fort subtilement six mois de fréquentation, entre humour, détestation de soi, des autres et véritables espoirs. Six mois d’abonnement de Gabriel Dumoulin, Éditions Atrabile, sorti le 14.03, 208 pages, 18 euros atrabile.org

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Outre sa participation au groupe Trotski Nautique, David Snug se raconte également en BD pour se foutre du monde (de la musique principalement) et de lui-même. Ça pourrait être chiant, redondant et déjà vu, mais en fait c’est assez addictif, joli et marrant. La Vie est trop Kurt de David Snug, Éditions Même Pas Mal, sorti le 14.04, 64 pages, 14 euros

La vie est trop Kurt de David Snug

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PRINT

t World s o Gh iel Clowes n a D e d

cabanes

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cornelius.fr

S. Boileau / @LeSaisai

comment les feuilles s’épanouissent

Ghost World de Daniel Clowes, réédité en juin 2016 chez Cornélius, 56 pages, 21,50 euros

Cabanes de Nylso

Bien, Monsieur

Bien, Monsieur #3, sorti en mai, 56 pages, 10 euros. Prochain numéro prévu pour le 07.07

ROMAN GRAPHIQUE Y a-t-il une vie après l’adolescence ? Charnière pétrie de contradictions, tantôt apathique, tantôt explosive, l’âge ingrat est difficile à saisir comme à traverser. De fait, peu d’auteurs peuvent se targuer d’avoir cerné la jeunesse avec autant de subtilité que Daniel Clowes (prends ça, Catherine Dolto). Depuis les premières errances d’Enid et Rebecca dans le monde fantôme, des générations d’incompris se sont projetées dans la fureur de vivre des deux amies. La monotonie d’une ville étriquée, la rupture avec la société, le mal-être soigné à coups de sarcasmes, tout confine à l’universel. Presque vingt ans après avoir traîné leur déprime des cases aux salles obscures, le tandem de proto-hipsters rempile chez Cornélius pour une réédition grand format. Et si c’était ça, la revanche des outsiders ?

revue-bienmonsieur.fr

Cabanes de Nylso, Éditions Michel Lagarde 23 euros, disponible

michellagarde.fr

FANZINE En cette période tourmentée, où l’on a envie de crier notre ras-le-bol mais pas forcément se faire attaquer par des lacrymogènes, Bien, Monsieur est la solution ! Fanzine engagé, la bande dessinée sert ici de défouloir, de critique, de réflexion sur la société et la politique, en faisant fi de la correction. Dans chaque numéro, les deux fondatrices (Juliette Mancini et Elsa Abdheramani) et leurs auteurs invités racontent des histoires avec humour et cynisme, qui traduisent souvent tout haut ce qu’on aimerait que beaucoup pensent tout bas.

ILLUSTRATION Au simple trait noir, pratiquant le gris optique, Nylso nous propose ses cabanes et paysages dans un bel écrin de papier au format italien. Il pose sa plume sur le papier tel un graveur. Ses hachures font penser à des empreintes digitales d’un créateur qui laisse sa trace sur son univers. Poésie du trait, onirisme des formes, on y sent le mouvement de l’herbe et des feuilles que le vent amuse. Ce livre est une invitation au rêve.

D. Zehnder.

B. Sedbuk.

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MUSIQUE

Flamingods Sapin

Majesty, sortie le 10.06 chez Soundway Records

flamingods.bandcamp.com

PSYCHÉDÉLIQUE Après plusieurs sorties discographiques, dont les excellents albums Sun (Art Is Hard, 2013) et Hyperborea (Shape Records, 2014), Flamingods vient de signer chez Soundway Records, label spécialisé dans les musiques d’ailleurs. Une annonce qui fait sens pour un groupe qui s’est toujours moqué des frontières. D’une grande liberté structurelle, leur musique est une onde hypnotique, au milieu de laquelle le qanûn turc côtoie harmonieusement le gamelan ou les percussions amazoniennes. À écouter en contemplant l’éclosion des plantes tropicales qui colorent la pochette. M. Raupp.

John Dietrich (Derhoof) et Jeremy Barnes (Neutral Milk Hotel) ont opté pour la philosophie du premier. Le bœuf, l’improvisation, la spontanéité, voilà ce qu’on retrouve dans le frappant premier album The Coral Casino du projet Dietrich & Barnes. Et c’est assez impressionnant. The Coral Casino, sorti le 06.05 chez Living Music Duplication lmdupication.com

Les Rennais de Sapin ne s’encombrent pas de fioritures. Après une première régalade en 2014 (Wrong Way), ils retournent sur l’excellent label Howlin Banana, pour douze titres de très bonne facture où les gars font absolument ce qu’ils veulent, entre rock, pop et garage. Smell of a Prick, sorti le 06.05 chez Howlin Banana sapin.bandcamp.com

Dietrich & Barnes

Tom Terrien Losange

10 Years, sorti le 22.04 chez Plug Research

Discret, sorti le 13.06 chez Crudités (SDZ Records) sdzrecords.free.fr

tomterrienmusic.bandcamp.com/

EXPÉRIENCE POP Arrivé tout droit de la troisième planète tellurique du système solaire, Tom Terrien redéfinit les limites de l’espace en le modelant à l’aide de créations où la pureté des arrangements n’a d’égal que le minimalisme des nappes sonores. En 43 min 48 chrono, Tom Terrien a su libérer les hommes de leurs addictions bruitistes et décupler leur taux d’endorphine aux moyens d’arabesques hybrides et de riffs organiques. Difficile alors de ne pas se laisser emporter vers la planète placide de 10 Years. E. Quittet.

À la simplicité apparente du matériel utilisé et au minimalisme assumé des productions, le Grenoblois Mulan Serrico répond par une myriade de petits coups de génie et une voix manipulatrice. Son Discret sorti début juin chez Crudités en est la consécration.

Un beau jour, Benoît Baudrin a eu la super-idée de faire de la musique. Ce qui nous donne aujourd’hui le projet Losange et son premier EP Losange, une petite merveille de synthpop qui paraît le 17 juin sur le tout récent et fort prometteur label parisien Johnkôôl Records. Losange, sortie le 17.06 chez Johnkôôl Records johnkoolrecords.com

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Mulan Serrico

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MUSIQUE

BEAK> Couple in a Hole de Beak>, sorti en physique le 27.05 (08.04 en digital) chez Invada Records

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beakbristol.tumblr.com

KRAUTROCK En choisissant d’habiller son film Couple in a Hole de ses morceaux favoris de BEAK>, le réalisateur Tom Geens a révélé la valeur cinématographique du groupe, désormais duo, et rappelé la capacité suggestive de la musique instrumentale. Enregistrées face à la projection, les 14 pistes égrènent une narrativité en mouvement appuyée par une rythmique hypnotique propre au krautrock, qu’elle soit motorik dans « Backwell » ou psychotrope dans « Eggdog », deux des nombreux titres réarrangés parmi lesquels se glissent cinq inédits. De ces inédits, on retiendra une approche très abstraite et scénique, tantôt chuintante (« How Nice Is This »/« Remember »), tantôt drone (« Embers ») et un « Timeshare » organique très ancré dans la tradition de la kosmische Musik des années 1970. Au-delà de la BO, une agréable mini-anthologie. T. Supercar.

Huerco S.

La musique électronique française dispose elle aussi de quelques franches légendes. Laurent Prot, désormais seul à la barre du projet In Aeternam Vale, en est une. Alors la sortie de Pink Flamingos, LP en 3 vinyles chez Dement3d, est un vrai événement.

Mocke

Pink Flamingos, sorti le 06.06 chez Dement3d inaeternamvale.bandcamp.com

L’homme Huerco S. nous avait un petit peu fait fondre avec son Colonial Patterns sorti chez Software en 2013. Il récidive en version plus ambient dans son For Those of You Who Have Never (and Also Those Who Have) sur le label d’Anthony Naples, Proibito. For Those of You Who Have Never (and Also Those Who Have) sorti le 06.06 chez Proibito soundcloud.com/huerco_s

In Aeternam Vale

Roxanne Clifford, qui avec son groupe Veronica Falls nous a gratifiés de tant de tubes indie pop, se lance en solo. Le premier single « The Church », sous une synthpop implacable, est traversé de la même sensibilité mélodique. Patience, sortie le 05.06 chez Night School nightschoolrecords.com

Mocke n’a jamais confondu la classe et la coquetterie. Guitariste hors pair, membre de Holden et participant aux albums d’Arlt, Midget!, Françoiz Breut et mille autres, Mocke se débrouille aussi comme un chef lorsqu’il est seul. St Homard, brillante suite à L’Anguille, le prouve encore. St Homard, sorti chez Objet Disque, le 03.06. objetdisque.org

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Patience


Design : Yorgo&Co - Photographie : Louis David Najar


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