KIBLIND#28

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Kiblind magazine Gratuit

NumĂŠro 28 DĂŠcembre-Janvier 10

Culture Blender www.kiblind.com




Š Marie BienaimÊ / blog.mariebienaime.fr


SOMMAIRE

Édito Vu par... Antoine Lopez

7 8 Jennifer Fla

Revue de presse De la bombe

10 À dévore

Anachronique L/B

12

Dossier Mercato

14 Wante

Globe Monde dessiné

20 All over the gra

Pages Blanches Claire Healy + Sean Cordeiro Jean Spezial Lina Jebbour Cyril Le Van Dulk

23 Superscript + Pleaseletmedesi Lilywood Delphine Ba Cleon Pete 3

Maths

35

Relecture > Frédéric Gude  Directeur de la communication > Gabriel Viry Directeur commercial > Jean Tourette Agent commercial> Anthony Planche

INFOS/

Imprimerie JM. Barbou / ZAE Bondy Sud - 8 rue Marcel Dassault - 93147 Bondy Cedex / 01 48 02 14 14 / contact@imprimerie-jmbarbou.fr

KIBLIND N°28 décembre 09 - janvIER 10 Couverture / Claire Healy + Sean Cordeiro Prems s’interroge sur la notion de propriété, en représentant, avec des briques de Lego, une région « mystérieuse » de Chine, repérée, en 2006, grâce à Google Earth… www.claireandsean.com STAFF /

Directeur de la publication > Jérémie Martinez  Rédaction Kiblind > Gabriel Viry + Jean Tourette + Jérémie Martinez + Maxime Gueugneau + Matthieu Sandjivy + Guillaume Jallut + Marine Morin. Merci à Anaïs Bourgeois + Franz Bone + Raphaelle Fertier/ Librairie Expérience + Guillaume Vonthron Cahier Mode > Direction artistique : Baptiste Viry  + Photographe : Boris Ovini + Styliste : Ines Fendri + Modèle : Francoise De Stael + Coiffure&make up : Fumihiro Ban + Assistante photo : Mara Zampariolo Direction artistique> Klar (agence-klar.com). Avec la participation de : Arnaud Giroud (pitaya-design. com) + Kinga Sofalvi (kingasofalvi.com) + Simon Bournel-Bosson (simonbournel.blogspot.com) + Marie Bienaimé (blog.mariebienaime.fr)

Print BAT + Le vagabond de Tokyo + We makes magazines + Hypertexte n°2 + Anonymous Engravings on ecstasy pills+ Belles Illustrations + Flood

Le magazine Kiblind est édité à 30 000 exemplaires par Kiblind Corp. / SARL au capital de 15 000 euros / 507 472 249 RCS Lyon / 4 rue des Pierres Plantées 69001 Lyon / 04 78 27 69 82 / www.kiblind.com /

Écran Le "walk movie" + NY Minute + Moon + Espèces de psychopathe + Ensemble transitif + Bayonetta + Saw + If video games were realistic

Le magazine est diffusé à Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Nantes, Lille, Bruxelles et Genève. Ce numéro comprend un supplément spécial pour la région Rhône-Alpes.

Cahier Mode Cathy Pill Homeworks Old on

ISSN : 1628-4046 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. C'était... "sympa"; non : vraiment "sympa".

36 BAT + Le vagabond de Tokyo + We makes magazines + Hypertexte n°2 + Anonymous Engravings on ecstasy pills+ Belles Illustrations + Flood 40 Le "walk movie" + NY Minute + Moon + Espèces de psychopathe + Ensemble transitif + Bayonetta + Saw + If video games were realistic 45 Cathy Pills Homeworks Old on

Bazart

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Louche actualités

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Contact : redaction@kiblind.com

05



Édito

t/ M. sandjivy i/ s. bournel-bosson

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Cependant, le philosophe Henry disait : Rien ne sert de courir, tout vient Ă point Ă qui sait mettre la main Ă la pâte. Alors nous avons pris notre temps. Le temps de marcher, dans un film de John Hillcoat ou dans un festival de Bandes dessinĂŠes Ă San Diego. Le temps de regarder les murs qui nous entourent et les toits qui nous surplombent. Le temps de remplir les pages blanches d’un magazine‌ 2 39&0-)> 4%7 () :397  ',%9**)6 )8 &322) 0)'896) Âœ 8397 *-2 (9 + 2 6-59) () /-00 &-00 07


ANTOINE LOPEZ Vous l'ignorez peut-être mais, à Clermont-Ferrand, quand un volcan s'éteint, le Festival de Court-Métrage N°1 au monde s'éveille, chaque année, depuis trente ans. Et pas question de faire court avec Antoine LopeZ, Itw / G. Viry l'un de ses fondateurs... Kiblind / Votre association, créée en 1982, s'appelle « Sauve qui peut le court métrage ». Y avait-il danger ? Antoine Lopez / En quelque sorte, oui. Il existait une réglementation au service du court, qui n'était pas vraiment appliquée. L'autre paradoxe, c'est que la production était importante mais qu'il y avait peu d'endroits pour voir les films. En 1979, on a créé « La première semaine », qui n'était pas un festival à proprement parler mais une manifestation organisée dans un cinéclub étudiant. Ça a bien fonctionné. On a donc décidé de poursuivre l'aventure. K  / Le festival est articulé autour d'un concours international et national, renforcé depuis dix ans, par la compétition « Labo ». En quoi consiste-t-elle ? AL / Au départ, seuls les films tournés en 16 et 35 mm pouvaient participer au festival. Mais, rapidement, on a pris conscience de la montée en puissance de la production vidéo. Alors que chacun pouvait faire des images, une minorité seulement avait accès au festival. La compétition « Labo » a donc été créée pour les nouveaux supports et Clermont a été parmi les premiers à le faire, au niveau européen. Au-delà du support, l'idée était d'en profiter pour montrer des films expérimentaux, qui racontent des histoires autrement. D'ailleurs, deux ans après la création de « Labo », les autres compétitions ont été ouvertes aux supports vidéo. « Labo » reste la section « expérimentale » du festival et propose, chaque année, une cinquantaine de films du monde entier. K / Par rapport aux supports, faites-vous aussi la place, comment d'autres festivals, à de nouveaux canaux, notamment les téléphones portables ? AL / Les supports nous importent peu. Que l'auteur ait


VU PAR

utilisé du super 8 ou le portable, ce qui est important, c'est ce qu'il a fait des images. Les nouveaux outils permettent justement de faire des choses curieuses, très intéressantes. On voit, par exemple, des œuvres hybrides, qui mélangent la super 8 avec la 3D. C'est ce qui est excitant dans le court-métrage actuel : voir comment les auteurs s'approprient l'ensemble des supports pour les passer à la moulinette de leur créativité. K / En ce qui concerne le contenu des films, peut-on identifier certaines tendances ? AL / On observe surtout des gimmicks, des choses qui reviennent, par exemple, des clowns ou des personnages en train de saigner du nez... Il s'agit plus de « tics » que de tendances réelles. Dans la production française, à titre d'exemple, on observe, depuis quelques années, le retour du sexe, de la comédie musicale ou encore des zombies. Du côté de l'animation, ce qui est notable, bien avant le succès de Valse avec Bachir, c'est l'émergence du documentaire animé. K / Les festivals consacrés au court semblent se multiplier. Comment percevez-vous cette évolution ? AL / Il y a, en effet, plusieurs festivals importants, en France (Clermont, Brest, Pantin, Villeurbanne, Aix, Alès, Grenoble, etc.) et à l'étranger. Cela s'explique, à mon sens, par le partage d'une conviction : le courtmétrage doit son renouveau, depuis une trentaine d'années, à la constitution d'un véritable réseau. Il n'y a aucune raison, par exemple, de pratiquer l'exclusivité, entre les festivals, puisque les films ont besoin d'être vus. Il faut favoriser tous les moyens de diffusion, dans un contexte où l'accès aux salles est de plus en plus difficile. L'objectif, c'est de chercher de nouvelles pistes car nous sommes convaincus que le court a sa place, à la marge des circuits dominants. Tout cela concourt, à côté de la qualité des films, à la nouvelle image du court-métrage, alors qu'il n'a pas de moyens de diffusion très importants. Sa puissance réside plutôt dans le réseau, dans la multiplication des points. C'est une sorte de fourmilière. K / Et le public suit ? AL / Quand on montre des films, on essaye d'abord de montrer les meilleurs donc, en principe, le public adhère. Au-delà de ça, je pense qu'il y a vraiment des choses très différentes par rapport au long, victime d'un certain formatage. À titre d'exemple, quand on

veut sortir un long sans acteur connu, on n'a pas la queue d'un commencement de budget des télés et donc, peu de chances que le projet aboutisse. Le court n'a pas ces contraintes. Il s'en donne à cœur joie, par exemple pour faire découvrir de nouveaux comédiens. K / Internet a dû aussi changer les choses, notamment pour la diffusion des œuvres ? AL / En effet, c'est un outil formidable, qui permet d'abord de constater que la production du court métrage est très vivace. L'autre avantage, pour les programmateurs, c'est la possibilité d'y repérer des artistes, comme Blu, un « plasticien » qui dessine sur les murs et filme ses performances, image par image. On l'a pisté, sur le web, pendant plus de deux ans, en lui disant: « inscrivez-vous à Clermont ». Finalement, il a monté un film, Muto (Muet), qu'on a passé cette année et qui a obtenu le Grand Prix du public. K / Le court-métrage reste une matière idéale pour découvrir des artistes émergents. N'existe-t-il pas un paradoxe, quand leur œuvre est reconnue, à ce qu'ils abandonnent le court? AL / Oui, mais c'est normal. Aujourd'hui, on ne peut pas vivre du court. De façon assez naturelle, les talents s'orientent, pour gagner leur vie, vers le cinéma ou la télévision. On pourrait effectivement rêver que des gens qui ont été reconnus dans le court continuent à en faire. Jean-Pierre Jeunet, par exemple, a commencé par le court et a essayé d'y revenir, il y a quelques années, mais il n'a pas eu les aides. Quoi qu'il en soit, c'est quelqu'un qui continue à regarder du court et qui le soutient. Il y a aussi des producteurs qui se sont formés à l'école du court, comme Christophe Rossignon (Irréversible, L'Affaire Farewell, etc.) et qui reste très sensible à ce qui s'y passe. On l'avait d'ailleurs sollicité pour une Bourse des Festivals et il a répondu avec plaisir, au même titre que Klapisch. Ce qui compte, c'est la fidélité au court. Elle ne passe pas forcément pas la réalisation de films, mais par un soutien, quelle qu'en soit la forme. + d'infos 32e édition du Festival et 25e Marché International du CourtMétrage de Clermont : du 29 janvier au 6 février 2010. Plus de 135 000 spectateurs et près de 3 000 professionnels. Trois compétitions (internationale, nationale, Labo), rétrospectives (le Maroc, les Zombies), cartes blanches, « courts de rattrapage », etc. www.clermont-filmfest.com 09


s mptez pa o c e n t ndy. E c’est tre e… i, it ff a r on Né aris, le g ire le contrair P L’expositi 000 . à it su in l c r li 10 pub us d De Be plus de 1 la rue, le pour vo e de éjà reçu « ée » jusqu’au d d PQR a in e a so l ru e sur long Pas b dans la s vagues. s sur Jot « est pro hris

s pa rs » e ue C ti fait de compton « n’aime rendre q n der- visiteu Le graffi nvier. Ne our app ui ja p q so e e d e » d u is e g é e o o m aretrait lire V r le titr s, ie su c n a o sé ss 3 ), mais d li a n ti 7 s’ e au sette, « e Parisi idas « », d (L s Brown l’ ’A se » u le u p q e r u eauco s slam m ou » pou b ie u fi s a m lb a a a F p m r se u o ie « n ffe : r les e La V ix élèbre gra ntalon » antage su e Wasquehal, qu v avec la c t d’un combipa i. po, acen inaires d ré, en visite à l’ex e du Mid « lancem ans La Dépêch graff, ce orig é ». Et p rs d graffeu ord a re u t d s N ri e c e u n é rl d u a e st p j c’e tin as terde s de « Nice Ma ne s’est p nce, le préau mpagnée n o c io rs u c Et quand ur revenir sous x reakda s murs que l'e po urs de b permeto ais sur le r, où qui dit c m n , o n’est pas e c is n a e ru us ew-york minée pa ondation, qui no nes-sur-M r l’école n er, à Cag ns à l’art urF un peu su ffi la r o e t sc h n E a rc e v a o e m ti d e ia d it n du lycé i, i s, ss « us, exprè nise des , nous au l’on orga ie et Yves sont ven t, com- trait n ? n ro n te bain ». A Pins. Ils apprend oderne), la tê affeeurlrin est r esf (m g ra g in e l e « de Juan-l s ue an : B cteurs, q Ich bin graffitis racines d n, me les le à ouve ses r, autres faire bie tr e u ) r m m u m o e (… o P , tr c 2 u . , 4 A ts C 9 ri 1 Y té sp n N e rs e né qu’à nt s les meilleu étal » et confonde dans tou nt leurs re (A rt y so a l’art pari f et tag » ne se n x , re no au gra les journ ert Hérélier, d’An ne signatu as CSM, « b st n’est qu’u ujours p o ’e r R n to ie i t s. u n rn q in e ie o d v in e m re ss c nt e n « e d : ’e d n s n si u « pa Pré n graf est Anthony dêche), qui , avant le » n u in : t rl e n ndis qu’u une idéologie ». e B ta m à Sources , sou- d’avoir été cieuse c w ré u p re a galerie C e à ne rd « U U is a ’u , lta et g é « d n soum u 2C Cyril Serra graffiti déplace embre d faire (…). (= le jour J) ns un bocal », orn même t m au postu s, 9/9 ; i, rè to rt og t e Pr dédiée u e p Alb », Le s le , da les foules l, « Paris conqui graff, on quotidien morceau, « Dauphiné). Dans n pron, lone Le Parisie Julien So ent : « En styler. » Dans le ti e ie e c (L affitis », n tt n e a gr « U s c , » le « s r ti ad e , ri w pa zar Ja graffi le egottaz y comp is un fre , R 11/9 ; Ni su re e départ nt pour ri Je rr na c n s ur é ie n to so t u andie, nouvea rnal, P conte ssi tou ient, da u u v ra e a jo d ris Norm t e, » u e Pa , e , e u ci i » p q ir fit « I on graf n:« taallemand ’histo sbroucq, toine Ha lité », apitale mbe de fi , l’esprit de spon fesseur d c o la b 18/9 ; An e en toute léga s la te rè ti n e p rs tio a p e « Initia on tagu urs hesé v sance n, 20/9 ; la it (sa) ric ti précipit uelques jo n « morreconnais Le Parisie us les ponts de fa q e i u tt s, e e q c v so ne n is lè fit é « U é u aux graf e Matin, 21/9 ; e rébellio « le graffi avec ses fle ic a ramen rafrdik souf ville », N néité et d our Le Parisien, Rafale No », La Voix chic chute. Lui aussi résentant « un g s è tr violente le p po la : ro à is ét p P n La nis, re o . ? De , rt » sur la m  » al » a é sc c r se libert 23/9 ; Pa du ent un tempo- ceau du mu du Nord, artiste au pied our de la ore mieux actuellem ier pour l’art con un m it a l’ blique, fa pu t « Berlin : is n Ré fin enc Nouvelle e et n Cart fiti prôna mur », La « Bouse de vach », ffeurs ne blique est e-Emmanuel Fondatio musée 26/10 ; ue les gra t une Nouvelle Répu q h n p t a o n v bique au blique, e a st de v d ri te A crot miore » à Ch lle Répu rain ». La Nouve nes graffeurs ngeau « à u« j’adooo ior, une chose placée, grâce e ra eu u ir « J d » ; to s 0 r se /1 a te g 26 p is D fi t rt slameu n e a s la é se ie t ff n e e am u ri et « m n g du Nord, rbain chet, gressiv , La Voix d'un bipantalo graffiti u aine sent pro Lyon, Bou à Paris » m iz le is o d c e st e souvenir un e tr n rd v n u e ou in u A véc 28/10 ; « L é... il détient : ils chemin ionn galeries. ! », e », qui a , dans est vraie prof pass de Berlin es et les qu’All ration modern n arrivée e à du mur sé ne le u so a s m n è g s morceau né, 2/11 ; Josia i D si le . t s in n nc rè e hi rl e fit g e up af m m B ro gr fDa m P Le r du Le il co st gra nées à , « Une sta ies », La Battoue exemple, dié au po uen, d’an ées quatre-vingt, de la é r s a des hobb 6/11 ; d e p « ire tu Fo u a e la i, st li à e du Mid s ann t à Ro « des uveau E le : o . r n » Dépêch au du mur de u r, s e rsonM le v e u p le O ce ent sur les fo ule de « Un mor enir », Le ur se souv is Brown te carrém - peindre « déplace et une fo rê , e p omè » în il Berlin po ti i hr a k fi h lu « C c q ; , 9/11 che l’exem andie rté à la s de cin c e e rm b lu v Dauphiné rtie », La Dépê o li p a r N , » s su s , pa t dida Pari pris à me partie rnan le cés » 13/11 ; « A e Fafi du Midi, veau tou du graffiti vanda ages enla t 1989, il fait mê u n o n graffeus la « à , n ie " » u « ille s'assoc i le pantalon i/ z, passé id e "combi lerie ». S tres. En ju pour un Dépêche du M ple d’Éclo e atelier ga La rs o n h ’u e ; « Poutin d d 1 /1 n n 13 e s, tio vie, Relaxnew eakdance, "une à la créa br t-être sa veur d'un prône le sque peu de en fa ri Le ti ffi ra propagan de vie sain" », g mode 14/11. Courrier

FP,

Picard/A


REVUE DE PRESSE

, mimédiévale ». e m ri sc e (…) utien iniatures ue lillip q m ir s, c la à s, s Hobbie lfière béton nimongo ffeur, la Foire de ù aquer le o tt e c , a n » à e e sc « u e iers artistiq r le gra l’efferv u e it o tr P è ta u n des prem m d o se ta therm rature » : « on in (« ses c’est un la tempé couvre « t meuleuse econnu outre Rh u s o n a rt d sés n dé nd su .R ent expo l’on pre quand o monter » ergulièrem ultures, es dans ré c é t ment : B s tr e n e n n d e so é v s c x é o se l’ h e c a d bleau il t d » t n vie ciel es dette es (…) e »), il re en l’ « autre ve nier, « peintre offi Heuls e tu des galeri c e ll , n é camp. damn harbo ux inte les milie , en 1997, « con e désor- nard C ce ». Tout fout le raffiti n’a g n ine cup Miss Fra chez certains, le en Toura nonymat ». Il oc n. t, ec « une ntestatio v n o l’a e a c à , m , la » e se c e u re n d a re g , p Fra e ik m tn a rd n re h o ie g c le le N ne re « anc pas quitté du groupe Rafa t semble e smais une , e e » d p u ts la a so h e s qu ca de c de la C’est le ussi peur n vingtaine hose : « le goût om fait a c ord, de so n e N n le u ’u t d u n q o ix d o u ter V a e a n L m u . st-il dans 1,85 ande » graffiti e cription, un bon . « le est-allem » r : e r, u d u y o n P k a M c b ? e du berté t de la er, Fran li ti d e a p la le s e e À l’imag lu d d r p e le rd moderne w, ce trio t… mais ore rega allégorie vaut enc quand Le garro collectif P2C Cre ns le graffiti x u ie m r, , u es da scou su d l’affirme qu’à Mo n dé- Is eurs a fait ses arm nt ») et sort un e e , n d g n iè p re p rapp ireme s ap à Com ard nou ue Vlaris judicia ip Nord. « La vie ic q p P , m P r o F c ie A rr y Cou », pêche Egotr es (« tre délire album : u MC d t une dé u tout no roupe se d congelan ne est le nouvea kdance, nouvel s a p st r, c’e rea uti , le g (graff, b n show c’est du tre ami. Du coup dimir Po déu rbaines o u n à re » qui « s o re s it n a la re c so u ip é d ic te ê rt cult u p r a p ie m n l pour o une te rs qu’i , le prem venge : « s tympans » et, rap). Alo sacré au hip hop n: e c ré s la te on t déc ière le des tex ss « u o s, p lu télévisé c sse a notammen p . g visa es ble » n peu ru ant leurs art vérita Ce angoisser u v e n u D ministre . t n » ie sques de le Nord uta : « ffiti dev s des ma re Jigan ajo son en- trés sur « Le gra iè a urs rr e m d o R de conco han peur ulés « flingues Et le rap trer une c gende, il dissim « ge : is o g rs rr re u n te le ’e in u ld -lé rt » o liste s’ a o m rn u serait coo C’est un homme gex jo n u ). le ? Mie ings », le , à Los A semble (… le ». Quelle mora traîner, aux po « gang du Barrio aR e d age ue ido est-on au ais, à l’im en perdu la rue q est notre M s . n n a o d n é , ri é n les » ? H , le graff n’aurait , vaut être ssie. se vérifie ik ui, en Ru rd o ’h N rd u le jo lle. Cela fa e e e b au s ll e re a v , l u e o b n perb a N ’écriss tvaogues, le graf- de saBerlsuin à Bourges, ,oàù l’Lentrée d’une j , é t r e ib L de n de s iché de faire terrain. O ue a dén éjections animale À force r Républiq loin, son d i ie e u s d m q , le , e re r » p rm o itard tion su es, au « fiti transf ixante-hu libertaire les musé çu et financé exposi so s ti n a ffi d ra it l’aperço r (!), un « g « Le pet est le cri nce, con » de Fra mbre, pa g : graff park ros), depuis septe tion de en dit lon . u ra e é pprimé » 0 m o 0 a lo  0 c g 0 (23 ais du ca té d’Ag M u a ). n n u e m si la Com (Le Pari aises, es, La Ville s, à Tarb sur des cim vés, ie e b n b ô o tr Mantes l H a ’i a Fête des sion : qu ffiti » (L ore des p aussi à la ne « star du gra étérocli- Conclu es de bars ou enc se libérer... u tt e h e , d il e e d es to jours où Snak « le mon iens, d rmet tou ), côtoie bjets anc raffiti pe o g le « : Dépêche s s é train passionn oratives, te » des ques déc ri b , s in clubs can

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e b m o b a l e . Vir y

Texte: G

11


L/B Discours sur l’utilisation de l’architecture et du design dans l’œuvre interactive de Sabina Lang et Daniel Baumann Texte / J. Tourette Visuel / Beautiful Steps #4, Lang/Baumann (2009) exposition Le Bel Accident au Confort Moderne (Poitiers) Crédit : Lang/Baumann

Ça a pris place sur le Palais de Tokyo. Une capsule verte et blanche, aux lignes empreintes d’une vision futuriste des 60’s, comme une navette qui aurait atterri pour une pause dans son travelling. Discret par son volume, mais suffisamment dissonant avec les traits anguleux du bâtiment pour être ostensible, ce véhicule immobile, inaccessible mais visible, commençait à faire parler de lui. C’était un hôtel. Ou plutôt une simple chambre, format 4 étoiles. À l’intérieur, rien de contradictoire avec l’esthétique du dehors, rétro et design arrondi, marqué par une large baie offrant la Tour Eiffel pour vis-à-vis et une vue exceptionnelle de Paris. Un minibar garni, une platine avec une collection de vinyles de choix, tout le confort moderne pour une durée limitée : une seule nuit. Installation éphémère, le mirage disparaîtrait 557 jours plus tard. Suffisamment d’arguments pour rendre l’objet appétant, et sans grande publicité afficher chaque nuit « sold out »,

même si le prix moyen était de 400 euros. La signature : L/B, initiales de Lang et Baumann. Le projet artistique Hôtel Everland a permis à Sabina Lang et Daniel Baumann de se faire plus largement remarquer. Créé pour l'exposition Everland, organisée par Gianni Jetzer dans le cadre de l'Exposition nationale Suisse en 2002, il fut ensuite transporté face au lac de Neuchâtel à Yverdon, puis sur le toit de la Galerie für Zeitgenössische Kunst de Leipzig en 2006. À Paris, le Palais de Tokyo accueillit l’œuvre sur ses murs, d’octobre 2007 à mai 2009, pour une dernière tournée. Le principe de l’installation était de placer le visiteur dans la situation réelle d’utilisation d’une chambre d’hôtel. Chaque élément était vraisemblable, tout en ménageant l’ambiguïté de passer une nuit dans une œuvre, sur un musée. Sabina Lang et Daniel Baumann ont commencé leur travail commun en 1990. Sans avoir étudié les techniques au sein d’une grande


ANACHRONIQUE

école, ils ont d’abord expérimenté différents supports avant de trouver leur véritable langage artistique, vers 1995-1997, qui conduisait à la signature abrégée de leur collaboration : L/B. Les œuvres se caractérisent par une prise de possession de l’espace d’exposition et du visiteur qui y évolue. Au croisement de l’architecture et du design, l’art qu’ils déploient utilise ces deux disciplines pour favoriser l’interaction, le contact, et dépasser la ligne imaginaire qui sépare l’œil

quelle a pris place Hôtel Everland, propose des constructions destinées à être déplacées ou mises en mouvement. Avec COMFORT, les artistes ont produit des structures gonflables : une succession volumineuse de tubes d’air en feuilles de PVC qui dégoulinent de la façade de l’Edifico Telefonica de Madrid ; les fenêtres trouées de la Villa du Parc à Annemasse, reliées par une sorte de conduit d’aération qui se déploie à l’extérieur ; ou une écriture dodue figurant le mot « sport »

L/B prennent possession de l’espace d’exposition et du visiteur qui y évolue. Entre architecture et design, leurs créations exploitent ces deux disciplines pour favoriser l’interaction, le contact, et dépasser la ligne imaginaire qui sépare l’œil du tableau. du tableau. « Nous pensons que nous pouvons atteindre le spectateur différemment, en lui offrant la possibilité d’utiliser nos œuvres. » Variant sur l’aspect utilitaire du design, l’invitation implique plus immédiatement, place l’amateur au centre de la toile, avec la mention figurative « please touch » sur les bords du cadre. « En créant des œuvres dont puissent jouir ceux qui les voient, en permettant des expériences individuelles, et par la discussion avec le public, nous apprenons nous-mêmes des choses inédites sur nos créations, qui nous stimulent dans la poursuite de nos recherches artistiques. » Pas de manifeste ni de dogmes précis, mais une réflexion permanente sur les moyens d’accéder aux œuvres. Le projet de L/B se décline dans 7 champs d’expérimentation sensible. La série MOBILE, dans la-

en forme de gros coussins ventilés. FLAT figure tous leurs travaux de wall-painting. Plusieurs œuvres baptisées Beautiful Walls rompent la linéarité d’une perspective donnée et jouent avec la profondeur de champ, débordant même parfois sur les sols et plafonds pour envelopper toute la pièce, toujours avec des couleurs importées des années vintage. Leurs travaux à base modulaire sont rassemblés en PERFECT : bulbes électriques ou modules agencés selon des techniques mixtes, comme au Spiral Art Center de Tokyo avec l’installation Perfect#4. Dans un autre genre, ils peuvent transfigurer intégralement un espace, avec une œuvre globale ou une mise en scène décorative, SPACE, pour modifier la teneur générale d’un lieu ou recréer une ambiance particulière (Beautiful Lounge et Beautiful Entrance), ou altérer la SURFACE d’une route

de campagne avec des bandes colorées (Street Painting#1). Enfin, pour tous les amoureux du sport, FIELD propose une gamme sympathique de matériel d’exercice : un plongeoir olympique en plein pré (Diving Platform) ; un petit terrain de foot reliant deux cages dressées sur un ponton, arrimé sur l’Elbe à Hambourg (Spielfeld#2) ; les lignes de jeu du stade Dynamo de Kiev retouchées dans une mode plus arrondie (Dynamo Kyiv) ; ou un baby-foot au profil nettement plus aérien que ceux des bistrots (Kicker). Ces sept mots en majuscules définissent la progression artistique de L/B. Des œuvres sans aspérités, douces, lisses, arrondies, aux matériaux soigneusement choisis pour leur douceur plastique, qui restent très impactantes par leur volume et la palette graphique qui les compose. Actuellement au Confort Moderne de Poitiers, ils présentent Beautiful Step#4 : un gigantesque escalier tournant, blanc, suspendu dans le vide sans que la première marche soit accessible. Une nouvelle manifestation de leur idée originelle : utiliser le design et l’architecture, pour modifier la perception artistique de l’ensemble.

+ d'Infos : Exposition collective Le Bel accident, au Confort moderne, Poitiers, jusqu’au 20/12. Au Magasin - CNAC de Grenoble, dans Portrait de l’artiste en motocycliste, jusqu’au 3 janvier. Monographie : Beautiful Book, Kanton Bern & Éditions Loevenbruck www.langbaumann.com 13


MERCATO « Domenech à la tête de la Comédie Française… » Et pourquoi pas ? Car dans le spectacle vivant, comme au football, les têtes prennent l’habitude de bouger aussi vite qu’elles marquent. Explications, dans la langue de Raymond…


DOSSIER / MERCATO

Texte / G. Viry Illustration / K. Sofalvi

Et si Didier Deschamps, le vrai, quittait le Ballet de Nancy Lorraine pour une autre équipe de danseuses ? Au-delà des murmures, dans les vestiaires du spectacle vivant, la question mérite d’être posée, tant les « transferts », depuis deux ans, se sont multipliés. Suivez (bien) la balle, dès la fin de saison 2008 : Julie Brochen quitte la direction du Théâtre de l’Aquarium, à la Cartoucherie de Vincennes, pour le Théâtre national de Strasbourg, dont le directeur, Stéphane Braunschweig rejoint une autre équipe parisienne : le Théâtre de la Colline. L’Aquarium cherche alors un nouveau poisson : en mars 2009, il signe François Rancillac, issu de la Comédie de Saint-Étienne, qui partageait le poste avec Jean-Claude Berutti, dont le nom n’est pas sans rappeler, en surface, la comédie italienne. Et ce n’est pas fini… Didier ? En foot, on utilise suffisamment la main pour se dire que le monde fonctionne, parfois, à l’envers. Notre postulat : le spectacle vivant (théâtre, danse, cirque, etc.) et le football partageraient bien des choses… Des pointes et des pointus. Du spectacle. Des « artistes ». Des stars : Philippe Découfflé qui la joue comme Beckham, à L.A., pour une virée canadienne, au Cirque du Soleil ; Jean-Michel Ribes, dont le Théâtre du Rond-Point, à Paris, surexploite l’image, depuis 2001 ; Pierre Lescure, à la tête du Marigny (2008), qui nous prouve que les anciens journalistes ont, au moins, deux portes de sortie : les grands clubs de ligue 1 et les théâtres privés parisiens ; Pietragalla, qui danse aussi avec les parfums, l’eau minérale Taillefine ou les sacs à mains… La chorégraphe est peut-être la caricature du star system, dans le milieu du spectacle, mais n’oublions pas qu’elle a dirigé, entre 1998 et 2004, un grand Ballet national, près de l’Olympique de Marseille. C’est suffisamment rare pour que l’on s’en souvienne. Car, autre parallèle entre le spectacle et le

foot, l’odeur du mâle fait toujours figure de sport national : plus de 90 % des directeurs de théâtre sont des hommes. Enfin, certains artistes nous poussent, eux-mêmes, au mélange des genres. Ancien athlète de 400 mètres et grand espoir de la danse française, Pierre Rigal a créé Arrêts de Jeux, en 2007, pour mettre en scène un souvenir d’enfance : la demifinale de la Coupe du Monde de 1982, France-RFA. En 1998, Ahmed Kalouaz, auteur de théâtre, écrit une pièce au nom évocateur, On devrait tuer les vieux footballeurs. Si l’enjeu, aujourd’hui, c’est aussi de tuer les vieux théâtreux, le petit monde du spectacle n’a rien à envier au football, avec son lot de transferts, de départs, de jeunes espoirs, de rebondissements. Précision : si vous ne faites pas partie des 11 millions de français qui fréquentent, chaque saison, les stades de football, vous relevez, peut être : des 16 % des français qui vont au théâtre (au moins) une fois dans l’année ; 12 %, à un spectacle de danse ; 4 %, à l’opéra, etc. Et puisque L’Équipe n’en parle pas, on pense à ceux-là. En plus, il y a enfin du gros, sur les derniers mercatos…

Jubilés

Le spectacle vivant, c’est un peu comme le Milan AC : un jour, il faut rajeunir. En France, sa structuration repose sur une véritable « exception culturelle » (voir encadré), dont la mise en œuvre s’est accélérée, notamment pour la danse, à l’époque du Matra Racing et de Michel Hidalgo. Dans les années quatre-vingt, en effet, de nombreux artistes ont pris la tête de structures nouvelles (centres chorégraphiques, scènes conventionnées, etc.) et passent, aujourd’hui, le témoin. C’est simple. Mais quand les footballeurs se retirent, la trentaine bien tassée, pour devenir entraîneur, commentateur à figures de style ou vendeur de piscines (Sté15


phane Guivar’ch), les hommes de spectacle ont au moins le double. Résultat : un « jeune » joueur, dans le spectacle, c’est quelqu’un qui n’a déjà plus l’âge d’hésiter avec une carrière d’ailier. Ainsi, Georges Lavaudant avait 61 ans quand il laisse la direction du théâtre de l’Odéon, à Paris, à Olivier Py, minime de 43 ans. Et Gérard Violette a 71 ballets lorsqu’il confie les clés du Théâtre de la Ville à un minot : Emmanuel Demarcy-Mota, 38 ans. Les exemples se multiplient. Au Ministère de la Culture, on estime qu’il faudra renouveler, dans les quinze à vingt ans, les deux tiers des « cadres » issus des scènes nationales. Et dans quinze ou vingt ans, l’âge de Py ne sera déjà plus un nombre valide… Aussi, pour gagner du temps, on suit parfois les « petits », le samedi aprèsmidi. A la Maison de la Danse de Lyon, par exemple, Guy Darmet, 62 ans, aurait bien vu son « dauphin » artistique, Benja-

Équipes de France En France, l’organisation du spectacle vivant forme une véritable nébuleuse, largement liée au financement public, qui ferait passer le championnat de foot français, et ses différentes divisions, pour une boîte de Duplo. S’il y avait une ligue 1, elle serait composée de la Comédie Française, des 13 opéras et des cinq théâtres nationaux : un à Stasbourg, quatre à Paris (Odéon, Colline, Chaillot, Opéra Comique). Les 33 centres nationaux dramatiques et les 19 centres chorégraphiques ont été créés, depuis les années soixante-dix, dans le cadre de la « décentralisation culturelle ». Il s’agit de plateformes de création et de diffusion, réparties sur l’ensemble du territoire, de Rillieux-LaPape (Maguy Marin) à Montluçon et généralement associées à une compagnie. Les « scènes nationales » ou conventionnées, ainsi que les théâtres municipaux, sont d’autres structures de diffusion, avec différents niveaux de tutelle (municipale, régionale, etc.) et de financements. Enfin, les théâtres « privés » forment une exception globalement « parisienne » et peuvent ainsi passer entre les mains de Michel Sardou, Robert Hossein ou encore Pierre Cardin. Par ailleurs, certaines compagnies de théâtre ou de danse sont directement « conventionnées », sans être associées à un lieu. Vous n’avez rien compris ? Demandez à Canto de vous faire un dessin…

min Perchet (34 ans), lui succéder, à la fin de l’année. Il défendait son choix, il y a quelques mois, dans un magazine local : « j'avais le même âge que lui quand j'ai pris la direction de la Maison et franchement, cela m'ennuierait que le nouveau directeur ait 60 ans » (Lyon Capitale, mai 2009). Mais, à l’approche du plus gros transfert de l’année, d’autres noms circulent, puisque l’enjeu est de taille : remplacer le meneur incontournable de la danse, à Lyon, éternel créatif, fondateur de la Maison, première structure française entièrement consacrée à la danse, puis, en 1984, de la Biennale, l’un des principaux événements chorégraphiques mondiaux. Dans ce contexte, face à la tentation Perchet, il n’est pas exclu que Jean-Michel Aulas mette, lui aussi, son grain de sel (= la merde) et que la Maison de la Danse recrute, dans une hypothèse plus solide, un candidat « renommé ». Précisons : dans le spectacle vivant, solliciter un poste extérieur ne signifie pas, contrairement au football, que le club anglais de Portsmouth vous a déjà ri au nez. Autrement dit : la règle n’est pas d’attendre, en principe, qu’un manager sportif vous tombe dessus, mais de se porter candidat, avec un projet, pour une structure déterminée. Par conséquent, il y a une certaine logique à « monter » progressivement et peu de chances qu’un théâtre surenchérisse, à coups de millions, pour recruter un inconnu de 15 ans, sorti d’une favela de Rio. Le metteur en scène Stéphane Braunschweig est un exemple de cette « ascension » artistique, dont la précocité s’est pourtant faite à la régulière : directeur du centre dramatique d’Orléans à l’âge de 29 ans, il arrive, en 2000, à la tête du Théâtre national de Strasbourg. En 2009, il est nommé à la Colline, pas moins « national » que l’établissement alsacien, mais à un détail près : Paris, capitale. Le nouveau directeur, qui prend ses fonctions, officiellement, en janvier,


DOSSIER / MERCATO

n’a que 45 ans, 32 pièces à son actif et 17 opéras. Ça sent les Galactiques, dans quelques années, alors qu’Alain Francon, son prédécesseur, sera peut-être déjà parti au Qatar. Fin de carrière…

Changement de décor

L’âge et les plans de carrière sont-ils les seuls objets qui font qu’un mercato soit spectaculaire ? Pas seulement. Car, s’ils s’articulent aux profils des joueurs, le turnover a, bien entendu, un dénominateur artistique. Tout dépend, en réalité, de ce que les structures recherchent : un stoppeur, face à la danse « classique » ? Une « vedette » du hip hop, capable de changer l’image des joueurs qui descendent du bus (enlevez vos casques !) ? Ou un joueur de milieu, qui nous rappelle que la scène a besoin, entre ses différentes disciplines, d’un bon terrain synthétique ? Dans le spectacle vivant, notamment dans la danse, les transferts actuels s’inscrivent ainsi dans la stratégie des « sponsors » (publics). Quand José Montalvo et Dominique Hervieu quittent le

un but ? Au moins : une lucarne… À la Rochelle et à Créteil, le retourné est carrément acrobatique : deux chorégraphes hip hop, dont les compagnies sont reconnues à l’échelle internationale, prennent la tête de centres nationaux ! Kader Attou et Accrorap, en Charente-Maritime. Puis, Mourad Merzouki, en juin 2009, dans le Val-de-Marne. Une petite révolution, comme si Guy Roux payait de sa personne pour imposer l’arbitrage vi-

A la Rochelle et à Créteil, le retourné est carrément acrobatique : deux chorégraphes hip hop, dont les compagnies sont reconnues à l’échelle internationale, prennent la tête de centres nationaux. Centre Chorégraphique de Créteil pour le Théâtre national de Chaillot, c’est pour accompagner l’établissement dans sa nouvelle priorité : danser. De même, au Centre Chorégraphique de Rennes, Boris Charmatz, 36 ans, considéré, avec la « non-danse », comme l’un des chefs de file de la nouvelle vague française, remplace Catherine Diverrès en 2008, formée à l’école de Béjart. Faut-il y voir

Après trente ans de services à la tête des Bouffes du Nord, à Paris, Peter Brook, metteur en scène et réalisateur d’origine britannique (Sa Majesté des mouches, Le Roi Lear, etc.) quitte le théâtre, en janvier. Il est remplacé par Oliver Mantéi, directeur adjoint de l’Opéra Comique et Olivier Poubelle, gérant de salles de spectacles (La Maroquinerie, Le Bataclan, etc.). L’administratrice actuelle nous le promet : « c’est un changement, dans la continuité ».

déo. Avec sa compagnie Käfig, Merzouki connaît un succès international (bien mérité), comme le prouvent ses stats : 11 créations en 13 ans, plus de 1 500 représentations, dans 40 pays, 800 000 spectateurs, etc. Originaire de l’Est lyonnais, le succès de la compagnie a largement contribué à la décision de la ville de Bron de lui créer un centre chorégraphique sur mesure, dédié à la danse hip hop. Après 17


DOSSIER / MERCATO

Depuis janvier 2009, le Préau, centre dramatique national, installé à Vire (Calvados), est dirigé par un duo d’un nouveau genre : un auteur, Pauline Sales et un comédien metteur en scène, Vincent Garanger. Et ça promet…

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deux ans de travaux et pas mal d’arrêts la décision, qui ont agité les vestiaires, de jeux, Pôle Pik a ouvert, officiellement, pendant plusieurs semaines, mais une cet automne. Mais les grandes pompes chose est certaine : c’est une petite révoressemblent surtout à des chaussures lution, au coeur du 15e. Des artistes de sans crampons. En juin dernier, en effet, cirque prennent la direction d’un théâMourad Merzouki, manifestement déçu tre réputé bien « classique ». « C’est un par le manque de moyens, prend la direc- sacré coup de neuf. La programmation, tion du CCN de Créteil. Au téléphone, toujours pluridisciplinaire, est beaucoup une employée de la compagnie Paris match tente de nous expliquer la siLeurs noms ne vous disent peut-être rien, mais ils ont un point commun : croire que le Sud de la France, c’est un peu Chelsea tuation actuelle, et Madrid réunies. Ainsi, Frédéric Flamand, directeur du Ballet après nous avoir national de Marseille, crée des chorégraphies avec des gentiment rassuarchitectes mondialement connus : Jean Nouvel, Zaha Hadid, rés sur nos capaDominique Perrault, etc. Directrice du Centre Chorégraphique de cités de la tête : Montpellier, Mathilde Monnier collabore avec Philippe Katherine « Nous aussi, on ou Christine Angot, dont la lecture est sûrement plus néfaste que a du mal à comla vision d’un Grenoble-Le Mans. Angelin Preljocaj, à Aix-enprendre ». Créteil Povence, s’entoure de Jean-Paul Gauthier ou de Air. À Grenoble, enfin, Jean-Claude Gallotta, crée, cette année, L’Homme à la tête et Bron partade chou, sur une interprétation du regretté Baschung, enregistrée gent, en fait, une juste avant qu’il n’ait quitté le terrain… même équipe, Käfig, dans ce qui ressemble à un double centre d’en- plus contemporaine et s’ouvre à des artistraînement. « Pour le reste, on reste une tes internationaux », comme les anglais compagnie, donc on est très souvent en du Slava’s snowshow. De même, le théâtournée… ». Tout serait donc si simple ; tre travaille en partenariat avec d’autres même un renard aurait compris, en surfa- structures, comme le Théâtre de la Ville ce. On peut donc compliquer l’exercice, à ou la Ferme du Buisson, à Marne-LaParis, à quelques encablures du Parc des Vallée. « On a assez peu de recul, mais Princes. Sylvia Montfort est la troisième il est évident que le public est amené à jauge municipale de la capitale, après la se rajeunir… » Ahmed Kalouaz ne nous Ville et le Châtelet. Début 2009, une pe- aurait donc pas menti : il faut tuer les tite révolution s’y prépare. Et si Georges vieux footballeurs ! Brassens ne portait pas le nom du parc qui le surplombe, il serait sûrement mort Ainsi, au-delà des individualités et des de rire… Les faits : Laurence de Magal- enjeux politiques, très présents dans un haes et Stéphane Ricordel, fondateurs champ culturel où les millions ne viennent de la compagnie Les Arts Sauts rangent pas des Russes mais des pouvoirs publics leurs trapèzes et se portent candidats à (nuance ?), les transferts sont autant de la tête du théâtre. Très bonne idée : l’ac- gestes technico-artistiques, avec une votuel directeur, Régis Santon, est là depuis lonté apparente : faire bouger les lignes 18 ans, manifestement plus enclin à pa- et la défense. Et si Thierry Henry profite rier sur le retour de Juste Fontaine que du prochain mercato pour fréquenter les sur Atem Ben Arfa. Aurélie Morrisson, théâtres, on saura enfin quoi faire de nos chargée des relations publiques, nous mains : applaudir… prévient : « On ne va pas revenir sur les enjeux politiques », très prégnants dans



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T U I I O S )U XTGZOUT(G0 R64" 4"/ %*& /TZK Evénement mondial incontournable / Eisner Awards / Bienvenue dans le monde des geeks / Les nouveautés sur les comics, films et séries TV basés sur les super-héros / Les grands studios dévoilent leurs dernières bande-annonces / Marvel et DC Comics / Plusieurs milliers de profession nels du secteur et plus de 120 000 spectateurs 41e édition : du 22 au 25 juillet 2010 www.comic-con.org/cci/

,/(*'

!MADORA 0ORTUGAL Festival Internacional de Banda Desenhada da Amadora / Tout près de Lisbonne / Expositions, présence des auteurs, bd portuguaise et étrangère, cinema, cosplay, zone commerciale, espace pour les enfants, activités de divertissement variées / Édition 2009: expo pour les 50 ans d’Astérix 21e édition : fin octobre / début novembre 2010 www.amadorabd.com

<O{KZGY Y[KRZGY BUENOS AIRES ! ARGENTINE

Festival Internacional de Historietas en Buenos Aires / Au Centro Cultural Recoleta / Les meilleurs artistes latino-américains / Rencontre annuelle entre le monde de la bande dessinée latino-américaine et internationale / Objectif : promouvoir la bande dessinée latino-américaine / Offrir un panorama différent et une autre idée de la bande dessinée / Mafalda 3e édition : fin mai 2010 www.vinetas-sueltas.com.ar


GLOBE

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Angoulem

/4:+84':/54'2+8 )53/) 9'254 ERLANGEN ! ALLEMAGNE

Expositions :Blutch, David Neaud, les Tuniques Bleues, Léonard, Dessinateurs d’humour, Fabio Viscogliosi, One Piece, Bande dessinée Russe / Les rencontres internationales / Musée de la bande dessinée / Projections & écrans / Spectacle : Bilal et son cinémonstre / Les 24h de la bande dessinée : marathon graphique, réaliser en 24 heures une bande dessinée complète de 24 pages / Le Grand Prix de la Ville d’Angoulême récompense un auteur pour l’ensemble de son œuvre / Fauve d’Or : Prix du meilleur album

Biennale / 150 exposants allemands et internationaux / Expositions thématiques dans toute la ville / Bandes dessinées, animation et cinéma / Le plus grand festival du “neuvième art“ dans l’espace germanophone / conférences, concours de dessin, ateliers, cosplays, die Börse (antiquaires, raretés) / Le prix Max et Moritz 14e édition: du 3 mai au 6 juin 2010 www.comic-salon.de

37e édition : du 28 au 31 janvier 2010 www.bdangoulème.com

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Suisse ! Lucerne

18 expositions principales / Actualité récente de la BD / les tendances pour l’avenir / Approche avant-gardiste / Artistes influents et innovants des dernières années / Bande dessinée, arts plastiques, peinture, performances, illustration, graphisme,animation, art urbain / 55 000 visiteurs / «explorer les limites entre l’art graphique et la BD» / Fumetto est le nom italien pour Bande dessinée 19e édition : du 1 au 9 mai 2010 www.fumetto.ch

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Barcelone ! Espagne

28e salón internacional del cómic de barcelona / 17.000 mètres carrés / Un des plus grands salons de BD en Europe / La comicteca / Ateliers de bande dessinée, cours magistraux / Tables rondes et conférences / Un espace réservé aux enfants Prochaine édition : du 6 au 9 mai 2010 www.ficomic.com

/4:+84':/54'2 ,+9:/<'2 UL IUSOIY Lodz ! Pologne

Plus grande manifestation de ce genre en Europe Centrale et Orientale / Dessinateurs, scénaristes et éditeurs du monde entier / Professionnels et débutants concourent aux « komiks sessions » (où les auteurs dessinent en direct) / Expositions : oeuvres des candidats et bandes dessinées étrangéres et polonaises / Parmi nos hotes il y avait Grzegorz Rosinski, Dany, Yves Sente, Jean-Louis Mourier, Zbigniew Kas Kasprzak, Pat Mills, Clint Langley, Max Andersson, Giuseppe Barbati, Marco Soldi, Maurizio di Vincenzo, Gianluca Panniello. 21e édition : octobre 2010 www.komiksfestiwal.com

2[IIG )USOIY GTJ -GSKY Lucques ! Italie

Dirigé par Renato Genovese / Le plus grand rassemblement d’Italie dédié à la bande dessinée / musée de la BD de Lucques / Concilier la BD et les nouveaux médias / Bande dessinée, animation, jeu et univers imaginaires / Environ 50 000 visiteurs > 44e édition : fin octobre ou début novembre 2010 www.luccacomicsandgames.com 21


(553,+9: St-Petersbourg ! Russie

GLOBE

Animé par Dmitry Iakovlev, directeur du festival / Rencontres, master classes, conférences et concerts / Participation d’artistes russes et étrangers / comics foire / Expos (tout septembre) dans plusieurs lieux publics du centre historique de la ville / Thème principal de l’édition 2009 : «L’histoire et l’autobiographie en bande dessinée» / Quelques artistes invités : David B. (France), Gary Baseman (USA), Mawil (Allemagne), Oleg Tischenkov (Russie), Lena Uzhinova (Russie). 4e édition : septembre 2010 www.boomfest.ru

)NOTG /TZKXTGZOUTGR 'TOSGZOUT )GXZUUT GTJ -GSK ,GOX Shangai ! Chine

Festival de BD de Shanghai au Shanghai Exhibition Center / Des représentants mondiaux de la BD / Collaboration récente entre la france et la chine / "Bande dessinée" : en japonais "manga", en chinois "manhua", qui signifie "images enchaînées" / Les manhuas ne se lisent pas "à l'envers" comme les mangas japonais / Maison d'édition Xiao Pan : "le spécialiste de la BD chinoise" en France 5e édition : été 2010

: + 1 / 3 5 )

TSR

8SO]S .E

Comic Market, Comiket ou Comicket / La plus grande convention du manga et de l’anime au monde / Au Tokyo Big Sight de Tokyo / Du cosplay, des cosplayers / Des studios d’animes et des éditeurs de jeux vidéo / Mais surtout et avant tout du dôjinshi (productions amateurs) par cartons entiers / Gigantesque instantané délirant de la culture otaku / Plus de 500 000 personnes durant trois jours / Semestriel : Comiket d’été, à la mi-août et Comiket d’hiver, fin décembre Comiket 77 : du 29 au 31 décembre 2009 www.comiket.co.jp

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paGes blanches

Ouverture /... 23



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Claire Healy et Sean Cordeiro

D’origine australienne, ces deux artistes sont installés à Berlin et conçoivent des œuvres sculpturales, utilisent des matériaux originaux, comme des Lego, pour exprimer leurs réflexions sur le monde contemporain (mondialisation, société médiatique, consommation, etc). En couverture : Prems s’interroge sur la notion de propriété, en représentant, avec des briques de Lego, une région « mystérieuse » de Chine, repérée, en 2006, grâce à Google Earth… www.claireandsean.com Expo : la BF15, à Lyon, jusqu’au 30 janvier www.labf15.org

Jean Spezial

Ce collectif artistique parisien s’est formé autour d’une ambition commune : intervenir, à plusieurs, sur des supports aussi variés que la toile, les murs ou les supports imprimés. Jean Spezial réunit, aujourd’hui, neuf créas, touche-à-tout : graphisme, illustration, street art, peinture, typographie, arts plastiques, etc. Leurs identités respectives se mélangent, très volontairement, pour créer « un véritable concentré d’énergie visuelle ». La preuve, dès le mois de mars, à la Galerie Issue, à Paris. www.jeanspezial.com www.flickr.com/photos/jeanspezial

Lina Jebbour

D’origine libanaise, cette artiste vit et travaille à Marseille, où elle décline le dessin sur de multiples supports (imprimés, encadrés, animés) et l’articule à d’autres expériences créatives, comme la sculpture. Dans son monde, imaginaire, se mêlent librement l’architecture, le végétal ou l’animal, en partant de la réalité pour créer de nouveaux paysages… Actuellement exposée à Rennes, Lina Jabbour présente L’Enclos : un nouvel environnement, peuplé de zèbres… http://lina.jabbour.free.fr Expo : 40mcube, à Rennes, jusqu’au 19 décembre www.40mcube.org

Cyril LE VAN

À Toulouse, ce plasticien travaille sur les notions d’usage et de volume, en reconstituant des objets du quotidien, à partir de matériaux (très) sommaires : photos, papier, agraffes, etc. Résultat : des sculptures surprenantes en papier (voitures, vêtements, appareils électro-ménagers, etc .), dont la dimension éphémère et déstructurée semble inversement proportionnelle, à la force, habituellement, prêtée aux objets. En mars, Cyril Le Van sera exposé à Paris (Galerie Lacen), puis à Barcelone (Ego Gallery). rougejaune@wanadoo.fr 06 71 46 58 84

Dulk

Pages Blanches n°28 Crédits 34

Ce graffeur espagnol incarne les « racines » du street art, dans un contexte où le graffiti investit, à travers les galeries et même les musées, l’art contemporain. Qu’en pense la nouvelle génération ? Quelle influence ont laissé les « anciens » ? Ce sont les questions auxquelles la galerie GHP, à Toulouse, va tenter de répondre, avec sa nouvelle expo, Roots’ n’ buds. Elle réunit six graffeurs : trois « racines », dont Dulk, et trois « bourgeons » : Tilt, Mist, Der… Expo : la GHP, à Toulouse, du 12 décembre au 30 janvier www.espaceghp.com


maths

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bat Éditions

charles MazÉ et coline sunier, tout jeune binÔMe Graphique qui a rÉceMMent posÉ ses Valises à bruxelles, ont concoctÉ une structure d'Édition indÉpendante cousue Main : bat (booKs art and texts). sujet / j.Martinez

Les deux associés du studio Cataloged.cc, jeunes titulaires du DNSEP Design Graphique de L'école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg en 2008, se sont récemment installés à Bruxelles pour mener à bien leurs nombreux projets. Au cœur de leur travail, la passion du Print les a menés a créer une structure d'édition singulière tenant en trois lettres : BAT. Pour paraphraser ses créateurs, il ne s'agit pas là d'une maison d'édition animalière dévouée toute entière à l'amour de la chauve-souris (ni de sa marionnette friquée, musclée et masquée). Il pourrait à la limite s'agir d'un clin d’œil cromalin au bon vieux Bon à Tirer, renversant le process classique en faisant de l'épreuve l'ouvrage terminée. Mais non. De sources officielles, il s'agit juste d'un petit acronyme anglais bien senti pour Books, Art and Texts. Derrière ces trois banalités, une vraie singularité : BAT prend les choses en main, se joue des codes d'impression, et affirme le print on demand (impression à la demande) comme nouvel idéal de production.

le photocopieur : l'indispensable de la batcaVe

Les 3 premiers n° de la série Fan (UFO)

L'objectif poursuivi par BAT est d'adapter ses éditions en fonction des projets des artistes et du propos des auteurs. Gratuits, payants, uniques ou périodiques, les ouvrages sont imprimés en fonction de problématiques liées à leur production et à leur diffusion. Au cœur du dispositif, le numérique et la photocopie, ou plus précisément la duplicopie. « Elle permet de diffuser autant d’exemplaires qu’il en est demandé, de ne pas avoir à gérer des stocks, d’être dans la rapidité et le flux tendu sans se préoccuper au départ du marché et de potentiels acheteurs. » Tout le reste (format, papier, mise en page, typographie, encrage, etc.) découlera donc de ce précieux outil de production. Les seules postes externalisés sont l'assemblage et la reliure. De fait, la différence de qualité ou de tirage d'un ouvrage à un autre n’est pas la résultante de paramètres économiques.


liVre i bd i reVue

Trois collections, reprenant le principe de l'acronyme évocateur, ponctuent le quotidien de nos deux vengeurs masqués : la collection MAP (Mixed Art Pages : ouvrages sur l’art, l’édition et le graphisme contemporains), UFO (Unidentified Free Object : productions gratuites résultant de réflexions et de pratiques liées à l’objet imprimé) et LAB (Library of Artist’s Books : livres d’ar« aujourd’hui, aVec le dÉVeloppeMent des tistes). Au sein d'UFO, technoloGies nuMÉriques, il est possible à notons l'existence de Moindre coÛt de passer de la caricature la série FAN (Free Art News), qui sur le coMMerciale du HOME MADE à la crÉation principe du mail art, d’Éditions de qualitÉ et d’expÉriMenter de offre sur un A3 Recto/ Verso, la possibilité à nouVeaux Modes de crÉation, d’ÉconoMie et un auteur, un commisde diFFusion. » saire d’exposition, un universitaire ou un artiste de s'exprimer. Le tout est envoyé à une liste évolutive de destinataires. notice Pour remarquer les actions toujours discrètes de BAT, il suffit de scruter bat stands for books, l'horizon libraire à la recherche d'une typographie se basant sur des exercices art and texts de calligraphie réalisés à la plume. Eponyme et réalisée par Coline et Charles www.bat-editions.net eux-même, elle vient marquer de son sceau, en italique, les couvertures des différents ouvrages au tirage sporadique et régulier. Pour ce qui est de l'avenir, il est résolument BAT : « Bien que ce mode d’impression soit encore réalisé en sous-traitance, BAT souhaite à l’avenir mettre en place un système autonome permettant de rassembler en un lieu et une même entité l’ensemble des acteurs nécessaires à l’édition : des artistes et des auteurs à l’éditeur et aux graphistes en passant par l’imprimeur et le distributeur. Système autarcique s’il en est, BAT ne se renferme pas pour autant. Si la collaboration entre chacun de ses acteurs est une question primordiale, l’ouverture sur des champs autres qu’artistique par le travail avec d’autres structures paraît nécessaire, tant au niveau économique que social et intellectuel. » Alfred ? 37


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We MaKe MaGazines le VaGabond de toKyo t / r. Fertier

Ce recueil d’une série populaire japonaise des années 80 narre les errances de Toshio, un vaurien des bas-fonds tokyoïtes. A travers ce personnage, l’auteur explore le thème du vagabondage qu’il connait bien pour l’avoir expérimenté un certain temps. « Chat errant », l’auteur l’est certainement un peu mais opportuniste aussi car c’est grâce à ses rencontres hasardeuses que la série existe. Pourtant ce n’était pas gagné d’avance car son projet a été rejeté plusieurs fois et son éditeur ne croyait pas vraiment au potentiel de ce manga, le trouvant vulgaire et grotesque. On suit avec un véritable plaisir les péripéties de Toshio qui loge dans un logement miteux mais qui ne voudrait en changer pour rien au monde. Il travaille seulement si ça lui permet de boire un coup le soir même et pas question de planifier quoi que ce soit. Des rencontres il en fait, et des plus insolites, pour sûr : de la jeune fille fuyant un passé, d’un travelo en mal d’amour, en passant par la fugueuse mal dégrossie. Ce drôle de Tokyo nous est dépeint avec un humour corrosif et sent le vécu car ce que vit Toshio, Fukutani Takashi aurait très bien pu le vivre. + d’infos : Le Vagabond de Tokyo, Résidence Dokudami Fukutani takashi Éditions le lezard noir sortie : décembre 2009 23 euros

t / j. tourette

Sous-titré « Inside the independents », ce bel ouvrage explore la culture magazine et recense en images plus de 100 publications indépendantes, issues d’une trentaine de pays. Face au syndrome de Cassandre annonçant la mort programmée du papier, la presse indépendante semble pourtant connaître, ces dernières années, une vive effervescence. L’analyse fait de cette indépendance le moteur à explosion d’une véritable expression, libérant une écriture plus fine et des recherches encore plus audacieuses en matière de design graphique. Quelque chose qui se situerait nécessairement à l’écart du mainstream, voire à contre-courant. Et toutes les coupures relevées au fil de We Make Magazines soulignent qu’à l’encontre des idées reçues, un magazine ne se fait pas nécessairement pour répondre à des attentes, mais exprime surtout une envie. Le principe est assez noble. Et le message essentiel, souvent oublié du public, est précisé dès l’épigraphe : un magazine demande beaucoup de sacrifices, « se construit sur du sang, de la sueur et des larmes ». Derrière cette annonce et cette somme très graphique, des gens qualifiés : Mike Koedinger, Andrew Losowkky et Jeremy Leslie sont les principales figures de Colophon, le salon international du magazine indépendant, organisé chaque année à Luxembourg. On déplorera juste gentiment la non présence de Kiblind dans ces belles pages… Attendons encore un peu. + d’infos : We Make Magazines Édition andrew losowsky Mars 2009 320 pages / 36 euros

hypertexte n°2 t / M. Morin

Créée autour d’une fascination non dissimulée pour le producteur de rock Phil Spector, la maison d'édition lit, lie et relie les pratiques artistiques les plus disparates. Deuxième volet d’une hyperlecture – plutôt low-tech – du projet artistique : Hypertexte se présente comme un objet éditorial à la frontière entre exposé et exposition. Ainsi, treize discours centrés sur la pratique artistique sont soigneusement réunis dans cette revue-livre où se succèdent autant de postures que d’univers plastiques. Au préalable de ce numéro, un sous-titre nous met sur la piste de ses choix curatoriaux : ceux-ci s’articulent autour de deux notions complémentaires en psychologie, le principe de plaisir et le principe de réalité. Sautant d'une introspection sur la performance à un essai de science-f(r)iction ; pratiquant l’icono-cartographie ou même l’audit artistique, chacune de ces propositions se distingue par une poésie plastique, une sonorité, ou une recherche formelle. Ni catalogue d’expo imaginaire, ni étape préliminaire, ce livre œuvre comme un tout, telle une exposition itinérante, d’évocation en interprétation, qui propose un statut inédit au texte et à l’objet imprimé. Non loin de la forme performative du langage, le propos curatorial prend acte dans nos esprits. Un vrai plaisir. + d’infos : Hypertexte N°2, Principes de plaisir, principes de réalité editions spector, 2009 144 pages / 7 euros n°1 à télécharger et n°2 à feuilleter sur : www.projet-hypertexte.com


liVre i bd i reVue

anonyMous enGraVinGs on ecstasy pills t / M. Morin

Selon le principe rigoureux de la collection, Frédéric Post rassemble, redessine puis classifie les inscriptions figurant sur les pilules d’ecstasy. L’artiste et son éditeur, méticuleux observateurs d’un marketing difficilement répertoriable, créént une véritable typologie des motifs récoltés, entre figuration, écriture et abstraction. Ce livre d’artiste propose de la sorte une relecture de la société de consommation, à la fois point de départ de cette production illégale et antithèse du monde de la nuit où se consomment – justement – les pilules d’ecstasy. Smiley, bouddha, livre sterling, ou « C » de Chanel, tout le folklore de la société de représentation semble avoir son équivalent pills. Codes graphiques et logos populaires sont repris par ces laboratoires clandestins qui osent un pied de nez aux conventions dominantes de propriété et de traçabilité. Absorbées, altérées, ces icônes font ainsi l’objet d’un recyclage des symboles d’une toute puissance commerciale. Flirtant avec l’iconoclasme, la réutilisation de ces logos-saints (ou moins saints) de la société contemporaine les fait s’abîmer sur ce support lui-même dérivé de l’industrie pharmaceutique. Se révèle alors le paradoxe selon lequel ces pilules colorées aux illustrations rassurantes sont, souvenez-vous, destinées à faire s’échapper de ce monde celui qui en absorbe. Édition accompagnée d’un gaufrage reproduisant l’ensemble des illustrations. + d’infos : Anonymous Engravings on Ecstasy Pills Frédéric post boabooks, 2009 544 pages / 45 euros

belles illustrations

Flood !

t / G. Viry

t / j. tourette

Surprise, n.f. : terme français désignant, au choix, un « événement qui surprend » ou un « plaisir inattendu ». Il y a un peu des deux, en découvrant Belles Illustrations, un magnifique album de dessins, créé par des étudiants de l'École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Que l'établissement soit réputé dans le monde entier, en matière de dessin et d'illustration, cela se vérifie, en quelques coups d'oeil : impulsée par Bettina Henni, l'une des leurs, l'ouvrage regroupe les oeuvres de 24 étudiants, qui ne sont sûrement pas loin de former la relève de l' « école » française du dessin. Belles Illustrations s'inscrit dans la lignée de la revue Lapin, de l'Association, regroupant de jeunes artistes dont les traits N&B sont aussi différents que le partage, apparent, d'un même univers : drôle et poétique. Le premier numéro sort au printemps 2008. Auto-édité, il est diffusé à 200 exemplaires et rapidement épuisé. À l'automne, les participants ressortent leurs crayons, pour une deuxième édition, toujours en A3, avec une même couverture sans titre, imprimée en sérigraphie. Le numéro 3 de Belles Illustrations doit paraître en janvier, à l'occasion du Festival d'Angoulême, où le collectif participera au concours de la bande dessinée alternative. Un quatrième ouvrage devrait suivre... Réunis aujourd'hui en association, entre Strasbourg et Paris, les auteurs étudient actuellement la possibilité de monter une structure d'édition et de sortir de nouvelles collections. On nous avait promis une surprise. Elle était, tout simplement, belle...

Un déluge qui s’ouvre par une ritournelle prémonitoire : « le tonnerre retentit dans le ciel, des vagues de plus en plus hautes déferlent, “apprends à nager” dit le poisson, qu’il pleuve, qu’il pleuve, qu’il pleuve encore… ». Les trois actes qui suivent relatent la décadence d’une ville en pleine dépression. Un ouvrier perd son emploi, son logement, sa fierté et amorce une descente aux enfers où des flammes se montrent plus chaleureuses que la rue de décembre. Il transite sous la ville et arpente ses entrailles, sa mémoire et ses mythes comme autant de souvenirs urbains gravés sur les murs d’une rame désaffectée. Réfugié dans les fantasmes cachés d’une société primitive, il s’endort sous la terre avant de refaire surface. Mais la ville baigne dans les eaux. Déambulation silencieuse, Flood ! est un délire expressionniste sans lettrage. Eric Drooker a mis 7 ans à concevoir ce bijou entièrement réalisé à la carte à gratter, comme le font encore quelques fous comme Thomas Ott. Paru dans sa version originale en 1992, les éditions Tanibis réactualisent le travail de l’auteur new-yorkais, défendu à l’époque par Art Spiegelmann, Neil Gaiman et Allen Ginsberg. Et pour tous ceux qui écoutaient de la fusion en 1995, vous serez ravis de trouver enfin dans ces pages l’illustration originale de la couverture d’album King for a Day... Fool for a Lifetime de Faith No More.

+ d’infos : www.bellesillustrations.com

+ d’infos : Flood ! eric drooker Éditions tanibis (novembre 2009) 160 pages / 18 euros

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le « WalK MoVie » texte / G. Vonthron

est-ce un signe du réchauffement climatique ? au cinéma, les grosses cylindrées, qui roulaient pour rouler, laissent la place aux périples piétonniers. la marche, c’est sain. pas forcément pour l’esprit… On associe souvent la naissance du Road movie à la sortie d’Easy Rider, en 1969. Pourtant, de nombreux films, ayant la route pour toile de fond, avaient déjà vu le jour. La vraie nouveauté du film de Hopper consista à faire abstraction de toute intrigue et de minimiser, au maximum, les personnages, tant au niveau du nombre qu’au niveau de leur construction. Surtout, le film confère au voyage une nouvelle valeur : la quête initiatique. A l’instar des choppers Harley Davidson, dans Easy Rider, de la Dodge Challenger blanche rendue culte par Point Limite Zéro (puis reprise dans Boulevard de la mort) ou de la Chevrolet 1955, vulgairement trafiquée, dans Macadam à deux voies, les grosses cylindrées sont généralement les acteurs principaux des Road movies. Pour autant, ils ne sont pas essentiels au genre et certains réalisateurs s’en affranchissent carrément, au point de façonner ce que notre anglais nous autoriserait à qualifier de walk movies. Vous avez compris…

WalK on the Wild side

En 1969 puis 1973, Macadam Cowboy (John Schlesinger) et L’Epouvantail (Jerry Schatzberg) mettent en scène le périple piétonnier de deux binômes complètement paumés : John Voight et Dustin Hoffman, puis Gene Hackman et Al Pacino. Dans ces deux films, c’est l’absence de voiture qui donne aux personnages leur statut de loosers. La marche à pied leur permet seulement quelques instants de convivialité, dans une irrémédiable descente aux enfers… Et pas besoin des grands espaces US pour mettre en scène le walk movie. En France, il prend même

des allures champêtres, chez Alain Guiraudie ou encore Luc Moullet. Loin de la ville, c’est dans les plateaux quasi désertiques du sud du pays que les randonnées pédestres prennent vie. La marche a presque un sens « écologique », au cœur de ces comédies bucoliques, teintées d’absurde. Enfin, en laissant la convivialité de côté, la marche à pied peut aussi être, au cinéma, l’ultime moyen de survie, loin de l’espèce urbaine. C’est le cas dans Walkabout (Nicolas Roeg), qui pourrait être le manifeste du walk movie, où deux enfants sont abandonnés dans le désert australien. Le film est une métaphore du passage à l’âge adulte. En effet, le « walkabout » est un rite aborigène au cours duquel un adolescent part, en solitaire, dans le désert, pour subvenir à ses besoins et devenir un homme. Gerry (Gus Van Sant) prend un « chemin » assez similaire : le parcours initiatique est incarné par deux adolescents, perdus dans le désert californien, qui finissent par s’entretuer… pour trouver leur voie. C’est dans cette lignée que sort, en décembre, La Route, réalisée par John Hillcoat. Le film est l’adaptation du best seller de Cormac McCarthy, qui dépeint un monde post-apocalyptique, dans lequel un père et son fils tentent de survivre au milieu de quelques errants affamés. Métaphore d’une quête impossible et du passage de témoin entre générations, le livre a reçu le prix Pulitzer et le film a été largement plébiscité lors de la dernière Mostra de Venise. Cet hiver, vous nous avez compris : ne vous compliquez pas la vie, en chaussant des raquettes. Partez errer, jusqu’à ce qu’un cinéma vous arrête…


Écran

ny Minute

Can’t Stop, Won’t Stop. Nico et Groswift, apôtres de l’amour et de la vérité, frappent toujours deux fois. Gasface, magazine scientifique sur le hip hop, est la Bible des amateurs d’Arts Martiaux. NY Minute reprend les fondamentaux de ce « Kungfoutre ». Trop occupés à dire « Oh ouais ! » pour se plaindre d’une quelconque décrépitude du rap-jeu, ils sillonnent les rues new-yorkaises à la recherche de leurs crachoirs antiques. L’exploitation du hip hop a de multiples couches de complexité, que les courtes séquences des NY Minute épluchent une à une, mettant en avant sa légèreté pour en expliquer sa profondeur. La trentaine passée, le hip hop se trouve parfois nostalgique du domicile familial. Nicolas Venancio et Mathieu Rochet, en bons parrains, l’accompagnent sur les traces de son enfance, là où il a fait ses premiers pas et là où il peut encore cueillir les jours d’une vie future. Avec l’appui d’Arte (qui diffusera les vidéos sur son site et en hertzienne) et de Tetra Media (boîte de production de La Commune), ils montrent et démontrent le hip hop à ceux qui n’y voient encore que le dégueuli d’ivrognes. Word. + +d’info : gasface.wordpress.com +d’actu : chaque samedi à 18h, de nouveaux extraits de NY Minute sur www. vimeo.com/gasface ; NY Minute sera finalisé en 2010.

Moon

Quand Duncan Jones, fils de David Bowie, se met à la science-fiction, le résultat est forcément surprenant : un seul acteur (Sam Rockwell) avec, pour seule compagnie, des plantes vertes et un robot domestique, Gerty, qui parle comme Kevin Spacey. Armageddon est renvoyé à une autre galaxie... Moon, thriller minimaliste, raconte l’histoire d’un cosmonaute travaillant sur la lune pour tenter de subvenir aux carences énergétiques de la terre. A deux semaines de la quille, il s’aperçoit qu’il est au cœur d’une machination… Près d’un an après sa sortie en Angleterre, ce véritable OVNI devrait débarquer chez nous, très prochainement... À suivre et ne pas manquer.

espÈces de psychopathe

Le 13 janvier, sort La Terre de la Folie, un documentaire de Luc Moullet, parti enquêter sur les « phénomènes psychiques » dans les Alpes du Sud. Au programme : meurtres, corps découpés en morceaux, immolations, etc. Ce pionnier, méconnu, de la Nouvelle Vague est parti d'une « anecdote » familiale, qui ferait rêver la rédaction de Faites entrer l'accusé : « L'arrière-petit-neveu du bisaïeul de ma trisaïeule avait tué un jour à coups de pioche le maire du village, sa femme et le garde-champêtre, coupable d'avoir déplacé sa chèvre de dix mètres ». Francis Heaulme a, bien-sûr, le tarif réduit.

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enseMble transitiF

Faisant avantageusement fi des clivages médiatiques, les univers créatifs culturels sont de plus en plus généreusement transmédiatiques. nouveau miroir aux alouettes marketing ou véritable amorce d’une révolution culturelle ? texte / G. jallut Au milieu des Tomb Raider, X-Men, Dragon Ball, Seigneur des Anneaux où Batman, Matrix et Star Wars font figures d’exemples de ces oeuvres transmédiatiques : courts et longs-métrages, jeux vidéos, séries TV, comics, manga, romans. Il ne faut cependant pas confondre la tradition mercantile du produit dérivé et la construction culturelle d’un univers. Dans sa différenciation du marketing cross media - dont les créations par support médiatique sont grosso modo interchangeables – l’œuvre transmédiatique impose deux éléments importants : le sens et la participation.

quand les œuVres deViennent des Mondes

Du sens d’abord, puisqu’en fonction des supports le consommateur va compléter sa découverte, sa connaissance du monde de l’œuvre culturelle. Ubisoft illustre particulièrement le propos, avec Assassin’s Creed 2 et Avatar. Le géant du jeu vidéo a ainsi proposé un prequel au jeu : un moyen-métrage de 40 min met en scène les aventures de Giovanni Auditore da Firenze, père d'Ezio, le héros d'Assassin's Creed 2. En 24 heures, Assassin's Creed Lineage a totalisé plus de 1,7 millions de visionnements sur Youtube, avant d’être diffusé mi-novembre sur NRJ 12. Ubisoft devrait parallèlement créer une maison d’édition BD dédié à l’univers, nommée « Les 2 royaumes». L’autre énorme projet est Avatar, le film événement en 3D de James Cameron attendu mi-décembre. Le jeu ne suivra pas l'histoire du film, mais se chargera là encore de développer son univers. Un an avant les événements du film, le joueur incarnera Able Ryder un agent de la RDA récemment débarqué sur Pandora. L’apport du jeu vidéo a non seulement permis l’appropriation d’un univers, mais aussi l’émulation. D’une forme artistique culturelle où l’utilisateur est par définition actif, certains ont détourné le produit culturel pour enrichir l’univers du jeu de leur imaginaire personnel (mash ups et machinimas). Ces expériences prouvent qu’il pourrait désormais devenir limitatif d'appréhender la création et la publication d'un contenu culturel riche autrement que transmédiatiquement. Si ce principe reste cependant l’apanage de puissantes industries, nul doute que les efforts créatifs de producteurs culturels moins fortunés nourriront comme toujours un futur plein de promesses. + d'infos: James Cameron's Avatar : The Game (ubisoft) sortie le 3 décembre 2009 Assassin's Creed 2 (ubisoft) sorti le 19 novembre 2009

+ jeu vidéo + ciné « suédé » = machinima Genre cinématographique amateur utilisant les moteurs de jeu vidéo (Halo, WOW, The Movies ou les Sims pour les plus connus) pour réaliser des courts métrages d'animation. la première édition de l'atopic Festival, un événement consacré aux mondes virtuels et au cinéma, proposait en novembre à la cité des sciences de paris une programmation de 90 films. + 1ère bd assasin's creed on y trouvera les péripéties de desmond Miles – un des personnages principaux des jeux vidéos - kidnappé par des templiers afin de subir des expériences, remontant le temps via son code génétique qui le placeront dans la peau de ses aïeux assassins, altaïr et ezio.


Écran

bayonetta

3 bonnes raisons qui font de Bayonetta l'un des titres les plus attendus de 2010 : 1 – Son papa est un ancien du studio Clover (Okami, Viewtiful Joe, etc.) désormais Platinum Games. Madworld et Devil May Cry sont donc officiellement ses demi-frères ; 2 – Bayonetta est une sorcière un peu sexygirl next door, un peu dominatrice en latex, dont le but sur Terre est de dérouiller des anges. Un beat’em all visiblement somptueux, blindé de coups dévastateurs et férocement drôle ; 3 – Sega c’est plus fort que trois. + Bayonetta (sega) sortie le 08 janvier 2010

saW

Violent, malsain, effrayant, glauque, le jeu tiré du film culte du même nom, permettra au joueur de (sur)vivre une histoire parfaitement oppressante dans le monde torturé et torturant de Jigsaw. Plongé in media res, le détective David Tapp se réveille dans un asile désaffecté, la mâchoire enserrée dans un piège à loup qui menace de lui séparer grossièrement la tête en deux. Un début prometteur pour une aventure glaçante dont chaque action affectera le moral du héros, et sans doute celui du joueur. Les fans seront doublement ravis car le jeu - conçu comme un épisode - lèvera le voile sur un certain nombre de mystères présents dans les films de la série. + Saw (Konami) sorti le 19 novembre 2009

iF Video GaMes Were realistic

… le CJ de San Andreas ferait un constat après un accident de voiture. Mike Tyson aurait 30 kilos et des tatouages en trop au moment d’affronter le boxer de Punch Out, Liu Kang prendrait le coup de harpon de Scorpion et mourrait immédiatement, la guitare de Guitar hero aurait 108 touches, Niko Bellic galèrerait à trimballer sa kalash, son bazooka, sa batte de base ball, son fusil à pompe etc. Ces idées saugrenues sont sorties du contre imaginaire des 27 participants aux célèbres contests Photoshop lancés régulièrement par le site américain Cracked.com. À consulter dans la même veine : The Collateral Damage Video Games Never Show.. + www.cracked.com/photoshop_85_if-video-games-were-realistic

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CAHIER MODE

Proposé par Baptiste Viry

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texte / juliette armanet

QUIZZ SUIS JE ?

TOP' (tic' tac' tic' tac') je suis sophistiquée je suis sensuelle j'ai une chevelure en cascade

l'énergie des fluides les giclements de couleur et le mélange des genres -oh, ça c'est.... (tic' tic') j'ai une vie originale un talent original SILENCE - je... BLURP. (tic' tic' tic' tic' tic' tic' tic' tiiiiiiic') je ne suis pas renouvelable je ne m'appelle pas Lolita je suis le contraire de face -bah, euh... je crois

- Monica Bellucci?

BIP

BLURP.

(on entend des bruits d'assiettes cassées et un hurlement )... (sans doute extrait de la scène de la douche, dans Psychose d'Alfred Hitchkock)

(Tic' tac' tic' tac') je suis jeune je suis fan de Mata Hari je suis connue dans le monde entier mais je suis belge

Non, vous ne croyez rien Cathy. Vous avez perdu. -?

- euh,..... (Tac' toc' tic' toc')

Il s'agissait de Cathy Pill.

j'aime le rouge le bleu le jaune et toutes les couleurs de l'arc en ciel

- Cathy Pill ? Mais...

-ah, je....

(jingle//rires// applaudissements// bruits de voitures)

(tonc' tonc' touc' tac') Je pratique les superpositions

Pas de mais. Pas le temps. Bravo Cathy ! ha ha ha, ho ho ho, hi hi hi.


cahier Mode

CATHY PILL, en vrai : la success story Née en Belgique, Cathy Pill est diplômée de La Cambre. Très vite, elle travaille en tant que designer pour A.F. Vandervorst et Vivienne Westwood. Dès 2003, elle reçoit une pléiade de prix : « La Collection de l'année » au concours It's Two à Trieste ; puis, en 2005, deux prix de la Fondation Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent et de la maison de Mode Yves Saint-Laurent aux concours Andam en France; et encore, le prix « Fabio Inghirami » en Italie, et le Prix « Modo Bruxellae » en Belgique... Bref, ça marche très vite, et très fort. Elle a alors enviton 25 ans. Forte de ses succès , Cathy Pill lance sa première collection de prêtà-porter pendant la Semaine de la Mode à Paris en octobre 2005, et, évidemment, ça cartonne... Sa première collection de printemps-été 2006, intitulée Blink, réunit des modèles inspirés de l’Art Nouveau, avec des formes légères et resserrées. La belle jeune femme est audacieuse, et innovante... Ça plaît. La collection est présentée dans la section Les Arts Décoratifs du Louvre et suscite tout de suite l’intérêt de la presse internationale, dont The Herald Tribune, Le Monde et Vogue’s Style.com. Rien que ça ! Après seulement quelques collections, le label Cathy Pill peut donc très vite être trouvé en Australie, en Autriche, au Canada, en France, à Hong Kong, au Japon, au Koweït, en Espagne et en Arabie Saoudite.

Bon, en gros, de la Belgique au succès international, il n'y eut qu'un pas... En outre, Cathy Pill effectue du consulting pour d’autres maisons de mode et a créé des costumes pour l’opéra Frühlings Erwachen au Théâtre Royal de La Monnaie. Le tout, à même pas trente ans, et avec un bébé en prime ! (on imagine bien sûr que le papa est splendide... Arrrg (ndlr)). Les collections de Cathy Pill se distinguent par une utilisation hors normes des tissus imprimés et des conceptions de formes, créant ainsi des silhouettes complètement modernes et ultra féminines. Surtout, elle innove dans sa manière presque picturale d'envisager ses imprimés, et de donner du sens à la matière tissu.

Bon. La meilleure façon de ne pas être jalouse, c'est de s'en faire une amie. Allez donc urgemment consulter son actualité... et ses collections sur le site: www.cathypill.com Il n'y a que ça qui calme. 47



CAHIER MODE

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CAHIER MODE

Photographe: Boris Ovini // Styliste: Ines Fendri // Modèle: Francoise De Stael Coiffure&make up: Fumihiro Ban // Assistante photo : Mara Zampariolo

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(Page précédente) Manteau et pantalon Fabrics Interseason Pull oversize Re.set Foulard Epice Copenhaguen-Paris Escarpins Tsuru by Alexandra Stella Collants Falke Bague, collier et broche Yoshiko Création Paris Colliers et manchettes Hélène Zubeldia Collier K.Mo


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Robe Lie Sang Bong Veste Cathy Pill Colliers chaîne torsadée, manchette (gauche) et Collier pompom perlé Hélène Zubeldia Collier K.Mo Collier, bracelet et bague de perles Yoshiko Création Paris Montre Poiray Collants Falke Boucle d’oreille perso 53


Trench Tibusch Paris Foulard Cache Cache Colliers HÊlène Zubeldia Collier K.Mo


cahier Mode

Manteau Lie Sang Bong Robe Cotélac Foulard Epice Copenhaguen-Paris Gants Maison Fabre Manchette et collier Hélène Zubeldia Montre Poiray 55


Gilet Mes Demoiselles Paris Veste Fabrics Interseason Robe Chine Belgian Design Foulard Epice Copenhaguen-Paris Manchette et collier Hélène Zubeldia Broche Yoshiko Création Paris Montre Poiray


CAHIER MODE

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Manteau David Szeto chez Hôtel Particulier Combinaison Lacoste Ceinture Baptiqte Viry Foulard Epice Copenhaguen-Paris Bague, collier, manchette et broche Yoshiko Création Paris Colliers Hélène Zubeldia Montre Poiray


cahier Mode

Manteau de fourrure Quentin Veron Robe Cotélac Collier chaîne torsadée Hélène Zubeldia Collier grosse pierre en résine K.Mo Bague Poiray Boucles d’oreille perso 59


CAHIER MODE

Crédits cahier Mode Agnelle / www.agnelle.com Baptiste Viry / www.baptisteviry.com Cathy Pill / www.cathypill.com Chine Belgian Design / www.chinebelgiandesign.com Cotélac / www.cotelac.fr David Szeto chez Hôtel Particulier / 01 40 39 90 00 Epice / 01 44 54 01 50 Eric Tibusch Paris / www.erictibuschparis.com Fabrics Interseason / www.fabrics.at Falke / www.falke.com Feiyue / www.feiyue-shoes.com Helene Zubeldia / www.helenezubeldia.com Heschung / www.heschung.com K.Mo / www.kmojewel.com Lacoste / www.lacoste.fr Lie Sang Bong / www.liesangbong.com Maison Fabre / www.maisonfabre.com` Mes Demoiselles / www.mesdemoisellesparis.com Poiray / www.poiray.com Quentin Veron / www.quentinveron.com Re.Set / 01 40 12 67 23 Rozalb de Mura / www.rozalbdemura.ro Tsuru by Alexandra Stella / 01 44 88 25 25 Yoshiko Creation Paris / www.yoshikocreationparis.com 60


www.agence-klar.com


GanGpol und Mit bordeaux texte / M. Gueugneau Comme on recherche le néant, on se couche. Seuls quelques braves ont le courage de passer outre le vide et d’atteindre le stade de la création. Il y a de cela quelques décennies, une poignée de casse-cou, mi-héros mi-laine, se sont lancés dans une aventure musicale dont l’humanité toute entière allait récolter les fruits. Ils se nommaient Jean-Jacques Perrey, Gershon Kingsley, Bruce Haack, Pierre Henry, François de Roubaix, Gordon Langford, Wendy Carlos, etc., et pour faire bref, ils ont inventé une des premières formes de musique électronique. Gorgée du son des premiers synthétiseurs (Claviers Moog, ARP), elle alliait l’esthétique mélodieuse et le miracle hallucinatoire. Si la source est tarie, quelques-uns en ont conservé le liquide. Le sang qui coule dans les veines de Gangpol und Mit en contient des traces.

tourne la cassette

Repérés par le merveilleux label wwilko, ils en ont tiré l’empreinte musicale pour la fondre dans le moule de leur culture pré-citée. Mais, outre la réappropriation, la réactualisation et la transformation de codes musicaux légendaires, Gangpol und Mit ont aussi leurs mots à dire en matière de graphisme et d’animation. Ainsi, la sortie du DVD Faits Divers ces temps-ci, qui nous rappelle à tous que la vie naît de l’accouplement. Avec Gangpol au synthé et Guillaumit au pinceau, les deux bordelais divisent le travail de manière efficace et sèment la graine du bonheur. Le mariage, trop souvent décrié par une jeunesse désinvolte et perverse, propulse ici les deux arts, le visuel et l’audio, bien au-delà de l’audiovisuel : Gangpol und Mit ou, si Roméo et Juliette était deux hommes… +d’info : www.gangpol-mit.com ; guillaumit@free.fr ; www.myspace.com/ gangpolundmit ; www.pictoplasma.com. +d’actualité : Faits Divers (dVd book), sorti maintenant sur le web, et le 01/01/10 en commerce ; concerts les 19/12 Paris DVD Release Party au centre barbara (avec Max tundra) et 5/02 à rennes aux antipodes (avec dat politics).

a

thavius beck (big dada ; Mush) a.k.a. adlib et debmaster (angers) feront les choses le 16 décembre à l’heretic club (bordeaux).

G.r.i.M. / FestiVal nuit d’hiVer #7 Marseille texte / M. Gueugneau La déviance, la cassure, le crissement inattendu de la craie sur un tableau trop noir, voilà qui permet à l’esprit de garder le mouvement dont il a besoin pour rester en éveil et ne pas dépérir. La musique improvisée représente cette sortie de route, la digression collective de tous les instruments qu’elle engage. Ceux-ci dévient, dans une communion dissonante, des chemins balisés qu’une lourde histoire les enjoint de suivre. L’espace d’un instant, l’homme (auditeur comme musicien) n’est plus dans ses fers et il se laisse bercer par le plus agréable des vertiges. Jean-Marc Montera œuvre afin de garder vivante l’utopie improvisatrice. Le G.R.I.M. (Groupe de Recherche et d’Improvisations Musicales) de Marseille, qu’il a fondé avec André Jaume en 1978 et qu’il dirige, se veut le laboratoire des nouvelles formes musicales et le Festival Nuit d’Hiver, la vitrine de celles-ci. Rhys Chatham, mais aussi Louis Sclavis, Jean-François Pauvros, ou encore Jean-Marc Montera et André Jaume eux-mêmes seront présents à la 7e édition. La quête de l’absolu mérite bien un petit détour musical. +d’info : www.grim-marseille.com +d’actu : Festival nuit d’hiver : du 4 au 21/12 à Marseille, Miramas, Martigues.


z

bazart

joaKiM paris texte / M. Gueugneau

La musique nous réserve bien des ambages. On attend d’elle les plus belles illusions et la voilà qui se révèle trop souvent dégoulinante et pleine de fiel. Cette façon dont, comme l’amour, elle permet de s’affranchir des lois physiques terrestres, offre aux sens l’intégralité du contrôle de l’homme. On a compris, en certains endroits du monde, qu’on ne pouvait laisser échoir ce pouvoir hypnotiseur dans les mains de n’importe qui. Chez nous, on est obligé de se noyer dans la mélasse à la recherche d’une bouée de sauvetage. Sur celle estampillée Joakim, il y a une tête de serpent.

a l’aMour est eternel

Le mandat qui lui a été alloué consiste à garder la pomme de la musique électronique. Mission simple dont Joakim se défait, comme son acolyte de La Bible, avec une extrême nonchalance. Il ne cesse de nous tenter par ses sorties régulières entre album, remix et single. Le dernier gros morceau en date se nomme Milky Ways et c’est un album. Et nous voilà qui cherchons des yeux notre cavalier(e), en mordant allègrement la polychlorure de vinyle composant le disque. N’oublions jamais que l’amour est né de la tentation, et que l’amour c’est avant tout baiser. +d’info : www.myspace.com/jimibazzouka. www.joakimikaoj.com +d’actu : Milky Ways, sortit le 15/09. en concert le 19/12 aux trinitaires à Metz.

projet apostolique avec la bénédiction d’institubes, le Dodécalogue de rob (paris) est en marche. a suivre pour décembre et janvier, les Vol. V et Vi.

da! heard it records paris texte / M. Gueugneau

« En trois clics, on peut se brancher directement sur de la bonne musique », nous dit André Manoukian, jury de la Nouvelle Star. Sache, André, que nous prenons – toujours – ce que tu dis pour argent comptant. Et parce que nous sommes mélomanes, nous fermons les yeux et cliquons. Un geste dont les conséquences furent encore plus terribles que ce que l’on pressentait : les mots du prophète ne reflétaient que partiellement la vérité. Loin de nous l’idée de vouloir causer du tort à l’industrie musicale, mais force est de constater que le droit d’auteur entraîne des coûts pour l’auditeur, et lui pose pas mal de difficultés. Le label Da ! Heard It Records propose, lui, une volée de disques de qualité supérieure pour une somme fort modique puisqu’elle est nulle. Tout ce bonheur grâce à la licence Creative Commons. Depuis 2006, ce label parisien s’active pour diffuser une musique bien souvent introuvable chez les disquaires en quatre lettres (ou six). Il est en effet promoteur de cette musique électroniquement chamarrée qu’on pourrait désigner à l’aide d’anglicismes plus ou moins pertinents dont nous ne ferons pas état. Fiers oriflammes de celle-ci, le nantais Puyo Puyo, ou encore les lyonnais de Eat Rabbit, se sont ainsi retrouvés sur Da ! Heard It Records pour leurs derniers albums (respectivement Disco et Kiss The Dolphin). Une nouvelle preuve que si la musique gratuite a une vraie valeur économique, elle a surtout une vraie valeur artistique.

+d’info : www.daheardit-records.net +d’actu : Kiss The Dolphin et Disco sont toujours disponibles sur le site, surveillez les sorties prochaines des disques de pocketmaster et Vicnet.

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A Good trip toulouse texte / G. Viry

l'exposition de l'agence de design graphique neerlandaise thonik est à découvrir du 22/01 au 20/03 à la Galerie anatome à paris. Net, intelligent et audacieux. www.galerie-anatome.com

Pink Pong est un réseau d’art contemporain, réunissant une vingtaine d’établissements artistiques de l’agglomération toulousaine : galeries, écoles, espaces d’art contemporain, etc. Il organise, jusqu’au 24 décembre, la deuxième session de Graphéine, qui n’est pas la nouvelle drogue du sud-ouest, mais une « addiction » au dessin contemporain, entre « temps forts, cures et rechutes ». L’événement propose un véritable parcours, critique et festif, qui va surtout prouver, à ceux qui l’ignoraient, que le dessin n’est pas une substance isolée, mais qu’il se consomme également avec le graff, le graphisme, l’illustration, l’édition, l’art contemporain ou la BD. Ne soyez pas défoncés, la veille de Noël. Pink Pong vous a réservé, d’ici là, un vaste programme : expositions, vernissages, soirées, conférences, parutions, etc. +d’info : www.pinkpong.fr

expo Winshluss bordeaux texte / j. tourette

On connaissait déjà Monsieur Ferraille (avec son fidèle ami Bob, qui dit « cool ! ») ou encore Pat Boon. L’année passée a vu Pinocchio couronné du Fauve d’or d’Angoulême. Normal, c’est un chef d’œuvre. En clair, l’actualité du grand Winshluss s’est un peu accélérée. Alors, comme pour retrouver un peu d’air entre les pages intimistes d’une librairie de quartier, il affiche ses dessins sur des murs moins asphyxiés. La Mauvaise Réputation à Bordeaux expose jusqu’au 9 janvier des planches originales de l’artiste, extraites de ses bandes dessinées, entre autres esquisses toujours délicieusement incisives. +d’info : exposition jusqu’au 9/01 librairie la Mauvaise réputation, Grenoble http://lamauvaisereputation.free.fr


R bazart

le Monde MerVeilleux de dissocia lyon texte / j. tourette

« À l’intérieur de la tête des gens ». Ce vertige, imaginé par Anthony Neilson, visite la schizophrénie de l’intérieur. L’auteur est un ponte du mouvement britannique « in yer face », qui livre un théâtre d’affrontement servi par une langue et des images crues, destiné à heurter le public en lui présentant la vie dans son plus beau réalisme social. Le Monde merveilleux de Dissocia est l’expérience de la journée d’une jeune femme, Lisa Jones, non pas montrée mais donnée à vivre. En revenant de New York Lisa a perdu une heure ; depuis, elle cherche à récupérer ce moment égaré pour retrouver l’équilibre de sa vie. À la manière d’une Alice, elle va déambuler dans un monde fuyant, qui finit par la manipuler comme une marionnette. Prochaine création du Théâtre des Célestins, traduite et mise en scène par Catherine Hargreaves, ce Monde à mille facettes entretient un fil conducteur : ne pas cacher la folie.

+d’info : Le Monde merveilleux de Dissocia texte de anthony neilson, traduit et mis en scène par catherine hargreaves 14/01 au 30/01 théâtre des célestins, 4 rue charles dullin, lyon (2e) www.celestins-lyon.org

parce qu’il est bon de mettre en avant les petites structures qui se bougent, les transmusicales (rennes) auront lieu les 2, 3, 4 et 5 décembre avec roundtable Knights, the Very best, the narcicyst, …

on squatte le GrÜ Genève texte / j. tourette

En marge de ses productions au long cours, le théâtre Grütli de Genève ouvre également ses portes à des formes impromptues, programmées sur le vif. Sous le label « On squatte le Grü ! », des artistes présentent une esquisse, une performance, donnent un stage, entrent en discussion avec d’autres artistes ou avec le public. Dans cette veine, Guesthouse, installation plastique de Stéphanie Raimondi et Sarah Lis, déploiera un paysage domestique dans les murs du théâtre, pour une promenade affective et sensitive. + d’infos : on squatte le Grü ! Guesthouse stéphanie raimondi et sarah lis 17/12 au 20/12, théâtre Grütli, 16 rue Général dufour, Genève www.grutli.ch

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