JUNKPAGE N°11

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Max et les Ferrailleurs, Claude Sautet (1971). © Lira Films/Sonocam SA/Fida Cinematografica

Cuisines & dépendances

Les bons restaurants où l’on déjeune pullulent à Bordeaux. Voici une sélection de tables pour manger correctement, ou plus, sans se ruiner, et qui rappellent quelque chose…

Sous la toque derrière le piano #73 Le patron de La Cagette travaillait dans la mode et puis a changé de vie. Lorsque vous irez, j’espère que vous tomberez sur les boulettes de porc. C’est servi avec des lentilles et des épinards, comme à la cantine, en mieux. C’est une cuisine nette, qui respire la fraîcheur, difficile à identifier toutefois, disons du nord de l’Europe, avec une touche d’épices. Le pain du sandwich de saumon mariné à l’aneth aurait mérité d’être toasté, mais c’est ainsi qu’il est servi ici, avec un pain aux grains, du fromage aux herbes et des tranches de concombre. Le style est rural, nordique donc, en apparence simple mais plutôt sophistiqué. Tout pour plaire aux dames. La tarte Tatin elle aussi pourrait figurer dans un magazine. Elle a un petit accent british avec ses noix de pécan, douce trouvaille. Un feuilleté garni d’une compote assez solide et nappé d’un caramel crémeux légèrement salé… Qui peut résister à ça ? Le restaurant est ouvert le soir, et le brunch fait fureur. Œuvre évoquée, un roman graphique : Gemma Bovery, de Posy Simmonds. La Cagette, 8, place du Palais, du mardi au samedi ; brunch le dimanche, 09 80 53 84 35.

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Changement de décor au Tassigny, en face de la mairie de Bègles. Quasi que des hommes dans la salle. On pense à un film, cette fois, Max et les ferrailleurs, de Claude Sautet. Le public est composé d’artisans, de peintres, de manœuvres, et on a grand faim. Pour celui qui est livré toute la matinée aux intempéries, rien de mieux pour restaurer ses forces qu’un restaurant. Aussi, c’est dans un joyeux désordre que chaque service (rapide) s’organise autour des steaks frites, des sautés de volaille, des gratins dauphinois, des salades vertes, des gâteaux, du riz au lait et des crèmes brûlés, autant de desserts maison. La salle du bar est vite remplie, mais une autre est dressée, et puis une autre encore, et puis la terrasse par beau temps. Menus à 13 euros avec un quart de vin. Le buffet à 9 euros est imbattable, avec soupe du jour, harengs vraiment marinés et tous les hors-d’œuvre frais et appétissants qui vont avec. Le Tassigny, 73, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, Bègles. Ouvert à midi, du lundi au vendredi, 05 56 85 55 25.

À L’Absinthe, sorte d’oasis dans le désert gastronomique de la rue du Tondu, on était autrefois accueilli par une dame chic et un peu pincée. On y allait malgré tout pour des rognons,

des cèpes, des choses comme ça que le nouveau chef a eu la bonne idée de conserver faute d’avoir eu celle de conserver le cachet xixe de la petite salle qui collait si bien avec le nom du restaurant. Dommage. Par contre, l’accueil est bien mieux aujourd’hui, et, face à la jeune femme qui nous reçoit, souriante et à longue robe à fleurs, on pense à California Dreamin’ des Mamas et des Papas. À midi, le menu complet est à 15 euros et change chaque jour (salade nordique, assiette de charcuterie, un merlu à la luzienne font l’affaire, sans parler des poires poêlées au caramel d’épices qui à elles seules donnent envie de revenir). Cela s’appelle désormais L’Absinthe de Gilles, du nom du patron, et conserve son apanage de restaurant de quartier. L’Absinthe de Gilles, 137, rue

du Tondu, ouvert le midi du lundi au vendredi et le soir du mardi au samedi jusqu’à 22 h, 05 56 96 72 73.

Le Ruban chez Hugues est fermé le soir, mais bouleverse un peu la pratique du cours Victor-Hugo à midi avec son menu (14 ou 18 euros), des plats impeccables (encornets, poêlées de crevettes, tartares) à 10 euros, du foie gras maison et une bonne humeur qui rejaillit sur la cuisine. Autant de choses pas si fréquentes dans

par Joël Raffier

le coin, où l’on se repose un peu sur ses lauriers. On est moins convaincu par le décor, bien qu’il soit original. À signaler un pain perdu que l’on est toujours content de retrouver. On pense à L’Homme qui rit, de Victor Hugo, parce que tout le monde là-dedans a le sourire, même les clients. Le Ruban chez Hugues, 137, cours Victor-Hugo, ouvert à midi, du lundi au vendredi, 05 56 06 40 09.

Au restaurant Les Ateliers, difficile de ne pas penser à un roman de Simenon. La voie ferrée, la proximité de la gare, l’ambiance familiale et même les plats, tout est fait pour plaire au commissaire Maigret. On le voit bien commander un steak au poivre et du riz au lait (au caramel au beurre salé), plats immuables dans une carte qui change chaque jour ou presque, ou le délicieux pot-au-feu de langue, qu’il pourrait partager avec un de ses lieutenants. Le menu est à 13,50 euros et les habitués sont nombreux, très jaloux de leur repaire qui semble tourner le dos à la ville. Filet de bar poêlé sauce verte, charlotte au citron, etc. Confiance. Pas idiot de réserver. Les Ateliers, 81, rue AmédéeSaint-Germain, ouvert le midi, du lundi au vendredi, 05 57 95 89 12.


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