Journal du Parc n°30

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Automne 2011 - Trimestriel

Belgique-Belgïe P.P.-P.B. 5670 Viroinval BC9630 N° agrégation P401059

N°30 Sommaire Éditorial Automne, synonyme de festivités Jardin nature Les habitants de la mare Gestion écologique Le fauchage tardif dans le Parc naturel Nature au quotidien Le retour d’échassiers Artisans de chez nous La linotype de Viroinval Agenda des manifestations

Maison du Parc naturel rue d’Avignon, 1 - 5670 Nismes Tél : +32(0)60 39 17 90 - Fax : +32(0)60 39 17 93 www.pnvh.be - Contact : secretariat@pnvh.be


o t i Éd À

cette époque de l’année, l’automne pare nos forêts ardennaises de mille feux. Cette saison sonne également le début d’une longue période de léthargie de nos paysages de Calestienne. Les troupeaux de moutons et de chèvres, qui ont passé toute la belle saison à entretenir au plus ras les tiennes, rentrent progressivement à la bergerie afin de passer l’hiver au chaud. Dans nos fermes, la dernière fauche de foin est déjà bien loin et la récolte des maïs clôturera le ballet des tracteurs sur les plateaux. Les brumes matinales apparaissent et des fumées commencent à s’échapper çà et là des cheminées, signe des premiers feux de bois allumés dans l’âtre. Mais sur le territoire du Parc naturel, l’automne est également synonyme de festivités. Depuis sept ans déjà, le troisième week-end d’octobre est dédié à la grande Fête du Parc naturel. Cette année, nous avons plus que jamais décidé de mettre en valeur les trésors de notre patrimoine. Calestienne et Ardenne seront ainsi mises à l’honneur, d’autant plus que 2011 est proclamée « Année internationale de la forêt » par les Nations-Unies.

Par Joël Dath, Directeur PNVH champignons, des araignées forestières, jeux d’intérieur, démonstration de vannerie, d’élagage dangereux et de débardage avec chevaux de trait, légendes locales contées, etc. Ces activités sont en outre inscrites en bonne place dans le panel d’animations proposées dans le cadre du « week-end du bois ». Ce dernier se déroule partout en Wallonie et au Grand-Duché de Luxembourg  les 14, 15 et 16 octobre.

Côté Calestienne, si nos apiculteurs seront toujours bien présents comme chaque année pour vous présenter leurs produits, les vergers seront de nouveau mis à l’honneur par la présence de la Mobipresse. Celle-ci côtoiera une grande exposition d’anciennes variétés Toujours dans ce cadre, le vaste projet de valorisation de pommes et de poires présentée par l’Albatros en touristique de la Forêt des Eaux Blanche et Noire se collaboration avec le Plan communal de développetaillera la part belle des 600 mètres carrés du chament de la nature de Viroinval (PCDN) et les Cropiteau chauffé, installé cette année dans le superbe queurs de pommes de Belgique. Des démonstrations cadre du parc communal de Nismes. Outre une prépar des professionnels de matériel apicole, vinicole et sentation du projet et de ses réalisations concrètes à de pressurage viendront bien à point pour toutes les venir, une multitude d’activités connexes vous seront questions que vous vous posez concernant la transproposées sous couvert d’une inscription préalable formation des fruits du verger. Le tout sans oublier à la Maison du Parc : excursions à la découverte des les ateliers de lactofermentation, au cours desquels vous apprendrez comment conserver vos choux sous forme d’une 5670 Nismes (de 8h à 16 h). délicieuse « choucroute maison ». « Les bryophytes, Possibilité d’envoi postal N’hésitez pas à consulter notre ces plantes secrètes (+2 € de port) commande à site (www.pnvh.be) ou notre page nowellia@skynet.be Facebook (Parc naturel Viroinqui nous entourent » Hermeton) pour de plus amples Documentaire désormais informations. disponible en DVD. Toute l’équipe du Parc se réjouit Réalisé à l’initiative de la Fondadéjà de vous retrouver en toute tion Bryologique Philippe De Zutconvivialité lors de ce week-end tere en collaboration avec le Parc de fête pour vous faire découvrir naturel. Découvrez ces plantes fas– ou redécouvrir - une région, cinantes : les bryophytes (mousses, un patrimoine, un Parc naturel ! sphaignes et hépatiques). En 30 minutes, le réalisateur, Benoît HUC, vous plonge dans le monde de la biodiversité. Prix : 10 €, disponible à la Maison du Parc naturel, 1 rue d’Avignon

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n petit clin d’œil à notre nouveau graphiste, Cédric Kinif, engagé depuis mi-septembre et qui a reçu comme première tâche la mise en page de ce numéro du Journal du Parc. Déjà une réussite qui n’augure que de belles réalisations futures, n’est-ce pas ?


Le petit monde de la mare . . . Par Anne Lambert, Chargée de sensibilisation PNVH

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evenons à la mare de Vierves… regardons-la toute entière, puis penchons-nous pour découvrir les plus petits de ses habitants… prenons même notre loupe pour en approcher certains de plus près. C’est tout un petit monde qui foisonne et grouille ici. Des premiers jours du printemps, et jusqu’à l’automne, découvrons ensemble quelques-unes de ses multiples facettes. Dès la fin février, avant même que la végétation n’ait commencé à pointer ses premières feuilles, les batraciens annoncent déjà l’arrivée prochaine du printemps et entreprennent leur migration vers la mare. Pour l’équipe du Parc, le moment est venu d’installer les dispositifs « anti-écrasement » le long des fossés et de passer chaque soir et chaque matin aider ses petits protégés à traverser la route. Les tritons palmés Triton palmé

Triton palmé mâle

sont les premiers à se mettre en route. Mâle et femelle se ressemblent, mais la femelle est souvent plus dodue. Quant au mâle, on le reconnaît au petit filament noir qui prolonge sa queue. Très vite, les tritons alpestres, plus grands et plus colorés que leurs cousins palmés se mettent aussi en route (photo p.4). Les grenouilles rousses, les salamandres et les crapauds ne tarderons pas à les rejoindre. Arrivés à la mare, chacun y dépose ses œufs. Ceux des grenouilles forment de grosses grappes qui ne tardent pas à remonter à la surface; ceux des crapauds s’allongent en chapelets qui s’enlacent dans les branches mortes immergées. ►►► JdP - Automne 2011

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Triton alpestre mâle ►

Plus discrets, ceux des tritons sont collés à la face inférieure des feuilles des plantes aquatiques dès qu’elles commencent à pousser. Quant aux salamandres, elles ne pondent pas d’œufs mais déposent dans l’eau leurs petites larves brunes munies de branchies. Les insectes carnivores (dytiques, notonectes et larves de libellules) vont mener la vie dure aux têtards et les poursuivre impitoyablement pour s’en nourrir. C’est la loi de la nature et les amphibiens ont tout prévu pour perpétuer malgré tout leurs espèces : ils pondent énormément d’œufs. Si une partie de la progéniture sert de pitance aux insectes carnassiers, le reste survivra et les jeunes quitteront la mare au terme de leur développement larvaire. Les pieds dans l’eau, sur les berges ou sur les talus, des plantes aux exigences très différentes apparaissent peu à peu. Les unes sont banales, mais néanmoins luxuriantes, d’autres, par contre, constituent de petits joyaux rares qu’il s’agit de préserver absolument. À première vue pourtant, rien ne les distingue vraiment de leurs proches cousines. Regardez, ici voici la stellaire des marais.

Stellaire des marais

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Triton alpestre femelle

Avouons que de loin, elle ressemble étonnamment à la stellaire holostée, bien que ses fleurs soient plus petites. Elle se plaît dans les lieux marécageux et a élu domicile aux abords de la mare. A ses côtés, le petit myosotis gazonnant est aussi une espèce peu commune. Un peu partout l’alliaire et la cardamine attirent les papillons printaniers. L’aurore viendra y pondre de minuscules œufs. Les pieds dans l’eau, le populage (Caltha palustris) et l’iris (Iris pseudacorus) fleurissent successivement illuminant de jaune le plan d’eau et ses abords, tandis que le lycope d’Europe (Lycopus europaeus) et le plantain d’eau (Alisma plantago-aquatica) montrent leurs premières feuilles et que la renoncule aquatique (Ranunculus peltatus) ouvre ses délicates fleurs blanches au ras de l’eau.

Caltha palustris

Ranunculus peltatus

Plus tard dans la saison, apparaîtront les beaux épis de la salicaire commune (Lythrum salicaria) et, au milieu de la mare, les étranges fleurs du rubanier. Nous marchons sur la berge, et voici que subitement, un minuscule point en mouvement sur le sol attire notre attention : c’est un petit insecte coléoptère particulièrement mimétique : en latin on l’appelle Elaphrus riparius et jamais personne n’a eu la bonne idée de lui trouver un nom plus simple.

Lythrum salicaria


S’il n’avait pas bougé, jamais nous ne l’aurions aperçu tant il se confond avec la couleur de la terre et des algues. Très vite il disparaîtra sous un plant de gnaphale, cette lointaine cousine de l’édelweiss dont le feuillage grisâtre orne la berge.

Anax imperator

Elaphrus riparius

Juin… sous le soleil, les libellules et demoiselles (que les spécialistes nomment anisoptères et zygoptères) volent au ras de l’eau. La libellule déprimée apparaît d’abord. Le mâle est bleu, la femelle brune-jaunâtre. Ils se poursuivent sans relâche, prenant à peine le temps de poser pour la photo… Imposants, les Anax imperator se mêlent bientôt à la danse. Les demoiselles sont plus discrètes… mais bien présentes au milieu des touffes d’iris et de carex. Solidement arrimés l’un à l’autre, le mâle et la femelle virevoltent et déposent leurs œufs dans l’eau. Ils donneront bientôt naissance à de petites larves carnivores. Plusieurs espèces de zygoptères fréquentent la mare rivalisant de beauté et de reflets colorés.

Libellule déprimée mâle

Mais qu’elle est déjà riche en observations cette première année de vie de la mare agrandie ! Vivement le printemps prochain pour de nouvelles découvertes que nous ne manquerons pas de vous inviter à partager sur le terrain lors de balades organisées.

Sur le sentier qui sépare les deux plans d’eau, une douce odeur de miel flatte nos narines : c’est la reine des prés (Filipendula ulmaria) qui est en pleine floraison. Nous ne sommes pas les seuls à être attirés par son parfum suave : des syrphes butinent ses fleurs sans relâche. L’été touche à sa fin… les plantains d’eau nous ont joué un tour à leur façon : ils ont tout envahi ! Qu’à cela ne tienne ! L’an prochain nous veillerons à limiter leur expansion ! Demoiselles

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Le fauchage tardif dans le Parc naturel Par Camille Cassimans, Chargé de communication PNVH

D’abord les inventaires

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our pouvoir adhérer à la convention relative à la gestion écologique des bords de route, il a fallut réaliser des inventaires botaniques de manière à confirmer l’intérêt de ce fauchage tardif.

En mai 1996, le Service des Travaux de la commune de Viroinval et le Centre Marie-Victorin conviennent d’adopter les modalités de fauchage selon quatre zones bien définies. En 1999, dix relevés botaniques réalisés sur les bords des voiries communales du Parc naturel ont permis d’identifier 128 espèces végétales. En 2003, dix autres relevés ont porté le nombre à 164 espèces dont trois faisant partie de la législation relative à la protection de la flore (Veronica prostrata, Bubium bulbocastanum et Rosa tomentosa). Il faut aussi citer Jasione montana et Hieracium maculatum qui figurent sur la liste rouge de la flore de Wallonie. Une fois de plus, le territoire du Parc naturel révèle sa grande richesse et incite à adopter des méthodes de gestion respectueuses de la nature.

Territoire du parc : 6

fauchage tardif (avec bande de sécurité) JdP - Automne 2011


Fauché le Flambé ? Cerise sur le gâteau, depuis 1998 la commune de Viroinval a décidé de suivre les recommandations d’un rapport entomologique réalisé par Kurt Hofmans en vue d’entretenir les bords de route en faveur du Flambé (Iphiclides podalirius) ce superbe papillon typique de nos pelouses calcicoles. Il ne se rencontre que dans les milieux secs et chauds et là où pousse le prunellier, sa plante-hôte, sur lequel la chenille peut se développer. Le prunellier ne doit pas dépasser un mètre de haut. Vingt-six talus ont été délimités à cet effet et offrent 3525 mètres de refuge à ce papillon vulnérable et menacé. Ces talus sont gérés selon une méthode précise.

Le Flambé

Les talus envahis par des fourrés d’épineux hauts et denses seront recoupés à ras du sol suivis d’une recoupe durant les 4 années qui suivent. Les talus abritant des petits arbustes isolés seront recoupés à 20 cm du sol. Ensuite, un entretien tous les 4 ans est suffisant car les rejets de prunelliers produiront de nombreuses branches sub-horizontales très attractives pour les pontes du Flambé.

La gestion extensive en Wallonie

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es zones qui nous intéressent ici sont parallèles à la voirie. Leurs fonctions varient suivant l’ordre technique ou écologique et selon une importance due à la situation et à la dimension de la route. Il en existe trois types.

1. La zone de sécurité

C’est la première zone de gestion située contre la chaussée et d’une largeur allant de 1 m à 1,20 m tout au plus. Si une visibilité importante est requise, cette dimension peut être augmentée. Dans cette zone, la gestion est intensive et la fauche se fera ainsi à plusieurs reprises au cours de la période de végétation, sans date précisée. Cette fauche est réalisée pour des impératifs de sécurité routière, afin de fournir un espace « refuge » pour les piétons. Malgré cette gestion, une certaine faune caractéristique des herbes courtes peut s’y installer.

2. La zone de fauche tardive

Elle est présente là où l’utilisation de la voie de communication ne nécessite pas plusieurs fauchages annuels. La gestion y sera extensive avec un fauchage annuel à partir du premier août au plus tôt, ceci afin de permettre le bon déroulement des cycles biologiques d’un grand nombre d’espèces sauvages. C’est la zone dite du « pré fleuri » qui offre un refuge et une source de nourriture abondante à la faune présente.

3. La zone en friche

On peut compléter le fauchage tardif par une zone qui présente des espaces de fauchages plus grands encore, parfois de l’ordre de plusieurs années. Elle servira d’abri, durant l’hiver, aux populations animales qui ne migrent pas. Tout dépendra de la largeur disponible à la création de cette zone. À certains endroits et s’il n’y a pas d’objection du voisinage, elle peut occuper toute la largeur comme c’est parfois le cas des chemins utilisés quasi exclusivement par les forestiers et les agriculteurs.

Concrètement à Viroinval Sur les plans au 1/10 000° déposés à la Région wallonne, les zones sont surlignées en couleurs différentes selon la technique de fauchage choisie. Les panneaux « fauchage tardif » sont placés au début et à la fin de chaque zone. Il est à noter qu’il existe aussi à Regniessart une portion de voirie dont les talus sont exposés plein sud et sur lesquels pousse la bruyère d’été (Calluna vulgaris). Dans ce cas, le fauchage sera effectué en dehors de la période allant du 01 mai au 15 septembre.

Calluna vulgaris

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La cigogne noire Un hôte prestigieux des forêts du Parc naturel Par Laurent Colmant, Chouette nature asbl

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n période printanière, alors que les hêtres et les chênes se parent de leurs feuillages verdoyants, un ruisseau murmure non loin d’ici, dans le vallon. Le soleil s’impose dans le ciel moutonné. Grives et merles chantent inlassablement pour marquer la proximité de leur nid. Quelques fauvettes et pouillots en migration sifflent dans le sous-bois. Soudain, une large silhouette glisse silencieusement au-dessus de la cime des vieux chênes. Les ailes sont largement déployées, presque deux mètres d’envergure ; le cou est tendu, un long bec pointe devant et de longues pattes prolongent la silhouette. La cigogne plie légèrement les ailes pour perdre de la vitesse, elle passe habillement entre les cimes et disparaît.

L’

oiseau se pose maintenant majestueusement sur son nid. Son plumage noir est irisé de pourpre et de vert. Il contraste avec une livrée blanche au ventre, un bec rouge carmin et des pattes rouge-vif. Son nid est massif - plus d’un mètre cinquante de diamètre - et épais d’au moins cinquante centimètres. Le couple de

cigogne l’a construit en accumulant de la terre et des branches au fil des années. Il est solidement arrimé à une grosse branche de chêne. Ce sont des oiseaux exigeants qui ont besoin de quiétude contrairement à la cigogne blanche qui s’accommode volontiers à la proximité d’habitations et à l’activité humaine. Le nid est installé au cœur d’une vieille forêt de chênes et de hêtres, il est éloigné des lisières, des maisons et des routes.

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oici quelques jours qu’elles sont revenues de leur quartier d’hivernage, situé en Afrique de l’ouest. Les œufs sont déposés plus tard, en mai, et incubés par la femelle durant plus d’un mois. Les semaines passent. Les chênes se couvrent généreusement de leur feuillage, rendant ainsi le nid plus discret et plus difficile à détecter. En juin, les œufs éclosent et les oisillons sont entièrement couverts d’un fin duvet banc. Les deux premières semaines, ils restent sous la protection d’un adulte car ils sont vulnérables aux prédateurs, telle la martre, mais surtout aux intempéries : sous une pluie abondante et continue, leur duvet ne les protège plus du froid. Dans ce cas, leur seul refuge est sous les ailes d’un adulte.

Le retour La cigogne noire était jadis présente partout dans les grands massifs forestiers. Mais au XIXe siècle, ses effectifs ont largement déclinés partout en Europe sous la pression de persécutions et de l’intensification des exploitations forestières. L’espèce a disparu de notre pays ainsi qu’en France, au Luxembourg et dans d’autres contrées en Europe occidentale. Il a fallu plusieurs décennies d’effort, de restauration des forêts et de protection de l’espèce au niveau européen pour que la cigogne noire réapparaisse chez nous dans les années 80. Depuis, le nombre de couples nicheurs progresse pour atteindre actuellement près d’une centaine en Wallonie. Depuis moins de dix ans, la cigogne noire est observée dans le sud de l’Entre-Sambre-et-Meuse dans les bois de Seloignes, Chimay, Forges, Couvin, Viroinval… Les observations se multiplient. Les premiers couples nicheurs se sont installés dans le Parc naturel Viroin-Hermeton il y a seulement quelques années. 8

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rogressivement, Ils grandissent. Ils se couvrent petit à petit de leur livrée noire et blanche. Trois têtes sont maintenant visibles, elles sont encore recouvertes de duvet. Une jeune cigogne se relève, elle fait quelques pas hésitants avant de se blottir au fond du nid. De loin, celui-ci paraît alors inoccupé. Toutefois, de nombreuses traînées blanches, des déjections, sur le rebord du nid et sur le feuillage du sous-bois trahissent la présence des oiseaux.


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es deux adultes quittent le nid pour chasser des petits poissons et des grenouilles dans les ruisseaux, de quoi nourrir leur progéniture. Trois à six fois par jour, de la nourriture est apportée aux jeunes cigognes. Elle est régurgitée, d’abord transmise de bec à bec, puis picorée sur le nid quand les oisillons sont plus développés. Parfois, les adultes se reposent à proximité du nid, au sommet d’un haut peuplier dont il ne reste que le tronc et les branches maîtresses. L’endroit est idéal pour surveiller le nid et prévenir du danger. Ils passent aussi de longs moments à lisser leur plumage et à se toiletter. Après deux mois passés au nid, vers la mi-juillet, les jeunes cigognes prennent leur envol.

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e retour de la cigogne noire dans le parc naturel est un événement exceptionnel qui signe des décennies d’effort de protection de l’espèce au niveau européen. Sa présence dans le massif forestier du parc naturel témoigne du travail considérable des gestionnaires forestiers du Département Nature et Forêts. Que ce soit pour préserver ou restaurer la qualité des ruisseaux et des zones humides en forêt, pour augmenter la biodiversité en laissant vieillir la forêt ou pour protéger les arbres porteurs de nid.

Cigogne noire et petits ruisseaux La cigogne noire s’alimente principalement de poissons de petite taille mais également de grenouilles, de tritons, d’insectes voire de micromammifères. Son domaine de chasse comprend des ruisseaux, des étangs marécageux et des prairies. Ces lieux de chasse sont parfois partagés par des oiseaux de différents couples. La plupart des ruisseaux fréquentés par la cigogne noire sont étroits, maximum un mètre de large, et peu profonds ; les eaux y sont de très bonne qualité et riches en chabot et truite fario. On comprend dès lors pourquoi l’espèce s’installe à proximité de vallons, dans des secteurs fournis en ruisseaux. Bien que de retour chez nous, nous devons tous garder à l’esprit que la cigogne noire est une espèce extrêmement sensible aux dérangements et que dès lors, il faut lui réserver la plus grande quiétude. L’avenir de cet oiseau emblématique dépendra de la poursuite des efforts pour lui offrir un habitat de qualité, exempt de dérangements. JdP - Automne 2011

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La de Viroinval Par Camille Cassimans, Chargé de communication PNVH

Toujours plus de caractère Dans l’après guerre 40-45, José Bourtembourg, imprimeur bien connu dans le Parc naturel, décide d’acheter une machine linotype d’occasion et révisée. Il fallait absolument alléger le travail de composition du « Passe-Partout » qui se développait de plus en plus et aussi l’imprimerie générale. C’est accompagné de son frère Ulysse Bourgtembourg, lors d’une visite à l’imprimerie du journal « Le Soir », qu’il décida d’investir dans ce type de machine, car fortement utilisée à cet endroit. Douze polices différentes rangées dans leur magasin et un corps de texte pouvant aller de 5 à 34 feront de cette machine un fer de lance dans l’imprimerie régionale en plein essor.

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Le linotypiste C’est Ulysse Bourtembourg qui sera chargé de dompter cette machine d’une robustesse à toute épreuve, d’une précision chirurgicale et d’une productivité phénoménale pour l’époque. Des heures passées derrière le clavier composé de trois parties (minuscules, majuscules, caractères spéciaux), Ulysse compose au kilomètre des lignes de plomb qui, mises côte à côte sur le marbre de montage, donneront les textes lisibles dans le Passe-Partout. Ulysse devait aussi rencontrer les clients comme, par exemple, les galeries Jacquemin de Couvin, afin de définir une mise en page. Cela se passait généralement le soir de manière à être tranquille et aussi dégagé des vapeurs de plomb fondu. Ce travail se réalisait avec minutie car une erreur d’impression est toujours regrettable puisqu’on ne vend pas la blanquette de veau au même prix qu’un rumsteak.


Cliquetis et fusion Il faut s’imaginer le travail d’une journée derrière le clavier de cette mécanique issue de l’ingéniosité humaine, chaleur du plomb en fusion, vapeurs de plomb, fumées, cliquetis multiples, moteur en action, grincements des engrenages et des arbres à cames... Le linotypiste tape au clavier, la linotype sélectionne chaque matrice en laiton à grande vitesse et la fait coulisser pour s’aligner derrière sa précédente. Une ligne finie d’une douzaine de centimètres - ce qui vaut environ 144 cicéro dans la mesure linotypiste - va être positionnée devant le four à plomb en pleine fusion. Une impulsion et le plomb en fusion coule de manière à mouler cette ligne de texte. Gare aux éclaboussures et aux jets de plomb fréquents à cause d’une ligne mal justifiée ! Un retard de production énerve Ulysse, malgré son calme de grand pêcheur qu’il était. Les heures supplémentaires s’accumulaient souvent car le Passe-Partout devait sortir chaque semaine.

Faire bonne impression Toute cette famille d’imprimeurs ne se limitait pas au Passe-Partout. De nombreux livres anciens sur Viroinval ont été imprimés après avoir été écrits par des auteurs tels que P. Blondeau, R. Fichet et autres. Les avis nécrologiques font partie aussi de ce travail, tout comme les publicités, tracts divers, périodiques, affiches… Mais le modernisme des années 1970 mit un terme au fonctionnement de la linotype fabriquée à Altrincham, en Angleterre.

Enfin, dans un mouvement d’envolée, le grand bras ramasse les matrices et les remonte dans les tiroirs respectifs où elles attendent un nouvel appel. La ligne en plomb refroidit et va s’accumuler sur une tablette recevant le texte qui sera emporté sur sa gallée, une espèce de plateau. Ce sera alors à Benoît d’assembler le mécano en plomb sur le marbre de montage.

Michel, le fondeur Parmi ses souvenirs d’enfance, Michel se rappelle les moments ou il avait son propre cubilo (four à plomb) dans lequel il faisait fondre toutes les lignes de plomb récupérées un peu partout. Une passoire lui permettait d’écumer le dessus du bain de fusion et au moment voulu il pouvait commencer à faire couler le plomb dans les moules à lingots. Ceux-ci repartaient alors dans le cycle, accrochés un à un au-dessus du four de la linotype, subissant leur lente fusion au fur et à mesure de la composition. N’oublions pas la scie à plomb qui servait à couper correctement les lignes et à les ébarber soigneusement.

Planning

de la

Fête

du

Parc 2011

Les 15 et 16 octobre de 10h à 18h à Nismes

En continu :

Samedi 15 :

Dimanche 16 :

• Pressurage - Mobipresse*

• 11h - Inauguration

• 10h - Excursion « araignées »*

• Jeu de piste dans l’arboretum

• 14h - Visite de vergers à Nismes

• Expo : aquarelles d’Yves Fagnard • Jeux en bois • Élagage en hauteur • Stands, expos... • Buvette, restauration (sanglier

à la broche, pain-saucisse...)

(détails en p.12)

• 14h - Atelier « Choucroute »,

venez transformez vos choux*

• 14h - 18h - Légendes contées • 15h - Marche nordique,

initiation gratuite**

Réservations : * Parc naturel, +32 (0)60 39 17 90, secretariat@pnvh.be, ** +32 (0)497 54 90 24

ou « champignons »*

• 10h - Marche nordique,

initiation gratuite**

• 10h - 12h, 13h - 18h - Débardage • 14h - Visite de vergers à Olloy

(détails en p.12)

• 14h - Atelier « Choucroute »,

venez transformez vos choux*

• 14h , 14h45, 15h30 et 16h15

Parcours de légendes contées JdP - Automne 2011

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Agenda des manifestations Festival

de la pomme, du miel

et des vins de fruits

Samedi 15 et Dimanche 16 octobre - Nismes - 1 week-end Le Parc naturel organise sa septième fête. Lors de cette manifestation (10 h à 18 h), des artisans de bouche ainsi que de nombreuses associations œuvrant pour la protection de la nature seront présents.

L’Albatros de Petite-Chapelle réalise une exposition des principales variétés de pommes et de poires anciennes régionales. Il sera possible de déposer des fruits à déterminer (3 fruits par sachet, numéroté selon les arbres, avec nom et adresse) via le CRA-W (Centre de recherche de Gembloux). À voir aussi : vente de pommes et des produits dérivés, conférences, expositions, démonstration d’élagage, etc. Visites de vergers : Samedi à 14 h, au verger de hautes-tiges à SousSt-Roch (Nismes), au panneau d’accueil. Fléchage depuis Nismes en venant de Mariembourg. Direction Dourbes, stationner sur votre gauche, au terrain de foot (guide : Thierry Dewitte). Dimanche à 10 h, au verger de basses-tiges à Notre-Dame jouxtant l’église (panneau d’accueil) d’Olloy-sur-Viroin pour les petites formes et les formes palissées (guide : David Lambert). Infos : Parc naturel, +32 (0)60 39 17 90, secretariat@pnvh.be

Conseils à la plantation des petits fruits et autres

Samedi 26 novembre - Olloy-sur-Viroin - 1 après-midi À la Sainte-Catherine, tout bois prend racines. C’est bien connu, aussi démonstration de plantation et de taille à la plantation pour des arbustes de petits fruits et autres. Activité réalisée dans le cadre de la Semaine de l’arbre en RW., animée par David Lambert et Thierry Dewitte de la cellule « vergers » du PCDN de Viroinval.

Initiation

au monde des lichens

Samedi 26 novembre - Mazée - 1 après-midi Recherche et observation des espèces arboricoles et saxicoles dans la forêt ardennaise tout au long de la frontière franco-belge. (guide : Olivier Roberfroid)

R.V. à 13 h 30, église de Mazée. Fin vers 17 h. Emporter enveloppes pour récolte et loupe, vêtements chauds et bonnes chaussures. Organisation : Cercles des Naturalistes de Belgique section Viroinvol. Infos : Olivier Roberfroid +32 (0)60 31 34 38

Restauration d’anciens

poiriers en espalier de façade

Samedi 3 décembre - Treignes/Matigolles - 1 après-midi Les anciens poiriers en espalier ornant nos façades sont en voie de disparition, une enquête le montre, entre 2000 et 2010, plus de la moitié d’entre eux ont disparu. Ces véritables monuments végétaux de notre patrimoine rural sont sacrifiés lors d’une rénovation de façade ou laissés à l’abandon, ils finissent par perdre leur forme et dépérir, casser... Mais comment les restaurer après tant d’années ? Démonstration de taille et d’intervention par Christophe Poirson du CRA-W de Gembloux, projet Biodimestica, rue du Gay à Treignes (prendre la route Treignes/Matagne-la-Petite). R.V. à 13 h 30 à Treignes, hameau de Matignolles, rue du Gay. Fin vers 16h30.

R.V. à 14 h, verger « Notre-Dame », à l’église d’Olloy-sur-Viroin.

Prévoir vêtements de pluie si nécessaire.

Infos : Inscription souhaitée au Parc naturel, +32 (0)60 39 17 90, secretariat@pnvh.be

Infos : Parc naturel +32 (0)60 39 17 90 Camille Cassimans, cassimans@pnvh.be

Organisation : PCDN de Viroinval.

Le journal du Parc naturel est une publication de la Commission de gestion du Parc naturel Viroin-Hermeton. Comité de rédaction : Parc naturel Viroin-Hermeton. Conception graphique et mise en page : Cédric Kinif. Dépôt légal D./2011/11.731/30 - ISSN : 1782-1460. Crédits photographiques : Kinif C. [PNVH - cover, p.2 (n°2), p.11 (n°2)], Tracy [p.2 (n°1) - LCC], Cassimans C. [PNVH - p.3 (n°1), p.6 (fond, n°1), p.7 (n°2), p.10 (n°1), p.11 (n°1)], Lambert A. [PNVH - p.3 (n°2,3), p.4 (n°1,2,4,5,6,7), p.5 (n°1,2,3,4)], Dambrain M. [p.4 (n°3)], Google map [p.6 (carte)], «Karagal» [p.8 (n°1) - Licence GNU], Comant L. [p.9 (n°1)], Youenn [p.7 (n°1) - Licence GNU]. Le journal du Parc naturel est distribué dans toutes les boîtes aux lettres de la commune de Viroinval. Il est également disponible sur simple demande à la Maison du Parc et est téléchargeable sur www.pnvh.be Éditeurs responsables : J.-P. Colin, président et É. Baudoux, secrétaire, rue d’Avignon, 1 - 5670 Nismes.

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JdP - Automne 2011

Membre de l’Union des Éditeurs de la Presse Périodique


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