Journal du Parc n°28

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Printemps 2011 - Trimestriel

Le Journal du Parc naturel Sommaire Éditorial La consommation durable : une utopie ? Certainement pas ! Jardin de nature Walphy est sur l’Eau Blanche Clin d’œil Plein feu... sur le guichet de l’énergie Artisans et artistes de chez nous Quand dentelle rime avec fuseau Nature au quotidien La compagnie des chouettes hulottes Agenda des manifestations

Maison du Parc naturel rue d'Avignon, 1 - 5670 Nismes Tél.: +32(0)60 39 17 90 - Télécopie : +32(0)60 39 17 93 www.pnvh.be - Contacts : secretariat@pnvh.be

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La consommation durable : une utopie ? Certainement pas ! Joël Dath, Directeur PNVH

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elon le rapport d'avril 2011 du Centre de Recherche et d'Information des Organisations de Consommateurs (CRIOC), le panier de la famille vaut 594,47 euros. Cet indice donne une estimation des dépenses nécessaires à une famille moyenne au cours d'une semaine. Sur les douze derniers mois, ces dépenses hebdomadaires ont connu une augmentation de 24,16 euros. Effarant.

Source : CRIOC

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ujourd'hui, un ménage moyen doit disposer de 2576,05 euros par mois pour faire face à toutes ses dépenses. L'alimentation, les boissons et le tabac réunis représentent le deuxième poste le plus onéreux, juste après le loyer d'habitation. Si la consommation de tabac est un choix que chacun d'entre nous réalise « en âme et conscience », nous devons bien, toutes et tous, nous remplir chaque jour l'estomac et donc ouvrir notre porte-monnaie. Nos choix alimentaires évoluent, se diversifient, faisant la part belle aux produits venant des quatre coins de la planète. De plus, les recherches en techniques de production et de transformation permettent une offre quasiment constante tout au long de l'année. Mais tout cela a non seulement un coût environnemental, mais également un coût financier pour le consommateur final : les cultures intensives nécessitent l'utilisation massive d'engrais et de pesticides, les productions hâtives sous serres chauffées, combinées aux transports sur de longues distances, nécessitent l'intervention de toute une flotte d'avions, bateaux, camions… consommateurs d'une énergie fossile hors de prix qui est indubitablement répercuté sur le coût de la marchandise.

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Loyer d’habitation Alimentation, boisson, tabac Transport Culture, enseignement et loisirs Meubles, appareils ménagers Chauffage, éclairage, eau Horeca Services financiers, assurances Habillement, chaussures Santé Voyages Communications Autres dépenses Total

Par semaine 112.95 € 92.74 € 78.47 € 49.34 € 38.64 € 32.10 € 30.91 € 29.13 € 29.13 € 27.94 € 23.78 € 16.65 € 32.70 € 594.74 €

Par mois 489.45 € 401.86 € 340.04 € 213.81 € 167.44 € 139.11 € 133.95 € 126.23 € 126.23 € 121.07 € 103.04 € 72.13 € 141.68 € 2576.05 € Source : CRIOC


Du local de saison, sinon rien !

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a consommation durable n'est pas une utopie : privilégions les fruits et les légumes de saison produits chez nous. N'ayant pas subi de longs trajets, ils nous apportent non seulement la garantie de la fraîcheur et de la qualité, mais les circuits courts engendrent également une dépense en énergie beaucoup plus faible, et donc un coût final environnemental qui s'en ressent grandement. De plus, les légumes de saison sont bien plus savoureux et plus riches en vitamines que les fruits et les légumes forcés. Quoi de plus délicieux qu’une salade fraîchement cueillie au jardin, agrémentée de petites rondelles de radis et d’un brin de ciboulette directement sortis du carré d’herbes aromatiques ! Mais qui sait encore dire quels sont ces produits de saison, cultivés chez nous, tant ils sont noyés dans une abondance de choix sur les étalages ? La mention de l'origine n'étant pas obligatoire, ce n'est pas simple de s'y retrouver… Les marchés hebdomadaires proposent (souvent) davantage de productions familiales que les grandes surfaces et si, à certaines saisons, l'offre est peu étendue, les fruits et légumes de garde (pommes, poires, carottes…) constituent une excellente alternative aux denrées importées. Une autre formule intéressante pour les consommateurs consiste à s'associer en « groupement d'achat commun », autrement appelé « GAC ». Des produits de saison, de qualité et à des prix abordables, sont directement fournis par des producteurs ou des transformateurs locaux. Dans l'évolution galopante d'un monde économique où la (sur)consommation fait loi, ce petit coup de pouce à nos agriculteurs, éleveurs et artisans locaux ne pourra qu'être bien apprécié…

Rejoignez la nouvelle filière touristique de Wallonie !

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ouvenez-vous du numéro précédent, nous vous parlions d'un projet-pilote au Parc : le développement d'un tourisme en forêt. Pour nous différencier des autres massifs forestiers, nous avons choisi de mettre en avant nos « diversité, authenticité et nature préservée ». Cette nouvelle filière touristique « massif forestier » doit fédérer les différentes offres touristiques de manière à former un véritable réseau. Celui-ci profitera à tous, en valorisant le massif entier, dans chaque commune participante. Il sera en place dès la fin de l'année si la phase de mise en œuvre est enclenchée par le Gouvernement wallon. Donc, en tant que restaurateur, hôte ou autre, si vous souhaitez plus d'informations pour intégrer ce nouveau réseau, n'hésitez pas à consulter la rubrique « Massif forestier » sur le site internet du Parc (http://www.pnvh.be) ou à nous téléphoner !

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par Anne Lambert Chargée de mission PNVH

Walphy est sur l’Eau blanche par Anne Lambert Chargée de sensibilisation PNVH

Vers une meilleure qualité écologique de nos cours d'eau

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a « Directive Cadre sur l'Eau », mise en place par l'Union européenne, a pour objectif premier la protection et l'amélioration de l'environnement aquatique au sein des états membres. Ainsi, pour fin décembre 2015, la Belgique doit atteindre le seuil de « bon état » tant écologique que chimique de ses cours d'eau. Cette Directive se traduit actuellement, sur le territoire du Parc naturel, par un projet pilote de restauration du tracé naturel de l'Eau Blanche, et ce en compatibilité totale avec les activités humaines existantes. Afin d'atteindre ce bon état écologique, il faut obligatoirement retrouver les processus naturels d'érosion et de transport de sédiments par la rivière qui ont, de tous temps, donné naissance à une grande diversité de faciès le longs de nos cours d'eau. Associés à une ceinture végétale riche et variée, ces milieux de vie recréés représenteront autant d'habitats pour une multitude d'organismes tant aquatiques que terrestres.

Le projet WALPHY

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our mettre en œuvre cette politique de renaturation réfléchie de nos cours d'eau, l'Union européenne et la Direction des cours d'eau non navigables (DCENN) du Service Public de Wallonie cofinancent le projet WALPHY. Ce projet LIFE+ Environnement a pour objectif de concevoir un outil d'aide à la décision pour la restauration physique des cours d'eau modifiés dans le sens d'une trop grande homogénéisation et artificialisation. Il s'agit d'un projet pilote de 5 ans qui a démarré en janvier 2009.

Il s'attache, dans notre région, à la mise au point d'une démarche structurée de restauration de la qualité des eaux du bassin de la Meuse en amont d'Andenne. Trois « masses d'eau » ont été retenues, dont l'Eau Blanche « aval » qui concerne la rivière depuis son arrivée dans la plaine d'Aublain jusqu'à la confluence de l'Eau Noire. Les aménagements prévus sont conçus et réalisés par le District de Namur (DCENN avec l'appui de bureaux d'étude). Un suivi scientifique avant et après travaux est également mené par les laboratoires d'hydrographie et de géomorphologie fluviatile de l'Université de Liège et par l'unité de recherche en biologie des organismes des FUNDP (Facultés universitaires de Namur).

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Dans le Parc naturel dans le courant de l’été

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oins altérée que dans son parcours fagnard où les berges ont été profondément transformées (rectifiées et enrochées) dans les années 50, l'Eau Blanche fera ici l'objet de travaux de diversification des écoulements, des substrats et des habitats aquatiques. Ces travaux devraient démarrer au cours de l'été 2011. Sur l'ensemble de ce parcours, la qualité du C'est principalement la portion de l'Eau Blanche comprise entre la limite communale cours d'eau a été évaluée comme ( à l'endroit où le ruisseau de Fagnolle rejoint l'Eau Blanche ) et le pont des Dames qui sera concernée par les travaux. « moyenne ». Une accentuation des sinuosités existantes, la modification du relief de son lit, l'apport de substrats immergés variés associés à une diversification des berges mèneront à une amélioration biologique certaine et profiteront aux communautés piscicoles qui devraient s'y trouver, notamment la truite et l'ombre.

Gestion réfléchie et prévention des crues

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n ce qui concerne la végétation, la zone à baldingères située dans le chenal des crues ainsi que les arbres et buissons évalués « de haut intérêt » seront intégralement préservés. À cet égard, on privilégie les buissons dont les basses branches retombant sur l'eau offrent de bons habitats aquatiques et des zones de refuge pour les poissons. L'ancien lit de la rivière et ses abords, actuellement relativement envahis par une végétation arbustive très prolifique, seront, par contre, remis en état par des coupes et des recépages.D'une part, l'ancien lit sera aménagé pour améliorer l'écoulement en crue en soulageant la zone de Mariembourg à proximité de la station d'épuration et, d'autre part, des annexes hydrauliques seront recreusées en bordure du lit actuel. Des troncs avec ou sans souche, déposés sur le fond en quelques points «stratégiques» créeront des zones de turbulence et des supports organiques irréguliers favorables à la faune aquatique. Les différents obstacles immergés favoriseront une meilleure oxygénation de l'eau par augmentation de sa turbulence. Pour se convaincre de l'intérêt de ces travaux, il suffit de longer l'Eau Blanche à Mariembourg où la rivière a retrouvé mouvements et petites turbulences. Pour la faune piscicole, les zones refuges et les frayères se sont multipliées. La restauration de la qualité biologique va, en outre, de pair avec une revalorisation paysagère de la rivière, ce qui n'est pas pour nous déplaire, au Parc naturel !

En aval du pont du chemin de fer, un îlot donnera un faciès plus varié à la rivière et augmentera localement les contacts terre-eau.

Zones refuges

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e-ci de-là des radiers seront placés dans le lit mineur de la rivière qui sera parallèlement regarni de galets. La largeur du cours d'eau sera localement diminuée par la création de méandres associée à l'installation de remblais et de plages de graviers, formant des banquettes plus ou moins immergées, où la faible profondeur provoquera un réchauffement plus rapide de l'eau et où s'installeront des espèces végétales semiaquatiques, qui contribueront à stabiliser la berge.

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par Sana Teggouri et Paul Ceulemans, consultants en énergie

Plein feu... sur le guichet de l’énergie

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es effets tant redoutés du réchauffement climatique se font déjà sentir et ne feront que s'amplifier à l'avenir. Aujourd'hui, le constat est clair : la planète se réchauffe ; nos modes de consommation de l'énergie en sont responsables. La Région wallonne, consciente de l'ampleur du défi et de la part du secteur résidentiel dans sa facture énergétique, s'est engagée à mener des programmes dans le but de réduire drastiquement cette facture et par conséquent ses émissions de gaz à effet de serre.

Des permanences à la maison des Baillis

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our renforcer le réseau des guichets de l'énergie, le Gouvernement wallon a donc décidé de créer un guichet de l'énergie mobile sur les arrondissements de Dinant et Philippeville. Ce nouveau guichet dessert 18 des 22 communes des deux arrondissements. Avant sa création, notre population devait s'adresser aux guichets de l'énergie de Namur ou de Charleroi.

Sana Teggouri Consultante en énergie

Le travail concret sur le territoire a commencé au mois de septembre 2009, date d'engagement des deux consultants en énergie, de la mise en place des bureaux du guichet de l'énergie à Philippeville et de l'organisation des différentes permanences dans les communes.

“Le Guichet de l’Énergie ? Une mine de services gratuits pour les habitants du Parc et des environs !” La mission principale du guichet de l'énergie consiste à dispenser une information neutre et objective ainsi que des conseils personnalisés entièrement gratuits à tous les citoyens désireux d'en savoir plus en matière d'efficience énergétique, de développement des énergies renouvelables et des modalités d’octroi des primes en Wallonie. Il s'agit de répondre aux questions de la population sur la performance énergétique des bâtiments, les systèmes de chauffage, l'isolation de l'enveloppe du bâtiment, la ventilation, l'utilisation rationnelle des appareils électroménagers…

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Paul Ceulemans Consultant en énergie

Le Guichet de l'énergie des arrondissements de Dinant et Philippeville est mis en place par la Région wallonne en partenariat avec la Maison de l'Urbanisme de l'Arrondissement de Philippeville et le Centre culturel régional de Dinant via Prospect 15.


Le certificat de performance énergétique des bâtiments

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epuis le 31 décembre 2010, toute vente publique volontaire ou classique de toutes les maisons unifamiliales doit obligatoirement être accompagnée d'un Certificat de Performance Énergétique (Certificat PEB) du bien concerné. De plus, à partir du 1er juin 2011, toute personne qui souhaite louer un bâtiment résidentiel existant devra aussi être en possession d'un certificat PEB valable.

Mais au juste, en quoi consiste ce certificat PEB ? Le certificat PEB est une véritable carte d'identité énergétique du bâtiment, il affiche sa consommation théorique d'énergie en fonction de conditions d'utilisation et de climat standardisées. Il permettra aux futurs acheteurs ou aux locataires de comparer les bâtiments en fonction de leur performance énergétique et de choisir des bâtiments plus performants.

Achat ? Location ? Pensez certificat PEB !

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’acheteur ou le locataire peut réclamer le Certificat PEB au moment du compromis de vente (à défaut du compromis, au moment de l'acte notarié), ou au moment de la signature du contrat de bail, mais rien ne l'empêche de le demander plus tôt au propriétaire. Par ailleurs, certains actes ne requièrent pas de certificat : l'hypothèque, l'antichrèse, les actes involontaires, les actes de partage pour sortir d'indivision successorale…

Permanences du guichet de l’énergie

Certificat PEB : infos importantes !  Ce certificat doit être élaboré par un Certificateur agréé (liste disponi ble sur www.energie.wallonie.be) et a une durée de validité de 10 ans  Le coût du certificat dépend ra du temps nécessaire à son élaboration et donc de la complexité du bâtiment à cer tifier et des documents à examiner  Enfin, le propriétaire qui ne disp ose pas d'un certificat PEB valable s'expose à une amende administrative de 2 € par m3 de volume construit avec un minimum de 25 0€

Guichet de l'énergie des Arrondissements de Dinant et Philippeville Avenue des Sports, 4 5600 Philippeville Tél. :+32 (0)71/61.21.30 GSM : 0474/118.640 ou 0474/118.642

- Philippeville (bureau) : du mardi au jeudi - Viroinval (Maison des baillis) : tous les troisièmes vendredis du mois - Couvin (Administration communale) : tous les premiers vendredis du mois - Doische (Administration communale) : tous les troisièmes jeudis du mois des permanences sont également organisées dans d’autres communes. contactez-nous !

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Artisans et artistes de chez nous Maryline Dumont Vierves-sur-Viroin

Quand dentelle rime avec fuseau...

par Camille Cassimans Chargé de communication PNVH

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uel point commun entre les villes de Bruges, Bruxelles, Binche, Lille et Valenciennes ? Toutes jouissent d'une réputation en matière de dentellerie. Au sein du Parc naturel, dans le charmant village de Vierves-sur-Viroin, Maryline Dumont a relevé le même défi de précision du travail.

L’école de dentellerie de Binche, et puis...

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près cinq années de cours suivis à raison d'une journée par semaine dans la célèbre école de dentellerie de Binche (Institut Supérieur Plus Ourthe), Maryline se lance dans la technique de la dentelle au fuseau. Le choix d'un motif se fait grâce à un dessin imprimé dans la revue Kant afin d'obtenir le « piqué » qui indique l'emplacement des aiguilles. L'ensemble est posé sur un coussin de travail, celui-ci pouvant même être fixé sur un trépied lorsque Maryline réalise son chef d'œuvre lors d'une exposition.

Codes et fuseaux

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ne multitude de fuseaux en hêtre, en buis, en palissandre, en ébène et d'autres essences (parfois jusqu'à 200 pour un seul ouvrage) se dévideront de leur fil en coton d'Egypte. Sur le dessin technique, des couleurs indiquent les codes à respecter : rouge = double passée, mauve = mat, vert = grillé et jaune = gros fil ou cordonnet autour du motif. À partir de ce moment là, ce n'est plus que la virtuosité des doigts, la vue précise et la mémoire infaillible qui va déclencher le ballet des fuseaux. Les uns virevoltent par-dessus les autres tandis que d'autres attendent leur tour, attachés par lots dans un attrape-fuseaux ou ramasse-fuseaux.

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Ce travail ne peut se réaliser que deux à trois heures d'affilées tant il est nécessaire d'être vigilant. Une erreur avec une paire de fuseaux et c'est la marche arrière assurée avec le risque de casser le fil si ténu. On peut estimer le temps total à environ une semaine pour obtenir le motif fini (à raison de plus ou moins 8 H de travail par jour pour le travail que Maryline exécute actuellement).

Sur le fil

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a matière principale est le fil de coton d'Egypte dont la finesse va en croissant de 50 à 185µ.Le fil de lin est aussi utilisé mais il donnera un travail moins régulier que le coton. Une grosse bobine (principalement pour le lin) ou de plus simples, colorées ou pas, sont dévidées à l'aide d'un bobinoir manuel qui va charger chaque fuseau de son précieux fil. Le travail de dentellerie devra tenir compte de ne pas faire rouler les fuseaux pour ne pas contrarier le sens de torsion initiale du fil durant le ballet ainsi que des croisements et torsions qui formeront les points qui seront maintenus par des épingles placées sur le piqué aux endroits prévus du motif à réaliser.

Une jupe pour Noël !

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e patchwork est aussi une des passions de Maryline qui a réalisé des couvre-lits, coussins, sacs… mais aussi une curieuse jupe de sapin de Noël. Cet ouvrage fait d'assemblage de divers motifs colorés, en arc de cercle, et avec un alignement cousu millimétrique fera ressortir votre sapin une fois posé à terre autour du pied. Un tapis digne des rois mages venant contempler l'Enfant Jésus dans sa crèche.

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Nature au quotidien

par Laurent Colmant Chouette nature asbl - www.chouettenature.be

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a nuit est tombée, le silence a envahi les rues de ce petit village du Parc naturel. L'air frais et humide de cette fin d'hiver nous tient tous en éveil. Nous sommes une cinquantaine à marcher silencieusement dans les rues, entre les fermes et les vieilles maisons de pierre pour écouter chouettes et hiboux. Silence. Au loin un chien aboie. Puis c'est de nouveau le calme. Au loin, un cri attire l'attention de certains. Le groupe s'immobilise. Tous se tournent vers un horizon qui n'est plus. Un long hululement résonne à l'orée du bois : une chouette hulotte rompt le silence. C'est un mâle qui cherche à attirer une femelle ou à affirmer son territoire.

Naissance chez les reines de la nuit

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epuis plusieurs années, un couple de hulottes a établi ses quartiers dans un nichoir installé dans le grenier d'une nouvelle construction du village. En mars, la femelle couve ses œufs ronds et blancs pondus à intervalle de deux jours. L'âge des jeunes sera ainsi échelonné ce qui permettra au moins aux plus forts de survivre en cas de disette. Le mâle, quant à lui, se cache la journée à quelques dizaines de mètres de là dans de jeunes épicéas. Un amoncellement de pelotes de réjections et quelques plumes trahissent son perchoir favori. Au crépuscule, il se perche, bien visible à l'orée du bois sur des branches basses d'épicéa. Il scrute avec patience la prairie, qu'un campagnol ou un mulot ne se dévoile pour fondre sur lui, l'emporter vers le nid et l'offrir à sa compagne avec laquelle il est généralement uni pour la vie. Les années où les petits Au cours de sa vie, la hulotte capture rongeurs abondent, le mâle apporte plus de proies que la femelle ne peut jusqu'à 60.000 proies. Elle est ainsi un en ingérer. Dix, parfois vingt proies peuvent s'accumuler et former un redoutable prédateur pour les petits garde-manger. rongeurs: elle capture mulots,

Un redoutable prédateur pour les petits rongeurs

Après un mois de couvaison, les œufs éclosent. Au début, les oisillons sont très faibles et couverts d'un duvet blanc qui les protège à peine du froid. Ils ont besoin de la chaleur et de la protection d'un adulte pour survire. Les semaines passent, ils se couvrent de plumes, deviennent plus fort, plus vifs et curieux.

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campagnols, musaraignes. Les poils, les os et les dents des proies sont recrachés sous forme d'une pelote après la digestion. La hulotte en recrache de une à cinq par jour.


Volez jeunesse !

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es jeunes hulottes passent de longs moments à l'entrée du nichoir observant les alentours, tournant la tête dans tous les sens. Elles se réfugient au fond du nid à la moindre alerte, même au passage d'une voiture. Les jeunes oiseaux étirent leurs ailes s'exerçant pour le grand jour de leur envol. Pour inciter leurs jeunes à s'envoler, les adultes tardent à les nourrir et les appellent jusqu'à ce que tenaillées par la faim, les jeunes hulottes prennent leur élan pour être enfin nourries. Les premiers moments, elles les passent au sol.

Très vite, elles cherchent à se mettre à l'abri des prédateurs en se réfugiant dans un buisson ou mieux encore en grimpant dans un arbre en s'aidant de leurs serres et de leur bec crochu. Les adultes continuent de les nourrir et de les protéger jusqu'à ce qu'elles deviennent plus habiles à chasser.

Chuuut... la hulotte chasse !

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Des gestes chouettes

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oser un nichoir dans des endroits où les cavités font défaut, éviter d'abattre un arbre creux qui pourrait servir de site de nid, limiter l'utilisation des pesticides même dans les jardins (les rapaces nocturnes meurent d'empoisonnement dû à l'absorption de pesticides contenus dans leurs proies), ne pas emmener des jeunes mais les placer sur une branche en hauteur à l'abri des prédateurs sont autant de gestes chouettes auxquels chacun peut prêter attention pour contribuer à la protection de ces oiseaux de proie qui sont nos alliés dans une lutte biologique contre les petits rongeurs.

a hulotte est le rapace nocturne le plus abondant dans le Parc naturel. Elle vit en forêt. Elle peut vivre dix ans. La chouette hulotte atteint près d'un mètre d'envergure. Son plumage rayé brun-roux lui permet de rester à l'abri des regards lorsqu'elle se repose en journée. Elle a une grosse tête qui pivote sur 270° avec des yeux noirs dirigés vers l'avant qui sont près de 100 fois plus sensible à la lumière que les nôtres. Son plumage souple et velouté rend son vol silencieux, ce qui lui permet de ne pas être entendue par ses proies ni d'être gênée par le bruit de son propre vol. Son ouïe est développée pour percevoir les sons suraigus produits par les micro-mammifères. Le décalage entre les récepteurs auditifs lui permet de localiser avec précision ses proies. Celles-ci sont repérées grâce à l'ouïe, la vision ne servant qu'au dernier moment pour ajuster la capture. Les proies sont tuées avec les serres ou d'un coup de bec sur la nuque puis elles sont avalées entières dans le sens du poil. Les hululements des chouettes et des hiboux au cœur de la nuit, grand classique des films à suspense, sont bien connus du grand public. Ce cliché induit, presque de manière inconsciente, une appréhension vis-à-vis de ces oiseaux. L’objectif, en présentant pareil article de sensibilisation, est d’ouvrir le voile sur notre environnement quotidien afin de connaître un peu plus de la vie de ces oiseaux qui nous entourent. Et qui dit mieux connaître, dit mieux respecter ! À très bientôt donc, pour de nouvelles découvertes au cœur du Parc naturel !

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Agenda des manifestations Les oiseaux de la vallée du Viroin Samedi 21 mai - Mazée - une matinée En mai, fait ce qu’il te plaît! Les espèces sédentaires peuvent déjà avoir des jeunes volants, les migrateurs les plus tardifs se cantonnent à peine… Mais c’est sûr, toute l’avifaune régionale est au rendez-vous, du cœur du village aux coins plus reculés du tienne de Najauge et des abords du Viroin. Emporter bonnes bottines et jumelles, une longue-vue si vous en possédez une. R.V. à 8h30 sur la Place du Bucq, près du kiosque. Fin vers 12h. Organisation : Cercles des Naturalistes de Belgique, section Viroinvol et Natagora ESM

Introduction aux maladies et aux ravageurs printaniers des arbres fruitiers Samedi 28 mai - Nismes - une après-midi Une séance d’information réalisée dans le cadre du programme de formation transfrontalier «Verger». R.V. à 14h à la Maison des Baillis, Maison du Parc naturel. Munissez-vous de vos échantillons malades ou attaqués ! Organisation : PCDN de Viroinval Cellule «Vergers», Parc naturel Viroin-Hermeton et CRA-W de Gembloux. Inscription obligatoire : Maison du Parc naturel +32(0)60 39 17 90 cassimans@pnvh.be - Télécopie +32(0)60 39 17 93

Infos : Philippe Ryelandt +32(0)71 21 67 79 p.ryelandt@belgacom.be

e x p o s

Un été... deux expositions à la Maison du Parc naturel : “Arbres remarquables en Province de Namur, un patrimoine toujours vert” et “Ces arbres témoins de notre histoire” D’un côté, une série de photographies réalisées par Benjamin Stassen et Guy Focant sur les arbres remarquables de notre belle province et, de l’autre, une quarantaine d'arbres patrimoniaux qui mériteraient le classement. Quelles sont les mesures mises en œuvre pour les protéger ? Organisation : Parc naturel Viroin-Hermeton - Province de Namur et Ministère de la Région wallonne - Département du Patrimoine). Infos : Maison du Parc naturel +32(0)60 39 17 90 - cassimans@pnvh.be - Télécopie +32(0)60 39 17 93

Stage nature 6 - 12 ans du 22 au 26 août - Dourbes - 5 journées (9h - 17h) Des tiennes calcaires jusqu'au Viroin, les richesses floristiques et faunistiques de Calestienne foisonnent à Dourbes. Le stage nature organisé par le Parc naturel du 22 au 26 août permettra aux enfants de 6 à 12 ans de découvrir les insectes et autres invertébrés de la rivière, des friches et des rocailles, les reptiles qui vivent cachés dans les anfractuosités rocheuses et les vieux murs, les habitants de la forêt... Explorateurs et chercheurs de traces, les enfants apprendront le mode de vie d'une multitude de petits animaux, imagineront la vie cachée dans les cavités rocheuses, apprendront à décrypter les secrets de la nature. Des jeux et des bricolages permettront d'illustrer les découvertes... En bref, découverte et amusement seront au programme d'une semaine qui se veut instructive et ludique en même temps. Frais d’inscription : 65 euros, repas offert le dernier jour. Places limitées !!! Renseignements et inscription : Maison du Parc naturel +32(0)60 39 17 90 anne.lambert@pnvh.be - Télécopie +32(0)60 39 17 93

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Le journal du Parc naturel est une publication de la Commission de gestion du Parc naturel Viroin-Hermeton. Comité de rédaction : Parc naturel Viroin-Hermeton. Conception graphique et mise en page : Joël Dath. Dépôt légal D./2011/11.731/29 - ISSN : 1782-1460. Crédits photographiques : Cassimans C. (PNVH - p.8 et p.9), Charpiat P. (p.3 - LCC), Čičel B. (p.10 (n°2) - LCC), Colinet O. (couverture), Grandmont J.-P. (p.12 - Licence GNU), Guillaume A. (PNVH - p.3 (n°1)), Jvanree (p.11 (n°1) - Licence GNU), Lambert A. (PNVH - p.4 et p.5)), Lyzadanger (p.2 (n°1) - LCC), Mecnarowski M. (p.10 (n°1) et p.11 (n°3) - LCC), Mikolajewski A. (p.11 (n°2) - LCC), Munhoven P. (p.2 (n°2) - Licence GNU) et Teggouri S. (p.6). Le journal du Parc naturel est distribué dans toutes les boîtes aux lettres de la commune de Viroinval. Il est également disponible sur simple demande à la Maison du Parc et est téléchargeable sur www.pnvh.be Éditeurs responsables : J.-P. Colin, président et É. Baudoux, secrétaire, rue d'Avignon, 1 - 5670 Nismes.

Membre de l'Union des Editeurs de la Presse Périodique


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