La Gazette du Japon - 1

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Sommaire n° °1 La religion : troisième élément du jardin japonais (Naginata) - religion et environnement - le Shintoïsme - le Bouddhisme Zen - aperçu historique - la religion dans le sakutei-ki - exemples historiques d’interprétations religieuses - de nos jours Le Kabuki (Agnès) - les origines - les débuts - un monde de formes - évolution - diversification des genres - liens et sources Le Rakugo (Jean-Michel) - définition - origines - différents types - structure - auteurs - grades - associations et « yose » - bibliographie Le Kôdan (Jean-Michel) - définition - conteurs célèbres Okinawa (Math-g) - présentation - dialecte d’Okinawa Edo-Tokyo Tatemono (Piri) Exposition – Arts du japon (Antoine) - arts civils I - arts militaires - arts civils II

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Sommaire n° °1 (suite) Les fêtes japonaises en mai (Jean-Michel) - Hakata dontaku - Hamamatsu matsuri - Tôshôgu Haru no Taisai - Yokohama minato matsuri - Aoi matsuri Amour et proverbes japonais (Jean-Michel) Katakana – Mots à caser (Agnès) - squelette - liste des mots à caser Cinéma : Eiji Okuda (Gattaca) - biographie - filmographie Tanizaki – Puisque je l’aime (Antoine) - scène III - scène IV - scène V Mots à caser – solution du jeu (Agnès)

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La Gazette du japon La religion troisième élément du jardin japonais (Auteur : Naginata) La religion dans l’environnement japonais : Ce point est important car la religion, encore très influente, n’a cessé d’être source de créations tant artistiques, qu’architecturales et bien sûr dans la création des jardins. Il est assez ardu de dresser séparément le portrait des religions pratiquées dans l’archipel tant elles font l’objet d’une interpénétration quasi perpétuelle. On peut cependant distinguer deux tendances ou orientations qui auront une influence marquante sur les jardins, mais il faut bien garder à l’esprit qu’elles se chevauchent, c’est à dire que le Japonais priera autant dans un temple Shinto que dans un temple Bouddhiste. A . Le Shintoïsme Ce terme désigne, dans son acceptation la plus ancienne et la plus générale, la religion qui, née dans le peuple japonais et entretenu par lui, n’a ni fondateur, ni dogme, et se compose essentiellement d’un ensemble de pratiques et de rites reposant sur une vision panthéiste du monde. Au-delà des diverses écoles et théories particulières qui jalonnent son histoire, et malgré l’absence de la philosophie et de théologie unifiées et instituées, le shinto se présente avant tout comme un système de valeurs, un mode de pensées et de comportements qui imprègnent profondément tous les aspects de la vie japonaise. Selon cette religion, les kamis, manifestations divines, s’incarnent dans tout ce qui est.

Ce culte occupe une grande place dans les croyances de la population. Ainsi, dans les communautés locales, non urbaines, sont vénérés sous des noms et des formes multiples les dieux de la montagne (yama no kami) de la rizière (ta no kami), de l’eau (suijin), du feu (hi no kami), du sol (chi no kami), des frontières ( sai no kami) et, dans les localités du bord de la mer (kaijin, ryujin). Chacun de ces dieux est plus particulièrement lié à un ou plusieurs domaines des activités humaines. Le dieu de la montagne, considéré comme résidant dans l’une des montagnes ou collines de la localité, est une figure dominante. Pour les paysans, le dieu de la montagne se transforme en celui de la rizière au début du printemps, au moment où les travaux agricoles recommencent, descendant des monts par le véhicule de l’eau, elle-même divinisée, puis retrouve sa nature originelle en automne après les moissons.

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La Gazette du japon Tous ces dieux, par essence, sont considérés comme n’ayant pas de formes propres mais pouvant s’incarner dans toutes sortes d’êtres, en particulier animal. Ainsi, le dieu de la montagne pourra se manifester sous la forme d’un singe, d’un sanglier, d’une biche, d’un serpent ; celui de l’eau sous celle d’un serpent mais aussi d’un dragon, de même que celui de la mer. Mais il réside plus couramment dans une pierre, un marbre. Ces derniers détails nous permettent de mieux comprendre la symbolique que peuvent prendre certaines constituantes du jardin. B . Le Bouddhisme Zen Cette importante branche du bouddhisme a exercé une influence prépondérante sur le développement de la culture japonaise depuis le milieu du XIII ème siècle jusqu'à nos jours. Eisai (1141-1215), auteur d’un « Manuel pour la conservation de la santé par le thé » et Dogen (1200-1253), initiateur de la pratique Zanzen, cette recherche du vide parfait, sont le plus souvent cités comme les initiateurs du zen.

Religion ou, plus précisément, « pratique » religieuse, éthique, arts, théâtre no, cérémonie du thé, ikebana, architecture, littérature, calligraphie, peinture, arts appliqués de toute nature… et jardins, ont été jusqu'à nos jours influencés et profondément imprégnés par le zen. On considère que chaque forme d’activité créatrice inspirée ou modifiée par le zen est caractérisée par sept « traits » aisément décelables et dont chacun peut occuper une place prépondérante dans un art. 1. L’asymétrie représente l’équilibre maîtrisé. La beauté réelle apparaît lorsqu’on a dépassé l’aspect de régularité, de perfection, d’exactitude, lorsqu’ils ont été réellement rompus. 2. La simplicité récusée à toute obédience à une école ou à un style. C’est la beauté naïve, sans apprêt (épanouie) dans un état de lucidité déliée, sans objectif particulier. 3. L’austérité, la simplicité noble évoquée par la marque du temps qui passe, le vieillissement, la patine. La beauté apparaît lorsque la chose devient essence seule ou noyau essentiel, comme un vieux pin solide et majestueux 4. Le naturel évoque l’absence de contrainte, la spontanéité. L’identification totale de la pensée avec l’objet. La volonté créatrice donne naturellement son libre cours. 5. La subtilité. L’essence de l’expression artistique ne doit pas être largement dispensée. L’œuvre doit préserver une part de son mystère. Sa « richesse » voilée représente le contenu inépuisable de l’absence totale. © http://www.lejapon.org


La Gazette du japon 6. La récusation de toute attache. C’est l’auto libération sans dépendance, l’activité joyeuse du moi sans forme. L’œuvre doit se détacher du monde terrestre pour atteindre au cosmique. En un mot, ce doit être un état de création idéal. 7. La sérénité favorisant un état sans bruit et sans agitation. Que notre substance soit tranquille, quelque soit le bruit ou le mouvement environnant (d’après Hisamatu Shin ichi, maître zen cité par Masumi Shibara, « Les maîtres du zen »). Ces éléments sont indissociables. Il est évident que selon les époques, les créateurs, les interprètes, des modifications ont pu apparaître dans la répartition quantitative de chacun des « traits». Bouddhisme et Shintoïsme sont sans conteste les religions les plus pratiquées au Japon. Elles se fondent même dans une sorte d’hybride appelé Ryobu, mêlant a la fois les deux types de croyances. La religion est également un point important de l’identité japonaise, qui a fortement influencé les jardins au cours des siècles. Aperçu historique : Il est évident que la religion Bouddhiste a eu une influence majeure sur les jardins japonais et que celle ci s’est perpétrée au travers du jardin zen. Ainsi les 7 préceptes de l’art zen, que nous avons vu auparavant, ont profondément marqué les arts en général, mais aussi les jardins. L’asymétrie qui est le premier de ces préceptes, est probablement celui qui a le plus influencé l’art des jardins. Selon la conception japonaise, il n’était pas nécessaire d’opérer un « retour à la nature », pour atteindre le « paradis », il s’agissait plutôt d’entrer dans une nature créée par l’homme, c’est à dire précisément un jardin. Ainsi, derrière de nombreux éléments du jardin, tel que certaines îles, se cachent une symbolique importante du paradis de l’ouest (Amida). La triade de pierres qui a également profondément marqué l’architecture des jardins japonais trouve aussi son origine dans des croyances bouddhistes.

Le jardin représente un lieu propice à la méditation au sein de la nature, dans le cadre d’exercices religieux, de recherche de l’extase. Dans le shintoïsme, nous rencontrons le culte de l’inimitable dans la nature avec le go-shintai, le « siège d’une divinité ».

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Le go-shintai sera soit un rocher d’une forme inhabituelle, soit un arbre travaillé depuis des siècles par les intempéries, ce sera une montagne étrangement déchiquetée ou encore une cascade imposante par sa forme ou sa taille. Nous avons déjà évoqué l’amour des japonais pour les pierres ou les rochers sobres et bruts ou le culte des mégalithes dans les anciens sanctuaires shintoïstes. Dans la pratique religieuse du shintoïsme, les pierres regardées comme des objets de culte étaient souvent sacralisées au moyen d’une corde nouée (shimenawa), destinée à les faire reconnaître comme telles.

Ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’influence shintoïste sur les jardins La religion dans le Sakutei-ki Celui-ci définit clairement l’utilisation qu’on peut faire des trois pierres représentant la trinité bouddhique ainsi que les multiples influences de cette religion sur l’art des jardins. « Si l’endroit est vieux et qu’il existe une pierre apportant des maléfices, il est dit qu’une influence peut être dissipée en plaçant, mêlée à d’autres, une pierre dont la couleur subjugue l’aspect du caillou menaçant. Autrement, placer ensemble les pierres de la trinité bouddhique (sanzonseki) atténue le pouvoir de la pierre maléfique ». Outre cela il est aussi fait allusion a des utilisations de la géomancie pour concevoir les jardins. Ainsi le Nord symbolisé par la tortue noir est l’endroit idéal pour une représentation de montagne alors que son opposé le Sud, symbolisé par le Phœnix rouge serait le meilleur endroit pour accueillir un étang. Une rivière s’écoulera du Nord Est au Sud Est dans la zone représentée par le dragon bleue et l’ouest, représentée par le tigre blanc sera la façade de la maison. La ville de Kyoto fut construite selon ces principes de géomancie hérités de Chine. © http://www.lejapon.org


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Exemples Historiques d’interprétations religieuses : Le Tenryu-ji Situé à Kyoto, l’étang de ce jardin est conçu selon une vue centrale a partir de la terrasse de Dai Hojo. Topographiquement, de la partie centrale du Hojo, l’œil suit l’alignement des pierres de l’étang de l’Est vers l’Ouest en fonction de leur taille. Ces 15 pierres paraissent être l’organisation géomagnétique fondamentale et la corrélation spatiale entre l’étang et le Hojo. Là, c’est en se plaçant sur le seuil de la résidence qu’il faut contempler le jardin.. Par une série de modulations imperceptibles dans la disposition des arbres, dans la répartition des masses de verdure, des fleurs et des pierres, le regard est littéralement conduit de gauche à droite et du Nord au Sud. Les images s’enchaînent comme des variations d’un thème musical qui se présente sans cesse sous des aspects différents, bien que le jardin soit toujours identique à lui-même.

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La Gazette du japon Le Daisen in Ce jardin de Kyoto construit en 1509 est, lui aussi, riche en significations : ses trente-deux pierres forment un ensemble où chacune, individuellement ou en groupe, se réfèrent à une symbolique. L’élément central est la trinité bouddhique constituée de trois rochers. La triade bouddhique est surmontée d’un massif de camélias qui représente le paradis taoïste, le mont Horai. A gauche se trouvent deux îles tortues et à droite l’île grue. Ce ne sont là que quelques exemples des symboles que l’on peut rencontrer dans ce jardin.

Le Kinkaku-ji L’étang du Kinkaku-ji à Kyoto est appuyé à la colline. Il devait représenter dans l’esprit de son concepteur Ashikaga Yoshimitsu, « les neuf montagnes et les huit mers » composant, autour du mont Shuminsen, l’organisation parfaite de l’univers bouddhique. Ce jardin étang évoque parfaitement la période Heian du XI siècle et ses visions paradisiaques.

De nos jours. Bien que la symbolique des jardins d’antan n’aie pas survécu au renouveau des jardins publics, les nouveaux espaces créés par les paysagistes nippons gardent du passé cette empreinte culturelle et mythologique des cultes encore très présents dans la vie de tous les jours. En effet les cultes shinto et bouddhistes régissent encore de nombreux aspects de la vie des japonais, car, contrairement au christianisme (arrivé © http://www.lejapon.org


La Gazette du japon depuis peu là-bas), ils font partie intégrante de la vie du japonais et rythment l’année par des festivités locales ou nationales. Bien sûr le jardin zen a également eut une influence majeure sur les conceptions actuelles. Cet art tendant vers l’abstrait a logiquement trouvé sa place dans les courants minimalistes des arts de notre époque. Bien entendu les formes et les symboles du passé ont également trouvé une place dans l’art contemporain, et malgré le courant mondial de l’art, les conceptions japonaises gardent souvent une forte identité par cette référence perpétuelle à un passé riche de symboles. Ces symboles, qui guident les compositions de tout artiste, ne suscitent plus aujourd’hui autant l’intérêt des jeunes nippons qui souvent préfèrent se tourner vers d’autres cultures. Ce comportement est en fait commun à la plupart des pays industrialisés et il faut remarquer que les jardins japonais génèrent un engouement important dans nos pays. Même si ces symboles ne sont pas connut de tous, beaucoup d’européens apprécient les charmes du jardin zen et aimeraient en créer un chez eux. Dans la même optique, les jardins classiques de l’Europe passionnent également beaucoup de japonais, au point qu’ils en perdent parfois la notion et la symbolique même de leurs jardins. Il s’opère ainsi comme un gigantesque bouleversement esthétique et symbolique mondial de l’art des jardins. Apres tout, au cours des différentes civilisations, c’est souvent comme cela que l’art des jardins a évolué, jamais à une telle échelle, mais ce n’est qu’une question de technologie et de communication. Revenons aux symboles des jardins de l’archipel qui, deviennent souvent les centres d’intérêts de nouveaux jardins. Ainsi le jardin sec, les pierres, l’eau mais aussi les sculptures, les végétaux et la musique s’ajoutent à une liste encore longue d’éléments, apportant un coté symbolique mais aussi un certain mystère dans les nouvelles compositions nippones. Le Grand Mall Park à Yokohama impressionne le visiteur par sa composition sobre et ses sculptures énigmatiques. Il fait face au musée d’art moderne de la ville, et quand vient la nuit son sol s’illumine de vagues de lumière au son d’une musique pour le moins étrange. Les Japonais sont friands de tels endroits mettant en scène des éléments originaux et créant des ambiances particulières.

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La Gazette du japon Comment ne pas évoquer au même titre les compositions de bambous des artistes japonais comme Hiroshi Teshigahara qui n’a pas fini ses recherches de l’Ikebana en extérieur avec ses tunnels de bambous !

Mais de plus en plus, la symbolique religieuse laisse la place a la philosophie du concepteur et a ses recherches personnelles. Les codifications d’un Sakutei-ki restent une référence historique qui subit les nouvelles interprétations des paysagistes devenus des artistes sans tabou.

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LE KABUKI 「 歌舞伎」 歌舞伎」(Auteur : Agnès)

Les origines : Le kabuki est une des formes majeures du théâtre japonais. Créé par Ôkuni, une danseuse du Izumo Taisha, vers 1603, alors qu’elle avait réuni à Kyôto, dans le lit asséché de la rivière Kamo, une troupe de danseuses et chanteuses qui fut bientôt qualifiée d’« étrange », d’« inhabituelle » (kabuki). Dérivé de danses populaires sensuelles 「 Furyû-ô odori」 」 et「 「 Nembu-odori」 」 elles sont exécutées alors uniquement par des femmes. Ôkuni dont le père forgeron était attaché au temple d’Izumo où elle-même fut sans doute prêtresse et danseuse 「Miko」 」, lointaine héritière des médiums d’autrefois dont la danse possédait un pouvoir incantatoire, elle acquit dès ce moment quelque renommée grâce à son talent. Son mari, le chevalier sans maître 「Rônin」 」Nagoya Sanzaburô (devenu acteur de Kyôgen) et elle-même substituèrent leur propre spectacle à celui des danseurs des temples. Ôkuni jouait le rôle d’un homme, un sabre passé dans sa ceinture.

Les débuts : A ses débuts, le Kabuki présentait des rôles dont les caractères étaient assez limités. Les emplois 「 Yaku-gara」 」 se répartissaient en jeunes ou vieux, pauvres ou riches, bons ou méchants et sous la classification générale de personnages masculins 「 Tate-yaku 」 ou féminins 「Onnagata ou Oyama」 」. Le terme de Tate-yaku en vint vite à désigner l’homme par excellence, beau, brave, plein de sagesse et de science, le bon héros qui fait battre le cœur des foules. Son adversaire le 「Kataki-yaku」 」, est le méchant, tantôt criminel conspirateur 「 Kuge-aku 」 et parfois même bouffon 「 Han-dô-kataki 」 . Son rival, parfois le 「Wakashû-gata」 」, est un beau garçon doucereux et bellâtre. Enfin, l’「 「Oyaji-gata」 」est le vieillard chargé d’années d’expérience. Pour accentuer l’émotion de certaines scènes douloureuses apparaissent des enfants 「 Ko-yaku 」et pour soulager la trop grande tension d’une action dramatique interviennent des clowns 「 Dôke-gata ou, familièrement Sammaime」 」. © http://www.lejapon.org


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Nagoya Sanzaburô codifia le jeu des actrices, et le « kabuki » gagna Edo dès 1607. Ces actrices se livrant souvent à la prostitution, en 1629, le shôgun Iemitsu interdit aux femmes de monter sur scène et elles furent remplacées par des garçons de moins de quinze ans 「 Wakashu」 」 qui, eux aussi, furent interdits de scène en 1652, ayant fait le sujet de nombreux scandales. Le shôgunat exigea que les spectacles de Kabuki fussent basés sur les Kyôgen du Nô et joués par des hommes 「Yarô」 」. Un monde de formes : Devenu alors un véritable théâtre de professionnels engagés dans les trois arts du 「Ka」 」 (chant), du 「Bu」 」(danse) et du 「Ki」 」(technique), les rôles féminins furent tenus par des hommes (onnagata) qui se spécialisèrent dans l’imitation des caractères féminins. Le monde du Kabuki est avant tout celui des formes 「Kata」 」: non pas du mouvement — bien qu’on y remue beaucoup — mais des poses, des gestes interrompus pour que l’on puisse admirer les acteurs principaux 「 Tachikayu 」 au stade le plus significatif de leur développement. Il n’est pas exagéré de dire que le Kabuki est une succession de tableaux où la tension des musculatures immobiles 「Mie」 」, offertes à l’admiration, souligne et prolonge l’effet du texte. Les acteurs opèrent une « sortie dramatique » 「Roppô」 」par le hanamichi, ou encore peuvent simuler un combat dansé avec des poses caractéristiques, le 「Tate」 」. Lentes statues humaines enveloppées par la féerie colorée des décors et des costumes, les acteurs se laissent bercer par le souffle de la musique, secondaire bien qu’indispensable, et du texte, toujours rythmé. Maquillés de manière symbolique, ils portent le plus souvent une perruque. Leurs costumes toujours extrêmement élaborés, les décors sont généralement simples, très suggestifs.

Modifications : Des théâtres furent créés à Edo, Osaka et Kyôto pour les représentations et des modifications furent apportées avec la création du 「Hanamichi」 」( Littéralement. : « Chemin des fleurs » : passage surélevé traversant la salle des spectateurs permettant aux acteurs de se rendre de leur loge à la scène, de changer de costumes , et aux spectateurs de les admirer de plus près) d’une part, et du rideau de scène — ce qui facilitait le changement des décors selon les actes — d’autre part. © http://www.lejapon.org


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Les pièces devinrent plus longues et spécialement écrites pour ce nouveau type de théâtre. Certains acteurs célèbres comme Ichikawa Danjûrô I créèrent de nouveaux styles de pièces, dites 「Aragoto」 」, mettant en scène des héros. Le Hanamichi créé en 1670 fut perfectionné en 1740. Les dispositifs de montée et de descente inaugurés en 1753 par Namiki Shozô ainsi que la scène tournante apportèrent un changement décisif dans la mise en scène à partir de 1875. La musique de scène 「 Geza 」 recrée un décor stylisé et les chants 「 Nagauta 」 qui accompagnent la danse varieront selon les écoles.

Diversification des genres : Pendant la période Genroku (fin XVIIe s.) le Kabuki se diversifia : outre les Aragoto, les Jidai-mono (pièces historiques), les Sewa-mono (à caractère plus intime), les Shosagoto (théâtre dansé), les Jitsugoto et Wagato (pièces réalistes) écrites par des auteurs spécialisés tels Sakata Tôjûrô et Chikamatsu Monzaemon qui écrivit également pour le théâtre de marionnettes 「 Ayatsuri ningyô」 」 , florissant à Osaka. On adapta au Kabuki les pièces écrites pour ce spectacle : ce furent les Maruhon-mono et c’est dans l’adaptation de ce répertoire que le kabuki trouva les conditions mêmes de sa survie. Dans les Shosagoto s’illustrèrent Namiki Shôzô et Namiki Gohei (1747-1808 et dans les pièces « réalistes » 「Kizewa-mono」 」brilla Tsuruya Namboku IV (1825). Mokuami créa le genre 「Shiranami-mono」 」[mettant en scène des voleurs et des dépravés]. Mokuami tenta de « moderniser » le Kabuki pendant l’ère Meiji en habillant les acteurs à la mode occidentale, les 「Zangiri-mono」 」à cheveux courts. Néanmoins c’est le genre Aragoto qui resta prisé du public. Par la suite, de nombreux artistes de renom (les Ichikawa Danjûrô, Onoe Kikugorô, Matsumoto Kôshirô et Nakamura Kichiemon entre autres) créèrent un « nouveau Kabuki 「Shin Kabuki」 」.

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Après avoir connu une certaine défaveur au début du XXe siècle, le Kabuki retrouva un grand public après la Seconde Guerre mondiale et des représentations sont données tout au long de l’année. Les pièces sont généralement longues (4 à 5 heures) — y compris les entractes — aussi, très souvent, n’en représente-t-on que les scènes les plus généralement admirées. [L’interdiction lancée contre les actrices ne devait être levée que trois siècles plus tard, en 1907, sous l’influence du prince Saionji. (Elles n’en demeurent pas moins, même maintenant, bannies de la scène du Kabuki classique, ce genre ayant évolué sans elles).]

Liens : bibliographie Acteurs Les grands anciens acteurs Les grandes familles Liens vers d’autres sites Glossaire : Lexique a=>c Lexique d=>g Lexique h=>j Lexique k Lexique m=>n Lexique o=>r Lexique s=>t Lexique u=>z Les pièces oubliées : La courtisane du mont Arashi La courtisane, le tirage de la tombola et Nagoya Sanza La jeune fille L’armure des frères Soga Chronologie : 17e siècle 18e siècle 19e siècle 20e siècle 21e siècle

Sources : LE JAPON, Dictionnaire et Civilisation par Louis Frédéric aux éditions BOUQUINS chez Robert LAFFONT. © http://www.lejapon.org


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LA CIVILISATION JAPONAISE, par Vadime et Danielle ELISSEEFF aux éditions « Les Grandes Civilisations/Arthaud L’ETAT DU JAPON, sous la direction de JEAN-FRANÇOIS SABOURET aux éditions LA DÉCOUVERTE.

Les photos de cet article proviennent d’un numéro spécial de « Taiyô besatsu « 「太陽別 冊」日本の °76 consacré au kabuki (hiver 1991) . 日本のこころ n°

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La Gazette du japon Le rakugo (auteur : Jean-Michel) Qu’est ce que le rakugo ? Il s’agit d’un monologue le plus souvent comique dans lequel un artiste que l’on appelle « rakugoka » assis en « seiza » sur un coussin raconte une histoire à l’auditoire. Son entrée sur scène est annoncée par le « debayashi » et est accompagnée brièvement par un air de shamisen et des percussions. Au cours de son récit, le rakugoka peut faire le portrait aussi bien d’un enfant, d’une femme, d’un vieillard et même d’un samurai. Il peut en fait passer d’un personnage à l’autre simplement en modifiant sa voix, ou d’un simple geste, ou encore en tournant la tête vers la gauche ou la droite. Deux ustensiles à sa disposition : un éventail et une serviette en tissu qu’il manipulera pour évoquer certains objets tels un verre, des baguettes ou un sabre. Il existe deux styles différents de rakugo : celui de Tokyo que l’on appelle « Edo-rakugo » et celui de la région de Kyoto et Osaka, appelé « Kamigata-rakugo ». La principale différence entre les deux est la présence d’un accompagnement musical ou non au cours du spectacle. Dans le « Edo-rakugo », aucune musique n’est jouée, sauf si l’histoire évoque une pièce de théâtre. En revanche, dans le « Kamigata-rakugo », un accompagnement musical « ohayashi » qui est le même que pendant les pièces de kabuki, est ajouté pour évoquer certaines émotions. Dans le « Kamigata-rakugo », le rakugoka est assis devant un petit pupitre appelé « kendai » qui cache ses genoux. Il tient dans sa main gauche une paire de claquettes… et dans sa main droite un éventail. Pour rythmer son récit, il claquera ses pinces où frappera le pupitre avec son éventail. Quelles sont les origines du rakugo ? C’est Anrakuan Sakuden qui serait à l’origine du rakugo. Il aurait en effet été particulièrement célèbre au début de l’époque Edo pour sa capacité à raconter des histoires. Prêtre bouddhiste, né en 1553, Sakuden aurait gagné cette notoriété grâce à ses prêches dans son rôle de missionnaire surtout dans l’ouest du Japon. Son enseignement a été réuni dans un livre d’anecdotes humoristiques qui s’intitule « seisuishô ». Après sa mort en 1642, d’autres figures importantes du rakugo ont étés Tsuyu no Gorobe (1643-1703), à Kyoto, et Yonezawa Hikohachi ( ? – 1714), à Osaka. Alors qu’à Edo, un de plus célèbres rakugoka fut Shikano Buzaemon (1649-1699). Après la persécution dont il fut victime par le shogunat Tokugawa et son exil sur l’île d’Oshima en 1694, le rakugo à Edo tomba dans l’oubli. Cette tradition fut néanmoins ravivée à Edo par Utei Enba qui travailla beaucoup pour populariser son travail et forma de nouveaux artistes. Plusieurs sortirent de son école, tels Sanyûtei Enshô I et Sanyûtei Karabu. Ce dernier était connu pour son style qui consistait à improviser des histoires en demandant aux spectateurs de choisir 3 thèmes différents. Ce style s’appelle « sandai-banashi ».

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La Gazette du japon A l’origine le rakugo n’était présenté que dans des petits théâtres temporaires ou dans l’enceinte des temples mais à partir de l’ère Kansei (1789-1801), des théâtres spécialement dédiés au rakugo appelés « yose » furent créés aussi bien à Edo qu’à Osaka. Quels sont les différents types de rakugo ? On peut classer le rakugo en deux grandes catégories : le rakugo classique et le rakugo moderne qui est apparu à l’ère Taishô ((1912-1926). Le rakugo classique comprend différents types d’histoires : -

les « otoshi-banashi » : histoires se terminant par une plaisanterie. C’est le type d’histoires le plus répandu ; ces histoires ont largement contribué à la popularité du rakugo.

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les « ninjô-banashi » : histoires qui décrivent les sentiments humains des gens du peuple. Ces récits sont généralement plus longs et n’ont pas de chute comique. Il s’agit souvent d’histoires d’amour entre parents et enfants ou entre maris et femmes qui vont attirer la compassion du public.

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les « kaidan-banashi » : histoires de fantômes. Ce type d’histoire a été initié par Hayashiya Shôzô qui était un élève de Sanshôtei Karaku. Le conteur porte un masque de fantôme, et le récit est accompagné de musique pour créer un climat approprié.

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les « shibai-banashi » : histoire ou le rakugoka mime une pièce de théâtre en imitant les acteurs. Enshô I a peaufiné ce style de récit. Une scène ressemblant à celle du théâtre kabuki est dressée derrière le conteur et différents costumes et accompagnements musicaux sont utilisés.

Quelle est la structure du récit ? Le récit peut se décomposer en trois parties : - les remarques préliminaires du rakugoka qui vont mettre le public dans l’ambiance souhaitée. Pour cela l’artiste utilise plusieurs techniques différentes mais la plus classique est de commencer par une anecdote. - L’histoire proprement dite - La chute finale : plaisanteries, gestes, etc… Qui écrit les histoires ? La plupart du temps, ce sont les artistes eux-mêmes qui écrivent leurs propres histoires. Cependant, il existe des histoires classiques qui ont été reprises et récitées maintes fois par plusieurs générations de rakugoka. Sanyûtei Enchô est particulièrement célèbre pour ses créations. Né en 1839, il fut élève de Sanyûtei Enshô II. Vers l’âge de 20 ans, il était déjà célèbre et apprécié pour ses « shibaibanashi » (récits de pièces de théâtre). Mais l’école Sanyû dont il faisait partie perdit en popularité avec la montée de l’école Yanagi. Il abandonna alors les histoires mélodramatiques et se mit à composer des histoires qui devinrent des classiques dont certaines ont même été reprises par le théâtre kabuki et sont encore jouées de nos jours. © http://www.lejapon.org


La Gazette du japon Existe-t-il des grades dans le rakugo ? Tout au long de sa carrière, le rakugoka peut passer par différents niveaux. Au départ, simple élève, on l’appelle « zenza » et son rôle principal consiste à installer le coussin sur la scène, à assister son maître dans la loge, à préparer le thé pour les autres artistes ou à battre le tambour au début du spectacle. Exceptionnellement, il peut raconter une histoire avant que le spectacle ne commence réellement. Le niveau suivant est celui du « futatsume ». A ce stade, il est exempté de tâches secondaires et raconte lui aussi des histoires. Il est aussi autorisé à arborer un emblème sur son kimono. Ensuite, il est promu « shin’uchi » (rôle principal) en fonction de ses compétences et de son âge. A ce stade, il change souvent de nom pour en prendre un, associé à l’école dont il fait partie. Enfin, le rakugoka qui apparaît en dernier sur scène est appelé « tori ». c’est le maître dont le nom apparaît sur les affiches. Où peut-on voir du rakugo ? On peut aller soit dans les cinq « yose » - théâtres spécialisés dans le rakugo - de Tokyo (Shinjuku, Asakusa, Hayabusachô, Ikebukuro, Ueno), mais aussi dans des petits théâtres ou des représentations sont également données. La plupart des artistes sont membres d’une association. Une des plus importantes est la Rakugo Association, pour le rakugo classique, et la Rakugo Arts Association, pour le rakugo moderne. Pour en savoir beaucoup plus : Bibliographie en français : - Anne Sakai - La parole comme art - L'Harmattan (Lettres asiatiques) ISBN : 2738408516 - Paul Zimthor – Paroles de pointe (le rakugo japonais) – La nouvelle revue française – février 1987 – Gallimard Bibliographie en anglais : -

Morioka Heinz & Sasaki Myoko – Rakugo, the popular narrative art of Japan – Harvard University Press – Cambridge and London – 1990 Kodama Shôko – The complete Guide of Traditional Performing Arts – Bilingual Books (anglais et japonais)

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La Gazette du japon Le kôdan (auteur : Jean-Michel) Qu’est ce que le kôdan ? Le kôdan présente beaucoup de similitudes avec le rakugo, puisque le conteur professionnel appelé « kôshakushi », se présente assis sur une scène, face à un bureau et raconte une histoire en frappant le bureau avec un éventail pour donner du rythme à son récit. A l’époque d’Edo, cet art était appelé « kôshaku » et il a été appelé ensuite « kôdan » à partir de Meiji. A l’inverse du rakugo où les histoires sont le plus souvent comiques, le kôdan se caractérise par des contes historiques de guerre ou de vengeance qui combinent des faits réels et de la fiction. Alors que le rakugo se présente plutôt sous la forme d’une conversation, le style narratif du kôdan est différent. La période Muromachi (1333-1568) a vu l’apparition de conteurs fameux, connus sous le nom de « taiheiki-yomi » qui étaient souvent des « rônin » ayant perdu leur seigneur pendant la longue période de guerre civile (1467-1568). C’est en racontant ces histoires, qu’ils espéraient retrouver un nouveau maître. Au début d’Edo, certains d’entre eux étaient connus en tant que « conteurs de rue » et c’est ainsi que la profession de « kôshakushi » apparu. Ils étaient appréciés et respectés pour leur érudition et étaient souvent payés pour raconter des histoires devant le shogun. Pendant la période d’Edo, le kôdan était pris avec plus de sérieux que le rakugo, le manzai (dialogue comique) ou les acrobates qui étaient considérés comme des amusements légers et peu sérieux. Qui ont étés les plus célèbres de ces conteurs de kôdan ? A l’époque où la société d’Edo devenait plus rigide, Fukai Shidôken était apprécié du public pour son style satirique qui allait à l’encontre du courant et qui critiquait la politique et la société. A la même époque, Baba Bunkô devint populaire avec ses récits de guerre et ses histoires de famille célèbres. Il fut censuré et exécuté par le shogun pour avoir trop critiqué sa politique. Tous les deux ont largement contribué à faire du kôdan, un art très apprécié de la population. Pendant la période de Meiji, le plus populaire conteur de kôdan fut sans conteste Matsubayashi Hakuen II (1834-1905), dont la spécialité était de raconter les histoires d’un voleur. Cela lui valut d’être rapidement appelé « Hakuen le voleur ». Apprécié de l’acteur de kabuki, Ichikawa Kodanji IV et en très bons termes avec le dramaturge (de kabuki) Kawatabe Mokuami, Hakuen a vu alors plusieurs de ses histoires reprises dans le théâtre kabuki, comme par exemple Nezumi Kozô et Tenpô Rokkasen.

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Présentation de la Préfecture d’Okinawa (auteur Math-g) La Préfecture d’Okinawa ( 沖 縄 県 – お き な わ け ん ), la préfecture japonaise la plus au sud ouest de l’archipel nippon, est composée de 49 îles habitées, et de 110 inhabitées. Cet archipel s’étend sur un carré large de 1000 kilomètres d’Est en Ouest, et de 400 du Nord au Sud. Il se divise en trois groupes majeurs : - l’archipel d’Okinawa - l’archipel de Miyako - l’archipel de Yaeyama L’île d’Okinawa est de loin la plus grande, et Naha (那覇) la plus grande ville. La population totale actuelle est proche de 1.250.000 personnes. Etant la seule préfecture japonaise bénéficiant d’un climat subtropical, Okinawa est considérée comme un paradis végétal où les fleurs et les arbres sont constamment en floraison, et ce tout au cours de l’année. La mer qui entoure les îles est d’un bleu-vert émeraude et les resplendissants récifs coralliens sont décrits comme étant parmi les plus beaux du monde. Ces splendeurs naturelles sont quelques uns des facteurs essentiels qui font l’attractivité de l’archipel d’Okinawa, particulièrement prisé des vacanciers en quête de longues plages ensoleillées. Okinawa était autrefois un royaume indépendant sous le nom de Ryukyu (琉球). Au cours de cette période faste, les îles constituaient un important centre commercial et de transit avec les nations voisines (le Japon continental, la Chine continentale, Formose…). De nos jours, il reste encore des vestiges de ce glorieux passé, comme le fameux Shurijyo (首里城), château prestigieux d’influence chinoise, détruit au cours de la Bataille d’Okinawa au cours de la seconde guerre mondiale mais restauré depuis.

Okinawa est situé entre l’île de Kyushu et Taiwan. Il faut environ deux heures et demie pour se rendre de Tokyo à Naha en avion. L’île est également relié par un important service de ferries avec les villes de Nagoya, Osaka, Fukuoka… De nombreuses villes asiatiques majeures comme Taipei, © http://www.lejapon.org


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Shanghai, Hong-Kong, Séoul, Manille sont à moins de 1500 kilomètres d’Okinawa. De ce fait, Okinawa représente la porte sud du Japon en direction de la Chine, de l’Asie du Sud-Est et de l’Océanie.

En raison de ces avantages géographiques, Okinawa fut fortement implanté dans le commerce avec la Chine et les pays du Sud-Est asiatique au cours des 15ème et 16ème siècles. Okinawa a aussi développé des caractéristiques culturelles uniques, fruits du commerce outre-mer, et visibles dans des domaines aussi visibles que le textile, la poterie, les arts scéniques, sa langue (l’Okinawa-ben). Située entre 24° et 28° de latitude nord, la température moyenne annuelle y est de 23°C. Récemment, de nombreux touristes en direction du Japon continental, de Taiwan et de Corée ont amené à une transformation de l’industrie de l’île, qui se tourne toujours plus vers le tourisme. L’île d’Okinawa est devenue ce que les anglo-saxons appellent un « international resort », célèbre dans toute l’Asie pour son environnement naturel et son unique culture.

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Quelques mots d’Okinawa-ben – 沖縄方言 Français

Japonais - 日本語

Okinawa-ben – 沖縄方言

Enchanté Excusez-moi Je (Moi) Tu (Toi) Bienvenue Bonjour Merci C'est bon

はははははは ごはごご ごごご 私( わわは) ああわ ごいい はいごはい こごここは ああ ああ あ おごはご お入あ 下ごご ( おはごあ ご ごごご)

ハハハ ハハ ハハ チチ ハチチ ウウ ワウハワ メウメハメ チワ ウウチチチチ 二へェ ハェハチチ マハマウ

Entrez donc!

イハ メハメ

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La Gazette du Japon Musée d’architecture en plein air de Tokyo-Edo (江戸東京 江戸東京たてもの 江戸東京たてもの園 たてもの園) (auteur : Piri) Dans l'histoire de Tokyo beaucoup de bâtiments de valeur historique ont été détruits par le feu, les inondations, les tremblements de terre, et la guerre. En 1993, la ville de Tokyo a décidé de débuter un projet, afin de préserver les rares bâtiments encore en bons états ; à cet effet, elle a alloué au nord ouest de Tokyo, un parc de 7 hectares, afin d'y construire le Musée d’architecture en plein air de Tokyo-Edo. Les bâtiments ont été déplacés de leur emplacement d'origine pour y être remontés et restaurés, sur ce site. Le but à long terme de ce projet est de préserver ces bâtiments en tant que trésor culturel pour les générations futurs en rassemblant environ 31 maisons.

Le parc est séparé en trois zones : -

la zone centrale comprenant l'entrée du musée, un mausolée, la maison de Korekiyo Takahashi homme politique influent de l'époque Meiji jusqu'au début de l'époque Showa etc.… - la zone est ou il est possible de retrouver l'atmosphère de l'époque Edo, avec entre autres constructions, une maison de bain public (photos ci-dessus) construit en 1929 que les amoureux d'animation japonaise reconnaîtront sûrement. L'intérieur des bâtiments est la copie conforme des lieux de l'époque et tous les objets sont présents pour nous faire croire que des gens y vivent et y travaillent encore. On a vraiment l'impression de déranger… - La zone ouest où de nombreuses maisons anciennement situées sur la rue Yamate sont rassemblées. Le musée est ouvert de 9h30 à 17h30 d'avril à septembre et de 9h30 à 16h30 d'octobre à mars. Fermé tous les lundis, ainsi que du 28 décembre au 4 janvier. Le prix d'entrée est de 400yen.

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Pour vous y rendre deux possibilités: 1. Par la ligne Chuo (JR) depuis Shinjuku : descendre à Musashi Koganei, puis prendre le bus à la sortie nord de cette gare, et en descendre à l'arrêt « Koganei Koen Nishi guchi ». Le musée se trouve alors à 5 minutes à pied dans le parc. 2. Par la ligne Seibu Shinjuku : descendre à la gare de Hana Koganei, prendre le bus à la sortie de cette gare et descendre à l'arrêt « Koganei Koen Nishi guchi ». Vous accèdez alors au musée en 5 minutes à pied, en traversant le parc. Voilà vous y êtes enfin et vous ne le regretterez pas !!

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Exposition Arts du Japon de la période D’EDO (Auteur : Antoine) Du 11 avril au 31 août 2003 à lieu au musée des Beaux-Arts de Valenciennes une exposition regroupant plusieurs pièces provenant des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles et Guimet ainsi que de diverses collections privées. L’exposition occupe trois salles du musée : les deux salles d’expositions temporaires, ainsi que la crypte archéologique.

I/ Arts civils (première partie) Dans la première salle nous commençons par découvrir différents objets en laques mettant en valeur les techniques de métallisation sur laque utilisées à cette époque (essentiellement or et argent). De nombreux inrô et netsuke y sont aussi présentés. Ici une boîte à documents (fumibako) en laque sur bois du XVIIIe siècle.

Dans cette même salle se trouve également une impressionnante collection d’estampes représentant des acteurs de Kabuki, des samurai, des scènes de la vie quotidienne, paysages … Les principaux artistes exposés sont : Harunobu, Bunchô, Shunshô, Shunkô, Shun’ei, Kiyonaga, Eishi, Utamaro, Kiyomasa, Sharaku, Toyokunii, Hokusai, Hiroshige, Kunisada, Kuniyoshi.

Portrait de Segawa Tomisaburô II par Tôshûsai Sharaku

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Inrô à quatre compartiments du XIXe siècle avec netsuke en ivoire de la même époque

Hito o baka ni shita hito da (les gens me tournent en ridicule) par Ichiyûsai Kuniyoshi


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II/ Arts militaires La deuxième salle de l’exposition est exclusivement consacrée aux arts militaires de l’époque Edo. Nous pouvons y admirer armures, casques, masques de guerre, sabres (ainsi que leurs différentes composantes : lames, tsuba, fuchi…), fers de flèches, carquois… Cette partie de l’exposition est sans doute la plus spectaculaire, surtout lorsque l'on se retrouve face à face avec une armure comme celle cicontre. A la sortie de la salle se trouve un écran diffusant des photos nous présentant la société japonaise du milieu du XIXe siècle.

Selle assortie à une paire d’étriers (1620)

Fuchi et kashira du milieu du XIXe siècle.

Armure complète du genre tôsei gusoku du début du XVIIe siècle.

III/ Arts civils (seconde partie) Pour la suite et fin de l’exposition nous devons descendre dans la crypte archéologique où pour l’occasion peintures et bronzes gallo-romain ont laissé leur place aux accessoires de Nô, paravents et porcelaines japonaises.

Costume de Nô de type karaori, coupe kosode de la première moitié du XIXe siècle.

Masque de Nô de type magojirô du milieu du XVIe siècle.

Cette exposition s’insère dans le cadre des manifestations Arts du Japon qui ont lieu dans le Valenciennois durant toute l’année 2003. Le détail de ces différentes manifestations est disponible sur le site de la ville de Valenciennes. Les photos présentées dans cet article sont toutes tirées du catalogue de l’exposition disponible à la boutique du musée. © http://www.lejapon.org


La Gazette du japon Les fêtes japonaises en mai (auteur : Jean-Michel) 博多どんたく Hakata Dontaku 博多どんたく - Fukuoka-shi – Fukuoka – 3 et 4 mai Le mot « dontaku » provient du hollandais « dontag » qui signifie « dimanche ». A l’origine, il s’agissait d’une fête de nouvel an au cours de laquelle les marchands de la ville se rendaient à la résidence du seigneur local. 30000 personnes participent à cette fête qui comprend une parade appelée « matsubayashi » et un « shamoji ». « matsubayashi » : parade d’enfants et adultes en habits traditionnels, avec en tête de cortège, à cheval, 3 personnes représentant les 3 dieux : « fuku no kami », « ebisu » et « daikoku ». « shamoji » : parade dançante à travers la ville, au cours de laquelle les participantes utilisent un ustensil : le shamoji, qui est la spatule en bois servant au service du riz. 浜松まつり 浜松まつり Hamamatsu matsuri - Hamamatsu-shi – Shizuoka – 3 au 5 mai La principale attraction de cette fête se déroule sur la plage de Nakatajima, ou des groupes locaux organisent des combats de cerfs-volants. Ceux-ci peuvent faire 3 à 6 m carré et le jeu consiste à couper le fil du cerf-volant adverse. Une parade de mikoshi est aussi organisée dans les rues de la ville. 東照宮春の Tôshôgû Haru no Taisai 照宮春の大祭 - Nikkô-shi (Tochigi) – temple Tôshôgû – 17 et 18 mai Fête organisée en l’honneur du 1er shogun de l’époque Nara, Tokugawa Ieyasu. Plus de 1200 personnes prennent part à la parade en habits de samurai, connue sous le nom de « hyakumono-zoroi sennin musha gyôretsu ». Le défilé part du temple Futarasan, se dirige vers la rue Omotesandô, puis vers Otabisho et enfin vers le temple Tôshôgû. Un des meilleurs endroits pour admirer cette parade est la rue Omotesandô. 横浜港まつり 横浜港まつり Yokohama Minato matsuri - Yokohama-shi (Kanagawa) – 3 mai Cette « fête du port de Yokohama » commémore l’ouverture du port qui a eu lieu le 2 juin 1859. Sa principale attraction est le défilé de plus de 3000 personnes en habits traditionnels de tous les pays. De très nombreux résidents non japonais participent à ce défilé qui peut faire plus de 2 km de long. 葵まつり Aoi matsuri - Kyoto-shi (Kyoto) – temples Shimogamo et Kamigamo – 15 mai La principale attraction de cette fête est un défilé de carrosses, de chars à bœufs et de palanquins, et de plus de 600 personnes habillés en « omiyabito » (nobles de la cour de l’époque Heian – 9ème au 12ème siècle) . Le défilé quitte le temple Shimogamo pour se rendre au temple Kamigamo

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Amour et proverbes japonais (par Jean-Michel)

L’amour : -

恋に上下の隔てなし koi ni jôge no hedate nashi (en amour, il n’y a pas de différence entre le haut et le bas) Equivalent français : « L’amour se trouve dans les chaumières comme dans les palais »

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恋は盲目 koi wa mômoku (l’amour est aveugle)

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恋は思案の外 koi wa shian no hoka (l’amour est au-delà de la raison)

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恋の病に薬ない koi no yama iwa kusuri nai (il n’y a pas de remède contre la maladie d’amour)

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恋に師匠なし koi ni shishô nashi (l’amour n’a pas besoin de maître)

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思えば、思わるる omoeba omowaruru (si l’on aime, on est aimé) Equivalent français : « Le prix de l’amour, c’est l’amour »

-

惚れた欲目に痘痕もえくぼ horeta yokume ni abata mo ekubo (aux yeux des amoureux, même les marques de petite vérole sont des faussettes) Equivalent français : « Il n’y a point de laides amours »

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スケルトン (proposé par Agnès)

雨の季節が 季節が街を覆った。 った。そして。。。 そして。。。

E

K

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G

A H

I C

D L

B J

A

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H

I

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K

L


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リスト

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3 文字 ●

カエル「蛙」 」 」 サツキ「皐月」 」 バイウ「梅雨」 ●

アイアイガサ「相合傘」 キショウダイ「気象台」 コウモリガサ「こうもり傘」 センタクモの センタクモの「洗濯物」

4 文字 ●

アジサイ「紫陽花」 アマオト「雨音」 アマグモ「雨雲」 アマダレ「雨垂れ」 アマドイ「雨どい」 アマミズ「雨水」 アマモリ「雨漏り」 スイデン「水田」 テンキズ「天気図」 ナガグツ「長靴」 ノキシタ「軒下」 ●

6 文字 ●

5 文字 ●

テンキヨホウ「天気予報」 レインコート「rain coat」 ●

7 文字 ●

オタマジャクシ「御玉杓子」 テルテルボウズ「てるてる坊主」 バイウゼンセン「梅雨前線」 ●

8 文字 ●

アマガサバングミ「雨傘番組」 キツネノヨメイリ「狐の嫁入り」 コウスイカクリツ「降水確率」

アマヤドリ「雨宿り」 アメアガリ「雨上がり」 アメオトコ「雨男」 アメオンナ「雨女」 カタツムリ「蝸牛」 カンソウキ「乾燥機」 シンリョク「新緑」 ソラモヨウ「空模様」 テイキアツ「低気圧」 トオリアメ「通り雨」 ニワカアメ「にわか雨」 ミズタマリ「水たまり」

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La Gazette du japon Cinéma: Eiji Okuda (Auteur: Gattaca)

Date de naissance : 18 Mars 1950 Lieu de Naissance : Préfecture d'Aichi, près de Seto. Biographie Après avoir fait ses débuts d'acteur à la télévision, il s'est imposé au cinéma dans les années 80 grâce aux films de Kei Kumai, un réalisateur indépendant connu pour ses films d'auteur. Il tourne avec lui six films dont Umi to dokuyaku (La mer et le poison - Ours d'Argent Berlin 1985) dans lequel il interprète le rôle d'un jeune médecin qui fait des expériences sur des prisonniers américains et Sen no Rikyu (La mort d'un maître de thé - Lion d'Argent Venise 1989) dans lequel il joue le rôle du disciple de Rikyu, le célèbre maître du thé. Dans le dernier film de Kumai, Umi wa miteita (The sea watches), Okuda joue le rôle d'un yakuza. Okuda a également beaucoup travaillé avec Rokuro Mochizuki, un réalisateur très prometteur des années 90, qui a fait de nombreux films atypiques sur les yakuzas série The Wicked Reporter, 1997- et Minazuki, Sélection Officielle -Rotterdam 1998. Mais c'est surtout sa collaboration avec Tatsumi Kumashiro, l'un des maîtres du genre des Romans Pornos (films à contenu érotique et avant-gardistes à petits budgets des années 70 et 80) qui est la plus marquante pour Okuda. Il a tourné dans deux de ses films, Bedtime eye et Bo no kanashimi, et a été très influencé par ce réalisateur. “J'ai beaucoup d'admiration pour Kumashiro. Il essayait toujours de montrer la partie la plus profonde de l'être humain.” Une adolescente est le premier film qu'Okuda réalise. C'est une adaptation libre d'une nouvelle de Mikihiko Renjo dont il avait acquis les droits en 1986. Il comptait initialement confier la réalisation à Kumashiro qui avait déjà adapté des nouvelles du même auteur. Mais suite à son décès en 1995, il a décidé de le réaliser lui-même. Okuda a donc mis quinze ans pour concrétiser ce projet qui lui tenait tant à coeur. © http://www.lejapon.org


La Gazette du japon Parallèlement à sa carrière d'acteur, Okuda est artiste peintre. Il expose régulièrement au Japon et a illustré de nombreux livres. Filmographie Acteur: * 2002 : UMI WA MITEITA (The sea watches) de Kei Kumai * 1999 : MINAZUKI de Rokuro Mochizuki * 1997 : KOI GOKUDO (A yakuza in love) de Rokuro Mochizuki * 1996 : GOKUDO KISHA 3 (The wicked reporter 3) de Rokuro Mochizuki * 1994 : BO NO KANASHIMI (Like a rolling stone) de Tatsumi Kumashiro GOKUDO KISYA 2 (The wicked reporter 2) de Rokuro Mochizuki FUKAI KAWA (Deep river) de Kei Kumai * 1993 : GOKUDO KISHA (The wicked reporter) de Rokuro Mochizuki * 1992 : HIKARIGOKE (Luminous moss) de Kei Kumai ARIFURETA AI NI KANSURU CHOSA (Investigation of a typical love) de Koji Enokido * 1991 : THE PIANIST de Claude Gagnon * 1990 : SHIKIBU MONOGATARI (Mt Aso’s Passions) de Kei Kumai * 1989 : SEN NO RIKYU (La mort d’un maître de thé) de Kei Kumai Lion d’Argent - Venise 1989 * 1986 : UMI TO DOKUYAKU (La mer et le poison) de Kei Kumai, Ours d’Argent et Prix spécial du Jury - Berlin 1987 Auteur et Producteur * 1991: ARIFURETA AI NI KANSURU CHOSA (Investigation of a typical love) de Koji Enokido Réalisateur et producteur * 2001: SHOUJYO (Une adolescente) Grand Prix - American Film Institute 2002 Grand Prix et Prix d'interprétation féminine - Paris 2002 Prix d'interprétation féminine - Thessalonique 2001 Semaine Internationale de la critique - Venise 2001 Cinéma de Demain : Nouvelles Tendances - Montréal 2001

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SCENE III LES MEMES, LE DOMESTIQUE (plusieurs entrées et sorties), LE POLICIER

LE DOMESTIQUE (sur le seuil de la porte, introduisant le policier) S'il vous plaît, par ici. (Makiko, Keinosuke, Miyoshi se lèvent pour saluer le policier.)

LE POLICIER (saluant Makiko avec déférence) Je suis désolé de vous déranger si à l'improviste. Je vous en demande pardon, Madame. C'est vous qui êtes Mme Hashimoto ?

MAKIKO (gardant l'attitude très digne de l'épouse d'un haut fonctionnaire) Oui, monsieur. C'est à moi de vous demander pardon : je vous ai fait attendre longtemps.

LE POLICIER De rien, madame. Je dois vous remercier d'avoir bien voulu me recevoir. Je crains d'être indiscret.

MAKÏKO (désignant Keinosuke) C'est mon fils.

LE POLICIER Bien, Madame... (à Keinosuke) Je suis heureux de faire votre connaissance.

MAKIKO (présentant Miyoshi) Monsieur est un des amis les plus intimes de Keinosuke. Il est professeur adjoint à la Faculté des Sciences : M. Kazuma Miyoshi. (Pendant les salutations échangées entre Miyoshi et le policier, Makiko achève la présentation.)

MAKIKO II est de nos amis ; il est comme de la famille. Vous pouvez parler sans crainte de ce qui vous amène devant M. Miyoshi. Je vous en prie.

LE POLICIER Bien Madame. — Eh bien, voici : je suis venu pour...

MAKIKO Mais veuillez vous asseoir. Monsieur. (Elle invite le policier à prendre une chaise. Tous les trois s'assoient comme précédemment.)

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Je vous remercie beaucoup. Je vais m'asseoir. (Un temps.) Je suis venu aujourd'hui, à titre officieux, mais cependant sur l'ordre du chef de la police, pour demander certains renseignements. Voilà pourquoi je suis...

MAKIKO Oui. Et alors ?...

LE POLICIER II n'y a pas autre chose. Connaissez-vous, madame, un nommé Reiji Yamada, demeurant actuellement dans Nezu, à Hongo ?

MAKIKO En effet... il me semble... Oui, je le connais un peu.

LE POLICIER Eh bien, alors, si vous voulez bien m'autoriser à entrer — malgré moi — dans plus de détails, je vous demanderai, en m'excusant de cette liberté, quels sont les rapports de cet homme avec votre famille.

MAKIKO Vous me demandez en quoi consistent ces rapports ? Oui 1 Mais, à l'heure actuelle, nous n'avons directement aucune relation personnelle avec lui. Il a eu l'occasion de venir chez nous, il y a à peu près deux ans. Mais, depuis, à la suite de certaines choses qui nous ont déplu, nous lui avons fermé notre porte. Avant d'entrer dans plus de détails, — comme ils sont assez délicats, — je voudrais bien savoir de quoi il est au juste question. Je me permets de vous demander s'il y a nécessité pour vous à être informé de ces détails.

LE POLICIER Je dois parler nettement. Cet individu, ce Yamada, mène une existence assez louche. Il est connu de la police depuis longtemps. Pour l'heure, il vient d'être accusé d'escroquerie. 11 vit avec une femme qui s'appelle Sumiko Yamada. D'après les rumeurs qui courent, cette personne serait de votre famille, plus exactement : votre fille. Ma visite n'a pas d'autre objet que de vous demander si la chose est exacte.

MAKIKO(baissant Ies yeux) Oui, Monsieur, c'est ma fille.

LE POLICIER Bien Madame. Je comprends. S'il en est ainsi, il faut que je vous dise... La victime de l'escroquerie commise par Yamada est un usurier. Or, c'est en mademoiselle plutôt qu'en Yamada que cet usurier avait eu confiance. Ça se comprend, n'est-ce pas, Madame. L'usurier dit que s'il a consenti à prêter de l'argent à Yamada, c'est parce qu'il savait très bien que Mademoiselle votre fille était avec lui, et que, le cas échéant, votre famille répondrait de ce prêt.

KEINOSUKE Je ne sais pas ce que Yamada a pu raconter ; quant à ma mère et à moi, nous sommes d'ores et déjà fermement résolus à rompre tout lien avec Sumiko. Il n'y a plus rien de commun entre elle et nous, pas plus qu'entre nous et Yamada. Elle n'a aucun droit à invoquer fièrement le nom de notre famille.

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C'est bien ce que j'avais pensé. En tout cas, d'après le contrat, Mademoiselle et Yamada sont solidaires. S'il n'y avait que cela, il n'y aurait rien de bien grave. Mais voilà, il faut que vous sachiez que Yamada a commis une escroquerie. La solidarité entraîne nécessairement le partage des responsabilités.

MAKIKO (dévorée d'inquiétude, jette un coup d'œil du côté de Keinosuke) Est-ce que cela revient à dire que Sumiko est complice de l'escroquerie de Yamada ?

LE POLICIER Je ne dis pas cela, Madame, pas encore ! Je serais désolé que vous entendiez la chose de cette façon. Je suis persuadé que Mademoiselle votre fille ne sait rien du tout. Mais...

KEINOSUKE Je me permettrai de vous demander en quoi consiste cette escroquerie. Que Yamada en ait commis une, ça ne m'étonne pas.

LE POLICIER Voici le fait. Yamada a demandé à cet usurier de lui prêter trois cents yens sur trois ou quatre bagues ornées de pierres précieuses, en disant que ces bagues appartenaient à sa maîtresse... je vous demande pardon : à Mademoiselle votre fille. Or, l'usurier, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, a consenti ce prêt uniquement en considération du nom de la famille de Mademoiselle, et parce qu'il était convaincu, dès lors, que ces bagues n'étaient pas du toc. Seulement, il a découvert que ces bagues n'appartenaient pas à Mademoiselle, et que Yamada se les était procurées chez des artistes de son entourage, par des moyens qui ressemblaient fort à un vol. L'usurier ne tient pas absolument à garder les bagues ; il se contenterait du remboursement de son argent. Mais, d'un autre côté, Yamada ayant usé de procédés très louches, l'usurier a été conduit à soupçonner que, dès le début, il avait dû tenter une escroquerie. Dans ces conditions, l'affaire sûrement n'en restera pas là.

MAKIKO (un peu rassurée) Est-il bien certain que les bagues n'appartiennent pas à Sumiko.

LE POLICIER Ça, Madame, c'est certain.

KEINOSUKE Donc, il n'y aurait pas seulement une escroquerie, il y aurait aussi un vol, n'est-ce pas, Monsieur ?

LE POLICIER Si l'on regarde au fond des choses, c'est évident. Ce n'est pas tout. Ces bagues, Yamada ne les aurait pas volées à une seule artiste, mais à plusieurs, semble-t-il. .Comme vous le savez, Yamada joue en ce moment au théâtre Yamato, au Parc Asakusa.

KEINOSUKE Nous n'en savions rien. C'est par des on dit que nous avons appris que Yamada s'était lancé dans la carrière d'artiste. Bien avant cette époque, nous lui avions fermé notre porte.

LE POLICIER Vous aviez bien fait. Il vous est difficile à vous de vous faire une idée de ce qu'est ce monde-là. La vie y © http://www.lejapon.org


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est tout à fait spéciale, extrêmement désordonnée. Il n'y a pas là de démarcation bien nette entre les objets propres à chacun. Nous avons des cas ou il est impossible de déterminer d'une façon précise qu'est-ce qui a été donné, qu'est-ce qui a été volé. Yamada avait déjà eu pas mal d'histoires analogues. Ceux qui avaient été volés n'y avaient pas fait grande attention. Mais, d'après l'enquête en cours, je crois que, cette fois, le fait de vol sera aussi retenu.

MIYOSHI Vous voulez dire qu'une fois établi le vol commis par « Monsieur » Yamada, il deviendra impossible à Mademoiselle d'être laissée en dehors de l'affaire, n'est-ce pas ?

LE POLICIER (surpris d'avoir entendu dire « Monsieur » Yamada, et dévisageant Miyoshi) A dire vrai, j'envisage plutôt le fait de l'escroquerie que celui du vol. Je ne peux trop rien dire des faits mêmes, mais, d'après le dossier, le ménage Yamada aurait commis une escroquerie caractérisée.

MIYOSHI Dites-moi, monsieur, est-ce que vous voyez pour nous un moyen de nous en tirer, sans dommage ?

LE POLICIER En ce qui concerne tout d'abord Yamada, il est connu de la police. On n'attend qu'une occasion pour être en mesure de l'inculper à un titre ou à un autre. En présence d'un délit aussi manifeste que bien caractérisé, il est à peu près impossible qu'il sorte indemne de cette affaire. Et, à vrai dire, si la police hésite à déployer immédiatement toute son activité, c'est, uniquement parce que Mlle Sumiko est mêlée à l'affaire. D'après moi, dans le cas présent, c'est Yamada tout seul qui a commis le délit; Mlle Sumiko ignore tout. Peut-être même ne lui a-t-il pas dit que son nom figurait dans le contrat. II me semble qu'il n'y a aucune espèce de raison pour que la personne de Mlle Sumiko soit en rien tenue pour responsable. Mais voici ce qui m'inquiète : d'une part, Yamada est un acteur assez renommé du Parc ; d'autre part, les femmes dont les noms se trouvent mêlés au sien sont : soit des chanteuses, soit donc une jeune fille de la haute société : Mlle Sumiko : dans ces conditions, il sera difficile d'obtenir le silence des journaux. Il est à craindre que des échos ne se répandent dans la presse. C'est justement ce qui préoccupe le chef de la police. Car, si les choses transpiraient, il ne s'agirait plus seulement d'une affaire personnelle à Yamada. Il faut tenir compte de l'importance du nom de votre famille. Qu'une jeune fille appartenant à la famille Hashimoto se trouve impliquée dans un délit commis par un acteur d'un petit théâtre, et toute la société ne pourra s'abstenir de jaser. Cela se répétera d'une manière ou d'une autre, sans qu'on se gêne. Cela revient à dire qu'une affaire comme celle-là risque de ne pouvoir se terminer sans prendre le caractère d'une affaire à scandale, ce qui aurait naturellement, dans l'opinion, des conséquences fâcheuses. Voilà nos appréhensions. Donc. si l'on prend le parti d'inculper Yamada, la précaution à prendre consistera à tâcher que le nom de votre famille ne vienne pas aux oreilles du public. Nous voudrions tout d'abord connaître votre sentiment ; et si nous trouvions un moyen satisfaisant pour nous tirer d'affaire sans trop de dommage, nous n'hésiterions pas à l'employer de toutes nos forces, même en outrepassant, cela est bien entendu, les limites officielles de nos attributions.

MAKIKO Cent fois, merci, monsieur. Je me suis rendu un compte très exact de l'affaire d'après vos explications détaillées. Quant à moi, et sans parler du point qui vous préoccupe, je suis littéralement consumée de soucis au sujet de Sumiko. Dévoiler publiquement toutes ces choses, ce serait la honte pour notre famille. Cependant je ne sais que vous dire ; je n'aperçois pas en ce moment de moyen dont on puisse user.

LE POLICIER Bien Madame. Je suis venu pour vous demander votre avis sur cette affaire — cela d'ailleurs, en vertu d'un ordre du chef de la police. Tout d'abord, je me permettrai de vous demander quel est le sentiment de votre famille sur les relations actuelles de Yamada et de Mlle Sumiko. Yamada étant l'homme que je vous ai dépeint tout à l'heure, la famille de Mlle Sumiko doit avoir rompu avec elle. Votre intention est-elle, dans © http://www.lejapon.org


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l'avenir, de conserver cette attitude vis à vis de Mlle Sumiko, si elle reste dans la situation où elle est actuellement ? Pour le moment, au cas où Yamada serait frappé d'une condamnation, l'intention de la famille est-elle de prendre certaines mesures dans l'intérêt de Mlle Sumiko, en tenant compte de sa situation spéciale ? Il m'en coûte beaucoup de revenir sur ce point-ci ; vous avez bien dit que vous aviez brisé tout lien vous rattachant à Mademoiselle votre fille ; mais je doute que le monde ajoute foi à cette rupture. Voilà la difficulté à laquelle je songe.

MAKIKO Évidemment. Quelle que soit la situation, il reste qu'elle est ma fille. En aucun cas, je ne pourrais la renier. Mais... (Elle exhale une plainte et regarde avec insistance Keinosuke.)

KEINOSUKE Ma mère, M. Kazuma Miyoshi ici présent et moi, nous n'avons jamais cessé de nous préoccuper — très vivement —de la situation de Sumiko. A vrai dire, nous ne croyons pas du tout qu'il soit bien de la laisser dans l'état où elle se trouve aujourd'hui. D'abord, parce, qu'il y va de son avenir à elle ; et, parce que l'état où elle vit fait offense à la mémoire du père mort. Nous le comprenons parfaitement bien. Mais la chose importante est que Sumiko ait la volonté de rentrer dans la communauté familiale. Si Sumiko ne pense pas comme nous, nous sommes dans l'impuissance de rien faire maintenant. Ce qu'il convient d'éviter, c'est de lui témoigner, par sentimentalité pure, une sorte de compassion toute platonique, et ce qui importe, c'est de la convertir. Tout ce que nous entreprendrions d'autre serait impuissant à lui rendre le bonheur dans l'avenir. En un mot, il nous est impossible de rien faire que de persévérer dans notre rupture avec elle, à moins que Sumiko, se réveillant de sa faute contre la morale, ne rompe avec Yamada et ne revienne à nous.

LE POLICIER Vous avez raison, Monsieur. Il est évident que l'on doit d'abord tenir compte du sentiment personnel de la personne qui est en cause. Mais ne conviendrait-il pas de faire préciser à Mademoiselle ses intentions, en lui racontant tout ce qu'on dit à la police au sujet de Yamada ? Si vous le permettez et si cela n'est pas indiscret, je pourrais bien parler à Mademoiselle, en qualité de messager de votre famille, ou tout au moins — et bien entendu avec l'assentiment de votre famille — la voir sans préciser le but de ma visite.

MAKIKO Oh 1 vous êtes trop aimable, monsieur. Mais ce n'est pas la peine. (Inquiète de l'attitude de Keinosuke.) Désormais» les conditions ne sont plus les mêmes qu'auparavant. Il faut que Sumiko réfléchisse encore. Se refusera-t-elle formellement à préciser ses intentions. Sans doute, elle a dû cesser officiellement de venir à la maison. Mais il lui est arrivé, lorsqu'elle a eu des peines, de venir me voir quelquefois en cachette. Alors...

LE POLICIER Bien, Madame. Dans ce cas, je n'ai plus rien à demander sur ce point. Ce que je vais vous rapporter est certainement déjà parvenu jusqu'à vous. Ce Yamada est positivement le dernier des derniers des drôles : le bureau compétent de la police en est excédé. Bien qu'exerçant le métier d'acteur, il ne va pas régulièrement au théâtre ; il semble qu'il soit une espèce de vagabond. Il a déjà eu pas mal d'histoires louches. sur lesquelles nous n'avons pas pu fermer les yeux ; il a été ainsi amené deux ou trois fois à la police. Une fois devant nous, oh ! comme il est habile ! Quand il est à bout d'expédients, il fait semblant de pleurer et il cherche à émouvoir notre pitié d'une manière tout à fait théâtrale. Nous sommes à bout de patience. Il y a sans doute bien des catégories de malfaiteurs ; d'après notre expérience professionnelle, sa mentalité est incontestablement celle du criminel. C'est ce qu'on appelle un homme possédé par la « manie immorale » ; le germe en était sans doute dans sa nature même ; maintenant que le mal s'est développé, il est indéracinable. Je ne dirais rien d'une famille quelconque... Mais qu'une jeune fille, issue d'une famille comme la vôtre, vive avec un pareil individu, cela offense l'honneur familial. Même si un incident comme celui-ci ne vous en fournissait pas l'occasion, il vous conviendrait de prendre nettement parti de façon ou d'autre, vis-à-vis de Yamada.

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MIYOSHI (voulant aider Makiko à sauvegarder sa dignité de veuve de haut fonctionnaire) Personne n'est capable de prévoir ce qu'un homme pourra devenir un jour. Et, au début, rien en Yamada ne pouvait faire présager ce qu'il est devenu. MAKIKO Hélas ... Quand il était encore au conservatoire de musique, on parlait de son avenir. Comme il nous avait avoué qu'il était trop pauvre pour poursuivre ses études, nous lui venions un peu en aide. Depuis mon mari, en effet, jusqu'à ma fille, tout le monde, dans la famille, avait pour la musique un goût très vif. Telle fut l'origine de nos relations avec lui. C'est alors que survint l'événement qui fait maintenant notre supplice de chaque jour. Ainsi que vous venez vous-même de le raconter, Yamada sait comment il faut parler, et Sumiko n'était encore qu'une enfant ; le titre d'artiste, le prestige du talent étaient des raisons suffisantes pour qu'elle se laissât éblouir ; c'est ce qui détermina plus tard sa chute. Dès le principe, nous étions tout à fait opposés à leur intimité, et jamais nous ne l'avons approuvée. Mais le malheur est venu de ce que nous ne voulions pas contrarier Sumiko, de peur de la buter, si nous étions trop intervenus, dans sa propre volonté. Vous allez peut-être me critiquer maintenant; eh ! bien, en tant que mère, je trouve salutaire qu'elle soit contrainte à réfléchir. Le fait est qu'aujourd'hui — et déjà depuis longtemps— elle subit Yamada avec résignation. A mon avis, c'est seulement par suite de l'enchaînement des circonstances qu'elle persiste dans sa volonté première.

LE POLICIER Je ne sais pas ce que Mademoiselle raconte au cours des visites qu'elle fait à sa famille. Mais d'après les enquêtes que nous avons faites à diverses reprises, Yamada mène avec Mademoiselle une existence de désordre et de dévergondage. Il n'est pas admissible qu'une jeune fille, élevée dans une famille comme la vôtre, se prête, même un seul jour, à une telle existence. Si je vous énumérais un par un tous les faits, en levant tous les voiles, je vous étonnerais beaucoup. Yamada ne semble plus avoir pour Mademoiselle la moindre parcelle d'amour. Sous n'importe quel prétexte, il la brutalise, lui donne des coups de pieds, la frappe avec la dernière violence. Et ce n'est pas tout. Il amène chez lui d'autres femmes et il force Mlle Sumiko à les servir. Ici, ce n'est pas moi qui parle : je ne fais que rapporter ce qu'on dit partout. (Le policier s'avisant qu'il en a trop dit, va surveiller ses paroles. Makiko, des larmes dans les yeux, baisse la tête. Keinosuke est en proie à une colère muette.)

MIYOSHI (fronçant les sourcils de plus en plus énergiquement) C'est bien ce que nous présumions, nous aussi, mais, tout de même, cela dépasse l'imagination.

LE POLICIER Évidemment, cela va sans dire. Mais vous pouvez me croire ; je ne parle pas à la légère : les faits sont exacts.

KEINOSUKÉ (d'un ton d'amer reproche adressé indirectement à sa mère et à son ami) Oui, je pense que les faits sont tels... Ce n'est que trop vraisemblable !... Et, maintenant, si, traitée de cette manière, elle ne s'est pas reprise, il faut penser que tout est fini pour elle. Si elle reste dans cette situation, elle finira par devenir pareille à Yamada. Son existence de créature humaine est finie.

MIYOSHI - Oh ! non, il ne faut pas parler ainsi. Il est encore temps... (Makiko en. entendant ces paroles, qui lui redonnent de l'espoir, relève la tête.)

LE POLICIER Je suis tout à fait de votre avis. Je répète que nous sommes. arrivés au moment précis où l'on doit faire une tentative pour la sauver. Sinon, elle s'enlisera davantage, et personne ne saurait prévoir Jusqu'où elle © http://www.lejapon.org


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s'enfoncera. Si nous ne l'arrêtons pas sur cette pente, sa perte est irréparable. Les exemples en sont nombreux. C'est pourquoi je me permets de vous engager à réfléchir de toutes vos forces sur cette question. Le désir de la police est le même que le vôtre. Et, en me plaçant maintenant au point de vue de la police, j'estime qu'il sera très à propos, — même pour le salut de Mlle Sumiko, — de saisir l'occasion qui s'offre d'arrêter Yamada. Dans l'intérêt de la société, il faut prendre une mesure radicale contre un pareil individu. La rupture de Mademoiselle avec Yamada déterminera l'arrestation de celui-ci. C'est l'intérêt même de la police.

MIYOSHI Mais, une fois la rupture consommée, comme le contrat a été signé solidairement. Mlle Sumiko demeurera, en fait, la complice de Yamada, à moins qu'on ne désintéresse le créancier ?

LE POLICIER Oui, sans nul doute. Et, ici, j'aperçois bien certaines complications délicates, mais j'insiste pour vous dire qu'avant tout il faut ramener Mlle Sumiko chez vous. D'ailleurs, pour liquider cette liaison, vous pouvez bien racheter le contrat. Une fois le créancier remboursé, nous conserverions le moyen d'arrêter Yamada sous le chef de vol, en laissant de côté l'escroquerie. En un mot, toute la question est d'arrêter Yamada, sans qu'il en résulte rien de fâcheux pour Mademoiselle. Aussi bien, en ce qui concerne la nature du délit, nous pouvons nous arranger à notre gré.

MAKIKO D'après ce que vous dites, est-ce que, si nous rentrions en possession de ce contrat, le nom de la famille ne courrait plus le risque d'être livré au public ?

LE POLICIER Ça, je vous le garantis, Madame. Ma visite n'a pas d'autre objet. Si l'on inculpait Yamada purement et simplement de vol, il ne subsisterait aucune complicité entre Mademoiselle et lui. A plus forte raison, si Mademoiselle consentait à la rupture.

MIYOSHI Si les choses devaient tourner ainsi, je ne pourrais pas m'empêcher d'éprouver une certaine pitié pour M. Yamada.

LE POLICIER Je vous en prie. Monsieur, il ne faut pas parler ainsi. C'est pour Mademoiselle que nous devons garder notre pitié ; Yamada ne mérite aucune générosité. (A Makiko) Si cela arrange la famille, je peux l'arrêter dans la journée même. Tout en ayant un domicile, Yamada mène une existence de vagabond, ce qui nous crée quelques difficultés spéciales. Avez-vous bien saisi ce que je vous ai exposé ? Sous les conditions que j'ai énumérées, je vous demande votre aide pour notre entreprise. La première chose à réaliser, c'est la rupture de mademoiselle avec Yamada. C'est le point dont il faudrait nous occuper d'urgence.

MAKIKO Je vous remercie vivement. Monsieur. Je ne saurais trop vous remercier. En ce qui concerne les démarches nécessaires, ce n'est pas à moi seule de les régler. Je vais immédiatement m'entendre avec Keinosuke ; nous nous arrangerons autant que possible pour répondre à votre obligeance.

LE POLICIER S'il vous plaît Madame. © http://www.lejapon.org


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(Le domestique, après avoir frappé à la porte de gauche, entre.)

LE DOMESTIQUE (s'adressant à MaHko) Si Madame voulait me...

MAKIKO Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

LE DOMESTIQUE Que Madame m'excuse de la déranger, c'est-que...

MAKIKO (ayant deviné qu'il se passait quelque chose, un peu troublée) Bon, bon. (Au policier) Excusez-moi une minute, Monsieur. (Makiko quitte son siège précipitamment et sort suivie du domestique. Miyoshi la suit des yeux avec un air significatif.)

SCENE IV LES MÊMES, moins MAKIKO

KEINOSUKE Je suis désolé que vous ayez dû vous déranger pour une si triste affaire.

LE POLICIER Mais pas du tout monsieur. Moi, je ne désire qu'une chose : c'est que nous puissions résoudre sans encombre la question des rapports entre votre famille et mademoiselle. C'est à quoi je m'emploie de mon mieux.

KEINOSUKE Soyez tranquille. Je me rends très bien compte de vos intentions. Je vous suis très reconnaissant de votre bonté. Je ne suis pas homme, croyez-le, à désapprouver les solutions raisonnables. Mais nous nous trouvons dans un cas tout à fait particulier. Si nous faisons valoir à Sumiko des raisons capables de la convaincre, elle ne s'obstinera pas dans sa résistance contre nous. Notre devoir est là. Nous ferons tout notre possible. Ma mère, elle aussi, s'y prêtera. (Au cours de cette réplique, Makiko rentre ; elle reprend la place où elle était assise ; elle a l'air pensif et elle commence à parler lentement.)

SCENE V LES MÊMES, plus MAKIKO

MAKIKO II faut que je vous dise... Voilà... Sumiko vient d'arriver © http://www.lejapon.org


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(Miyoshi, étonné, et avec un air concentré, fixe les yeux sur le visage de Makiko.)

LE POLICIER Oh ! par exemple !... C'est Mademoiselle qui ?...

MAKIKO Oui, monsieur, c'est elle. Elle a, paraît-il, quelque chose à me dire en particulier.

LE POLICIER Très bien, Madame. Cela arrive tout à fait à propos.

MAKIKO Je pense qu'elle est venue pour nous faire part de la décision qu'elle compte prendre. En tout cas, c'est une bonne occasion, à ce. qu'il semble, pour la persuader des idées que vous avez bien voulu nous exposer, avec une extrême bonté.

LE POLICIER Je serais très heureux si vous vouliez bien agir dans ce sens... D'ailleurs, j'ai terminé... Je crains, madame, que ma présence ne vous gêne. Voulez-vous me permettre de me retirer ? Je suis désolé d'avoir été obligé d'en dire tant et surtout de vous avoir dérangée. MAKIKO Mais pas du tout, monsieur. Je dois, au contraire, vous remercier ; car, si ce n'avait pas été par vous, même à titre de simple tiers, que la situation nous avait été révélée, nous ne saurions sans doute pas à quoi nous en tenir. Ça ne veut pas dire, bien entendu, qu'il nous eût été totalement impossible d'être mis au courant sans les renseignements d'une personne étrangère à la famille. Pourquoi, quand il s'agit d'une question de famille, laisse-t-on aller ainsi les choses jusqu'à l'irréparable sans en apercevoir toutes les conséquences fâcheuses ? Je vous remercie encore une fois de l'obligeance que vous avez mise à vous déranger ainsi. Et mes remerciements à Monsieur votre chef.

LE POLICIER Oui, Madame, je n'y manquerai pas.

MAKIKO Je vais voir de suite Sumiko. Suivant ce qu'aura été notre entretien, il se peut que j'aille vous demander à nouveau votre concours, s'il vous plaît, monsieur. LE POLICIER Je serai complètement à votre disposition. Au besoin, vous me donnerez madame, un coup de téléphone au commissariat. Pour le moment, je vais de ce pas à Nézu, pour m'assurer si Yamada est chez lui.

MAKIKO Tout cela vous donne beaucoup de peine. Je vous remercie»

LE POLICIER (à Keinosueé et Miyoshi) Pardon. Au revoir, messieurs. © http://www.lejapon.org


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KEINOSUKE Je vous remercie, monsieur. Au revoir, monsieur.

MIYOSHI Au revoir, monsieur. (Le policier va vers la porte. Makiko, Keinosuke Miyoshi le reconduisent.)

LE POLICIER Oh ! ne vous dérangez pas, je vous en prie.

MAKIKO (faisant signe des yeux à Keinosuke et à Miyoshi) Je vais reconduire Monsieur, et voir Sumiko.

KEINOSUKE S'il vous plaît, ma mère. (Au policier) Au revoir, monsieur.

LE POLICIER Au revoir, messieurs. (Le policier, après avoir salué Keinosuke et Miyoshi, sort, reconduit par Makiko. Keinosuke ferme la porte, reprend son siège et se met à parler avec Miyoshi.)

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解答

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ス マドイ デ ンセン キシタ ン オ リアメ ヨ ャクシ ガサ ツ キ

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