Céleste ou le temps des Signares - Extrait 1

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38 Sources : ¹ Extrait du passage de

1799 – 1880 La mystérieuse signare Amélie Anne Degrégny de Boufflers

l’acte notarié déposé auprès de maître Henri Robert, Greffier Notaire de Gorée à la fin du xixe siècle. Partie concernant la succession d’Amélie Anne Degrégny de Boufflers du 11 janvier 1858. ² De Boufflers S. J. Lettre d’ Afrique à madame de Saban Op. it. Extrait de la lettre du 6 mars 1786 à son oncle le prince de Beauveau.

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Un mystère a longuement demeuré à Gorée : le chevaliers Stanislas de Boufflers a-t’il eut une descendance sur l’île ? Dans des actes notariés concernant une des maisons de l’île, sur le titre foncier no 13583, apparaît le nom d’une ancienne propriétaire, Amélie Anne Degrigny de Boufflers, décédée en 1880. Cette dame Degrigny prétendrait être la descendante du chevalier de Boufflers. Elle est issue de la dernière génération de mulâtresses que l’on pouvait encore appeler ‘‘ signare ’’ et indique dans l’acte de propriété de sa maison (actuellement en 2004 maison de Madame Crespin) qu’elle s’appelle Degrégny de Boufflers. … Ce même immeuble parcelle, numéro 2 était antérieurement la propriété d’une dame veuve Sanson, née Amélie Anne Degrigny de Boufflers, pour l’avoir recueilli de la succession de Mademoiselle Désirée Degrigny, sa soeur décédée à Gorée, le onze novembre mil huit cent soixante six et ce aux termes d’un testament reçu par M. Henri Robert Greffier Notaire à Gorée, en présence de témoins, le onze janvier mille huit cent cinquante huit…¹ Un texte du 6 mars 1786, soit pratiquement un siècle avant, extrait des lettres du chevalier, semble toutefois éclaircir ce mystère. Ce document semble avoir été écrit par le chevalier pour mettre fin aux ‘‘ ragots ’’ colportés à son encontre par un abbé mondain parisien, l’abbé Bernard. Cet abbé, hostile à De Boufflers à cause de ses idées révolutionnaires, affirmait dans le tout Paris de l’époque que le chevalier de Boufflers se trouvait à Gorée en fort bonne compagnie avec certaines signares, et qu’il en eut de nombreux enfants. Des affirmations destinées à nuire au projet de mariage du chevalier avec la comtesse de Sabran. Le chevalier, dans une lettre à son oncle le prince de Beauvau, décrit lui-même un événement qui explique cette rumeur et les conséquences qui en découlèrent. Les femmes de l’endroit (les signares de Gorée) m’ont fait l’honneur de me chanter et suivant l’expression du pays, de me danser. Je n’ai pas bien compris ce qu’elles chantaient, mais il était

difficile de se méprendre à la signification de leur danse. Un homme jouait d’un instrument, toute l’assemblée battait des mains, et une danseuse à tour de rôle sortait, en contrefaisant toutes les crises de Mesmer… Après le bal, je les ai toutes récompensées par de petits présents ; celle de toutes qui m’avait paru la plus gentille m’a dit qu’elle était bien fâchée de n’avoir pas pu mieux faire, mais qu’elle était encore faible à cause qu’elle relevait de couches. Comme je lui marquais de l’intérêt et de la compassion, elle m’a beaucoup remercié, a été chercher son petit enfant de quinze jours, et m’a demandé la permission de lui donner mon nom. Ainsi, me voilà un enfant, comme M. Maurepas, dont M. Tronchin disait qu’il avait eu un lot, sans avoir mis à la loterie.²


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