Didier Goux s'offre un bungalow

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certaines apparaissent, d'autres changent de numéro, la droite et la gauche s'inversent brutalement, etc. Ça ne facilite pas la tâche du méritant pilote, laissez-moi vous le dire. Le principal point faible des trajets musardiformes dans les régions montagneuses, c'est que quand vous en avez brutalement assez de vous traîner à 40 de moyenne, vous êtes tout de même obligé de continuer, vu qu'il n'y a pas d'autres routes que celle où vous vous êtes imprudemment engagé. Vers midi et quart, on arrive dans une petite ville du Cantal appelée Mauriac, aux rues assez animées, avec l'idée de s'y nourrir rapidement mais, si possible, délicieusement. Repérage d'un restaurant proposant de la viande de Salers, ce qui nous convient tout à fait. Sauf qu'il est impossible, chez ces gens, de prétendre à un plat unique : c'est tout le menu ou rien. Ce sera donc rien. Dans le court laps de temps où nous avons mené les négociations, midi vingt-neuf est soudain devenu midi et demie. Quand nous ressortons de la prétentieuse gargote, les rues se sont vidées, tous les magasins ont baissé le rideau (y compris ceux qui en sont dépourvu). En coinçant le pied dans l'entrebâillement de la porte (c'est une image, hein...), nous parvenons à pénétrer dans une boulangerie où il reste deux sandwichs, que nous achetons avec un fort sentiment d'allégresse et de gratitude. Ne reste plus qu'à sortir de Mauriac, afin de trouver un endroit suffisamment bucolique pour magnifier nos tranches de pain farcies au pâté de campagne (il n'aurait plus manqué, ici, qu'on nous refile du pâté urbain !). Ce n'est pas si simple : la rue qui est censée déboucher sur la route de Tulle est barrée par des engins de travaux publics et, bien entendu, aucun panneau de déviation n'a été mis en place. On fait donc deux fois le tour de cette riante cité mauriacienne avant de retrouver notre chère route à lacets, noués particulièrement serrés. Vous l'aurez remarqué comme moi : sur les petites voies montagneuses, il n'y a jamais d'endroit où s'arrêter. Finalement, j'en trouve tout de même un, pas bucolique pour deux centimes d'euro, mais bon. C'est au moment où nous sortons de la voiture qu'il se met à pleuvoir - une pluie franche et massive (central), sûre d'elle-même et dominatrice. On mâchouille tristement à l'intérieur de la caisse et on repart. Bon, je ne vais pas vous la jouer "petite Cosette" non plus : à partir du moment où on


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