Didier Goux s'offre un bungalow

Page 139

lundi 2 avril 2007

Renaud Camus, une certaine ressemblance...

Nous voici donc, avec ce volume en mains du Journal de Travers - premier tome. Il est lourd, compact, impressionnant, promesse de jouissances longues. Ce qui n'empêche pas qu'on appréhende un peu de l'ouvrir, de s'y plonger, dans la mesure où l'on pressent grand le risque de noyade. Et puis, on n'a pas très envie qu'il nous arrive ceci. Donc, on temporise, on contourne le massif, on musarde. D'abord, on s'attarde un peu longuement sur le joli jeune homme de la couverture, qui nous ferait presque regretter d'être sottement hétéro. On se dit qu'il a des airs... des airs de... des airs à... Qu'il ressemble... Il est des personnes, hommes ou femmes, dont les traits sont fixés une fois pour toutes, quasiment dès la naissance. Vous faites leur rencontre dans la classe du cours préparatoire, vous les perdez de vue pendant soixante-deux ans, vous les recroisez au coin d'une rue : les mêmes, exactement. Pour d'autres, il semble qu'ils ont conclu une sorte de pacte diabolique qui leur permet de changer de visage tous les cinq ou dix ans. Il reste des traits communs, des regards, sans doute une façon de sourire, mais c'est comme si, tout en conservant le même jeu, on avait redistribué toutes les cartes. Le jeune homme au regard doux est de cette dernière race. Renaud Camus : un homme qui, de temps à autre, selon l'éclairage, ou son humeur, ou celle de qui le regarde, présente une certaine ressemblance avec lui-même. Ni tout à fait le même, etc. Comme il est temps d'ouvrir le livre, on quitte le jeune homme de la jaquette (je sais que je n'aurais pas dû, je le sais !), pour plonger dans l'océan intérieur. Mais on a encore un


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.