Art & Cetera - Avril 2014

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Numéro 8– AVRIL 2014


Bellis Perennis Claudelise Gervais Debroucke Elle Xs Gordon War Apolline Violine

08

Pascal Jaminet Mara Art Nadine Chantreau olivier ulivieri Sylvie Plante

Avril 2014


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Apolline Violine


Back to. (Nino). Emma s’est totalement plantée. Ca n’est pas elle qui a tout foutu en l’air, comme elle l’a écrit sur sa carte. Je suis au moins aussi responsable qu’elle, moi aussi j’avais cette aptitude à tout casser. Et pourtant… Et pourtant, après notre rupture, il y avait toujours des miettes d’elle qui se baladaient entre ma tête et mon cœur… Je sais, vous vous dites que c’étaient des amours adolescentes, le genre de trucs qui existent pour finir. On a peine dit « je t’aime », on s’en est juste persuadé, on a encore un peu de l’odeur de l’autre que c’est fini. Certainement. Il y avait aussi de la connerie, tout simplement. Une ignorance bête et stupide, surtout pas diluée, qui nous poussait à croire qu’on était un peu des Roméo + Juliette. Non pas que nos familles aient été opposées à ce qu’on se voie – elles n’en avaient seulement rien à faire – mais on se vivait en romantisme. Il fallait de la passion… Un amour tranquille, c’était trop vieux pour nous. Ca ressemblait trop aux vieux (les trentenaires… Sans commentaire…)

qui avaient renoncé, qui avaient un jour goûté à la passion, à la chair de poule, la gorge nouée, le cœur qui palpite et qui avaient renoncé à tout ça pour tomber dans une vie de couple monogame et triste à en pleurer. On ne voulait pas de ça. A aucun prix. Et on était tellement beaux… Elle et moi… Elle avec ses cheveux longs, ses longues jupes et ses gros pulls, sa veste en daim, tout son attirail de hippie-grunge et moi avec mes dreads, mes fûts en velours, mes gros pulls… Ajoutez Dave à ça… On était les popular du lycée en gros. Le pseudo bad boy qui a repiqué et dont on pouvait parier en septembre qu’il ne tiendrait pas l’année et la nana plus sérieuse, qui le cadrait un peu… On avait nos paupières gonflées, on séchait un peu, des trous de boulettes dans les gros pulls, les yeux rouges… On était beaux, je vous dis. Beaux comme tous les gamins qu’on côtoyait à cette époque. La terminale a été une année géniale. Après, ça s’est gâté… J’ai glandé sévère, Emma moins. Elle a réussi à rattraper le coup en septembre, moi pas du tout.


Dave avait été exilé sous des cieux plus propices au travail par ses parents. Toute ma première année a été une lente descente en vérité.Quand Emma en avait marre de glander et de se dépouiller, elle repartait quelques semaines en cours et moi je continuais à me dépouiller. Et on a fini par s’éloigner. On n’était plus aussi beaux qu’avant… Je crois même que j’étais devenu moche… Une sorte de gars défoncé tout le temps, à penser à ses plans de fume tout le temps, à traîner avec les gars de la même espèce que lui tout le temps…Parfois, Emma revenait dans ma sphère… Mais je n’allais jamais dans la sienne. Jamais. J’aurais dû… Quoi qu’il en soit, j’ai commencé à péter les plombs par rapport à elle. Elle était ce qui était beau, dans ma vie, et elle s’éloignait. Moi, je stagnais et elle avançait. Quand elle a raté ses partiels en juin, elle a été vexée, je crois. Et elle a passé tout l’été à bosser ceux de septembre. Et moi, je suis parti en colo, ce qui était plutôt cool. La vie avec les gamins, j’ai moins fumé – responsabilité oblige – les autres moniteurs…

On a vécu cahin-caha comme ça, un été. On n’est pas partis, puisque les partiels… Et je me voyais un peu revenir à mon train-train, en fumant un peu moins, parce que c’était abusé, mais je le visualisais assez comme ça : bosser un peu quand l’argent venait à se tarir ( le Mac’Do, la revente…) et arrêter quand j’en avais marre et un peu d’argent devant moi… Mon appart toujours open… Et Emma à mes côtés… Ca va vous surprendre mais ça ne s’est pas du tout passé comme ça… Personnellement, ça m’a surpris. Mais visiblement, tout le monde le voyait venir… Je pourrais vous dire froidement : Emma m’a trompé, j’ai couché avec une autre pour lui rendre la monnaie de sa pièce… Mais ce serait un peu dévoyé… En réalité, j’étais devenu parano : le jaloux parano. J’avais l’impression que tous les mecs trouvaient ma nana géniale et qu’elle avait envie de baiser avec la plupart de ces mecs, qui, eux-mêmes voulaient bien sûr se la faire…


Elle me parlait souvent d’un gars à la fac avec qui elle traînait et bossait. J’ai fait une fixette terrible sur ce gars, j’en suis venu à douter d’elle, quasi à la renifler, persuadé qu’elle avait baisé avec lui toute la journée au lieu d’aller à ses cours pourris. On n’était plus beaux du tout. Et j’étais devenu carrément moche. On s’engueulait terrible. Et je ne voyais même pas que tout ce que je lui reprochais, c’était d’évoluer. Je lui en voulais de ne pas être cette loque que j’étais devenu, moi. En comparaison, quand je la voyais passionnée par ce qu’elle faisait, j’avais l’impression d’être un minable infoutu de faire quoi que ce soit d’intelligent. Alors, je roulais un pétard pour penser à autre chose. L’ironie de l’histoire, c’est que j’étais jaloux comme un pou alors qu’il y avait maintenant la nana d’un pote qui passait à l’appart sans son mec et quand Emma n’était pas là… Une branleuse qui n’avait rien à foutre de sa journée non plus… Finalement, Emma est partie un week-end à la Toussaint je ne sais plus où et quand elle est rentrée, c’était plié. Elle m’avait trompé.

Et de toute façon, je l’avais trompée avec la branleuse le même week-end, sans savoir qu’elle me tromperait. Donc, ma petite vengeance n’en était pas une. Ou alors, je faisais à l’époque partie de ceux qui étaient démiurges… On s’est séparés. Et elle a toujours pensé que c’était sa faute, qu’elle n’avait pas été assez patiente, compréhensive… Des conneries… Elle marche facilement dans tout ça, Emma, elle est allée à bonne école avec sa mère… Du coup, après, j’ai vivoté quelques mois comme ça et je suis parti. J’ai bossé en Angleterre, de là, je suis parti en Espagne, j’ai fait des saisons à droite à gauche… Et quand on se recroisait, avec Emma, lors de mes brèves escales en France, on se revoyait. On était comme des aimants, attirés l’un vers l’autre… Ca n’était pas spécialement sain… On couchait ensemble, ça me vrillait le cœur, je prenais la mesure de tout ce que j’avais perdu…


Alors, je suis parti plus loin. En Asie. J’ai voyagé, donné des cours, me suis défoncé, suis tombé amoureux, ai fait des rencontres, positives et négatives, ai galéré, suis devenu moins amoureux, ai repris mon sac, suis passé au Cambodge, et là… Là, je suis tombé sur deux Français qui tenaient une Guest House. Ils m’ont repêché à la sortie de bateau parmi tous les gars à moto qui voulaient m’emmener là où je voulais ou chez un oncle/ami/frère à eux qui avait des chambres. C’était le 14 juillet. Après m’être installé, je suis descendu. Ils étaient devant la télé, le défilé sur l’écran, un énorme sac d’herbe sur la table. Et on a fumé… Je pense qu’ils étaient aussi paumés que moi. Et aussi coincés, interdits de séjour en France que moi. Sauf que, dans leur cas, ça devait être un interdit de survie. Dans le mien, c’était juste un interdit que je m’étais connement fixé. Donc le Cambodge… Et sa pauvreté… Et sa beauté… Et les larmes des Killing Fields encore suspendues dans les cieux… Aussi surprenant que ça puisse paraître, je suis véritablement tombé dans le chimique au Cambodge.

Il me semble d’ailleurs que j’ai semé des petites indications dans divers livres d’or de Guest Houses à Sihanouk ou Phnom Penh… Une sorte de Lonely Planet des pilules… « N’allez pas près du fleuve, ils vendent n’importe quoi là-bas, il y a un gars qui a fait une overdose hier ! » Ca, c’est de moi, je m’en souviens nettement… Surréaliste… Oui, je sais. Un jour, je suis tombé sur quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui avait rencontré quelqu’un… Bref… Un Européen venait de se prendre je ne sais combien d’années pour avoir été chopé avec quelques pilules sur lui. Ca m’a refroidi. Il y a curieusement quelques moments de lucidité dans ma vie que je mets à profit… De fait, je suis rentré en France. Plus amoché encore que je ne l’avais quitté. J’ai décidé d’aller dans le sud, boulots saisonniers, soleil, nouveau départ. En réalité, je savais que le nouveau départ, je ne le tiendrais pas… Mais c’est ce que je me suis dit quand même… On ne sait jamais… Je vous passe les détails mais j’ai fini par rencontrer Sab, il y a cinq ans. Et, ironie du sort, je me suis fait reprendre avec de l’héro sur moi. Enfin, chez moi.


Descente de flics et du proc à six heures du mat’, dans les règles… J’avais quitté le Cambodge à cause de ça… J’y avais échappé là-bas mais je m’étais fait pincer ici une première fois, j’avais eu le bracelet électronique, il faut croire que je me croyais audessus de tout ça… Résultat : huit mois fermes. Pour quelques grammes. Ca faisait trois mois que Sab et moi étions ensemble… Elle est restée. Elle est venue me voir en prison. Elle m’a aidé. Elle a cru en moi. Du coup, j’ai aussi commencé à croire en moi. Je suis devenu ce que j’ai pu. Mais, pour un soir, quelques heures, maintenant, en allant voir Dave et Emma bourrés, je voudrais juste goûter à mes dixhuit, dix-neuf ans encore. Je voudrais juste revenir en arrière, au moment où on était beaux tous les deux-plus-Dave, insouciants de ce qu’il pourrait arriver dans le futur, inconscients de toute cette laideur que le monde nous réserve et qu’on se prépare soi-même.

Juste nous, beaux. Sentir la vanille dans sa nuque et lui dire, en le croyant de toutes mes forces, que je l’aimerais toujours et que jamais, jamais, jamais, je ne lui ferai de mal… Et que je ne sais pas la chance que j’ai de l’avoir croisée, que j’ignore le bonheur que j’ai de pouvoir l’embrasser ou lui tenir la main quand je le souhaite… Juste ça. La beauté de ce qu’on a perdu…


Apolline Violine


Pascal Jaminet







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Sylvie Plante Artiste en arts visuels Membre professionnelle R.A.A.V. WEB Courriel 701 Labonté Calixa-Lavallée, Québec – J0L 1A0 Canada Tél.: 1 (450) 583-2017


PROCHAIN NUMERO JUIN 2014 PARTICIPATION : insolo@orange.fr


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