Efficience21 - N°1 (2011)

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ACTUEL

SYSTÈME D’INFORMATION «O-LI-O» | KENNY HOPPER, CCA

Les panneaux Grätzel sont en passe de faire le bonheur des architectes et des créateurs de tous poils. Transparents et de différentes couleurs, ils sont parfaits pour être utilisés sur les fenêtres d’un bâtiment et faire partie intégrante d’un concept architectural. Plusieurs projets sont à l’étude. Ils équiperont peut-être le nouveau centre de conférences de l’EPFL. «Pour les applications domestiques, on en fabrique déjà. Mais à l’heure actuelle les problèmes liés à leur production à l’échelle d’un bâtiment ne sont pas encore complètement résolus», explique Philippe Vollichard, responsable et coordinateur du développement durable à l’EPFL.

HAUT-PARLEUR «HORN» | GUILLIAN GRAVES, ENSCI

«Sous l’impulsion du professeur, notre équipe de chercheurs est partie du postulat que toutes les surfaces noires qui nous entourent absorbent la lumière en pure perte. La flexibilité de ces cellules leur permet d’être intégrées à toutes sortes d’objets, donc de profiter de ces zones. A l’instar de Sony ou d’Ikea, de nombreuses compagnies internationales s’intéressent à ce produit et se sont déjà lancées dans la fabrication d’articles à usage domestique», ajoute le jeune scientifique québécois. Avec ses couleurs et sa transparence, les possibilités de créations sont sans limite. Tout en étant des cumulateurs d’énergie, tous les objets qui nous entourent pour-

LA PHOTOSYNTHÈSE POUR PRINCIPE TOUT A DÉJÀ ÉTÉ INVENTÉ DANS LA NATURE, IL SUFFISAIT DE S’EN INSPIRER…

Le principe des panneaux Grätzel est celui de la photosynthèse. Un colorant est chargé d’absorber l’énergie du Soleil et de l’extraire pour restituer de l’électricité. Avec la chlorophylle, la lumière va frapper l’électron qui emmagasine de l’énergie. Dans le cas des cellules Grätzel, on utilise cette énergie pour la faire passer dans un circuit fermé. Si l’on regarde un panneau sur sa tranche, on trouve entre deux couches de verre la partie active avec un semi-conducteur qui est de l’oxyde de titanium. La molécule colorante le couvre complètement. La lumière est absorbée par le colorant. On utilise des milliards de nanoparticules semi-conduc-

trices et chaque surface est couverte de colorant. Un électron est inséré dans le semiconducteur qui va se déplacer de nanoparticule en nanoparticule jusqu’à l’électrode. Son énergie est ensuite utilisée pour charger une pile ou, par exemple, restituée dans une ampoule. Une fois que l’électron a fait son travail, il revient par le liquide appelé électrolyte. L’électron est uniquement le vecteur d’énergie. Ce qui donne la couleur, c’est la molécule elle-même. Par exemple, la molécule de chlorophylle apparaît verte et le carotène rougeâtre. En modifiant légèrement la molécule, l’apparence de la couleur du panneau solaire change.

ront se parer des plus beaux designs. Il est clair que pour nombre d’entreprises, la sauvegarde de la planète passe au second plan. Cependant, le facteur esthétique, lui, est très important. Ainsi, tout en préservant, tout de même, l’environnement, les consommateurs occidentaux auront accès à de nombreux produits tels que des tables de salon ou des téléphones portables équipés de ces cellules solaires.

AIDER LA PLANÈTE Mais le professeur Grätzel n’est pas un homme d’affaires. Lui, «il veut clairement sauver la planète», affirme avec conviction Nicolas Tétreault. «Selon des études, on sait que dans les quarante prochaines années, nous devrons doubler la production d’énergie mondiale par rapport à aujourd’hui. Actuellement, plus de quatre milliards de personnes n’ont pas accès à un réseau électrique étatique. C’est aussi à ces genslà que nous destinons ces panneaux solaires en rendant abordables leur prix à la production, donc aussi à l’achat.» Un autre facteur qui entre en ligne de compte est le coût environnemental. L’équipe a cherché des matériaux économiques, non toxiques et que l’on peut trouver en grande quantité, comme l’oxyde de titanium utilisé dans les peintures blanches et les crèmes solaires. «Ces nanoparticules sont déjà des matériaux manufacturables en très grande quantité et à moindres frais. D’autre part, ces panneaux sont produits sur des machines très proches des presses d’imprimerie. Souples, ils sont fixés sur un

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