JUIN 2010 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL. 01 - NO. 09

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Juin 2010 - copie neuf

gratuit ue le journal culturel de l’Abitibi-Témiscaming

a m é in c n o s it fa u a le e rd o B e Serg en région p. 5

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La Sarre lance son circuit patrimonial

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Pellan, boyer et villeneuve au centre d’exposition d’amos

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les entrées de ville-marie auront leur sculpture

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7ième ciel records fête ses 7 ans ISSN 1920-6488 L'Indice bohémien


calendrier culturel

juin 2010

gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue

Pour que votre activité soit affichée dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même dans le calendrier du site Internet du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue au www.ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription de votre part. Merci de votre collaboration et de votre compréhension.

Cinéma

Exposition

Gainsbourg (vie héroïque) 10 juin - 20 h Théâtre du Rift (Ville-Marie)

Vernissages Magiques! L’Artouche et Atelier Cent Pressions 6 juin - 14 h Bureau Municipal (Duhamel-Ouest)

L’eau, le bouleau et l’or de La Bittt à Tibi Raôul Duguay Jusqu’au 1er août Centre d’exposition de Val-d’Or

Boréalie Michel Villeneuve Jusqu’au 6 juin Centre d’exposition d’Amos

Comme une ressemblance Arianne Ouellet Jusqu’au 1er août Centre d’exposition de Val-d’Or

Matérialisations éphémères Luc Boyer Jusqu’au 6 juin Centre d’exposition d’Amos

Du visible à l’invisible Diane Auger Jusqu’au 30 août Centre d’exposition de Rouyn-Noranda

Élusion Mylène Cossette Jusqu’au 12 juin Galerie de La Fontaine des Arts (Rouyn-Noranda)

Éclipse agricole Marie-Ève Martel Jusqu’au 30 août Centre d’exposition de Rouyn-Noranda

Lancement de la 7e édition du Festival du DocuMenteur de l’AbitibiTémiscamingue 16 juin - 16 h Cabaret de la dernière chance (Rouyn-Noranda) Je me souviens 24 juin - 20 h Théâtre du Rift (Ville-Marie)

Conte Feu blanc - Contes de la lune Éric Gauthier 1er juin - 17 h à 19 h Librairie En marge (Rouyn-Noranda)

Danse Tous Unis dans la Danse! 12 juin - 19 h Théâtre Télébec (Val-d’Or)

Littérature

Des images qui racontent Doris Barette Jusqu’au 13 juin Centre d’art Rotary (La Sarre) Pellan Jusqu’au 13 juin Centre d’exposition d’Amos

Finissantes au certificat en arts plastiques Du 20 juin au 5 septembre Vernissage : 20 juin, 5 à 7 à la Maison de la culture Centre d’art Rotary (La Sarre) BAM! 10e Biennale d’art miniature !nternationale Du 3 juin au 12 septembre Salle Augustin-Chénier (Ville-Marie)

Heure du conte 12 juin - 15 h Bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda

Musique Soirée du bon vieux temps Denis Coté, accordéonniste et ses musiciens 5 juin - 20 h Salle Héritage (La Motte)

Théâtre Il n’était pas une fois et Sans dessus dessous Les Voisins d’en haut 5 juin - 19 h 30 et 6 juin - 14 h Agora des Arts (Rouyn-Noranda)

Autres Assemblée générale annuelle Coop du journal culturel de l’A-T 16 juin - 19 h Salle de bibliothèque municipale (Amos)

||| CONVOCATION ||| Assemblée générale annuelle 2010 de la Coopérative du journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue Chers membres de la coopérative de solidarité du journal culturel régional, vous êtes cordialement invités à participer à l’assemblée générale annuelle 2010 de votre journal culturel.

Le mercredi 16 juin 2010 à la bibliothèque municipale (222, 1re Avenue Est) à Amos

- 18 h 30 inscription des membres et accueil des invités - 19 h assemblée générale annuelle

Cette assemblée permettra au conseil d’administration de vous informer sur l’avancement des principaux dossiers de la dernière année, liés à la mise en place et au développement du journal. Le dynamisme d’une coopérative comme la nôtre passe par la participation de ses membres et c’est la raison pour laquelle votre présence à cette assemblée serait grandement appréciée. Voici la proposition d’ordre du jour : Ouverture de l’assemblée; Choix d’un président et d’un secrétaire d’assemblée; Lecture et adoption de l’ordre du jour; Résolution pour accepter que les non-membres assistent à cette assemblée; Lecture et adoption du procès-verbal de l’assemblée générale annuelle 2009; Mot de la présidente; Faits saillants de l’année 2009-2010; Rapport du vérificateur et rapport financier pour l’exercice se terminant le 31 mars 2010; Nomination d’un vérificateur; Élection des administrateurs; Période de questions; Levée de l’assemblée

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L’INDICE BOHÉMIEN - JUIN 2010


sommaire

éditorial en couverture : Serge bordeleau photo : christian landry circuit patrimonial de La-sarre photo : courtoisie ville de la sarre salle d’exposition d’amos PHOTO : ariane ouellet

Pour une culture qui ose

Levons nos verres à la santé des bars de chez nous! Dylan Perron et ses acolytes sur scène pour une version endiablée de L.A. Woman des Doors qui avait jeté la frénésie chez chacun des chanceux présents… Des soirées qui n’en finissent plus de ne pas finir, pour notre plus grand bonheur.

sculptures à ville marie photo : Mathieu dupuis 7ième ciel : PHOTO : optika

L’Indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région.

RÉDACTION ET PRODUCTION Journalistes : Francesca Bénédict, Martin Blais, Mélanie Boutin-Chartier, Chloé BP, Jenny Corriveau, Sonia Cotten, Winä Jacob, Mathieu Larochelle, Philippe Lebel, Valérie Lemay, Paul-Antoine Martel, Christian Matte, Marie-Joe Morin, Olivier Naud, Ariane Ouellet, Sophie Christiane Pichette, Ouellet, Sophie Richard-Ferderber, Émélie Rivard Boudreau, Amélie Roberge, Julie Thibeault. Réviseurs-correcteurs : Lucette Jacob, Paul-Antoine Martel, Karine Murphy, Micheline Plante. Photographe : Christian Landry Rédactrice en chef Winä Jacob redaction.indicebohemien@gmail.com

Coordination et ventes publicitaires Maurice Duclos indicebohemien@gmail.com

Graphisme Mise en page et publicités : Le Canapé communication visuelle graphisme.indicebohemien@gmail.com

L’Indice bohémien est publié 10 fois l’an. Il est distribué gratui­ tement par La Coopérative du journal culturel de l’Abitibi­Témiscamingue. Fondée en novembre 2006 Membres du conseil d’administration  : Chloé Beaulé-Poitras, Winä Jacob, Ariane Gendron, Renaud Martel, Martin Villemure, Jenny Corriveau, Julie Goulet, Sophie Ouellet 150, avenue du Lac Rouyn-Noranda, Québec J9X 1C1 téléphone : 819 763-2677 télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien@gmail.com

Cinéma ......................... 4, 5, 8, 15 Histoire et patrimoine ...........6, 7, 8 Arts de la scène ......................... 9 Théâtre ...................................... 9 Général ................ 13, 14, 16, 22 Littérature ............................... 15 Arts visuels ........ 4, 17, 18, 19, 20 Arts médiatique ....................... 19 Musique ........................ 21, 22, 23

> Winä Jacob - redaction.indicebohemien@gmail.com

Au moment d’écrire ces lignes, il faisait chaud, voire très chaud. Le climat de l’Abitibi-Témiscamingue se prenait pour celui du Mexique, transformant le coeur de notre forêt boréale en zone tropicale pour un bref instant. Quel changement après les rudes mois d’hiver remplis d’engelures, de déneigements d’entrée et de tout un lot de plaisirs nordiques. Avant même l’arrivée des bourgeons et des premières fleurs pousse un autre signe évident de la venue de la saison chaude, soit l’apparition de nombreuses terrasses. L’équation est fort simple : quand se pointent les chauds rayons du soleil printanier sortent les quidams en quête de breuvages froids et d’âmes avec qui socialiser. Pas que des débits de boissons Si ce sont souvent les terrasses et les boissons alcoolisées qui attirent les gens, il ne faut pas négliger l’attrait des événements culturels qui sont présentés dans ces établissements. Car un des signes que notre culture est dynamique et rassembleuse, c’est que la région compte de nombreux petits lieux de diffusion qui jouent un grand rôle dans l’offre culturelle. On peut en effet y découvrir des artistes un peu marginaux qui n’ont pas accès aux salles institutionnelles, ou y assister à des événements « underground ». Plus encore, c’est souvent là que les artistes de la région peuvent se faire les dents et trouver un lieu pour exprimer leur talent devant un public réceptif et curieux. À peu près chaque secteur compte sur de tels endroits. D’abord le Cabaret de la dernière chance à Rouyn-Noranda, archétype du genre et référence panquébécoise, mais aussi le Trèfle noir,

et tous ces bars qui résonnent pendant le Festival de musique émergente. À Amos, il y a l’Ad Hoc, siège de l’improvisation depuis 7 ans et hôte de spectacles variés. En Abitibi-Ouest, difficile de passer à côté de la Maîtresse, dont la programmation d’événements n’a rien à envier à celle d’établissements comparables des grands centres, sans oublier le café des Rumeurs de Galichan, belle illustration de la forme que peut prendre ce concept de salle alternative en milieu rural. Jusqu’à tout récemment, au Témiscamingue, c’était à l’Entracte, chez Eugène et à la Brassette 101 que des petits miracles artistiques pouvaient se produire. Et dans la Valléede-l’Or, Senneterre a son Café jeunesse, et il ne reste guère plus que l’Entracte et le Dundee à Vald’Or depuis que le Rafiot a fermé ses portes, il y a maintenant un an et demi, quoique le Café Baltazar semble vouloir avoir lui aussi sa part du gâteau. Des soirées magiques Nombreuses sont les expériences mémorables que j’ai vécues dans les divers petits lieux de diffusion (i.e. bars) de la région, dont plusieurs trônent même dans les premières places du palmarès des meilleurs spectacles auxquels j’ai assisté. Je pense entre autres à un spectacle de Dumas en solo au Cabaret, jouant allègrement avec ses pédales à effets et incluant un suave « Je t’aime Morasse » glané à une spectatrice dans la chanson Arizona. Ou encore à une inconnue du nom de Pascale Picard qui, quelques années avant que la popularité ne la happe, avait fait salle plus que comble au Rafiot – allez, on peut le dire maintenant que c’est fermé, les pompiers n’auraient pas été contents… Toujours au Rafiot, Yann Perreau et son band rejoignant un tout jeune

Petits tremplins Mais là où ces salles jouent un rôle primordial pour la vitalité culturelle de la région, c’est qu’elles représentent un important terrain de jeu pour les artistes de la région. Car malheureusement, on dirait que les salles de spectacles institutionnelles ne sont pas faites pour les accueillir, ce qui rend nécessaire l’existence de lieux alternatifs de diffusion. C’est bien souvent dans les bars qu’on lance des albums et qu’on fait ses premiers spectacles, parfois même en première partie d’artistes plus connus. C’est également dans des bars que beaucoup d’artistes en arts visuels exposent pour la première fois en solo. C’est là que l’improvisation a pris son envol en région (même à Rouyn-Noranda, à la défunte Post-Moderne), et là qu’elle se joue toujours à Val-d’Or et Amos. Sans les bars, où pourraient éclore les passions et se bonifier les talents? Les salles de Chevaliers de Colomb? Les gymnases d’écoles primaires? Avouons que ça manquerait un peu de charme!

Chroniques Vues sur le nord .................... 4 VVAP .................................... 6 Sociétés d’histoire et de généalogie ................... 7 Chronique jeu .................... 10 La culture dans mes mots ... 11 Humeur ............................. 11 Chronique culinaire .............. 12 Chronique littéraire .............. 15 Critique CD ......................... 23 Les organisateurs de festivals ont compris le rôle que peuvent jouer les bars à spectacles : nombreux sont-ils à présenter un volet dans des bars, ce qui leur permet de rejoindre un autre type de public, d’offrir une plus grande variété dans leur programmation, et donc d’oser proposer de la nouveauté, si nécessaire pour oxygéner nos goûts! Alors, espérons un peu qu’il ne fera pas trop chaud cet été ; ainsi il sera moins difficile de délaisser les terrasses au profit des multiples petits lieux de spectacles de la région... Et s’il fait vraiment chaud, au moins il restera les salles – climatisées – d’exposition et de cinéma pour nous rafraîchir.

Quoi de mieux pour passer le temps sur une terrasse au gros soleil, quand on a déjà lu tout le contenu de l'Indice bohémien?

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arts visuels

vues sur le nord Y a pas longtemps, à Normétal... > martin blais

L’Abitibi-Témiscamingue a vu son histoire projetée plus d’une fois au cinéma. Dans cette série d’articles, on dépoussière la mémoire collective, on remonte le cours des jours jusqu’au partage des mots, on brasse le fond et on se remet dans la forme des vues sur le nord. Mais le contact avec l’Abitibi, c’est pour Pour parler du Québec, de ce que Bernard Émond une occasion de parler devient une province qui s’est révolu- le contact avec des liens brisés avec notre passé et de tionnée tranquillement et qui au présent l’Abitibi, c’est pour tout ce que l’on a perdu socialement, cherche toujours, en mal de fondations Bernard Émond une des valeurs oubliées depuis qu’on a qui n’aient pas été ébranlées au passage occasion de parler des nouvelles idées, ça prend beaucoup des liens brisés avec mis le crucifix aux poubelles. Le personnage de Jeanne Dion se retrouve à de patience. Pendant qu’à la grand-ville, notre passé et de pratiquer la médecine dans un endroit dans les médias, on débat de l’iden- tout ce que l’on a où elle n’a pas le choix de regarder en tité et on applique la problématique au perdu socialement face chacun de ses patients et de les Québec entier, ailleurs en région, loin du tumulte métropolitain, on vit le présent différemment traiter humainement, même si cela implique de fixer et pourtant, les problèmes qui s’y trouvent sont tout dans les yeux la mort elle-même. Et si elle décide d’y autant emblématiques et représentatifs de l’état de rester, c’est qu’elle s’émeut finalement de ce contact nécessaire mais souvent difficile avec l’humain et avec la nation. la nature. À la sortie du film La Donation (2009) l’automne dernier, le réalisateur montréalais Bernard Émond expliquait ce L’Abitibi sert donc à métaphoriser la fragilité de la qui l’avait amené jusqu’à Normétal pour terminer sa société actuelle. Normétal apparaît dans La Donation trilogie théologale, entamée avec La Neuvaine (2005) comme un lieu menacé par l’oubli mais qui restera et poursuivie avec Contre toute espérance (2007). Au soudé et survivra grâce à la proximité obligée qui se vit contact des paysages de l’Abitibi pendant le Festival là-bas. La ruralité est finalement ceinte des remèdes du cinéma international voilà près de cinq ans, il avait auxquels tendent les bras malades de la société quéressenti une profonde nostalgie, comme si la nature bécoise, et ces remèdes ne sont rien d’autre que des pouvait mieux que la civilisation le ramener près de rapports plus sains, vécus à la fois entre les individus ses racines québécoises. C’est donc dans cet esprit et avec notre passé. qu’il a décidé de tourner pendant deux mois, avec la forêt boréale comme décor et les Normétaliens comme Bernard Émond signe avec ce film, épuré côté dialogue, une oeuvre socialement importante par son éloquence principaux figurants. puisqu’en zoomant sur Normétal, il réussit à parler d’un Québec trop souvent mal représenté. Le Québec dans Normétal La Donation parle donc de la rencontre entre le docteur de Westmount Jeanne Dion (Élise Guilbault) et le lointain village de Normétal, contrée laissée à ellemême par l’industrie mais que se refusent à abandonner quelque 850 humains. À son arrivée, on lui décrit l’histoire de la région de façon simple et étonnante, avec les mêmes mots qu’avait employés l’abbé Proulx dans son film En Pays neuf en 1937 et ceux d’Hauris Lalancette dans les films de Pierre Perreault; ces mots qui racontaient des terres en bois debout défrichées à main d’homme laissés en pleine forêt il n’y a pas cent ans et qui finalement retournent en friche. photo : courtoisie FCIAT

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Raôul rentre au bercail Le chantre de l’Abitibi propose une exposition inédite pour le 75e de Val-d’Or. > IB

Depuis le 28 mai, et jusqu’au 1er août, le Centre d’exposition de Val-d’Or présente une exposition inédite de Raôul Duguay intitulée L’eau, le bouleau et l’or de la Bittt à Tibi, en marge des festivités du 75e anniversaire de Val-d’Or. L’auteur du désormais classique La Bittt à Tibi a choisi d’ar ticuler le choix et la création des œuvres autour de ces trois éléments (eau, bouleau, or) présents dans la chanson. L’ar tiste multidisciplinaire propose des œuvres quasi monumentales aux couleurs vives, des peintures et des sculptures desquelles les mots ne sont jamais loin. Phénomène trop rare, un catalogue sera tiré de cette exposition afin que sur vive le souvenir de cet événement majeur de la programmation de l’anniversaire de Val-d’Or, ville natale de Duguay et théâtre de sa chanson intronisée au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en 2008. Les visiteurs auront également l’occasion de contempler l’exposition Comme une ressemblance, de la photographe et ar tiste peintre Ariane Ouellet, qui propose des por traits grand format réalisés à l’acr ylique. Il s’agira d’un troisième arrêt en région pour ce recueil d’œuvres déjà exposé à Amos et Rouyn-Noranda.

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cinéma

photo : christian Landry

Les territoires de Serge Bordeleau C’est en région que le réalisateur veut créer… et il ne veut pas être seul > Paul-antoine Martel

C’est un drôle d’oiseau : parfois il est biologiste; puis il devient cinéaste. Peu importe quel chapeau il enfile, le Valdorien Serge Bordeleau est profondément sensible à son milieu de vie, que ce soit pour l’étudier ou le raconter. Et son territoire à lui est ici, en Abitibi-Témiscamingue.

Du cinéma en pays neuf Des outils sont en voie d’être créés pour stimuler la production et la diffusion d’œuvres > Paul-antoine Martel

Contrairement aux arts visuels ou à la littérature, il est en général difficile de faire du cinéma tout seul. Quand le bassin de créateurs est restreint et que l’équipement est à peu près inaccessible, quiconque souhaite tourner un film verra ses coûts augmenter et, trop souvent, son espoir décroître… Comment surmonter ces difficultés aux allures de fatalité? Un début de réponse semble se dessiner en Abitibi-Témiscamingue. « Le principal problème qu’on rencontre si on veut tourner en AbitibiTémiscamingue, analyse le réalisateur Serge Bordeleau, c’est le manque d’équipement accessible pour le tournage et la post production. » Selon lui, on trouve ici des gens compétents, mais qu’on n’a pas les moyens de payer décemment. « Il n’y a pas assez de ressources en production; on doit toucher à tout, ce qui augmente notre charge de travail. » C’est pourquoi depuis quelques mois, le Valdorien travaille à la mise sur pied d’un organisme qui pourrait soutenir les créateurs dans leurs projets, d’abord en mettant à leur disposition du matériel de tournage et de montage; ensuite en liant ces gens entre eux pour que germent des collaborations, des échanges instructifs, de l’inspiration mutuelle. Il s’agit là d’un simple projet, mais qui a trouvé des échos favorables auprès d’autres réalisateurs de la région, comme en témoignent les quelque 70 membres de la page Facebook de l’Organisme de soutien à la production cinématographique indépendante en AbitibiTémiscamingue. Préoccupation constante : respecter ce qui existe déjà, rechercher la complémentarité plutôt que le dédoublement. Un p’tit festival Autre façon de stimuler le milieu des images en mouvement : la création d’un tout nouveau festival de cinéma, dont la première édition aura lieu à Val-d’Or, en septembre. L’objectif d’un tel événement est de faire une large place aux films réalisés par des gens d’ici à travers le temps, d’amener le cinéma vers le public, et de se ser vir d’œuvres cinématographiques pour susciter des discussions et des débats. Par ailleurs, un concours de création, impliquant des cinéastes habitant ici ou originaires d’ici, est inclus dans la programmation. « Pour cette première édition, le thème sera Val-d’Or et son histoire, étant donné que c’est le 75e anniversaire de la Ville, explique Serge Bordeleau. Mais on aimerait beaucoup que dès l’an prochain, le festival ait une thématique de portée régionale. La région est trop petite pour qu’on se referme sur Val-d’Or. » Selon lui, l’événement ne causerait pas un dédoublement des festivals existants, dont aucun n’accorde toute son attention aux thématiques sociales traitées par les films et au film comme objet de discussion et de réflexion.

Serge Bordeleau se fait lentement un nom dans le milieu cinématographique témiscabitibien… et québécois. Son film Kitakinan – Notre territoire à tout le monde – qu’il a promené aux quatre coins de la région l’hiver dernier – lui a valu des prix lors des Rendez-vous du cinéma québécois (Meilleur film étudiant) et aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (Meilleur espoir Québec/ Canada), entre autres. La bande annonce du 75e anniversaire de Val-d’Or qu’il a réalisée, en compagnie de Yan Lapointe et Alex Martel, a aussi beaucoup fait jaser. C’est alors qu’il étudie la biologie à l’Université Laval qu’il connaît un premier succès, alors que son film Les perdants remporte un prix au gala des Muses, le prix des Arts et de la Culture de l’Université Laval. Après quelques contrats comme chargé de projet en biologie (notamment auprès de la communauté de Kitcisakik), il choisit de faire le grand saut et d’entamer un certificat en scénarisation à l’Université du Québec à Montréal, en même temps que son frère cadet, Pierre-Étienne. Sa nouvelle vocation se confirme : dès l’obtention de son diplôme, il s’enrôle au baccalauréat en communication de la même institution… tout comme son frère. C’est là qu’il a réalisé Kitakinan, qui est devenu sa carte de visite.

S’enraciner Quand on lui demande pourquoi il a choisi de revenir à Val-d’Or – pas nécessairement reconnue pour être un creuset de création cinématographique – Serge Bordeleau répond avec ce ton amusé qui a fait les délices des amateurs de la Ligue d’impro de Val-d’Or dans laquelle il joue : « Parce que j’suis pas capable de vivre à Montréal! ». Il est conscient qu’il n’est pas évident de gagner sa vie grâce au film

en Abitibi-Témiscamingue. « J’aimerais au moins vivre de l’audiovisuel », concède-t-il, se disant prêt à accepter des contrats divers pour gagner sa vie. « Surtout s’il y a un aspect créatif intéressant, précise-t-il. Jusqu’à maintenant, j’ai toujours trouvé un angle stimulant aux projets que j’ai réalisés, assez pour avoir envie de gagner entre 3 et 7 $ de l’heure! » Il faut dire qu’il ne reste pas passif et qu’il sait provoquer sa chance (en plus d’avoir du talent!). Aussi travaille-t-il d’arrache-pied pour mettre en place des conditions qui favoriseraient la production cinématographique, le soutien aux créateurs, la diffusion du cinéma d’ici auprès des gens d’ici et d’ailleurs. Ainsi, ce nouveau membre du conseil d’administration du ciné-club Promovues de Val-d’Or planche-t-il sur un projet

d’organisme de soutien à la relève cinématographie et sur un festival de cinéma qui devrait voir le jour à l’automne (voir texte ci-contre). Serge Bordeleau se donne un an pour s’établir dans son domaine. Cette année pourrait être chargée, d’ailleurs, avec la bourse de la SODEC qu’il a reçue pour développer un projet de court métrage. Et si ça ne fonctionne pas d’ici là? « Je me trouverai des contrats de consultant en environnement », laisse-t-il tomber. Mais on sent qu’il n’aura pas à s’astreindre à ce choix : en bon biologiste, il semble sensible à l’importance de s’adapter à son milieu, de s’intégrer à ses interactions et de se nourrir de ses forces. Des principes qu’il traduit dans sa démarche d’artiste et de promoteur de la création cinématographique en région. photo : frimat-cédric corbeil

Serge Borleleau réalise avec plusieurs bénévoles la bandeannonce du FRIMAT 1935 qui a été lancée le 1er juin dernier. Cette petite production ouvrira les représentations de films au cinéma Capitol de Val-d’Or pendant tout le mois de juillet.

Un Bordeleau, des Bordeleaux Serge, l’aîné, est né le 8 janvier, et Pierre-Étienne, le cadet, le 7 janvier, à quatre ans d’inter valle. Ils ont fait en même temps un certificat en scénarisation à l’UQAM, puis un baccalauréat en communication spécialisé en cinéma. Après quelques films tournés ensemble – Serge préfère la réalisation et PierreÉtienne, la caméra – le plus vieux revient à Val-d’Or alors que le plus jeune demeure à Montréal. À l’été 2009, l’un part pour un camp de cinéma en Serbie, alors que l’autre va suivre une formation de direction photo en Hongrie. Et à l’automne, tous deux ont reçu une bourse de la SODEC pour l’écriture d’un court métrage. D’ores et déjà, Serge sait qu’il fera appel à son frère pour mettre ses idées en images. Des parcours parallèles aux multiples points de jonction… L’INDICE BOHÉMIEN - JUIN 2010

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villes et villages d’art et de patrimoine

Une démarche historique! La Sarre lance son tout nouveau circuit patrimonial > Sophie Ouellet, agente VVAP

C’est dans le but de mettre en valeur son riche patrimoine matériel et humain que la Ville de La Sarre, de concert avec le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, inaugurait en mai dernier son tout premier circuit patrimonial.

Depuis quelques années, la Ville de La Sarre déploie des efforts afin de mettre en valeur ses bâtiments historiques et de sensibiliser la population à la conservation de ces joyaux

Ce circuit, d’une distance de 1,6 kilomètres (facilement réalisable à pied), comprend sept arrêts. Chacune des haltes est identifiée à l’aide d’une plaque commémorative qui évoque l’histoire du bâtiment, ses particularités architecturales ainsi que les pionniers qui lui ont donné vie. La plupart des bâtiments qui constituent cet itinéraire sont situés sur l’avenue Principale : le Centre d’interprétation de la foresterie, le Magasin général Donat-Bordeleau, lieu actuel du Cinéma La Sarre, le Manoir Bordeleau, le presbytère et l’église de la paroisse Saint-André ainsi que la Maison Lavigne. La Maison du Dr Rheault, quant à elle, se trouve sur la 7e Avenue.

Le circuit suit une progression logique. En effet, la visite débute au Centre d’interprétation de la foresterie, qui rappelle le cœur du développement économique de La Sarre : l’exploitation forestière. À cet endroit, le visiteur peut découvrir les principaux outils et artéfacts utilisés par les premiers travailleurs forestiers. La visite se termine à la Maison Lavigne qui abrite désormais les bureaux de la Société d’histoire et du patrimoine de la région de La Sarre. En plus d’une exposition permanente sur les ponts couverts, la Société d’histoire propose toujours une exposition thématique en lien avec l’histoire de la région. Une brochure offrant un complément d’informations et montrant de multiples photos accompagne le circuit patrimonial. Elle est disponible au Centre d’interprétation de la foresterie, à la Maison de la culture ainsi qu’à la Société d’histoire. Ce document comprend aussi un dépliant présentant différents attraits culturels offerts par les organismes lasarrois afin de permettre au visiteur de bonifier son parcours.

photos : courtoisie ville de la sarre

Conjuguer l’histoire au présent Depuis quelques années, la Ville de La Sarre déploie des efforts afin de mettre en valeur ses bâtiments historiques et de sensibiliser la population à la conser vation de ces joyaux. En avril 2009, elle lançait officiellement son inventaire du patrimoine bâti et récemment, elle procédait à la citation de deux bâtiments d’importance, soit la Maison Lavigne et le Manoir Bordeleau afin d’assurer la pérennité et le cachet historique de ces monuments. Dans ce sens, cette année, le Centre d’art Rotar y a proposé le thème « Souvenirs d’autrefois » aux artistes pour la création de bannières qui seront affichées le long de la rue Principale.

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L’INDICE BOHÉMIEN - JUIN 2010


Chronique des sociétés d’histoire et de généalogie de l’A-T

Ces indispensables femmes de l’ombre Les pionnières ont joué un rôle primordial dans le développement de l’Abitibi-Ouest photo : courtoisie shpls

> christiane Pichette, agente patrimoniale Société d’histoire et du patrimoine de la région de La Sarre

Il y a à peine 100 ans, l’Abitibi-Ouest n’était qu’une vaste forêt fréquentée par les peuples autochtones, les coureurs des bois et quelques squatteurs. Si aujourd’hui se déploient une multitude de villages reliés par un complexe réseau de routes et de rangs, on le doit aux colons, bûcherons et fermiers… et à nombre de femmes fortes, courageuses et ingénieuses. Hommage à ces héroïnes de l’ombre. Imaginez le choc des premières pionnières lors de leur descente du train, vers 1912. Parties à l’aventure, bien souvent en ne sachant pas trop à quoi s’en tenir, elles ont quitté leur confort pour venir s’établir dans un pays de colonisation où tout était à construire. Que de courage, de persévérance et de travail pour développer notre Abitibi! Le travail quotidien de ces femmes n’était pas de tout repos. Le lavage des vêtements, par exemple, était un travail ardu. Elles devaient aller chercher et faire chauffer l’eau, placer le linge dans une grande cuve et à l’aide une planche à laver, frotter pour nettoyer les vêtements. Ensuite, elles devaient tordre le linge du mieux qu’elles pouvaient. Une fois le linge essoré, elles devaient l’étendre sur des cordes à l’extérieur en été et à l’intérieur en hiver. Au rythme des saisons Nos pionnières devaient s’impliquer dans toutes les tâches domestiques; rien n’était laissé au hasard, car c’était une question de survie pour la famille. Au printemps, elles préparaient le jardin pour la culture des légumes. Il leur fallait entretenir celui-ci pour que les mauvaises herbes ne l’envahissent pas durant l’été; ainsi, souvent avec l’aide des enfants, elles sarclaient le jardin. L’été, femmes et enfants se mettaient à la cueillette des petits fruits succulents qu’on transformait ensuite en confitures pour l’hiver. Fraises, framboises et bleuets constituaient un bon dessert. Les femmes prenaient une

Le repos, pour ces femmes, était de courte durée

Blanche Pronovost puisant l’eau au puits, Duparquet part active à la récolte du foin, raclaient, foulaient le fourrage et aidaient à l’engranger, tout ça pour nourrir les animaux. Elles participaient aussi à la traite des vaches. Elles versaient le lait dans une centrifugeuse qui le séparait de la crème. On en conservait une petite partie et le reste était vendu. Au début de l’automne, elles préparaient les enfants pour le retour en classe, tout en s’occupant de la récolte du jardin pour l’hiver. Les légumes étaient conservés dans la cave, dans des carrés de sable pour les garder au frais. Tard l’automne, quand les hommes faisaient boucherie,

ce sont les femmes qui devaient préparer la viande pour l’entreposage hivernal. N’ayant pas de réfrigérateur ni de congélateur, on se devait d’avoir une glacière pour conserver la viande au froid et à l’abri des animaux sauvages tout l’hiver. Pendant la saison froide, nos pionnières ne perdaient pas de temps : elles cousaient, reprisaient, tissaient et bien souvent, elles attendaient un nouvel enfant. La famille s’agrandissait à chaque année d’un nouveau membre. Le repos, pour ces femmes, était de courte durée. Merci à nos pionnières pour leur dévouement!

Le travail au champ – raclage du foin L’INDICE BOHÉMIEN - JUIN 2010

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histoire et patrimoine

photos : maison du frère moffet

Le patrimoine à l’honneur au Témiscamingue

Au pays du frère Moffet > Amélie Roberge

Non satisfaite de permettre au public de visiter la plus vieille maison du Témiscamingue, l’équipe de la Maison du Frère Moffet renouvelle ses expositions, s’associe à la Foire gourmande et pense aux enfants. Un autre gros été pour le père du Témis! Cette année, la maisonnette a renouvelé son exposition permanente sur la première vague de colonisation volontaire pour y mettre l’accent sur la légende que représente le Frère Moffet au Témiscamingue. Les guidesconteurs se feront un plaisir de raconter avec humour les exploits du Père de l’agriculture dans ce coin de pays. D’ailleurs, selon les dires, ce dernier aurait fait environ cinq fois le tour de la terre à pied, si l’on additionne tous ses voyages hivernaux! Radio, vélo, marmots! Dans le hangar, la Maison vous a préparé une nouvelle version de l’exposition itinérante sur les 60 ans de la station CKVM présentée l’hiver dernier à la Salle Augustin-Chénier. Accompagnés d’un audioguide, les visiteurs pourront y découvrir l’ambiance d’un studio des années 50 et y entendre divers extraits d’archives, notamment des radiothéâtres et du célèbre Rendez-vous du chasseur. Depuis 2009, la Maison offre aux visiteurs un tour de ville en vélo-

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taxi. Animé par des pédaleurs passionnés, ce parcours patrimonial historique et architectural est ponctué d’anecdotes des plus savoureuses. Bien entendu, la Maison prévoit une foule d’autres activités, dont quelques surprises. Ainsi, les P’tits matins reviennent cette année. S’inscrivant dans le volet éducatif, ces activités permettent aux tout-petits de s’initier à l’histoire régionale tout en s’amusant. L’équipe ouvre également ses portes aux groupes scolaires et peut adapter la visite selon leurs besoins. Enfin, encore une fois cette année, la Maison s’associera avec la Foire gourmande et organisera des activités au cours de ce week-end de bonne bouffe et de culture. Construite en 1881 par le Frère Joseph Moffet, cette maison est la plus ancienne demeure encore existante de l’Abitibi-Témiscamingue. En 1978, elle a reçu le titre de monument historique national. Au fil des ans, de nombreux efforts ont été consacrés pour renouveler les expositions tout

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en préservant l’authenticité de ce précieux patrimoine. En 2009, ces efforts ont été reconnus lors du gala régional des Grands Prix du tourisme québécois : la maison a reçu le titre de lauréat régional, attractions touristiques de moins de 100 000 visiteurs. Horaire estival, ouvert tous les jours de 10 h à 18 h.

www.maisondufreremoffet.com


arts de la scène photo : Hugo Lacroix

6e édition du Paradis du Nord

Nouveaux tableaux, même passion! > christian matte

Le Paradis du Nord est devenu un incontournable sur la scène régionale. Soucieuse de la nécessité de se renouveler pour conquérir le public, et animée de la volonté de se dépasser, la Troupe À Cœur ouvert offre cette année encore de nouveaux numéros, avec la complicité d’acteurs, danseurs et bénévoles qui se dédient corps et âme à cette production historique. « Avec les nouveautés depuis les débuts, c’est de 50% à 60% du spectacle qui a été amélioré, estime le président de la Troupe À Cœur ouvert, Donald Renault. Tout ça dans le but d’éblouir notre public et de lui faire vivre de nouvelles expériences, sous le signe de la fierté de l’apport de nos bâtisseurs. » Parmi les sujets abordés dans les tableaux ajoutés, notons un hommage à René Lévesque et à l’électrification de la région. L’apport des écoles de rang sera mis de l’avant, avec leurs classes à degrés multiples et la scolarisation plus difficile chez les jeunes garçons vu les travaux sur les fermes. Les spectateurs seront aussi témoins de l’importance de la chasse en Abitibi-Témiscamingue et ce, tant pour les hommes que pour les femmes. « De la façon dont la pièce est écrite, explique M. Renault, nous sommes toujours en mesure de remanier certaines scènes pour intégrer des nouveautés avec leurs propres costumes

et décors. Les nouvelles créations sont toujours l’œuvre de Danielle Trottier et Jacques Marchand.» Histoire… de famille C’est cette année que la Troupe À Cœur ouvert souffle ses 20 chandelles de présence sur la scène du théâtre d’été régional. Au fil de son évolution, l’implication des gens est toujours aussi forte. « C’est certain que ça demande un gros investissement en temps, reconnaît d’emblée Donald Renault. Ça veut dire que ça touche les gens et qu’ils s’accomplissent positivement, ça a un impact au niveau social très important ici. » Geneviève Melançon a fait ses débuts en 2004 dans Le Roi Lion. « On devient vite passionné et accro, ça ne me dérange pas du tout d’investir du temps, témoigne celle qui est aussi chorégraphe pour la production depuis l’âge de 15 ans. Ça m’a beaucoup apporté, car j’étais timide et j’ai appris à m’ouvrir aux autres, peu importe leur âge. Je trouve aussi admirable le sentiment

d’entraide qui se développe rapidement entre tous. » Marlène Gaudreault fait aussi partie de la production depuis ses débuts. « Comme j’y joue avec ma fille, c’est aussi une activité familiale dans laquelle on revient avec grand plaisir, raconte-t-elle. Quand tout recommence après les Fêtes, tous sont contents de revenir et de connaître les nouveaux! Les différences d’âges ne se sentent pas du tout.» Une locomotive touristique Une récente étude de Luc Blanchette, économiste à Ser vice Canada, a démontré que Le Paradis du Nord engendre des retombées de 1.8 millions $ par année en région. Par ailleurs, si la 1re mouture du spectacle voyait 24% de son public venir de l’extérieur de la région, ce pourcentage a grimpé à 42% en 2009. « Ça solidifie notre place en tant que produit d’appel touristique en région. C’est tout le milieu qui en profite », affirme M. Renault. www.leparadisdunord.com

théâtre

Au sous-sol avec les Voisins d’en haut Présentation du travail des par ticipants aux ateliers de théâtre > IB

Les 5 et 6 juin prochains se tiendra le 8e spectacle annuel des ateliers de jeu de la troupe Les Voisins d’en haut, au sous-sol de l’Agora des Arts, nouveau repaire de la troupe menée par Louise Lavictoire. Le spectacle se déclinera en deux parties. Tout d’abord, la douzaine d’enfants inscrits aux ateliers présentera Il n’était pas une fois, un texte de Louise Lavictoire écrit sur mesure pour ces comédiens en herbe. Puis suivra la prestation des adolescents et adultes, qui offriront un collage de textes tirés de pièces de théâtre absurde. Les billets pour les représentations de samedi soir et dimanche après-midi sont en vente à l’Agora des Arts, où les Voisins ont élu domicile en septembre dernier. Notons que ces ateliers se déroulent pendant huit mois, et contribuent à former une relève théâtrale en région.

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rubrique ludique Des géants pour les tout-petits La série Combats de Géants d’Ubisoft

Battle Of Giants : Dragons, le jeu de cartes

> Mélanie Boutin-Chartier

> Staifany Gonthier

Ubisoft Québec développe une série de jeux pour la Nintendo DS s’adressant principalement aux garçons de 6 à 10 ans. Le premier titre, Combats de Géants : Dinosaures, fut relativement bien reçu par les gens de l’industrie.

Encore aujourd’hui, je soutiens qu’il y a vraiment une mode « jeu de cartes ». Bien avant tout ces jeux, les jeux de cartes à collectionner étaient déjà instaurés. Le principe des cartes à collectionner est simple : plus on investit en achetant de petits paquets (boosters), plus notre paquet (deck) vaut cher; plus il possède des cartes rares, plus il est fort!

Le deuxième chapitre de cette franchise, Combat de Géants : Dragons, met en scène quatre colosses classés en autant de familles d’après les éléments : la terre, le feu, le vent et la glace. Nous traversons le monde de Tammabukku à la recherche des Salmu, de méchants dragons ayant subtilisé les gemmes de puissance de Ninnurtu, le seigneur des dragons. Notre objectif ultime est de récupérer ces pierres et de pacifier Tammabukku. Notre dragon apprendra à voler, à cracher du feu et à briser des rochers. En mode exploratoire, nous croiserons les Salmu qui nous mèneront vers la deuxième partie du jeu : le combat. Cette portion peut être jouée contre la machine ou alors contre de un à trois amis en activant le partage de jeu Wi-Fi de chacune des consoles DS. Le verdict de l’expert! Combat de Géants : Dragons est un jeu avec lequel les jeunes s’amuseront : Alexis, 8 ans, soutient que malgré le fait qu’il ait éprouvé un peu de difficulté à bien maîtriser les contrôles, il a adoré le mode combat du jeu. Il a remarqué une augmentation du niveau de difficulté des batailles au fur et à mesure de sa progression. La possibilité de personnaliser son colosse est une caractéristique du jeu qu’il a vraiment aimée. Ubisoft Québec aurait donc misé juste en ciblant les jeunes de son âge pour cette série. Des cartes à jouer sont fournies avec le jeu électronique. Sur les cartes dorées, un code est inscrit pour débloquer des gemmes spéciales dans le jeu sur DS. Ces cartes sont une autre façon de combattre des dragons. Avec le récent Insectes Mutants paru en mars dernier, la franchise Combat de Géants semble bien implantée. Cette version « bibittes » se joue quasiment de la même manière que le volet Dragons, à la différence que nos bestioles sont des insectes dont chacun a des caractéristiques qui lui sont propres, ce qui rendra chaque combat unique. Venant tout juste de le recevoir, ma première impression est que sa jouabilité est une amélioration par rapport au deuxième titre, particulièrement en mode combat. combatdegeants.fr.ubi.com

Combien d’entre nous connaissons les cartes Magic (Magic The Gathering), que ce soit parce que nous y avons joué ou parce que nous les avons fuies de peur de nous transformer en « nerd »? Ne soyez pas surpris d’entendre que plusieurs personnes, même en région, investissent plusieurs milliers de dollars dans ces cartes. Aujourd’hui, on retrouve les cartes Chaotics destinées aux jeunes de 8 à 10 ans avec, en bonus, une émission de télé présentée juste au retour de l’école dans laquelle on vous apprend comment jouer audit jeu. Quand est-ce qu’on s’arrêtera dans cette « gimmick »? Pas de sitôt, semble-t-il car Ubisoft vient de sortir lui aussi son jeu de cartes à collectionner! Dans Battle Of Giants : Dragons, chaque joueur possède son propre paquet de cartes. Chacun se construit un petit groupe de dragons de combat constitué du chef des dragons et de ses 2 alliés juste derrière. Les joueurs choisissent simultanément une carte gemme, la plus forte gagne et inflige un nombre X de points de dégâts au dragon adverse. Bien évidemment, les dragons possèdent des particularités bien à eux, de la résistance à certain types d’attaques aux pouvoirs de guérison, en passant par l’augmentation de la force d’attaque. Ce jeu de cartes à collectionner se classe définitivement dans les jeux de cartes style Magic mais pour un public beaucoup plus jeune (adolescents). On tourne (tap) notre carte dragon quand on reçoit du dommage et le but, bien évidemment, est de faire perdre tous les points de vie de notre adversaire. Battle Of Giants : Dragon est sans doute bien adapté pour que le jeune public comprenne davantage le principe du jeu. Les cartes bilingues, quoique bien ordinaires visuellement, sont assez simples à comprendre. L’attrape dans ce jeu, c’est que comme dans tout bon jeu à collectionner, on doit posséder toujours plus de cartes afin d’avoir des dragons plus forts. Les cartes de base fournies pour 2 joueurs dans l’ensemble de départ (starter) sont loin de nous procurer un plaisir absolu et de longues parties. Avec les jeux à collectionner du genre, je me demande si nous avons vraiment besoin d’user d’autant de stratégies quand on joue ou si le plus gros portefeuille l’emporte quasi-automatiquement?

pour connaître nos points de distribution : www.ccat.qc.ca/nouvelle/n-9.html 10

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humeur

La culture, c’est tout en fait

photo : Julie Thibault

la culture dans mes mots

Il n’en tient donc qu’à nous de faire du feu et de nous réunir autour avec le vent, les mouches, l’écho des grenouilles, des huards et des rêves

Un feu de camp en forme d’espoir La culture qui enrichit la ville > JULIE THIBEAULT

Nom : Nataël De Noncourt Âge : 13 ans Lien particulier avec la culture : se découvre une passion pour le théâtre Qu’est-ce que c’est, pour toi, la culture? La culture, c’est tout en fait. C’est tout ce qui touche le domaine des ar ts : la musique, les ar ts plastiques comme la sculpture et la peinture, le théâtre et la littérature, aussi. À quoi sert la culture dans la société? À plusieurs choses! La culture est un divertissement pour l’artiste qui s’exprime à travers un art, tout comme pour son public. La culture sert aussi à enrichir les connaissances du public cible. Par exemple, en littérature, les encyclopédies sont plus « informatives » tandis que les romans sont plus « divertissants ». Elle enrichit aussi la société et la ville. La ville devient plus attrayante, et souvent, si elle est reconnue pour présenter de bons artistes, ça la rend plus touristique. Ça fait circuler de l’argent, donc il y a un impact monétaire. Et si la culture n’existait pas? Ça serait plate parce que c’est l’un des principaux moyens de diver tissement. Beaucoup de gens vont voir des spectacles, lisent des romans, et ces gens seraient presque perdus. Il y aurait un énorme vide dans leur vie, et aussi dans la société. Qu’est-ce que tu ressens comme émotions quand tu es en contact avec la culture? De l’admiration! J’obser ve beaucoup, j’essaie de prendre des trucs. Par exemple, en théâtre, j’étudie comment l’espace scénique est occupé. En général, j’embarque facilement, je plonge dans l’œuvre. À ton avis, qu’est-ce que ça prend comme qualités pour être un bon artiste? Il faut que tu sois capable d’embarquer toi-même dans ton histoire pour pouvoir l’écrire, dans ton personnage pour pouvoir bien le jouer. Il faut beaucoup de concentration, plus d’imagination que la moyenne des gens ou qu’un mécanicien, disons (mais je ne dis pas que les mécaniciens ne sont pas imaginatifs!). Peux-tu nommer de grands artistes? Molière, Shakespeare, Leonard de Vinci, Johnny Depp, et tous les joueurs d’improvisation de la SIR-N. Pour moi, ce sont des artistes et ce qu’ils font est vraiment le fun. C’est du bénévolat, en plus! Et toi, aimerais-tu être un artiste? Si oui, quel genre d’artiste? Oui, ça serait un cheminement intéressant. Si j’étais capable de gagner ma vie en faisant du théâtre ou du cinéma, j’aimerais ça, mais je sais que c’est dur de débuter dans les arts. Je pourrais toujours en faire un hobby, si ça ne marche pas. La discipline qui m’intéresse le plus est tout ce qui touche les arts de la scène : j’ai déjà joué dans trois pièces et j’aimerais en écrire, mais avant tout, ce que je préfère, c’est être sur scène.

> Philippe Marquis

Il fait sombre et froid dehors… C’est la fête des mères aujourd’hui mais le printemps est en arrêt de travail. Le monde aussi est sombre et froid, entend-t-on souvent de la bouche des gens qui désespèrent. À l’arrivée de l’été, j’ai ma petite idée pour souffler sur nos braises et attiser doucement nos esprits. Nous, les humains, maîtrisons le feu depuis environ 500 000 ans. C’est entre autres grâce à lui que les Anishnabes ont pu survivre aux difficiles conditions climatiques de notre région. Avec son aide et cinquante cordes de bois, les premiers colons blancs chauffaient leur petite maison pour passer, eux aussi, à travers l’hiver. Pourrait-on imaginer l’art culinaire sans le feu? Autour de lui, il y eut les premières danses, les contes, légendes, chansons, le théâtre et quoi encore. Ces vieux dessins, sur les parois des grottes, ont été réalisés à l’aide de sa lumière, tout comme les premiers récits, romans et poèmes écrits à la chandelle. Nous pouvons mettre le feu pour produire la lumière et la chaleur. L’Abitibi-Témiscamingue trône au beau milieu des forêts. Notre territoire est mouillé de lacs autour desquels existent des milliers d’espaces à feu de camp. C’est ainsi qu’on peut se guider en canot pour aller d’un chalet à l’autre par une nuit sans lune. Je suis certain que vous avez de vifs souvenirs de ces soirées pendant lesquelles on parle, boit, mange et chante autour d’un feu. Il est somme toute facile de nous retrouver au chaud avec nos semblables comme ça se fait depuis des centaines de milliers d’années. Pour moi, c’est crissement plus tentant que d’être seul devant un écran... comme à présent. Bientôt, au moment du solstice d’été, nous vivrons le début de la saison chaude. Ce seront les jours les plus lumineux de l’année. Au Québec, c’est la Saint-Jean qui sert de prétexte aux célébrations de ce moment du calendrier, mais qui est souligné de multiples manières autour de notre petite planète. Nous nous retrouvons ensemble, autour d’énormes brasiers, pour fêter la lumière et le début de l’été. Il n’en tient donc qu’à nous de faire un feu et de nous réunir autour avec le vent, les mouches, l’écho des grenouilles, des huards et des rêves. Ces seuls moments pourraient aider à faire changer d’idée ceux et celles qui désespèrent de l’humanité à cause de tous nos travers, dont les marées noires et les enveloppes brunes ne sont que la partie visible. Oui, il y a toujours ce feu qu’est l’espoir de pouvoir créer et recréer. Ce feu qui anime nos natures d’artistes. En souhaitant nous retrouver allumés tout l’été sur les bords de nos lacs et rivières!!! Bon solstice d’été!!! Rouyn-Noranda, dimanche 9 mai 2010

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ma région j’en mange !

Vous voulez goûter ?

photo : marie-Joe morin

vous invite à participer à son concours

> Marie-Joe Morin, co-propriétaire et conceptrice culinaire de La Sandwicherie à Val-d’Or

À l’extrême ouest de notre province s’étend une région isolée, méconnue et sans l’ombre d’un doute merveilleusement enchanteresse. Elle déploie ses kilomètres d’agriculture de vallon en vallon et se vêt de magnifiques feuillus qui bordent son immense lac. À cet endroit, la terre est riche et généreuse; celle-ci alimente et contribue fortement au plaisir gustatif régional. C’est avec autant de passion que la propriétaire du restaurant Les Agapes nous a offert sa région et son restaurant.

photo-spectacle Vous êtes tellement fan des spectacles partout en région que vous prenez régulièrement des photos? Vous êtes photographe amateur? C’est vous que nous visons avec ce concours! POURQUOI UN CONCOURS? Nous souhaitons vraiment mettre en valeur votre talent de photographe ainsi que la vitalité culturelle partout en région lors de spectacles autant intérieurs qu’extérieurs. POURQUOI PARTICIPER? 6 bonnes raisons : 1. 2. 3. 4. 5. 6.

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permettre de laisser aller votre créativité photographique courir la chance que + de 20 000 personnes voient votre photo promouvoir la scène culturelle régionale d’une façon originale mettre en valeur les artistes et les événements d’ici participer à créer un banque de photos pour le journal culturel gagner des prix (détails à venir dans l’édition de juillet)

Vite courez assister à de nombreux spectacles partout en Abitibi-Témiscamingue (entre le 1er juin et le 31 décembre 2010) et prenez des photos et des photos et des photos… et participez à notre concours. Nous privilégions les photos d’artistes de la région, sans pour autant nous y limiter. Laissez votre créativité s’exprimér… pleinement. Assurez-vous de lire les règlements du concours disponibles sur demande avant d’entreprendre votre quête de LA photo-spectacle : indicebohemien@gmail.com

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L’INDICE BOHÉMIEN - JUIN 2010

C’est aux abords du lac Témiscamingue, du côté de Notre-Dame-du-Nord, que l’aventure débute. Le lac est calme tel un miroir, les lumières s’y reflètent tellement qu’elles captent toute votre attention; l’ambiance amène souvent le confort mais cette fois-ci, elle apaise, s’imprègne et impressionne. C’est avec convivialité que nous sommes accueillis et ce, malgré l’heure un peu tardive. On nous assigne une table du côté bistrot, un endroit petit, chaleureux, décoré avec des photos d’archives, orné de jolies banquettes en boiserie quelque peu inconfortables. La musique est subtile et délicate, nous laissant ainsi la chance de parler allégrement. À ma grande surprise, la carte est très variée, allant du menu familial à l’Europe. Nous avons donc le choix entre une pizza, des brochettes, des pâtes, des salades repas ou encore leurs grandes spécialités : la fondue et la raclette. Diverses fondues et raclettes sont offertes, certaines avec viande de la région, tel que le bœuf et la saucisse, ou encore le poisson du moment, de même que la délicieuse fondue au fromage au Cru du clocher. Le choix est difficile entre la fondue et la raclette, croyezmoi! Pourquoi choisir? Exprimant notre difficulté à faire un choix puisque nous voulons manger de tout, notre charmante serveuse-propriétaire nous explique que nous pouvons ne pas faire de choix. Il possible de manger fondue et raclette tout en goûtant à la magnifique fondue au fromage. Une entrée nous est d’abord amenée; dans le cas de Gus, une crème de carottes, gingembre et ananas est servie, un mariage de fruits et de légumes intéressant mais toutefois trop prononcé en ananas. Espérance, pour sa part, reçoit une salade grecque tout à fait délicieuse servie avec vinaigrette maison. Pour ma part, une belle salade césar telle que l’on voit rarement en ville m’est servie. Pour le second service, une fondue au fromage Cru du clocher s’installe à la table et contrairement aux habitudes, il n’y a pas que du pain pour l’accompagner: pommes, betteraves et pommes de terre y sont à l’honneur, ce qui met de l’avant toute son originalité. Nous voici donc au plat de résistance, la table est pratiquement trop petite : une raclette-fondue assortie d’esturgeon fumé, de filet mignon, de saucisses, de porc, de poulet, de pétoncles, de crevettes… La table déborde et nos estomacs aussi, pendant que nos papilles s’agitent de satisfaction. Gourmands que nous sommes, le dessert nous gagne, avec une coupe chocolatée de la chocolaterie Martine garnie de petits fruits et un gâteau au fromage; que dire de plus que « sublime ». Le souper s’est étiré de tout son temps, nos hôtes ont patienté en souriant et le charme enfin fut jeté. Pour chacune de vos questions, les gens des Agapes auront une réponse, une histoire et une familiarité touchante. La direction des Agapes et ses employés savent recevoir, offrir et appuyer notre belle région et ainsi enchanter un peu plus chaque fois tous ceux qui y passent.


général Des municipalités qui jouent les actrices… Les Ar ts et la Ville soutient le rôle des municipalités dans le développement culturel local > paul-Antoine martel

Fondé en 1987, le réseau Les Arts et la Ville compte 519 membres municipaux (municipalités, MRC, villes) de partout au Québec et de la francophonie canadienne, auxquels s’ajoutent 184 organisations culturelles. Sa mission est de « promouvoir, de soutenir et de défendre le développement culturel et artistique des municipalités ». Le réseau s’acquitte de sa tâche principalement par le biais de son colloque annuel, de son site Internet aux multiples ressources, de ses publications et de diverses activités.

Un coffre à outils Selon Jacques Matte, co-président depuis 2007 (poste qu’il partage désormais avec le maire de BaieSaint-Paul, Jean Fortin), Les Arts et la Ville joue un rôle grandissant sur la scène culturelle québécoise et franco-canadienne : « Au fil des ans, le réseau a fait prendre conscience aux municipalités de l’importance d’investir dans la culture, et aux artistes que leur municipalité peut les soutenir dans leurs projets et leur pratique. » Selon lui, Les Arts et la Ville est un lieu de réflexion et de

développement dynamique qui a fait ses preuves. Le colloque de cette année se tenait sous le thème « Culture des villes, culture des champs », et faisait large place à l’importance de la vitalité artistique et patrimoniale dans les petits milieux. À ce sujet, l’exemple de Saint-Élie-deCaxton, patrie de Fred Pellerin et de son coloré maire André Garant, fut particulièrement inspirant pour les 300 participants. Il a aussi été question d’utilisation des nouvelles technologies, de participation

photo : CCAT

De plus en plus, les municipalités prennent la mesure de ce qu’elles peuvent apporter au dynamisme culturel de leur communauté. L’organisme Les Arts et la Ville, qui tenait son 23e colloque du 5 au 7 mai dernier, outille ses membres dans cette démarche touchant autant la qualité de vie que l’économie. À sa tête : le Rouynorandien Jacques Matte, directeur du Théâtre du Cuivre et président du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. citoyenne et d’échanges interrégionaux. « Nous avons aussi eu droit à une table ronde sur le financement privé de la culture, qui a été fort appréciée par les gens présents », ajoute le coprésident. « Il reste de la sensibilisation à faire auprès des municipalités, notamment des élus municipaux, analyse Jacques Matte lorsqu’interrogé sur les défis auxquels fait face Les Arts et la Ville. Nous en sommes aussi à élaborer des outils d’accompagnement pour

Jacque Matte coprésient de l’organisme Les Arts et la Ville. les promoteurs de divers projets culturels. Si on prend l’exemple d’une salle d’exposition, ça pourrait prendre la forme d’une liste de comparatifs quant au coût au pied carré, à la superficie, aux spécifications techniques… ». Pour les actes du colloque et une multitude d’informations : www.arts-ville.org

général 5e édition du Forum Jeunesse

Unir les voix > IB

Les 5 et 6 juin prochain se déroulera à Val-d’Or la 5e édition du Forum jeunesse de l’Abitibi-Témiscamingue, au Centre d’études supérieures Lucien-Cliche, sous le thème « Apporte ta voix! ». Cette année encore, plus de 200 participants sont attendus à l’occasion de cette fin de semaine de réflexion, d’échanges et de rêves d’un monde meilleur. Petite nouveauté : l’événement, qui a lieu à Val-d’Or pour la première fois en cette année de 75e anniversaire, sera concentré en deux jours plutôt que les trois habituels. Au programme, des ateliers sur l’environnement, l’éducation, la mondialisation ou encore le développement local, donnés par des conférenciers d’ici et d’ailleurs. Le désormais traditionnel spectacle du samedi soir revient lui aussi : Tricot Machine et Madame Moustache feront à coup sûr danser les jeunes congressistes. On annonce par ailleurs en ouverture une curiosité, un conte intitulé « Val-d’Or, cette incomprise ». Le dimanche matin, l’événement se conclura par une conférence du chanteur, réalisateur et militant en faveur des droits des itinérants et des jeunes, Dan Bigras, et l’assemblée générale annuelle du Forum Jeunesse de l’Abitibi-Témiscamingue. www.fjat.qc.ca

Vous êtes curieux ? Vous souhaitez contribuer à votre journal ? Impliquez-vous et devenez un des nos collaborateurs journalistiques. Contactez-nous : redaction.indicebohemien@gmail.com L’INDICE BOHÉMIEN - JUIN 2010

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général photo : Andrée-Ève Veilleux

Les bénéfices de l’acte bénévole > Mathieu larochelle

Qu’ont en commun l’Indice Bohémien, le hockey, la Piaule, le Forum Jeunesse, un festival, un salon du livre? Ils requièrent tous des bénévoles. Le bénévolat est essentiel à la survie de bon nombre d’organismes. Sans cette générosité de certains individus, le hockey mineur n’existerait pas, les festivals de la région augmenteraient conséquemment leur tarif et tous les produits de loisir que l’on dit accessibles ne le seraient plus. Certes, le nombre de bénévoles est loin d’être à la hausse. Les organismes sans but lucratif (OSBL) ont de plus en plus de difficulté à les recruter. Ceux qui réussissent peinent à les garder. Selon André Thibault, le directeur de l’Observatoire du loisir du Québec, la baisse d’implication bénévole coïncide dans le temps avec une baisse du temps libre chez les travailleurs. De 1986 à 1998, le temps libre des travailleurs a augmenté, mais il est à la baisse depuis. Par ce fait même, le travailleur est moins enclin à accepter de donner de son temps. L’homo bénévolus Pour comprendre comment les attirer et les retenir, les OSBL doivent comprendre qui sont les bénévoles modernes (BM). Le BM cherche à s’impliquer dans un environnement amical, rares sont ceux qui s’investissent en territoire hostile. Il veut être utile. À quoi

bon rendre service à quelqu’un, si l’on ne sert à rien? Mais surtout, il veut vivre son implication, il recherche une expérience. Pour vivre cette expérience, le bénévole ne doit pas avoir l’impression qu’il sacrifie son temps et qu’il aurait mieux à faire. En fait, l’acte bénévole est loin du sacrifice, il comporte ses bénéfices. On peut penser aux effets positifs sur une jeune carrière que permet le réseautage dû au bénévolat. En plus d’alimenter ses liens sociaux et de gonfler son curriculum vitae, le jeune se crée des contacts professionnels, tandis que les travailleurs nouvellement établis le feront pour la santé de leur vie sociale. Pour demeurer motivé, le bénévole doit mettre à profit ses compétences au service des autres. Le bénévolat, c’est éduquer l’autre en apprenant de lui. Contrairement aux emplois stables et rou-

tiniers, les postes de bénévolat offrent une diversité de tâches allant à de la réflexion stratégique à la gestion des ressources humaines, en passant par la technique de scène, la sécurité et la cuisine. Mais le meilleur moyen de garder les bénévoles à l’intérieur de son organisme, c’est de les remercier et de leur faire savoir à quel point ils sont importants. De leur dire que c’est grâce à eux que l’objectif a été atteint. Pourquoi le bénévolat? Car, sans ça, il n’y a pas d’Indice bohémien, pas de H2O Le Festival, pas d’Osisko en lumière, pas de Festival d’humour, pas de Tour de l’Abitibi, pas de hockey mineur, pas d’art et pas de culture… Sans eux, il n’y a pas grand-chose… à part peut-être... un plus gros coût de la vie! À toi, le bénévole, je te dis : Merci!

Mille mercis!

Les dynamiques bénévoles du Festival du Documenteur photo : FRIMAT

L’équipe de bénévoles derrière l’organisation du 2e FRIMAT Pour de la documentation plus complète et détaillée, vous pouvez consulter, comme moi, l’Obser vatoire québécois du loisir : www.uqtr.ca/oql

Il y a à peine un an paraissait la copie zéro de l’Indice bohémien. Depuis, 9 éditions sont parues, grâce au travail de gens passionnés par notre région et ses manifestations culturelles. Ainsi, l’Indice a réussi son pari de devenir un journal de belle qualité préparé pour et par les gens de l’Abitibi-Témiscamingue. À ceux qui ont donné de leur temps - que ce soit comme journaliste, correcteur, photographe, modèle, camelot ou de quelque autre façon - nous voulons prendre le temps de vous dire merci pour votre générosité et pour votre talent. Et si vous ne faites pas encore partie de cette belle bande de bénévoles et que vous voulez vous joindre à nous, contactez-nous sans hésiter!

Alain Guimond • Amélie Mercier •Amélie Roberge • André Labbé • André Simard • Anne-Laure Bourdaleix-Manin • Anne-Marie Lemieux • Annie Bellehumeur • Ariane Gélinas • Ariane Gendron • Ariane Ouellet • Bénédicte Masson • Benjamin Turcotte • Bernard Barrette • Bruno Turcotte • Camille Bertrand • Camille Cullen • Candide Beauvais • Carmen Branconnier • Carol Courchesne • Caroline Morneau • Catherine Drolet-Marchand • Chantal Archambault • Chantale Girard • Chantal Moreau • Chloé BP • Christian Landry • Christian Leduc • Christian Matte • Christiane Pichette • Cindy Caouette • Cindy Trudel • Cynthia Beauvais • Daniel Berteau • Danys Chabot • David Bouchard • Denis Carrier • Dominic Ruel • Dominique Fortin • Dominique Parent-Manseau • Doris Blackburn • Elisabeth Fournier • Elise-Ariane Cabirol • Émélie Rivard-Boudreau • Émilie Villeneuve • Éric Aumond • Eric Parazelli • Etienne Martin • Francesca Benedict • Francine Champoux • Francine Gauthier • Francine Plante • Francis Murphy • François Gendron • François Labbé • François Lachapelle • Gabriel Tremblay • Gabrielle Demers • Geneviève Aubry • Geneviève Béland • Geneviève Gauthier • Geneviève Lagrois • Geneviève Paquin • Gilles Parent • Guillaume Fournier • Hélène Lessard • Hélène Riverin • Hélène Vallières • Isabelle Jacob • Isabelle Legault • Jacquelin Sévigny • Jacques Beaulieu • Jean-Jacques Lachapelle • Jenny Corriveau • Jenny Côté • Joanne Breton • Johanne Alarie • Jonathan Barrette • Julie Alary Lavallée • Julie Goulet • Julie Thibeault • Justin Fournier • Justin St-Pierre • Jocelyne Saucier • Josée Miron • Karine Bisson • Karine Lacombe • Karine Lacroix • Karine Laliberté • Karine Murphy • Liliane Gagnon • Lisyane Morin • Lyna Pine • Lucette Jacob • Lucie Offroy • Madeleine Perron • Marc Jacob • Marc Lemay • Mariane Bérubé • Margot Lemire • Marie-Claude Naud • Marie-Ève Bergeron • Marie-Ève Duclo • Marie-Ève Lacroix • Marie-Helene Massy Emond • Marie-Joe Morin • Marie-Luce Doré • Marie-Millie Dessureault • Marie-Pier Bouchard • Mario Tardif • Martin Blais • Martin Murphy • Martin Villemure • Mathieu Larochelle • Maude Gélinas • Maurice Duclos • Meggane Benoit • Mélanie Boutin-Chartier • Mélanie Morissette • Mélanie Nadeau • Mélissa Drainville • Micheline Plante • Mylène Cossette • Mireille Bourque • Nathalie Larouche • Nathalie Lavoie et la coop jeunesse de Senneterre • Nicole Richard • Noyzemaker • Olivier Naud • Pascal Binette • Patricia Bolduc • Patrick Baulne • Patrick Bernèche • Paul-Antoine Martel • Philippe Gaudet • Philippe Lebel • Philippe Marquis • Pierre Giaro • Pierre Labrèche • Pierre Lapointe • Pierre Routhier • Psyko • Renaud Martel • Richard Vaillancourt • Robert Leblond • Rosalie Chartier-Lacombe • Roxanne Kelly • Sandy Lachapelle • Serge Bordeleau • Simon Mayer • Simon Provost • Simon Roy • Sonia Cotten • Sonia Demontigny • Sophie Ouellet • Sophie Royer • Sophie Richard-Ferderber • Staifany Gonthier • Stéphane Racicot • Stéphanie Fortin • Stéphanie Roberge • Steven Tremblay • Suzie Ethier • Sylvain Chénard • Sylvain Marcotte • Sylvie Crépeault • Tania Neveu • Thomas Fournier • Tommy Allen • Ulrick Chérubin • Valérie Côté • Valérie Lemay • Vanessa Limage • Véronic Beaulé • Véronique Gagné • Véronique Labonté-Bernier • Véronique Naud • Véronique Trudel • Vicky Larochelle • Vincent Béland • Vincent Dumont • Winä Jacob • Yanick Rocheleau • Ysabelle Vallée et les agents ruraux de la Ville de Rouyn-Noranda

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L’INDICE BOHÉMIEN - JUIN 2010


chronique littéraire

Mar tin Simon Gagnon relate son épopée à vélo

Faire le tour du monde pour se retrouver

photo : courtoisie de l’artiste

littérature

> philippe lebel

Dans ses récits Chemin d’hiver tome 1 et Chemin d’hiver tome 2, Martin Simon Gagnon raconte l’aventure pour laquelle il a troqué ses bas bruns pour des bas de laine, son attaché-case pour des sacoches de vélo, Montréal pour la planète. Tout a commencé alors que ce comptable, originaire de SainteMarie en Beauce, qui fait partie d’une génération « X » dite sans identité, apolitique et égocentrique, était syndic de faillite à Montréal. Il était devenu profondément désillusionné et malheureux, notamment à cause de l’échec du référendum de 1995, mais surtout à cause de son travail, pour lequel il devait consacrer trop de temps et devait accomplir des tâches vaines et inutiles. Chaque fois qu’il en avait l’occasion, il profitait de la nature en faisant du kayak, de la marche en montagne, du ski hors-piste, mais aussi étrange que ça puisse paraître, très peu de vélo. 29 000 km plus loin C’est donc à la recherche d’une certaine identité et avec la volonté de se reconnecter avec lui-même qu’il quitte sa vie de bureau en 1998 pour entreprendre un périple à vélo de 29 000 km, en trois ans et des poussières. Au cours de son aventure, il aura traversé une bonne par tie de l’Europe, la Scandinavie, la Russie, la Sibérie, l‘Alaska, le Yukon, les Prairies, l’Ontario et le Québec jusqu’à Natashquan.

Il a tenu à faire ce périple à vélo parce qu’il voulait être le plus près possible des racines, de la terre même, et parce que selon lui, le territoire appartient à celui qui le nomme et le traverse de sa seule force. Le vélo était donc le moyen de transport de mise s’il voulait respecter ces valeurs.

le territoire appartient à celui qui le nomme et le traverse de sa seule force Transformé par l’aventure qu’il a vécue, il se consacre à des études littéraires et entreprend d’écrire ses deux tomes des Chemins d’hiver. Il fonde aussi une maison d’édition qui se spécialise dans le récit de voyage. D’ailleurs, la prochaine parution des Éditions du Bourlingueur devrait être Yugui, un ouvrage d’Alexis Durand Saddier, originaire de Belcourt. Actuellement, Martin Simon vit en ermitage dans un camp de chasse dans le secteur du « p’tit Montréal », au nord du rang 10 à Belcourt, où il travaille sur un projet de film qui viendra compléter un cycle initié il y a plus de 12 ans.

Dans les pas de Caïn

VAILLANCOURT, Isabel. Dans les pas de Caïn, Gatineau : Vents d’Ouest, 2010, 170p.

> Francesca bénédict

« Le draveur, lui, aurait voulu demander à Asa de l’excuser pour son air trop souvent bête depuis qu’ils se partageaient le même espace. Mais des excuses, pour lui, c’était comme se confesser de choses trop intimes. » (p. 108) Vous connaissez certainement cette Gaspésienne de naissance établie en Abitibi depuis sa plus tendre enfance, à RouynNoranda pour être précis, et qui a déjà signé une douzaine de livres (quelques romans pour la jeunesse et la majorité pour adultes). En résumé, je vous raconterais que l’histoire aborde principalement la cupidité et l’égoïsme. Pour de l’argent, certains personnages font croire à d’autres qu’une épidémie de choléra sévit à Ville-Marie, mais en fait, ils désirent simplement les éloigner. Ils réussissent à les isoler sur un îlot où ils tombent malades (je vous laisserai découvrir comment), mais ceux-ci refusent de se rendre à l’évidence, comme si l’évidence disparaissait derrière le discours des bonimenteurs à cause de la peur de regarder la vérité dans les yeux. En même temps que le lecteur peut rester surpris de la naïveté des personnages, il devient difficile de ne pas se retrouver pris avec eux dans la suite logique des événements. L’auteure construit un tourbillon de mensonges et de traquenards, et les personnages ne peuvent que rester pris dans l’engrenage. À travers les manigances et les manipulations, ce

sont les rêves des personnages qui apparaissent. D’où que l’on vienne, qui que l’on soit, il semblerait que le bonheur se situe souvent ailleurs. L’auteure joue beaucoup sur les émotions (celles des personnages aussi bien que celles des lecteurs). Le lecteur se retrouve face à un père, Régis, tellement épris de sa femme qu’il ne sait comment offrir plus que leur mère à ses fils. C’est pour lui le plus beau cadeau qu’il puisse leur faire, c’est ce qu’il possède (et vous devinez tout le danger de ce mot) de plus précieux, c’est ce qu’il connaît de plus magnifique sur terre. Mais il ne sait comment le lui dire à elle, ni comment le leur dire à eux. Il s’enferme et s’entête dans un mutisme déchirant. D’une certaine façon, madame Vaillancourt révèle ce qui se cache derrière un certain mutisme masculin. Avec un talent de magicienne, l’auteure sait amener les personnages au-delà des mots de trop, des regards de travers. Les personnages se raccrochent les uns aux autres dans le vague espoir de dépasser leur solitude profonde et désespérée.

s’agisse de mots courants ou spécifiques à un domaine, s’allie à un jeu d’images, de métaphores (je ne vous raconte pas le passage sur les relations sexuelles!) et d’allégories qui rendent le livre difficile à poser. Un chapitre en appelle un autre. Je dois même vous avouer que, prise par l’intrigue, j’avais oublié le titre! Mais l’auteure le savait sans doute, car elle revient dessus à la page 168, pour les étourdis, et explique l’explicite. Seuls bémols, l’allemand un peu original des Allemands suggèrerait qu’ils ne sont pas Allemands, mais encore faut-il avoir étudié cette langue pour le repérer. De plus, la naïveté parfois un peu trop extrême des personnages donne envie de les attraper par le collet et de les secouer, mais peut-être est-ce aussi ce qui les rend si attachants? En ce sens, la citation en exergue du poète gallois Dylan Thomas joue plutôt le rôle d’une prémonition (doit-on ajouter qu’il est décédé un an avant le début de l’histoire?). Si vous êtes prêt à réfléchir sur les multiples talents de l’être humain pour gâcher son bonheur, ce texte vaut vraiment le détour.

Le vocabulaire précis, qu’il

cinéma Témiscaming s’offre un festival de cinéma en juin

Une première édition pour Prise 2! > IB

Un sympathique festival de cinéma voit le jour à Témiscaming. Prise 2 propose, les 11 et 12 juin, une vaste sélection de courts métrages, avec en son cœur des œuvres réalisées par et pour des jeunes de l’endroit. Ce projet émane de jeunes du centre d’éducation pour adultes l’Envol, et représente une bouffée d’air frais dans la ville de 2561 citoyens de l’extrême sud du lac Témiscamingue. La communauté s’est mobilisée afin de mettre sur pied cet événement; c’est ainsi que des ateliers divers (scénarisation, montage, prise de vue, etc.) ont été dispensés dans les écoles secondaires et à la maison des jeunes.

On a également eu la bonne idée de s’associer à divers groupes qui se spécialisent dans le court métrage, notamment Kino, la caravane du Wapikoni mobile ainsi que le Festival du Documenteur, afin d’étoffer la programmation et de donner encore plus d’impact à la sélection de films. L’invitation est lancée aux amateurs de cinéma de la région pour qu’ils participent à cet événement sans prétention organisé avec cœur et courage. Et puis Témiscaming, c’est si joli! L’INDICE BOHÉMIEN - JUIN 2010

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général

Un nouvel hebdomadaire gratuit pour l’Abitibi-Témiscamingue > Émélie Rivard-Boudreau

Depuis quelques mois, votre boîte aux lettres est l’hôte de non seulement un, mais trois sacs remplis de circulaires. Vous savez, celui transparent avec le journal Le Citoyen à l’intérieur et les autres avec seulement de la publicité. Eh bien ce petit sac blanc et bleu sur lequel est inscrit « publi sac » vous livrera sous peu, lui aussi, un journal hebdomadaire gratuit.

Merci à Emploi Québec, précieux par tenaire depuis juin 2009

« Offre d’emploi Abitibi – rédacteurs (trices) en chef, journalistes, pigistes, directeurs (trices) des ventes, conseillers (ères) en publicité […] ». Plusieurs ont sûrement déjà remarqué ces offres d’emploi en ouvrant leur « publi sac » récemment. Cette méthode de recrutement n’a rien d’un hasard, car Transcontinental, le plus important imprimeur commercial au Canada et le plus important éditeur de journaux hebdomadaires au Québec, utilise son réseau de distribution (publi sac) pour recruter la main d’œuvre de son nouvel hebdomadaire gratuit, que recevront les témiscabitibiens au cours des prochaines semaines. Quebecor : un média régional depuis longtemps L’arrivée d’un tel groupe en région pourrait sans aucun doute briser quelque peu la domination que le groupe Quebecor avait chez nous en presse écrite avec ses journaux La Frontière, L’Écho Abitibien et Le Citoyen des différents secteurs. Pourtant, ce nouveau concurrent ne semble pas inquiéter l’entreprise qui mise sur sa longue présence en Abitibi-Témiscamingue. « Nous croyons en nos produits et nous bénéficions d’une grande notoriété auprès de la population et des annonceurs », a commenté Caroline Couture, éditrice du journal L’Écho. Selon elle, les 60 ans d’existence du journal L’Écho et la constante implication des hebdomadaires régionaux de Quebecor auprès de la communauté sont des éléments solides qui sauront les distinguer de leur nouveau concurrent. Pourquoi Transcontinental choisit-

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il l’Abitibi-Témiscamingue, et pourquoi maintenant? Selon un reportage de la radio de Radio-Canada, il y a un peu moins d’un an, Transcontinental se serait fait retirer la distribution des journaux Le Citoyen. Cette information n’a pas été confirmée par Caroline Couture qui maintient que Quebecor, par Distribution JC, est le seul distributeur de ses journaux. Devant l’impossibilité de rejoindre une personne représentant Transcontinental, Daniel Giroux, secrétaire général du Centre d’études sur les médias (CEM) de l’Université Laval, nous a partagé son analyse. Selon lui, le très peu de sources d’information en presse écrite justifie principalement l’implantation de Transcontinental chez nous, bien que ce soit « très rare » que Quebecor et Transcontinental se disputent de front le marché des hebdomadaires gratuits sur un même territoire. Depuis longtemps, une entente non écrite entre les deux géants faisait qu’ils se partageaient ce marché dans la province. Meilleure information? Leur arrivée aura-t-elle un effet bénéfique sur la diversité et la qualité de l’information sur notre territoire? « Il est présentement trop tôt pour se prononcer à ce sujet, précise Daniel Giroux. Normalement, la tendance pour se distinguer de la concurrence en information est de trouver des exclusivités. Toutefois, trouver des idées originales demande beaucoup de ressources, ce qui laisse donc aussi croire qu’il y a des chances de retrouver les mêmes informations dans les deux journaux », explique-t-il.


photos : ariane ouellet

arts visuels

Ménage à trois entre Pellan – Boyer – Villeneuve Au Centre d’exposition d’Amos > Ariane Ouellet

Depuis le 9 avril dernier, le Centre d’exposition d’Amos présente trois expositions à ne pas manquer! Alfred Pellan – un art libre et novateur C’est le Musée national des beaux-arts du Québec qui organise et met en circulation l’exposition rétrospective sur Alfred Pellan dans laquelle on retrouve une sélection d’œuvres de toutes les phases importantes de l’artiste. Figure marquante de la modernité au Québec, Pellan incarnait à son époque l’ouverture et l’innovation. L’exposition est d’ailleurs une bonne façon de connaître et d’apprécier l’apport de Pellan dans le paysage artistique du Québec : influences cubistes ou surréalistes. Ce qui ressort d’emblée, ce sont ses couleurs puissantes, une maîtrise technique impecca-

ble et une grande fantaisie. Une des œuvres majeures composant l’exposition est certainement Citrons ultraviolets, un tableau grand format aux formes géométriques complexes et hallucinantes avec une forte appartenance au surréalisme. Un autre point d’intérêt du corpus présenté est la série de petites sculptures de la série des « Bestiaires » à partir desquelles des groupes scolaires ont créé à leur tour des petites bestioles farfelues qui valent elles aussi que le spectateur s’attarde. Le Musée national des beaux-arts du Québec possède la plus grande collection d’œuvres de Pellan et c’est une chance d’avoir en

région la possibilité d’en voir une sélection significative. Luc Boyer – la grâce de l’éphémère L’artiste Luc Boyer présente Matérialisations éphémères, une série de sculptures et de dessins organiques qui évoquent la précarité du corps humain ou des cellules vivantes. Ce qui caractérise le travail sculptural de Boyer est qu’il est souvent très proche du dessin, avec ses fils métalliques qui semblent flotter ou se déployer comme des terminaisons nerveuses autour de la moelle épinière. Des matériaux communs, presque pauvres, rondins de bois, broche, papier déchiré, se transforment sous les mains de l’artiste en des évocations poétiques de la maladie, de

la fragilité humaine. Alors que ses sculptures très souvent verticales semblent vouloir se hisser vers le ciel, les dessins à l’encre ou au graphite de Boyer nous font pénétrer dans les entrailles, au cœur d’une anatomie fantastique, souvent sombre, où on a l’impression de regarder l’intérieur d’une artère par une laparoscopie. Michel Villeneuve – grandioses petites choses Michel Villeneuve présente Boréalie; une toute nouvelle production réalisée au crayon HB. L’artiste originaire de Guyenne et grand amateur de plein air propose une série de portraits animaliers et de paysages abitibiens en noir et blanc, où se mélangent savoirfaire et sobriété. Difficile de bien décrire le travail

de Villeneuve tant il croque avec acuité et finesse ces petites choses discrètes qui font partie de notre paysage ordinaire. Pourtant, chaque œuvre, par sa simplicité et son dénuement, rend hommage à ce paysage magnifique et brut qui est le nôtre, en nous présentant comme des petits bijoux des bêtes sauvages au regard intense, des forêts comme des dentelles ou des traces de loup dans la neige. La force de Villeneuve, outre une maîtrise technique indéniable, est dans la sensibilité et l’économie de moyens, dans sa capacité à dire beaucoup avec peu d’artifice. Les expositions de Boyer et Villeneuve se terminent le 6 juin 2010 alors que l’on peut voir Pellan jusqu’au 13 juin. Un triplé qui vaut le détour!

22e édition de la campagne Prendre le temps

Un bout d’art dans nos histoires > IB C’est le 11 mai dernier que le Réseau des bibliothèques publiques d’AbitibiTémiscamingue dévoilait les trois signets de la 22e édition de sa campagne Prendre le temps, qui vise à faire la promotion de la lecture et des bibliothèques d’ici, et à mettre en valeur le travail d’artistes de la région. Les artistes dont l’œuvre a été retenue et imprimée sur 24 000 signets sont Jocelyne Caron de Palmarolle, Céline J. Dallaire de Rouyn-Noranda et Micheline Plante de Val-d’Or. Après avoir pu se procurer le signet de Mme Caron en mai, les usagers pourront mettre la main sur les deux autres les 1er et 22 juin, respectivement. Depuis la mise sur pied de Prendre le temps, en 1988, plusieurs dizaines d’artistes ont bénéficié de la visibilité massive offerte par l’initiative de promotion de la lecture menée par les bibliothèques. www.crsbpat.qc.ca L’INDICE BOHÉMIEN - JUIN 2010

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Les Jardins à fleur de peau

Là où les créations poussent

photos : jardins à fleur de peau

arts visuels

> sophie Richard-ferderber

On parle souvent de jardins secrets, mais les Jardins à fleur de peau sont davantage méconnus que secrets. Sur la rive du lac Blouin à Val-d’Or se cache cet attrait touristique où se mêlent, au grand air, l’horticulture, la sculpture et la poésie. À partir de la fin juin, l’endroit sera suffisamment vert et fleuri pour accueillir tous les amateurs de contemplation d’art et de nature. C’est l’union de deux âmes créatrices qui a donné naissance au projet des Jardins à fleur de peau. Francyne Plante avait acheté le terrain familial du 67, chemin de la Baie-Jolie et y développait déjà un jardin quand son conjoint, l’artiste sculpteur, Jacques Pelletier, est venu la rejoindre. Ils réunirent alors leurs passions respectives dans le projet commun d’aménager leur cour avant et arrière en un petit coin de paradis.

Le pouce vert à grande échelle Parents et amis qui venaient leur rendre visite les encouragèrent à permettre l’accès au public, ce qui les poussa à réfléchir au développement de l’endroit en fonction de visites touristiques. C’est finalement en 2007 que les Jardins sont accrédités par Tourisme Québec. Chaque année, jusqu’à 1000 personnes viennent s’y balader. Intégrés au circuit de plusieurs tours guidés, les Jardins

sont fréquentés par des gens de partout. La visite est riche en points d’intérêt, car parmi les nombreuses variétés de plantes se cachent plus de 50 sculptures et plusieurs écrits poétiques des propriétaires. Les Jardins se renouvellent donc constamment grâce aux ajouts des artistes, mais aussi grâce au cycle des saisons qui modifie le paysage au fil des jours.

Les deux artisans de ce décor enchanteur y consacrent la majeure partie de leur temps. Durant les heures d’ouverture, ils demeurent disponibles sur place pour expliquer leur œuvre. Rien n’empêche par contre les gens de profiter seuls du côté apaisant de l’endroit. Certains viennent passer quelques heures pour méditer, réfléchir ou contempler. Les Jardins portent bien leur nom, car ils suscitent toutes sortes d’émotions chez les passants, émus par

le moment de recueillement qu’ils leur procurent. Le 24 juillet prochain, les propriétaires souligneront à leur manière le 75e anniversaire de Val-d’Or dans les Jardins à fleur de peau. Ils seront les hôtes d’une fête champêtre où le public est invité. Une belle occasion de découvrir les Jardins alors qu’ils seront animés par des musiciens et des performances artistiques en direct. www.lesjardinsafleurdepeau.com

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arts médiatiques photos : courtoisie CCAT

arts visuels

Le prolongement du corps : le parcours singulier de Marie-Kim Landriault

Une des photos de Hugo Lacroix. D’autres peuvent être vues au www.hugolacroix.com.

> sonia Cotten

Elle participait au Peinturothon de l’Écart de 2009 et au Paranoël 6 de 2008. On a vu son travail à Aylmer, à Montréal et à Gatineau. Elle exposait en solo au Cabaret de la dernière chance en 2006. Et elle présentera sous peu des dessins à l’encre de couleur à la 10e Biennale d’art miniature Internationale, et de récentes créations au Saloon des abonnés de l’Écart à l’automne. Décidément, Marie-Kim Landriault est en train de faire sa place en arts visuels, ce qu’a reconnu le jury des Prix d’excellence en arts et culture de l’AbitibiTémiscamingue en lui décernant le 19 avril dernier le Prix Relève, soulignant « son travail original, clair et solide ». L’artiste, qui constate avec fascination que les œuvres sont souvent à l’image de leurs créateurs, a vu son intérêt pour le principe de l’isomorphisme (relation entre deux corps qui démontre leurs similitudes) croître à partir de son DEC en arts plastiques et avec les différentes explorations qu’elle a faites lors de son baccalauréat en arts visuels à l’Université du Québec en Outaouais, accompagné d’un certificat en psychologie. Ayant avant tout été tentée par l’enseignement au primaire, elle bifurque plus tard vers une formation qui rejoint tant son intérêt pour les arts que pour la psychologie; elle est ainsi en voie de terminer un programme d’art-thérapie de 2e cycle à l’UQAT. Pendant ce temps, elle travaille au département d’arts plastiques du Cégep de l’Abitiib-Témiscamingue, campus de Rouyn-Noranda. L’art thérapeutique L’art-thérapie se distingue des arts visuels en ce sens que ce sont deux disciplines connexes mais différentes : l’art-thérapie (de soi à soi) possède un but personnel et thérapeuti-

que alors que les arts visuels (de soi au public) demandent une recherche plastique et théorique. Marie-Kim Landriault développe depuis 2007 une démarche artistique qui porte sur l’idée très large du prolongement du corps, peu importe le type (automobile, meuble, vêtement, etc.). Elle cherche à « manipuler le corps, à étudier la fonctionnalité et la condition du corps dans son environnement physique et humain ». Afin de provoquer des réactions par l’inusité, elle allie différents objets ou matières qui lui permettent de cacher les choses pour mieux les révéler. Son mobilier de bureau avec ordinateur recouvert de jute, qui s’intitule @tribu, en est un bon exemple. Au Saloon des abonnés de L’Écart, en novembre prochain, elle proposera trois sculptures et une vidéo documentant un projet d’art relationnel. Elle approfondit ainsi sa démarche à propos de la prothèse et nous invite à faire une incursion dans un univers à la fois familier et inusité.

Trouver sa place dans le portrait Hugo Lacroix, un passionné de photographie qui fait sa marque ici > christian matte

On dit souvent que les voyages sont des occasions de vivre des révélations. Ce fut le cas pour Hugo Lacroix en 2004, lors d’un voyage en Europe. Cette année-là, le jeune homme originaire de Dupuy part pour 3 mois à Londres. Inspiré par sa sœur, il s’achète un appareil photo manuel avant son départ. « Je m’étais un peu pratiqué et je me débrouillais bien, affirmet-il. J’ai pris 10 bobines de photos durant mon voyage et à mon retour, lorsque je les ai fait développer, le résultat était superbe : pas une seule manquée! », se souvient-il avec fierté. Il décide de s’équiper davantage et de se pratiquer, que ce soit pendant des spectacles ou des expéditions de kayak, ou encore à travers son emploi chez Dallaire Spécialités. De 2006 à 2007, il suit un cours au collège Marsan pour se perfectionner. « À ce moment, je ne savais pas si je reviendrais dans le coin. Une amie dans une compagnie en communications d’ici m’a convaincu que je pouvais faire ma place dans le marché d’ici et je ne regrette pas ma décision. Je peux m’impliquer et profiter

de tous les avantages qu’offre la région. » Entre nature et culture Au fil des années, Hugo Lacroix s’est bâti une belle réputation qui lui a permis d’obtenir des contrats avec, entre autres, Tourisme Abitibi-Témiscamingue. « Je suis quelqu’un qui adore faire du plein air et photographier des paysages, et c’est un client qui m’offre de nombreuses opportunités pour ça. Ce n’est pas pour rien que les photos dans des revues comme le National Geographic m’allument! » s’enthousiasme-t-il. « J’adore aussi la photographie dans des événements, comme des spectacles, raconte le photographe. J’aime me faire oublier et démontrer à travers mes photos l’ambiance qui règne. » Hugo Lacroix entend continuer à développer sa clientèle, tant en région qu’à l’extérieur. Deux de ses photos ont d’ailleurs

été publiées dans le portrait sur l’Abitibi-Témiscamingue du dernier numéro de mai et juin du magazine Québec Science. Il aimerait également publier un livre. « Lorsque j’aurai la bonne idée bien sûr, je vais prendre mon temps. Mais je veux mettre la région en valeur à ma façon », conclut-il. www.hugolacroix.com

Merci au Réseau BIBLIO qui achemine l’Indice bohémien dans ses 58 bibliothèques affiliées.

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arts visuels

Des sculptures en guise de bienvenue Ville-Marie se dotera d’entrées de ville originales à l’automne prochain > Chloé BP

L’idée a germé dans l’esprit d’Alain Guimond, agent de développement pour la ville de VilleMarie, alors qu’il lui avait été demandé de revoir les panneaux d’accueil aux entrées de la ville. M. Guimond a pensé que plutôt que de réinvestir dans de simples pancartes, il serait intéressant de demander à des artistes de créer de véritables œuvres d’art. Il s’est d’abord tourné vers la Salle Augustin-Chénier pour recruter des artistes. Du coup, la coordination du projet a été confiée à Jean-Jacques Lachapelle, directeur de l’établissement. « On m’a demandé de choisir des artistes de la région; j’ai décidé que c’était tout à fait naturel que ce soit des artistes originaires de Ville-Marie

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qui soient sollicités », explique-t-il. Josée Lefebvre et Francine Plante ont donc été invitées à créer chacune une œuvre marquant l’entrée en ville. Un troisième artiste devrait se joindre au projet sous peu.

cette idée s’inscrit directement dans la volonté de Ville-Marie de s’affirmer en tant que ville d’art et de patrimoine Par des gens d’ici, avec des matériaux d’ici Les artistes travaillent chacune sur des thèmes qui représentent

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Ville-Marie : Josée Lefebvre explore l’esthétique des voiliers, un attrait de plus en plus populaire sur le lac qui borde la ville. Francine Plante, quant à elle, transposera sa vision du légendaire monstre du lac Témiscamingue. De plus, les sculptures devront mettre en valeur des matériaux propres à la région. Le projet a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme au sein du conseil de ville. Il faut dire que cette idée s’inscrit directement dans la volonté de Ville-Marie de s’affirmer en tant que ville d’art et de patrimoine. Comme le souligne M. Guimond : « Nous voulons que ces œuvres deviennent des attractions à elles seules. Elles

photo : mathieu dupuis

Bientôt, au lieu des traditionnelles affiches de bienvenue, ce sont des voiliers et le monstre du lac Témiscamingue qui accueilleront les visiteurs à Ville-Marie, grâce au talent d’artistes locaux. Une façon originale de marquer l’identité ville-marienne et de mettre en valeur le talent d’artistes locaux.

témoigneront de la richesse culturelle de Ville-Marie et de l’importance que les arts y occupent. » Cette initiative est soutenue par l’Entente de développement culturel entre la MRC de Témiscamingue et le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec. Cette entente vise la mise sur pied de projets culturels au sein des municipalités et des organismes culturels de la MRC afin de faire rayonner la culture en sol témiscamien. « Un des objectifs de l’entente est de soutenir l’émergence de nouveaux produits culturels, explique Véronic Beaulé,

agente de développement culturel à la MRC de Témiscamingue. Les entrées de ville sont un bel exemple d’un nouvel attrait culturel original et c’est également une belle visibilité pour les artistes. »

E r r at u m Le crédit photo de l’article portant sur Rouyn-Noranda capitale culturelle aurait dû être accordé aux Cyclopes et non pas à Hugo Lacroix. Toutes nos excuses aux photographes.


musique

photo : Allan Meeachearn

7 ans pour 7ième ciel

photo : Optika

Le chiffre chanceux

Samian

Sous l’aile de 7ième Ciel Records

> Winä jacob

C’est sur la scène des Francofolies de Montréal que la maison de disques rouynorandienne 7ième Ciel célèbrera, le 18 juin prochain, ses sept ans. Afin de souligner l’événement comme il se doit, les quatre artistes de cette étiquette de musique préparent un spectacle commun qui ne manquera pas d’épater la galerie. Si plusieurs préfèrent célébrer au tournant de la décennie, il en est tout autrement pour les Disques 7ième Ciel, qui ont choisi d’honorer le nombre sept qui leur sied si bien. Les rappeurs Anodajay, Samian, Koriass et Dramatik présenteront pour l’occasion chacun un mini spectacle avec leur matériel respectif, puis la soirée culminera avec des prestations communes sous le travail sonore d’un DJ. Une belle vitrine pour la jeune maison de production, ce spectacle anniversaire sera repris, le 5 septembre, à RouynNoranda, dans le cadre du FME. Graver son nom dans l’histoire 7ième ciel a vu le jour en 2003 lorsque son instigateur, Steve Jolin, aussi connu sous les traits du rappeur Anodajay, voulait lancer son premier album : Premier VII. « À l’époque, je magasinais des maisons de production, mais je ne trouvais rien d’intéressant pour un rappeur, encore moins pour un rappeur de l’Abitibi. Je trouvais que c’était finalement plus facile de me produire moi-même. » Il faudra pourtant attendre la sortie de son deuxième opus, Septentiron et du succès Le beat à Ti-Bi en collaboration avec Raôul Duguay, pour que Steve Jolin décide de chapeauter d’autres talents que le sien. « Je voulais faire profiter d’autres artistes de mes ser vices et de l’expérience que j’avais acquise, raconte-t-il. J’ai premièrement découvert Samian via les

Loco [Locass]. » Puis Koriass et plus récemment Dramatik se sont joints à l’aventure. « J’aime mieux avoir des artistes de qualité qu’avoir plusieurs artistes », explique celui qui dirige l’une des plus grosses boîtes de production rap au Québec. Une scène dynamique Celui qui fut proclamé chef de file du mouvement hip hop québécois par Bandeapart.fm en a long à dire sur cette tendance musicale et particulièrement sur ce qui se passe ici en AbitibiTémiscamingue. « Au Québec, il faut se battre pour avoir notre place dans les médias, explique Anodajay. Pour les décideurs, qui sont souvent des baby boomers, le hip hop n’a pas sa place dans les radios ou dans les galas. Pourtant c’est un des styles musicaux les plus populaires, surtout chez les jeunes, mais les médias de masse ne visent pas ce public-là; puis le fait d’être catégorisé « musique de jeunes », ça nous aide pas. » Si le rap était, il y a 10 ou 15 ans, l’apanage de jeunes érudits de la musique qui manquaient d’expérience et parfois de professionnalisme,

il en est tout autrement aujourd’hui, puisque les rappeurs d’ici peuvent désormais s’appuyer sur des équipes expérimentées, comme celle de 7ième Ciel. Celui qui produit des spectacles de hip hop depuis 2003 en région se réjouit par contre du talent et de la relève qu’il y a ici. « Je pense que ça a donné beaucoup d’espoir aux jeunes d’avoir deux artistes, comme Samian et moi, qui sont établis en région, analyset-il. Il y a ici beaucoup de bons jeunes rappeurs, mais il ne faut pas qu’ils se découragent, même s’il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus dans ce milieu.» www.7iemeciel.ca

photo : www.7iemeciel.com

> Winä jacob

Le mois dernier, Samian lançait son deuxième album, intitulé Face à la musique, avec l’aide de 7ième Ciel Records. Fort de son expérience acquise avec Face à soi-même, son premier CD, l’artiste originaire de Pikogan revient avec une oeuvre plus précise et mieux réalisée. Cette nouvelle création sonore, fort bien accueillie autant par la critique que par les amateurs du rappeur algonquin, pave la voie à un avenir des plus florissant. Porte-étendard de la culture algonquine sur la scène culturelle québécoise, Samian ne fait pas que rapper dans la langue de ses ancêtres. Les douze titres de son album se déclinent aussi en Innu, Wolof, Anglais et Français. « On fait entre autres de la musique pour vendre des CD, explique Steve Jolin, l’homme derrière les disques 7ième Ciel. Le rap, c’est tellement difficile à vendre au Québec, alors s’il le faisait juste en Algonquin, une langue que les gens ne comprennent pas, ce serait vraiment difficile. Kashtin l’a fait avant lui et a vendu plus de 250 000 albums, mais ils étaient les premiers et depuis, il y a des quotas de langue française à respecter. » Le producteur et ami de Samian explique le succès de son protégé en puisant dans les racines de ce dernier. « Le hip hop, ça fait partie de la crise identitaire des jeunes, c’est très dénonciateur, c’est une culture de l’affirmation de soi.

Alors, s’il y a un peuple en recherche d’identité c’est bien celui de Samian. C’est vrai ce qu’il dit dans ses textes. Et puis, ils sont où les ghettos au Québec? Ce sont les réserves. C’est pas étonnant qu’ils se rallient à la culture hip hop! » Sino-Rap Afin de partager ses créations, et parce qu’il représente bien la diversité culturelle du Canada, Samian a été l’invité de l’ambassade canadienne en Chine dans le cadre de l’événement Mars en francophonie. Des représentants de la culture hip hop de quatre pays de la francophonie étaient alors invités à venir faire découvrir ce genre musical méconnu des jeunes chinois. « C’était une expérience hallucinante autant sur le plan culturel et gastronomique qu’humain, et puis les jeunes étaient vraiment réceptifs à ce qu’on leur présentait », relate celui qui accompagnait Samian en terre asiatique. www.samian.ca

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général

musique

YANNICK ST-AMAND

De Despised Icon au Northern Studio > valérie Lemay

Quiconque connaît Yannick St-Amand constaterait un « clash » entre son ancienne vie de musicien et le père de famille qu’il est devenu. Pourtant, ces deux mondes lui vont à ravir. Quand on rentre chez lui, les chances sont bonnes de se faire accueillir par une petite voix timide : « C’est qui, papa? » Décidément, la vie de Yannick St-Amand s’est considérablement modifiée avec les années. Parcours d’un ingénieur de son autodidacte et chevronné. Yannick St-Amand a grandi à Macamic, en Abitibi-Ouest. « Bien qu’on m’associe facilement à la guitare, je suis un drummer dans l’âme. Quand j’étais plus jeune, je faisais du air drumming sur du Poison! » dit-il, l’œil espiègle. Ayant fréquenté l’école secondaire Le Séjour, le jeune étudiant motivé passant toutes ses pauses dans le local de musique : « Que ce soit pour 10 minutes, ça valait la peine que je me déplace pour aller rejoindre la batterie. » Tout a commencé avec le groupe death metal Neuraxis, qui se sont déplacés à Macamic pour bénéficier des talents de Yannick : « J’ai tout fait ça dans ma chambre, dans le sous-sol de mes parents, avec un budget de 250 $ pour faire l’album. »

The Northern Studio L’aventure de Despised Icon s’est transformée en vie de studio, permettant à Yannick et sa conjointe de fonder une famille : « On s’est d’ailleurs retrouvé à Trécesson pour le boulot de ma blonde, mais également pour la grosseur du garage », explique Yannick avec amusement. Les groupes se déplaçant chez Yannick ont leur propre appartement dans le soussol. Ils peuvent facilement passer entre 30 et 40 jours au studio pour l’enregistrement. Ce fut d’ailleurs le cas du groupe parisien Upheaval qui a vécu un dépaysement total dans la MRC Abitibi pour vivre l’expérience du Northern photo : Courtoisie de l’artisan

Despised icon « Aujourd’hui, la vie du studio roule au bout », indique le passionné. Il fut un temps, par contre, où c’était la vie de tournée qui roulait à un r ythme effréné. Guitariste pour le groupe Despised Icon, qu’il a quitté en 2006, Yannick a sillonné les routes des Amériques, sans compter les spectacles donnés sur le Vieux Continent : « Avec plus de 250 shows par année, faire 5-6 fois les États, 3-4 fois le Canada,

partir en Europe un mois… tu crois difficilement ce qui t’arrive, surtout quand tu sors de la van et que tu te retrouves sur Hollywood Boulevard! » expliquet-il avec amusement. Despised Icon l’a également amené à mixer et réaliser un de leurs albums en Angleterre et un à Boston : « J’ai tout quitté pour la vie de famille… Anyway, c’était ben trop intense! » Intense, dit-il? Tout a fait juste quand on pense que le dernier album de Despised s’est retrouvé 162e sur le Billboard américain. Du jamais vu pour un band underground québécois.

Yannick St-Amand dans son studio d’enregistrement à Trécesson en Abitibi-Ouest. 22

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Studio. Aujourd’hui, l’ingénieur de son apprécie particulièrement travailler avec les groupes qui débutent, les suivre et constater leur évolution sans avoir la pression d’un label. L’amoureux du son est un homme modeste, altruiste et extrêmement talentueux. Son parcours est intense, complet et diversifié et celui-ci n’oublie jamais ceux qui l’accompagnent dans sa passion. Cet article est d’ailleurs dédié à son beau-père, M. Denis Beaudoin, qui a perdu récemment son combat contre le cancer : « Cet homme a pris quatre précieux mois de sa vie pour rêver et bâtir mon premier studio. Je lui en suis vraiment reconnaissant… ». Comme le dit si bien Yannick St-Amand, les passionnés ne se calculent pas en heures ou en combien tu gagnes par année. Paroles bien sages et inspirantes de l’homme qui vit de son art en sol témiscabitibien. www..myspace.com/ystamand

Ma chère La Sarre, c’est à ton tour… … de recevoir le spectacle régional de la Fête nationale du Québec > IB

C’est le 18 mai dernier qu’était dévoilée la programmation du spectacle régional de la Fête nationale du Québec, qui aura lieu à La Sarre le 23 juin prochain sous le signe du rock. Le légendaire Michel Pagliaro sera la tête d’affiche de ce soir de fête, lui sur qui le temps semble n’avoir aucune emprise. Anik Jean, qui vient de faire paraître son troisième album, sera aussi de la partie. Enfin, le groupe À suivre, formé de membres originaires de Rouyn-Noranda et d’Abitibi-Ouest, représentera la région sur la grande scène. Il est à noter que les gars d’À suivre seront dès le lendemain, et ce pour trois soirs consécutifs, au Festival forestier de Senneterre. Une expérience inusitée sera proposée aux gens présents (et à ceux qui regarderont le spectacle des plaines d’Abraham à la télévision) : participer à une sorte de chœur national d’un million de personnes qui entonneront ensemble Gens du pays vers 22 h. Pour plus d’informations, et pour connaître le lieu de célébration le plus près de chez vous : fetenationale.qc.ca.


poste d’écoute

> olivier naud

Oyez! Les étiquettes MF lancent une compilation-cassette des meilleurs artistes actuels de chez nous, et ce gratis sur le net! Ok, pas juste de chez nous. Comme une cassette a deux côtés, le premier est 100% abitibien et l’autre, 100% reste du Québec. Mais comment ça, une cassette? En fait, vous téléchargez le tout en mp3, vous le gravez en cd puis vous l’enregistrez à l’aide du vieux magnétophone dans le fond de votre garde-robe. Reste plus qu’à vous imprimer la pochette tout aussi gratuite et le tour est joué! Le format cassette va d’ailleurs bien avec le côté low-fi de la plupart des artistes qui s’y retrouvent. Musicalement, on est essentiellement dans le rockabilly et le punk rock, en passant par le country-folk. N’étant pas fan de punk, je ne peux pas vraiment en faire la critique, mais je suis néanmoins heureux d’y reconnaître plusieurs bands actifs dans la région. On y retrouve, entre autres, Les Anodins, Les Prostiputes, Geneviève et Matthieu, Silverswordfish... À noter : deux très bons avantgoûts de leur album respectif à venir de la par t de Michèle O. et Chantal Archambault! Bonne écoute. 3/5

La la land est le deuxième album du trio montréalais. À la première écoute, ce n’est pas automatiquement accrocheur, mais il est de ces albums que plus on écoute et plus on aime, qu’on finit par écouter en boucle parce qu’on a su prendre son temps pour l’apprivoiser et que ça a demandé plus d’efforts que d’ordinaire. C’est un peu un mélange d’indie pop et de rock aux accents plutôt british et par fois de rock progressif, avec des bribes d’influences des Rolling Stones, de Neil Young, de David Bowie à son ère pop et peut-être même un peu, subtilement, de Radiohead. Musicalement, ça se tient très bien, ça groove. C’est moins orchestral que le premier album, plus épuré. Les ambiances sont planantes, la musique est plutôt dense, mais tout de même esthétique. Je ne suis pas du genre à m’attarder beaucoup aux textes (surtout quand ce n’est pas écrit dans la langue de Molière), mais je dois avouer que j’aime beaucoup les titres des chansons de La la land. Paradoxes et « bashing » du système américain y font la loi avec des énoncés tels que : The Mama Papa, Future from the 80’s (mon préféré), American Idol, Game shows, Tom Cruz... Bref, c’est bon! 4,2/5

Les disques 7ième ciel (2010)

> philippe lebel

> philippe lebel

Face à la musique est le deuxième album du jeune rappeur algonquin originaire de Pikogan. On remarque une nette progression par rapport à Face à soi-même. Les textes étant plutôt introspectifs sur le premier, ils portent maintenant davantage sur la réalité critique de son peuple qui a des besoins criants. Les textes sont plus matures et engagés, bien sentis, souvent durs et évocateurs. Les nombreuses collaborations qui se retrouvent sur l’album (Anodajay, Marième, Sola, Chafiik, Florent Vollant...) amènent une touche multiculturelle très intéressante au projet, avec des textes en wolof, espagnol, innu, anglais, français et bien sûr en algonquin. L’évolution se fait aussi sentir au niveau de la musique, puisqu’à sa voix rauque et aux échantillonnages ont été ajoutés des instruments réels. C’est ainsi qu’aux beats de Dj Horg, Chafiik... sont mélangés du drum, de la guitare, de la basse, de la flûte, du violon... Cet ajout permet, à mon avis, de rejoindre un public beaucoup plus large que les amateurs de hip hop. Les influences sont nombreuses : r&b, rap américain, reggae... À l’écoute des chansons de Samian, on peut croire que celui-ci assume avec fierté un rôle de modèle et de leader pour la jeunesse autochtone qu’il représente. Face à la musique est surprenant et devrait faire son petit bonhomme de chemin. 4/5

Serge Fortin – M’accrocher à la table

The National – High Violet > philippe lebel

L’artiste valdorien lançait dernièrement son deuxième album, M’accrocher à la table. Fortin a écrit la majorité des titres qui s’y retrouvent alors qu’il était en voyage autour du monde, sur une île perdue au beau milieu du Pacifique, devant un décor paradisiaque. Pour l’enregistrement, il a recruté ses collègues musiciens du groupe La Brassée. Son ami, l’illustre Dany Bédar, a signé la réalisation du projet, qui, somme toute, est intéressant. Plusieurs sujets sont abordés, tels que la vie, la mort, les déceptions, l’amitié, la quotidienneté... Les textes sont empreints de franchise et d’authenticité et sont plutôt accrocheurs. Les jeux de mots et de sonorités sont peut-être un peu naïfs, mais après tout, qui a dit que ça devait être compliqué pour être bon? Côté musique, c’est plutôt bien aussi. Aux harmonies mélodiques typiques des ballades à la Bédar se mélangent des influences de rock, de pop franco et de folk. L’instrumentation est plutôt variée (drum, piano, guitare, accordéon...). Serge Fortin ne réinvente rien sur cet album, mais disons plutôt qu’il s’est très bien approprié quelques recettes qui lui donnent une touche d’originalité. M’accrocher à la table saura sans doute en intéresser plus d’un. 3,8/5

4AD (2010)

Les étiquettes Méga-Fiable (2010)

La cassette méga fiable vol.2 – L’Abitibi contre le bunch

Secret City Records (2010)

> Jenny corriveau Fidèles à eux-mêmes, les avant-gardistes Misteur Valaire ont présenté, à la mi-mai, leur dernier album : Golden Bombay. Il est possible de télécharger l’album directement sur leur site web, gratuitement ou moyennant un don, à votre discrétion. Une formule gagnante qui leur a permis de se faire connaître il y a quelques années au Québec avec Friterday Night, et plus récemment chez nos cousins les Français. Plus accessible que son prédécesseur, Golden Bombay fera découvrir Misteur Valaire à un tout nouvel auditoire. Ils ont mis de côté, sans toutefois abandonner, la sonorité jazzy-éclectique plus techno du précédent, pour découvrir, sur ce deuxième opus, un côté plus mélodieux, plus pop, plus accessible. On retrouve sur Golden Bombay quelques collaborations très réussies, dont Ave Mucho avec Bran Van 3000, qui sera sans doute un des succès radio de l’été. Fanny Bloom se prête aussi à la sauce de Misteur Valaire pour la pièce November Number 3. Miss Bloom à la voix cassante n’est pas trop dépaysée au sein de cette formation excentrique puisque ses 2 comparses de la Patère Rose font partie du présent groupe. En bref, si vous recherchez une écoute rafraîchissante, empreinte de clins d’œil rétro-kitsch-humoristiques en échantillonnage du genre Soupe Opéra et ses fruits et légumes tiré de l’époque Canal Famille, vous savez quel album vous procurer! Sourires et déhanchements garantis! 4,5/5

Samian – Face à la musique

Plants and animals – La la land

Les productions Moustiquaires (2010)

Mr. Label (2010)

Misteur Valaire – Golden Bombay

> olivier naud

Humm, qu’il est bon de retrouver ici The National. J’étais pas certain au début. Comment pourraient-ils survivre à l’excellent Boxer, leur album précédent? Allaient-ils nous refaire la même recette? Bien c’est un peu ça oui, la même recette, mais le fond y est : les mélodies, les rythmes et leur son, dense et riche comme du bois de grange. Pour ceux qui ne connaissent pas, The National s’inscrit dans la lignée de certains bands indies (Arcade Fire, Interpol...) qui sont largement influencés par le post-punk et le post-rock dans leur intention d’exprimer à travers une musique par fois minimaliste, dense et souvent noire, une sensibilité profonde. En ce sens, le groupe est maître, avec leur chanteur à la voix grave, leurs orchestrations rock et classiques (piano, cordes) et une batterie agile, répétitive et insistante. High Violet est donc une excellente suite à Boxer et une possible belle découverte si vous y êtes tout juste initiés. 4/5

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