NOVEMBRE 2016 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL. 08 - NO.3

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NOVEMBRE 2016 /// VOL 8 - NO 3

ALAIN LÉVESQUE

DE L’ABITIBI-OUEST AU BOUT DU MONDE

07

Place au Tango ! Une nouvelle classe de Tango à Amos

07

Amalgame de Julie Lemire, le mélange qui crée la beauté

09

Bowling… un abat de rires sans réserve !

13

Les héros du quotidien, en prose et en portraitS

16 NOVEMBRE 23 NOVEMBRE ROUYN-NORANDA

— VAL-D’OR —

19

Folk, Chow Mein et Tigre Géant. Louis-Philippe Gingras lance son 3e album

uqat.ca/portesouvertes


ÉDITORIAL

Ce qui bouillonne n’hiberne pas

Toi, sors-tu voir des expositions ? Marches-tu dans les rues de ta ville pour y contempler les traces du mouvement CULTURAT  ? Fais-tu garder ta marmaille pour aller gâter ta rétine et ta cochlée dans un bon show ou, encore mieux, l’emportes-tu avec toi ? L’œil et l’oreille d’un cultivé, ça se développe très tôt, tu sais ! Éduquer son enfant à travers l’art, de l’art d’adulte. Éveiller ses sens sans l’infantiliser. Ouvrir son esprit comme on nourrit le nôtre. Faire vivre la culture, en la valorisant, en la consommant.

// Jenny Corriveau

J’ai de la chance, je suis aux premières loges. Je dois, dans le cadre de mon travail, éplucher les diverses programmations d’activités culturelles, et y assister, aussi. Tristes et lourdes, ces tâches connexes. (Lire cette dernière phrase avec un ton aigu de sarcasme et de satisfaction.)

« Y’a rien à faire icitte »

En rassemblant les événements de la région pour fignoler le calendrier culturel de novembre, j’ai été frappée par la quantité et la diversité des activités proposées chez nous. Je l’ai déjà dit, ça bouillonne par ici ! Arts visuels à profusion, théâtre, shows métal, classique, punk, folk, rock ou pop, danse, improvisation, conte, opéra, cinéma, cercle de lecture et j’en passe. Les festivals sont peut-être moins nombreux ou, du moins, ils ne sont pas simultanés comme en saison estivale, mais y a-t-il moins d’événements culturels pour autant ? Je ne crois pas. Laissez-moi démentir l’adage qui dit que les régions s’éteignent.

En août dernier, Philippe Papineau de la revue L’Actualité a fait un glorieux portrait de la scène musicale témiscabitibienne : « Il doit y avoir quelque chose dans l’eau là-bas ; l’agenda musical des villes de cette vaste région de l’Ouest québécois est fort rempli, bien plus que ne pourrait le laisser présager sa population d’environ 150 000 habitants. […] Un peu comme un jeune adulte qui veut tout apprendre, l’Abitibi s’organise pour nourrir sa curiosité. » Dans le même article, le journaliste s’entretenait avec Félix B. Desfossés, personnage bien connu de la scène culturelle de la région. Lors de l’entretien, Félix constatait une concentration «  anormale » de rendez-vous, et disait croire que ces nouveaux piliers culturels sont en quelque sorte les rejetons du grand Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue qui fête, au moment même où vous lisez ces lignes, ses 35 ans. Merci messieurs Parent, Dallaire et Matte ! Merci, et bon 35e !

La Biennale d’art performatif s’est fermée sur les divers lancements de saison d’improvisation des ligues de la région. Au Salon régional des générations s’ajoutent le Festival international du cinéma de l’AbitibiTémiscamingue et son petit frère, le Festival de cinéma des gens d’ici qui s’est déroulé le mois dernier, par-dessus moult événements se déroulant aux quatre coins de la région. Nous recevons des premières de film, des groupes d’ailleurs viennent lancer leurs albums ici et d’autres d’ici, qui rayonnent ailleurs, reviennent à la maison pour leurs lancements, parce que c’est ici que ça commence, et ici que ça vit.

EN COUVERTURE Les faucheurs Alain Lévesque huile sur toile, 2016 DE PORSCHE À JERRY SEINFELD, ALAIN LÉVESQUE A FAIT SA MARQUE AVEC SES TOILES REPRÉSENTANTS UNE DE SES PASSIONS : LES VOITURES. SE PENCHANT AUJOURD’HUI SUR DES SOUVENIRS DE SON ENFANCE CHAZELOISE, IL VIENT NOUS PRÉSENTER PERSPECTIVE RURALE, UNE EXPOSITION OÙ L’ARTISTE NE S’ÉLOIGNE PAS DE SON STYLE BIEN CONNU, MAIS EN METTANT L’EMPHASE SUR LA RURALITÉ, SANS TOUTEFOIS DÉLAISSER SON DADA : LES VÉHICULES. 2 L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016

Si je scandais ces mots en 2000, les entendre aujourd’hui, même murmurés, me fait remonter le souper, grincer des dents et saigner des oreilles. (Lire cette dernière phrase avec un ton aigu de sérieux et d’insatisfaction.)

En revenant m’établir en AbitibiTémiscamingue, je craignais souffrir de carence culturelle. Le fait est qu’actuellement, c’est plutôt l’inverse qui se produit. Par exemple, le samedi 5 novembre, je devrai être à Rouyn-Noranda pour assister au spectacle d’improvisation au bénéfice de L’Indice bohémien «  Journal en cours d’improvisation », organisé par la solidarité

des improvisateurs culturels de l’AbitibiTémiscamingue (autoplug bohémienne) où je rirai à gorge déployée et serai fière de l’initiative des ligues de la région qui ont répondu au défi lancé par le FRIMAT il y a quelques semaines de ça. En plus, l’événement est organisé de 18 h à 20 h, pour laisser le public assister à toute la diversité culturelle déjà au calendrier ! Beau souci du détail, organisateurs–improvisateurs ! Donc ce soir-là, après le match, je virevolterai entre quelques expositions où je gâterai mon imaginaire, le lancement du nouvel album de Louis-Philippe Gingras où je m’abreuverai de folk trash et poétique, le show des Planet Smashers où je redeviendrai adolescente l’espace d’une soirée et le Rocky Horror Picture Show, l’incontournable Halloweenien. Tout ça, en un soir, dans une seule ville de la région. Trop, c’est comme pas assez ? Oh non !

Faire des choix déchirant oU se contraindre culturellement ? Avec cette offre culturelle digne des régions plus centrées, nous sommes dans une situation où nous devons faire des choix. C’est parfois déchirant, mais nous avons le choix ! Je préfère de loin être déchirée entre deux événements qu’être contrainte à une seule activité, qu’elle m’intéresse ou pas. La population est si impliquée, si motivée, si crinquée, que nous, lointains Témiscabitibiens, nous avons le luxe de sélectionner nos activités. Dans ta pipe, urbano-bûcheron qui nous croit Cro-Magnon ! Comme m’a récemment dit une amie, faisant référence à notre offre culturelle luxuriante : « On utilise souvent l’expression Rock On mais ici, on dit plutôt : On Rock ! » Je suis fière de notre région. Je suis fière de ne pas avoir à m’exiler pour me divertir. Je suis fière de sortir de chez moi pour consommer ma culture, je suis fière de la consommer chez nous et surtout, je suis fière quand, en sortant, j’aperçois des visages amossois, valdoriens, rouynorandiens ou témiscamiens dans un événement lasarrois, ou vice versa. Je suis fière de voir mon Abitibi-Témiscamingue consommer sa culture chez elle, au lieu de la laisser se consumer. Et toi, consommes-tu ? \\ > lactualite.com/culture/bouillonnante-abitibi

SOMMAIRE Arts visuels 7, 13 Calendrier 23 Danse 6, 7 Divers / général 4, 5, 15 Musique 19, 21 Théâtre 8, 9, 17, 19 À la une 3 Abitibi / Montréal 20 Bédé 5 CULTURAT à travers les yeux de… 18 Environnement 11 Improvisation 11 L’anachronique 4 Le monde selon Modère 14 Ma région j’en mange 16 Poste d’écoute 22 Région intelligente 14 Tête chercheuse 5 Un immigrant nous regarde 9

L’Indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région. ................................................................. Journalistes-collaborateurs et CHRONIQUEURS Fednel Alexandre, Rym Bellouti, Pascale Charlebois, Jacinthe Chateauvert, Michel Desfossés, Tonia Dominique, Nathalie Faucher, Stéphanie Fortin, Louis-Eric Gagnon, Mathieu Gagnon, Manon Gervais-Dessureault, Régis Henlin, Réjean Lavoie, Philippe Marquis, Michèle Paquette, Roger Pelerin, Yves Prévost, Dominique Roy, Dominic Ruel, Benoit St-Pierre et Joséane Toulouse ................................................................. correcteurs Josée Larivière, Anne-Michèle Lévesque, Suzanne Ménard, Mélissa Mercier, Evelyne Papillon et Yves Prévost ................................................................. COLLABORATEURS DE SECTEUR Véronic Beaulé (Témiscamingue), Geneviève Béland (Val-d’Or), Christine Brézina (Rouyn-Noranda), Sophie Ouellet (Abitibi-Ouest) et Véronique Filion (Abitibi), ................................................................. CORRECTRICE D’ÉPREUVE Karine Murphy .................................................................. rédaction et communications Jenny Corriveau redaction@indicebohemien.org 819 277-8738 .................................................................. Graphisme Staifany Gonthier graphisme@indicebohemien.org ................................................................. direction et ventes publicitaires Valérie Martinez coordination@indicebohemien.org 819 763-2677 ................................................................. L’Indice bohémien est publié 10 fois l’an et distribué gratui­tement par La Coopérative du journal culturel de l’Abitibi-­Témiscamingue fondée en novembre 2006. ................................................................. conseil d’administration Dominic Ruel (président), Mathieu Ouellet (vice-président), Gaétan Petit (trésorier), Véronique Gagné (secrétaire), Julie Mailloux, Tonia Dominique et Fednel Alexandre ................................................................. L’Indice bohémien 150, avenue du Lac Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org .................................................................. TYPOGRAPHIE Harfang : André Simard, DGA ................................................................. ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien


À LA UNE

Alain Lévesque

De l’Abitibi-Ouest au bout du monde // Jenny Corriveau

Le Chazelois de renommée mondiale Alain Lévesque présentera à La Sarre du 24 novembre au 8 janvier une exposition inspirée du monde rural du Québec d’après-guerre : Perspective rurale. Principalement connu pour ses toiles urbaines illustrant des voitures, l’artiste aux inspirations Art déco et Futurisme italien s’inspire cette fois-ci de la ruralité de son enfance, sans toutefois délaisser son dada : les véhicules.

L’artiste, ayant développé une bonne relation avec la direction du Centre, y est retourné en juin dernier pour visiter l’exposition de Louisa Nicol. C’est à ce moment qu’il a confié à Mme Trudel qu’il faisait des essais sur la motoneige et autres inspirations de son passé. La directrice du centre n’a pas perdu un instant et lui a dès lors proposé de monter une exposition sur le sujet, qu’il pourrait bien sûr présenter dans son établissement. C’est quelques mois plus tard, avec une vingtaine de pièces sur papier, carton et canevas, dont six grandes sur le thème de la motoneige, qu’Alain Lévesque présentera Perspective rurale. « C’est une maladie très joyeuse partagée par beaucoup de garçons au Québec, la motoneige », dit-il avec humour. Nous pourrons y admirer des œuvres originales et des reproductions, par exemple quelques affiches Bombardier qu’il a jadis faites pour le plaisir. Affiches qui n’ont été présentées qu’à Denys Lapointe du Groupe BRP, qui s’est dit plutôt ému de voir des affiches représentant les motoneiges que son père avait créées pour Bombardier dans les années 60-70. Outre la motoneige, on trouve dans l’exposition des représentations de bâtiments et de travaux agricoles qui témoignent de sa propre expérience de la vie à la campagne et de ses valeurs traditionnelles, à la rencontre de sa vision d’artiste engagé dans le domaine de la création depuis les trente dernières années.

Alain lévesque devant une de ses oeuvres

Les œuvres du peintre sont connues dans le milieu de la collection automobile à travers le globe et font l’objet de publications dans plusieurs magazines internationaux. Après avoir été l’invité de Porsche à Stuttgart en 1998 et affichiste pour Barrett-Jackson pendant quelques années, il a été appelé pour la création de l’affiche du Concours d’Élégance à Central Park, New York, en 2005. Ses œuvres sont présentées à Paris dans le cadre de Rétromobile ainsi qu’au Concours d’Élégance de Pebble Beach et il compte parmi ses clients quelques grands noms tels que Jay Leno, Nick Masson et Jerry Seinfeld, rien de moins. Il va sans dire, sa réputation n’est plus à faire.

LES charpentiers, huile sur toile 2016

« C’est Véronique Trudel, directrice du Centre d’art Rotary qui m’a proposé l’idée ! » En 2003, le Centre d’art Rotary recevait l’artiste pour une exposition sur ses œuvres sous l’influence de l’automobile. La directrice lui a alors fait part de son étonnement et sa satisfaction à l’effet que le centre avait reçu un nombre incroyable de nouveaux visiteurs. Cette exposition aurait attiré un tout nouveau public. « Je n’ai jamais vu autant d’hommes entrer chez nous ! Après tout, c’est quand même de l’art ! » Soulignait-elle.

Natif de St-Janvier-de-Chazel, il a quitté la région à 16 ans puis est revenu pendant quelques années au tournant de la vingtaine, pour ensuite retourner à Montréal pour les études et le travail. Diplômé de l’UQAM en design graphique, il resta dans la métropole pendant plusieurs années et s’exila ensuite vers l’Outaouais. « Avec le télétravail, je pouvais alors travailler de n’importe où. J’ai choisi Montebello, un petit coin tranquille qui n’est pas sans me rappeler mon patelin. » Conservant plusieurs amitiés de longue date en région et ayant encore son frère qui y réside toujours, M. Lévesque mentionne revenir visiter la belle 08 au moins deux fois l’an. « Je suis toujours extrêmement fier de dire que je viens d’ici ! L’Abitibi est un terrain extraordinairement créatif. Le bassin d’artistes originaires de la région est vraiment grand. Les gens d’ici sont créatifs, imaginatifs et, disons-le, souvent moins narcissiques. » L’artiste a déjà eu une offre pour présenter son exposition à Montréal, où il serait vraiment intéressant de présenter ce contraste rural en milieu urbain. Qui sait, peut-être brillerons-nous bientôt hors frontières ! De l’Abitibi-Ouest au bout du monde, l’artiste et son art se font remarquer, faisant briller notre région, une toile à la fois. \\ Vernissage Centre d’art Rotary : Jeudi 24 novembre, 17 h, en présence de l’artiste

PORSCHE 356, couverture panorama magazine décembre 2014

> ville.lasarre.qc.ca/culture/fr/arts-visuels > alainlevesque.ca/artiste > facebook.com/centredartrotary.lasarre L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016 3


L’ANACHRONIQUE

Économie sociale à Vassan

Ce que ça vaut

// Philippe Marquis

Combien vaut une heure sans soucis ? Rien d’énervant, aucun stress ; juste ramasser les feuilles dans la cour. De la même manière, faire son bois en prenant le temps d’écouter le claquement des bûches qui fendent sous la hache qui vient de fendre l’air. Comment ça mérite, prendre 60 minutes tranquille pour monter une corde ? Débuter, à son rythme, le ménage du garage, du sous-sol, de la remise, de la cuisine ou de la chambre. Mettre de l’ordre dans ses vieux papiers ou ses arrière-pensées sans se presser. Amorcer ces travaux tranquillement en appréciant l’ordre qui s’installe dans sa tête. La bourse de Toronto coterait cela à combien, une bonne heure d’ordre intérieur ? Jouer avec un enfant sans se soucier de la suite, ça pourrait se vendre à quel prix ? Essayez de mettre un chiffre ! Un silence profond, comme une respiration, sans urgence, un silence de 3600 secondes. Les enchères partent à quel montant pour lui ? Un arrêt technique : plus de tablette, de téléphone, de radio, de télévision, d’ordinateur, plus rien qui fonctionne sauf vos pensées qui s’évadent enfin pour une heure, juste pour une heure… Fermer les appareils et s’ouvrir ! Il vaut quoi, ce temps, sur le marché des obligations ? Écouter la pluie, les feuilles, la neige tomber pendant une heure, les yeux fermés sans s’exciter, comment cela vaut au change ?

Des bénévoles passionnés font vivre un lieu d’accueil // Michèle Paquette

C’est avec passion que Daniel Gagné chapeaute bénévolement Vision Vassan. Depuis janvier 2016, au moment de l’ouverture officielle du bistro de Vassan, il n’a cessé, avec un conseil d’administration de 13 personnes et entouré d’une soixantaine de bénévoles par le biais de diverses activités, de travailler à la redynamisation de Vassan. Ces activités qu’il nomme « d’économie sociale » sont de trois types : expositions, activités culinaires et autres activités connexes. Économie sociale, parce qu’elles se subventionnent elles-mêmes et suscitent des retombées concrètes, par exemple par l’amélioration du bâtiment où se situe le bistro ou bien avec la construction d’un entrepôt qui débutera sous peu. Depuis le 23 janvier 2016, il y a eu 8 expositions. Quatorze membres de l’Université de toullmonde (UT) ont exposé, dont Nil Rolando, Denis Miron, Laurent Laroche, de même que Simone Lafond et Michel Renaud. Actuellement, c’est Dany Aubé, également membre de l’UT, et Lyne Filion qui exposent jusqu’au 18 décembre. Les artistes actuels sont des portraitistes. Lyne Filion fait surtout de très expressifs portraits de petites filles. Ses tableaux mettent tout l’accent sur le personnage. Dany Aubé, quant à elle, présente une vision très personnelle de la peinture. Certains de ses tableaux ont même des allures byzantines grâce à l’ajout de bijoux. Un fini verni leur confère une grandeur certaine. Les expositions n’ont pas toutes eu lieu sans esclandre. Ainsi, l’artiste Denis Miron a eu l’idée de brûler la moitié des œuvres de son exposition : celles portant sur les mauvaises actions du gouvernement Couillard. « C’est vers un feu de joie du 24 juin que les œuvres furent transportées une à une, tels des tombeaux, par de nombreux porteurs, pour y être purifiées par le feu », explique M. Gagné.

Voilà des questions tordues, n’est-ce pas ? Tout cela : sentir la vie qui respire, s’ébat et foisonne, tout cela n’a pas de prix. Mais qui peut s’offrir toutes ces douceurs ? Ça demande la paix et peu de tracas pour prendre le temps de le prendre. Puis, cela s’entend : on ne peut donner une valeur chiffrée à ce qui ne se monnaye pas. Et le temps de travail, celui qui se monnaye, combien vaut-il ? Combien vaut une heure passée derrière un comptoir à servir les clients ? L’heure à faire le ménage des chambres de l’hôtel ? Le salaire minimum, vous me direz ! Le salaire très minimum, je répondrai ! Imaginez, avec un tel revenu (10,75 $/heure), une personne n’arrive pas à vivre au-dessus du seuil de faible revenu (environ 21 400 $/an). Il y a des tas de gens, dans la région, qui travaillent 35 heures par semaine et doivent demander l’aide des comptoirs alimentaires pour finir les mois. Aux États-Unis, on les appelle working poors car ils sont pauvres malgré le fait de travailler. Alors, un salaire minimum qui donnerait le temps de respirer, de se faire moins de soucis, n’est-ce pas le minimum pour qui que ce soit ? On parle de 15 $ de l’heure comme c’est là. « Mais c’est de la folie, c’est très mauvais pour l’économie ! » répondront les conservateurs. Parce que faire l’épargne du stress, de la pauvreté et du mauvais partage des richesses ne serait pas bon pour l’économie ? N’y a-t-il pas lieu, alors, de s’interroger sur la valeur d’un système injuste qui achète le temps, les gènes et les esprits ? C’est la question que je pose. Mais, c’est bien entendu qu’elle vaut ce qu’elle vaut… \\

Pourquoi choisir pour vous afficher?

LE PETIT PRINCE ET SA MAMIE DANY AUBÉ

Du côté des activités alimentaires, les vendredis soirs et les dimanches matins sont très occupés. L’équipe du bistro insiste sur la propreté, l’accueil, la beauté des aliments et la qualité du service. Lise Alarie, « la directrice humaine des ressources », comme l’appelle affectueusement M. Gagné, supervise la cuisine et est responsable des bénévoles pour toutes les activités. Les bénévoles sont quant à eux répartis en 16 comités s’occupant de la promotion, de la direction artistique et des divers projets. Cet été, des projets étudiants ont amené la création de plusieurs emplois. Grâce à ses revenus ou à des subventions, l’organisme a pu acheter l’édifice de la Caisse Desjardins afin d’en faire un centre administratif et participer à l’amélioration du parc Harricana. De même, ils transformeront une pièce du sous-sol du bistro pour en faire une chambre froide. Mais M. Gagné insiste pour dire qu’« ils ne sont pas propriétaires et que tous les bâtiments améliorés reviendront à la Ville de Val-d’Or lorsque Vision Vassan cessera ses activités ». « Nous sommes un organisme sans but lucratif », mentionne-t-il. En résumé, M. Gagné souligne que l’objectif principal pour le futur est de maintenir vivant ce lieu de rencontre afin de dynamiser la communauté. N’est-ce pas qu’un tel organisme a sa place dans le monde ? \\

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LE journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue

4 L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016

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TêTE CHERCHEUSE

Retour sur la Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda

Le public ? Quel public !

Les gars et l’égalité

// Fednel Alexandre

La 8e édition de la Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda s’est clôturée ce samedi 15 octobre à L’Écart, lieu d’art actuel avec les performances de Ola Maciejewska (Paris/ Pays-Bas), de John G. Boehme (Victoria) et de Terrance Houle (Calgary), suivis d’un concert du duo Mingo L’Indien et Nunu Métal. Comme on l’aura compris, les artistes qui se sont produits lors de cette dernière édition débutée le 12 octobre reflètent la diversité et la richesse de la programmation. Indisponible pendant les trois premières soirées, je n’ai pu assister qu’à la dernière. À défaut de pouvoir faire une critique objective et pertinente des performances des artistes, parce que je n’y ai pigé que dalle, je vais livrer ici mes impressions sur le public, authentique et hétérogène, qui fourmillait à L’Écart. Car debout contre le mur, j’ai promené mon regard sur ces visages radieux et j’ai décidé d’assister à une performance dans la performance.

// Dominic Ruel

J’ai été surpris, vous le serez peut-être aussi, d’apprendre que le 19 novembre se tient la Journée internationale des hommes. Depuis 1997. Ça passe sous silence, cette date-là. Contrairement au 8 mars, celle des femmes : pas d’affiches dans les écoles, pas de processions, pas de slogans, pas de Françoise David, ni de ministre ou de représentante d’organismes subventionnés. Est-ce à dire que les hommes n’ont pas besoin de leur journée ? Qu’ils n’ont pas à lutter contre certaines discriminations ou difficultés de santé, tant physiques que psychologiques ? Au contraire. Et les chiffres le prouvent. Comme ça, en vrac : •

75 % des itinérants sont des hommes Leur taux de suicide est trois fois plus élevé Les deux seules maisons au Québec pour hommes victimes de violence conjugale et pères en détresse ne reçoivent aucune subvention de l’État 11 % moins d’hommes sont diplômés à 24 ans 4 % des hommes sont victimes de violence conjugale. Un chiffre semblable aux femmes, selon Statistique Canada.

Inventé au début du 20e siècle par les dadaïstes, une bande de joyeux énergumènes à l’esprit mutin et irrévérencieux, l’art performatif sollicite le corps du performeur pour créer l’œuvre, éphémère, absurde, dérangeante, anticonformiste. Le corps en action ou en situation devient œuvre d’art le temps de la performance. Ce qui frappe dans les performances, c’est que les performeurs font tout et n’importe quoi, ce qui évoque l’esprit dada. Celles qu’on a vues samedi soir n’ont pas échappé à la règle. Cela peut choquer, déranger, déstabiliser, mais aussi émouvoir, Courtoisie transformer, surprendre. De tous ces verbes, j’ignore lequel utiliser pour exprimer ce que le public de L’Écart a ressenti samedi soir, mais j’ai observé qu’il était présent, réceptif, bienveillant, respectueux et que sais-je !

De vrais problèmes, que Gilles Rondeau avait analysés avec son groupe : « Les préjugés sont tenaces et les difficultés vécues par les hommes sont souvent mésestimées ou ignorées. » En 2004. Un rapport sérieux, mais aussitôt tabletté par le gouvernement. Au grand soulagement d’ailleurs de groupes de femmes de toutes sortes. Allez lire sur le site Sisyphe, tapez Rondeau. Le verdict : les hommes s’inventent des problèmes :

C’est que le public de Rouyn-Noranda chouchoute les artistes, qui le lui rendent bien. Avant la première performance de samedi soir, certains spectateurs fumaient une dernière clope en papotant sur le trottoir. D’autres, plus nombreux, bavardaient à l’intérieur, en buvant du vin et de la bière. Geneviève et Matthieu, en hôtes respectables qui savent vivre, papillonnaient pour s’assurer que tout était correct, distribuant un mot gentil, deux bisous, une poignée de main et une tape dans le dos. Aussitôt le signal donné par l’animateur de la soirée, le public s’est dirigé dans la grande salle du fond tandis que la performeuse entrait en scène. Il y a eu ce silence ouaté et enveloppant, et on pouvait entendre le souffle saccadé de la performeuse caresser la salle. Le public s’est accroché à chaque mouvement de la performeuse dans une attente progressivement remplie par le déroulement d’un tissu noir. La performeuse, sortie de son rôle, lui a donné le signal, avec un sourire reconnaissant, et les applaudissements, sincères et chaleureux, ont fusé. Le public n’a pas dérogé à ses bonnes manières durant le reste de la soirée, riant de bon cœur quand c’était nécessaire, se montrant magnanime, admiratif, attentif.

Comme si les gars avaient le monopole de la victimite ! C’est le discours nouveau de plusieurs lobbys féministes. Pour eux, ça marche ! Sortez une statistique, souvent remise en question, comme « une femme sur trois est victime de violence », et vous aurez tout un système d’aide à l’échelle du Québec. C’est le désert pour les hommes en détresse ! Peu de filles se tournent vers des métiers dits masculins ? Faisons un concours scolaire ! Mais rien n’est fait pour attirer les hommes dans l’enseignement ou les soins hospitaliers. Les grands conseils d’administration et les gouvernements sont majoritairement masculins ? Sortons des cartons l’idée de la parité, inversons la discrimination (nous l’appellerons positive pour l’occasion), mais ne la proposons pas pour l’armée, les mines ou la pêche en haute mer !

Ce public connaît la valeur de l’art et lui témoigne un grand respect. Il va à la rencontre des artistes et des œuvres, les bras tendus, le cœur ouvert. On ne sort jamais indemne d’une rencontre avec une œuvre artistique ou littéraire. Moi, hier soir, je suis sorti de ma rencontre avec le public de Rouyn-Noranda changé. C’est à croire que ce public est une œuvre d’art. \\

Les auteurs transforment des discours en « réalités » et des revendications en « besoins ». À force de répéter de fausses évidences émerge une problématique de « condition masculine ». C’est la prophétie créatrice. Il n’y a donc pas de « condition masculine ». C’est une vue de l’esprit, un mirage, à coups de statistiques tronquées et de mauvaises interprétations des faits. Il n’y a que des hommes irresponsables, lâches, qui ne savent pas demander de l’aide.

On peut ironiser jusqu’à demain, mais il reste qu’une véritable politique d’égalité, c’est s’attaquer à la fois aux problèmes des femmes ET des hommes. Et sortir des schémas binaires victimes-oppresseurs, ou opprimés-privilégiés. L’égalité n’a pas de sexe. \\

L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016 5


DANSE

Audrée Juteau : une création chorégraphique avec en arrière-plan Lewis Carroll // Fednel Alexandre

La chorégraphe-interprète Audrée Juteau, originaire de Val-d’Or, y présentera un extrait de sa nouvelle création, Les Strange strangers, le 4 novembre prochain. La pièce intégrale prendra ensuite l’affiche au Théâtre Tangente, à Montréal, du 9 au 12 mars 2017. Les Strange strangers se crée à partir de grandes toiles et d’objets hétéroclites disséminés sur la scène et sera interprétée par le duo Audrée Juteau et Nathan Yaffe. Outre les deux interprètes, le compositeur multi-instrumentiste Michel F. Côté fait partie de l’équipe de création.

PHOTOS : Natasha Thomas

Cette création se veut avant tout une performance pour favoriser chez le spectateur l’émergence de nouveaux états affectifs, pour lui permettre de voir les objets de son environnement différemment, pourvus d’une âme. Dans cette perspective, elle remet en question le rapport utilitariste et inégalitaire que l’être humain entretient avec les objets. Ainsi, par analogie, la chorégraphe entend moins imposer sa volonté dans sa démarche de création que de la laisser émerger. Selon la chorégraphe, cette décentralisation dans la création permet de s’ouvrir et de se laisser guider vers de nouveaux univers. C’est une façon pour elle de se laisser surprendre. Elle a déjà expérimenté cette démarche dans ses deux dernières

créations en travaillant avec un chien, considéré comme un performeur à part entière, c’est-à-dire capable, autant que ses partenaires de scène humains, d’interagir avec le spectateur, de l’émouvoir. Par sa façon de s’inscrire dans le temps et dans l’espace, le chien a permis à l’artiste d’explorer de nouveaux univers chorégraphiques inattendus. Ainsi, l’artiste, tout en plaçant cette nouvelle chorégraphie dans la même veine que les deux précédentes, veut pousser l’expérimentation plus loin en considérant les objets pourvus du pouvoir d’émouvoir. Elle entend créer les conditions permettant au spectateur de percevoir l’espace en train de s’animer dans son rapport avec les danseurs. Le spectateur sera invité à se laisser transporter dans un univers où les humains et les objets, mis sur un même pied d’égalité, se côtoient dans une grande indissociabilité. Afin d’atteindre ce résultat, la chorégraphe intègre une technique d’autohypnose dans sa démarche de création. Cette technique consiste à se représenter les objets de son environnement animés grâce à de petits textes hypnotiques. Elle crée ainsi un certain état de réceptivité et d’étrangeté des objets environnants, le spectateur se trouvant dans un rapport inversé au monde qui l’entoure. Cette perception altérée du monde favorise l’émergence d’un nouveau matériel chorégraphique et relève de l’animisme, croyance caractéristique de certaines pratiques religieuses telles que le vaudou. La démarche artistique de la chorégraphe tisse des liens serrés également avec le conte Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. En effet, dans le conte, Alice développe un rapport inversé à son environnement alors qu’elle se retrouve au fond du terrier du lapin blanc. Elle se métamorphose, grandissant, rapetissant ; et les objets finissent par prendre le rôle principal. À la manière du conte, l’artiste crée un univers dans lequel le spectateur peut s’abandonner à une douce rêverie le temps d’une chorégraphie. C’est un défi que se lance l’artiste qui, comme un funambule, se livre à une véritable performance. En effet, Audrée Juteau considère que son travail se situe à la frontière entre la danse et la performance. Elle entend sortir des cadres préétablis afin de donner libre cours à son imagination et d’utiliser les moyens qui lui sont offerts pour nourrir et développer ses idées. En tant qu’artiste, sa principale préoccupation consiste à créer une expérience affective et sensorielle partagée entre le spectateur et les performeurs. Installée à Montréal en 1996 pour poursuivre ses études, d’abord à l’école Pierre-Laporte, puis à l’EDCM, Audrée Juteau détient une maitrise en danse de l’UQAM. Elle a entrepris une carrière de chorégraphe professionnelle en 2008 en réalisant des créations collectives avec le groupe The Choreographers. Outre ses travaux en tant que chorégraphe, elle mène une importante carrière d’interprète et a collaboré, depuis 2003, avec, entre autres, Sonya Biernath, Jordi Ventura, la fondation Jean-Pierre Perrault, la compagnie Bouge de là d’Hélène Langevin et la chorégraphe Deborah Dunn. Les Strange strangers marque une étape charnière de sa carrière de chorégraphe. C’est un important projet étalé sur une plus longue durée et mobilisant un plus grand nombre de collaborateurs. Plusieurs institutions, dont le département de danse de l’UQAM, Studio 303 et Vermont Performance Lab, en soutiennent financièrement la réalisation.\\

> audreejuteau.com > vidéo promotionnel Les Strange strangers : vimeo.com/182088268

6 L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016


DANSE

Exposition Amalgame de Julie Lemire

Place au tango !

Le mélange qui crée de la beauté

// Rym Bellouti

Le tango argentin devrait s’installer en Abitibi en janvier 2017 ! C’est à Amos qu’il élira pied à terre, à l’école La Classe de danse. Des cours de niveau débutant pourront être offerts dès le début de l’année. La Classe de danse a été fondée il y a 4 ans par Marie-Andrée Thibault et Sophie Beaupré. C’est cette dernière qui porte avec passion le projet d’enseigner le tango dans la région, avec l’objectif de créer une communauté qui se rassemblera lors d’évènements dansants réguliers. Selon les propos de Mme Beaupré, le tango est une danse dynamique et sensuelle, porteuse d’une tradition. Elle incite à l’écoute, les sens aiguisés, de deux danseurs dans une rencontre intime. Il y a dedans une lenteur qui dit que nous avons le temps, une douceur obligée dans l’étreinte, une complicité du guideur qui propose et de la guidée qui reçoit. Mme Beaupré est attirée par le tango parce qu’elle trouve que cette danse convient à sa personnalité. Elle estime avoir l’audace de dire « j’aime le tango et je veux vous l’apprendre ». Elle ajoute que les artistes de la région sont intrépides et contribuent grandement au développement culturel de l’Abitibi-Témiscamingue.

COURTOISIE

La pédagogie de Mme Beaupré et la confiance que son milieu lui accorde sont des atouts pour la réalisation de son projet. La première étape sera de suivre une formation intensive de la mi-octobre à janvier 2017, au sein de la Tangueria, école de tango montréalaise. C’est auprès des danseurs Laura Éva Steinmander et Paul Montpetit que l’Amossoise apprendra les pas de la danse aux origines latine et africaine. Au programme de sa formation, le guidage sera une priorité et devrait faciliter l’assimilation des pas féminins… D’ailleurs, pas de femme ou pas d’homme, peu importe, puisque Mme Beaupré s’attend à recevoir des préceptes avec une approche contemporaine qui fait place au concept de tango queer. Au-delà de tout, notre danseuse a la ferme intention de s’approprier le tango avant de le transmettre, comme elle l’avait fait avec le flamenco qu’elle enseigne depuis 9 ans. Elle compte faire immersion dans le milieu effervescent du tango à Montréal. Madame sera servie, car le tango se danse tous les soirs dans la métropole. « Ma trentaine a été flamenco et ma quarantaine sera tango ! » s’exclame Mme Beaupré, exprimant ainsi le sens de sa démarche. La professeure nous confie qu’elle rêve depuis 10 ans d’enseigner cette danse. Elle trouve qu’enseigner est, en région, la meilleure façon de comprendre une danse et de la pratiquer activement. Désireuse de collaborer pour la réussite de son projet, elle est à la recherche d’autres professeurs que ceux de son école, ou d’autres artistes intéressés à contribuer à l’importation du tango chez les Témiscabitibiens.

Crédit : Mathieu Dupuis

ARTS VISUELS

Le tango avait brièvement visité La Sarre et Rouyn-Noranda en 2013, sous forme d’ateliers et de spectacles organisés par nous-mêmes, amatrices de tango. L’initiative avait moyennement réussi, faute d’assez d’élèves et d’un professeur sur place. Bientôt, avec une professeure implantée à Amos et une école ayant déjà ses élèves, le Tang’Abitibi aura de beaux danseurs et vivra heureux jusqu’à la fin de la chanson ! \\

Crédit : Mathieu Dupuis

www.rouyn-noranda.ca

// Joséane Toulouse

Connaissez-vous Corno ? Ses visages colorés me sont revenus en tête lors de l’exposition Amalgame de Julie Lemire au Centre d’art Rotary de La Sarre, qui se tient du 29 septembre au 6 novembre. Quel sens des couleurs, de la lumière et du mouvement ! Il faut contempler cet amalgame de techniques – collages et peinture – et ce mélange de figuratif et d’abstrait.

IMPASSIBLE de JULIE LEMIRE

Julie Lemire, native de Rouyn-Noranda et fille du peintre Norbert Lemire, cultive son amour de l’humain et des ambiances dans cette exposition où chaque personnage se superpose à un environnement abstrait. Vous ne manquerez pas, tout comme la centaine de spectateurs présents au vernissage, d’être bouleversé par Expectative, une œuvre où le rouge et le doré nous révèlent que le calme peut cohabiter avec la tempête. Vous serez incité à la danse avec  Flamenco à Rio. Et vous ne pourrez vous détacher d’Impassible, où une jeune femme accroupie se juxtapose à un univers de plumes et de collages.

Vous pourrez même vous extasier devant les tableaux exclusivement abstraits qui semblent exploser pour nous ravir les yeux. Certains y verront des fleurs, d’autres y verront l’éclosion d’un monde nouveau. Tous s’entendront pour dire que Julie Lemire excelle autant dans les visages et les corps essentiellement féminins que dans le non-figuratif. Lorsqu’on demande à la peintre ce qui l’inspire, elle répond : « Tout m’inspire ! J’ai du mal à écouter un film ou à aller me balader sans décortiquer la lumière, l’atmosphère d’une scène, les couleurs […]. Je ne me repose jamais ! » Pour Julie Lemire, qui a travaillé l’illustration pendant près de quinze ans, s’éclater avec des personnages et des papiers orientaux est une façon de réinventer l’aspect graphique de ses œuvres. Et pourquoi crée-t-elle  ? Pour que ses mystérieux tableaux à la touche sensuelle trouvent un sens propre à chaque spectateur. Et, surtout, dit-elle, parce que « c’est en moi depuis toujours. C’est viscéral. Ce n’est pas tant le désir de communiquer quelque chose, mais un besoin intrinsèque, comme respirer ou manger. Je me sens en harmonie avec moi-même quand je peins ». \\

> julielemire.com > vidéo promotionnelle de l’exposition : vimeo.com/185639823

Crédit : Louis Jalbert

Crédit : Mathieu W. Pelletier

villederouynnorandaofficiel L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016 7


THÉÂTRE

HABITER LES TERRES : L’ŒUVRE ET LA CAUSE // Stéphanie Fortin

Marcelle Dubois, depuis ses études en création littéraire, s’investit dans différents projets culturels en tant qu’auteure, metteuse en scène et directrice artistique. La région la reçoit cet automne comme auteure avec la pièce Habiter les terres, une fable politique qui soulève des enjeux bien réels en Abitibi-Témiscamingue. D’entrée de jeu, Marcelle Dubois avoue qu’elle a une obsession pour les thèmes de l’identité et du territoire. De quelles façons notre territoire nous alimente et nous façonne-t-il ? Originaire de Notre-Dame-du-Nord au Témiscamingue, Marcelle fait remarquer que son art est teinté de l’environnement qui l’a vue grandir : le changement marqué des saisons, les horizons qui ne finissent plus, les parties de chasse aux grenouilles, tout ça se retrouve dans son écriture, son choix de mots, ses thèmes, son imaginaire.

projet est assurément mû par un désir à la fois poétique et politique. Celles et ceux qu’elle y rencontre sont quant à eux habités d’un profond sens civique, d’une fierté si grande, parfois enragée, qu’elle permet à un espace lointain de vivre, de prendre forme grâce à des initiatives et projets citoyens. Toutes ces rencontres se concluent toujours par la même question : « Et pour vous, ça veut dire quoi, habiter les terres ? » Aux termes de l’expérience, la matière s’avère abondante et inspirante !

La pièce Riche du matériel récolté, Marcelle Dubois opte finalement pour la fiction, ce qui permet d’agrandir le champ des possibles, et se tourne vers le théâtre pour livrer son œuvre. Habiter les terres est d’abord présenté au Théâtre des Écuries, à Montréal, à l’hiver 2016. La pièce revient tout juste de France, à Limoges, où bien des interviewés du projet y reconnaissent leur parole. La pièce fut présentée en région en octobre et poursuit sa route à Val-Morin dès le 9 novembre. Critique de société ? Message d’espoir ? « Habiter les terres se veut une volonté et une exploration des contre-pouvoirs. Que reste-t-il pour se faire entendre après les manifestations, les pétitions, les lettres ouvertes ? Il reste le contre-pouvoir, la poésie », croit Marcelle Dubois.

La démarche Le projet Habiter les terres débute d’abord, en quelque sorte, par une enquête anthropologique. L’artiste parcourt les racoins de région, va rencontrer des gens attachés à leur territoire, ici, en Abitibi-Témiscamingue, et aussi dans le Limousin, en France. Une sorte de retour aux sources, question de les confronter à l’idéal romantique qu’elle s’en faisait, enfant. Qu’est devenue cette terre des possibles dans un contexte d’austérité où le Conseil du patronat du Québec recommande au gouvernement de réallouer les budgets consacrés aux municipalités dévitalisées à la relocalisation des ménages qui y vivent ? Démarche documentaire ou de fiction, ce n’est pas clair à ce moment, mais le

Eugene Holtz

Coproduite avec le Théâtre du Tandem et avec une distribution à moitié régionale – on y retrouve les actrices et acteur Odette Caron, Julie Renault et Stéphane Franche –, la pièce de Marcelle Dubois cohabite réellement avec les terres de l’Abitibi-Témiscamingue. \\

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8 L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016

du lundi au vendredi, de 8 h à 20 h.


un immigrant nous regarde

THÉÂTRE

Une production du Théâtre de la Loutre

Bowling… Un abat de rires sans réserve ! // Dominique Roy

Ce sont les 24, 25 et 26 novembre que Joanne Bergeron, Maude Allain, Andrée-Anne Gingras, Claudine Desjardins, Fannie Poulin, Mathieu Bourque, Francis Prud’homme, Pierre Giaro et Sébastien Charette fouleront les planches du Rift pour présenter Bowling, une pièce de théâtre humoristique écrite par Josée Fortier et mise en scène par Réal Couture.

La pièce L’action se déroule dans une salle de quilles au décor sorti tout droit d’une autre époque, celle où les machines automatiques n’existaient pas et où ce « sport » connaissait la gloire à Radio-Canada, les dimanches après-midi, à l’émission L’Heure des quilles. Roger, le propriétaire de la salle de quilles Tremblay, a deux semaines pour rembourser Nick, envers qui il a une dette de jeu de 100 000 $. Si le montant n’est pas remboursé, Nick deviendra propriétaire des lieux et transformera le tout en condos. Roger s’associe à Marie, jeune diplômée en administration et en lettres. Ensemble, avec la complicité de Rita, Louis et de nombreux autres personnages, tous plus drôles les uns que les autres, ils tenteront tous les coups inimaginables pour sauver la salle.

La mise en scène Malgré toute l’expérience qu’on lui connait, Réal Couture avoue qu’il y a toujours des défis liés à la mise en scène. « Dans le cas de Bowling, le plus grand d’entre eux est sûrement de réussir à rendre crédible près d’une trentaine de personnages interprétés par uniquement neuf comédiennes et comédiens. « C’est déjà complexe d’entrer dans la peau d’un seul personnage et de bien l’incarner, c’est tout un tour de force d’en interpréter trois ou quatre. L’autre défi, puisque nous sommes des amateurs, c’est de bien utiliser sa voix, sa mimique, son corps dans la création des personnages », explique M. Couture.

L’essentiel // Fednel Alexandre

Le consumérisme aidant, nous nous encombrons non seulement de ce qui rend notre vie plus confortable, tel qu’un four à micro-ondes, un grille-pain et un frigo, mais aussi de tout le superflu que la publicité et la compulsion nous commandent de nous procurer. Ainsi, nous nous retrouvons avec quatre téléviseurs, que nous avions allumés seulement au moment de leur installation, cinq voitures, que nous entreposons dans un garage chauffé, une maison avec une demi-douzaine de lits dans lesquels nous ne dormirons jamais. Pour cela, nous nous aliénons à cause de cette arnaque appelée « le travail » - du latin tripalium, accessoire à trois branches que ces barbares de Romains utilisaient pour torturer leurs esclaves, mais présentée comme parangon de liberté - et nous oublions de profiter de l’essentiel. Pourtant, la vie nous enseigne la fatuité des biens matériels, et nous savons bien que celui qui leur court après se précipite vers la perdition. Mais nous sommes des oublieux. La mort se charge toutefois de nous le rappeler. Au moment de ce grand voyage, nous partons dans le plus pur dénuement, laissant les fruits d’une vie de dur labeur derrière nous. Nous n’emportons rien, sauf quelques secrets peut-être. Il faut donc partir pour apprendre à vivre, pour revenir à l’essentiel. Certains partent avec un sac dans lequel ils fourrent l’essentiel : quelques vêtements, un drap, des livres, des photos et des documents officiels. D’autres partent avec une brosse à dents et une paire de chaussures pour aller apprendre à lire à des enfants dans un bidonville en Haïti ou creuser un puits dans la brousse africaine. D’autres encore partent sans passeport, sans carte d’embarquement, sans destination précise. Ils marchent des centaines de kilomètres, rampent sous des barbelés, s’engouffrent dans des cales de bateau. Pour eux, il n’y a rien d’essentiel, sinon leur vie que, malheureusement, ils perdent souvent. C’est le cas de tous ces réfugiés qui fuient les bombes, les bombardements, les attentats, la misère, la famine. Ceux qui parviennent à s’en sortir s’offriront notre petit confort avec un frigo, un grille-pain et un four à micro-ondes. Ils en voudront un peu plus. Ils travailleront dur pour se procurer une grosse maison, quatre téléviseurs et cinq voitures entreposées dans un garage chauffé, oubliant de profiter de l’essentiel. Ainsi ira le monde jusqu’au jour où nous apprendrons à vivre autrement. À compter de ce jour-là, le monde ne sera plus le même.\\

Un passionné de théâtre Impossible de parler de Réal Couture sans mentionner son implication toujours aussi fidèle dans le domaine. L’homme de théâtre parle avec fierté de sa présence à la Fédération québécoise du théâtre amateur en tant que membre du conseil d’administration depuis 1997 et à la présidence depuis 2012. En s’engageant à la FQTA, il s’était fixé des objectifs qui, aujourd’hui, font partie de ses plus belles réalisations. La mise sur pied du Gala des Arlequins en est un très important. Visant essentiellement à récompenser les passionnés de théâtre amateur, l’événement est entièrement géré à partir du Témiscamingue et nécessite l’analyse d’une soixantaine de productions venant d’une quarantaine de troupes québécoises. En 2017, l’événement célébrera son 10e anniversaire. Des états généraux sur le théâtre amateur faisaient aussi partie de ses objectifs. Mission accomplie pour M. Couture puisqu’ils ont eu lieu en 2015 et ont permis de doter le théâtre amateur québécois d’une planification stratégique pour les cinq prochaines années. Ses 40 ans d’implication dans le milieu culturel ne laissent personne dans l’indifférence. Le 6 octobre dernier, c’est avec beaucoup d’émotions qu’il a reçu la Médaille de l’Assemblée nationale du Québec visant à souligner son engagement. En terminant, M. Couture invite la population au Rift en novembre prochain pour une partie de Bowling qui sort de l’ordinaire. « Nous espérons propager le plaisir que nous avons eu lors des répétitions. Notre théâtre en est un de divertissement et c’est toujours passionnant d’aller à la rencontre du public et de sentir son plaisir de nous voir évoluer sur scène avec nos erreurs, bien sûr, mais surtout avec cette énergie qui se dégage de chacun de ces comédiennes et comédiens d’un soir. » \\ L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016 9


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10 L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016

2016-09-02 12:05 PM


IMPROVISATION

ENVIRONNEMENT

Critique sociale d’une citoyenne conscientisée

Je ne serai peut-être jamais un maître en impro...

Un geste à la fois JEAN CARON

// Jacinthe Chateauvert

Stéphanie Roy

// Réjean Lavoie

Ça fait maintenant plus de 10 ans que je fais de l’impro. Cet été, j’ai longuement macéré l’idée de délaisser mes vieilles pantoufles à la SIR-N pour me remettre en danger. À la venue de la période de recrutement des ligues cet automne, ma décision était prise. Marjorie et moi, nous avons choisi de nous pointer le nez peu avant la fin du camp de la Sale ligue d’improvisation (SLI) à La Sarre. En parallèle, un autre vétéran de l’impro rouynorandienne avait eu le même éclair de génie. Quelques jours plus tard, chacun de nous avions reçu un chandail d’une couleur différente. En ce qui me concerne, c’était l’occasion de renouer avec une coéquipière extraordinaire : joueuse Roy. J’ai connu Stéphanie à la SIR-N alors qu’elle et Mathieu Poirier se cachaient dans l’ombre des joueurs talentueux qui formaient Mascarade. Quelques mois plus tard, Steph et moi amassions tout ce qu’il y avait de trophées liés à l’esprit d’équipe avec Multi-Boîtes tandis que Mathieu remportait « meilleur compteur », puis la Coupe avec les fameux Klaxons. D’année en année, ces deux-là n’ont cessé de s’améliorer et d’évoluer ensemble au point d’aller fonder une famille et de créer une toute nouvelle ligue à La Sarre : la SLI. Ça fait 5 ans déjà...

Depuis 2014, plusieurs financements d’organismes régionaux se sont vus coupés. Le ministère de l’Environnement (MDDELCC) lui-même est l’enfant pauvre du gouvernement avec un budget si minime qu’il semble avoir de la difficulté à remplir ses obligations. Bien sûr, les projets de développement économique doivent respecter les lois et règlements, mais comment s’en assurer s’il manque du personnel au MDDELCC ? Pourtant, c’est une priorité pour le gouvernement ! Des investissements majeurs, par exemple dans des infrastructures sportives, des routes ou des sentiers hors route, sont réalisés en région. Cela se justifie par rapport au développement économique, à la santé et au tourisme. Parfait. En Abitibi-Témiscamingue, si seulement 5 % de ces sommes étaient investis dans des dossiers environnementaux, nous pourrions accomplir de grands défis. Des initiatives pertinentes sont mises de l’avant; par contre, le financement n’est pas assuré. Ces initiatives cherchent à modifier la façon de penser et d’agir par rapport à l’environnement. Cela amène un développement économique différent, une meilleure santé et un potentiel touristique additionnel. Le tout est relié, il suffit de voir cette fenêtre ouverte. Le financement continu de projets environnementaux crée de l’emploi, permet la prise de conscience et la modification des comportements. Mais, malgré la Loi sur le développement durable, malgré tous les règlements, malgré la sensibilisation, les sommes disponibles en environnement sont très limitées. Ça ne permet pas de respecter les engagements, par exemple la réduction des gaz à effet de serre (GES). Pourtant, c’est une priorité pour le gouvernement !

Pour avoir vu aller Steph au CRIME à plusieurs reprises, je savais qu’elle était passée de « joueuse infaillible » à « joueuse de haut calibre », mais la semaine dernière, lors d’un match régulier, j’ai vu tout autre chose. Sur le banc, notre équipe au complet (moi compris) était à court d’idées et personne ne daignait lever le poing pour monter sur l’improvisoire. Quand j’ai croisé le regard de ma capitaine, c’était écrit en gros : « J’ai pas plus d’idée, mais j’en ai vu d’autres pis je vais y aller coûte que coûte. » À ce moment précis, j’ai compris une chose : pour elle, il ne s’agissait pas de se risquer à faire une simple impro, il s’agissait de livrer un spectacle. C’est à cet instant que j’ai réalisé que Steph et Mathieu étaient devenus « maîtres de l’improvisation ».

Faisons appel à nos politiciens fédéraux, provinciaux et municipaux afin de les convaincre d’investir dans les initiatives environnementales, il est temps de passer aux actes. Prenons une bouchée à la fois, posons des actions une à une et à acceptons de modifier nos habitudes. Je continue de croire que nous avons ce qu’il faut pour protéger notre environnement, y vivre paisiblement en y travaillant en sécurité. Sécurité dans plusieurs sens : sécurité au travail, alimentaire, mentale, environnementale... Contribuons au changement à notre façon, commençons par un petit geste chaque jour, ce n’est pas si difficile ! \\

Pour avoir porté quelques chapeaux en impro, je sais reconnaître un(e) maître quand j’en vois. Un maître ne se contente pas d’être un excellent improvisateur... Un maître ne se présente pas à l’impro à la dernière minute pour faire son comique et retourner chez lui tranquille.

Envie de contribuer à la protection de l'environnement? Devenez membre!

Un maître connaît tous les aspects du spectacle. Il arrive à occuper plusieurs rôles à la fois : gérer la ligue, jouer, leader une équipe, arbitrer, faire la technique... Tout cela, avec une patience et une générosité sans borne, arborant le plus grand des sourires. Voilà ce que sont devenus les joueurs Roy et Poirier : des maîtres de l’improvisation. \\

AU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS… ELLE EST ARRIVÉE…

De plus, beau temps, mauvais temps… voyez les expositions : Construire la pluie

Installation de Camille Bernard-Gravel

Centre d’exposition d’Amos 222, 1re Avenue Est, Amos 819 732-6070 exposition@ville.amos.qc.ca Heures d’ouverture mercredi au vendredi Du me de 13 h 30 à 17 h et de 19 h à 21 h Samedi et dimanche de 13 h à 17 h Fermé les lundis et les mardis

Forêt noire

Estampe de Chantal Harvey

Une exposition du Musée canadien de l’histoire réalisée en partenariat avec le Musée J. Armand Bombardier. Grâce au soutien financier du

Peut-être ne verrez-vous plus jamais l’hiver de la même manière! L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016 11


12 L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016


ARTS VISUELS

Exposition Portraits et prose

Les héros du quotidien en prose et portraitS // Nathalie Faucher

Le projet Portraits et prose est une exposition extérieure accessible à tous, sur le sentier J-P-Roland-Fortin, communément appelé la piste cyclable du chemin de l’aéroport. Composée de 20 panneaux représentant des citoyens de Val-d’Or, on y voit « des personnes qui n’étaient pas toujours sous les feux de la rampe, mais des personnes, des modèles, des héros du quotidien », explique Marie-Claude Robert, photographe du projet.

vision personnelle de la thématique tout en s’inspirant des entrevues réalisées sans dénaturer les propos des gens rencontrés. Le texte final, très poétique, est en quelque sorte un point de rencontre entre ces deux réalités. Le projet est la 4e exposition à prendre place sur ces panneaux depuis juin 2015. « La première exposition, qui nous a amenés à mettre en place des supports extérieurs, est Regalia, des artistes Roland Lorente et Aline Saffore. Nous souhaitions à ce moment-là intervenir dans l’espace public urbain avec une proposition venant mettre en valeur la culture autochtone. » L’idée de faire des interventions hors les murs traditionnels de nos institutions culturelles est une grande tendance de démocratisation de l’art à laquelle la Ville croit beaucoup. Elle fait partie des objectifs de la politique culturelle municipale de susciter des contacts entre les citoyens et les diverses formes d’expression artistique. « Intégrer l’art dans l’espace quotidien du citoyen est une excellente façon à la fois d’embellir notre milieu, mais également de favoriser l’éveil à la création », soutient Geneviève Béland. Ces 20 réflexions en mots et en images sont le résultat de ces rencontres. Les panneaux, tantôt dynamiques, tantôt émotifs, reflètent tous le travail tout en finesse des deux artistes. L’exposition sera en place jusqu’au printemps 2017, une façon originale pour la population d’allier sport et culture. Bien que toutes soient des personnalités de divers horizons, quel est le point commun entre chacune d’elles, selon les deux artistes ? La passion et l’engagement. Tous et toutes, au fil des conversations, ont prononcé ces mots. La meilleure conclusion est cette réflexion de Bruno : « Finalement, peut-être est-ce la passion et l’engagement qui rendent les gens si extraordinaires ? » \\

NATHALIE FAUCHER

« Le projet est issu du plan d’action lié à l’entente de développement culturel 2016 intervenue entre le ministère de la Culture et des Communications et la Ville de Val-d’Or, souhaitant dans le cadre de CULTURAT mettre en valeur, à travers une exposition littéraire, des citoyens valdoriens inspirants. L’objectif sous-jacent était notamment de stimuler l’identité locale et l’appartenance en identifiant le citoyen comme acteur principal du développement de la collectivité », affirme Geneviève Béland, animatrice culturelle de la Ville de Val-d’Or. Pour ce faire, elle a fait appel à Marie-Claude Robert, photographe, et Bruno Crépeault, écrivain. Ce projet était le premier sur lequel les deux artistes travaillaient conjointement. « On se connait bien, on partage les mêmes locaux, mais c’est la première fois que l’on fait un projet de pair », souligne Marie-Claude. Le petit groupe de travail s’est d’abord rencontré afin de déterminer les thématiques et ensuite le choix des citoyens qui représenteraient bien ces dernières. « Certains des citoyens ont été choisis par le comité, mais nous avons également fait des appels au public via le Facebook de Val-d’Or en Art. Nous demandions de nous suggérer le nom de personnes extraordinaires qui étaient peu connues », indique Bruno. Ils désiraient mettre en lumière des personnes à qui on ne pense pas tout de suite, puisque le but était de faire ressortir ces héros du quotidien. Dès le mois de mai, les deux artistes se sont déplacés à la rencontre de chacune de ces personnes. Ils désiraient avoir l’occasion de discuter avec ces gens, de prendre le temps de les rencontrer, de découvrir leur individualité et leur réflexion le temps d’une entrevue dirigée par Bruno. Par la suite, Marie-Claude prenait quelques clichés représentatifs de chaque personne dans le lieu de son choix. Ces rencontres ont permis aux artistes de vivre des moments uniques empreints de découvertes et d’authenticité. Des personnes les ont touchés, étonnés, inspirés. Le pionnier, l’activiste, les jeunes ne sont que des exemples puisque finalement, tous avaient cette étincelle dans les yeux qui a rendu ces rencontres inoubliables, estime Bruno. Marie-Claude confie quant à elle avoir été profondément touchée d’écouter l’infirmière lui livrer sa vision du métier aujourd’hui. Loin d’être un résumé journalistique ou un curriculum vitæ de la personne choisie, chacun des textes des panneaux était un défi pour Bruno. L’auteur désirait exprimer sa

À surveiller, la maison d’édition jeunesse Les Éditions Z’ailées organise cet automne divers concours pour souligner son 10e anniversaire.

41 e éd ition 25 au 28 ma i 20 à Rouy n-Nora 17, nda. L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016 13


LE MONDE SELON MODÈRE

RÉGION INTELLIGENTE

L’île aux pirates // Michel Desfossés

Birgitta Jonsdottir sera peut-être au moment de lire ces lignes la nouvelle première ministre de l’Islande. C’est en écoutant l’émission La Sphère sur ICI Première chaîne que j’ai entendu pour la première fois parler du personnage et du programme de sa formation politique.

Intéressants et islandais. Un portrait s’impose. La présente chronique sera donc musicalement assaisonnée par la pièce Olsen Olsen du groupe Sigur Rós. Bon. L’Islande, petit pays atypique de 300 000 habitants, a précipité ses élections législatives après avoir montré la porte à son premier ministre éclaboussé récemment par les fameux Panama Papers. L’Islande, cette île de l’Atlantique Nord de 100 000 km2 n’en finit plus de nous surprendre. Après la crise financière de 2008, elle avait mis en tutelle ses banques, emprisonné leurs présidents et desserré l’étreinte de celles-ci sur les ménages endettés, rien de moins. En dedans, les bandits à cravate !

Birgitta Jonsdottir, présidente du parti Pirate Islandais PHOTO : COURTOISIE

Un parti pirate au pouvoir ? Birgitta Jonsdottir est poétesse, peintre et présidente du parti Pirate islandais. Parti Pirate ? De kessé ? Le jeune mouvement des partis Pirates se veut présent dans plusieurs pays, surtout en Europe où ils comptent quelques députés. Ils sont une émanation, une volonté de battre en brèche, de hacker le néo-libéralisme. Les Islandais vont-ils innover encore ? Mettront-ils le parti Pirate islandais, qui tutoie les 40 % d’appui dans les sondages, à la direction de leur pays ? Si oui, pourquoi ? Parce qu’ils ne veulent plus voir leurs politiciens engranger du fric, à l’abri du fisc. Justement, les pirates veulent, entre autres, développer une approche de droit numérique protégeant les intérêts collectifs par la divulgation des données financières et bancaires et redonner les données personnelles accumulées sans leur accord à leurs vrais propriétaires, les citoyens. Droit numérique comme dans Droit de la personne.

Quel intérêt pour nous ? Logées sur des logiciels libres (ex. : openstreetmap), les données porteraient aussi sur l’aménagement et le développement du territoire et permettraient de donner accès à des milliers de savoirs traditionnels et techniques. Toute chose utile pour qui veut comprendre et développer son territoire. Cela ne fait pas de doute, les régions-ressources telles l’Abitibi-Témiscamingue sortiraient grandies de l’accès à de telles banques de données. Birgitta Jonsdottir est conceptrice web et présidente du parti Pirate islandais, et le 29 octobre, peut-être aura-t-elle été désignée présidente de son pays. \\

14 L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016


La Ville de Témiscaming se dote d’un nouveau directeur des Loisirs et de la Culture

Quand François Harrisson Gariépy débarque en ville… // Dominique Roy

Après deux ans à la barre de CKVM, la radio du Témiscamingue, le moment était venu pour François Harrisson Gariépy d’apprendre autre chose dans un nouveau domaine. « Quand on m’a offert cet emploi, les poils se sont dressés sur mes avant-bras. Ce poste correspondait vraiment à la nouvelle aventure recherchée », explique-t-il avec fierté. Depuis février, il dirige un groupe d’une douzaine d’employés, gère un budget de 1,5 million de dollars, voit à la bonne marche des activités, services et initiatives. Par le fait même, il est aussi devenu le diffuseur officiel de la salle Dottori. Il étudie alors les propositions de spectacles, environ 300 par année, entreprend des démarches en vue d’amener certains spectacles ou artistes, négocie les contrats d’artistes, entretient des relations avec les agents, met sur pied les stratégies de communication et de marketing, supervise les travaux d’amélioration de la salle et garde le contact avec l’auditoire. Bref, François Harrisson Gariépy ne chôme pas.

Des projets plein la tête En mettant les pieds à Témiscaming, l’homme de 55 ans, qui a eu droit à un accueil des plus chaleureux, avait des objectifs bien précis en ce qui concerne la salle Dottori. « La salle Dottori est la plus grande au Témiscamingue avec une jauge de 500 places. Elle a l’avantage de pouvoir être montée à l’italienne (sièges fixes), en formule cabaret ou d’offrir des spectacles en formule debout », explique le nouveau diffuseur, qui veut exploiter à son maximum toutes les possibilités de ces lieux. Élargir le marché fait aussi partie de ses priorités. La ville correspond à un petit marché de 3000 habitants qu’il souhaite davantage élargir à l’ensemble du Témiscamingue, mais aussi à la région du Nippissing, de North Bay jusqu’à Sturgeon Falls, ce qui correspond à un bassin de 10 000 francophones. Géographiquement, la ville est aussi avantagée, ce qui permet de développer la notion que Témiscaming est une étape intéressante pour la tournée avec l’Outaouais et le nord de l’Ontario. « Il fallait expliquer la chose aux agents, et depuis, cela porte fruit. C’est comme cela que nous avons été en mesure de signer Lisa LeBlanc, Alfa Rococo ou même The Musical Box. »

PERSPECTIV E RURAL E

ALAIN LÉVESQUE DU 24 NOV EMBRE AU 8 JA N VI ER 2 017 C E NT R E D’A RT ROTA RY D E L A SA RRE

M. Harrisson Gariépy souhaitait aussi offrir une programmation plus généreuse et plus représentative de son marché. L’offre est donc passée de 10 à 17 spectacles. Le côté anglophone est aussi bien exploité. « Quand ton marché est à 50 % anglophone, si tu ne proposes que des spectacles en français, tu passes évidemment à côté de la cible. » Bien que la nouvelle programmation ne propose qu’un seul spectacle entièrement anglophone, le stand-up comique Franco Taddeo, plusieurs sont quand même susceptibles de plaire aux deux communautés, comme le show de Musical Box, l’hommage à Supertramp DREAMER, le spectacle bilingue de Lisa LeBlanc, le show country rock de Cory Marquardt et le spectacle de Pascale Picard.

Des résultats concluants À peine quelques mois après son entrée en fonction, déjà, la réaction est positive. Les commanditaires affluent, passant de 3 à 44, la vente de billets grimpe en flèche, et si la tendance se maintient, l’objectif d’amener la salle Dottori au point d’équilibre financier sera atteint bien avant la fin de l’année 2018. Alors que la programmation actuelle suit son cours, les spectacles continuent de se booker pour la prochaine saison. The McCartney Years, un spectacle hommage au 75e anniversaire de Sir Paul McCartney retraçant ses chansons les plus populaires, fera partie des incontournables à Témiscaming puisqu’il sera présenté pour la première fois au Québec. Bref, l’émergence de la salle Dottori est une excellente nouvelle du point de vue de la culture en Abitibi-Témiscamingue. Décidément, elle gagne en notoriété et fait beaucoup jaser. \\

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C’est le rendez-vous par excellence pour tous ceux qui souhaitent dénicher des cadeaux originaux !

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16 L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016

Faire colorer les oignons. Les déposer dans la mijoteuse. Ajouter l’ail émincé, la moutarde, le sirop, le fond de veau, les carottes, le poireau et les herbes de Provence. Laisser mijoter 6 à 8 heures. Une demi-heure avant de servir, délayer la fécule dans un peu d’eau et ajouter au mélange pour épaissir la sauce. Déguster. \\


THÉÂTRE

Productions Côté-Vivand

Le théâtre au service de l’intervention // Louis-Eric Gagnon

Qu’arrive-t-il lorsqu’une travailleuse sociale et un clown croisent leur chemin et mettent leur talent en commun ? C’est ce que proposent Valérie Côté et Sébastien Vivand avec le théâtre d’intervention, au sein de leur compagnie Productions Côté-Vivand. Discussion avec Valérie Côté.

travail des comédiens en soulignant des éléments importants afin de relever le jeu des comédiens. Il faut reformuler pour préciser. On demande au participant si l’histoire concorde avec ce qu’il a vécu, d’où l’appellation « playback ». On recommence au besoin en accentuant sur ce que la personne a voulu spécifier. L’histoire se trouve donc renforcie. Le théâtre doit servir aux gens et ça prend des comédiens sensibles qui ont une grande capacité d’écoute. LEG : Tu disais que le public est gelé, voire intrigué, par ce que vous offrez. Est-ce que c’est la même réaction de la part des intervenants de milieu ? VC : Lorsqu’on offre le théâtre d’intervention comme solution à une problématique, il y a une sorte de peur que ça ne fonctionne pas, que les gens soient trop gênés pour parler. Mais ce n’est jamais arrivé. Sébastien dit : « Le théâtre, ça peut repousser certaines personnes. L’intervention aussi. Un vendredi soir, aller voir du théâtre d’intervention ne semble pas être du divertissement, mais ça l’est. » L’être humain est narcissique. Qui n’aime pas voir sa vie sur une scène ? LEG : De quelles autres façons votre passion pour le théâtre et l’animation se manifeste-t-elle ?

LEG : Le théâtre d’intervention est un théâtre interactif. Comment se démarque-t-il du théâtre traditionnel ou du sketch ? VC : Dans les années 70, Jonathan Fox a créé le Théâtre Playback, qui avait pour but de donner la parole aux communautés. Il y a le côté cour, le côté jardin et le côté vivant. Nous sommes du côté du public. Il n’y a pas vraiment de quatrième mur. On part des histoires du public. Quels sont leurs besoins, leurs attentes ? De quoi ont-ils envie de parler ? LEG : Lors de vos représentations, il y a une animatrice. Agit-elle comme metteuse en scène ? VC : Le rôle de l’animatrice est de dégeler le public qui n’est pas habitué à ce genre d’interaction, s’attendant à voir une pièce de théâtre. Ça le bouscule un peu. Elle doit aussi prendre les histoires du public et les donner aux comédiens et aux musiciens qui ont le mandat de les jouer de la façon la plus vraie et respectueuse possible. Le public voit qu’il y a deux chaises vides et se dit : « Oh my god ! Elle va nous faire monter sur la scène. » Bien oui ! Une fois qu’ils sont montés, ils ne veulent plus décoller. Leurs histoires qu’ils estimaient banales sont assez importantes pour devenir un moment de théâtre : les gens se sentent moins seuls. LEG : Ce type de théâtre doit exiger des acteurs très empathiques. VC : Le théâtre d’intervention est plus exigeant pour un acteur, car il doit à la fois jouer et être à l’écoute de l’histoire. Il faut être tourné vers la personne. L’animateur facilite aussi le

VC : Côté-Vivand fait aussi du théâtre social. On peut se trouver à monter un sketch pour démontrer une problématique. Ce n’est pas toujours facile pour différents intervenants et organismes de voir comment ils peuvent s’aider. Ce que nous jouons permet alors de nourrir la conversation lors de tables rondes. Nous faisons aussi du clown, mais pas celui aux ballons et aux maquillages. Nous démontrons l’absurde et la comédie dans les situations du quotidien. Le clown peut tout dire et dit oui à tout ce qu’on lui propose. C’est du clown social. Nous sommes dans la communauté, nous montrons le ridicule. Nous parlons aux gens, nous prenons le temps. Nous donnons des câlins parce que ça fait du bien. Ça apaise. LEG : Ça me fait penser à Matthew Silver, un clown de rue new-yorkais qui se caractérise par son haut niveau de détachement. VC : On voit peu de clowns de rue en Abitibi. Quand il y en a, ça fait un rayon de soleil dans notre journée. Je trouve ça touchant de voir une personne qui va faire un numéro pour trois personnes. Ça a plus d’impact que d’aller en salle. Le hasard du moment fait que tu as un spectacle pour toi. C’est un beau cadeau. C’est intimidant de jouer devant des gens qu’on connait. On peut se sentir jugé, car tout le monde connait tout le monde. Il faut persévérer. Il faut oser, sans nécessairement accepter tout ce qui passe en tant qu’artiste. \\

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L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016 17


CULTURAT À TRAVERS LES YEUX DE...

Annie-Ève Rivard // Pascale Charlebois

Si vous êtes passés par Noranda dernièrement, vous ne pouvez pas l’avoir manquée. Elle saute aux yeux, étincelante de couleurs et de fantaisie. Vous l’aurez deviné, c’est la petite nouvelle qui égaie tout le quartier, la toute dernière murale peinte dans la région. Cette œuvre immense du muraliste de renommée internationale Jason Botkin, réalisée avec l’aide de l’artiste Ariane Ouellet, peut être admirée sur le mur de la Pharmacie Julie Cloutier et Annie-Ève Rivard.

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18 L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016

« C’est un projet qu’on avait depuis un bout de temps, confie Annie-Ève Rivard, copropriétaire de l’entreprise. Je suis arrivée ici il y a à peu près un an et déjà, on avait le projet. Par contre, avec la transaction, les rénovations et tout, on l’avait mis sur la glace étant donné que c’était plus esthétique. Au printemps, Sonia Demontigny de CULTURAT et Karine Berthiaume du FME sont venues nous rencontrer avec Ariane Ouellet pour nous proposer de nous lancer dans un projet comme ça en collaboration avec elles. On s’est dit pourquoi pas, elles ont déjà un peu plus de connaissances dans le domaine artistique et ça va nous donner un bon coup de main. Finalement, c’est grâce à ce travail-là, ensemble, qu’on a pu en venir à l’élaboration de la murale. » Depuis, des commentaires positifs arrivent jusqu’aux oreilles des propriétaires tous les jours et c’était encore plus vrai pendant les quelques jours durant lesquels on pouvait voir l’artiste à l’œuvre. « Les gens venaient se stationner, raconte-t-elle. Ils débarquaient de leur auto juste pour regarder la murale, juste pour regarder l’artiste peindre son œuvre. Je pense que les gens étaient aussi très impressionnés de la rapidité avec laquelle il travaillait et aussi sa façon de manier son pinceau. C’était vraiment impressionnant de le voir aller, ça valait vraiment le déplacement. Tous les jours, on a des commentaires de gens complètement époustouflés. Autant que nous finalement ! C’est

difficile de trouver les mots pour dire à quel point on trouve ça beau ! » Pour Annie-Ève, CULTURAT a été une manière plus facile de mettre ce projet à terme, mais c’est aussi une belle étincelle pour animer sa fierté et celle de ses employées : « C’est un mouvement qui nous accompagne dans l’exploitation de la culture au niveau des lieux, comment intégrer tout ça aussi à nos valeurs, à notre entreprise. Ils nous donnent un bon coup de main pour mettre un côté un peu plus culturel à notre entreprise. Mais ce n’est pas nécessairement pour apporter quelque chose à l’entreprise qu’on l’a fait comme d’apporter quelque chose à Noranda. C’est sûr que ça met un peu de gaieté dans la vie de tout le monde qui travaille ici, mais je pense que c’est aussi le cas dans la vie de tout le monde qui passe dans le quartier. Ça ne peut pas faire autrement que de décrocher un sourire. C’est sûr que ça peut aider les employées à avoir un sentiment d’appartenance envers la pharmacie. On est contente du projet qui a été réalisé et on est fières aussi parce qu’on adore le résultat. » Profitez-en pour prendre une marche dans le quartier culturel du Vieux Noranda pour admirer l’œuvre ! \\

Annie-Ève Rivard (à droite) et son associée Julie Cloutier posent devant la murale


THÉÂTRE

Musique

Amos vous raconte son histoire valorise le patrimoine

Lancement Troisième Rangée LP Gingras

Honneurs provinciaux pour les Productions du Raccourci

Folk, chow mein et Tigre Géant // Jenny Corriveau

// Louis-Éric Gagnon

Après une cinquième saison, en supplémentaire, à guichets fermés, les Productions du Raccourci sont lauréats du Prix du mérite en interprétation communautaire de l’Association québécoise des interprètes du patrimoine (AQIP). Ce prix a pour but de reconnaitre les efforts d’un organisme s’étant démarqué dans la mise en valeur du patrimoine.

M. Turcotte explique aussi l’importance de ce prix dans la continuité de leur travail : « C’est plaisant d’avoir une reconnaissance au niveau patrimonial, car c’est l’essence du spectacle : prendre possession de notre patrimoine, le connaître, l’aimer et le raconter. Ce prix valide encore une fois nos efforts. » \\

T’as des yeux en Lite-Brite. T’as des jeans pas pire tight. Une belle frange de Lego. T’as un smile qui passe go. — Tigre Géant, Louis-Philippe Gingras Tout juste de retour d’un mois en France, fraichement réparé de son décalage horaire, Louis-Philippe Gingras lance son deuxième album complet le 5 novembre au Petit Théâtre du Vieux Noranda. De la belle poésie de camp de chasse, rough et chaleureuse. Une voix ténébreuse aux consonances qui ne sont pas sans rappeler Desjardins, du bon pour l’âme et les oreilles.

Pour Bruno Turcotte, ce prix tombe à point après un cycle de quatre ans d’Amos vous raconte son histoire : « L’AQIP a des radars dans chaque région administrative. En plus de créer une œuvre théâtrale, notre travail consiste depuis longtemps à interpréter notre patrimoine et de faire en sorte que le contenu rejoigne les gens. Cette œuvre-là est bien reçue autant par la communauté que par le public. » Le prix met d’ailleurs en relief la mise en valeur la Maison Hector-Authier, la vie de ce dernier ainsi que les bâtiments reconnus comme faisant partie du patrimoine culturel national.

PHOTOS : JENNY CORRIVEAU

On peut s’attendre à être entrainé bien rapidement dans son univers, ben intime à travers la foule. À travers ses nouveaux mots et les multiples musiciens invités pour l’occasion, son spectacle de lancement ne sera assurément pas moins intime, savoureux et enivrant que les premiers. Entre deux puff de clope, il nous confie : «  On va être une dizaine su’l’stage, avec des musiciens de la région, dont ma mère Suzanne, Isabelle Fortin au violon pis Caroline Rondeau. Complètement capoté. On va fuller le stage. Va y avoir des guirlandes pis même du chow Mein au beurre de peanuts si on est chanceux ! » Pour découvrir un Gingras qui fricote plus entre le folk gras, la musique de chambre et le road trip rock qu’avec le country auquel il nous a habitués, rendez-vous samedi 5 novembre à 21 h, au Petit Théâtre du Vieux Noranda. \\

> louisphilippegingras.com

L’aventure peut commencer par une simple idée

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L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016 19


Une Coors Light avec un fantôme // abitibimontreal.com L’arrivée d’un ami de longue date en Abitibi-Témiscamingue est une manière forcée pour moi de replonger dans le temps de mes débâcles existentielles. Le vieux temps des nouveaux maux de vivre. Toutes ces nuits à courir dans Montréal pour attraper des filles, rattraper un autobus, se retrouver nous-mêmes sous le poids de l’alcool fort et celui des drogues douces. Comme une aura tranchante sur nos têtes qui pourraient rouler à tout moment comme au 18e siècle. Jérémie est en ville. Et avec lui, le retour d’une bête qui sommeille dans mon inconscient, que je tente de taire depuis mon retour en région, il y a de ça 3 ans. À l’aube de cette rencontre avec un fantôme de mon passé, il y a une peur viscérale qui me rentre dedans comme un char et me fait sentir vivant à la fois. Donnant-donnant. Nos méfaits et vices d’autrefois me murmurent à l’oreille comme un être lent et figuré qui récite une prière carrée et catholique en me tenant le poignant juste assez lousse pour que je puisse me défendre, juste assez serré pour m’empêcher de fuir. Je n’y crois pas. Je ne suis pas croyant après tout. Je ne suis plus le même depuis ma dernière rencontre avec Jérémie. Je suis passé de la Coors Light à une bière rousse de microbrasserie avec des arômes de sarrasin. J’ai troqué mes chandails troués de show punk pour la propreté des chemises de coton carreauté qui me glisse dans le personnage tant stéréotypé du chasseur. L’équivalent d’un costume d’Halloween ou d’une barbe cheap de père Noël de centre d’achat. Je cherche la sagesse dans mes mouvements. Je dois maintenant respect à un lieu. À l’Abitibi. On s’est donné rendez-vous au Cabaret. Je me suis dit que c’est un lieu à mi-chemin entre ma vie d’antan et celle d’aujourd’hui. Il m’est apparu comme une révélation au travers des braises et des brindilles du feu de la terrasse. Comme une incantation dont j’aurais voulu mettre à mort les tam-tams pour enlever un peu de dramatisation à la scène. Il s’est approché de moi, deux Coors Light à la main, et m’a demandé : « Est-ce que ça te manque ? Montréal, les soirées de névrosés, découvrir la caricature de ta personnalité ? » À ce moment précis, j’ai regardé autour de moi. À l’intérieur. J’ai vu qu’on était tous réunis, la même bande avec laquelle j’ai cheminé lors de mon primaire et secondaire à Val-d’Or. J’ai vu Patrick, le colosse avec qui j’ai fait de l’oxyde nitreux dans la maison de riche de ses parents. Aujourd’hui, il attend un enfant pour le mois de février et on joue au badminton chaque semaine en se disant qu’on émet des sons quand on se penche trop bas pour ramasser un moineau tombé dans la mauvaise zone. Puis il y avait Jérôme qui revenait tout juste d’une run dans le nord. On avait déjà vidé quatre litres de bulles de bain moussant provenant du Dollorama dans la fontaine du golf. Trois jours de foam party pour la population de cette ville de coincés. Aujourd’hui, je lui demande de me texter quand il va arriver chez lui parce que j’suis inquiet qu’il fasse un accident sur la 117. Comme une mère. Julie, Dave, Jean-François, Audrey. Tout le monde. C’est ça ma vie en Abitibi. C’est maintenant. J’ai accepté sa Coors Light et je lui ai répondu : « Je suis dans une caricature, mais c’est les beaux traits qui ressortent. » \\ -------------------------------------------------------Vous avez aimé ce texte ? Retrouvez en d’autres sur la plateforme Web : abitibimontreal.com

20 L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016


Œuvre : Frank Polson dans la municipalité de cantons unis de Latulipe-et-Gaboury - Crédit photo : Dominic Leclerc

MUSIQUE

L’Ensemble vocal Florilège à la recherche de talents

L’ABITIBI EST-ELLE EN PÉNURIE DE CHANTEURS TÉNORS ? // Yves Prévost

C’est difficile à croire, mais il y a des talents qui sont plus ardus à trouver en Abitibi. Ils existent, bien sûr, mais il faut parfois chercher un peu avant de les dénicher et de les convaincre de s’exprimer. C’est le défi auquel fait face l’Ensemble vocal Florilège, qui s’évertue à bâtir sa relève, principalement au niveau des chanteurs ténors. « Lorsque je parle de relève, ça ne veut pas nécessairement dire des jeunes », précise Louis-Antoine Laroche, directeur musical et cofondateur de l’ensemble vocal. Notre chœur compte des gens de 25 à 70 ans. » L’ensemble vocal Florilège est un groupe dédié à la musique classique formé de 20 chanteurs. Fondé en 2004, il s’est régulièrement fait remarquer pour son interprétation tout en nuances d’œuvres classiques, notamment au Mondial choral Loto-Québec à Laval en 2010, ainsi qu’à Ottawa en 2014 avec le Requiem de Mozart. La Ville de Rouyn-Noranda lui avait d’ailleurs remis le Prix de la Culture en 2011, dans la catégorie Organisme de la persévérance. « Actuellement, explique M. Laroche, nous avons deux femmes qui chantent ténor dans notre chorale, dont une quittera la région l’an prochain. » Le besoin est donc criant. Les basses et les sopranos pourraient aussi profiter d’un peu de relève. « Pas besoin d’avoir une voix extraordinaire pour chanter dans notre groupe, ajoute M. Laroche, il faut surtout de l’oreille et du rythme. » Il est également souligné qu’il n’est pas requis d’habiter à Rouyn-Noranda pour intégrer la chorale, qui comprend d’ailleurs des choristes d’Abitibi-Ouest.

C'EST TOUTE LA RÉGION QUI SE MOBILISE POUR MARQUER LE TERRITOIRE

par les arts!

L’Ensemble vocal Florilège prépare actuellement son concert de janvier 2017. À cette occasion, l’Ensemble interprétera, entre autres, le Gloria d’Antonio Vivaldi et la Messe no 2 de Franz Schubert en compagnie de quatre musiciens : Nancy Ricard, violoniste, membre de l’Orchestre métropolitain de Montréal, David Jomphe, hautboïste, en plus de leurs musiciens habituels, Bertrand Lessard et Réjean Laplante. Pourquoi ne pas en faire partie ? \\

> indicebohemien.org

> ensembleflorilege.ca

JOURNALISTES BÉNÉVOLES RECHERCHÉS Tes statuts Facebook deviennent trop longs ? Ton besoin d’épanouissement littéraire grandit et tu ne sais plus comment contrôler tes pulsions journalistiques ? Prendre part à la propagande positive de la scène culturelle régionale t’intéresse ?

Tu aimes courir la chance de te voir offrir des billets pour des spectacles en région, mais tu chantes trop faux pour appeler à la radio ?

L’Indice a besoin de toi ! Être journaliste pour L’Indice bohémien ou distribuer le journal dans ta région, c’est être au coeur de la vie culturelle de l’Abitibi-Témiscamingue ! Pour nous joindre : redaction@indicebohemien.org

Assume ta plume ! L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016 21


POSTE D’ÉCOUTE

Fleur

Rites de Passage

Saratoga

Émile Bilodeau

// Benoit St-Pierre

// Benoit St-Pierre

Avec les moyens technologiques d’aujourd’hui, le monde de la musique peut être synthétisé de A à Z. Revenir aux sources avec des instruments classiques accompagnant deux voix magnifiques apporte un rafraichissement dans ce monde sonore artificiel. C’est ce que nous offre le duo Saratoga avec Fleur, son nouvel album paru le 14 octobre.

S’amuser  ! À l’écoute d’un album, jamais nous ne pouvons imaginer vivre l’amusement de l’auteur-compositeur-interprète lors de la création ou de l’interprétation de son œuvre. Pourtant, je vous jure que c’est ce que nous fait facilement ressentir Émile Bilodeau avec son premier album paru le 7 octobre : Rites de passage.

Chantal Archambault, Michel-Olivier Gasse, une guitare et une contrebasse, tout ce qu’il nous faut pour obtenir la douceur d’une musique folk qui coule tout aussi facilement dans nos oreilles qu’une rivière dans son lit. Comme le courant à la rivière, la beauté brute, puissante et mélancolique des deux voix, complémentaires, fait couler à grands flots l’équilibre musical parfait.

Avec une musique folk entrainante et conviviale, majoritairement composée de guitare surplombée d’une interprétation vocale digne d’un comédien, Émile sait comment raconter des évènements que tout un chacun peut vivre d’une façon unique, nous laissant pendus à ses lèvres. C’est un album engagé, drôle et sentimental où plusieurs chansons parlent de femmes et d’amour. Ces émotions musicales ne vous laisseront aucunement indifférent.

Fleur contient dix chansons qui sauront vous apaiser, comme le son de l’eau tourbillonnante, près du rivage. Masque de pluie, coup de cœur de cet album, est la preuve que force et douceur peuvent se marier parfaitement pour la création d’une musique remplie de passion. \\ 4,2/5

Amour de Félin, Ça va, Tu me dirais-tu, J’en ai plein mon cass et Je suis un fou — trop d’excellentes chansons pour n’avoir qu’un seul coup de cœur. Nous ne sommes qu’en octobre et, jusqu’à maintenant, Rites de passage est mon album folk de l’année 2016. \\ 4,8/5

> saratoga.bandcamp.com > saratogamusique.ca

> emilebilodeau.bandcamp.com > emilebilodeau.ca

Troisième rangée Louis-Philippe Gingras // Louis-Eric Gagnon Bon folk sale et sensible. On se sent bizarrement bien devant la franchise des textes avec des personnages endoloris, couverts de sueur, qui soupent à la chandelle devant une conserve de Chef Boyardee. La pièce Jaune-orange est héritière grunge de Richard Desjardins. Et Parc à chiens, c’est du Tricot Machine déviergé : ça torche ! On comprend le sujet de chaque chanson avant même qu’une parole ne soit dite. Ce n’est pas prévisible, c’est juste hautement efficace. Du pur bonheur, comme des colliers en bonbons. Un excellent album pour refaire les divisions d’une maison à coup de masse. \\ 4,25/5

> louis-philippegingras.bandcamp.com > louisphilippegingras.com

22 L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016


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CALENDRIER CULTUREL NOVEMBRE 2016 Gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue

CINÉMA Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue Jusqu’au 3 novembre Rouyn-Noranda Douteux.org 1, 15 & 29 novembre Cabaret de la dernière chance, Rouyn-Noranda DANSE SFL08 - Audrée Juteau et Nathan Yaffe ccompagnés par Michel F. Côté (Première partie de Louis-Philippe Gingras) 4 novembre Salle Félix-Leclerc, Val-d’Or EXPOSITION Les Correspondances Musée du Bas-Saint-Laurent Jusqu’au 20 novembre Galerie du Rift, Ville-Marie Liberté recouvrée Johanne Vallée Jusqu’au 20 novembre Centre d’exposition de Val-d’Or BLEU : Pantone 306 U

Perspective Rurale Alain Lévesque 24 novembre au 8 janvier Centre d’art Rotary, La Sarre Comme une lettre à la poste Danielle Boutin-Turgeon Du 2 au 26 novembre Connivence galerie d’art, Val-d’Or Anthropomorphies Sébastien Ouellette Jusqu’au 27 novembre Galerie du Rift, Ville-Marie Apparences Trompeuses José Luis Torres Jusqu’au 27 novembre Centre d’exposition de Rouyn-Noranda Budding Water - César Forero Jusqu’au 27 novembre Galerie du Rift, Ville-Marie Forêt noire - Chantal Harvey 4 nov. au 30 déc. Centre d’exposition d’Amos

Construire la pluie Camille Bernard Gravel 4 nov. au 30 déc. Centre d’exposition d’Amos

L’heure du conte - 3 à 6 ans 19 novembre Bibliothèque municipale, Val-d’Or

IMPRO//HUMOUR SPONTANÉ

MUSIQUE

Journal en cours d’improvisation Solidarité des improvisateurs culturels Joute d’improvisation au bénéfice de L’Indice bohémien 5 novembre, 18 h Scène Paramount, Rouyn-Noranda Lalibaba 2, 9, 16, 23 novembre La P’tite Bouteille, Amos La SIR-N 2, 9, 16, 23 novembre Scène Paramount, Rouyn-Noranda La SLI 3, 17 novembre Villa mon Repos, La Sarre

Dig it up + Sandblast + Lightmares 4 novembre Barbe Broue Pub, Ville-Marie Louis-Philippe Gingras Lancement album 3e Rangée 4 novembre, Salle Félix-Leclerc, Val-d’Or 5 novembre, Petit Théâtre du Vieux-Noranda, Rouyn-Noranda Life Of The Party set The Planet Smashers + invités 5 novembre Cabaret de la dernière chance, Rouyn-Noranda Moving Forward - Adam Karch 10 novembre Bar Bistro L’Entracte, Val-d’Or

La LIV 10 et 24 novembre Atrium de GRIS l’UQAT, Val-d’Or : Pantone 423 U

Sans Pression, Gamelin, Alpha Gang & Cobna Tournée La Totale 11 novembre Scène Évolu-Son

Les Volubiles 11 novembre Petit Théâtre du Vieux-Noranda, Rouyn-Noranda

Le show à Lionel 12 novembre Centre communautaire de La Motte

Lalibaba - Royal Rumble #11 12 novembre La P’tite Bouteille

Rouge Pompier, Kamakasi, Athena, Oktoplut et Frank Custeau 18 novembre Scène Évolu-Son, Rouyn-Noranda

Le CRI-AT - Amos vs Val-d’Or 19 novembre Atrium de l’UQAT, Val-d’Or Le CRIME #15 25 novembre Diable Rond, Rouyn-Noranda LITTÉRATURE//CONTE La Courtepointe culturelle Cercle de lecture de La Mosaïque 2 novembre Bibliothèque municipale, Rouyn-Noranda

JC’s Jazz Band 18 novembre Petit-Théâtre du VieuxNoranda, Rouyn-Noranda Mr. Nokturn, Ozias, Digital Fire 19 novembre Scène Évolu-Son Abitabyss, Obsolete, Mankind, Soiled By Blood & Deathbringer 19 novembre Petit-Théâtre du VieuxNoranda, Rouyn-Noranda

Jeunesses musicales du Canada Des femmes, une voix 15 novembre, Théâtre des Eskers, Amos 16 novembre, Salle de spectacle Desjardins, La Sarre 20 novembre, Théâtre Télébec, Val-d’Or 22 novembre, Théâtre du cuivre, Rouyn-Noranda Laura Sauvage et Dany Placard 24 novembre, Petit Théâtre du Vieux-Noranda, Rouyn-Noranda 25 novembre, Microbrasserie le Prospecteur, Val-d’Or Anthony Gomes 24 - 25 novembre Bar Bistro L’Entracte, Val-d’Or O Linea, Jeffrey Piton et On a Créé un Monstre 25 novembre Scène Évolu-Son, Rouyn-Noranda Louis Kirouac 25 novembre, Agora des Arts, Rouyn-Noranda 26 novembre, Barbe Broue Pub, Ville-Marie THÉÂTRE Le Rocky Horror Picture Show - Sédiment Actif 5 novembre Scène Évolu-son, Rouyn-Noranda Sherlock Holmes et le chien des Baskerville Théâtre Advienne que pourra 7 novembre, Théâtre du cuivre, Rouyn-Noranda 9 novembre, Théâtre Télébec, Val-d’Or La chasse… mon œil Les Badins de La Corne 19 novembre Sous-sol de l’église, La Corne

Le merveilleux voyage de Réal de Montréal

Le Québec à vol d’oiseau

19 novembre, Théâtre du Rift, Ville-Marie 23, 24 novembre, Agora des Arts, Rouyn-Noranda Bowling... Théâtre de la Loutre 24 au 26 novembre Théâtre du Rift, Ville-Marie La Souricière Les Productions La comédie humaine 16 novembre, Théâtre des Eskers, Amos 17 novembre, Salle de spectacle Desjardins, La Sarre 18 novembre, Théâtre du cuivre, RouynNoranda 19 novembre, Théâtre Télébec, Val-d’Or Tribus - LAB87 28 novembre, Théâtre Télébec, Val-d’Or 29 novembre, Théâtre du cuivre, Rouyn-Noranda La cartomancie du territoire Les Productions Hôtel-Môtel 30 novembre Agora des Arts, Rouyn-Noranda DIVERS Événement au bénéfice du Conservatoire + La démarche des grands maîtres - Fernande Chiocchio 5 et 6 novembre Conservatoire de musique de Val-d’Or Soirée Open-Mic 8 & 22 novembre Cabaret de la dernière chance, Rouyn-Noranda Noël au Terroir 19 novembre Centre communautaire de La Motte

Pour qu’il soit fait mention de votre activité dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, dans le calendrier qui est accessible sur le site Web du CCAT, au ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription. L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016 23


ARTS, LETTRES ET COMMUNICATION POUR ME RÉALISER

LE CÉGEP DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE S’AFFICHE AU FESTIVAL DU CINÉMA

Trois films, trois rendez-vous! DIMANCHE 30 OCTOBRE - BLOC 3. 13 H 03

SERVICE DE NAVETTE À PARTIR DE VAL-D’OR Lundi 31 octobre (Bloc 5 - Relève Desjardins) Embarquement : campus de Val-d’Or Départ : 11 h 30 Retour : 16 h 30 Coût : 15 $ incluant l’admission à la projection Réservation : 819 874-8728, poste 6304

TROIS MOUVEMENTS DE CHUTES UN COURT-MÉTRAGE EXPLORATOIRE RÉALISÉ PAR BÉATRIZ MEDIAVILLA, ENSEIGNANTE EN CINÉMA AU CÉGEP

LUNDI 31 OCTOBRE - BL

Dans ce court-métrage, la cinéaste utilise les chutes de son documentaire Danse avec elles pour créer une ciné-danse. Le mouvement du corps constitue la principale forme d’expression du film qui s'intéresse aux racines, à l'exil, au relâchement et à la résilience.

LUNDI 31 OCTOBRE - BLOC 5. 13 H 26 NO HIGHWAY UN ROAD MOVIE RÉALISÉ PAR VIRGIL HÉROUX-LEFERTÉ, DIPLÔMÉ EN ARTS ET LETTRES - PROFIL CINÉMA AU CÉGEP À l’aube de ses 50 ans, l’entrepreneur et conseiller municipal à la Ville de Rouyn-Noranda Marc Provencher est sur le point de se lancer dans une grande aventure. Devant lui, 6 000 km de routes isolées (lorsqu’il y a une route) le conduiront aux extrémités du Nord-Est canadien. À bord de sa vieille Honda, Marc part à la rencontre des gens du Nord et, surtout, de lui-même.

OCTOBRE UN VIDÉOCLIP RÉALISÉ PAR VICKY LAVOIE, SAMY GIRARD ET ALISSON FORTIN, ÉTUDIANTES EN CINÉMA AU CÉGEP Les étudiants inscrits dans l’option Cinéma du programme Arts, lettres et communication étaient ravis, à la session d’hiver 2016, d’associer leurs réalisations au groupe musical le plus populaire du Québec, Les Cowboys fringants, qui leur a laissé à tous carte blanche. Au total, cinq vidéoclips ont été produits à partir d’autant de chansons de la formation, dont Octobre, la pièce titre de son dernier album.

24 L’INDICE BOHÉMIEn // NOVEMBRE 2016

SILENCE, ON TOURNE! Pendant toute la durée du Festival, armés de micros et de caméras, douze étudiants tourneront différentes capsules aux fins du cours Réalisation de courts métrages de l’enseignant Jean-François Perron.


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