Réaménagement Notre-Dame Ouest

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OUEST.

PROPOSITION



CONTEXTE. Le 31 août 2015, l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal lançait le processus participatif de la planification du réaménagement de la rue Notre-Dame Ouest. Ce document contient plusieurs idées, suggestions et erreurs à éviter, basées sur d’autres projets montréalais, ainsi que sur l’analyse in situ de 38 rues commerciales en Amérique du Nord et en Europe. À travers les différents projets de réaménagement, on réalise que les mêmes souhaits reviennent. La sécurité des piétons, la diminution de la circulation automobile, le verdissement des intersections sont des sujets récurrents. Pour cette raison, ce document s’intéresse plutôt aux éléments qui sont généralement ignorés, mais qui ont pourtant un impact incontestable sur la vitalité d’une rue commerciale.


LIER.

L’absence de liaison entre les différents pôles est une problématique courante à Montréal, qui nuit grandement à son développement et son épanouissement. La ville regorge de lieux uniques et remplis de potentiels, mais ils sont tous isolés les uns des autres, et ont du mal à former un tout cohérent. Lorsqu’un projet comme celui-ci se présente, il est important de sauter sur l’opportunité de tisser ces liens manquants. Actuellement, le projet s’intéresse à la portion située entre la rue Saint-Augustin et l’avenue Atwater, puisque c’est là que se trouve l’essentiel de l’activité économique. À l’ouest, la station Place-Saint-Henri se situe à quelques pas de la rue Notre-Dame. Le lien entre les deux est décousu et en bien mauvais état. Un nouveau visiteur qui arrive en métro n’a aucun indice de la présence de la rue commerciale, et l’inverse est également vrai. L’idéal serait de prolonger le nouvel aménagement jusqu’à l’édicule est, mais cela engendre des coûts supplémentaires importants. Pour retisser ce lien, il faudrait au moins considérer trois éléments. Poursuivre le nouveau mobilier urbain entre Place-Saint-Henri et Saint-Augustin, réaménager la placette au coin de ces deux mêmes rues, et marquer de manière claire et originale la traverse piétonne qui mène à l’entrée du métro. À l’est, il est dommage que le réaménagement se termine à Atwater puisque la vitalité économique se poursuit sur environ 350 mètres, soit trois intersections. S’il n’est pas possible de le faire tout de suite, il faudrait au moins le prévoir en phase 2, et s’assurer que ce soit dans la continuité du projet initial (même mobilier urbain, même aménagement). Pour ce qui est de l’intersection entre Atwater et Notre-Dame, il serait important de la sécuriser et de l’aménager de manière à ce que les piétons d’un côté se sentent attirés vers l’autre portion de la rue. Ce réaménagement devrait faire partie de la première phase. Au sud, le marché Atwater n’est qu’à quelques pas, mais encore là, rien ne lie les deux de manière évidente. L’idéal serait de créer un axe sur la rue Doré, qui traverserait ensuite le parc Victor-Rousselot pour atteindre la traverse piétonne existante qui mène au marché.



MOBILIER.

Le mobilier urbain est un domaine délaissé dans la majorité des projets à Montréal. On a souvent l’impression qu’il s’agit d’une décision accessoire, alors que c’est le mobilier urbain qui donne la personnalité à la rue, en plus d’attirer les gens et de les encourager à rester plus longtemps. Un mobilier dépareillé et en mauvais état nuit à l’aspect général du lieu, alors qu’un mobilier contemporain, approprié et de bonne qualité, embellit et améliore les qualités d’une rue. Il serait difficile de résumer en une seule page ce à quoi ressemble le mobilier urbain du 21e siècle, puisque Montréal accuse un trop grand retard. Dans tous les cas, il est important de s’assurer qu’il respecte quelques critères. D’abord, l’ensemble du mobilier doit provenir de la même famille. Très souvent, on voit des lampadaires d’un modèle, jumelé aux génériques bancs «Secteur 5» et à une disgracieuse poubelle «Bigbelly», ce qui nuit à l’ambiance et à la qualité de la rue. Ensuite, il faut que tout le mobilier soit ultra-contemporain. Par exemple, si le banc de type «Parc Lafontaine» est approprié dans le parc du même nom, il est absurde de l’installer dans une rue réaménagée en 2015. Il en va de même pour les très courants lampadaires de type «allumeur de réverbères», qui tentent maladroitement d’imiter l’éclairage urbain d’une tout autre époque. Les lampadaires actuellement présents sur Notre-Dame Ouest sont très modernes, et sont typiques de l’époque à laquelle ils ont été installés. En se fiant à la tendance montréalaise, ils risquent d’être remplacés par des lampadaires de style victorien ou «lanterne de calèche». Mais pourquoi ce retour en arrière? Comme si Montréal refusait d’assumer qu’elle est au 21e siècle. Pour les bancs, il est aussi de notre époque de remplacer les traditionnels bancs restrictifs par des objets urbains que les passants peuvent s’approprier comme ils le veulent. Des bancs à une place peuvent également être installés dans un aménagement de type salon, beaucoup plus convivial. Et il ne faudrait pas oublier une fontaine à eau et des supports à vélo en grand nombre!



ARCHITECTURE.

L’architecture est un élément négligé dans tous les projets à Montréal. Il est important de réaliser que ce qui crée la rue, c’est avant tout les bâtiments qui la délimitent. Leur hauteur, leur architecture, mais aussi leur largeur, le rythme de leur porte et les dimensions de leurs vitrines sont tous des facteurs qui influencent la qualité de vie sur une rue. Ce sont ces détails qui détermineront si les gens s’y sentent bien ou pas. L’Ordre des architectures du Québec prépare actuellement une politique nationale de l’architecture, mais le processus risque de prendre encore plusieurs années. Le projet du réaménagement de la rue Notre-Dame Ouest serait l’occasion d’implanter un contrôle de la qualité de l’architecture, qui pourrait par la suite être utilisé dans d’autres rues de la ville.

Il est important de ne pas confondre le contrôle de la qualité architecturale avec les PPU (Programme particulier d’urbanisme), qui ne parlent d’architecture qu’en termes quantitatifs, sans possibilité de jugement et d’interprétation. Les bâtiments existants de la rue Notre-Dame Ouest devraient être classés selon quatre catégories, expliquées ci-contre. Pour ce qui est des nouveaux bâtiments, une politique de l’architecture permet d’avoir des bâtiments uniques, contemporains et intéressants, et évite les bâtiments génériques qui se retrouvent inévitablement dans la troisième catégorie. Actuellement, les règlements montréalais, qui sont exclusivement quantitatifs, n’encouragent en rien la qualité et la diversité architecturale. Les promoteurs et architectes n’ont pas intérêt à se forcer puisque cela complique la demande de permis et ralentit le processus. On se retrouve donc avec des bâtiments qui respectent tous les règlements, mais n’offre rien d’intéressant et qui causent tranquillement l’appauvrissement et la dilution de notre patrimoine bâti. Vu le nombre raisonnable de bâtiments qui la borde, la rue Notre-Dame Ouest serait l’occasion idéale d’implanter, pour la première fois au Québec, une telle politique.


1. Des bâtiments intéressants et qui présentent de bonnes qualités architecturales. On devrait s’assurer qu’ils ne se détériorent pas et qu’ils conservent leurs caractéristiques en bon état.

3. Des bâtiments sans intérêt architectural particulier, mais qui ne nuisent pas à l’image de la rue. Ceux-ci peuvent rester tels quels, mais peuvent également être modifiés si c’est dans le but de les améliorer.

2. Des bâtiments qui ont déjà été intéressants et de bonne qualité, mais qui ont subi des dommages ou des modifications importantes qui les ont dénaturés. Ces bâtiments devraient être remis dans leur état initial.

4. Des bâtiments qui nuisent à l’image de la rue. Ils devraient être remplacés ou modifiés en profondeur.


IMAGE.

L’image des rues commerciales est souvent un élément négligé, et pourtant, elle a un impact immense sur la perception qu’en ont les gens. Il suffit de penser à l’argent et à l’énergie que les centres commerciaux dédient à leur image pour comprendre l’importance de la chose sur les habitudes de consommation des gens. Comme la rue Notre-Dame Ouest est avant tout une rue de proximité, inutile d’exagérer non plus. Il suffit de faire faire un logo qui représente bien les commerces qui s’y trouvent et qui vise la clientèle recherchée. Celui-ci pourra être utilisé sur les différentes publications en lien avec la rue, afin d’améliorer le sentiment d’appartenance des commerçants et visiteur. Dans le contexte actuel, la création d’une page Facebook serait également un geste gagnant. Vu la taille et l’achalandage de la rue Notre-Dame Ouest, la création d’une application mobile n’est pas justifiée. Toutefois, ce serait l’occasion de débuter la réflexion sur une possible application mobile qui regrouperait toutes les rues commerciales de proximité à Montréal. Elle permettrait de voir un plan interactif des rues, de localiser un commerce ou un service, d’être au courant des différents évènements, d’être informé sur les heures d’ouverture, d’obtenir des rabais et d’être informé sur les options de stationnement et de transport en commun. Bref, donner une image forte à la rue et améliorer sa visibilité sont des gestes simples et économiques, qui peuvent rapporter beaucoup.


OUEST.



CONCLUSION. À Montréal, les liens, l’architecture, le mobilier urbain et l’image des rues commerciales sont des sujets généralement négligés et ignorés lors de la planification des projets. Pourtant, partout ailleurs dans le monde, ce sont souvent les premiers éléments à être considérés. Cette année, les projets de réaménagement des rues Saint-Catherine et Prince-Arthur sont encore une fois passés à côté de l’occasion de corriger cette lacune. Ce projet pour la rue Notre-Dame Ouest offre la chance de se reprendre et de créer un précédent pour les projets à venir. La taille relativement petite du projet, et l’absence de délais contraignants sont un avantage. Quant aux coûts supplémentaires que ces quatre aspects engendreraient, ils sont minimes, voir nul si l’on considère qu’il est prouvé qu’ils augmenteraient l’achalandage et la popularité de la rue.


NOTRE-DAME OUEST 2015 GRÉGORY TAILLON


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