Entretien avec Bernard Friot

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Entretien avec Bernard Friot, 29/03/2014 http://ilgiornaledeigiovanilettori.wordpress.com/2014/04/01/le-storie-a-testa-in-giu-di-bernard-friot/ GiGi : Vos "histoires pressés" sont ironiques, paradoxaux, soit quand le sujet est fantastique ou fabuleux, soit quand il est plus quotidien. Où vous trouvez le point de départ de vos histoires? Et comment vous choisissez leur assemblage dans le même livre? Bernard Friot : Il me faut toujours plusieurs années pour rassembler les histoires d’un seul libre. Chaque histoire nait de deux éléments: une situation (ou idée) et une « forme », un mode d’écriture. L’idée peutêtre provoquée par un souvenir, une scène observée, une conversation surprise. C’est un jeu d’associations complexe et en partie inconscient. Ensuite, il faut trouver la forme juste pour raconter l’histoire. Structure et contenu sont très liés. Je me rends compte qu’il est difficile de résumer ou raconter mes histoires, tant elles sont liées à l’écriture. J’ai l’impression de construire de petites mécaniques où chaque rouage, chaque boulon doit être exactement à sa place. Un long travail de patience que je fais avec plaisir. GiGi : Les jeunes personnages de votre histoires sont très souvent sardoniques, et aussi un petit peu « méchant », avec leur parents (je pense aux histories Maman et Anniversaire, par exemple...). Les jeunes ont le droit de se rebeller au monde des adultes? Était vous un enfant rebelle? B. F. : « Tutto al contrario »: j’étais un enfant sage, « bravo a scuola », qui cherchait toujours à répondre aux attentes des adultes. Je déconseille fortement aux enfants de m’imiter! C’est sans doute pour cela que j’écris aujourd’hui des histoires impertinentes et un peu rebelles ! « Fortunamente c’era sempre la possibilità di scappare nel mondo della fantasia»! GiGi : Quel lecteur vous imaginez quand vous écrivez? B. F. : Au moment précis où j’écris, c’est très vague parce que je suis concentré sur les personnages et sur l’histoire. Mais avant et après l’écriture, je pense surtout aux enfants qui sont encore éloignés de la lecture, le plus souvent parce que la lecture est difficile pour eux. Cela me force à concentrer l’écriture, à aller à l’essentiel, à rendre aussi les textes plus denses et plus directs. GiGi : La brièveté de vos histories et l'assemblage des différents ingrédients font penser, spécialement aux lecteurs italiens, aux binômes fantastiques de Gianni Rodari. Quel lien vous avez avec l'auteur de La Grammatica della Fantasia? B. F. : «Per me, Gianni Rodari è il maestro assoluto». Parce qu’il n’a pas cessé de réfléchir à son métier d’écrivain pour la jeunesse, à son rôle dans la cité, aux techniques qu’il développait, au sens de ce métier. Je me nourris de ces réflexions tous les jours. J’ai eu le bonheur aussi de traduire quelques-uns de ses textes (Il castello di carte, Animali senza zoo, par exemple) et cela a été un grand honneur. GiGi: La fabrique à histoires et Histoires à jouer sont des livres-jeu, que je pense ne seront jamais traduit en italien... comment fonctionnent-ils? B. F. : La fabrique à histoires est l’adaptation pour enfants de La Grammatica della Fantasia : c’est une boîte qui contient un mode d’emploi et des outils concrets (photos, plan, cartes avec des mots, phrases de dialogue, images, catalogue de personnages…). Tout cela pour « fabriquer » ses histoires en utilisant des techniques très diverses. Un projet d’application numérique est en projet. Histoires à jouer proposent des récits et des poèmes à lire, transformer, compléter, imiter et aussi des jeux sur la langue. La littérature est un rapport particulier au langage, ludique et créatif, et il me semple important d’aider les enfants à développer ce rapport.


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