Meg Galletti Boucrot, Méditations chrétiennes

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Meg Galletti Boucrot

Méditations chrétiennes sur le chemin du Christ suivies de

Transparence Amis de Hors Jeu Éditions Éditions L’Écritoire 1997


Meg Galletti Boucrot

Méditations chrétiennes sur le chemin du Christ suivies de

Transparence Amis de Hors Jeu Éditions Éditions L’Écritoire 1997


Méditations chrétiennes…

© Meg Galletti Boucrot, 1997

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Meg Galletti Boucrot

Méditations chrétiennes sur le chemin du Christ Les poèmes qui suivent sont tirés des Méditations Chrétiennes sur le Chemin du Christ, qui parurent pour la première fois pendant la guerre (en 1943 ?). Plusieurs poèmes de ce premier recueil avaient déjà été repris dans Transparence.

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Méditations chrétiennes…

La Montée Que mon corps soit brisé comme on brise un grand verre Et qu’un ricanement vienne en grossir l’éclat ! J’accepte ! si mon âme alors dans cet état En sort plus forte et plus sonore et plus sévère, Et que meurtri sans cesse et sans cesse ébranlé Mon cerveau quelquefois cherchant un lieu tranquille Ne trouve que montagne et rochers éboulés, J’accepte ! si mon âme alors atteint la cime. S’il me faut traverser un fleuve incandescent, Marcher dans la nuit sombre en disant ma prière, Ne pas être comprise et perdre mon élan, J’accepte ! si mes pas montent vers la lumière.

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Meg Galletti Boucrot

† ††

Je vous retrouve enfin, ô vérité première, Dans un hymne profond, un ciel éblouissant. Je vous retrouve enfin, et mon être impuissant Se plonge dans la nuit pour mieux voir la lumière.

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Méditations chrétiennes…

† ††

Que m’importe le toit qui désormais m’abrite, Que m’importe le lieu où je résiderai, Pourvu que je vous serve et que je vous bénisse Seigneur, dans votre voie et votre charité.

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Le Calvaire Et lorsqu’on a connu Seigneur la Vérité Plus rien au monde alors ne peut nous satisfaire : Les plaisirs passagers sont des biens mensongers. J’aspire à Vous, Seigneur, sur la croix, au calvaire, Et je veux me tenir sur votre croix Seigneur Où la douleur, la joie se donnent sans partage, Je veux monter unie à votre forte image, Je veux mourir pour vous d’amour et de douleur. Et lorsque ma poitrine Vous aura loué, Que le dernier soupir s’exhalera pour Vous, Que ma tête et mes pieds et mes mains soient cloués Sur cette croix — que vous avez portée pour nous.

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Méditations chrétiennes…

Prière Donnez-moi votre cœur, Seigneur, pour que j’imprime Dans le cœur des humains votre immense Bonté ; Donnez-moi votre cœur, Seigneur, pour que l’Abîme Qui s’est ouvert en moi se comble en sainteté. Donnez-moi votre Esprit pénétrant et lucide, Donnez-moi votre bras puissant et travailleur. Que le bois qui volait en copeaux blonds et fluides Soit mon corps que vous raboterez, Seigneur ! Donnez-moi votre voix, donnez-moi votre tête, Donnez-moi votre front où perle la sueur. Que jamais votre flamme en mon cœur ne s’arrête, Que mon être parfait se fonde en Vous Seigneur !

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† ††

Donnez à mon esprit toujours plus de lumière Et donnez à mon cœur toujours plus de bonté Pour que j’éclaire et guide en votre charité Ceux qui vont égarés sans joie et sans prière.

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Méditations chrétiennes…

† ††

Et je me briserais sur la route Seigneur Entraînant avec moi ceux qui veulent me suivre Si je partais sans Vous, ô mon unique guide, Source de Vérité qui comblez mon néant.

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La Sagesse La sagesse est cet homme un peu courbé qui marche Une canne à la main, les yeux lointains et doux. La sagesse est cet homme un peu courbé qui marche Un sourire et la main tendus vers l’inconnu, Et son temps n’a pas d’heure et son front n’a pas d’âge. Il marche dans la vie sans lien et sans bagage Laissant derrière lui ses pas mystérieux Qu’un vent léger balaie sur la grève éternelle. Il ne s’en soucie pas, les offrant tous à Dieu, Et pour lui chaque pas est une vie nouvelle.

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Méditations chrétiennes…

Transparence Les trois poèmes qui suivent sont extraits de Transparence (La Joie du Livre, Paris, 1947). Le dernier poème parut dans le recueil À mi-voix (Editzioni di Storia Bresciana, Brescia, 1993).

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† †† J’ai trop souvent plongé dans la mer en démence, Mon cœur a trop battu à l’unisson du vent, Je veux fuir et la vie et tout son mouvement, Je veux me replonger enfin dans le silence ! Car ni le vent, ni l’eau, ni les parfums d’été N’ont satisfait mon âme ivre de vérité. Où donc pourrais-je enfin mourir pour mieux renaître, Oublier que mon âme a frémi dans mon être, Et reconstruire un nouveau rythme où, satisfaite, Mon âme alors pourra normalement vibrer ?

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Méditations chrétiennes…

Promenade nocturne Ne disons rien, veux-tu ? la nuit est trop sereine, Nous entendrons nos cœurs tout bas s’entretenir. Ne disons rien — veux-tu ? — La nuit n’a plus d’haleine, Sa douce chaleur vient de l’évanouir. Regardons cette nuit qui scintille et qui verse Sur nos deux cœurs unis un baume constellé. Respirons les parfums de la nature muette, Les parfums de ce soir pour nous subtilisés. Demeurons jusqu’à l’heure où cette lune jaune Montera lentement de ce mont aiguisé Et jusqu’à ce que l’air de cette nuit embaume Un parfum attiédi qu’on nomme volupté. Alors, redescendant, recueillis, par la route, Nous étonnant tous deux de ce calme apparent Nous nous dirons bonsoir — sans avoir sous la voûte Eu un seul mot d’amour, eu un regard aimant, Et nous étonnerons les étoiles et la lune Témoins de notre union et notre isolement. 15


Meg Galletti Boucrot

Tais-toi Et si mon cœur aimait ce beau jeune homme sage Faudrait-il le lui dire Ou bien Plier bagage Et partir ? Le silence est un mot qui ne se dit jamais, Le silence est un mot qui sagement se tait, Le silence est la force et la douceur de l’âme. Si tu aimes, Tais-toi mon cœur. Si l’on te blâme, Tais-toi encor. Tais-toi. Tais-toi. Tais-toi.

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Méditations chrétiennes…

† †† J’ai interrogé l’eau, le vent, la pluie, la plaine, Et l’eau m’a répondu : ce n’est pas moi ton Dieu, Et le vent qui courait ce soir à perdre haleine En riant m’a jeté ces mots comme un adieu, La pluie compatissante a baigné mon front pâle Et doucement m’a dit : va cherche cherche encore, Je me suis égarée dans les mille dédales Du labyrinthe de la mort, J’ai demandé ma route à la plaine apaisante, Et la plaine impassible à mon âme s’est tue. Patiemment j’ai suivi tous les sentiers ardus, Pour me trouver enfin dans l’humble obéissance.

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