Article Tagueurs sans peur

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TAGUEURS SANS PEUR Ils s’appellent Ace, Vice, Lock, Vomer, Popol, Zadim… et sont les bêtes noires de la RATP et de la SNCF. Qui sont-ils ? Artistes urbains pour les uns, vandales pour les autres, les dégâts de ces graffeurs se chiffrent chaque année en millions d’euros. Pour enrayer leurs actions, la brigade des réseaux ferrés a créé la « cellule tag ».

E

n deux ans d’existence, la cellule tag a recensé plus 2 000 signatures et a procédé à de nombreuses interpellations, fruit de longues heures d’investigations. Une des dernières grosses affaires de la brigade se nomme « Azyle ». Derrière ce « blaze » (nom), se cache un insoupçonnable cadre supérieur de 34 ans qui, la nuit venue, s’attaque exclusivement aux rames de métro parisien. Bilan : 600 000 euros de dégâts. Pour arriver à épingler « l’artiste » et son complice en

flagrant délit, il aura fallu plus de dix jours de filoche (filature) et visionner des centaines d’heures d’images de vidéoprotection. À force de persévérance, les hommes de la brigade se sont forgés une solide réputation dans la communauté des tagueurs, ce qui leur vaut parfois certains petits messages indélicats sur les murs du métro, des « spéciales dédicaces » comme disent les experts : « Fuck GDN » (GDN : Gare du Nord, visant la brigade basée dans la gare).

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UN MONDE À PART Organisés en « crew » (groupes), les tagueurs constituent une réelle communauté avec ses propres codes. Un « crew » peut compter jusqu’à vingt membres. Âgés de 15 à 35 ans, ils agissent généralement la nuit et se glissent dans le métro à la faveur d’une trappe d’accès dans la rue, en forçant une grille du métro, ou en se laissant enfermer dans le réseau. Les plus audacieux vont même jusqu’à dérober des trousseaux de clefs de services dans des locaux techniques. Les affrontements physiques entre bandes demeurent rares. Certains hommages sont parfois même rendus aux tagueurs décédés à travers les initiales RIP (« rest in peace » : repose en paix).


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DU TAG AU GRAFF, DÉCRYPTAGE Le « tag » (marque, signature) désigne le simple dessin du nom de l’artiste. Bien que le geste soit élaboré, le « tag » est avant tout une marque de fabrique. Seuls les habitués parviennent à déchiffrer ces signatures inscrites sur le mobilier urbain. Techniques utilisées : aérosol, marqueur, pochoir et autocollant (« sticker »), tout objet capable de rayer une surface et dans certains cas extrêmes, de l’acide pour définitivement marquer les vitres ou le métal (« burning »).

Le « graff », « fresque », ou « piece » voire « masterpiece » sont les noms donnés aux graffitis sophistiqués et exécutés en plusieurs couleurs. Techniques utilisées : bombe aérosol, peinture à l’aérographe, marqueur et stylo, craie, peinture au rouleau ou au pinceau. En périphérie de la fresque peuvent figurer également le nom du « crew » ou des membres qui composent l’équipe. SB 31

Pour immortaliser leurs œuvres, les tagueurs se prennent en photo en pleine action.


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