The FIFA Weekly Edition #1

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25 OCTOBRE 2013

ÉDITION FR ANÇAISE

Fédération Internationale de Football Association – depuis 1904

Les 150 ans de la FA

The Lords of the Game W W W.FIFA.COM

JOSEPH S. BLATTER : À QUOI RESSEMBLERA LE FOOTBALL DANS 15 ANS ? COUPE DU MONDE U-17 : COMMENT NAISSENT LES STARS GÜNTER NETZER : « MESSI EST MON HÉROS »

W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY


DANS CE NUMÉRO

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Amérique du Nord et centrale 35 membres 3,5 places en Coupe du Monde www.concacaf.com

La FA a 150 ans L'Angleterre fête un nouvel anniversaire et se prennent à rêve : les 150 ans de la Football Association mettront-ils un terme à l'inusable nostalgie des Britanniques. David Winner se penche sur l'histoire de la fédération anglaise de football. Retrouvez également en images les événements qui ont marqué la FA, de 1857 à nos jours.

Amérique du Sud 10 membres 5,5 places en Coupe du Monde www.conmebol.com

Le tournant Shannon Boxx

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À la loupe L'Allemagne s'interroge sur un « but fantôme » ; en Angleterre, Arsenal a déjà un pied dans l'avenir, tandis qu'en Espagne, Diego Costa faite des miracles ; en Italie, la Juventus et les téléphones portables occupent le devant de la scène.

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Entretien avec Günter Netzer Aujourd'hui âgé de 69 ans, l'ancien international allemand nous explique pourquoi il n'a jamais souhaité devenir entraîneur et ce qui l'attire chez les idoles modernes. « Compte tenu de l'environnement actuel, je n'aurais aucune envie d'être footballeur professionnel aujourd'hui. »

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En route pour le Brésil Révolution dans les stades. Grâce aux nouvelles arènes construites pour la Coupe du Monde, les spectateurs brésiliens vont jouir d'un confort jusqu'alors inconnu. Mais ces nouveaux stades sont aussi un gage pour l'avenir du football brésilien.

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Coupe du Monde U-17 Le tournoi organisé par la FIFA aux Émirats Arabes Unis est considéré comme la vitrine du football de jeunes. La Coupe du Monde U-17 se distingue aussi des autres compétitions par la place importante que tiennent l'instinct et l'intuition.

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Joseph S. Blatter Le Président de la FIFA s'implique dans le débat sur l'avenir du football et écrit : « L'Afrique est la confédération qui compte le plus d'associations membres, mais elle est sous-représentée en Coupe du Monde. Il faut remédier à cette situation. »

En route pour le Brésil

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Arbitrage de la Coupe du Monde Responsable de l'arbitrage à la FIFA, Massimo Busacca décrit les qualités requises pour officier en Coupe du Monde.

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La relève The FIFA Weekly est la dixième publication éditée par la FIFA. Ce premier numéro est aussi l'occasion de se pencher sur le passé… en restant tourné vers l'avenir.

Qualifiés

Qualifiés

États-Unis

Brésil (pays hôte)

Costa Rica

Argentine

Honduras

Équateur

Barrage les 13 et 20 novembre 2013 Mexique – Nouvelle-Zélande

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Classement FIFA La plus forte progression du mois est à mettre à l'actif de la Moldavie. L'équipe entraînée par Ion Caras a gagné 33 places.

Colombie Barrage les 13 et 20 novembre 2013 Jordanie – Uruguay

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« Je vivais dans le peur. » Dans notre rubrique « Le tournant », l'internationale américaine Shannon Boxx revient sur le silence qui a longtemps entouré sa maladie… et sur son bonheur aujourd'hui retrouvé.

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Chili

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L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

Europe 53 membres 13 places en Coupe du Monde www.uefa.com

Afrique 54 membres 5 places en Coupe du Monde www.cafonline.com

Asie 46 membres 4,5 places en Coupe du Monde www.the-afc.com

Océanie 11 membres 0,5 place en Coupe du Monde www.oceaniafootball.com

Entretien avec Günter Netzer

La FA a 150 ans Geoff Hurst

Coupe du Monde U-17 Nathan, en tête du classement des buteurs

À la loupe Diego Costa

Cover: Getty Images   Dans ce numéro: Getty Images, Imago, AFP

Débat Joseph S. Blatter

Qualifiés

Barrages aller

Qualifiés

Italie

Burkina Faso – Algérie 3:2

Australie

Barrage les 13 et 20 novembre 2013

Pays-Bas

Côte d'Ivoire – Sénégal 3:1

Japon

Mexique – Nouvelle-Zélande

Angleterre

Éthiopie – Nigeria 1:2

Iran

Russie

Tunisie – Cameroun 0:0

République de Corée

Belgique

Ghana – Égypte 6:1

Suisse Bosnie-Herzegovine Allemagne Espagne Barrages les 15 et 19 novembre 2013

Barrages retour

Barrage les 13 et 20 novembre 2013

Algérie – Burkina Faso, le 19 novembre

Jordanie – Uruguay

Sénégal – Côte d'Ivoire, le 16 novembre Nigeria – Éthiopie, le 16 novembre Cameroun – Tunisie, le 17 novembre Égypte – Ghana, le 19 novembre

Por tugal – Suède Ukraine – France Grèce – Roumanie Islande – Croatie

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À DÉCOUVERT

Thomas Renggli

D

epuis que l’équipe d’Angleterre a été sacrée championne du monde en 1966 grâce au tir sur la transversale le plus célèbre de l’histoire, il y a toujours quelque chose pour l’empêcher de triompher à nouveau : les problèmes de vue de l’arbitre (en 2010), une séance de tirs au but contre l’Allemagne (en 1990), l’opportunisme argentin (en 1986) ou sa propre incapacité à l’emporter (régulièrement). Rien d’étonnant donc à ce que les regards des Anglais soient tournés vers le passé, comme le souligne David Winner dans son reportage pour Fifa Weekly à l’occasion du 150ème anniversaire de la Football Association. Le 30 novembre 1872, la sélection anglaise dispute le premier match international de l’histoire en Écosse (0:0). Les quatre décennies suivantes, en raison de la prédominance du football britannique et par manque d’adversaires appropriés, elle se mesure presque ex-

clusivement à l’Écosse, au Pays de Galles ou à l’Irlande. L’Angleterre ne prend pas part aux trois premières éditions de la Coupe du Monde, mais s’adjuge le titre de «championne du monde non officielle» après une victoire contre l’Italie, tenante du trophée, en novembre 1934. Les Three Lions restent invaincus chez eux à Wembley jusqu’en 1953, date de la victoire historique des Magiques Magyars (6:3). Treize ans plus tard, c’est au même endroit qu’ils s’emparent de la couronne mondiale, à l’issue de l’un des matches les plus mémorables de l’histoire du ballon rond : Angleterre – République Fédérale d’Allemagne, 4:2 après prolongation, avec Geoff Hurst et le cadre du but dans les rôles principaux, un arbitre suisse et un juge de touche soviétique en figurants. Depuis, les noms des héros anglais n’ont rien perdu de leur éclat : Bobby et Jack Charlton, Gordon Banks, Nobby Stiles, Alf Ramsey et Hurst. Mais aucun d’entre eux n’incarnera le triomphe des Three Lions aussi durablement T H E F I FA W E E K LY

que Bobby Moore. Robert Frederick Chelsea «Bobby» Moore (né en 1941, décédé en 1993 d’un cancer) reste considéré comme un modèle d’intégrité et d’honnêteté. Le défenseur central, surnommé «Lord of the Game» par les supporters et les médias, est l’âme de cette équipe d’Angleterre qui remporte la Coupe du Monde. En 1966, il reçoit avec émotion la Coupe Jules Rimet des mains de la reine Elizabeth II. Quarante-sept ans plus tard, la patrie du ballon rond revendique toujours son ambition de régner sur le football mondial. Voir les Three Lions monter sur le trône l’été prochain semble toutefois aussi improbable qu’une rencontre entre un fan club de Chelsea et la Reine dans un pub de Soho. Il manque trop de choses aux Anglais pour triompher au Brésil. Il n’y a plus de joueur de la carrure de Bobby Moore, le but de Wembley ne risque pas de se reproduire avec la technologie sur la ligne de but et la Main de Dieu appartient déjà à un Argentin. Å

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La tête dans les étoiles : Geoff Hurst en quart de finale de la Coupe du Monde 1966 contre l’Argentine.

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DE PROFUNDIS

1857

Freestyle au 19ème siècle : les pères fondateurs du football dans leur élégante tenue noire et blanche, certains portant la barbe, d’autres imberbes, certains sérieux, d’autres d’humeur plus légère… tous prêts à en découdre. Dans l’enceinte du Sheffield College, ces augustes personnages fondent le premier club de football du monde et définissent les premières Lois du jeu.

Fondée en 1863 à Londres, la Football Association est aujourd’hui la plus vieille fédération de football au monde. Elle reste une référence pour beaucoup d’Anglais. Car dans la patrie du football, le passé dure plus longtemps, comme nous l’explique David Winner.

I

l y a quelques semaines, l’un des journaux britanniques les plus prestigieux, The Observer, a publié une présentation de la saison à venir rédigée par les supporters des équipes de Premier League. À y regarder de près, cet article avait quelque chose d’insolite. Chaque contributeur devait dire quel ancien joueur de leur équipe favorite il aimerait voir de nouveau en action sous les mêmes couleurs. Parmi les noms donnés, on trouvait notamment Alan Ball d’Everton, Laurie Cunningham de West Bromwich Albion et Johnny Haynes de Fulham. Autant de footballeurs merveilleux… et disparus.

Cette nostalgie répond à un besoin actuel. À une époque de mondialisation et de transferts faramineux, cette évocation des aspects romantiques du football anglais a quelque chose de rassurant.

Rien de macabre de la part des fans, simplement la confirmation que pour le supporter anglais de base, ce qui compte le plus dans le football, c’est le passé.

Dans un documentaire intitulé The Living Dead, le réalisateur Adam Curtis affirme : « La Grande-Bretagne est une nation hantée par son passé, obsédée par le souvenir d’un âge d’or, d’une époque lointaine où elle était le pays le plus puissant de la planète ». En invoquant les mythes nationaux, les Britanniques retrouvent une forme de sentiment de puissance, ajoute-til, mais par la même occasion, « ils se retrouvent aussi prisonniers de leur histoire ».

Paradoxalement, cette passion pour l’histoire est très à la mode. Au cours de la dernière décennie par exemple, plusieurs stades britanniques ont été ornés de statues à l’effigie de glorieux footballeurs du passé. Match of the Day, la fameuse émission de la BBC, a elle aussi cédé aux sirènes de la nostalgie. De longue date, le générique montrait des joueurs de la saison précédente. À présent, il mélange des footballeurs d’hier et d’aujourd’hui comme s’ils évoluaient dans le même championnat. Des images de superstars contemporaines côtoient des clichés rafraîchis des années 70 et 80. T H E F I FA W E E K LY

Obsédés par le souvenir ? La tendance des Anglais à se pencher sur leur passé avec mélancolie est aussi liée au syndrome de l’ex-empire, très présent dans un pays dont le pouvoir et le statut ne sont plus ce qu’ils étaient. En 1962, le Secrétaire d’État américain Dean Acheson avait parfaitement résumé la situation en déclarant : « La Grande-Bretagne a perdu un empire, mais elle n’a pas encore trouvé de rôle ». La remarque est toujours valable.

Les observations de Curtis concernent la politique britannique, mais elles s’appliquent parfaitement football. Même si elle s’accompagne souvent d’une épaisse couche d’autodérision, l’adoration des Britanniques pour le football sous sa forme ancestrale est toujours palpable. 7


150 A N S D E L A F A

1872

1882

Un bar devenu culte : la taverne Freemason’s Arms se trouve au rez-de-chaussée de cette maison londonienne. C’est là qu’un groupe de passionnés fonde la Fédération anglaise de football en 1863. Arthur Pember en est le premier président. Les règles du jeu sont adoptées dans la foulée.

Débuts difficiles : à Glasgow, près de 4000 spectateurs assistent au premier match international de l’histoire entre l’Angleterre et l’Écosse, qui se conclue sur un nul vierge. Cuthbert Ottaway porte le brassard de capitaine de la sélection anglaise.

Gardiens des Lois : création de l’International Football Association Board (IFAB). L’organe en charge des Lois du Jeu rassemble les fédérations anglaise, écossaise, galloise et irlandaise (plus la FIFA, à partir de 1913).

1863

1871

1889

Édition inaugurale de la FA Cup : pour la première fois, des équipes de onze joueurs s’affrontent pendant 90 minutes.

La première ligue de football professionnelle est créée en Angleterre.

De 1870 à 1883

1901

Efficacité et originalité : après treize ans, le « dribbling game » laisse petit à petit la place au « passing game », plus vivant et plus efficace. Ce style plus collectif trouve un écho très favorable auprès du public.

Dans ce contexte, quel regard peut-on porter sur les festivités entourant le 150ème anniversaire de la Football Association, dont la naissance a coïncidé avec la première codification définitive des lois du jeu ? 150 millions de livres Chaque époque reconfigure le passé pour servir ses propres fins. La FA ne fait pas exception à la règle. Elle utilise l’occasion pour définir clairement une idée du football qui corresponde au 21ème siècle. Le Prince William, Duc de Cambridge et Président de la FA (une organisation à but non lucratif qui investit plus de 100 millions de livres par an dans le football de base pour les garçons, les filles et les personnes en situation de handicap), explique que le rôle de cette dernière est de « faire en sorte que le football se joue dans un environnement sûr, agréable et accueillant pour toutes les personnes, indépendamment de leur origine ». Le contraste avec l’attitude patriarcale et patricienne des pères fondateurs du football est saisissant. Pour eux, le ballon rond était une discipline martiale, une affaire d’hommes. En 1864, un rédacteur du magazine The Field écrivait que le but de ce sport était de « former les jeunes de la nation pour que le moment venu, ils soient en mesure de commander une division, de mener une charge de cavalerie, de résister aux assauts, de tenir le choc sur le champ de bataille et d’accepter les responsabilités confiées à des hommes sur lesquels repose in fine le gouvernement de la nation ». Le nom de l’organisation n’est pas innocent. La FA n’est pas et ne sera jamais « The English FA », de la même façon que le siège de l’Église catholique romaine ne s’appellera jamais « le Vatican italien ». Tout comme l’Église a longtemps cru que le soleil et les étoiles tournaient autour de la Terre, les créateurs du football anglais ont conçu leur invention comme le centre de l’univers du football. À la différence près qu’ils avaient raison. 8

Naissance dans un bar Le vaste édifice du football moderne est le produit d’une réunion qui s’est tenue à Londres en octobre 1863. Dans ce qui était de fait la seule superpuissance mondiale du moment, plusieurs formes de football étaient en train de gagner en popularité. Dans les écoles privées et élitistes du royaume de Sa Majesté, on avait créé des versions un peu moins sauvages du folk football pratiqué « depuis des temps immémoriaux » dans les villes et les villages. Le problème dans les années 1860 était que dans chaque école, on jouait d’après des règles différentes. C’est ce qui a poussé un groupe d’étudiants particulièrement motivés à se réunir au Freemason’s Arms, un pub de Covent Garden dans le centre de Londres, pour se mettre d’accord sur un règlement unifié et créer une association destinée à administrer le jeu. La FA a ensuite organisé les premières rencontres internationales ainsi que la compétition inaugurale du sport le plus populaire de la planète : la Football Association Challenge Cup, plus tard connue sous le nom de « The English Cup » et aujourd’hui appelée simplement « The FA Cup ». Elle est aujourd’hui l’ancêtre de tous les tournois de football du monde.

Une fin de siècle en fanfare : l’Angleterre dispute deux matches contre l’Allemagne en l’espace de quatre jours. Les Three Lions affrontent pour la première fois une sélection du continent. Les Allemands concèdent deux lourdes défaites (10:0 et 12:0).

1924 Surprise : la FA rejoint à nouveau la FIFA.

1928 La rupture : la FA quitte à nouveau la FIFA, sur fond de désaccords. L’Angleterre ne participe à aucune compétition mondiale jusqu’en 1950.

1945 Fin de la guerre froide : la FA rejoint la FIFA pour la troisième fois.

Les commémorations de la naissance de ce véritable bastion de la tradition anglaise sont elles-mêmes devenues traditionnelles. Le principal événement des célébrations liées au 150 ème anniversaire programmées le 26 octobre sera le dîner de gala organisé au Connaught Rooms, bâtiment construit sur le site du Freemason’s Arms. Pour le 75ème anniversaire de la FA, en 1938, un banquet «magnifique et historique» avait réuni 450 personnalités à peu près au même endroit. T H E F I FA W E E K LY

Lèse-majesté : pour sa première participation à la Coupe du Monde, l’Angleterre est éliminée dès le premier tour. Donnés favoris, les Three Lions s’inclinent 1:0 devant les amateurs américains, à la stupeur générale.


150 A N S D E L A F A

1906

1923

Adhésion symbolique : la FA devient membre de la FIFA. L’Anglais Daniel Woolfall devient le deuxième président de l’instance dirigeante du football mondial.

1914

Le football trouve son public : cette année-là, 70000 personnes assistent à la finale de la FA Cup entre Burnley et Liverpool. Le roi George V renonce au traditionnel « tea time » pour assister à la rencontre en milieu d’après-midi. Burnley s’impose 1:0. L’unique but de la rencontre est à mettre au crédit de Bert Freeman, 29 ans.

1920 Désaccords : la FA quitte la FIFA.

Une première très suivie : le 28 avril, Bolton remporte la finale de la FA Cup à Wembley devant West Ham (2:0). Le nouveau stade de la capitale peut accueillir 127000 spectateurs. Ce jour-là, 250000 personnes assistent à la rencontre. Monté sur un cheval blanc, le policier George Scorey s’occupe du maintien de l’ordre dans l’enceinte. Cette anecdote vaudra à cette rencontre le surnom de White Horse Final (« finale du cheval blanc »). Wembley est rénové en 1963.

1955 Arthur Drewry devient le deuxième président anglais de la FIFA (jusqu’en 1961). Son successeur Stanley Rous (jusqu’en 1974) sera également citoyen du Royaume-Uni.

1968

1966

Première : Manchester United devient la première équipe anglaise à remporter la Coupe d’Europe des clubs champions. Un 4:2 historique : le 30 juillet, l’Angleterre s’impose devant la RFA en finale de la Coupe du Monde. La reine Elizabeth II remet le trophée Jules Rimet au capitaine Bobby Moore devant 96000 spectateurs. T H E F I FA W E E K LY

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1969

1978

1985 Tragédie du Heysel : en marge de la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions, qui oppose Liverpool à la Juventus, un mouvement de panique parmi la foule fait 39 victimes. Les clubs anglais sont exclus pour cinq ans de toute compétition internationale.

1989

Plus qu’un début : le 29 novembre, Viv Anderson devient le premier joueur de couleur à porter le maillot de l’Angleterre. Les Three Lions s’imposent 2:1 devant la Tchécoslovaquie. Catastrophe de Hillsborough : la demi-finale de la FA Cup disputée à Sheffield est le cadre d’un nouveau désastre. Suite à un mouvement de foule, 96 personnes trouvent la mort ; 766 autres sont blessées. Cette tragédie conduira la FIFA et l’UEFA à interdire la vente de places debout pour les matches internationaux. Une nouvelle avancée : la Fédération anglaise de football féminin voit officiellement le jour. En 1921, la FA avait pourtant interdit aux femmes de pénétrer dans l’enceinte des stades.

1996

La FA a bien grandi En 1953, dans un livre commandé pour marquer les 90 ans de l’organisation, Geoffrey Green – du Times (au fait, ne l’appelez surtout pas « The Times of London ») – écrivait que les pionniers du beau jeu auraient été fiers et impressionnés. « Au temps de leurs humbles débuts, comment auraient-il pu imaginer que leur modeste association atteindrait un jour ce niveau de respectabilité, d’autorité et de réussite ? Le football et The Football Association ont décidément parcouru un chemin long, passionnant et difficile. » Les réflexions sur la croissance remarquable de l’institution font elles-mêmes partie du rituel. Dans ses mémoires par exemple, Sir Frederick Wall, Secrétaire de la FA entre 1895 et 1934 (il avait été recommandé pour cette fonction par Sir Francis Marindin, membre de la haute société, comme l’étaient en général les pères fondateurs) et officier diplômé de la prestigieuse école Eton (il avait pris part à la Guerre de Crimée), ne cessait de s’émerveiller devant ce « jeu anglais pratiqué par une élite devenu un jeu mondial pratiqué par des millions de gens ».

« Football’s coming home » : l’Angleterre organise l’Euro pour la première fois de son histoire. Le pays hôte échoue cependant en demi-finale face à la RFA, sa rivale de toujours.

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À chaque Assemblée générale de la FA, Sir Frederick s’occupait de tout, aidé en cela par son épouse et un assistant : préparation des sandwiches et du café ou ravitaillement en gâteaux en cas de besoin. Une FA moderne La FA a toujours eu un côté pittoresque (son numéro de téléphone n’est pas apparu dans l’annuaire londonien avant les années 70), qui pouvait parfois prendre des formes très conservatrices. T H E F I FA W E E K LY

Entièrement dévouée au football amateur et tournée vers l’empire plutôt que vers l’Europe, la FA a adopté une attitude méfiante à l’égard de la FIFA à sa création, en 1904. Elle l’a même quittée en 1928 pour un désaccord sur la question du paiement des joueurs. En conséquence, l’Angleterre n’a pas pris part à la Coupe du Monde de la FIFA avant 1950. Sir Frederick se défendait pourtant bec et ongles lorsqu’on accusait la FA d’étroitesse d’esprit ou d’isolationnisme : « Depuis 1899, la FA a réalisé un formidable travail de missionnaire. Nous avons fait cela à notre manière et à notre idée. Nous l’avons fait en marge de la marche du monde, en préservant notre indépendance de pensée et d’action ». Aujourd’hui au contraire, la FA est résolument moderne et complètement en phase avec le monde contemporain. Elle est devenue une organisation efficace et commercialement viable. Dans ses locaux du Wembley Stadium, elle emploie plus de 800 personnes. L’enceinte de Wembley était adorée des fans, mais elle était également vétuste. Démolie il y a une décennie pour être reconstruite au même endroit mais de façon complètement différente, elle a conservé son nom. C’est exactement ce qui est arrivé à la FA. Å


150 A N S D E L A F A

1999/2005

2007

Coups de maîtres : deux équipes anglaises remportent en 1999 et 2005 les finales les plus spectaculaires de la Ligue des Champions. Manchester United domine le Bayern Munich 2:1, grâce à deux buts inscrits dans le temps additionnel. De son côté, Liverpool remporte le titre aux tirs au but (3:2), après avoir été mené 3:0 à la pause par l’AC Milan.

Enfin : quatre ans après le début des travaux, le nouveau stade de Wembley ouvre ses portes le 19 mai. Cette gigantesque enceinte, qui a coûté 1,2 milliard d’euros, peut accueillir 90000 spectateurs. Londres possède désormais le deuxième stade le plus important d’Europe, après le Nou Camp de Barcelone.

Buts en or et sous-vêtements thermiques Le rôle de l’International Football Association Board (IFAB)

2013

Getty Images

Le football à Buckingham : à l’occasion des 150 de la FA, le prince William accueille le 7 octobre les doyens des clubs anglais dans le jardin de Buckingham Palace. À cette occasion, le Polytechnic FC bat le Civil Service FC 2:1.

Le football est soumis aux mêmes lois que la vie sur terre : son existence est elle aussi régie par une palette relativement restreinte de paramètres physiques. Si le climat vient à se réchauffer de manière drastique, notre existence se verra menacée. Un changement de la concentration du CO2 dans l’atmosphère, aussi infime puisse-t-il paraître, pourrait mettre notre vie en danger. Il en va de même dans le football. Une modification radicale des règles pourrait entraîner des dommages irrémédiables en matière de qualité de jeu. e garant des Lois du Jeu L Notre planète football est soumise à l’autorité d’un comité relativement peu connu : l’International Football Association Board (IFAB). Celui-ci a pour fonction de préserver les Lois du Jeu, c’est-à-dire la structure fondamentale du football. L’IFAB se réunit chaque année, généralement en Grande-Bretagne. Créé en 1886, il a pour mission de s’assurer que les règles du beau jeu sont identiques aux quatre coins de la planète.

est d’abord limitée, puisqu’elle ne dispose que de deux voix et peut donc être mise en échec par les pays fondateurs que sont l’Angleterre, l’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande, qui disposent chacun de deux représentants. En 1958, on assiste à un rééquilibrage des forces : depuis cette date, quatre membres de la FIFA et un représentant de chacun des pays fondateurs siègent à la tête de l’IFAB. Toute modification des Lois du Jeu nécessitant un minimum de six voix, ni les fédérations de football du Royaume-Uni, ni la FIFA ne peuvent donc faire passer une décision en force.

e jeu plus séduisant L L’IFAB prend des décisions dans les domaines les plus divers, de la règle du but en or aux sous-vêtements thermiques. La moindre modification pouvant avoir des conséquences considérables, chaque prise de décision est donc guidée par l’intelligence et la prudence. Après la Coupe du Monde de 1990, tournoi particulièrement pauvre en buts, l’IFAB réfléchit à de nouvelles possibilités afin d’ouvrir la voie à un style de jeu plus offensif. Lors En 1913, la FIFA devient de l’assemblée générale de 1991, membre de l’IFAB, mais sa marge les Gallois proposent un assoude manœuvre au sein du comité plissement de la loi 11 : un joueur T H E F I FA W E E K LY

ne doit plus être considéré en position de hors-jeu quand il reçoit le ballon directement sur une passe effectuée depuis sa propre moitié de terrain. e but recherché L Cette proposition était certes motivée par une intention louable : augmenter le nombre de buts marqués. Mais cela aurait eu pour la planète football un effet comparable à celui d’une collision avec un astéroïde de la taille de la lune. Tout effort de créativité en milieu de terrain aurait été tué dans l’œuf et le football se serait transformé en un enchaînement sans fin de balles longues. Heureusement, en ce jour de 1991, la prudence a finalement pris le dessus. On peut lire dans le procès-verbal de l’assemblée générale que «la proposition de la Fédération galloise de football a été retirée.» Des modifications mineures de la règle du hors-jeu, l’interdiction du tacle par derrière ainsi qu’un ajustement de la règle de la passe en retrait ont finalement permis d’atteindre le but recherché. Å David Winner

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LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE

VU DES TRIBUNES Bundesliga

Un b u t ve nu d ’a i l l e u r s Sven Goldmann est spécialiste du football au quotidien Tagesspiegel de Berlin

C’est arrivé samedi dernier, à l’occasion du match entre Brême et Fribourg, après huit semaines et 73 rencontres, soit en tout 6570 minutes de jeu, plus le temps additionnel. Il aura fallu attendre jusque-là pour assister au premier match sans but de la 51ème saison de Bundes­ liga. Normalement, cela aurait dû susciter de nombreux commentaires. Il faut dire que la Bundesliga est très fière de ses matches prolifiques et d’avoir aboli (même sans décret officiel) les scores vierges. Beaucoup d’encre a effectivement coulé. Ce n’est pourtant pas le fait que les filets n’aient pas tremblé samedi à Brême qui a créé la polémique, mais le duel de vendredi entre Hoffenheim et Leverkusen, au cours duquel trois buts ont été inscrits, dont un que les Allemands ont aussitôt qualifié de « but fantôme ». Le Bayer Leverkusen s’est imposé 2:1, mais comme le second but était imaginaire, le TSG Hoffenheim a réclamé que le match soit rejoué.

À la fin de la rencontre, le ton est monté. Les deux camps se sont énervés, l’un contre l’autre mais aussi contre la FIFA, qui accorde la plus haute importance à la décision arbitrale. Jeter un œil à l’un des nombreux moniteurs présents à l’intérieur du stade aurait permis à Brych de se rendre compte de ce que tous les spectateurs avaient vu sur leurs smartphones. Mais conformément au règlement de la FIFA, Brych n’a pas pu regarder la vidéo. La Fédération allemande de football se retrouve à son tour dans une situation délicate. Si elle décide de faire rejouer le match, elle s’attirera les foudres de la FIFA. Si elle prend la décision inverse, c’est à la colère des fans de l’Allemagne toute entière qu’elle sera confrontée. Car qui comprendrait qu’un but soit comptabilisé pour des raisons de forme alors que tout le monde a vu à la télévision qu’il n’était pas valable ? Le but fantôme de Sinsheim relance donc cette discussion, mais également un autre débat : pourquoi la Bundesliga n’a-t-elle pas encore mis en place la technologie sur la ligne de but dans ses stades, contrairement à la Premier League anglaise ou à l’Eredivisie néerlandaise, par exemple ? Le système Goal Control développé en Allemagne sera utilisé pendant la Coupe du Monde 2014 au Brésil. La Bundesliga, elle, ne veut l’introduire qu’à l’été 2015. Est-ce pour des raisons financières ou techniques ? Personne n’en parle.

« Pourquoi l’Allemagne n’utilise-t-elle pas la technologie sur la ligne de but ? » Les statistiques officielles retiendront que Stefan Kiessling a marqué de la tête, à vingt minutes de la fin. Le ballon a vraiment terminé sa course dans la cage, mais il y est entré par un trou dans le filet à côté du montant gauche. L’arbitre Felix Brych s’est retrouvé dans une position peu enviable. Il a donc interrogé Kiessling, mais celui-ci a seulement répondu qu’il s’était retourné après son coup de tête et n’avait par conséquent rien vu. L’arbitre s’est entretenu avec ses assistants, aussi embarrassés que lui, et a finalement décidé d’appliquer la règle qui veut qu’en cas de doute, on tranche en faveur de l’attaquant.

Le comble de l’ironie dans cette triste histoire, c’est que ce soit Stefan Kiessling qui ait inscrit ce « but fantôme ». Kiessling signe régulièrement des réalisations bien réelles, il s’est illustré l’année dernière comme le meilleur buteur du championnat d’Allemagne. De nombreux experts réclament son retour en équipe nationale, mais le sélectionneur Joachim Löw ne veut pas de cette fine gâchette dans son groupe. Ce n’est pas le but imaginaire de Sinsheim qui risque de le faire changer d’avis ... Å

T H E F I FA W E E K LY

Primera División

D i e go C o s t a é c r it s a p r o p r e h i s to i r e Jordi Punti est écrivain et auteur de nombreux articles sur le football dans les médias espagnols.

En visitant Sao Paulo à cette époque l’année dernière, j’avais été frappé de voir cette grande ville brésilienne retenir son souffle à neuf heures du soir. Tout ça pour un footballeur à la retraite originaire de Rio de Janeiro à la vie sentimentale tumultueuse et une fille en quête de revanche, après avoir été abandonnée dans une décharge. Je vous parle ici du scénario du dernier épisode d’Avenida Brasil, l’une des telenovelas les plus populaires de ces dernières années. L’attaquant Adauto, de son surnom Chupetinha, a finalement accepté son terrible secret. Dans la foulée, il a inscrit un but décisif pour son club, le Divino FC, synonyme de promotion en première division. À chaque fois que je vois Diego Costa, je repense à Chupetinha. Depuis le début de la saison, l’attaquant brésilien a remis l’Atletico Madrid en haut de l’affiche. Le footballeur et le personnage de fiction se ressemblent. Comme son alter ego télévisé, Costa est grand et puissant. Son physique de déménageur lui permet de malmener les défenseurs adverses. Comme Chupetinha, il a un visage sympathique, avec de grandes oreilles, des yeux noirs et un air d’enfant boudeur. Mais dès qu’il touche le ballon, il se métamorphose. Ses mouvements deviennent féroces. Ce joueur tout en instinct et en puissance possède une étonnante capacité à conclure avec élégance et panache. Meilleur buteur de la Liga avec dix réalisations en huit matches, Costa compte pour l’heure deux longueurs d’avance sur Leo Messi. Il pèse actuellement près de la moitié des buts de l’Atletico. Au-delà des chiffres, il incarne désormais le style de jeu adopté par son équipe. Depuis son arrivée aux commandes en décembre 2011, Diego Simeone a su adapter les valeurs traditionnelles du football argentin aux exigences du championnat d’Espagne. Il a ainsi bâti une équipe composée de défenseurs intraitables, de milieux créatifs et d’attaquants efficaces. Pour l’Atletico, chaque match est une finale et chaque action de jeu est une occasion d’affaiblir l’adversaire. L’équipe flirte souvent avec les limites des Lois du Jeu, ce qui ne semble pas poser de problème à personne. 13


La maille de la discorde. Hoffenheim a fait réparer ses filets.

Sur le terrain, Costa est effectivement un animal. Il recherche constamment la confrontation, que ce soit avec ses adversaires, les arbitres ou les supporters. Le conflit lui donne l’énergie dont il a besoin pour réaliser les gestes les plus fous et tant pis s’il faut pour cela décocher à l’arbitre un regard digne d’Hannibal Lecter. Comme ses partenaires, le Brésilien a parfaitement intégré les consignes de Simeone. Les Madrilènes jouent sans retenue. On dit souvent que le poste d’avant-centre de l’Atletico est un prélude à une belle carrière. Ce ne sont pas Fernando Torres, Sergio Kun Agüero, Diego 14

Forlan ou Falcao qui prétendront le contraire. Pourtant, Costa pourrait bien être l’exception qui confirme la règle. Cet attaquant-là n’a pas l’intention d’aller chercher fortune ailleurs. Il veut s’imposer dans son club, disputer des finales, gagner des trophées et marquer des buts décisifs… comme Chupetinha. Devenu citoyen espagnol au mois de juillet, Costa pourrait bien être du voyage au Brésil l’année prochaine. Voilà un destin digne de la plus extravagante des telenovelas. Å

Premier League

L’é l é g a n c e d e l a v ite s s e David Winner est un écrivain et journaliste basé à Londres. Sa bibliographie dans le football comprend notamment Brilliant Orange et Dennis Bergkamp:

nal contre Norwich City samedi n’a engendré qu’une simple confusion autour d’un potentiel hors-jeu. Il a fallu attendre que l’arbitre assistant laisse son drapeau définitivement baissé et que les écrans géants de l’Emirates Stadium repassent l’action au ralenti pour que le public réalise ce qui venait de se passer sous ses yeux. Les près de 60 000 spectateurs réunis dans l’enceinte londonienne ont alors laissé exploser leur stupéfaction. Car Wilshere, avec la complicité de ses coéquipiers Santi Cazorla et Olivier Giroud, venait de ciseler un moment qui restera longtemps gravé dans les mémoires, alors que les circonstances du match auront vite disparu. L’action naît dans le camp d’Arsenal d’une série de triangles qui s’imbriquent les uns dans les autres, de plus en plus vite. Tout commence par un ballon classique sur l’aile, suivi d’une passe le long de la craie. Puis à mesure que les Gunners approchent de la surface de Norwich, le rythme s’accélère.

Stillness and Speed.

Dans un premier temps, la rapide combinaison de passes et de courses qui a mené au somptueux but de Jack Wilshere pour ArseT H E F I FA W E E K LY

En l’espace de deux secondes, le ballon navigue telle une boule de flipper : Cazorla pour Wilshere pour Cazorla pour Giroud pour Wilshere pour Giroud … et d’un seul coup,

Augenblick

Grâce à des footballeurs comme Thibaut Courtois, Juanfran, Diego Godin, Koke, Arda Turan, Gabi et Costa, les Colchoneros ont remporté la Ligue Europa, la Super Coupe d’Europe et la Coupe d’Espagne en peu de temps. Le mérite en revient à Simeone, qui a instillé de la régularité dans un club qui en manquait cruellement. Comme le soulignait récemment Arsène Wenger, l’Atletico pourrait être l’une des révélations de la prochaine Ligue des Champions, comme le Borussia Dortmund avant lui. Avec Costa, tout est possible. « Ce type est une bête. Il peut marquer de n’importe quelle position », remarque l’entraîneur d’Arsenal.


Wilshere se retrouve démarqué de cinq mètres et glisse tranquillement le cuir dans le petit filet, de l’intérieur du pied. Chacune des trois dernières passes décisives est exécutée au moyen d’un extérieur du pied d’une virtuosité inimaginable. Ce but a lancé Arsenal sur la voie d’un succès 4:1 qui lui a permis de retrouver la pole position du championnat. Cette victoire a également renforcé l’impression qu’avec l’arrivée de Mesut Ozil et le retour de Mathieu Flamini, le club possède sa meilleure équipe depuis les Invincibles du début des années 2000. Certains observateurs voient Arsenal capable de remporter la Premier League. D’autres jugent qu’il est encore trop tôt pour le dire. Dans quelques années en tout cas, ce débat aura disparu aux oubliettes mais on parlera encore de ce but dans les pubs. Arsène Wenger a déclaré qu’il s’agit du meilleur but qu’il ait vu en 17 années à la tête d’Arsenal : « C’était un but collectif ; c’est la vitesse à laquelle on veut voir son équipe jouer. » La petite merveille de Wilshere a immédiatement pris sa place dans le hit-­ parade des Gunners, à la hauteur des plus belles réalisations de Thierry Henry et peutêtre même des buts de Dennis Bergkamp contre Leicester ou Newcastle. À l’image du foot lui-même, sa culture et sa pratique évoluent au gré d’une perpétuelle succession de petits progrès. Lors de la finale de la Coupe du Monde 1966 à Wembley, Bobby Moore avait reçu un tonnerre d’applaudissements après avoir contrôlé un ballon du haut de la cuisse. À l’époque, ce geste technique avait paru extraordinaire aux yeux du public anglais. Aujourd’hui, la plupart des joueurs de champ sont capables de le réaliser. Les maestros du tiki-taka que sont Xavi, Messi et Iniesta ont déjà concocté des buts similaires pour le FC Barcelone. Pourtant, la combinaison entre Wilshere, Cazorla et Giroud a semblé un peu plus rapide et un peu moins probable. Un jour viendra pourtant où l’on en verra une plus extraordinaire encore. Pour l’instant en tout cas, elle représente l’admirable fleuron de ce qu’il est possible de réaliser sur un terrain de football. Å

Serie A

L a b at te r i e d e l a Ju ve nt u s e s t- e l l e à p l at ? Journaliste à la Gazzetta dello Sport, Luigi Garlando est également l’auteur de nombreux livres pour enfants.

Tout le monde a droit à son quart d’heure de gloire, disait Andy Warhol. Pour la Fiorentina et son entraîneur Vincenzo Montella, ce fut le 20 octobre 2013. Menée 2:0 à domicile par la Juventus, championne d’Italie en titre, la Viola a réussi l’exploit d’inscrire quatre buts d’affilée en l’espace de quinze minutes. Les Toscans, qui attendaient depuis 15 ans une victoire face à leur rival historique, ont laissé exploser leur joie tandis qu’un doute lancinant s’installait en Serie A : et si la grande époque de la Juve était terminée, du moins celle de l’équipe qui a dominé les deux dernières saisons du Calcio ?

l’entraînement se traduisait par un pressing écrasant, un jeu offensif précis et efficace et un rythme soutenu. Les visages de Chiellini, Lichtsteiner ou encore Vidal, infatigables sur le terrain, sont devenus emblématiques de cette équipe hors du commun. La Juventus arrivait sur la pelouse déterminée à gagner et prenait aussitôt le contrôle de la situation. Une fois qu’elle avait pris l’avantage, son adversaire n’avait plus aucune chance d’arracher une victoire. Mais tout cela semble désormais appartenir au passé. Chievo Vérone, Inter Milan, FC Copenhague, Galatasaray : autant d’équipes contre lesquelles la Juve s’est retrouvée menée à cause de la mollesse de son jeu et de son manque de concentration. Conte était alors parvenu à sortir ses joueurs de leur torpeur. Aujourd’hui, il semblerait qu’un véritable électrochoc soit nécessaire pour faire réagir l’équipe. Le match contre le Galatasaray constitue ici un cas d’école : après avoir renversé la vapeur grâce sa détermination légendaire, la Juventus a relâché une fois de plus son attention et concédé le nul (2:2),

« Et si l’époque de la Juventus était finie ? » L’écart de cinq points qui sépare la Juventus de l’AS Rome, actuellement leader du classement (qui reste sur huit victoires consécutives depuis l’arrivée de Rudi Garcia), est certes loin d’être insurmontable. Mais le scénario du fiasco toscan laisse peu de place à l’optimisme. En plus d’insuffler à la Juventus une nouvelle énergie sur le plan technique et tactique, Antonio Conte était parvenu à faire évoluer en profondeur la mentalité des Turinois. Lorsqu’il a pris les rênes de la Juventus à l’été 2011, l’équipe avait derrière elle deux saisons désastreuses. Il a malgré tout réussi à la métamorphoser en une véritable machine à gagner que rien ne semble pouvoir arrêter, en lui transmettant l’esprit combatif qui le caractérisait déjà quand il était joueur. La Juventus a remporté son premier Scudetto sans concéder aucune défaite. Elle a également dominé la saison suivante. Mais au-delà de ses succès en série, la Juve de Conte séduisait avant tout par son immense détermination et sa motivation : un énorme travail à T H E F I FA W E E K LY

quelques minutes avant le coup de sifflet final. La Juventus de la saison 2013/14 évoque immanquablement un téléphone déchargé qui n’arrêterait pas de s’éteindre. Rentré en retard de sa tournée avec l’équipe nationale du Chili, Vidal a atterri sur le banc des remplaçants. Le milieu de terrain symbolise aujourd’hui l’indolence qui règne au sein de l’équipe turinoise. Les joueurs donnent l’impression d’être psychologiquement éprouvés par l’intensité des deux dernières saisons et semblent avoir bien du mal à répondre aux attentes de Conte, dont beaucoup prédisent d’ores et déjà le départ l’été prochain. La débâcle sur le terrain de la Fiorentina est une nouvelle fois symptomatique : pendant une heure, la Juve a dominé la partie et fait la course en tête grâce à deux buts de Tevez et Pogba... jusqu’à ce que le téléphone s’éteigne de nouveau. Les matches à venir montreront si Conte parvient à recharger l’appareil, ou si la batterie doit être remplacée. Å 15


Nom : GĂźnter Theodor Netzer Date de naissance : 14 septembre 1944 Lieu de naissance : MĂśnchengladbach Taille : 1,78 m Position sur le terrain :

Gian Paul Lozza

meneur de jeu

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T H E F I FA W E E K LY


L’ I N T E R V I E W

« Parfois, je suis comme téléguidé » Rarement un joueur aura suscité autant de commentaires que Günter Netzer. Dans les années 70, l’international allemand était à la fois un rebelle, un homme à femmes et un meneur de jeu génial. « Je ne crois pas que j’aurais très envie d’être professionnel dans le football d’aujourd’hui », confie l’intéressé à l’occasion de notre interview. Günter Netzer, sur quelle chaîne faudra-t-il se brancher pour entendre vos analyses pertinentes pendant la Coupe du Monde 2014 ?

Qui tient la télécommande ?

domaines. En plus de son talent, c’était un homme formidable. Diego Maradona était peut-être meilleur sur le terrain, mais il ne contrôlait pas sa vie. Pelé était génial à la fois sur les pelouses et en dehors. C’est ce qui explique qu’il reste intouchable.

Günter Netzer : Je ne sais pas encore si je ferai le déplacement au Brésil. Dans ce cas, ce serait uniquement à titre privé. Ma carrière de consultant est terminée.

Je n’en sais rien. Les choses se passent simplement, sans que je puisse expliquer comment ou pourquoi. C’est ce qui s’est passé avec Mönchengladbach, en finale de la Coupe d’Allemagne contre Cologne. Ce jour-là, je suis entré tout seul sur le terrain.

Vous aviez pourtant l’air d’apprécier ce rôle.

Pouvez-vous nous raconter cette anecdote ?

C’est vrai. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Au bout de quelques années dans un même rôle, je finis toujours par recevoir certains signaux. J’écoute et j’en tire mes conclusions.

C’était en 1973. L’entraîneur Hennes Weisweiler avait décidé de me laisser sur le banc. À la mi-temps, il m’a demandé de rentrer et j’ai refusé. Le match est allé en prolongation. Les deux équipes étaient à égalité (1:1) et tout à coup, j’ai vu mon coéquipier Christian Kulik à terre, blessé. C’était le chaos sur le terrain. Je suis simplement allé vers l’arbitre et j’ai procédé moi-même au remplacement. Mais bien entendu, j’ai prévenu Weisweiler.

Les comparaisons entre des joueurs issus de différentes époques ne servent à rien. Il ne fait aucun doute que le rythme était beaucoup moins élevé du temps où je jouais. Pourtant, nous avons connu le meilleur football. Les conditions étaient complètement différentes.

Et vous avez marqué sur votre deuxième touche de balle…

Vous imaginez-vous dans la peau d’un footballeur professionnel aujourd’hui ?

C’est ça. Mais j’ai eu de la chance. Avec un rebond différent, je n’aurais sans doute jamais marqué.

Sûrement. Mais aujourd’hui, on trouve davantage de héros. Les supporters ont besoin de héros. Ils doivent pouvoir s’identifier.

Je peux toujours me l’imaginer, mais ça ne me plairait certainement pas. Nous avons eu récemment une discussion à ce sujet avec Franz Beckenbauer et nous en sommes arrivés aux mêmes conclusions : nous ne cracherions pas sur les sommes que les footballeurs gagnent aujourd’hui. En revanche, tout l’environnement du football actuel ne nous intéresse pas. Quand je pense à la rapidité des médias, à Internet, aux Smartphones… aujourd’hui, tout est transparent. C’est de la folie. De mon temps, j’avais déjà le trac le lundi quand j’étais invité dans une émission télévisée le samedi. De nos jours, les joueurs sont malins. Ils savent gérer les médias. Ce n’est pas évident d’être présent en permanence sur toutes les chaînes.

Et vous, qui est votre héros ?

Étiez-vous le joueur parfait ?

Lionel Messi. Ce gamin réalise des choses incroyables sur le terrain.

Loin de là ! J’avais un certain talent et je l’ai exploité au mieux. J’étais ambitieux aussi, mais il me manquait la passion et la rigueur. Avec ces qualités, je serai peut-être devenu le meilleur footballeur du monde. Å

Et où se trouve Messi, dans tout ça ?

Cette attitude ne date pas d’aujourd’hui, on dirait. En effet. Quand j’ai raccroché les crampons en 1977, Hambourg m’a proposé un poste de manager, un peu par hasard. Au départ, je voulais seulement m’occuper du journal du club. Puis d’un seul coup, je me suis retrouvé au pied du mur, car le président insistait énormément. Pendant huit ans, tout s’est bien passé et nous avons connu beaucoup de succès. À l’issue de cette période, j’ai su avec certitude que le moment était venu d’arrêter. Rien n’aurait pu me faire changer d’avis. Le football m’avait vidé. Ma décision était prise. J’ai été souvent sollicité par la suite mais, jusqu’à présent, j’ai tenu bon.

Vous connaissez le football sur le bout des doigts. Pourquoi n’êtes-vous pas devenu entraîneur ? Ce n’est pas un métier pour moi. J’ai toujours su ce dont j’étais capable, mais aussi et surtout ce dont je n’étais pas capable. Sincèrement, je n’ai aucune envie de me retrouver tous les jours sur le bord du terrain, à expliquer la tactique aux joueurs. Je ne suis pas un homme de structures et de plans.

Pourtant, vous avez bien suivi un plan de carrière ? Jamais de la vie ! J’ai pris toutes les décisions importantes à l’instinct. Parfois, je suis comme téléguidé.

Un tel « auto-remplacement » pourrait-il avoir lieu de nos jours ? J’en doute. En agissant de la sorte, j’ai largement empiété sur les fonctions de mon entraîneur. Aujourd’hui, les techniciens jouissent d’un respect encore plus grand et ce n’est que justice.

Les rebelles de votre espèce existent-ils toujours ?

Est-il le plus grand footballeur de tous les temps ? Le plus grand restera toujours Pelé. C’était un personnage exceptionnel dans tous les T H E F I FA W E E K LY

C’est le meilleur footballeur de sa génération et un garçon charmant en dehors du terrain.

Les experts disent que le jeune Pelé n’aurait eu aucune chance contre Messi.

Entretien : Alan Schweingruber 17


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EN ROUTE POUR LE BRÉSIL

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P L U S QUE 33 SEM A INE S Les nouveaux stades, une révolution La Coupe du Monde 2014 sera l'occasion pour les clubs brésiliens et leurs supporters d'apprécier un tout nouveau confort. Sérgio Xavier, São Paulo

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e rêve est presque devenu réalité. Six des douze stades de la Coupe du Monde de la FIFA ont déjà été inaugurés. Au Maracanã mais aussi dans les enceintes de Brasília, Fortaleza, Salvador, Recife et Belo Horizonte, le jeu a repris ses droits. Le "nouveau football brésilien" va bientôt entrer en scène. Cette grande fête est, bien entendu, étroitement liée à l'organisation de l'épreuve suprême. Pourtant, le premier acte de cette révolution s'est déroulé en marge de l'événement planétaire : le premier des 14 nouveaux stades appelés à changer le visage du football brésilien a ouvert ses portes le 8 décembre 2012.

tallent sur des sièges confortables. Les terrains sont bons, les systèmes de drainage fonctionnent et les caméras de surveillance garantissent la sécurité. On y trouve des bars, des petites boutiques et des parkings, le tout desservi par les transports en commun. Les spectateurs brésiliens n'avaient pas été habitués à pareil traitement.

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Aucune rencontre internationale n'aura lieu à l'Arena do Grêmio, tout au sud du pays. Le stade de Porto Alegre s'est glissé comme un passager clandestin dans le train de la Coupe du Monde. Construite à la vitesse de l'éclair, cette nouvelle enceinte a devancé les travaux de construction ou de rénovation menés à Salvador, Brasília, Belo Horizonte, Fortaleza, Recife, Rio de Janeiro, Natal, Curitiba, Manaus, Porto Alegre (le stade Beira-Rio accueillera, lui, plusieurs matches de la Coupe du Monde), São Paulo ou encore Cuiabá. Le 14ème stade est celui de Palmeiras, qui s'est lui aussi engouffré dans cette brèche de modernité. Portée par l'enthousiasme généré par la Coupe du Monde, cette arène ouvrira ses portes en mai prochain.

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La découverte du luxe Ces nouveaux sites ne sont pas seulement modernes ; ils pourraient bien provoquer une petite révolution au pays des quintuples champions du monde. Pour la première fois depuis bien longtemps, les supporters ne sont plus considérés comme du bétail. Ils profitent d'entrée plus larges, passent par des tourniquets pratiques, emmènent leurs enfants dans des toilettes dignes de ce nom et s'ins-

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Des lendemains qui déchantent Reste à savoir si ces nouveaux écrins survivront à l'épreuve du temps. Les organisations chaotiques qui subissent un lifting sous l'influence de pressions extérieures ont une tendance naturelle à replonger dans leurs vieux travers. En effet, ces édifices modernisés nécessiteront beaucoup de soins et d'attentions par la suite. Il existe malheureusement de fâcheux précédents. L'exemple du stade Engenhão de Rio de Janeiro incite à la prudence. Construite pour les Jeux Panaméricains de 2007, cette enceinte est aujourd'hui fermée car la sécurité des spectateurs est menacée lorsque le vent souffle trop fort.

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L E S S TA D E S D E L A C O U P E D U M O N D E 2014

La question des infrastructures a évidemment suscité un vif intérêt. Les candidats à l'organisation d'une Coupe du Monde doivent répondre aux exigences élevées de la FIFA dans ce domaine. Les supporters ont tout lieu de se réjouir : une fois que le train de la Coupe du Monde aura quitté la gare brésilienne, les équipements neufs continueront à briller pendant des mois. Pour les clubs appelés à évoluer dans ces nouveaux stades, l'héritage est inestimable.

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1 Mineirão Belo Horizonte (rénovation) Capacité : 62547

7 Arena das Dunas Natal (nouveau stade) Capacité : 42086

2 Estádio Nacional de Brasília Brasília (nouveau stade) Capacité : 70042

8 Estádio Beira-Rio Porto Alegre (rénovation) Capacité : 51300

3 Arena Pantanal Cuiabà (nouveau stade) Capacité : 42968 4 Arena da Baixada Curitiba (rénovation) Capacité : 43900

9 Arena Pernambuco Recife (nouveau stade) Capacité : 46154 10 Maracanã Rio de Janeiro (rénovation) Capacité : 76935

5 Castelão Fortaleza (rénovation) Capacité : 64846

11 Arena Fonte Nova Salvador de Bahia (nouveau stade) Capacité : 56000

6 Arena da Amazônia Manaus (nouveau stade) Capacité : 42374

12 Arena Corinthians São Paulo (nouveau stade) Capacité : 65807

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Qui saura saisir cette chance ? Ces 14 nouveaux stades ne sont donc pas seulement une chance pour le Brésil, mais aussi une responsabilité. Les fans seront sans doute séduits par la qualité des équipements et la nouvelle ne tardera pas à se répandre. Les affluences augmenteront et les boutiques pourront vendre davantage de produits dérivés. En revanche, les villes qui n'abritent pas de grands clubs populaires, comme Cuiabá et Manaus, risquent de voir dépérir ces géants de béton. Le football brésilien tient là une chance unique de tourner le dos à la pauvreté. De tout temps, le pays a pu compter sur des joueurs extraordinaires et des supporters fantastiques. Malheureusement, la piètre qualité des stades a longtemps provoqué des courts-circuits dans cette belle machine. Avec la construction de ces nouvelles arènes, le Brésil a l'occasion de reconnecter les fils de son destin. La question se pose maintenant de savoir qui saura saisir cette opportunité. Å

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LE MIROIR DU TEMPS

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Rio de Janeiro, Brésil

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Thomas Hoepker/Magnum

Samba, caipirinha, maîtrise du ballon et sable chaud … Le beach soccer est ancré dans la culture brésilienne et il l’était déjà bien avant d’être exporté par des marins européens. Sur la plage de Copacabana, il fait partie de la vie quotidienne. C’est ici qu’a eu lieu le premier tournoi officiel en 1957 et c’est ici que le beach soccer est devenu ce qu’il est aujourd’hui : plus qu’un sport, un art de vivre.

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LE MIROIR DU TEMPS

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Rio de Janeiro, Brésil

Vanderle Almeida/AFP

2005 La Coupe du Monde de Beach Soccer est organisée par la FIFA depuis 2005. Les trois premières éditions de la compétition se sont déroulées à Copacabana. Lors du tournoi inaugural, la hiérarchie préétablie a été bouleversée. Le Brésil a fini la tête dans le sable et c’est la France qui a triomphé. La revanche n’a pas tardé à venir : de 2006 à 2009, les Brésiliens ont décroché quatre titres. Puis une nouvelle puissance est apparue sur le sable : la Russie.

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TRIBUNE

L E T O P 11 D E L A S E M A I N E

Les plus grandes surprises de l’histoire du football

Rêves refondus Perikles Monioudis

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e matin du 8 juillet 1966, le Premier ministre britannique Harold Wilson prononce le discours d’ouverture du 35ème Congrès de la FIFA au Royal Garden Hotel de Londres. Visiblement de bonne humeur, le dirigeant travailliste évoque « le cadeau de l’Angleterre au monde », à savoir « l’Association Football ». À l’époque, le beau jeu est encore fréquemment désigné sous ce terme, afin de le différencier du rugby. « Je ne vois aucune autre nation dont la contribution au monde égale la nôtre », déclare Lord Wilson, le sourire aux lèvres. Le célèbre homme politique s’empresse d’ajouter que l’Angleterre « n’imposera plus sa suprématie en football ». Pourtant, quelques semaines plus tard, la patrie du football remportera son premier (et, à ce jour, unique) titre mondial. En cette belle matinée de l’été 1966, Harold Wilson est surtout heureux de voir la Coupe Jules Rimet. Il faut dire que l’ancêtre du trophée de la Coupe du Monde, qui représente Niké – la déesse grecque de la victoire – s’élevant vers les cieux, a vécu une aventure rocambolesque quelques mois auparavant. Le 20 mars 1966, la coupe en or massif a en effet été dérobée à l’occasion d’une exposition au Westminster Central Hall. Les malfaiteurs ont frappé aux alentours de 12 heures 10 à l’occasion de la relève de la garde. De l’aveu même du Premier ministre, le trophée Jules Rimet est revenu en possession de la FA «grâce aux efforts conjugués de la police britannique et d’un chien».

La nouvelle a de quoi surprendre et, très vite, les clichés d’un border colley du nom de Pickles circulent dans la presse internationale. Le héros canin aurait retrouvé le trophée dans un jardin de Londres, emballé dans des journaux. Les raisons qui ont poussé Pickles à s’intéresser à cet étonnant trophée demeurent un mystère. Seul un intermédiaire du nom d’Edward Betchley est appréhendé après une

course-poursuite et arrêté pour avoir organisé une demande de rançon. Le propriétaire de Pickles, un certain David Corbett, sera par la suite invité au banquet organisé en l’honneur des joueurs à l’issue de la finale de la Coupe du Monde. Il empochera également une récompense de 6 000 livres. De 1930 à 1970, le trophée Jules Rimet a incarné les rêves des footballeurs du monde entier. Il est devenu la propriété exclusive de la Fédération brésilienne de football (CBF) lorsque la Seleçao a remporté l’épreuve pour la troisième fois. Cette coupe hors du commun aura connu de nombreuses aventures tout au long de sa carrière. Le trophée a ainsi passé la Seconde Guerre mondiale dans une boîte à chaussures, sous le lit du vice-président de la FIFA de l’époque, Ottorino Barassi. En 1983, il a de nouveau été volé, cette fois dans les bureaux de la CBF à Rio de Janeiro. On suppose que la coupe a été fondue et revendue sous forme de lingots. Depuis 1974, les équipes nationales se disputent un nouveau trophée conçu par l’Italien Silvio Gazzaniga et sobrement baptisé Coupe du Monde. La République fédérale d’Allemagne, emmenée par son capitaine Franz Beckenbauer, a été la première à le soulever… et a pu en conserver une copie. Car l’original est précieusement conservé et repose dans un lieu tenu secret. Depuis quelques semaines, la tournée du trophée de la Coupe du Monde organisée par Coca-Cola lui donne l’occasion de visiter les six confédérations de la FIFA et les 26 États fédérés du Brésil. Nous n’en saurons pas plus sur la cachette du trophée le plus convoité de la planète. Comme le disait Lord Wilson en son temps : « Pour des raisons de sécurité, je ne suis pas en mesure de vous révéler où se trouve la coupe ». Gageons que, cette fois, la discrétion sera payante. Å

La tribune hebdomadaire de la r édac t ion de T he F IFA Week l y T H E F I FA W E E K LY

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Coupe du Monde 1954. Le Miracle de Berne. En finale, la RFA déjoue tous les pronostics et s’impose 3:2 devant une équipe de Hongrie que l’on croyait invincible.

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Euro 1992. Les joueurs danois sont pratiquement en vacances. Suite à l’exclusion de la Yougoslavie, ils viennent jouer les remplaçants de luxe et repartent avec le titre.

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Euro 2004. La Grèce devient championne d’Europe. Otto Rehhagel entre dans l’Olympe.

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Coupe du Monde 1950. La patrie du football humiliée : Angleterre - États-Unis 0:1.

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Coupe du Monde 1950. L’Uruguay bat le Brésil lors de la dernière journée et s’adjuge le titre, au grand dam des supporters de la Seleçao.

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Qualifications pour l’Euro 1992. Le 12 septembre 1990 reste marqué d’une pierre noire dans le souvenir de tous les Autrichiens. Ce jour-là, leur équipe nationale s’incline 1:0 aux Îles Féroé.

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Coupe du Monde 1966. Au premier tour, la Corée du Nord s’impose 1:0 devant l’Italie.

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Coupe du Monde 1978. L’humiliation de Cordoba. Pour sa dernière sortie au premier tour, la RFA, tenante du titre, est battue par l’Autriche 3:2.

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Finale de la Coupe d'Autriche 2013. La modeste formation de Pasching prend l'Austria Vienne par surprise au stade Ernst Happel et s'impose 1:0. Pour la première fois, un club de troisième division inscrit son nom au palmarès de l'épreuve.

Coupe du Monde 1938. Menée 2:0 à la mitemps, la Suisse s’impose 4:2 devant la grande Allemagne.

Ligue des Champions 2012. L’APOEL Nicosie atteint les quarts de finale avant de chuter face au Real Madrid.

D’autres surprises vous ont marqué ? Partagez-les avec nous en écrivant à cette adresse : feedback-TheWeekly@fifa.org

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→ http://www.fifa.com/u17worldcup

COUP DE PROJEC TEUR

« Le football à l’état pur » Comment naissent les étoiles : les meilleures équipes U-17 se disputent actuellement la couronne mondiale aux Émirats Arabes Unis. Le tournoi est considéré comme une formidable vitrine internationale du football de jeunes.

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Thomas Renggli

es raids dévastateurs, des dribbles chaloupés, des tirs dans toutes les positions et des matches sans grand schéma tactique ni stratégie. « C’est du football à l’état pur. Ici, on joue encore à l’instinct, en suivant son intuition. » C’est avec ces mots que Jean-Paul Brigger décrit la Coupe du Monde U-17, disputée actuellement aux Émirats Arabes Unis. En tant que responsable du Groupe d’Étude Technique de la FIFA, l’ancien international suisse est depuis deux décennies un observateur privilégié du football junior mondial. Selon lui, l’influence des entraîneurs n’est pas aussi marquée chez les jeunes qu’auprès de leurs aînés : « Dans leur façon de jouer, les juniors incarnent en quelque sorte l’idée fondamentale du football », déclare-t-il. De grands noms du football mondial vont dans le même sens lorsqu’ils évoquent leurs prestations à ce niveau : « C’était une formidable occasion de se comparer avec des jeunes du même âge venus d’autres pays et de découvrir d’autres cultures footballistiques », raconte par exemple l’Anglais Danny Welbeck, qui a pris part à la compétition U-17 en 2007. Dix ans plus tôt, le gardien Iker Casillas atteignait les demi-finales en Égypte avec l’équipe d’Espagne. Il décrit aujourd’hui cette opportunité de se mesurer à d’autres adolescents sur la scène mondiale comme « une chance unique et une expérience inoubliable ». Le milieu du FC Barcelone Xavi faisait partie de ses coéquipiers de l’époque. La liste des futures stars qui ont marqué de leur empreinte une édition de la Coupe du Monde U-17 est interminable. Elle compte notamment Luis Figo (Portugal, 1989), Juan Sebastian Veron (Argentine, 1991), Alessandro Del Piero (Italie, 1991), Ronaldinho (Brésil, 1997),

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Carlos Tevez et Javier Mascherano (Argentine, 2001), Fernando Torres (Espagne, 2001), Cesc Fabegras (Espagne, 2003) … En 2009 au Nigeria, un jeune Brésilien nommé Neymar faisait sa première apparition en Coupe du Monde. L’aventure s’est achevée pour lui à la fin du premier tour, après deux défaites contre le Mexique et la Suisse. Cet exemple d’échec inattendu est tout à fait caractéristique des rapports de force qui s’exercent à ce niveau : comme il s’agit de compétitions limitées à des catégories d’âge, les hiérarchies sont moins figées que chez les adultes. De ce fait, les surprises sont plus nombreuses. Le physique des jeunes, différent de celui de leurs aînés, a également un impact déterminant sur le déroulement du jeu. Les fédérations africaines, qui attendent toujours leur premier succès en Coupe du Monde, occupent en revanche le devant de la scène chez les moins de 17 ans : deux d’entre elles figurent en effet dans le Top 3, le Nigeria (avec trois titres) et le Ghana (deux titres). Pour Jean-Paul Brigger, ce n’est pas un hasard : « Les jeunes Africains sont en avance sur les autres physiquement, l’expérience le montre ».

La Coupe du Monde U-17 de la FIFA 2013 se déroule aux Émirats Arabes Unis jusqu’au 8 novembre. Après la Coupe du Monde U-20 2003, cest le second tournoi de la FIFA organisé dans ce pays. Le tenant du titre est le Mexique. Les pays les plus titrés dans cette catégorie sont le Brésil et le Nigeria, avec trois couronnes chacun. La finale se déroulera au Stade Mohammed Bin Zayed d’Abou Dabi (capacité : 42 000 places).

Il n’est cependant pas toujours possible de faire des pronostics fiables sur la future carrière de ces jeunes : « Les années qui suivent sont déterminantes pour ce qui est de la croissance, de l’évolution mentale et de la formation tactique», souligne Brigger. L’ancien sélectionneur de l’équipe de France Gérard Houllier confirme cette analyse : « Il est certain qu’on a la possibilité de découvrir de jeunes talents en Coupe du Monde U-17. Quant à savoir si ces joueurs réussiront vraiment à percer par la suite, c’est une question à laquelle on ne peut pas répondre avec certitude. Beaucoup de choses dépendent de leur évolution tactique, corporelle et psychologique ». À quel stade le parcours d’un joueur prometteur à l’adolescence et exposé à de grandes tentations financières prend-il un tournant ? Les T H E F I FA W E E K LY


2003 en Finlande : l’Espagnol Cesc Fabregas (à g.) en duel avec l’Argentin Leandro Diaz. Sept ans plus tard, le jeune espoir deviendra champion du monde (image p. 24).

T H E F I FA W E E K LY

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Only eight countries have ever lifted the FIFA World Cup Trophy.

Yet over 200 have been winners with FIFA. As an organisation with 209 member associations, our responsibilities do not end with the FIFA World Cup™, but extend to safeguarding the Laws of the Game, developing football around the world and bringing hope to those less privileged. Our Football for Hope Centres are one example of how we use the global power of football to build a better future. www.FIFA.com/aboutfifa


COUP DE PROJEC TEUR

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agents de joueurs et les recruteurs jouent un rôle-clé dans cette histoire. Les « hommes d’affaires du football » sont venus nombreux aux Émirats Arabes Unis, dans l’espoir de dénicher un futur grand nom du football mondial. Même si les grands clubs détectent les nouveaux talents de plus en plus tôt, le potentiel de découverte est toujours important lors d’une Coupe du Monde U-17. « C’est la principale vitrine du football junior pour tous ceux qui s’y intéressent. En Coupe du Monde U-20, les joueurs sont déjà sous contrat avec les meilleurs clubs », explique Brigger. La perspective d’une vie meilleure conduit cependant parfois à des dérives qui donnent à réfléchir. Après la Coupe du Monde U-17 2003 en Finlande, 12 des 20 joueurs (plus deux officiels) de la sélection de la Sierra Leone ont quitté leur pays. En tout, 18 des 20 footballeurs de l’équipe du Ghana engagée dans l’édition 1991 ont signé un contrat à l’étranger immédiatement après la compétition, voire même pendant pour certains.

Pix athlon, Getty Images, AFP, Dukas

d

La FIFA organise l’épreuve suprême dans cette catégorie d’âge depuis 1985. Elle était d’abord réservée aux moins de 16 ans et depuis 1991, elle est destinée aux sélections U-17. Au fil des ans, elle est montée en puissance et son importance n’a cessé d’augmenter. Si la compétition sous sa forme première était disputée par 16 équipes, le format du tournoi a changé en 2007 : 24 pays se disputent désormais le trophée. Cette évolution reflète l’amélioration du

travail de formation effectué par les fédérations. Avec son programme de soutien, la FIFA apporte une contribution importante à cette progression. Aux Émirats Arabes Unis, un atelier de huit jours a ainsi été proposé à des entraîneurs du Proche-Orient.

a) 1999 en Nouvelle-Zélande : l’Américain Landon Donovan (aujourd’hui au LA Galaxy) b) 1999 : Seydou Keita (Mali / aujourd’hui au Dalian Aerbin, Chine – précédemment

Autrefois, le football de jeunes n’était organisé qu’au niveau des clubs et des fédérations. Le prestigieux Tournoi Juniors FIFA/Blue Stars, qui se déroule aujourd’hui sous le patronage de la FIFA lui aussi, a eu lieu pour la première fois en 1939 à Zurich. Comme les différentes compétitions actuelles, le Tournoi Juniors Blue Stars a vite été placé sous le signe de la comparaison transfrontalière, avant de devenir de plus en plus international. Pour Sir Bobby Charlton, qui a vécu à Zurich sa première expérience à l’étranger avec Manchester United dans les années 1950, la confrontation avec la réalité s’est presque apparentée à un choc des cultures : « Les Italiens se retranchaient dans leur propre surface de réparation et ne faisaient que défendre. Au début, nous n’avons rien compris… et nous avons perdu 1:0. Ils nous ont donné une bonne leçon ». Charlton et les Anglais en ont tiré des enseignements : en 1966, l’Angleterre a remporté la Coupe du Monde et en 1968, Manchester United a triomphé en Coupe d’Europe des clubs champions. Å

T H E F I FA W E E K LY

au FC Barcelone) c) 2001 à Trinité et Tobago : l’Argentin Carlos Tevez (Juventus Turin – précédemment : West Ham, Manchester United et Manchester City) d) 2005 au Pérou : Carlos Vela (Mexique / sous contrat avec Arsenal, prêté à la Real Sociedad) e) 2007 en Corée du Sud : Danny Welbeck (Angleterre / Manchester United) f) 2007 : Toni Kroos (Allemagne / Bayern Munich) g) 2009 au Nigeria : Neymar (Brésil / FC Barcelone – précédemment au FC Santos) 27


LE DÉBAT

Joueurs du futur : d’ici 15 ans, les innovations techniques n’auront plus aucun secret pour les footballeurs.

À quoi ressemblera le football dans 15 ans ?

Sarah Steiner Au cours de son histoire, le football a vu son règlement changer à de nombreuses reprises, depuis l’introduction du penalty en 1891 jusqu’à la règle de la passe en retrait en 1992, en passant par la nouvelle règle de remplacement d’un joueur en 1967, l’introduction du système des cartons jaunes et rouges en 1970 ou encore la mise à jour de la règle du hors-jeu en 1990. Tous ces changements ont contribué à faire du football ce qu’il est aujourd’hui. Et constamment, de nouvelles modifications sont envisagées afin d’accélérer davantage le rythme des matches et de les rendre encore plus passionnants.

La cadence du jeu constitue ici un facteur décisif. Les joueurs courent plus vite que leurs 28

prédécesseurs, la balle est maniée plus rapidement et de façon plus précise. Les grands entraîneurs internationaux ont opté pour un système offensif. Le plus grand défi consiste pour eux à apprendre à leurs équipes comment faire plier une défense compacte. Pour cela, ils n’hésitent pas à prendre le risque de voir apparaître des failles au sein de leur propre défense. Pendant longtemps, le football a été marqué par des tactiques de jeu défensives, comme le « verrou suisse » ou le « catenaccio ». Le mot d’ordre de l’époque : surtout ne pas prendre de but. Il faudra attendre le début des années 2000 pour voir le jeu s’orienter de nouveau vers l’avant. Avec leur fameux « tiki-taka », le FC Barcelone et l’équipe d’Espagne ont démontré que raffinement technique et rotation des formations offensives pouvaient mener au succès. Quelles qualités un joueur doit-il posséder pour s’imposer au sein de ce football moderne et très physique ? Il doit avant tout être bien entraîné, et ce à tous les niveaux. Outre une excellente forme physique, il doit également savoir faire preuve d’une grande intelligence de jeu et d’un mental très solide. Le footballeur d’aujourd’hui doit être un joueur complet. Et pour cela, il doit être stimulé de manière individuelle. T H E F I FA W E E K LY

Les 28 et 29 octobre prochains se tiendra à Zurich l’International Football Arena (IFA), sur le thème suivant : « À quoi ressemblera le football dans 15 ans ? » Si les avis divergent au sujet des changements de règlement qui définiront le football du futur, d’autres questions ont d’ores et déjà été tranchées, comme par exemple la technologie sur la ligne de but, qui sera utilisée lors de la Coupe du Monde 2014 au Brésil. D’autres propositions, comme l’introduction de temps morts ou l’utilisation de la vidéo pour épauler les arbitres, sont régulièrement à l’ordre du jour. Mais quelles que soient les règles ou tactiques qui seront appliquées sur le terrain à l’avenir, une chose reste sûre : le football vit grâce aux émotions qu’il transmet. Et ce n’est pas près de changer. Å

Notre prochain débat aura pour thème : pelouses ar tificielles, bénédicition ou malédic tion ? Faites-nous part de vos avis sur le gazon synthétique en écrivant à l ’a d r e s s e s u i v a n t e : f eedbac k-T heWeek l y @ f i f a.or g.

Getty Images

Verrou suisse ou tiki-­ taka ? Les experts se sont donné rendez-vous à l’International Football Arena de Zurich pour évoquer l’avenir du football.


LE DÉBAT Il y a dix ans, j’étais convaincu d’être à la pointe du progrès en matière d’entraînement. Mais le football évolue sans cesse. Aujourd’hui, on ne met plus l’accent sur la résistance. On préfère travailler sur la combativité et l’explosivité sur de courtes distances. Les jeunes d’aujourd’hui sont plus rapides et plus robustes. Leur toucher de balle et leur qualité de passe sont également en progrès. Les joueurs à vocation défensive possèdent un meilleur bagage technique. Au cours des dernières années, la lutte pour la possession du ballon est devenue une préoccupation essentielle. Cette transformation a donné lieu à des évolutions tactiques qui rendent le football encore plus attrayant. Ottmar Hitzfeld, sélectionneur de la Suisse

En ce qui concerne l’organisation, je pense que les identités seront de plus en plus marquées. Les différences entre les compé­ titions internationales et interclubs iront croissant. De mon point de vue, c’est une bonne chose. Au niveau technique, les évolutions seront probablement peu nombreuses car le niveau est déjà très élevé. Il sera difficile d’aller encore plus loin. Quels que soient les changements, le football sera toujours le football. Quand on parle du beau jeu, on pense technique, tactique, spectacle, passion, préparation. Il y aura peut-être des modifications dans la façon dont les équipes préparent les matches, mais pas au point de modifier l’identité ou l’esprit du football. Cesare Prandelli, sélectionneur de l’Italie

En observant Neymar pendant la Coupe des Confédérations, j’ai été impressionné. Il est omniprésent sur le terrain, il avale les kilomètres et il possède une puissance extraordinaire. Il ressemble au footballeur de demain. La rapidité, la puissance et la technique sont appelées à occuper une place encore plus importante, pour un spectacle toujours plus intense. Il ne faut pas l’oublier : ce sont avant tout les joueurs qui font le football. À l’avenir, nous verrons sans doute de plus en plus de footballeurs capables de faire basculer le cours d’un match sur un coup de génie.

LE BILLET DU PRÉSIDENT

Le jeu va progresser techniquement et devenir encore plus rapide. Je pense toutefois que les plus grandes avancées se feront dans le domaine de la récupération. Les temps de repos seront de plus en plus importants. Les joueurs devront toujours évoluer à leur meilleur niveau, même lorsque les matches

« Le football sera toujours le football. » À

Égalité des chances pour l’Afrique !

Cesare Prandelli

s’enchaînent. Ils devront nourrir une véritable rage de vaincre et de faire le jeu. Je suis également un grand défenseur de la technologie sur la ligne de but. Un but doit seulement être validé si le ballon a franchi la ligne. En revanche, je ne suis pas partisan de l’abolition de la règle du hors-jeu. Sans elle, le football n’aurait plus de sens. Jean-Paul Brigger, directeur l’équipe technique de la FIFA

Les conditions d’entraînement seront optimisées et spécialisées. Au départ, un seul homme s’occupait de toute l’équipe. Puis, on a embauché des entraîneurs spécifiques pour les gardiens. À l’avenir, nous aurons peut-être un spécialiste pour chaque secteur de jeu : la défense, la construction, la conclusion. Je pense en outre que les entraînements vont prendre de plus en plus d’importance. Si je devais proposer un changement de règle, je pénaliserais d’un coup franc les équipes qui jouent la montre. Il n’est pas normal de voir une équipe qui mène au score bloquer le ballon près du poteau de corner dans la dernière minute, en attendant le coup de sifflet de l’arbitre.

Gérard Houllier, directeur sportif

Sven-Göran Eriksson, entraîneur de

global de Red Bull

Guangzhou R&F FC (Chine)

« Un spécialiste pour chaque secteur de jeu. »

quoi ressemblera le football dans 15 ans ? On comptera toujours onze joueurs dans chaque équipe et les fondamentaux resteront les mêmes. La balle est ronde et le match dure 90 minutes, comme le disait si bien Sepp Herberger. En revanche, le cadre pourrait être amené à changer. Le football est appelé à devenir de plus en plus « événementiel ». À l’avenir, les rencontres ne se limiteront plus au temps compris entre le coup d’envoi et le coup de sifflet final. Des spectacles et des concerts seront proposés à un public familial, pour une expérience encore plus enrichissante. Parallèlement, le confort et la qualité des équipements continueront à augmenter dans les stades. Le football est à la croisée de la culture et du divertissement et se doit donc de posséder des infrastructures dignes de son prestige. Sur le plan sportif, j’espère que nous tiendrons compte de la mondialisation et que les fédérations africaines et asiatiques occuperont la place qu’elles méritent en Coupe du Monde. Il est impossible que l’Amérique du Sud et l’Europe continuent à se tailler la part du lion dans l’épreuve reine comme à l’heure actuelle (avec 18 ou 19 équipes), alors que ces deux confédérations représentent moins d’associations membres (63) que l’Afrique et l’Asie (100).

La Confédération Africaine de Football rassemble en tout 54 associations membres. Elle ne compte pourtant que cinq représentants en Coupe du Monde, ce qui me semble très peu. Tant que la situation n’évoluera pas, les sélections africaines ne remporteront peutêtre jamais un titre intercontinental. Il faut se contenter de progrès sportifs ici ou là. Nous devons mettre un terme à cette situation, car l’égalité des chances doit être la priorité de tous les acteurs du sport de haut niveau.

Sven-Göran Eriksson

Votre Joseph S. Blatter T H E F I FA W E E K LY

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EVERY GASP EVERY SCREAM EVERY ROAR EVERY DIVE EVERY BALL E V E RY PAS S EVERY CHANCE EVERY STRIKE E V E R Y B E AU T I F U L D E TA I L SHALL BE SEEN SHALL BE HEARD S H A L L B E FE LT

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L’ E X P E R T

« La pression monte » • Les arbitres internationaux de la FIFA doivent être âgés de 45 ans ou moins. • Au cours des dix dernières années, le nombre d’arbitres de la FIFA s’est réduit. Les effectifs sont passés de 1149 (en 2003) à 883 (en 2013). • En tout, 153 arbitres africains ont perdu leur statut au cours de cette période. En Europe, les chiffres restent stables (272 arbitres). • Environs 30 d’arbitres seront appelés à officier pendant la Coupe du Monde 2014 au Brésil.

cette raison, il est primordial que tout le monde travaille main dans la main. Les joueurs doivent comprendre que dans le football, il faut que ce soit le plaisir qui domine et non pas la destruction. Il est très difficile pour l’arbitre de prendre la bonne décision quand le fair-play est absent du terrain.

C’est encore loin, le Brésil ? Massimo Busacca donnent ses instructions aux arbitres candidats.

Massimo Busacca

L Friedemann Vogel/FIFA

e mois qui s’achève a été très intense. Les dernières rencontres de la phase de groupes des qualifications pour la Coupe du Monde 2014 au Brésil viennent de se terminer. Les barrages nous révèleront le nom des derniers qualifiés, mais la liste des participants est déjà presque complète. La période a également été très chargée pour les arbitres. Ces derniers vont à présent devoir faire preuve de beaucoup de concentration et accomplir un travail irréprochable. L’enjeu est grand, très grand même puisqu’à la clé, il y a la qualification pour la Coupe du Monde. Ces échéances ne concernent pas seulement pour les joueurs et les fédérations ; les meilleurs arbitres sont eux aussi sous le feu des projecteurs et peuvent encore espérer aller au Brésil. En compagnie de mon équipe, nous allons analyser ces matches avec énormément d’attention. Une partie des candidats est actuellement aux Émirats Arabes Unis pour la Coupe du Monde U-17. Mais d’autres arbitres ont également la possibilité de décrocher une place pour le plus grand tournoi du monde lors de compétitions organisées au sein des confédérations. La pression monte, pour nous aussi. Les matches de la Coupe du Monde doivent être dirigés par les meilleurs sifflets du monde. Nous y travaillons. Notre mission consiste à conduire l’équipe d’arbitrage jusqu’à la ligne d’arrivée.

Revenons quelques mois en arrière : à la miavril, des séminaires de quatre jours ont été organisés au sein des confédérations. J’ai moimême dirigé ces séminaires composés de différentes unités de travail théoriques et pratiques. Ces journées se sont articulées autour de la protection des joueurs et de l’image du football, de la cohérence et de l’uniformisation des décisions, de la lecture du jeu d’un point de vue technique et tactique, ainsi que de la compréhension des différentes mentalités des joueurs et des équipes. Nous travaillons actuellement avec une cinquantaine de trios venus du monde entier. D’autres arbitres peuvent cependant encore espérer voir leurs noms figurer sur la liste de Brésil 2014. Une équipe qui n’a pas le niveau requis aujourd’hui peut très bien l’avoir demain. Nous sommes toujours en phase de qualification et nous ne savons pas encore qui fera partie de notre sélection pour la Coupe du Monde ! L’étape suivante consistera à s’assurer que les décisions prises sur le terrain par les candidats soient homogènes et cohérentes. Nous mettons tout en œuvre afin de garantir cette uniformité et cette cohérence. Ce sont à nos yeux les facteurs les plus importants. Nous devons transmettre deux messages au public et aux joueurs : le fairplay et le respect. Nous nous rendons au Brésil, l’une des plus grandes nations de football. Ces deux valeurs ont un rôle essentiel à jouer. Certaines situations se jouent au centième de seconde et il arrive que les arbitres soient mal placés pour voir ce qui s’est vraiment passé. Pour T H E F I FA W E E K LY

Pendant leur formation, les arbitres doivent avant tout apprendre à mieux connaître les nombreuses mentalités qui existent au sein du football. Comment peuvent-ils contribuer à approfondir cet aspect ? En développant une véritable culture du football, comme le font les joueurs et les entraîneurs. Cela les aidera à mieux cerner les différentes approches. Il est important qu’ils regardent régulièrement des vidéos en se concentrant sur les particularités de chaque match. Ils doivent se nourrir de football, pour ainsi dire. Nous devons être en mesure de comprendre chaque zone, que ce soit l’Afrique, l’Asie ou l’Amérique centrale. Cela évitera aux arbitres d’être surpris par des comportements ou des réactions inattendues. Nous devons pouvoir appréhender au mieux les différentes cultures du football. C’est essentiel pour nous. Nous attachons beaucoup d’importance à ce que le placement des arbitres lors des matches soit optimal. Nous nous concentrons surtout sur leurs courses et sur leur placement. Un arbitre bien placé peut mieux appréhender et analyser les actions qui se déroulent par exemple dans la surface de séparation ou à la limite du terrain. Bien sûr, nous ne pourrons jamais éliminer toutes les erreurs. Par contre, nous pouvons faire de notre mieux pour les réduire au maximum. Il ne faut pas oublier que nous ne sommes que des êtres humains et que nous continuerons sans doute à nous tromper.» Å

Ancien arbitre international, M A S S I M O B U S A C C A (4 4 a n s ) e s t aujourd’hui responsable de l ’a r b i t r a g e à l a F I F A . 31


Lieu : Accra, Ghana D a t e : Merc red i, le 2 5 septembre 201 3 Heure : 15h45


FIRST LOVE

Tine Harden

T H E F I F A W E E K LY

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HISTORIQUE

1953–1962

1983

1929

1924

1905

2004–2009

1938–1940

2009–2013

1963–2003

La FIFA fait un grand bond en avant et casse son image. Aujourd'hui, elle s'adresse de la même façon aux associations membres et au grand public… et invite les lecteurs à réagir.

tionale de Football (Association). Schneider avait endossé la direction de la rédaction et pris entièrement à sa charge les frais d'impression. Un projet osé, qui manqua toutefois rapidement du soutien et des réserves financières nécessaires pour être viable sur le long terme. Schneider n'imprima finalement que quatre numéros du Bulletin Officiel.

Perikles Monioudis et Yvonne Lemmer elle espère lancer des débats et contribuer à une meilleure compréhension de son travail et de ses n dit que la FIFA est une forteresse, un compétences. Vous avez entre les mains le premier bunker dont aucune lumière ne s'échappe. numéro de The FIFA Weekly. Dans la représentation dont elle fait l'objet dans les médias, certains commentateurs Les prédécesseurs de The FIFA Weekly étaient rivalisent d'originalité dans leurs compa- plutôt conçus comme des bulletins d'information. raisons. Pourtant, la FIFA possède une Revenons sur le passé des publications de la FIFA. structure en trois parties, pour éviter tout abus Victor E. Schneider, un homme d'initiatives, fut à de pouvoir : l'exécutif, le législatif et le judiciaire l'origine de celles-ci. Dans son rôle de premier sont séparés. Ce que la Commission d'Éthique pré- Vice-président de la FIFA, le Suisse fut poursuivi par conise n'est pas fixé par le Comité Exécutif, mais la malchance. En 1906, Schneider voulut mettre sur déterminé de manière totalement indépendante. pied une compétition internationale entre clubs euLes décisions du Congrès doivent obligatoirement ropéens. Il en informa les fédérations et planifia un être appliquées par l'exécutif. Dans sa volonté de tournoi avec une répartition en quatre groupes. Il transparence, la FIFA va encore plus loin. Un vent avait l'intention d'organiser les demi-finales et la nouveau souffle désormais, par le biais d'une pu- finale dans son pays natal. Seulement aucun club ne blication qui va donner l'occasion à la Fédération s'intéressa au tournoi. Un an auparavant, un autre de s'ouvrir encore davantage au monde : The FIFA projet mis au point par Schneider avait fait naufraWeekly. Avec ce magazine hebdomadaire, qui sera ge. En 1905, le Genevois avait en effet lancé de son publié dans les quatre langues officielles de la FIFA propre chef la première publication de la FIFA. Elle (l'allemand, l'anglais, le français et l'espagnol), s'intitulait Bulletin Officiel de la Fédération Interna-

Après une nouvelle tentative timide en 1924 (Official Communications), la FIFA visa cinq ans plus tard la création d'une publication sérieuse. Le titre World’s Football, doté d'une couverture en couleurs, fut proposé aux associations membres en échange d'un abonnement modique. Plus tard, une revue devenue culte avec son élégante couverture dans le style Art Déco fit son apparition : l'hebdomadaire Football World, Football Mondial, Fussball Welt, publié pendant un court laps de temps, de 1938 à 1940.

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À partir de 1983, la FIFA a publié des magazines à proprement parler, incluant des reportages et des interviews et bénéficiant d'un tirage sur papier glacé. Le dernier à s'être lancé à la conquête des lecteurs est le mensuel FIFA World. Aujourd'hui paraît le premier numéro de la dixième publication de la FIFA, The FIFA Weekly, qui sera éditée de façon hebdomadaire. Cette revue s'inscrit donc dans une tradition centenaire de publications. Maintenant, place à l'avenir ! Å

Reproduktion Marc Latzel

Des débats, des opinions, des reportages !


LE CL ASSEMENT FIFA

1 2 3 4 5 6 7 8 8 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 44 46 47 47 49 49 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 61 63 64 65 66 67 68 69 70 71 71 73 74 75 76 77

Espagne Allemagne Argentine Colombie Belgique Uruguay Suisse Pays-Bas Italie Angleterre

0 1 -1 1 1 1 7 1 -4 7

Brésil Chili États-Unis Portugal Grèce Bosnie-Herzégovine Côte d’Ivoire Croatie Russie Ukraine France Équateur Ghana Mexique Suède Danemark République tchèque Serbie Roumanie Slovénie Costa Rica Algérie Nigeria Honduras Écosse Panamá Venezuela Arménie Pérou Turquie Mali Cap-Vert Hongrie Japon Pays de Galles Islande Norvège Tunisie Paraguay Iran Égypte Burkina Faso Autriche Monténégro Ouzbékistan République de Corée Australie Albanie Cameroun République d'Irlande Libye Afrique du Sud Finlande Sénégal Slovaquie Israël Zambie Guinée Pologne Jordanie Émirats arabes unis Bolivie Sierra Leone Cuba Togo Bulgarie Maroc

-3 4 0 -3 -3 2 2 -8 -4 6 4 -2 1 -3 -3 -3 5 15 2 -1 2 -4 3 6 28 -1 -1 17 -5 9 -3 2 -13 -2 8 8 -8 -1 -8 -1 -1 -1 -6 -27 2 2 -4 -13 2 -1 9 7 -7 2 -5 3 4 8 -4 3 11 -9 -1 10 2 -12 -3

1513 -1 1311 50 1266 3 1178 -2 1175 16 1164 38 1138 146 1136 78 1136 -63 1080 133 1078 1051 1040 1036 983 925 917 901 874 871 870 862 860 854 850 824 783 778 767 752 744 741 724 720 715 702 692 687 686 670 668 662 636 634 634 633 632 632 613 613 610 598 596 584 582 569 564 563 554 550 540 540 538 530 528 515 513 512 503 502 496 496 493 492 488 487 478

11 84 44 7 -33 -9 15 -150 -94 72 58 11 45 17 14 -1 45 112 28 -2 11 -21 17 40 164 -25 -15 95 -46 57 -36 2 -108 -37 28 34 -67 -11 -60 -20 -1 -9 -43 -182 3 -5 -39 -89 -4 -20 20 12 -53 -4 -34 -7 -2 25 -36 8 40 -59 -4 54 2 -62 -14

Rang 1

août 2013

septembre 2013

1ère place

hausse du mois

octobre 2013

-41 -83 -125 -167 -209 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 103 105 106 107 107 109 110 111 112 112 114 115 116 117 118 119 120 121 121 123 124 125 126 127 128 129 129 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 141 143 144

République dominicaine Nouvelle-Zélande Haïti Trinité-et-Tobago Jamaïque Belarus Gabon Ouganda ARY Macédoine RD Congo Azerbaïdjan Salvador Irlande du Nord Congo Oman Angola Bénin Éthiopie Moldavie RP Chine Botswana Estonie Géorgie Arabie saoudite Zimbabwe Lituanie Irak Qatar Liberia RDP Corée République centrafricaine Koweït Niger Canada Guatemala Antigua-et-Barbuda Guyana Mozambique Tadjikistan Lettonie Kenya Guinée équatoriale St-Vincent-et-les-Grenadines Liban Burundi Bahreïn Malawi Turkménistan Nouvelle-Calédonie Luxembourg Namibie Rwanda Tanzanie Suriname Grenade Afghanistan Chypre Kazakhstan Soudan Philippines Sainte-Lucie Gambie Malte Syrie Lesotho Thaïlande Tahiti

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9 -12 -2 4 -4 -3 -1 -4 -11 4 19 4 -4 1 4 -4 -4 -2 33 2 6 -11 -3 8 -1 9 2 3 8 6 -4 0 -8 -5 -12 -1 16 1 1 -2 0 -21 2 -1 3 -2 -2 0 -31 -1 -1 2 -2 4 -13 -1 0 -3 4 4 0 -3 2 2 6 -4 2

474 470 464 457 456 441 438 431 430 411 407 404 399 394 381 380 378 376 369 365 354 351 350 338 328 323 323 313 312 310 310 307 306 296 294 294 286 282 280 277 274 273 271 267 267 266 263 254 249 247 246 242 242 237 233 223 219 216 215 213 203 202 192 183 183 181 179

baisse du mois 49 -59 -7 25 -15 -17 -5 -26 -60 19 92 18 -32 6 -1 -20 -20 -10 132 3 28 -54 -14 31 -5 24 -2 4 17 13 -21 0 -26 -28 -41 -9 52 -1 -1 -11 3 -90 8 2 11 2 0 0 -134 0 7 9 3 14 -35 -4 -6 -11 11 13 -7 -20 -7 -9 7 -25 -3

145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 162 162 165 166 167 168 169 170 171 171 173 173 175 176 177 178 178 180 181 182 183 183 185 186 186 188 189 190 191 192 193 193 195 196 197 198 199 200 201 202 202 204 204 206 207 207 207

Belize Palestine Saint-Kitts-et-Nevis Hong Kong Myanmar Kirghizistan Vietnam Mauritanie Nicaragua Inde Singapour Tchad Maldives Liechtenstein Porto Rico Malaisie Bermudes Indonésie São Tomé-et-Principe Bangladesh Népal Sri Lanka Laos Pakistan Dominique Curaçao Îles Salomon Guam Barbade Aruba Îles Féroé Chinese Taipei Yémen Samoa Maurice Madagascar Guinée-Bissau Vanuatu Swaziland Mongolie Fidji Samoa américaines Tonga Bahamas Montserrat Comores Îles Vierges américaines Îles Caïmans Brunei Timor oriental Érythrée Seychelles Papouasie-Nouvelle-Guinée Cambodge Îles Vierges britanniques Andorre Somalie Djibouti Îles Cook Soudan du Sud Macao Anguilla Bhoutan Saint-Marin Îles Turks-et-Caicos

0 3 -10 0 13 -6 2 -2 0 1 4 2 -5 -2 1 1 -4 8 1 4 -2 2 5 2 -2 4 -2 4 -22 -8 7 -1 -4 -1 -1 -1 -1 -1 3 2 2 2 2 3 4 3 -1 0 -11 -11 0 0 0 1 -2 0 0 1 1 1 -2 0 0 0 0

178 175 172 171 169 161 159 158 155 151 149 148 147 141 139 137 127 120 120 120 119 108 105 102 89 88 86 86 82 82 81 79 72 62 62 57 56 53 49 49 47 43 43 40 33 32 30 29 26 26 24 23 21 20 18 16 14 11 11 10 10 3 0 0 0

-6 3 -40 -3 45 -25 15 -10 11 8 18 10 1 -1 10 9 -12 18 0 7 -1 0 21 0 -23 16 -19 16 -75 -32 29 9 -8 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 -1 -12 -7 -26 -26 0 0 0 0 -3 0 0 0 0 0 -3 1 0 0 0

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THE SOUND OF FOOTBALL

L' O B J E T

Perikles Monioudis

La vie de Diego Maradona a été marquée par les sifflets, notamment ceux des arbitres. Il en raffolait parfois quand, après une échappée en solitaire, il se laissait tomber et obtenait un coup franc. Il les détestait lorsqu’il commettait une faute – ce qui, objectivement, était indigne de son talent. Les sifflets ont, d’une certaine manière, structuré ses actes. Sa vie sur le terrain dépendait de leur rythme. Son jeu, ses espoirs, ses craintes en découlaient. Il ne pensait, n’aimait et ne détestait que par eux. Il était, pour ainsi dire, devenu leur esclave. Ainsi en avait décidé le jeu.

Hanspeter Kuenzler Y a-t-il une chanson qui soit plus étroitement liée à un club de football que ne l'est « You’ll Never Walk Alone » à Liverpool ? Quand 40 000 fans entonnent le refrain en cœur au coup d'envoi d'un match à Anfield Road, cela vous donne des frissons. Les adversaires aussi ont des frissons, mais sans doute pour d'autres raisons que ceux qui chantent. Il n'est pas étonnant que le groupe Pink Floyd ait ajouté à sa chanson « Fearless » (de l'album Meddle), pour lui donner toute l'emphase voulue, un enregistrement en live des supporters du club anglais chantant leur hymne. L'effet stimulant que produit « You’ll Never Walk Alone » sur les fans repose sur une certaine nostalgie. Car ce titre indémodable renvoie élégamment aux plus beaux jours de Liverpool. Retournons en 1963, les Beatles viennent de réinventer la roue 36

de la musique pop et en football, une nouvelle saison a commencé. Depuis 1959, Bill Shankly est le manager des Reds. Lors de sa troisième ­a nnée à ce poste, il a réussi à faire accéder le club à l'élite du football anglais. Liverpool a terminé d'emblée à une respectable huitième place. Shankly est ami avec Gerry Marsden, leader du groupe de rock Gerry and the Pacemakers, dont deux singles dans le style des Beatles viennent de se classer numéro un au Royaume-Uni. Lors d'un trajet en bus vers la campagne, Marsden, invité du FC Liverpool, interprète à Shankly son prochain titre : « You’ll Never Walk Alone ». Portés par la chanson… jusqu'au triomphe Il s'agit d'une reprise d'une chanson populaire de la comédie musicale Carousel, écrite par Richard Rodgers et Oscar Hammerstein et représentée pour la première fois à Broadway en 1945. Shankly est très

enthousiaste. Les représentants de la presse présents rapporteront peu de temps après que la chanson a immédiatement été adoptée comme hymne du club. Quatre semaines plus tard, « You’ll Never Walk Alone » figure en tête du hit-parade britannique… et à la fin de la saison, Liverpool décroche le titre de champion d'Angleterre pour la première fois depuis 1947. Æ

Walk on... Through the rain... Walk on... Through the rain Walk through the wind And your dreams be tossed and blown... Walk on... (walk on) Walk on... (walk on) With hope (with hope) In your heart... And you'll never walk alone You'll never walk alone.

T H E F I FA W E E K LY

Un beau jour, le capitaine argentin a levé les bras au ciel, ivre de joie sous le regard de la planète entière. Trois coups de sifflet consécutifs venaient de parvenir à ses oreilles. Des sifflets longs, insistants, comme s'ils étaient euxmêmes conscients de leur importance. Ces sons stridents mettaient un terme à la finale de la Coupe du Monde 1986 au Mexique et annonçaient l'avènement du Pibe de Oro. Enfin… Maradona était champion du monde ! On connaît, tout du moins dans le monde du football, la suite du destin de Diego Maradona. Rudi Völler, Karl-Heinz Rummenigge, Andreas Brehme ou Tony Schumacher, ses adversaires ouest-allemands en finale, ont, quant à eux, emprunté des chemins différents, plus lucratifs et plus bourgeois. À Mexico pourtant, ils s’étaient finalement inclinés 3:2, après avoir réussi par deux fois à revenir au score. Qu’est-il advenu du sifflet de l’arbitre brésilien Romualdo Arppi Filho, qui a scellé en cette journée fatidique le destin de la RFA ? Il est conservé dans un petit sac en plastique sur une étagère à Zurich. Le sac porte l’inscription : « Marque : Acme. Modèle : THUNDERER. Type : plastique. Pays d'origine : Angleterre ». Au cinquième sous-sol du siège de la FIFA, il attend silencieusement et en vain de nouvelles mises en jeu. Mais son heure de gloire appartient au passé. Maradona pourra le confirmer. Å

Photo: Gian Paul Lozza, Illustration: Sion Ap Tomos

« Yo u' l l N e ve r Wa l k A l o n e »


LE TOURNANT

« J’ai beaucoup gambergé » Cela fait six ans que Shannon Boxx vit avec la maladie auto-immune lupus érythémateux. L’attaquante américaine a longtemps caché sa condition par peur du rejet. À 35 ans, elle nous dévoile son histoire personnelle.

« Les mauvaises sensations ont commencé peu avant la Coupe du Monde 2007. J’étais impatiente d’y aller, bien évidemment. Mais je ressentais une fatigue physique chronique depuis quelques mois et ça me travaillait. Je me sentais en petite forme et je récupérais très lentement. En plus, j’étais un peu dans le flou parce que les médecins n’arrivaient pas à l’expliquer. Je souffrais déjà du syndrome de Gougerot-Sjögren (NDLR: une maladie auto-immune systémique caractérisée par une atteinte des glandes lacrymales et salivaires), mais le corps médical avait exclu cette pathologie des raisons possibles de mon état de forme. C’est dans ces conditions que j’ai abordé la Coupe du Monde en Chine. J’ai préféré faire comme si de rien n’était, entre autres parce que j’avais peur des conséquences éventuelles. Et si je perdais ma place dans le groupe ? Et si les entraîneurs décidaient qu’ils n’avaient pas envie de prendre le risque de m’aligner alors que je pouvais être dans un mauvais jour ? Et si les médias faisaient tout un pataquès de cette affaire ? J’ai donc préféré me taire.

Simon Bruty/Getty Images

La Coupe du Monde s’est bien passée et nous avons fini troisièmes. J’ai plutôt bien joué et, vraisemblablement, personne n’a rien remarqué. Mais physiquement, ça n’allait pas. L’intensité et la fréquence des crises devenaient de plus en plus élevées. Lors de certains entraînements, il fallait que je me donne vraiment à fond pour combler mon manque d’énergie. Les mauvaises périodes duraient plusieurs heures, voire plusieurs jours, et je n’avais d’autre choix que de dormir en attendant que ça passe. En plus, j’avais des douleurs aigües et des problèmes de peau. Mentalement, c’était très difficile à vivre. Je ne pouvais en parler à personne. J’avais tou-

jours peur qu’une crise se déclenche un jour de match et que mon niveau de jeu en pâtisse. Tout a changé un matin du mois de décembre 2007. Ce jour-là, j’ai enfin décidé d’affronter ma maladie. Je suis allée consulter un nouveau médecin (le quatrième !), qui a réussi à mettre un nom sur ma pathologie après un énième examen : lupus érythémateux, une maladie auto-immune. J’ai alors essayé de me renseigner. Le lupus, son nom commun, ne s’attaque pas seulement aux articulations et à la peau, mais il peut aussi s’en prendre aux organes internes. Parfois, il peut même être mortel. J’avoue que j’ai beaucoup gambergé à ce moment-là. J’étais certes soulagée de savoir enfin de quoi il s’agissait, mais la maladie me faisait peur. On m’a prescrit des médicaments pour traiter les symptômes, mais je suis restée silencieuse.

Le lupus a changé ma vie. Je dois faire un bilan de santé tous les trois mois et je sais que mes organes vont bien. Mentalement, je suis libérée, ce qui aide énormément. Aujourd’hui, je me tourne plutôt vers l’avenir. Je vais être maman pour la première fois en mars 2014. Un an plus tard, il y aura la Coupe du Monde au Canada. Je veux être là pour fêter notre victoire. » Å Propos recueillis par Alan Schweingruber

D a n s l a r u b r i q u e « L e To u r n a n t », d e grands noms du football reviennent sur les moments qui ont marqué leur vie.

J’ai eu besoin de pas mal de temps pour en parler. En 2011, j’ai pris mon courage à deux mains et j’en ai informé mon club, Magic Jack, et l’équipe nationale. C’était la meilleure décision que je pouvais prendre et j’ai été surprise par ce qu’elle a entraîné. Mes coéquipières et le sélectionneur ont été super avec moi. Désormais je peux prendre officiellement du repos quand j’en ai besoin, mais surtout je peux en parler. Je ne vis plus dans le mensonge.

Nom :

Sélections :

Shannon Leigh Boxx

186

Date de naissance :

Poste :

29 juin 1977

Milieu de terrain

Date de naissance :

Club :

Fontana, États-Unis

Chicaco Red Stars T H E F I FA W E E K LY

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COUPE MYSTÈRE DE L A FIFA

The FIFA Weekly Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) Site Internet : www.FIFA.com/TheWeekly Éditeur : FIFA, FIFA-Strasse 20, Postfach, CH-8044 Zurich, Tél. : +41-(0)43-222 7777 Fax : +41-(0)43-222 7878

Commençons par deux petites questions, en guise d'échauffement. C'est parti !

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Une édition de la Coupe du Monde s'est terminée par un tir au but raté et avait commencé par un penalty raté. Qui a tiré à côté en premier ? B

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Président : Joseph S. Blatter Secrétaire Général : Jérôme Valcke

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Directeur de la communication : Walter de Gregorio Rédacteur en chef : Thomas Renggli

Mon nom est…

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Conception artistique : Markus Nowak

A  Jabulani E  Tricolore I  Brazuca L  Fevernova

Rédaction : Perikles Monioudis (rédacteur en chef adjoint), Alan Schweingruber, Sarah Steiner Collaborateurs réguliers : Jordí Punti (Barcelone), David Winner (Londres), Roland Zorn (Francfort), Sven Goldmann (Berlin), Sérgio Xavier Filho (São Paulo), Luigi Garlando (Milan)

Nous passons aux choses sérieuses. Du sang-froid !

Service photo : Peggy Knotz Production : Hans-Peter Frei (directeur), Richie Krönert, Philipp Mahrer, Marianne Crittin, Mirijam Ziegler, Peter Utz, Olivier Honauer Correction : Nena Morf

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Ont collaboré à la rédaction de ce numéro : Yvonne Lemmer, Dominik Petermann

On dispute des matches de qualification pour la Coupe du Monde depuis 1934. Un seul pays a pris part à toutes les compétitions préliminaires de la Coupe du Monde depuis 1934. Lequel ? E  Pays-Bas

I  Luxembourg

L  Turquie

T  États-Unis

Secrétaire de rédaction : Loraine Mcdouall Traduction : Sportstranslations.com Responsables de projet : Bernd Fisa, Christian Schaub Impression : Zofinger Tagblatt AG Contact : feedback-TheWeekly@fifa.org

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Combien de buts l'équipe des Pays-Bas a-t-elle inscrits pendant les matches de la Coupe du Monde 2002 en Corée et au Japon ? (Attention, la question est peut-être plus difficile que certains le pensent…) L  0

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Bonne réflexion ! La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d'extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention "© The FIFA Weekly", 2013. La rédaction n'a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. Le logo FIFA est une marque déposée. Produit et imprimé en Suisse.

Faites parvenir vos réponses à feedback-TheWeekly@fifa.org le 31 octobre 2013 au plus tard. Toutes les bonnes réponses participeront à un grand tirage au sort pour tenter de remporter deux billets pour assister au Gala FIFA Ballon d’Or 2013, qui aura lieu le 13 janvier 2014. Avant de participer, nous vous invitons à consulter les conditions générales, ainsi que le règlement de la compétition. Vous trouverez toutes les informations utiles à cette adresse : fr.fifa.com/aboutfifa/organisation/the-fifa-weekly/rules.pdf Å T H E F I FA W E E K LY

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DEM ANDE Z À L A F IFA !

LE SONDAGE DE L A SEMAINE

Qui ramènera cette coupe à la maison en juillet prochain ?

Le Brésil, l'Espagne, l'Allemagne ou une équipe surprise ? Envoyez votre réponse à : feedback-TheWeekly@fifa.org

Dieter Paul, Cottbus Pourquoi la Squadra Azzurra joue-telle en bleu ? L'Italie porte traditionnellement des maillots bleus. Historiquement, le royaume de Piémont-Sardaigne et son suzerain, le royaume de Savoie, imposaient les couleurs nationales.

L A SEMAINE PROCHAINE

Coupe du Monde 2014 : la SURPRISE belge Honey Thaljieh : la DAME DE FER palestinienne Interview : MARIO KEMPES parle de Messi

Analyses, reportages, images. The FIFA Weekly paraît chaque vendredi en format papier et numérique (www.Fifa.com/TheWeekly).

PELOUSES ARTIFICIELLES : calamité ou bénédiction ? ALEXI LALAS : du tourisme au

Réponse de Dominik Petermann, historien de la FIFA

LE NOUVE AU MAGA ZINE DE FOOTBALL

professionnalisme FC BARCELONE : l'histoire d'une légende

Au-delà des articles sur les plus grandes stars et les plus beaux buts, le dialogue avec nos lecteurs est au cœur de nos préoccupations. Participez à la discussion sur la plus essentielle des distractions.

Matches truqués : lutter contre la

Réactions à : feedback-TheWeekly@fifa.org

CRIMINALITÉ Disponible à partir du 1 er novembre 2013

buts ont été inscrits par les trois meilleurs artilleurs des qualifications pour la Coupe du Monde : Robin van Persie (Pays-Bas), Luis Suarez (Uruguay) et Deon McCaulay (Belize/en images). Ce dernier a vu son parcours s'interrompre dès le deuxième tour de la compétition préliminaire de la CONCACAF, ce qui ne l'a pas empêché de

RÉFÉRENDUM

82

pourcent des Français ont une mauvaise image de leur équipe nationale, selon un sondage paru dans le journal « Le Parisien ». par référendum, Didier

Montserrat, la

Deschamps serait

Grenade, le

certainement au chôma-

Saint-Vin-

29

millions de jeunes filles et de femmes jouent au football à travers le monde. En tout, 120 équipes nationales figurent au Classement mondial féminin de la FIFA. Les ÉtatsUnis (en photo : Abby Wambach) occupent la première place, le Kenya est lanterne rouge.

Si le football était dirigé

s'illustrer contre

Guatemala et

LE SEXE FORT

ge. En attendant, le technicien français peut

cent-et-les-Gre-

encore espérer se quali-

nadines.

fier, à condition de battre l'Ukraine en barrage.

AFP, Getty Images

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