The Fifa Weekly Edition #53

Page 25

MANUEL NEUER EN E XCLUSIVITÉ

“Mes impressions avant un match se révèlent souvent fausses” Lors de la Coupe du Monde au Brésil, le match remporté 2:1 contre l’Algérie a marqué un tournant dans le parcours de l’Allemagne, notamment grâce à un Manuel Neuer décisif. “J’ai dû prendre des risques”, explique au cours d’un entretien exclusif celui que beaucoup considèrent comme le meilleur gardien de la planète.

Manuel Neuer, le champion du monde que vous êtes tremble-t-il toujours avant un match important ? Manuel Neuer : Non, mais ce n’était déjà pas le cas avant ce titre. Je dois faire sentir à mes adversaires qu’ils n’ont aucune chance. Ce n’est d’ailleurs pas uniquement pour eux que j’aborde un match avec calme et confiance, mais aussi pour mes coéquipiers, qui ont besoin de se sentir en sécurité avec moi.

On attend beaucoup de vous aujourd’hui. Vous êtes considéré comme le meilleur portier de la planète, mais aussi comme un onzième homme idéal. N’avez-vous pas parfois l’impression que l’on en fait trop à votre sujet ? Il est vrai que ce n’est pas toujours facile de gérer tout ce que je dois faire sur un terrain. Mais ce que les gens attendent de moi, je ne m’en préoccupe pas. J’essaye surtout de me concentrer sur moi-même. Je sais pertinemment qu’il peut aussi m’arriver de faire des erreurs. Le meilleur gardien du monde ? On peut le lire ici ou là, mais ce n’est jamais

sorti de ma bouche. Mon objectif, c’est de toujours améliorer mon jeu, quand bien même la barre serait déjà haute.

À l’inverse d’anciens grands gardiens allemands comme Oliver Kahn, vous ne semblez pas appartenir à la catégorie des “héros solitaires”. Pourquoi ? Le succès individuel est parfaitement inutile s’il n’est pas lié au succès collectif. Je me définis avant tout comme un joueur d’équipe. Je dépends de ceux qui sont avec moi sur le terrain, de leur position, de leur manière d’attaquer. Je dois en tirer les conséquences nécessaires pour sortir de mon but et pouvoir participer au jeu. C’est toujours un ensemble, un collectif que je ne peux pas diriger seul et qui, heureusement, est presque toujours bien huilé.

Qu’est-ce qui, dans le sport, vous procure le plus grand plaisir ? Je ne prends du plaisir que lorsque j’accomplis quelque chose au sein d’un groupe.

Fêter Noël tout seul, ça ne viendrait à l’idée de personne.

Comment vous y prenez-vous lorsque vous devez donner des indications à vos collègues défenseurs pour les replacer ? Commander sa défense correctement fait partie des missions d’un gardien. Je ne peux pas et ne veux pas invectiver mes coéquipiers et ainsi les déstabiliser. C’est pour cela que mes paroles doivent être courtes, adaptées et compréhensibles. Aujourd’hui, un gardien doit donc aussi avoir une très bonne lecture du jeu.

Votre jeu en équipe d’Allemagne et au Bayern Munich redéfinit le rôle d’un dernier rempart. D’aucuns parlent de révolution et votre sélectionneur Joachim Löw évoque même le gardien du futur. Avez-vous l’impression d’initier une nouvelle tendance internationale ? Dans mon esprit, je joue comme j’estime devoir le faire depuis des années. Je n’ai pas modifié mon jeu de manière fondamentale, T H E F I FA W E E K LY

25


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.