Syndicats FGTB n°18 - 30 octobre 2015

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N°18 • BIMENSUEL • 70ème année Bureau de dépôt : Charleroi X Abonnements : 02/506 82 11 Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 11 syndicats@fgtb.be Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles

30 OCTOBRE 2015 • Éd. LIÈGE

Des accords à l’arraché © istockphoto.com

> CONCERTATION SOCIALE

Les interlocuteurs sociaux réunis en «Groupe des Dix» ont conclu une série d’accords sur des projets du gouvernement concernant l’outplacement pour les travailleurs âgés, le contrôle de disponibilité des temps partiels avec allocation de garantie de revenu (AGR), le chômage temporaire, le rendement des pensions complémentaires… Compte tenu des textes de départ, imbuvables, le banc syndical a pu apporter une série d’améliorations même si le compromis reste très insatisfaisant. Sans la concertation sociale, ces corrections n’auraient pas été possibles.

Notre dossier en pages 8 & 9 TEXTILE

Un salaire vital partout dans le monde Page 3

IMMIGRATION

Sans-papiers, sans-emploi, même misère Page 4

CLIMAT

Ensemble pour une industrie verte Page 5

PAUVRETÉ

À 4.000 contre les injustices Page 6



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RÉGIONS

SYNDICATS • N°18 • 30 OCTOBRE 2015

NAMUR Cher(e)s Camarade(s), A l’approche des fêtes de fin d’année 2015, nous vous informons que les bureaux de la centrale des métallurgistes de Namur seront fermés du: Jeudi 24 décembre 2015 au 31 décembre 2015 inclus Une permanence d’urgence sera accessible par téléphone au 0475/516.256. D’avance, nous vous souhaitons nos meilleurs vœux pour l’année nouvelle. CENTRALE DES METALLURGISTES NAMUR Rue de Namur 49 – 5000 BEEZ 081/248.131-132 Fax : 081/248.130

NOUVELLE PERMANENCE pour les AFFILIES du SEL (SETCa Enseignement libre)

NAMUR

Chers Camarades, Cher(e)s affilié(e)s, Soucieux de répondre aux nombreuses demandes de nos affiliés du secteur de l’Enseignement Libre et dans la mesure où nous avons à cœur d’assurer un service optimal à l’ensemble de nos affiliés, nous vous informons qu’une permanence exclusivement réservée à nos affiliés SEL aura lieu une fois par mois dans nos bureaux du SETCa Namur (rue Dewez, 40-42 – 5000 Namur 3ème étage). Celle-ci sera assurée par notre délégué régional Adrien Rosman. Vous pouvez vous présenter à cette permanence sans rendez-vous La première permanence se tiendra le Vendredi 30 Octobre de 9h00 à 12h30 Prochaines permanences: Vendredi 27/11 et Vendredi 18/12 également de 9h00 à 12h30. Nous vous rappelons également que les consultations juridiques se font uniquement sur rendez-vous pris par téléphone au 081/64.99.80

Le Secrétariat permanent du SETCa Namur

BRABANT WALLON

Manifestation nationale du 07 octobre 2015 Merci pour votre mobilisation.


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BRUXELLES

SYNDICATS • N°18 • 30 OCTOBRE 2015

Le gouvernement bruxellois rĂŠforme la ďŹ scalitĂŠ rĂŠgionale et prolonge le mĂŠtro vers le Nord urant le week-end des 17 et 18 octobre derniers, le gouvernement rĂŠgional bruxellois a pris plusieurs dĂŠcisions importantes. Il a notamment adoptĂŠ son projet de budget 2016, prĂŠsentĂŠ, cette annĂŠe encore, Ă l’Êquilibre.

D

Mais il a ĂŠgalement ďŹ nalisĂŠ son projet de rĂŠforme de la ďŹ scalitĂŠ bruxelloise et s’est accordĂŠ, en outre, sur le ďŹ nancement d’un plan d’investissements de plus de 5 milliards d’e, destinĂŠ au prolongement du mĂŠtro vers le Nord de Bruxelles. En matière de rĂŠforme ďŹ scale, voici les principales dĂŠcisions du gouvernement rĂŠgional: 1. La taxe rĂŠgionale forfaitaire de 89e sera supprimĂŠe dès 2016 (il s’agit lĂ d’une anticipation d’un an d’une mesure annoncĂŠe en tout dĂŠbut de lĂŠgislature). 2. Le prĂŠcompte immobilier augmentera (en moyenne et suivant les communes) de 10 Ă 12%, ĂŠgalement Ă partir de 2016. Cette hausse sera toutefois compensĂŠe, pour les propriĂŠtaires bruxellois, par une rĂŠduction forfaitaire de 120e: dès 2016 pour les propriĂŠtaires les plus fragilisĂŠs (ceux qui ĂŠtaient dĂŠjĂ exemptĂŠs de la taxe rĂŠgionale forfaitaire); Ă partir de 2017 pour tous les Bruxellois propriĂŠtaires de leur domicile.On le voit, au plan de la ďŹ scalitĂŠ, ce sont donc bien les multipropriĂŠtaires et les non-rĂŠsidents qui contribueront dĂŠsormais davantage. 3. En parallèle, en collaboration avec les communes, la base cadastrale sera rendue plus juste (mieux adaptĂŠe aux rĂŠalitĂŠs du bâti). 4. L’impĂ´t rĂŠgional sur les revenus du travail (techniquement: la taxe dite ÂŤd’agglomĂŠrationÂť, soit 1% de l’impĂ´t sur les personnes physiques) sera supprimĂŠe dès 2016. A partir de 2017, la diminution de l’IPP passera de 1% Ă 1,5 %. 5. Le bonus-logement, dont le gou-

vernement estime les moyens budgĂŠtaires ÂŤen dĂŠcalage com-

plet avec les objectifs poursuivisÂť, sera supprimĂŠ au 1er janvier 2017 (sans incidence, toutefois, sur les prĂŞts hypothĂŠcaires conclus avant cette date). 6. En compensation, dès le 1er janvier 2017, l’abattement sur les droits d’enregistrement d’une vente immobilière passera de 60.000 Ă 175.000e (montant forfaitaire pour toutes les habitations dont le prix est infĂŠrieur Ă 500.000e). Cette mesure ne concerne pas les ventes de biens immobiliers neufs, qui fonctionnent avec un système de TVA et non de droits d’enregistrement. 7. Le prix facial du titre-service (9e/h) sera bloquĂŠ durant toute cette lĂŠgislature. En revanche, leur dĂŠductibilitĂŠ ďŹ scale passera de 30 Ă 15% dès le 1er janvier 2016. Le gouvernement estime permettre ainsi le maintien tant de l’emploi sectoriel que de l’attractivitĂŠ du mĂŠcanisme pour les mĂŠnages. 8. Le prix du premier abonnement scolaire STIB passe de 12e Ă 50e. Les autres tarifs de la STIB seront gelĂŠs. 9. Une harmonisation des droits de donation et des droits de succession est prĂŠvue, en particulier au bĂŠnĂŠďŹ ce des familles recomposĂŠes. 10. En matière de ďŹ scalitĂŠ environnementale, le gouvernement a dĂŠcidĂŠ de rĂŠcupĂŠrer sans plus attendre l’ensemble des leviers ďŹ scaux de l’administration fĂŠdĂŠrale: les taxes de circulation et de mise en circulation seront assurĂŠs par la RĂŠgion avant la ďŹ n de la lĂŠgislature. L’occasion, dit le gouvernement, ÂŤd’ adap-

ter cette ďŹ scalitĂŠ complexe aux rĂŠalitĂŠs urbaines de BruxellesÂť.

Analyse

Les mesures dÊcidÊes par le gouvernement bruxellois rencontrent incontestablement les trois premières p rioritÊs '2&80( $ /$ '(&/$5$7,21 $ 17 35(3$5$72,5( / ,0327 '(6 3(5621 de la FGTB 1(6 3+<6,48(6 ([HUFLFH G LPSRVLWLRQ 5HYHQXV GH O

Bruxelles en DQQpH 3$57,( matière de ďŹ scalitĂŠ rĂŠgionale: diminution d’1% de l’IPP, suppression de la taxe forfaitaire de 89e et augmentation du prĂŠcompte immobilier (avec &RPSOpWH] FL DSUqV OHV F DGUHV TXL YRXV FRQFHU exonĂŠration des /LVH] G DERUG DWWHQWLYHP QHQW HQW OD EURFKXUH H[SOLFDWLYH

propriĂŠtairesoccupants). Cependant, la &DGUH , 02',),&$7,2 1 28 35(0,(5( &200 81,&$7,21 FGTB demandait 180(52 '( 7(/(3+21 '( 9275( &2037( %$1&$,5( Âą ( (et continuera de demander avec insistance) Ă la RĂŠgion de prĂŠvoir un dispositif aboutissant

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au non-report de ces augmentations de prĂŠcompte immobilier sur les locataires, si nombreux Ă Bruxelles. En ce sens, nous partageons la critique du Syndicat des locataires, qui s’inquiète Ă juste titre du sort des locataires les plus fragilisĂŠs (pour lesquels sera sans effet la diminution de l’IPP). En outre, comme dĂŠjĂ signalĂŠ par la Chambre des Notaires, un impact est Ă craindre sur une partie des activitĂŠs du secteur de la construction, dans la mesure oĂš les logements neufs, soumis Ă TVA, ne pourront bĂŠnĂŠďŹ cier de l’abattement des droits d’enregistrement prĂŠvus pour les ventes de biens plus anciens. De manière gĂŠnĂŠrale, les mesures prĂŠvoyant des taxations progressives (en fonction des revenus) ou supprimant des taxations forfaitaires sont bien sĂťr les bienvenues. En revanche, force est de constater que la rĂŠduction d’1% (puis en 2017 d’1,5%) de l’IPP sera plus intĂŠressante pour les hauts revenus. Signe que, dans ce gouvernement rĂŠgional, ne siègent pas que des progressistes‌ A noter encore: l’impact de cette rĂŠforme ďŹ scale sera neutre ou positif pour les Communes bruxelloises. C’est une excellente nouvelle, fautil le prĂŠciser? EnďŹ n, d’autres revendications de la FGTB Bruxelles conservent toute leur actualitĂŠ: - taxer les plus-values immobilières spĂŠculatives; - taxer effectivement les immeubles inoccupĂŠs; - introduire de la progressivitĂŠ tant dans le coĂťt des titres-services que dans les rĂŠductions ďŹ scales qu’ils gĂŠnèrent, et, au plan fĂŠdĂŠral: - taxer les loyers rĂŠels - et obtenir une revalorisation substantielle de la ÂŤcorrection navetteursÂť prĂŠvue dans le cadre du reďŹ nancement de Bruxelles.

Du cĂ´tĂŠ de la STIB, oĂš en sommes-nous? Lors de la signature de son contrat de gestion, la STIB s’Êtait vue doter d’un plan pluriannuel d’investissements ambitieux. Sur cette base, le gouvernement a dĂŠcidĂŠ de garantir la rĂŠalisation des grands projets d’infrastructures de l’opĂŠrateur bruxellois de transports publics. Près de 5,2 milliards d’euros seront ainsi investis au cours des 10 prochaines annĂŠes. Ces moyens importants devront essentiellement permettre de concrĂŠtiser de manière prioritaire l’extension de l’offre actuelle de MĂŠtro, vers Schaerbeek et Evere, d’ici Ă 2024. Pour le gouvernement, cette extension du rĂŠseau est devenue cruciale. Enjeu: recrĂŠer un lien direct entre le Nord et le Sud de Bruxelles. En parallèle Ă l’extension du rĂŠseau existant, la STIB

sera dotĂŠe des moyens nĂŠcessaires aďŹ n de renforcer la sĂŠcuritĂŠ de la signalisation de ses lignes de MĂŠtro actuelles (1-5 et 2-6), tout en permettant d’augmenter la frĂŠquence sur celles-ci.

EnďŹ n, le transport par bus n’a pas ĂŠtĂŠ oubliĂŠ (il s’agit, ici, d’une part d’adapter le rĂŠseau Ă une VilleRĂŠgion qui a beaucoup changĂŠ au cours des 25 dernières annĂŠes; d’autre part de rĂŠussir la transition vers l’ÊlectriďŹ cation du parc de bus).

Concours d’Êcriture antiraciste dans les ĂŠcoles de la FĂŠdĂŠration Wallonie-Bruxelles Votre ĂŠcole a envie de s’engager, en faveur d’une sociĂŠtĂŠ plus respectueuse des droits de tous? Vos ĂŠlèves ont des choses Ă dire, un tĂŠmoignage Ă partager? Pour cette première ĂŠdition du Concours Ma plume contre le racisme, le MRAX propose aux classes de 5e secondaire de dĂŠcouvrir le combat d’Angela Davis.

A partir de sa biographie et d’une citation, les ĂŠlèves sont invitĂŠs Ă produire un ĂŠcrit de maximum deux pages (article de presse, chanson, poème, dissertation, interview, slam, ...). Plus d’info: nawal.meziane@ mrax.be


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RÉGIONS

SYNDICATS • N°18 • 30 OCTOBRE 2015

CENTRE

CHARLEROI-SUD HAINAUT

MONS

WALLONIE PICARDE La Maison des Employés et Cadres Syndiqués www.maisondesemployes.wordpress.com

Claudine RUELLE

présente

Juliette NICAISE

Vernissage le vendredi 23 octobre 2015 dès 18h30

Editeur responsable: Patrizio Salvi - rue Chisaire 34 à 7000 Mons

EXPOSITION

DU 23 OCTOBRE AU 20 NOVEMBRE

Rue Chisaire 34 à 7000 Mons Une organisation ‘‘La Maison des employés et cadres syndiqués de Mons-Borinage’’(asbl) avec le soutien de la Région Wallonne et du SETCa Mons-Borinage

Entrée gratuite


ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°18 • 30 OCTOBRE 2015

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Un salaire décent pour les travailleuses de l’habillement (1) Partout dans le monde, des travailleuses confectionnent les vêtements que nous portons. Pour un salaire qui n’en a que le nom et dans des conditions épouvantables. Chaque année, achACT / Clean Clothes Campaign (Campagne Vêtements propres) enfoncent le clou, pour demander aux fabricants et marques de prendre leurs responsabilités. Un débat qui dure depuis beaucoup trop longtemps. Lors d’un forum récent sur le sujet, responsables syndicaux et travailleurs ont rappelé l’urgence: il faut un salaire dit «vital» pour ces travailleuses. n ne parle plus d’un salaire «minimum», mais bien d’un salaire vital. Un salaire qui permet à ces femmes (ce sont le plus souvent des femmes qui travaillent dans ce secteur) de s’assumer, sans avoir à se priver des biens de première nécessité. Sans avoir à envoyer leurs enfants travailler pour compléter le revenu du ménage. Au Forum «Living wage now», de nombreux témoignages sont venus éclairer un public venu nombreux sur les conditions de vie et de travail de celles qui créent nos vêtements.

venus dénoncer cette situation, mais les employeurs ont préféré négocier le droit d’ «importer» des travailleuses étrangères plutôt que de chercher des solutions. On est donc très loin d’un salaire décent et d’une volonté politique en la matière.

Anton Marcus, secrétaire général du syndicat FTZ+GSEU au Sri Lanka, explique l’hypocrisie des employeurs par rapport à la question du salaire vital. «Il existe une marge énorme entre les salaires réellement payés et ce qui pourrait s’apparenter à un salaire vital. Les travailleuses reçoivent 74 dollars/ mois. Il leur en faudrait 320 pour vivre décemment. Nous avons abordé la question avec le gouvernement, les employeurs. On constate qu’ils préfèrent parler du «salaire poche», qui comprend les heures supplémentaires des travailleuses et les «bonus». Il faut savoir qu’au Sri Lanka, 60h supplémentaires mensuelles peuvent être «forcées». Des bonus existent également, mais ne sont versés que si la travailleuses se présentent tous les jours, sans exception, à l’usine. Même si elles sont malades. Sans quoi la possibilité de bonus est perdue. Il existe également des bonus à la production, selon des quotas fixés unilatéralement par l’employeur.» Les conséquences sont facilement imaginables: les travailleuses s’épuisent, se rendent au travail même malades, dans le but de gagner un peu plus que la misère à laquelle elles ont droit par défaut. «Plus de 60% d’entre elles souffrent d’anémie.» De récents mouvements sociaux sont

lira au minimum (303e). A Istambul, il n’existe pas un seul loyer inférieur à 700 lira (213e). Il faut au minimum doubler le salaire minimal pour permettre à un ménage de vivre décemment. Un salaire vital doit être payé à TOUS les travailleurs qui participent à la chaîne de production, y compris tous les sous-traitants. Il faut que les marques se responsabilisent à tous les niveaux. C’est là qu’il faut faire pression.» La guerre en Syrie,

O

Moins loin de chez nous, en Turquie, Abdulhalim Demir représente la Clean Clothes Campaign. En Turquie, il existe un salaire minimum dans l’habillement, qui ne correspond pas aux besoins vitaux. «Une personne gagne 1000

pays voisin, et l’arrivée massive de réfugiés en Turquie, n’a pas aidé à faire avancer le débat ces dernières années. «C’est difficile de dire à ces gens «Luttez avec nous pour un salaire vital!». Ils se contentent de moins, d’un salaire minimum insuffisant.»

En bref

En Haïti, où la pauvreté fait rage, on n’ose pas encore parler de «salaire vital ». Parler de «salaire minimum» est déjà un progrès, dans un pays où l’on viole allégrement les règles en matière de droit du travail. Yannick Etienne, du syndicat Batay Ouvriyé, en parle. «En Haïti,

«Un salaire vital repré-

sente un accès à la dignité, à la liberté, à la santé, à la motivation. Toutes les preuves et faits sont là, nous avons des solutions. Maintenant, ce qu’il faut, c’est de l’action.» Phil Bloo-

violer les droits humains, c’est tolérable, pour autant que les règles du capitalisme soient respectées. Si l’on s’attaque un peu à la compétitivité, les entreprises délocalisent, c’est tout.» Difficile pour les travail-

mer, Business and Human Rights Resource Centre «Il faut renforcer le pouvoir

leurs de trouver un quelconque soutien du côté du ministère. «On nous considère comme les ennemis des marques, des fournisseurs, du gouvernement. On nous fait sentir que l’on va contre les intérêts de notre pays, et que si l’on insiste trop, les entreprises vont partir et tout le monde va se retrouver sans emploi. Ça rend les choses compliquées. Notre but est maintenant de travailler directement avec les marques, pour qu’elles «poussent» les usines à respecter la loi…»

- «Augmentez le salaire vital» - «Votre avidité nuit à l’économie!»

On le voit, la volonté politique n’est pas là. En tant que consommateurs, nous pouvons jouer un rôle, en se joignant aux efforts des associations et syndicats, en signant la pétition et en s’informant au maximum sur les marques et leurs pratiques.

Info: http://www.livingwagenow.eu/fr/ Pétition: http://www.livingwagenow.eu/fr/signature

Nous avons assisté récemment au Forum «Living Wage Now», et consacrerons plusieurs articles, dans les éditions à venir, à cette problématique.

des syndicats et l’accès à la sécurité sociale. Les deux vont de pair.» Yannick Etienne, Batay Ouvriyé «Les marques doivent

être tenues responsables de paiement de salaires vitaux. Il faut réguler la chaîne de distribution globale. Un salaire vital garantit la fin des heures supplémentaires forcées. Un salaire vital n’est pas juste un avantage, c’est un droit fondamental. C’est une question de survie.» Anannya Bhattacharjee, Asia Floor Wage


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ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°18 • 30 OCTOBRE 2015

> IMMIGRATION

Sans-papiers et sans-emploi: la communauté des «sans» L’afflux de réfugiés et de demandeurs d’asile provenant de Syrie ou d’Afrique noire a suscité ces derniers temps pas mal de réactions. Parfois positives se traduisant par un élan de solidarité au vu des conditions lamentables d’accueil de ces réfugiés; parfois négatives au vu du flux que rien ne semble pouvoir arrêter ; parfois inquiètes quant à notre capacité à intégrer ces gens alors même que nous sommes plongés dans la crise et que l’emploi fait défaut. Cette crise a aussi démontré la faiblesse des moyens mis en œuvre ou la mauvaise volonté des pouvoirs publics qui ont largement laissé les problèmes de logistique aux associations et qui envisagent maintenant de confier l’accueil des primo-arrivants au secteur privé… e 14 octobre dernier le CEPAG réunissait à Beez la Commission des travailleurs immigrés et celle des travailleurs sans emploi pour réfléchir sur les thèmes des migrants. Journée à laquelle étaient conviées les associations actives dans ce domaine. Thème du jour : comment organiser la solidarité avec les migrants et en particulier avec les sans-papiers?

travailleurs sans emploi,... C’est ce qu’un militant liégeois de la FGTB Wallonne appelle «la communauté des sans»: sans-papier, sans travail, sans logement, sans domicile fixe, sans droits… Et d’ajouter: «mais

Au départ de cette initiative, le constat que les pouvoirs publics ne font pas toujours ce qui est en leur pouvoir ou de leur responsabilité pour l’accueil des migrants. Ce sont les associations et le bénévolat qui doivent suppléer à ces carences mais sans disposer de la logistique nécessaire et sur base d’un bénévolat qui ne peut pas être garanti sur la durée.

Effets en cascade

L

Autre constat: au sein de l’organisation syndicale et de ses mouvements d’éducation populaire, pas mal d’initiatives sont prises pour organiser la solidarité dans les différentes régionales mais il est difficile les articuler entre elles. De plus, l’organisation même du syndicat tend à cloisonner la lutte avec les sans-papier alors qu’il existe un lien avec le travail d’autres composantes, comme la Commission des

c’est un travail de tous les jours que d’expliquer que l’adversaire n’est pas le migrant mais l’employeur qui met les travailleurs en concurrence pour baisser les salaires».

Des «sans» qui peuvent être séparés ou au contraire découler les uns des autres et se cumuler. Le chômage et la perte de revenu qui en découle peut avoir des conséquences en cascade jusqu’à la perte du domicile fixe, en passant par un accès difficile au logement, aux soins de santé, à l’éducation, au crédit, etc. Même des ressortissants des pays membres de l’Union européenne, qui se croient à l’abri, risquent de devoir quitter le territoire s’ils se retrouvent sans emploi et sans allocation. Cette proximité de situation s’est révélée à l’occasion de certaines actions d’occupation des travailleurs sans-papiers. Certaines ini-

> LIVRE

Visages humains Pourquoi ont-ils dû quitter leur pays? Comment ont-ils vécu le déracinement? Quelle est leur vie ici? Visages Humains, publié aux éditions Le chant des Rues reprend 23 témoignages de sans-papiers recueillis à l’occasion d’un atelier d’écriture et permet de mieux comprendre le parcours et les problèmes des sans-papiers.

tiatives en soutien aux travailleurs migrants sans papiers, comme des visites de militants des Travailleurs sans-emplois de la FGTB à l’occupation, l’organisation de conférences débat, des repas pour récolter des fonds, ont permis aux personnes de se rencontrer, de se parler, de dépasser certains préjugés pour arriver au constat d’une communauté de sort et d’intérêts: l’obtention du droit de séjour est un pas en avant mais n’est pas une solution à tous les problèmes. Les réfugiés se retrouvent alors dans la même situation que les autres demandeurs d’emploi peu qualifiés, c’est-à-dire en bas de l’échelle sociale. Le permis de séjour n’ouvre pas nécessairement la porte à l’emploi mais peut très bien déboucher sur un autre type de précarité. Il en ressort que les sans-emplois avec ou sans papiers ont des aspirations et des revendications communes.

Articulation Du point de vue syndical, pas mal de choses se font. Ainsi la Promotion et Culture et le monde des possibles de Liège, associés au CEPAG et aux jeunes FGTB ont-ils organisé, outre des actions de soutien, et des activités conviviales, une «école des solidarités» qui dispense un parcours d’accueil militant revu du point de vue syndical. Outre une information sur leurs droits et aux services disponibles, l’école construit avec les travailleurs migrants avec ou sans papiers une analyse des réalités sociales belges et du rôle des organisations syndicales. Les services syndicaux et les asbl qui gravitent autour des organisations syndicales sont de plus en plus souvent amenés à faire le lien entre leur core business (organisation des jeunes, des sans-emplois, information aux transfrontaliers ou aux migrants) et d’autres combats, dont la défense des sans-papiers. Et ils sont souvent amenés à soulever la question au sein de leur organisation et d’élargir le champ

Carrefour Syndical «La criminalisation des travailleurs migrants» Le CEPAG organisera quant à lui un Carrefour syndical le 17 décembre de 9h à 13h à Beez. Ce carrefour aura pour thème «la criminalisation des travailleurs migrants». Il sera l’occasion de débattre entre acteurs universitaires, syndicaux, associatifs

de leur action et de jeter des ponts entre syndicats et monde associatif mais aussi entre différentes composantes de l’organisation syndicale elle-même. Naît ainsi une catégorie de militants «passeurs». La conclusion est que l’organisation syndicale devrait se (re) structurer en conséquence pour

coordonner et soutenir, y compris sur le plan logistique, la défense des sans-papiers pour en faire un combat politique et collectif et le lier aux autres combats des travailleurs actifs et sans emploi – a fortiori les exclus du chômage qui se perdent dans la nature -. Comme le dira un intervenant: «il

n’y a qu’une seule misère, et il faut la combattre».

EN BREF Moins de titres de séjour délivrés en Europe en 2014 Quelque 2,3 millions de nouveaux titres de séjour ont été délivrés en 2014 dans l’Union européenne à des ressortissants non-européens, soit une baisse de 2,2% par rapport à 2013 et de 9% par rapport à 2014 ressort-il de statistiques publiées par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne. Les Ukrainiens, Américains, Chinois et Indiens ont été les principaux bénéficiaires. Avec 43.823 nouveaux permis, la Belgique figure en dessous de la moyenne européenne. Elle en a accordé particulièrement pour des raisons familiales (52,7%), éducatives (14,3%) et professionnelles (10,9%) et ce, majoritairement à des personnes d’origines marocaine, indienne ou américaine.

Des formations pour améliorer l’accueil des réfugiés L’Université catholique de Louvain (UCL), désireuse d’apporter ses ressources et ses compétences pour soutenir les réfugiés, proposera trois journées de formation, «avec pour objectif d’aiguiller les associations dans leur travail quotidien de soutien aux migrants». C’est ainsi qu’elle proposera trois journées de formations les 10, 14 et 17 décembre prochains, en collaboration avec la Croix-Rouge et Fedasil. Ensemble, ils dispenseront «les connaissances de base

en matière d’accueil des demandeurs d’asile, afin d’outiller le personnel associatif d’un point de vue psychologique, juridique et anthropologique». Renseignements et inscriptions via la Croix rouge et Fedasil, ou l’UCL: sylvie.sarolea@uclouvain.be

L’immigration rapporte plus qu’elle ne coûte Dans un n° de Regards économiques l’UCL se penche sur la crise des réfugiés et pose la question: «faut-il craindre l’immigration». En balayant tous les scénarios possibles, l’UCL estime l’effet de l’immigration des années 1990 sur le salaire et l’emploi des travailleurs natifs. En Belgique, l’effet sur le salaire moyen des natifs est positif, compris entre 0,0 et 1,0 pourcent; l’effet sur le salaire des travailleurs peu qualifiés varie de 0,6 à 1,2 pourcent. L’effet sur l’emploi des natifs est également positif mais négligeable. Pour ce qui est de l’effet sur la consommation publique non individualisable (défense nationale, infrastructures publiques, politique étrangère, dépenses de justice, etc.) l’UCL estime que à supposer qu’un tiers de la consommation publique est affecté par l’immigration (un scénario raisonnable), l’effet sur les finances publiques belges est positif et s’élève à 0,50 pourcent du PIB. De nouveau, des résultats similaires ont été obtenus pour les autres pays européens. Ainsi, au niveau actuel, l’immigration n’engendre pas les coûts économiques redoutés par les citoyens.

Rédaction: Syndicats - 42 rue Haute, 1000 Bruxelles Nicolas Errante: rédacteur en chef - Tél.: 02/506.82.44 Aurélie Vandecasteele: journaliste. Tél.: 02/506.83.11 E-Mail: syndicats@fgtb.be Secrétariat: Sabine Vincent - Tél.: 02/506.82.45 Service abonnements: 02/506.82.11


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> INTERVIEW DE PATRICK MERTENS

Le syndicat doit participer à la recherche de voies durables pour l’industrie Patrick Mertens est secrétaire provincial de la section de Flandre Orientale de l’ABVV Metaal. Patrick a un intérêt plus large qui l’amène à se pencher sur l’industrie en période de crise économique et de globalisation. Comment les grandes entreprises de la zone portuaire de Gand se comportent-elles en matière de climat et d’énergie? Patrick Mertens: «Volvo Trucks a joué un important rôle de pionnier pour la zone du canal de Gand. L’entreprise a été la première à envisager une usine à empreinte carbone neutre. Depuis 20062007, l’ensemble de l’énergie utilisée est «verte». L’usine a misé sur l’économie d’énergie et l’efficacité énergétique. Le nouveau centre logistique est passif. L’éclairage consomme le moins d’électricité possible. Des panneaux solaires ont été placés sur le toit et des éoliennes ont été érigées sur le site de l’entreprise. Et la quantité de courant manquante est fournie par les centrales hydroélectriques de la vallée du Rhône.

Chez Arcelor Mittal, l’histoire énergétique présente deux faces. D’une part, ArcelorMittal souhaite diminuer les émissions annuelles de 9 millions de tonnes de CO2. En 2010, ArcelorMittal a ouvert une nouvelle centrale électrique. Electrabel a investi 300 millions d’euros dans la centrale où sont brûlés des gaz de haut-fourneau et de convecteur. ArcelorMittal a injecté 90 millions d’euros dans l’installation qui accueille les convecteurs à gaz. Une diminution de 150.000 tonnes de CO2. Plus récemment, ArcelorMittal a investi 80 millions d’euros dans une installation visant à transformer le CO des gaz en éthanol.

Soit une diminution de 120.000 tonnes de CO2. Pour le moment, les projets obtiennent un résultat limité mais il s’agit clairement de pas dans la bonne direction, qui peuvent ouvrir des perspectives pour l’industrie à l’avenir. L’autre face, c’est que l’entreprise répond au système européen d’échange de quotas d’émission pour les émissions de gaz à effet de serre (SEQE), et met tout en œuvre pour obtenir un maximum de droits. Arcelor affirme que SEQE ne cause aucun problème de concurrence en Europe, mais bien en dehors de l’Union européenne. Techniquement, tout ceci est difficile à contrôler, mais nous ne pouvons nier le phénomène».

Les sièges d’exploitation d’ ArcelorMittal dans la zone du canal de Gand font partie d’un grand groupe. Quelle est la position de l’implantation de Gand au sein du groupe? Patrick Mertens: «Le site de Gand essaie d’être le premier de la classe. Le management de Sidmar a une bonne réputation. C’est un atout. Mais ce n’est pas toujours simple pour le syndicat : il y a une forte pression sur le personnel. Au début des années 90, l’implantation produisait un peu plus de 3 tonnes d’acier par an par membre du personnel. Aujourd’hui, nous allons vers 5 tonnes.

La bonne réputation de l’implantation lui rapporte régulièrement

des budgets d’investissement, pour des projets en matière de climat et d’environnement également. Les possibilités d’innovation restent toutefois limitées, surtout si vous restez dans le cadre du processus de production existant. Ce que vous pouvez faire, c’est rechercher des applications utiles – à l’instar des récents projets - ou une compensation des émissions. ArcelorMittal a réalisé une expérience avec un four électrique destiné à fondre de la ferraille, mais celle-ci a malheureusement échoué, aussi bien sur le plan technique qu’économique. Sur le plan économique, la crise, le prix élevé et les quantités limitées de ferraille ont fait capoter le projet.»

Que doivent faire les organisations syndicales pour se renforcer dans la domaine de la politique industrielle, de l’énergie et du climat? Patrick Mertens : «Le syndicat doit aider à rechercher des voies nouvelles pour l’industrie. Il y a vingt ans, c’était un tabou. Aujourd’hui, nous nous rendons compte que nous ne devons pas seulement regarder les conditions de travail et de salaire. Nous devons sortir de la défensive et reprendre notre rôle d’avant-garde sociale, sans bien entendu perdre de vue nos missions clés.

L’ABVV Metaal s’est engagé sur cette autre voie depuis cinq à

six ans. Nous aussi, nous devons aider à rechercher des solutions. Une option intéressante pourrait être la collaboration avec d’autres centrales, d’autres organisations syndicales, des universitaires... Nous-mêmes, nous n’avons pas d’emprise directe sur les investissements dans une industrie durable. Nous devons développer une stratégie de lobbying en la matière. Une politique industrielle, une société juste, une transition équitable, voilà les objectifs à poursuivre». La version intégrale de cet article est parue dans le dernier numéro du magazine «Arbeid & Milieu». Voir www.a-m.be.

Et les travailleurs dans tout cela? Patrick Mertens: «Les travailleurs comprennent de plus en plus que l’attention pour l’énergie, le climat et l’environnement est importante pour la survie de leur entreprise.

Chez ArcelorMittal, les travailleurs et les organisations syndicales sont très bien informés de ce qui se passe au niveau de la réglementation européenne. Ce qui ne veut toutefois pas dire que les informations sont toujours complètes. Chez Volvo, la marge réservée au dialogue est plus grande. Cela permet aux organisations syndicales de réagir à la stratégie de l’entreprise en avançant leurs propres points. Ainsi naît une marge plus importante pour avoir une réflexion stratégique et rechercher des solutions créatives. Ce qui permet d’obtenir de meilleurs résultats».

> COMMUNIQUÉ

Les syndicats demandent à la Cour constitutionnelle d’annuler le saut d’index e lundi 26 octobre, la FGTB, la CSC et la CGSLB introduisent un recours contre le saut d’index auprès de la Cour constitutionnelle.

L

Des millions de travailleurs et de personnes qui doivent vivre d’une allocation voient 2% d’indexation leur échapper. Le saut d’index implique non seulement une perte de pouvoir d’achat de 2%, mais a aussi des conséquences sur le plus long terme. Les futures indexations s’appliqueront sur base d’un montant amputé de 2%. Et ceci se fera ressentir jusqu’à la pension. Cette perte de pouvoir d’achat ne sera jamais ni rattrapée ni compensée (même pas par les soi-disant «cor-

rections sociales»). En outre, il n’y a aucune garantie qu’à la suite de ce saut d’index, plus d’emplois seront créés. Les syndicats estiment donc que l’intérêt général n’est pas servi par cette mesure qui ne profite qu’aux employeurs. Dans le cadre de ce recours, les syndicats avancent 3 arguments: - Le saut d’index constitue une violation du droit fondamental à une rémunération équitable, du droit à la sécurité sociale, aux allocations familiales et à la négociation collective ( art. 23 de la Constitution). Ces droits fondamentaux

ont été fortement touchés par les mesures du gouvernement. La concertation sociale a été totalement niée et de nombreuses lois et CCT ont été enfreintes; - Le saut d’index constitue une violation du droit fondamental à l’égalité de traitement et ce, en deux points: 1. Les travailleurs et les personnes bénéficiant d’une allocation sont discriminés par rapport à d’autres groupes de revenus comme les autres professions et les professions libérales qui elles, peuvent encore indexer leurs prix/honoraires. Le gouvernement a en effet choisi délibérément de ne pas

prendre ces revenus en compte, ce qui était pourtant le cas par le passé; 2. Les travailleurs et les personnes bénéficiant d’une allocation sont discriminés sur la base de leur revenu par rapport aux revenus mobiliers et immobiliers (bailleurs, actionnaires, investisseurs, rentiers); - Le pouvoir fédéral a outrepassé ses compétences en imposant le saut d’index de façon sélective aux seuls salariés et personnes bénéficiant d’une allocation sociale. Le gouvernement ne peut prendre que des mesures qui règlent de façon générale les

revenus et les prix et qui visent à garantir la compétitivité de l’économie belge et à favoriser la justice sociale. Les syndicats doutent fortement que ce soit le cas ici. La FGTB, la CSC et la CGSLB continuent à s’opposer à cette mesure d’austérité qui n’a pas de sens et donnent, avec ce recours en front commun syndical, un signal fort au gouvernement Michel. Les syndicats demandent donc à la Cour constitutionnelle d’annuler le saut d’index.


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Dans la rue contre la pauvreté Près de 4000 personnes se sont mobilisées le 16 octobre 2015 à Namur dans le cadre de la Journée Mondiale de Lutte contre la pauvreté derrière le slogan «Ensemble, avec force et sans peur, brisons l’enfermement dans l’appauvrissement». La FGTB participait. Briser les clichés, les stéréotypes, et toutes les formes d’isolement causées par la pauvreté, c’est ce pourquoi le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté combat avec force. A Namur, voici quelques jours, de nombreux militants s’étaient réunis au théâtre national, puis dans les rues de la ville, pour témoigner et lutter contre les attaques quotidiennes faites aux plus démunis. Attaques à la vie privées, interrogatoires incessants liés à l’octroi d’allocations, mépris, regards condescendants, les personnes les plus démunies subissent de nombreuses formes d’isolement. Le manque d’argent conduit au manque de relations sociales, au manque affectif, à la difficulté d’accès à la culture, mais aussi à un sentiment de honte, de rejet qui impacte largement la vie quotidienne. Le 16 octobre dernier, au Théâtre national, des victimes de ces atteintes témoignaient sur des thèmes comme le CPAS, le chômage, l’accès aux soins, mais aussi et surtout les conséquences sur leur vie, leur dignité, leur honneur. D’aucuns disaient la gêne de devoir justifier leurs moindres dépenses devant leur conseiller CPAS. «Je dépense 25e pour amener mes

enfants chez Quick et je dois rendre des comptes, on me dit de limiter mes sorties…» D’autres expliquaient que les visites domiciliaires étaient monnaies courantes. «J’avais un jour reçu un colis alimentaire, mon frigo était

plein de denrées. J’ai été contrôlé le même jour, l’assistante sociale a ouvert mon frigo sans mon autorisation: j’ai été accusé de mentir sur ma situation familiale…» L’intrusion dans la vie privée n’est hélas pas chose rare. «On ouvre les armoires, les chambres à coucher. On nous voit dans la rue avec notre copine: on nous accuse de vivre en couple.» Ou, à l’inverse: «On m’a dit au CPAS: vous avez un copain, vous devriez vivre ensemble.» Autant d’allusions ou d’actes pas si innocents, qui s’attaquent directement à la liberté et au libre-arbitre des personnes. Une occasion de rappeler l’importance de l’individualisation des droits, et des injustices liées au statut de cohabitant.

La dé-privation de la vie privée: une des conséquences de l’appauvrissement Définition: Dé-privation de la vie privée: «Aujourd’hui, le pire est de ne rien avoir, d’être considéré comme abuseur… et d’être considéré comme rien…» La violence ultime: être appauvri de richesses privées, affectives , psychologiques: - vie privée contrôlée à partir des normes d’existence «classes moyennes», - hyper-conditionnalité, hyper-responsabilisation, - vie amoureuse et de couple conditionnée par les finances et le statut (statut de cohabitants et non-individualisation des droits), - stress, angoisse, usure, perte de force à devoir naviguer dans le trop peu permanent, - contraint à la perfection en permanence, - contraint au parcours sans erreur (même de bonne foi) et sanction de «l’intelligence de survie», - non-droit au désir... éteinte des aspirations, perte de perspective! = dé-privation de la vie privée Source: Réseau wallon de lutte contre la pauvreté

ENSEMBLE CO

NTRE:

ENSEMBLE PO L’appauvrissem UR: ent qui attein t tout le monde jusqu’à la dé-p rivation de la , Un front vie privée des social élargi appauvris: vi plus et coll progressiste… sites domicilia ectifs en acti peuple ires des chôm et allocataires on ensemble… eurs mouve sociaux, susp : syndicats, ments sociau sanction, m icion-contrôl x, monde associ ultiplication e- lation… atif, popudura des condition d’accès au de rnier filet de s d’un plan blement ensemble, dans le sécurité soci cadre d’actions créa qu’est le RIS, ale La défe précipitation nse et la reconn nt le rapport de force; dans la pauv par l’expulsio ai re ssance des po té des popu n de droits, … tentiels ; lations… : la Wallonie est se s po pu riche de la tions diverses L’appauvriss ement qui at , métissées et santes. Elles do teint toutes le propochesses collec ivent être au s ri- pemen tives et solida cœur du déve t et bénéficiai ires: déconstru tion du travai lopres de ce déve l, de c- La défen loppement; se des acquis d’une individu la sécurité sociale au profi qu i ont fait leur t et des in al preuve novations pe de la protecti isation et de la privatisatio rtinentes so n défense on sociale et lidaires: de notre mod des biens co muns…; èle m- plus men acé (sécurité so social de plus en ciale, droit du or ga ni sations collec travail, La désinform ti ve s, ation qui occu …), et travail su manières in lte les causes r des leurs respon n ov an te s solidaires de sables et stig et progress le faire matise le pe er…; discours d’hy uple: per-responsa bili duelle et mér itocratique au sation indivi- AVEC FO RCE ET SAN détriment d’u analyse des S PEUR, trav n inégalités, de ailleurss injustices et e lleuses avec et sans em démontage de pl du modèle s acquis sociau solidaire fon oi, bénéficiaires du x ; détournem du vocabulair da ent sociale e… (malades, acci teur de la sécurité dentés du trav teurs d’un ha ail, porndicap, parent s, ai chômeurs et chômeuses, pe dants proches, rsonnes frag accidentés de iles, la vie…), jeun es en souhait projets, jeun de es confronté s au d’accès à la co nnaissance, po x inégalités pulations d’or gine étrangèr e, population s qui s’engage iexpérimente nt et nt, sans-voix et oubliés…;


UNION BELGE DU TRANSPORT

L'UBT place les préoccupations des chauffeurs professionnels à l'ordre du jour de l'OIT Du 13 au 17 octobre l'OIT (Organisation Internationale du Travail) a organisé une conférence tripartite sur «la sécurité et la santé dans le secteur du transport». L'OIT est l'organisme mondial où employeurs, syndicats et gouvernements essaient de convenir sur des thèmes relatifs au travail. Frank Moreels, coprésident de l'UBT, a participé à cette conférence comme mandaté pour la délégation des travailleurs et a placé les problèmes des chauffeurs du transport routier à l'ordre du jour. Les entreprises boîte aux lettres sont illégales! Pendant le premier jour de la conférence, l'UBT a abordé la problématique des firmes boîte aux lettres dans l'Union européenne. Entretemps, il est suffisamment connu que ces firmes boîte aux lettres forment une cause importante de dumping social. Frank Moreels a également fait deux propositions à la conférence qu'il a justifiées comme suit: «A

mon avis cette conférence doit lancer un appel aux pays européens pour qu'ils appliquent la législation relative aux entreprises boîte aux lettres. De plus elle doit insister auprès de la Commission européenne pour contraindre l'application correcte par les états-membres de la législation européenne concernant les entreprises boîte aux lettres.»

les activités de transport dans leur pays. Le gouvernement allemand l'a fait et, si je suis bien informé, cette mesure connaît du succès dans la lutte contre le dumping social et la concurrence déloyale.» Une résolution séparée et les conclusions de la conférence établissent un rapport clair entre le paiement de salaires justes et la sécurité routière.

La formation est une responsabilité des employeurs! Une constatation importante à la conférence était le plaidoyer patronal en faveur de la formation.

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L'UBT informe les intérimaires dans les entreprises logistiques Lors de la semaine d'action de l'intérim de la FGTB (12-16 octobre) nos militants UBT ont distribué des accroche-portes et des affiches dans leur entreprise. Les entreprises suivantes ont participé: Fiege, DHL Supply Chain, Distri-Log, Ceva Logistics, Schenker, Kuehne & Nagel, Sita, Gates, DSV Solutions et Katoen Natie.

ils le font pour les investissements dans de nouveaux matériels de transport, parmi lesquels des véhicules, ou un investissement dans des systèmes IT plus performants. Suivre des programmes éducatifs ne peut pas être réduit à la responsabilité individuelle du chauffeur. Il s'agit d'un engagement collectif que les employeurs devraient contracter pour investir dans des programmes éducatifs.» La responsabilité de l'employeur pour approcher la formation comme un investissement a été retenue comme conclusion.

Un appel clair pour innover le secteur des taxis endéans les limites légales

La conférence a également approuvé une résolution OIT qui appelle Uber et d'autres soi-disant initiatives de voiture partagée à l'ordre. Le texte de la résolution est clair. L'innovation est encouragée, endéans les limites Dans les conclusions de la légalité. Selon la de la conférence les gouvernements sont Par sa participation active, Frank Moreels, coprésident de résolution les nouveaux appelés à agir contre les l'UBT, a réussi à placer les préoccupations des chauffeurs joueurs doivent eux firmes boîte aux lettres professionnels à l'ordre du jour de la conférence de l'OIT. aussi opérer endéans le même «level playing illégales. Toutefois la délégation des travail- field» comme toutes les entreprises La problématique du «salaire leurs a confronté les employeurs à de taxi, quoi qu'ils soient dans les égal à travail égal» a également leur propre responsabilité. Frank faits. Et cela doit se faire avec resété abordée. Tant que les pays Moreels l'a exprimé comme suit pect pour les droits des travailleurs. de l'Europe de l'Ouest autorisent dans son intervention: «Si nous que les chauffeurs qui circulent abordons la formation et les pro- Si vous désirez de plus amples insur leurs routes ne sont pas payés grammes éducatifs comme un formations sur cette conférence, selon le salaire minimum dans leur investissement à long terme dans vous pouvez les trouver sur: pays, le dumping social persistera. plus de sécurité et de santé dans le http://www.ilo.org/sector/ D'où l'appel aux gouvernements secteur, et donc d'une qualité plus activities/sectoral-meetings/ représentés au sein de l'OIT d'en- élevée du service, un plus grand WCMS_337096/lang--en/index. treprendre et d'agir: «Je propose nombre de chauffeurs pourraient htm

à cette conférence d'inciter les gouvernements à implémenter le principe de salaire égal à travail égal en introduisant des systèmes de salaires minimums pour toutes

être disposés à et même demander de suivre des programmes éducatifs. Dans cette approche les employeurs prennent cet investissement à leur charge, comme

Le texte des interventions de Frank Moreels peut être trouvé sur la page Facebook: UBT-FGTB transport & logistique

19 & 20 octobre 25ième Congrès UTAF Jurmala - Latvia (Lettonie) Marc LORIDAN et Monique VERBEECK étaient invités au congrès du 25ième anniversaire de l'UTAF (Latvian Water Transport Union Federation). Ce syndicat de transport défend les intérêts des travailleurs portuaires, comme des gens de mer, réparateurs de navires, pilotes et autres travailleurs occupés dans le monde maritime. Il est dirigé par le collègue Aleksej HOLODNUKS qui a de nouveau été élu comme président. Dans son discours Marc LORIDAN s'est référé e.a. à la 3ième attaque de la Commission européenne (après les 2 victoires contre les Paquets portuaires I & II) contre notre organisation de travail portuaire belge. Il a également mentionné la situation précaire des réfugiés de guerre dont des employeurs véreux abusent afin d'adapter la loi relative au travail portuaire. De plus il a attiré l'attention sur le fait que dans le monde entier les syndicats subissent la pression d'entreprises portuaires grandes et puissantes et sur l'importance de la solidarité entre syndicats de transport européens et internationaux dans leur lutte contre la démolition des conditions salariales et de travail dûment construites depuis des décennies.

80 militants donnent ensemble le kick-off des élections sociales pour l'UBT anversoise. Ces ambassadeurs UBT vous les rencontrerez sans doute encore «en route» au cours des mois à venir.


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DOSSIER

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LE PROJET D’ACCO PENSIONS COMPLÉMENTAIRES, CHÔMAGE, MALADIE

Pensions complémentaires Accords entre les interlocuteurs sociaux Qu’est-ce que le 2e pilier?

Le Groupe des Dix, qui réunit à la même table de négociation les représentants des employeurs et les syndicats, devait se prononcer sur une série de projets que le Gouvernement lui a soumis. Ces projets concernent la remise au travail des travailleurs malades de longue durée, l’outplacement pour les travailleurs âgés, le contrôle de disponibilité des temps partiels avec allocation de garantie de revenu (AGR), la limitation du nombre de jours de chômage temporaire, le «cliquet» des droits au RCC (prépensions) et la disponibilité, et le rendement des pensions complémentaires. Compte tenu des textes de départ, totalement imbuvables et complètement favorables aux employeurs, le banc syndical a pu apporter une série d’améliorations même si le compromis reste très insatisfaisant. Sans la concertation sociale, ces corrections n’auraient pas été possibles. Et le travail n’est pas fini, loin de là. Il y a encore une série d’autres dossiers tout aussi importants portant sur la formation des salaires et les conditions de travail qu’il vaut mieux discuter entre interlocuteurs sociaux plutôt que de les laisser aux mains du seul Gouvernement. Voici le détail de ces accords que le Gouvernement a entériné en assurant vouloir respecter l’intégralité de l’accord entre interlocuteurs sociaux.

Quand on parle de pension, on fait la distinction entre trois formes de pension. - La pension légale que l’on appelle aussi du «1er pilier». Elle repose sur les cotisations obligatoires du travailleur et de l’employeur à l’ONSS. C’est un système solidaire qui repose sur «la répartition»: les actifs paient pour les pensionnés actuels tout en s’ouvrant le droit à une future pension. - La pension complémentaire (assurance-groupe ou fonds de pension). Elle repose sur un système par capitalisation: les cotisations (personnelles et employeur) servent à constituer un capital que l’on peut toucher à partir de 60 ans ou au moment de la retraite. C’est un système individuel. L’employeur peut déduire les cotisations versées et réduire la masse salariale soumise à ONSS. Le travailleur perçoit à la fin de sa carrière, selon son choix, une rente viagère ou un capital unique (99% des cas). - L’épargne-pension qui est une forme d’épargne individuelle à long terme auprès d’une banque ou d’une assurance, déductible des impôts à concurrence de 940 euros/ an (en 2015).

Quel est le problème? Récemment, c’est le 2e pilier qui a fait débat: les taux d’intérêts ont chuté depuis un certain temps et les assureurs prétendent que les rendements de leurs placements sont insuffisants pour garantir les taux fixes prévus dans la loi sur les pensions complémentaires, à savoir 3,75% pour les cotisations versées par le travailleur et 3,25% pour les cotisations versées

par l’employeur. Et comme en cas de défaut des assureurs, ce sont les employeurs qui doivent honorer le contrat, assureurs et employeurs ont fait cause commune pour réclamer des taux garantis inférieurs et variables en fonction du cours des obligations linéaires (OLO à 10 ans) qui servent de référence.

Dans sa déclaration gouvernementale, le Gouvernement a décidé de revoir la loi sur les pensions complémentaires pour donner suite aux revendications des assureurs et des employeurs. Pour décourager les départs anticipés à la retraite, il y a ajouté l’intention d’interdire de toucher sa pension complémentaire avant l’âge légal de la retraite (éventuellement anticipée). Cela pose le problème des contrats des travailleurs sortis du marché de l’emploi avant l’âge de la retraite (les contrats dits «dormants») pour lesquels il n’y a plus eu de cotisations versées et dont les ayants droits risquent de perdre le capital en cas de décès prématuré du travailleur si aucune couverture décès n’est prévue dans le contrat, cas fréquent. Le Gouvernement a soumis à la concertation ce dossier pour éviter de devoir fixer lui-même un taux garanti et avec l’espoir que le taux minimum soit suffisamment attractif pour encourager les pensions du 2e pilier supposées compléter la pension légale dont le gouvernement entend limiter les coûts à long terme.

Le compromis Le taux de rendement garanti sur les pensions complémentaires sera

désormais variable.

Mais: - un rendement minimum fixe de 1.75% reste garanti (la proposition patronale initiale était de 1,1%); - le rendement maximum sera de 3,75%; - entre plancher et plafond, le taux sera lié au rendement moyen sur 24 mois des obligations linéaires de l’Etat dites «OLO» (c’est-à-dire le taux auquel l’Etat peut emprunter à 10 ans) à raison de 65% du taux en 2016, 75% en 2018 et 85% à partir de 2020; - aucune modification ne sera apportée aux contrats en cours. Pour les réserves constituées, la garantie de 3,25% reste d’application mais pour les suppléments de cotisations (si le salaire augmente, la cotisation calculée en pourcentage augmente aussi) se verront appliquer les nouveaux taux à moins que le contrat prévoie le statu quo; - les nouveaux contrats seront par contre entièrement soumis aux taux variables; - une couverture décès pour les contrats dormants est prévue : le capital sera réversible aux ayants droit moyennant la souscription volontaire d’une assurance décès par le travailleur (sans examen médical et à un tarif de groupe) mais il n’évoluera plus à partir du moment où cessent les versements.

A rediscuter Pour ce qui est de la liquidation du capital en cas de sortie anticipée du marché du travail, les interlocuteurs sociaux demandent, ensemble, au gouvernement de maintenir, dans certains cas, la possibilité de toucher

Chômage En ce qui concerne les dossiers «chômage» qui étaient sur la table, des avancées ont également été réalisées. Pas d’outplacement obligatoire pour les plus de 60 ans Les chômeurs et les travailleurs en RCC (prépension) âgés de 60 ans ou plus ne doivent pas suivre obligatoirement un outplacement après leur licenciement, mais peuvent demander à leur employeur de leur en proposer un s’ils le souhaitent. Dans ce cas, il va de soi qu’une fois la demande d’outplacement effectuée auprès de leur employeur, ils devront suivre cet outplacement. L’âge de 60 ans sera, néanmoins porté à 62 ans à partir de 2017. Le comportement de recherche obligatoire des travailleurs bénéficiant d’une allocation de garantie de revenu (AGR) est adapté Pour les travailleurs à temps partiel avec une AGR, le gouvernement entendait soumettre tous ces travailleurs à une disponibilité active c’est-

à-dire à l’obligation de prouver une recherche active d’emploi à temps plein sous peine de sanction. La FGTB a réussi à arracher aux employeurs l’engagement suivant: • Pour les bénéficiaires d’une allocation de garantie de revenus dont le contrat est inférieur à un mi-temps, la disponibilité active s’applique mais uniquement durant les 12 premiers mois; ensuite intervient la disponibilité adaptée telle que formulée ci-dessous. • Pour les bénéficiaires d’une allocation de garantie de revenus dont le contrat est supérieur ou égal à un mi-temps, il s’agit d’une disponibilité adaptée, avec un contrôle au moins une fois par 24 mois. • Pour tous les bénéficiaires d’une allocation de garantie de revenus âgés de 55 ans ou plus au 1er octobre 2015, seule la disponibilité passive est d’application. En cas de disponibilité passive, vous ne devez pas postuler, mais si un emploi vous est proposé par le FOREM/ACTIRIS ou par un bureau d’intérim, vous ne pouvez pas le refuser. Par contre, les employeurs ont refusé

de revoir la mesure du gouvernement qui entend diminuer de moitié l’allocation de garantie de revenus après deux ans. Et ce, malgré les alternatives concrètes proposées par la FGTB (voir cadre). Suppression de la limitation du nombre de jours de chômage temporaire par an Le gouvernement veut introduire un plafond pour le nombre de jours de chômage temporaire qui peuvent être pris par an. Il s’agit d’une mesure d’économie austérité. Cette mesure risque de coûter leur emploi à ceux dont l’employeur ferait un appel au chômage temporaire au-delà de la limite autorisée. Les syndicats et employeurs ont convenu d’élaborer une alternative et d’en discuter avec le gouvernement. La limitation du nombre de jours de chômage temporaire fera donc l’objet de discussion entre patrons et syndicats au sein du Groupe des 10 pour proposer une alternative au Gouvernement. Droits au RCC (préretraite) cliqués = droits dispo cliqués Pour certains systèmes de RCC, le

travailleur peut choisir de continuer à travailler même s’il satisfait aux conditions pour bénéficier du RCC. Il fixe donc son droit à la prépension pour la prendre éventuellement plus tard lorsqu’il y sera disposé. Ce mécanisme s’appelle «le cliquet». Avant 2015, les personnes en RCC ne devaient pas rester disponibles pour le marché de l’emploi. Depuis, le 1er janvier 2015, la situation a changé. Ils relèvent en principe du régime de disponibilité adaptée (sauf s’ils ont droit à une dispense et qu’ils la demandent). Ceci a pour conséquence que les personnes qui, par exemple, répondaient en 2014 aux conditions d’âge et de carrière pour accéder au RCC à 60 ans et ont continué à travailler sont désormais confrontées au fait qu’ils doivent rester en disponibilité adaptée. Il s’agit d’une rupture de contrat. Les interlocuteurs sociaux ont désormais convenu que les droits en matière de disponibilité seraient également cliqués. Par conséquent, les travailleurs qui ont cliqué leurs droits avant 2015 peuvent bénéficier du régime en matière de disponibilité qui était d’application à l’époque. En d’autres termes, ils ne devront pas être disponibles.

La FGTB exige qu le gouvernement sur la baisse de l

La FGTB exige que le gouve sur la mesure qui entend d l’allocation de garantie de une mesure qui pénalise in femmes. Cette allocation c travailleurs à temps partie qui gagnent moins que le s

Si la FGTB a émis «un a priori favor au sein du Groupe des 10 relatif aux travailleuses - à temps partiel invol de revenus, elle entend que cet acco le gouvernement.

Le gouvernement souhaite, lui, que c plus activement et entend à cette fi au bout de deux ans. Cette réduction au sein du Groupe des 10. La FGTB ex sur cette mesure.

La FGTB continue par ailleurs à s’o demandeurs d’emploi, des travaill des jeunes, des prépensionnés déci raison pour laquelle elle poursuit se de la vie civile et associative à la rej


DOSSIER

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ORD INTERPROFESSIONNEL

• de donner la possibilité de prendre le capital avant la prise de la pension légale pour les travailleurs qui continuent à travailler même s’ils répondent aux conditions pour la pension anticipée ; • de conserver la possibilité de toucher la pension complémentaire à 60 ans - pour les travailleurs nés en 1958 ou avant (58 ans en 2016) ; (la proposition du gouvernement porte sur des travailleurs nés avant 1956) ;

- pour tous les travailleurs qui ont été licenciés en vue du RCC à partir de 55 ans au plus tôt, dans le cadre d’un plan social qui a été conclu et déposé avant le 1er octobre 2015. • d’assimiler le RCC au chômage afin de bénéficier du taux d’imposition de 10% en cas de liquidation du capital à 65 ans (au lieu de 16,5%). Pour bénéficier du taux de 10% il faut en effet avoir travaillé jusqu’à 65 ans ou, en cas de chômage, avoir été disponible sur le marché de l’emploi, ce que ne sont pas les prépensionnés avec dispense maximale.

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la pension complémentaire avant l’âge de la pension. Les interlocuteurs sociaux demandent:

3 types de contrats en matière de pensions complémentaires Il faut distinguer trois types de contrats entre l’organisateur et l’organisme de pension.

Avec garantie sur les réserves C’est un contrat offrant une garantie tarifaire sur les réserves acquises. Dans ce type de contrat, les taux de 3,25%/3,75% reste garanti sur les réserves mais à partir du changement de la loi, le rendement des primes sera aligné sur les nouveaux taux (entre 1,75 et 3,75%).

Avec garantie tant sur les réserves que sur les primes futures Un contrat offrant une garantie tarifaire tant sur les réserves acquises que sur les primes futures. Dans ce type de contrat, le taux est garanti sur les réserves et sur les primes. Une modification du taux n’a d’impact que sur la partie supplémentaire des primes futures qui dépasse la prime au moment de la modification.

Sans aucune garantie tarifaire

r i n e v à s i o m s e l s n a d e é s i l i b o m e t s e r B T G F La

Un contrat sans aucune garantie tarifaire. Les rendements des primes sont variables selon les règles convenues (cf. contrat / contrat de gestion).

ernement revienne diminuer de moitié revenus après deux ans, njustement, et surtout les oncerne quelque 40.000 el - dont 90% de femmes -, salaire minimum

rable» sur le projet d’accord conclu x travailleurs - majoritairement des lontaire avec allocation de garantie ord soit respecté intégralement par

ces travailleurs cherchent un emploi fin réduire de moitié leur allocation n ne figure pas dans l’accord conclu xige que le gouvernement revienne

opposer aux mesures à l’égard des eurs à temps partiel, des malades, idées par ce gouvernement. C’est la es actions et appelle tous les acteurs joindre.

Remise au travail des malades après 3 mois Le gouvernement a développé un projet d’AR qui prévoyait une procédure où le médecin conseil de l’organisme assureur du titulaire propose, à partir de deux mois après la déclaration de l’incapacité de travail, donc après le troisième mois de maladie, un plan de réintégration tenant compte des capacités résiduelles de l’intéressé. Le gouvernement prévoyait également une sanction de 10% de l’indemnité si le travailleur en incapacité de travail ne collabore pas suffisamment à la mise en œuvre du plan ou s’il refuse le plan proposé.

l’autorisation du médecin conseil de la mutuelle e l’aval du médecin du travail ainsi que de l’employeur. En 2013, 48.102 personnes ont ainsi repris une activité dans le cadre de ce système.

Pour les syndicats, ceci est inacceptable. Ils partent d’une approche multidisciplinaire reposant sur le volontariat. D’autant que la possibilité existe déjà de reprendre le travail sous forme de temps partiel médical pour ceux qui le peuvent avec

Rien n’est donc décidé sur ce point qui fera encore l’objet de discussions.

L’accord des interlocuteurs sociaux reprend désormais le fait qu’ils vont développer des propositions adaptées. L’intention de la FGTB est d’entamer la concertation en la matière avec les ministres compétents et de parvenir à une solution qui emportera l’adhésion de tous.

© istockphoto.com

e t revienne ’AGR

rrière; • le compte ca r-employé. s pensions; de statuts ouvrie la réforme s ni • de ve n à io s at oi is m s le armon eurs mobilisée dans • la suite de l’h nts des employ La FGTB reste à négocier: re co en , les représenta ux ta on si en es am pr nd la ns à fo sa oi et siers rce et otion de l’empl riale); Sans rapport de fo tive à la prom la la sa nt pas. re e ro 96 te rm 19 ou no éc de la i r i su la lo ne nous • la révision de entive de la compétitivité (lo év sauvegarde pr enable; ut rée du travail; so l • le travai 1971 sur la du de i lo la de tion • la simplifica on des dosr et ce, en rais


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> CRÉATION D’EMPLOIS DANS LE TEXTILE

> POINT DE VUE

Les patrons grossistes en emplois précaires evenons une fois de plus sur le recours excessif aux contrats journaliers que nous condamnions mi-octobre à l’occasion de la semaine d’actions pour les droits des travailleurs intérimaires. Parce qu’il y a plus que cela. Les contrats journaliers ne sont pas un phénomène isolé. C’est la face visible d’un mal bien plus vaste. Les patrons sont des grossistes en mini-jobs et contrats de travail précaires. Avec le soutien total du gouvernement de droite.

R

Les exemples foisonnent. Les jeunes travailleurs doivent composer durant des années avec des contrats temporaires et peinent à voir les perspectives d’un contrat fixe. Quant aux travailleurs plus âgés qui perdent leur emploi, eux aussi, ils se retrouvent dans cette même galère. Les employeurs exigent plus de flexibilité pour un salaire plus bas et moins de protection. Le gouvernement met ces exigences en musique au travers de toutes sortes de jobs flexibles, le blocage des salaires et la réduction des prestations de chômage. Dans la construction, c’est le dumping social et la concurrence déloyale qui font que les bons emplois sont occupés par des travailleurs d’origine étrangère, sous-payés et exploités. Les nettoyeuses et les travailleuses des titres-services doivent se débrouiller avec des temps partiels parce que pour les employeurs, il est plus rentable de recourir aux horaires de travail coupés plutôt qu’aux horaires complets. Ou peut-être est-ce parce que plus personne n’est capable de tenir la cadence infernale sur une journée complète? L’emploi fixe disparaît. Il est remplacé par l’emploi précaire. Une position vulnérable, pleine d’incertitudes, une flexibilité démesurée, des petits salaires et moins de protection contre le chômage. C’est de cette manière que les patrons et les politiques de droite veulent avoir la mainmise sur le marché du travail. Ils veulent reporter les risques inhérents au marché libre débridé sur le dos des travailleurs. Par le biais d’emplois précaires: engager des travailleurs très rapidement si la conjoncture est favorable et s’en débarrasser tout aussi vite si l’une ou l’autre crise survient encore. Les patrons et les partis de droite réfutent nos critiques syndicales au travers d’affirmations mensongères. On entend: «Mieux vaut un petit job d’un jour que pas de travail du tout». Voilà donc leur seule promesse en contrepartie d’économies drastiques, en échange de généreuses réductions de cotisations pour les entreprises: quelques malheureux petits emplois. Et le syndicat qui ne s’en contente pas est catalogué comme «Syndicat des chômeurs», le syndicat qui préfère ne pas avoir d’emplois du tout. Parce qu’en effet, cela ne nous convient pas. Et oui, nous défendons le droit pour les demandeurs d’emploi à une allocation de chômage décente. Mais nous nous battons aussi pour des emplois. Des emplois de qualité et à part entière. Des emplois fixes qui permettent de se construire un avenir, de rembourser une maison, d’organiser sa vie familiale. Des emplois qui garantissent sécurité et protection. Ce qui est diamétralement opposé aux intentions des patrons et des politiques de droite.

(26 octobre 2015)

Robert Vertenueil Secrétaire général

Werner Van Heetvelde Président

Le secteur du textile se porte mieux La crise de 2008-2009 a fait de nombreux dégâts dans le secteur du textile. 1/5ème des travailleurs avaient alors perdu leur emploi. Mais depuis cette année, on peut enfin parler d’embellie pour le secteur. La reprise semble de retour, des emplois ont vu le jour. n Belgique, le textile a subi de plein fouet la crise de 2008-2009. Restructurations, fermetures et faillites ont occasionné de nombreuses pertes d’emplois. 5000 travailleurs du secteur ont ainsi perdu leur emploi, soit 1/5ème des emplois du secteur. L’attente a été longue mais depuis cette année, on peut enfin parler de reprise. Le chiffre d’affaire du textile est revenu à son niveau d’avant-crise. Et pour la première fois depuis cette période sombre, des emplois ont été créés.

E

Gare à la pression sur les travailleurs Le secteur a radicalement changé, de nouvelles activités telles que le textile technique jouent désormais un rôle important. Le secteur des tapis, traditionnellement très important pour le textile belge, a également progressé. Grâce à l’introduction de nouveaux produits et de nouvelles techniques de productions, le textile est redevenu concurrentiel. Les bénéfices ont fortement augmenté ces dernières années grâce à l’augmentation de la productivité. Le revers de la médaille, c’est que la pression sur les travailleurs a elle aussi augmenté. Elle est particulièrement

Pour la première fois depuis longtemps, l’emploi repart à la hausse dans le secteur du textile. perceptible chez les travailleurs âgés qui devront travailler plus longtemps suite aux réformes sur les fins de carrière décidées par le gouvernement Michel.

Fonds Social à l’équilibre Suite à la crise, le Fonds Social du secteur était à deux doigts de l’effondrement. En effet, suite à la baisse de l’emploi, les cotisations diminuaient alors que les dépenses du Fonds augmentaient suite aux nombreuses faillites et licenciements. Heureusement, l’effondrement du Fonds Social du textile a pu être évité grâce à la solidarité des travailleurs actifs du secteur qui paient une cotisation supplémentaire. Aujourd’hui, grâce à la reprise économique dans le secteur, les effets positifs sur le financement du Fonds Social se font sentir. L’équilibre financier est atteint et de nouvelles réserves sont constituées. Pour la Centrale Générale-FGTB, il est clair que de l’espace sera à nouveau dégagé afin de permettre d’améliorer les conditions sociales des travailleurs actifs et inactifs du secteur.

> SECTEUR DES TITRES-SERVICES

Bientôt les primes! Vous travaillez dans le secteur des titres-services ? Bonne nouvelle, vous recevrez bientôt votre prime de fin d’année et une prime syndicale de 85e. La seule condition est d’avoir travaillé au moins 65 jours entre juillet 2014 et juin 2015 dans le secteur. Pour la prime syndicale, vous devez bien entendu être syndiqué. Les documents nécessaires sont envoyés par le Fonds Social des titres-services.

La deuxième attestation vous donne des informations sur votre prime de fin d’année. Vérifiez bien votre numéro de compte. Tout changement doit être communiqué au Fonds, mais la Centrale Générale-FGTB peut s’en charger pour vous. Sans réaction de votre part, votre prime vous sera automatiquement versée sur votre compte le 7 décembre 2015.

Concrètement?

Pas d’attestation alors que vous pensez avoir droit aux primes?

Début novembre, le Fonds Social envoie à chaque travailleur ayant-droit deux attestations. La première est liée à la prime syndicale. Rendez-vous avec celle-ci dans votre bureau régional de la Centrale Générale-FGTB. La prime est immédiatement payée.

Pas de panique, faites un saut à la Centrale Générale-FGTB avec vos fiches de paie. Nous vérifierons avec vous.

> SECTEUR DES ENTREPRISES DE TRAVAIL ADAPTÉ

Une aide pour les travailleurs handicapés ou dumping financé par la Région Wallonne? Les Entreprises de Travail Adapté, les ETA, ont pour vocation de permettre aux travailleurs avec un handicap de travailler. En contrepartie, pour compenser le manque de productivité de certains travailleurs, la région wallonne subventionne ces entreprises. Les subventions varient en fonction du handicap du travailleur. Mais certains employeurs y voient le moyen d’augmenter leurs bénéfices au travers de main-d’œuvre bon marché, une autre forme de dumping social. Pour les délégués, il est grand temps de remettre les travailleurs handicapés au centre des préoccupations et ils proposent des pistes. En effet, ces travailleurs sont régulièrement envoyés dans d’autres entreprises pour effectuer certaines tâches. C’est ce qu’on appelle les contrats extérieurs. Evidemment, l’entreprise qui sous-traite du boulot à des travailleurs avec un handicap ne le fait pas par «bonté». C’est le bénéfice qui l’intéresse. Et, comme par hasard, les travailleurs des ETA sont souvent payés moins de 10e bruts par heure, ça existe encore.

Priorité au travailleur handicapé Pour les délégués des ETA et d’autres secteurs d’activité, il faut faire de l’insertion des travailleurs avec un handicap un réel objectif. Tout d’abord en les remettant au centre du dispositif. Poste de travail adapté, interdiction du travail de nuit et bien entendu interdiction de la possibilité de licencier pour force majeure médicale. Ensuite, il est temps que le secteur privé soit tenu d’engager un quota de 3% de travailleurs avec un handicap. Ou d’être mis à l’amende dans le cas contraire. En ce qui concerne plus particulièrement les contrats extérieurs, les délégués ne veulent pas y mettre fin mais plutôt qu’ils deviennent une véritable piste d’insertion dans le circuit classique pour les travailleurs handicapés qui le souhaitent. Pour éviter les abus, la délégation de l’entreprise demandeuse devrait avoir la possibilité de bloquer le dossier s’il s’avère que la volonté consiste à dégrader les conditions de travail dans l’entreprise. Les travailleurs des ETA seraient également rémunérés de la même manière que leurs camarades de l’entreprise sous-traitante. Et enfin, 6 mois plus tard au maximum, le travailleur handicapé qui a les qualifications aurait droit à un contrat à durée indéterminée dans l’entreprise sous-traitante, s’il le souhaite, évidemment. Techniquement, ces mesures peuvent être assez complexes à mettre en place. Politiquement, il nous appartient de changer la donne. Plus d’infos www.cepag.be.


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> ENVIE DE VOUS IMPLIQUER DANS LA VIE SYNDICALE DE VOTRE ENTREPRISE?

CPPT, CE, quelle différence? Tous les quatre ans, des élections sociales sont organisées dans de nombreuses entreprises belges. Les prochaines élections auront lieu du 9 au 22 mai 2016 et elles permettront aux travailleurs d’élire les délégués au Comité pour la Prévention et la Protection au Travail (CPPT) et au Conseil d’Entreprise (CE). Nous sommes actuellement dans la phase de recherche de nouveaux candidats qui viendront grandir nos rangs. Mais au fait, le CE et le CPPT, à quoi ça sert?

Comité pour la Prévention et la Protection au Travail Le CPPT a pour mission d’améliorer le bien-être du personnel dans les entreprises. Il émet des avis et formule des propositions sur la politique du bien-être du personnel lors de l’exécution de leur travail. Il doit également se prononcer sur le plan global de prévention et le plan annuel d’actions établi par l’employeur. Toutes les entreprises qui occupent habituellement au moins 50 travailleurs doivent créer un CPPT. «Etre délégué au CPPT, ça s’apprend, au fur et à mesure. Les

travailleurs ne comprennent pas toujours l’importance de certaines mesures et c’est donc à nous de leur montrer leur importance. Avant que je ne sois délégué, l’entreprise avait connu un accident du travail mortel et il fallait que les choses bougent. Aujourd’hui, on peut dire que nous avons fait un grand pas en avant en matière de sécurité. Même si nous n’allons pas toujours aussi vite que ce que nous voudrions, nous avançons.»

Dans l’entreprise, la concertation sociale destinée à défendre les travailleurs s’organise via la délégation syndicale, le CE et le CPPT. Chaque organe a des compétences et des spécificités. Ainsi, le CE touche plus aux aspects économiques de l’entreprise tandis que le CPPT touche plus aux aspects liés à la santé.

Conseil d’Entreprise Le CE est un organe de consultation entre l’employeur et le personnel. Cet organe doit être institué dans toute entreprise du secteur privé qui occupe plus de 100 travailleurs. Le CE a pour mission d’élaborer et modifier le règlement de travail en vigueur dans l’entreprise, de donner des avis et formuler des suggestions sur le fonctionnement de l’entreprise, et de vérifier le respect des législations qui protègent le personnel. «Avec l’aide de la FGTB, nous avons analysé les chiffres et

nous avons constaté qu’il y avait beaucoup plus d’intérimaires et de contrats temporaires que ce qui était convenu. C’est comme ça que nous sommes parvenus à obtenir l’engagement de dix travailleurs fixes. La direction européenne est venue ici, nous lui avons tout expliqué et nous avons obtenu des garanties. Sept engagements fixes sont déjà effectifs et il y en aura trois de plus fin de cette année.»

Intéressé? Envie d’en savoir plus? Contactez sans tarder votre section syndicale locale ou rendez-vous sur notre site www.accg.be/es2016.

> SECTEUR DE LA RÉCUPÉRATION DE PRODUITS DIVERS

Une formation gratuite sur la sécurité Cette année encore, le Fonds Social pour la récupération des produits divers organise des formations sur la sécurité pour les ouvriers du secteur des déchets. Durant une demijournée, les travailleurs auront l’occasion d’aborder les principaux thèmes de sécurité propres au secteur de la gestion des déchets, de manière dynamique et interactive. Ces formations sont entièrement gratuites pour les ouvriers qui appartiennent à la sous-commission paritaire 142.04 pour la récupération des produits divers. De plus, par travailleur de la CP 142.04 qui suit la formation, l’employeur recevra un forfait de 100 euros, couvrant la perte liée aux heures non-travaillées, ainsi que les frais de déplacement. Durant cette matinée de formation, les travailleurs seront formés, entre autres, sur les situations à risque, les premiers soins

en cas d’accident ou encore les risques liés aux machines et à l’électricité, au travail en hauteur, aux chutes et trébuchement.

Où et quand? Liège: 17 décembre 2015 Bruxelles: 14 janvier 2016 Charleroi: 11 février 2016 Namur: 3 mars 2016 Intéressé ? Parlez-en avec votre employeur qui se chargera de vous inscrire gratuitement auprès du Fonds Social.

> RÉCOMPENSEZ LEUR LUTTE POUR LES DROITS DE L’HOMME

Votez pour la Colombie Stop the Killings est une plate-forme de syndicats et d’organisations non-gouvernementales qui a pour objectif d’attirer l’attention sur la répression de ces mêmes organisations dans le Sud. Cette année encore, elle mène une action pour attirer l’attention sur la répression en Colombie, au Guatemala et aux Philippines où les Droits de l’Homme élémentaires sont souvent niés et les autorités empêchent le développement de la société civile de manière active ou passive. Cette année, Stop the Killings a nominé quatre personnes ou organisations qui travaillent dans des conditions difficiles pour une alternative écologique. En effet, la lutte des activistes environnementaux dans le Sud mérite elle aussi notre attention et notre soutien. Il s’agit en l’occurrence des Lumads à Mindanao aux Philippines, des travailleurs engagés de la commune de Palmeras en Colombie, de Maxima Acuña de Chaupe du Pérou ou de l’association des avocats maya au Guatemala.

Comité Ouvrier pour l’environnement de la commune de Palmeras en Colombie. Ce comité travaille avec le syndicat Fensuagro, partenaire de notre section d’Anvers. Le point culminant de la campagne aura lieu le 10 décembre à Bruxelles lors de la Journée Internationale des Droits de l’Homme. A 18h, une action se déroulera à la gare centrale de Bruxelles suivie d’une cérémonie officielle de remise des prix qui sera organisée au De Markten, rue du Vieux Marché aux Grains, 1000 Bruxelles.

Soutenez la Colombie

Pour en savoir plus et voter : www.stopthekillings.be

La Centrale Générale-FGTB a nominé le

Un accord dans le secteur de la préparation du lin Les négociations dans les secteurs pour de nouvelles conventions collectives de travail, les CCT, se poursuivent. C’est aujourd’hui le secteur de la préparation du lin qui vient de parvenir à un accord. En ce qui concerne le secteur des carrières, toujours pas d’accord pour l’ensemble du secteur mais grâce aux actions menées avec succès par les travailleurs, les patrons n’ont pas eu d’autre choix que de revenir à la table de négociations sous l’égide du SPF emploi. En revanche, la situation s’est débloquée au sein du groupe Lhoist où les travailleurs ont obtenu gain de cause. Préparation du Lin En ce qui concerne le pouvoir d’achat, la part patronale dans le chèque-repas sera augmentée de 1e dès le 1er janvier 2016. Toujours en janvier 2016, le supplément de 2e par jour de chômage temporaire sera augmenté de 0,70e. Cette majoration est prise en charge par les réserves du Fonds Social et de Garantie. En ce qui concerne les régimes de chômage avec complément d’entreprise (RCC, anciennement les prépensions), les régimes suivants seront introduits pour la période 2015–2016: RCC 62 ans, RCC 58 ans – 40 ans de carrière à partir du 1er janvier 2016, RCC 58 ans – 20 ans de prestations de nuit – carrière de 33 ans, RCC 58 ans – métiers lourds – carrière de 35 ans et RCC 58 ans – problèmes physiques graves. Retrouvez une information plus détaillée sur notre site www.accg.be, rubrique «votre secteur».

Fin de la grève chez Lhoist Nous vous en parlions dans une précédente édition, les négociations dans le secteur des carrières sont difficiles. En outre, les travailleurs des trois sites du groupe Lhoist ont été confrontés à un blocage dans le cadre de négociations de conventions internes, plus précisément la CCT 90, qui les a poussés à partir en grève. Il faut savoir que la CCT 90 permet de négocier des avantages financiers liés à la réalisation d’objectifs concrets, par exemple en termes de qualité, de sécurité ou encore d’accidents du travail. La revendication des syndicats était très simple : ils demandaient une revalorisation de la prime afin de compenser l’introduction d’une nouvelle taxe sur cette prime et permettre ainsi aux travailleurs de conserver le même montant en poche. Devant la détermination des travailleurs, les négociations ont redémarré, les travailleurs ont obtenu gain de cause et le travail a repris. Brahim Hilami, secrétaire fédéral en charge du secteur se montre satisfait: «Ce résultat positif doit avant tout montrer aux fatalistes que rien n’est impossible quand on est solidaire».


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MÉTAL

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> POINT DE VUE

«LE ROI EST NU» «Si vous n’êtes pas vigilants, les

médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment». Tout est dit. La couverture de récents événements sociaux donne une nouvelle actualité à l’avertissement de Malcolm X, militant des droits civiques pour les noirs américains, assassiné en 1965. «Le roi est nu», s’exclame l’enfant dans le conte d’Andersen en dévoilant la supercherie. Dans la manière dont nous traitent les principaux journaux, nous y sommes. Trois exemples: la défense des options de l’Euro zone contre l’intérêt de la population grecque, la criminalisation des mouvements sociaux par la disqualification de ses acteurs et la légitimation des reculs démocratiques au nom de… libertés individuelles. Il reste, certes, des «déviants» dans la caste journalistique. Malheureusement, ils ne parviennent plus à donner le change à la voix de leur maître, celle des propriétaires. 1. La Grèce est depuis plusieurs années un gigantesque laboratoire politique et social. Les forces réactionnaires y testent,

en grandeur nature, l’impact des politiques d’austérité et la résistance des populations aux dispositions qui approfondissent l’écart entre des riches toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres. Trois fois en moins d’un an, la population a été consultée (un référendum, deux élections): trois fois, elle s’est exprimée avec clarté; trois fois, son expression a été niée ou ridiculisée. Avec une obscénité nouvelle, la presse dite «mainstream», a fait campagne aux côtés des financiers allemands, hollandais et français contre l’intérêt des citoyens grecs. Elle a défendu l’indéfendable, l’imposition d’un troisième mémorandum dont personne ne croit qu’il sera une solution aux problèmes qu’il prétend régler. Pas même le FMI. Pas même le gouvernement allemand. La presse, oui, elle fait comme si... Les rapports entre presse et valeurs démocratiques sont aujourd’hui en débat. 2. Symptomatiquement, les titres de tous les journaux de référence à la veille de la grande manifestation du 9 octobre portaient non pas sur l’interpellation des politiques fédérales mais… sur la capacité des organisations syndicales à encore pouvoir

mobiliser les travailleurs dans la rue. Comment mieux vider la contestation de sa dimension «politique»? Comme pour la grande manifestation de 2014, la couverture a porté d’abord sur des incidents marginaux de fin de cortège. Ceux qui déforment ainsi l’opinion s’étonnent, dans un second temps, que «Les

syndicats peinent à redorer leur image». La grève en province de Liège a été un grand succès le 19 octobre. Aucun incident n’a été déploré sur les barrages autoroutiers. La responsabilité de la FGTB dans le décès d’une patiente a pourtant été mise en cause par la direction d’un hôpital du CHC. Ce groupement hospitalier chrétien développe un gigantesque chantier, le Mont Legia, où des syndicalistes ont découvert, par hasard, le même jour, la présence de travailleurs détachés qui a éveillé des soupçons de «dumping social». Or, un consortium d’entrepreneurs locaux est en procès pour l’attribution d’un marché de ce projet pharaonique et la Justice doit se prononcer dans les prochaines semaines sur le dédommagement réclamé. En incriminant la FGTB, la direction a allumé un contre-feu. Et les médias n’y ont donc vu que… du feu.

3. Pour ce faire, la droite chrétienne a d’emblée mobilisé l’artillerie lourde pour voler dans les plumes du syndicat. Avant même l’intervention de la direction du CHC d’Hermalle, le ministre CdH Prevot annonçait une plainte pour détérioration de la voirie. Quatre jours après les faits, l’estocade se lisait dans un éditorial de la Libre signé par Francis Van de Woestyne: «Tous les syndicats ne sont

pas aussi destructeurs que la FGTB. Le syndicalisme responsable comme le pratiquent la CSC ou la CGSLB (…) C’est un syndicalisme positif qu’il faut valoriser de manière à marginaliser un syndicat socialiste aux pratiques archaïques». Clair, net

semblé à peine 25% de l’électorat du sud du pays mais qui a choisi de cautionner et de permettre le déploiement, au niveau fédéral, de la politique de la NVA et de 75% de l’électorat flamand, entend donc restreindre nos libertés. Comme si l’essorage de la démocratie économique et sociale pouvait rendre l’éclat du blanc aux valeurs de la démocratie politique dont ils sont… le contre-exemple. Les masques tombent donc. «Le roi est nu» crie l’ingénu et les yeux jusque-là aveugles se décillent sur la consternante hypocrisie. Dans la réalité de plus en plus évidente d’une lutte de classes qui fait rage, les médias ont choisi leur camp.

et totalement engagé. Le MR, seule formation du gouvernement à laquelle les électeurs wallons et bruxellois ont pu donner leur voix, s’engouffre dans la brèche ouverte par ces catholiques d’abord soucieux de leurs intérêts directs. Comme toujours aussi, le patronat s’est placé dans l’aspiration. «Il faut doter

les syndicats d’une personnalité juridique»: voilà donc l’objectif. Et au nom de valeurs démocratiques, s’il vous plaît. Ce parti qui a ras-

Nico Cué Secrétaire général de la MWB

Tournai, la solidarité syndicale dépasse les frontières de l’entreprise Et cette solidarité, elle fonctionne! Il suffit de se rendre dans les locaux de la Régionale pour le comprendre. Les cartons s’empilent et une partie des bureaux est devenue un véritable centre de tri dans lequel Nathalie et Marie-Paule ne comptent pas leurs heures et l’énergie dépensée.

ace aux drames humains quotidiens qui se jouent en Méditerranée et la crise humanitaire qui touche des millions de personnes qui tentent désespérément de fuir la misère et la destruction en Syrie, Lybie, Irak ou Afghanistan des initiatives spontanées de solidarité se développent.

asile plus que mérité.

Celles-ci tentent de pallier à l’attitude des responsables politiques européens, qui lorsqu’ils ne choisissent pas de purement et simplement verrouiller leurs frontières sont incapables d’offrir un accueil digne de ce nom à des personnes qui ont pourtant parcouru des milliers de kilomètres au péril de leur vie pour offrir à leur famille un

Depuis des semaines, sous la houlette de Nathalie, Marie-Paule et Robert, les délégations d’entreprises battent le rappel pour récolter le plus de vêtements, jouets et nécessaires de toilette possible afin de subvenir aux besoins vitaux de demandeurs d’asile qui manquent de tout.

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A Tournai, alors que certains responsables politiques ont pris des positions malheureuses, la Régionale des Métallos du Hainaut-Occidental organise la solidarité avec les demandeurs d’asile installés dans les anciennes casernes.

Sensibilisés à cette solidarité par leurs délégués, les travailleurs des entreprises ont véritablement apporté une contribution impressionnante de générosité. Robert Senechal, le Secrétaire Permanent Régional, nous le confirme, la petite musique jouée par certains pour opposer ces réfugiés aux travailleurs ne résiste pas longtemps lorsque l’on prend le temps du débat et de l’explication. Mais surtout lorsque l’on analyse ce que représente la prise en charge de cet accueil au regard des coupes sombres effectuées dans notre sécurité sociale en faveur d’une caste d’actionnaires privilégiés. Pour lui, c’est là que «la véritable

fracture se joue, entre cette catégorie de privilégiés et les travail-

leurs qui galèrent tous les jours et pas avec ceux qui désespérément fuient les dégâts de la guerre et du capitalisme». Cet axe de la sensibilisation, le comité régional du Hainaut-Occidental a décidé de le faire vivre le plus longtemps possible que ce soit dans les entreprises mais aussi en dehors car comme le précise Robert «nous pensons qu’il s’agit

du meilleur moyen d’éveiller la conscience de la population et de l’écarter de ces discours de peur qui ne profitent qu’à l’extrême-droite ».

La solidarité est dans l’ADN de la FGTB et des Métallos, cette solidarité nous la portons sur le plus de fronts possibles. Nos actions, puisqu’elles s’inscrivent dans la volonté d’un véritable changement de société, ne peuvent pas s’arrêter aux frontières des entreprises. A Tournai, on l’a bien compris et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Les besoins sont très importants! Toute contribution est la bienvenue. N’Hésitez pas à contacter la régionale Métallos du Hainaut- Occidental au 069/220554


ALIMENTATION - HORECA - SERVICES

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Accord Sectoriel Horeca 2015/2016 L’accord sectoriel Horeca 2015/2016 a été conclu en commission paritaire du 22/10/2015. Comme pour la série de négociations précédentes, le gouvernement nous a imposé le carcan d’une loi salariale limitant les augmentations salariales à maximum 0,8%. eux facteurs supplémentaires ont encore compliqué les négociations. D’une part le saut d’index décidé par le gouvernement et d’autre part l’incertitude à laquelle fait face le secteur. La «caisse blanche» devrait être un fait au 01/01/2016 et ses conséquences ne sont pas encore connues.

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Dans ce contexte, FGTB Horval a démarré une campagne spécifique pour vous tenir informé. Suiveznous sur: letravaildanslhoreca.be et facebook.com/horval.horeca. Notre commission sectorielle a également mis l’accent sur les points qualitatifs. Vous trouverez ci-après le résultat atteint.

1. Suivi des mesures gouvernementales (caisse blanche, flexi-jobs, flexi-heures) Le secteur mettra en place des outils de monitoring pour analyser l’évolution du secteur (conclusions en décembre 2016). La FGTB Horval est convaincue qu’une menace plane sur l’emploi des travailleurs réguliers à temps plein. Il est fondamental de pourvoir détecter rapidement d’éventuelles dérives afin de pouvoir réagir au plus vite.

2. Normes de productivité Un groupe de travail adressera une demande au fonds d’expérience professionnelle pour tenter d’améliorer les conditions physiques

de travail, entre autres pour les femmes de chambre. Le groupe de travail donnera ses conclusions en décembre 2016.

3. Problématique de la fin de carrière Un jour de congé supplémentaire est octroyé à partir de 56 ans.

4. Dossier métiers lourds Le secteur fera la démarche pour faire reconnaître l’ensemble des fonctions horeca comme métiers lourds (ouverture au droit du régime spécifique de chômage avec complément d’entreprise, anciennement «prépension»).

5. Dialogue social • Formation syndicale Un jour supplémentaire de formation syndicale est octroyé dans le cadre des élections sociales pour l’année scolaire 2016-2017. • Statut de la délégation syndicale Des améliorations ont été apportées au texte concernant la demande d’instauration d’une délégation syndicale. On apportera également des clarifications en ce qui concerne le remplacement d’un délégué effectif par un délégué suppléant.

6. Salaires et primes • CCT écochèques La CCT écochèques est reconduite (prime de maximum 250e en décembre 2015 et en décembre 2016). Les montants inférieurs à 25e pourront être payés sous forme de prime brute. A chaque fin de

contrat, l’employeur remettra au travailleur un document social mentionnant le montant auquel il aura droit en fin d’année. • Prime de fin d’année La condition d’ancienneté (minimum 2 mois ininterrompus) sera dorénavant considérée sur 2 exercices. Dorénavant, l’assimilation de 7 jours de maladie est maintenue dans tous les cas, à la condition que le travailleur ait un an d’ancienneté dans l’entreprise. La période de maladie de longue durée (min 6 mois) est considérée sur 2 exercices. Une période ininterrompue de maladie de longue durée peut être assimilée une seule fois sur des périodes de référence successives. La méthode de calcul de la prime de fin d’année est rectifiée : un travailleur répondant aux conditions d’octroi ne pourra jamais obtenir moins de douzièmes de prime que le nombre de mois calendriers complets prestés ou assimilés. • Prime syndicale Actuellement, le montant maximum de la prime syndicale (135 EUR) atteint le montant fiscalement exonéré. Si ce dernier est adapté, une demande d’augmentation de la prime pourra être abordée, mais sans aucune garantie d’accord. • Chômage économique La période de paiement est portée à 110 jours (précédemment 90 jours). Le montant de l’indemnité est porté à 0,5187 EUR/heure (précédemment 0,4689 EUR/heure), avec un minimum de 2 EUR. Un courrier sera adressé au nom des partenaires sociaux à la caisse de congé annuel, pour demander l’assimilation de toutes les périodes de chômage économique (telles que reconnues par l’ONEM).

• Intervention de l’employeur dans les frais de transport Pour les transports en commun avec un prix unitaire, le plafond de l’intervention est porté de 7km à 11 km. • Barèmes jeunes Les barèmes jeunes sont supprimés pour tous les contrats de travail, à l’exception des contrats étudiants (avec cotisation de solidarité).

7. Formation Un groupe de travail aura pour objectif d’évaluer et de renforcer les efforts de formation. Ce groupe de travail devra rendre ses conclusions pour décembre 2016.

8. Financement du Fonds Social et de Garantie Horeca Les employeurs confirment leur engagement de garantir l’équilibre financier du Fonds Social.

9. Clause de paix sociale La même clause de paix sociale de l’accord sectoriel précédent est reprise, permettant des négociations en entreprise dans le respect de la norme salariale et sur des points non abordés par l’accord sectoriel. Le Fonds Social a édité une brochure qui encourage les employeurs à octroyer aux travailleurs des bonus dans le cadre de la CCT90 (avantage exclus de la marge).

10. Divers CCT crédit-temps: - CCT portant les crédit-temps avec motifs à 36 mois (avec un engagement de les porter à 48 mois dès que la réglementation le permet). - CCT maintenant la condition d’âge à 55 ans (au lieu de 60 ans) pour les crédits-temps de fin de carrière. Congé d’ancienneté dans les petites entreprises (moins de 50 travailleurs): 1 jour de congé supplémentaire tous les 5 ans à partir de 10 ans d’ancienneté. Octroi de tous les droits sociaux pour les temps partiels inférieurs à 1/3 temps: les partenaires sociaux adresseront une demande au Ministre des Affaires Sociales. Petit chômage en cas de décès: le nombre de jours de petit chômage à la suite d’un deuil pour lequel sont octroyés actuellement trois jours passe à quatre. Certificat médical d’aptitude (hygiène alimentaire): ticket modérateur à charge de l’employeur Prolongation des CCT existantes: notamment les régimes de chômage avec complément d’entreprise. Plus d’infos? www.horval.be

Action provinciale du 19 octobre: La prime syndicale dans l’industrie Verviers - Province de Liège Après avoir participé massivement à la manifestation nationale du 7 octobre dernier, le comité de section de la centrale Horval de Verviers avait décidé à l’unanimité de décréter une grève de 24h avec fermeture des entreprises ce lundi 19 octobre, première étape du plan d’action de la FGTB se déclinant en actions provinciales. Ce fut ensuite toute la régionale FGTB Verviers et communauté germanophone qui fit de même. Le résultat de cette action a été une réussite puisque nombre d’entreprises, d’institutions, de chantiers, de centres commerciaux, d’écoles, de transports publics et d’administrations furent fermés pour 24h par les seuls militant(e)s FGTB. Plus concrètement pour les secteurs Horval, des entreprises comme Corman, Spa Monopole, Delacre, Bru chevron, Detry, Stassen comptant parmi les plus connues et les plus grandes de l’arrondissement furent à l’arrêt complet, parfois même sans avoir dû y implanter de piquets de militants. Une fois de plus, nous avons pût compter sur la motivation et la détermination de nos délégué(e)s et militant(e)s pour non seulement assurer les fermetures de leurs entreprises mais également pour être solidaire de celles et ceux qui ont eu besoin d’un coup de main. Belle démonstration de force. Sans lutte, pas de victoire. Félicitations à toutes et tous.

alimentaire (à l’exception du secteur des boulangeries) Si vous avez un nouveau numéro de compte bancaire, veuillez le transmettre à votre section locale de la FGTB HORVAL. Période de référence du paiement: Occupation du 1eravril 2014 au 31 mars 2015

PRIME MAXIMUM POUR LES MEMBRES ACTIFS: 135e Des périodes d’occupation plus courtes donnent droit au prorata/ affiliation de la prime.

PRIME MAXIMUM POUR LES MEMBRES INACTIFS *Chômeurs complets: 81e Des périodes plus courtes de chômage complet donnent droit au prorata/affiliation de la prime. *Prépensionnés: 89e Lors de votre départ en prépension au cours de la période de référence, vous avez droit à la prime «actifs». Ensuite, chaque année suivante et jusqu’à la pension, vous aurez droit à la prime «pré-

pensionnés». *Maladie de longue durée et crédit-temps à temps plein Durant la première année, vous avez droit à la prime prévue pour les membres actifs. Ensuite, vous aurez droit à la prime «chômeurs complets» pendant trois périodes de référence successives. Le travailleur doit demander une attestation auprès de la section régionale de la FGTB HORVAL et en même temps fournir une preuve officielle d’inactivité.

PAIEMENT INFORMATISÉ *Membres actifs Votre Centrale FGTB HORVAL paie la prime syndicale sur votre compte bancaire, pour autant que les conditions suivantes soient remplies: 1. avoir reçu une prime syndicale du Fonds de l’industrie alimentaire l’année précédente 2. être en règle de cotisations pen-

dant la période de référence (du 1er avril 2014 au 31 mars 2015) et jusqu’à la date de paiement 3. avoir été occupé dans l’industrie alimentaire entre le 1er avril 2014 et le 31 mars 2015 4. Posséder un compte bancaire valable à la date de création des ayants-droit Si vous ne répondez pas à ces conditions, vous recevrez une attestation du Fonds Social. Cette attestation doit être remise à votre délégué syndical ou à votre section régionale de la FGTB HORVAL. Formulaires reçus du fonds social : Pour un paiement rapide, nous vous demandons de mentionner votre (nouveau) numéro de compte bancaire sur le formulaire que vous recevrez du Fonds Social. Le paiement informatisé de la prime syndicale est effectué le 4 novembre 2015.


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> POINT DE VUE

Accord obtenu grâce à l’action, mais il faut maintenir la pression ans ces pages, nous revenons en détail sur l’accord conclu au sein du G10. Nous aurions naturellement préféré que la garantie de rendement sur les pensions complémentaires reste à 3,25-3,75% et qu’il ne soit pas question du relèvement de l’âge de prise du capital. Nous nous sommes toutefois rendu compte que ce gouvernement voulait aller dans une autre direction. Avec la FGTB, nous avons dès lors pris la responsabilité de négocier avec les employeurs un accord qui évite une situation plus défavorable. Cet accord n’entraîne pas de rupture de contrat et offre une sécurité suffisante pour les pensions complémentaires à l’avenir. Nous sommes en revanche moins satisfaits que les employeurs n’aient pas été prêts à revoir les mesures concernant les travailleurs à temps partiel bénéficiant d’une allocation de garantie de revenu. Nous maintenons que les travailleurs à temps partiel ne pouvant obtenir un contrat à temps plein ne peuvent être punis par une diminution de leur allocation. Dans les prochaines semaines, nous serons également plus qu’attentifs à la suite de la concertation sur le chômage temporaire et l’activation des travailleurs malades, sans parler de la concertation au sujet de la révision de la loi salariale et du «travail soutenable». Le Gouvernement a décidé d’exécuter l’accord dans sa totalité. La pression de la manifestation réussie du 7 octobre a donc tout de même porté ses fruits. La pression restera aussi nécessaire pour la suite. Les actions dans les provinces au cours des prochaines semaines bénéficieront donc du soutien total du SETCa.

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Nous poursuivrons également la résistance contre ce gouvernement, un Gouvernement qui mène une politique radicalement opposée au progrès social: Pensions: travailler plus longtemps pour une pension moindre! Saut d’index: plus de 7 millions de gens perdent de façon permanente 2% de pouvoir d’achat! Concertation collective: pas de liberté de négociation! Chômage: les chômeurs sont punis alors que l’offre de travail est insuffisante! Crédit-temps: il devient plus difficile de combiner vie privée et travail ! Activation des travailleurs malades et détricotage de la sécurité sociale! Fiscalité: tax shift injuste et déséquilibré!

Concours lecture: gagnez le livre de Richard Wilkinson sur l’inégalité! Dans son livre «The Spirit Level: Why Equality is Better for Everyone» (paru en français sous le titre «Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous»), Richard Wilkinson fait le lien entre l’(in) égalité et les problèmes sociétaux courants. ’ouvrage est paru en mars 2009, juste après l’éclatement de la crise financière. Grâce à cela, les médias ainsi que le grand public ont tout à coup été réceptifs à un livre sur l’inégalité, un thème qui faisait déjà l’objet de nombreuses études depuis des années.

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L’ouvrage a aussi un grand mérite de par son ambition. Il appréhende l’inégalité non seulement d’un point de vue moral, mais aussi, et surtout, sur le plan fonctionnel. La thèse centrale est dans le soustitre : l’auteur estime que des sociétés égalitaires se portent généralement mieux que des sociétés inégalitaires. La recherche de l’égalité n’est dès lors pas souhaitable que moralement, elle l’est aussi sur le plan sociétal. Ce que démontre l’auteur de manière convaincante à travers des chiffres et exemples bluffants. La force de l’ouvrage réside aussi dans la manière scientifique avec laquelle il structure sa thèse. 6 ans plus tard, sa théorie en matière d’inégalités reste toujours autant d’actualité. A découvrir ou re-découvrir sans tarder! Pour tenter de remporter un exemplaire du livre (version originale en anglais ou version française), envoyez un mail à servicecommunication@setca-fgtb.be en précisant l’édition souhaitée. Bonne chance à tous!

AUTANT DE RAISONS DE POURSUIVRE LES ACTIONS ET LA RÉSISTANCE!

5NPLUS | Industrie | Tilly: La direction a décidé de supprimer 9 emplois (7 ouvriers et 2 employés). Cette entreprise de la chimie compte une petite centaine de travailleurs. Ce 12/10 ils ont décidé d’arrêter spontanément le travail afin de protester contre cette décision. Le SETCa mettra tout en œuvre pour éviter les licenciements.

Myriam Delmée, Vice-Présidente du SETCa

Erwin De Deyn, Président du SETCa

La Pension complémentaire en détails…. a garantie de rendement des pensions complémentaires sera dorénavant calculée sur la base du rendement des obligations d’État belges. En collaboration avec la FGTB, le SETCa est parvenu à préserver, lors des négociations, la garantie de rendement de 3,25% (ou 3,75% pour les contributions du travailleur) pour les réserves déjà constituées. Il n’est donc pas question d’une rupture de contrat. En outre, la nouvelle garantie de rendement sera, à terme, basée sur 85% du rendement des obligations d’État. Dans des conditions de marché normales, le taux s’approchera, à terme, des 3,25% actuels.

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De plus, les syndicats réalisent avec cet accord une avancée importante dans la concrétisation de la couverture décès. D’importants ajustements ont également été obtenus concernant l’intention du Gouvernement de relever l’âge de prise du capital. Pour mieux comprendre le système des pensions complémentaires et le contenu de cet accord, retrouvez plus de détails dans notre note technique sur www.setca.org/news. Nous passons en revue ce qui change précisément et vous présentons les différents types de pensions complémentaires.

Univar | Industrie | Bruxelles: Le dialogue social est tendu. Après avoir licencié 3 personnes du service comptabilité, la direction vient à nouveau de licencier une personne sans fournir de raison ni de motif concret. Les syndicats exigent plus de clarté. Des actions syndicales ne sont pas à exclure. Shurgard Self Storage | Logistique | Bruxelles: Les représentants syndicaux de l’entreprise ont récemment dénoncé une décision unilatérale de la direction concernant le dress code imposé aux travailleurs. Le dialogue social au sein de l’entreprise est assez tendu. L’un des délégués principaux vient d’être injustement licencié. Les travailleurs sont solidaires et ont tenu plusieurs actions pour dénoncer cette situation.


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Accord sur les pensions complémentaires en phase avec nos préoccupations: pas de rupture de contrat pour le passé et sécurité à l’avenir a semaine passée, syndicats et employeurs ont abouti à un accord concernant la réforme des pensions complémentaires. Le résultat suit les deux grands principes que nous avions tracés: pas de rupture de contrat pour les contributions déjà versées, tandis qu’il doit toujours être question, pour l’avenir, de garanties en faveur d’une constitution suffisante de la pension complémentaire.

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Le résultat final constitue une amélioration par rapport aux propositions émanant des employeurs, des assureurs et du Gouvernement. En maintenant le dossier dans les mains des interlocuteurs sociaux, nous sommes parvenus à éviter que ce gouvernement coupe ici à nouveau drastiquement dans les droits des travailleurs. Il est important de savoir que les pensions complémentaires prennent des formes très diverses. L’impact des décisions dépend fortement du contrat de pension auquel vous êtes lié. Nous parcourons et évaluons ici les principes généraux de l’accord conclu au G10, qui s’appliquent à la toute grande majorité (75%) des contrats existants. Ce sont des assurances dans le cadre de ce que l’on appelle dans le jargon la branche 21. La situation est différente pour les fonds de pension et les assurances de la branche 23 car la plupart du temps, ces derniers ne prévoient déjà pas de revenu garanti aujourd’hui ou ne prévoient pas de lien avec le rendement légalement garanti. Dans ce cas, rien ne change donc par rapport à la situation qui existait précédemment. Pour les fonds de pension et les contrats de la branche 23, nous renvoyons dès lors aux contrats proprement dits. Enfin, ajoutons encore que le rendement légal garanti porte uniquement sur les pensions complémentaires du type contributions définies (Defined Contributions), que rien ne change donc pour ce que l’on appelle les plans avec but à atteindre (Defined Benefit), et que cet accord ne touche évidemment pas à la technique de la «participation au bénéfice».

1. Pas de rupture de contrat Ce que vous avez acquis continue de produire ses effets selon les anciennes règles. Ainsi, les réserves en date du 31/12/2015 feront l’objet d’un ancrage au rendement garanti actuel de 3,25% (contribution patronale) et 3,75% (contribution du travailleur). Les rendements précédents continuent donc simplement de s’appliquer sur le montant déjà versé dans votre 2e pilier jusqu’à cette date. Ceci, jusqu’à la date de prise de la pension complémentaire.

2. Taux minimum clair et évolution du taux réel à l’avenir Employeurs et Gouvernement insistent depuis des années déjà pour que l’on rende le taux d’intérêt sur la pension complémentaire totalement variable et de préférence, avec un rendement le plus bas possible. Grâce à la concertation, chacun reste assuré d’un taux minimum d’1,75% pour les versements futurs. Celui-ci peut toutefois grimper jusqu’à 3,75%, soit plus que les 3,25% que les employeurs devaient garantir précédemment. L’évolution sera déterminée par un intérêt modulé sur les obligations d’État belges à 10 ans. Ce ratio sera fixé à partir de 2016 à 65% de ces OLO, à partir de 2018 à 75% et à partir de 2020 à 85%. Sur la base des rendements du passé, il apparaît qu’en 2011 encore, le taux aurait été de 3,28% (85% des OLO à 10 ans). Actuellement, le taux à 10 ans est bas (comme l’inflation, qui est encore plus basse), mais il est à prévoir qu’une nouvelle hausse va intervenir dans les prochaines années. Il ressort d’ailleurs de simulations sur la base du passé

que la moyenne de ce nouveau taux variable à long terme ne diverge pas beaucoup des 3,25% actuels. Les futures modifications du rendement auront donc une influence sur les versements futurs ou pour les nouveaux entrants. Les conséquences peuvent différer selon le type de contrat d’assurance: il existe des contrats avec garantie de réserves et des contrats avec garantie de réserves et de primes. Les exemples en annexe montrent à quoi l’on peut s’attendre dans le cadre des contrats avec garantie de réserves, les plus fréquents.

3. Âge de prise Les contrats prévoient parfois la possibilité de prendre le capital à partir de 60 ans (parfois aussi plus tard ou même à l’âge de la pension). Le Gouvernement a émis l’intention de faire du 2e pilier le «bâton» pour vous amener à travailler plus longtemps. L’âge de prise serait défini pour tous à 63 ans (ou plus encore), indépendamment de votre situation de travail personnelle. Cette mesure aurait pu engendrer une sérieuse désillusion financière, surtout pour celui qui est près de l’âge de rachat et peut aujourd’hui encore arrêter de travailler plus tôt. Des mesures seront dès lors prévues dans l’accord pour les travailleurs proches de l’âge de rachat et pour ceux qui se sont retrouvés dans le RCC (prépension) à la suite d’une restructuration. Ils pourront encore prendre le capital à partir de 60 ans. L’accord permet aussi aux travailleurs de reprendre l’argent de leur pension complémentaire à partir de 60 ans, même s’ils ne partent pas en pension anticipée et continuent de travailler.

4. Couverture décès À partir du 1er janvier 2016, des dispositions seront prises pour les contrats «dormants», c.-à-d. les contrats qui ne sont plus actifs (parce que vous avez par exemple changé d’employeur ou êtes déjà à la (pré)pension sans avoir pris votre capital). Auparavant, il n’existait pas la moindre obligation légale de couverture en cas de décès. Il était parfaitement possible que votre capital reste simplement sur le compte de l’assureur, même en cas de décès. Si après le 1er janvier 2016, vous laissez un capital de pension complémentaire «dormant», vous pourrez compter par défaut sur une couverture décès, sans examen médical. La prime pour ce faire sera payée à partir des réserves sur la base d’un tarif collectif. Si vous ne souhaitez pas cette couverture, vous devrez choisir explicitement d’en sortir. Il s’agissait d’un point important pour le SETCa. En effet, avec le relèvement de l’âge de la pension anticipée et l’élargissement continu du deuxième pilier, il faut s’attendre à ce qu’il y ait plus de contrats dormants à l’avenir. Une couverture décès par défaut permettra aux proches éventuels de ne pas rester les mains vides le cas échéant.

NOTRE APPRÉCIATION En comparaison avec ce que les employeurs avaient d’abord formulé comme ultime proposition et avec ce que le Gouvernement aurait pu décider sur la base des propositions des assureurs et des employeurs, nous ne pouvons que constater qu’une avancée substantielle a été réalisée et que nous nous en sortons mieux avec ce résultat que si le Gouvernement avait été seul à la manœuvre. L’accord évite que l’on puisse porter atteinte aux réserves du passé, tandis qu’il est encore question malgré tout d’une sécurité pour l’avenir, entre le rendement minimum et le rendement maximum.

Les exemples en annexe l’indiquent. Ils partent des contrats les plus fréquents, c.à-d. ceux avec garantie de réserves. Il est bien sûr un fait, et nous ne souhaitons certainement pas le cacher, que les travailleurs qui entreront dans le système à partir de l’an prochain n’auront qu’un rendement d’1,75% en perspective. La durée pendant laquelle l’on conserve ce rendement dépend du type de contrat. Pour les contrats les plus fréquents (avec garantie de réserves) c’est jusque la prochaine augmentation du rendement garanti. La perte pour les travailleurs ayant constitué depuis plus longtemps des réserves reste limitée au vu du maintien du rendement actuel sur les réserves constituées. Les travailleurs qui, eux, entreront plus tard dans le système, lorsque le rendement sera à nouveau plus élevé, se retrouveront probablement dans une situation comparable à celle d’aujourd’hui.

initialement prévu, le contenu de l’accord a évolué et prévoit une délimitation claire sur un certain nombre de points. Nous craignons toutefois que les travailleurs à temps partiel «non volontaires» ne soient pas toujours suffisamment protégés contre les abus et en subissent les conséquences. Les droits/obligations en matière d’outplacement dans le cadre de la disponibilité sont désormais réglementés plus clairement dans l’accord. Il subsiste cependant toujours un certain flou concernant la notion de disponibilité adaptée qui relève des régions. Enfin, les négociations doivent se poursuivre à propos du chômage temporaire et de l’activation des travailleurs malades.

L’ACTION PAIE La mobilisation couronnée de succès le 7 octobre dernier a certainement contribué à obtenir ce résultat.

AUTRES DOSSIERS L’accord conclu par les employeurs et les syndicats concerne également un certain nombre d’autres dossiers. Nous déplorons que les employeurs ne se rendent pas compte que la réduction drastique des allocations de chômage pour les travailleurs à temps partiel «non volontaires» revient à punir des travailleurs qui ne demandent pas mieux que de pouvoir prester plus d’heures chez leur employeur. Ces travailleurs à temps partiel doivent désormais aussi être disponibles sur le marché du travail et soumis à divers contrôles. Comparé à ce qui était

Soyons clair également: ce n’est pas parce qu’un accord est à présent conclu sur un dossier important comme les pensions complémentaires que nous enterrons la hache de guerre. En effet, ce gouvernement continue de mener une politique qui va à l’encontre des intérêts des travailleurs. En outre, il y a encore suffisamment de dossiers dans la concertation pour lesquels il conviendra d’exercer la pression voulue au cours des prochains mois.


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ACTUALITÉS

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> ÉDITO

Nous maintenons notre mobilisation L

e Groupe des Dix, qui réunit à la même table de négociation les représentants des employeurs et les syndicats, devait se prononcer sur une série de projets que le Gouvernement lui a soumis. Ces projets concernaient la remise au travail des travailleurs malades de longue durée, l’outplacement pour les travailleurs âgés, la limitation du nombre de jours de chômage temporaire, le contrôle de disponibilité des temps partiels avec allocation de garantie de revenu (AGR), le «cliquet» des droits au RCC (prépensions) et la disponibilité, et le rendement des pensions complémentaires.

La négociation quand c’est possible Compte tenu des textes de départ, totalement imbuvables et complètement favorables aux employeurs ou défavorables aux travailleurs, le banc syndical a pu apporter une série d’améliorations même si le compromis reste très insatisfaisant. Sans la concertation sociale, ces corrections n’auraient pas été possibles. En ce qui concerne les pensions complémentaires, nous avons réussi à éviter la rupture de contrat et à préserver le rendement des réserves acquises. Les taux seront variables à l’avenir mais ils se situeront entre un planché de 1,75% et un plafond de 3,75% en fonction de l’évolution des taux en vigueur pour les emprunts d’Etat à 10 ans. Les travailleurs en RCC dont la pension complémentaire n’est plus alimentée, seront couverts en cas décès, c’est-à-dire

que leur capital ne sera pas perdu pour leurs ayants droits. Il n’y aura pas d’outplacement obligatoire pour les plus de 60 ans. Nous avons également pu aménager la disponibilité pour les travailleurs à temps partiel avec allocation de garantie de revenu. Nous nous réjouissons que le Gouvernement ait tenu cette fois à respecter les accords conclus entre interlocuteurs sociaux, même si tout ne nous agrée pas et s’il reste des points importants à discuter. Il était temps que le gouvernement confirme par des faits son souci du respect de la concertation sociale et laisse aux mains des interlocuteurs sociaux les questions qui sont de leur ressort.

Encore à discuter Ceci dit, nous continuons d’exiger du gouvernement que l’on ne réduise pas l’allocation de garantie de revenu des travailleurs à temps partiel qui sont déjà sans cela en situation précaire. Et puis, deux questions importantes restent à discuter: la limitation du nombre de jours de chômage économique et la réintégration à l’emploi des malades après trois mois d’absence. Sur ces deux questions nous avons convenu de poursuivre les discussions de manière à proposer des alternatives au gouvernement. Mais les accords intervenus ne sont encore que le sommet de l’iceberg car d’autres plus importants encore par le nombre de

travailleurs concernés sont à l’agenda:

• la révision de la loi de 1996 relative à la promotion de l’emploi et à la sauvegarde préventive de la compétitivité (loi sur la norme salariale); • le travail soutenable dont la définition aura des implications sur la durée de la carrière; • la simplification de la loi de 1971 sur la durée du travail; • la réforme des pensions; • la suite de l’harmonisation des statuts ouvrier-employé.

Ce n’est pas fini

La FGTB a également déposé un recours contre la norme salariale.

Mais compte tenu de la distorsion qui prévaut dans cette concertation, où les intérêts des employeurs sont privilégiés par le gouvernement dans les projets qu’il soumet à discussion, nous avons besoin d’établir un rapport de force car sans pression, les représentants des employeurs ne nous écoutent même pas. C’est la raison pour laquelle nous poursuivons la mise en œuvre de notre plan d’actions qui connaîtra une nouvelle étape dès la fin novembre avec des actions de grève dans les différentes provinces. Nous n’avons d’autre part pas fini de combattre le saut d’index et nous avons opté pour la voie judiciaire dans la mesure où selon nous le saut d’index est contraire à

Prudent au volant ? Félicitations !

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la Constitution et discriminatoire vis-àvis des travailleurs par rapport à d’autres groupes de revenus comme les professions libérales qui elles, peuvent encore indexer leurs prix ou honoraires, les actionnaires ou encore les propriétaires bailleurs. Nous avons donc déposé en front commun syndical un recours auprès de la Cour constitutionnelle pour faire annuler le saut d’index. La FGTB, la CSC et la CGSLB continuent à s’opposer à cette mesure d’austérité qui n’a pas de sens et donnent, avec ce recours en front commun syndical, un signal fort au gouvernement Michel.

Rudy De Leeuw Président

Marc Goblet Secrétaire général


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