FGTB - Syndicats n° 13 de 2015

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N°13 • BIMENSUEL • 70ème année Bureau de dépôt : Charleroi X Abonnements : 02/506 82 11 Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 11 syndicats@fgtb.be Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 B Bruxelles

10 JUILLET 2015 • Éd. LIÈGE

Dumping © istockphoto.com stoc p oto o.com

social: Le 24 juin dernier, plus de 5000 personnes n nnes ont participé à la concentration organisée en front co commun ommun syndical pour protester contre le dumping social cia al et soutenir les revendications syndicales pour le combattre. mba attre. La cible principale de cette colère syndicale calle est la directive «détachement» dont l’usage frauduleux eu ux permet à des employeurs d’envoyer à l’étranger dess tr travailleurs ravailleurs pour des salaires de misère sans que ceux-ci x-cii ne bénéficient d’une protection sociale. Cette directive e crée cré ée une situation de concurrence déloyale dont plusieurss sec secteurs cteurs souffrent cruellement.

Dossier pages 8 & 9 OCDE

Les inégalités nuisent à l’économie Page 3

AGR

STOP à la chasse aux temps partiels Page 4

JEUNES

Des sanctions mais pas d’emplois Page 5

ÉTÉ

Tous à la Fête des Solidarités Page 6

GRÈCE

L’Europe à plusieurs vitesses Page 16


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RÉGIONS

SYNDICATS • N°13 • 10 JUILLET 2015

NAMUR

CENTRALE DES METALLURGISTES NAMUR Rue de Namur 49 - 5000 BEEZ FERMETURE ANNUELLE du 20 août 2015 au 21 août 2015 inclus HORAIRE D’ETE du 24 août 2015 au 04 septembre 2015 Les bureaux seront accessibles du lundi au vendredi de 9h00 à 12h00 D’avance, nous vous souhaitons de passer d’agréables vacances.

LUXEMBOURG

La FGTB Luxembourg est partenaire de la petite foire.


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BRUXELLES

SYNDICATS • N°13 • 10 JUILLET 2015

> CARTE BLANCHE

«DIX RAISONS D’OUVRIR LES FRONTIERES», par Michel AGIER et François GEMENNE E ntre 2000 et 2014, 40.000 migrants sont morts aux frontières, dont 22.000 en tentant de rejoindre l’Europe, qui est aujourd’hui devenue, pour eux, la destination la plus dangereuse au monde. Pour la seule année 2014, plus de 3500 sont morts noyés en Méditerranée.

Le décompte macabre continue chaque jour. Et les survivants sont bloqués aux frontières externes mais aussi internes de l’Europe (comme ces derniers jours entre l’Italie et la France), multipliant les situations de mise à l’écart, de violence et d’humiliation. Cela au nom d’une raison d’Etats européens qui disent répondre aux peurs et aux demandes des habitants pour plus de sécurité, de contention et d’imperméabilité. Et pourtant, nous affirmons qu’il serait plus rationnel, plus juste, plus sûr, d’ouvrir les frontières. A l’opposé de l’idée trop répandue dans les médias et les discours politiques, cette proposition n’a rien d’un fantasme naïf et irréaliste. Au contraire : c’est l’ouverture des frontières qui permettrait enfin de sortir d’un engrenage de violences qui a déjà fait des milliers de morts parmi les migrants, et de dessiner un horizon pour un véritable projet politique européen en matière d’asile et d’immigration. Voici dix raisons pour lesquelles il faut ouvrir les frontières.

1. Parce que fermer les frontières ne sert à rien Notre premier argument est de bon sens. Le fait migratoire est un fait social, une réalité du monde contemporain, auquel il est absurde de vouloir résister. Vouloir empêcher les migrations est aussi vain que de vouloir empêcher la nuit de succéder au jour. Les gens ne choisissent pas de migrer ou de rester parce qu’une frontière est ouverte ou fermée. L’idée que la fermeture des frontières puisse limiter les flux migratoires est irréaliste et criminelle, et méconnaît complètement la réalité des migrations. Elle ne fait que rendre les déplacements plus précaires, plus coûteux et plus dangereux, transformant la Méditerranée en charnier. Ouvrir les frontières, c’est avant tout permettre aux gens de migrer dans des conditions sûres et dignes, c’est mettre un terme à la tragédie qui se joue aux frontières de l’Europe.

2. Pour lutter contre les passeurs Ouvrir les frontières, légaliser les mobilités de tous, c’est tuer dans l’œuf le business de ceux qui ont

fait profession du trafic de cargaisons humaines, en profitant, de plus en plus et de manière de plus en plus dangereuse, d’une économie de la prohibition. Ouvrir les frontières, c’est la manière la plus efficace de lutter contre les passeurs. C’est permettre aux migrants d’arriver en avion plutôt qu’en bateau.

3. Parce que l’invasion annoncée est un fantasme Aucune enquête n’a prouvé la véracité des «appels d’air» ou des «invasions» tant annoncés et fantasmés. La construction du mur entre le Mexique et les Etats-Unis n’a nullement ralenti les flux migratoires entre les deux pays, pas plus que l’ouverture de la frontière entre l’Inde et le Népal n’a provoqué d’afflux massifs de migrants, comme l’ouverture des frontières au sein de l’Europe de Schengen. Ni l’opération de sauvetage Mare Nostrum, menée par l’Italie en 2014, ni les régularisations de migrants en situation irrégulière (600.000 en Espagne en 2005, 500.000 en Italie en 2006, près de cinq millions aux Etats-Unis en 2014, etc.) n’ont jamais provoqué d’augmentation soudaine et significative de la migration «clandestine». Elles ont juste permis de commencer à réconcilier les migrants avec leurs sociétés de départ et de destination.

4. Pour permettre aux migrants de rentrer au pays Argument paradoxal, et pourtant: ouvrir la frontière, c’est certes laisser entrer le migrant, mais c’est aussi lui permettre de repartir sans inquiétude. Beaucoup de migrants sont aujourd’hui coincés dans leur pays de destination, par peur de ne plus pouvoir y revenir ensuite si jamais ils en sortaient. Ouvrir les frontières rendrait la mobilité plus fluide, et permettrait à des milliers de migrants de rentrer au pays voir une famille qu’ils n’ont parfois pas revue depuis plusieurs années.

5. Parce que les migrants pourront déployer tout leur potentiel économique Toutes les études montrent que la contribution économique des migrants à leur pays de destination est d’autant plus positive que leur situation y est sûre et légale. Rendre toutes les migrations légales ferait de facto disparaître l’immigration «clandestine», et permettrait aux migrants de déployer leur plein potentiel économique dans le pays d’accueil. Leur contribution économique est aussi dirigée vers leur pays d’origine: les transferts financiers des migrants vers leurs familles

représentent trois fois le montant de l’aide officielle au développement versé par les pays industrialisés. Il est absurde de lier l’aide au développement au contrôle des migrations puisque au contraire, c’est la mobilité qui est un facteur potentiellement puissant de développement.

6. Pour permettre un progrès social L’embauche des travailleurs étrangers en situation irrégulière dans les pays riches est un «dumping social», l’équivalent d’une «délocalisation sur place»: les pires conditions sociales sont imposées à des travailleurs sans droits. La légalisation des migrants leur donnerait accès aux mêmes droits et aux mêmes rémunérations que les autres salariés. Elle rendrait visible leur participation à l’économie du pays d’accueil, notamment par leur contribution – et celle de leurs employeurs – aux prestations sociales. Par nature, la migration « illégale » n’existe plus avec des frontières ouvertes. Les situations de précarité administrative disparaissent et les conditions de travail s’améliorent et s’harmonisent.

7. Parce que la liberté de circulation est un droit fondamental Le droit de quitter son pays est inscrit dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. C’est une

question de liberté et d’égalité. Le destin des uns et des autres est déterminé par l’endroit où ils/elles sont né/e/s. C’est la fermeture des frontières qui crée le privilège du lieu de naissance, cette inégalité insupportable. L’ouverture des frontières reconnaît la légitimité de toute migration, et le droit à la mobilité de chacun.

8. Pour mieux connaître les migrants et mieux protéger ceux qui en ont besoin Il faut le répéter: ouvrir les frontières, ce n’est pas supprimer les frontières. Soyons légalistes: le fait d’autoriser les libres circulations permettrait de mieux les accompagner, de savoir où vont les migrants et dans quelles conditions. C’est s’assurer que les migrations se déroulent dans les meilleures conditions possibles pour tous, et que ceux qui ont besoin d’être protégés le soient effectivement.

9. Parce qu’il est possible de remettre l’hospitalité au centre de la politique Des voisins solidaires et mobilisés, un tissu associatif dense capable d’organiser l’accueil des étrangers et aider leur insertion, des villes qui créent de meilleures conditions de logement en centres d’accueil pour les errants : telles sont les formes d’une hospitalité sans condition qui existent déjà dans la société et qu’un gouvernement aurait la possibilité de mobiliser et d’aider, à l’opposé de la guerre aux migrants qui forme aujourd’hui le régime

officiel de pensée et d’action.

10. Pour réaffirmer l’unité de l’Homme Dans les années 1930, les juifs ou les exilés espagnols étaient devenus des «indésirables». Aujourd’hui, face au retour de l’idée qu’une partie des humains sont indésirables, nous avons le choix de réaffirmer l’unité de l’Homme et traduire cette idée en politique. Contre l’obscurantisme, il s’agit simplement de relancer l’humanisme. MICHEL AGIER est anthropologue, directeur de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement et directeur d’études à l’EHESS. Il a publié, aux Editions La Découverte, «la Condition cosmopolite» (2013) et «Un monde de camps» (sous sa direction, 2014). FRANÇOIS GEMENNE est politologue, enseignant aux universités de Liège et de Versailles-SaintQuentin, directeur exécutif du programme Politiques de la Terre à Sciences-Po. Il va publier, en 2016, «Vive l’immigration», aux Editions La Découverte. Michel Agier et François Gemenne ont initialement publié cette Carte blanche dans L’Obs du 25 juin 2015. Elle est ici reproduite avec leur aimable autorisation.

AVIS Nous prions nos affilié(e)s demandeurs/demandeuses d’emploi de bien vouloir noter qu’en raison des vacances annuelles, les permanences Chômage et Accompagnement ne seront pas accessibles au public le mercredi du 8 juillet au 26 août 2015.


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RÉGIONS

SYNDICATS • N°13 • 10 JUILLET 2015

CENTRE

Ouvertures des permanences sociales et juridiques de la Centrale Générale de la F.G.T.B. A dater du 01 septembre 2015 LUNDI WAVRE COURT St ETIENNE

MARDI

8h30 – 12h

MERCREDI

JEUDI

8h30 – 12h

13h30 – 18h

10h – 12h

JODOIGNE

VENDREDI

13h – 16h 13h – 16h

BRAINE L’ALLEUD

10h30 – 12h30 10h – 12h

En cas d’urgente nécessité, Merci de contacter: Les Lundi, Mercredi & Vendredi de 8h30 à 12h Et les Mardi & Jeudi de 08h30 à 12h et de 13h à 16h30 LE 067/21.23.23 Merci de votre compréhension.

CHARLEROI-SUD HAINAUT CENFORSOC, Centre de Formation Sociale et Culturelle organise, comme chaque année, son cycle de formation interprofessionnelle constitué de différents modules dont Politique de base, CE, CPPT, Extrême droite, Fiscalité, Initiation Vie Sociale, Perfectionnement Vie Sociale, Séminaire d’actualités, à destination des affiliées, militant(e)s et délégué(e)s. Nos programmes de formation donnent accès au bénéfice du Congé-Education Payé. VENEZ VISITER NOTRE SITE INTERNET www.cenforsocasbl.be ET INSCRIVEZ-VOUS EN LIGNE. Renseignements : Secrétariat ASBL CENFORSOC (Tél.: 071/641.286 - FAX.: 071/300.567). Responsable de la Formation: Ruddy DANTHINE.

WALLONIE PICARDE Antoing >ƵŶ ϬϵŚϬϬ–ϭϮŚϬϬ DĂƌ ϬϵŚϬϬ–ϭϮŚϬϬ DĞƌ ϭϰŚϬϬͲϭϳŚϬϬ :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ Fermé

Ath >ƵŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ Fermé :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ

Basècles >ƵŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ ϭϰŚϬϬͲϭϳŚϬϬ :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ Fermé

Bizet >ƵŶ Fermé DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ Fermé :ĞƵ Fermé sĞŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ

Comines >ƵŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĂƌ Fermé DĞƌ Fermé :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ Fermé

Dottignies >ƵŶ Fermé DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ ϭϰŚϬϬͲϭϳŚϬϬ :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ

Ellezelles >ƵŶ Fermé DĂƌ Fermé DĞƌ ϭϰŚϬϬͲϭϳŚϬϬ :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ Fermé

FGTB Wallonie Picarde

Attention Du 1er juillet au 31 août 2015 Horaires d’été !!!

Herseaux >ƵŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ Fermé :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ Fermé

Lessines >ƵŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ ϭϰŚϬϬͲϭϳŚϬϬ :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ Fermé

Leuze >ƵŶ Fermé DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ ϭϰŚϬϬͲϭϳŚϬϬ :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ

Mouscron >ƵŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ ϭϰŚϬϬͲϭϳŚϬϬ :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ

Pecq >ƵŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ ϭϰŚϬϬͲϭϲŚϬϬ :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ Fermé

Peruwelz >ƵŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ Fermé :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ

Tournai >ƵŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ ϭϰŚϬϬͲϭϳŚϬϬ :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ


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RÉGIONS

SYNDICATS • N°13 • 10 JUILLET 2015

LIÈGE - HUY - WAREMME

Permanences chômage Horaire d’été applicable du 1er juillet au 31 août 2015 Les permanences suivantes sont accessibles au public

Deux formules proposées: • DEPART depuis la place St-Paul, le vendredi 11/09, à 15h00 - rendezvous à 14h30 PRIX: 155 euros. • DEPART depuis la place St-Paul, le samedi 12/09, à 7h00 - rendezvous à 6h30 PRIX: 110 euros Le prix comprend: - Trajet car A/R; - Navettes entre la Courneuve et l’hôtel Golden Tulip; - Nuitée hôtel; - P’tit déj’; - Pass festival. • RETOUR: dimanche 14/09, aux alentours de minuit. RESERVATION obligatoire: Philippe BORDIGNON - tél : 0474/563.795 - philippe.bordignon@fgtb. be - pour le vendredi 14 août

Vos régionales vous souhaitent de bonnes vacances!

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Amay Aywaille Hannut Liège Saint-Léonard

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Fléron Jupille Liège Roture Sclessin Waremme

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Ans Burenville Chênée Flémalle Herstal Huy Liège Saint-Paul Seraing Visé

Lundi, mercredi et vendredi de 8h30 à 12h30 Fermé mardi et jeudi

Lundi de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h00 Mercredi et vendredi de 8h30 à 12h30 Fermé mardi et jeudi

Lundi de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h00 Mercredi, jeudi et vendredi de 8h30 à 12h30 Fermé mardi

VERVIERS

HORAIRE D'ÉTÉ SERVICE CHÔMAGE & OFFICE DE DROIT SOCIAL SERVICE CHÔMAGE - du 1er juillet au 31 août 2015 BUREAU CENTRAL :

Lundi de 13H30 à 17H00 + permanence de 17H00 à 18H00 pour les affiliés sous contrat de travail Mardi à vendredi de 8H30 à 12H00

MALMEDY :

Lundi de 14H00 à 16H30 Mercredi et vendredi de 9H00 à 12H00

DISON :

Lundi et mercredi de 9H00 à 12H00

SPA :

Mardi et jeudi de 9H00 à 12H00 Mercredi de 14H00 à 16H30

LA CALAMINE :

Lundi et jeudi de 9H00 à 12H00

Dans le cadre de la commémoration de la grève des femmes de la FN en 1966, nous cherchons tous documents historiques, témoignages et toutes autres sources encore disponibles.

EUPEN :

Mardi et vendredi de 9H00 à 12H00

SAINT-VITH :

Mercredi de 9H00 à 12H00

Contact: Philippe BORDIGNON – philippe.bordignon@fgtb.be - 04/221 95 83

HERVE :

Mardi et vendredi de 9H00 à 12H00 Jeudi de 14H00 à 16H30

WELKENRAEDT :

Lundi et mercredi de 9H00 à 12H00

PEPINSTER :

Mardi de 9H00 à 12H00 Jeudi de 14H00 à 16H30

VERVIERS 2 :

Mardi et vendredi de 9H00 à 12H00

Appel à témoins - Grève des Femmes de la FN en 1966

OFFICE DE DROIT SOCIAL - du 6 juillet au 28 août 2015 LUNDI :

de 9H00 à 12H30

MARDI :

de 9H00 à 12H30

MERCREDI :

de 9H00 à 12H30

JEUDI :

de 9H00 à 12H30

VENDREDI :

de 9H00 à 12H30 !!! L'Office de Droit Social sera fermé du 20 au 24 juillet 2015


ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°13 • 10 JUILLET 2015

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> OCDE

Les inégalités nuisent gravement à la santé de l’économie… Dans un nouveau rapport – en anglais - intitulé «Pourquoi moins d’inégalités profitent à tous», l’OCDE refait le constat (comme notre Baromètre socio-économique FGTB 2015) d’une hausse des inégalités. Suivent une série de recommandations politiques concrètes. Pour la première fois, l’OCDE insiste lourdement sur l’importance du dialogue social, de la qualité de l’emploi et de la nécessité d’améliorer la fiscalité distributive.

Les recommandations L’OCDE affirme que les inégalités ne sont pas inévitables. Il existe suffisamment d’instruments politiques pour traiter le problème. Tout dépend de l’intérêt politique qui est consacré à la solidarité, à la redistribution et à l’égalité. L’accent doit être mis sur quatre domaines:

• L’emploi et la qualité de l’emploi - L’accent doit désormais être mis sur la qualité de l’emploi: la qualité de la rémunération, la sécurité de l’emploi et la qualité de l’environnement de travail. Ceci a des conséquences positives sur la productivité et le bien-être du travailleur.

’étude «In it together. Why less inequality benefits all» de l’OCDE confirme de nombreuses thèses que nous défendons depuis des années déjà en tant que syndicat:

cet effet modérateur s’est estompé au cours de ces dernières années. Il convient de rétablir l’efficacité des impôts et transferts à redistribuer les revenus.

De plus en plus d’inégalités

Les inégalités nuisent à l’économie

réseaux professionnels ou moins de temps à consacrer aux études.

La hausse des inégalités de revenu a ralenti l’activité économique à long terme. L’idée selon laquelle une plus grande inégalité stimule l’esprit d’entreprise et la croissance économique est donc fausse. La hausse des inégalités entre 1985 et 2005 s’est traduite par un recul de l’activité économique de l’ordre de 4,7% entre 1990 et 2010 (effet cumulatif sur l’ensemble de cette période). L’OCDE démontre également que des systèmes de redistribution forts N’ENGENDRENT PAS une baisse de la croissance.

Le travail précaire augmente les inégalités

L

Les inégalités de revenu ont fortement augmenté au cours de ces dernières années, que ce soit dans les pays développés ou les moins développés, tant pendant les périodes de croissance économique que pendant les périodes de récession. En 1985, dans les pays de l’OCDE, les 10% les plus riches gagnaient 7 fois plus que les 10% les plus pauvres. Aujourd’hui, ce rapport est de un sur dix. Pendant les périodes de progrès économique, les revenus des 1% au sommet du système de redistribution augmentent rapidement, alors que les progrès sont moins nets pour la partie basse du système de redistribution des revenus. Pendant les périodes récession, nous assistons au phénomène inverse : un recul rapide pour les plus pauvres et moindre pour les plus riches.

Les mécanismes de redistribution sont bénéfiques mais affaiblis Les mécanismes de redistribution (sécurité sociale, impôts progressifs…) ont eu un effet modérateur important sur les inégalités, MAIS en raison de diverses «réformes»,

Une hausse des inégalités a deux conséquences concrètes pour les 40% représentant la partie basse du système de répartition des revenus : les jeunes ont moins de chances d’accéder à un enseignement de qualité et moins de chances de se développer économiquement; on ne peut pas se permettre de risques financiers, donc aucun risque... L’enseignement n’est pas pour autant une garantie de salut. Même si la qualité de l’enseignement est la même pour tous, les classes de revenus inférieures en retireront moins d’avantages car elles ont moins facilement accès aux

La croissance des formes de travail «non-standardisées» – à la suite de réformes structurelles du marché du travail – comme les contrats temporaires et à temps partiel a engendré une hausse des inégalités de revenu. La qualité de l’emploi est donc d’une grande importance. L’OCDE constate que les emplois «non-standards»: • sont moins bien rémunérés (différence de 20%); • offrent moins de possibilités de formation; • ne constituent aucune garantie de bénéficier ensuite d’un emploi permanent (moins de 50% des contrats temporaires ont débouché sur un contrat fixe); • entraînent un risque de pauvreté plus élevé Presque la moitié des emplois créés entre 1995 et 2007 étaient des emplois «non-standards» (voir graphique). En Belgique, ils représentaient un pourcentage de 75%! Depuis 2007, ce sont même les formes standardisées de travail qui se perdent.

Près de la moitié des emplois créés entre 1995 et 2007 étaient des emplois non-standards

- Selon l’OCDE les politiques d’activation du marché de l’emploi (comme le contrôle plus strict des indemnités) peuvent expliquer en partie la hausse des inégalités. - Les salaires minimums peuvent être un moyen de réduire les inégalités, tout comme l’affiliation à un syndicat et un meilleur dialogue social. - Face à une protection de l’emploi limitée (due à la flexibilisation), il faut pouvoir compter sur une sécurité sociale et une protection contre le chômage suffisantes.

• Investir dans l’enseignement et la formation - Les pouvoirs publics doivent aider les ménages à bas revenus pour accroître leurs chances d’obtenir un diplôme. - Les travailleurs doivent continuer à apprendre et la formation liée à l’emploi est essentielle pour s’assurer que les collaborateurs évoluent et puissent prétendre à des emplois mieux rémunérés. A l’heure actuelle, ce point pose particulièrement problème dans les PME.

• Les impôts et transferts doivent améliorer la redistribution des revenus - Les impôts et les transferts garantissent – du moins dans les économies développées – une forte redistribution et donc une baisse des inégalités. - Des impôts plus élevés et des transferts bien conçus ne freinent pas la croissance économique. - Les autorités doivent revoir leurs systèmes fiscaux pour veiller à ce que ces élites s’acquittent équitablement de leur part. Par exemple en rendant les impôts plus progressifs, mais encore en supprimant les déductions ou en envisageant des impôts sur la propriété et les autres avoirs. Les successions doivent également être davantage taxées. - Les nantis ne sont pas les seuls à devoir être imposés de façon plus efficace, les multinationales doivent également payer leur part. Cela exige davantage de transparence et une collaboration internationale, comme le propose le projet BEPS de l’OCDE. - L’OCDE plaide en faveur de «budgets contra-cycliques» pour les dépenses sociales (plus pendant les périodes difficiles et moins pendant les périodes de prospérité).

• Plus d’égalité homme-femme - Le taux d’emploi des femmes doit être accru via une conciliation de la vie professionnelle avec la vie privée, incluant une meilleure répartition des tâches ménagères via le congé parental pour les pères. - A travail égal, salaire égal. - Il faut introduire des quotas de femmes dans les organes de direction. - Les salaires minimums doivent être plus élevés dans des secteurs sous-payés où les femmes sont surreprésentées.

http://www.oecd.org/social/in-it-together-whyless-inequality-benefits-all-9789264235120-en.htm


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ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°13 • 10 JUILLET 2015

Stop à la chasse aux travailleurs à temps partiel! Après les jeunes diplômés et les travailleurs âgés, c’est maintenant au tour des travailleurschômeurs à temps partiel de subir une baisse de leur revenu. Le gouvernement s’en prend un fois encore aux plus faibles, à savoir ceux qui acceptent un emploi à temps partiel et touchent un complément du chômage en faisant appel à l’allocation de garantie de revenus. Dans 78% des cas les bénéficiaires de l’AGR sont des femmes, et dans 37% des cas des mères célibataires, c’est-à-dire sans autre revenu pour le ménage. Qu’est-ce que l’allocation de garantie de revenus (AGR)? Pour échapper au chômage et conserver leurs droits, les chômeurs doivent accepter des emplois à temps partiel mais ils continuent à percevoir un complément du chômage. Pour que leur revenu cumulé du travail et du chômage ne soit pas inférieur à leur allocation de chômage complet, une indemnité complémentaire appelée «Allocation de Garantie de Revenu» (AGR) est prévue. Ces personnes sont maintenant mises dans une situation insoutenable par le gouvernement Michel qui a revu à la baisse l’AGR.

Attaques sur leurs revenus: 1) L’abaissement du plafond d’accès: pour bénéficier de l’AGR le salaire brut mensuel ne pouvait, jusqu’en 2014, dépasser 1.559,38 euros. Depuis 2015, ce montant a été ramené à 1.501,82 euros. 2) La modulation familiale: jusqu’à l’année passée l’AGR représentait un montant fixe de 3,05e/heure, quel que soit le statut familial. Depuis janvier 2015 l’AGR dépend de la composition du ménage: - pour les chefs de ménage, 3,05e; - pour les isolés, 2,14e; - pour les cohabitants, 1,21e. 3) La prise en compte du bonus emploi: le calcul de l’AGR ne

tient actuellement pas compte du bonus à l’emploi (réduction des cotisations personnelles pour les bas salaires). À l’avenir, Le bonus emploi sera compté dans le salaire net ce qui aura pour effet d’augmenter le salaire pris en compte pour le calcul et de réduire le montant de l’allocation. 4) La réduction de 50% de l’AGR après 2 ans: après 2 ans l’AGR sera diminuée de moitié. Cette mesure entrera en vigueur en 2017.

On va donc en arriver à ce qu’un cohabitant – selon sa situation en ce qui concerne la dégressivité des allocations - gagnerait moins en combinant travail et chômage que s’il était chômeur complet! Selon l’ONEM, le nombre de travailleurs à temps partiel bénéficiant d’une AGR a déjà été ramené à 43.300 (- 15%) grâce aux premières mesures prises et les dépenses passeront, en 2016, de 245 millions à 183,5 millions (- 25%). La réduction de moitié de l’allocation à partir du 1er janvier 2017 permettrait une économie de 50% !

Contraindre les chômeurs à rechercher sans fin des emplois inexistants

l’ONEM nous apprennent que ce gouvernement veut en outre soumettre les travailleurs à temps partiel bénéficiant d’une AGR au contrôle de disponibilité, c’est-àdire à postuler sans relâche pour un emploi à temps plein sous peine de sanctions dans des secteurs où les emplois à temps plein n’existent pratiquement pas. Une étude menée auprès de 21.213 membres touchant une AGR à la FGTB nous apprend: - qu’ils travaillent principalement dans des secteurs où des emplois à temps plein ne sont pas disponibles:

LA FGTB FEDERALE ENGAGE: 1 Expert en législation chômage (h/f) (avec constitution d’une réserve de recrutement) But de la fonction Garantir le payement correct et ponctuel des allocations de chômage en organisant toutes les activités relatives au chômage au niveau fédéral et en assurer un encadrement correct et uniforme des services chômage régionaux en matière de système de chômage (méthodes de travail) et de réglementation sur le chômage sur la base des directives et des dispositions de l’ONEM.

Nature des activités/responsabilités • secteur du nettoyage (21%, souvent des horaires de travail avant et après les heures de travail ordinaires); • secteur de la distribution et du commerce (heures d’affluence pour la vente); • HORECA (heures d’affluence irrégulières); • secteur public (essentiellement des horaires incomplets dans l’enseignement et le non-marchand). Tout comme les chômeurs âgés et les prépensionnés que l’on va contraindre à postuler sans relâche pour des emplois qui sont rarement, voire jamais, disponibles pour les plus de 55 ans, on veut maintenant faire de même avec les travailleurs à temps partiel dans des secteurs où les emplois à temps plein n’existent pas.

L’objectif est clair: harceler les travailleurs à temps partiel, comme on le fait avec les prépensionnés, pour qu’ils renoncent à l’AGR. Que ces personnes se retrouvent dans la misère, n’est manifestement pas le problème de ce gouvernement.

- Dispenser la formation tant de la réglementation du chômage que des méthodes de travail informatisées - Effectuer des analyses dans le cadre des méthodes de travail informatisées et tester les applications informatiques - Rédiger les notes de cours - Rédiger des notes techniques / études dans la matière chômage - Assurer un soutien aux chefs de service chômage au niveau régional

Profil - Avoir un diplôme de l’enseignement supérieur, type long ou type court ou équivalent - Avoir une excellente maîtrise de la législation chômage et plus généralement de la législation sociale - Avoir la connaissance et l’expérience du fonctionnement d’un service chômage régional ou équivalent (minimum 2 an) - Avoir l’esprit d’équipe - Avoir la connaissance des deux langues nationales Français/ Néerlandais. - Savoir se servir d’un PC (environnement Windows)

Nous vous offrons Un contrat à durée indéterminée Un salaire au barème FGTB Des avantages extralégaux Les candidatures sont à envoyer pour le 18 septembre 2015 à: FGTB fédérale Christine BARTHOLOMI Rue Haute 42, 1000 BRUXELLES engagements@fgtb.be Informations techniques concernant la fonction: Guy LETEN Guy.leten@abvv.be

Les projets de texte qui sont soumis au Comité de gestion de

> CONSO

La fin du roaming en 2017 «Un accord a été trouvé: à partir du 15 juin 2017, les citoyens

européens payeront un prix identique pour les appels, les SMS et les données mobiles où qu’ils se rendent dans l’UE. Vous pourrez donc rentrer en contact avec vos amis qu’ils soient dans la même ville ou de l’autre côté de l’Europe!» se réjouit Marc Tarabella, Eurodéputé en charge de la protection des consommateurs. L’accord conclu prévoit la disparition des frais d’itinérance dès le 15 juin 2017. Une nouvelle baisse des frais est également conclue, et ce dès le 30 avril 2016, avec un plafond de 0,05 euro supplémentaire par minute d’appel et de 0,02 euro pour les SMS.

Vos qualités sont plus importantes que votre sexe, âge, handicap ou origine

La rédaction de Syndicats vous souhaite de bonnes vacances! Nous revenons le 4 septembre

Rédaction: Syndicats - 42 rue Haute, 1000 Bruxelles Nicolas Errante: rédacteur en chef - Tél.: 02/506.82.44 Aurélie Vandecasteele: journaliste. Tél.: 02/506.83.11 E-Mail: syndicats@fgtb.be Secrétariat: Sabine Vincent - Tél.: 02/506.82.45 Service abonnements: 02/506.82.11


ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°13 • 10 JUILLET 2015

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Un manque d’emplois disponibles… Il faut «se former», mais il faut aussi être «flexible», «mobile» et pas trop regardant sur le salaire ni les conditions de travail, non plus. Avec le discours de stigmatisation qui s’ensuit: si les jeunes ne trouvent pas de travail, c’est avant tout un problème d’attitude plus ou moins ouverte à la nécessité de travailler son «employabilité». Une faute individuelle, à assumer individuellement. Les autorités compétentes et les employeurs se dédouanent ainsi de leur responsabilité collective dans un point fondamental: le manque d’emplois disponibles. Le constat tient en une phrase: il n’y a pas assez d’emplois pour toutes les (jeunes) personnes qui en cherchent un. Des chiffres? 1 emploi disponible pour 27 demandeurs d’emploi en Wallonie (1) et moins d’un emploi disponible pour 10 demandeurs d’emploi à Bruxelles(2). Les autorités pourront donc inciter, menacer et sanctionner tant qu’elles le veulent, le problème collectif ne changera pas. Ce n’est pas parce simplement parce qu’on cherche de l’eau dans le désert qu’elle va soudain jaillir, en somme. Et c’est bien une double sanction que cet état d’esprit borné fait peser sur les jeunes: individuelle (tu n’as pas assez bossé ton «employabilité» donc tu n’as pas trouvé de boulot… attention sanction!) et collective (l’exclusion des allocations signifie l’augmentation de la taille du désert… et ce n’est certainement pas ça qui va faciliter la recherche d’eau).

… une réorientation des subsides du FSE vers l’insertion des jeunes dans l’emploi… au détriment de l’emploi des jeunes? Trois données importantes: si une part du budget du Fonds Social Européen (FSE) disponible pour la Belgique a diminué(3); une partie de cet argent est dirigée dès la source vers les programmes de la «Garantie Jeunesse»(4) et la Belgique est tenue de donner la priorité à l’emploi des jeunes dans l’utilisation des financements FSE. Très bien, nous direz-vous : l’emploi des jeunes, c’est crucial. En effet, sauf que, s’il faut affecter plus de financements à une priorité, d’autres secteurs qui étaient financés jusque-là par le FSE en pâtiront (qui plus est dans le cadre d’un budget plus étriqué). La perte d’emploi de Nydia est une conséquence (directe ou indirecte) de ces décisions. Nydia, dont les fonctions consistaient à aider des jeunes à trouver un emploi, perd son emploi parce

que les fonds FSE disparaissent. C’est donc non seulement elle, mais également tous les jeunes qu’elle conseillait qui vont éprouver des difficultés supplémentaires à s’insérer durablement dans l’emploi. Voilà pour l’exemple concret d’une mesure destinée théoriquement à soutenir l’emploi des jeunes qui a pour conséquence (dans ce cas-ci, en tout cas) d’éloigner un peu plus une quantité de jeunes d’un emploi.

Et les effets pervers des aides à l’embauche… Les aides à l’embauche sont destinées, comme leur nom l’indique, à inciter un employeur à embaucher le travailleur qui peut en bénéficier. Voilà pour l’objectif. Les effets pervers de ces aides sont connus, mais ça fait pas de mal de les rappeler. Tout d’abord, l’introduction d’une discrimination, voire d’une concurrence déloyale, entre les travailleurs qui entrent dans les conditions et ceux qui n’y entrent pas. Cette concurrence créé un effet d’aubaine dont les employeurs ne manquent pas de profiter. Ensuite, si les aides à l’embauche ont parfois pour conséquence l’insertion durable d’un jeune dans l’emploi, elles ont - avec leur cortège de réductions de cotisations sociales et/ou de précompte professionnel – pour conséquence certaine et permanente de mettre à mal le financement de la collectivité. Enfin, malgré une certaine aversion des employeurs pour tout ce qui a à voir avec la redistribution des richesses, ils ne crachent cependant pas sur une bonne dose de financement public de leurs profits privés (par les aides à l’embauche, notamment). Quand cette redistribution va du public au privé, c’est apparemment beaucoup plus acceptable pour les employeurs.

Les Jeunes FGTB revendiquent: - Un examen plus approfondi des conséquences négatives des décisions d’affectation des budgets FSE pour la Wallonie et Bruxelles; - Le conditionnement des aides à l’embauche à une propo-

sition de contrat durable par la suite. On diminue ainsi la tentation pour les employeurs d’abuser du système (en jetant un travailleur qui ne remplit plus les conditions pour en prendre un autre qui, lui, les remplit), et on favorise de la sorte l’insertion durable des jeunes dans l’emploi. Et puis, rappelons-le: on rend aussi un service aux employeurs, qui pourront compter sur la productivité plus importante d’une main-d’œuvre déjà formée pour le boulot concerné. - Une réduction collective du temps de travail, avec maintien du salaire et embauche compensatoire. Travaillons moins pour travailler tous! (1) FOREM, 2014. (2) Observatoire Bruxellois de l’Emploi, Rapport statistique mensuel, mai 2015 (http://www.actiris.be/marchemp/tabid/207/language/ fr-BE/Rapports-mensuels-et-annuels.aspx) (3) FSE, 2014 (http://ec.europa.eu/esf/main.jsp?catId=62&langId=fr) (4) Lire l’analyse des Jeunes FGTB à ce sujet : http://jeunes-fgtb.be/ blog/2014/01/09/la-garantie-jeunesse-vue-den-bas/


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ACTUALITÉS

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> SAMEDI 29 ET DIMANCHE 30 AOÛT À LA CITADELLE DE NAMUR

La Fête des Solidarités: clap 3ème! Troisième édition d’une fête pas comme les autres! Cette année encore, les concerts côtoieront les débats sur des sujets qui nous touchent toutes et tous, mais aussi les activités engagées proposées par les associations présentes sur le site. Parmi les nouveautés de 2015: le théâtre s’invite à la Fête des Solidarités. Quand on vous dit que «ceci n’est pas un festival» comme les autres! ne société plus ouverte, plus juste et plus solidaire dans un esprit festif, ça vous dit? Alors, rendez-vous à la Citadelle de Namur qui arborera les couleurs de la solidarité le temps d’un weekend. Au programme : des concerts bien sûr, mais pas seulement… La Fête des Solidarités, c’est aussi l’occasion de se retrouver autour de valeurs progressistes et engagées. Les associations présentes au sein d’un village qui leur est entièrement dédié en sont la preuve. Pour les organisateurs, il n’était pas question de faire un énième festival d’été mais d’aller plus loin dans la réflexion autour de la citoyenneté active, de l’enga-

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gement, de la possibilité d’œuvrer pour une société plus juste. Une formule qui semble rencontrer l’adhésion vu le succès des deux premières éditions.

Du théâtre pour pousser plus loin la réflexion Pour pousser plus loin encore la réflexion, Les Solidarités vous propose, cette année, de découvrir les deux sensations de la saison théâtrale, deux pièces engagées mêlant divertissement et réflexion: • DJIHAD d’Ismaël SAIDI, le samedi • DISCOURS A LA NATION, d’Asciano CELESTINI & David MURGIA, le dimanche

Rendez-vous Place des

débats • Les entreprises: créatrices de bénéfices à la société? Avec Paul JORION, François FORNIERI, Thierry BODSON, Hilde VERNAILLEN • La politique, la finance et l’individu: pouvoirs et dynamiques de changements Avec Bruno COLMANT, Susan GEORGE, Jean-Pierre HANSEN, Jean-François KAHN • Les jeunes adultes, acteurs de changement ou victimes du passé? Avec Gaël FAYE, Mr. Mondialisation, David MURGIA, Ismaël SAIDI, Geneviève DAMAS La culture hip-hop, invitée d’honneur de la saison 2015 Autre nouveauté cette année: la mise à l’honneur des cultures urbaines et hip-hop. L’Urban Village réunira sur un seul site une série d’activités qui font le sel du hiphop : rampe de skate, battles breakdance - en présence des références mondiales Lilou (FR) , Roxrite (USA) et The NextOne (IT), street soccer, garden party et autres ateliers graff’.

«Quand les jeunes s’engagent…»: rendez-vous sous le chapiteau de la FGTB wallonne Le dimanche à 11h30, la FGTB wallonne et ses Régionales vous invitent sous leur chapiteau pour démarrer cette deuxième journée de festival… et pas n’importe comment ! Rendez-vous pour une cure de jouvence, animée par David Lallemand (ex-journaliste RTBF radio et actuel chargé de communication et de projet auprès du délégué Général aux Droits de l’Enfant).

Une heure de débat: «Se mobiliser pour ENFIN gagner» Ils ont à peine 20 ans et s’impliquent dans la coopération au développement, la défense de l’environnement, l’égalité homme-femme, l’audiovisuel ou la défense des droits des étudiants. Ils nous expliquent pourquoi ils s’engagent et comment, de leur point de vue, on peut engranger des victoires.

Avec LA question qui pique: «Jeune et syndicat: un (dés)amour partagé?» Chaque intervenant pose sa question à Thierry Bodson, Secrétaire général de la FGTB wallonne. Au-delà du débat, le chapiteau de la FGTB wallonne et de ses régionales vous accueillera tout le week-end. L’occasion de partager un moment convivial et militant autour d’un verre aux accents wallons; d’écouter un concert, voire de pousser la chansonnette et de découvrir quelquesunes des productions de la FGTB wallonne.

En pratique : Rendez-vous le samedi 29 et dimanche 30 août à la Citadelle de Namur Les préventes pour la Fête des Solidarités sont disponibles sur www.lafetedessolidarites.be • Ticket UN JOUR est disponible au prix de 23e; • PASS pour 2 JOURS coûte 33e. Pour chaque billet acheté, la Fête des Solidarités reverse 3% du montant au «Fonds des Solidaires» qui vise à financer l’achat de tickets pour des jeunes précarisés au travers d’associations actives dans ce secteur. La Fête des solidarités se veut familiale: une cité entièrement dédiée aux enfants avec garderies, animations, concerts et bien d’autres choses encore est prévu. L’accès au site est gratuit pour les moins de 12 ans! Rendez-vous sur www.lafetedessolidarites.be pour plus d’infos, le programme complet des concerts et des débats et l’achat des pass.


UNION BELGE DU TRANSPORT

SYNDICATS • N°13 • 10 JUILLET 2015

L'UBT continue à combattre le dumping social 6000 emplois ont disparu dans le transport routier belge au cours des quatre dernières années! Des emplois qui ont disparu pour les chauffeurs belges. Cependant il n'y a pas moins de camions sur les routes belges. Des chauffeurs de l'Europe de l'Est se trouvent derrière le volant. Alors que les chauffeurs belges perdent leur emploi, ces chauffeurs de l'Europe de l'Est sont exploités d'une manière éhontée. Cette course vers le bas doit s'arrêter! L'UBT a mené des actions au cours des derniers mois. Le poste frontière de Sterpenich est fermé temporairement. Le dumping social ne connaît pas de frontières. D'où l'UBT a symboliquement fermé la frontière entre la Belgique et le Luxembourg le 12 juin. L'UBT a d'ailleurs organisé cette action ensemble avec les collègues français de la CGT et le syndicat luxembourgeois ÖGBL. Pendant cette action, Daniel Maratta de l'UBT Linalux a interpellé également le consommateur: «Les consommateurs doivent eux aussi être conscients de la problématique du dumping social. Comme client nous voulons payer le prix le plus bas au magasin. Mais nous sommes trop peu conscients du fait que des grandes multinationales comme p.ex. IKEA,… réalisent ces bas prix par l'exercice d'une telle pression sur les firmes de transport que celles-ci soient «obligées» d'organiser le dumping social.» En effet les militants UBT connaissent les conséquences concrètes du dumping social. Dans le transport routier, les ports, la navigation intérieure… Partout les employeurs organisent du dumping social… Au nom du secteur du transport

Il n'est pas étonnant que les militants UBT soient manifestement présents à l'action syndicale du 24 juin contre le dumping social. Frank Moreels a parlé à cette manifestation syndicale: «Les chauf-

feurs belges seraient trop chers. Voilà pourquoi on fait soi-disant appel à des chauffeurs de l'Europe de l'Est. Tout a commencé avec des chauffeurs de camion polonais, mais entretemps ceux-ci sont également devenus trop chers. On a substitué les Polonais par des collègues slovaques qui sont eux aussi éliminés peu à peu du marché par des chauffeurs roumains et bulgares, ou même lituaniens et biélorusses… On veut du transport toujours meilleur marché. Cette course vers le bas doit s'arrêter.» Notre message est clair. On a assez parlé pendant les tables rondes et autres… on veut de l'action maintenant! Quand la Commission européenne ouvrira-t-elle une procédure juridique contre des étatsmembres qui n'interviennent pas contre les firmes boîte aux lettres? Ou quand les caméras pour le contrôle des trajets seront-ils ins-

Le Secrétaire d'Etat à la lutte contre la fraude Bart Tommelein organise une conférence «table ronde» sur le dumping social dans le secteur du transport. L'UBT est manifestement présente à cette conférence. tallés pour combattre le cabotage illégal? Si ce gouvernement continue à trainer, il est complice! Les entreprises de transport qui enfreignent les règles de cabotage ou qui créent des firmes boîte aux lettres en Europe de l'Est sont trop souvent laissées en paix. Les employeurs et les donneurs d'ordre se croient intouchables. Le gouvernement doit intervenir énergiquement. Bart Tommelein doit entrer en action d'urgence. Il y a deux semaines, l'UBT a déposé plainte auprès du tribunal contre une entreprise belge qui travaille avec des chauffeurs bulgares. Nous exigeons pour eux du salaire égal pour du travail égal. Ainsi il ne sera plus intéressant pour les employeurs d'organiser le dumping social. D'autres procédures juridiques suivront. Les firmes qui organisent du dumping social ne peuvent pas se sentir sûres.

Pas d'augmentation de la flexibilité, pas d'annualisation! Les employeurs exigeaient la flexibilité et l'annualisation du temps de travail. L'UBT est restée ferme, les réglementations existantes restent en vigueur!

Augmentation du pouvoir d'achat! Tout comme la fois précédente, les patrons ont tenu le portemonnaie fermé aussi longtemps que possible. Ils se sont retranchés derrière la décision gouvernementale qui a limité en grande mesure la marge des négociations. Mais pour l'UBT il était inacceptable que les mêmes employeurs accorderaient bien une augmentation aux employés du secteur, mais non aux ouvriers des mêmes entreprises. Voilà un coup que nous avons réussi! Pour le personnel roulant l'indemnité RGPT sera augmentée de 8 eurocents par heure. Pour le personnel non roulant et le personnel du garage il y a des possibilités différentes, dépendamment du fait s'il existe déjà maintenant des chèques-repas ou des écochèques: - Là où existent déjà des chèques-repas, ceux-ci sont augmentés de 1 euro par jour. - Là où n'existent pas encore des chèques-repas, des écochèques sont attribués pour un montant de 200

Pour sa section régionale de BRUXELLES/BRABANT FLAMAND, l'UBT recherche un

COLLABORATEUR (h/f) Vos tâches comprennent e.a. • l'accueil des affiliés • le service affiliés de première ligne : réception, conseils, résolution de questions (par exemple en matière de calculs de salaires, de déclarations à l'impôt, d'allocations familiales) • soutenir et faciliter la communication entre le secrétaire régional et ses militants • le reportage au secrétaire syndical régional et le renvoi de questions d'affiliés là où nécessaire • assurer le traitement et le règlement de dossiers individuels

Profil: • Vous êtes familier avec le fonctionnement du syndicat et/ou d'autres structures sociales et vous avez un intérêt marqué pour le travail syndical • Vous êtes communicatif avec force de persuasion et vision et vous avez un bon sens des relations sociales • Vous possédez un diplôme de l'enseignement secondaire ou vous avez acquis des expériences équivalentes

L'UBT assume elle-même la responsabilité et cite la firme de transport RMT devant le tribunal sur la base de la CCT «à travail égal, salaire égal».

Accord sectoriel pour les ouvriers dans le transport et la logistique! Après des négociations sur le fil du rasoir au sein de la commission paritaire du transport et de la logistique (140.03) un accord a été atteint. L'UBT a remporté le maximum, cela en dépit des patrons qui voulaient forcer la régression sociale.

L'Union Belge du Transport, UBT, est une centrale professionnelle de la FGTB qui regroupe et réunit les travailleurs des secteurs du transport. L'UBT défend les intérêts de tous les travailleurs des secteurs du transport: marine marchande, navigation intérieure, services de remorquage, pêche maritime, ports, transport routier, logistique, assistance dans les aéroports.

euro par an pour les travailleurs à temps plein. - Là où existent déjà des écochèques, mais non pas encore des chèques-repas, les écochèques sont remplacés par des chèques-repas. Concrètement: l'écochèque est remplacé par un chèque-repas de 3,22 euro par jour, dont 1,09 euro de cotisation ouvrière.

Augmentation de la cotisation patronale pour le plan de pension sectoriel! Depuis 2011, un soi-disant «deuxième pilier» existe

• Vous pouvez travailler en équipe • Vous êtes disposé à soutenir des activités syndicales et du travail de militants en dehors des heures de travail normales • Vous avez de la connaissance de la législation sociale • Vous avez une connaissance approfondie des langues néerlandaise et française • Vous possédez un permis de conduire B • Vous savez travailler sur pc • Etre originaire d'un de nos secteurs ou d'une des instances de la FGTB est un atout

Nous offrons: • Un contrat de travail à temps plein de durée indéterminée

dans le secteur. La cotisation patronale est augmentée de 200 euro par travailleur à temps plein à 300 euro par an. L'UBT a donc forcé une augmentation de 50%!

• Un salaire attractif et des avantages extralégaux.

Prépension et crédit-temps

Pour tout renseignement n'hésitez pas à nous contacter par téléphone au numéro 03/224 34 45 ou via e-mail: ivan. victor@btb-abvv.be.

Les employeurs faisaient des problèmes en ce qui concerne la prolongation des deux CCT. Grâce à l'attitude inébranlable de l'UBT la réglementation actuelle reste en vigueur jusqu'à fin 2017!

Prime de fin d'année: assouplissement des conditions d'octroi Pour avoir droit à une prime de fin d'année, on devait avoir gagné 3718,40 euro dans le secteur au cours des deux derniers trimestres de l'année précédente et des deux premiers trimestres de l'année actuelle, éventuellement chez des employeurs différents. Cette somme est maintenant diminuée à 2.500 euro. La mesure entre déjà en vigueur à partir du 1ier juillet de cette année. Davantage de travailleurs toucheront donc une prime de fin année en décembre 2016. Pour finir, après que l'UBT avait insisté pendant longtemps, les fédérations patronales étaient d'accord de combattre le dumping social ensemble avec les syndicats.

Cette offre d'emploi vous intéresse?

Envoyez votre lettre de candidature avec C.V. par poste ou par e-mail vers la fin du mois de juillet au plus tard à: BTB - UBT A l'attention d'Ivan Victor Président Paardenmarkt 66 2000 Antwerpen E-mail: ivan.victor@btb-abvv.be. Les candidats sélectionnés feront un test comparatif en matière d'aptitudes pertinentes et de personnalité.

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DOSSIER

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ACTION

LE PROJET D’ACCO

5000 manifestants contre le À travail égal, salaire égal sur le même lieu de travail! Le 24 juin dernier, plus de 5000 personnes ont participé à la concentration organisée en front commun syndical par la FGTB, la CSC et la CGSLB à Bruxelles pour protester contre le dumping social et soutenir les revendications syndicales pour le combattre. La cible principale de cette colère syndicale est la directive «détachement» dont l’usage frauduleux permet à des employeurs d’envoyer à l’étranger des travailleurs pour des salaires de misère sans que ceux-ci ne bénéficient d’une protection sociale. Cette directive crée une situation de concurrence déloyale dont plusieurs secteurs souffrent cruellement. Non seulement ce dumping social laisse sur le carreau des milliers de travailleurs, mais il tire vers le bas les conditions de travail et de salaire des emplois jusqu’à des niveaux inacceptables.

La faute à une certaine Europe Avec l’Union européenne, les frontières internes ont été abolies en tout cas dans un certain nombre de domaines. Les capitaux et les marchandises peuvent circuler librement. Les travailleurs aussi, même s’il peut y avoir des restrictions en ce qui concerne par exemple l’équivalence des diplômes ou les conditions légales de l’exercices de certaines professions. L’idée était de booster l’activité économique.

M

alheureusement, les frontières intérieures sont toujours là: même si un

certain nombre de pays ont adopté la monnaie unique et intégré la zone euro, ils ont conservé leur système fiscal et leur système de protection sociale.

De plus les niveaux de salaire, donc les niveaux de vie sont très différents. En Bulgarie, le salaire minimum est de 184e par mois contre 1.923 au Luxembourg ou 1.502 chez nous. Sur les 22 États membres de l’UE qui appliquent un salaire minimum national, dix pays qui correspondent à l’ancien bloc de l’Est, appliquent un salaire minimum inférieur à 500 euros par mois: Bulgarie (184 euros), Roumanie (218 euros), Lituanie (300 euros), République tchèque (332 euros), Hongrie (333 euros), Lettonie (360 euros), Slovaquie (380 euros), Estonie (390 euros), Croatie (396 euros) et Pologne (410 euros). Dans cinq autres États membres qui forment le groupe des pays du Sud, le salaire minimum est compris entre 500 et 1.000 euros par mois: Portugal

(589 euros), Grèce (684 euros), Malte (720 euros), Espagne (757 euros) et Slovénie (791 euros). Dans un premier temps, les entreprises y ont vu l’opportunité de produire à moindre coût. Elles se sont implantées dans ces pays où de nouveau marchés s’ouvraient et dont la main d’œuvre était et est encore à bon marché. De nombreuses entreprises ont été délocalisées. Mais la libéralisation des services restait à la traine et se heurtait aux réglementations nationales sur le salaire minimum. Il y eu la tentative Bolkestein d’imposer le principe du pays d’origine. Mais la résistance syndicale l’a fait reculer. Qu’à cela ne tienne : la jurisprudence de la Cour de Justice Européenne a conforté le principe en plaçant la libre circulation au-dessus des droits sociaux et la directive sur le détachement des travailleurs complète le dispositif qui permet aujourd’hui à des entreprises d’employer des travailleurs au salaire du pays d’origine. Le plus célèbre de ces arrêts de la

Cour de Justice Européenne est le «cas Laval». Cela s’est passé en 2005 en Suède: une entreprise lettonne avait été chargée de la rénovation d’une école. Elle y avait amené ses ouvriers lettons payés au salaire letton ce qui avait soulevé la colère légitime des ouvriers suédois du bâtiment qui avaient bloqué le chantier. Recours judiciaire, question «préjudicielle» à la Cour de Justice Européenne qui conclut que la liberté de circulation et les droits économiques priment sur les droits du travail… Le ver est rentré dans le fruit. Le plombier polonais a depuis fait de nombreux petits. La directive de 1996 sur le détachement de travailleurs va connaître un regain d’intérêt pour les employeurs de certains secteurs exposés à la concurrence ou qui entendent au contraire en profiter. Le détachement permet en outre aux employeurs de remédier à certaines pénuries de main d’œuvre sans devoir relever le niveau des salaires. Des entreprises ont tout simplement établi leur siège – parfois, voire souvent une simple boîte aux lettres – dans ces pays à bas salaire. C’est le cas pour des sociétés de transport dont les camions sillonnent l’Europe avec des chauffeurs payés à moitié prix. Ils sont légalement employés dans leur pays et y résident officiellement même s’ils passent le plus clair de leur temps dans leur camion ou dans des campements de fortune. D’autres ont opté pour le détachement de travailleurs soit directement, soit via des société d’intérim qui font l’interface pour des contrats temporaires, ce qui convient parfaitement pour le secteur de la construction où les chantiers sont par définition temporaires. Et quand ce n’est pas le cas, il suffit de faire tourner la main d’œuvre détachée qui devient pour ainsi dire permanente.

Le salaire du pays de détachement? La règle générale est que le travailleur détaché doit bénéficier des conditions salariales légales (y compris celles fixées par les conventions sectorielles ayant force de loi) ou à défaut au moins du salaire minimum d’application dans le pays de détachement (dans notre cas la Belgique). Mais se pose surtout la question du contrôle du respect de ces règles. La tentation est grande de les ignorer sachant que le salaire minimum correspond à 50% du salaire moyen, et que seuls 2 % des 3,4 millions de salariés de Belgique touchent ce salaire minimum. On voit donc bien quelle est la marge de bénéfice sur les salaires que permet l’emploi de travailleurs détachés. D’autant que ces travailleurs ne sont pas soumis au système de sécurité sociale belge. Et cette main d’œuvre peut s’avérer d’autant plus « compétitive » que le niveau des cotisations sociales prélevées est lié au niveau des salaires. Et l’on a en outre peu de moyens de vérifier que les employeurs sont bien en ordre de sécurité sociale dans leur pays. Les services d’inspection sociale ne sont en effet pas interconnectés et rien que chez nous, l’inspection sociale a déjà bien du mal à contrôler les petites sociétés qui naissent et disparaissent en laissant des ardoises et des passifs sociaux. Dans un rapport de 2006, la Commission européenne constatait platement que la plupart des pays de l’Union étaient eux-mêmes incapables de fournir des chiffres ou des «estimations fiables» du nombre de leur propres ressortissants détachés… En 2012, la Commission estimait à la grosse louche à un million le nombre de travailleurs détachés. Elle constatait aussi que:


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ORD INTERPROFESSIONNEL

e dumping social Plus d’Europe pour moins de concurrence L’ennemi n’est pas le travailleur étranger. Il ne faut pas se tromper de cible. Le dumping social est inhumain pour les travailleurs exploités, il crée une concurrence déloyale pour les travailleurs et les employeurs qui respectent les règles, il menace les emplois et les secteurs, et il prive la sécurité sociale de recettes. En plus de l’utilisation abusive ou illégale des travailleurs détachés, certaines entreprises n’hésitent pas à profiter de la situation précaire dans laquelle se trouvent les migrants pour leur imposer des conditions de travail inacceptables. Si l’Europe est complice de cette situation, paradoxalement la solution au problème exige plus d’Europe, c’est-à-dire une convergence des conditions salariales et des systèmes de sécurité sociale. La FGTB en front commun syndical fait de la lutte contre le dumping social une priorité absolue tant au niveau national qu’au niveau européen. Pour que les droits sociaux fondamentaux aient priorité sur les libertés économiques, le front commun exige:

«En pratique, l’application [du] socle

de conditions d’emploi est souvent incorrecte, ou n’est pas contrôlée dans l’État membre d’accueil. Les sociétés peuvent abuser du détachement en s’établissant artificiellement à l’étranger dans le seul dessein de bénéficier d’un niveau de protection des travailleurs et de cotisations de sécurité sociale moindres. Les travailleurs détachés sont souvent plus vulnérables en raison de leur expatriation.» Pour rencontrer les protestations de certains Etats membres et secteurs exposés à une concurrence déloyale, il a donc fallu faire de nouvelles propositions permettrait d’introduire des dispositions plus efficaces garantissant l’application réelle, sur le terrain, de la directive de 1996 sur le détachement de travailleurs. L’Europe a adopté une série de règles pour renforcer la collaboration entre services d’inspection et pour lutter contre les entreprise boites aux lettres. Ces règles doivent être transposées dans les différents pays d’ici la mi-2016 mais ces adaptations restent timides par rapport à l’ampleur de la fraude. Mais en fin de compte l’Europe ne répond que mollement à ce problème: quelque part la pression à la baisse sur les salaires correspond à sa philosophie de compétitivité par la réduction des coûts de la main d’œuvre. Et les pays les plus concernés par l’émigration temporaire de leur main d’œuvre ne sont pas mécontents d’exporter leur chômage et de rapatrier des devises… Les pressions ont parfois permis de résoudre certains problèmes. Ainsi l’Allemagne a fini par accepter le principe d’un salaire minimum national suite aux plaintes belges de dumping dans le secteur de la viande.

1. l’amélioration de la directive détachement, notamment, en limitant la durée du détachement des travailleurs étrangers à 6 mois; 2. la fin des «entreprises boites aux lettres» (système qui permet aux entreprises de contourner les règles) par le renforcement de la législation européenne; 3. Le retrait de la proposition de directive sur les sociétés unipersonnelles (SUP). Elle entraine des grands risques supplémentaires de faux travail indépendant. Elle complique la lutte contre les « entreprises boîtes aux lettres » et contre le travail clandestin. 4. l’obligation du paiement électronique des salaires en cas de détachement des travailleurs afin d’éviter les cas de fraudes et d’en faciliter la détection le cas échéant; 5. le contrôle a priori de l’activité économique réellement exercée par l’entreprise qui détache ses travailleurs; 6. la mise en place d’une agence européenne d’inspection sociale, avec des moyens et effectifs adéquats, afin de concrétiser la collaboration entre les services d’inspection des États membres; 7. la mise en place d’une «banque carrefour de la sécurité sociale» au niveau européen pour interconnecter les banques de données existantes entre les

différents organismes nationaux chargés du respect des obligations sociales et fiscales des employeurs. Cette banque carrefour doit notamment permettre de vérifier que les régularisations demandées par un État soient bien respectées dans l’État d’origine; 8. la conclusion d’accords de coopération entre les secteurs et les services d’inspection au niveau européen à la fois pour prévenir et détecter le dumping social; 9. Des sanctions réelles, dissuasives et immédiates contre les employeurs qui effectuent des détachements frauduleux; 10. le paiement des cotisations de sécurité sociale sur le salaire des travailleurs détachés dans le pays d’occupation au taux du pays d’occupation avec rétrocession de ces cotisations au pays d’origine via les organismes de sécurité sociale nationaux chargés de la perception de ces cotisations; 11. le paiement correct du salaire minimum et des suppléments conventionnels du pays d’occupation afin que le détachement ne soit pas utilisé pour payer des salaires au rabais; 12. la négociation de conventions européennes dans les secteurs (transport, construction, viande, etc.) pour lutter contre le dumping social.

Des milliers d’emplois perdus chez nous Certains secteurs sont plus exposés que d’autres. C’est le cas du secteur de transformation de la viande. De celui du transport ou de la construction. Le secteur du transport est particulièrement touché : entre fin 2008 et fin 2013, 4.801 jobs ont été perdus dans le secteur.

Evolution de l’emploi dans le secteur du transport et logistique

Source: ONSS En 2013, le nombre de travailleurs de la construction venant de pays tiers et détachés chez nous était de 58.908, soit 16,6% de plus qu’en 2011. Un quart d’entre sont des Néerlandais, suivis des Polonais et des Portugais. Et à ceux-là s’ajoutent 12.805 « indépendants », chiffre quadruplé par rapport à 2007.

> TONY CRIEL,

DÉLÉGUÉ CENTRALE GÉNÉRALE FGTB

Les employeurs font leur shoping Je travaille dans le domaine de l’isolation industrielle, où nous sommes en contact avec des travailleurs étrangers. Notre patron recrute des intérimaires. Il s’agit de sous-traitants qui viennent travailler chez nous via la Lituanie ou la Pologne. Aujourd’hui, chez nous, un travailleur sur quatre est un sous-traitant. Nous avons aussi des travailleurs lituaniens, ils sont moins chers que les Polonais. ENCORE moins chers devrais-je dire. Les employeurs testent ainsi chaque pays afin de trouver des travailleurs toujours moins chers. Les travailleurs reçoivent une formation dans leur propre pays, une personne de la firme même leur apprend les bases. Ils viennent travailler chez nous pendant 6 mois, ensuite 6 mois aux PaysBas, et ainsi de suite, chaque fois en alternance, pour éviter d’être pris sur le fait par l’inspection. Sur papier, les règles sont respectées, il est vrai. Mais en creusant un peu, l’on constate que ces travailleurs se font avoir. Ils peuvent, par exemple, utiliser leur propre véhicule pour venir travailler ici , moyennant une indemnité kilométrique. Mais finalement, ils constatent qu’ils reçoivent une voiture de société et qu’ils doivent encore payer pour cette voiture. Je pense que l’avenir est sombre. Il y a des années, nous avons connu un phénomène similaire, avec les pourvoyeurs de main-d’œuvre. La solution de ce problème a demandé des années. Et maintenant, ceci ! Pour moi, c’est du pareil au même. Et qui sait ce qui nous attend encore? Voir aussi le dossier dumping social et les témoignages sur www. accg.be

Rudy Bastiaensen est livreur de béton. Il visite 4 à 5 chantiers par jour. Il constate que le français ou le néerlandais se font rares. C’est plutôt la tour de Babel: plus de contacts. Pas moyen de dialoguer. Ce sont des travailleurs des pays de l’Est. Autre constat : ils ont très peu de vêtements de travail de la société. Ils sont en jeans et en T-shirt. Parfois ils ont des bottines de sécurité. Il y a trentesix sorte de casques différents, preuve qu’il n’y a pas beaucoup de contrôles. «J’ai des livraisons très tard le

soir, jusqu’à 20-21 heures. Ils sont là le matin. Ils sont là le soir. Je me pose des questions: combien d’heures est-ce qu’ils travaillent par jour pour gagner leur vie décemment ici en Belgique? Il n’y a pratiquement plus aucune règle qui est respectée. Dans mon entreprise – je travaille dans le béton préparé – il y a beaucoup de dysfonctionnements. On livre très tôt le matin. On tombe sur une équipe. Très tard le soir, on tombe sur une autre.»


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SYNDICATS • N°13 • 10 JUILLET 2015

UN VOL RESTE UN VOL

> POINT DE VUE

Le prédateur choisit la proie la plus facile

tour ? A q u i le m i c e o i s- c

> DE NOMBREUX SECTEURS TOUCHÉS PAR LE SAUT D’INDEX

Connaissez-vous l’AGR? C’est l’allocation de garantie de revenus. Il s’agit d’un petit supplément pour ceux qui ont trouvé un emploi à temps partiel afin de sortir de l’engrenage du chômage, mais qui n’en gardent qu’un revenu de misère. Leur maigre salaire et ce petit supplément rendent leur situation plus ou moins vivable. 51.000 personnes bénéficient de cette AGR. La grande majorité, à savoir neuf sur dix, sont des femmes. Beaucoup d’entre elles sont occupées dans un secteur relevant de notre Centrale, surtout dans les titres-services et le nettoyage, où il est très difficile de trouver un emploi à temps plein. Il faut dire que les employeurs ne font aucun effort. Dans le nettoyage de bureaux par exemple, on demande aux travailleurs de ne prester que quelques heures très tôt le matin ou tard le soir. Dans les titres-services, il s’agit toujours de travaux ménagers de courte durée et il est difficile d’arriver à une journée de travail complète. En plus, si déjà on y parvient, il faut encore arriver à tenir le coup, car les journées de travail, déplacements compris, sont lourdes et longues. Ce sont précisément ces femmes qui sont dans le collimateur du gouvernement de droite. Le prédateur a flairé une proie facile : des femmes fragilisées qui n’arrivent pas à trouver un meilleur emploi et qui, grâce à l’AGR, comptent sur un peu de solidarité sociale. Parmi elles, beaucoup de mères célibataires qui, avec leur emploi à temps partiel et le soin de leurs enfants, ont deux fois plus de travail que Charles Michel ou Bart De Wever.

Les vacances ont commencé avec une semaine de salaire en moins u 1er juillet, beaucoup de travailleuses et travailleurs ont été volés, suite au saut d’index. Les secteurs qui appliquent un mécanisme d’indexation sur la base de l’indice pivot devaient recevoir une augmentation des salaires, mais ils ne l’ont pas reçu. Des secteurs où d’autres mécanismes sont en vigueur ont également été touchés.

A

• Dans l’industrie du pétrole et les fabriques de ciment, l’indexation mensuelle a une nouvelle fois été empêchée. Ce scénario se répétera jusqu’à ce qu’on atteigne les 2% de saut d’index. • La construction, l’industrie du bois, le cuir, les technologies

orthopédiques, la production et la transformation du papier et le nettoyage appliquent des indexations trimestrielles ou semestrielles. Les salaires y sont adaptés pour les trois premiers mois de l’année parce que l’indexation n’est gelée que depuis le mois d’avril. Par contre, pour les mois d’avril, mai et juin, il n’y a pas d’adaptation. Et plus d’indexations aussi longtemps que les 2% ne seront pas atteints. • Le gardiennage, le textile et tous les secteurs du non-marchand suivent l’indice pivot et subissent le saut d’index de 2% en une seule fois au 1er juillet ou au 1er août, en fonction des dispositions sec-

torielles. Dans les titres-services, l’indice pivot n’a pas été dépassé de justesse, mais le couperet tombera sans doute le mois prochain. Nous parlons ici de près de 900.000 travailleurs. Le non-marchand et la construction représentent le plus grand nombre, avec respectivement 500.000 et 150.000 travailleurs. Maintenant, l’atteinte au pouvoir d’achat se fait vraiment ressentir. Des produits tels que le gaz et l’électricité sont devenus plus chers, tandis que les salaires ne suivent pas. Un saut d’index de 2% représente une semaine de salaire.

LA NOUVELLE BROCHURE

Le prédateur attaque. Il plante ses crocs dans l’AGR. Après deux ans, l’allocation sera réduite de moitié. C’en sera fini du revenu minimum.

SPECIALS

Vient maintenant la deuxième attaque. Les travailleuses bénéficiant d’une AGR devront chercher activement un emploi à temps plein. Elles travaillent à temps partiel parce qu’elles n’arrivent pas à trouver un emploi à temps plein ou que leur employeur leur refuse un tel régime. Et dorénavant, elles devraient chercher un temps plein activement ? Et pourquoi ? Parce qu’elles ne trouveront rien. Parce qu’elles perdront leur AGR si elles ne trouvent rien. Et c’est précisément l’intention de ce gouvernement. Par ici l’argent! Finie la protection sociale!

EST ARRIVÉE!

DEMANDEZ MAINTENANT VOTRE EXEMPLAIRE et découvrez les différents week-ends à thèmes et promotions!

Des déclarations ronflantes concernant la discrimination des femmes. Des plans d’action fermes contre la pauvreté. La grande indignation parce qu’un enfant sur cinq en Belgique grandit dans la pauvreté. A chaque fois que l’on aborde de telles questions, les ministres se bousculent pour obtenir une place sur le podium. Mais en même temps, le gouvernement plonge des femmes précarisées dans l’abîme de la pauvreté.

Vous pouvez demander votre brochure «Specials» via notre site web en version numérique ou papier ou bien via le formulaire ci-dessous.

Quelle sordide hypocrisie! Quelle politique mensongère! On ne répétera jamais assez à quel point ces mesures sont nuisibles. Nous avons déjà mené une action le 9 juillet, et nous n’en resterons pas là. Retenez dès à présent le 7 octobre, journée de manifestation nationale en front commun, à Bruxelles.

(3 juillet 2015)

N’oubliez pas votre RÉDUCTION MEMBRE: FGTB: 10% de réduction sur le logement CG/TVD: 25% de réduction sur le logement

Je souhaite recevoir la nouvelle brochure SPECIALS F Nom: Rue: Code Postal:

N°: Commune:

Adresse mail: Je souhaite également recevoir les Newsletters: A retourner à l’adresse: Florealgroup - rue Watteeu 2-6, 1000 Bruxelles

Paul Lootens Président

www.florealholidays.be

F Oui

F Non


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> SECTEUR DES MAISONS DE REPOS ET DE SOINS

De nouveaux accords sociaux pour le verre et les carrières de gravier et de sable Les négociations pour de nouvelles CCT sont toujours en cours dans de nombreux secteurs, il leur faudra donc patienter jusque la fin des vacances. L’industrie du verre (CP 115) et l’extraction de sable et de gravier (SCP 102.05) sont parvenus à un accord. Ils couvrent la période 2015-2016.

Outre le verre, les carrières de sable et de gravier a une convention collective sectorielle pour 2015-2016.

Une augmentation de 0,6% du salaire minimum, des salaires réels et des primes est prévue dans l’industrie du verre. Il y aura plus de possibilités pour le crédit-temps. L’allocation complémentaire en cas de chômage temporaire augmente de 0,30e pour les 90 premiers jours. L’indemnité vélo augmente. Les modalités pour les RCC, la prépension, sont prolongées. Pour les miroiteries 35 euros s’ajoutent à la pension complémentaire sectorielle. Les salaires minimum, les salaires réels et les primes augmentent de 0,7% dans le secteur du sable et gravier. Tous les travailleurs reçoivent 10 heures de formation par an. Il y a aussi un jour de congé supplémentaire après 10 ans de service. Les RCC ou prépensions sont prolongés.

> GRÈVE SPONTANÉE CONTRE LE DUMPING SOCIAL

Une campagne européenne contre les société boîte aux lettres Toute la FGTB accentue la lutte contre le dumping social. Les travailleurs de la construction aussi ne comptent pas se laisser faire. Et la fédération syndicale européenne FETBB dénonce les plans qui permettraient de simplifier la création d’entreprises fictives. Le 3 juillet, les travailleurs de la centrale à béton Holcim se sont spontanément mis en grève quand ils ont remarqué que la direction avait une nouvelle fois fait appel à des chauffeurs étrangers via des agences d’intérim hollandaises. Ces derniers recevaient de trop bas salaires, n’avaient pas la formation requise et devaient travailler avec des contrats d’un jour. «Si nous nous

rendons compte que toutes les règles sont bafouées, la direction doit elle aussi s’en rendre compte», déclare notre délégué syndical Jeroen Boone. Ce n’est que lorsque la direction a promis de régler le problème que le travail a repris.

Vieillir, oui, mais quel est le prix? Alors qu’au 19e siècle, on s’estimait heureux si on atteignait les 50 ans, aujourd’hui, avec un peu de chance et de bons gènes, on peut franchement espérer atteindre les 90 ans, voire plus. Magnifique! Oui, sauf qu’il ne suffit pas d’être vieux, il faut aussi et surtout pouvoir s’offrir une place dans une bonne maison de repos. ans le secteur, on distingue les maisons de repos publiques, plus accessibles d’un point de vue financier, et les maisons de repos privées. Celles-ci offrent en général un large éventail de services, dans un cadre agréable, mais bien souvent à un prix exorbitant.

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Publique ou privée? Le choix d’une maison de repos est bien souvent dicté par les moyens financiers dont on dispose. Les maisons de repos publiques sont plus accessibles, mais en général, on y observe des carences. En outre, il y a de quoi se tracasser dans le contexte actuel de restrictions budgétaires. Aujourd’hui déjà, nombreux sont ceux qui sont obligés de vendre leurs biens pour pouvoir bénéficier d’un encadrement correct. Quant aux maisons de repos privées, il s’agit de plus en plus souvent de multinationales avides de profits faciles. Pour une place dans un tel établissement, comptez au minimum 2.500 euros. Quand on sait qu’une pension moyenne tourne autour de 1.180 euros, on peut se demander qui a encore les moyens de s’offrir une place dans un tel établissement. La vraie question qu’il faut se poser aujourd’hui est comment allons-nous faire pour finir nos vies dans la dignité?

Une fortune, mais rien pour les travailleurs Pour un tel prix, on pourrait s’attendre à ce que les travailleurs des maisons de repos privées soient mieux traités.

> LES TITRES-SERVICES DANS LES MAINS DES RÉGIONS

Besoin d’un financement durable et de meilleures conditions de travail

Des règles européennes lamentables Depuis la mi-juin, tous les syndicats européens de la construction mènent une nouvelle campagne contre ce fléau. Cette campagne initiée par la Fédération Européenne des Travailleurs du Bâtiment et du Bois, vise à dénoncer les sociétés boîtes aux lettres. Il s’agit d’entreprises fictives qui peuvent être rapidement et facilement créées et tout aussi rapidement dissoutes. Elles n’ont aucune activité économique réelle et ne sont pas contrôlées. L’objectif est d’échapper à toutes les obligations légales. Des trafiquants les utilisent pour recruter de la main d’œuvre qu’ils mettent illégalement au travail, pour un salaire de misère, sans payer la moindre cotisation sociale. C’est un problème européen qui est la conséquence d’une règlementation lamentable. La FETBB exige que la directive européenne actuelle soit fondamentalement revue. Un système européen d’enregistrement pour toutes les entreprises doit voir le jour et tous les travailleurs doivent posséder un numéro de sécurité sociale européen. Ce qui faciliterait la lutte contre les abus.

La directive SUP facilite la fraude L’action vise également la directive européenne SUP. Il s’agit d’un projet de loi qui faciliterait la création de sociétés unipersonnelles. Les pays européens seraient dès lors obligés d’autoriser les entreprises qui démarrent avec un capital de 1 euro et fondées à l’étranger par des inconnus. Si cette proposition venait à passer, elle compliquerait la lutte contre le dumping social et la fraude fiscale. Via sa campagne, la FETBB entend marteler que cette directive ne doit absolument pas voir le jour.

De nombreuses personnes travaillent dans les titres-services, mais leurs conditions de travail et de salaire sont insuffisantes. Il faut que ça change, même si le secteur est maintenant aux main des régions. Suite à la sixième réforme de l’état, le secteur des titresservices a été transféré aux régions. Wallonie, Bruxelles et Flandre gèrent donc le secteur, à part entière. Ces dernières années, les titres-services ont rencontré un franc succès. Plus de 150.000 travailleurs ont trouvé un emploi dans le secteur. Mais les conditions de travail et de salaire sont franchement insuffisantes. Pour changer les choses, il faut que le syndicat se mette à table avec les gouvernements régionaux. C’est exactement ce qui se passe. Ces derniers mois, nous avons négocié à de nombreuses reprises avec les ministres compétents et nous continuerons à le faire durant les mois à venir. Il existe trois points d’attention. La qualité des emplois doit être renforcées. L’attention doit être portée sur des salaires corrects. Et maintenant que les régions doivent assurer la gestion du secteur, nous voulons que le financement des titres-services soit garanti sur la durée. Affaire à suivre.

Les maisons de repos du privé font souvent office de mauvais élèves en termes de qualité d’emplois.

Or, c’est le contraire, on constate que les maisons de repos du privé font souvent office de mauvais élèves en termes de qualité d’emplois. Les directions rechignent souvent sur le personnel. Leurs seuls objectifs sont la rentabilité et les bénéfices. Le bien-être des travailleurs et même des pensionnaires n’est qu’accessoire.

Besoin urgent de services publics de qualité Pour notre secrétaire fédéral Eric Neuprez, il est clair que les politiques doivent prendre leurs responsabilités: «Il

faut qu’ils se réveillent. Nos ainés doivent pouvoir vivre dignement jusqu’à la fin de leur vie. Il est trop facile de passer la patate chaude au privé et de s’en laver les mains». Et en effet, il est indispensable de disposer de services publics de qualité. Cependant, la régionalisation de cette matière ne facilite pas les choses. Il est indispensable de garder un fil rouge pour l’ensemble des personnes âgées et des travailleurs de Belgique. Sans oublier que ce secteur pourrait être créateur de nouveaux emplois. Nos politiques sauront-ils saisir l’opportunité?

POUR, un journal pour écrire la liberté Pour mieux cerner les enjeux du TTIP, le fameux traité transatlantique, nous disposons désormais de deux nouveaux outils qui émanent du collectif citoyen POUR. Il s’agit en l’occurrence d’un journal: POUR écrire la liberté et d’un site internet: www.pour.press. Ces deux outils d’information rassemblent des analyses et prises de position d’experts, de philosophes, de sociologues, de juristes, d’économistes, de représentants syndicaux belges et européens sur le Traité transatlantique (TTIP ou TAFTA). Deux outils d’action qui suivent au jour le jour l’évolution de l’opinion, les manifestations, les conférences, les débats, les pétitions, les infolettres et revues de presse sur le TTIP dans toute l’Europe et aux États-Unis. POUR analyse la stratégie géopolitique qui se cache derrière le Traité : affaiblissement de l’Europe et polarisation des oppositions économiques, politiques et militaires dans le monde. POUR démonte la stratégie US d’hégémonie du dollar aux dépens de la monnaie européenne et plaide pour une approche multilatérale, notamment entre l’Europe, le Brésil, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, les États-Unis. POUR dévoile les retombées pratiques du Traité dans les différents secteurs d’activité: soins de santé, enseignement, culture, agriculture, social, finances, PME, professions libérales, etc. Bref, POUR donne aux citoyens les connaissances et les outils pour se mobiliser et exiger l’arrêt des négociations, l’abandon complet du Traité et construire notre société autrement. En tant que Centrale générale-FGTB, nous ne saurions que trop vous encourager à vous rendre sur leur site.


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MÉTAL

SYNDICATS • N°13 • 10 JUILLET 2015

> POINT DE VUE

L’Europe est «allée se faire voir» chez les Grecs! Nous sommes tous grecs! Plus que jamais… La violence déployée contre ce peuple européen par «nos» institutions communes et le pouvoir réel - de l’argent, de la dette et des organismes qui en ont fait leur «raison sociale» - restent un avertissement adressé à tous les réfractaires à la pensée unique. Nous en sommes aussi. Il n’y aurait pas d’alternatives? Au panier toutes velléités de résistance! Faudrait payer, se résigner et pas rechigner encore? Par un beau dimanche d’été, les citoyens grecs ont massivement répondu «oxi». Ce qui signifie en langage policé «basta». Comme une invitation à «aller se faire voir…» a décision du gouvernement d’Athènes de rendre voix aux citoyens a renversé les habitudes de l’Union. L’avis des peuples n’y a pas la cote; souvenez-vous 2005, la France et le référendum sur le Traité constitutionnel. La réponse des électeurs a, cette fois encore, été nette. Comme dans une accélération de l’Histoire, le monde vient de basculer. La peur, c’est évident, change de camp. Elle a été un instrument de la propagande européenne avant la consultation. La population y a résisté paisiblement, magnifiquement. La victoire du «non» ouvre une

L

nouvelle ère, encore fragile certes mais qui engage déjà tous les démocrates comme tous les résistants aux politiques d’austérité! Il serait inacceptable qu’une fois de plus l’autorité européenne n’entende pas le message qui lui a été adressé. Cette victoire trace une nouvelle ligne de démarcation dans une lutte des classes dont l’actualité n’avait plus été aussi tangible depuis longtemps. Après une accumulation de plusieurs années d’étranglements sociaux, c’est, rappelons-le, le refus de nouvelles coupes dans les pensions et des

hausses de TVA qui ont fait déborder le vase. Avant d’être politique, la crise avait des racines sociales. La restructuration de la dette publique revendiquée et inévitable doit permettre de mener des politiques dans l’intérêt général. L’enjeu c’est le bien commun contre celui des banques!

L’Europe dans le mauvais camp L’Europe, celle «de Bruxelles» comme disent les commentateurs étrangers, n’est plus le siège de nos espoirs ni de nos rêves. Pour longtemps sans doute. Avant le référendum convoqué, elle avait, de ce point de vue, déjà perdu la bataille. Parce que le camp de la démocratie n’était plus le sien. Beaucoup semblent ne pas s’en être aperçu. Quel aveuglement ! En tombant les masques, certains se sont couverts d’un discrédit si grand qu’ils ont du pain sur la planche pour sauver la face. Il était entendu que Tsipras aurait dû démissionner en cas d’échec. Aujourd’hui, quels enseignements vont tirer de leur désaveu ceux qui, depuis la Commission par exemple, ont fait campagne pour le «oui»? A la lumière du résultat, quelle suite faut-il donner aux déclarations du président du Parlement européen, seule institution du paysage de l’Union

constituée au suffrage universel direct? Voilà donc un élu de la social-démocratie, certes allemande, qui plaide avec assurance pour la formation d’un gouvernement composé de… technocrates ! Le silence gêné de sa famille politique éclabousse, affaiblit, déshonore... Les événements ont fait bouger les lignes. Des soutiens inattendus se sont manifestés dans les cénacles politiques étrangers comme du côté d’économistes orthodoxes… Et même depuis la présidence des Etats-Unis. Sur la scène de la mondialisation, l’isolement des dirigeants européens est patent. Dans la guerre qu’ils mènent contre leurs populations les plus fragiles, quels sont alors leurs alliés? Incontestablement les médias dominants! En Grèce, la presse avait choisi clairement son camp. Comme en 2005 dans l’Hexagone! Dans le reste de l’Union, mensonges, images d’archives, manipulations grossières ont nourri une ligne éditoriale de… propagande.

réalité leurs marionnettes ? Pourquoi laisser étrangler la poule aux œufs d’or? Quel intérêt a le créancier à laisser crever à feu doux son débiteur? Aucun! Sauf si la dette n’est qu’un prétexte d’autant plus infâme quand elle s’avère odieuse, illégitime ou illégale. Joseph Stiglitz, Nobel d’économie, confirmait récemment ne pas comprendre l’obstination des détenteurs de la dette grecque. Cet acharnement n’a aucun sens économique; il ne peut se comprendre que par la volonté d’affirmer un pouvoir ou de contraindre des choix démocratiques. La dette est un instrument de domination. Mikis Theodorakis avait prévenu: «Si on les laisse faire, les banques

et la finance ramèneront le fascisme en Europe». Le peuple grec a compris l’avertissement. Il s’est levé fièrement en refusant de vivre à genoux! Il ouvre la voie.

Contre le retour du fascisme en Europe Pourquoi les banques et la finance qui tirent les ficelles dans les coulisses de la troïka – comme dans celles des grands médias - n’ontelles pu ou voulu ramener à la

Nico Cué Secrétaire général

Des vestiaires aux salaires, il faut pouvoir tout faire… on, la Métallurgie ce n’est pas uniquement les grosses boites employant plus de 1.000 travailleurs. Ce n’est pas que la sidérurgie ou la construction aéronautique. Les Métallos sont également fortement représentés dans un nombre insoupçonné de petites et moyennes entreprises et dans des niches de production dont on ne parle que trop rarement.

N

Focus cette semaine en régions liégeoise, hennuyère et brabançonne sur 3 sites de production que l’on peut ranger du côté des PME et rencontre avec nos représentants MWB-FGTB. A la même question qui leur fut posée à chacun en préambule: «C’est quoi être délégué dans une PME?», la réponse fut à chaque fois identique: «C’est pouvoir s’oc-

cuper de tout, des toilettes aux primes d’équipes en passant par la formation professionnelle ou des problèmes liés à la sécurité». «C’est être en contact permanent avec nos camarades sur les chaînes de production puisque nos crédit d’heures syndicales sont très limités. C’est travailler à leur côté et essayer de trouver en permanence des solutions pour tous».

Marco Sciarrata a débuté sa carrière chez Splintex très structurée et très organisée socialement. Le choc fut tel, lorsqu’il a débarqué chez AMCB (entreprise de panneaux de montage située à Fleurus) qu’il a décidé de se porter candidat sur nos listes … ou plutôt de déposer une liste MWB-FGTB à la veille des élections 2012. Par manque de te temps, il fut impossible de trouver d’autres candidats. C’est ainsi que Marco se retrouvera seul à récolter 2 mandats et donc dans l’impossibilité de mettre sur pied un réel CPPT. Sans se laisser démonter, il est parvenu à faire reconnaître l’existence d’une représentation syndicale dans l’entreprise et à rencontrer mensuellement la direction. C’est ainsi qu’il aura pu obtenir des avancées en matière d’assurance hospitalisation ou d’augmentation de chèques-repas, par exemple. Ses prochains objectifs sont sans conteste liés aux horaires de travail et à la limitation de la flexibilité.

Sébastien Ferri et Jonathan Hanze travaillent chez Belgium Coating (spécialisé dans le traitement de surfaces) à Grace-Hollogne. Et ici aussi, il a fallu débuter d’une feuille blanche. En effet, la direction fondatrice avait une vision pour le moins minimaliste du droit du travail et certaines mesures légales étaient régulièrement contournées, nous explique Sébastien. «C’est ce qui m’a motivé à m’investir dans un mandat de délégué syndical. Trouver des solutions pour les congés maladie, instaurer des primes de pauses, installer des vestiaires, lancer les discussions sur la grille salariale, limiter la flexibilité débridée… Avec la nouvelle direction, on essaye d’arrondir les angles et de trouver le bon ton. Pas toujours facile dans des sites de notre taille, on est sur une structure hiérarchique à 2 étages et encore parmi les patrons il y a un «gars d’atelier». La proximité ça a du bon puisqu’on sait qu’ils partagent nos conditions de tra-

vail … mais quand ça coince, c’est plus compliqué. Nous sommes partisans de la méthode franche et respectueuse. Quand la grogne monte, c’est toujours en respectant les limites et en essayant de trouver le bon ton. Pas un jour de grève en interne depuis notre arrivée mais en cas de grève générale déclarée par nos structures, nous suivons et nous fermons! Dans le viseur de Jonathan et Sébastien: les chèques-repas et la poursuite des discussions sur le travail en pause.»

Didier Goulard est pour sa part délégué chez Rochester Gauges à Wavre. Une entreprise spécialisée dans la fabrication d’indicateurs de niveaux. Et c’est aussi Didier qui a bâti les fondements de la délégation syndicale chez Rochester. «Pe-

tits problèmes ou gros problèmes, la nuance est très minime dans une structure comme la nôtre. Si les travailleurs vous interpellent que ce soit en raison de la chaleur dans les locaux ou pour solutionner un

problème lié aux congés annuels, ils veulent une solution rapide et efficace et je les comprends! Il faut pouvoir les entendre et puis faire entendre leur point de vue auprès de la direction. La demi-heure de permanence syndicale que nous avons instaurée depuis quelque temps est une bonne chose. Depuis, il y a les contacts en atelier qui me permettent de jauger (c’est le cas de le dire) l’ambiance générale auprès de mes camarades et puis il y a nos rencontres plus formelles qui me permettent de prendre à la fois plus de recul et plus de temps à la discussion. Bien sûr que Didier souhaite prolonger son mandat en 2016 et consolider ce qu’il a déjà accompli aux côtés de ses camarades! Décrocher encore des améliorations dans l’organisation du travail et sans cesse viser à renforcer le bien-être des travailleurs». Nous sortons de nos 3 rencontres avec un sentiment de profond respect pour ces hommes fait de courage et de conviction. Tous ont un jour osé dire stop à certaines injustices et sont parvenus plus qu’à se faire entendre… à établir un véritable rapport de force entre travailleurs et directions! A faire comprendre que la législation du travail était avant tout un droit avant d’être une contrainte et qu’elle s’appliquait aux PME comme aux mastodontes… Chapeau bas, les gars!


ALIMENTATION - HORECA - SERVICES

Négociations sectorielles

Les négociations tant dans l’Industrie que dans le Commerce Alimentaire ont été très difficiles, et pas seulement pour des raisons sectorielles.

Après plusieurs rounds de négociations, la FGTB-HORVAL a pu imposer les lignes de forces inscrites dans son cahier de revendication. Malgré ce contexte défavorable, nous avons pu aller chercher du pouvoir d’achat pour les travailleurs du secteur et améliorer un certain nombre de situations; un accord sectoriel pour les deux prochaines années a été dégagé ce 17 juin. Le timing était respecté pour la prorogation des CCT relatives au RCC (prépensions) et crédit-temps. Le lendemain, le projet d’accord a été présenté aux délégués de la FGTB-HORVAL de l’industrie alimentaire et des boulangeries lors de la Commission Sectorielle. Les revendications principales de HORVAL ont été obtenues, à savoir: une affectation maximale des enveloppes salariales, la possibilité de négocier en entreprise, la fin du régime d’exception pour les Boulangeries, l’accroissement des jours de fin de carrière applicable à tout le secteur et surtout la suppression du lien avec les régimes RCC, une augmentation de l’indemnité de sécurité d’existence en cas de chômage économique. Le débat a été critique particulièrement pour le dossier de la viande. Après consultation des militants, HORVAL a été mandaté pour approuver l’accord. L’accord sectoriel Industrie Alimentaire 2015-2016:

A défaut d’une CCT d’entreprise avant le 31.12.2015, la règlementation suivante sera d’application:

Le gouvernement MICHEL s’attaque de manière frontale au pouvoir d’achat des travailleurs. Il impose un saut d’index de 2% qui fait perdre aux travailleurs l’équivalent de 5 jours de travail par an. Le Gouvernement impose un blocage salarial et ne laisse qu’une marge de négociation extrêmement limitée. Les négociations interprofes-

• Industrie alimentaire (à l’exception des boulangeries): prime annuelle brute de 80 euros • Grandes boulangeries (+/= 20 travailleurs): - Si la prime d’équipes est +/= 0,10 euro/heure > les 0,3% sont négociables - Si la prime d’équipes est entre 0 et 0,10 euro/heure > le différentiel est négociable - Si pas de prime d’équipes > les 0,3% sont utilisés pour la prime d’équipes de 0,10 euro/heure • Petites boulangeries (< 20 travailleurs): prime annuelle brute de 80 euros et augmentation de la prime week-end à 4 euros

Tous les salaires minimums et les salaires réels augmentent de 0,07 euro le 1er janvier 2016. A l’exception des salaires minimums sectoriels de certaines fonctions à risques dans le sous-secteur «conserves de viande», et ceci uniquement pour les nouveaux travailleurs qui entrent en service à partir du 1er janvier 2016. Un groupe de travail déterminera les fonctions à risques dans le sous-secteur «conserves de viande». A cet effet, une classification de fonctions sectorielle est élaborée pour l’ensemble des activités de viande. Enveloppe de 0,3% de la masse salariale:

• Grandes boulangeries (+/= 20 travailleurs): Condition: 10 ans d’ancienneté dans l’entreprise et une carrière de 35 ans 60 ans: 3 jours payés • Petites boulangeries (< 20 travailleurs): Pas de jours de fin de carrière Recommandation de prêter attention, lors des négociations au niveau de l’entreprise, à la problématique du travail acceptable et du travail qualitatif PENSION COMPLEMENTAIRE

Augmentation des primes et des indemnités fixes à partir du 1/01/2016 TRAVAILLER PLUS LONGTEMPS DE FAÇON QUALITATIVE ET BILAN FAMILLE-TRAVAIL

Les partenaires sociaux veulent adopter une vision à long terme afin de garantir l’exécution des obligations légales dans le cadre d’une pension complémentaire sectorielle.

Maximalisation des CCT RCC (prépensions)

FORMATION SYNDICALE

Maximalisation du système crédit-temps et emplois de fin de carrière

Un jour de formation syndicale complémentaire par an pour les délégués qui sont membres d’une instance nationale de leur organisation syndicale

Jours de fin de carrière: pour la première fois, nous avons obtenu des jours de fin de carrière dans les grandes boulangeries et le lien avec le RCC est supprimé. • Industrie alimentaire (à l’exception des boulangeries):

POUVOIR D’ACHAT: Enveloppe de 0,5% de la masse salariale brute:

le RCC) 56 ans: 3 jours payés 58 ans: 6 jours payés 60 ans: 9 jours payés (6 + 3 NOUVEAUX)

Condition: 10 ans d’ancienneté dans l’entreprise et une carrière de 35 ans (suppression du lien avec

TRAVAIL INTÉRIMAIRE Le secteur recommande: - que le CE ou la DS soit informé mensuellement - que des contrats hebdomadaires soient utilisés

Nous pouvons retenir quelques lignes de force: * L’accord sectoriel obtenu est un accord SOLIDAIRE applicable à tous les travailleurs du secteur, qu’ils soient occupés dans les grandes ou les petites entreprises, qu’ils travaillent dans l’Industrie Alimentaire en général ou dans le secteur des Boulangeries; * La possibilité existe de négocier en entreprise mais si aucun accord n’est conclu au 31/12ée, la règlementation supplétive entrera en vigueur; * Le régime d’exception systématique pour le secteur des Boulangerie est stoppé, les travailleurs bénéficient maintenant également d’une prime d’équipe et de jours de fins de carrière; * Une attention particulière devra être portée au secteur de la viande.

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sionnelles se déroulent au sein du G10 composé du Patronat et des 3 organisations syndicales.

Il faut se rappeler le contexte!

L’accord pour l’industrie alimentaire est approuvé et signé! Les négociations se sont déroulées dans un climat particulièrement tendu, avec un patronat très arrogant, sûr de ses appuis gouvernementaux.

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Seule la FGTB s’est opposée fermement au carcan dans lequel les négociations devaient se dérouler: 0,5% de la masse salariale brute et 0,3% de la masse salariale; et puis,…ceinture! C’est dans ce contexte que se sont entamées les négociations.

Commerce alimentaire: un accord sous la pression de la seule FGTB-Horval! Ce qui est important dans un accord, c’est ce qui s’y trouve comme avancée sociale; mais parfois le plus important, c’est ce qui ne s’y trouve pas! Le 19 juin, la FGTB HORVAL a quitté la table des négociations avec un projet d’accord sectoriel que le Patronat du Commerce Alimentaire voulait lui imposer. Proposition inacceptable! Pourquoi? Les grosses entreprises du secteur, Delhaize, Colruyt, Mestdagh, ont fait une pression maximale pour que la Prime de Fin d’Année puisse être transformée en jours de congé pour les travailleurs âgés. La FGTBHORVAL, SEULE, s’y est opposée. Les employeurs n’ont jamais fait de «cadeaux» aux travailleurs sans qu’il n’y ait un prix à payer qui soit très lourd. Dans le cas présent, après avoir effectué un lobbying important auprès des partis du Gouvernement Michel pour allonger la carrière professionnelle (pension à 67 ans) et avoir limité et durci l’accès à la prépension (RCC). Aujourd’hui, ils voudraient que les travailleurs paient pour être capable de travailler plus longtemps. Un scandale! Le Comité fédéral tout d’abord, la commission sectorielle ensuite, à l’unanimité ont estimé que si l’accord présentait des avancées, ce seul point rendrait l’accord inacceptable. Un plan d’action avait été planifié qui commencerait par de la sensibilisation. Devant la détermination de la seule FGTB, le patronat du commerce alimentaire a reculé et enlevé la partie transformation de la Prime de Fin d’Année de l’accord. Le retrait de ce point a permis à la FGTB HORVAL d’approuver et de signer l’accord sectoriel le 29 juin. L’accord comprend les lignes de forces suivantes pour 2015-2016: POUVOIR D’ACHAT Enveloppe salariale de 0,5 % de la masse salariale brute: Une prime annuelle de 140 euros. Si votre délégation syndicale est d’accord, cette prime est convertible en un des avantages suivants: • des chèques-repas • des éco-chèques • un versement d’un montant dans un plan d’assurance -groupe Enveloppe salariale de 0,3 % de la masse salariale: Une prime annuelle de 50 euros. Si votre délégation syndicale est d’accord (ou l’employeur dans les entreprises sans DS), cette prime est aussi convertible en un des avantages suivants: • Des chèques-repas • Des éco-chèques • Un versement d’un montant dans un plan d’assurance -groupe La prime brute sera automatiquement d’application pour les deux primes, à défaut d’un accord d’entreprise avant le 15.11.2015. CES 2 ENVELOPPES SONT INDEXÉES! TRAVAILLER PLUS LONGTEMPS DE FAÇON QUALITATIVE • Maximalisation des CCT RCC (prépensions) • Prolongation du système des jours de fin de carrière payés - 3 jours de fin de carrière payés pour les ouvriers de 58 ans qui répondent aux conditions de RCC à 58 ans - 5 jours de fin de carrière payés par an pour les ouvriers de 60 ans ou plus ayant au minimum 10 ans d’ancienneté (suppression du lien avec RCC) • Garantie du droit aux allocations pour emplois de fin de carrière à partir de 55 ans • Une enquête spécialisée sur les tâches lourdes, organisée par le Fonds Social. Les problèmes rencontrés et les solutions potentielles seront présentés lors d’une journée de séminaire • Système de tutorat, avec maintien de votre salaire BILAN FAMILLE-TRAVAIL • Maximalisation du système crédit-temps • Une intervention financière du Fonds Social dans le coût de la garde des enfants de 0 à 3 ans. AUGMENTATION DES INDEMNITÉS DE SECURITÉ D’EXISTENCE À PARTIR DU 1er JANVIER 2016 • En cas de licenciement collectif, maladie de longue durée, fin du contrat de travail, chômage temporaire: 4 euros par jour L’AVENIR DE VOTRE SECTEUR ET E-COMMERCE • Les partenaires sociaux présenteront une recommandation commune au Ministre de l’Emploi pour permettre le travail de nuit dans l’e-commerce • Le travail de nuit dans l’e-commerce ne sera possible qu’après concertation avec la délégation syndicale. Cet accord représente un certain nombre d’avancées pour le secteur: ¨* maximalisation de l’enveloppe du pouvoir d’achat; * permettre les négociations en entreprise; * renfort des jours de fin de carrière payés en cassant le lien avec les RCC. Pas entièrement, il est vrai; * Extension des avantages offert par le Fonds Social à l’intervention financière dans le coût de garde des enfants de 0 à 3 ans.


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> FUSION AHOLD-DELHAIZE

Discours rassurant mais restons vigilants Après plusieurs semaines de négociations, Delhaize a récemment officialisé la fusion avec le géant Ahold. Le nouveau groupe qui se nommera Ahold-Delhaize englobera les deux enseignes et regroupera plus de 375.000 collaborateurs et 6.500 magasins. Une opération de taille donc, qui ne sera pas sans conséquences sur le terrain même si, dans son discours, la direction se montre rassurante. Le volume et la qualité des emplois seraient préservés. Le SETCa reste cependant vigilant dans l’intérêt des travailleurs. ’après la direction, cette opération serait bénéfique pour les deux enseignes puisqu’elle permettrait d’effectuer 500 millions de synergies : avec des économies sur les achats, des réductions de coûts sur 3 ans, etc. Il s’agirait d’une fusion ‘entre égaux’ de deux groupes sains (avec un équilibre parfait au niveau de la représentation de chacun). Dans les faits, cependant, l’égalité ne nous semble pas si évidente. Ahold semble s’octroyer une place plus importante au sein de la nouvelle structure (il détiendrait 61% des parts de l’actionnariat contre 39% pour Delhaize et son siège des Pays-Bas deviendrait dans le futur le nouveau quartier Général).

D

Les deux entités telles qu’on les connait aujourd’hui persisteront de la sorte pour les 9 à 12 mois à

venir. La fusion doit en effet encore être acceptée par les Assemblées Générales des actionnaires de Ahold et Delhaize et être validée par l’autorité belge de la concurrence. La mise en place des modalités pratiques liées à la fusion va prendre un certain temps. D’après les dires de la direction, les changements visibles et l’impact de ce rapprochement seraient limités. Ainsi, Delhaize resterait à terme la marque principale sur le territoire belge. Les contrats avec les fournisseurs seraient respectés. Les accords existants (liés à la précédente restructuration) resteraient d’application et aucune mesure additionnelle de restructuration ne serait prévue. De même, la fusion n’entraînerait aucune mesure sur les conditions de travail et salariales.

Certains points restent cependant à éclaircir. Le siège mondial du futur groupe Ahold-Delhaize sera basé aux Pays-bas. Et même s’il est prévu que le siège administratif de Delhaize à Anderlecht demeure et devienne à l’avenir le futur siège européen du nouveau groupe, l’impact pour les collaborateurs qui y travaillent actuellement est encore flou. Tout comme la sécurité d’emploi pour ceux-ci une fois que la fusion sera effective. Des questions restent également en suspens en ce qui concerne le sort des travailleurs en charge de la logistique. Même si la direction ne souhaite pas arrêter les activités de transports, l’emploi y est clairement menacé dans les faits. Le discours de la direction se veut rassurant. Nous comptons bien le vérifier dans les faits et serons extrêmement vigilants lors de l’application de la fusion. La confiance des travailleurs de Delhaize a déjà largement été ébranlée dans le passé. Ils ont aujourd’hui besoin de construire un avenir serein au sein d’une entreprise durable. Nous voulons voir dans cette annonce et cette fusion un pas dans cette direction.

Etes-vous dessiné pour devenir délégué? Faites le test! vées, on élira les représentants des travailleurs au Comité pour la Prévention et la Protection au Travail (CPPT) et au Conseil d’Entreprise (CE – pour les entreprises de plus de 100 travailleurs).

Les élections sociales se tiendront du 9 au 22 mai 2016 dans les entreprises comptant plus de 50 travailleurs. On a encore bien le temps d’y penser, nous direz-vous… Mais pourquoi ne pas profiter de cette trêve estivale bien méritée pour vous demander si vous vous sentez prêt à relever ce défi et devenir vous-même délégué dans votre entreprise? En Belgique, des élections sociales sont organisées tous les 4 ans dans les entreprises comptant plus de 50 travailleurs. Dans des milliers d’entreprises et d’institution pri-

Les missions de ces deux organes de concertation diffèrent: - Le CE s’occupe principalement de toute ce qui concerne la situation économique et financière de l’entreprise ainsi que l’emploi, du règlement de travail, des conditions de travail, des dates de vacances, de l’introduction de nouvelles technologies, de l’application des lois et conventions, etc. - Le CPPT veille à l’amélioration des conditions de sécurité, de santé, de la prévention des accidents de travail, de la médecine du travail, etc. Il y en donc pour tous les goûts. Même si vous n’avez jamais été actif syndicalement et que la législation du travail est un monde inconnu pour vous, il est tout à fait possible de défendre vos collègues. En effet, en tant que délégué, vous êtes entouré de toute une équipe : des collègues délégués déjà expérimentés, des permanents syndicaux, etc. De plus, nous organisons régulièrement des formations qui vous permettent d’avoir les bases pour démarrer directement.

Les connaissances juridiques et l’expertise viendront petit à petit, avec l’expérience…

Faites le test! Première partie: les conditions de base ❏ J’ai au moins 18 ans et moins de 65 ans ❏ Je suis lié par un contrat de travail à l’entreprise ou je suis assimilé à un travailleur (par exemple stagiaire, ou sous contrat d’apprentissage) ❏ J’aurai au moins 6 mois d’ancienneté dans l’entreprise au moment des élections sociales ❏ Mon entreprise compte au moins 50 travailleurs ❏ Je ne pas faire partie du personnel de direction ❏ Je ne suis pas conseiller en prévention Vous comptabilisez 6 ✔? Vous avez le profil idéal du candidat aux élections sociales. Passez à la suite du test pour en savoir plus! Vous comptabilisez moins de 6 ✔? Cela vaut la peine de prendre contact avec votre section régionale SETCa pour examiner ensemble les critères qui ne sont pas remplis. La législation des élections sociales est vaste et prévoit des conditions plus spéci-

fiques qui pourraient s’appliquer à votre situation.

Deuxième partie: vos motivations et votre personnalité ❏ Je me sens concerné-e par ce qui se passe au sein de mon entreprise ❏ De nombreuses questions concernant mon lieu de travail me préoccupent et je souhaiterais changer les choses ❏ Je voudrais un monde du travail plus juste et solidaire pour mes collègues et pour moi-même ❏ Je pense qu’«Ensemble on est plus fort» doit être plus qu’un slogan, c’est un mode de vie! ❏ Je suis plutôt de nature curieuse et j’aime découvrir de nouvelles choses ❏ J’ai le contact facile avec mes collègues ❏ Je ne supporte pas les injustices ❏ J’aime travailler en équipe ❏ Je n’ai pas peur de me faire entendre ❏ L’actualité sociale, politique ou économique, ça m’intéresse Vous comptabilisez 6 ✔ ou plus? Devenir délégué est un défi taillé pour vous ! Profitez de ces mois d’été pour prendre contact avec votre section régionale ou les délégués SETCa de votre entreprise. Ils vous expliqueront en détail la

marche à suivre pour officialiser votre candidature et la suite de la procédure. Vous comptabilisez entre 3 et 6 ✔? Devenir délégué n’est pas une évidence pour vous. Vous avez peut-être peur de manquer de temps, de ne pas être à la hauteur, d’être en ligne de mire de votre employeur… Toutefois, la motivation est là. Rassurez-vous : être délégué, c’est quelque chose qui s’apprend. Et puis, vous ne serez pas seul. Sans compter qu’en tant que candidat, vous êtes protégé contre le licenciement (c’est une garantie qui permet aux représentants du personnel de remplir leur tâche en toute indépendance). N´hésitez pas à contacter votre section régionale SETCa pour aborder les questions qui vous chipotent encore. Vous avez moins de 3 ✔? Devenir délégué n’est pas votre tasse de thé. Mais les motivations évoluent avec le temps. Refaites ce test d’ici quelques semaines, votre profil aura peut-être changé d’ici-là. Vous avez encore le temps d’y réfléchir! Retrouvez plus d’informations dans la brochure «Ensemble, des-

sinons l’avenir - Elections sociales 2016», dès à présent disponible dans votre section régionale SETCa.


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> NÉGOCIATIONS SECTORIELLES

Projet d’accord CP 202-311-312: enfin un accord! accepté dans la CP 219 Les négociations sectorielles dans le secteur de la grande distribution ont été longues et pénibles. Les discussions avec Coméos, la fédération des employeurs du secteur, bloquaient sur plusieurs aspects (notamment concernant le pouvoir d’achat). Les organisations syndicales ont fait preuve de persévérance afin d’obtenir le maximum pour les travailleurs. Ce lundi 29 juin, au terme d’un nouveau round de négociation, un protocole était enfin sur table. Celui-ci vient d’être approuvé par les militants du secteur. Plus de pouvoir d’achat L’accord comprend plusieurs avancées: les travailleurs bénéficieront notamment de 250e de primes brut indexée pour un temps plein (prorata pour les temps partiels). Au niveau des barèmes liés au secteur, la suppression des âges de départ est enfin complète. L’intervention ‘crèche’ pour les années 2016 et 2017 passe également d’un euro à 2 euros/jour de présence de l’enfant.

Amélioration de l’organisation du travail Plusieurs changements sont à noter comme la communication des horaires à l’avance pour les travailleurs à temps partiels, à horaires et régime variables ainsi que la possibilité de se voir payer les heures complémentaires immédiatement ou de les récupérer dans les 12 mois qui suivent le trimestre ou elles ont été prestées. Le nombre de weekends libres par an pour tous les travailleurs passe à 8 pour les magasins qui ont 5 personnes et plus. La question de l’enregistrement du temps de

travail afin de respecter la législation sur le temps de travail va également être examinée par les partenaires sociaux.

Maximalisation des droits en matière de crédit-temps et de fin de carrière Concrètement, le RCC à 60 ans reste possible jusqu’au 31/12/17 (à partir de 58 ans pour une carrière longue). Le crédit temps fin de carrière 1/5ème ou 1/2 temps est accessible dès 55 ans si le travailleur remplit une des conditions de la CCT 118 (métiers lourds, travail de nuit ou 35 ans de carrière). Concernant la thématique des métiers lourds, les interlocuteurs sociaux se sont engagés à définir des critères et à formuler une définition commune notamment dans le cadre des fins de carrière.

La sécurité dans les magasins, une préoccupation essentielle

ont été pointés : formation, analyse de risques (sur cette base, les employeurs s’engagent à prendre les mesures nécessaires afin de réduire les risques identifiés au minimum), suivi des mesures prises en Commission paritaire.

Dialogue social dans le secteur Les partenaires sociaux se sont engagés à se concerter régulièrement au sein des commissions paritaires 202-311-312, en vue d’aborder les thèmes présentant un intérêt avant tout pour le secteur, comme par exemple les heures d’ouvertures et le travail de dimanche, la structure des commissions paritaires.

Déclaration commune sur l’e-commerce Patrons et syndicats se sont engagés à mener ensemble un débat de fond élargi et sans tabou dans les différentes CP concernées réunies, afin de préserver et développer le secteur de l’ e-commerce et des emplois de qualité dans le secteur. D’ici fin décembre 2015, le Ministre de l’emploi recevra les conclusions unanimes de ce débat paritaire. Si besoin en est, les interlocuteurs sociaux concernés feront part au Ministre des modifications légales souhaitables à l’issue des débats communs. En clair, il est demandé poliment au gouvernement de ne pas intervenir là où le dialogue sectoriel est prépondérant

Ce thème occupe une place importante dans l’accord. 3 axes

Accord sectoriel signé pour 40.000 employés dans le transport et la logistique (CP 226) Cet accord sectoriel prévoit une augmentation salariale de 15e bruts et une indemnité chèque-repas supplémentaire d’ 1e à partir de 2016. Tous les droits au crédit-temps avec motif (soins et formation) et aux emplois d’atterrissage à partir de 55 ans sont préservés pour les 2 prochaines années dans le cadre des nouvelles règles légales. La prépension reste possible à 60 ans jusque fin 2017 et à partir de 58 ans pour les carrières longues et le travail de nuit jusque fin 2016. Les employés ont droit à 6 jours de formation pour les années 2015-2016. Enfin, employeurs et syndicats du secteur se sont engagés à élaborer un cadre opérationnel sur le plan sectoriel pour les activités d’e-commerce qui doit conduire à un emploi durable, avec encadrement de l’organisation du travail spécifique qui y est associée. Malgré les restrictions imposées par le Gouvernement, le SETCa estime que cet accord permet aux 40.000 employés du secteur de faire un pas en avant, tant quantitativement que qualitativement.

Après d’intenses négociations menées avec AGORIA, la fédération des entreprises de la CP 219 (des organismes de contrôles agréés), nous sommes parvenus à un projet d’accord pour l’ensemble des travailleurs du secteur. Celui-ci a été avalisé par les militants du secteur. Même si le contexte n’était pas simple (le gouvernement ayant imposé de lourdes restrictions notamment concernant la marge salariale), nous sommes battus pour obtenir le maximum. L’accord qui est sur la table comporte plusieurs avancées significatives pour les 3000 travailleurs concernés! Dès 2016, les salaires des travailleurs et les barèmes minimums sectoriels seront augmentés de 20e. Dans les entreprises avec délégation syndicale, il sera possible de convertir ces augmentations en un avantage équivalent (moyennant un accord d’entreprise). Il existe plusieurs alternatives: 10e d’augmentation salariale auxquels viennent s’ajouter soit une augmentation des chèques-repas de 1e, une augmentation de la pension complémentaire de 210e ou des écochèques d’une valeur de 210e. Un point important concerne la formation des travailleurs (ceux-ci ont droit à 4,5 jours de formation), avec une attention toute particulière pour les travailleurs âgés. L’accord prévoit la mise en œuvre des mesures possibles légalement en matière de crédit-temps et RCC (avec l’introduction d’un système sectoriel métiers lourds moyennant 10 ans d’ancienneté métiers lourds) ainsi que la prolongation des mesures existantes en matière de flexibilité et sécurité d’emploi. L’accord préconise la création d’un groupe de travail en ce qui concerne l’enregistrement du temps de travail. Il s’agira d’un groupe paritaire comprenant des représentants RH et qui sera relié au groupe de travail sur la flexibilité. Pour les contrats à durée indéterminée conclus à partir du 1er janvier 2015, il est prévu que l’ancienneté constituée auparavant dans le cadre d’un contrat intérimaire ou à durée ou tâche déterminée soit reprise intégralement. Enfin, l’accord met également l’accent sur la représentation des cadres. Une proposition concernant la représentation de ces travailleurs devrait être sur table d’ici octobre 2015, pour une mise en œuvre dès 2016.

700.000 employés entament les vacances avec un saut d’index Selon les derniers chiffres de l’inflation, l’indice-pivot pour les allocations serait dépassé. Pour bon nombre d’employés également, cela signifie normalement l’indexation de leur salaire. Cet été, c’est donc au moins un demimillion de travailleurs des secteurs d’employés qui manqueront une indexation. Cela fera déjà au moins 700.000 au total depuis le mois d’avril. Et cela, pour les seuls secteurs suivis par le SETCa. Le saut d’index du gouvernement De Wever-Michel atteint sa vitesse de croisière. En juin, l’indice-pivot pour les pensions et les allocations devrait, dans des circonstances normales, être dépassé. De nombreux secteurs occupant des employés suivent cet indice-pivot. Leur salaire devrait dès lors suivre la croissance de 2% du coût de la vie. En d’autres termes: le salaire devrait augmenter de 2%. Ce ne sera pas le cas. Un demimillion d’employés verront une partie de leur pouvoir d’achat leur passer sous le nez en juillet et en août. Cette perte les suivra toute leur carrière et pourra s’élever à des dizaines de milliers d’euros.

Ce gouvernement touche directement au pouvoir d’achat de ces gens, malgré son discours. Le SETCa s’est, avec la FGTB, toujours opposé à ce saut d’index. Saper le pouvoir d’achat des gens est contre-productif d’un point de vue économique. Cette mesure est par ailleurs l’illustration ultime que le gouvernement De Wever-Michel ne s’intéresse qu’aux salariés et aux allocataires pour fournir des efforts. Le saut d’index ne touche que ces groupes-là. Aperçu des secteurs touchés: Juillet: - CP 209, employés des fabrications métalliques, perte de 0,43% - CP 222, employés de la transformation du papier et du carton, perte de 0,43% - CP 308, 310, employés des banques et sociétés de prêts hypothécaires, perte de 0,25% (en plus de la perte de 0,11% en mai) - CP 309, employés des sociétés de bourse, perte de 0,2479% (en plus de la perte de 0,1094% en mai) Août: - CP 307, employés des entreprises

de courtage et agences d’assurances, perte de 2% - CP 317, services de gardiennage et de surveillance, perte de 2% Durant l’été (juillet ou août) - CP 327.01, 327.02, 327.03, entreprises de travail adapté et ateliers sociaux, perte de 2% - CP 330.00, 330.01, 330.02 en 330.04, établissements et services de santé, perte de 2% - CP 331, employés du secteur flamand de l’aide sociale et des soins de santé, perte de 2% - CP 318, services des aides familiales et aides seniors, perte de 2% - CP 319, établissements et services d’éducation et d’hébergement, perte de 2% - CP 329, secteur socioculturel, perte de 2% - CP 330.03, établissements de santé: prothèses dentaires, perte de 2% - CP 331, secteur flamand de l’aide sociale et des soins de santé, perte de 2% - CP 332, secteur francophone et germanophone de l’aide sociale et des soins de santé, perte de 2%


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ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°13 • 10 JUILLET 2015

> ÉDITO

Echecs et dominos I l y a les pays du groupe Schengen et les autres; les 28 de l’Union Européenne et les 19 de la zone euro; les «vertueux», de la zone euro du Nord et les parias, les «paresseux» de la zone euro du Sud… Ceux qui adhèrent à une réglementation et ceux qui «optent out», c’est-à-dire qui se désolidarisent des autres dans un domaine, par exemple social… Ceux qui voient débarquer les migrants et ceux qui à défaut de pouvoir les rejeter à la mer préfèrent les laisser sur le rivage où ils ont débarqué en refusant de répartir la charge.

L’Europe à deux vitesses destinée à avancer avec les plus «européens» est passée à 28 vitesses. Et maintenant on se trouve face à un possible «Grexit» et à un éventuel «Brexit», sortie de la Grande-Bretagne non pas de la zone euro mais carrément de l’Union Européenne. Un groupe d’extrême droite parvient à se former au Parlement européen. Un peu partout des partis souverainistes, nationalistes, indépendantistes, antieuropéens s’imposent et même les néonazis reprennent du poil de «la bête». Qu’est donc L’UNION Européenne devenue? Où est l’esprit – et le souffle – des Pères fondateurs de l’Europe? Ces grands hommes qui ont eu le courage, après une horrible guerre, de mettre entre parenthèses la rancune ou la vengeance au nom de l’intérêt supérieur des peuples, et même d’effacer in fine la dette de l’Allemagne, pourtant responsable du désastre.

L’Union contre la démocratie? Ce qui était un beau projet de paix durable et de solidarité entre les peuples, celui d’une grande démocratie suprana-

tionale, presque une utopie de rechange pour encadrer une nouvelle ère de progrès social et de liberté, est devenu une mosaïque informe qui n’a plus en commun qu’une bureaucratie et des égoïsmes. C’est le triomphe de Margaret Thatcher dont la devise européenne était «je veux retoucher mon argent!» (I want my money back!). Ceux qui dirigent l’Union ne retrouvent de cohésion que pour brimer les peuples et exclure ceux qui refusent de courber l’échine. Le fait même que le Premier ministre de Grèce, le pays qui a vu naître la démocratie – du grec: dêmos – le peuple et kratos – le pouvoir –, veuille consulter ses citoyens par référendum a été considéré comme un insupportable camouflet par un quarteron de technocrates sans légitimité démocratique et de politiciens qui ont perdu l’habitude de rendre compte aux citoyens ou ont pris le pli de décider sans eux, voire contre eux. En témoigne le cursus du projet de Traité transatlantique négocié en grand secret alors qu’il charrie un modèle social aux antipodes du projet européen initial de protection des citoyens et de contrôle démocratique pour assoir les intérêts et la toute-puissance de multinationales.

Le début de la fin Le paradoxe dans la crise grecque, c’est que tant le FMI que l’OCDE ont acté l’échec des politiques d’austérité et reconnu qu’elles n’ont fait qu’approfondir la récession. Que la Banque Centrale Européenne est arrivée implicitement à la même conclusion puisqu’elle a pris le parti contre ses propres règles de racheter de la dette publique.

Tous, savent, à commencer par Angela Merkel, que la Grèce ne pourra jamais dégager un solde budgétaire positif et réduire sa dette en renforçant les mesures d’austérité et en réduisant encore le pouvoir d’achat des gens. Alors que la Belgique est dans le groupe fort de l’eurozone, et malgré – en fait à cause de – l’austérité qui y a été appliquée, notre propre dette publique a dépassé de 6,6% le cap des 100% du PIB. Et les Grecs qui ont vu le pouvoir d’achat baisser de 30% depuis 2008 sont supposés faire mieux? La seule explication à l’intransigeance des pays du nord est qu’ils souhaitent en fait se débarrasser du maillon faible qu’est la Grèce (et par la même occasion de la contestation du dogme libéral qu’elle incarne). Pour les pays riches, le choc peut être absorbé et cela servira d’avertissement aux «Podemos» espagnols et à tous ceux qui s’aviseraient de marcher sur les traces d’Alexis Tsipras. Inutile de dire que ce calcul est mauvais. Même sans effet domino imminent, un Grexit marquerait un échec: comme le dit l’économiste Thomas Piketty ce serait «le début de la fin de la monnaie unique». Elle-même étant supposée être le premier ciment du cœur de l’Union Européenne, on peut imaginer la suite. Sortir un pays membre de l’Union revient à sortir la solidarité des valeurs de l’Union. Bonjour la désunion. Pire que celle que vit déjà l’Europe. Adieu l’union. Le pot commun sera cassé. Adieu veaux, vaches, cochons. Adieu l’Europe. Les citoyens européens, déjà tellement déçus par l’Europe au point de bouder les urnes ou au contraire d’accorder leurs suffrages à des partis qui vomissent l’Union,

Prudent au volant ? Félicitations !

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vont-ils le regretter? Bien sûr que oui! Le projet européen, c’est bien plus que de passer les frontières avec une simple carte d’identité ou de faire l’économie de droits de douane. Moins d’Europe, c’est du dumping social exposant 3, c’est de la concurrence et de l’évasion fiscales au centuple. C’est se faire manger par le reste du monde. C’est encore plus de misère et moins de justice sociale, moins de prospérité – en tout cas partagée. C’est la victoire du chacun pour soi, de la haine de l’autre, des Front National, Ukip (Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni) et autres Aube Dorée. C’est le contraire de la paix. Le «non» des Grecs rejoint finalement la préoccupation des «oui»: c’est oui à l’Europe, oui à plus d’Europe mais à condition qu’elle soit à l’écoute des peuples et surtout plus solidaire. Une Europe qui ne soit pas le porte-serviette des banques et de la finance internationale et qui ait autre chose à propose que l’austérité ad vitam aeternam. C’est ce même message que les syndicats d’Europe réunis sous la bannière de la CES portent depuis le début de la crise et que la FGTB essaie de faire entendre à notre propre gouvernement.

Rudy De Leeuw Président

Marc Goblet Secrétaire général


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