Syndicats FGTB n°10 - 2016

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N°10 • BIMENSUEL • 70ème année Bureau de dépôt : Charleroi X Abonnements : 02/506 82 11 Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 11 syndicats@fgtb.be

27 MAI 2016 • Éd. BRABANT/NAMUR/LUXEMBOURG

Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles

Manifestation nationale du 24/05

80.000 ras-le-bol

Dossier pages 8 & 9 ÉLECTIONS SOCIALES

DÉTACHEMENT

ELECTRICITÉ

Les résultats provisoires

Carton jaune pour l’Europe

Faire le bon choix

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RÉGIONS

SYNDICATS • N°10 • 27 MAI 2016

NAMUR

LUXEMBOURG


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BRUXELLES

SYNDICATS • N°10 • 27 MAI 2016

«Nous ferons grève, le 24 juin»

Sandra LEPAPE, 29 ans, déléguée au Conseil d’entreprise d’AUDI Bruxelles

EL SALITI Aicha, 35 ans, déléguée au Conseil d’entreprise et déléguée syndicale chez THON Hôtel

Interview de deux déléguées FGTB Pourquoi fais-tu grève le 24 juin prochain? Sandra: Cette décision vise notamment à marquer notre opposition à des semaines de 45 heures et au rallongement des carrières: des mesures qui impacteront plus spécialement les anciens qui travaillent dans les métiers dits «lourds». Ces mesures suscitent aussi beaucoup d’incompréhension. D’une part, on demande aux anciens de prester plus longtemps – ces emplois ne sont donc pas «libérés» – et, d’autre part, on met les jeunes sous pression, en exigeant qu’ils trouvent un travail – qui

n’existe pas - sous peine d’être sanctionnés ! Il y a donc une réelle urgence de manifester contre ce gouvernement et ses décisions. Aicha: Je fais grève contre le gouvernement. Plus spécifiquement contre les 45 heures. Mais également pour préserver notre pouvoir d’achat, et notre sécurité sociale. Les raisons ne manquent pas… A ce titre, je regrette que toute la CSC ne se joigne pas à nous. C’est important de pouvoir faire front ensemble !

Pourquoi est-il utile de recourir à la grève comme moyen d’action ? Sandra: La grève est le seul moyen d’action qui a un impact. La concertation sociale a été « abandonnée » par le gouvernement fédéral. C’est notre dernier recours pour obtenir des résultats. L’histoire nous a prouvé que les avancées

Ensemble dans la rue le 24 mai

sociales sont directement liées à ces mobilisations. Aicha: Faute de concertation sociale constructive, la grève est la dernière solution. Parce qu’aujourd’hui le dialogue avec le gouvernement n’est plus possible.

Quelles sont tes attentes ?

Sandra: La démission du gouvernement fédéral actuel ! Mais disons qu’une écoute et une prise en compte des revendications syndicales seraient déjà une belle avancée… Aicha: Que le gouvernement puisse nous écouter. Qu’il entende notre mécontentement quant à leurs décisions.

C’est quoi, une grève réussie ? Sandra: Une mobilisation de toutes les organisations syndicales et de tous les secteurs; un maximum de personnes mobilisées : des travailleurs, des chercheurs d’emploi, des prépensionnés… Et un gouvernement

Concrètement, que vas-tu faire le 24 juin ?

Sandra: On va se poster devant les entrées de l’entreprise et bloquer les accès. L’usine ne tournera pas. On profitera de ce moment pour sensibiliser tous nos Collègues de travail, pour expliquer nos craintes et nos projets d’avenir aux travailleurs. Aicha: Je vais mettre ma veste rouge, ma casquette FGTB, et me joindre à mes camarades pour faire des piquets !

qui, sous pression de la rue, nous écoute enfin... Aicha: C’est une grève qui a un impact. Qui permet de renouer la discussion et de trouver un accord entre syndicats et gouvernement.

Vous serez nombreux à vous mobiliser au sein de ton entreprise ?

Sandra: Il n’y a aucun doute. Le message est bien passé au niveau syndical. Nous serons prêts ! Aicha: Oui. Côté rouge, en tout cas. On espère que la CGSLB et la CSC se joindront à nous, sans certitude à ce stade.


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RÉGIONS

SYNDICATS • N°10 • 27 MAI 2016

MONS

CHARLEROI-SUD HAINAUT

> CHARLEROI

PERMANENCES FISCALES La FGTB régionale de Charleroi & Sud Hainaut vous recevra cette année en son service comptabilité au BD DEVEREUX 36-38 – 6000 CHARLEROI (attention changement d’adresse par rapport à l’an passé) uniquement sur rendez-vous (tél: 071/641.359), les mardis et jeudis tout le mois de juin. Lors du rendez-vous , les affiliés doivent se munir des documents suivants: - carte d’identité et la preuve d’affiliation (dernier paiement) - l’avertissement extrait de rôle 2015 (revenu 2014) - et tous les documents concernant l’année 2015

WALLONIE PICARDE

CENTRE

Prépensionnés du SETCa Centre

Excursion en Baie de Somme

Ce 20 juin 2016 07h30: Départ en car le luxe La Louvière gare du centre. 11h30: Port du Crotoy: promenade en mer en toute quiétude sur un bateau à faible tirant d’eau (bateau couvert, durée 40 min.) 12h45 : Repas dans un restaurant à St-Firmin les Crotoy Au menu: Kir Picard, Flamiche picarde aux Poireaux, Sauté d’agneau de Pays, Tarte aux Pommes à l’ancienne, 1 bouteille de vin pour 3 personnes, Café 15h45 : Tour de la Baie de Somme en train à vapeur jusqu’ à St Valery sur Somme. 17h00: Retour vers La Louvière. Prix: 72,00€ pour les membres sympathisants et 67,00€ pour les membres adhérents à l’Amicale des Prépensionnés Setca Centre en règle de cotisation (voyage, repas ). Renseignements au 0474 /24 .06.59 ou 0475/45.74 .97 ou e-mail lefebvre-serge@hotmail.be inscriptions souhaitées pour le 5 juin Paiement effectué en même temps que l’inscription sur le compte BE50 1262 0159 9618 Pour tout paiement en retard, l’inscription ne sera pas prise en considération.

Nouvelles permanences de la FGTB Horval Wallonie Picarde !!! À partir du 11/04/2016, la FGTB-Horval Wallonie Picarde tiendra de nouvelles permanences : Tous les lundis de chaque mois de 9h à 12h à Comines Rue du Chemin de Fer, 1 – 7780 Comines Tous les 1er mardi de chaque mois de 9h à 12h au Bizet. Rue du Centenaire, 13 – 7783 Le Bizet Vous souhaitez plus d’informations ? Contactez-nous au 056/853.333 ou au 069/890.830

AVIS AUX OUVRIERS TRAVAILLANT DANS LE SECTEUR DES SOINS DE SANTE >HOPITAUX PRIVES >MAISONS DE REPOS SENIORS

Commissions paritaires : 330 PRIME SYNDICALE 2016 Exercice 2015 Les affiliés de ce secteur n’ayant pas reçu de prime en 2015 sont invités à prendre contact avec les services de la Centrale Générale F.G.T.B., Avenue de Maire, 134 à Tournai Tel. N° 069-66.94 .26. ou le 66.94 .20. afin de faire le nécessaire en vue du paiement de la prime. A cette occasion, veuillez nous communiquer les renseignements suivants: >Coordonnées exactes de l’établissement >Le N° d’O.N.S.S. >Le N° de commission paritaire >Nous fournir un document prouvant votre occupation dans le secteur concerné pour l’année 2015 (voir 2014 et 2013) (ex : fiche de salaire …)


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VERVIERS

LIÈGE - HUY - WAREMME

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> RESULTATS PROVISOIRES DES ELECTIONS SOCIALES 2016

La FGTB se maintient et progresse dans le non - marchand Le SPF Emploi a rendu publics les résultats provisoires des élections sociales 2016. Les résultats définitifs, quant à eux, seront connus en novembre. La FGTB tient avant toute chose à remercier toutes celles et ceux qui lui ont fait confiance ! La FGTB s’engage auprès des travailleurs à défendre leurs conditions de travail tant au niveau salarial que du point de vue de la sécurité, de la santé, du bien-être et de l’équilibre vie privée-vie professionnelle. Elle souhaite également témoigner de tout son soutien à ses délégués, anciens et nouveaux, qui vont être amenés à travailler dans un contexte politique, économique et social difficile. La FGTB et ses délégués resteront une force de contre-propositions constructives face à un patronat et un gouvernement qui entendent déconstruire toutes les conquêtes sociales des travailleurs au nom d’une austérité aveugle et injuste. Une telle force est plus que jamais nécessaire. Au vu des premiers chiffres globaux diffusés, on peut constater : • une consolidation des résultats obtenus en 2012 tant au Conseil d’entreprise qu’au Comité pour la prévention et la protection au travail.

• une nouvelle progression dans le non - marchand par rapport à 2012, ce qui conforte la FGTB comme représentant de tous les travailleurs. Cette progression se marque tant en Flandre, à Bruxelles qu’en Wallonie. Au Conseil d’entreprise mais aussi au Comité pour la prévention et la protection au travail (entreprise de 50 salariés). En voix et en sièges. Cette progression constitue indéniablement une belle victoire dans un secteur où la FGTB a longtemps été marginalisée. •une progression du nombre de femmes élues dans les CPPT des secteurs marchand et non -marchand. Cette meilleure représentation des femmes dans les organes de concertation entraînera des mesures plus justes et plus équilibrées en entreprises. • La FGTB reste le premier syndicat de Wallonie dans le secteur économique.

Résultats globaux en voix : le statu quo

On avance lentement mais sûrement: d’élection en élection le nombre de femmes élues progresse tant au CE qu’au CPPT

La FGTB reste le premier syndicat de Wallonie dans le secteur économique et progresse dans le non marchand

Depuis plusieurs élections, la FGTB marque des points dans le nonmarchand en Wallonie et en Flandre


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> DEPART DE JEF MAES A LA PREPENSION

«Quand on rame à contre-courant, faire du surplace, c’est déjà tout de même avancer» Le 1er mai Jef Maes (61 ans) tournait la page, après une longue carrière à la FGTB où depuis 2013, il occupait le poste de Secrétaire fédéral. C’est pour lui « un dernier acte de rébellion”, un pied de nez à la réforme des RCC. Comme cela se fait à l’occasion d’un départ, nous avons demandé à Jef de nous donner sa vision de l’avenir, «J’ai toujours pensé partir à la prépension à 58 ans et finalement, ce fut 61 ans. Le gouvernement veut nous faire travailler tous plus longtemps, mais parallèlement, il ferme les portes des systèmes qui permettent de réduire le nombre d’heures de travail en fin de carrière, comme les emplois de fin de carrière par exemple. En fait, ce que veut le gouvernement, c’est que tout le monde (donc, les deux partenaires d’un ménage) continue simplement à temps plein jusqu’à ses 67 ans. Moi, je m’oppose à cette idée car je suis convaincu que travailler plus longtemps rend les gens malades. En ce sens, ma prépension est un acte de rébellion.»

Monsieur sécurité sociale

Ces dernières années, Jef occupait la fonction de Secrétaire fédéral à

la FGTB fédérale. Toutefois, c’est en tant que ‘monsieur sécurité sociale’ que Jef a fait ses preuves. La sécurité sociale, c’est en effet sa matière fétiche et c’est sur ce plan qu’il a obtenu ses principaux résultats. Au niveau de la conciliation de la vie professionnelle et familiale, nous avons quand même progressé, avec par exemple, l’introduction du congé de paternité et du crédit-temps, ou encore, la liaison au bien-être des allocations sociales. Ceci entre autres a permis de réduire d’un quart la pauvreté chez les pensionnés ces dix dernières années de manière à rejoindre la moyenne de 15% pour la population totale. Malheureusement, tout cela est maintenant remis en question. Cette pierre n’a jamais été fixée pour de bon et pourrait même disparaître totalement. «Autre exemple: la suppression du contrôle de pointage journalier. Beaucoup sont trop jeunes pour s’en souvenir, mais à Gand, nous, jeunes chômeurs, nous devions littéralement faire la file tous les jours dans une ancienne étable pour pointer. Ce n’est que le jourmême que vous saviez quand vous deviez venir pointer le lendemain. C’était particulièrement humiliant. Avec une pétition signée par environ 300 bourgmestres, nous sommes parvenus à supprimer ce contrôle.»

Politique de démantèlement

«Nous avons mis tout en œuvre pour sauver de nombreux groupes de la politique de démantèlement du gouvernement, par exemple, en rapport avec les prépensions, les métiers lourds, les carrières longues… Nous n’y sommes parvenus qu’en partie : nous n’avons pas pu sauver ces acquis pour les

générations futures. En ce sens, c’est un échec de notre génération. De cette façon, nous ne laissons pas à la génération à venir un meilleur régime social même si nous y avons mis toutes nos forces…» Jef se souvient qu’il fut un temps où négocier était encore possible. Mais avec l’actuel gouvernement, c’est tout simplement devenu impossible. Il nie complètement la concertation sociale.

Le syndicat et l’avenir

Comme c’est le cas pour tout départ, nous regardons aussi comment s’annonce l’avenir et la lutte syndicale dans ce cadre. «Les méthodes de production sont actuellement tellement éclatées, qu’il y a nettement moins de grandes entreprises. Celles-ci formaient la base syndicale. Les travailleurs qui font du télétravail ou qui sont occupés dans de petites entreprises sont beaucoup plus difficiles à atteindre. La communication doit s’aligner sur cette évolution, elle doit être beaucoup plus moderne. S’il y a de grandes actions aujourd’hui, l’appel à y participer passe par les médias sociaux. Nous devons davantage jouer cette carte.» Le taux de chômage est élevé depuis plus de 40 ans déjà et une sorte de résignation semble s’installer par rapport à cette problématique. Les gens n’ont plus le sentiment de pouvoir se révolter face à cette situation. «Nous devons souligner davantage nos réalisations, par exemple au niveau du crédit-temps ou du congé de paternité en début de siècle. Si vous voulez mobiliser les gens, il est important pour la majorité d’avoir le sentiment que

Jef prend la parole lors d’une action pour de meilleures pensions ( janvier 2016)

cela donnera quelque chose. Quand vous remportez une victoire, il faut mieux la communiquer.»

Dualisation

La population active est de plus en plus divisée. Les hautement qualifiés ont nettement moins de risques sociaux de maladie ou de chômage. L’espérance de vie en bonne santé des peu qualifiés est de 20 ans moins élevée que celle des plus qualifiés. Cette classe moyenne supérieure estime ne plus devoir supporter le risque social élevé que courent les peu qualifiés qui touchent de bas salaires. «Et après, les gens disent qu’il n’y a plus de classes aujourd’hui ? La dualisation de la société est une menace pour la sécurité sociale. Nous avons un atout majeur: 87 pour cent des Belges veulent garder notre modèle social. Plus

de 92% veulent garder notre système de santé, qui est d’ailleurs un des meilleurs au monde. Si nous jouons cette carte et que les partis politiques de gauche suivent, nous devons pouvoir ranger la majorité de la population derrière ce projet. Mais il est crucial que le syndicat ait aussi un relais politique ou un allié. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Dire que Kris Peeters (CD&V, ministre de l’Emploi et ancien président de l’organisation patronale UNIZO), est le visage social de ce gouvernement fédéral, c’est de la vaste blague!» «Je trouve que les partis de gauche en Belgique doivent carrément dire (comme l’a fait Elio Di Rupo) qu’ils veulent revenir à un âge de la pension à 65 ans s’ils reviennent au pouvoir. S’ils n’osent pas se profiler sur ce point, ils ne parviendront pas à faire la différence.»

> CINEMA

« Ceux qui sèment » Le Festival AlimenTERRE a le plaisir de vous annoncer sa projection de misaison le jeudi 16 juin à 19h au Cinéma Galeries à Bruxelles.

roun, Equateur et Canada) à la découverte de la diversité des agricultures familiales, qui emploie à elle seule 40% d’actifs dans le monde et produit 80% de l’alimentation mondiale. Ecrit par une série d’étudiants français en agronomie et réalisé par Pierre Fromentin, ce film documentaire permet SOS Faim, organisatrice du festival, a donc décidé de don- de mieux définir les différentes réalités de l’agriculture ner l'occasion au public de voir ou revoir ce magnifique familiale en explorant ses intérêts, ses limites, mais aussi documentaire intitulé «Ceux qui sèment», et qui sera suivi les menaces qui pèsent sur elle. du débat «Quelle agriculture pour demain? ».

plus grande organisation paysanne congolaise (CONAPAC) et de Virginie Pissoort, responsable campagne à SOS Faim. La discussion pourra être prolongée après le débat dans l'espace bar du Cinéma Galeries.

INFORMATIONS PRATIQUES : • 2014 – 55min – VF • Date : Jeudi 16.06.2016 à 19:00 • Tarif : 4€ (Projection + débat) • Réservations : contact@galeries.be // 02 514 74 98 LE DÉBAT: • Adresse : CINEMA GALERIES - Galeries de la Reine, LE FILM : «CEUX QUI SÈMENT» «QUELLE AGRICULTURE POUR DEMAIN?» 26 – 1000 Bruxelles Ce documentaire originalement mis en scène nous em- En présence de Vincent Delobel, jeune agriculteur belge • WWW.FESTIVALALIMENTERRE.BE mène sur les chemins de quatre continents (Inde, Came- engagé dans l’agriculture durable; d'un représentant de la


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> DIRECTIVE DÉTACHEMENT

«Carton jaune» pour une Europe plus sociale Pour une fois qu’elle prend une initiative qui va dans le sens d’une lutte contre ce dumping social, la Commission européenne se prend un « carton jaune ». Douze pays se sont en effet opposés à la révision de la directive sur le détachement qui fixe des règles égales de rémunération pour les travailleurs détachés et les travailleurs locaux.

N

os centrales professionnelles, et en particulier celles qui ont dans leurs compétences le transport (l’UBT) et la construction (la CG), n’ont de cesse de dénoncer le dumping social favorisé par le détachement de travailleurs étrangers. Sociétés boîtes-aux-lettres établies dans les pays de l’ancien bloc de l’Est qui envoient des chauffeurs souspayés chez nous; prix cassés dans la construction via le recours à des sous-traitants employant des travailleurs détachés : ce sont des milliers d’emplois qui sont menacés ou perdus chez nous en raison de cette concurrence déloyale. Quand la loi est respectée, le travailleur détaché reste en effet soumis aux cotisations sociales de son pays mais sa rémunération supposée être la même que celle de nos travailleurs peut se limiter au salaire minimum sectoriel. Et

bien entendu, dans le meilleur des cas, c’est de cela qu’il doit se contenter. La Commission européenne, toujours prête à sanctionner les entorses à la concurrence et à pourchasser les aides d’Etat plus ou moins déguisées aux entreprises, s’est généralement signalée pour son entêtement à poursuivre des politiques d’austérité qui ne marchent pas. Elle n’a par contre pour ainsi dire rien fait, que du contraire, pour empêcher la concurrence entre les travailleurs, plus connue sous le terme de « dumping social ». Mais sous la pression de plusieurs pays qui en font les frais, dont la Belgique, il a bien fallu qu’elle bouge. La Commissaire (belge) à l’Emploi, Marianne Thyssen a proposé au mois de mars d’adapter la directive sur le détachement pour y inclure trois restrictions importantes destinées à lutter contre le concurrence déloyale. 1°) L’obligation de rémunérer de la même manière les travailleurs détachés et leurs collègues du pays où ils travaillent. Cela en précisant la notion de rémunération qui ne serait plus simplement le salaire minimum du pays d’accueil mais «tous les éléments de la

rémunération rendus obligatoires par des dispositions législatives, réglementaires ou administratives nationales, par des conventions collectives ou des sentences arbitrales déclarées d’application générale et/ou, en l’absence d’un système permettant que les conventions collectives ou sentences arbitrales soient déclarées d’application générale, par d’autres conventions collectives ou sentences arbitrales au sens

Le détachement en Belgique La Belgique est le 3e pays de l’Union (après l’Allemagne et la France) où il y a le plus de travailleurs venant d’un autre pays avec 159.749 travailleurs détachés (derniers chiffres 2014). Ce chiffre a presque doublé depuis 2010. Contrairement à l’idée reçue, ce ne sont pas les Polonais les plus nombreux (15,8%) mais les Français (20%).

du paragraphe 8, deuxième alinéa, dans l’Etat membre sur le territoire duquel le travailleur est détaché.». L’obligation de rémunération égale serait étendue aux soustraitants. Un nouveau paragraphe est inséré qui permet aux Etats membres de généraliser, dans le cadre du détachement, l’obligation faite aux entreprises de ne soustraiter qu’avec des entreprises qui garantissent certaines conditions de travail et d’emploi concernant la rémunération applicables au contractant. Autrement dit, cette disposition enlève aux entreprises la possibilité de contourner la réglementation garantissant certaines conditions de travail et d’emploi « locales » concernant la rémunération. 2°) La limitation dans le temps du détachement. Si le détachement dure, ou a une durée prévue de, plus de 24 mois, le droit applicable à la relation de travail est celui du pays de détachement. Pour éviter les abus, la durée de 24 mois est calculée en cumulant l’occupation de travailleurs successifs pour la même tâche ayant une durée d’au moins 6 mois… 3°) Le travail intérimaire n’échapperait pas à la règle: pour les travailleurs intérimaires détachés dans un autre pays, le projet de directive impose le respect des conditions du travail du lieu de détachement (ce qui n’était qu’une faculté dans la directive 96/71). De plus la directive détachement serait étendue à l’ensemble des secteurs. Au départ, la directive détachement n’avait été prévue que pour le secteur de la construction, avec la possibilité laissé aux

Etats membres de l’étendre à tous les secteurs (ce qui était le cas de la Belgique). Dorénavant, il est prévu que la directive s’appliquera à tous les secteurs.

Quant à l’ Intérim, la position syndicale est d’exclure l’intérim de la directive détachement car il est trop souvent source d’abus.

Peut mieux faire

Carton jaune

Pour les syndicats, cette initiative est un pas dans la bonne direction mais il est largement insuffisant. La proposition reste trop limitée. Ainsi, si la notion de « rémunération » retenue intègre tous les éléments de la rémunération rendus obligatoires par la loi ou par CCT, elle ne couvre que les CCT rendues obligatoires ou ayant un effet général, ce qui n’englobe pas l’ensemble des CCT existantes, comme par exemple, pour la Belgique, les conventions d’entreprise. De même, la limitation du détachement à 24 mois risque d’être inopérante : dans la réalité les détachement sont beaucoup plus court. Pour être efficace, il faudrait que ce délai soit sensiblement raccourci et ramené à maximum 6 mois, éventuellement renouvelable après contrôle de la situation. La mesure anti-abus visant à prendre en compte les périodes successives est importante mais elle devient inutile si elle se limite à prendre en compte les détachements supérieurs à 6 mois car alors elle est facilement contournable. Enfin l’extension à la sous-traitance des obligations prévues par la directive est aussi un pas dans la bonne direction mais totalement insuffisant. Il faudrait au minimum imposer un mécanisme de responsabilité solidaire de l’ensemble de la chaine de soustraitance pour le paiement des salaires des travailleurs détachés.

Mis à part l’intérim (11,3%) qui peut s’appliquer à n’importe quel secteur, les secteurs où ils sont le plus représentés sont sans surprise la construction, l’industrie, le transport.

Malgré ces faiblesses, les modifications proposées par la Commissaire européenne ne plaisent pas au patronat européen qui s’est exprimé par la voix de la fédération patronale Business Europe. Pour le patronat européen, la directive avant modification est largement suffisante et le seul problème est le non-respect de la légalité. Il est contre les obligations imposées aux sous-traitants. Pour les patrons, s’il y a un problème, c’est celui des coûts salariaux trop élevés dans les pays d’accueil, la faible productivité et le retard point de vue innovation dans les pays qui se plaignent du dumping… Mais les patrons ne sont pas isolés. Douze pays se sont joints aux clameurs et ont activé la procédure du «carton jaune» qui permet de bloquer une directive. Instaurée par le traité de Lisbonne elle prévoit que les parlements nationaux peuvent rédiger des avis motivés lorsqu’ils estiment qu’un projet de directive n’est pas conforme au principe de subsidiarité (c’est-àdire que les Etats membres sont mieux placés pour légiférer dans un domaine) et si ces avis représentent un tiers des voix attribuées aux parlements, la Commission est obligée de réexaminer sa proposition, ce qui est le cas ici. Après avoir procédé à un réexamen de la directive, la Commission peut décider de maintenir, de modifier ou de retirer son texte. Si elle maintient son texte, le Parlement européen et le Conseil devront examiner s’il est conforme au principe de subsidiarité avant la fin de la première lecture. Si une majorité simple des membres du Parlement ou 55 % des membres du Conseil estiment que la proposition enfreint le principe de subsidiarité, son examen ne sera pas poursuivi. Les douze récalcitrants sont presque tous des pays de l’Est : Bulgarie, Croatie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République Tchèque, Roumanie, Slovaquie. S’y est joint le Danemark, Dieu sait pourquoi. Même la Commissaire ne comprend pas, le Danemark n’étant qu’au 18e rang des pays de détachement vers des pays tiers. Pour les 11 premiers, il est clair que c’est plus intéressant pour eux d’importer des devises et d’exporter leur chômage quitte à en créer chez nous.


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> CONSOMMATION

Electricité : gardez un œil sur votre contrat! D’année en année, parfois discrètement, parfois plus brutalement, votre facture d’énergie grossit. La libéralisation du secteur n’a pas tenu ses promesses en termes de prix bas, et il se peut que votre contrat avec votre fournisseur ne soit pas le plus avantageux. Il est donc essentiel de faire une mise à jour! «Par rapport à 2007 (date de la

libéralisation de l’énergie, ndlr), le prix final de l’électricité a augmenté en moyenne de 44,09% pour un client domestique. En valeurs absolues, le prix facturé au consommateur résidentiel a augmenté, en moyenne, de 305,22 EUR/période (+60,87%) en Flandre, de 213,44 EUR/période (+35,42%) en Wallonie et de 110,07 EUR/période (+18,81%) à Bruxelles.» C’est l’un des constats présentés dans l’étude sur «les composantes des

prix de l’électricité et du gaz naturel , réalisée par la CREG (Commission de régulation de l’Electricité et du Gaz »), en mars dernier.

Le SPF économie mentionne quant à lui une brutale augmentation de 11,9% entre 2014 et 2015 du prix de l’électricité. Il indique dans son rapport annuel qu’outre les coûts de distribution et de transport, «divers impôts et taxes exercent

également une influence non négligeable sur l’évolution de ces prix (par exemple, la hausse de la TVA pour l’électricité depuis septembre 2015). » Le gouvernement Michel a en effet augmenté le pourcentage de TVA de 6 % à 21 % à compter de septembre 2015. Pour un ménage résidentiel moyen, la facture d’électricité augmente de ce fait d’un peu plus de 100 € par an (source: CREG).

La libéralisation du marché de l’énergie, couplée aux récentes décisions gouvernementales en matière de TVA ne sont donc pas favorables aux ménages. De même, la CREG mentionne que ce sont souvent les produits les plus chers les plus vendus. 63% du marché de l’électricité est occupé par les offres les plus coûteuses. Les formules les moins chères ne représentent que 3% de parts de marché.

Attention aux contrats dormants !

Mais de quoi s’agit-il? Les contrats dits dormants sont ceux qui concernent les produits qui ne sont plus proposés aux nouveaux clients et n’apparaissent donc pas dans les résultats des simulateurs

de prix. Il ne s’agit pas de cas isolés. De très nombreux consommateurs, peut-être vous ou vos proches, ont signé un contrat, en 2007 par exemple, avec un nouveau fournisseur d’énergie. Des années plus tard, le plan tarifaire en question a très probablement évolué, et n’est peut-être même plus disponible pour les nouveaux clients. Pourtant, il vous est toujours appliqué. Est-il encore avantageux? Comment le savoir: en comparant votre produit (et fournisseur) avec les autres offres actuelles. Une démarche simple qui pourrait apporter son lot d’économies. Il serait donc possible de réaliser des économies sans nécessairement changer de fournisseur, mais en changeant tout simplement de plan tarifaire. D’où la nécessité de bien connaître le marché et les offres actuelles, de rester vigilant et de mettre les mains dans le cambouis pour voir si l’on paie bien «le juste prix » pour son énergie. Le CREG peut vous y aider, en mettant notamment à la disposition du consommateur son aperçu mensuel et semestriel des prix par fournisseur et par produit.

*Consulter toutes les publications de la CREG : www.creg.be

Prix de l’énergie: comparez les offres! Comment savoir si votre fournisseur d’énergie est vraiment avantageux? Si votre plan tarifaire est encore à la page? De nombreux sites internet offrent des «comparateurs» de qualité, validés par la CREG. En Wallonie, en 2016, il existe 12 fournisseurs d’électricité, 11 pour le gaz. Le nombre de «produits» disponibles pour l’électricité seule, s’élève à 54. La comparaison «manuelle» n’est donc pas chose aisée. Il existe donc de nombreux sites «comparateurs » des prix de l’énergie. Et comme tous ne se valent pas, la CREG a élaboré une Charte de bonnes pratiques pour les sites Internet de comparaison des prix en concertation avec le secteur. Il existe dès lors un label «CREG» qui permet de faire la différence entre ces sites. La charte s’applique aux fournisseurs de services des sites de comparaison des prix pour l’électricité et le gaz pour les utilisateurs résidentiels et les PME. Elle a été approuvée le 4 juillet 2013. Les fournisseurs de service des sites de comparaison de prix de l’Electricité et le Gaz ayant adhéré à la présente charte mentionnent sur leur site web: «Signataire de la charte de bonnes pratiques en

matière de sites de comparaison des prix pour l’électricité et le gaz pour les utilisateurs résidentiels et les PME» et peuvent y apposer le logo «CREG ».

Les sites Internet de comparaison des prix portant le label de la CREG satisfont aux critères de qualité suivants régulièrement contrôlés :

1. Indépendance vis-à-vis de tout fournisseur d’énergie : Le prestataire de service doit être indépendant d’un fournisseur de gaz ou d’électricité et doit fournir des informations impartiales et cohérentes. 2. Impartialité, par laquelle aucun fournisseur n’est avantagé ou désavantagé: 3. Comparaison des prix optimale, tenant compte des variations de la consommation énergétique au cours de l’année et offrant une meilleure comparaison des contrats à prix fixe et prix variable 4. Convivialité, accessibilité et fourniture d’informations correctes et exhaustives Pour une comparaison de qualité, vous pouvez vous reporter à la liste des prestataires de services qui ont signé la charte. http:// www.creg.info/pdf/Faq/charte_bonnes_pratiques.pdf Quelques exemples de sites de comparaison. Munissez-vous de votre facture pour obtenir une comparaison optimale sur base de chiffres réels. www.monenergie.be/ http://www.comparateur-energie.be/ https://www.test-achats.be/maison-energie/energie/calculateur/ energie-qui-deviendra-votre-fournisseur http://www.compacwape.be http://www.brusim.be (Bruxelles)

Rédaction: Syndicats - 42 rue Haute, 1000 Bruxelles Nicolas Errante: rédacteur en chef Aurélie Vandecasteele: journaliste. E-Mail: syndicats@fgtb.be Secrétariat: Sabine Vincent - Tél.: 02/506.82.45 Service abonnements: 02/506.82.11

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UNION BELGE DU TRANSPORT

SYNDICATS • N°10 • 27 MAI 2016

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«Employeurs défaillants» dans le secteur du transport «Un cou gros comme ça» disait feu mon père, parlant des personnes tellement éprises d’elles-mêmes qu’elles ne se souciaient plus des autres. Les succès, vrais ou faux, incitent parfois à l’arrogance. C’est ce que nous vivons aujourd’hui: des employeurs avec un gros cou qui enterrent la concertation sociale, des «employeurs défaillants». Lorsque l’employeur ne paie même pas correctement les salaires ...

C’était le PDG d’Aviapartner, monsieur Laurent Levaux, qui avait lancé la semaine dernière un appel pour interdire les grèves spontanées des bagagistes à Zaventem. Il ne manque pas de culot, ce PDG, qui ne daigne même pas payer (correctement) son personnel. Pourtant, les bagagistes se plient en quatre depuis des mois pour faire face au coup très dur que Zaventem a dû encaisser après l’attentat terroriste. Le jour de l’attentat, ils ne se sont pas enfuis, ils sont restés sur place pour secourir les victimes et les passagers en détresse. Ensuite, ils ont participé à la relance de l’activité dans d’autres aéroports (Liège, Ostende, et même Lille ...). Ils ont fait des heures supplémentaires, effectué de longs trajets coûteux, passé la nuit dans ces avantpostes… Et entretemps, un syndicat de police corporatiste et le ministre de l’Intérieur N-VA Jambon insinuaient toutes sortes de choses à leur égard. Mais ils ont continué à travailler, imperturbables ! Pourtant, monsieur Levaux ne jugeait pas nécessaire de payer correctement leurs heures et les frais qu’ils avaient engagés, même après que les syndicats l’avaient interpelé, au niveau approprié, c’est-à-dire dans les organes de concertation. Lorsque les bagagistes ont reçu leur

fiche de paie, ils ont spontanément – et avec raison – débrayé. Le calcul des salaires chez Aviapartner présente d’ailleurs de graves manquements depuis des mois : erreurs de calcul, salaires incorrects. Les représentants syndicaux avaient été envoyés sur les roses avec un “ne vous inquiétez pas, cela va s’arranger ». Mais entretemps, le personnel devait payer ses factures à la fin du mois ! L’histoire d’Aviapartner est celle d’un employeur défaillant qui ne respecte pas ses obligations mais donne entretemps des leçons aux autres sur ce qu’on peut et ce qu’on ne peut pas faire. Ces derniers mois, plusieurs membres de la direction et plusieurs cadres ont quitté l’entreprise qui ressemble de plus en plus à un avion sans pilote. Si l’entreprise ne s’est pas encore écrasée au sol, c’est grâce aux efforts et à la détermination de son personnel. Les bagagistes n’ont donc pas de leçons à recevoir de monsieur Levaux quand il s’agit de l’exercice du droit de grève. Les bagagistes méritent du respect et non pas des reproches. Mais monsieur Levaux préfère manifestement la confrontation à la concertation sociale.

Fernand Huts, amateur d’art ...

... mais ennemi des travailleurs. Fernand Huts, du point de vue économique un homme d’affaires à

confrontation à la concertation sociale.

Il est temps de réagir

succès, mais un fiasco du point de vue relations sociales. Ses attaques incessantes contre le statut des travailleurs portuaires sont légendaires. Ce mécène amateur d’art se révèle être un grand inquisiteur dans son acharnement à s’attaquer à un système qui fonctionne bien. A-t-on déjà oublié que l’an dernier, le port d’Anvers a traité 200 millions de tonnes de marchandises? Et ce grâce aux travailleurs portuaires bien formés et au statut décent. Et que ce succès s’est poursuivi au cours du premier trimestre de cette année ? Mais ce ne sont pas seulement les travailleurs et leurs organisations syndicales qui font l’objet d’attaque. Les employeurs désireux de recourir au système du pool, conformément à la proposition de compromis du ministre Peeters, sont eux aussi mis sous pression par Fernand Huts. Il les attaque dans les médias, exerce des pressions sur des employeurs individuels, … dans sa croisade contre ceux qui préfèrent des relations sociales équilibrées, tous les moyens sont bons.

L’UPTR attaque les chauffeurs professionnels Il n’y a pas que des employeurs individuels défaillants. Certaines fédérations patronales préfèrent également la confrontation à la concertation sociale. L’UPTR se vante d’être la fédération patronale la plus importante du secteur transport et logistique. Si tel était le cas, elle choisirait résolument la voie de la concertation sociale afin de résoudre les problèmes au lieu d’en créer. Mais l’UPTR fait exactement le contraire. Les chauffeurs confrontés à la perte définitive de leur sélection médicale et se trouvant donc dans l’incapacité d’exercer encore leur métier, bénéficiaient jusqu’ici d’une compensation financière limitée lorsque leur employeur n’était pas en mesure de leur offrir un travail adapté. Alors que tous les autres partenaires sociaux sont d’accord pour aider les vingt cas annuels qui se produisent, l’UPTR dénonce unilatéralement la CCT en question… Pourquoi? Parce qu’elle préfère la

L’UBT appelle tous les travailleurs du transport à organiser la résistance. Résistance face à un gouvernement qui exauce tous les vœux d’un patronat défaillant mais arrogant. Résistance face à la suppression de la semaine de 38 heures ou à l’instauration de contrat d’intérim à durée indéterminée. Résistance face au calcul de la pension en points. Résistance face au démantèlement des services publics, face au travail maniable qui remplacera le travail faisable. Mais résistance aussi face aux employeurs défaillants qui n’ont plus aucun respect pour les travailleurs du transport, qui organisent le dumping social et dynamitent la concertation sociale. Comme nous manifesterons tous ensemble le 24 mai, nous appelons tous les travailleurs du transport à suivre l’appel à la grève de la FGTB pour le 24 juin, quelle que soit l’organisation syndicale à laquelle ils sont affiliés. Il n’y a jamais de bon moment pour faire grève, ce n’est donc pas une raison pour nous laisser diviser. Les travailleurs, affiliés FGTB, CSC ou CGSLB, tous sont touchés dans la même mesure. Réagissons donc tous ensemble. Nous manifesterons également ensemble le 29 septembre et ferons grève ensemble le 7 octobre prochain. Ce jour-là, le gouvernement fêtera son deuxième anniversaire… et ses deux ans de politique de régression sociale. Dérangeons donc ensemble la fête d’anniversaire de Michel et de De Wever, car nous pouvons, nous devons renverser la vapeur.

Pas de flexi-jobs dans le secteur du transport!

C

e mercredi 18 mai, une audition a été organisée par la commission «Infrastruc-

ture, communications et entreprises publiques » de la Chambre

des représentants. Aussi bien des représentants des employeurs que des organisations syndicales sont venus parler des difficultés que connaît le secteur, tandis que la police fédérale a exposé sa manière de contrôler les temps de conduite et de repos et le tachygraphe. Une parlementaire de l’Open-VLD, Nele Lijnen, a proposé, l’air de rien, d’introduire des flexi-jobs dans le secteur. Proposition bien sûr inacceptable pour l’UBT ! Aussi bien les fédérations patronales (Febetra, TLV, UPTR) que les organisations syndicales étaient présentes à l’audition. Au nom de l’UBT, John Reynaert, adjoint au secrétaire fédéral, a exposé aux membres de la commission la réalité du dumping social : des transporteurs belges qui ont créé eux-mêmes des entreprises (boîtes

aux lettres) en Europe de l’Est, des chauffeurs belges licenciés alors qu’il y a de plus en plus de camions sur nos routes, les chauffeurs exploités des pays de l’Europe de l’Est et les donneurs d’ordre qui mettent sous pression les prix des transports.

Dumping social : l’esclavage moderne

Un représentant de TLV prétendait que les chauffeurs de l’Europe de l’Est gagnent quand même beaucoup, jusqu’à trois fois le salaire d’un professeur d’université dans leur pays. Et qu’il n’est pas question d’esclavage comme l’affirment parfois les organisations syndicales. Il a immédiatement été contré par un représentant de la police fédérale qui a dit explicitement que les chauffeurs de l’Europe de l’Est sont victimes d’une exploitation impitoyable de la part de leurs employeurs: amendes déduites de leur salaire, réparations au camion payées par les chauffeurs

eux-mêmes, retenues sur salaire lorsqu’ils arrivent trop tard à leur destination. Et souvent, ils ne sont pas payés ou ne le sont qu’en partie ! Il a terminé son intervention en disant qu’il est effectivement question d’esclavage moderne !

Les employeurs réclament une diminution des coûts salariaux

Toutes sortes de statistiques à l’appui, les employeurs ont tenté de démontrer que les coûts salariaux sont beaucoup trop élevés. Aussi bien Febetra que TLV et l’UPTR oubliaient cependant de citer les conséquences positives du tax shift et du saut d’index. John Reynaert a rappelé que le salaire des chauffeurs n’est pas élevé du tout, au contraire, s’ils obtiennent un salaire moyen, c’est grâce aux nombreuses heures qu’ils prestent! Heures pour lesquelles ils paient un prix extrêmement élevé: problèmes de santé, conséquences pour la vie familiale, ...

La solution de l’Open-VLD : les flexi-jobs

Une députée de l’Open-VLD avait trouvé la solution pour diminuer les coûts salariaux: l’introduction de flexi-jobs dans le secteur du transport. Ces flexi-jobs seraient exercés par des personnes qui ont déjà un emploi stable d’au moins 4/5è. Elles pourraient donc, comme c’est déjà le cas dans le secteur Horeca, exercer une activité accessoire, moins taxé dans le chef de l’employeur et du travailleur. Selon cette députée libérale flamande, ce serait LA solution pour faire baisser les coûts salariaux car le chauffeur coûterait moins cher pendant au moins un jour par semaine… La réaction de John Reynaert ne s’est pas faite attendre: «Faire baisser

le coût salarial de cette manière est inacceptable. Car les premières victimes seront les chauffeurs de camion professionnels. Ces travailleurs occasionnels qui n’auront aucune expérience, rouleront un jour par semaine avec tous les risques

John Reynaert : «Les flexi-jobs sont contraires à un secteur du transport honnête »

que cela implique pour la sécurité routière.»


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DOSSIER

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MANIFESTATION 80.000 travailleurs ont exprimé le 24 mai dernier à Bruxelles leur ras-le-bol de la politique du gouvernement Michel et des attaques incessantes des employeurs contre les droits des travailleurs. Cette manifestation n’était que le coup d’envoi d’une mobilisation qui culminera avant les congés avec une grève générale de 24 heures le 24 juin. Puis une manifestation nationale en front commun est prévue le 29 septembre, suivie d’une journée de grève nationale interprofessionnelle le 7 octobre. Les services publics seront quant à eux en grève le 31 mai.

Les 10 péchés capitaux du gouvernement Michel-De Wever Que reproche-t-on à ce gouvernement? En résumé sa politique d’austérité au détriment de la sécurité sociale, des services publics et des revenus du travail; ses attaques permanentes des droits des travailleurs pour satisfaire les revendications patronales; son mépris pour la concertation sociale ou plus exactement pour le banc des travailleurs. Enfin le deux poids deux mesures qui consiste à épargner les gros revenus et à chercher des recettes et des économies du côté des salaires et des allocations sociales. Mais la goutte qui fait déborder le vase, après la pension à 67 ans, c’est la volonté du ministre de l’Emploi d’imposer une flexibilité du temps de travail qui enterre quasiment la semaine des 38 heures via les heures supplémentaires et met à mal nos systèmes de négociation collective. 1°) Un appauvrissement pour les petits revenus Pour financer un tax shift qui ne touche que peu de travailleurs et offrir des réductions de cotisations sociales aux employeurs, le gouvernement a bloqué les salaires et imposé un saut d’index pour les seuls revenus du travail et pour les allocataires sociaux. Il a relevé la TVA sur l’électricité et relevé les accises. L’un dans l’autre, un ménage moyen perd entre 1.200 et 1.500 euros par an, soit au moins 100 euros par mois que le tax shift ne compense pas. Pas plus que les «corrections sociales» pour les allocations sociales qui ne sont que la liaison au bien être prévue par la loi. Si le pouvoir d’achat baisse, la consommation stagne et l’économie aussi. 2°) Une politique d’emploi au seul profit des employeurs et des actionnaires. La politique d’emploi du gouvernement consiste à réduire ce qu’il appelle les «coûts du travail », c’est-à-dire les salaires, et à faire des cadeaux aux employeurs en plus des aides déjà existantes qui se montent déjà à plus de 11 milliards par an. La réduction des cotisations sociales pour les employeurs sont financées par les travailleurs via le blocage des salaires et le saut d’index mais sans garantie d’embauche. L’exemption totale de cotisation pour une première embauche aura un effet d’aubaine. Mais surtout l’extension de la limite autorisée pour les heures supplémentaires ne favorisera certainement pas l’emploi. Pas plus que la prolongation des carrières via la liquidation des prépensions, le renforcement des conditions d’accès à la retraite anticipée ou à terme le recul de l’âge de la retraite à 67 ans. Les jeunes vont rester plus longtemps aux portes de l’emploi. 3°) La déglingue des services publics. Obsédé par l’équilibre budgétaire tel que défini dans le Pacte de Stabilité européen, le gouvernement se garde bien de chercher des recettes nouvelles ailleurs qu’au détriment des revenus du travail. Non seulement il refuse de toucher aux intérêts notionnels qui coûtent un pont sans avantages pour l’économie, mais il refuse même de récupérer 900 millions d’avantages fiscaux à une trentaine de multinationales que l’Europe juge injustifiés. Le gouvernement préfère tailler dans les budgets des services publics déjà sous-financés et bien mal en point. La Justice, la police, les gardiens de prison, le Fisc sont souséquipés et en sous-effectifs. Ils ne peuvent plus fonctionner normalement. Le sous-investissement à la SNCB pose des problèmes à la fois de sécurité et de mobilité. Les infrastructures se déglinguent faute d’entretien. L’Etat est «défaillant». 4°) Le détricotage de la sécurité sociale Les réforme successives du chômage, des prépensions, du crédit-temps ont affaibli le système assurantiel et réduit la protection sociale. Les chômeurs âgés n’ont plus droit au complément d’âge. Des milliers de jeunes ont étés exclus du chômage.

5°) Le report de l’âge de la pension à 67 ans. En outre, la réforme annoncée des pensions avec un système à points et une remise en question des périodes assimilées (période d’inactivité qui comptent pour le calcul de la carrière et de la pension) aura pour conséquence de réduire encore le montant des futures pensions qui sont déjà basses, et en particulier les pensions du secteur public que le gouvernement veut aligner vers le bas sur celle du privé. 6°) Les invalides remis au travail La population active est vieillissante. Forcer les gens à travailler plus longtemps ne les empêche pas de tomber malade. C’est pourquoi le nombre des malades de longue durée a grimpé. La ministre de la Santé Maggie De Block envisage de renforcer les contrôles et de pousser les malades à reprendre le travail au moins à temps partiel, voire via des «flexi-jobs». 7°) Une fiscalité injuste Presque tout le poids de l’impôt repose sur les revenus du travail. Les scandales financiers se succèdent. Après Lux-Leak, après le scandale des rulings luxembourgeois et belges, ces arrangements avec le Fisc qui permettent aux grosses entreprises de réduire considérablement leur facture fiscale, les Panama Papers nous révèlent que pas moins de 732 contribuables belges, particuliers fortunés ou grosses entreprises, ont créé des sociétés écrans au Panama pour placer leur argent dans des paradis fiscaux et échapper à l’impôt. Parmi eux des diamantaires anversois qui ont pourtant bénéficié d’un traitement fiscal particulièrement avantageux. Loin de traquer ces fraude, le gouvernement multiplie les amnisties fiscales, dites «libératoires» et «uniques» et refuse de revoir les impôts sur le capital. Il parle au contraire de réduire l’impôt des sociétés. 8°) Plus de flexibilité, plus de précarité et plus de difficulté à concilier travail et vie privée Le gouvernement a mis en chantier une série de réformes du droit du travail pour favoriser la flexibilité. Ces réformes sonnent le glas de la semaine de 38 heures et renforcent la précarité des contrats. Le ministre Peeters compte ainsi porter à 143 heures le nombre d’heures supplémentaires possibles avant récupération + un crédit complémentaire de 100 heures. Ces 100 heures que le travailleur risque d’être obligé d’accepter sans nécessairement pouvoir les récupérer porteraient la semaine effective de travail à 40 heures. Le ministre Peeters propose de permettre aux secteurs de déroger aux 9h/40h en portant la journée maximale de travail par jour à 11h et la durée hebdomadaire à 50h. Le sursalaire ne jouerait qu’à partir de la 12e heure de travail. Le travail ne serait considéré de nuit qu’à partir de 22h au lieu de 20h. 9°) Un blocage des salaires permanent Le même ministre de l’Emploi compte modifier la loi de sauvegarde de la compétitivité qui fixe la norme salariale et garantit l’indexation des salaires pour mieux cadenasser les salaires et remettre en question l’indexation automatique. La norme salariale deviendrait impérative et des corrections automatiques pourraient conduire au blocage – voire à la réduction – automatique des salaires. 10°) La démocratie sociale et le droit de grève menacés Parmi ces mesures, beaucoup relèvent de la concertation entre les employeurs et les syndicats. Le gouvernement ignore cette concertation pour ne servir que les intérêts des employeurs. Il va plus loin en laissant la flexibilité du travail s’appliquer au niveau des entreprises sans concertation avec les syndicats. Il menace de restreindre le droit de grève via le service minimum dans les services publics mais aussi dans le secteur privé et faisant déposer par ses députés des propositions de loi limitant le droit de grève ou imposant des pénalités financières aux syndicats pour les paralyser et les faire taire.

La coupe est pl


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On peut faire autrement

Nos alternatives à la politique antisociale du gouvernement Jobs La création d’emplois via une politique de relance et d’investissements; Une véritable approche de la soutenabilité du travail sur l’ensemble de la carrière, avec un emploi adapté pour les travailleurs âgés, la sauvegarde du crédit-temps et de l’interruption de carrière et la garantie d’emplois décents pour les jeunes. Pas de flexibilité imposée unilatéralement dans les secteurs et les entreprises; Des investissements dans les services publics, les infrastructures et le nonmarchand; Des alternatives telles que la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires.

Pouvoir d’achat Le respect de l’indexation automatique des salaires et des allocations sociales ainsi que de la liberté de négociation; Des services publics forts, de qualité et accessibles parce qu’ils représentent un important pouvoir d’achat pour tous les citoyens grâce à une redistribution fiscale juste des richesses produites.

un euro, peu importe comment on le gagne; Une contribution accrue des revenus du capital et des loyers plutôt qu’un renforcement de l’imposition sur la consommation; La priorité à la lutte contre l’évasion fiscale et la criminalité financière.

Services publics de qualité Des services publics suffisants et de qualité au service de tous. Une diminution des services publics renforce en effet le pouvoir des plus forts, de ceux qui en ont les moyens; Un enseignement qui reçoive les moyens d’enseigner aux jeunes et de les accompagner pour en faire des adultes bien formés, solides et critiques.

Sécurité sociale Un financement stable et suffisant de sorte que tous ceux qui doivent vivre d’une allocation perçoivent un revenu décent; Une assurance maladie de qualité, accessible à tous.

Pensions Le rétablissement de l’âge de la pension légale à 65 ans; Des pensions décentes et dignes; L’alignement des pensions du privé sur celles du public; Le maintien du mode de calcul actuel de la pension, pour le secteur public comme pour le secteur privé; Le maintien des périodes assimilées et un meilleur calcul de la pension pour les femmes qui travaillent à temps partiel; La prise en compte de la pénibilité du travail pour déterminer la durée de la carrière et l’âge de départ.

Fiscalité équitable Une contribution égale de tous les revenus, en fonction de la capacité contributive, selon le principe de la globalisation des revenus. Un euro est

Nos alternatives reposent sur un modèle de société plus juste. Avec une fiscalité juste. Avec des services publics de qualité. Avec une protection sociale solide. Dans le respect de la concertation sociale et de la liberté de négociation.


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> PROTESTATION CONTRE LES PLANS DU GOUVERNEMENT

> POINT DE VUE

Soyez prêt pour le 24 juin

Tout d’abord, merci à toutes les travailleuses et tous les travailleurs qui ont choisi de voter pour la FGTB lors des élections sociales. Merci aussi et félicitations aux militants et délégués qui renforcent notre syndicat. Nous devons taper du poing sur la table. La coupe est pleine. Jusqu’où les employeurs et leurs fidèles toutous du gouvernement ont-ils l’intention d’aller? Ils considèrent que nous vivons au-dessus de nos moyens. Et donc, ils sabrent avec des mesures que nous devrions accepter sans broncher. Nous devrions même être reconnaissants envers les sauveurs de notre pays qui nous sortent du marasme. Ouille. Et dire que les millions d’hommes et de femmes qui vivent de leur travail ne s’en rendent pas compte. Nous avons trop. Et donc, il a fallu organiser un saut d’index, les salaires ont été bloqués et de nouvelles taxes ont été introduites. Nous profitons trop de la vie, donc l’âge de la pension a été porté à 67 ans. Les demandeurs d’emploi s’en sortent trop bien, leurs allocations de chômage sont donc rabotées. Les travailleurs malades sont en trop bonne santé. Il faut donc les remettre au travail. Les travailleurs à temps partiels, majoritairement des femmes, ont trop de confort, il va donc falloir se débrouiller sans aucune planification. D’ailleurs, nous sommes tous beaucoup trop dans le confort. Un peu de flexibilité S.V.P. Devons-nous vraiment gober tout cela sans broncher? Pour qui nous prennent-ils? L’indignation et la colère grondent. Parce que nous sommes traités comme des outils bon marché. Parce que nos objections sont rejetées avec mépris. Et aussi parce que la recette de régression utilisée par le gouvernement ne marche pas. Son budget ne tient pas la route, les ministres de droite vont très bientôt venir une fois de plus chercher 3 milliards d’euros. Dans la poche des travailleurs et des citoyens ordinaires. Où d’autre? L’opposition face à cette politique désastreuse ne sera jamais assez forte. Nous avons manifesté en masse le 24 mai. Et nous ferons grève avec la FGTB le 24 juin. Nous n’attendrons pas un jour de plus. Les vacances sont à nos portes et le gouvernement en profitera pour mener à bien ses plans. Nous devons nous révolter maintenant. MAINTENANT, en lettres capitales. C’est maintenant que nous devons faire entendre aux dirigeants de droite que c’est avec des emplois, du pouvoir d’achat et des impôts justes que nous nous en sortirons. Nous n’acceptons plus leurs méthodes. Soyez prêt pour le 24 juin. Pour une grève générale. N’attendez pas qu’il soit trop tard. (24 mai 2016)

Robert Vertenueil Secrétaire général

Werner Van Heetvelde Président

Ce gouvernement rend le travail à temps partiel impossible Le 23 mai, la veille de la manifestation nationale, plus de 1000 travailleurs et travailleuses à temps partiel ont mené une action ludique contre les plans du ministre de l’emploi, Kris Peeters, qui entend complètement détruire leurs conditions de travail. L’action était menée de concert par la Centrale Générale – FGTB et le SETCa, la centrale des employés. Retrouvez plus d’infos en page 14 et 15. Selon Peeters, les employeurs devraient avoir la liberté de prévenir les milliers de travailleurs à temps partiel la veille qu’ils doivent travailler le lendemain. C’est impossible et donc inacceptable. En outre, le sursalaire jusque-là dû pour les heures complémentaires serait tellement restreint, que dans la pratique, celuici ne serait plus jamais payé. Nous avons demandé à trois travailleuses de nos secteurs ce qu’elles en pensent. Pour elles, il est évident que personne ne peut accepter de telles mesures.

Cette nouvelle flexibilité, c’est ouvrir la porte à tout et n’importe quoi. Il y a déjà beaucoup de flexibilité dans le secteur des titres-services. Changer d’horaire à la dernière minute, c’est aussi un gros problème pour arriver à s’organiser pour le co-voiturage ou le bus. Sans parler des enfants. C’est honteux, on donne encore plus de pouvoir au patron. Nous, quand on a un empêchement ou autre, on doit prévenir au minimum une semaine à l’avance. Tout va toujours dans le même sens et nous, on nous presse de plus en plus. Julie Vincq, travailleuse dans les titres-services Comme beaucoup de mamans, je travaille à temps partiel. Cela me permet d’être là pour mes enfants le mercredi après-midi. Si cela devait changer, j’aurais un gros problème. Mes moyens sont déjà assez limités comme ça. Je constate que nous n’avons plus notre mot à dire sur rien et là où avant on adaptait le travail à l’homme, aujourd’hui, c’est l’homme qui doit s’adapter au travail. Et si on refuse, on s’expose au licenciement ou à des sanctions. Vanessa Beckerich, travailleuse à temps partiel dans les titres-services Chez nous, le patron ne veut pas donner des temps plein, il dit que physiquement, nous n’arriverions pas à tenir 8 heures. Ce qui a pour conséquence que financièrement, le temps partiel est déjà difficile à vivre. Si on rajoute encore cette flexibilité, on ne va vraiment plus s’en sortir. Ceux qui combinent deux temps partiels n’auront même plus la possibilité de le faire. Linda Roch, travailleuse dans le nettoyage

> SECTEUR DES ETA

40 nouveaux emplois grâce à nos efforts Grâce aux efforts de la Centrale Générale – FGTB, 40 emplois de qualité seront créés dans le secteur des ETA, les Entreprises de Travail Adapté. C’est une bonne nouvelle, pour un secteur particulièrement en souffrance. Les emplois créés le seront par le biais du Fonds Maribel social. Il faut savoir que le fonds finance actuellement 187 emplois. La création de ces 40 emplois

représente donc une augmentation de plus de 20%. Outre la création de 40 emplois à proprement parler, l’aspect qualitatif est également très important pour la Centrale Générale – FGTB. A ce niveau aussi, il y a de quoi être satisfait puisque les emplois créés seront exclusivement des contrats à durée indéterminée. Une belle victoire pour un secteur qui en a bien besoin.

C’est mieux, mais pas assez

Une avancée dans la lutte contre les substances cancérogènes Chaque année dans l’Union européenne, 100.000 travailleurs décèdent des suites d’une exposition à des substances cancérogènes sur leur lieu de travail. Le mouvement syndical réclame depuis longtemps déjà une meilleure protection des travailleurs. La Commission européenne vient enfin de prendre une initiative qui va dans ce sens en imposant des valeurs limites pour 13 nouvelles substances cancérogènes. C’est mieux, mais pas assez. Une valeur limite d’exposition sera instaurée pour 13 nouvelles substances cancérogènes. En clair, les travailleurs ne pourront pas être exposés à des valeurs plus élevées que les limites imposées. Dans la directive précédente, seulement 5 substances étaient concernées. 18 substances seront donc dorénavant limitées et d’ici la fin de l’année, 12 autres substances viendront encore s’y ajouter.

Un tout petit pas dans la bonne direction

En 2002 déjà, une adaptation était annoncée, mais elle était restée sans suite. C’est donc une avancée positive. Mais nous devons toutefois garder l’esprit critique. On estime que près de 50.000 substances dangereuses sont présentes sur les lieux de travail. La Confédération Européenne des Syndicats a par ailleurs dressé une liste de 71 substances et

procédés de production pour lesquels il faut fixer d’urgence des valeurs limites. De plus, les valeurs limites proposées par la Commission pour certaines substances sont beaucoup moins sévères que celles qui sont actuellement en vigueur dans divers pays. C’est le cas pour 10 des 13 substances. Un des problèmes qui persiste concerne la poussière de quartz, responsable de la silicose et du cancer du poumon. Les travailleurs sont encore toujours insuffisamment protégés contre les dangers de cette substance. La législation belge ne subira pas beaucoup de modifications. En Belgique, toutes les substances qui sont mentionnées dans la nouvelle directive sont déjà intégrées dans deux Arrêtés royaux qui réglementent les substances chimiques dangereuses et cancérogènes. Par ailleurs, la législation belge est plus sévère que la législation européenne pour 5 substances. Le Parlement européen peut encore tenter d’améliorer la proposition. Il pourrait, par exemple interdire les substances dangereuses pour la fertilité. Les syndicats et les organisations de la santé avancent cette demande depuis des années. Pourquoi ce dossier a-t-il traîné aussi longtemps et qu’en est-il des dangers de la poussière de quartz? Vous pouvez en lire plus sur notre site web www.accg.be.


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> UNE MEILLEURE REPRÉSENTATION POUR LES OUVRIERS DE LA CONSTRUCTION

Retroussez vos manches et devenez délégué!

Le nombre de délégués syndicaux dans la construction va Depuis quelques augmenter et c’est une bonne chose. Plus de délégués signifie années, nos visites de pour les ouvriers de la construction qu’ils seront encore mieux chantier ont bien changé, dans le Depuis quelques bon sens. En peu de temps, nous avons années, nos visites de informés sur tout ce qui a trait à leur travail et sur leurs droits. fait un travail énorme et aujourd’hui, quand chantier ont bien changé, dans le Ils auront ainsi aussi davantage voix au chapitre et leurs on arrive sur un chantier et qu’on voit que tout bon sens. En peu de temps, nous avons fait un énorme et aujourd’hui, quand est en ordre, ça fait plaisir. intérêts pourront être plus largement défendus. Reste àtravail présent on arrive sur un chantier et qu’on voit que tout beaucoup de travail à faire autour du Il reste aux ouvriers à saisir cette opportunité. Si vous vous sentez est en ordre, ça fait plaisir. dumping social, ça détruit l’emploi et ça beaucoup de travail à faire autour du casse le moral des travailleurs. une vocation de délégué, n’hésitez pas à contacter laIl reste FGTBdumping social, ça détruit l’emploi et ça Michel Boulanger, délégué chez Construction. casse le moral des travailleurs. COFELY FABRICOM, Braine

Boulanger, délégué chez L’Alleud Il n’y a pas eu d’élections sociales dans la construction, lesMichel mandats enBraine COFELY FABRICOM, L’Alleud conseil d’entreprise (CE) et comité pour la prévention et la protection au C’est une bonne chose Les délégués d’avoir plus de délégués. Chez travail (CPPT) ont été répartis entre les organisations syndicales. Cepen- C’est une bonne chose sont indispensables nous, il y en aura quatre en plus. Ils Les délégués dant, pour donner un droitildea été convenu avec les employeurs que les ouvriers du bâtiment d’avoir plus de délégués. Chez apporterons de nouvelles idées, ce qui sont indispensables nous, il y en aura quatre en plus. Ils parole aux travailleurs. Sans disposeraient de plus de délégués. C’est une ancienne revendication qui est enrichissant. Et quand nous sommes plus pour donner un droit de apporterons de nouvelles idées, ce qui la protection des délégués, cette nous pouvons mieux soutenir nos parole aux travailleurs. Sans est enfin satisfaite. est enrichissant. Et quand nous sommesnombreux, plus mission serait impossible, personne

collègues. la protection des délégués, cette nombreux, nous pouvons mieux soutenir nos Car chez nous, il y a encore beaucoup à n’oserait se plaindre de quoi que ce soit faire. Nous mission serait impossible, personne collègues. Car chez nous, il y a encore beaucoup à devons vérifier si les salaires sont bien en face du patron. Sans délégué, ce serait Pourquoi c’est important ? n’oserait se plaindre de quoi que ce soit correctes, faire. Nous devons vérifier si les salaires sont bien ce qui est encore un gros problème tous les en face du patron. Sans délégué,l’injustice ce serait et l’exploitation dans notre entreprise. Et le respect des cct correctes, ce qui est encore un gros problème Avec pour plus de délégués, les intérêts des ouvriers du bâtiment seront nettravailleurs. l’injustice et l’exploitation pour tous les également notre grande attention. dans notre entreprise. Et le respect desdemande cct tement mieux défendus. Et c’est une nécessité, comme en témoignent travailleurs. Gilbert Gruselle, délégué chez demande également notre grande attention. Pascal Decloedt, délégué chez Verhelst, structure Gilbert Gruselle, délégué chez Jumatt, maisons les àdélégués ci-contre. Le must absolu : plus de temps et plus de délégués matériaux de construction, Pascal Decloedt, délégué chez Verhelst, bois, Andenne Jumatt, maisons à structure Oudenburg pour effectuer les visites de chantier pour contrôler la sécurité, mais aussi matériaux de construction, bois, Andenne Oudenburg Je trouve surtout important

et surtout pour dépister et combattre le dumping social.

Je trouve surtout important En outre, plus de délégués, ça permet aussi de mieux aider et assister les d’être là pour les camarades. Il faut d’être là pour les camarades.entretenir Il faut un bon contact avec eux, être collègues en proie à des questions et des problèmes personnels. entretenir un bon contact avec eux, être toujours prêt à les aider. Avant-hier encore, un D’un toujours prêt à les aider. Avant-hier encore, un collègue me téléphonait pour un problème. Bien point de vue pratique, il est maintenant fondamental que les ouvriers collègue me téléphonait pourque un nous problème. Bienen congé, je me suis directement soyions de la construction se retroussent les manches. Si vous estimez que le job que nous soyions en congé, jerenseigné me suis directement pour trouver une solution. J’en garde de de délégué vous irait comme un gant, n’hésitez pas et relevez le défi. Vous renseigné pour trouver une solution. J’en garde de la satisfaction, moi aussi. J’ai été le seul délégué la satisfaction, moi aussi. J’ai été le seul délégué ne bien vous retrouverez pas tout seul. Au contraire, vous bénéficierez d’un pendant 10 ans, pour 120 travailleurs. C’est pendant 10 ans, pour 120 travailleurs. C’est bien évidemment intenable que accompagnement de qualité et serez entouré de collègues délégués de évidemment intenable et je suis bien heureux que et je suis bien heureux nous de soyons désormais au nombre de quatre. nous soyons désormais au nombre quatre. votre propre entreprise et d’autres. C’est pa s à pas que vous apprendrez Mohamed Akhatout, délégué chez Hye, Mohamed Akhatout, délégué chez Hye, les ficelles du métier et comment aider au mieux les travailleurs. construction hydraulique, Zwijndrecht construction hydraulique, Zwijndrecht

Vous êtes intéressé ? Prenez contact avec les délégués dans votre entreprise ou avec votre section syndicale locale. Ils se feront une joie de vous accueillir.

> OFFRES D’EMPLOI

La Centrale Générale - FGTB engage Un collaborateur administratif service Formation – h/f Votre fonction - Assurer le soutien administratif, logistique et pratique du service Formation francophone (réservations, agenda, communication aux participants); - Régler les attestations nécessaires pour les participants, contrôle les factures et suivi des évolutions au niveau de la législation relative à la formation et l’apprentissage au travail; - Assurer une communication aisée et proactive tant avec les collaborateurs internes qu’avec des externes (participants, employeurs, délégués, …) ; Votre profil - Titulaire d’un bachelor - orientation administrative ou équivalent par expérience ; - Sens de l’organisation et de la planification ; - Communicatif, ayant le sens de l’initiative ; - Pouvoir s’exprimer avec aisance en néerlandais ; - Bonne connaissance de la législation sociale ; - Maîtrise des applications Microsoft Office (word, excel, …). La connaissance de l’AS 400 est un atout ; - Vous êtes engagé et disposé à travailler dans une organisation syndicale socialiste ; Nous offrons Contrat à durée indéterminée, salaire attractif et avantages extralégaux. Lieu de travail : Rue Haute 26-28 à 1000 Bruxelles

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Envoyez- nous votre curriculum vitae et votre lettre de motivation pour le 15/06/16 au plus tard, par e-mail à jobs@accg.be ou par courrier à La Centrale Générale - FGTB à l’attention du Président M. Werner Van Heetvelde, rue Haute 26/28 – 1000 Bruxelles.

Un collaborateur secrétariat de direction administration, gestion & finances (h/f) La fonction : - Assister et remplacer la secrétaire de direction dans le fonctionnement quotidien ; - Gestion quotidienne de l’assurance hospitalisation; - Rédaction et traduction de notes, lettres et communications dans les deux langues nationales; - Suivi de l’administration des loyers; - Gestion du stock d’objets de valeur; - Rapports financiers, suivi et distribution des extraits de comptes; - Traitement et suivi de la communication entrante et sortante du secrétariat de direction (courrier, courriel, téléphone,...); - Classement et archivage (papier et numérique); - Accueil de visiteurs; - Suppléer à l’accueil central ; Votre profil: - Diplômé(e) de l’enseignement secondaire supérieur; ou équivalent par expérience; - Vous êtes très communicatif et orienté résultat; - Vous avez le sens des responsabilités et travaillez avec minutie; - Vous aimez travailler en équipe et vous vous montrez flexible; - Vous avez une bonne connaissance des deux langues nationales; - Vous adhérez aux principes et objectifs du mouvement syndical socialiste; - Windows/Office vous est familié: Word, Excel, Outlook, Powerpoint et Internet; - Vous résistez au stress et êtes capable de gérer plusieurs tâches simultanément; - ... ; Lieu de travail : La Centrale générale FGTB, rue Haute 26-28 à 1000 Bruxelles Nous offrons : Un contrat à durée indéterminée (2 ans), un salaire attractif et des avantages extralégaux. Les candidats sélectionnés seront invités à un examen écrit le mardi 21 juin 2016. Retrouvez la description complète de deux fonctions sur notre site : www.accg.be .

Action pour un commerce mondial équitable

La résistance à l’encontre du TTIP et du CETA s’amplifie. Il s’agit d’accords commerciaux transatlantiques qui profiteront aux multinationales mais particulièrement nuisibles pour les citoyens. Ces accords sont en effet incompatibles avec un développement durable et écologiquement responsable. Ils mettent aussi en danger les salaires et les conditions de travail. Quant à la participation démocratique, elle est totalement absente. Le CETA est un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. Il devrait être signé le 20 septembre. Pendant ce temps, les négociations pour le TTIP, le traité avec les Etats-Unis, se poursuivent. C’est l’ensemble de la société civile qui s’insurge. Syndicats, mouvements écologistes, mutuelles et mouvements citoyens. Ils sont réunis dans l’Alliance D19-20. Le 13 mai dernier, ils ont donné le coup d’envoi d’une nouvelle campagne contre le CETA et le TTIP. L’objectif est d’entendre le 20 septembre un NON massif. A travers toute l’Europe. Nous ne voulons pas d’accords commerciaux qui permettent aux multinationales d’ignorer nos normes environnementales et sociales. Nous voulons un débat démocratique pour un système commercial international équitable. Notre syndicat participe pleinement à cette résistance.


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MÉTAL

SYNDICATS • N°10 • 27 MAI 2016

> POINT DE VUE

Même le poids des chaînes ne sera plus négociable… Les casseurs sont au « 16 ». Plus que dans la rue ! Plus que dans nos manifs ! Le premier président de la Cour de Cassation a pris sur son temps de midi, un dimanche, pour venir le dire avec force, sur un plateau de la télévision publique. En prenant la nation à témoin, il a déchiré une feuille de papier: en mettant en morceau le recto, on ne protège pas le verso, a-t-il expliqué. En cassant la Justice, c’est l’Etat que détruit le gouvernement fédéral. Fort. Inquiétant surtout parce que c’est précisément le projet politique de la NVA !

A

la fin du siècle dernier, les chrétiens de gauche étaient inspirés par une «théologie de la libération» : elle soulignait qu’il y a trois sortes de violences. La première est institutionnelle. C’est elle qui exerce la domination sur les dominés. La seconde est révolutionnaire. Elle naît de la résistance à la première. La troisième est la violence répressive. Elle a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant complice de la première à l’origine des autres. «On

parle toujours de la violence du fleuve, jamais de celle des berges qui l’enserrent,» écrit Berthold Brecht dans la même veine.

«Il n’y a pas de pire hypocrisie

que de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue », pensait

Helder Camara. C’est pourtant régulièrement ce que font les éoliennes médiatiques face aux vents dominants. Evidemment les choses prennent une autre tournure quand c’est un représentant de l’élite judiciaire qui vient exprimer l’évidence ; surtout s’il parle avec assurance, la voix claire et avec des airs de séminaristes officiant en camp scout… Alors, le sol se dérobe soudain sous les pieds des autorités et le roi est nu.

Charles Michel est mal

D’abord, le Premier s’est tu. Il s’est presque caché. Il a abandonné le ministre de la Justice dans la gestion d’une grève exemplaire du personnel des prisons du sud du pays. Ensuite, trois patrons - à qui personne n’avait rien demandé - lancent dans un quotidien gouvernemental un appel pour remplacer les «politiques » par des «équipes d’experts » pour gérer cinq projets transversaux qui «nous sortiraient » du… marasme. Une mise entre parenthèses de la démocratie représentative, en quelque sorte. Rien que ça. Michel décide enfin de réapparaître dans un exercice de com’. Foin de marasme, explique-t-il sans convaincre : «C’est du pessimisme…» Puis, ce n’est pas lui, c’est les autres. C’est la faute au passé, aux coalitions précédentes… dont son parti était pourtant partie prenante. Pas d’importance. On est dans la com’ ! Pas dans la réalité. Comme quand le ministre des Finances justifie le Tax shift dans les enveloppes de nos «contributions»: personne n’y croit parce qu’on sait ce qu’on a dans le porte-monnaie ! La fin de cette semaine infernale se révèle plus difficile encore pour la droite. L’ «irresponsable autoproclamé» part en weekend, lâché par son partenaire de coalition, son mentor, le chef

d’Anvers. Les sondages sont catastrophiques. La majorité n’aurait plus de majorité à la Chambre. Et De Wever confirme sur la VRT «la tempête». Il lâche : «Cette coalition

ne dégage pas d’ambition collective, n’affiche pas de cohésion, ne donne pas de perspective. Tout ne va pas bien en Belgique, même au sein de la suédoise ». Le gouverne-

ment tombe? Non, le lendemain, dans le Vif, l’Anversois rétropédale et réitère l’appui des nationalistes flamands au Premier ministre. La NVA soutient ainsi le MR comme la corde le pendu ! Seul Denis Ducarme porte encore à bout de bras «son» Premier ministre. C’est une autre expérience de la solitude. Dans le sud du pays, s’il faut croire les récents sondages, le MR aurait perdu un électeur sur cinq de 2014. Stop ou encore?

suit dans les prisons. Les négociations avec le patronat sur la compétitivité tournent court. Les militants se préparent pour une troisième manifestation nationale en front commun en moins de deux ans d’un gouvernement de misère. Deux grèves générales sont inscrites au calendrier. La société craque de toutes parts. Le pouvoir fédéral se gargarise de concertation sociale. Il entend néanmoins décider tout seul et donne l’impression de ne même plus vouloir discuter du poids des chaînes… La démocratie chancelle sous les contraintes des politiques d’austérité et la tentation autoritaire gagne du terrain à droite.

Le mépris des travailleurs est une impasse

Et pendant ce temps, les travailleurs concernés par les élections sociales ont fait la démonstration de leur mobilisation. Ils présentent des taux de participation record aux élections sociales où le vote n’est pas obligatoire. Une leçon de démocratie et une réponse cinglante au bashing antisyndical ambiant ! A l’heure où ces lignes sont couchées sur papier, la grève se pour-

Nico Cué Secrétaire général

Faurecia est une entreprise sous-traitante d’Audi Brussels Implantée à Forest, Faurecia est une entreprise soustraitante d’Audi Brussels. Les candidats MWBFGTB portaient pour la première fois nos couleurs lors des élections sociales organisées au mois de mai. Ces élections ont constitué une victoire pour toute une équipe portant fièrement nos valeurs. Coup de projecteur sur l’équipe syndicale MWB-FGTB de Faurecia.

L

es deux camarades qui représentent la délégation lors de la carte blanche sont M’barak et Abdelkader, l’un francophone et l’autre néerlandophone. Ils travaillent chez Faurecia, un équipementier sous-traitant de l’usine Audi Brussels. L’entreprise compte 85 travailleurs dont une majorité constituée d’ouvriers. M’Barak et Abelkader ont choisi les «rouges» parce qu’ils se retrouvent pleinement dans les valeurs de la MWB-FGTB. Abdelkader

à Bruxelles, l’amélioration des conditions salariales et l’amélioration de la santé et de la sécurité au travail. Depuis octobre 2015, une augmentation de la valeur des chèques-repas a été obtenue ainsi qu’une modification du règlement de travail en faveur des travailleurs. Les représentants MWB-FGTB sont à l’écoute des préoccupations des travailleurs dont l’avenir est lié au nouveau modèle qui succèdera à l’A1. Les choses seront clarifiées avant la fin de l’année 2016. Le boulot syndical se fait au quotidien et pas uniquement à l’approche des élections sociales. Les travailleurs ne sont pas dupes et attendent de la part de leurs représentants un comportement exemplaire dans l’exercice de leur mandat. Grâce à son travail syndical, l’équipe MWB-FGTB a remporté les élections sociales du 10 mai dernier.

La délégation MWB-FGTB de FAURECIA

avait déjà commencé à militer du temps où il travaillait chez Opel. La liste MWB-FGTB l’a emporté lors des élections sociales organisées le 10 mai dans l’usine. Cette liste était composée de candidats des deux équipes et représente bien les

travailleurs de l’entreprise où l’on retrouve une mixité culturelle. Cette victoire n’est pas le fruit du hasard, mais d’une confiance instaurée entre les délégués et les travailleurs. Les affiliés sont majoritairement FGTB. Les combats menés ont trois objectifs principaux : le maintien de l’emploi

Mais cette victoire n’est pas une fin en soi. Le combat se poursuit. L’équipe syndicale va continuer à faire des propositions pour améliorer les conditions de travail et de salaire. Tout cela dans un contexte difficile instauré par le gouvernement des droites. Le blocage des salaires complique fortement les négociations. Malgré ce contexte, les représentants MWB-FGTB tiennent à rester le moteur social dans l’entreprise. Se résigner et se taire ? JAMAIS.


ALIMENTATION - HORECA - SERVICES

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HORECA : flexi-jobs : bouée d’oxygène pour le secteur ou asphyxie des travailleurs? • se trouver dans un délai de préavis. Pour le calcul de l’occupation qui est au minimum égale à 4/5ème il n’est pas tenu compte des prestations: • dans le cadre d’un flexi-job • en tant qu’apprenti • en tant qu’étudiant • de travailleurs occasionnels dans l’agriculture et l’horticulture • de travailleurs occasionnels dans l’horeca

Le contrat-cadre

Pour pouvoir être occupé dans le cadre d’un flexi-job, le travailleur et l’employeur doivent préalablement conclure un contrat-cadre qui contient au moins les mentions suivantes : • l’identité des parties; • la manière et le délai suivant lequel le contrat de travail flexi-job doit être proposé par l’employeur au travailleur; • une description sommaire de la (des) fonction(s) à exercer; • le flexi-salaire • les conditions de l’occupation dans le trimestre T-3 et T. L’établissement d’un contrat-cadre répondant à ces conditions est obligatoire. A défaut, le contrat de travail conclu par après ne peut pas être considéré comme étant un contrat de travail flexi-job.

Q

uelques mois après l’entrée en vigueur du nouveau système de flexi-jobs dans l’horeca, de plus en plus de problèmes remontent à la surface. Il s’agit d’une législation irréfléchie qui a été instaurée trop rapidement, soi-disant pour donner une bouée d’oxygène à un «secteur en transition». Un «secteur en transition» signifie tout simplement dans l’horeca que l’on essaie de réduire le travail au noir et la fraude dans le secteur. Pour ce faire, il aurait dû y avoir une caisse enregistreuse depuis 2010. Or, en mai 2016, ce n’est toujours pas le cas. Jusqu’à présent, c’est un système peu transparent contenant bon nombre de pièges et créant une insécurité juridique énorme tant pour les travailleurs que pour les patrons. Le fait que cette loi a été établie en même temps que celle des heures supplémentaires (qui ne peut pas non plus être appliquée – voir cadre) augmente encore le risque. Nous conseillons à nos affiliés d’être très prudents avec l’utilisation de ce système. Bon nombre de choses ne sont en effet pas ou seulement partiellement réglées. Le risque existe qu’au cours de 2016 et après, cette loi soit modifiée lorsque l’on en connaîtra les manquements et que le gouvernement retrouvera son courage politique pour rectifier ses bêtises. Nous avons essayé d’examiner plusieurs parties de cette règlementation et nous voulons vous en informer par le biais de cet article. En tout cas, la FGTB HORVAL (avec les deux autres syndicats) enta-

mera, au cours du mois de mai, une procédure devant la Cour constitutionnelle pour contester cette loi en espérant de l’annuler avec effet rétroactif. Cette loi ne pose pas uniquement problème pour le secteur horeca, mais elle représente en même temps un énorme risque si elle devait être étendue à d’autres secteurs.

CP302 (HORECA) - FLEXI-JOBS

Depuis le 1 décembre 2015, il est possible de travailler dans l’horeca sous le statut de flexi-job, qui est un nouveau type de contrat de travail. Dans cet article, nous passons en revue les différentes conditions de travail et de rémunération prévues par la loi. er

Les conditions

Les flexi-jobs sont uniquement possibles auprès d’employeurs relevant de la CP 302 Horeca; ou via une agence intérimaire, si l’utilisateur relève de la CP 302 Horeca. Pour pouvoir exercer un travail en flexi-job chez un employeur, le travailleur doit avoir été occupé chez un (ou plusieurs) autre(s) employeur(s) durant le trimestre T-3 pour une occupation égale à au moins 4/5ème. Dans la période où il exerce un flexi-job, le travailleur ne peut pas chez le même employeur: • être occupé sous un contrat de travail pour une occupation d’au minimum 4/5ème; • se trouver dans une période couverte par une indemnité de rupture ou une indemnité en compensation du licenciement;

Autres spécificités du contrat-cadre: • le contrat-cadre peut être conclu pour une durée déterminée ou indéterminée; • le contrat-cadre n’est pas un contrat de travail;

• en tant qu’accessoire au contrat de travail, le tribunal du travail est compétent; • le contrat-cadre ne constitue pas d’engagement pour conclure un ou plusieurs contrats de travail, mais fixe uniquement le cadre; • tant qu’un contrat de travail flexijob n’est pas conclu, ce contratcadre ne peut faire naître aucun droit (voilà pourquoi il ne faut pas non plus reprendre une durée de validité et un mode de fin) ; • la fin d’un contrat de travail flexijob n’a pas de conséquences pour la continuité du contrat-cadre ; • un travailleur peut conclure un contrat-cadre avec plusieurs employeurs. Lorsque le travailleur flexi-job est un intérimaire, le contrat-cadre ne doit pas être établi. Les mentions obligatoires de l’article peuvent être simplement reprises dans le contrat conclu entre l’agence intérimaire et le travailleur intérimaire.

Le contrat de travail flexi-job

Le contrat de travail flexi-job peut être conclu pour une durée déterminée ou pour un travail nettement défini, par écrit ou oralement. Toutes les dispositions de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail sont d’application au contrat de travail flexi-job, sauf en cas de dérogation prévue par la loi. Par exemple : le contrat de travail flexi-job peut être conclu oralement bien qu’il s’agisse d’un contrat à durée déterminée ou pour un travail nettement défini. Des dispositions particulières sont également prévues en cas d’un horaire variable :

HORECA: Impossible d’augmenter la limite interne de la durée du travail et le quota des heures supplémentaires à 300 ou à 360 heures

Un certain nombre d’articles de presse sont parus au sujet des heures supplémentaires dans l’horeca. Que s’est-il passé exactement et où se situe le problème ? Lors des négociations sectorielles, les employeurs savaient déjà que le plafond serait porté à 300 et à 360 heures. Sur cette base, ils n’ont pas demandé de prolonger la CCT sectorielle Horeca (portant les 91 heures (loi) à 143 heures). C’est seulement dans le courant 2016 que les employeurs se sont aperçus que la loi faite par le gouvernement renvoie aux 143 heures (pour lesquelles une CCT est nécessaire) à la place des 91 heures. Donc, sans la prolongation de la CCT, la loi n’est pas correcte (mauvaise référence et donc non applicable). Lorsque les employeurs ont demandé (longtemps après les négociations et la signature des autres CCT) de prolonger quand même la CCT, nous avons naturellement refusé afin d’être certains que d’une part nous pouvions bloquer la règlementation des heures supplémentaires et d’autre part que nous ne porterions pas d’acte qui pourrait nuire au recours que nous avons introduit auprès de la Cour constitutionnelle concernant la loi (flexi-job et heures supplémentaires font partie de la même loi). Les plans du Ministre Peeters prévoient l’augmentation à 143 heures pour tous les secteurs. De ce fait, la loi horeca pourrait avoir une base à partir du 1/1/2017. Jusqu’à cette date et sans intervention intermédiaire de la part du gouvernement, les heures supplémentaires qui ne doivent pas être récupérées demeurent limitées à 91 heures.

• on peut travailler en dehors du cadre des horaires repris dans le règlement de travail ; • les règles concernant la communication des horaires variables ne sont pas d’application

Le flexi-salaire

La loi prévoit un flexi-salaire comme rémunération spécifique pour les prestations flexi-job, qui est exclue de la notion classique de salaire (ONSS). Le flexi-salaire est augmenté de toutes les indemnités, primes et avantages versés par l’employeur. Le flexi-salaire est fixé par écrit dans un contrat-cadre et est de minimum €8,82 par heure. Un flexi-pécule de vacances de 7,67% est dû (uniquement pécule de vacances simple, pas de droit au pécule de vacances double). Il est payé en même temps que le flexisalaire. Le travailleur reçoit donc minimum €9,5 par heure. Le flexi-salaire est indexé comme les prestations sociales (et ne suit donc pas l’indexation du secteur horeca). Le flexi-salaire et le flexi-pécule sont exonérés de cotisations sociales et fiscales dans le chef du travailleur. L’employeur paie à l’ONSS une cotisation spéciale de 25% sur le flexi-salaire et le flexi-pécule de vacances. Si le travailleur ne répond pas aux conditions et est tout de même déclaré à l’ONSS comme un travailleur flexi-job, une sanction est prévue : les cotisations ONSS normales majorées seront dûes sur le flexi-salaire.

Application des conditions de rémunération et de travail sectorielles

La FGTB Horval est d’avis (ainsi que les autres syndicats) que toutes les CCT sectorielles sont d’application : salaires minimums , classification de fonctions, vêtements de travail, frais de transport, prime de fin d’année, prime syndicale, fonds de pension sectoriel … En effet, aucune disposition légale n’exclut l’application des CCT sectorielles. Les représentants des employeurs ont une autre interprétation de la loi, selon laquelle un nombre limité de CCT sectorielles serait d’application. Ils sont notamment d’avis que les primes et indemnités qui ne font pas l’objet de retenues ONSS sont exclues (prime de fin d’année, prime syndicale, …).

Droits sociaux

Le flexi-salaire donne lieu à la constitution de droits sociaux: • Chômage • Pensions • Assurance maladie • Accidents de travail • Maladies professionnelles • Congé annuel Le flexi-salaire est considéré comme étant le salaire brut sur base duquel les allocations sociales sont calculées. Les allocations seront toujours moins élevées que pour un travailleur régulier !

Alain Detemmerman Co-Président


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EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

SYNDICATS • N°10 • 27 MAI 2016

> POINT DE VUE

Encore pas mal de choses à prévoir ! Les élections sociales sont derrière nous. Tous nos candidats ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour enregistrer les meilleurs résultats possibles. La démocratie a fonctionné. Globalement, nos résultats sont bons et nous pouvons aborder l’avenir avec des forces renouvelées et avec tous nos élus. Nous souhaitons féliciter tous nos candidats, indépendamment de leur résultat, et les remercier de leur engagement. Nous remercions aussi tous nos électeurs. Ensemble, nous continuerons de dessiner l’avenir.

Lundi 23/5 : action réussie contre le projet visant à assouplir le travail à temps partiel Le 23 mai, nous avons, avec les collègues de la Centrale Générale de la FGTB, mené une action réussie contre le projet de loi du ministre Peeters visant à assouplir le travail à temps partiel. Savoir seulement la veille du jour de prestation quand et combien de temps vous allez travailler, tandis que les modifications aux horaires ne devraient plus être introduites qu’a posteriori: les travailleurs à temps partiel deviennent des marionnettes entre les mains de l’employeur.

Vie privée, sociale et familiale : c’en est fini !

24/5 : manifestation nationale contre la loi Peeters Le 24 mai s’est tenue une imposante manifestation à Bruxelles avec la CSC et la CGSLB. Ici aussi, la lutte contre une flexibilité débridée occupait une place au premier plan. Si la loi Peeters voit le jour, finies les prestations hebdomadaires et journalières fixes. Il sera question de travailler jusqu’à 45 heures par semaine et parfois même plus. L’employeur pourra déci-

Myriam Delmée, Vice-Présidente du SETCa

der de payer les heures supplémentaires au lieu de les faire récupérer par le travailleur, sans que celui-ci ait son mot à dire. Le travailleur à temps plein deviendra lui aussi une marionnette à la merci de l’employeur. Davantage de stress et de burn-outs et ici aussi, finie la vie privée, sociale et familiale. Et les emplois ? À la baisse plutôt qu’à la hausse.

La loi Peeters nous réserve bien d’autres surprises Quel avenir pour nos jeunes si le travail intérimaire est possible à durée indéterminée ? Intéri-

Erwin De Deyn, Président du SETCa

maire à vie ! Une épargne-carrière permettant de convertir certains avantages actuels (vacances, prime de fin d’année, etc.) en congés pour plus tard ? Vous devrez payer vous-même vos congés ou votre pension anticipée. Et comme travailleur, vous vous trouvez seul et en position de faiblesse face à votre employeur.

Nous aussi, nous en avons encore pas mal sous la pédale La loi Peeters est synonyme d’atteinte à la vie des travailleurs, d’atteinte à la concertation et d’atteinte au rôle des représentants syndicaux dans les entreprises. Aussi, la résistance se poursuit. Pour un travail décent et une qualité de vie pour chaque travailleur. Que cesse l’austérité. Face à l’allongement de la durée de travail hebdomadaire, annuelle ou sur la carrière, nous proposons une réduction du temps de travail pour tous, ainsi que plus d’heures et de droits à des emplois à temps plein pour les temps partiels. Prochain rendez-vous à la grève nationale du 24 juin !

Sanoma L’éditeur des magazines Femmes d’aujourd’hui, Libelle, Flair, etc. subit une nouvelle réorganisation. La direction a décidé de prendre des mesures drastiques afin d’atteindre à court terme un objectif de bénéfice de 10%. Ils envisagent notamment de remplacer la majorité des journalistes travaillant sur place par des freelances. Au niveau du contenu, ils comptent également miser sur davantage d’articles écrits en collaboration avec l’annonceur. C’est la liberté journalistique qui est ici directement touchée. Le personnel de Sanoma dénonce ces mesures sur https://www.facebook.com/SOSSanomaBE1/. Soutenez vous aussi cette campagne et partagez-la au maximum ! Tech Mahindra Lors d’un CE extraordinaire, l’entreprise IT a annoncé son intention de procéder à un licenciement collectif pour une partie du personnel. Entre 49 et 70 emplois devraient ainsi disparaître et leurs activités seraient reprises par des travailleurs indiens ici en Belgique. Le SETCa dénonce cette forme de dumping social organisé. Le personnel a décidé de mener un plan d’action afin de protester contre cette décision.


EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

> 23 MAI | ACTION AU SPF EMPLOI :

Le SETCa et la Centrale Générale dénoncent la proposition de loi sur le travail à temps partiel Ce 23 mai, un millier de militants du SETCa et de la Centrale Générale se sont rassemblés à Bruxelles afin de dénoncer le projet de loi sur le travail à temps partiel. Celui-ci autoriserait notamment les employeurs à ne communiquer les horaires de travail que 24h à l’avance. En Belgique, un million de travailleurs le sont à temps partiel, souvent à horaires variables. De telles mesures plongeraient tous ces travailleurs et leurs familles dans une incertitude constante. Avant la manifestation nationale, les organisations syndicales visaient, à travers cette action, à interpeller le ministre Peeters: dans de telles conditions, qui va désormais garder les enfants des travailleurs à temps partiel?

L

es contrats zéro heure sont des contrats qui existent depuis longtemps aux Pays Bas et en Angleterre. Ils permettent aux employeurs de rappeler leurs travailleurs d’un claquement de doigts. Le gouvernement Michel nous concocte lui aussi des contrats qui, à terme, permettraient aux employeurs de changer les horaires jusqu’à la veille des prestations. C’est ce qui apparaît dans un projet de loi envoyé pour avis aux interlocuteurs sociaux. Tous les travailleurs à horaires variables sont concernés. Il faut préciser que ce projet s’inscrit dans la réflexion autour du ‘travail faisable’, prônée par le ministre... Un non-sens ! Trois points importants sont à relever: le contrat de travail ne prévoirait plus aucune certitude à propos de l’horaire, l’horaire réel ne devrait être communiqué au plus tard que 24 heures à l’avance aux travailleurs et les employeurs échapperaient davantage au paiement d’un sursalaire pour les heures complémentaires. Le SETCa et la Centrale Générale dénoncent le texte du projet de loi et ses conséquences dramatiques sur la vie des travailleurs à temps partiel. Ce 23 mai, un millier de militants des deux centrales se sont ainsi rassemblés devant le SPF Emploi lors d’une action ludique destinée à mettre en évidence les difficultés de gardes d’enfants auxquelles seront confrontés les travailleurs à temps partiel dans le futur. Nos demandes répétées d’être reçus par le Ministre lors d’une entrevue se sont malheureusement soldées par un refus. Mais il l’a constaté : nous sommes bien décidés à être entendus !

SYNDICATS • N°10 • 27 MAI 2016

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ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°10 • 27 MAI 2016

> ÉDITO

Ras-le-bol! S i on en croit le dernier sondage, les partis qui forment la coalition gouvernementale perdent tous des plumes au point de perdre leur majorité au Parlement fédéral si on devait voter aujourd’hui. Ce sévère coup de semonce ne fait que confirmer le mécontentement général mais aussi la perte de légitimité et l’aveuglement du gouvernement qui refuse d’entendre les protestations.

Mépris

Le ras-le-bol est général mais plus que jamais le gouvernement Michel méprise les citoyens de ce pays. Il faut donc insister pour se faire entendre. C’est que nous avons fait avec la manifestation du 24 mai dernier qui n’était qu’une première étape de notre plan d’action. Celui-ci culminera le 24 juin prochain avec une grève générale de 24 heures et se prolongera après l’été par une manifestation en front commun le 29 septembre, suivie d’une journée de grève nationale interprofessionnelle le 7 octobre. Nos services publics particulièrement malmenés arrêteront quant à eux le travail le 31 mai. Ce plan d’action est à la hauteur des attaques dirigées contre les travailleurs. Ce gouvernement a essayé de faire croire à l’opinion publique que la politique d’austérité qu’il a mise en œuvre dès son avènement était dictée par la nécessité d’assainir les finances publiques. Il n’a pourtant porté le fer que d’un seul côté: les revenus du travail et les revenus de remplacement. Que ce soit à travers l’emploi et les budgets des services publics, via les économies dans la

sécurité sociale, par la politique salariale de blocage des salaires et le saut d’index, par le renforcement des taxes indirectes, TVA et accises, le gouvernement mérite plus que jamais son surnom de «gouvernement des patrons et des riches ».

Bleu-Bleu-Belge

Le marque néolibérale des économies réalisées ou projetées saute pourtant aux yeux de l’observateur le moins averti. Les mesures visant l’assurance chômage, les prépensions, les retraites, la santé, les services publics, sont clairement destinées à affaiblir l’Etat au sens large et l’Etat «Providence» en particulier, c’est-à-dire la sécurité sociale. Rendre au marché les parts de l’économie sous contrôle de l’Etat est un des objectifs du gouvernement des droites. Il doit pour cela organiser la déglingue des services publics, ce qu’il fait avec zèle en coupant allègrement dans les budgets, le personnel et les investissements. Au point que même la magistrature s’apprête à faire la grève… Réduire la protection sociale et exacerber la concurrence sur le marché du travail pour faire pression sur les salaires et augmenter les profits, tel est le deuxième but. Exclusion des jeunes chômeurs, liquidation des prépensions, allongement des carrières sans tenir compte de la pénibilité du travail, tout va dans le même sens. La pension a 67 ans, le système à points, loin de répondre à la nécessité de sauver la pension légale eu égard au vieillissement de la population, ne répond qu’à un agenda mal caché: favoriser les pensions privées et éviter de

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toucher à la part du gâteau que s’octroient les revenus du capital. La dimension idéologique néolibérale de la politique du gouvernement Michel s’est intensifiée avec les mesures de dérégulation du droit du travail et de la politique salariale. Les projets Peeters d’augmentation des heures supplémentaires et de flexibilité démolissent – sous couvert de modernité - l’organisation du travail basée sur les 38 heures/semaine et renforcent la précarisation des jeunes et des temps partiels. Le travailleur risque d’être obligé de faire des heures supplémentaires et de sacrifier sa vie privée sur l’autel de la productivité alors que plusieurs centaines de milliers de travailleurs n’ont pas de travail. La modification de la loi sur la formation des salaires (dite Loi de 1996) penvisagée par le ministre cherche à rendre perpétuelle la modération salariale alors que rien n’est prévu pour ce qui est des dividendes qui échappent à toute modération.

Bilan désastreux

Les résultats de ces politiques sont tout simplement désastreux. La croissance reste médiocre. Le chômage ne recule pas. La pauvreté et les inégalités augmentent. La jeune génération est sacrifiée, condamnée aux petits boulots et à la précarité alors que le taux de chômage des jeunes tourne autour des 25%. Les plus âgés sont condamnés à des pensions de survie. Entre les deux, les actifs sont condamnés au stress et au burnout, à travailler plus pour gagner moins. La population en général est quant à elle devra payer plus cher des services publics

de moindre qualité ou payer le prix fort pour ceux qui en ont les moyens de s’offrir des services privés. Alors qu’il faudrait améliorer les revenus du travail pour relancer la consommation et les investissements des ménages, Michel coupe dans les salaires et les allocations. Alors qu’il faudrait réduire le temps de travail pour tous de manière à créer des emplois et mieux concilier travail et vie privée, Michel allonge le temps de travail. Alors qu’il faudrait investir dans les services publics pour assurer leur fonctionnement et investir dans les infrastructures pour rattraper le retard, réduire les problèmes de mobilité et préparer l’économie à la transition énergétique et lutter contre le réchauffement, Michel coupe dans les budgets. Alors qu’il faudrait revoir la fiscalité pour faire payer les hauts revenus et ceux du capital, Michel et ponctionne les petits revenus et couvre l’évasion fiscale et les grands fraudeurs. Peut-on dire autrement qu’il a tout faux?

Rudy De Leeuw Président

Marc Goblet Secrétaire général


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