Syndicats FGTB n° 1 - 2016

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N°01 • BIMENSUEL • 71ème année Bureau de dépôt : Charleroi X Abonnements : 02/506 82 11 Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 11 syndicats@fgtb.be Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles

15 JANVIER 2016 • Éd. BRUXELLES

Vive la semaine de 4 jours © istockphoto.com

pour tous!

Pourquoi certains doivent-ils travailler 40h et courir après le temps alors que d’autres sont désœuvrés et doivent courir après le travail? L’économiste français Pierre Larrouturou estime la réduction collective du temps de travail réalisable et même indispensable.

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2016

Tout ce qui à changé pour vous Page 3 & 4

Services publics dans la tourmente: vers la grande braderie? Dossier en pages 8 & 9



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BRUXELLES

SYNDICATS • N°01 • 15 JANVIER 2016

Prix Nobel de la Paix 2015? L’UGTT! Le 17 décembre 2015, la FGTB Bruxelles a eu le privilège d’accueillir Sami TAHRI et Lassad YAKOUBI, membres de la direction de l’UGTT (Union générale tunisienne du travail). Pour rappel, le syndicat tunisien venait de se voir attribuer le Prix Nobel de la Paix 2015, en association avec la Ligue tunisienne des droits de l’homme, l’Ordre national des avocats et l’Utica (le patronat tunisien). Elle se voyait ainsi honorée pour son rôle de promotrice du Dialogue national, qui a notamment abouti à la rédaction d’une première Constitution démocratique. e 25 juillet 2013, Mohamed BRAHMI, fondateur du Courant populaire et député à l’ancienne Chambre nationale constituante, est assassiné de plusieurs balles, alors qu’il quitte son domicile. La Tunisie connaît alors des tensions extrêmes.

L

C’est le moment que choisit l’UGTT pour relancer une initiative de dialogue national. Avec un choix politique majeur et, somme toute, «décoiffant»: elle décide d’inviter, à côté de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme et de l’Ordre national des avocats, l’UTICA, l’organisation patronale, proche, si longtemps, du régime du président Ben Ali! A cette époque, tous les démocrates ont bien compris le pourquoi de cette si large invitation, qui permettait à la fois à l’UGTT de disposer d’une légitimité très forte pour mener ce dialogue national, mais aussi d’obtenir un large soutien international. Et les résultats sont à la hauteur. La Tunisie sort du conflit en définissant une «feuille de route»: nomination d’un gouvernement de techniciens, finalisation d’une nouvelle Constitution et fixation d’un calendrier électoral. L’action de l’UGTT permet surtout de préserver l’Assemblée nationale constituante, qui était, à ce moment, la seule institution issue des urnes. Au bout du compte, le dialogue national tunisien a offert à la Tunisie une première Constitution démocratique. Et il a installé la concertation et le refus de la violence comme modes de gouvernance. Pour les observateurs étrangers, une question demeure: comment

expliquer que l’UGTT ait une telle place dans la vie politique tunisienne? Au moins pour 3 raisons, pensons-nous: - Tout d’abord, il ne faut pas oublier les circonstances de la naissance de cette organisation, en 1946, et sa volonté d’articuler les luttes sociales aux mots d’ordre de la lutte pour l’indépendance. Lorsque celle-ci fut acquise, en 1956, l’UGTT va donc participer de très près à la construction du nouvel Etat tunisien. Mais attention: impliquée dans la lutte pour l’indépendance, le syndicat, va connaître, aussi, de nombreux moments conflictuels avec le pouvoir. Pour résister à différentes vagues de libéralisation économique, il deviendra ainsi un refuge pour de nombreux mouvements sociaux. Comme lorsque il appelle, début 1978, à la grève générale, réprimée dans le sang, qui sera la première brèche dans le système autoritaire du président Bourguiba. - Par la suite, la dictature a détruit toute possibilité de travail collectif, notamment parce qu’elle a mis à genoux les partis politiques. Pendant toute cette période, l’UGTT représente un espace précieux d’action collective organisée. - Enfin, au plus fort du printemps arabe, en 2011, l’UGTT est l’organisation la plus importante du pays: plus de 700 000 adhérents, une présence dans quasi tous les secteurs d’activités, un véritable pluralisme politique et un rôle majeur de représentation des différents groupes sociaux, depuis les médecins jusqu’aux ouvriers du textile, en passant par les enseignants.

Durant cette période, l’UGTT a notamment été un refuge symbolique, politique et organisationnel du mouvement spontané lancé par les chômeurs. Elle a été aussi au cœur de la coordination entre différents acteurs: avocats, opposants, blogueurs, etc. Le 14 janvier 2011, l’UGTT décrète une grève générale pour le Grand Tunis. Elle devait durer deux heures mais les manifestations prennent l’ampleur que nous savons et, le soir même, le dictateur Ben Ali quittait le sol tunisien ! La dictature est alors remplacée par un modèle inédit de démocratie, inventé, suite à une révolution, par la société civile tunisienne… Ce modèle demeure aujourd’hui fragile. Et la démocratie demeure un combat, même à Tunis. Mais que de chemin parcouru depuis la fin de la dictature! A Bruxelles, nos Camarades de l’UGTT ont eu l’occasion de préciser le type de soutien qu’ils attendent des démocraties européennes: un soutien moral, mais aussi (et on serait tenté de dire: surtout), au-delà du déclaratif, des aides concrètes, des investissements et… la levée des restrictions de voyage, qui pèsent si durement sur l’économie tunisienne suite à plusieurs attentats terroristes. Dans ce cadre, la FGTB Bruxelles a fait en sorte que le Conseil économique et social publie un encart dans deux journaux: Le Soir et De Standaard, appelant les autorités fédérales belges à tenir compte des améliorations de la sécurité en Tunisie et à adapter, en temps réel, leurs recommandations aux voyageurs. Au cours de son séjour à Bruxelles, Sami TAHRI a déclaré: «si le so-

cial ne suit pas, en Tunisie, si la dignité n’est pas garantie à chaque citoyen, la démocratie, si durement acquise, ne va pas tarder à reculer». De son côté, son Collègue enseignant, Lassad YAKOUBI, déclarait: «après le Nobel, la question qui se

pose, à Tunis, comme à Bruxelles, est la suivante: quels chemins pouvons-nous ouvrir aux jeunesses de nos deux pays, qui soient des chemins d’espérance»? Merveilleuse façon d’anticiper l’année 2016, que la FGTB Bruxelles souhaite heureuse et solidaire à chacune et chacun de ses affiliés.

COP 21: le point Le 12 décembre 2015, un accord international sur le climat, applicable à tous les pays du monde(1), a été signé à Paris. Nous avons demandé ce que nous pouvons en penser comme Bruxellois à Stéphanie D’Haenens, d’Inter-Environnement Bruxelles, notre partenaire au sein de BRISE (réseau intersyndical bruxellois de sensibilisation à l’environnement). Les mesures annoncées dans l’accord seront-elles suffisantes? C’est certainement un moment historique, en raison de la grande mobilisation de personnes et d’associations suscitée par la conférence de Paris. Le dérèglement du climat est acté. Cela témoigne d’une prise de conscience planétaire quant au risque d’un éventuel emballement climatique. Cependant, la réalisation des objectifs de cet accord dépendra des engagements volontaires de chaque Etat. De plus, l’évaluation des engagements des Etats à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) n’est prévue que tous les 5 ans. Comme l’accord entrera en vigueur en 2020, on se retrouve tout de suite en…2025 pour voir qui a tenu ses promesses ! Aujourd’hui, si on fait la simple addition de ces engagements, l’objectif volontariste d’une limitation de la hausse des températures à 1,5°C ne sera certainement pas atteint. A long terme, il est seulement prévu de viser «un pic des émissions mondiales de GES dès que possible». Des versions antérieures retenaient un objectif de baisse de 40 à 70%, voire même de 70 à 95% d’ici à 2050. Par ailleurs, l’accord maintient le principe actuel des marchés du carbone (en évitant de fixer le prix du carbone), qui permet aux pays riches de marchander leur droit de polluer, au détriment des pays plus pauvres. Or, l’atmosphère ne devrait plus absorber un gramme de carbone supplémentaire…

La Belgique n’a pas vraiment brillé à Paris. On a tous pu déplorer la cacophonie entre l’Etat fédéral et les Régions. Les engagements pris par la Belgique sont faibles: une contribution au fonds climat de 4,5e par habitant contre 75e en France, une réduction des émissions CO2 de 15% à l’horizon 2020 (contre 20% pour toute l’Europe), un objectif de 13% d’énergie renouvelable (contre 20% en Europe). Sans compter qu’au même moment, la Belgique signe pour le nucléaire… GDF Suez (maison-mère d’Electrabel) marchande ainsi son hypothétique investissement dans l’éolien en mer du Nord.

La Région bruxelloise a-t-elle pris sa part de responsabilités? Le gouvernement régional mise sur son Plan Air-Climat-Energie. Il pointe des objectifs à atteindre en matière de qualité de l’air, de réduction des gaz à effet de serre, de production d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique. Ce plan vise, entre autres, une amélioration de la performance énergétique des bâtiments (70% de l’énergie consommée à Bruxelles). C’est très bien, mais il faudrait à tout le moins articuler cet objectif avec une politique d’accès au logement, sans exclusive. Concernant l’activité économique, le gouvernement mise sur un plan d’économie circulaire (PREC), en gestation, qui devrait assurer une transition de l’économie linéaire actuelle (extraire, produire, consommer, jeter) vers une économie circulaire (récupérer, produire, consommer, réutiliser). Ce projet, assez évasif, semble surtout traduire une volonté de conserver la compétitivité des entreprises bruxelloises dans un contexte de rareté des ressources en énergie et en matières premières. Il est certes nécessaire de développer toutes les possibilités de recyclage des déchets et d’en réinjecter les matières recyclées dans le circuit de production. Il est tout aussi important de raccourcir les circuits entre la production, la vente, la consommation et le traitement des déchets. Mais, il faut également sortir du cercle vicieux de l’obsolescence programmée des produits; de tous ces équipements (machine à laver, automobile, frigo, PC, …) dont la durée de vie est délibérément limitée dans le temps, dans le but, mercantile, d’en faire changer plus rapidement. Il est impératif que ces équipements soient davantage durables et qu’ils soient surtout réparables. Non seulement les coûts environnementaux seront réduits, mais cela va également générer de nouveaux emplois non-délocalisables! (1) Mais attention…Pour entrer en vigueur en 2020, l’accord devra être ratifié, accepté ou approuvé par au moins 55 pays représentant au moins 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Et: «à tout moment après un délai de trois ans à partir de l’entrée en vigueur de l’accord pour un pays», celui-ci pourra s’en retirer, sur simple notification. Il est pas beau l’accord?


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SYNDICATS • N°01 • 15 JANVIER 2016

CENTRE

Un jeudi noir pour les 300 travailleurs du Bon Grain à Morlanwelz Le 17 décembre 2015, LBG Bakeries a déposé le bilan Le matin du 17 décembre LBG Bakeries tient un Conseil d’Entreprise Extraordinaire…celuici va très vite se révéler extraordinairement dramatique. En effet, les travailleurs et les organisations syndicales ont appris avec effroi la décision du Conseil d’Administration de déposer le bilan. Un bilan synonyme de fermeture pour les 2 sites du Bon Grain situés à Morlanwelz annonçant une perte de plus ou moins 300 emplois (15 employés, 199 ouvriers et une centaine d’intérimaires) !!! Soit un véritable drame social pour la région du Centre à seulement 8 jours de Noël. Pour justifier sa décision, LBG Bakeries, invoque la mauvaise situation financière du groupe due à une perte de chiffre d’affaires continue suite à la pression subie par le marché du pain depuis longtemps. Ces

pertes importantes n’ont pu êtres contrées par les investissements réalisés dans de nouveaux secteurs tels que les produits conditionnés sous atmosphère protectrice. Compte tenu de ces pertes financières, les banques ont décidé de suspendre une partie des lignes de crédit accordées à LBG Bakeries. Voici comment le groupe explique sa terrible décision de déposer le bilan devant les Tribunaux de Commerce de Louvain et de Charleroi. Ceci devrait conduire à la fermeture définitive de tous les sites de LBG Bakeries. Pour le Centre ce ne sont pas moins de 300 emplois qui sont passés à la trappe avec la fermeture des 2 sites du Bon Grain situés à Morlanwelz. Tout de suite après la terrible annonce de faillite faite par LBG Bakeries, les travailleurs des deux sites de production du Bon Grain à Morlanwelz ne se laissent pas abattre. Faisant preuve d’un grand courage, ils arrêtent correctement les machines et gardent une usine propre. Les travailleurs maintiennent l’outil en état de marche dans le but de pourvoir redémarrer immédiatement l’activité et de satisfaire les clients. Le jour même les responsables des centrales FGTB HORVAL et SETCa rencontrent le Bourgmestre de Morlanwelz, Christian Moureau, afin de le sensibiliser sur le terrible drame social qui se joue au sein de sa commune. Des contacts sont également pris avec le cabinet du Ministre Jean-Claude Marcourt. Les représentants de la FGTB Centre sont bien décidés à ne rien lâcher

CHARLEROI-SUD HAINAUT

et tout sera mis en œuvre pour sauver l’activité et un maximum d’emplois sur le site où la production est actuellement organisée c’est-à-dire à Morlanwelz. Le lundi 21 décembre, seulement 4 jours après l’annonce de faillite, l’espoir d’un repreneur pointe à l’horizon. Un candidat sérieux s’est en effet présenté, il s’agit de La Lorraine Bakery group. Celle-ci a repris une partie de l’activité et 65 travailleurs. Malheureusement, de nombreuses familles sont restées sur le carreau à la veille du réveillon de Noël. Aujourd’hui seule l’activité pain est maintenue par La Lorraine. La partie pâtisserie, quant à elle, a cessé d’exister. Les travailleurs ont l’espoir de voir l’activité se redéployer. Un bilan en demi-teinte pour les organisations syndicales qui se battent pour limiter au maximum la casse sociale. C’est à la fois la qualité de la main d’œuvre qualifiée et la sauvegarde de l’outil par les travailleurs, qui ont permis de trouver un repreneur en seulement 4 jours. En ce qui concerne le second site de production, ex-Panifood, les 29 travailleurs espèrent toujours une reprise. Actuellement, 12 d’entre eux sont occupés par la curatelle. A la demande des organisations syndicales, le Forem de La Louvière mettra en place une cellule de reconversion dans le courant du mois de janvier!

Modification de l’ouverture au public du service chômage Les lundi, mardi, jeudi, vendredi de 09h à 12H15 et le mercredi de 13h à 16h (sauf Binche; Anderlues; Soignies; Braine le Comte de 12h30 à 15h30) Fermé les 1er et 3ème mardi de chaque mois Pour l’antenne de Nivelles, ouverture les mercredis après-midi au lieu du mardi après-midi. Pour l’antenne de Braine l’Alleud et de Wavre: ouverture le mercredi après-midi au lieu du jeudi après-midi.

WALLONIE PICARDIE

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AGENCE DE PERUWELZ

Alors, viens à la permanence des Jeunes FGTB! Tu recevras toutes les réponses à tes questions ainsi qu’une aide et qu’une défense juridique!

Afin d’encore mieux vous servir, nous vous accueillerons à partir du 21/01/2016 dans votre nouvelle agence située Rue Albert 1er, 62 - 7600 PERUWELZ Tél: 069/881 881 (option 1) - Fax: 069/23 63 75

Horaires d’ouverture :

Contact: Antoine THIOUX - Responsable Jeunes FGTB Charleroi & sud Hainaut. 071/64.12.16 - Antoine.thioux@fgtb.be Www.jeunesFGTBcharleroi.com La section Jeunes FGTB Chimay est une section membre des Jeunes FGTB Charleroi & Sud Hainaut.

Matin

Après-midi

Lun

9h à 12h

Fermé

Mar

9h à 12h

14h à 18h

Mer

Fermé

Fermé

Jeu

9h à 12h

Fermé

Ven

9h à 12h

Fermé


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VERVIERS

Rien ne sera épargné aux cheminots de la SNCB! La FGTB de Verviers et Communauté germanophone solidaire dans leur combat La SCNB est une entreprise structurante pour l’économie de l’ensemble du pays. En son sein, les cheminots sont organisés efficacement d’un point de vue syndical. Ce contre-pouvoir plonge ses racines dans l’histoire sociale et dans celle de la résistance des travailleurs du rail. Ils ont pu imposer des conditions de travail correctes qui tirent vers le haut les standards sociaux de l’ensemble des travailleurs belges. Aujourd’hui, il semble que cela soit devenu une tare. Du moins s’il faut croire une presse moins marquée idéologiquement par le souci d’une information complète et claire que par la défense des intérêts de ses propres actionnaires et d’un gouvernement qui les sert bien aussi. Il n’y a pas que du mépris et de l’outrance dans certains commentaires qui dénoncent les travailleurs en résistance comme des «privilégiés». Il y a aussi une forme d’acharnement qui a des résonnances politiques partisanes. Ce ne sont pas les navetteurs ou des étudiants en examen que ce discours défend face à des «grévistes voyous»; ce sont des «décideurs» décidés à passer en force pour imposer un projet politique, celui de la destruction méthodique d’un outil de service public. Dans l’entreprise publique, le dialogue social est mis à mal. La direction se sent pousser des ailes. Le gouvernement est derrière elle. Elle l’exprime. Son projet s’inscrit sans réserve dans la perspective d’une libéralisation totale du transport ferroviaire. Qui d’autres

que les travailleurs de la SNCB, ses agents, portent encore la défense du service public? Poser la question, c’est malheureusement y répondre. La majorité NVA-MR a choisi, pour diriger le département, une ministre qui souffre d’une dyscalculie inquiétante, d’une part. Elle traite le Parlement par-dessus la jambe, d’autre part, en n’hésitant pas à recourir aux mensonges les plus grossiers. Dans le même temps, ce gouvernement se ridiculise sur la scène internationale par son incapacité à donner un mandat à ses négociateurs pour la conférence sur le climat (la «COP 21» de Paris). Il profite néanmoins des retombées en termes d’images d’un accord finalement conclu. Sur le terrain, que constatons-nous? Ces «défenseurs du climat» font le choix de la voiture de société (notamment sur le plan fiscal) et celui de l’affaiblissement des transports en commun. Soit le contraire de ce que, par ailleurs, ils disent qu’il faudrait faire… Leur attachement à la notion même de service public s’est encore exprimé récemment par le choix d’une nouvelle commande de voitures pour un montant de 1,3 milliards… qui seront inadaptées à la hauteur des quais de nos gares. Ce qui rendra leur accès plus difficile encore aux personnes à mobilité réduite. Bravo! Les cheminots résistent à des logiques de régression sociale. Qu’ont-ils réellement comme moyens pour empêcher leur «auto-

rité» de casser l’outil? La presse se déchaîne contre la seule perspective de grèves en janvier. Sans s’embarrasser d’explications sur le contexte ni sur les perspectives pour la SNCB, du reste. Elle acclimate l’opinion publique en braquant les projecteurs sur des difficultés de mobilité à très court terme en faisant l’impasse sur les enjeux du long terme en matière d’offre de transport, de qualité et de sécurité. La presse est un pouvoir qu’il ne serait pas bon de contredire ? Les faits sont têtus : des millions d’économies sont prévus au niveau du personnel de la SNCB mais l’argent ne manque pas pour équiper l’armée, par ailleurs promise elle aussi à des pertes d’emploi massives. Ce parti pris est celui du «management» de l’entreprise publique. Les professionnels du terrain que sont les travailleurs ne peuvent que se tromper puisqu’il est entendu, à force de l’avoir répété, qu’ils défendent sinon des «privilèges» au moins de petits intérêts corporatistes ou individuels. C’est bien sûr totalement faux! La politique du gouvernement Michel, incarnée par Jacqueline Galant, menace la fonction sociale du chemin de fer bien plus que quelques arrêts de travail qui font l’objet d’un délai de préavis permettant la négociation. Mais de négociation, il ne semble pas être question dans le chef des grands patrons fédéraux qui traitent de la concertation sociale comme les poissons de

pommes. Le gouvernement a eu l’occasion de désamorcer la perspective de grève. Il a choisi l’épreuve de force. Pour imposer des restrictions de conditions de travail et surtout de sécurité sur le rail. Pour réduire l’offre de transport et sa qualité. Il ne le fera pas sous nos applaudissements. C’est dit! La FGTB de Verviers et Communauté germanophone est favorable durant toute l’année au service maximum. À la SNCB comme dans les autres services publics ! Elle n’attend rien moins du monde politique qu’il rende possible cette option légitime. Tous les choix du gouvernement Michel vont dans l’autre sens. Il organise pour le quotidien un service minimum dans des conditions de sécurité «limites» avec un personnel en sous-effectif proche du burn-out, avec des droits réduits en vue d’un service au rabais. Nous ne voulons pas de ce projet-là pour le transport public! Elle n’acceptera pas, pour permettre la réalisation de ces fantasmes dangereux, que la droite flamande et ses coreligionnaires francophones du MR cassent les droits sociaux et les libertés syndicales au sein de la SNCB. La FGTB de Verviers et Communauté germanophone, à contre-courant de l’intoxication médiatique, soutient avec détermination le combat des cheminots qui sert les intérêts de la collectivité. Elle appelle l’ensemble de ses militants et la et la population à manifester leur plus grande solidarité à l’égard des travailleurs du chemin de fer en résistance!

LIÈGE - HUY - WAREMME

CAFÉ POLITIQUE RÉDUCTION COLLECTIVE DU TEMPS DE TRAVAIL Pour en finir avec la répartition injuste du travail

EMAIN POUR D I U ’H D UJOUR R ET D’A IE ’H D OMBAT LEUR C

Marc GOBLET

Jean JUNGLING

Esteban MARTINEZ

Secrétaire général FGTB

Directeur UCM Verviers

Docteur en sciences politiques et sociales

Entrée libre et gratuite

éditeur responsable : André FREDERIC, rue Crapaurue, 7-4800 VERVIERS

INTERVENANTS

Mardi 19 janvier 2016 à 19H00 Brasserie «C POPULAIRE», crapaurue 7 - 4800 VERVIERS

15.02 > 26.03 Anciens bâtiments Pré-Madame à Herstal Infos sur femmesencolere.be

UNE ORGANISATION DE


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SYNDICATS • N°01 • 15 JANVIER 2016

NAMUR

NOUVELLE PERMANENCE pour les AFFILIES du SEL (SETCa Enseignement libre)

NAMUR

Chers Camarades, Cher(e)s affilié(e)s, Soucieux de répondre aux nombreuses demandes de nos affiliés du secteur de l’Enseignement Libre et dans la mesure où nous avons à cœur d’assurer un service optimal à l’ensemble de nos affiliés, nous vous informons qu’une permanence exclusivement réservée à nos affiliés SEL aura lieu une fois par mois dans nos bureaux du SETCa Namur (rue Dewez, 40-42 – 5000 Namur 3ème étage). Celle-ci sera assurée par notre délégué régional Adrien Rosman. Vous pouvez vous présenter à cette permanence sans rendez-vous La première permanence se tiendra le Vendredi 30 Octobre de 9h00 à 12h30 Prochaines permanences: Vendredi 27/11 et Vendredi 18/12 également de 9h00 à 12h30. Nous vous rappelons également que les consultations juridiques se font uniquement sur rendez-vous pris par téléphone au 081/64.99.80

Le Secrétariat permanent du SETCa Namur

Information aux affiliés du SETCa Namur Notre adresse: Rue Dewez 40/42 - 3e étage - 5000 Namur Heures d’ouverture des bureaux • Lundi, mardi, mercredi et jeudi de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 16h30 • Vendredi de 8h30 à 12h30 Nous vous rappelons que les consultations juridiques se font uniquement sur rendezvous pris par téléphone au 081/64.99.80 Nous contacter? Tel. 081 64 99 80 - Fax 081 24 11 32 Pour tout complément d’information, n’hésitez pas à nous contacter ou à consulter notre site internet http://www.setca-namur.org/

BRABANT WALLON

Modification de l’ouverture au public du service chômage Les lundi, mardi, jeudi, vendredi de 09h à 12H15 et le mercredi de 13h à 16h (sauf Binche; Anderlues; Soignies; Braine le Comte de 12h30 à 15h30) Fermé les 1er et 3ème mardi de chaque mois Pour l’antenne de Nivelles, ouverture les mercredis après-midi au lieu du mardi après-midi. Pour l’antenne de Braine l’Alleud et de Wavre: ouverture le mercredi après-midi au lieu du jeudi après-midi.

LUXEMBOURG

Solidarité avec les Camarades Cheminots La FGTB Luxembourg apporte sa complète solidarité avec les Camarades de la CGSP-Cheminots. Ce secteur est aujourd’hui confronté aux pires dérives du libéralisme : démantèlement du service public du rail, économies budgétaires massives, réduction de personnel, détricotage du statut du personnel… Qui plus est, par la volonté du Gouvernement des droites extrêmes d’imposer le service minimum, les Cheminots doivent faire face à la première attaque violente sur le statut syndical et le droit de grève. Dans ce contexte, nous invitons les délégués et militants de notre Régionale à soutenir toutes les actions organisées par les cheminots . Le combat des camarades Cheminots est notre combat: combat pour les droits des travailleurs et combat pour la défense d’un service public fort!

Joël Thiry pour la Régionale Luxembourg

Service des travailleurs frontaliers Le service frontaliers est un service qui traite tous les dossiers de première ligne en matière de travail frontalier: ✔ droit du travail, ✔ droit de la sécurité sociale, ✔ droit fiscal. Vu la proximité des frontières luxembourgeoises et françaises, nous sommes plus spécialisées sur ces deux pays. Notre service travaille en étroite collaboration avec le syndicat Luxembourgeois OGBL. La connaissance et la maîtrise du règlement de coordination de la sécurité sociale sont indispensables au bon fonctionnement du service frontaliers, car la non harmonisation des régimes de sécurité sociale en Europe ajoute à la complexité à laquelle doivent faire face les travailleurs frontaliers et migrants


ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°01 • 15 JANVIER 2016

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er

Ce qui change au 1 janvier 2016 Le plafond des indemnités augmente de 1,25%

Après la 1ère année d’incapacité de travail, un certificat est nécessaire uniquement en cas de rechute.

Âge en 2016

Âge de rachat

58 ans & +

60 ans

57 ans

61 ans

56 ans

62 ans

55 ans

63 ans

55 ans + RCC dans le cadre d’un plan de restructuration déposé avant le 1/10/2015

60 ans

RETRAITE ANTICIPEE L’Age d’accès revu à la hausse L’âge d’accès à la pension anticipée passe de 61,5 à 62 ans en 2016 sous condition de carrière de 40 ans. Pour accéder à la retraite anticipée à 60 ans, il faudra prouver une carrière de 42 ans. Et ça continuera à augmenter jusqu’en 2019.

© istockphoto.com

Année

A partir du 1er janvier 2016, le plafond maximal des indemnités de maladie professionnelle et d’accident du travail sera revu à la hausse de 1,25% et passera à 41.442,43 euros/an. Une autre modification apparaît également au 1er janvier. Celui qui n’est pas encore à la retraite mais qui est devenu victime d’une incapacité de travail en 2010 en raison d’une maladie professionnelle ou d’un accident de travail, pourra compter sur une augmentation de 2% de son indemnité. Ce fut déjà le cas le 1er septembre dernier pour les personnes victimes d’une incapacité de travail en 2009 en raison d’une maladie professionnelle ou d’un accident de travail.

Âge

Carrière

Exceptions

2016

62 ans

40 ans

60 ans, si 42 ans de carrière 61 ans, si 41 ans de carrière

2017

62,5 ans

41 ans

60 ans, si 43 ans de carrière 61 ans, si 42 ans de carrière

41 ans

60 ans, si 43 ans de carrière 61 ans, si 42 ans de carrière

42 ans

60 ans, si 44 ans de carrière 61 ans, si 43 ans de carrière

2018

à partir de 2019

63 ans

63 ans

- Les clauses qui font en sorte que le départ avant la retraite légale n’ait pas d’impact négatif sur la pension complémentaire seront interdites. Des clauses de ce type ne pourront pas être introduites. Les clauses existantes ne peuvent encore être appliquées que pour les travailleurs qui ont au moins 55 ans en 2016. - L’ âge de la retraite dans les plans de pension (qui sert de base pour le calcul des droits des affiliés) ne pourra pas être inférieur à 65 ans. De nouveaux plans ne peuvent prévoir un âge inférieur. Les plans existants avec un âge de prise de pension inférieur peuvent encore être appliqués à titre transitoire, mais si un changement est apporté à ce plan, l’âge de la retraite devra aussi être modifié.

CHÔMAGE Transfert des compétences aux Régions Suite à la 6e réforme de l’Etat, une part importantes des compétences en matière de chômage passe sous le contrôle des Régions, en l’occurrence le Forem pour la Wallonie, l’ADG pour la Communauté germanophone, Actiris pour Bruxelles-Capitale, et le VDAB pour la Flandre.

PENSIONS COMPLEMENTAIRES

• Le contrôle de la disponibilité o Le contrôle de la disponibilité active et passive des chômeurs sur le marché du travail et la prise de sanctions éventuelles deviennent une compétence régionale. o Pour la région de Bruxelles-Capitale, l’ONEM continue provisoirement d’exercer le contrôle de la disponibilité.

Taux de rendement variables

• Activa La délivrance des cartes Activa, Activa Start (premier emploi) et attestations dans le cadre des restructurations relèvera de la compétence des Régions: o en Wallonie, le Forem reprend ces mesures et délivre ces documents. o A Bruxelles-Capitale, dans la Communauté germanophone et en Flandre, l’ONEM continuera donc de fournir ces attestations.

Par ailleurs, les indemnités minimum et les forfaits pour maladie professionnelle ou accident de travail ont augmenté de 2% depuis le 1er septembre 2015. Autre bonne nouvelle pour ceux qui ont une pension et qui reçoivent une indemnité du FMP ou du FAT: depuis le 1er octobre, leur cotisation de sécurité sociale est passée de 13,07 % à 8,31 %. Cela veut dire que le montant net qu’ils touchent est plus élevé à la fin du mois.

Pensions 2011 et indemnités de maladie 2010 +2% En vertu de la loi de liaison des allocations sociales au bienêtre, les pensions prises en 2011 ainsi que les indemnités d’invalidité entrée en vigueur en 2010 seront augmentées de 2% au 1er janvier. Pour les indemnités de maladie, le plafond de référence est aussi augmenté de 1,25%.

INCAPACITÉ DE TRAVAIL Nouveau certificat Le certificat de déclaration d’incapacité de travail à transmettre à la mutuelle est modifié depuis le 1er janvier 2016. Il en existe 2 versions: une pour salariés et une pour indépendants. Le médecin, le dentiste et la sage-femme doivent dorénavant y indiquer la date de début et la date de fin probable de l’incapacité de travail. Ils doivent aussi y donner des informations médicales détaillées, destinées au médecinconseil de la mutualité. Par ailleurs, l’assuré social doit aussi y fournir des informations et a la responsabilité d’envoyer le certificat à sa mutualité, dans un délai maximal de 28 jours calendrier pour un employé et pour un indépendant, de 14 jours calendrier pour un ouvrier, et de 2 jours calendrier pour d’autres catégories dont les chômeurs. Durant la 1ère année d’incapacité, un certificat est nécessaire pour couvrir chaque période d’incapacité de travail. En cas de prolongation, ces périodes doivent se suivre sans discontinuité. Ceci s’applique aussi s’il faut prolonger une incapacité au cours d’une période de reprise partielle du travail (autorisée par le médecin-conseil).

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L’augmentation de ces indemnités en général est possible grâce au budget de l’enveloppe bien-être.

• Dispenses

A partir de cette année, les pensions complémentaires dites du 2e pilier (Fonds de pensions et assurances-groupes) obéiront à de nouvelles règles en matière de rendement garanti. Le taux de rendement garanti sur les pensions complémentaires sera désormais variable. Mais: - un rendement minimum fixe de 1.75% brut reste garanti (ce sera ce taux pour 2016); - le rendement maximum sera de 3,75%; - entre plancher et plafond, le taux sera établi chaque année et lié au rendement moyen sur 24 mois des obligations linéaires de l’Etat dites «OLO» (c’est-à-dire le taux auquel l’Etat peut emprunter à 10 ans) à raison de 65% du taux en 2016, 75% en 2018 et 85% à partir de 2020 après avis positif de la BNB; - les nouveaux contrats seront entièrement soumis aux taux variables; - une couverture décès pour les contrats dormants est prévue: le capital sera réversible aux ayants droit moyennant la souscription volontaire d’une assurance décès par le travailleur (sans examen médical) - La perception de la pension complémentaire ne pourra désormais avoir lieu qu’à la prise de la pension légale. Il y aura une période transitoire pour les travailleurs qui sont proches de l’âge de la retraite:

Les dispenses pour le suivi de formations, de stages et de reprise d’études seront délivrées: par le Forem et L’ADG (communauté germanophone) par l’ONEM en Flandre et Bruxelles.

• Bonus de stage et de démarrage A partir du 1er janvier 2016, les institutions régionales sont totalement responsables de la gestion et du paiement du bonus de stage et de démarrage.

• Titres-services La gestion des titres-services est régionalisée. Pour les utilisateurs, le numéro de compte sur lequel ils devront payer leurs chèques change. Par contre, pas de changement en ce qui concerne le nombre de chèques maximum qui peuvent être commandés et le prix. Pas d’augmentation donc au 1er janvier!

• ALE En Flandre, le régime des ALE continuera à être géré par l’ONEM en 2016. La gestion des ALE en Wallonie, à Bruxelles et par la Communauté germanophone sera reprise par Actiris, le Forem et l’ADG.

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MALADIES PROFESSIONNELLES & ACCIDENTS DU TRAVAIL


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ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°01 • 15 JANVIER 2016

Ce qui change au 1er janvier 2016 Déclaration électronique des risques sociaux Les employeurs qui, pour leurs travailleurs, font des déclarations mensuelles de chômage temporaire, de travail à temps partiel avec garantie de revenu, d’allocations d’activation, de vacances jeunes et vacances seniors devront, à partir du 1er janvier 2016, le faire électroniquement. La déclaration papier disparaît. Sur base des déclarations mensuelles des salaires et des prestations, l’ONEM calcule l’allocation des travailleurs.

pouvaient refuser l’offre d’outplacement sans perdre une partie de leur indemnité de préavis (4 semaines de salaire équivalent aux prix de l’accompagnement). A partir du 1/1/2016, l’outplacement pour les travailleurs licenciés avec indemnité de préavis sera dans tous les cas imputé sur l’indemnité de préavis, même si le travailleur refuse l’accompagnement ou a trouvé un autre emploi avant le début de l’accompagnement ! Dans ce dernier cas, le travailleur maintient le droit à l’outplacement à charge du premier employeur s’il est à nouveau licencié dans les trois mois. Le travailleur a uniquement droit à l’indemnité de préavis intégrale (sans retenue de 4 semaines) si l’employeur n’offre aucun accompagnement ou n’exécute pas l’offre d’accompagnement ou si les conditions légales ne sont pas respectées. Si le délai de préavis est presté, la procédure de reclassement professionnel est imputée sur le congé pour sollicitation que le travailleur peut prendre

Chèques repas, Ecochèques électroniques Dès janvier, les chèques repas deviennent électroniques. Leur valeur maximale par jour passe de 7 à 8 euros. Pour ce qui est du passage à l’électronique des écochèques, le choix est laissé à l’employeur avec l’accord du Conseil d’entreprise.

Caisse blanche dans l’horeca Depuis le 1er janvier, tout commerce de l’horeca dont les activités de restauration dépasse le chiffre d’affaire de 25.000e HTVA est obligé de placer une «caisse blanche» pour lutter contre la fraude.

Dispo chômeurs âgés Pour être dispensé de contrôle, les chômeurs «ordinaires» (c-à-d non prépensionnés) devront être âgés de 61 ans ou prouver une carrière de 41 ans. La dispense doit être demandée.

RCC entreprises en difficulté & restructuration

Emplois de fin de carrière Les «emplois de fin de carrière», c’est-à-dire le crédit-temps

Le taux de cotisation pour les indépendants dont le revenu est inférieur à 55.577e est abaissé de 22 à 21,5%.

Depuis cette année, il n’est plus possible d’être licencié en vue de prendre une RCC (prépension) à 56 ans avec 40 ans de carrière. Il faudra avoir 58 ans et 40 ans de carrière.

L‘index de décembre 2015 En décembre, l’indice des prix à la consommation a baissé de 0.13 point ou 0.13% par rapport à novembre 2015. En rythme annuel, l’inflation se chiffre à 1,50 %. Indice des prix à la consommation (base 2013)

Indice santé

Indice santé lissé

101,48

102,23

(bloqué à ) 100,66

Exonération totale de cotisations sociales pour l’embauche d’un premier travailleur (au lieu de 32,4%) et ce sans limite dans le temps. Pour l’embauche d’un second travailleurs jusqu’au sixième les réductions de cotisations sont renforcées.

Les réductions de cotisations «bas salaire» seront élargies aux salaires jusqu’à 6.900e au lieu de 5.560e.

Le RCC à 56 ans disparaît

Le prochain dépassement de l’indice pivot n’interviendrait qu’en octobre, et non plus en juillet comme initialement attendu, selon les dernières prévisions d’inflation publiées par le Bureau fédéral du Plan. Si cela se confirme, les allocations sociales et les salaires dans la fonction publique seraient adaptés au coût de la vie, en d’autres termes augmentés de 2%, respectivement en novembre 2016 et en décembre 2016. Le dernier dépassement de l’indice pivot remonte à novembre 2012. Le bureau du plan a revu à la baisse ses prévisions d’inflation, en raison notamment de la chute des cours du pétrole et de l’évolution du taux de change euro/ dollar, et table désormais sur taux d’inflation annuel d’1,4% en 2016, alors que dans ses prévisions de décembre, il s’attendait encore à une inflation d’1,7% en 2016. La hausse des prix s’est élevée à 0,56% en 2015 et 0,34% en 2014. L’augmentation de «l’indice santé», qui sert entre autres au calcul de l’indexation des salaires, allocations sociales et loyers, serait de 1,5% en 2016, et non plus d’1,7% comme précédemment escompté. La hausse de cet indice était d’1,05% en 2015 et 0,40% en 2014.

Cotisations sociales 0% pour la première embauche

Dans les entreprises en difficulté ou en restructuration il faudra qu’une convention cadre ait été conclue dans l’entreprise: - pour accéder à 55 ans au Régime de Chômage avec Complément (RCC ex-prépension) (sinon c’est 56 ans). - Pour être dispensé de disponibilité adaptée à 60 ans avec 38 ans de carrière.

à 1/2 ou 4/5e temps pour les travailleurs âgés restent accessible à 55 ans avec soit 35 ans de carrière, soit licenciés par une entreprise qui a été reconnue en difficulté ou en restructuration, soit pour les métiers lourds, soit pour les travailleurs du bâtiment en incapacité de travail avec attestation médicale, SI le secteur ou l’entreprise (entreprises reconnus en difficultés ou en restructuration) a signé une convention cadre. SINON, ce sera 56 ans.

Pas d’indexation avant octobre

De plus, le taux de cotisations patronales tombe, pour chaque travailleur, de 32,4% à 30% à partir du 1er avril 2016. En 2018 le taux descendra encore jusqu’à 25%.

«Licenciement manifestement déraisonnable» L’harmonisation des statuts d’ouvrier et d’employé a laissé (jusqu’au 1/1/2018) des exceptions pour ce qui est des délais de préavis au détriment des ouvriers qui restent avec des délais de préavis plus courts que le minimum prévu par la CCT 75. Mais le licenciement des travailleurs temporairement exclus des délais de préavis harmonisés, doit désormais être motivé (CCT 109). En cas de contestation du préavis, ils ne pourront plus faire appel au «licenciement abusif de l’ouvrier» mais bien au «licenciement manifestement déraisonnable».

La crise financière qui a éclaté en 2008 est loin d’être surmontée. La généralisation des politiques d’austérité, la mise en concurrence des travailleurs, les remises en cause de l’État social vont de pair avec une appropriation néocoloniale des richesses et la restrictions des droits sociaux, syndicaux, voire politiques. La nécessité de réfléchir sur les dynamiques régressives dominantes autant que sur les pratiques d’émancipation est à l’ordre du jour de l’’édition 2016 du colloque «Penser l’émancipation».

RCC à 60 ans/32 ans de carrière pour les femmes Le RCC à 60 ans ( conventions sectorielles ou d’entreprise) était accessible aux femmes avec 31 ans de carrière (les hommes 40 ans). En 2016, elles devront prouver 32 ans de carrière (et 33 en 2017, 34 en 2018, etc. pour arriver à 40 ans comme les hommes).

Chômage économique des employés Pour pouvoir faire appel au chômage économique des employés, les entreprises doivent établir qu’elles sont en difficulté, notamment, en raison d’une diminution du chiffre d’affaires, de la production ou des commandes d’au moins 10%. Jusqu’au 31 décembre 2015, cette diminution devait être établie en comparaison avec les chiffres de l’année 2008. A partir du 1er janvier 2016, les entreprises peuvent faire la comparaison avec les chiffres: • soit de l’année 2008; • soit de l’une des deux années calendrier qui précèdent la demande de la mise en application du régime.

Outplacement payant La loi relative au statut unique prévoit que chaque travailleur licencié (sauf pour motif grave) moyennant un préavis d’au moins 30 semaines a droit à un accompagnement à l’outplacement de 60 heures. Jusqu’au 31/12/2015, les travailleurs

Informations pratiques: LIEU: Université libre de Bruxelles (ULB), Campus du Solbosch (Av. Paul Heger), Bâtiment A (accès par le square Jean Servais). DATES: Jeudi 28, vendredi 29 et samedi 30 janvier 2016 CONTACT: penserlemancipation2016@gmail.com

Rédaction: Syndicats - 42 rue Haute, 1000 Bruxelles Nicolas Errante: rédacteur en chef - Tél.: 02/506.82.44 Aurélie Vandecasteele: journaliste. Tél.: 02/506.83.11 E-Mail: syndicats@fgtb.be Secrétariat: Sabine Vincent - Tél.: 02/506.82.45 Service abonnements: 02/506.82.11


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SYNDICATS • N°01 • 15 JANVIER 2016

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> RÉDUCTION COLLECTIVE DU TEMPS DE TRAVAIL

4 jours semaine: «Oui, on peut!» Dans le journal Le Soir du 11 août 2015, Marc Goblet, Secrétaire général de la FGTB, (re)lançait l’idée d’une réduction collective du temps de travail plus particulièrement destinée aux travailleurs âgés.

Pensée unique • On nous bassine avec l’idée que pour sauver les pensions il faut travailler plus longtemps. Qu’avec le vieillissement, il va y avoir pénurie de main d’œuvre (donc plein emploi pour ceux en âge de travailler). • On nous dit que la prolongation des carrières des plus âgés n’empêche pas la création d’emplois pour les jeunes. • On nous dit que ce qui empêche de créer des emplois, c’est le manque de flexibilité des travailleurs, la rigidité des lois sociales et des syndicats qui les défendent. • On nous dit qu’il faut travailler plus pour gagner plus, plus longtemps, plus vite, le jour, la nuit, le samedi, le dimanche, les jours fériés… • On nous dit que le travail coûte trop cher, que pour créer des emplois ou empêcher qu’ils filent ailleurs, il faut baisser les coûts, c’est-à-dire les impôts des sociétés, les cotisations sociales, mais aussi les salaires (blocage des salaires, saut d’index, norme salariale a minima, ajustements à la baisse ou réduction comme en Grèce, au Portugal, en Espagne…). • On nous dit que si on cherche «vraiment» du travail on en trouve. • On nous dit que la croissance revient, ou qu’elle va revenir, que ça y est presque, qu’il faut encore un peu de patience, encore quelques efforts…

> PIERRE LARROUTUROU Partant de la décision du gouvernement Michel de réduire les cotisations sociales des employeurs, Marc Goblet affirmait que la réduction des coûts salariaux n’est en rien une garantie de création d’emplois. Parce que les coûts salariaux ne représentent qu’une faible partie des coûts de production, mais surtout parce que les entreprises n’embaucheront pas du personnel si elles n’en ont pas besoin. Et elles n’en ont pas besoin si la demande n’est pas là. Marc Goblet comptait donc proposer aux employeurs une réduction collective du temps de travail en utilisant une partie des réductions de cotisations sociales avec maintien du revenu pour le travailleur, une embauche compensatoire, le tout à un coût neutre pour l’entreprise. Ainsi le passage de 38 heures à 32 heures, donc de cinq jours à quatre jours par semaine permettrait de garder au travail plus longtemps les travailleurs âgés et d’embaucher des jeunes. Comme prévu, la FEB a balayé d’un revers de manche la proposition comme irréaliste. Si la proposition a en effet l’avantage d’avoir un coût neutre pour les entreprises, elle a le tort de redistribuer les réductions de cotisations aux travailleurs en salaires via l’embauche compensatoire plutôt que de tomber dans l’escarcelle des entreprises qui pourront soit réduire leurs prix (pour celles les plus exposées à la concurrence internationale), soit plus probablement gonfler les profits à redistribuer en dividendes. Pourtant l’idée d’une réduction collective du temps de travail est loin d’être saugrenue ou antiéconomique. Certains économistes de renom comme le Belge Paul Jorion ou le Français, Pierre Larrouturou, co-fondateur du collectif Roosevelt 2012, défendent l’idée. Ce dernier, a été invité par la FGTB wallonne pour exposer ses arguments.

Riches et pauvres Le site d’information en ligne Rue89 a publié des extraits de deux rapports établis par le Crédit suisse et la Croix-Rouge qui donnent un aperçu de la situation financière et sociale du monde. Quelques chiffres méritent d’être cités.

46% du patrimoine mondial est détenu par 1% des ménages La richesse mondiale a crû de 4,9% entre mi-2012 et mi-2013, la période examinée par Crédit suisse, et de 68% ces dix dernières années.

25% de travailleurs pauvres en Allemagne Le nombre de salariés allemands ne pouvant subvenir à leurs besoins est en constante augmentation, relève la Croix-Rouge : un quart d’entre eux ont des bas salaires. Près de la moitié des contrats signés en Allemagne depuis 2008 sont à court terme, sans sécurité sociale, et 1,3 million de travailleurs ne peuvent subvenir à leurs besoins.

Le chômage des jeunes dépasse 50% dans 5 pays d’Europe Grèce, Espagne, Bosnie, Macédoine, Serbie: dans ces pays, plus d’un jeune de 15 à 24 ans sur deux, en situation de travailler, est au chômage. En Belgique c’est 25%. http://rue89.nouvelobs.com/2013/10/10/richesse-monde-criseeurope-choc-deux-rapports-246485

La réduction collective du temps de travail est indispensable

Les constats Pierre Larrouturou, lui, fait les constats (pour la France, mais aussi pour la Belgique) suivants: • Depuis 40 ans, le Produit Intérieur Brut (la richesse d’un pays) a presque doublé: jamais nous n’avons été aussi riches ! Mais la part des salaires dans le PIB n’a cessé de baisser depuis 40 ans et a perdu 10% au profit du capital. • La durée du travail ne cesse de baisser mais cela se fait via un partage du travail inégalitaire entre ceux qui ont un emploi à plein temps et plus et ceux qui n’ont que des emplois précaires ou pas d’emploi du tout, des loisirs mais pas d’argent. Ainsi en Allemagne, un tiers des emplois sont des petits boulots. • Depuis 40 ans, la productivité a fait des bons de géant: jamais

nous n’avons été aussi efficaces, c’est-à-dire qu’il faut de moins en moins de gens pour produire de plus en plus. Au lieu de profiter à tous, les gains de productivité, fruits de l’effort de tous, débouchent sur un chômage massif pour certains et sur une stagnation des salaires et un stress croissant pour d’autres. • Depuis 40 ans, la population potentiellement active est de plus en plus nombreuses, notamment en raison du nombre de femmes qui travaillent.

Tuer le mythe de la croissance Pour résorber le chômage, dans le cadre économique actuel, il faut 2,5% de croissance par an. Les taux de croissance de l’économie sont largement en dessous et les prévisions guère plus optimistes.

Dans les pays où on a injecté de l’argent dans des plans de relance, la croissance n’est pas revenue. C’est le cas du Japon qui a investi jusqu’à 6,6% de son PIB par an et jusqu’à 3,3% dans la recherche au prix d’une dette publique qui a grimpé à 250% de son PIB. C’est le cas aux Etats-Unis où l’injection de 3.500 milliards de dollars dans l’économie a permis de maintenir un certain niveau de croissance mais pas de maintenir l’emploi.

«Il n’y a aucun espoir que

la croissance revienne et soit assez forte pour créer des emplois» > Suite page 6


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ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°01 • 15 JANVIER 2016

promettre l’avenir en recommençant ce qui a déjà échoué.». Mais au-delà des rapports et propositions, la multinationale Danone – Mamie Nova l’a fait. Grâce aux réductions de cotisations prévues par la Loi Robien, l’entreprise a réduit le temps de travail à 4 jours et créé 130 emplois sans perte de salaire pour les autres.

Impayable?

> Suite de la page 5

Il faut donc tuer le mythe du retour de la croissance comme effet mécanique de l’injection d’argent dans l’économie.

Les gains de productivité détruisent l’emploi Dans le même ordre d’idée, P. Larrouturou démolit l’idée que le chômage est uniquement lié à la mondialisation. Selon lui, 85 à 90% des destructions d’emplois sont liés aux gains de productivité. Tant les emplois industriels que les services sont touchés suite au développement de l’informatique qui a fait sauter toute une série de professions intermédiaires. La conclusion est qu’il y a moins de travail pour plus de demandeurs d’emploi et que la redistribution du travail s’opère de toute façon mais de manière inégalitaire («stupide» dit P. Larrouturou) entre ceux qui travaillent 38 h. et plus (dans les faits 40 heures/semaine en moyenne), se doivent d’être productifs et performants tout au long de leur carrière, mener de front vie professionnelle et privée, ceux qui n’ont qu’un temps partiel, et ceux qui n’ont pas de travail. Sans compter la mauvaise répartition en fonction de l’âge entre les jeunes qui ne trouvent pas d’emploi stable avant 28-30 ans, ceux qui suent sang et eau entre 30 et 55 ans, et ceux que l’on éjecte de leur emploi à partir de 56-57 ans.

La justice sociale économiquement justifiée Une telle répartition inégalitaire du travail génère de la souffrance sociale et nourrit la crise y compris celle de la dette. Le chômage de masse empêche les salaires de progresser et permet aux profits de grimper. «Il profite aux actionnaires», dit P. Larrouturou. Le pouvoir d’achat que les salariés n’ont pas devient de la dette. Celle-là même à l’origine de la crise des subprimes de 2007/2008. La crise trouve en fait son origine dans le creusement des inégalités. L’économiste va plus loin en affirmant sur base de chiffres de l’INSERM qu’en France, le chômage tue 10.000 personnes par an. Cela peut paraître exagéré, pourtant on a constaté en Grèce soumise à une cure drastique d’austérité, que le taux de suicide a augmenté de 40% entre janvier et mai 2011 par

rapport à la même période en 2010. Le taux de suicide des femmes a plus que doublé… Ce qui fait dire à P. Larrouturou que les chantres de l’austérité «ont du sang sur les mains».

«C’est dramatique de faire croire que la justice sociale est un luxe auquel il faut renoncer à cause de la crise»

Pour l’économiste, les 35 heures en France ont tué le débat parce qu’elles n’ont pas été négociées mais imposées, que leur financement était mal calibré, non conditionné à l’embauche, et au final neutralisées par la flexibilité trop forte de l’organisation du travail. On pourrait réduire le chômage de moitié en quelques années, affirme l’économiste.

«On peut diviser le chômage par deux en trois ou quatre ans»

Reste l’argument financier. Où trouver l’argent? Faisons abstraction de la Belgique où le gouvernement Michel a trouvé les moyens de réduire les cotisations sociales sans conditions (mais aussi sans le financement puisqu’il manque quelques milliards), Pierre Larrouturou relève que la Banque Centrale Européenne fait tourner la planche à billets. Si on donne aux Etats à raison de 2% de leur PIB les 1.200 milliards que la BCE s’apprête à donner aux banques, on pourrait financer de vastes programmes de lutte contre le réchauffement climatique et pour la transition énergétique qui généreraient des centaines de milliers d’emplois. Le tout combiné à une lutte efficace contre l’évasion fiscale et un traité européen de convergence sociale.

Le chômage en Belgique (2014[1]) 569.000 chômeurs indemnisés[2] -

102.000 prépensionnés dispensés d’inscription comme demandeur d’emploi 48.000 jeunes en stage d’insertion (sans aucune allocation) 135.000 bénéficiaires du revenu d’intégration sociale ou de l’aide sociale du CPAS 135.000 chômeurs temporaires[3] [1]

Moyennes annuelles arrondies aux milliers.

[2]

Soit 341.000 chômeurs indemnisés sur base d’un temps plein + 22.000 chômeurs indemnisés sur base d’un temps partiel «volontaire» + 90.000 allocataires d’insertions (chômage après études) + 58.000 chômeurs âgés + 25.000 dispensés pour reprise d’études ou de formation + 20.000 chômeurs en formation professionnelle + 7000 dispensés pour raisons sociales et familiales + 5000 prépensionnés inscrits comme demandeurs d’emploi + 1000 chômeurs en ALE.

[3]

Travailleurs dont le contrat de travail est temporairement suspendu (pour des motifs de force majeure, d’incident technique, d’intempéries, raison économique, vacances annuelles, grèves /lock-out).

REGARDS

«RCTT» la solution Emission TV

Pour Pierre Larrouturou, il n’y a qu’une seule solution: la réduction collective du temps de travail avec embauche compensatoire. Cette RCTT serait financée par l’activation des budgets attribués au chômage (ou aux aides à l’emploi) sous condition d’embauche compensatoire. Ce serait tout à fait réaliste si la réforme est bien encadrée, bien négociée dans les secteurs car elle pose bien évidemment des problèmes d’organisation et de formation. Cette réduction du temps de travail doit cependant être significative (par ex. 4 jours par semaine) pour être efficace. Une RCTT en jours et pas en heures parce que l’expérience montre qu’une réduction en heures dérive souvent en heures supplémentaires, soit en gains de productivité plutôt qu’en embauches compensatoires.

Irréaliste? Non, réalisé! La réduction du temps de travail n’est ni irréaliste, ni impayable. Et l’idée – même si elle est tabou dans les milieux patronaux – n’est pas un monopole de la gauche. Dès 1995 le ministre français Edouard Balladur mettait sur pied une Commission dirigée par le Commissaire général au Plan Jean Boissonnat pour étudier ce que pourrait être « le travail dans vingt ans ». Il envisageait comme le meilleur scénario une réduction du temps de travail négociée de 20%, le pire, celui de «l’enlisement» étant la prémonition de ce que nous vivons en 2015, c’est-à-dire un pays qui «continue de s’épuiser

à endiguer le chômage, qu’aucune reprise économique ne parvient à résorber, et à financer la survie des laissés-pour-compte. Chaque élection reste l’occasion de condamner le passé au nom du chômage et de

4 jours qui vont vous changer la vie La FGTB Wallonne a consacré une émission Regards diffusée par la RTBF sous le titre de «4 jours qui vont vous changer la vie - Pierre Larrouturou» réalisée par Yannick Bovy. On peut la revoir à l’envi sur le site https://www.youtube. com/watch?v=BVn8Qz38k_s

Le temps partiel +53% en 12 ans + d’un salarié sur 4 travaille à temps partiel (1million sur 3,8 millions) 80% de femmes parmi les TP 46% des femmes contre 23% des hommes 90% des contrats TP sont contraints Un catalogue de formules «crédit temps» subventionnées par la sécurité sociale. Cela concerne les travailleurs-euses qui ont un temps plein et souhaitent réduire leurs horaires. 7% des salariés (surtout des femmes) sont concernés. Les contrats sont devenus de + en + extensibles (+ tôt le matin, après 18h, le samedi et le dimanche)


UNION BELGE DU TRANSPORT

SYNDICATS • N°01 • 15 JANVIER 2016

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Le dumping social sous les projecteurs pendant la période de fin d’année! Jamais il n’a été autant question de dumping social dans le secteur du transport que pendant la période de fin d’année. En effet, des milliers de poids lourds immatriculés en Europe de l’Est étaient garés à plusieurs endroits du pays. Leurs chauffeurs étaient rentrés chez eux pour passer la période des fêtes. Immédiatement après le Nouvel An, ils sont revenus en Belgique pour travailler et vivre pendant plusieurs mois dans leurs camions. Faut-il des preuves encore plus accablantes des pratiques de dumping social? Cela a commencé à Opglabbeek, dans la province du Limbourg …

es images les plus parlantes étaient celles d’une prairie à Opglabbeek: plus de 200 poids lourds aux couleurs jaunebleu de la firme hongroise Waberer y étaient garés pendant toute la période des fêtes de fin d’année. Leurs chauffeurs étaient rentrés en Hongrie ou en Roumanie pour y passer en famille la période des fêtes.

L

… mais le phénomène a touché tout le pays. Mais ce n’était pas seulement dans cette prairie d’Opglabbeek que des camions immatriculés en Europe de l’Est étaient garés. Des poids lourds étaient également stationnés sur des terrains de transporteurs belges et dans des zonings industriels, parfois sur la voie publique ou sur des terrains privés à proximité de grands zonings de transport. Frank Moreels, secrétaire fédéral: «Nous avons lancé un

appel sur nos pages Facebook pour nous signaler d’autres parkings de ce type. Nous avons reçu des tas de mails et d’appels téléphoniques de chauffeurs indignés qui nous ont signalé l’existence de dizaines de ces parkings: à Anvers, à Gand, à Liège, à Zeebrugge, même dans les coins les plus reculés où des camions étaient cachés dans un hangar ou derrière des bâtiments d’entreprise. Nous avons informé immédiatement le secrétaire d’Etat à la lutte contre la fraude qui nous a promis d’envoyer l’inspection sociale pour contrôler s’il était effectivement question de dumping social.»

Une preuve accablante de dumping social! Passés les jours de fête, ces chauffeurs sont retournés en Belgique pour récupérer leur camion et rouler pour un salaire de misère, parfois contraints de vivre des mois durant dans leurs camions dans des conditions intolérables. Le fait que les camions restent en Bel-

gique pendant leurs congés prouve à suffisance que ces chauffeurs travaillent principalement dans notre pays et dans les pays voisins: en effet, une grande partie de la flotte de l’Europe orientale roule uniquement en Europe de l’Ouest. Une flotte d’une telle ampleur qui roulerait sur la Hongrie et sur l’Europe de l’Est est tout bonnement impossible. C’est donc la preuve indubitable que ces entreprises de transport n’effectuent des transports que dans nos seules contrées. C’est pourquoi l’UBT exige que la convention collective de travail sur l’égalité de salaire pour un travail égal soit effectivement appliquée. Cette CCT stipule explicitement qu’un chauffeur qui récupère son véhicule en Belgique et l’y laisse, doit être payé selon les salaires et les conditions de travail en vigueur dans notre pays ! L’UBT réclame ni plus ni moins l’application de cette CCT!

L’inspection sociale sur place Informé par l’UBT, le secrétaire d’Etat Tommelein a chargé l’inspection sociale d’aller contrôler la situation sur place. Les services d’inspection ont pris des photos des plaques d’immatriculation des poids lourds immatriculés à l’étranger, stationnés à Opglabbeek, Bredene et Zeebrugge. Ces données sont actuellement à l’examen. Les résultats de ces contrôles ne sont pas encore connus, mais c’est un dossier que nous suivrons bien entendu de très près.

Amende de 1200 euros, mais pas pour cause de dumping social … Pourtant, des amendes ont déjà été infligées. Non pour pratiques de dumping social, mais pour nonrespect des temps de conduite et de repos. Les règles européennes en matière de temps de conduite et de repos sont claires : lorsqu’un camion d’une entreprise ne se trouve pas au dépôt, le temps de voyage

du conducteur pour rejoindre son véhicule doit être introduit dans le tachygraphe. L’inspecteur principal de la police de la route fédérale de Battice, M. Lausberg, explique: «Le calcul est simple: la durée du

voyage depuis Budapest est d’environ 20 heures, temps qui est à considérer comme temps de travail. La première infraction serait commise si le conducteur omet d’introduire à son arrivée ce temps de travail dans le tachygraphe. Dès le départ en Hongrie, la période de 6 x 24 heures commence à courir, après laquelle le chauffeur doit prendre le repos hebdomadaire. Cela signifie donc – si le chauffeur est parti le dimanche 3 janvier – qu’il devra s’arrêter au plus tard le vendredi pour être en règle avec les temps de conduite et de repos. Et n’oublions pas non plus que la durée du voyage du dépôt à l’entreprise doit également être introduite dans le tachygraphe.» Un véhicule de la firme Waberer, qu’on avait retrouvé sur la prairie à Opglabbeek, a été contrôlé sur la E40 dans la nuit de dimanche à lundi. Le chauffeur avait effectivement introduit la durée du voyage depuis la Hongrie dans le tachygraphe, mais il avait pris le volant de son camion après une pause de 5 heures seulement. Il avait été arrêté par la patrouille belge après une heure de conduite. La police fédérale lui a infligé une amende à perception immédiate de 1200 euros, qui a été immédiatement payée par Waberer. Ces amendes -qui ne sont visiblement pas encore assez élevéesne semblent donc pas empêcher l’organisation du dumping social qui reste donc apparemment un business très lucratif …

Les chauffeurs de l’Europe de l’Est vivent des mois durant dans leurs camions et bivouaquent souvent sur des parkings pendant le week-end.

Les militants de l’UBT donnent le coup d’envoi de la campagne pour les élections sociales

Plus de 150 militants de l’UBT Wapi/Charleroi se sont réunis le 19 décembre 2015. Des visages connus, mais aussi des visages nouveaux. L’équipe de Philippe Dumortier se bat pour plus de respect pour les travailleurs du secteur du transport.

Lisez nos livres noirs sur le dumping social L’UBT a déjà publié deux livres noirs sur le dumping social pour lesquels nous avons mené nos propres investigations. Vous les retrouverez en cliquant sur les liens suivants: - Livre noir 2010: www.tinyurl. com/2010-livrenoir-dumpingsocial - Livre noir 2012 : www.tinyurl. com/2012-livrenoir-dumpingsocial

L’UBT a publié fin 2015 un livre blanc avec 25 propositions concrètes pour combattre le dumping social, destinées aussi bien aux autorités belges qu’européennes. Vous retrouverez cette publication trilingue en cliquant sur le lien www.tinyurl.com/ btb-ubt-socialdumping

UBT Anvers/Waasland: le vendredi 18 décembre, plus de 80 militants donnent le coup d’envoi de la campagne pour les élections sociales. Ensemble, on est plus forts. Pour des emplois de qualité !

Suivez l’UBT Transport et Logistique sur Facebook! Scannez le code QR avec votre smartphone et restez informé!

UBT Flandre orientale: dimanche 29 novembre, plusieurs dizaines de militants donnent le coup d’envoi de la campagne pour les élections sociales. Du respect!


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DOSSIER

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SERVICES PUBLICS

LE PROJET D’ACCO

> SNCB

La fin programmée du plus grand service public Avec 3 milliards d’économies, la SNCB paie le prix fort des coupes budgétaires du gouvernement. On a beau nous affirmer qu’on peut faire mieux avec moins de moyens, la baisse de la dotation des chemins de fer aura inévitablement des répercussions désastreuses sur la qualité du service et sur l’emploi : suppression des voies non rentables, manque d’investissements, évolution des tarifs à la hausse et réductions de personnel. n plan ambitieux, socialement responsable et partenaire d’une transition juste vers une société bas carbone, était pourtant crucial. La fréquentation du chemin de fer a augmenté de 46 % depuis 2000, prouvant le succès et la nécessité de ce mode de transport et

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l’urgence d’y investir pour assurer un service public de qualité et répondant à la demande. Au lieu de quoi, le gouvernement Michel met en danger le rail belge. Avec une baisse de la dotation des chemins de fer de l’ordre de 3 milliards d’euros (chiffres cumulés jusqu’en 2019), le rail ne sera plus en mesure de répondre aux attentes des voyageurs. Ces coupes vont nuire à la régularité des trains, au service, au confort, voire à la sécurité.

Suppressions de trains et de lignes Certaines lignes en ont déjà fait les frais et de nombreux trains ont été supprimés ces dernières années. Les restrictions budgétaires supplémentaires menacent 800 kilomètres de voies sur les 3800 que compte le royaume, l’offre y étant jugée insuffisamment rentable. Il s’agit surtout de lignes rurales, où le service serait supprimé ou remplacé par des bus. De même, les trains circulant en dehors des heures de pointe sont également menacés. Ce mouvement va à l’encontre de l’idée même du service public, bénéficiant à tous et toutes, y compris aux populations isolées ou à celles contraintes de travailler à horaire décalé.

Manque d’investissements

Les coupes budgétaires restreignent et retardent les investissements. A nouveau, ce sont les tronçons les plus rentables qui seront privilégiés, tandis que d’autres projets seront abandonnés. On ne parle même plus du RER, chantier dont l’aboutissement est une nouvelle fois reporté. L’allongement des chantiers pèse sur la qualité du service. Pour masquer cette situation et augmenter les statistiques de ponctualité, les temps de parcours ont été allongés : sur certaines lignes, les trains sont plus lents qu’il y a 30 ou 40 ans.

Tarifs en hausse De l’aveu même des dirigeants de la SNCB, le prix payé par les usagers pourrait augmenter de 50%. Cela ira à l’encontre d’un service accessible à tous, le budget de transport pesant plus sur les plus pauvres. De même, l’idée de moduler les tarifs en fonction de l’heure d’utilisation pénalisera les navetteurs obligés de voyager aux heures d’affluence.

Réductions de personnel On prévoit la disparition de 7000 postes, qui à leur tour engendreront autant de conséquences négatives : suppression de guichets, du service et du contrôle social qu’ils offrent, mise en place de trains sans accompagnateur, entravant encore l’accès des

personnes à mobilité réduite, faute d’aide à l’embarquement, ainsi que le service et la sécurité dans les trains.

Libéralisation du rail En sous-finançant délibérément le rail, cette politique vise en réalité à préparer sa libéralisation. En rendant la situation intenable - investissements reportés, suppression de services, nombre et qualité de trains insuffisants par rapport à la demande - ces décisions vont encourager l’entrée du privé pour combler ce que ne financera plus le public, voire la privatisation au rabais de services publics devenus inefficaces.

Un plan ambitieux plus que jamais nécessaire Pour répondre aux défis sociaux de mobilité et environnementaux, le rail est appelé à jouer un rôle crucial: plus écologique, il est aussi plus économique pour la société que les autres modes de transport, voiture en tête. Loin des restrictions budgétaires qui mèneront à l’asphyxie des chemins de fer et de la population, un plan ambitieux est nécessaire. Un plan qui investit des moyens et de la main-d’œuvre dans un réseau dense, autour des grandes villes et dans les régions rurales. Un plan visant des tarifs moins élevés.

> CHEMINOTS

Contes et légendes à propos du statut Suite aux grèves annoncées sur le rail pour le mois de janvier, les médias et réseaux sociaux n’ont pas manqué de faire de nombreuses caricatures et de diffuser des informations incomplètes, voire erronées, sur le personnel des chemins de fer et leurs prétendus privilèges. Dans la ligne de mire le statut des fonctionnaires que le gouvernement rêve de démanteler complètement. La CGSP-Cheminots veut couper les ailes à certains canards et rétablir quelques vérités.

1. Le cheminot peut prendre sa pension à 55 ans? Comme dans d’autres régimes de pension, des départs anticipés sont prévus à 55 ans pour certaines fonctions. La majorité des cheminots devra travailler jusque l’âge de 67 ans.

2. Le cheminot est paresseux! Un régime de 36 heures/semaine est d’application depuis les années 1990. Le personnel a cédé une partie de son salaire pour cette réduction du temps de travail. Dans les faits, le cheminot travaille 40 heures par semaine. Il reçoit des jours de compensation pour ces quatre heures supplémentaires prestées. N’oublions pas non plus que le personnel effectue souvent des prestations irrégulières et de nuit, parfois même pendant 7 jours d’affilée.

3. Le cheminot dispose de 65 jours de congé par an! Comme beaucoup d’autres travailleurs, le cheminot a droit à 24 jours de vacances annuelles. À ceux-ci s’ajoutent 10 jours fériés légaux et trois jours fériés extralégaux. Étant donné que le cheminot preste chaque semaine quatre heures de plus que l’horaire convenu contractuellement, il a également droit à 26

jours de compensation (4 heures/ semaine x 52 semaines/an).

4. Le cheminot peut percevoir le salaire de son chef! A travail égal, salaire égal. Il est donc normal qu’il perçoive l’indemnité journalière liée au travail de son supérieur lorsqu’il le remplace.

5. Le cheminot est payé pour faire du sport pendant ses heures de service! Ces activités ne sont plus autorisées depuis très longtemps déjà.

6. Le cheminot a 2 heures de pause à midi et peut manger dans des restaurants d’entreprise très chics! La pause de midi du personnel dure 30 minutes et doit être prise entre 11 heures 30 et 14 heures. Par ailleurs, les chèques-repas ne s’élèvent qu’à 5,50 euros (et non 7 ou 8 euros). Pour ce qui est des restaurants d’entreprise, les chemins de fer belges sont obligés de les prévoir pour certains services.

7. Le cheminot croule sous les primes! Certains membres du personnel ont droit à des primes une fois qu’ils ont réussi un examen, par exemple,

une épreuve linguistique. De plus, les primes constituent un complément à un traitement de base assez peu élevé.

8. Le cheminot voyage gratuitement en 1e classe! La majorité des cheminots a le droit de voyager gratuitement en 2e classe. Il s’agit dans les faits d’une indemnité de mobilité. La CGSP veut maintenir des chemins de fer belges forts, pour que les voyageurs aient enfin une offre de transports large, abordable, fiable et sûre. Selon nous, le service au citoyen et l’emploi sont indissociables. Nous nous opposons aux coupes sombres qu’impose le gouvernement Michel aux chemins de fer belges. La disparition de 7000 emplois aurait de lourdes conséquences sur le service. Le Premier Ministre a promis «JOBS – JOBS – JOBS», les premiers emplois créés sont ceux que l’on ne supprime pas. Qu’il joigne le geste à la parole. La CGSP estime également qu’il est inacceptable d’augmenter les tarifs, de diminuer l’offre des trains et de rogner sur la sécurité.

Voyageurs et personnel: MEME COMBAT

La politique d publics a un im Si la SNCB et les 3 milliards d’économies qui y sont prévues, fait la une de l’actualité, se sont tous les services publics qui sont touchés par la vague d’austérité du gouvernement. Là où plus que jamais, il serait judicieux d’investir dans les services publics, pour le bien-être des citoyens et de notre planète. peine l’encre de l’Accord sur le climat de la COP21 a-t-elle séché que le gouvernement belge s’attaque aux moyens dont disposent les transports publics. Au lieu d’avoir une vision à long terme, pour la survie de notre planète, ce sont des mesures d’austérité aveugles orientées vers le court terme qui sont prises.

A

Le développement d’un réseau performant de lignes de chemin de fer, une offre de bus digne de ce nom, des trams à l’heure et propres, tout cela nécessite un important investissement. La décision du gouvernement fédéral d’économiser trois milliards d’euros rien que dans les chemins de fer va totalement à l’encontre de ce qui précède et est la meilleure garantie d’avoir plus d’embouteillages encore et plus de problèmes de santé dans la population.

Plus que des transports publics Comme leur nom l’indique, les services publics sont là pour tous les citoyens. C’est un système important de redistribution et de solidarité. Tout le monde paie pour les services publics, même ceux qui ne les utilisent pas. Parmi les services publics, on peut citer l’enseignement, l’assurance-maladie et l’infrastructure. Les services publics sont les garants du bien-être de la population et de la croissance économique. C’est une partie du pouvoir d’achat des ménages moyens. Non seulement pour les membres du personnel, mais aussi pour tous les autres qui utilisent régulièrement ou non ces services, comme les navetteurs, les personnes qui tombent malades, les automobilistes, les étudiants, etc.


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ORD INTERPROFESSIONNEL

La porte grande ouverte aux privatisations

’austérité dans les services mpact sur TOUS les citoyens Dans la discussion sur les services publics, on se focalise généralement sur le point des coûts. Les recettes sont rarement prises en compte. Mais combien coûteraient des files supplémentaires à la Belgique si les trains ne roulent plus? Combien de dettes les étudiants auraient-ils pour pouvoir terminer leur formation si l’enseignement n’était pas subsidié? Combien de malades devraient arrêter leur activité économique sur base annuelle si notre système solidaire de soins de santé n’existait pas? Et comment le chef d’entreprise pourrait-il veiller à ce que ses marchandises parviennent à ses clients si nous n’investissions pas tous dans l’infrastructure routière? Ces exemples montrent la plus-value des services publics pour la société. Dans la discussion sur les services publics, il convient de ne pas perdre de vue ces «avantages».

Des coupes ciblées Parce qu’il n’y a soi-disant «pas d’autre alternative», des coupes sombres sont maintenant opérées dans les services publics. Quelques exemples simples en attestent. Quatre fonctionnaires fédéraux sur cinq ne seront plus remplacés. Les services publics fédéraux reçoivent un quart de moyens de fonctionnement en moins. L’accueil des enfants devient plus cher. Le minerval augmente. Il y a moins de moyens pour la culture et les listes d’attente restent trop longues dans le secteur des soins de santé. Des économies sévères, mais pas pour tous. Les ménages moyens se ruinent en taxes supplémentaires pour pouvoir maintenir le budget en équilibre. Les employeurs et les grandes entreprises se réjouissent par contre des réductions de cotisations pour la sécurité sociale et des cadeaux de plusieurs millions pour les centrales nucléaires d’Electrabel. Qui empoche les bénéfices? Certainement pas le travailleur moyen, le demandeur d’emploi ou le pensionné.

Investir plutôt qu’économiser Des économistes – dont plusieurs lauréats du Prix Nobel – s’accordent à dire que la politique d’austérité de l’Europe a échoué. Mais les gouverne-

ments de droite et l’Europe qui leur fait écho, persistent à appliquer leur recettes néolibérales qui asphyxient l’économie et tuent l’investissement public en imposant des critères d’austérité budgétaires stricts, et pesent sur les revenu des travailleurs. Paul De Grauwe, professeur à la London School of Economics, décrivait la semaine dernière le carcan européen en matière d’investissements publics comme «tout à fait catastrophique» (De Standaard, 2 janvier). «De bons

investissements stimulent la croissance économique et peuvent donc faire baisser le taux d’endettement (le rapport entre la dette et le produit national brut). Une récente étude du FMI a en effet démontré que l’effet multiplicateur des investissements publics était relativement élevé et qu’ils avaient donc un effet important sur le produit intérieur brut. La dette, exprimée en pourcentage du PIB, diminuera si le dénominateur augmente plus rapidement que le numérateur. Cela suppose bien sûr que le gouvernement prenne les bonnes décisions.» Outre l’effet fiscal favorable – une croissance économique plus élevée et un taux d’endettement plus bas, les soi-disant objectifs de nos gouvernements néolibéraux – ces investissements ont également un effet positif sur le bien-être du citoyen, le pouvoir d’achat et l’environnement. A peine quelques semaines après la plus grande conférence sur le climat, les gouvernements feraient bien d’y accorder un peu plus d’attention, d’investir dans un avenir durable et d’abandonner le fétichiste de l’équilibre budgétaire à tout prix, au pas de charge et tous en même temps.

Un service optimal Les services publics doivent de nouveau devenir une priorité pour nos décideurs politiques. Ils veillent au bien-être général et à une répartition de la richesse. Ils sont d’une importance cruciale pour le pour le pouvoir d’achat et assurent à chacun l’accès à des services de qualité. Les gouvernements doivent arrêter les coupes dans les services publics. Au lieu de s’évertuer à imposer un service minimum, le gouvernement devrait s’évertuer à mettre sur pied un service maximum, c’est-à-dire des services publics optimaux, jour après jour.

Les mesures de dégraissage dans les entreprises publiques, comme celles que vise actuellement le gouvernement avec la SNCB, sont généralement annonciatrices d’une privatisation imminente. Quand des entreprises privées commencent à exploiter des services qui, auparavant, étaient des services publics, le bénéfice prend le dessus sur les services aux utilisateurs et les bénéfices partent dans les poches des actionnaires plutôt que de revenir à l’Etat. a méthode expérimentée pour privatiser les services publics a été décrite brièvement par le scientifique et activiste politique américain Noam Chomsky et revient à ceci. D’abord, vous veillez, en tant que gouvernement, à ce que les services publics (les chemins de fer par exemple) n’aient pas suffisamment de moyens pour fonctionner correctement. Les utilisateurs seront alors insatisfaits et ne cacheront pas leur mécontentement. Les autorités compétentes interviendront, promettant un changement et s’engageant à remettre les services à niveau. Et c’est là qu’intervient la privatisation. Les entreprises privées sont en effet «nettement plus efficaces et meilleur marché». C’est du moins le raisonnement qui sous-tend la pensée néolibérale.

L

Les entreprises qui reprennent les services publics sont pratiquement sûres d’engranger d’énormes bénéfices. Il s’agit en effet de services qu’une grande partie de la population utilise et pour lesquels il y a très peu de concurrence. Pour reprendre

l’exemple des chemins de fer: plus encore qu’aujourd’hui, on économise sur le personnel, l’entretien des trains et des voies de chemin de fer est menacé, la sécurité diminue considérablement, les lignes rurales sont supprimées car elles ne sont pas rentables, les gares ferment et les prix du transport montent en flèche. Bref, les nouveaux actionnaires récoltent les bénéfices et ce sont les voyageurs qui paient le prix.

L’exemple de la GrandeBretagne La voie de la privatisation des chemins de fer britanniques a été préparée dans les années 80 par le gouvernement du Premier ministre de l’époque, Margaret Thatcher, et a été finalisée sous le gouvernement conservateur de John Major en 1994. L’on avait promis des services meilleur marché aux Britanniques, sans que l’Etat ne doivent assurer les subsides. Les entreprises privées veilleraient à innover et à une plus grande efficacité. Toutefois, les conséquences sont nettement moins réjouissantes. Action for Rail (www.actionforrail.org), une initiative des syndicats britanniques qui se bat pour que les chemins de fer deviennent un service public fort qui ferait partie intégrante d’un avenir durable, a répertorié les conséquences de la privatisation. - Les subsides pour les plus de 20 entreprises de chemin de fer privées en Grande Bretagne n’ont cessé d’augmenter depuis la privatisation, passant de 1,76 milliard d’euros début des années 90 à 3,97 milliards d’euros actuellement. A une exception près, les entreprises privées reçoivent chaque année plus de subsides que ce qu’elles paient à l’Etat sous forme d’indemnités d’exploitation. - En Grande-Bretagne, les prix des billets de train ont augmenté de 24% hors inflation. L’idée que la privatisation diminue les coûts pour l’utilisateur est un mythe. - Lorsqu’il s’agit d’investir dans la sécurité des voyageurs, les propriétaires privés sont moins enclins à

consentir des frais importants. Les montants que les entreprises dépensent pour les travaux d’infrastructure nécessaires ou le recrutement de personnel ne peuvent en effet plus être versés aux actionnaires. Ces actionnaires attendent que leurs recettes annuelles en capital restent à niveau et placent les bénéfices avant la sécurité. - Les trains britanniques sont maintenant bondés (moins de confort pour les voyageurs) et moins ponctuels qu’en Allemagne, en Espagne, en Italie et en France, où les chemins de fer sont encore entre les mains de l’Etat. En outre, pour des trajets comparables, les navetteurs britanniques paient jusqu’à six fois plus cher que les utilisateurs de ces autres pays.

Recettes La participation de l’Etat dans toutes sortes de services publics ou d’entreprises (semi-) publiques apporte chaque année d’importantes recettes. Proximus et Bpost versent chaque année des centaines de millions de dividendes au gouvernement fédéral. Ceci permet de rendre supportables les coûts de notre société. La vente de la part de l’Etat dans Proximus, par exemple, rapporterait quelques milliards à l’Etat. Toutefois, les recettes à long terme disparaîtraient alors totalement. L’Etat perdrait en outre tout contrôle démocratique sur le service. Les prix pourraient facilement être fortement revus à la hausse, des services moins rentables mais nécessaires pourraient être démantelés et le service ne serait plus garanti. Les services publics et en particulier les transports publics sont une composante essentielle d’une société chaleureuse et juste, prônant des chances égales pour tous. Effectuer des coupes dans ces services publics va totalement à l’encontre de nos engagements pour TOUS les citoyens et notre environnement. C’est pourquoi les chemins de fer belges doivent rester entre les mains de l’Etat. S’il devait en aller autrement, la porte serait grande ouverte à la privation de toutes les entreprises publiques.


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> POINT DE VUE

> BIENTÔT LES ÉLECTIONS SOCIALES

Imaginez si on les laisse faire…

Mais au fait, un délégué, est-ce bien utile?

Bonne et heureuse année à vous, nos chers lecteurs, ainsi qu’à vos proches et amis. Ensemble, unissons nos efforts afin d’obtenir paix et justice. Petit ou grand, peu importe, chacun peut apporter sa contribution pour faire de ces vœux une réalité. Nous aussi, nous mettons tout en œuvre pour renforcer notre syndicat. Cette année, nous en aurons l’occasion puisque les élections sociales auront lieu en mai prochain. Une FGTB forte, plus que jamais, voilà ce dont les travailleurs ont besoin. Imaginez un instant que les choses prennent une autre tournure. Imaginez que d’ici la fin de l’année, les syndicats aient moins voix au chapitre dans le débat sociétal, moins de possibilités de défendre les intérêts des travailleurs dans le dialogue social, en cas de conflits ou de fermetures d’entreprises. Imaginez que le patronat et les politiciens de droite, avec la N.VA, l’Open VLD et le MR en tête, arrivent enfin à museler le mouvement syndical. Il ne se passe pratiquement plus un seul jour sans une déclaration forte sur leurs intentions. Retirons aux syndicats le service aux demandeurs d’emplois. Arrêtons avec les conventions collectives de travail sectorielles et laissons la concertation sociale se dérouler exclusivement au sein des entreprises. Laissons tomber les accords collectifs et laissons chaque travailleur gérer seul la relation qu’il entretiendra avec son employeur. Et le top du top, c’est bien entendu: laissons tomber le droit de grève, laissons les employeurs faire leur petite popote et empêchons toute forme de protestation. Imaginez que vous et vos collègues, vous laissiez faire. Imaginez que tous les vœux fougueux de ces fanfarons néolibéraux deviennent réalité. Dans ce cas, où en serions-nous à la fin de cette année 2016? Que deviendraient les travailleurs qui perdent leur job? Comment les travailleurs pourraient-ils réagir face au raz-de-marée de petits jobs mal payés et comment pourraient-ils faire valoir leur droit à des emplois de qualité et tenables? Et surtout, comment les travailleurs les plus faibles sur le marché du travail pourraient-ils exiger tout seuls un salaire décent? Que feraient les travailleurs en cas de conflit pour cause de direction qui ignore des accords contractuels? Que deviendrionsnous si nous n’avons plus de voix, tous ensemble? Il est évident que nous n’irons pas si loin. Il va de soi que ce n’est pas cette direction que nous prendrons en 2016. Nous sommes déjà en opposition totale avec la fracture sociale et les préceptes gouvernementaux qui bâillonnent le dialogue social. Nous continuerons à nous battre pour préserver notre droit démocratique à la parole. Nous continuerons à nous battre pour que les travailleurs reçoivent leur part légitime du gâteau.

(12 janvier 2016)

Robert Vertenueil Secrétaire général

Werner Van Heetvelde Président

2016 sera une année importante. A plus d’un titre. Au niveau des entreprises, 2016, c’est l’année des élections sociales. L’occasion pour les travailleurs de désigner les camarades qui les représenteront, soutiendront et défendront pour les quatre années à venir. Un enjeu de taille donc.

pense avantages pour les actionnaires, le délégué quant à lui voit répartition équitable des profits ou amélioration des conditions de travail. A côté des intérêts collectifs des travailleurs, le délégué est aussi aux côtés des travailleurs lorsqu’ils sont confrontés à un problème au boulot. Le délégué est avant tout une personne en confiance sur laquelle les travailleurs peuvent toujours compter. Pensez-y lorsque vous irez voter en mai. Envie d’en savoir plus sur les élections sociales? Rendez-vous sur notre site www.accg.be/es2016.

Du 9 au 22 mai 2016, les travailleurs des entreprises où des élections sociales sont organisées auront l’occasion d’élire les équipes syndicales qui les représenteront jusqu’en 2020. Pas question donc de faire ce choix à la légère ou pire, de ne pas voter. Pour info, en mai, lorsque vous irez aux urnes, c’est le n°2 qu’il faudra choisir.

Délégués FGTB, plus que jamais Alors que le gouvernement et les médias ne sont pas toujours très tendres envers les syndicats et les délégués, il est essentiel de garder à l’esprit que les délégués sont avant tout là pour faire valoir les intérêts des travailleurs. Intérêts qui sont bien souvent différents de ceux de l’employeur. Ainsi par exemple, lorsque le patron pense rentabilité, le délégué voit la faisabilité du travail ou la sécurité des travailleurs. Quand le patron

Ludovic: «Être délégué, ça nous donne du poids. Grâce à ce statut, l’employeur nous respecte plus. Il écoute ce que nous avons à lui dire.»

> LUNDI PERDU

Une tradition sauvegardée Cette année encore, l’ancienne tradition de fêter le lundi perdu dans les secteurs du textile, de la confection, des blanchisseries et du diamant a été respectée. A cette occasion, les militants et permanents syndicaux se sont réunis pour une séance académique. Cette année, la rencontre avait une saveur particulière pour John Colpaert et Dominique Meyfroot. En effet, il s’agissait pour les deux anciens dirigeants de l’ex

centrale TVD qui a depuis fusionné avec la Centrale GénéraleFGTB de la dernière édition avant un repos bien mérité. Cette rencontre avec les militants et les permanents syndicaux est toujours l’occasion de dresser un bilan et de revenir sur les difficiles combats auxquels le secteur est confronté. L’édition de 2016 n’a pas failli à la règle, sauf que le coup d’œil dans le rétroviseur a été plus large puisqu’il a longuement été question du parcours de John et Dominique.

Les moments forts Au cours de la séance académique, John et Dominique ont ainsi eu l’occasion de revenir sur les moments forts de leurs carrières respectives. Ainsi par exemple, John est fier de n’avoir jamais dû capituler sur des dossiers dif-

ficiles comme la flexibilité ou la prépension. Il est aussi revenu sur le fait que la force de l’organisation syndicale et le soutien de ses militants jouent un rôle central lors de chaque négociation. Lorsque l’on demande à Dominique son souvenir le plus fort, il nous parle de l’action «one day interim» qui avait vu la création d’un faux bureau d’intérim pour mettre en avant l’abus des contrats journaliers. Une action qui avait fait beaucoup de bruit dans les médias.

Une fusion réussie Les fusions ont jalonné la carrière de Dominique et John. D’abord la fusion du textile et du diamant en 1995, mais aussi plusieurs tentatives de fusions avec d’autres centrales qui n’ont pas abouti et puis enfin la fusion réussie en 2014 avec la Centrale Générale-FGTB. Pour John, cette fusion a été une décision salutaire en raison du déclin de l’emploi dans les secteurs

du textile, de l’habillement et du diamant. Pour Werner Van Heetvelde, président de la Centrale GénéraleFGTB, la chose la plus importante à retenir, à quelques mois d’un

repos bien mérité pour John et Dominique est sans aucun doute que la fusion dont ils ont contribué à la réalisation devrait servir de modèle à la réorganisation des structures de la FGTB.

D’où vient la tradition du lundi perdu? La tradition du Lundi Perdu est née au milieu du 20ème siècle, lorsque les travailleurs du secteur de la préparation du lin avaient pour habitude de prendre congé le lundi qui suivait l’épiphanie. Ce jour de congé était l’occasion de faire la fête. Les employeurs parlaient de «lundi perdu» car même quand ils demandaient de travailler ce fameux lundi, c’était peine perdue. Au fil du temps, la tradition s’est étendue aux autres secteurs du textile, du vêtement et du diamant.


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> SOLIDARITÉ NORD/SUD DANS LE SECTEUR DU PAPIER

Syndicats belges et brésiliens unis contre les dérives de la mondialisation La solidarité ne peut se limiter à nos frontières. Pour notre centrale, il est essentiel de nouer des relations avec les syndicats à travers le monde afin de lutter contre les dérives de la mondialisation et l’incessante recherche du moindre coût qu’elle engendre. Les travailleurs brésiliens font partie des victimes de cette exploitation. Notre centrale soutient des syndicats du Brésil afin qu’ils puissent mieux s’organiser pour faire face aux entreprises. a solidarité internationale est un des piliers de notre syndicat. Ainsi, nous réclamons le respect des libertés syndicales, un travail décent pour tous, et nous nous soucions des questions de santé et de sécurité au travail. C’est dans cette optique que nous avons accueilli des syndicalistes brésiliens dans nos locaux pour une journée d’étude axée sur la santé et la sécurité. Actifs dans le secteur du papier, ils ont rencontré une quarantaine de délégués belges issus de ce même secteur.

L

25 ans, victime de maladies professionnelles Depuis 2010, notre centrale collabore avec Solidarité Socialiste afin de soutenir la formation de leaders syndicaux brésiliens actifs dans la production du papier et de cellulose. Au Brésil, les conditions de travail sont désolantes. Silvânio et Sapão, respectivement dirigeants

syndicaux de SINTREXBEM et de SINTICEL en ont témoigné. « 600 travailleurs et 2000 sous-

traitants sont engagés au sein de notre entreprise. La sous-traitance en cascade déresponsabilise les entreprises et précarise les relations de travail. Le travail d’organisation syndicale est difficile car les travailleurs sont absorbés par la vie de travail écrasante», déclare Sapão. Alors que Silvânio met l’accent sur l’état de santé des travailleurs: «Des jeunes de 25 ans

sont invalides suite à des maladies professionnelles, des troubles musculo-squelettiques et des lésions au niveau des épaules. Mais les entreprises ne veulent pourtant pas reconnaitre».

Le combat des travailleurs brésiliens est aussi le nôtre

d’Amérique latine pour de meilleures conditions de travail, pour une augmentation du pouvoir d’achat, des législations sociales respectueuses des individus, des soins de santé dignes de ce nom, est une des meilleures façons pour y faire obstacle. Soutenir les travailleurs des pays du Sud à créer ou à renforcer leurs propres organisations syndicales contribue à améliorer les rapports de force et les conditions des travailleurs du Nord. Les camarades brésiliens abondent dans ce sens: «Pour défendre la santé et la digni-

té des travailleurs face à la voracité du capital nous avons tout intérêt à travailler ensemble, d’une part entre syndicats au Brésil, mais également avec les syndicats de Belgique et d’ailleurs. Notre tâche est immense» déclare Sapão. Cette journée d’étude a le mérite d’avoir boosté les syndicalistes brésiliens. Silvânio s’est réjoui de cette rencontre: «Je reste très

impressionné par la capacité de la Centrale Générale - FGTB d’avoir de bons délégués sur le terrain et des représentants syndicaux qui maitrisent si bien la réalité des travailleurs, cette mission me donne encore plus de motivation pour continuer mon travail à Bahia».

La mondialisation fait des ravages. La lutte des travailleurs d’Afrique,

Des avancées significatives pour les travailleurs de la CP 100 Nous poursuivons notre série consacrée aux négociations sectorielles. Cette fois, c’est la commission paritaire 100, la commission paritaire auxiliaire pour ouvriers, qui vient de conclure un accord. Celle-ci regroupe des travailleurs issus d’entreprises dont les activités économiques sont très diverses mais qui ne peuvent pas directement tomber sous un secteur spécifique. La Centrale GénéraleFGTB suit le secteur, en concertation avec d’autres centrales professionnelles de la FGTB.

La CP 100 n’a pas fonctionné durant des années. Ce n’est que depuis peu que l’on peut parler de véritable concertation sociale et grâce au nouvel accord sectoriel, on peut désormais parler d’avancées significatives. Une augmentation garantie du pouvoir d’achat a été conclue pour la première fois dans le secteur. Celle-ci prendra la forme d’une prime annuelle. Elle s’élèvera à 11 heures de prestation sur base d’une semaine de 38 heures. Tous les travailleurs y ont droit, sauf ceux qui bénéficient déjà via un accord d’entreprise d’un avantage au moins similaire. Les primes d’entreprise variables comme celles liées aux résultats ne sont pas prises en compte. L’objectif à terme est d’arriver à développer cette prime jusqu’à ce qu’elle puisse être considérée comme un 13e mois à part entière. L’autre point important est que ce nouvel accord sectoriel donne un véritable statut à la délégation syndicale des entreprises de la CP 100. Auparavant, cela n’était possible que dans les entreprises où un accord avait été conclu. Désormais, une délégation syndicale sera possible dans toute entre-

prise d’au moins 50 ouvriers. Les employeurs ont malgré tout exigé une condition supplémentaire : il faut qu’au moins 33% des ouvriers soient affiliés à un syndicat. Cela reste malgré tout une grande avancée. Les employeurs ouvrent enfin la porte à la démocratie sociale, un travail syndical à part entière sera enfin possible dans un secteur qui compte de nombreuses PME. L’objectif pour le futur sera de faire baisser le seuil qui permet l’installation d’une délégation. Les syndicats se battront aussi afin qu’une prime syndicale puisse être accordée, les employeurs n’ont pas voulu aller si loin. L’installation de délégations syndicales doit se faire immédiatement après les élections sociales de mai. Si vous travaillez dans une entreprise qui remplit les conditions, n’hésitez pas à contacter le bureau FGTB de votre région afin d’obtenir plus d’infos et de l’aide. Pour les travailleurs, c’est l’occasion unique d’avoir leur mot à dire dans leur entreprise. Retrouvez l’ensemble des accords déjà conclus sur notre site www. accg.be, sous la rubrique «votre secteur».

Pour Sapão, dirigeant syndical au Brésil, la sous-traitance en cascade déresponsabilise les entreprises et précarise les relations de travail, tout comme chez nous.

Les pays du Sud s’accaparent le marché de la pâte à papier mais à quel prix pour les travailleurs? Toute la croissance du marché de pâte à papier est accaparée par les pays du Sud, Brésil en tête. Tout d’abord en raison du coût bas de la main-d’œuvre, mais aussi en raison des coûts de production imbattables dont bénéficient les industriels de l’hémisphère sud. Ce résultat est dû en partie aux excellentes conditions climatiques de ce pays tropical pour la croissance des eucalyptus. Il faut savoir qu’au Brésil, 1 eucalyptus pousse tous les 6 ans. Les papetiers finlandais pour reprendre leur exemple doivent attendre 30 à 45 ans pour couper les arbres qui leur sont nécessaires. Quand on sait que le bois pèse pour près de la moitié du coût total de la production de pâte à papier, la tendance du marché est tracée.

La Centrale Générale-FGTB engage un collaborateur sectoriel pour assister le secrétariat fédéral (f/h) Retrouvez la description complète de la fonction sur notre site : www.accg.be.

La fonction: • collaborer avec les secrétaires fédéraux; • suivre et soutenir le travail syndical; • analyser le cadre légal et les accords ainsi que leurs conséquences sur les travailleurs; • communiquer avec nos sections régionales; • suivre l’actualité syndicale; • organiser des réunions, journées d’études, actions syndicales et des campagnes.

Votre profil: • vous avez un diplôme de l’enseignement supérieur à orientation sociojuridique ou vous avez une expérience assimilée; • bonne connaissance du néerlandais; • bonne maîtrise de Windows/Office; • vous êtes disposé(e) à vous engager activement dans une organisation syndicale socialiste; • vous avez un intérêt marqué pour les questions socio-politiques; • vous êtes capable de travailler de manière autonome mais vous savez aussi travailler en équipe; • vous êtes organisé(e) et respectez les deadlines; • vous pouvez gérer une charge importante de travail; • vous avez de bonnes aptitudes communicationnelles (écrites et orales).

Nous offrons: Un contrat à durée indéterminée, un salaire attractif assorti d’avantages extra-légaux.

Intéressé(e)? Envoyez- nous votre curriculum vitae et votre lettre de motivation pour le 5/2/2016 au plus tard par e-mail à jobs@accg.be ou par courrier à La Centrale Générale-FGTB à l’attention du Président, Werner Van Heetvelde, rue Haute 26/28 – 1000 Bruxelles.


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MÉTAL

SYNDICATS • N°01 • 15 JANVIER 2016

> POINT DE VUE

Les médias font la police de la grève 2015 a été une épreuve. Rude. Epuisante. Sans doute désespérante pour certains d’entre nous. Il y a eu des combats difficiles. Le danger à tous les coins de rue. Il a aussi fallu tenir et résister jusque dans nos rangs. Et ce n’est pas fini… Au moment où il convient de formuler nos meilleurs vœux pour l’année qui s’ouvre, nous ne pouvons pas nous mentir. 2016 ne se présente pas sous de meilleurs auspices. La droite, chez nous comme ailleurs dans toute l’Europe, sent le moment venu pour engranger des «avancées historiques», pour réaliser de nouvelles «réformes» qui sont autant de reculs sociaux, pour concrétiser une victoire décisive en réduisant la force du mouvement ouvrier, en cassant l’influence syndicale. Cette aspiration suinte littéralement du discours médiatique dominant. Nous casser les reins. Voilà l’objectif. Voilà la feuille de route. Rien ne sert de se mentir. Pour y faire obstacle, nous serons seuls. Dans cette lutte, nous ne devons compter que sur nos forces.

«Il n’y a pas de sauveur suprême Ni Dieu, Ni César, Ni tribun Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes» Relâcher la vigilance, baisser la garde, désespérer nous est interdit. Comment nous résoudrions-nous à rendre à nos gosses et aux générations qui viennent la société qu’ «ils» nous préparent? Une planète devenue invivable? Un climat détraqué? Le « meilleur des mondes » social et politique? Notre espoir est raisonnable parce que nous le plaçons dans les mains les plus sûres : … les nôtres! Aldous Huxley a écrit que «la dictature parfaite serait une dictature

qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader». En nous répétant sans arrêt qu’il n’y a pas d’alternative aux politiques austéritaires, la presse nous y prépare. L’observatoire des médias français AcrimedI a analysé la couverture médiatique des mouvements sociaux français depuis 1995II. Les conclusions sont cinglantes: «les mobilisations sociales qui contestent les «réformes» imposées par les gouvernements n’ont pas l’heur de plaire à la quasi-totalité des présentateurs, des éditorialistes et des chroniqueurs qui trônent au sommet du journalisme (…) A lire et à entendre les maîtres tanceurs qui orchestrent l’information, les acteurs de ces mobilisations, quand ils ne souffrent pas de troubles mentaux, n’obéiraient qu’à des mobiles irrationnels. Les grèves et les manifestations seraient le fait de fauteurs de trouble à l’ordre public et de preneurs d’otages.» Le paysage médiatique francophone belge présente aujourd’hui les mêmes symptômes. Observez le discours tenu à l’égard des cheminots et alors que leur préavis de grève (période réputée utile en vue de désamorcer le conflit) était à peine déposé: à aucun moment, les médias n’ont appelé à des solutions; ils ont disqualifié a priori les grèves à venir… Accélérant ainsi un mouvement entamé depuis longtemps. Morceaux choisis. «La province de Liège a vécu

une journée d’enfer hier pour la première grève tournante décrétée par la FGTB»III. «Tous les syndicats ne sont pas aussi destructeurs que la FGTB. Le syndicalisme responsable comme le pratiquent la CSC ou la CGSLB, permet une gestion harmonieuse des relations sociales dans les entreprises et au niveau interprofessionnel.»IV . «Appel est donc lancé à la responsabilité des syndicats. Il faut d’abord qu’ils bannissent les comportements inacceptables d’une minorité dans leur rang.»V «La palme de l’indigence revient cependant aux syndicats, qui maintenaient hier soir leur mot d’ordre de grève dans certains endroits de Wallonie. Vu les circonstances, ils ne valent pas qu’on leur consacre une ligne.»VI En 2016, la troupe n’est plus nécessaire au pouvoir pour disperser les grévistes. Quelques éditoriaux et les «chiens de garde» lâchés préalablement peuvent faire l’affaire. Dans ces conditions, il n’est pas inutile de rappeler des faits têtus. Selon les chiffres du CIMVII, la presse écrite quotidienne payante diffusait, en 2015, dans la partie francophone du pays quelque 350.000 exemplaires. C’est un recul de près de 4% par rapport à 2014. Cette industrie qui se targue de représenter l’opinion publique va mal. Et cela, en dépit des aides publiques qu’elle reçoit de la Communauté française, pouvoir que l’on sait impécunieux, au titre d’une aide à la presse qui était censée garantir une diversité de l’expression des opinions. Diversité qui n’existe plus! La seule FGTB wallonne réunit seule plus d’affiliés que la presse écrite n’a d’acheteurs quotidiens. En ce sens, on peut affirmer que l’opinion, c’est nous. Et la presse, la voix de son maître!

Nico Cué Secrétaire général I) Action critique médias (www.acrimed.org). II) «Médias et mobilisations sociales. La morgue et le mépris ?», Henri Maler et Mathias Raymond pour Acrimed, éditions Syllepses, Paris, 2007. III) La Meuse du 20 octobre 2015. IV) La Libre Belgique du 23 octobre 2015. V) L’Echo du 27 octobre 2015. VI) Le Soir du 23 novembre 2015. VII) Centre d’information sur les médias (www.cim.be).

Délégué par conviction! C’est la réponse à une question toute simple qui nous a permis de mieux cerner la personnalité de Carlos mais surtout de mesurer les raisons de son engagement en tant que délégué syndical. orsque nous lui avons demandé pourquoi il avait décidé de militer au sein de notre organisation, il nous a répondu avec une extrême simplicité: «Franchement, en écoutant mes convictions plus que par vocation. Jamais, je n’avais envisagé un jour être délégué syndical. C’est tout simplement en constatant des anomalies ou des injustices au sein de l’entreprise que je me suis dit: «Je ne peux pas laisser faire cela» et voilà, je me suis porté candidat sur les listes Métallos de la FGTB».

L

Avec 8 affiliés FGTB en tout au sein de l’entreprise Shur-Lok et pas de représentation rouge, tout était à construire pour porter nos valeurs et le défi était (et est toujours) passionnant. Nous nous sommes fixé 4 objectifs qui sont toujours d’actualité: • établir un rapport de force entre la direction et les travailleurs. Tracer donc les bases minimales et nécessaires au respect des intérêts de chacun; • privilégier des emplois de qualité et les contrats à durée indéterminée; • améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs;

Carlos Pelaez, Délégué MWB-FGTB Shur-Lok

• poursuivre les efforts en matière de prévention et de protection sur les lieux de travail. Non seulement nous avons engrangé des avancées dans chacune de ces priorités mais nous constatons avec plaisir que nos choix sont partagés et soutenus par bon nombre de travailleuses et travailleurs qui ont décidé de nous rejoindre. Et que ces progressions aient été décrochées en front commun ou seuls nous importe peu. Seul compte le fil rouge que nous nous sommes fixé : la juste redistribution des richesses. • L’instauration du travail le weekend s’est accompagnée de 5 embauches compensatoires. • Une CCT intérimaire propre à l’entreprise fait office de gardefou et veille à prévenir tout excès. • Le passage sous statut CDI a pu être accéléré pour certaines nouvelles recrues.

• Au vu des bénéfices affichés par l’entreprise, une prime est négociée et versée annuellement aux travailleurs. • Des manchons de protection contre la limaille et des vêtements polars ont été distribués au personnel. C’est donc confiants que nous nous représentons devant nos collègues pour défendre à nouveau leurs intérêts pour les 4 ans qui s’annoncent. En ce début d’année 2016 et à la veille des élections sociales de mai prochain, nous adressons ces 2 cartes postales symboliques: • aux travailleurs: notre porte vous est grande ouverte, nous avons besoin de votre confiance. En route vers encore plus de solidarité pour plus d’avancées; • à la direction: poussons encore plus loin le curseur du respect mutuel. Nous avons tout à y gagner!

Retrouvez les chroniques de Paul, incisives et impertinentes, tous les 15 jours sur notre site metallos.be. Ces mêmes chroniques sont disponibles en néerlandais sur la partie «NL» de notre site. Merci à notre camarade Eddy pour sa précieuse collaboration!


ALIMENTATION - HORECA - SERVICES

Notre poisson est-il durable? Les poissons d’élevage, des fruits de mer végétariens issus d’algues, des saumons génétiquement manipulés … Voilà les nouvelles tendances dans l’industrie du poisson. Mais, ces nouvelles tendances favorisent-elles la durabilité du poisson? Les travailleurs environ 120 millions de personnes vivent de la pêche - bénéficientils de ces nouvelles tendances? ors de la «International Meeting of Fishing Industry and Aquaculture Workers’ Union» à Oslo, les délégués syndicaux du monde entier se sont concertés sur les conditions de travail des travailleurs, le rôle syndical, la production responsable et la durabilité du poisson.

L

Ambition de poisson durable Les syndicats aspirent à évoluer vers du poisson durable issu de la pêche libre ou de l’aquaculture. Par «poisson durable», nous entendons du poisson qui vit, est produit et transformé d’une façon écologique, économique et socialement responsable. De plus, tous les syndicats présents, soutenus par l’UITA, veulent l’implémentation maximale de l’art. 625 de la convention de l’OIT pour la régulation des heures de travail et ils veulent que l’art. 118 relatif au respect minimum pour le travail dans le secteur du poisson soit respecté. La culture, la transformation et la distribution du poisson dans de bonnes conditions de travail, ce n’est pas du tout évident – Sécurité et santé dans l’aquaculture Il est très choquant d’apprendre que des millions d’enfants travaillent dans l’industrie du poisson en Asie et en Afrique. Le témoignage du délégué syndical de Citra Mina (les Philippines) en disait long. Au Ghana, les enfants sont «vendus» pour 16 dollars pour aller travailler dans la pêche et les saurisseries. Ils y travaillent 19 heures par pause sans moyens de protection. Les enfants ne reçoivent qu’un seul repas pendant leur travail. En Thaïlande, les enfants travaillent

SYNDICATS • N°01 • 15 JANVIER 2016

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TU FAIS LA DIFFÉRENCE

Fais-toi entendre et sois candidat pour les élections sociales 2016. Tout le monde peut être candidat, il suffit de vouloir s’engager pour les collègues et discuter avec l’employeur. Comme délégué, tu auras la possibilité d’être actif sur beaucoup de terrains au sein de ton entreprise. Et le mieux de tout? Tu n’es pas seul: le travail syndical est un travail en équipe. Contacte ta section régionale ou présente ta candidature via le site web: horval2016.be

> SECTEURS VERTS

Accord sectoriel 2015-2016

Carine Vermoote, déléguée Horval Flandre occidentale chez Morubel (Transformation de crevettes et fruits de mer)

6 jours sur 7 de 7 à 19 heures dans des conditions pitoyables. A côté de cela, les femmes et les ouvriers saisonniers engagés pour la pêche, la saurisserie, … ont un travail précaire. Dans l’industrie du poisson et l’aquaculture, plus de la moitié des travailleurs sont des femmes. En Indonésie, on travaille dans des pauses de 20 à 22 heures, ne reçoivent presque rien à manger, les travailleurs dorment par terre et ils sont torturés ou jetés à la mer quand ils ne prestent pas assez selon leurs patrons! C’est une forme moderne d’esclavage. C’est le secteur le plus dangereux. Ce secteur connaît énormément d’accidents de travail. Il n’y a pas de mesures de prévention contre les glissades. Les ouvriers courent le risque d’être électrocutés à cause des câbles électriques qui traînent au bord des étangs. Les ouvriers doivent travailler dans des températures extrêmement élevées sans vêtements de protection, dans l’eau contenant beaucoup de pesticides, d’herbicides et d’insecticides.

Il faut encore beaucoup de travail syndical Au niveau mondial, uniquement 117.000 sur 14 millions de travailleurs sont syndiqués dans l’industrie du poisson et dans l’aquaculture. Il est impossible de progresser au niveau social sans syndicats forts et sans lutte sociale.

La lutte internationale est indispensable Si nous souhaitons manger du poisson durable, nous devons mener une lutte internationale contre

l’exploitation, contre le travail des enfants et pour la protection sociale de tous les travailleurs dans chaque échelon de la pisciculture à la transformation du poisson. De plus, il faut que le droit de s’organiser dans des syndicats, de négocier avec l’employeur existe partout dans le monde et il faut que l’esclavage et le travail des enfants soient interdits au niveau mondial. Dès lors, les délégués dans les entreprises de transformation de poisson belges essaient de maximiser les résultats de la concertation sociale au niveau de l’entreprise. Dans les conseils d’entreprises, ils visent de bonnes conditions de travail et une rémunération correcte. Dans les comités, ils prêtent attention à la sécurité et à la santé des ouvriers et ils revendiquent des moyens de protection collective et personnelle. La lutte n’est pas encore finie. En plus de bonnes conditions de travail et de rémunération et d’un environnement de travail sûr et sain, il faut prêter attention aux conditions de travail dans les pays d’où vient notre poisson de consommation. Il faut informer les consommateurs pour qu’ils arrêtent d’acheter du poisson ou des produits dérivés élevés ou capturés dans des conditions indignes et non respectueuses de l’environnement. Les employeurs doivent être obligés d’acheter les matières premières uniquement dans les pays qui respectent les droits de l’homme, même si cela signifie que certaines espèces de poisson ne peuvent plus être transformées.

Conny Demonie, Secrétaire régionale Horval Flandre occidentale

Après une période de négociations difficiles, des accords sectoriels ont été signés pour la période 2015-2016 dans les secteurs verts. Comme d’habitude, un accord commun a été conclu pour l’agriculture et l’horticulture (CP 144 et 145), et un accord pour les entreprises de travaux techniques agricoles et horticoles (CP 132). Voici les éléments principaux de ces accords. Agriculture et Horticulture A partir de 2016, une prime brute annuelle de 55e est introduite pour les travailleurs fixes, payée en juillet. Au niveau de l’entreprise, cette prime peut être convertie par CCT en un autre avantage (p. ex. augmentation de la part patronale pour les chèques-repas d’au minimum 0,5e). Pour les ouvriers saisonniers, une prime brute de 10e (à partir de 50 jours dans l’horticulture) ou de 5e (à partir de 25 jours dans l’agriculture) est introduite. Le deuxième pilier de pension augmente de 0,15% à partir du 1er juillet 2016. Indemnité complémentaire en cas de chômage temporaire : les CCT actuelles pour la fruiticulture, la culture maraîchère et les pépinières sont augmentées. Pour tous les jours de chômage temporaire, les travailleurs ont droit à un complément de 3e par jour (pour un nombre illimité de jours), payé par l’employeur. – Les CCT actuelles qui, pour certains cas spécifiques, prévoient une indemnité supérieure continuent à exister. Ecochèques: pour les travailleurs réguliers ayant travaillé moins de 30 jours, l’employeur peut payer le montant comme une prime (avec le salaire du mois de décembre).

Prorogation du système de jours de congé supplémentaires pour les travailleurs plus âgés! En 2015-2016, les travailleurs plus âgés auront de nouveau droit à des jours de congé supplémentaires: - A partir de 45 ans et 10 ans d’ancienneté dans le secteur: un jour supplémentaire - A partir de 50 ans et 15 ans d’ancienneté dans le secteur: deux jours supplémentaires - A partir de 55 ans et 15 ans d’ancienneté dans le secteur: trois jours supplémentaires Les jours pour 2015 seront ajoutés au crédit pour 2016. Les travailleurs concernés auront donc 2, 4 ou 6 jours supplémentaires en 2016! De plus, il a été convenu ce qui suit: - Les entreprises seront encouragées à introduire des plans bonus (CCT 90) au niveau de l’entreprise. - Les nouvelles classifications de fonctions pour les pépinières, la fruiticulture et la culture maraîchère sont finalisées. - On veillera plus rigoureusement à ce que les travailleurs ayant droit à l’indemnité complémentaire en cas de maladie de longue durée la reçoivent effectivement. - Les partenaires sociaux plaideront auprès des instances compétentes pour que tous les jours reconnus de chômage économique soient assimilés pour les vacances annuelles - Afin d’éviter des abus, les partenaires sociaux plaideront pour que tous les mouvements de fonds entre l’employeur et le travailleur figurent sur la fiche de paie (e.a. les imputations pour le logement, le chauffage, l’éclairage,…). - Toutes les CCT actuelles sont prorogées

Travaux techniques agricoles et horticoles Pouvoir d’achat Au sein de la CP 132, la marge salariale disponible a été concrétisée par une augmentation salariale brute de 0,5% à partir du 1er janvier 2016 et par l’augmentation de l’intervention patronale dans les déplacements entre le domicile et le lieu de travail de 70 à 75%. De plus, l’instauration de plans bonus au niveau de l’entreprise (CCT 90) sera promue auprès des employeurs.

Formation et emploi Une offre de formation spécifique sera élaborée au sujet du coaching et de l’accompagnement de nouveaux travailleurs. Les entreprises ayant plus de 50 travailleurs devront obligatoirement établir un plan de formation. De plus, on examinera les mesures à prendre afin de promouvoir l’emploi des -25 ans dans le secteur.


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EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

SYNDICATS • N°01 • 15 JANVIER 2016

> POINT DE VUE

2016: année d’élections sociales Nous vous souhaitons à vous tous, membres et militants, une heureuse nouvelle année. Que ceux qui ont la santé la préservent et qu’elle s’améliore pour ceux qui connaissent quelques soucis pour l’instant. 2016 sera une année importante. En effet, c’est l’année des élections sociales. Tous les 4 ans, ces élections se tiennent dans toutes les entreprises comptant au moins 50 travailleurs. Les élections sociales sont une composante essentielle de notre modèle social. Au même titre que les élections politiques, elles sont importantes pour notre ordre démocratique.

Élections sociales dans 6.586 entreprises La procédure est lancée. Les employeurs l’ont visiblement oublié dans un petit millier d’entreprises occupant plus de 50 travailleurs. Les élections sociales concerneront 6.586 entreprises pour le CPPT (de 50 à 100 travailleurs) et 3.821 entreprises pour le CPPT et le CE (plus de 100 travailleurs). Lors des dernières élections, la FGTB a présenté 27.035 candidats pour le CPPT et 21.455 candidats pour le CE. Au niveau du SETCa, environ 9.200 représentants effectifs et suppléants ont été élus au CPPT et 7.200 au CE. Le SETCa représente de la sorte un peu plus de la moitié des élus FGTB. Pour l’instant, nos secrétaires permanents et nos délégués s’activent pleinement pour faire encore mieux cette année.

L’important n’est pas que de participer, gagner l’est encore plus

Négociations sectorielles: plusieurs nouveaux accords Fin 2015, les négociations se poursuivaient toujours dans certains secteurs… Plusieurs accords importants ont finalement pu être conclus en décembre dans plusieurs secteurs des finances et celui des attractions touristiques. CP306 - Assurances Un accord sectoriel a finalement pu être conclu fin décembre dans le secteur des assurances. Trois mesures phares sont à épingler: une augmentation récurrente du pouvoir d’achat de 200e euros nets à partir de janvier 2016 pour tous les travailleurs du secteur, l’extension d’un full outplacement pour tous les travailleurs qui seraient licenciés dans le futur (et ce peu importe l’âge ou l’ancienneté) ainsi qu’un droit mieux réglementé de l’accès à la formation. L’accord prévoit d’autres points importants en matière de sécurité d’emploi, d’accompagnement de carrière (pour les travailleurs âgés), de prévention et gestion du stress au travail. Il prévoit aussi la maximalisation des droits encore possibles en matière de crédit-temps.

CP 307 | Courtiers et agences d’assurances

On participe aux élections sociales pour les gagner. En l’occurrence, l’esprit olympique, selon lequel il est plus important de participer que de gagner, n’est pas à l’ordre du jour (il ne l’est d’ailleurs plus, non plus, pour les jeux olympiques). Les élections sociales portent en premier lieu sur les enjeux au sein de l’entreprise. Sur le bienêtre des travailleurs, l’organisation du travail, les conditions de travail, l’emploi et la situation économico-financière de l’entreprise. Il va de soi qu’avec les développements technologiques croissants et la mondialisation de l’économie, les défis pour nos représentants du SETCa n’ont pas diminué, loin de là! Les entreprises sont en perpétuelle évolution: il faut réagir sans délai et avec créativité à toutes sortes de changements. Nos délégués ne sont pas seuls. Jour après jour, nos secrétaires permanents et nos collaborateurs dans les sections leur apportent aide et conseils. La formation des militants est et reste également une composante importante du travail syndical de notre organisation.

La collaboration reste importante Ce n’est pas parce que la concurrence avec les autres syndicats est montée d’un cran en cette période d’élections sociales qu’il n’est plus possible de collaborer. Finalement, tous les syndicats et leurs représentants dans les entreprises poursuivent le même but: défendre ensemble les intérêts des travailleurs contre l’arbitraire des employeurs et œuvrer ensemble au progrès social. La concertation sera donc de mise à chaque fois que la situation l’exigera. Ce sera encore nécessaire à l’avenir afin de résister à la politique antisociale du gouvernement actuel. Cette année nous réserve aussi d’importants dossiers, à propos desquels il faudra négocier avec les employeurs ou dans lesquels le Gouvernement prendra des initiatives. La résistance à la régression sociale se poursuivra donc. Même dans une période moins rose économiquement, il faut pouvoir dire que le progrès social reste à l’ordre du jour, et que les épaules les plus larges doivent porter les charges les plus lourdes. Les travailleurs ont, entre-temps, déjà fourni suffisamment d’efforts. Le capital et les nantis peuvent et doivent contribuer davantage.

Ensemble on est plus forts, aussi en 2016

Un protocole d’accord est signé depuis le 3 décembre dernier. Il prévoit une amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs à travers l’augmentation des salaires barémiques de 8e par mois à partir de ce 1er janvier 2016. A l’âge de 60 ans, les travailleurs pourront bénéficier d’un jour de congé extralégal supplémentaire. L’accord prévoit aussi le maintien des possibilités en matière de crédit-temps (55 ans) et RCC (60 ans). Les

Pour de très nombreux travailleurs, le 1er janvier est synonyme d’indexation. Il en ira toutefois autrement cette année. En effet, ils ne recevront qu’une «partie» de leur index. D’autres travailleurs ne recevront rien du tout. Au total, plus de 700.000 employés sont touchés. Tax shift ou pas tax shift: le pouvoir d’achat des travailleurs est sous pression.

Les prix des produits que nous achetons au quotidien augmentent; parfois même, ils diminuent. Votre salaire suit normalement ce mouvement. Cela se fait automatiquement, grâce à «l’index».

Erwin De Deyn, Président du SETCa

CP 309 | Sociétés de bourse Plusieurs CCT sectorielles avaient déjà été signées en juin 2015. Elles prévoyaient notamment la poursuite des efforts en matière de formation, l’octroi des éco-chèques aux travailleurs, la maximalisation des droits possibles en matière de RCC (à 60 ans jusqu’au 31/12/2017) et de crédit-temps (à 55 ans). Depuis le 15 décembre dernier, un protocole d’accord est signé. Il prévoit plusieurs autres avancées importantes et notamment l’octroi d’un fonds de formation syndicale pour le secteur. A partir de septembre 2016, une prime d’une valeur identique à celle des autres primes syndicales des secteurs financiers pourra donc être octroyée. Les employeurs se sont également engagés à maintenir la sécurité d’emploi. En ce qui concerne le pouvoir d’achat, les barèmes sectoriels sont relevés de 0,5% au 1er janvier 2016. Pour les travailleurs ayant atteint 65 ans, 1 jour de congé supplémentaire est octroyé chaque année.

CP 333 | Attractions touristiques L’accord sectoriel prévoit la prolongation des efforts et des mesures existantes en matière de formation. En ce qui concerne l’augmentation du pouvoir d’achat, les travailleurs des entreprises n’octroyant actuellement pas de prime de fin d’année ou une prime inférieure à 170e brut pourront bénéficier d’une prime de fin d’année de 170e brut par an. Pour les travailleurs des entreprises octroyant déjà une prime de ce montant, une prime annuelle brute supplémentaire de 160e (employés) sera octroyée. L’accord prévoit également la maximalisation des droits encore possibles en matière de crédit-temps.

Le saut d’index touche notamment les travailleur du commerce

L’index, c’est quoi?

Myriam Delmée, Vice-Présidente du SETCa

employeurs maintiennent leur engagement d’organiser si possible un entretien individuel préalable en cas de licenciement individuel ou multiple.

La «suédoise» de Michel, ce gouvernement de droite, a décidé de suspendre ce système jusqu’à ce que vous ayez sacrifié 2% de pouvoir d’achat. Il s’agit du «saut d’index». Vous manquerez donc des indexations.

Qui perd à présent l’index dans sa totalité? 3 commissions paritaires sont touchées dans le secteur du commerce, il s’agit des travailleurs du commerce de détail (CP 201), des moyennes entreprises d’alimentation (CP 202.01) et des grands magasins (CP 312). Ces 150.000 travailleurs voient passer sous leur nez une augmentation de pas moins de 2% du montant de leur salaire. Les travailleurs d’autres secteurs perdent eux aussi du pouvoir d’achat. Cette perte s’élève à 0,69% pour les employés occupés chez les notaires (CP 216) et à 1,06% pour les employés de l’industrie papetière (CP 222). Les travailleurs occupés dans le secteur financier (CP 308, 309 et 310) perdent, eux, 0,37%.

Un «quart» d’index Certains travailleurs bénéficieront tout de même d’une indexation de leurs salaires au 1er janvier, malgré le saut d’index, mais insuffisante. En effet, «l’indexation» que vous recevez en janvier ne suit en fait que les augmentations de prix jusqu’en mars 2015, pas pour le reste de l’année. En effet, le saut d’index de ce gouvernement est entré en vigueur en avril. Vous ne recevrez donc pas ce qui vous revient mais seulement une partie. Les secteurs suivants verront leurs salaires «légèrement»

adaptés au coût de la vie: CP 200 (+0,43%), CP 217 (+0,469%), CP 220 (+0,47%), CP 302 (+0,469%), CP 306 (+0,39896%), CP 323 (+0,43%) et CP 333 (+0,43%).

Combien perdent-ils? Ces employés accusent une perte, malgré ce «quart d’index». Les employés de casino(s) (CP 217) perdront 1,338% et dans l’industrie alimentaire (CP 220) et les hôtels (CP 302), la perte s’élèvera à 1,34%. Les 450.000 travailleurs de la CPAE (CP 200) perdent 1,42%, tout comme les travailleurs des CP 323 et 333. Le personnel du secteur des assurances (CP 306) voit, lui, son pouvoir d’achat baisser d’1,5%.

700.000 employés voient leur pouvoir d’achat diminuer Au total, ce mois-ci, 700.000 employés sont donc touchés en tout ou partie par le saut d’index. Cette perte de pouvoir d’achat est définitive. Le pouvoir d’achat souffre de nombreuses mesures prises par ce gouvernement de droite, pas uniquement du saut d’index. Les mesures que prend le Gouvernement pour malgré tout augmenter le montant net sur votre fiche de paie dans le cadre du tax shift ne compensent pas ces pertes, ou que partiellement. En outre, les mesures du Gouvernement alourdissent aussi toutes sortes de factures à charge des ménages.


15 2016: de nombreuses nouveautés… EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

Nouvel An rime toujours avec entrée en vigueur de nouvelles règles et mesures. Sous l’influence du gouvernement de droite, ces mesures sont hélas souvent prises aux dépens des droits des travailleurs. Des ajustements et des mesures transitoires ont toutefois été obtenus grâce à la concertation sociale et à la pression des actions syndicales. Le SETCa prépare des publications plus détaillées sur un certain nombre de thèmes, vu les importantes modifications apportées à la réglementation. Détricotage des mesures de fin de carrière

Adaptations pour les pensions complémentaires

Depuis l’an passé déjà, il n’est plus possible de bénéficier d’une formule de fin de carrière (emploi d’atterrissage) avec allocations (interruption de carrière à mitemps ou à 1/5) à 50 ans. Ce gouvernement a placé la barre pour ce régime de fin de carrière spécifique à 60 ans. Il existe toutefois des exceptions: longue carrière de 35 ans, travail en régime de nuit ou dans un métier lourd ou encore travail dans une entreprise en difficulté ou en restructuration. Dans ces cas, l’âge augmente progressivement. Il est passé à 56 ans le 1er janvier 2016, l’objectif final étant 60 ans ici aussi.

De très nombreux employés constituent, par le biais de leur employeur, ce que l’on appelle une «pension complémentaire». Il s’agit d’une épargne supplémentaire, en plus de la pension légale.

Si une CCT à ce sujet a été conclue dans votre secteur, vous pourriez tout de même encore prendre une interruption de carrière cette année à partir de 55 ans, moyennant le respect des conditions précitées. Il en va de même pour les CCT en la matière conclues au sein d’une entreprise en difficulté ou en restructuration. Informez-vous dès lors sur votre situation personnelle auprès du SETCa. Il est encore possible de prendre un crédit-temps «ordinaire», mais si c’est sans motif, il n’y a pas d’allocations. C’est déjà le cas depuis quelque temps, encore une conséquence des décisions du Gouvernement.

Relèvement de l’âge de la pension anticipée et du RCC Concernant la pension anticipée, l’âge d’accès au régime est relevé à partir du 1er janvier de cette année. Vous pouvez encore prendre votre pension anticipée à 62 ans cette année si vous avez une carrière de 40 ans. C’est également possible plus tôt: vous devez pour ce faire justifier d’une carrière de 42 ans à 60 ans et de 41 ans à 61 ans. Cette limite sera à nouveau relevée dès l’an prochain. Il en va de même pour le RCC (l’ancienne prépension). Ici aussi, le principe est un durcissement systématique des conditions d’accès. Notez que des mesures transitoires sont prévues, mais elles sont subordonnées à la conclusion de CCT sectorielles ou d’entreprise. Vous devez de surcroît tenir compte d’une éventuelle disponibilité pour le marché de l’emploi. Il est donc important d’obtenir un avis individuel à propos de votre situation. Rendez-vous dès lors dans votre section SETCa ou demandez conseil à votre délégué SETCa.

Le 1er janvier 2016, de très nombreux changements sont entrés en vigueur au niveau des pensions complémentaires. Le principal changement concerne la garantie de rendement prévue dans la loi relative aux pensions complémentaires (LPC). Ces changements ont des conséquences pour les contrats de type branche 21, qui représentent environ trois-quarts de tous les contrats en cours. Pour les fonds de pension/branche 23, rien ne change sur ce plan. Vous trouverez une analyse approfondie des changements sur www. setca.org, nous nous limitons ici aux grandes lignes. À partir du 1er janvier 2016, l’on passe à un rendement minimum flottant, variant entre 1,75% et 3,75% en fonction du taux du marché des obligations belges à 10 ans. L’influence du taux d’intérêt sur votre assurance de groupe personnelle dépend également de votre type de contrat. Vu le très faible taux du marché actuel, le taux d’intérêt s’élèvera donc à 1,75% en 2016, ce qui reste largement supérieur au taux d’un livret d’épargne ou à l’inflation actuelle. Depuis le 1er janvier 2016, de nouvelles modalités sont également appliquées pour la couverture décès des travailleurs sortis de service. Ils ont à présent la possibilité d’opter pour une couverture décès, ce qui n’était pas automatique auparavant, sauf à des conditions souvent moins favorables. Enfin, l’âge auquel vous pouvez prendre le montant de votre pension est également relevé. L’âge de rachat de celui-ci est à présent lié au droit à la pension anticipée, soit, à terme, 63 ans et 42 ans de carrière. Des mesures transitoires sont prévues. Informez-vous donc bien sur votre situation personnelle.

Certificat d’incapacité de travail: attention! Les personnes malades plus longtemps qu’une période donnée peuvent bénéficier d’une allocation de la mutualité. Cette mesure prend cours au plus tôt après 30 jours pour les employés ayant un contrat fixe et déjà après 15 jours pour les employés ayant un contrat

SYNDICATS • N°01 • 15 JANVIER 2016

temporaire et les ouvriers. Pour en informer la mutuelle, il vous faut, en tant que travailleur, le «certificat d’incapacité de travail». Ce formulaire est important et doit être rentré dans les temps (pour que vous puissiez percevoir vos allocations). Il faut faire attention à un point supplémentaire depuis le 1er janvier 2016: sur le nouveau certificat d’incapacité de travail, le médecin est obligé de mentionner également la date probable de la fin de l’incapacité de travail. Une conséquence de taille est qu’il faudra avertir la mutualité à temps si l’on reste en incapacité de travail après la date de fin mentionnée. En effet, la mutualité ne peut plus verser d’allocations après la date indiquée dans le formulaire. Le travailleur doit dès lors à nouveau faire remplir par son médecin un certificat d’incapacité de travail, sur lequel il peut être indiqué qu’il s’agit d’une prolongation. Ce certificat doit parvenir à la mutuelle dans les 48 heures.

Reclassement professionnel obligatoire Depuis le 1er juin 2014, l’adoption du statut unique élargit le droit au reclassement professionnel. Auparavant, il ne concernait que les plus de 45 ans qui avaient au moins un an d’ancienneté. Le nouveau système étend le critère d’âge: désormais, tous les travailleurs

Jet Airways – protocole d’accord social conclu – La compagnie aérienne indienne Jet Airways quittera Zaventem fin mars 2016. 33 personnes perdront directement leur emploi, mais des centaines d’autres seront touchées indirectement. Fin décembre, un protocole d’accord a été conclu concernant le plan social. Celui-ci doit à présent être converti en CCT d’ici fin janvier. Il reprend des éléments concernant la poursuite des activités de l’entreprise jusque fin mars et les conditions sociales de départs pour le personnel. ING | Finances: les discussions entre direction et syndicats concernant la convention collective 2016 se sont terminées sur un résultat décevant. Le SETCa ne signera pas cette CCT. Les concessions que la direction est prête à faire sont minimes, celleci s’est montrée intransigeante sur toute une série de points de notre cahier de revendications. Elle semble toujours être dans une optique de réduction des coûts et de délocalisation. Une situation inacceptable pour un employeur tel qu’ING et au regard de sa situation financière.

bénéficiant d’un délai de préavis d’au moins 30 semaines ont droit au reclassement professionnel. Le travailleur a droit à une indemnité de préavis de 30 semaines au moins, dont 4 sont déduites pour le reclassement professionnel. Cet accompagnement a une valeur d’1/12 du salaire annuel, avec un minimum de 1.800 euros et un maximum de 5.500 euros. Depuis le 1er janvier 2016, vous ne pouvez plus vous y soustraire. Concrètement, cela signifie que les quatre semaines de salaire seront déduites, que le travailleur ait recours à la procédure de reclassement ou pas. Il en va de même si vous trouvez un nouvel emploi avant le début de l’accompagnement. Dans ce cas, vous ne pouvez plus exiger ce droit que si vous êtes à nouveau licencié dans les trois mois. Il existait déjà depuis quelque temps une réglementation pour le licenciement des plus de 45 ans et des travailleurs concernés par une restructuration, qui avaient déjà droit au reclassement professionnel. Ce système sera adapté à la nouvelle législation. Les négociations à ce sujet commenceront au début de cette année.

Chèques-repas: éventuel relèvement de la valeur, mais passage à l’électronique

Lunch Garden: Mi-décembre, nous apprenions le rachat de la chaîne de restaurants par de nouveaux investisseurs et la mise en œuvre d’un nouveau plan de croissance. Les repreneurs prévoient notamment l’ouverture de 20 restaurants supplémentaires en Belgique, ils envisagent de s’établir dans des milieux hospitaliers et souhaitent également poursuivre la démarche de renouvellement des restaurants et le développement de nouveaux concepts (comme la création de coffee-bars). D’après la direction, l’emploi ne serait pas menacé. Le SETCa reste toutefois vigilant. AXA Assurances | Finances | Des accords solidaires et équilibrés pour les employés et les cadres: Fin 2014, la CCT concernant le nouveau système de rémunération avait été signée pour les cadres. Après de longues et pénibles négociations, les syndicats sont parvenus à obtenir l’octroi des mêmes conditions pour les employés. Ceux qui opteront en 2016 pour un plan cafétéria bénéficieront aussi d’une majoration de 34% du 13ème mois. De même, dès 2016, des chèques-repas seront accordés à tous les employés.

Il n’y aura plus de chèques-repas papier à partir du 1er janvier 2016. Les derniers chèques-repas papier portaient sur les prestations livrées en septembre 2015 et étaient valables jusqu’au 31 décembre 2015 au plus tard. La valeur maximum du chèquerepas passe également de 7 à 8 euros. La propre contribution du travailleur reste plafonnée à 1,09 euro. C’est donc la contribution de l’employeur qui peut augmenter d’1 euro. Un accord doit toutefois avoir été conclu à cet effet dans votre secteur ou dans votre entreprise. Cette dernière mesure s’inscrivait dans le cadre de l’exécution de l’accord salarial et de l’augmentation du pouvoir d’achat.

Bonus salarial CCT 90 – Relèvement du montant maximum Le bonus salarial maximum a augmenté au 1er janvier 2016 pour s’établir à 3.264 euros par travailleur. Le montant fiscal maximum s’élève à 2.838 euros. L’employeur paie une cotisation de 33 pour cent à l’ONSS. Si le bonus reste inférieur au plafond fiscal, le travailleur paie seulement la cotisation ONSS de 13,07 pour cent. Cet avantage qui doit également avoir fait l’objet d’un accord dans votre entreprise.

e-Commerce | Au terme de difficiles négociations, les employeurs ont finalement accepté de définir un cadre sectoriel pour le travail de nuit dans l’E-commerce. Cet accord concerne uniquement le secteur de la distribution. Il prévoit que les emplois créés par ces mesures seront des emplois décents et bien encadrés. Le travail de nuit reste l’exception dans le secteur du commerce et se limite strictement au travail effectué dans le cadre des activités de commerce électronique des entreprises. La conclusion de cet accord n’a aucun impact sur les heures d’ouverture actuelles des magasins ni sur le travail du dimanche. Reste à entamer à présent la phase cruciale de la modalisation de ce cadre sectoriel dans les entreprises. Dans le secteur du transport et de la logistique, la concertation n’a pas abouti à un nouvel accord. Les CCT sectorielles qui sont déjà d’application prévoient des possibilités pour développer des activités d’e-commerce, y compris pendant le week-end et la nuit et ce, à condition qu’il y ait toujours un accord d’entreprise.


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ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°01 • 15 JANVIER 2016

> ÉDITO

Intérêt général et intérêts «particuliers» L e gouvernent ne sait pas encore comment il va financer le «tax shift» qu’il a annoncé, si ce n’est en partie en puisant dans la poche des gens via les accises, la TVA et le précompte mobilier. Manqueraient à l’appel trois bons milliards.

Et voilà qu’arrive une bonne nouvelle: la Commission européenne qui fait d’habitude assaut de libéralisme, annonce à notre gouvernement qu’il peut – qu’il doit – récupérer 700 millions d’euros auprès d’une trentaines de multinationales stationnées en Belgique pour cause de déductions fiscales indues. Notre fisc aurait en effet accordé sans trop y regarder des déductions sur les «bénéfices excédentaires» (certaines sociétés gagneraient donc trop de sous?), sans vérifier si ces bénéfices étaient effectivement taxés ailleurs. Et puis la Commission dénonce la discrimination à l’égard des entreprises qui n’ont pas le choix de l’optimisation fiscale à l’étranger… ou offshore.

Accueil frisquet Au lieu de s’en réjouir et de baiser les pieds de la Commissaire à la concurrence qui lui envoie ce beau cadeau, le ministre des Finances accueille fraîchement la nouvelle. Il chipote, ergote, tergiverse, pour trouver le moyen de ne pas récupérer cette manne providentielle. Il se range aux côté des multinationales - genre AB-Inbev qui «brasse» les milliards -, de peur que la vingtaine de millions qu’elles paieraient ne les mette en péril financier. Il parle même de recours

en Justice, comme si c’était l’Etat qui était lésé en récupérant des avantages fiscaux indus. Il y a pas mal de contribuables qui seraient heureux d’être traités de la sorte! Bref, il crache sur ces 700 millions. Pas besoin. Pas même pour refinancer un peu la Justice impécunieuse et débordée, sans moyens même pour l’entretien de ses bâtiments qui tombent en ruines, ou la modernisation de son parc informatique qui date de Mathusalem. Qu’ils se débrouillent! Le justiciable peut attendre, le plaignant aussi.

Inégalités de traitement et de revenus Non, s’il y a des sous à gratter, il préfère les chercher ailleurs. Là où ça fait mal: à la SNCB, dans les services publics, sur les budgets du chômage en excluant à tours de bras, sur ceux de la santé en remettant au travail les malades, sur les pensions avec un système à points qui ne garantit qu’une chose c’est que les pensions seront plus basses… Il creuse des trous dans la sécurité sociale en général et sous la pression des plus à droite de ce gouvernement de droite, il veut aller de plus en plus loin dans les économies. Tout ça coûte trop cher, n’est-ce pas? La populace ne mérite pas autant d’égards. Cette inégalité de traitement n’est que la face visible de la hausse des inégalités. Comme l’indiquait opportunément un rapport de la Banque Nationale : la moitié des ménages belges détient à peine 10%

du patrimoine total. Les 10% les plus riches possèdent 44% du patrimoine. 15% des Belges vivent sous le seuil de risque de pauvreté. A défaut de pouvoir compter sur la fiscalité pour mieux répartir les richesses, à défaut de pouvoir compter sur la redistribution des gains de productivité via les salaires qui sont bloqués, il nous reste les services publics et la sécurité sociale. Ceuxlà mêmes qui sont aujourd’hui attaqués.

Investir au lieu de démolir Justement, le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale vient de rendre public son rapport bisannuel. Il y constate «que les services publics

sont de plus en plus mis sous pression ces dernières années, de différentes façons, mais toujours au détriment des usagers.» Que «La réduction des budgets entraîne un durcissement des conditions d’octroi des droits et une augmentation des contrôles».

Pour garantir l’effectivité des droits, notamment des plus démunis, le Service de lutte contre la pauvreté recommande de considérer les services publics comme un investissement (et donc d’y investir au lieu de les démanteler. Il en dit autant pour la sécurité sociale. Dans le précédent rapport le Service - consacré à la protection sociale - rappelait que la sécurité sociale et l’assistance sociale en Belgique (source: EU-SILC, Eurostat) permettaient de réduire le risque de pauvreté de 44%. Visiblement, ce ne sont pas là les préoccupations du Gouvernement Michel plus soucieux de ménager les multinationales que de faire son boulot de gardien de l’intérêt général et de chercher des moyens chez ceux qui en ont (les moyens).

Que l’Etat se déleste de plus en plus de ses missions de service public, soit sur l’individu qui est «responsabilisé»: soit au profit du marché dont la préoccupation n’est bien entendu pas l’intérêt général; soit vers les autorités locales (sans les moyens), soit vers les Régions, si bien qu’au final le citoyen qui en a besoin ne sait plus à quel saint se vouer et que les droits dont chacun est supposé jouir, ne sont plus garantis, ni effectifs. Un exemple tout bête: avant un emploi était considéré comme convenable pour un chômeur (donc obligé de l’accepter)

Prudent au volant ? Félicitations !

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jusqu’à 25 Km du domicile. Aujourd’hui, c’est 60 Km mais l’offre de transport, surtout en régions rurales n’est plus assurée.

Rudy De Leeuw Président

Marc Goblet Secrétaire général


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