Rituel de la consécration des vierges

Rituel de la consécration des

vierges

Le présent rituel est l’adaptation française de l’Ordo Consecrationis Virginum, publié à Rome le 31 mai 1970.

Le texte a été approuvé par la Commission internationale francophone pour les traductions au nom des Conférences épiscopales d’Afrique du Nord, de Belgique, du Canada, de France et de Suisse, et par l’évêque du Luxembourg, le 19 septembre 1973. Il a été confirmé par la Congrégation pour le Culte divin, le 17 janvier 1974 (Prot. 4/74).

Ce rituel est destiné aux moniales n’ayant pas de rite propre, et aux laïques désirant recevoir cette consécration.

Paris, le 20 septembre 1973

† René Boudon

Évêque de Mende

Président de la CIFT

La présente édition a été remise à jour avec l’adjonction des nouvelles traductions et lectures du Lectionnaire des saints et messes rituelles paru en 2014.

Tous droits réservés pour tous pays.

© A.E.L.F., Paris, 1976 pour l’ensemble des textes, à l’exception des refrains des psaumes et des versets avant l’évangile donnés dans la section 2 des Annexes, « Lectures bibliques », © A.E.L.F., Paris, 2014.

© Mame, Paris, 2024, pour l’ensemble de l’ouvrage

ISBN 9782728936380

MDS 511040N1

POUR LE CULTE DIVIN

Prot. 600/70

DÉCRET

Le rite de la consécration des vierges est compté parmi les plus précieux trésors de la liturgie romaine. En effet, le Christ Jésus a laissé à son Église l’héritage de la virginité consacrée comme un don particulièrement noble. C’est pourquoi, dès l’âge apostolique, des vierges ont consacré à Dieu leur chasteté, ce qui contribuait à la beauté du corps mystique du Christ et l’enrichissait d’une étonnante fécondité. Aussi, dès les origines, comme en témoignent les Pères, l’Église dans sa sollicitude maternelle, a eu l’habitude de confirmer le vœu de virginité, à la fois saint et difficile, par une prière solennelle de consécration. Celle-ci, au long des siècles, s’est développée par l’addition d’autres rites signifiant plus clairement que les vierges consacrées offrent une image de l’Église épouse du Christ. Et cette prière est entrée dans le Pontifical romain.

Mais le deuxième concile du Vatican a décidé que le rite de la consécration des vierges, lui aussi, serait soumis à révision (cf. Constitution sur la liturgie, art. 80). Pour obéir à cet ordre, le Conseil pour l’application de la Constitution sur la liturgie a préparé le présent rituel que le pape Paul VI a approuvé en vertu de son autorité apostolique, et qu’il a ordonné de publier. C’est pourquoi la Congrégation pour le Culte divin, par mandat spécial du pape, le promulgue et décide qu’il entrera en vigueur à partir du 6 janvier 1971, avec les adaptations souhaitables s’il est besoin, pour les moniales qui ont le droit de l’employer. Les traductions préparées par les Conférences épiscopales, de même que les propositions pour l’adaptation du rituel, seront envoyées dès que possible pour approbation à cette Congrégation. Nonobstant toutes choses contraires.

Au siège de la Congrégation pour le Culte divin, le 31 mai 1970, en la fête de la Visitation de la bienheureuse Vierge Marie.

Benno, cardinal GUT Préfet

A. BUGNINI Secrétaire

PRÉLIMINAIRES

I. LE SENS DE LA CONSÉCRATION DES VIERGES

1 La traditionnelle consécration des vierges, en usage dans l’Église primitive, a conduit à l’élaboration d’un rite solennel par lequel celle qui a choisi de vivre dans la virginité est constituée comme une personne consacrée, signe transcendant de l’amour de l’Église pour le Christ son époux, image eschatologique de la vie à venir. Par ce rite, l’Église manifeste le prix qu’elle attache à la virginité, elle demande pour les consacrées la grâce de Dieu, et appelle instamment sur elles le don de l’Esprit Saint.

II. LA MISSION DES VIERGES CONSACRÉES

2 Sous l’impulsion de l’Esprit Saint, les vierges consacrées vouent à Dieu leur chasteté pour un plus grand amour du Christ et une plus grande disponibilité à tous. Elles s’adonnent en effet à la prière, à la pénitence, au service de leurs frères et au travail apostolique, suivant leur état et leurs charismes respectifs.

Il leur est fortement conseillé, pour remplir leur fonction de prière, de célébrer chaque jour la Liturgie des Heures, surtout les offices du matin et du soir : unissant leur voix au Christ souverain prêtre et à la sainte Église, elles loueront sans cesse le Père du ciel, et intercéderont pour le salut du monde entier.

III. LES FEMMES ADMISES À CETTE CONSÉCRATION

3 On peut admettre à cette consécration soit des moniales, soit des femmes vivant dans le monde.

4 Pour les moniales, il est demandé :

a) de n’avoir pas été mariées ;

b) de n’avoir pas vécu publiquement ou notoirement dans un état contraire à la chasteté ; c) d’avoir fait profession perpétuelle dans cette même célébration ou antérieurement ;

d) de faire partie d’une famille monastique qui utilise ce rite depuis longtemps, ou qui obtienne la permission de l’autorité compétente.

5 Pour les femmes qui vivent dans le monde, il est demandé :

a) de n’avoir pas été mariées et de n’avoir pas vécu publiquement ou notoirement dans un état contraire à la chasteté ;

b) de faire preuve de maturité et de donner le témoignage d’une vie qui garantisse leur persévérance dans une chasteté vouée à l’Église et au service du prochain ;

c) d’être admises par leur évêque à la consécration.

Il revient à l’évêque de déterminer ou de vérifier la manière dont les femmes qui sont dans le monde s’engagent, par une décision irrévocable, à vivre dans la virginité perpétuelle.

Cet engagement peut avoir été pris antérieurement à la célébration ; il pourra alors être exprimé à nouveau au cours du rite.

IV. LE MINISTRE DU RITE

6 Le ministre du rite de consécration des vierges est l’évêque ordinaire du lieu.

V. LA FORME DU RITE

7 Pour la consécration des femmes qui vivent dans le monde, on suivra le rite présenté au chapitre I.

Pour la consécration des moniales, on suivra le rite proposé au chapitre II, qui comporte la profession religieuse unie à la consécration des vierges. Mais on peut séparer les rites, pour une raison suffisante, par exemple quand c’est un usage établi depuis longtemps. On veillera néanmoins à ne pas répéter certaines parties du rite, et on préparera les deux actions liturgiques de manière que le rite de la profession comporte seulement ce qui concerne la profession, en omettant la prière de consécration. On gardera pour le rite de consécration la prière « Dieu qui veux demeurer en l’homme » et tout ce qui manifeste un caractère nuptial, comme la remise de l’anneau. Le rite se déroulera de la manière suivante :

a) Rite d’entrée, avec présentation des candidates.

b) Liturgie de la Parole avec homélie.

c) Appel et dialogue : l’évêque demande aux candidates si elles veulent persévérer dans leur volonté de consécration.

d) Prière litanique : on supplie Dieu par l’intercession de la Vierge Marie et des saints.

e) Expression publique de la décision irrévocable de virginité ou profession religieuse.

f) Consécration solennelle des vierges : l’Église demande à Dieu de les combler des dons de son Esprit.

g) Remise des insignes de la consécration.

VI. LA MESSE À CHOISIR POUR CE RITE

8 De préférence, on choisira la messe rituelle de la consécration des vierges. Cependant si c’est une solennité ou un dimanche de l’Avent, du Carême ou de Pâques, on garde la messe du jour en utilisant, suivant le cas, les formules propres de la Prière eucharistique et de la bénédiction finale.

9 La liturgie de la Parole est importante pour mettre en lumière la signification de la consécration des vierges, et la place de celles-ci dans l’Église. Aussi est-il permis de choisir une lecture adaptée, sauf pendant le Triduum pascal, à Noël, à l’Épiphanie, à l’Ascension, à la Pentecôte, à la Fête-Dieu et aux autres solennités de précepte.

10 À la messe de la consécration des vierges, les vêtements liturgiques sont de couleur festive.

Adaptations

On saura utiliser toutes les possibilités indiquées dans le rituel : tous les dialogues, monitions, chants et gestes peuvent être adaptés à condition que l’on respecte la structure du rite et l’esprit de chaque élément. On peut aussi, aux mêmes conditions, apporter des compléments, en particulier pour faciliter la participation de l’assemblée et la compréhension du rite.

L’évêque reste juge de l’opportunité et de la convenance de ces adaptations.

Inscriptions sur les registres

L’évêque doit s’assurer que le nom des femmes qui ont reçu la consécration soit inscrit sur le registre prévu à cet effet. On y mentionnera également le nom du ministre, le lieu et la date de la consécration.

Pour les moniales, ce registre est conservé aux archives de leur monastère. Pour les femmes vivant dans le monde, ce registre est conservé aux archives de l’évêché.

LA CONSÉCRATION DES VIERGES

1 Les jours les plus convenables pour accomplir ce rite sont l’octave de Pâques, les solennités (surtout celles qui se rapportent au mystère de l’Incarnation), les dimanches, les fêtes de la Vierge Marie ou des vierges.

2 Avant la célébration, les personnes qui doivent être consacrées se présentent à l’évêque pour un entretien pastoral.

3 Puisque c’est l’évêque, pasteur de l’Église locale, qui prend la décision d’admettre à la consécration, la célébration est non seulement présidée par lui, mais encore elle doit normalement avoir lieu dans une église où la présence des fidèles exprime la part que la communauté locale prend à cet événement.

Les femmes vivant dans le monde seront donc consacrées dans l’église où sera le mieux manifestée la place que la consécration leur donne dans l’Église locale.

4 Selon les possibilités, on préparera en temps opportun les fidèles à cette célébration, pour qu’ils comprennent mieux la valeur de la chasteté et sa signification ecclésiale ; ainsi favorisera-t-on la participation éclairée du peuple de Dieu.

5 On dit la messe du jour, ou si les rubriques le permettent, celle de la consécration des vierges (cf. Préliminaires, nn. 8 et 9).

6 Tous les participants pourront communier sous les deux espèces.

7 On aménagera les lieux de manière à faciliter la participation de tous.

8 On préparera tout ce qui est nécessaire à ce rite, en particulier : le rituel, les voiles, les anneaux ou autres insignes de la consécration.

RITE D’ENTRÉE

9 Tandis que la procession s’avance vers l’autel, on prend le chant d’entrée ou l’antienne d’ouverture de la messe (Ps 104, 4-5) :

Cherchez le Seigneur et sa puissance, recherchez sans trêve sa face. Souvenez-vous des merveilles qu’il a faites.

10 Après la salutation initiale, l’évêque peut brièvement présenter à l’assemblée celles qui ont demandé à recevoir la consécration des vierges.

11 La messe se déroule comme à l’ordinaire jusqu’à la liturgie de la Parole, avec cette prière de la messe propre :

Dieu qui as inspiré à nos sœurs le désir de garder la virginité, daigne achever en elles ton œuvre. Pour que leur offrande soit parfaite, donne-leur de rester fidèles jusqu’au bout. Par Jésus Christ.

LITURGIE DE LA PAROLE

12 La liturgie de la Parole se déroule comme à l’ordinaire en observant ce qui suit :

a) on peut prendre soit les lectures du jour, soit celles qui sont proposées en annexe n. 2 (cf. Préliminaires, n. 9) ; on peut aussi choisir, dans les autres lectionnaires approuvés pour la liturgie, des lectures adaptées ;

b) on peut omettre le Credo, même si les rubriques du jour le prescrivent ;

c) on omet la prière universelle, puisqu’elle est contenue dans les litanies.

13 Après la proclamation de l’évangile, l’évêque fait l’homélie au cours de laquelle il met en lumière le sens de la consécration des vierges. Il peut s’inspirer des éléments indiqués en annexe n. 3.

RITE DE CONSÉCRATION

Appel et dialogue

14 L’évêque termine son homélie en s’adressant à chaque candidate en ces termes ou en d’autres semblables :

N., le Seigneur vous appelle à le suivre. (Avancez à sa rencontre.)

Chacune se lève, s’avance, éventuellement accompagnée par une ou deux personnes de son choix, et répond :

Me voici, Seigneur, puisque tu m’as appelée.

ou encore :

Me voici pour m’attacher au Seigneur sans partage.

Elle peut aussi répondre par une formule personnelle qui explicite sa demande.

15 Pour cet appel, on peut utiliser d’autres formes adaptées (tropaire, répons), mais on veillera à ce qu’elles respectent la sobriété du rite (cf. annexe n. 4).

16 On peut accompagner ce rite par celui de la lumière (à moins qu’on ne fasse la remise de la lumière après la prière de consécration, cf. n. 28). Pour cela, après l’appel de l’évêque, on chante l’antienne Prudentes virgines (cf. annexe n. 4) ou un autre chant adapté ; pendant le chant, les candidates se lèvent, allument leur cierge et s’avancent vers l’évêque. Le chant achevé, chacune répond à l’évêque.

17 L’évêque interroge alors les candidates :

Voulez-vous persévérer toute votre vie dans votre résolution de virginité consacrée au service du Seigneur et de son Église ?

La candidate : Oui, je le veux (ou toute autre réponse adaptée).

L’évêque :

Voulez-vous suivre le Christ selon l’Évangile de telle sorte que votre vie apparaisse comme un témoignage d’amour et le signe du Royaume à venir ?

La candidate : Oui, je le veux.

L’évêque :

Voulez-vous être consacrée au Seigneur Jésus Christ, le Fils du Dieu Très-Haut, et le reconnaître comme votre époux ?

La candidate :

Oui, je le veux.

L’évêque et l’assemblée :

Nous rendons grâce à Dieu (ou toute autre acclamation).

Si les futures consacrées ont un cierge en main, elles le déposent sur un chandelier ou le confient à quelqu’un d’autre.

Prière litanique

18 L’évêque invite l’assemblée à prier. Il peut dire :

Prions Dieu notre Père, par son Fils notre Seigneur, afin que l’Esprit répande sa grâce en abondance sur celles qu’il a choisi de consacrer à son service.

Que la Vierge Marie et tous les Saints intercèdent pour nous auprès de Dieu.

19 Tous se lèvent ou s’agenouillent.

Les futures consacrées peuvent se prosterner, si c’est la coutume.

20 On chante les litanies que l’on peut modifier selon les circonstances, par exemple en ajoutant en leur place quelques noms de saints et d’autres intentions.

Kyrie eleison ou Seigneur, prends pitié (bis).

Christe eleison ou Ô Christ, prends pitié (bis).

Kyrie eleison ou Seigneur, prends pitié (bis).

Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous.

Sainte Vierge des vierges, priez pour nous.

Saint Michel, priez pour nous.

Saints Anges de Dieu, priez pour nous.

Saint Jean Baptiste, priez pour nous.

Saint Joseph, priez pour nous.

Saint Pierre et saint Paul, priez pour nous.

Saint Jean l’évangéliste, priez pour nous.

Sainte Marie Madeleine, priez pour nous.

Saint Étienne et saint Laurent, priez pour nous.

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