Woman vs wild

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SAMEDI 6 OCTOBRE 2012 LA MONTAGNE

J'ai testé pour vous INSOLITE ■ Deux jours et une nuit avec quatre stagiaires apprenant à se sortir des situations délicates

Survivre à la vie en pleine nature Rester vigilant, faire du feu, construire un abri, potabiliser l’eau, se nourrir avec les plantes… on apprend tout ça en stage de survie. Et aussi bien d’autres choses indispensables pour sauver sa peau. Et celle des autres.

bane ne se mettra pas sur le chien, mais la fraîcheur de la nuit ne nous incitera pas à faire de doux rêves dans nos draps dorés (deux couvertures de sur­ vie). Une lampée de tisane de mûres plus tard (il n’y a pas de caféiers dans les fo­ rêts puydômoises), c’est l’heure de filer à la rivière pour se laver et ramener de l’eau. On crapahute à travers bois, profitant de cette sortie pour faire une nouvelle cueillette. En te­ nue d’Ève dans la rivière glacée, il faudra inspecter chaque cm ² de peau à la recherche d’une plaie qui s’infecte, d’une tique à en­ lever… Ce sera finalement piqûres de fourmis (heu­ reusement pas tueuses !), bleus, et égratignures de guerre.

Elsa Charnay

elsa.charnay@centrefrance.com

C

omme dirait Christi­ na dans Koh­Lanta, « Pas de couette, pas de matelas, c’est dépay­ sant ! » Les Combrailles, ce n’est pas la Nouvelle­Calé­ donie, mais l’aventure est au bout de la route…

Des secondes qui peuvent être fatales

Quatre stagiaires corré­ ziens, parisiens… inscrits pour un stage de survie de quatre jours m’attendent en forêt. Patricia, 40 ans, veut savoir réagir en cas de nécessité. Jean­Christo­ phe, 28 ans, passionné de musiques électroniques, se dit que ce n’est pas bête d’apprendre à se dé­ brouiller. Christophe, qua­ dra voyageant beaucoup, vit avec une aventurière à qui il a envie de prouver que lui aussi sait survivre ! Et Jean­Paul, psychothéra­ peute de 51 ans, passe du temps en forêt pour des pratiques chamaniques. Il faut faire du feu… sans briquet avant de pas­ ser à table. Pierre à feu et couteau en main, on grat­ te jusqu’à obtenir des étincelles et à embraser les brindilles et les bran­ ches, sans étouffer la flam­ me… Ça ne banque pas il­

MISE EN SITUATION. En quatre jours, Patricia, Jean-Christophe, Christophe et Jean-Paul auront acquis les bases de la survie en milieu naturel. Et auraient eu « envie d’en savoir plus encore ! » lico. L’eau et la far ine constituant la base de no­ tre alimentation, nous de­ vons trouver des plantes, des bourgeons… si on veut l’agrémenter. Petit détail, avant de tailler la route, il faut apprendre à se repérer. Comme on ne sait pas où on est, une lo­ calisation en croix façon armée s’impose. « Géolo­ calisez aussi tout ce qui peut ser vir pour votre sur vie », martèlent nos moniteurs Alexandre et Romain : du bois pour construire un abr i ; un point d’eau pour trouver

de quoi boire (après pota­ bilisation) et se laver. De quoi manger. Hummmm, des orties. « Très riches en fer. Excellent aliment de survie ! ». Ouille, ça pique ! Tiens, ces baies ont l’air appétis­ santes… « Noooon ! Elles sont toxiques. Tu les as touchées, interdiction de poursuivre la cueillette jusqu’à ce que tu aies pu te laver les mains ». Oupsssss, pas de robinet… « On touche avec les yeux et, surtout, on réfléchit. En sur vie, trois secondes d’inattention peuvent être

fatales », me recadre Alexandre. Le jour décline. Il est temps de construire l’ap­ pentis pour la nuit. « Et pas le droit à la ficelle ! » Je partagerai avec Christo­ phe et Jean­Christophe mon lit de feuilles : le mo­ niteur l’a dit, « la chaleur humaine, on n’a rien trou­ vé de plus efficace pour lutter contre le froid ! » Mes coéquipiers sont opé­ rationnels, mais on galère, terminant “l’isolation” à la frontale, avant d’avoir droit à un cours d’orienta­ tion sous les étoiles. La ca­

S’hydrater pour mieux endurer

Le plus dur reste à venir. Le lendemain, mes cama­ rades, livrés (presque) à eux­mêmes avec le mini­ mum et sans duvet, de­ vront appliquer ce qu’ils ont appris pour survivre : endurer le manque d’eau, la faim, la fatigue, le froid… Garder les idées claires malgré le stress. Sans oublier de construire l’abri, potabiliser l’eau… en économisant leurs ef­ forts. De mon côté, je pas­ se de la vie sauvage à la vie… de sauvage. Le télé­ phone, qu’on m’avait con­ fisqué, est saturé. Mes boî­ t e s m a i l e t a u x l e t t re s engorgées. Un nouveau défi : survivre à ma propre vie ! ■

■ LES BASES RÈGLE DES 3

En survie, on est en dan­ ger au bout de 3 sec d’inattention, 3 min sans oxygène, 3 h sans abr i, 3 jours sans eau, 3 semai­ nes sans manger et 3 mois sans contact social. ■

5C

Cinq Choses à toujours avoir sur soi quand on part : Contenant (gamelle et gourde), Couteau, Corde, Couverture, Combustible (pierre à feu).

TROUSSE

En plus des 5 C, une paille filtrante et des pastilles pour purifier l’eau. ■

EVN

La branche auvergnate de l’École de vie dans la na­ ture existe à Menat depuis décembre 2011, à l’initiati­ ve d’Alexandre Gossiome : « Très loin des stages com­ mando, cette école (*) for­ me à la vie en pleine natu­ re en autonomie et transmet des pr incipes applicables en situation difficile pour sauver des vies. La nature est avec nous, pas contre nous : il est important de la préser­ ver. Et c’est aussi une fa­ çon de faire découvrir la richesse de l’Auvergne aux stagiaires venus d’ailleurs ». ■ (*) Stages de 2 à 4 jours (170 à 290 € tout compris) accessibles à tous, à faire seul, en famille, entre amis… Contact : 06.08.76.89.51 et ecole.vie.nature.auver­ gne@gmail.com ; www.ecole­vie­ nature.com

■ AMBIANCE À LA KOH-LANTA PRÈS DE MENAT, EN PLEIN CŒUR DES COMBRAILLES WOMAN VS WILD

MOUSSE ET SABLE POUR LA VAISSELLE

P

atricia se réveille après une nuit difficile sous l’abri qu’elle a construit. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que la suivante sera encore plus dure à cause de l’absence de sac de couchage. Pour apprendre aux stagiaires à être autonomes, Alex les confrontera à une situation difficile : partir avec les “5 C” et se débrouiller par eux-mêmes…

Christophe gratte la casserole, avant de se laver un peu plus haut dans l’eau glacée : l’hygiène est fondamentale en survie. Pour se brosser les dents, il utilisera une branche de jeune noisetier…

UN POUR TOUS, TOUS POUR UN

PAS GLOP LA PLUIE

La chute de Jean­Christophe est l’occasion d’apprendre à réaliser une attelle et des béquilles avec du bois et le foulard et la serviette de ses camarades. Il faudra ensuite le porter, comme les 20 l d’eau qu’il ramenait.

ur dur pour Jean-Paul de se concentrer sur le cours concernant la purification et la stérilisation de l’eau avant de pouvoir la consommer. Comme les autres stagiaires, il est déshydraté avec des symptômes tels que fatigue, maux de tête, etc. Et affamé. Et pas question de manger avant de s’être réhydraté, car le processus de digestion est gourmand en eau ! « 2 % d’eau perdue, c’est 20 % de capacités physiques et intellectuelles en moins », martèle Romain.

D

Pdd


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